Octobre 2016 Visualiser/Télécharger

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Octobre 2016 Visualiser/Télécharger
ISSN 0299 - 0342
CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS
N°349 • Octobre 2016
un film de
Kleber Mendonça Filho
S
O
M
M
A
I
R
E
Octobre 2016 - n° 349
Édito
....................................................
3
CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Good Old Film
..........................................
4
Soirée SCF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
........................
5
............................................
6
Rencontres de danses urbaines
Libres courts
Temps machine
.........................................
Pour permettre au public une plus grande
fréquentation de ses collections (les plus riches
de région Centre), la bibliothèque propose de
nouveaux horaires.
Horaires d’ouverture :
lundi : de 16h00 à 19h45
mercredi : de 15h00 à 19h45
jeudi : de 16h00 à 19h45
vendredi : de 16h00 à 19h45
samedi : de 16h00 à 19h45
FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES
6
Cafétéria des Studio
LES FILMS DE A à Z
En bref
..................................
................................................
7
16
gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),
accueille les abonnés des Studio
tous les jours de 16h00 à 21h45
sur présentation des cartes abonné et cafétéria.
Bande annonce
....................
17
...............................
18
............................................
19
Les violences faites aux femmes
À propos de
D’une famille à l’autre
Courts lettrages
Rester vertical
.........................................
20
Hommage à
Kiarostami
Les STUDIO sont membres
de ces associations professionnelles :
EUROPA
Compte-rendu
Soirée LSF
Tél : 02 47 20 85 77
............................................
22
REGROUPEMENT
DES SALLES POUR
LA PROMOTION
DU CINÉMA EUROPÉEN
AFCAE
ASSOCIATION
FRANÇAISE
DES CINÉMAS
D’ART ET ESSAI
ACOR
À propos de
L’Effet aquatique
.....................................
24
ASSOCIATION
DES CINÉMAS DE L’OUEST
POUR LA RECHERCHE
(Membre co-fondateur)
Face à face
L’Économie du couple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Compte-rendu
..............................
31
Vos critiques
..........................................
33
Jeune Public
..........................................
34
Soirée Francis Poulenc
GNCR
GROUPEMENT
NATIONAL
DES CINÉMAS
DE RECHERCHE
ACC
ASSOCIATION
DES CINÉMAS DU CENTRE
(Membre co-fondateur)
FILM DU MOIS : AQUARIUS
GRILLE PROGRAMME
................
pages centrales
Prix de l’APF 1998
Site : www.studiocine.com
page Facebook : cinémas STUDIO
LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €.
ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau,
Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill,
avec la participation de Françoise Chapoton, Dominique Chenu et de la commission Jeune Public.
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet.
ÉQUIPE DEgraphique
RÉALISATION contribue
: Éric Besnier,
Guérineaude
– DIRECTEUR
: Philippe Lecocq
– IMPRIMÉ
par PRÉSENCE
GRAPHIQUE, Monts (37)
Présence
à Roselyne
la préservation
l’environnement
et atteste
être reconnu
IMPRIM’VERT.
éditorial
Douze mois au 2 rue des Ursulines
C
omme tous les ans, la fin de l’été
marque le début d’une nouvelle saison cinématographique que nous espérons riche en films passionnants, variés,
drôles ou émouvants et qui viennent
jusque dans nos salles depuis le monde
entier. Une année dans le complexe de la
rue des Ursulines, c’est plus de 350 films
projetés dans la programmation générale
(c’est-à-dire plus de 500 si l’on ajoute les
projections d’un soir) avec une pression
de plus en plus grande car le nombre de
films distribués augmente d’année en
année alors que la place sur nos écrans
est nécessairement limitée…
Autour de cette programmation, intégralement construite et négociée auprès des
distributeurs par la commission Programmation grâce au travail quotidien
d’une salariée, la saison cinématographique s’articule autour de rendez-vous
nouveaux ou incontournables : tous les
lundis les séances proposées par la Cinémathèque de Tours1 (avec laquelle trois
partenariats permettent de développer
sur deux jours l’accent porté sur un réalisateur) et tous les jeudis les séances
organisées par le CNP2 qui, avec une quarantaine d’associations par an, se propose de questionner, à partir de supports
filmiques et grâce à des intervenants, des
sujets de société. Il y aura aussi les deux
festivals maison : du 1er au 7 février la
24e édition du festival Désir désirs3 et, du
22 au 28 mars, la 17e édition du Ficat,
Festival international du cinéma asiatique de Tours4. Par ailleurs, les Studio
participeront à d’autres événements : le
Good Old Festival le 29 octobre, les Journées du cinéma italien, Viva il cinema,du
1er au 5 mars, le 48 HFP en avril, la soirée Radio béton en juin, auxquels il faut
ajouter les trois soirées Libres Courts
pour des programmes de courts métrages
en partenariat avec l’agence régionale
CiCliC, les soirées bibliothèque, celles
proposées par la Vague Jeune, les projections de films africains en partenariat
avec l’association BCAT, les animations
en direction du Jeune public, les partenariats avec le CDRT et le CCNT… sans
oublier la 33e Nuit des Studio qui aura
lieu le samedi 10 juin 2017 et que nous
espérons aussi réussie que celle que nous
venons de vivre... DP
2 Cinéma
1 cinematheque.tours.fr
national populaire (voir page 4)
3 festival-desirdesirs.com
4 cineasia37.wordpress.com
Les CARNETS du STUDIO n°349 – Octobre 2016 –
3
5
SEMAINE
C
I
N
lundi
19h30
du 26 octobre au 1er novembre 2016
É
M
A
T
H
È
Q
U
E
1h06’
MA VIE DE
COURGETTE
MONSIEUR HIRE
1h20’
de Patrice Leconte
En présence de Patrice Leconte
de Claude Barras
Soirée VAGUE JEUNE
samedi
19h15
Good Old
Film Festival
14h15
16h15
19h15
+
mercredi
10h00
53’
IVAN TSAREVITCH ET LA 16h15
17h30
PRINCESSE CHANGEANTE mercredi
+
14h15 1h37’
de Michel Ocelot
16h00
10h15
ATELIER : mercredi matin
17h45 MOI, DANIEL BLAKE
19h45
21h45
de Ken Loach
À suivre.
14h15 1h56’
17h00 MAL DE PIERRES
de Nicole Garcia
21h15
À suivre.
43’ VF
MONSIEUR
BOUT-DE-BOIS
Programme de Courts Métrages
2h08’
2h
16h15
AVANT-PREMIÈRE
14h15 CAPTAIN FANTASTIC LA FILLE DE BREST vendredi
19h15
19h45
de Emmanuelle Bercot
de Matt Ross
À suivre.
Rencontre avec Irène Frachon
14h30
19h30
14h30
19h45
1h28’
1h46’
LE TECKEL
LA FILLE INCONNUE 17h15
de Todd Solondz
1h20’
de Luc et Jean-Pierre Dardenne
MANUEL DE
LIBERATION
1h32’
de Alexander Kuznetsov
À suivre.
14h15
19h00
OLLI MÄKI
TA’ANG UN PEUPLE
EN EXIL ENTRE CHINE
ET BIRMANIE
2h27’
de Wang Bing
mardi 1h43’
17h30 RÉPARER LES VIVANTS
19h30
de Katell Quilévéré À suivre.
21h30
21h30
de Juho Kuosmanen
17h30
21h30
de Marie-Castille Mention-Schaar
www.studiocine.com
Les abeilles en danger et nous
CNP
jeudi
I
lundi
1h19’
52’ TOUT DEVIENT SILENCIEUX
20h00
C
du 28 septembre au 4 octobre 2016
1
de A. Marty, C. Dragomirescu et S. Jourdan
Rencontre avec Simon Jourdan,
réalisateur et Franck Aletru apiculteur
N
É
M
A
T
H
È
Q
U
HUIT ET DEMI
19h30 2h10’
E
de Federico Fellini
Soirée présentée par Laurent Givelet
ERNEST ET CÉLESTINE
APNÉE
de Jean-Christophe Meurisse
17h45
21h45
Le film imprévu
www.studiocine.com
Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35
mercredi
de Benjamin Renner
14h30
IVAN TSAREVITCH
ET LA PRINCESSE CHANGEANTE
dimanche
53’
samedi
14h15
14h00
mer-sam-dim
Rencontre avec le réalisateur Michel Ocelot 16h15
mercredi
dimanche après la séance de 14h00
17h15
NOUVELLES AVENTURES samedi
14h15 1h37’ JUSTE LA FIN LES
dimanche
40’ sans paroles DE PAT & MAT
17h30
16h15
DU MONDE
de Marek Benes
de Xavier Dolan
21h45
45’ PROMENONS NOUS
samedi
1h55’
14h15
AVEC LES PETITS LOUPS dimanche
16h15
Programme de Courts Métrages
17h15 CÉZANNE ET MOI
de Daniele Thompson
19h30
1h43’ VO PETER
samedi
dimanche
ET ELLIOTT LE DRAGON
14h15 2h25’ AQUARIUS
17h15
de David Lowery
de Kleber Mendoça Filho
19h00
19e Rencontres de Danses Urbaines samedi
DJ I-VERSE mixe dans le hall
16h00
52’ B GIRLS de Nadja Harek
14h15 1h48’
17h00
Rencontre avec Léa & Lucie, danseuses du groupe Madness
LA DANSEUSE
17h30
1h53’
de Stéphanie Di Giusto
19h45
FRANTZ
19h30
de François Ozon
14h15 FUOCOAMMARE
PAR-DELÀ LAMPEDUSA 1h55’
19h30 1h49’ de Gianfranco Rosi
ÉTERNITÉ
14h30
19h30
1h44’
de Tran Anh Hung
DOGS
de Bogdan Mirica
1h37’
VICTORIA
1h29’
1h44’
21h45 LE CIEL ATTENDRA
SEMAINE
1h56’
21h30
de Justine Triet
MR. OVE
de Hannes Holm
17h15 1h57’ SOY NERO
de Rafi Pitts
21h30
21h45
17h00
21h45
17h30
1h25’
BROOKLYN VILLAGE
de ira sachs
SAUF
sam-dim
+
21h45
Le film imprévu
www.studiocine.com
Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com
SEMAINE
2 du 5 au 11 octobre 2016
Cirque à l’hôpita l
CNP
THERAPIK CIRCUS
jeudi 51’
de Pascal Fellous
20h00
1h15’
LE TABLEAU mercredi
de Jean-François Laguionie
14h30
43’ VF
sam-dim
Débat avec Christine
Gaillard et Johann Elain
C I N É M A T H È Q U E
lundi
de Teuvo Tullio :
1h44’
présentent :
de Justine Triet
17h15 1h55’
CÉZANNE ET MOI 1h42’
21h30 de Daniele Thompson COMANCHERIA 21h30
de David Mackenzie
17h30 1h48’
LA DANSEUSE 1h44’
21h30 de Stéphanie Di Giusto
DOGS
21h15
www.studiocine.com
3 du 12 au 18 octobre 2016
Alternative à la prison :
la contrainte pénale ?
CNP
28’ PUNIR SANS
jeudi
1h06’ AVANT-PREMIÈRE
dimanche
MA VIE DE
14h15
COURGETTE
20h00 EMPRISONNER ?
de Claude Barras
de Bogdan Mirica
Le film imprévu
www.studiocine.com
C I N É M A T H È Q U E
Dans le cadre du Festival Concerts d’automne
53’
samedi
mercredi LA LÉGENDE DE
43’ VF
mercredi
sam-dim
MONSIEUR 16h15
20h15 KASPAR HAUSER BOUT-DE-BOIS
+
1h35’ de Davide Manuli
Programme de Courts Métrages
mercredi
CiCliC et les Studio
présentent :
Soirée de
19h45 Courts métrages
1h14’
En présence de Charlie Berlin, réalisatrice
1h44’
MERCENAIRE
de Sacha Wolff
17h45
17h00
21h45
14h15 1h46’
LA FILLE 1h48’
17h15 INCONNUE
17h15
CHOUF
19h15 de Luc et Jean-Pierre Dardenne
21h30
de Karim Dridi
1h44’
14h15
17h30 LE CIEL ATTENDRA 2h05’
14h30
21h45 de Marie-Castille Mention-Schaar POESIA SIN FIN
de Alejandro Jodorowsky 19h30
2h00’
14h30
1h55’
17h00 CAPTAIN
FANTASTIC
CÉZANNE ET MOI 19h30
19h15
de Matt Ross
1h48’
14h15 LA DANSEUSE
de Stéphanie Di Giusto
2h25’
19h00 AQUARIUS
de Kleber Mendoça Filho
3h15’
14h15 VOYAGE À TRAVERS
CINÉMA FRANÇAIS
19h30 LE
de Bertrand Tavernier
Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35
4 du 19 au 25 octobre 2016
de Pupi Avati
14h15 1h56’
MAL DE
17h15 PIERRES
19h30 de Nicole Garcia
21h45
1h46’
de Brad Furman
IVAN TSAREVITCH ET LA 16h15
PRINCESSE CHANGEANTE
de Michel Ocelot
43’ VF
1h43’
2h00’
14h30
CAPTAIN
19h00 FANTASTIC
21h15
de Matt Ross
1h32’
14h30 OLLI MÄKI
19h45 de Juho Kuosmanen
AVANT-PREMIÈRE
RÉPARER Vendredi
LES VIVANTS 19h45
de Katell Quillévéré
RENCONTRE avec la réalisatrice
1h44’
LE CIEL ATTENDRA
de Marie-Castille Mention-Schaar
17h00
19h15
1h28’
3h15’
INFILTRATOR 21h15
53’
14h15
MONSIEUR 16h15
LA FILLE BOUT-DE-BOIS
17h15 INCONNUE Programme de Courts Métrages
21h15 de Luc et jean-Pierre Dardenne
de Daniele Thompson
2h15’
1h06’
14h15
1h30’
lundi UNE SAISON MA VIE DE 16h00
19h30 ITALIENNE COURGETTE 17h45
de Claude Barras
mer-sam
lundi LE CARROSSE D’OR IVAN TSAREVITCH ET LA 14h15
+
1h40’ de Jean Renoir
mer-sam-dim
19h30 Soirée
présentée par Louis d’Orazio PRINCESSE CHANGEANTE 16h15
de Michel Ocelot
Soirée Temps Machine, Bibliothèque
SEMAINE
C I N É M A T H È Q U E
Débat avec Isabelle Larroque et Medhi Khebir
MONSIEUR 14h15
+
19h30 1h48’ LE RÊVE DANS LA HUTTE BERGÈRE BOUT-DE-BOIS
21h00 1h50’ LE CHANT DE LA FLEUR ÉCARLATE Programme de Courts Métrages mer-sam-dim
16h15
1h37’
sam-dim
53’
14h30
JUSTE
16h15
FIN DU MONDE IVAN TSAREVITCH ET LA mer-sam-dim
+
19h30 LA de
PRINCESSE CHANGEANTE
Xavier Dolan
17h30
de Michel Ocelot
14h30 LE CIEL ATTENDRA 40’ sans paroles
samedi
17h15 de Marie-Castille Mention-Schaar LES NOUVELLES AVENTURES dimanche
Mercredi 5, RENCONTRE avec la
DE PAT & MAT
19h30 réalisatrice
16h15
et Noémie Merlant, actrice.
