Swiss touch pour l`Apple Watch

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Swiss touch pour l`Apple Watch
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LUNDI 14 NOVEMBRE 2016
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2 RÉGION
ÉCO RÉGION INNOVATION
PRODUIT Le groupe chaux-de-fonnier Brasport se lance à l’assaut de la montre
connectée avec un bracelet sans boucle et sans passant. Kickstarter va-t-il apprécier?
Swiss touch pour l’Apple Watch
Le bracelet destiné à l’Apple Watch, sans boucle ni passant, est en caoutchouc FKM, ultrarésistant. Son système d’accroche breveté a été conçu avec une star montante du design industriel, à Londres, Benjamin Hubert. SP
LUC-OLIVIER ERARD
Un bracelet de montre sans
boucle et sans passant se lancera
demain à la conquête de l’Apple
Watch. Le fabricant chaux-defonnier Brasport a monté une
nouvelle «start-up», Noomoon,
qui délaisse le cuir pour du
caoutchouc, et injecte une touche numérique dans son modèle
d’affaires, au service d’une innovation étonnante.
L’objet d’abord: il s’agit de
Labb, un bracelet en caoutchouc
FKM dont le design breveté
complexe et précis permet un
système de fermeture inédit, «à
mi-chemin entre le Lego et le velcro», indique Alain Dubois,
CEO de Brasport. Les deux brins
rattachés à la montre se lient autour du poignet grâce à des picots, permettant une attache
que ses concepteurs promettent
solide et confortable.
Pour transformer cette idée
en produit, Brasport a fait appel à un designer industriel
londonien de 32 ans, Benjamin
Hubert. Le jeune homme est
déjà une célébrité dans son univers professionnel, ayant travaillé avec des clients comme
ne voulons pas
«êtreNous
z
dépendants d’un
client, d’un seul marché,
ou d’un seul segment.»
ALAIN DUBOIS CEO, BRASPORT
Samsung, BMW ou Panasonic.
Depuis septante ans, l’entreprise chaux-de-fonnière travaille pour des constructeurs de
montre de l’entrée de gamme au
luxe le plus exigeant. En 2011,
l’entreprise également active
dans la maroquinerie crée sa
propre marque, Noleti. «Nous ne
voulons pas être dépendants d’un
client, d’un marché ou d’un segment», explique Alain Dubois,
directeur, et représentant de la
troisième génération des fondateurs de Brasport. «Le résultat de
Noleti n’est pas pharaonique, mais
ça marche. Ça nous permet de
montrer à nos clients la variété de
nos compétences et la qualité que
nous visons».
Avec Labb, c’est un autre virage
que prend l’entreprise. «L’idée,
c’est un système d’accroche simple,
original et ludique». Vendredi, à
quelques jours du lancement, le
directeur de la marque Noomoon, David Vanhouteghem,
est venu à la HE-Arc pour présenter aux étudiants de marketing la démarche de mise sur le
marché du bracelet.
L’entreprise veut mieux profiter de ses forces en repositionnant son statut d’entreprise familiale fournisseur d’autres
entités, en faisant valoir son évolution en véritable groupe qui
possède ses propres marques.
Moderniser l’image
du groupe
La fabrication des bracelets est
essentiellement traditionnelle,
avec beaucoup de travail ma-
nuel. Or, «pour une entreprise
suisse, c’est très important de montrer qu’on est capable d’innover».
Renforcer le secteur recherche
et développement et le montrer,
ça fait donc partie de la stratégie.
Au moment de la sortie de l’Apple Watch, Brasport décide de se
lancer à sa conquête: «En Suisse
cela fait peut-être sourire mais Apple, un peu partout dans le monde,
est considéré comme une marque
de luxe. Un luxe non pas basé sur
un savoir-faire traditionnel ou des
matières, mais sur l’innovation et
le design». Pour ce bracelet breveté, dans une matière qui coûte
dix fois le prix du silicone, la
montre connectée à la pomme
est le client idéal pour rajeunir
l’image du fabricant: «il faut aus-
si tenir compte du fait qu’aux
Etats-Unis, l’Apple Watch est plus
utile qu’ici. On peut s’en servir
pour payer chez Starbucks, par
exemple», explique David Vanhouteghem.
