La baie de Monastir, concertation ETAT
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La baie de Monastir, concertation ETAT-ONG ?? Elaboré par : Helmi El KHOJA – Association Tunisienne des Etudes et Recherches sur les Cétacés Houtiyat Septembre 2014 Sommaire Introduction générale................................................................................................................................ 3 I Description du site : ............................................................................................................................... 4 1 Localisation : ..................................................................................................................................... 4 2 Morphologie des côtes : .................................................................................................................... 4 3 Bathymétrie : ..................................................................................................................................... 4 II Rejets anthropiques et naturels de la région Khniss Sayada: ........................................................... 5 III-Quelques résultats d’études scientifiques qui traitent le sujet de la pollution de la Baie de Monastir : .................................................................................................................................................................. 7 IV- Concertation :..................................................................................................................................... 7 1) L’historique ............................................................................................................................... 7 2) Communiqué du 4 Août 2014 ................................................................................................... 8 3) La catastrophe écologique de septembre 2014 ........................................................................ 11 V-Stratégie pour une réelle concertation :.............................................................................................. 12 1-Création d’un réseau d’associations : Consortium Civil pour la protection de la Baie de Monastir : « Ma Baie » ........................................................................................................................................ 12 1-1-Cadre juridique : ...................................................................................................................... 12 1-2 : Pourquoi un réseau d’associations ? ...................................................................................... 13 Bibliographie .......................................................................................................................................... 14 INTRODUCTION GENERALE Considéré comme l’élément prépondérant de la biosphère, le milieu marin a toujours servi et sert encore de réceptacle des eaux usées provenant des agglomérations urbaines et des industries installées près des côtes. Cette évacuation non coûteuse des déchets pourrait engendrer à long terme une dégradation des écosystèmes marins en menaçant la biodiversité par la destruction de certains herbiers ayant un rôle biologique très important et la baisse des ressources halieutiques. En Tunisie, une prise de conscience des dangers de la pollution sur les milieux naturels a favorisé la mise au point de plusieurs institutions pour gérer les risques encourus. Malgré les efforts fournis, certaines zones des côtes tunisiennes restent menacées par l’action anthropique et l’introduction de substances exogènes ayant un effet négatif sur l’équilibre écologique du milieu naturel et menaçant sa diversité. Parmi ces zones, la baie de Monastir qui est située en face d’une zone qui connaît une urbanisation accrue avec le développement économique du secteur industriel. Elle est soumise à une évolution permanente induite par des facteurs naturels d’une part et par l’influence des activités anthropiques d’autre part. La dégradation de la frange littorale (lagune de Monastir, Khnis, Ksibet Mediouni, Lamta et Sayada) serait principalement en relation avec les fortes accumulations de Matière Organique (MO) dans un milieu à faible hydrodynamisme et le résultat de phénomènes naturels et anthropiques. Siège d'une urbanisation accrue, d'aménagements côtiers d’envergure et d'une activité de pêche importante (à savoir la présence de 4 ports de pêche : les ports de pêche de