de Marek Benes
SÉANCE CINÉ LANGUES
14h15 2h25’
1h46’
AQUARIUS
STEPHAN ZWEIG, mercredi
21h15 de Kleber Mendoça Filho ADIEU
L’EUROPE 17h00
de Maria Schrader
14h15 1h48’
Sans Canal Fixe + la bibliothèque
JE, TU, ILS, ELLES
CHOUF
17h30
5’
mardi
LE PÉDALOGUE de Alain et Wastie Comte 18h30
19h30 de Karim Dridi
1h38’ PETIT À PETIT de Jean Rouch
14h15 1h44’
MERCENAIRE 1h38’ AVANT-PREMIÈRE mardi
PRIMAIRE
19h15 de Sacha Wolff
de Hélène Angel
19h45
RENCONTRE
avec la réalisatrice
2h05’
14h15
POESIA SIN FIN 1h37’
19h00 de Alejandro Jodorowsky VICTORIA 19h30
17h15 1h49’ FUOCOAMMARE
LAMPEDUSA
21h15 PAR-DELÀ
de Gianfranco Rosi
SEMAINE
14h15 VOYAGE À TRAVERS
LE CINÉMA FRANÇAIS
19h30
de Bertrand Tavernier
LE TECKEL 17h45
de Todd Solondz
21h45
2h05’
1h37’
JUSTE
LA FIN DU MONDE 21h30
de Xavier Dolan
Le film imprévu
www.studiocine.com
1h29’
14h30
POESIA SIN FIN 21h30
de Alejandro Jodorowsky
APNÉE
19h45 de Jean-Christophe Meurisse
Le film imprévu
www.studiocine.com
Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)
Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com
FILM DU MOIS
Aquarius
Brésil – 2016 – 2h25, de Kleber Mendonça Filho,
avec Sonia Braga, Irandhir Santos, Maeve Jinkings, Humberto Carrão...
L
’Aquarius est un immeuble bourgeois
construit dans les années quarante à
Recife, au Brésil, sur l’Avenida Boa Viagem qui longe l’océan. Clara, la soixantaine, ancienne journaliste et critique
musicale, l’habite depuis une trentaine
d’années et en est désormais la seule
habitante. En effet, un promoteur immobilier, ancien habitant du lieu, a racheté
tous les appartements. Mais Clara ne
veut pas vendre. Harcelée par la société
immobilière, elle n’a pas l’intention de se
laisser faire...
Aquarius navigue entre les époques et
brosse en creux, à travers Clara et ses
trois enfants, un portrait édifiant de la
société brésilienne des trente dernières
années. Tout est vu par les yeux de son
héroïne, et les trois parties du film : Les
Cheveux de Clara, L’Amour de Clara, Le
Cancer de Clara, le disent clairement.
Aucune leçon de la part de Kleber Mendonça Filho, le réalisateur, mis à part,
peut-être, celle de montrer comment on
peut faire un film politiquement engagé
sans en avoir l’air et sans aucune caricature. Car le principal est ce personnage
détonnant, cette femme d’âge mûr, sensuelle et désirable, dure et tendre, aussi
fière que combative. C’est l’immense
Sonia Braga (Le Baiser de la femme araignée, Milagro, Dona Flor et ses deux
maris) qui l’incarne. On l’avait perdue de
vue depuis longtemps mais son retour est
fracassant et se situe au delà des éloges.
Après avoir vu Aquarius, on est tous fous
de Clara et de Sonia.
Ce magnifique portrait de femme est
d’une grande élégance et d’une constante
fluidité. Tout y coule sans effort en associant pourtant les contraires, ambition et
modestie, ampleur et quotidienneté.
Aquarius a de la classe, il est intrigant,
énergique et d’une très grande sensualité.
Après Les Bruits de Recife, son premier
long métrage, remarqué par la critique
mais très peu distribué, Aquarius est
l’avènement d’un excellent cinéaste et
l’un des plus beaux films de cette rentrée.
L’automne arrive, alors laissez-vous
entraîner par l’excellente bande son, Gilberto Gil entre autres, reprenez un bol de
soleil et venez passer 2h25 de pur bonheur. JF
NOUVEAU : réabonnement en ligne sur le site des Studio
pour ceux qui ont déjà une carte à code-barres.
LES CARNETS DU STUDIO – n° 349 – Octobre 2016 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305
www.studiocine.com – 08 92 68 37 01
jeudi 29 septembre - 20h00
Film : Therapik Circus de Pascal Fellous (2014
– France – 51’), suivi d’un débat avec Christine
Gailliard, chef de service à l’hôpital de Tours,
Johann Elain, comédien et psychologue clinicien et en présence du réalisateur.
Mardi 11 octobre – 18h30
Sans Canal Fixe aux Studio
JE, TU, ILS, ELLES (docs à deux et à plusieurs)
La SEPANT, Les Amis des Abeilles et le CNP proposent :
LES ABEILLES EN DANGER ET NOUS
On dit que le silence est d’or, mais celui-ci devient
inquiétant… Déjà en 1962 la biologiste Rachel Carson
publiait Le Printemps silencieux. Elle y dénonçait
l'utilisation non contrôlée des pesticides entraînant
une mortalité chez les animaux, en particulier les
insectes, mais aussi chez les humains. En 2016 où en
sommes-nous ? Lorsque les abeilles ne bourdonneront
plus, notre fin sera-t-elle proche ?
À l’issue de la projection du film Tout devient silencieux d’Amandine Marty, Corneliu Dragomirescu et
Simon Jourdan (2016 – France – 52’), la Sepant qui
fête son jubilé et Les Amis des abeilles vous invitent à
débattre de la défense de la biodiversité en présence
de Simon Jourdan, un des réalisateurs du film et de
Franck Aletru apiculteur professionnel.
jeudi 6 octobre - 20h00
L’Association Culturelle Psy B, la Compagnie Heka
et le CNP proposent :
THERAPIK CIRCUS EN PSYCHIATRIE À TOURS
Les arts du cirque présentés par la Compagnie Heka
ont inspiré aux différents services de psychiatrie du
CHRU de Tours un projet Cirque à l’Hôpital.
L’objectif : se saisir de cette occasion, source d’inventivité et de créativité, pour dépasser des pratiques de
soin parfois figées.
Un chapiteau a été installé à l’hôpital Trousseau avec
la Compagnie Heka. Pour les soignés et les soignants
l’inattendu a été au rendez-vous.
Un film, réalisé sur l’instant, a su révéler avec sensibilité des moments d’émotion qui nous interpellent sur
le vivre-ensemble et questionnent les soins en psychiatrie aujourd’hui.
jeudi 13 octobre - 20h00
La CIMADE, la LDH, l’EAO-CAD et le CNP proposent :
ALTERNATIVE À LA PRISON :
LA CONTRAINTE PÉNALE ?
La réforme pénale de 2014 avait au départ un
bel objectif : rompre avec la politique sécuritaire des années antérieures et éviter la récidive due aux sorties sèches de prison. Donc
protéger la société et les victimes, tout en
favorisant la réinsertion de ceux qui ont
enfreint la loi. Mais le tout-carcéral a (re)pris
le pas. Notamment sur les idées innovantes
de la conférence de consensus dont les
membres avaient exprimé l’idée que la détention n’offrait qu’une « sécurité provisoire ».
Leur proposition d’instituer la contrainte
pénale, une peine déconnectée de la prison
imposant au condamné « différents modes de
réparation », a été vidée de sa substance. Une
occasion manquée.
Après le documentaire de la chaîne Public
Sénat Réforme pénale : punir sans emprisonner ? (2015 - France - 28’), débat en présence d’Isabelle Larroque, directrice du service pénitenciaire d’insertion et de probation
(SPIP) et de Medhi Khebir, chargé de cours à
la faculté de droit (Université de Tours).
Pré-annonce
jeudi 3 novembre - 20h00
LES LICENCIEMENTS BOURSIERS
Soirée-débat proposée par ATTAC, le MFRB,
la LDH et les Amis du Monde diplomatique.
Samedi 29 octobre à partir de 19h15
Good Old Film Festival
Le Good Old Film Festival (GOFF) est un événement national qui entend faire revivre la pellicule
et les techniques pionnières de l’audiovisuel.
Du 22 au 29 octobre 2016, 16 participants venus
de toute la France participent à un concours
divisé en deux catégories : la photographie et
le cinéma. Il s’adresse à tous les curieux et passionnés du cinéma et de la pellicule argentique.
À l’issue de la semaine, qui aura été ponctuée
4
– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
par divers temps forts (conférences, ateliers, projections), les travaux réalisés par les participants
seront exposés. La partie cinéma sera mise à
l’honneur lors d’une soirée de clôture
le samedi 29 octobre à partir de 19 heures 15.
Pour plus d’informations sur le déroulement de
la soirée : www.goodoldfilmfestival.com
« Comment se fait un film collectif ? Est-ce
additionner les regards ? Est-ce collectionner
les subjectivités ? C’est avant tout,
expérimenter une autre poétique du cinéma », répond Pierre Hanau, intervenant au Master
2 Documentaire de création d’Ardèche Images.
Sans Canal fixe, pour ce nouveau cycle de mensuelles, testera cette hypothèse en s’efforçant de
montrer quelques exemples de démarches iconoclastes qui déshabillent l’auteur unique, un temps
consacré par la Nouvelle Vague.
Une manière d’histoire subjective des formes documentaires qui continuent de s’écrire à quatre ou
cinquante mains...
Mardi 11 octobre
Le Pédalogue
Belgique – Alain et Wastie Comte – 5’
Une série de films de plan d’eau ou le point de vue
du pédalo, filmé, à raison d’un épisode par an, sur
le plan d’eau de La Chaise-Dieu en Haute-Loire.
Petit à petit
France – 1971 – Jean Rouch – 92’
Damouré, qui dirige à Ayorou (Niger) avec Lam
et Illo la société d’import-export Petit à petit,
décide de construire un « grand building » dans
son village. Il part à Paris pour voir « comment
on peut vivre dans des maisons à étages ». Dans
la capitale, il découvre les curieuses façons de
vivre et de penser des Parisiens qu’il décrit dans
des « Lettres persanes » envoyées régulièrement
à ses compagnons, jusqu’à ce que ceux-ci, le
croyant devenu fou, envoient Lam le rejoindre
pour se rendre compte sur place… Désopilant
exercice de style surréaliste, retournant comme
un gant les manies anthropologues et racistes
des occidentaux envers le continent noir. Par un
partisan sans faille (grand inspirateur des
cinéastes de la Nouvelle Vague) d’une ethnologie
partagée et fraternelle qu’il tourne ici avec
quelques amis...
Samedi 1er octobre – 17h
Rencontres de danses urbaines
Cette 19e édition fera son ouverture aux Studio ! Lancée sur les platines d’un DJ et centrée sur la danse hip hop, elle nous apportera
le regard captivant d’une réalisatrice passionnée de culture urbaine sur d’autres
femmes qui vont elles aussi jusqu’au bout de
leur passion et nous offrira une vraie rencontre avec deux jeunes danseuses…
B Girls
France – 2014 – 52’, documentaire de Nadja Harek.
Elles s’appellent Karima, Valentine, Auriane et
Carlota. Elles ont respectivement 45, 34, 27 et
13 ans. B Girls trace quatre portraits filés de
ces danseuses et chorégraphes reconnues dans
le monde toujours très masculin du hip-hop.
À travers leurs histoires et itinéraires de vie, des
battles de rue aux scènes contemporaines, se
dessine tout le cercle des enjeux sociologiques, esthétiques et politiques de
la présence des femmes dans le hiphop : la révolution des codes chorégraphiques, l’affirmation du corps féminin, le combat contre les préjugés,
l’accomplissement d’une véritable
vocation…
B Girls, le premier documentaire sur
le breakdance vu, vécu, raconté et
dansé par des femmes. FC et DC
Avant et Après !
AVANT : DJ I-Verse mixe dans le hall des Studio à partir de 16h.
APRÈS : Rencontre avec Léa et Lucie, danseuses
dans le groupe Madness de Joué-lès Tours, suivie
d’un pot offert à tous par les Studio.
www.rdu37.info
Tarif : 2,50 €. Gratuit pour les moins de 14 ans.
Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –
5
Mercredi 12 octobre – 19h45
Soirée Fête du cinéma d'animation, en partenariat avec CiCliC
w w w . s t u d i o c i n e . c o m
Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film),
vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle.
Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.
12 films pour affirmer la curiosité, repousser les limites de l’inventivité, partir à la rencontre
de l’autre et du monde ! D’un écran d’ordinateur aux pages d’un journal, tous les supports sont
permis pour se jouer du réel. Et comme la créativité n’a pas de frontières, les films sont la
promesse d’un voyage qui nous entraîne dans l’histoire (de la Pologne à l’Indochine coloniale) mais aussi dans l’espace. Variété des techniques, des thématiques, c’est la vitalité du
cinéma d’animation que cette sélection met en lumière. Sans oublier une bonne dose de légèreté et de fantaisie pour conjurer la morosité ! Une sélection pour tous, à partir de 12 ans.
Tombés
du nid
France – 2015 – 4’ – Loïc Espuche.
Fabio et Dimitri se rendent à la Chicha pour que Dimitri
puisse peut être enfin aborder Linda.
Copier cloner
France – 2009 – 3’ – Louis Rigaud
Après le décès de sa grand-mère, une jeune Eurasienne
revit l’histoire des femmes de sa famille, de l’Indochine coloniale à l’isolement d’un camp de transit.
Wiikset
(La Moustache)
Finlande – 2015 – 4’ – nni Oja
Journal animé
Le Futur
sera chauve
France – 2016 – 6’ – Paul Cabon
Journal animé est une improvisation artistique menée au
jour le jour entre le 15 septembre et le 15 novembre
2015 inspirée par l’actualité internationale des pages du
quotidien français Libération.
Être chauve, ça craint. Savoir qu’on va le devenir, c’est pire.
Brume,France
cailloux
et métaphysique
– 2014 – 6’ – Lisa Matuszak
Gusla
ou les mains
France Pologne – 2016 – 9’ – Adrienne Nowak
Une rencontre furtive autour d’un lac, où il est question de
cailloux et de métaphysique.
La réalisatrice retourne voir sa grand-mère en Pologne pour
interroger sa famille sur le communisme. Dans l’intimité de
la cuisine de son oncle et sa tante, elle nous livre un documentaire animé qui évoque son parcours personnel et familial à travers l’histoire de la Pologne.
