Week-end en amoureux

WEEK-­‐END EN AMOUREUX C’est beau les week-­‐ends en amoureux, c’est romantique, on ne se pose pas de questions, on vit l’instant magique… Euh oui, quant on est parfait, quand on a ses deux bras, et surtout quand on n’a pas la SLA, parce que si c’est le cas, que l’on fait ménage à trois, ça devient un peu plus compliqué. Car un week-­‐end avec mon amoureux, doudou pour Le cité, ne se fait pas qu’avec lui. Et non ! Depuis que je l’ai rencontré, je dois le partager avec ma rivale madame SLA et tout ses aléas. Qu’est ce qu’elle me gonfle celle là parfois, mais elle n’aura pas raison de moi qui suis très organisée et ne me laisse pas démonter .Alors des béquilles il a fallu en trouver, pour pouvoir prendre mon doudou handicapé. Tobii, mon gentil Tobii ! Un week-­‐end en amoureux nécessite une grande organisation car il ne faut rien oublier quand je veux sortir doudou de sa prison de timbrés, prévenir le mirador que je vais arriver et ne jamais se tromper d’heure, oh grand malheur. Heureusement Tobii est là pour assurer la communication entre nous car il m’écrit avec ses yeux (terriblement beaux d’ailleurs et craquants, mais ça ce sera l’objet d’une autre nouvelle). C’est aussi notre cupidon qui a permis notre belle histoire car sans Tobii pas de liens, pas de communication, pas de week-­‐ends. Heureusement qu’il n’est pas aveugle mon doudou et merci madame SLA de ne pas l’avoir privé au moins de ses yeux ! Alors, si pas de Tobii il n’y avait, pas de week-­‐end en amoureux il n’y aurait ! Kangoo, ma jolie kangoo ! Heureusement qu’elle est là et que c’est la seule chose que j’ai réussi à garder et négocier quand mon ex mari j’ai quitté, qu’il a juré de tout me déposséder prétextant que j’étais cinglée d’aimer un handicapé .Laissant meubles, argent, maison… oui mais je m’en foutais, je voulais juste ma KANGOO bien pratique pour transporter mon doudou. N’ayant pas droit à une ambulance (merci la Sécurité Sociale et ce n’est pas moi qui suis à l’origine de son déficit) pour l’emmener de sa prison dorée jusqu’à mon petit nid douillet, j’ai adopté le mode « transfert de doudou dans la Kangoo » qui est une voiture assez haute pour l’y engouffrer après 20 minutes de contorsions et de manipulations et l’élaboration d’une check liste : Siège baissé incliné, nuque calée, minerve installée, ceinture pas trop serrée, pieds allongés, mains positionnées et doigts rétractés dépliés, fauteuil manuel encoffré, on est ok pour le départ, j’ai déjà bien transpiré. Alors, si pas de Kangoo il n’y avait, pas de week-­‐end en amoureux il n’y aurait ! Nous voilà à la maison, transfert kangoo/fauteuil manuel, transfert fauteuil manuel/ électrique (son vieux fauteuil électrique décore mon salon quant il n’est pas là, bien mieux qu’une plante verte, pas besoin de l’arroser). Ouf, le voilà installé ! Chaise percée, yéyé ! Chaise percée, ma magnifique chaise percée, que j’ai tant galéré à trouver ! 50 km pour aller la dénicher dans un coin paumé mais que ferai-­‐je sans elle (merci le bon coin !)Comment doudou qui ne peut pas rentrer dans mes WC ferait pour évacuer ? Donc après petit déjeuner, je vais vite l’installer en prenant appui sur les barres du lit médicalisé et hop doudou peut se lâcher. Alors si pas de chaise percée il n’y avait, pas de week-­‐end en amoureux il n’y aurait ! Urinal, quant tu dévoiles ! Urinal, mon bel urinal, merci à l’inventeur de cet objet si peu esthétique mais très pratique et comme je suis heureuse que tu existes. Comment ferai je sans toi, quand doudou envie urgente de faire pipi le rend fou ? Hop debout, hop pantalon sur les genoux, hop urinal bien coincé sur le bout. Ouf, pas de gouttes partout, il a bien visé le trou. Alors si pas d’urinal il n’y avait, pas de week-­‐end en amoureux il n’y aurait ! Lit médicalisé, olé ! Quelle bonne technique ces lits qui montent et qui descendent, idéal pour les transferts car je n’ai pas envie de mettre doudou par terre et encore moins de me blesser les osselets, comme il ne peut dormir ni assis, ni couché, mais à 135 degrés, nuque bien orientée, bassin centré, bras allongés, draps pas trop remontés. Car comme il s’endort il se réveille, donc mieux vaut être bien positionné ! L’avantage est qu’il ne me vole pas les draps même s’il ne me laisse pas beaucoup de place à ses côtés, 33 cm (oui, on a mesuré ) .Mais de ma vie, je n’ai jamais aussi bien dormi que lorsque je suis blottie contre lui et comme par magie mon corps s’adapte à cet espace si réduit. Alors si pas de lit médicalisé il n’y avait, pas de week-­‐end en amoureux il n’y aurait ! Petits carrés colorés, pull ups adaptées ! Petits carrés ouatinés bleu ou vert, merci d’être aussi là quand des petits accidents il y a. Car faire la toilette et habiller doudou avec ses jeans (il ne supporte pas les joggings à élastiques, trop cliché de l’handicapé mal habillé !) équivaut à une séance de sport .Alors quand des petites fuites inattendues décident de faire parti du week-­‐end parce que j’ai gavé doudou avec mes bons petits plats ,trop grande transition avec la nourriture infâme et inadaptée de sa prison, ces petites protections glissées discrètement dans le lit évitent quelques embarras et surtout rassurent les draps et le matelas ! Quant au pull ups, des « tues l’amour » comme je les ai baptisé, elles nous sauvent la mise bien des fois quand des petits accidents parfois il y a, évitant d’avoir pantalon à changer juste avant de partir se promener. Alors si pas de carrés et pull ups il n’y avait, pas de week-­‐end en amoureux il n’y aurait ! Alors quand doudou est chez moi, que tout est en place et organisé avec ces béquilles plus que nécessaire pour pouvoir le recevoir car sans elles je ne pourrai pas le prendre dans mon palais pour qu’il se change les idées, on peut enfin se prélasser, apprécier d’être ensemble, laisser madame SLA qui nous fait tant me démener de côté. A tout ceux qui pense que notre amour est spirituel et platonique, je ne les inviterai pas sous la couette pour vérifier ce que ma rivale SLA lui a épargné .Pas besoin de béquilles pour compenser son handicap qui à cet endroit ne l’a pas frappé ! Car l’amour avec mon « handic », même si ce n’est pas toujours pratique, ça reste fantastique ! Alors si pas de béquilles il n’y avait, pas de week-­‐end en amoureux il n’y aurait ! ANNE.