Monastir, de Ksibet El Mediouni, de Sayada, et de Téboulba, ce qui témoigne de la richesse des ressources aquatiques au niveau de cette zone ), la baie de Monastir, voit son équilibre écologique de plus en plus fragilisé (El Asmi-Djellouli Z.et al., 2000). En effet, la zone se caractérise par un développement économique industriel (principalement du secteur des textiles qui est favorisé par l’implantation des zones industrielles de Ksar Hellal et de Monastir qui connaissent une extension géographique importante depuis les années 1950) couplé à un accroissement urbain. C’est dans ce cadre en perpétuelle évolution que nous avons choisi de présenter ce dossier pour balayer les menaces directes causées par l’implantation de deux Station d’Epuration (STEP) qui sont pointées du doigt lors de chaque cataclysme environnemental. Par ailleurs, c’est dans un esprit de concertation que nous exposerons les mécanismes de consultation auquel des Organisations de la Société Civile (OSCs) ont participé depuis 2012. Toutefois, nous révèlerons ici les différents qui confrontent l’Etat aux OSCs et vis-versa. Le but principal de ce document est de bâtir le fondement d’une stratégie commune entre OSCs I Description du site : 1 Localisation : La baie de Monastir appartient à la partie centrale de la côte Est du littoral tunisien, elle est située entre les latitudes 35°47’N et 35°37’N et entre les longitudes 10°45’E et 11°50’E. Elle est fermée au Nord par un escarpement rocheux de structure plissée, d’une altitude ne dépassant pas 17 m dit Cap Monastir, et fermée au Sud par le haut fond de Téboulba qui se prolonge jusqu’aux îles Kuriat (Figure.1). Le site est centré de « Wed Essouk », bordé en zone côtière par les villes de Lamta et de Sayada au sud-est et la ville de Ksibet Mediouni au nord-ouest. 2 Morphologie des côtes : Le site se caractérise par une déclivité bathymétrique au niveau de sa direction Nord-est (l’isobathe -1m est située à une distance de 1 mille du rivage). Cette particularité est à l’origine de la formation d’un platier étendu. La morphologie sous-marine des petits fonds du site est marquée, en général, par de petites pentes qui reflètent la topographie de l'arrière pays. Les fonds les plus proche de la côte sont généralement sablo-vaseux à vaseux et sont en grande partie recouverts d’une pellicule vaseuse noire, très souvent putride. (APAL, 1999, 2000) 3 Bathymétrie : La carte bathymétrique (Figure.2) montre au niveau la baie de Monastir l’existence d’un haut fond dans sa partie sud-est : le Haut fond de Téboulba, qui se prolonge vers les Iles Kuriat. Ceci se traduit par une déclivité bathymétrique de la baie de Monastir au niveau de sa direction nord-est. Figure 1 : Situation géographique de la baie de Monastir 0 3K Îles Kuriat m Ksibet Mediouni Wed Essouk Lamta Sayada de nd o f a ut lb Ha bou Te -1 -2 -3 -4 -5 -6 -7 -8 -9 -10 -11 -12 -13 -14 -15 -16 -17 -18 -19 -20 profondeur Figure 2 : Numérisation de la Carte bathymétrique de la baie de Monastir (extraite de la Carte marine N°3981/Med. Sea/ Ras Engela to Mahdia) II Rejets anthropiques et naturels de la région Khniss Sayada: L’ampleur des rejets industriels ou urbains sur un écosystème marin est en fonction de l’interaction complexe de nombreuses variables anthropiques et naturelles. En premier lieu, la nature chimique même du rejet est déterminante des réactions avec le milieu récepteur et de sa dégradation possible ou non. L’importance économique des agglomérations qui se trouvent sur la côte de la baie de Monastir est due aux nombreuses usines qui y sont implantées à savoir celles des zones industrielles principalement destinées à l’industrie textile. Ces zones peuvent présenter un risque de pollution lié à des rejets industriels qui peuvent être à l’origine d’apports de matières anthropiques donc une éventuelle incidence sur le milieu naturel. Les rejets anthropiques et naturels qui se déversent sur la côte depuis la ville de Sayada jusqu’au drain de Khniss sont reportés sur la carte de localisation des rejets sur la côte de la frange littorale Khniss- Sayada (Figure : 9) (Tableau : 1). A ces rejets s’ajoutent deux rejets majeurs, celui de la STEP de Sayada-Lamta et celui de la STEP Frina qui sont tous deux sous forme d’émissaires dans la mer à une profondeur très réduite. Iles Kuriat Mo na s tir 35.8 N 35.75 N 14 Khniss 13 12 35.7 N 1110 9 Ksibet Mediouni 7 8 6 4 32 1 Lamta 5 Sayada 35.65 N : rejets 0 10.75 E 10.8 E 3 Km 10.85 E 10.9 E 10.95 E 11 E 