Bolivie : récit du trek et ascension du Huayna Potosi
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Bolivie : récit du trek et ascension du Huayna Potosi
Trek en Bolivie (Cordillère Royale) & Ascension du Huayna Potosi Organisme Nomade-Aventure 1 – 22 septembre 2001 Prologue Antibes Le trek est préparé plutôt tardivement. Il faut liquider les formalités (du genre « tiens, j’ai pas de passeport », bah… juste un détail !), faire tous les vaccins, acheter tout ce qui manque… Les préparatifs sont donc un peu hâtifs mais tout est prêt dans les temps, à part ce qui n’est pas prêt ! Je retrouve une paire de chaussettes (sales) dans mes pompes de montagne la veille du départ : bonjour le moisi ! Lessive express et désinfection des godasses… ça part bien. Le sac fait dans les 15 kilos, ça inclut les fringues, le matos photo, les trucs divers, les chaussures et duvet de montagne. Plus les chaussures de rando, et les baskets aux pieds. C’est fou ce qu’on peut avoir comme chaussures quand on pratique des activités à pied ! Bien, le sac est bouclé, dodo ! Samedi 1 Antibes > Nice > Madrid > Lima Réveil 4h du matin après une nuit très courte, un peu beaucoup bien naze ! Le taxi est à l’heure et le voyage peut commencer ! 1h30 pour Madrid. Le temps est très dégagé et la vue sur la côte superbe, notamment l’Esterel, autour de Marseille et des Calanques, et l’Espagne. A Madrid, pas mal d’attente, ce qui permet d’établir un comparatif de sieste dans les 3 terminaux de l’aéroport. On enchaîne avec 12 heures de vol pour Lima, avec 3 films ultra nuls pour occuper le temps (jamais vu des films aussi nuls !). On arrive, le décalage horaire commence : il est 6 heures de moins là-bas. Les autres membres du groupe (et d’un autre groupe Nomade) se sont tous retrouvés à Paris et se connaissent donc déjà. Pour ma part je les retrouve à la douane de Lima où on est tous bloqués pendant 2 heures parce qu’on ne nous a pas donné le bon papier de transit dans l’avion. Puis on récupère les bagages, non sans mal, y’en a d’ailleurs un qu’on ne retrouve pas ! Puis on nous récupère en mini-bus pour aller à l’hôtel. Tout le monde est un peu naze dans le bus. La ville est super polluée et c’est le royaume du klaxon ! Dans les rues : aucune règle, à part le chacun pour soi, et un usage permanent du klaxon… A l’hôtel, on se couche directos dans nos appartements (chambre + salle de bains + salon ! + cuisine !! + bar !!!, bref des suites à l’Américaine ! Faut dire que l’hôtel est un 5 étoiles). Dimanche 2 Lima > La Paz Petit déjeuner bien léger pour un 5 étoiles mais bon… on fait avec. On tue une petite heure en glandant en ville, qui n’a rien d’extraordinaire, à part qu’on n’y voit aucun vélo et que c’est très pollué. Et il fait bien frais, ça change d' Antibes. 11h30 : on file à l’aéroport, puis direction La Paz. Sur place c’est nuageux, voire bien crasseux mais potable, et on a une première vue sur la Cordillère depuis l’avion, très désertique autour mais de beaux sommets enneigés. En 1h30 on est passé de 0 à 4060 m (aéroport à El Alto). Ca se sent bien au moment où l’avion est dépréssurisé : le cœur bat la chamade ! Mais l’effet d' essoufflement ne dure pas bien longtemps. Globalement les efforts sont un peu pénibles mais restent faisables. Par contre le décalage horaire continue : on regagne 1 heure. La saison du moment ici correspond à la fin de l' hiver. On devrait donc avoir un temps sympa et surtout des températures correctes. Oscar Sainz de l' agence locale Colibri nous réceptionne. Transfert en bus à l' hôtel Eldorado à La Paz vers 3700 m. Sur le trajet, nous avons droit à un superbe coucher de soleil sur les montagnes, et notamment l’Illimani (6439 m) qui domine La Paz. La ville est hallucinante ! Tanquée dans une profonde vallée, des maisons partout ! La ville s’étend entre 3000 et 4000 mètres d’altitude ! 1 Les bus et taxis représentent 95% du parc automobile ! Et leur état de délabrement est à peu près aussi de 95%. Retrait d' argent à un distributeur, no problem à part que ça met 2 heures pour rendre la carte, largement de quoi stresser ! La monnaie locale est le Boliviano (1 Boliviano = 1 Franc environ = 1 / 6,55957 Euro environ aussi). Puis après avoir posé tout le bordel à l’hôtel, petit briefing pour les 2 groupes. Pas de surprise, tout s' annonce bien. Ensuite on se dégotte un petit resto pas loin de l' hôtel où on a vraiment l' impression qu' ils étaient en train de fermer, vu que c' était vide ! Les cuisines se remettent en route pour nous. Ils nous servent des plats individuels pour 6 pour des prix dans les 15 à 20 Bolivianos ! Impossible de finir, pourtant le poisson et le riz étaient excellents. Mais personnellement, les effets de l’altitude commencent à se faire sentir et l’estomac n’est pas vraiment au mieux de sa forme… Dodo à 23h, réveil à 2h du mat’ avec un mal de crâne terrible, et puis fini le sommeil pour le reste de la nuit… Lundi 3 La Paz > Copacabana 3810 m 4020 m 3810 m (+210 m / –210 m) 45 minutes Lever 6h45 en ayant donc mal dormi. Petit déj' . Puis notre guide nous accueille : c’est Alain Mesili, un alpiniste français émigré en Bolivie, qui a ouvert la majorité des voies dans la Cordillère Royale (au moins 200, et probablement les plus dures !), et également écrit des guides d' alpinisme sur la Cordillère. Notre groupe est désormais formé : Audrey & Marc, Frédéric, Catherine, Karine, Loïc, Benoît, Bruno, Edith et moi. Départ 8h pour l' agence Colibri. C’est pas loin mais on le savait pas, et on fait plein de tours en minibus… Essayage de chaussures de montagne pour presque tout le monde, et récupération des mousses et des tentes. Et c' est parti pour 158 km de mini-bus, direction Copacabana (3840 m) et le lac Titicaca (3810 m) pour quelques jours d' acclimatation à l' altitude. On passe