Sciences au Sud n°12 - Recherches ( PDF , 428 Ko)
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© IRD/M. Dukhan Recherches « Quel que soit ton âge, si tu ne participes pas, tu es comme un mineur. » Ces propos d’un jeune Dakarois illustrent, on ne peut mieux, la difficulté des jeunes à accéder au statut d’adulte dans nombre de familles dakaroises. Ils ont été recueillis par Tidiane Ndoye, un étudiant en sociologie à l’université de Dakar, qui collabore, par ses travaux de DEA, au programme de recherche mené par l’IRD et l’IFAN sur le passage à l’âge adulte dans les classes moyennes et pauvres de la capitale du Sénégal1. « Les conditions des jeunes apparaissent essentiellement au travers des statistiques sur le chômage, peu d’études se penchent sur la manière dont ils vivent cette situation de précarité, explique Tidiane Ndoye. Mon objectif a été de comprendre les mutations qui s’opèrent par une étude qualitative et comparative sur les attentes et les prises de rôle au sein des familles de jeunes âgés de 20 à 29 ans dans trois quartiers plus ou moins pauvres de la ville. » La précarité soumet les jeunes à une grande vulnérabilité à la fois économique et affective. Disqualifiés, ils ne peuvent assumer de rôles conséquents 6 au sein du foyer. « Tu sens que tu as l’âge de prendre des responsabilités. Mais aussi longtemps que tu ne marques pas ta présence par une participation, tu n’es pas mieux traité que les enfants. (…). En fait, c’est comme si on essayait de t’humilier. » (un jeune de 27 ans, HLM Grand-Médine). Exclus des délibérations, les jeunes voient leur statut menacé « En cas de prise de décisions tu n’es même pas consulté. (…). Dans la maison, tu fais vraiment œuvre de figurant » (un jeune de Médina Gounass). La place des jeunes au sein des familles diffère cependant selon le niveau de vie. Ceux des milieux pauvres sont fortement sollicités pour contribuer économiquement à la gestion du quotidien tandis que ce rôle est différé lorsque les parents ont plus de moyens. Les relations avec les autres adultes de la famille sont complexes et les jeunes cherchent des alternatives en formant avec leurs pairs des groupes qui leur offrent un espace privilégié de ressourcement et de solidarité. « Mon groupe d’amis est ma seconde famille. C’est A Yaoundé et à Dakar, les trois avec eux que je passe quarts des hommes ont le plus clair de mon un travail avant de se marier temps (…). Ici, on parcontre une femme sur cinq tage tout. C’est le seulement. social-living. » (un jeune de 29 ans, habitant Sicap Liberté 5). La crise économique et le relâchement des solidarités intra-familiales conduisent les jeunes à élaborer des stratégies complexes de construction de la position sociale au travers d’espaces extérieurs. ● Dans les pays du Nord, les jeunes entrent plus tardivement qu’hier dans la vie adulte. Observe-t-on le même phénomène en Afrique ? À la suite d’enquêtes dans trois capitales africaines, des chercheurs répondent par l’affirmative1. Mais cette évolution s’inscrit dans une crise économique prolongée dont, paradoxalement, les plus diplômés sont les premières victimes. Contraints de rester jeunes? es démographes et des économistes de l’IRD et de DIAL ont analysé les données d’enquêtes biographiques réalisées auprès de plusieurs générations de citadins à Dakar, Yaoundé et Antananarivo2. Parmi les multiples événements marquant le processus d’intégration dans le monde des adultes, les chercheurs ont retenu trois étapes sociales majeures : l’obtention d’un premier emploi, la constitution d’un couple, l’autonomie résidentielle. Globalement, il apparaît que les jeunes générations franchissent ces trois étapes plus tardivement que leurs aînés. Ceci traduit clairement un recul du passage à l’âge adulte dans les trois villes ; et ce, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. A Dakar, la proportion d’ “adultes” à 25 ans est passée de 15 % chez les aînés à 5 % pour la plus jeune génération et de 21 à 16 % à Yaoundé. C’est à Antananarivo que les jeunes gagnent le plus rapidement leur indépendance : à 25 ans, un quart des hommes et un tiers de femmes volent de leurs propres ailes ; mais ces proportions sont en baisse au regard de celles qui prévalaient dans les années 1970. Cette évolution s’explique en partie par la formidable poussée scolaire et la montée générale du niveau d’étude chez les jeunes, en particulier chez les femmes. À Dakar par exemple, la proportion des hommes n’ayant jamais fréquenté l’école atteint 30 % pour la génération la plus âgée (née entre 1930 et 1944) contre 15 % pour les plus jeunes (nés entre 1955 et 1964). Chez les Dakaroises, le bond est encore plus spectaculaire : les non-scolarisées sont passées en 20 ans de 83 à 32 %. Cependant, cette jeunesse prolongée résulte surtout des effets de la crise économique qui perdure depuis au moins deux décennies. Alors que 5 à 7 % de la génération la plus ancienne étaient chômeurs à 25 ans dans les trois capitales, cette proportion passe chez les