A défaut de zone-system : applications du masque de luminance

A défaut de zone-system :
applications du masque de luminance
Charles Vassallo – Objectif Image Trégor
A défaut de zone-système
Augmenter le contraste en hautes et en basses lumières
Réglage tons foncés/tons clairs
Avec une incrustation
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Le masque de luminance d'une image est une version N&B de l'image elle-même, utilisée
comme masque pour moduler diverses actions. Cette page en présente deux applications.
1 — A défaut de zone système...
Le zone system est une technique (essentiellement utilisée en Noir et Blanc) qui consiste à
maîtriser le contraste du film au développement de manière à ce que la scène photographiée
sorte avec une dynamique suffisamment faible dans ses densités pour qu'on puisse la tirer
ensuite sur papier sans que les lumières ne soient brûlées, ni que les noirs ne soient bouchés.
En numérique, que ce soit en prise de vue directe ou en numérisation de diapositives, il arrive
souvent que les noirs soient bouchés si les hautes lumières sont correctement posées, ou
inversement, que les lumières soient surexposées si on a fait venir les noirs. L'idée est de faire
néammoins les deux prises de vue et de les recombiner, en prenant le meilleur des deux
images.
1.1 – Exercice : les données du problème
Exemple de diapo difficile à scanner, avec
les tubes d'éclairage en vue directe et qui
se réfléchissent avec vigueur sur la rampe
centrale. Ci-contre, on a bien la matière
du reflet métallique, mais les ombres sont
complètement bouchées.
Compléments sur Photoshop – masque de luminance
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Ici, j'ai essayé de me débrouiller avec le
seul scanner et sa correction par courbe,
avec une montée très raide dans les tons
sombres pour déboucher les ombres.
L'effet pervers est qu'on impose un
contraste trop faible dans les tons moyens :
c'est pisseux, les personnages ne se
détachent pas et on démolit le reflet
central.
Ici, numérisation pour les tons sombres
sans se préoccuper des tons clairs qui sont
donc très surexposés. On va essayer de
combiner cette image à la première.
1.2 – Les différentes étapes
1.
Ouvrir les deux images metro_noir.jpg et metro_clair.jpg. Mettre cette deuxième dans un
calque au-dessus de la
première (la claire en haut, la
sombre en fond d'image).
2.
Positionnez le calque du haut
au pixel près en passant en
mode différence
3.
Repassez en mode normal. L'idée générale est qu'on va utiliser les zones surexposées
comme une sélection à travers laquelle on verra l'image de fond, au moyen d'un masque
de fusion.
Pour obtenir cette sélection sur les tons clairs :
— passer dans la palette des couches
— cliquer sur le bouton de sélection
— et revenez sur la palette des calques.
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4.
En principe c'est toujours le
calque du haut qui est actif.
On va faire un masque de
fusion :
— au préalable, intervertir la
sélection (CTRL MAJ I)
— cliquer sur le bouton du
masque de fusion.
— Le plus gros du travail est fait !
5.
Toutefois l'image a l'air très molle. On va lui donner un peu de mordant en appliquant un
flou gaussien (rayon 5 à 6 pixels) sur le masque. Cliquez et recliquez CTRL Z pour bien
voir l'effet.
Cette irruption du flou pour faire du net a quelque chose de paradoxal. On verra dans notre
dernier chapitre qu'il en est toujours ainsi dans les procédures de renforcement des images
6.
On peut maintenant contrôler
le mélange des images en
appliquant un réglage par courbes (CTRL-M) sur le masque luimême. Essayez la courbe en S ci-contre et voyez le contraste qui
monte dans la vignette en même temps que l'image globale évolue.
Voilà, c'est terminé ! Enfin... ce qui est terminé est la fusion des deux
images. On aboutit évidemment à une image très douce, puisque toute l'opération revient à
diminuer le contraste global de l'image, en augmentant la dynamique des densités de la scène
sans toucher à la dynamique de votre écran. Mais il n'est pas interdit maintenant d'ajouter
des accents ici et là sur votre image pour lui donner un peu plus de punch. Ici, on peut au
moins éclaircir les habits au premier plan.