sur l’Altiplano (qui représente 25% seulement de la Bolivie, le reste c’est presque tout l’Amazonie). Sur le trajet, on confirme que le pays est très pauvre. Les immeubles sont rarement terminés : un seul étage avec les fers qui dépassent ! Ca sent la magouille à la prime pour les promoteurs ! La pile de l’appareil photo n’a pas attendu le trek pour faire chier : game over ! Et les piles de rechange sont dans le sac qui est sur le toit du bus… ça commence… On passe en bacs le détroit de Tiquina (un bac pour nous et un autre pour le mini-bus) et on rejoint Copacabana. Installation à l' hôtel puis déjeuner puis glandouille en ville, visite, achats (chapeaux et boissons surtout, ça cogne…)… Les visites guidées de Intin Kha' la, de l' observatoire astronomique de l' Horca del Inca et de la basilique de la Vierge Brune de Copacabana sont supprimées. Visiblement, ça emmerde Alain, et en plus il faut qu' il s' occupe de retrouver et rapatrier le sac perdu à Lima. On remplace ça par un petit tour en pédalo sur le lac : bien crevant ! Le premier quart-d’heure aller, ça allait, par contre le retour… vraiment éprouvant ! Mais pas assez pour des grands sportifs comme nous : on fait donc un chemin de croix vers un promontoire (4020 m) en environ 30 minutes : bien crevant aussi ! Hélas les bonnes choses ont une fin… Repas à 19h (poisson et riz) puis dodo à 22h après avoir préparé le sac de rando. Comme d' hab' , réveil dans la nuit vers 2 ou 3h du mat' , bonjour Miss Aspirine ! Puis dans la nuit : pluie, puis orage, puis déluge ! Ca promet pour la première journée de marche… Heureusement ça s' arrête juste au lever. 2 Mardi 4 Copacabana > Yampupata > Ile du Soleil (Pilkokaina) 3810 m 3925 m 3810 m +390 m / –370 m 4 heures (8h45 – 12h45) 3935 m 3810 m 3830 m Lever, donc, à 7h. Encore un bon mal de crâne. Pas d' eau chaude dans l' hôtel… c' est une espèce de système avec un chauffage électrique en bout de pomme de douche avec les fils électriques apparents qui baignent dans la flotte… Finalement, il vaut mieux que ça ne marche pas ! Petit déj'à 8h. Et la pluie reprend juste avant qu' on démarre : super ! En plus j' ai pas de cape de pluie. Bah, on va tester le Gore Tex sous pluie intensive… Départ à 8h45 sous la pluie donc, et enfin à pied (on est quand-même là pour marcher !). Direction Yampupata à l' extrême nord de la péninsule. Le rythme est donné : rapide ! Mais on arrive à suivre. De toutes façons avec l’altitude, ça se ralentit bien vite !! A Yampupata, petit pique-nique avec les bientôt traditionnels « lunch-pack », pomme, barres au chocolat, bonbons, sandwich au fromage… Puis traversée en bateau (15 minutes) du détroit jusqu' à l' Ile du Soleil. Nous débarquons au pied du temple de Pilkokaina, enfin ce qu' il en reste car ce sont des ruines tout ce qu' il y a de plus ruiné ! Pour nous il y a quand-même quelques baraquements. Comme on trouve sur place une pièce vide avec plein de matelas, on décide à l’unanimité de ne pas monter les tentes ! A la place, petit tour rapide au village du coin et retour pour le goûter à 18h. Quelques courageux se baignent dans le lac Titicaca, pour ma part une moitié inférieure suffira ! Ma résistance au froid a ses limites. Puis superbe panorama sur la Cordillère dans les nuages au coucher du soleil ! Repas à 19h (poisson et riz) et dodo à 20h30 après avoir contemplé un lever de lune avec des couleurs dorées magnifiques sur la Cordillère. Ensuite le ciel est super dégagé et le nombre d' étoiles est vraiment énorme ! Ca fait bizarre de ne pas retrouver les configurations auxquelles on est habitué, pas de Grande Ourse… La nuit, nouvel orage et pluie sur l’île. Mercredi 5 Ile du Soleil 3830 m 3955 m 3810 m +535 m / –535 m 7 heures 20 (9h20 – 16h40) 4070 m 3830 m Le lever se fait à nouveau sous la pluie. Pour changer, un petit mal de crâne, comme tout le monde ! En fait depuis notre arrivée, tout le monde a la forme mais se pète son gramme d’aspirine tous les matins ! Petite toilette blitz dans le lac. Agla ! Aujourd’hui : jour de recensement en Bolivie (le dernier avait eu lieu il y a environ 40 ou 50 ans). Personne n' a le droit de circuler dans tout le pays (sauf les non-Boliviens). Le programme initial est donc modifié car il est impossible de faire transporter le matériel par bateau de l' autre côté de l' île comme prévu. On fera donc le tour de l' île dans la journée et on passera la nuit au même endroit. Départ sous la pluie : classique ! Par contre après 1 heure de marche, c’est le cagnard ! Notre guide ne fait jamais de pause. Nous passons à Challa, le jardin des Incas et la source sacrée, puis la roche sacrée et le « Labyrinthe » appelé ainsi en raison de sa construction compliquée en plusieurs enceintes symétriques. Après manger, petit bloc à 4000 pour voir… Et retour au camp de Pilkokaina, en passant par un col à 4070 m (premier record d’altitude à pied) où se dresse un méga cairn ! Arrivée au camp un peu crevé. Nouvelle toilette dans le lac : l’eau est bien plus froide qu’hier pour se baigner… sans moi ! Les nuages ont partiellement disparu sur la Cordillère, et c’est toujours aussi beau. Par contre on s' attend à un lever de lune comme la veille. Mais pour une raison qui nous échappe encore, rien ne se passe ! Pas de lune, pourtant on a attendu !!? Ah, au menu du soir, c’est poisson et riz… oui oui, ça fait bien 4 fois… 3 Jeudi 6 Ile du Soleil (Pilkokaina) > Ile de la Lune > Vichi > Sorata Vichi (3810 m) 4220 m Sorata (2677 m) Départ 8h pour l' Ile de la Lune en bateau (environ 1 heure). Même pas malade ! Tant mieux car j' avais pas mes médocs. Visite du temple des Vestales (Inak Uyu). Puis départ pour le port de Vichi toujours en bateau (encore 2 heures). Toujours pas malade ! La Cordillère s’est bien dégagée ce matin, et on en profite pendant toute la