jeunes à 10 % à Antananarivo, à 20 % à Yaoundé et à près de 25 % à Dakar. est élevé mettent plus de temps que les autres à franchir les trois étapes qui les conduisent à l’indépendance. Contact La famille à l’épreuve ? La difficile insertion sociale des jeunes dans ces trois capitales va mettre l’institution familiale à rude épreuve. Les générations plus âgées pourront de moins en moins assurer sur une longue durée la prise en charge de leurs descendants tandis que les jeunes ne seront pas en mesure d’apporter un soutien à leurs parents devenus inactifs. Même le modèle malgache, qui se distingue par une insertion relativement plus rapide des jeunes générations, mais dans des conditions financières peu enviables, devrait être confronté aux limites de la solidarité familiale, du fait de la très longue et forte récession qui touche le pays. Une question reste ainsi en suspens : cette dépendance accrue renforcera-t-elle les liens entre générations unies dans l’adversité ou, au contraire, sera-t- Précarisation A cela s’ajoute une précarisation des conditions de travail avec une baisse très importante de la proportion d’emplois salariés et de ceux dans le secteur formel. Plus préoccupant encore, les nouvelles embauches se font à salaires décroissants : à Madagascar par exemple, la chute du pouvoir d’achat au premier emploi a dépassé 75 % en trois décennies. Enfin, contrairement au modèle occidental, ce sont les jeunes diplômés qui souffrent le plus de ce contexte défavorable. Non seulement le diplôme n’est plus un viatique contre le chômage, il est même devenu un facteur de risque pour trouver un emploi. À Yaoundé par exemple, le taux de chômage des jeunes diplômés (22 %) est aujourd’hui deux fois supérieur à celui des non-diplômés (10 %). Dans les deux autres capitales, le constat est le même. De manière générale, le diplôme semble constituer un frein pour accéder au statut d’adulte : les jeunes dont le niveau d’instruction Mireille Razafindrakoto, [email protected] 1. Programme de recherche associant le GIS Dial (Développement et insertion internationale), le Ceped et l’IRD. 2. Ces enquêtes auprès d’individus de 25 à 54 ans ont été conduites à Dakar en 1989 par l’Ifan (Institut fondamental d’Afrique noire) et l’Orstom (aujourd’hui IRD), à Yaoundé en 1996 par l’Iford (Institut de formation et de recherches démographiques) et le Ceped (Centre français sur populations et développement), en 1998 à Antananarivo dans le cadre du programme de recherche Madio. Les femmes accèdent-elles au statut d'adulte de la même manière que les hommes dans ces trois capitales? ême si le retard scolaire des filles n’a pas toujours été comblé, on observe à des degrés différents selon les villes une réduction des inégalités entre hommes et femmes en matière de scolarisation. De manière générale, le niveau d’éducation n’a cessé de croître d’une génération féminine à l’autre. Malgré ces progrès, l’entrée dans la vie adulte obéit à des schémas différents selon le sexe. Dans les trois villes, les hommes débutent leur vie professionnelle avant la vie matrimoniale. Chez les femmes, les situations sont plus contrastées d’une capitale à l’autre. À Dakar le mariage et l’arrivée des enfants précèdent nettement l’obtention d’un premier emploi. À Yaoundé la situation est un peu plus complexe, mariage et activité s’enchaînent tout au moins pour les générations les plus anciennes. Dans ces deux villes, les trois quarts des hommes ont un travail avant de se marier contre une femme sur cinq seulement. Les Tananariviennes présentent une singularité à cet égard. Leur mode d’accès au statut d’adulte ressemble à celui des hommes. Plus des deux tiers d’entre elles exercent un métier avant de fonder une famille. Dans les deux autres villes, les femmes restent plus longtemps dépendantes des hommes, en particulier pour leur survie économique pendant les premières années qui suivent le mariage. C’est le cas notamment à Dakar où environ une femme sur deux n’exerce pas d’activité (à l’exception de micro-commerce à la devanture de la porte) et se retrouvera cantonnée toute sa vie dans la sphère domestique. Le mariage était la principale voie d’accès au statut d’adulte pour les femmes. Actuellement, la dégradation des conditions de vie contribue à différer de plusieurs années cet événement dans les trois capitales. Le recul de l’âge au mariage des femmes pourrait découler en partie d’une « pénurie », sur le « marché matrimonial », d’hommes capables de subvenir aux besoins d’un ménage. ● M En savoir plus © IRD/M. Dukhan Les jeunes, hantise de l’espace public dans les sociétés du Sud, Autrepart N° 18, IRD-Éditions/Éditions de l’Aube, 2001. Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 12 - novembre/décembre 2001 François Roubaud, [email protected], démographe à l’IRD Tidiane Ndoye, [email protected] Dans les capitales africaines, les jeunes entrent dans la vie active dans des conditions beaucoup plus précaires qu’auparavant. Philippe Antoine, [email protected], Question à Philippe Antoine, Contact 1. « Crise, passage à l’âge adulte et devenir de la famille dans les classes moyennes et pauvres à Dakar. » Ces recherches entrent dans le cadre d’un programme piloté par Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales (Codesria, Dakar) et l’IRD concernant les sciences sociales sur l'Afrique au Sud du Sahara. elle source de tensions insupportables à l’origine d’une rupture ? ● © IRD/M. Dukhan Figuration De la pluie à la retenue Lac collinaire et petit barrage Petit Barrage de Zanfour (Tunisie). Petits barrages grand avenir Relevés sur un lac collinaire tunisien avec l’INAT (Institut national agronomique de Tunisie). source en sol et des flux d’eau et de méthodes de dimensionnement des matières associées dans les petits barrages ou calculent le niveau bassins versants cultivés, en liaison d’érosion dans les impluviums. Ils avec les activités agricoles et les améévaluent les volumes de sédiments nagements hydrauliques. Ambre assopiégés et la durée de vie des retenues cie sept chercheurs et trois ingénieurs ou encore s’efforcent d’optimiser les de l’IRD et autant de partenaires pour aménagements de protection contre ● une durée de quatre ans. l’érosion et d’accroître la qualité chimique des eaux. Les équipes complètent ces observations par des études économiques et sociales de façon à définir des objectifs de production agricole par irrigation. Les résultats d’Hydromed ainsi que des expériences réalisées dans d’autres pays Petit barrage de Sadine (Tunisie). que ceux impliqués dans le programme (Algérie, Mexique, Espagne, Portugal) ont été Jean Albergel, [email protected] présentés lors du séminaire international qui s’est tenu à Tunis du 28 au 31 mai dernier. Hydromed est fini. Ambre prend le relais. Ambre (Analyse et Modélisation dans les 1. L’Institut hydrologique de Wallingford Bassins Versants méditerranéens du (Grande-Bretagne), l’Université de Lund Ruissellement et de l’Erosion) est une (Suède), l’INRASE, Institut national de la recherche agronomique de Séville nouvelle unité de recherche dirigée (Espagne), l’INRGREF, Institut national de par Jean Albergel et associée à l’UMR recherche du génie rural et des eaux et Sciences du sol de l’Inra-Ensam de forêts (Tunisie), l’Institut Hassan II (Maroc) Montpellier. Avec cette nouvelle et l’ACSAD, Institut des zones arides de étape, se poursuivra l’étude de la resDamas (Syrie). © IRD/J. Albergel Contact Barrage romain (IIe siècle) de la Badieh, sur la route de Palmyre en Syrie. Construit en pierres de taille, il a pu retenir environ 80 000 m3 d’eau. Faisabilité © IRD/J. Albergel is en place en 1996 dans le cadre du quatrième PCRD (Programme Cadre de recherche et de Développement de l’Union européenne), coordonné par l’IRD et conduit en partenariat avec huit instituts de recherche1, le programme Hydromed a sélectionné plusieurs petits barrages dans le monde méditerranéen, en Afrique du Nord (Maroc, Tunisie) et au ProcheOrient (Liban, Syrie) comme sites d’étude pilotes. Des équipes pluridisciplinaires étudient l’évolution physique des bassins versants, la variabilité de la quantité d’eau disponible dans les lacs et les nappes souterraines (aquifères), la durée de vie des barrages en fonction de l’érosion en amont et des volumes de sédiments piégés. Un appareillage de collecte automatique de données permet d’acquérir les principaux paramètres hydro-climatiques. Leur télétransmission par satellite facilite l’intervention rapide des équipes de recherche sur le site. Les chercheurs travaillent dans plusieurs directions. Ils dressent le bilan hydrologique du bassin versant, déterminent la variabilité de la ressource et estiment la recharge des nappes. Ils évaluent les risques de destruction de barrage, de manque d’eau pour l’agriculture, et d’envasement, tentent une amélioration des © IRD/J. Albergel Véritables boucliers contre les crues et sources de multiples activités économiques, les petits barrages, imaginés au tout début de notre ère, reprennent du service. Les lacs collinaires créés par ces aménagements protègent aussi les grands barrages de l’envasement. Après Hydromed, le programme Ambre, conduit par l’IRD, poursuit ses recherches sur des sites pilotes en Afrique du Nord et au Proche-Orient. L’IRD et la Direction de la Conservation des Eaux et des Sols de Tunisie ont mis au point un logiciel expert (IDLAC PRO 1.0) d’aide à la décision en vue de la création d'une petite retenue collinaire. Trois modules l’organisent. Le module « Bas-Fond » comprend un modèle numérique de terrain (MNT) et un sous module de positionnement et de calcul des paramètres de la digue. Grâce à une interface graphique conviviale, l’opérateur peut choisir le site optimal de la digue en cherchant à minimiser le coût en fonction de la capacité de la retenue. Lorsque ce choix est fait, le logiciel calcule un ensemble de données relatives à la construction de la digue pour en évaluer le coût. Le module « Bassin Versant » calcule les volumes de