Démarche participative
Pour lancer le bracelet, il faudra monter un site de vente sur
Internet, prévoir le système de
distribution, et tenter de mobiliser les communautés de consommateurs sur les réseaux sociaux. Avec un objectif en ligne
de mire. «Si Apple voit que cet accessoire pour ses montres se vend
bien, ils vont vouloir en distribuer
eux-mêmes et nous pourront le
proposer dans les Apple stores. Ensuite, en cas de succès, rien n’inter-
dit de reproduire ce système breveté pour d’autres objets: ceintures,
sacs, etc.»
Mais le coût du développement et des tests pour s’assurer
de la solidité et de la durabilité
du bracelet ont pour l’instant limité le nombre de produits qui
seront lancés.
Le coût d’un moule pour l’injection du caoutchouc dans une
configuration aussi complexe
approche les 20 000 francs.
Une campagne de financement
participatif sera lancée demain
sur Kickstarter (voir ci-dessous). Elle permettra de tester
les premières réactions du public et, peut-être, de financer le
futur développement d’autres
déclinaisons. }
APPLE WHAT?
Une Apple Watch? Les étudiants
en marketing de la HE-Arc venus voir le bracelet Labb n’en
ont pas. Pourquoi? Une bonne
partie de la classe la juge trop
chère. Beaucoup questionnent
son utilité, enfin, un étudiant a
précisé: «Parce qu’on soutient
les produits suisses». }
À LA PÊCHE AUX INFOS SUR KICKSTARTER
Kickstarter.com, c’est le géant américain du financement participatif. Il a popularisé le «crowdfunding», en proposant une plateforme internet qui permet de présenter son idée et de demander au public de la financer. Mais,
avec un investissement déjà consenti qui approche le million de francs, que
va faire Brasport sur Kickstarter? «La campagne va nous donner une première
idée de la perception du nouveau produit par le public. C’est un peu une
mini-étude de marché», explique David Vanhouteghem. Il espère pouvoir en
tirer des informations précieuses comme le stock à envoyer sur le marché,
par exemple. }
MACHINES
CONCOURS
INCUBATEUR
Quatorze partenaires européens alliés
pour fabriquer un monstre d’usine
Entrepreneurs, le prix neuchâtelois
de l’innovation attend vos candidatures
Quatre nouvelles sociétés vont tenter
d’éclore chez Neode
Si ingénieurs et développeurs cherchent à construire des machines
outils moins gourmandes et plus petites que celles qui existent dans
les usines d’aujourd’hui, la démarche inverse existe aussi. Un groupe
de quatorze partenaires, dont le CSEM, se sont alliés pour un projet
européen de super-robot d’usine. L’engin doit utiliser la technique
novatrice de l’impression 3D, mais être en même temps capable de
façonner des pièces par soustraction de matière, procédé qui reste le
plus courant. L’engin, qui sera doté de capteurs et de moyens de
contrôle ultrasophistiqués, doit pouvoir fabriquer tout seul des pièces
de 20 mètres de long. } LOÉ –:FDD
La prochaine édition du prix BCN-Innovation est lancée: toute jeune
entreprise établie dans le canton, ou qui désire s’y établir, est invitée à
se porter candidate. On peut le faire sur le site de l’organisation:
http://www.prix-bcn-innovation.ch/ avant le 31 janvier 2017. Créé en
2008, le prix veut «contribuer à maintenir un tissu économique
dynamique dans le canton» avec une dotation de CHF 300 000.-. Cette
année, le prix a été attribué à Bright Sensors, qui propose un nouveau
type de senseur miniature pour mesurer la qualité des gaz naturels, et
Coat-X, pour sa technologie unique d’encapsulation des modules
électroniques (notre édition du 27 octobre). } LOÉ –:FDD
Récemment, l’incubateur neuchâtelois Neode a pu accueillir quatre
nouvelles sociétés qui vont bénéficier d’un environnement favorable
pour démarrer leurs activités dans différents secteurs. Hutisa est une
entreprise de conseil et de formation dans le domaine des achats
industriels. Plasmadiam est, elle, active dans l’obtention du vide (par
exemple pour certains revêtements de surface par dépôt de couches
minces). Simplinext conçoit de nouveaux outils pour le design de tests
cellulaires et tissus cellulaires, tandis que Sy&Se concerne le domaine
des machines. Toutes peuvent désormais bénéficier des outils et des
réseaux de compétences du Parc. } LOÉ –:FDD