traversée. Première rencontre avec Florès (30 ans) et Noémie (22 ans), nos cuistots pour le trek, qui nous installent un repas sur une table improvisée en moins de 30 secondes : ça rigole pas ! Et à midi : du poulet et des légumes ! Fini le poisson ! Et miracle : le sac de Frédéric a enfin été récupéré (mais si… celui qui s’était paumé à Lima…). Puis 4 heures de route en mini-bus pour Sorata (2677 m) pour une petite récupération physique (on est désormais passé à des « routes » où on ne compte plus en distance mais en durée, if you see what I mean…). Au passage un petit col à 4220 m, peuplé de fermiers et de leurs troupeaux. Le mini-bus est chargé à mort ! Normal, on a tout le matos du trek. Mais la piste est plutôt pas trop pourrie donc ça va (z' avez vu, on ne parle même plus de route…). Ce trajet nous donne l' occasion de longer en partie la Cordillère Royale (qui possède, notons-le au passage, plus de 600 pics). 16h45 : nous préparons notre dernière nuit à l’hôtel, avec notamment une douche chaude (encore le système de chauffage « Electrocutor » avec les fils électriques… ça fait un méchant arc quand on allume le tout !) . La prochaine douche sera à La Paz… Tout le monde est bien cramé par le soleil de l’Ile du Soleil ! Si on fait un petit bilan provisoire, j’ai oublié : la cape de pluie, des gants en laine, un foulard, un chapeau et des crèmes diverses : Nivéa, Biafine… Comme on est vachement bas en altitude, on craque pour une petite mousse au bar du coin. D’ailleurs on sent bien qu’on n' est qu’à 2677 m, les efforts ne posent plus aucun problème. Seule inquiétude pour le trek qui démarre demain : le temps. La Cordillère s’est bien rebouchée dans la journée… Bah, on verra bien. En attendant, profitons de la dernière nuit chaude, au son des bastons de chiens dans la rue d’à-côté, et de la sonnette de la porte d’entrée de l’hôtel qui n’est autre qu’une sonnerie de réveil électronique bricolée ! Vendredi 7 Sorata > Ancoma Sorata (2677 m) 4700 m Ancoma (3840 m) Lever 8h. Fini l’acclimatation, nous entrons aujourd’hui dans le vif du sujet. Route en 4x4 pour Ancoma par des pistes de plus en plus pourries, pendant environ 4 à 5 heures. Les deux chauffeurs se tirent la bourre et le nôtre nous fait un travers sur un passage boueux, le con ! Edith est la seule à parler Espagnol et fait l' interprète dans le 4x4. Nous passons un col à 4700 m où il fait plutôt frais puis nous contournons le massif de l' IllampuAncohuma (6430 m) à l' extrême nord pour se retrouver au pied de la face nord-est de l' Illampu (6368 m). Installation du camp 1 à Ancoma : tentes 2 places pour nous, plus une tente cuisine et une tente mess avec tables et tabourets. L' équipe moi – Frédéric est constituée pour la tente. La brume nous a rejoint, accentuant la fraîcheur. Plein de gamins des alentours rôdent autour des tentes et n’arrêtent pas de nous demander des « caramelo » ou des « pencil ». Puis footade au bled du coin (Ancoma) sur un vrai terrain, avec un jeune du village et un petit vieux dans les buts qui fait que de se vautrer à chaque tir adverse ! France : 3 – Bolivie : 2. Incompréhension des cultures : des petites filles se font frapper par leur mère parce qu’on les a prises en photo ! Suite à toutes ces émotions, inauguration de la tente mess autour d’un bon thé et d’un bon repas (je sais plus trop mais il devait y avoir du riz…). L' éclairage se fait à la bougie dans la tente mess. C' est sympa bien que ça ne réchauffe pas vraiment… Pendant ce temps Edith est allé visiter les environs dans la direction opposée au reste du groupe. Perso eh ! Dodo 20h30, demain on attaque le trek, il fait 10° dans la tente. 4 Samedi 8 Ancoma > Cocooyo Ancoma (3840 m) Col de Korhuasini (4430 m) +675 m / –885 m 4 heures 45 (9h30 – 14h15) Cocooyo (3520 m) 3630 m Comme prévu : nuit fraîche. Réveil classique vers 2h du mat’, mais fini le mal de tronche ! Le ciel est super dégagé. Les gamins d’hier sont d’attaque dès l’aube avec leur « caramelo señor » ! Arrivée des mules (et muletiers). L’état des mules et le chargement sont contrôlés par notre guide. Les cuistots parlent espagnol mais les muletiers ne parlent souvent qu' Aymara. Départ du trek. Le rythme est plus lent que sur l’Ile du Soleil. Les « lunch-pack » ont maintenant des cahouettes de match ! Cool ! On mange peu avant Cocooyo, dans la vallée d' Eponime. Sur les sommets il y a vraiment très peu de neige sur les faces nord car l’air humide en provenance d’Amazonie fait tout fondre. Le camp 2 est installé dès l‘arrivée des mules et après une bonne sieste au soleil. De là, la brume persistante empêche toute visibilité sur la forêt Amazonienne, qui n' est pourtant qu' à 2 heures de marche. Dommage Du coup, soirée belote ! Edith va faire un petit tour dans le coin… Dimanche 9 Cocooyo > Chajolpaya 3630 m Col de Sarani (4485 m) +900 m / –450 m 5 heures 20 (9h15 – 14h35) Chajolpaya (4080 m) Départ de l’étape pas très bien. La digestion est difficile, pourtant les œufs du petit-déjeuner étaient excellents. Après 2 heures, je suis à plat. Impossible d’aligner 10 pas en montée. Nausée et mal de bide. J’arrive à me traîner jusqu’à la pause repas. Alain me file quelques feuilles de coca triées sur le volet, agrémentées de bicarbonate, le mélange produit plus qu’un effet euphorique un effet anesthésiant du type dentiste dans toute la moitié gauche de la mâchoire ! Mais bon, j’arrive à finir l’étape. Puis je comate pendant que le reste du groupe monte les tentes au camp 3, installé près de marécages très sympas. Entre temps, Benoît a lui aussi connu quelques difficultés pour arriver au camp. Donc chacun de notre côté, nous allons poser notre Raoul (pour ma part peu après avoir ingurgité un anti-vomitif). En ce qui me concerne, on ajoute un peu de diarrhée, puis on arrive à boire un petit