ruissellement, l'envasement et les débits de pointe selon différentes formules hydrologiques testées en Tunisie ou en comparaison avec une retenue déjà observée dans la même région. Le troisième module « Impact social et économique » concerne l’évaluation du projet suivant des critères qui permettent de tenir compte de l’impact socio-économique de la retenue sur les populations concernées et de lui fixer un objectif soit de conservation des eaux et des sols, soit de développement rural. ● En savoir plus « Les lacs collinaires en Tunisie » et « le paysage et l’eau, deux exemples préliminaires en Tunisie », deux cédérom Hydromed. [email protected] Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 12 - novembre/décembre 2001 Recherches u’appelle-t-on précisément un lac collinaire ? C’est une retenue créée par un petit barrage en terre. Elle peut contenir de quelques dizaines de milliers à 1 million de m3 d’eau recueillie sur des bassins versants d’une superficie de quelques hectares à quelques km2. Ces lacs s’intègrent de façon naturelle dans le paysage en ne créant pas de nuisance particulière. Aptes à réguler les flux hydriques et susceptibles de maintenir les populations en place, ils offrent de réelles possibilités de développement. Leur construction vise plusieurs objectifs. D’abord, la protection des infrastructures contre les crues et contre l’érosion. Puis, la mise à disposition d’une ressource en eau de manière disséminée dans le paysage. Elle peut servir aux besoins domestiques, à l’abreuvement du bétail, à la micro-irrigation, etc. Enfin, le lac collinaire permet le captage du ruissellement et la recharge des nappes phréatiques, l’amélioration de l’environnement et la création d’activités agricoles ou touristiques. Ces retenues collinaires, très fréquentes, partout où il y a besoin de stocker de l’eau, sont inspirées de principes précurseurs vieux de plusieurs millénaires. Elles sont connues dans tout le Moyen-Orient depuis le début de notre ère. Au Moyen âge, le principe des petits barrages en terre est diffusé par les arabes en Europe du Sud. Dans le Limousin où ils sont encore utilisés comme abreuvoirs, ils sont désignés en patois par le mot arabe « schorbe » (boire). Au Maroc, aujourd’hui encore, des petites retenues traditionnelles, les « Rdirs », sont aménagées par des associations d’éleveurs dans les reliefs de collines situées à la limite de zones arides. C’est en Italie qu’apparaît le lac collinaire de type actuel, au début des années 1950. Le développement et la réussite dans ce pays de ces petits ouvrages modernes ont été pour une grande part la raison de leur adoption dans l’ensemble du bassin méditerranéen : France, Espagne, Maroc, Algérie, Tunisie et Moyen-Orient. Les quatre pays (Liban, Maroc, Syrie et Tunisie) dans lesquels le programme de recherche Hydromed a réalisé ses expérimentations sont engagés dans une politique de construction de petits barrages en complément des réalisations en grande hydraulique. Avec, chaque fois, des objectifs ● souvent multiples. © IRD/J. Albergel Q Le progiciel Hydromed, conçu par les chercheurs de l’Institut hydrologique de Wallingford en collaboration étroite avec l'équipe de l’IRD – INRGREF (Institut national de recherche du génie rural et des eaux et forêts de Tunisie) associe deux modèles : 1. Un modèle de transformation pluiedébit (calcul du volume d’eau issu de la pluie), spécialement adapté aux petits bassins versants méditerranéens aux bases conceptuelles simples. 2. Un modèle de volume de la retenue qui calcule la disponibilité en eau et la hauteur de l’envasement. Le modèle de transformation pluiedébit s’adapte à différents types de bassins versants et aux données disponibles. Le pas de temps de la modélisation est choisi entre 10 minutes pour un petit bassin suivi régulièrement, à un mois pour un bassin où l’on ne cherchera qu’une évaluation grossière des apports annuels. Les concepts utilisés pour décrire le ruissellement sont : le refus à l’infiltration, la présence de surfaces imperméables, la présence de zones saturées. Il est possible de combiner ces concepts. L’écoulement retardé, celui qui peut se poursuivre après la fin de l’averse, est calculé soit à partir des débits observés après les crues soit à partir de l’estimation du drainage des sols (modèle de sol à deux couches). Le second modèle calcule le volume d’eau dans la retenue en fonction des apports, du stockage possible et des pompages. Le pas de temps est le mois, et chaque mois pour lequel le volume disponible est inférieur aux besoins est considéré comme une défaillance. La probabilité de défaillance est simulée à partir de la consommation en eau des plantes et du taux de remplissage à une date donnée. ● 7 Les effets de réformes foncières Des forêts, des climats et l’homme Contact Jean-Christophe Castella, [email protected] 1 La composante « Régionale » du programme SAM « Système agraire de montagne » est conduite au Vietnam par des chercheurs de l’Unité de recherche 100 « Transitions agraires et dynamiques écologiques ». 