Cet exemple vient du scan d'une diapo. Si vous appliquez ce principe à la prise de vue de
paysage avec un APN, vous aurez tout intérêt à opérer sur pied. On peut travailler à la main,
mais l'étape de superposition deviendra très délicate (vous aurez immanquablement bougé
d'une image à l'autre et il faudra rattraper les écarts de perspective). Il faut bien sûr que rien
n'ait bougé dans l'image entre les deux prises de vue.
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1.3 – Extension à plus de deux poses
On peut multiplier les poses. Avec trois poses, on commencera par combiner les deux poses
les plus sombres, comme expliqué précédemment, puis on ajoutera la pose la plus claire dans
un nouveau calque en dessus des autres. Ce calque étant activé,
(1) bien le positionner au pixel près
(2) aller dans la palette des couches, activer le masque de luminances de ce calque et
intervertir la sélection
(3) retourner dans la palette des calques et ouvrir un masque de fusion
(4) flou gaussien (essayer le même que pour les deux claques précédents) et réglage par
courbes pour ajuster les densités dans le masque.
Etc… On peut ajouter autant de poses qu’on veut.
1.4 – Le menu Fusion HDR de Photoshop 9 (alias CS2)
La version CS2 propose un script pour automatiser ce mélange de poses, au menu
Fichier > Automatisation > Fusion HDR (avec HDR pour « High Dynamic Range » ). Si j’ai bien
compris, le programme utilise les données d’exposition des différentes poses (on peut en
mélanger autant qu’on veut) pour simuler ce que donnerait l’image dans un capteur de
dynamique infinie ; pour cela, on ne peut plus numériser les composantes RVB avec des
entiers et on est obligé d’utiliser des nombres décimaux en virgule flottante. Comme il faut 32
bits pour ce genre de nombre, on parle de mode 32-bit pour ce genre d’image.
Le processus est entièrement automatique. Autrement dit, les différentes poses doivent avoir
exactement le même nombre de pixels et elles doivent parfaitement se superposer les unes aux
autres. Le programme essaie d’extraire les données vitesse/diaphragme des données EXIF des
différents fichiers ; s’il n’y arrive pas, il les demande à l’utilisateur — ce sera le cas si vous
essayez avec nos deux images metro_noir.jpg et metro_clair.jpg (j’ai indiqué 3 diaphragmes
d’écart). A la sortie on obtient une image en 32-bit dont on ne peut rien faire directement.
On demande donc à passer en mode 8 ou 16 bits et là s’ouvre une nouvelle boîte de dialogue
demandant des directives pour la conversion. Avec « l’adaptation locale » et le choix d’une
courbe ad hoc, on arrive aux résultats suivants :
image juste convertie en 8-bits
et après désaturation des jaunes et des bleus
L’image juste convertie (à gauche ci-dessus) présente certaines colorations excessives, mais
qu’on rabat facilement au moyen d’un réglage teinte/saturation. Je n’ai pas l’expérience
suffisante pour comparer plus avant les mérites ou les handicaps de cette méthode « up-todate » par rapport à la méthode traditionnelle du masque de luminance.
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2 — Augmentation du contraste à la fois
dans les hautes et les basses lumières
Cette deuxième application du masque de luminances est une adaptation d'un tutorial de
Darren Bernaerdt. (http://www.dbphoto.net/techniques/luminancemask/page2.htm)
Cette méthode est maintenant largement passée de mode puisqu’elle a été automatisée dans le
réglage tons sombres/tons clairs des versions 8 ou 9 de Photoshop. Ce réglage (que nous évoquons
plus loin) est considérablement plus commode d’emploi, mais il arrive qu’il ne donne pas
satisfaction, et il faut alors revenir à la méthode détaillée que nous allons expliquer.
Le problème
Certaines images manquent de pêche aussi bien dans
les hautes lumières que dans les basses lumières. Par
exemple, dans l'image ci-contre (due à Darren
Bernaerdt), le ciel manque un peu de profondeur, mais
surtout la coque du bateau est à la limite de la
surexposition, alors qu'on aimerait bien y voir les jeux
de lumière renvoyés par les ondulations de l'eau.
Du côté opposé des tons sombres, les arbres pourraient
être plus détaillés, et mieux laisser voir les personnages.
On pourrait penser à améliorer le contraste aussi bien
dans les ombres
au moyen d'un
réglage par courbe unique avec un
contraste fort à la fois dans les tons
sombres et les tons clairs, comme
indiqué ci-contre à gauche.