Johnny express
Johnny est un coursier de l’espace qui voyage de planète
en planète pour livrer des colis. Johnny est fainéant et son
seul objectif est de faire la sieste dans son vaisseau autopiloté. Quand le vaisseau arrive à destination, tout ce qu’il
a à faire et de remettre un colis. Cela va pourtant se passer
d’une toute autre façon…
Une
tête disparaît
France Canada – 2016 – 9’ – Franck Dion
Jacqueline n’est plus toute jeune et perd un peu la tête,
mais est-ce bien grave ? Elle décide quand même de partir
Le mercredi 12 octobre à 20h15, Le Temps Machine
s’installe à la bibliothèque des Studio et nous propose
un film qui fait la part belle à la musique électronique
et à l’absurde.
La
Légende de Kaspar Hauser
Italie – 2011 – 1h35 – de Davide Manuli, BO de Vitalic, avec Vincent Gallo
Une île rocailleuse baignée de soleil, époque indéfinie, un
ailleurs. Un corps s’échoue sur la plage. C’est celui de Kas– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS D’OCTOBRE :
Past Present de John Scofield (Studio 1-2-4-5-6) et Two Friends de Caetano Veloso & Gilberto Gil (Studio 3-7)
Sous tes doigts
France – 2015 – 13’ – Marie-Christine Courtès
Cette ville n’est pas assez grande pour eux deux... Leur moustache non plus.
Corée du sud – 2014 – 6’ – Kyungmin Woo
6
seule en vacances et prend le train !
Par des dessins simples et ludiques, Copier-Cloner vous
met dans la peau de vache d’un éleveur bovin industriel, loin
du plancher des vaches.
France – 2016 – 4’ – Donato Sansone
Les films
de
A
à
Z
www.studiocine.com
Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RFL 101.
Séance Ciné-ma différence : Peter & Elliott le dragon, samedi 24 septembre - 14h15
A
Céline, Thomas et Maxence font toujours
tout ensemble, c’est donc tout naturel pour
eux de vouloir se marier à trois, puisque le
mariage est pour tous.... Car c’est à trois
qu’ils rêvent de maison, de travail, d’enfants
et.... de manger tous les jours des huîtres.
Face au refus de notre administration, ils
partent traverser la France en quête de nouveaux repères...
Ce point de départ un peu zinzin ne surprendra pas ceux qui connaissent le travail
de Jean-Christophe Meurisse, car, s’il s’agit
de son premier long métrage de cinéma, son
travail au théâtre avec sa troupe Les Chiens
de Navarre a été vu plusieurs fois à Tours.
Parmi ces spectacles aussi étonnants qu’inclassables et drôles, leur dernier né, Les
Armoires normandes dont Apnée reprend
les acteurs et certaines situations. Un objet
hors-normes qui peut déranger autant qu’il
fait rire. JF
Blanquette
France – 2015 – 4’ – Charlie Belin
Les discussions croisées d’une famille réunie pour partager un repas.
Le Bruit du gris
2016 – 4’ – Vincent Patar et Stéphane Aubier
En plan fixe, le hall de la maison, grise et terne, de Cheval,
Cowboy et Indien. Les 3 comparses remplissent le lieu, lui
donnant vie et couleur. Un empêcheur de tourner en rond
vient tout foutre par terre.
Durée du programme : 74 minutes.
En présence de Charlie Belin, réalisatrice de Blanquette.
par Hauser, le prince héritier mystérieusement volatilisé à
l’enfance. Ce corps réanimé qui refait surface semble avoir
perdu l’esprit. Son apparition trouble la routine insulaire.
Qui est Kaspar Hauser ? Un souverain, un idiot, un imposteur ? Inquiète, la Grande Duchesse de l’île appelle à la rescousse son amant, Pusher, dealer et tueur à gages. Inconscient de la menace qui pèse sur lui, l’étrange garçon apprend
la vie auprès du Shérif... un ancien DJ qui voit en lui le nouveau Messie.
Apnée
France – 2016 – 1h29, de Jean-Christophe Meurisse,
avec Céline Fuhrer, Thomas Scimeca, Maxence Tual...
B
B Girls
Voir pages 5 et Jeune Public
Brooklyn Village
USA – 2016 – 1h25, de Ira Sachs,
avec Theo Taplitz, Michael Barbieri, Greg Kinnear...
Hériter d’une maison à Brooklyn quand on
est une famille qui habite à Manhattan,
c’est une aubaine. Et même si le rez-dechaussée est occupé par la boutique d’une
couturière latino-américaine, au début tout
va bien. Surtout quand les enfants des deux
foyers deviennent amis. Mais les nouveaux
arrivants s’aperçoivent vite que le loyer de
la boutique ne couvre pas leurs besoins...
Après Keep the lights on et Love is strange
(film du mois en novembre 2014), Brooklyn
village signe la troisième collaboration entre
Ira Sachs et le scénariste Mauricio Zacharias. On retrouve ici tout ce qui faisait le
charme et la beauté de leur précédent film,
à savoir une très grande justesse dans la
description des rapports familiaux et intergénérationnels, le tout avec une immense
délicatesse émotionnelle. Et, cerise sur le
gâteau, New-York y est toujours aussi
magnifié.
Sources : dossier de presse
Captain
Fantastic
USA – 2015 – 2h, de Matt Ross,
avec Viggo Mortensen, Frank Langella, George Mackay…
C
Ben et sa femme ont décidé d’éduquer leurs
six enfants, en plein cœur d’une forêt perdue dans le Nord-Ouest des États-Unis. Les
journées sont vouées aux entraînements
physiques, à la chasse et au culte de Noam
Chomsky. Quand un drame frappe la
famille, chacun de ses membres va se trouver brutalement confronté au monde dit
civilisé… Ce film fort singulier a été récompensé par le prix de la mise en scène dans
Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –
7
la sélection Un certain regard, lors du dernier festival de Cannes.
Sources : LesEchos.fr, culturebox.francetvinfo.fr
Cézanne et moi
France – 2016 – 1h59, de Danièle Thompson,
avec Guillaume Gallienne et Guillaume Canet.
Moi, c’est Émile (Zola). Paul Cézanne et lui
ont grandi à Aix et noué dès l’enfance une
amitié très forte. Danièle Thomson plonge
pour son premier film en costume en tant
que réalisatrice dans le milieu littéraire et
artistique de la fin du XIXème. C’est l’histoire d’une relation longue, intense et
tumultueuse qu’elle nous raconte. « Quand
on pense à eux aujourd’hui, on les imagine
vieux et barbus. J’ai eu envie de les montrer
entre 20 et 25 ans quand ils se battaient
pour gagner trois sous et exister ». Au fil des
ans, Zola, l’homme de gauche, libertaire,
connaît la renommée, devient riche et s’embourgeoise alors que Cézanne tardera à être
reconnu. S’ils se sont nourris mutuellement, la brouille deviendra fatale après la
publication de L’Œuvre, dont le personnage
de peintre raté aurait été inspiré par
Cézanne. Avec Gallienne et Canet pour
interpréter les deux grands hommes, le film
s’annonce prometteur…
Filmographie récente : Fauteuils d’orchestre (2006),
Le code a changé (2009), Des gens qui s’embrassent
(2013)
Sources : dossier de presse.
Chouf
France – 2015 – 1h48, de Karim Dridi,
avec Sofian Khammes, Foued Nabba, Zine Darar...
Chouf, ça veut dire : regarde en arabe. C’est
le nom des guetteurs des réseaux de drogue
à Marseille. Sofiane, 24 ans, brillant étudiant, intègre le business de son quartier
après le meurtre de son frère, un caïd local.
Pour retrouver les assassins, il est prêt à
tout, abandonne sa famille, ses valeurs et
plonge dans une aventure terrifiante...
Chouf, dernier volet d’une trilogie marseillaise, après Bye-Bye (1995) puis
8
– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
Khamsa (2008), a été présenté en séance
spéciale à Cannes 2016. K. Dridi a animé
des ateliers de comédie avec les jeunes des
quartiers tout en écrivant avec eux le scénario. L’idée, c’était d’amener ces jeunes
ailleurs, dans la planète cinéma, dans un
film. Sinon, j’aurais fait un documentaire.
Avec Chouf, K. Dridi renoue avec le goût
pour le cinéma social efficace.
Comancheria
USA – 2016 – 1h42, de David Mackenzie,
avec Jeff Bridges, Chris Pine, Ben Foster…
À la mort de leur mère, deux frères se
retrouvent dans une situation financière
catastrophique et n’ont que quelques jours
pour trouver l’argent leur permettant de
désendetter la propriété familiale. La première idée qui leur vient est d’une simplicité
biblique : prendre l’argent où il est, à
savoir : dans les banques auprès de qui ils
sont endettés…
Pour ses dialogues tranchants et sa mise en
scène efficace, Telerama juge que Comancheria revient aux bonnes recettes des
séries B à la Don Siegel… en y ajoutant la
couche d’amertume propre à une société
qui part en morceaux.
Sources : dossier de presse.
Le Ciel attendra
France – 2016 – 1h45, de Marie-Castille Mention-Schaar,
avec Noémie Merlant, Naomi Amarger…
Sonia et Mélanie sont deux lycéennes de 16
ans ordinaires… Si ce n’est que les parents
de la première (Sandrine Bonnaire et Zinedine Soualem) tentent d’arracher leur fille
au djihadisme après son départ avorté pour
la Syrie, tandis que la seconde plonge dans
la radicalisation, après être tombée amoureuse d’un garçon sur internet, sans que
ses parents (Clotilde Courau et Yvan Attal)
ne s’en rendent compte…
Après le très beau Les Héritiers (qui racontait comment une classe de banlieue
gagnait le Prix national de la Résistance),
MC Mention-Schaar ose affronter un sujet
d’une brûlante actualité. Pour ce film extrêmement dur, mêlant les problématiques de
l’adolescence, de la famille et de la religion,
elle a fait un important travail de documentation en suivant pendant plusieurs mois
l’anthropologue Sonia Bouzar, directrice du
Centre de prévention contre les dérives sectaires… qui a, par la suite, accepté de jouer
son propre rôle dans le film dont elle est, en
quelque sorte, l’héroïne. Après avoir vu La
Désintégration de Philippe Faucon ou Les
Chevaux de Dieu de Nabil Ayouch, on sait
que la fiction est un indispensable moyen
de comprendre le réel et que Le Ciel attendra est un film à ne pas manquer…
Sources : cineuropa.fr – cdpsi.fr
Mercredi 5 octobre rencontre avec
Marie-Castille Mention-Schaar, la réalisatrice,
Noémie Merlant, actrice, après la séance de 19h30.
Sources : imdb.com, telerama.fr
grand-père dont plusieurs centaines d’hectares sont infertiles. Quand il décide de
vendre la propriété, il se trouve confronté à
des malfrats dont son aïeul était le chef. Ces
derniers ne reculeront devant rien pour préserver cette terre qui se trouve au centre de
leurs trafics rémunérateurs. Aucune
menace de leur part, sauf qu’un copain du
héros se volatilise... « Les longs plans de
Bogdan Mirica créent un trouble diffus.
Puis l’inquiétude, puis l’angoisse. Un travail
d’orfèvre impressionnant.
Dogs, premier long métrage de B. Mirica, a
reçu le Prix Fipresci dans la sélection Un
certain regard à Cannes 2016.
Sources : dossier de presse, Télérama
Ernest et Célestine
Voir pages Jeune Public
D
La Danseuse
France – 2015 – 1h48, de Stéphanie Di Giusto,
avec Soko, Lily-Rose Depp, Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry…
Danseuse, voilà la vocation de Loïe Fuller !
N’appartenant à aucune école, elle crée une
autre façon de s’exprimer avec son corps et
devient une des grandes égéries de la Belle
Époque : muse de Toulouse-Lautrec, Rodin
et Mallarmé ! Mais le travail et l’inventivité ne
suffisent pas à faire une danseuse ; alors
quand apparaît la novatrice et habitée Isadora Duncan, elle se trouve partagée entre la
fascination, l’attirance et le désespoir… Pour
ce premier long-métrage, S. Di Giusto voulait
saisir le travail de création et les questionnements qui l’accompagnent. Suite à la projection du film, dans le cadre d’Un certain
regard lors du dernier Festival de Cannes, les
prestations des deux comédiennes principales ont, particulièrement, été saluées !
Sources : telerama.fr, vanityfair.fr, dossier de presse
Dogs
Roumanie/France/Bulgarie/Qatar – 2016 – 1h44, de Bogdan
Mirica, avec Dragos Bucur, Gheorghe Visu, Vlad Ivanov...
Dans une Roumanie reculée, Roman
débarque sur les terres léguées par son
E
Éternité
France – 2016 – 1h55, de Tran Ann Hung,
avec Audrey Tautou, Bérénice Béjo, Mélanie Laurent…
« L’éternité c’est long… surtout vers la fin »,
disait Woody Allen. Rien de tel pour le film de
Tran Ann Hung, qui nous transporte de la fin
du 19e siècle à celle du 20e, de Valentine à
son arrière-petite-fille. Il faut simplement se
laisser bercer par cette suite de destins narrés presque sans dialogues (souvenez-vous
du film de Scola Le Bal), par une douce voix
off très littéraire, et se laisser envoûter par
l’atmosphère cotonneuse dans laquelle le
cinéaste nous enferme. Éternité est un très
beau film, lumineux, hors du temps, dans
lequel la musique, la lumière, les décors, les
costumes et la mise en scène sont particulièrement soignés. Une œuvre brillante et originale. SB
La Fille de Brest
France – 2016 – 2h20, d’Emmanuelle Bercot, avec Sidse Babett
Knudsen, Benoît Magimel, Charlotte Laemmel, Gustave Kervern…
F
À l’hôpital de Brest, Irène Frachon, médecin
pneumologue, découvre qu’il existe un lien
direct entre la survenue de morts suspectes
Film proposé au jeune public,
les parents restant juges.
Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –
9
et la prise du Médiator, un médicament commercialisé depuis une trentaine d’années.
Isolée, face à des interlocuteurs qui refusent
de l’entendre, cette femme va mener un combat afin que la vérité sur cette réalité funeste
puisse se faire connaître au grand jour, jusqu’à connaître une explosion médiatique de
l’affaire…
La réalisatrice d’Elle s’en va (2013) et de La
Tête haute (2014) porte à l’écran l’histoire
courageuse d’Irène Frachon, ce médecin qui
a lancé l’alerte sur les effets secondaires mortels du Médiator, que Sidse Babett Knudsen
– l’héroïne de la prestigieuse série danoise
Borgen – incarne remarquablement. Il en
advient « un film intense et bouleversant » !
Sources : dossier de presse, lemonde.fr.