2 En collaboration avec le CIRAD-CA qui met en œuvre au coté du VASI la composante « Systèmes de culture » du programme SAM. 3 En collaboration avec Le Programme Fleuve Rouge coordonné par le Groupe de Recherche et d’Échange Technologique (GRET) et mené avec le VASI. © IRD/G. Michon Les forêts tropicales continuent de perdre du terrain. En Amérique latine, en Afrique et dans le Sud-Est asiatique, des chercheurs de l’IRD et leurs partenaires étudient l’évolution, présente mais aussi passée, des massifs forestiers exploités par l’homme et soumis aux changements climatiques. Leurs travaux soulignent la complexité des mécanismes en jeu. 1 Responsabilités partagées e plus grand massif forestier tropical de la planète (5,8 millions de km2), l’Amazonie, tient aussi la tête du palmarès par l’ampleur de son déboisement : 17 000 km2 de forêt environ disparaissent chaque année, soit, pour l’Amazonie brésilienne1, une surface de 551 000 km2 (équivalente à la France) au cours de ces 30 à 35 dernières années. Qui est à l’origine de tels défrichements ? Pour Philippe Léna, géographe de l’IRD qui dirige l’UR 78 – Mondialisation et développement local en Amazonie –, les responsabilités sont partagées. La politique de désenclavement du territoire amazonien engagée par l’Etat brésilien depuis les années 1960 est la première en cause. On observe en effet une coïncidence entre le tracé des routes principales et secondaires, généralement associées à un projet de colonisation, et la localisation des défrichements. L’idéologie de la « frontière » qui soustend cette stratégie – l’Amazonie espace illimité à conquérir comme solution au sous-développement – est encore très présente dans les sphères politiques et se conjugue aux intérêts de multiples acteurs. Au Parlement brésilien par exemple, le groupe « ruraliste », essentiellement composé de grands propriétaires terriens menacés par le Mouvement des sansterre, exerce une forte pression en faveur de la colonisation. Les politiques locaux – dont certains n’hésitent pas à octroyer des terres en échange de votes – ont aussi une large responsabilité en réclamant toujours plus d’infrastructures routières. Les facteurs économiques jouent également. Le différentiel de prix de la terre entre le sud du pays et l’Amazonie encourage les spéculateurs mais aussi les petits agriculteurs à étendre leur emprise. L’élevage bovin extensif est incontestablement la principale activité à l’origine des défrichements en Amazonie. Seules 12 % des terres Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 12 - novembre/décembre 2001 défrichées sont occupées par des cultures, le reste est constitué de pâturages (100 000 km2, soit la moitié des pâturages de l’Amérique latine) et des terres “dégradées” où souvent le recrû forestier ne se réinstalle pas ou mal. Si, pour sa part, l’exploitation forestière n’entraîne pas de façon directe une destruction de la forêt, elle contribue, par les voies de pénétration qu’elle ouvre, à une expansion des fronts de colonisation. En outre, elle accroît la sensibilité des massifs forestiers aux incendies : lorsque la saison sèche est accentuée (comme en 1997-98 en relation avec El Niño), ce sont les zones soumises à l’exploitation sélective qui brûlent et plus rarement les forêts primaires. Si ce modèle de développement prédateur se poursuit, les superficies boisées en Amazonie brésilienne passeraient de 80 % actuellement à 28 % d’ici à 20 ans, voire à 4 % selon les scénarios les plus pessimistes. Un modèle concurrent dit « socio-environnemental » émerge cependant : il préconise d'utiliser en priorité les zones déjà déboisées, de promouvoir une exploitation du bois de faible impact environnemental, de freiner l'adoption de l'élevage bovin par les colons et de le remplacer par des systèmes agroforestiers, d'encourager les usages multiples des ressources forestières par les populations amérindiennes. Comment cette nouvelle configuration pourra-t-elle s’imposer ? Comment notamment pourront se concilier amélioration des conditions de vie des populations et préservation des ressources ? Les chercheurs de l’UR tentent actuellement de répondre à ces questions majeures par une étude de ces stratégies alternatives et de leurs ● acteurs. Contact Philippe Léna, [email protected] 1. 60 % de la forêt amazonienne se trouve sur le territoire brésilien. © IRD/Ph. Léna © IRD/J.