Indiscutablement, on améliore l'image
(ci-contre à droite, avec un petit coup
de pouce en plus pour réchauffer les couleurs), mais cette
méthode souffre auto-matiquement du plateau central
dans la courbe, qui indique que le contraste des tons
moyens est très fortement adouci, et cela d'autant plus
que la correction
aura été plus
vigoureuse dans les
tons sombres et les
tons clairs.
On peut faire nettement mieux en séparant les
corrections pour les tons clairs et pour les tons sombres.
La technique du masque de luminance permet de
n'appliquer ces corrections que là où on en a besoin. On
peut ainsi aboutir à une image nettement plus nerveuse
comme ici à gauche, avec davantage de lumière aussi
bien sur la coque du bateau que dans les arbres.
Compléments sur Photoshop – masque de luminance
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L'exercice
1.
2.
3.
Ouvrir le fichier boat-original.jpg.
Vérifier les niveaux (CTRL-L) et notamment régler les noirs à 0.
Dupliquer l'image et essayer d'appliquer (rapidement) un calque de réglage par courbes
comme indiqué ci-dessus. Cette image nous servira d'élément de comparaison à la fin de
l'exercice.
4. Revenir à l'image principale et mettez le masque de luminance dans une couche alpha.
Pour cela, passer dans la palette des couches et cliquez successivement sur l'icône de
sélection
, puis l'icône de mémorisation
.
Attention : si on a réglé les niveaux à l'étape (2) au moyen d'un calque de réglage, il faudra
veiller à activer l'image elle-même (le calque d'arrière-plan) avant de passer sur la palette
des couches.
5. Correction des hautes lumières
Cette correction se fait en 5 étapes :
(i) sélection (au moins approximative) des hautes lumières;
(ii) création d'un calque de réglage par courbes sur cette sélection ;
(iii) affinement de la sélection dans le masque de ce calque ;
(iv) flou gaussien dans ce masque (accentuation des détails) ;
(v) éventuellement, réajustement des réglages précédents.
Nous détaillons maintenant ces différentes étapes dans le cadre de l'exercice.
(i) Sélection initiale
Elle est déjà faite : c'est la sélection précédente, qui doit toujours être activée (sinon, la
ramener en faisant glisser la couche alpha vers l'icône de sélection). On va s'en servir
pour délimiter la zone d'action de la correction des tons clairs.
(ii) Création d'un calque de réglage par courbes
Revenir à la palette des calques et ouvrir un réglage par courbes
(qui va donc s'ouvrir sur la sélection précédente). Ajuster la courbe
comme indiqué à droite, pour obtenir un contraste élevé dans les
tons clairs ; il ne faut regarder que ce qui se passe dans ces tons
clairs. Cliquer OK.
Suggestion : rebaptisez ce calque en «correction tons clairs»
(iii) Affinement de la sélection
Pour le moment, le masque du réglage contient une copie de l'image elle-même (cidessous à gauche), et le réglage n'agit pas seulement sur les tons clairs, mais aussi sur les
tons moyens. Parallèlement, dans les tons clairs, l'action du réglage est légèrement
atténuée partout où ce masque est légèrement gris. Il vaut mieux partir d'un masque
comme ci-dessous au milieu ou à droite, plus blanc sur les tons clairs et très sombre ou
noir dans les tons moyens ou foncés.
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Cet effet s'obtient en activant le masque du calque de réglage (cliquer sur sa vignette) et
en ouvrant un réglage par courbes (CTRL-M) comme indiqué ci-dessus, au milieu ou à
droite. Ce réglage se fait à l'œil.
Les deux courbes ci-dessous donneront des résultats équivalents. Cependant, le réglage au
milieu implique des écrêtages brutaux et irréversibles, alors que la courbe plus douce à
droite permet (un peu) plus de retouche si on découvre plus tard qu'on est allé trop loin
dans les tons clairs.
(iv) Flou gaussien
Le masque du calque de réglage étant toujours activé, ouvrir un flou gaussien sur 3 à 4
pixels. L'effet se voit en direct, une accentuation des détails dans les tons clairs. Pas de
magie là-dedans, on devrait en comprendre les raisons quand on aura vu la page sur la
netteté.