thé chaud et on va se coucher tout habillé dans le duvet jusqu’au soir… Le thé est vomi à son tour un peu plus tard. On passe donc à un repas plus consistant, à savoir du riz. Et pour faire passer le tout, un petit trimaté de coca spécial ultra concentré préparé spécialement pour moi par Florès dans la tente cuisine, super sympa. Allez… dodo, ça ira mieux demain (faudra bien, on est à je sais pas combien de toute civilisation et le trek n’attendra pas !). Dans cette étape, le brouillard nous a masqué la vue sur le Chiarhoco (je sais pas ce que c' est mais c' était sur le programme !). Lundi 10 Chajolpaya > Negruni Chajolpaya (4080 m) 4875 m +815 m / –255 m 5 heures 45 (9h35 – 15h20) Negruni (4640 m) La nuit a été chaude mais j’ai peu dormi (ça c’est pas nouveau). J’ai à peu près récupéré, même si le petit déj’ reste léger. L’étape du jour est superbe mais bien costaud, surtout quand on est en convalescence. Je suis même rattrapé par les mules au déjeuner ! Ca la fout mal. Nous passons pour la première fois dans la neige au col, entre les glaciers du massif du Warawarani (5398 m) et du Chajowara (5506 m). Peu avant, l’altimètre a bippé au passage des 4807 mètres, et ce col 5 nous fait un nouveau petit record plus haut que le Mont-Blanc ! Et ceci reste vrai même s' il est passé à 4810 m depuis peu, si ! je l' ai entendu à la radio !). Le camp 4 est monté près du Rio Chiquini sous une petite averse de grêle. Il fait froid ! Mais nous sommes sous des glaciers magnifiques et ça vaut le coup de sortir de la tente mess pour le coucher du soleil. Soirée classique : belote, repas, dodo. Ici on change de transport : les mules repartiront demain matin très tôt en sens inverse et une nouvelle équipe de lamas les remplace. Mardi 11 Negruni > Amanguaya Negruni (4640 m) Palca (4000 m) –640 m 2 heures 20 (9h50 – 12h10) La nuit a été bonne pour une fois, bien que fraîche : on se réveille sous la neige. Les lamas sont paisiblement installés sous une petite épaisseur de poudreuse gelée ! Il a fait environ 0° dans la tente, –8° sous l’auvent et –15° dehors. La tente est recouverte de gel. Aujourd’hui : étape de repos. Que de la descente… et pendant pas longtemps ! Les muletiers sont partis vers 6h. C’est le moment de passer aux lamas : quelle merde ! C’est nul comme bestiole, ça porte maximum 15 kilos et c’est vraiment très con. Le chargement prend plus d’une heure… Il faut d’abord récupérer les lamas qui se sont barrés dans les montagnes, puis les regrouper. Pour cela tout le monde forme un cercle avec des cordes et on fout les lamas au milieu. Puis les têtes de tous les lamas sont attachées ensemble par un tour de corde afin de les immobiliser pour les charger. Pfouu… La descente est progressive vers Palca dans la vallée d' Amanguaya. Le camp 5 sera installé plus bas que prévu en raison du froid. C’est pas plus mal, surtout que la pluie fait son apparition avant l’arrivée des lamas. Quand ils arrivent enfin, c’est la bonne averse… Le montage des tentes est un peu panique car complètement sous la pluie ! Et comme le soleil ne reviendra pas ensuite, tout reste trempé jusqu' au lendemain : les gens, les tentes, les sacs, les affaires… cool. En plus, avec la pluie, l’odeur des lamas a bien imprégné les sacs. Génial. Y’a plus qu’à tout jeter au retour ! Vers 17h le temps se dégage (mais le soleil est derrière les montagnes). On en profite pour faire toilette complète et lessive. Les torrents du coin sont toujours glacés mais on sait que ce sera la journée la plus chaude avant La Paz car ensuite on monte en altitude ! Au passage, c' est la galère pour brûler du PQ entre l' humidité et le manque d' oxygène… Alain nous informe qu’il a entendu à sa radio que des attentats avaient été commis aux USA. Ce qu’il nous raconte n’est pas très clair et souvent contradictoire, mais ça sera confirmé dans les jours qui vont suivre. Demain grosse étape, on se couche donc à 8h pour récupérer un peu, et sécher (tout ce qui peut être mis dans les duvets y est mis !). Mercredi 12 Amanguaya > Huarihuarini Palca (4000 m) Col d'Hankolacaya (4760 m) +775 m / –405 m 4 heures 45 (8h55 – 13h40) Huarihuarini (4370 m) Cette nuit, encore 0° dans la tente mais globalement nettement moins froid à l' extérieur que les nuits précédentes. Les tentes sont toujours mouillées et comme le soleil n’est pas franchement levé, on plie tout mouillé et puis basta. Départ 8h30 pour une grosse montée jusqu’au col, bien crevant. Petite bouffe vers 13h. Les cuistots préparent de la Jelly, qui ne fait pas franchement l’unanimité. Puis en 5 minutes, un brouillard de folie se crée et nous englobe. On rejoint le chemin pré-incaïque montant de la vallée d' Amanguaya et on descend dans la crasse, humide et bien glacée (6°). Les cheveux sont immédiatement trempés ! Puis on se paume dans un labyrinthe marécageux avant de trouver notre destination : les lagunes de Huarihuarini. Quand on arrive, il y a enfin du soleil, du coup on glande en attendant les lamas. Ils sont là à 14h30 et le camp 6 est alors dressé. 6 On peut encore une fois constater que les sacs sont traités n’importe comment par les lamaiers. D’ailleurs ils sont bizarres (les lamaiers, pas les sacs). Il y a un petit jeune, toujours avec une grosse cagoule de zyva, qui a un regard de truand. Du reste, la veille il n’arrêtait pas de venir nous piquer des biscuits pendant le thé ! 