-C. Castella Recherches La décollectivisation de l’agriculture vietnamienne à la fin des années 1980 s’est accompagnée d’une redistribution des terres des bas-fonds rizicoles aux populations villageoises. Dans les zones de montagne, ceci a eu pour conséquence une déforestation généralisée du fait de l’expansion rapide, sur les pentes, des cultures itinérantes sur défriche-brûlis, alors devenues plus productives que la riziculture de bas-fond. Afin de protéger la ressource forestière, de fixer l’agriculture et de développer la production sylvicole, la nouvelle réforme foncière engagée en 1994 a attribué aux familles un droit d’usage individuel sur les terres de forêts. Quels sont aujourd’hui les impacts sociaux, économiques et environnementaux de cette politique ? Quels sont, en particulier, ses effets sur les systèmes de production agricole et sur le milieu forestier. Des chercheurs de l’IRD, de l’Institut international de recherche sur le riz (IRRI) et de l’Institut vietnamien des sciences 8 agronomiques (VASI) tentent de répondre à ces questions dans le cadre du programme SAM-Régional1. Pour l’heure, des études dans plusieurs communes de la province de Bac Kan (Nord Vietnam) montrent que les réformes foncières ont conduit certains groupes ethniques (notamment les Tày-Nung) à concentrer leurs activités sur les rizières des bas-fond et à abandonner les cultures sur défriche-brûlis. Ainsi, de grands ensembles géographiques sont passés en quelques années d’une dynamique de déforestation diffuse difficilement contrôlable à une relative régénération forestière. Cependant, d’autres éthnies (Dao, H’Mong, etc.), ne pouvant plus accéder aux terres de bas-fonds, n’ont eu d’autre alternaDébardage du bois de feu tive que de se rabattre sur au buffle et à dos d’homme l’essartage. De ce fait, à dans un village Dao une échelle locale, le coudans les montagnes vert forestier continue à du Nord Vietnam. être détruit par ces essarteurs qui, à présent à l’étroit sur leur territoire villageois, voient leur système de production s’asphyxier. Aussi de nouveaux modes de production et de gestion à la fois respectueux de l’environnement et aptes à répondre à des besoins accrus en terres cultivables doivent-ils être très rapidement adoptés. « Le programme SAM s’attache à mettre au point et à faire connaître des alternatives techniques aux cultures sur abattisbrûlis2. Il étudie également comment intensifier l’agriculture dans les basfonds3 de manière à diminuer la pression sur les pentes et à favoriser la régénération de la forêt », souligne JeanChristophe Castella, agronome à l’IRD. À terme, les résultats de ces travaux seront intégrés dans un modèle informatique couplé à un système d’information géographique ; ce, afin d’élaborer à une échelle régionale des scénarios d’évolution de l’agriculture et de l’environnement qui puissent aider à concevoir de meilleures stratégies de gestion des ressources naturelles. ● 4 2 1 Paysage agro-forestier en Indonésie. 2 Route ouverte en forêt amazonienne. De la forêt à l’agriculture... qu ans de nombreuses régions tropicales, l’agriculture est souvent dénoncée comme le premier facteur de déforestation. La réalité peut se révéler beaucoup plus complexe, parfois radicalement inverse, au regard de travaux des chercheurs de l’IRD1 en Asie du Sud-Est. L’histoire de l’exploitation d’un arbre des forêts de Sumatra offre une illustration de la complexité des interactions à long terme entre dynamiques agricoles et gestion des ressources forestières, entre stratégies sociales et évolution des milieux naturels. Entre les deux Guerres, les villageois, jusqu’alors essarteurs2, se mirent à cultiver le damar3 pour des raisons à la fois économiques – un marché de la résine en pleine expansion –, pratiques – la quasi disparition de la ressource à l’état sauvage – et sociales – le besoin des branches cadettes d’accéder à un patrimoine foncier dont elles étaient exclues. Ceci conduisit à la création de plantations, les jardins à damar, sur les anciennes terres d’essartage. Aujourd’hui, ces jardins dominent le paysage de la région et la forêt naturelle a disparu. Considérer cette transformation comme un processus classique de déforestation serait incorrect : il s’agit plutôt d’une redéfinition du rapport des villageois avec la ressource et le territoire forestiers, qui modifie la forme de la forêt mais, au final, conserve ses fonctions et ses qualités. En laissant se réinstaller de nombreuses espèces (flore et faune) de la forêt dans les plantations, les villageois ont restauré, en moins de 50 ans, une véritable biodiversité forestière. De ce fait, il ont préservé l’ancienne diversité économique : en complément de l’exploitation commerciale du damar, des activités de collecte typiquement forestières (plantes médicinales, légumes et fruits, bois…) se sont redéployées au sein des jardins. La elle déforestation ? reconnaissance formelle de droits fonciers transmissibles sur des terres auparavant considérées comme des biens collectifs inaliénables a permis une refondation des familles les plus marginalisées autour de la création d’un patrimoine foncier. Cette redéfinition de la forme, des usages et des droits associés à la « forêt » et à ses ressources a bouleversé la hiérarchie sociale des villages en laissant intact le paysage. Elle donne aujourd’hui aux villageois un certain pouvoir dans les négociations avec l’administration forestière. « Cet exemple remet en cause le postulat d'une séparation de fond non seulement entre forêt et agriculture, mais aussi entre changements sociaux et dynamiques