Vendredi 28 octobre à 19h45, AVANT PREMIÈRE
en présence de Irène Frachon.
La Fille inconnue
Belgique/France – 2016 – 1h46, de Luc et Jean-Pierre Dardenne, avec
Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Jérémie Renier, Louka Minnella…
Jenny Davin, médecin généraliste, refuse un
soir d’ouvrir la porte à une jeune fille venue
sonner bien après l’heure de la fermeture de
son cabinet. Peu de temps après, la jeune
femme est retrouvée morte et non identifiée
par la police. Se sentant coupable, Jenny n’a
plus alors qu’un unique but : retrouver l’identité de la jeune inconnue afin qu’elle ne soit
pas enterrée anonymement…
Après L’Enfant (2004), Le Silence de Lorna
(2008), Le Gamin au vélo (2011)… les frères
Dardenne, réalisateurs d’un cinéma humaniste, nous livrent ce nouveau « diamant
brut ». Adèle Haenel – déjà remarquable dans
Les Combattants (2014) de Thomas Cailley –
qui incarne Jenny, est absolument impressionnante !
Sources : dossier de presse, lesinrocks.com, lemonde.fr.
Frantz
France/Allemagne – 2015 – 1h53, de François Ozon,
avec Paula Beer, Pierre Niney, Ernst Stötzner…
Anna et la famille de son fiancé tentent de
survivre à la mort de ce dernier, tombé au
10
– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
front en 1918. Quand ils font la connaissance d’Adrien, un ami français du disparu,
toute leur vie se trouve bouleversée et leurs
certitudes, ébranlées ; d’autant que le climat général, asphyxié par la rancœur de la
défaite, ne peut qu’être hostile à un rapprochement franco-allemand… Le scénario, à
la fois imparable et plein de surprises, nous
cueille jusqu’à la fin ; le travail sur l’image :
cadre, couleurs… est extrêmement subtil,
réfléchi. Les feuilles des arbres, l’eau, les
peaux frémissent… Ce film est non seulement beau (dans tous les sens du terme),
mais nous donne à voir, comme rarement,
les traumas visibles et invisibles des
hommes et des pays ! Et si, avec ce seizième
long-métrage, le toujours surprenant François Ozon signait son meilleur film ? IG
I
Infiltrator
USA/GB– 2016 – 2h07, de Brad Furman,
avec Bryan Cranston, Diane Krueger…
Comme le titre le laisse deviner, Infiltrator
est l’histoire (authentique) d’un policier qui
va devoir s’inventer une toute nouvelle identité pour infiltrer le réseau du célèbre trafiquant Pablo Escobar. Pour cela, il va devenir blanchisseur d’argent sale (un faux
blanchisseur ? Mais peut-on vraiment faire
cela « pour de faux » ?) et devoir travailler
avec un partenaire un peu trop familiarisé
avec la mafia en même temps qu’avec une
toute jeune recrue encore peu rompue à
certaines méthodes.
Si vous ajoutez à ce scénario éprouvé la présence de l’excellent Bryan Cranston (de la
série Breaking bad) vous comprendrez que
l’on a ici tous les éléments pour faire un bon
polar qui tienne la route.
Fuocoammare par-delà Lampedusa
Sources : imdb.com ; telerama.fr
Italie – 2016 – 1h54, de Gianfranco Rosi
Gianfranco Rosi a décidé de promener sa
caméra dans les 20 km2 de l’île de Lampedusa, aujourd’hui célèbre pour être devenue l’un des plus importants points d’arrivée de ces migrants qui fuient la guerre et
la misère qui font leur quotidien. Pour ce
documentaire réalisé sans commentaires, il
a adopté une approche double puisqu’il
nous fait d’abord suivre des habitants de
l’île et principalement Samuele, un garçon
de 12 ans qui semble très éloigné des bouleversements causés par l’arrivée incessante de migrants ayant parfois miraculeusement échappé à la mort. Puis, petit à
petit, il fait justement entrer ces migrants
dans le champ, non plus comme une simple
statistique ou comme un groupe indistinct,
mais comme des individus et des groupes
qui ont l’envie de vivre chevillée au corps.
Fuocoammare s’annonce comme un documentaire aussi atypique qu’émotionnellement puissant.
Sources : bfi.org.uk
Les fiches signées correspondent
à des films vus par les rédacteurs.
Ivan Tsarevitch et
la princesse changeante
Voir pages Jeune Public
J
Juste la fin du monde
Canada/France – 2016 – 1h37, de Xavier Dolan, avec Nathalie Baye,
Vincent Cassel, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Gaspard Ulliel…
Après douze ans d’absence, Louis, jeune
écrivain, va retrouver dans son village natal
sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine. Il y a là Martine, la mère, sa sœur
Suzanne, son frère Antoine avec sa femme
Catherine. Les retrouvailles avec l’enfant
prodigue faites de discussions sont pimentées des éternelles querelles signes de rancœurs enfouies, derrière lesquelles sourdent pourtant des sentiments d’amour que
des regards complices notamment viennent
trahir.
En adaptant la pièce de théâtre éponyme de
Jean-Luc Lagarce, Xavier Dolan vient à
nouveau capter nos regards sensibles avec
ce 6e film. Le jeune réalisateur de Mommy
(2014) a délibérément voulu conserver la
langue du dramaturge « sans compromis »,
avec ses hésitations et ses maladresses,
tandis que des gros plans sur les visages
tentent de révéler l’indicible. L’œuvre,
intense et forte, a reçu à Cannes le Grand
prix du jury et le Prix du jury œcuménique.
Sources : dossier de presse, lesinrocks.com, lemonde.fr.
Mal de pierres
France/Belgique – 2016 – 1h56, de Nicole Garcia, avec Marion
Cotillard, Alex Brendemühl, Louis Garrel, Brigitte Roüan…
M
Dans les années quarante, Gabrielle, issue
de la petite bourgeoisie agricole, est une
jeune fille rebelle et fragile. On la croit
même folle. Celle qui rêve d’une passion
absolue à une époque où les femmes doivent penser au mariage, épouse sous pression de la famille, José, un ouvrier agricole
catalan. Gabrielle n’est pas éprise et ne voit
guère d’issue à son sort jusqu’à un séjour
en cure thermale pour remédier à ses calculs rénaux, son mal de pierres. Elle y rencontre André Sauvage, un bel officier blessé
en Indochine, qui ravive en elle l’urgence
d’aimer. Ils fuiront ensemble, elle se le jure,
car Gabrielle s’accroche à son rêve…
Après Un balcon sur la mer (2010), Un beau
dimanche (2013), Nicole Garcia, en adaptant le roman éponyme de Milena Agus,
nous propose un œuvre pleine de sensibilité
autour d’un trio d’acteurs remarquablement dirigé !
Sources : dossier de presse, lemonde.fr, telerama.fr.
Manuel de libération
France – 2016 – 1h20, documentaire d’Alexander Kuznetsov.
En Sibérie, Yulia et Katia, transférées de
l’orphelinat à l’internat neuropsychiatrique
sont privées de la totalité de leurs droits de
citoyennes : pas de liberté, pas de travail,
pas de famille. Face à l’injustice, elles amorcent ensemble un combat afin que l’État
leur restitue leurs droits et rende possible
leur émancipation.
Après Territoire de la liberté (2014), Alexander Kuznetsov propose ce 3e documentaire,
Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –
11
primé, où il revient à l’internat filmé déjà
dans son 1er film, Territoire de l’amour
(2010). Son intention est ici de montrer
qu’entre espoirs et déceptions, changer son
destin est possible, comme aussi d’échapper à la prison psychiatrique en s’appuyant
sur la législation russe même. Le réalisateur filme « la machine étatique et face à
elle, la fragilité et la force de ceux qui tentent de résister ».
Source : dossier de presse.
Ma vie de courgette
Suisse/France – 2015 – 1h06, film d’animation en stop-motion de Claude Barras,
avec Gaspard Schlatter, Sixtine Murat, Paulin Jaccoud...
Quand Icare, alias Courgette, perd sa
maman, on l’emmène dans un foyer social
où il rejoint d’autres enfants. Il découvre
l’amitié, l’amour, une nouvelle forme de vie
de famille. Bien que certains enfants lui
mènent la vie dure, il réussit à trouver sa
place quand un événement extérieur survient.... L’histoire de Courgette est drôle et
triste à la fois, pleine de tendresse et de poésie. Elle concerne l’enfance, la perte de l’innocence, comment on se reconstruit après
des choses terribles. Le discours est universel, très émouvant et s’adresse aux adultes
mais aussi à nos chères petites têtes
blondes qui peuvent s’y retrouver. C. Barras
a adapté le roman de Gilles Paris Autobiographie d’une Courgette accompagné de la
scénariste Céline Sciamma. Le film a été
couronné par le Valois du meilleur film à
Angoulême. MS
Voir pages Jeune Public
AVANT-PREMIÈRE
dimanche 16 octobre – 14h15
Mercenaire
France – 2016 – 1h44, de Sacha Wolff,
avec Toki Pilioko, Iliana Zabeth, Mikaele Tuugahala...
Soane, jeune Wallisien, quitte son île contre
l’avis de son père. Recruté par un club de
rugby de métropole et débarqué à Agen, rien
ne se passe comme prévu. Il est humilié,
subit des compromissions, est exploité
comme une marchandise. Celui qui l’a fait
12
– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
venir en France veut lui faire la peau... Mercenaire est un film singulier : s’y mélangent
de la musique wallisienne, de l’opéra et le
célèbre haka des All Blacks chanté par
Soane, force de la nature au regard si doux.
On éprouve aussi de près la chorégraphie
des rugbymen dans leur violence réglementée. N’hésitez pas à embarquer jusqu’à Wallis-et-Futuna pour suivre le parcours initiatique de Soane ! Mercenaire a reçu le Prix
label Europa cinéma à la Quinzaine des
réalisateurs à Cannes 2016. MS
qu’une seule chose de la vie : la mort !
Depuis le décès de sa femme et son licenciement, sa vie n’a plus aucun sens... au point
de décider d’en finir. Tout le voisinage souffre
de sa mauvaise humeur. Mais entre la corde
qui cède alors qu’il s’apprête à se pendre et
un chat de gouttière impertinent, ce n’est
pas si simple. Sans compter que ses nouveaux voisins (une jeune Iranienne, son mari
et leurs deux charmants enfants) le dérangent en permanence et interrompent chacune de ses tentatives de suicide. Bref, Ove
n’est pas près d’accéder au repos éternel...
Moi,
Daniel Blake
Angleterre – 2016 – 1h39, de Ken Loach,
Sources : dossier de presse.
avec Dave Johns, Hayley Squires, Dylan McKiernan...
Daniel Blake, 59 ans et menuisier, se voit
interdire de travail par son médecin suite à
des problèmes cardiaques. Mais il est néanmoins obligé de rechercher un emploi sous
peine de sanction du Job center, le Pôle
Emploi local. Pris dans une situation
ubuesque, il croise la route de Katie, mère
célibataire de deux enfants et qui, comme lui,
se trouve prise dans les filets des aberrations
administratives...
Palme d’or du dernier festival de Cannes, Ken
Loach avait pourtant annoncé sa retraite.
Grand bien lui a pris de revenir sur sa décision, car après la petite déception de Jimmy’s
Hall, il revient là à son meilleur. Infatigable
défendeur des exclus d’une société de plus en
plus délirante, il est ici plus délicat que parfois. Son œil est vif, sans sentimentalisme et
il réussit superbement certaines scènes assez
casse-gueule, dont une réellement extraordinaire dans une banque alimentaire, une des
plus belles de l’année à n’en pas douter. JF
N Les Nouvelles aventures de Pat et Mat
Voir pages Jeune Public
O
Olli Mäki
Finlande/Allemagne/Suède – 2016 – 1h32, de Juho Kuosmanen,
avec Jarkko Lahti, Oona Airola, Eero Milonoff...
En 1962, en Finlande, Olli Mäki se prépare
à disputer le titre de champion du monde
de boxe poids plume face à l’Américain
Davey Moore. Il subit une forte pression
pour devenir une star dans la machine du
show business américain. Il lui faut se
concentrer à 100% et perdre du poids. Olli
n’y arrive pas. Il vient de tomber amoureux
de la belle Raija... Va-t-il choisir le monde
où l’on cogne ou celui où l’on se caresse ?
Mènera-t-il sa vie selon ses propres
priorités ou selon les attentes de quelqu’un
d’autre ? Le réalisateur a tourné le film en
noir et blanc/16mm pour ramener le
public vers les années 60 et s’est centré sur
l’ambiance loin du ring, les regards,
l’intimité des personnages, leurs doutes,
leurs rêves... Olli Mäki, film de boxe
romantique, a reçu le Prix un certain
regard à Cannes 2016. MS
Monsieur Bout-de-bois
Voir pages Jeune Public
Mr. Ove
Suède – 2015 – 1h56, de Hannes Holm,
avec Rolf Lassgard, Filip Berg, Anna-Lena Bergelin...
À cinquante-neuf ans, Ove se sent vieux.
Grincheux et dépressif, il n’attend plus
P
Peter et Elliott le dragon
Voir pages Jeune Public
Poesia sin fin
Chili – 2016 – 2h07, de Alejandro Jodorowski,
avec Adam Jodorowski, Pamela Flores….
Nous sommes dans les années 40, plongés
dans l’effervescence de la capitale chilienne
où le jeune Jodorowski, la vingtaine chevelue, renonce à ses études de médecine pour
devenir poète au désespoir de ses parents…
Alejandro Jodorowski, âgé de 87 ans, nous
avait entraîné il y a 3 ans dans le labyrinthe
de sa vie tumultueuse avec l’iconoclaste et
génial Danza de la realidad. Il continue le
récit burlesque et coloré de sa vie en la réinventant « avec un suite de trouvailles esthétiques, de scènes époustouflantes ». À la
façon du cinéma magique de Mélies, il utilise des trucages naïfs pour ouvrir les voies
de l’imaginaire, des fantasmes. « Le sexe, la
religion, la famille ; la passion, la mort, tout
ce qui fait que la vie se retrouve décuplée »
et « en ressortant de ce tourbillon d’images
folles, de sentiments hallucinés et de sensations », le spectateur n’a qu’une hâte : voir
le 3e épisode où Jodorowski quittera l’Amérique du Sud pour rejoindre le Paris des
Surréalistes. Au festival de Cannes, ce film
exalté, peuplé de monstres, de nains et de
squelettes, a été longuement ovationné.
Sources : telerama.fr - culturebox.francetvinfo.fr
Filmographie sélective : El Topo (70) – La Montagne
sacrée (73) – Santa Sangre (89)
Primaire
France – 2016 – 1h45, d’Hélène Angel,
avec Sara Forestier, Vincent Elbaz, Olivia Côte…
Dix ans d’enseignement n’ont pas émoussé
la foi de Florence en son métier : elle y croit
et fait tout ce qui est en son pouvoir pour
conduire ses élèves de CM2 jusqu’à la 6e.