16h : une première grosse nappe de brouillard vient de passer. On attend le thé dans les tentes car dehors c’est super humide. Il faut vraiment être courageux pour aller faire sa toilette. Moi je ne suis pas courageux. Pendant tout le reste de la soirée, d’épaisses nappes de brouillard continuent de traverser la vallée, et à chaque fois on se pèle velu ! Il nous reste 4 jours de trek. Chacun commence à songer à l’ascension qui va suivre (le Huayna Potosi)… En attendant, on reste sur des valeurs sures : thé, belote et repas ! Jeudi 13 Huarihuarini > Hankokhota Huarihuarini (4370 m) Col d'Hankokhota (4950 m) +640 m / –535 m 5 heures 30 (9h30 – 15h00) Lac de Khotia (4475 m) Une bonne nuit et on se réveille dans la brume (pour changer). Bizarrement ce sont les nuits les plus froides qui sont les meilleures. Dehors tout a gelé, et avec les nappes de brume c’est assez surréaliste. Au petit déj’ le cuistot nous a fait des beignets : super bon !! Aujourd’hui nous traversons la Cordillère et changeons de versant. Normalement le temps devrait radicalement changer. Pour atteindre le col, on se tire la bourre (c’est un peu pour tester nos limites). Le palpitant est mis à rude épreuve jusqu’au col (nouveau record d’altitude au passage… on se rapproche des 5000 mètres) ! Au col on trouve des flacons d’alcool potable à 96° ! La tradition veut qu’on verse un peu d’alcool sur les cairns et qu’on fasse un vœu. C' est fait ! La suite de l’étape est longue et magnifique avec pas mal de variétés de rochers, de prairies et des lacs aux couleurs typiques de Bolivie ! Au passage, ravitaillement par jeep pour le reste du trek : poulet mayo frais et coca à midi ! Le camp 7 est installé près du lac de Khotia, sous un grand soleil. On sent bien le flux de l’autre côté de la Cordillère, fini le brouillard ! Ouais enfin… le soleil dure en fait jusqu’à ce qu’on ait les sacs avec les affaires de toilettes (un peu lents les lamas aujourd’hui !). Du coup la toilette se fait à l’ombre. Dur ! On liquide petit à petit les stocks de cahouettes… Le camp est entouré de rochers et une petite séance de bloc s' impose ! Par contre le rocher (ardoise) est franchement pourri, mais on n' a pas tous les jours l' occasion de faire du bloc à 4500 m ! Puis le vent se lève et glace tout. Direction la tente mess… ça délire toujours autant sur la bouffe depuis le départ du trek : on rêve de bons steaks saignants grillés et non bouillis comme ici, d’îles flottantes et de gâteaux au chocolat ! Le ravitaillement n’y a rien changé ! Les deux tours du World Trade Center se sont écroulées. Demain une petite étape est annoncée… Vendredi 14 Hankokhota > Ajuani Lac de Khotia (4475 m) 4725 m +485 m / –310 m 4 heures 15 (10h15 – 14h30) 4420 m Ajuani (4650 m) Il a fait pas mal froid cette nuit, et même neigé sur les sommets des alentours (vers 5000 m environ). A 6h30 il grêle sur le camp, puis il pleut ! Bonne nouvelle : on change de lamas ce matin ! On abandonne l’équipe strange précédente et on récupère des lamas de compétition bi-turbo. Mais le chargement est bien chiant car cette équipe de lamaiers n’attache pas les têtes des lamas. Il faut donc maintenir le cercle pendant plus d’une heure. Pour nous c’est un départ tranquille en pente douce… mais bien vite l’étape se révèle plus costaud que prévu ! Nous contournons le massif de Chpaca où on aperçoit des mines d' or abandonnées. Redescente par des pentes super raides sans trace… le tout toujours en plein vent et sous de gros nuages noirs. 7 On finit par rejoindre Ajuani et on plante le camp 8 près d' une lagune vers 15h. Pour la première fois du trek on a une fin de journée superbe, même que la tente mess reste sans toit (à cause du vent), se transformant ainsi en solarium ! Edith se fait une petite extension de trek sur les collines des environs. Décidément, elle a la santé ! Pour le reste ça glande, on continue la liquidation des stocks de cahouettes, rédaction des notes, petite lessive… Puis au moment du repas, les choses sont mises au clair entre Alain et nous en ce qui concerne l’ascension du Huayna Potosi : c’est pas si trivial que ça et dans le groupe, on ne sait pas descendre ! La première partie est facile, puis la deuxième est moyenne, et la fin est dure et aérienne… Bref, c’est pas gagné… De plus, il n' y a pas assez de guides et tout le monde ne montera pas au sommet. Par contre Florès et Noémie viendront avec nous jusqu’au camp d’altitude. Coucher à 20h30, le vent est tombé. Samedi 15 Ajuani > Jurikhota Ajuani (4650 m) Col Janchallani (4910 m) Jurikhota (4745 m) +555 m / –460 m 4 heures 25 (10h00 – 14h25) Lac Sistaña (4695 m) Col Jurikhota (4990 m) Lac –2° sous l’auvent cette nuit. Un jeune lama vient gratter aux tentes pour nous réveiller ! Il fait à peu près beau. Léger vent qui forcit peu à peu. La guerre est déclarée par les USA à l’Afghanistan. Crash boursier… On suit toujours les infos grâce à la radio d’Alain. L’étape du jour est courte mais raide, et très désertique : presque que de la caillasse. On passe 2 cols presque à 5000 m (et nouveau record d’altitude !). Du col Jurikhota, la vue sur le Huayna Potosi est superbe. Sur la fin de l’étape, descente à fond les bananes dans un éboulis d’ardoise ! Au compteur : environ 70 m/minute ! De quoi se rétamer la gueule mieux qu' au ski ! Et on plante le camp 9 au bord du lac Jurikhota. Edith pour sa part va faire presque le tour du lac… Avec Fred (mon colocataire de tente), on repère un coin sympa et plat pour la tente, on monte la tente et on plante les sardines. Manque de bol, le sol est dur comme c' est pas permis et il est impossible de planter quoi que ce soit ! On part donc chercher un autre emplacement. Pendant ce temps, profitant d' une rafale de vent, la tente décide d' aller se baigner dans le lac ! Méchant sprint pour la rattraper, juste à temps… Suite à ça, une petite récupération de 10 minutes au moins a été nécessaire ! La soirée est fraîche. On commence à être haut, mine de rien ! Benoît, Marc et Audrey se baignent : ils sont fous ! L' eau doit être à 2 ou 3° maximum ! Dimanche 16 Jurikhota > Condoriri Lac Jurikhota (4745 m) Col Apacheta (5025 m) +395 m / –555 m 3 heures 50 (9h55 – 13h45) Condoriri (4585 m) Une nuit correcte. Il fait dans les –10° au réveil. Aujourd’hui étape technique avec passage d’escalade annoncé. On rejoint un lac gelé au pied d' un glacier. On en profite pour grignoter un peu et faire les cons : tenter de crever la couche de glace par exemple, ou faire des ricochets… Mais bon, la glace fait presque 2 cm au bord, alors pour ce qui est de faire des trous… Benoît qui était un peu à la traîne tente de nous retrouver en escaladant des ressauts pas mal raides. Nous, on ne bronche pas, pensant qu' il monte pour faire des photos et vidéos. Mais au bout d' un moment, il est clair qu' il est paumé et qu' il nous cherche. On l' appelle et il nous rejoint non sans mal. Suite à cet incident où Alain n' a pas bronché, on enchaîne avec le passage de grimpe (du 4+ sur environ 15 mètres). Tout le monde s' en sort plus ou moins à l' aise, Edith bénéficie d' une sangle d' assurage. Pour ma part ça va ! C' est ma première escalade à presque 5000 mètres ! 8 Alain est maintenant franchement déconsidéré car il n' assure pas vraiment la sécurité, en plus d' imposer un rythme « Formule 1 ». On rejoint le plus haut col du trek à 5025 mètres, avec une superbe vue sur la face nord du Huayna Potosi. A nouveau de la neige. On redescend ensuite vers la lagune de Condoriri. Florès fait de la luge sur un sac plastique ! La lagune est au pied de magnifiques sommets. De plus c' est à peine à 1 heure de marche de la route la plus proche qui vient de La Paz. Du coup, c' est le point de la cordillère le plus fréquenté par les touristes. On y trouve des chiottes aménagés, un point d' eau (qui gèle bien la nuit, créant ainsi une grande patinoire super casse-gueule !) et un bâtiment en cours de construction. On arrive au camp 10 assez tôt : 14h, montage des tentes rapide, puis on attend avec impatience le déjeuner : sandwichs au fromage fondu ! Miam ! On est à 4600 m et il fait assez frais. Le temps est gris depuis ce matin. La bouffe se prolonge par des discussions diverses car personne ne veut aller dehors, il commence à bien peler. Seule Edith est allée faire sa rallonge comme d' hab'! Le sujet principal reste une certaine inquiétude sur l' ascension qui nous attend : qui va être éliminé ? Va t-on y arriver ? Comment ça va se passer ? Du coup, on traîne et on enchaîne directement sur le thé à 17h. Puis ça continue de papoter, la seule sortie de la tente mess est réservée pour aller chercher un pull et la frontale ! Le temps est toujours froid, et le repas se fait attendre… les bougies aussi, bien plus que la normale. Quelque chose se trame, mais quoi ? On entend des bruits dans la tente cuisine… Ca pèle ! Finalement Alain arrive avec des bougies et nous explique sa vision de l' ascension en détails. Il n' y a pas de solution alternative : tout le monde va monter au moins au camp d' altitude. Ensuite on verra. A priori Edith est éliminée d' office (trop lente selon Alain) et des doutes sont émis sur pas mal d' autres personnes. L' ambiance n' est pas à la fête. Il y aura seulement 3 guides, donc impossible d' emmener tout le monde au sommet. Alain a la tardive idée de nous demander notre avis sur le trek. Les réponses sont variées mais la qualification de « marche commando » ne lui plaît pas trop. Mauvaise ambiance, d' où mauvaise nuit pour pas mal de monde, dont moi. En puis il pèle vraiment : –2° dans la tente et –9° sous l' auvent ! Et c' est humide… Lundi 17 Condoriri > Botijlaca > El Alto > Camp de base du Huayna Potosi Condoriri (4585 m) Botijlaca (4345 m) –240 m 2 heures (10h20 – 12h20) Botijlaca (4345 m) El Alto (4060 m) Camp de base du Huayna Potosi (4715 m) Le matin tout est givré. Mais on a des beignets au petit déj'! Nous rejoignons à pied Botijlaca où devraient nous attendre nos véhicules. 2 heures de descente tranquillou avec quelques points de vue imprenables, notamment sur la face ouest du Huayna Potosi. Edith est en tête et suit Alain de près pour lui montrer qu' elle peut avancer si elle veut ! Les 4x4 ne sont pas au rendez-vous mais à quelques centaines de mètres… Alain part les chercher en moto avec un mec du coin. Puis on part retrouver les lamas qui se sont aussi plantés sur le point de rendez-vous. Puis déjeuner. Fred et moi sommes un peu barbouillés. Alain tire la gueule pendant toute la journée. On repart pour une bonne portion de piste pleine de poussière pour El Alto. On s' y arrête pour charger le matériel de montagne et changer les tentes. Notre 4x4 se perd dans El Alto et quand on réussit à retrouver l' autre, les chauffeurs s' engueulent. Alain tire toujours la tronche ! On repart pour le camp de base du Huayna Potosi. Il se situe dans la vallée de Zongo, au refuge du Huayna Potosi, à 4670 m. Mais nous on dormira sous tente à côté du refuge… Va comprendre Charles !? La fin d' après-midi est consacrée à l' installation du camp 11 puis à l' inventaire du matériel. Suivent les essayages et les réglages : crampons, piolets, baudriers… Bruno et moi-même sommes bien sollicités pour aider tout le monde. C' est un peu le bronx, personne n' ayant fait d' alpinisme ! Et Alain n' aide pas des masses. Ensuite c' est la préparation des sacs perso et des affaires à donner aux porteurs. Puis thé vers 18h et repas à suivre à 19h30. Je suis toujours en moyenne forme depuis ce matin, mibarbouillé, mi-fatigué. Bref, le repas du soir est allégé puis finalement abrégé sur la fin pour aller me coucher ! 