naturelles, sur laquelle reposent trop souvent les études sur la déforestation et les politiques de conservation des forêts tropicales. L’approche classique occulte à la fois la réalité, la diversité et la finalité des gestions paysannes de la forêt. Les études pluridisciplinaires menées par notre UR dans des zones écologiques climatiques et socio-historiques constrastées (au Kenya, Cameroun, Laos et Indonésie) rompent avec cette représentation pour réévaluer les rapports entre sociétés paysannes, agricultures et forêts en termes d’interdépendance et d'intégration », conclut Geneviève Michon, ethnobotaniste à l’IRD, qui dirige ces travaux. ● Contact Geneviève Michon, [email protected] 1. UR 112 «Entre forêt et agriculture : de la déforestation aux dynamiques agroforestières» qui associe l’IRD, l’Engref (École nationale du génie rural, des eaux et des forêts), le CEFE (Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive) du CNRS, l’ICRAF (International Centre for Research in Agroforestry) et le CIFOR (Center for International Forestry Research). 2 Pratiquant des cultures sur défriche-brûlis. 3 Grand arbre de la famille des Diptérocarpacées exploité pour sa résine. phénomène, qui touche toutes les lisières forestières en Afrique Centrale, a été particulièrement bien étudié au Cameroun grâce à la comparaison de photographies aériennes des années cinquante et des images satellitales les plus récentes. De nouvelles forêts se forment aujourd’hui soit par progression régulière de toutes les lisières sur les savanes soit par agrégation de bosquets d'espèces pionnières installés en savane à la faveur de termitières fossiles, de jachères en savane et de ceintures arborées autour des villages, ou encore de végétaux qui, comme Chromolaena odorata, jouent le rôle de pare-feux. « Certes, les vitesses moyennes de reconquête paraissent faibles à l’échelle humaine (20 à 200 m par siècle), précise le géographe de l’IRD, Jacques Bonvallot. Mais, elles peuvent atteindre des valeurs beaucoup plus élevées (30 à 40 m/an) lorsque le paysage végétal est très compartimenté par les forêts galeries et les bosquets d'interfluves. Elles sont étroitement dépendantes de la fréquence des feux de savane et donc de la densité des populations de cette zone de contact. Ceci réfute l'hypothèse, longtemps défendue, selon laquelle seuls les grands refuges forestiers auraient permis la reconquête actuelle de la forêt. C’est à partir de micro-refuges tels des bosquets et des galeries forestières que la forêt a progressé et progresse encore. » ● Contact Jacques Bonvallot, [email protected] Transgressions modélisées L e groupement de recherche Ecofit a engagé un travail de modélisation dynamique de la zone de contact forêt-savane en Afrique équatoriale pour aider à déterminer le rôle exact des différents paramètres influant sur la transgression (recul ou avancée de la forêt). Le modèle – qui consiste en un réseau d'automates cellulaires généralisé – prend en compte la pluviométrie annuelle, les feux de savane, le régime des vents, la nature des sols ainsi que l’évolution des différents groupes de Évolution simulée du contact végétation (couvert herbacé, forêt-savane (Cameroun) : en vert, forêt, en jaune, savane, jeunes bosquets ou forêt de pion- en bleu, zones de savane niers, forêt mature). Il reproduit conquises par la forêt entre 1951 les différents modes de transgres- et 1981, ligne blanche, la route. sion observés sur le terrain : progression linéaire de la lisière, essaimage de bosquets en savane qui, sous certaines conditions, grossissent puis s’agglomèrent, comblement des restes de savanes incluses dans la forêt. Les premiers résultats soulignent le caractère décisif de l’action anthropique : par le biais des feux, les hommes peuvent non seulement freiner la progression de la lisière mais aussi, et peut-être surtout, empêcher la formation de bosquets en savane qui permettent une progression très rapide de la forêt. Ce modèle est utilisé pour reconstituer l'évolution de la mosaïque forêt-savane au cours des dernières décennies et prédire son évolution future sur des zones de quelques kilomètres carrés (par exemple la savane incluse de Kandara, Cameroun), en intégrant progressivement des données botaniques, géographiques, historiques et anthropologiques. Il sera ainsi possible de comparer l’influence des différents facteurs. « À terme, nous pourrons utiliser ces connaissances pour étudier la transgression à une échelle régionale, en tenant compte de l’extension des forêts galeries, de l’apparition de taches de forêt, ainsi que de la formation de savanes incluses soit par ouverture (défriches) du couvert forestier ou du fait de la progression forestière naturelle », souligne Marc-Antoine Dubois, physicien au CEA, qui dirige Ecofit. ● Contact Marc-Antoine Dubois, [email protected] © IRD/Ecofit © IRD/H. De Foresta 3 Saignée des arbres à Damar en Indonésie. 