Mais quand son fils, Denis, lui annonce son
désir de quitter sa classe pour aller vivre
avec son père, la jeune femme se réfugie
encore davantage dans le travail. S’isolant
de plus en plus, Florence va de plus en plus
en mal, et en arrive à se demander si elle
doit continuer à enseigner ou démarrer une
nouvelle vie…
Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –
13
Sources : dossier de presse, bandeoriginale.biz
Filmographie : Peau d’homme cœur de bête (1999),
Rencontre avec le dragon (2003), Hôtel des longues
peines (2007), Propriété interdite (2011)
AVANT-PREMIÈRE
mardi 11 octobre – 19h45, en présence
d’Hélène Angel, la réalisatrice.
Persona non grata dans son pays d’origine, R.
Pitts (qui nous avait donné le redoutable The
Hunter en 2010) est lui aussi un multi-déraciné et il nous livre ici un film qui s’annonce
passionnant, à des kilomètres aussi bien des
films de guerre standardisés que des films
bien pensants sur les immigrés en quête de
green card... Un film bourré d’ironie.
Promenons-nous avec les petits loups
Voir pages Jeune Public
R
Réparer
les vivants
France – 2016 – 1h43, de Katell Quillévéré,
avec Anne Dorval, Emmanuelle Seigner, Tahar Rahim…
Petit jour : trois jeunes surfent sur une mer
déchaînée ; sur le chemin du retour, un accident terrible ; Le jeune Simon est en état de
mort cérébrale à l’hôpital du Havre. Au même
moment à Paris une femme attend la greffe
qui pourra lui sauver la vie…
Le livre poignant de Maylis de Kerangal
connut un succès incroyable en 2014. Son
écriture précise, « chirurgicale », se concentrait sur les faits et leur implication, comme
s’il ne fallait pas se laisser déborder par
l’émotion. C’est le même parti pris qu’a
adopté Katell Quillévéré dont on avait beaucoup aimé Suzanne en 2013. Son adaptation
délicate, pudique et sensible, a ému l’auteure
du livre et les critiques lors de sa présentation à la Mostra de Venise.
Sources : dossier de presse festival de Venise
AVANT-PREMIÈRE
vendredi 21 octobre – 19h45, en présence
de Katel Quillévéré, la réalisatrice.
S
Soy Nero
France/Allemagne/Mexique, 1h57, de Rafi Pitts,
avec Rory Cochrane, Johnny Ortiz, Khleo Thomas, Aml Ameen...
Nero est un Mexicain expulsé des USA qui veut
à tout prix y revenir et obtenir une carte de travail puis la nationalité... Comme il n’est pas
rancunier, il comprend vite que la seule solution qui lui est offerte est... d’intégrer l’armée
américaine ! Et de partir vers le Moyen Orient,
dans les zones de combat... Le dream act prévoit même que cette naturalisation est encore
accélérée si le candidat meurt au combat...
14
– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
Ta’ang, un peuple en exil
Chine/France/Hong-Kong – 2016 - 2h27 – de Wang Bing
En Birmanie, plusieurs régions sont en état
de sécession ; parmi elles le Kokang, à la
frontière chinoise, où le peuple Ta’ang se
voit pratiquement contraint d’émigrer vers
la Chine pour échapper aux conflits qui
dévastent la région et mettent son existence
en péril. Wang Bing, grand spécialiste du
documentaire, a suivi certains de ces
groupes de réfugiés, certains de ces candidats à une vie moins mauvaise. Le talent (et
le parti pris) de Wang Bing est de ne pas
suivre UN groupe, de ne pas se focaliser sur
tel ou tel individu, mais, au contraire, d’alterner les points de vue, de s’acharner, en
somme, à nous faire ressentir la vie qui traverse ces migrations, l’humanité qui habite
ces groupes. Sources : imdb.com
tateurs. Comme l’a déclaré le réalisateur
lors du dernier festival de Deauville « Si
vous voulez rire c’est ok, sinon, c’est ok
aussi » ! À vous de voir…
Sources : avoir-alire.com, bullesdeculture.com, bscnews.fr
Victoria
France 2016 1h37, de Justine Triet, avec Virginie Efira
Vincent Lacoste, Melvil Poupaud, Laurent Poitrenaud...
T
Victoria Spick est avocate, divorcée, mère
de deux filles et constamment débordée. À
un mariage elle retrouve Vincent, son
meilleur ami, et Sam un ex-dealer qu’elle a
défendu par le passé et qu’elle engage
comme jeune homme au pair, son baby-sitter venant de démissionner. Le lendemain,
Vincent est accusé de tentative de meurtre
par sa compagne et il ne veut personne
d’autre que Victoria pour le défendre, ce
qu’elle finit par accepter à contrecœur...
Entre un ami qu’elle découvre plus complexe qu’elle n’imaginait et un baby-sitter
pour lequel elle ne veut pas reconnaître son
attirance, Victoria perd, un temps, les
pédales ; mais ce qui pourrait être un
Le Teckel
USA - 2016 - 1h28, de Todd Solondz,
avec Greta Gerwig, Danny DeVito, Julie Delpy…
Voir un film de Todd Solondz, c’est vivre
une expérience cinématographique, particulière et se confronter à un humour grinçant, noir, très noir. Cette « comédie du
désespoir », selon Solondz, ne devrait pas
déroger à la règle : en suivant le parcours
d’un chien chez ses quatre maîtres successifs (et manifestement ce canidé n’a pas la
patte heureuse…) et en nous donnant à voir
les comportement qu’il provoque chez chacun d’entre eux, le réalisateur n’épargne
pas grand-chose ni à l’animal, ni aux spec-
Voyage à travers le cinéma français
France – 2016 – 3h15, de Bertrand Tavernier
V
Six ans de préparation, 80 semaines de
montage, plus de 950 films vus et revus
pour en choisir 94 et proposer 582 extraits ;
une suite à venir… « Je voulais ce film le
plus personnel possible. Pas de chronologie. Et surtout pas un cours… » Quand Bertrand Tavernier dont on connaît l’enthousiasme, la verve et l’immense culture
cinématographique, voyage dans notre
cinéma, c’est bourré d’anecdotes, plein
d’admiration, de justes colères et d’émotion.
On a écrit sur ce film événement présenté
hors compétition à Cannes qu’il était
« incontournable », « superbe »… N’ayez pas
peur de la durée : il paraît qu’on en redemande !
Sources : Dossier de presse Cannes 2016
Dans le cadre du
festival Concerts d’automne :
Lundi 17 octobre – 19h30
Le Tableau
Voir pages Jeune Public
drame est une comédie. Les situations et les
dialogues pétillent, le rythme ne faiblit pas
et Melvil Poupaud, Vincent Lacoste et Virginie Efira font des étincelles. JF
Le Carrosse d’or
Lundi 3 octobre – 19h30
de Jean Renoir (1952) France/Italie Couleurs 1h40 avec Anna Magnani
Huit et demi
Soirée présentée par Louis D’Orazio
de Federico Fellini (1963) Italie Noir et blanc 2h10,
avec Marcello Mastroianni, Anouk Aimé, Claudia Cardinale.
Soirée présentée par Laurent Givelet
Lundi 10 octobre – 19h30
Lundi 24 octobre – 19h30
Une saison italienne
de Pupi Avati (1984) Italie Couleurs 1h30
Une soirée, deux films
19h30-Le Rêve dans la hutte bergère
de Teuvo Tullio (1940) Finlande Noir et blanc 1h48
21h30-Le chant de la fleur écarlate
de Teuvo Tulio (1938) Finlande Noir et blanc 1h50
Lundi 31 octobre – 19h30
Hommage à Patrice Leconte,
en sa présence.
Monsieur Hire
de Patrice Leconte (1989) France Couleurs 1h20,
avec Michel Blanc et Sandrine Bonnaire
Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr
Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –
15
JEUNE PUBLIC
France – 2016 – 53 mn, film d’animation de Michel Ocelot.
République tchèque – 2016 – 40 mn, film d’animation de Marek Benes.
Trois amis pleins d’imagination, une fille,
un garçon et un vieux projectionniste se
retrouvent dans un cinéma abandonné. Ils Tout public à partir de 6 ans
s’inventent des histoires dont ils sont les héros
extraordinaires, sans pour autant perdre leur sens de l’humour.
Samedi
15 octobre
14h15
On rit, on se régale à les suivre !
Dimanche 2 octobre à 14h00, nous aurons le grand plaisir de recevoir Michel Ocelot. Une rencontre exceptionnelle, venez nombreux !
Vous avez dit princesse ? Avant la séance du mercredi 26 à 10h15, Gaël un conteur
tourangeau viendra vous raconter l’histoire de l’une d’elles, qu’il a bien connue…
Les deux inséparables bricoleurs
ont encore beaucoup d’idées pour
améliorer leur quotidien. Un brin
gaffeurs, mais surtout très marteaux, ils font toujours autant rire !
sans
paroles
À partir de 3 ans
Divers pays – 2013 à 2015 – 40 mn, programme de courts métrages d’animation.
À partir de 3 ans
La vie d’un bout de bois peut être remplie de péripéties !
Monsieur Bout-de-Bois va vivre des aventures très dangereuses qui vont l’entraîner bien loin de chez lui…
Monsieur Bout-de-Bois
Pik Pik Pik
La Chenille et la poule
VF
France – 2012 – 1h20, film d’animation de Stéphane Aubier,
Benjamin Renner, Vincent Patar.
Quand une souris grise et un ours
clown musicien se rencontrent...
Mercredi 28 septembre à 14h30, séance tout public
ouverte aux enseignants inscrits à École et cinéma.
À partir de 3 ans
VF
Tout public à partir de 5 ans
Divers pays – 2016 – 44 mn, programme
de courts métrages d’animation.
France – 2011 – 1h16, film d’animation de Jean-François Laguionie.
L’abandon d’un tableau inachevé provoque l’animation de ses personnages : les Toupins, colorés et déterminés à prendre le pouvoir sur les
Pafinis en manque de couleurs et sur les Reufs
juste esquissés.
Un superbe film qui, bien au-delà de ses qualités
esthétiques, aborde de nombreuses questions.
Tout public à partir de 8 ans
Six contes pleins d’humour et de surprises, pour découvrir le loup
sous toutes ses facettes... De quoi chasser la peur du loup !
France/Suisse – 2016 – 1h06, film d’animation de Claude Barras.
Tout public à partir de 8 ans
Courgette est le surnom d’un petit garçon de dix ans qui a perdu sa maman.
Placé dans un foyer, il va revivre en découvrant l’amitié et même… le bonheur !
Un petit bijou d’animation bouleversant même pour les plus grands, qui vient
de recevoir deux prix et six nominations au Festival de Cannes, Quinzaine des
réalisateurs, et au Festival international du film d’animation d’Annecy.
Mercredi 5 octobre à 14h30, séance tout public
ouverte aux enseignants inscrits à École et cinéma.
dimanche 16 à 14h15
USA – 2016 – 1h40, de David Lowery, avec B.D. Howard, K. Urban, W. Bentley, R. Redford, C. Hall, O. Fegley...
France – 2014 – 52 mn, documentaire de Nadja Harek.
Tout public à partir de 8 ans
Voir page 5
34
Tout public à partir de 8 ans
Un jour Grace, fille d’un sculpteur sur bois qui aime raconter des histoires de dragons, fait la connaissance de Peter, un mystérieux petit
garçon de dix ans qui vit dans les bois avec son ami Elliott… un dragon géant ! Grace veut percer le secret de cette incroyable histoire…
VO
35
Bande annonce
Ici…
` DOUCEMENT MAIS SÛREMENT
Depuis vingt-six ans, avec humilité et exigence,
Philippe Faucon aborde les questions qui fâchent,
notamment celles générées, par le rejet de l’altérité, qu’elle
soit religieuse (Dans la vie), culturelle (Samia) ou sexuelle
(Muriel fait le désespoir de ses parents) ; il a aussi abordé la question de la radicalisation de certains jeunes avec l’imparable La Désintégration. Mais toujours, comme dans le sensible Fatima, il donne à voir
des gens de peu qui se battent pour leur dignité, leurs droits. Amin (encore
un prénom pour titre de film, comme un permis d’exister et de ne pas être noyé
dans la masse) est le nouveau chapitre de ce combat : Amin travaille sur des
chantiers en France, afin d’envoyer de quoi vivre à sa famille restée en Mauritanie.
Et puis, un jour, il va rencontrer Gabrielle…
et ailleurs…
` TOUS LES HOMMES SONT ÉGAUX
…mais certains sont plus égaux que d’autres (G. Orwell).
Révélée et récompensée grâce à son magnifique Mustang, Deniz Gamze Ergüven est forcément très attendue avec son prochain long métrage ! Nul ne pourra dire qu’elle a choisi la
facilité, puisqu’elle continue son combat pour tenter de faire avancer les mentalités face aux
inégalités : après le sort des femmes dans la Turquie traditionnelle, elle abordera, avec Kings,
les discriminations raciales dans la société américaine. Elle a choisi de s’appuyer sur les
émeutes qui secouèrent Los Angeles en 1992, suite à l’acquittement de quatre policiers ayant
violemment molesté Rodney King, après que celui-ci eut refusé de se livrer à un contrôle
d’identité. On sait déjà que Daniel Craig (qui a raccroché sa panoplie de James Bond) et
Halle Berry ont donné leur accord au projet.
` NE COPIEZ PAS TROP D’APRÈS NATURE (P. Gauguin)
Après Guillaume Gallienne pour Cézanne et Moi de Danièle Thompson, c’est Vincent Cassel qui va devoir manier palette et pinceaux, sous la houlette d’Édouard Deluc (Mariage
à Mendoza). Il va devoir composer le Gauguin qui pensait trouver la liberté et l’authenticité en Polynésie.
` DOLAN ANYWAYS
Après avoir été récompensé par le Grand Prix lors du dernier Festival de Cannes
pour Juste la fin du monde, Xavier Dolan a débuté le tournage de son septième film en huit ans : The Death and Life of John F. Donovan. Si un certain nombre de comédiens, de toutes nationalités, affirment rêver de
tourner avec le jeune prodige, ce sera chose faite pour Jessica Chastain, Susan Sarandon, Natalie Portman et Kathy Bates ! Quant
à John F. Donovan, victime du harcèlement d’une rédactrice de presse à scandales, au courant de sa liaison,
secrète, avec une star hollywoodienne, il aura
pour interprète Kit Harrington, révélé par
la série, Game of Thrones. IG
16
– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
La violence à l’égard des femmes est
l’une des formes les plus systématiques
et répandues de violation des droits des
femmes.
