Transport aérien CONCURRENCE EQUITABLE ET TRANSPORT
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Transport aérien CONCURRENCE EQUITABLE ET TRANSPORT
ATCM-WP/7 12ème REUNION DU COMITE DE TRANSPORT AERIEN DE LA CAFAC (Dakar, Sénégal, 30-31 octobre 2012) Transport aérien CONCURRENCE EQUITABLE ET TRANSPORT AERIEN AFRICAIN (Note présentée par le Secrétariat) RESUME ANALYTIQUE Cette Note présente la Décision de Yamoussoukro et le régime de concurrence élaborés en tant qu’excellente réplique aux défis des économies petites et en développement qui cherchent à participer impérativement au transport aérien et à contribuer au marché mondial. Elle propose que les règles de désignation consacrées dans la Décision de Yamoussoukro, son caractère multilatéral et les critères d’éligibilité soient une opportunité unique pour règlementer la concurrence à l’échelle mondiale et une réponse aéux préoccupations quant à la propriété. INTRODUCTION 1. Les régimes libéralisés ne cherchent pas simplement à supprimer les monopoles et les inégalités. Ils créent un déséquilibre dans le système règlementaire. Ils montrent les forces relatives des participants au plan économique. Il ne reste plus aux participants les plus faibles que de reconnaître leur incapacité à participer ou à rétablir l’équilibre grâce auquel leur droit de participation est garanti. 2. La Décision de Yamoussoukro 1999 contient une gamme parfaite d’opportunités permettant aux Etats de s’assurer que les activités du transport aérien commercial sont menées dans leur territoire et règlementées conformément aux règles internationales sans qu’un Etat donné ne souffre de l’impact négatif de sa relative force dans l’industrie. 3. Si elle est menée de manière rationnelle, l’expérience africaine pourrait avoir une incidence sur la manière dont le transport aérien est perçu au niveau du continent et comment les désignations dans le cadre des accords bilatéraux sont perçues en Afrique. REGLEMENTATION DE LA CONCURRENCE DANS LES ELEMENTS SPACIAUX 4. Quatre éléments spaciaux caractérisent actuellement le transport aérien commercial : (a) Exploitation des vols intérieurs uniquement ; (b) Exploitation directe inter-Etats ; (c) ATCM-WP/7 5. 6. 7. Exploitation intra-régionale (continentale) et (d) exploitation inter-régionale (continentale). Les éléments spaciaux C et D interviennent dans des situations d’échanges commerciaux bloqués, d’associations économiques et politiques tels que les Etats du Traité de Yaoundé de 1962 (Air Afrique), des blocs économiques régionaux en Afrique et en Europe tels que le COMESA, la CEDEAO, la SADC, l’Union Européenne et l’Union Africaine. Qu’elle soit équitable ou non, la concurrence revêt différents aspects en fonction de l’un des quatre éléments spaciaux impliqués dans la règlementation ou examinant les questions relatives à ladite règlementation. Alors que fondamentalement la concurrence est une pratique normale des entreprises commerciales offrant et écoulant leurs produits et services en échange d’une considération et ce faisant, offrant de meilleurs services afin d’attirer le plus grand nombre de consommateurs ou de consommateurs haut de gamme, la concurrence dans le transport aérien a un caractère quelque peu différent. Le point de différence important demeure l’idée recue, même si elle s’estompe graduellement, à savoir que le transport aérien est un service d’utilité publique. Les conséquences de cette conception enracinée du rôle du transport aérien dans le commerce national et international est que même à l’ère de la libéralisation du transport aérien, la règlementation de la concurrence est sous-tendue par des questions très importantes qui nécessitent l’introduction et la mise en oeuvre de mesures de sauvegarde sous diverses formes. PREOCCUPATIONS SOCIOPOLITIQUES 8. Ces prétendues questions “externes” ancrées dans le droit naturel d’un Etat de participer au transport aérien international, souvent alliées au droit naturel d’un Etat d’assurer la survie du transporteur aérien national est incompatible avec l’exploitation commerciale légitime des transporteurs aériens faisant montre d’agressivité. 