4 Céramique de l’âge du fer ancien (Cameroun oriental). es équipes de l’IRD, du CNRS et du CEA associées dans le groupement de recherche Ecofit (Écosystèmes et Paléoécosystèmes des Forêts Intertropicales) tente depuis quelques années de reconstituer l’histoire de la progression et du recul des forêts et des savanes équatoriales afin de prévoir leur comportement futur et de fournir des données permettant d’optimiser leur gestion. Ecofit a étudié plus particulièrement les forêts d’Afrique centrale (principalement Cameroun et Congo) et en a reconstitué les fluctuations durant ces 5 000 dernières années grâce notamment à l’étude des pollens et des diatomées fossiles des sédiments lacustres. Sous l’effet d'un assèchement du climat et d’une légère diminution des températures, les massifs forestiers qui recouvraient toutes les basses terres équatoriales se sont ouverts à l’Holocène supérieur (il y a 2000 ans environ). Les savanes ont alors remplacé localement la forêt. Les changements les plus importants ont eu lieu dans les régions de transition entre forêts et savanes où le climat était plus sec. Depuis lors, des conditions plus favorables à la forêt se sont progressivement rétablies, vraisemblablement interrompues au Cameroun par une petite période sèche, plus courte et moins sévère qui semble s’achever au début du XVIe siècle. Depuis 1500, la forêt gagne du terrain sur la savane et tend à reconquérir un domaine qu'elle occupait au tout début de l'Holocène inférieur et moyen (de – 8000 à – 2000). Ce Les empreintes anciennes de l’homme Si, à l’Holocène, les changements climatiques ont joué un rôle prépondérant sur l’évolution des forêts d’Afrique centrale, l’homme a également façonné ces paysages dès cette époque. En attestent les recherches archéologiques menées par l’UR Adenthro1 au centre (pays Tikar), à l’est (nord de Bertoua) et sur le littoral (de Kribi à Campo) du Cameroun. Celles-ci font apparaître que l’homme s’est établi dans ces massifs forestiers il y a au moins 6 000 ans et, surtout, depuis 3 500 BP (Before Present) et à l’Âge du Fer (de 2 500 BP au XIXe siècle). Au Néolithique (entre 4 000 et 5 000 BP), le couvert forestier est très vivace, à peine rongé par des populations qui disposent d’un outillage trop sommaire pour le transformer. Vers 3 500 BP, des communautés villageoises s’installent dans les forêts du littoral au sommet de collines puis, entre 2 500 et 2 000 BP, se multiplient dans cette région ainsi qu’au centre et à l’est. Développant la métallurgie du fer, leur pression est alors plus forte sur le milieu forestier, riche en matière première et offrant du combustible à volonté. Ces populations exploitent aussi la forêt pour leur subsistance : elles chassent, collectent plusieurs essences forestières utiles (le palmier à huile par exemple) et ont pu pratiquer sur le littoral, comme mille ans auparavant déjà, l’agriculture sur brûlis. Des analyses palynologiques sur les sites de Kribi attestent de paysages ouverts fortement anthropisés entre 2 500 et 2 000 BP. Les espèces héliophiles2 aujourd’hui dominantes en lisière de ces forêts trahissent également la présence de l’homme. Celles-ci témoignent d’une ouverture des massifs et les plus beaux peuplements se retrouvent à 90 % au sommet des collines, sites des anciens villages. Ainsi, si la forêt littorale du Cameroun apparaît être la résultante d’un climat plus sec et plus frais qui a sévi il y a deux mille ans environ, elle est aussi le produit de grandes défriches qui l’ont affectée au cours des quatre derniers millénaires. La présence de l’homme a-t-elle été permanente dans les massifs forestiers du Cameroun ? Dans les régions littorales et orientales, elle paraît sans discontinuité pendant l’Âge de Fer alors qu’elle semble se ralentir autour de 1 000 BP dans le centre. Les sites auraient-ils été délaissés du fait d’un regain forestier dû à un accroissement de la pluviosité ? Les données pour l’heure disponibles ne suffisent pas à étayer cette hypothèse. Il est en revanche certain que le net dépeuplement observé au XXe siècle dans les régions enclavées de l’est et du centre s’est accompagné d’un puissant regain de la forêt, particulièrement lisible sur les lisières (voir ci-contre). Les chercheurs de l’UR Adenthro ont récemment entrepris des études en Amazonie occidentale, dans le Pacifique insulaire et à Sumatra. Elles permettront une analyse comparative dans différentes aires du monde tropical des principales étapes de l’implantation de l’homme en milieu forestier ainsi qu’une meilleure compréhension de l’impact des variations climatiques sur les peuplements pré-européens dans ces régions. ● Contact [email protected] ou Raymond Oslisly, [email protected] 1. UR 092 « Les adaptations humaines aux environnements tropicaux durant l’Holocène ». Recherches menées en collaboration avec ministère de la culture du Cameroun. 2. Espèces nécessitant de la lumière pour leur germination et leur croissance. Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 12 - novembre/décembre 2001 Recherches 3 © IRD/M. Delneuf Patiente reconquête 9