Les Nations Unies définissent la violence
à l’égard des femmes comme « tout acte
de violence dirigé contre le sexe féminin
et causant ou pouvant causer un préjudice ou des souffrances physiques,
sexuelles ou psychologiques, y compris la
menace de tels actes, la
contrainte ou la privation
arbitraire de liberté, que ce
soit dans la vie publique ou
la vie privée. »
On estime que, dans certains
pays, 70% de femmes seront
victimes de violences physiques ou sexuelles perpétrées par un partenaire à un moment de
leur vie.
En France, chaque année, 216 000
femmes sont victimes de violences de leur
conjoint ou ex-conjoint et seulement 14%
portent plainte. En 2015, 115 femmes
sont décédées suite à ces violences.
Au sein des recensements, n’apparaissent pas les violences psychologiques,
verbales, économiques qui peuvent aussi
exister dans le quotidien de ces femmes.
Face à l’ampleur du phénomène de nombreux dispositifs existent pour prendre en
charge les victimes. Celles-ci peuvent
parfois difficilement partir du domicile et
quitter le conjoint violent. Cette
démarche nécessite bien souvent une
prise en charge psychologique de la victime afin de l’aider à prendre conscience
des violences qu’elle subit et préparer un
éventuel départ.
De plus, dans de nombreuses situations,
les enfants sont présents au domicile
lorsque les violences ont lieu. On parle
d’enfants témoins des violences conjugales. 143 000 enfants vivent dans un
foyer où une femme a déclaré être victime
de violences physiques et/ou
sexuelles de la part de son
conjoint ou ex-conjoint. 42 %
de ces enfants ont moins de
6 ans.
Par ailleurs, peu d’auteurs
de violences conjugales sont
pris en charge malgré les dispositifs de soins existants. La
nécessité de leur prise en charge permet
de prévenir la récidive et une responsabilisation de leurs actes violents.
Ces constats génèrent une forte mobilisation associative et politique. La France
est actuellement dans son 4e plan interministériel de prévention et de lutte
contre les violences faites aux femmes,
constitué de trois priorités :
– organiser l’action publique autour
d’un principe d’action simple, aucune
violence déclarée ne doit rester sans
réponse ;
– protéger les victimes ;
– mobiliser l’ensemble de la société.
Entr’aide ouvrière
Comité d’aide aux détenus
Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –
17
À propos de
D’une famille à l’autre
P
ierre a 17 ans et vit au Brésil avec sa mère
et sa jeune sœur. Ce n’est pas la misère
mais on est loin de l’opulence et du luxe. Leur
mère les aime, s’occupe bien d’eux. Pierre est
séduisant et plaît beaucoup aux filles... L’une
des toutes premières scènes du film nous le
montre dans une fête, il est outrageusement
déguisé en femme (en fait, si telle chose est
possible : il semble déguisé en drag-queen
tant la perruque et le reste de son costume
sont outranciers...). Il part s’isoler dans une
salle d’eau avec l’une des filles et le peu que
nous apercevons de leur bref rapport sexuel
nous permet de voir que Pierre pousse assez
loin le souci du détail puisque, sous sa robe,
il arbore porte-jarretelles et string féminin.
Et puis, très vite, Pierre découvre que sa mère
n’est pas sa mère, qu’elle l’a volé dans une
maternité à la naissance (plus tard nous
découvrirons qu’il en est allé de même pour
sa petite sœur...) ; la police et les services
sociaux interviennent, la mère voleuse est
incarcérée et Pierre placé illico dans sa « vraie »
famille, sa famille biologique.
Bien sûr, on devine tout de suite ce qui va faire
le centre du film : Pierre considère que sa vraie
mère est celle qui l’a élevé, même si sa mère
l’a volé dans une maternité et l’on voit poindre
un film à thèse sur la différence d’importance
entre les liens biologiques et les liens éducatifs... Et l’on se trompe (en grande partie tout
au moins...) car ce qui constitue le vrai cœur
du film est l’ambiguïté de Pierre, dont on
découvrira assez vite qu’il aime aussi les garçons, qu’il ne se maquille pas et ne met pas
des vêtements féminins que pour se déguiser
en soirée. Pierre mène bel et bien une vie
sexuelle double. Et, là aussi, le film dévie
18
– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
Rencontre
assez nettement de ce que l’on pourrait
attendre : foin d’atermoiements ou de détresse
ici, Pierre semble assumer cela avec une certaine sérénité et parfois même un humour
assez dévastateur. Ainsi, s’il est évident qu’il
rejette sa famille biologique et qu’il n’entend
pas les adopter (car c’est un peu comme cela
que la chose est présentée), il décide de jouer
la provocation.
Son père fait en effet de son mieux pour fêter
son arrivée (son « retour », même, dit-il) et pour
sembler être un père cool proche de ce fils qu’il
n’a jamais connu. Aussi, pour pousser ce père
dans ses derniers retranchements Pierre
décide-t-il de profiter d’une sortie « on t’achète
les habits que tu veux » pour décréter que c’est
une robe qu’il souhaite se voir offrir... et porter
à la maison ou dans la rue. La façade du père
se craquelle alors instantanément et les deux
hommes en viennent aux mains. Pierre continuera alors sa guérilla domestique jusqu’à ce
que la famille semble quelque peu baisser la
garde et le laisser s’habiller comme bon lui
semble.
La grande force du film tient alors dans l’humour décalé et ravageur suscité par cet ado
habillé en femme chez lui, dans l’insolence
qu’il met à démontrer que tout cela est parfaitement normal ; il ne prétend jamais être
homosexuel, travesti ou trans-genre ; il
affirme juste qu’il aime s’habiller ainsi... Et
l’ambiguïté qu’il génère alors autour de lui
devient sa force, l’outil dont il va user pour se
fabriquer SA place dans cette famille. En faisant en sorte que cette famille en arrive à le
rejeter tout comme lui les rejette, il s’impose,
ER
impose sa singularité et force sa liberté.
Vendredi 1er juillet, les Studio avec l’association À Tours 2 mains
projetaient J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd de Laetitia
Carton, dans le cadre d’une soirée-débat en présence d’Emmanuelle
Séjourné, proche de la réalisatrice, de Josiane Salmon, protagoniste
du film – qui a fait part des excuses de la réalisatrice qui n’a pu être
là – et en présence d’interprètes LSF (Langue des signes française).
Le film a bénéficié de l’aide à l’écriture par CiCliC.
D
ans un court-métrage d’introduction au
film-même, la réalisatrice évoque le rêve
de ce documentaire dès 2003 avec un ami
sourd, Vincent Carrias, sur un quai de métro.
Une année après, Vincent se suicidait. La réalisatrice a alors très vite senti la nécessité de
réaliser ce film, à la fois pour lui et pour tous
les sourds. Tourné de 2006 à 2014, c’est pour
L. Carton un film plus politique que militant,
confiant, et elle aime beaucoup la subjectivité
qu’un documentaire permet. Pour elle, voir
tous ces enfants qui signent, cela remplace
tous les discours sur la LSF. Filmer ses amis,
cela confère aussi la force au film, ajoute-telle. Une durée de montage de six mois a
suivi…
Après la projection, de nombreuses réactions
ont convergé pour souligner la grande qualité
du documentaire et son authenticité générant
émotions, félicitations et encouragements
enthousiastes. Certains spectateurs reviennent, parfois avec passion tant c’est crucial,
sur la question de certains choix à réaliser par
les parents à l’égard de leurs enfants sourds
(présence de la LSF dans l’enseignement,
implant cochléaire ou pas, …), en faisant allusion à la loi pour l’égalité des droits et des
chances, la participation et la citoyenneté des
personnes handicapées de 2005. « On dit que
c’est aux parents de choisir. Mais pour choisir, il faut pouvoir être éclairé ! […] Il faut vrai-
Josiane Salmon & Emmanuelle Séjourné © Roselyne Guérineau
ment que les parents aient toutes les informations pour pouvoir choisir. Or, celles qu’ils
reçoivent concernent la réparation ! ». Des professionnels, travaillant auprès d’enfants
sourds, surenchérissent : « Tout ce qui est dit
dans ce film est vrai ! ». Un adulte sourd
témoigne de sa scolarité initiale dans une
école d’entendants : « je ne suivais pas ».
Ensuite, dans une école d’élèves sourds où la
LSF était interdite, « il fallait répondre à l’oral
et j’étais perdu. Du coup, je me perdais dans
mes rêveries ». J. Salmon, présente à l’écran
entre autres au cours de la marche des sourds
entre Paris et Milan, rappelle que dans cette
dernière ville, en 1880, un congrès sur l’oralisme – tenu en présence d’un seul sourd –
avait décidé d’interdire la LSF. Il a fallu un
siècle pour qu’elle soit réintroduite ! « C’est
tout récent en fait ! Le combat n’est pas
fini ! On se bat pour l’éducation bilingue.
J’avais vraiment envie de vous sensibiliser ce
soir. Il est important que la surdité et que la
culture sourde sortent de l’anonymat ! ».
Un dernier témoignage : « Là, quand je vois les
enfants et la LSF dans le film, ils sont dix fois
plus évolués que moi. Eux, ils peuvent découvrir le monde ! ». La soirée, très riche, permet
en effet de rappeler que le combat, notamment
celui pour la LSF, reconnue comme langue à
part entière, n’est pas fini…
RS
Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –
19
Les rédacteurs ont vu :
Rester vertical
de Alain Giraudie
S’il n’y avait qu’une seule chose à
retenir de Rester vertical, ce serait sans
nul doute la scène qui invente un nouveau concept, celui de l’euthanasie
sexuelle. Hors du fait que comme fin, on
imagine pire, Alain Guiraudie en fait un
moment aussi merveilleux que transgressif, aussi violent que doux, sans compter
qu’elle donne toute sa valeur au titre du
film. JF
Une thérapeute improbable dans
une cabane au milieu de l’eau, un enfantement et un abandon, l’euthanasie d’un
vieux rocker par orgasme avec sodomisation, un jeune éphèbe énigmatique, des
paysans peu aimables, des loups sur les
grandes étendues du Causse… A défaut
de verticalité je suis sortie perplexe d’un
film qui part dans tous les sens et qui n’a
ni l’élégance ni l’invention de L’Inconnu
du lac. SB
20
– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
L’animalité des brebis rend le
Causse plus hospitalier que ses autochtones bipèdes bien âpres ! Entre dimension sacrificielle, thérapeutique de guérison végétale, fuite d’écriture de scénario
improbable... Guiraudie semble s’être
égaré en de multiples sentiers et nous
perd. RS
Guiraudie réinvente le monde en
refusant les codes du réalisme, notamment psychologique, en suivant une
logique onirique, souvent cauchemardesque, traversée de désirs polymorphes,
bousculant la géographie, condensant le
temps, dans un road movie rural, exploration mythologique de nos peurs, du cri
primal au dernier souffle où se mélangent
agonie et extase. Un film étrangement
drôle et dérangeant. DP
Guiraudie s’applique à dynamiter
plein de choses... l’ennui c’est justement
qu’il s’applique, un peu trop... j’aurais
aimé être provoqué, être touché, être
questionné... Je suis surtout resté très
extérieur aux pérégrinations de son héros
malchanceux. En ressortent tout de
même deux ou trois scènes, dans le
registre de ce que Guiraudie fait le mieux
depuis toujours : une bizarrerie poétique
dans le marais poitevin entre technologie
de pointe et plongée dans l’irrationnel... ER
Après le succès mérité de son
Inconnu du lac, A. Guiraudie revient à la
forme qui est sa marque de fabrique : la
fable délirante, sans tabous ni complexes,
et quelque peu déroutante ! C’est peu dire
que Guiraudie ose tout : ainsi dans Rester
vertical, on peut trouver quelques figures
bibliques ou mythologiques, comme celles
d’un petit Moïse voguant vers l’antre d’une
Morgane New Age, ou celles d’un enfant
puis d’un agneau offerts en « sacrifice », et
même une version très, très personnelle
de la Charité romaine, lors de l’ultime
scène avec Marcel ! Un cinéma pas forcément aimable, mais qui, ce qui n’est pas
si fréquent, nous fait sortir de notre zone
de confort ! IG
Mon premier Guiraudie : déboussolant de prime abord. Une balade douce
et rugueuse d’un bon gars aux sentiments paternels aiguisés, aimanté par
des lieux et des personnes qu’il visite
régulièrement. Des scènes d’amour et de
sexe embellies par le réalisateur, aux
références évidentes entre Courbet et les
images bibliques. Enfin, la dernière scène
saisissante du héros rêveur et angoissé
défiant la meute des loups et demeurant
debout : elle nous séduit totalement. MS
Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –
21
Hommage
Abbas Kiarostami
À
la disparition d’un artiste, on essaie de se
remémorer la première rencontre avec son
œuvre et les pistes qu’elle nous a ouvertes.
Comme de nombreux spectateurs, j’ai découvert Abbas Kiarostami en suivant Ahmad, le
petit garçon qui veut redonner le cahier de son
ami qu’il a emporté chez lui par erreur. En filmant à hauteur d’enfance, dans Où est la maison de mon ami ? le réalisateur parvenait à
échapper à la censure islamiste et le long chemin que devait parcourir son petit héros, à
travers la montagne, allait me mener vers un
continent cinématographique totalement
inconnu, à la découverte des films de Moshen
Makhmalbaf (Salaam cinéma, Gabbeh) puis
de sa fille (La Pomme, Le Tableau noir) de Bahman Gohabdi (Un temps pour l’ivresse des
chevaux, Les chants du pays de ma mère…),
d’Asghar Faradhi (À propos d’Elly, Une séparation…), de Jafar Panahi (Le Cercle, Sang et
or…) ou dernièrement Negar Azarbayjani (Une
femme iranienne)… J’avais d’abord cru que
Kiarostami était un auteur empreint de néoréalisme mais sa cinématographie prouva
qu’il savait « conjuguer humanisme et magni-
22
– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
fiques inventions formelles »1 dans un jeu permanent entre le vrai et le faux que l’on
retrouve notamment dans le dyptique Et la vie
continue et Au travers des oliviers, avant d’inventer un dispositif cinématographique inédit,
la voiture-studio, formidable arme pour
échapper au contrôle de la censure dans Le
Goût de la cerise (Palme d’or à Cannes) puis
dans Ten – dispositif qui sera repris avec le
succès que l’on sait par Panahi dans Taxi
Téhéran.