11.05 E Figure 3 : Carte de localisation des rejets sur la côte de la frange littorale Khniss- Sayada Longdec Latdec 10,906 35,670 10,901 10,896 35,671 35,673 10,891 35,673 10,891 35,674 10,885 10,870 35,676 35,683 10,848 35,690 10,848 35,690 10,846 35,692 10,842 35,693 10,822 35,711 10,820 35,713 10,817 35,721 N° 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 Nom sidi Abd Esslam Beyech1 Beyech2 port de pêche Sayada station de pompage Lamta 1 Oued Essouk Station d’épuration rejet de la station de pompage Ksibet Eau fluviale Oued Ksibet station de pompage Khniss Eau fluviale Drain de Khniss Tableau 1: Liste des rejets le long de la côte Khnis-Sayada III-Quelques résultats d’études scientifiques qui traitent le sujet de la pollution de la Baie de Monastir : Les résultats obtenus au terme de toutes les études sur le sujet de la pollution de la frange littorale Khnis-Sayada ont permit de conclure que l’impact des rejets anthropiques (ONAS et autres rejets) se fait ressentir essentiellement au niveau des zones côtières. Les zones qui sont plus au large présentent une stabilité très fragile mais avec des perturbations moins prononcées. (APAL, 1999, 2000 ; Sassi R. et al., 1998 ; El Asmi-Djellouli Z.et al., 2000 ; Kallala N., 2004 ; El Khoja H., 2006 ; Chouba L. et al., 2006 ; Zamouri N. et al., 2006, El Khoja H. et al., 2008 ; El Khoja H., 2009 ) En effet, c’est à l’embouchure de Oued Essouk, à la berge de la ville de Ksibet Mediouni et à l’embouchure du drain d’eau pluviale de Sidi Abdesslam à Sayada que les valeurs maximales des concentrations en métaux lourds du sédiment superficiel et des teneurs de l’eau en éléments nutritifs sous forme dissoute et organique sont enregistrés. Ces résultats peuvent êtres dues aux rejets urbains ou industriels qui se déversent en ces lieux, principalement, les stations d’épuration et de pompage de l’ONAS, qui traitent les eaux usées des villes avoisinantes. Mais aussi il est important de signaler l’existence de teneurs élevées de charges azotées au niveau du drain de Sidi Abdesslam à Sayada alors qu’il n’est conçu que pour les eaux pluviales ! IV- Concertation : 1) L’historique Une croissance économique et un urbanisme considérables dans le gouvernorat de Monastir sur sa frange littorale a suscité l’implantation de deux STEP dont celle de Sayada-Lamta en 1993 d’une capacité de 1600m3/j . Toutefois, au fil des temps, ces STEP devenaient pointées du doigt à chaque moment de fébrilité écologique apparente. Ce fait est mit en exergue en 2006 quand le premier grand désastre écologique à ressorti dans la rue les habitants de la ville de Ksibet Mediouni, soutenus par d’autre des villes avoisinantes, pour manifester leur colère contre l’indifférence de l’état. On y voyait des universitaires venant à la rescousse d’un régime autoritaire expliquant le désastre par des interprétations qui oscillaient entre « des causes naturelles » et « ce n’est pas un cas isolé du monde ! » Pourtant, les conséquences du déversement massif des eaux polluées sont indéniables pour la première fois en 2006 avec une quantité importante de poissons morts et la formation d’une mare de boue d’une hauteur d’un mètre dans le port de Ksibet El Médiouni. Pendant plusieurs jours au cours des mois de mai et juin 2006, les mauvaises odeurs dégagées par l’hydrogène sulfuré provenant de la mer placent les habitants face à ce terrible phénomène qui provoque insuffisance respiratoire et violentes migraines. (FTDES, 2013) 2011, les langues se sont dénouées et des cataclysmes sociaux font secouer les autorités qui appelaient enfin à la concertation sous forme de consultation publique. Ce n’est que le 8 septembre 2012 que des OSCs et AP se sont mit à table pour sauver ce qui peut être sauvé pour la baie de Monastir. Lors de cette consultation publique, les APs ont présenté 3 scénario possible d’assainissement mais c’est un NON catégorique qui a surgit du côté des OSCs qui présentaient et/ou appuyaient d’autre scénario. 2 ans plus tard, le 24 juillet 2014, l’ONAS présente le projet de détournement des eaux usées, un projet qui ne tient ni en compte les concertations faites en 2012 ni les appels de la société civile à ne déverser aucune goutte d’eaux usées dans la baie. Mais bien au contraire c’est les eaux industrielles du pôle technologique de Monastir et la zones industrielle de Monastir qui vont être amené par un émissaire à 10 m de profondeur ! 