9. On peut constater dans le tableau ci-dessous que les questions externes peuvent influer sur la plupart des éléments spaciaux identifiés. Politique en matière de concurrence 1 2 3 Etudier, identifier et supprimer les pratiques anticoncurrentielles Prévenir le dumping de capacité Etudier, identifier et prévenir tout abus de position dominante (monopole) Exploitation essentielle ment domestique Exploitation directes interétats Exploitation intrarégionale / continentale Exploitation interrégionale / continentale X X X X X X X X X X X X 2 4 5 6 7 8 9 1 0 1 1 Prévenir et règlementer les pratiques gouvernementales discriminatoires en faveur de certaines compagnies aériennes Prévenir et règlementer l’octroi des subventions par les Etats aux enterprises de transport aérien Infliger des pénalités pour les abus et pratiques inéquitables Droit pour la compagnie nationale de participer au transport aérien La taille du marché national joue un rôle déterminant en cas de libéralisation ou lorsqu’on peut empêcher la concurrence régionale La taille relative du transporteur national demeure un facteur déterminant dans la concurrence transfrontalière Préoccupations particulières quant à la capacités des autres compagnies de supplanter le transporteur national des vols intérieurs Crainte de voir disparaître la compagnie nationale ATCM-WP/7 X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X Tableau 1: Questions essentielles et externes d’une concurrence équitable 10. Un examen approfondi de l’histoire de la dérèglementation du transport aérien international depuis la fin des années 70 en passant par la libéralisation européenne des années 1980, les initiatives africaines en matière de libéralisation au titre du régime de Yamoussoukro, en passant par la vague récente des transporteurs puissants du Moyen-Orient exploitant des vols sur les routes africaines et européennes et les transporteurs européens plus puissants dominant le marché africain, montre que les préoccupations soulevées et mise en exergue par la croix rouge X continueront de miner un grand nombre de pays africains. MESURES DE SAUVEGARDE 11. L’argument souvent avancé pour le retard mis à mettre en oeuvre la Décision de Yamoussoukro est que (a) soit les transporteurs aériens africains plus puissants allaient avaler les transporteurs nationaux plus faibles, (b) soit la taille du marché national ne pouvait pas accommoder des plus gros transporteurs avec pour corolaire le coût d’agrandissement des infrastructures aéroportuaires, (c) l’éventualité des passagers indésirables venant d’autres pays infestant les économies d’autres Etats ou d’autres arguments sociopolitiques logiques. 3 ATCM-WP/7 12. Les mêmes arguments sont avancés dans l’actuel débat des transporteurs étrangers dominant le marché africain et l’exploitation des droits de 6e liberté notamment. Inéluctablement, ces arguments sont valables et demeurent le fondement des mesures de sauvegarde. 13. Un autre point à prendre en compte est la question de savoir si un Etat ou un bloc économique en particulier dispose d’un régime de concurrence avant la libéralisation. Il convient de dire que moins de 20% des pays africains ont des lois sur la concurrence en général. 14. S’il est considéré comme un moyen d’encourager l’exploitation régulière et le seul moyen capable de prévenir les abus, l’on peut alors considérer la règlementation sur la concurrence non point comme une mesure d’équité au plan sociopolitique, mais plutôt une mesure destinée à assurer que les exploitants entreprennent des transactions commerciales régulières en vertu des règles régulières. 15. Alors que l’expérience unique de l’Afrique dans un jeu spécial de règles de concurrence du transport aérien pourrait être considérée comme la nécessité de mesures de sauvegarde pour une tentative de niveler le champ d’intervention dans le passage d’une exploitation marquée du sceau de protectionnisme politico-commercial à un marché libre et libéralisé d’opérations politico-commerciales dans le cadre de la Décision de Yamoussoukro, les mesures actuelles portant sur le continent pourraient toutefois trouver une solution innovante dans la recherche d’un système équitable entre l’exploitation d’un transport aérien commercial et l’obligation dévolue à chaque Etat de protéger et renforcer son économie. ETAT DE L’EXPERIENCE AFRICAINE 16. A la suite du retard de 10 ans mis pour la mise en oeuvre de mesures prescrites dans le cadre de la Décision de Yamoussoukro, tel qu’il ressort de la Note de travail ATCMWP/4, une étude a été réalisée qui, quoiqu’incomplète, offre un certain nombre de solutions que le continent africain en développement pourrait utiliser pour (a) réaliser un marché de transport aérien africain libéralisé, (b) assurer une exploitation équitable et équilibrée du transport aérien intra-continental et intra-régional, (c) gérer avec efficacité toute pratique anticoncurrentielle observée, l’abus de position dominante et 4 ATCM-WP/7 d’autres formes de déséquilibre économique causé par des exploitants du transport aérien africains et non africains. 