À l’annonce de sa disparition, j’ai aussi
repensé à la formidable exposition que proposait le centre Beaubourg en 2007 : Correspondances entre les œuvres de Kiarostami et du
réalisateur espagnol Victor Erice, deux
cinéastes nés en juin 1940 et dont les œuvres
sont « marquées l’une et l’autre par l’intense
relation aux arts plastiques, la place décisive
qu’y occupent l’enfance, les paysages, le motif
du chemin… » 2
Comme Agnès Varda, Jean-Luc Godard ou
David Lynch, le réalisateur iranien proposait
régulièrement des installations et des œuvres
photographiques. Les photos exposées à
Beaubourg étaient marquantes : Rain, grands
formats aux couleurs subtiles des jeux de la
lumière et de la pluie sur les vitres d’une automobile, et enfin une dernière série monumentale d’arbres nus, gris et noirs sur un écrin de
neige. On sentait chez le réalisateur iranien
une passion pour la photographie, cet acte de
création solitaire, bien éloigné des contraintes
et des contingences d’un tournage : « La photographie satisfait les sentiments créateurs et
rend possible l’accès à la sérénité. Il y a dans
ce domaine une pureté étrange. »
Puis venaient des installations totalement
réussies et profondément troublantes (ce qui
n’est pas si fréquent en art contemporain).
Sleepers, une projection sur le sol, à l’échelle,
d’un lit avec un couple de dormeurs. Sur une
durée de 92 minutes, ils dorment, rêvent, se
retournent, se recroquevillent, se réveillent
pour boire et se rendormir… Au sol, avec la
découpe blanche des draps, cette image n’en
est plus tout à fait une… devient presque un
objet lumineux… et transforme les spectateurs hésitants, silencieux, en d’innocents
voyeurs, complices, comme les anges
qu’avaient filmés Wim Wenders.
Le même dispositif pour Ten minutes older
avec un petit garçon qui dort au milieu du
couloir et qui finit par se réveiller en pleurant.
La troisième installation était plus monumentale : dans un espace d’une centaine de mètres
carrés, agrandi des miroirs qui tapissent les
murs, se dressaient des troncs d’arbres en
hiver, pendant que criaient les corbeaux dans
un ciel sans ciel. Chaque tronc de ce labyrinthe vertical était recouvert de milliers de
photos numériques représentant des écorces
d’arbres. Jeu sur l’illusion et la réalité : l’image
dans laquelle on peut entrer et se perdre, les
écorces qu’on peut toucher mais qui ne présentent que l’aspect lisse du papier photo.
Cette forêt était accompagnée d’un poème persan :
Le jardin du désespoir n’attend aucun
printemps.
Même si de ses yeux n’émane aucune chaleur,
même si en lui ne verdit le sourire d’aucune feuille,
qui peut dire que le jardin sans feuille est
sans beauté ? (…)
Sur sa monture, jaune crinière au vent,
caracole
immortel, le souverain des saisons, l’automne.
Mehdi Akhava Saless (1335)
DP
1telerama.fr
2Alain
Bergala
Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –
23
À propos de
L’Effet aquatique
L
orsque Solveig Anspach était venue
présenter son film Lulu, femme nue,
au Studio, en compagnie de Karin Viard,
le 6 décembre 2013, la rencontre, chaleureuse, avec cette réalisatrice qui disait
que pour elle, « s’amuser est quelque
chose d’assez crucial : rire, bien manger,
être avec les amis qu’on aime, prendre du
plaisir ! », s’était terminée sur l’évocation
de trois projets qu’elle avait en tête… et
nous pensions pouvoir la retrouver rapidement parmi nous. Mais le combat
contre le cancer qui avait été le sujet de
sa première fiction, autobiographique, le
magnifique Haut les cœurs ! s’est achevé
alors que le montage de son dernier film
ne l’était pas tout à fait… Lors de cette
soirée, Solveig Anspach nous avait
raconté avec beaucoup d’humour que
l’attribution de l’adaptation de la BD
d’Etienne Davodeau s’était faite lors
d’une réunion chez Gallimard où elle
avait convaincu le jury en leur promet-
24
– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
tant de leur tricoter des écharpes islandaises, les plus chaudes du monde, pour
aller au festival d’Angoulême. Pour elle,
écrire un scénario relevait de l’art du tricot, du maillage d’éléments narratifs, de
boucles et de trames… Dans L’Effet aquatique, on retrouve cette volonté de relier
des personnages déjà croisés dans ces
précédents films Back Soon (2008) et
Queen of Montreuil (2013), de renouer les
deux pôles de son existence, Montreuil,
où elle vivait et où se déroule la première
partie du film et l’Islande, le pays de sa
mère où atterrissent les personnages
dans la deuxième partie, de tricoter étroitement sentiments amoureux et humour
décalé. L’Effet aquatique, c’est quoi ? Une
fable loufoque qui raconte l’histoire
d’amour entre un grutier un peu lunaire
et une maître-nageuse pas forcément très
sympathique. Un coup de foudre qui,
milieu aqueux oblige, prend une tout
autre tonalité. Quelque chose de plus
doux, lent, en apesanteur. Les métaphores aquatiques n’ont nécessairement
pas manqué chez les critiques : fable
fluide et mélodieuse qui a la grâce et
coule de source – corps à chlore – effet
amniotique – se jeter à l’eau, perdre pied,
et enfin, se laisser porter… Au-delà de la
vraie drôlerie des situations – le petit
monde improbable et décalé de la piscine
Maurice Thorez de Montreuil dans la première partie, le surréaliste congrès international des maîtres-nageurs à Reykjavik
dans la seconde – ce qui fonctionne formidablement et qui fait qu’on n’a pas
envie de sortir du bain/du film, c’est son
amour des personnages. Florence LoiretCaille dit que « Solveig rend extraordinaires les gens ordinaires, elle révèle leur
part d’enfance, leur drôlerie, leur peine…
Elle croit à la notion de partage, de solidarité.» Magnifique exemple : Agathe est
accueillie en Islande par Anna et Siggi qui
sont à mi-temps conseillère municipale et
chauffeur et vice-versa, une leçon de
parité, un authentique partage du pouvoir ! Alors qu’elle a disparu en août
2016, L’Effet aquatique a été présenté à
Cannes par l’équipe, orpheline, qui ne
voulait surtout pas que cette histoire
d’amour malicieuse soit considérée
comme testamentaire. Solveig Anspach a
continué à travailler jusqu’à la fin, débordante de vie. D’ailleurs, son œuvre va
continuer, post mortem, puisque JeanLuc Gaget, « son mari de cinéma » qui a
co-écrit cinq films avec elle va réaliser le
film noir qu’ils avaient prévu de réaliser
ensemble… et la réalisatrice a fait promettre à Patrick Sobelman, son producteur de toujours, de trouver une réalisatrice pour tourner Just the two of us où
Vanessa Redgrave interprétera la mère de
Solveig Anspach, une architecte islandaise célèbre qui, à un âge avancé, avait
vécu une formidable histoire d’amour
avec son cancérologue de 30 ans plus
jeune. Une façon de continuer, malgré
tout, de dire : « Merde à la mort et au
renoncement. »*
DP
* Laurent Carpentier – Le Monde du 18 mai 2016
25
Face à
L
e cadre est idyllique : un magnifique
appartement, calme et lumineux, prolongé
d’une cour fleurie, une oasis au cœur d’une
ville que l’on devine mais que l’on ne verra
jamais. Car la caméra comme les personnages de L’Économie du couple sont prisonniers de ce cadre. Autrefois, on le devine, ils y
furent heureux, et c’est là que furent conçues,
mises au monde et que grandirent les deux
jumelles qui vivent avec eux les étapes
cruelles de leur désamour. Car l’amour s’en
est allé et cet appartement est devenu une prison (le terme huis-clos y trouve toute sa signification) car il est à la fois le lieu d’une insupportable cohabitation mais également l’enjeu
d’une lutte sans merci entre les deux anciens
amants. Comme souvent, dans les séparations, quand il y a des biens communs, et des
enfants, le défaut d’amour se transforme
immanquablement en règlements de compte,
en sordides chicaneries d’épiciers. Le cinéma
belge s’était interrogé il y a peu sur la possibilité de s’aimer malgré les différences de
classe, une histoire impossible entre un
agrégé de philosophie germanopratin et une
coiffeuse nordiste, dans le film de Lucas Belvaux Pas son genre. Ici, Joachim Lafosse
poursuit l’interrogation une fois l’histoire
d’amour envolée : Marie vient d’une famille qui
a les moyens et c’est elle qui a investi dans
l’achat de l’appartement alors que Boris n’a
jamais eu un sou en poche et ce qu’il a investi
dans ce lieu, c’est du temps et du talent
puisque c’est lui qui a retapé l’ancien local et
qui a entièrement conçu le réaménagement
26
– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
magnifique dans lequel la caméra poursuit le
couple avec une implacable fluidité. Car Boris
a décidé qu’il ne quitterait pas les lieux tant
qu’il ne toucherait pas ce qu’il estime être son
dû. Quel est le prix des années passées
ensemble ? Des années désormais perdues ?
L’excellente idée des scénaristes est de donner
au spectateur le minimum d’informations
possibles sur leur passé commun. Nous
serons donc obligé de les croire sur parole, de
croire (ou pas) ce que nous voyons. Marie
reproche sans cesse à Boris de n’être pas un
père fiable, qu’elle ne peut absolument pas lui
faire confiance, mais la caméra nous montre
le contraire, un père sympathique, tendre et
complice avec ses filles. Qui croire ? D’autant
que Marie semble souvent de très mauvaise
foi et multiplie les humiliations, cherche à
pousser Boris non seulement dehors mais…
à bout. Des critiques reprochent au film de
Joachim Lafosse de tourner en rond autour
de ressentiments somme toute assez insupportables, que de cette observation clinique
n’émane « aucune beauté, aucune grandeur,
aucune folie »* (en citant Bergman, Garrel,
Pialat). La force de ce récit, c’est précisément
cette sordidité… comme dans cette interminable scène nocturne où Boris débarque au
milieu d’un repas entre amis (désormais et
pour lui d’anciens amis), interrompant le
monologue vachard de Marie : le malaise
monolithique ressenti est partagé à la fois par
l’ensemble des convives et par les spectateurs
qui, comme dans toute séparation, deviennent
les témoins involontaires de ce qu’ils aime-
face
raient ne pas voir.
Il faudra la peur de perdre un enfant pour que
la situation inextricable se dénoue ; enfin on
peut sortir du film, du conflit, de l’appartement : on retrouve Boris et Marie dans un lieu
neutre, sans histoire, une anonyme terrasse
de café et ils sont devenus des étrangers qui
ont des enfants en commun, ils ne parlent de
rien tandis que la voix off de la justice énonce
froidement les lieux communs d’un futur
désormais séparé.
DP
N
valeur-capital, tu en as entendu parler ? »
Il pourrait être sordide de se disputer pour
savoir qui aime le mieux les enfants ou qui
s’en occupe le mieux (ça, d’ailleurs, Marie le
fait beaucoup), mais ici, les réclamations de
Boris ne sont même pas mesquines, elles sont
tout bonnement justes. Ce qui fait que l’on
pourrait les trouver sordides, c’est le fait
qu’elles ne soient pas prises dans une relation
employeur/employé mais dans une relation
de couple...
ous ne reviendrons pas ici sur l’histoire
même du magnifique film de J. Lafosse,
L’Économie du couple, mais plutôt sur l’emploi d’un adjectif revenu dans diverses critiques : « sordide »...
De quoi est-il donc question ici ? Comme cela
a déjà été expliqué page précédente dans l’article de DP : un homme, désargenté mais doué
de ses mains et talentueux, a passé quelques
mois ou années de sa vie à superbement rénover un appartement et, son couple se défaisant, considère que la part qui devrait lui revenir après vente de l’appartement DOIT inclure
sa main d’oeuvre.
Qu’y a-t-il de sordide ici ? Qu’y a-t-il de sordide, une fois l’amour défait, à vouloir récupérer son dû ? A ce titre-là, la position de J.
Lafosse est très claire : autant on peut hésiter
quant à la position qu’il adopte pour juger de
l’attitude des deux ex-amants dans leur déliaison amoureuse, autant, pour ce qui est de la
question financière, tout semble être conçu
pour donner raison à Boris. Lors d’une discussion avec Marie, il a même cette phrase
tranchante, que l’on pourrait croire sortie d’un
Kaurismaki : « Et la part du travail dans la
* Jacques Mandelbaum - Le Monde
Sordide, vous avez dit sordide ? Ou : quand le capital n’est plus amoureux du travail...
Deux remarques ici : le titre du film est déjà
on ne peut plus clair : L’Économie du couple
dit bien que c’est précisément de cela qu’il
sera question : du poids de l’économie qui s’insinue jusqu’au plus intime des vies. Ensuite,
lorsque Boris entend faire valoir ses droits
financiers sur la vente de la maison, il n’y a
de fait, plus de couple : Marie l’a congédié, et
Boris n’a que deux leviers sur lesquels jouer
dans ce licenciement amoureux (1) il est
désargenté et ne peut faire autrement que de
rester cohabiter avec Marie et (2) la demande
que lui soit restituée sa « part-travail » dans la
« valeur-capital » de la maison... qui devient
du coup une affaire de dignité et non plus une
question sordide.
ER
Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –
27
Interférences
Carmina
Guibord
C
armina ! et Guibord s’en va-t-en
guerre : deux films qu’à peu près tout
sépare si ce n’est leurs dates de sortie sur
nos écrans.
Le premier,
espagnol, est
un
quasi
huis-clos plutôt mal élevé
(qui
joue
même avec
brio sur les
limites
du
mauvais goût) situé dans une famille à
qui la chance et la fortune ne sourient
guère. Le second est canadien et nous
propose de suivre un député marié à une
pépiniériste, donc dans un milieu social
plus confortable. Le premier est centré
sur d’un drame très familial : la mort du
père, tandis que le second met en scène
la politique dans ce qu’elle pourrait avoir
de plus noble et dramatique : la décision
d’engager ou non son pays dans une
guerre. Certes, tous deux adoptent un
ton plus ou moins proche de la comédie
mais, là où Guibord le fait de manière
assez directe, classique et bon enfant,
Carmina œuvre plus du côté du très noir,
presque morbide à l’occasion.
Pour résumer la situation : Carmina est
désolée que son mari ait eu la mauvaise
idée de mourir un samedi parce que le
lundi suivant il devait toucher une importante prime qui aurait bien aidé toute la
28
– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
famille à boucler quelques fins de mois.
Pour remédier à cette désolante situation,
une solution très simple : n’annoncer son
décès que le lundi, pardi ! Bon, bien sûr,
cela implique de passer tout le week-end
avec le corps du mort effondré dans son
fauteuil devant la télévision, mais Carmina n’en semble pas troublée outre
mesure, son principal problème étant
d’éviter que sa petite-fille, ses voisins, ses
amis et autres qui ne cessent de faire
irruption chez elle ne s’aperçoivent que le
cher homme est un peu plus que souffrant. Cela donne l’occasion à Paco Leon,
le réalisateur, de dresser une galerie de
portraits tous moins flatteurs les uns que
les autres, la bêtise le disputant à la vulgarité et le cynisme à la cupidité. Mais,
surtout, petit à petit, s’installe l’idée que
le mari n’aurait peut-être pas été victime
d’une mort tout à fait naturelle ; il se
pourrait bien qu’une erreur de dosage de
médicament en soit la cause, il se pourrait même que Carmina en soit un peu
responsable, et pas qu’involontairement...