(v) Réajustement des courbes
Maintenant qu'on a mis le masque à peu près au point, on peut avoir envie de réajuster
les courbes, pour changer le contraste ou introduire des dominantes.
Si on trouve au contraire que la couleur a varié trop fort, on peut changer le mode de
fusion du calque de réglage de Normal à Luminosité.
6.
Correction des basses lumières
Cette correction se fait avec les mêmes 4 ou 5 étapes.
(i) Sélection initiale
On repart de la sélection contenue dans le masque de luminance, mais comme on veut
agir sur les tons sombres, il faut en prendre le négatif. Donc :
— dans la palette des couches, activez le masque de luminance
— transformer ce masque en négatif (CTRL I)
— prendre la sélection correspondante (clic sur l'icône des sélections)
— réactiver l'affichage RVB
(ii) réglage par courbes
La sélection précédente étant toujours activée, repasser sur la
palette des calques et ouvrir un réglage par courbes comme cicontre à droite, c.à.d. une montée rapide dans les tons sombres.
On sera sans doute amené à déplacer le point d'arrêt de la courbe
pour retrouver de vrais noirs, mais ne pas perdre trop de temps : on
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reviendra sur cette courbe dans l'étape (v).
(iii-v) Etapes suivantes : affinement de la sélection, flou gaussien, réajustement
La suite se passe exactement comme pour la correction des hautes lumières.
Le réglage tons foncés/tons clairs de Photoshop CS
En fait toute cette gymnastique est rendue grandement inutile par le réglage
Image>Réglages>Tons foncés/tons clairs, qui fait quelque chose d'assez équivalent. Les tons clairs
et les tons foncés se règlent séparément, mais avec les mêmes réglages :
— Le facteur régle la force de l'effet (assombrissement des tons clairs ou éclaircissement
des tons foncés)
— La gamme de tons est la gamme des valeurs que l'on va modifier
— Le rayon correspond à un flou gaussien et provoque un effet de renforcement.
La comparaison des deux méthodes, en termes de qualités du résultat obtenu est difficile, tant
elle dépend de la bonne fortune de l'opérateur devant tous les réglages possibles. Par contre, on
peut dire
(i) le réglage tons foncés/tons clairs est complètement interactif, tant qu'on n'a pas refermé la
boîte de dialogue, et notamment la gamme de tons. A l'opposé, retoucher le masque de sélection
avec la méthode précédente (après le premier affinage) est beaucoup moins commode
(ii) D'un autre côté, il n'y a pas de calque de réglage tons foncés/tons clairs : les modifications
ainsi effectuées sont définitives. Si ça ne va pas, réflexion faite, il faut tout recommencer, alors
que les calques de réglage permettent un retour (partiel) sur les réglages.
(iii) On a davantage de contrôle sur les couleurs avec le masque de luminance. En principe. Si
vous essayez avec cet exercice vous verrez que ça ne va tout de même pas très loin...
(iv) Enfin, il faut évidemment avoir la version CS de Photoshop...
Il ne faut pas croire que les résultats étonnants obtenus avec ce réglage et sa facilité d'emploi en
fassent une panacée universelle. Notamment, un éclaircissement trop énergique des tons
sombres expose à des risques de postérisation et à une montée inévitable de bruit. Sur ces deux
plans, on obtiendra généralement de meilleurs résultats en combinant deux poses séparées.
Encore plus expéditif, une petite incrustation...
Essayez donc :
1. Repartez de l'image originale, et recopiez-la dans un nouveau calque
2. Passez ce calque en N&B (menu Image>réglages>désaturation, par exemple)
3. Passez en négatif (CTRL I)
4. Mettez ce calque en mode inscrustation. Miracle ! Enfin, pas tant que ça, nous l'avions
annoncé dans la page sur les modes de fusion : les tons sombres sont éclaircis et les
tons clairs assombris, juste ce que nous voulions.
5. Un petit flou gaussien (tout léger dans notre cas) provoque le renforcement attendu.
6. Reste à moduler l'effet. On peut agir avec des courbes pour modifier l'équilibre des
valeurs dans le calque N&B (charger contr_boat.acv dans le dialogue du réglage par
courbes), ou, si l’effet est trop fort, en dosant l'opacité du calque. Ne pas oublier que
le réglage par courbes doit être associé au calque N&B
La méthode est très simple, et le résultat pas ridicule du tout !
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