17. Il convient de rappeler que les communautés économiques régionales (CER) telles que la COMESA, l’EAC, la SADC et la CEDEAO ont adopté des règles de concurrence applicables sur leurs territoires. 18. L’étude en cours commandée par l’UA sous la gestion et le bénéfice de la Commission africaine de l’Aviation civile (CAFAC) vise : a. à conférer des pouvoirs à la CAFAC en tant qu’Agence d’exécution pour gérer et superviser la libéralisation du transport aérien en Afrique ; b. assurer la liaison avec les autorités régionales au titre de la DY pour la mise en oeuvre effective de la DY, y compris la mise en oeuvre du régime de concurrence harmonisées aux plans régional et continental ; c. permettre à la CAFAC d’infliger des pénalités, en cas de besoin d. permettre à la CAFAC d’appliquer diverses mesures pour le règlement des différends, le recours aux tribunaux le cas échéant. 19. L’étude a préconisé un projet de règles harmonisées sur la concurrence devant s’appliquer aux prestataires de services de transport aérien africains et non africains, y compris les compagnies aériennes, les exploitants d’aéroports et les prestataires de services de navigation aérienne. La règlementation sur la concurrence harmonise les règles en vigueur dans les CER et cherche à créer des synergies dans ce dont disposent actuellement les CER. 20. Le projet assure la règlementation des points 1 à 8 figurant au Tableau 1 ci-dessus et définit la rôle de l’Agent d’exécution et des Autorités régionales dans le cadre de DY dans la règlementation de la concurrence. Tel qu’indiqué, il ne se limite pas aux transporteurs éligibles, mais aussi il s’applique aussi aux compagnies non africaines et aux autres prestataires de services dans un ou plusieurs Etats africains. 21. Aux fins d’une gestion effective de la libéralisation du transport aérien, un certain nombre d’outils sont préconisés, dont le plus important est celui de considérer les routes intra-régionales comme un réseau de routes communes au niveau de chaque territoire commun d’une Autorité régionale au titre de DY, reconnue comme un bien public devant être géré par l’autorité régionale au titre de la DY dans l’intérêt des CER en question. Le réseau de routes dans son entièreté en tant que bien public signifie que des considérations qui pourraient être laissées à l’appréciation d’un Etat membre, deviennent des considérations au plan multinational et examinées avec l’objectif d’améliorer les économies régionales. La règlementation sur la concurrence, la mise en 5 ATCM-WP/7 oeuvre de mesures de sauvegarde et une liberalisation accélérée du transport aérien sont traitées par la gestion régionale reconnue. 22. Au niveau des CER, il importe également de noter que le groupe tripartite des CER comprenant le COMESA, l’EAC et la SADC, ayant habilité l’Autorité de concurrence conjointe (JCA) en 2008 à Kampala a également initié des mesures pour opérationnaliser les JCA. 23. Il est prévu que la somme actuelle d’activités aux niveaux régional et continental permettra de mettre en oeuvre des mesures visant à assurer une liberalisation effective et le contrôle d’un environnement concurrentiel en s’appuyant sur les outils offerts par les régimes harmonisés sur la concurrence. 24. Ainsi, par la mise en oeuvre du concept de bien public et les règles de concurrence harmonisées au plan régional et continental, les conditions sont réunies pour une croissance du trafic à l’intérieur des régions, à l’intérieur du continent et au-delà. Cette croissance est censée être générée par les compagnies africaines exploitant librement les réseaux de routes et en se livrant librement à la concurrence, mais sous le contrôle d’autorité règlementaire de la concurrence aux plans régional et continental. L’avenir de l’expérience africaine en matière de concurrence dans le transport aérien 25. Quel est l’avenir de l’expérience africaine à cet égard ? 26. Comment l’Afrique devrait-elle règlementer la libre concurrence dans tous les quatre (4) éléments spaciaux ? 27. L’avenir nous autorise-t-il d’établir une feuille de route pour la concurrence au plan mondial ? 