9 Mardi 18 Camp de base du Huayna Potosi > Camp des Argentins Camp de base du Huayna Potosi (4715 m) +780m 4 heures 10 (10h00 – 14h10) Camp des Argentins (5475 m) Ca va à peu près. On plie tout quasiment dès le réveil. Benoît pas habitué à avoir un piolet sur son sac fait un mouvement brusque et son piolet vient dire bonjour à mon front et mes lunettes. Je reste un peu sonné quelques secondes… Mais ça va… Puis c' est le départ. Direction le camp d' altitude. La montée est assez pénible. Après avoir traversé le barrage, on se tape 1h sur une crête-moraine avec un superbe panorama. Tant qu' il y a du soleil, il fait super chaud ! On mange dès qu' on rencontre la neige : poulet mayo et coca toujours super bon ! Puis le temps se couvre et le brouillard se lève peu avant notre arrivée. On chausse les crampons et on repart. La fin de la montée se fait très lentement. Audrey et Loïc sont sur le point de faire demi-tour. On les remotive en permanence avec Benoît pour qu' ils arrivent au camp. Finalement on atteint le glacier du Huayna Potosi (Camp des Argentins) dans un brouillard terrible. Tout est blanc : on a du mal à distinguer le ciel de la neige ! Et la luminosité est terrible : il est impossible d' enveler les lunettes, ne serait-ce que 2 secondes ! Les porteurs, eux, n' arrivent pas tout de suite et il faut patienter dans le froid avant de pouvoir monter les tentes. Tout le monde se pèle et certains ont même filé leurs affaires aux porteurs : grave erreur ! Petit briefing rapide pour l' ascension du lendemain, on fait les cordées avec les guides et on voit les derniers détails et horaires. Finalement c' est Loïc et Audrey qui ne monteront pas car pas très en confiance. Benoît et Edith feront cordée à eux deux. Moi avec Bruno et Karine qui a le vertige avec le guide Israël. Alain emmènera Marc, Fred et Catherine. Puis le porteur avec les tentes arrive. On monte donc le camp 12 dans un petit vent. Ca pèle bien. La nuit s' annonce froide, surtout sur la neige… le sol de la tente est glacé. Pour une fois, pas de tente mess. Puis 3 Suisses (!) arrivent au glacier, posent leurs sacs et s' allument des pétards ! Ils montent ensuite leur tente juste à côté de nous. Puis arrivent le kérozène et la bouffe. La neige met mille ans à fondre et le thé se fait bien attendre. Chacun fait les cent pas pour se réchauffer. De temps en temps le brouillard se perce, laissant apparaître des crevasses ou des séracs… Une fois prêt, le thé nous réchauffe bien mais ensuite l' attente du repas semble interminable ! Grâce au vent (glacial), le temps se lève un peu et c' est magnifique : couleurs jaunâtres, vue sur La Paz et El Alto, l' Illimani… D' où séance photos pour tout le monde ! On bouffe à 18h30 : saucisses purée super bon, y' a même du rab' , mais ça pèle trop : ce soir on bouffe dans nos tentes ! Puis un petit pipi dans le blizzard (les filles sont courageuses !) et au dodo. Toutes les affaires sont mises dans la tente. Pour ma part, une partie dort même avec moi au fond du duvet : les chaussons, les carlines et le collant, ainsi que les piles et la frontale. Mercredi 19 Camp des Argentins > Huayna Potosi > Camp des Argentins > Camp de base du Huayna Potosi > La Paz Camp des Argentins (5475 m) +595m / –595 m 6 heures (3h15 – 9h15) Huayna Potosi (6088 m) Camp des Argentins (5475 m) –780m Camp de base du Huayna Potosi (4715 m) Camp de base du Huayna Potosi (4715 m) Camp des Argentins (5475 m) La Paz (3700 m) La nuit a été potable, même pas froid ! Heureusement car la neige dure, le sol en pente et le stress ont fait que j' ai pratiquement pas dormi. Alain devait nous réveiller à 2h mais ne l' a pas fait. On émerge donc à 2h15, on est à la bourre, va falloir speeder… Il fait quand-même un peu froid une fois hors du duvet. Dans ma gourde l' eau est devenue un unique gros glaçon et il y a du givre partout dans la tente ! Chacun enfile à peu près tout ce qu' il a comme vêtements. Je mets donc tout ce que j' ai sur moi : chaussettes, collant, 2 carlines, 2 polaires, veste, pantalon de montagne, cagoule, bonnet, écharpe, sous-gants et gants ! Ouf ! Puis on boucle les sacs, on met les chaussons, les chaussures et on ouvre la tente : il fait environ –25° dehors ! 10 Noémie est à pied d' œuvre et nous a préparé un petit déj'd' enfer. Cela dit on mange peu : quelques gorgées de thé et un petit morceau de pain. La digestion à cette altitude et dans ces conditions n' est pas super efficace… Départ de la cordée à 3h15. Le rythme est très lent, trop lent. Mais plus on avance, plus je me dis que finalement c' est pas plus mal ! Une première portion en pente légère, environ 1 heure. Là, les piles de ma frontale rendent l' âme ! Puis un mur ! Environ 50°. C' est un peu l' embouteillage, j' en profite pour faire un changement de piles pendant que tout le monde est arrêté en équilibre dans le mur ! Qu' est-ce qu' on rigole ! Mais en fait toutes mes piles ont passé tout le trek dans le froid, surtout quand elles ont dormi hors de la tente, et j' ai beau en avoir plein, elles sont toutes mortes ! Je poursuis donc sans lumière, c' est pas grave car je suis dernier de cordée et j' y vois à peu près. Après le mur, petit repos et restauration rapide. Mine de rien on est à environ 5700 m et ça crève ! Pendant toute cette montée, on peut admirer tout La Paz et El Alto de nuit : le spectacle est grandiose ! On repart, encore des pentes moyennes, puis un dernier repos avant d' attaquer le mur final. Le lever de soleil qui se prépare est fabuleux : une mer de nuages au dessus de l' Amazonie, puis une bande rouge vif juste au dessus ! Malheureusement, il fait encore très froid et je n' ai pas le courage de prendre des photos… Le mur qui nous attend fait environ 60°, mais est nettement plus long que le précédent (compter environ 3/4 d' heure au lieu d' 1/4 d' heure). Allez, c' est reparti ! On se rapproche des 6000 mètres et les efforts sont durs. On a tous un état de fatigue mêlé à une nausée très légère… On monte bien mais on doit s' arrêter tous les 3 pas pour récupérer notre souffle. Au milieu du mur, le soleil se lève, augmentant tout de suite la température. Instant magique pendant 5 à 10 secondes. Puis on attaque l' arête terminale, pile au-dessus de l' à-pic de