(en voiture, il a une sainte phobie de
l’avion) pour demander l’avis de la population. Mais les routes canadiennes sont
semées d’embûches et d’obstacles et les
rencontres soit ne se font pas (par
exemple : les Indiens bloquent les routes
puis les routiers bloquent les autres
routes pour protester contre le blocage
par les Indiens...) soit dérapent totalement, échappent à tout contrôle et ne font
que rendre encore plus manifeste son
incapacité à penser la situation. La présence d’un impayable stagiaire haïtien,
bien plus cultivé et habile que l’ensemble
des Canadiens, tous un peu lourdauds,
rend la chose encore plus drôle et ironique. L’ensemble est traité sur le ton
assez badin d’une comédie bon enfant...
Pourquoi donc cette mise en parallèle ?
Eh bien, parce que la fin de Carmina
nous laisse entendre que, elle-même
condamnée par un cancer, l’héroïne
aurait tué son mari par bonté d’âme,
pour lui éviter de survivre en très mauvaise santé à la disparition de son
épouse. Du coup, ce qui apparaissait
comme un cynisme assumé, franc et rigo-
lard, vire brutalement à quelque chose
d’un poil trop mièvre... (Le générique
nous livre même une voix off de Carmina,
peut-être venue d’outre-tombe, qui
rajoute encore à la gravité et la tendresse
du propos.) Et parce que, du côté canadien, sous ses dehors rigolards « tout ça
n’est pas très grave », Guibord s’en va-ten guerre cache, lui, un réel cynisme,
celui qui dit que les politiques n’y
connaissent rien, ne sont guère animés
du sens du bien commun et que, du
coup, à quoi bon voter ?
En définitive, les deux films abordent par
des biais distincts et sur des modes opposés la question de la responsabilité ; Carmina nous parle de la responsabilité individuelle que chacun assume face à sa
propre vie et à celle de ses proches, tandis
que Guibord évoque plutôt la responsabilité (l’irresponsabilité, serait-on tenté de
dire...) face au collectif et la démission
d’une classe politique qui cherche
d’abord à sauver la face (pour pouvoir
continuer à prétendre servir à quelque
chose...).
Choisis ton camp camarade, le cinéma
défriche le chemin...
ER
Du côté canadien nous avons un sympathique député, animé de peu de convictions en matière de politique internationale. Son gros problème est que, député
indépendant, il est celui qui pourra faire
pencher la balance au parlement entre
envoyer des troupes canadiennes au
Moyen Orient ou bien s’en abstenir.
Comme il n’a pas d’idée arrêtée sur la
chose, il va sillonner sa circonscription
29
Interférences
El Club, El Clan
El Club
L
a proximité des titres, de l’origine géographique des deux films (du Chili de
Pablo Larrain à l’Argentine de Pablo Trapero), renforcée par le choix de l’équipe de
Programmation des Studio de les proposer
cet été dans le cadre d’un Voyage en Amérique Latine : tout rapproche El Club et El
Clan, deux films pourtant à l’opposé stylistiquement mais qui forment, malgré tout,
une dérangeante constellation autour de
l’impunité.
Pablo Larrain continue son travail de sape.
Après exploré la douloureuse histoire chilienne avec sa trilogie décalée tournant
autour de Pinochet (Tony Manero – histoire
d’un tueur en série sosie de Travolta pendant la dictature – Santiago 73 post mortem
– histoire d’un employé de la morgue de
Santiago pendant le coup d’état du 11 septembre 73 – No – histoire du Non à Pinochet
victorieux essentiellement grâce à une campagne publicitaire), il emmène son spectateur dans un bout du monde filmé dans une
inquiétante lumière crépusculaire : en choisissant des filtres et des lentilles soviétiques
des années 60 (celles de Tarkovski), il
entend « lutter contre la haute définition qui
est un virus » qui fait que « tous les films se
ressemblent ». Il choisit également des
musiques sacrées (Bach, Arvo Pärt) et
plonge le spectateur dans la quotidienneté
30
– Les CARNETS du STUDIO
assez insignifiante d’un groupe de quatre
hommes plutôt âgés et d’une femme qui les
sert et dont la seule excentricité est de préparer un lévrier pour des courses dominicales auxquelles ils assistent de loin,
parias. Ce n'est qu'à l'arrivée d'un cinquième larron, poursuivi bruyamment par
un homme en perdition qui affirme avec des
détails d'une insupportable crudité qu'il a
été abusé, enfant, par celui-ci, qu'on
apprendra qu'il s'agit de religieux exilés par
le Vatican pour cacher aux yeux du commun des mortels un passé indéfendable
(participation aux horreurs de la dictature,
pédophilie). Le suicide du prêtre provoque
l’arrivée d’un curé de choc chargé par sa
hiérarchie de fermer le centre. Dans ce
récit, ce qui choque en premier, c’est bien
sûr l’absolue tranquillité de la conscience
des prêtres (ils ne dépendent pas de la justice humaine) mais aussi que le technocrate
finit lui aussi par se ranger à la doctrine du
secret et du mensonge. Le film commence
par une citation tirée de la Genèse : « Dieu
vit que la lumière était bonne et Il sépara la
lumière des ténèbres. » Ce film ambigu
(« Tous coupables. Tous complices. Tous
victimes. »*) illustre douloureusement le fait
que, pour l’Église, la lumière est bonne
quand elle n’éclaire pas ses propres
crimes…
Pour raconter l’incroyable et véridique histoire de la famille Puccio, Pablo Trapero a
choisi l’efficacité en filmant à la manière
d’un film américain, bousculant la linéarité
du récit avec de fréquents flash-backs et
des flash-forwards, la musique populaire
dans lesquelles baignent les scènes permettant un efficace marquage temporel. Dans
la famille Puccio, il y a le père, Arquimedes,
qui a longtemps travaillé comme informateur des militaires argentins, il y aussi le
fils, Alejandro, jeune vedette de l’équipe
nationale de rugby, les Pumas. Dans les
années 80, la démocratie revenant mollement au pouvoir, Arquimedes décide de privatiser la terreur (comme les colonels le
firent, à leur profit, des richesses nationales) en pratiquant des enlèvements dont
le seul objectif désormais est de maintenir
le niveau de vie familial, d’assurer l’avenir
des enfants. Avec l’aide de son fils et la
cécité plus ou moins volontaire du reste du
clan, il transforme la maison en centre de
détention artisanal où la musique, à fond,
sert à masquer les cris de ses victimes.
Après bien des horreurs vécues avec une
indifférence glaçante, les monstres ordinaires du clan Puccio finiront par tomber,
pas tellement par souci de justice d’ailleurs,
que par renversement d’alliances entre
leurs puissants protecteurs. Ce qui est bien
sûr terrifiant, c’est l’absence de scrupules
comme de remords. Certes le fils essaiera
de se suicider mais est-ce par culpabilité ou
pour échapper, enfin, au chef du clan, ce
père tranquille et impitoyable, qui (dans la
vraie vie) fera des années de prison où il
deviendra avocat ? Comme les dignitaires
nazis, il n’avouera jamais aucun de ses
crimes. Quant aux camarades rugbymen
du fils, ils le soutiendront jusqu’au bout
bien qu’un des leurs ait été la première victime du clan Puccio.
Partiellement oubliée par la société argentine, l’affaire Puccio est remontée à la surface grâce à l’enquête menée par le réalisateur et son film, primé à Venise et à
Toronto, est devenu le plus gros succès
public de l’histoire du cinéma argentin. Une
preuve, sans doute, de la volonté de transparence sur le passé de la société argentine
qui ne semble pas encore vouloir gagner
l’Église d’aujourd’hui qui, selon Pablo Larrain, « a plus peur de la publicité et de la
presse que de l’enfer. »
DP
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n°349 – octobre 2016
El Clan
Vos critiques
Jeudi 25 août, dans le cadre d’un partenariat, les cinémas
Studio et l’Académie Francis Poulenc ont projeté
SOUS LE SOLEIL DE SATAN de Maurice Pialat.
Avec cette 20e édition de l’Académie Francis Poulenc
consacrée à la mélodie française de tous les temps, c’est la
musique de Henri Dutilleux qui est à l’honneur dans ce film.
E
nsuite, un échange avec un public visiblement passionné a été proposé par François Le Roux, directeur artistique de l’Académie Francis Poulenc. Il a d’abord été rappelé
que Sous le soleil de Satan (1987), œuvre très
soutenue par le président du jury à Cannes,
Yves Montand, avait obtenu la Palme d’Or
attribuée à l’unanimité – fait extrêmement
rare – et pourtant huée lors de son annonce !
Fr. Le Roux nous remémore la fameuse
phrase lâchée par Pialat réagissant aux sifflets : « si vous ne m’aimez pas, je peux vous
dire que je ne vous aime pas non plus ! ». En
concurrence avec Wim Wenders pour Les Ailes
du désir qui avait déjà son public, Maurice
Pialat ne laissait pas indifférent en effet. Réalisateur exigeant, appartenant à la « deuxième
Vague de la Nouvelle Vague, avec un montage
audacieux et des coupes franches » dans ses
films et une « personnalité très anticonformiste par rapport à un monde très policé du
cinéma, surtout à Cannes […] il ne faisait rien
pour être agréable. Il était à la fois sûr de lui
et pas forcément sûr des moyens utilisés, s’ils
étaient bons… Son film a énormément
dérouté ».
L’œuvre est adaptée du roman éponyme de
Georges Bernanos. « C’est un écrivain catholique qui a eu un parcours compliqué, extrême
droitiste avant la guerre qui a changé ensuite.
Ayant aussi écrit le Dialogue des Carmélites,
on voit bien que le doute, les thèmes du bien
et du mal l’ont beaucoup préoccupé ». Concernant la distribution, Fr. Le Roux précise que
« le choix des acteurs pour Maurice Pialat était
essentiel. Il ne les laissait pas en repos. Sandrine Bonnaire en a souffert. C’est Pialat qui
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– Les CARNETS du STUDIO
n°349 – octobre 2016
l’a révélée » au cinéma. En effet, Sous le soleil
de Satan était son 3e film avec lui, après À nos
amours (1983), puis Police (1985). Présent
dans la salle, Christian Ivaldi, pianiste et ami
de Dutilleux, ajoute qu’il est « clair qu’aucun
réalisateur français n’oserait faire un film
d’une telle qualité, aussi littéraire. Il y a un
coup de génie d’avoir choisi Depardieu pour
ce rôle, très physique et à la fois sensuel. Et
Bonnaire est extraordinaire. On voit qu’il a dû
extrêmement la faire travailler ».
François Le Roux revient sur Bernanos. Chez
lui, « la sainteté se révèle individuellement ; ce
n’est pas un don mais une épreuve. C’est
l’homme qui est responsable de son rapport
avec Dieu et non l’inverse. C’est âpre. La
musique de Dutilleux entre bien avec ça et
pourtant, que je sache, Dutilleux n’était pas
un grand croyant, il n’a pas écrit ne serait-ce
qu’un cantique, mais il y a la profondeur […]
La musique de Dutilleux convient extrêmement bien même si on est loin du mysticisme
de Bernanos. […] C’est Daniel Toscan du Plantier qui est allé voir Dutilleux avant que Pialat
et lui ne se rencontrent. Il y a eu de très
bonnes relations entre eux. Pialat s’est montré
affable et très gentil. Dutilleux lui avait proposé d’adapter sa musique, Pialat l’a écoutée
mais il est resté sur son idée initiale » celle de
choisir la Symphonie n°1 (Intermezzo) de
Dutilleux, achevée en 1951.
En clôture de cette soirée passionnante, François Le Roux annonce que l’Académie Francis
Poulenc fêtera Baudelaire lors de l’édition
2017. « Avec les Studio, nous projetterons un
film du patrimoine de Jean Cocteau ». Rendezvous est pris !
RS
L’ÉCONOMIE DU COUPLE,
de Joachim Lafosse
Observation minutieuse
d’une cellule familiale lors
de la désintégration du
couple. Marie et Boris s’affrontent sur fond de
divorce et de partage des
biens et des enfants. La
raison de la séparation est pratiquement
occultée, la question financière est au
cœur du débat. Tout se passe dans la
maison ou sur la terrasse comme sur une
scène de théâtre. […] Je regrette juste le
côté un peu cliché de la «lutte des classes»
au sein du couple : Marie universitaire,
milieu bourgeois, qui dirige la vie de chacun avec des règles strictes mais avec efficacité et Boris, qui se dit architecte (Marie
ne semble pas être de cet avis), d’un
milieu plus simple avec des fréquentations ou des activités douteuses. CP
ULTIMO TANGO,
de German Kral
Une femme et une artiste
hors du commun qui
raconte sans fard à 80 ans
son amour-haine pour son
partenaire de danse, sa
passion pour le tango, sa
vie sacrifiée mais jamais
reniée. Son partenaire de danse, même
s’il fut un grand parmi les grands du
tango, paraît bien falot à côté, bien macho
aussi ! La partie documentaire est illuminée par la personnalité de cette femme et
des images d’archives qui semblent un
peu rapetissées et avec une bande-son
trop contemporaine mais qu’importe !
Maria Nieves est là, elle occupe l’écran et
elle parle de son enfance, de son amour,
du tango, de l’art et de sa vie d’une
manière terriblement juste et vraie. […]
Et ponctuant les deux, documentaire et
fiction, il y a cette vision de l’Avenida Corrientes à Buenos Aires, la ville du tango,
qui danse comme un ballet de paillettes !
[…] CF
[…] on passe un peu à côté des évolutions
qui ont marqué l’histoire du tango même
si on en parle tout le temps […] HR
L’OLIVIER,
de Icíar Bollaín
Beaucoup d’émotion(s)
dans ce film dont le propos
est double : la notion de
transmission et l’opposition nord-sud. C’est une
belle parabole avec un
parallèle entre la situation
économique de l’Espagne actuelle et celle
d’une ferme familiale composée d’une oliveraie et d’un élevage de poulets en batterie. Beaucoup de dualités et d’oppositions dans cette histoire, un peu comme
chez Ken Loach dont le scénariste a travaillé sur ce film. Il y a le choc des générations, la réussite de l’Allemagne face
aux difficultés de l’économie espagnole,
la très belle oliveraie de la ferme et son
élevage industriel… Malgré le simplisme
apparent du film, il y a une bonne dose
d’humour avec des scènes vraiment
cocasses et on assiste à une très belle histoire d’amour impossible, de racines
(celles de l’olivier et celles des hommes),
de transmission entre le grand-père et sa
petite-fille… […] JC
Rubrique réalisée par RS
Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –
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