28. La Décision de Yamoussoukro offre un certain nombre d’opportunités qui permettent à l’Agence d’exécution et aux autorités régionales au titre de la DY d’appliquer une politique concurrentielle équitable dans trois des plus importants éléments spaciaux visés ci-dessus, à savoir dans l’exploitation directe inter-Etats, l’exploitation intrarégionale et l’exploitation inter-régionale. Par ailleurs, le même degré de fair-play peut être obtenu dans le cadre des voyages intercontinentaux. 29. Les outils inclus dans la Décision et peaufinés dans les projets d’instruments actuels sont les suivants : 6 ATCM-WP/7 a. Les Etats sont autorisés à désigner une compagnie aérienne éligible d’un autre Etat partie pour assurer l’exploitation au départ de leurs territoires – ce qui veut dire que les accords commerciaux pourraient être conclus par les plus petits Etats qui n’auraient pas de compagnies aériennes et les compagnies aériennes d’autres Etats partie. Ce qui donnerait cette situation où l’Etat ayant désigné exerce un contrôle effectif à partir de son territoire sur la compagnie aérienne de l’Etat tiers conformément à la règlementation sur la sécurité. L’extension logique de ce concept est le début d’émiettement du sentiment national qui sous-tend un certain nombre de prétendues questions externes visées ci-dessus. On peut tirer les enseignements de l’expérience d’une compagnie aérienne américaine et dans une moindre mesure, l’expérience de l’expansionnisme du marché européen à faible coût. b. Le principe de désignation d’Etat tiers pourrait être lié aux investissements étrangers dans une compagnie d’un petit Etat pour permettre à ce dernier de prendre part au transport inter-régional et intra-régional dans le cadre de la Décision de Yamoussoukro. L’Afrique est un vaste continent de 55 pays dotés d’une force économique croissante qui est en train d’emboîter le pas aux pays développés. L’attitude de l’Afrique à mettre en oeuvre des investissements transfrontaliers dans les compagnies aériennes pour leur permettre de tirer parti des opportunités qu’offre la DY signifie que le concept de propriété des compagnies aériennes africaines pourrait donner lieu à un marché de transport aérien mieux structuré au niveau du continent africain. c. Les règles harmonisées sur la concurrence habilitent l’Agence d’exécution, et à travers elle les Autorités régionales au titre de la DY d’appliquer les règles sur la concurrence aux compagnies de tierces parties, ce qui pourrait inclure les compagnies d’autres CER ainsi que les compagnies d’autres continents. Ces pouvoirs conférés aux Autorités régionales au titre de la DY et à l’Agence d’exécution permettent à l’Autorité règlementaire d’examiner en profondeur les pratiques qui ont cours, cas par cas, pour déterminer s’il y a eu violation des règles et le cas échéant, infliger des pénalités. 7 ATCM-WP/7 d. Le plus important, c’est que la Décision de Yamoussoukro permet un échange de droits de trafic au plan multinational et, par voie de conséquence, la règlementation du transport aérien devient une véritable activité économique multilatérale ou plurilatérale. 30. Les mesures ci-dessus et d’autres mesures sont destinées à renforcer le concept de transport aérien inter-régional et intra-régional comme une activité commerciale tout à fait régulière qui a besoin d’une règlementation aux plans de la sécurité et de la sûreté et pas plus. L’importance du pavillon national est diversifiée, le financement transfrontalier de l’industrie du transport aérien diminue sensiblement en termes de propriété. 31. Si elle est menée à terme, le résultat de l’expérience africaine, s’appuyant sur les points forts des pays relativement pauvres pour développer les infrastructures nécessaires au continent, serait l’acceptation d’une compagnie panafricaine dans les dispositions de désignation au titre d’accords bilatéraux de transport aériens conclus par les Etats africains et les Etats non africains. 32. Au plan psychologique, ces mesures de sauvegarde obtenues grâce aux synergies créées sont également importantes. Suite à donner 33. Le Comité de transport aérien est invité à examiner en profondeur le contenu de la présente Note et à : a. Examiner la mise en oeuvre effective des règles sur la concurrence, ainsi que b. L’expérience africaine en tant que base d’une règlementation sur la concurrence et les mesures de sauvegarde au plan mondial. 8