la face ouest. Karine passe sans problèmes malgré son vertige, grâce à une corniche de neige qui nous masque partiellement la vue. Suffit juste de pas se pencher ! Le sommet est atteint à 7h30 : premier 6000 (6110 m au GPS) ! Serrage de mains, photos et bouffe. Puis la descente. Il fait maintenant plutôt chaud ! De quoi tomber au moins 2 couches ! Nous sommes de retour au Camp des Argentins à 9h15, bien fatigués. Tout le monde grignote et comate… Alain est de plus en plus bizarre. Après avoir engueulé sa cordée pendant toute la descente, il se tanque dans sa tente et écoute la radio… La dernière cordée (Edith et Loïc) traîne un peu et nous rejoint au moins 1 heure plus tard (mais au moins ils ont réussi l' ascension !). A leur arrivée, ils ont au moins 2 cm de neige qui dépasse sous leurs crampons ! Eh non, pas d' anti-botte ! Là, bouffe rapide, et on décolle. Les porteurs se chargent de tout plier. Dans la série des bobos : Fred n' est pas bien (genre de grippe intestinale). On apprend qu' un des 3 Suisses d' hier a fait un œdème pulmonaire pendant la nuit et est redescendu (tout seul, ses 2 copains ayant fait la voie normale derrière nous !?). Et pour ma part, une méga bosse due au coup de piolet d' hier est apparue ! En plein milieu du front : impossible de mieux la centrer ! Descente au camp de base, tout le monde a envie d' être à l' hôtel maintenant. On ne pense plus qu' à une chose : une douche chaude ! La descente est pénible car la neige est de la vraie glue, ça cogne depuis que le soleil s' est levé ! Au camp de base, tri du matériel, et on repart en 4x4 pour La Paz, 2 heures de route à comater… A La Paz, Alain quitte le 4x4 sans dire au revoir et rentre directement chez lui !? On ne le reverra plus ! Installation à l' hôtel et… douche(s) chaude(s) !!! Le vrai bonheur ! Surtout qu' on en profite un maximum vu que plusieurs lavages sont nécessaires. Par contre le miroir est désagréable et ne montre que des têtes cramées et fatiguées. C' est la première occasion qu' on a de voir les actualités depuis le 11 septembre, et avec CNN on rattrape bien les infos ! Ah au fait, hémisphère sud oblige, on aurait dû voir l' eau tourner dans l' autre sens dans les lavabos et les chiottes, mais personne n' a vraiment fait attention… Puis on se pète un apéro bien mérité et un resto. Et dodo (le repos est aussi bien mérité !). Demain, on a rendez-vous avec Oscar à l' agence Colibri pour faire le point. Jeudi 20 La Paz Ahhhh, une bonne nuit dans un vrai lit ! Fait presque un peu trop chaud dans cet hôtel ! Après le petit déj' , direction l' agence à pied dans La Paz, c' est pas trop loin (mais ça monte !). On fait le bilan du trek et on livre nos remarques à Oscar (et concernant Alain il y en a pas mal !). Il nous file des 11 cartes de la Cordillère, cool car c' est pas évident d' en trouver. Et on est invités à un repas ce soir avec l' autre groupe Nomade pour fêter tout ça ! Puis c' est journée libre : on glande dans La Paz… Shopping, envoi de mails dans les Cyber-Cafés… La Paz est une ville étonnante, c' est un genre de souk géant ! On trouve des marchés partout, qui vendent de tout et du n' importe quoi : souvenirs à touristes, pulls, bonnets, bibelots, mini-guitares, flûtes de pan, conserves, viande, CD, piles, bouffe, fleurs, fringues… Par contre c' est bien pollué et ça se sent à la respiration… Les taxis sont partout, ça circule dans tous les sens et ça rameute des gens sans arrêt ! A midi on se fait un resto où le service est super long ! A part ça, on trouve énormément de cireurs de chaussures avec un vrai look de bandit : cagoule de truand et petite valise avec tout le matos ! Il y a aussi des policiers un peu partout, surtout devant les hôtels et les banques. Le vol à la tire semble courant à La Paz… Puis le soir, resto-spectacle avec des musiciens et des danseurs, sympa. La spécialité du resto est le lama, donc obligé d' y goûter : ça n' a pas trop de goût mais c' est pas mauvais du tout ! Ca picole pas mal, surtout Oscar. Puis vers minuit, l' autre groupe attaque avec ses remarques sur le trek avec Oscar… nous on va se coucher, on a déjà donné ! Vendredi 21 La Paz > Santa Cruz > Sao Paulo > ... Départ très tôt de l' hôtel, encore plus tôt que prévu à cause des mesures de sécurité dues aux attentats du 11 septembre. Réveil à 3h pour un départ à 4h sauf pour Fred et Karine qui ne repartent que demain. Ca laisse de la marge vu qu' à l' hôtel ils ont oublié de nous préparer des Thermos de café. Donc on glande dans le hall jusqu' à l' arrivée du car. Direction l' aéroport où ça traîne encore et on comate sur les fauteuils… Liquidation des derniers Bolivianos pour la taxe d' aéroport. Oscar nous aide à enregistrer les bagages, mais il est tellement raide de la veille qu' il vaut mieux superviser les opérations ! Décollage après plus d' une minute de roulage en avion (en temps normal, un avion décolle après 30 ou 40 secondes). On survole la cordillère et on passe à environ 100 mètres du sommet de l' Illimani, légèrement en dessous : fabuleux ! Escale à Santa Cruz en Bolivie, puis direction le Brésil. Survol de Sao Paulo. Cette ville est immense. On la survole pendant au moins 10 minutes. C' est vraiment impressionnant ! A chaque fois on glande dans les aéroports… Le vol vers Madrid est long mais on dort pas mal car tout le monde est un peu naze. D' ailleurs on a encore eu 3 films nuls (mais cette fois j' en avais déjà vu 3 aussi nuls !). Samedi 22 ... > Madrid > Nice > Antibes Les adieux se font à Madrid. Plus qu' un seul vol à se taper ! Pour ma part, arrivée à Nice en fin de matinée. Puis taxi pour Antibes. Bien crevé ! Dans la foulée : lessives, rangement, j' amène les photos au labo, je bouffe… puis au dodo ! Réveil le lendemain à 16h ! Total des dénivelés à pied : +7750 m / –7225 m. 12