2) Communiqué du 4 Août 2014 Les OSCs réagissent alors en signant un communiqué explicatif et rappellent qu’elles ne faisaient pas la « gueulante » en 2012 mais qu’elles se dressaient derrière un projet intermédiaire présenté par le FTDES. 3) La catastrophe écologique de septembre 2014 2 mois après ce communiqué, la nature a apparemment voulu consolider cette prise de position en jouant des tour à tout le monde et un désastre écologique survient le 11, 12, 13 et 14 septembre suite à de grandes averses qui drainaient dieu seul sait quel genre d’eaux usées industrielles soient elles ou autre(s). http://www.youtube.com/watch?v=8T9_DwvUVo0 V-Stratégie pour une réelle concertation : 1-Création d’un réseau d’associations : Consortium Civil pour la protection de la » Baie de Monastir : « Ma Baie 1-1-Cadre juridique : Le Décret-loi n° 2011-88 du 24 septembre 2011, portant sur l’organisation des associations nous définit le cadre juridique de la création d’un réseau d’association. *vu la faute introduite dans l’article 28 du dit décret dans sa version française (parue au JORT ) et pour plus de compréhension de la stratégie que nous proposons, nous évoquerons ici les articles qui nous concernent dans leur version arabe. « الباب الرابع – شبكة الجمعيات الفصل – 62ألي جمعيتين أو أكثر تأسيس شبكة جمعيات. الفصل – 62يرسل من يمثل الشبكة إلى الكاتب العام للحكومة مكتوبا مضمون الوصول مع اإلعالم بالبلوغ يتضمّن: )1بيان التأسيس. )2النظام األساسي للشبكة. )3نسخة من اإلعالن بتكوين الجمعيات المؤسسة للشبكة. يتثبت عدل منفذ عند إرسال المكتوب أنه يتضمّن البيانات المنصوص عليها أعاله ويحرّر محضرا في نظيرين يسلمهما لممثل الشبكة. الفصل – 62 أوال – عند تسلم بطاقة اإلعالم بالبلوغ يتولّى من يمثل شبكة الجمعيات في أجل ال يتجاوز سبعة ( )7أيام إيداع إعالن بالمطبعة الرسمية للجمهورية التونسية ينصّ على اسم الجمعية وموضوعها وهدفها ومقرّها مرفقا بنظير من الحجّ ة الرسمية المذكورة أعاله .وتنشر المطبعة الرسمية للجمهورية التونسية اإلعالن وجوبا في الرائد الرسمي في أجل خمسة عشر ( )11يوما انطالقا من يوم إيداعه. ثانيا – يعتبر عدم رجوع بطاقة اإلعالم بالبلوغ في اجل ثالثين ( )33يوما من إرسال المكتوب المشار إليه أعاله بلوغا. الفصل – 62تكتسب الشبكة شخصية معنوية مستقلة عن شخصية الجمعيات المكونة لها. الفصل – 03للشبكة أن تقبل عضوية فروع الجمعيات األجنبية. الفصل – 03تخضع الشبكة في ما عدى أحكام هذا الباب لنفس نظام الجمعيات الوطنية . » 1-2 : Pourquoi un réseau d’associations ? Bibliographie AGENCE DE PROTECTION ET AMÉNAGEMENT DU LITTORAL, 1999 - Etude de gestion des zones sensibles, la lagune de Khnis. « Rapport final de Phase 1 » : 53 pp. AGENCE DE PROTECTION ET AMÉNAGEMENT DU LITTORAL, 2000 - Etude de gestion des zones sensibles, la lagune de Khnis. « Rapport final de Phase 2» : 44 pp. CHOUBA L., EL KHOJA H., BEN ABDALLAH L., ZAMOURI N., TISSAOUI CH. & AKROUT F., 2006 : Evaluation de la contamination par les métaux de la baie de Monastir (Centre Est Tunisie). Bulletin de l’INSTM n° spécial (11). Actes des 8èmes Journées de l’ATSMer. HAMMAMET (Tunisie) 17-19 Décembre 2006. : 162-167 EL ASMI-DJELLOULI Z., DJELLOULI A.S. ET ABDELJAOUED S., 2000. Présentation des herbiers de posidonie de la baie de Monastir (Tunisie). Actes du premier Symposium Méditerranéen sur la végétation marine. : 132-135. EL KHOJA H., AFLI A., BEJAOUI N., 2008 : Benthic ecosystem of Monastir lagoon: Ecological state and potential threats. 18th national conference of the SSNT on Biology «Biology and environmental engineering ». Hammamet, Tunisia 6-7-8 and 9 November 2008. EL KHOJA H., 2006 : Etat de lieu de la macrofaune benthique de la région Lamta-Sayada (Baie de Monastir). Mémoire de Projet de fin d’étude, Univ. Monastir (Tunisie) : 42pp. EL KHOJA H., 2009 : Structure et fluctuation spatiotemporelle de la macrofaune benthique dans la lagune de Monastir. Mémoire de Mastère, Univ. Carthage (Tunisie) : 106pp. FORUM TUNISIEN POUR LES DROITS ECONOMIQUES ET SOCIAUX, 2013 : Le désastre écologique de la Baie de Monastir. « Rapport FTDES » : 22pp. KALLALA N., 2004. Contribution à l’étude de la flore macrobenthique de la lagune de Monastir.D.E.A. de la Faculté des sciences de Tunis, 10p. SASSI R., SOUISSI F., SOUSSI N., BOUKAABA M. et BELAYOUNI H., 1998- Géochimie de la matière organique pour l'analyse de la dégradation du littoral de Monastir-Ksibet el Mediouni (Tunisie orientale). - Earth and Planetary Science, 327 : 303-308. ZAMOURI N., EL KHOJA H., BEN ABDALLAH L., CHOUBA L., 2006: Etat de lieu de la macrofaune benthique de la région Ksibet Mediouni-Sayada Bulletin de l’INSTM n° spécial (11). Actes des 8èmes Journées de l’ATSMer. HAMMAMET (Tunisie) 17-19 Décembre 2006. : 49-54