Le biofilm, données actuelles ------ INTRODUCTION - aplic
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Le biofilm, données actuelles ------ INTRODUCTION - aplic
Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex Le biofilm, données actuelles -----Y. STANDLY, M.G. POBLETE-MICHEL, J.F. MICHEL INTRODUCTION Au 17ème siècle Antonie Von Leeuwenhoeke observait pour la première fois la plaque dentaire à l’aide d’un simple microscopecelui-ci reportait la présence d’« animalcules » aussi nombreux que variés (Marsh et coll. 1999b). En 1996 Bill Keevil et ses collègues du centre d’application et de recherche en microbiologie de Porton Down (USA) comparaient le biofilm à une grande ville la nuit avec ses immenses gratte-ciel (Coaghlan 1996). Ainsi les récentes avancées scientifiques dans le domaine de la microbiologie orale bouleversent la vision traditionnelle de la plaque dentaire que pouvaient avoir les chirurgiens-dentistes. L’évolution des concepts nous amènera à redéfinir la plaque dentaire en tant que biofilm. Nous décrirons sa composition chez le patient sain ainsi que les différentes étapes de sa formation qui sont des pré-requis indispensables à la compréhension des problèmes posés. Enfin nous présenterons les résultats de notre étude portant sur l’analyse au microscope électronique à balayage du biofilm après un traitement ultrasonique. 1 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex ÉTAT DE LA QUESTION 1. DEFINITION 1.1 - RAPPELS HISTORIQUES 1.1.1 - De la plaque au biofilm G.V.Black a été le premier en odontologie en 1898 à utiliser le terme de plaque dentaire pour décrire la masse microbienne recouvrant les lésions carieuses (Ramfjord et coll. 1993). La plaque dentaire constitue un dépôt mou adhérent tenace terne et de couleur blanc jaunâtre ; on le trouve à la surface des dents et des matériaux dentaires. Ce dépôt se forme en quelques heures et ne peut être éliminé par un jet d’eau sous pression ceci différencie la plaque dentaire de la materia alba constituée de débris alimentaires de leucocytes en voie de désintégration de cellules épithéliales desquamées et de micro-organismes (Mouton et coll. 1994) et (Pawlak et coll. 1988). Il faut aussi différencier la plaque dentaire du tartre qui est un dépôt durci formé par la minéralisation de la plaque ; ce dépôt est généralement recouvert par une couche de plaque non minéralisée (Carranza et coll. 1996). On note une évolution du concept de la plaque dentaire en effet il y a encore 10 ans la plaque dentaire était définie comme une simple accumulation sans structure apparente de cellules bactériennes sur une surface. Aujourd’hui avec l’apparition de nouveaux microscopes ne nécessitant pas de procédé préalable de déshydratation on visualise une structure dans l’accumulation microbienne de la plaque dentaire (Conférence Paris). De nombreuses études ont démontré que la plaque dentaire présentait toutes les caractéristiques d’un biofilm (Darveau et coll. 1997). Les biofilms bactériens peuvent être définis comme une matrice entourée de populations bactériennes adhérentes entre elles et/ou à des surfaces ou interfaces. Ces organismes s’installent et recherchent la sécurité et le confort en adhérant aux surfaces disponibles et forment des biofilms dans pratiquement tous les systèmes aquatiques (Costerton et coll. 1995b). On peut donc définir la plaque dentaire comme une accumulation hétérogène adhérente à la surface des dents ou située dans l’espace gingivo-dentaire ; celle-ci s’accumule aussi sur les différents matériaux de restauration 2 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex dentaire ainsi que sur les prothèses. Elle est composée d’une communauté microbienne riche en bactéries aérobies et anaérobies enrobées dans une matrice intercellulaire de polymères d’origine microbienne et salivaire (Mouton et coll. 1994). L’origine de la plaque son développement sa constitution et son adaptation aux conditions environnementales sont gouvernées par un équilibre dynamique en constante variation entre le microbiota oral et les multiples facteurs qui modifient la composition microbienne (Listgarden 1994). Ainsi le biofilm dentaire apparaît comme une véritable unité écologique hautement organisée et non plus comme une simple accumulation de bactéries (Ramfjord et coll. 1993). 1.1.2 - Difficultés de l’étude du biofilm dentaire et les solutions apportées La microscopie électronique a longtemps été la méthode de choix pour l’étude de la composition et de la structure du biofilm dentaire. Cependant la déshydratation nécessaire à l’observation des échantillons de plaque entraîne des déformations et parfois la destruction de la structure du biofilm. Avec l’arrivée du microscope laser à balayage confocal (CSLM) le biofilm dentaire peut désormais être étudié dans son état naturel d’hydratation ; par conséquent on ne rencontre plus de problèmes de déshydratation de fixation et de coloration des échantillons. De plus à partir d’images en coupe intégrées et réassemblées par un logiciel informatique, ce microscope peut fournir des images tridimensionnelles de biofilms dentaires vivants. L’utilisation de sondes spécifiques fluorescentes rend aussi possible l’identification des composants de la matrice ainsi que les bactéries présentes dans celle-ci (Wood et coll. 2000). Ainsi on peut visualiser par des méthodes non-invasives les microstructures et étudier les phénomènes physiologiques et biochimiques qui ont lieu en profondeur dans le biofilm (Singleton et coll. 1997). Le CLSM permet aussi grâce à sa haute résolution l’introduction de sondes physiques dans des sites précis à l’intérieur même de l’architecture du biofilm ce qui permet l’obtention directe de données physiques et chimiques sans extrapolation (Costerton et coll. 1994). Les difficultés des études réalisées in vivo ont conduit à la réalisation au laboratoire de systèmes modélisant le biofilm dentaire. Ces modèles sont plus facilement contrôlables et sont utilisés pour expliquer et prévoir le comportement du biofilm dentaire dans son écosystème naturel (Bradshaw et coll. 1996). Toutefois il existe de nombreuses difficultés inhérentes à la modélisation du biofilm dentaire qui est hétérogène et variable. De plus il 3 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex semble difficile de reproduire exactement les conditions écologiques rencontrées in vitro ce qui pousse les scientifiques à simplifier et donc à limiter les différents paramètres des systèmes de modélisation de façon à obtenir des résultats exploitables (Sissons 1997). Certains chercheurs ont même mis au point des modèles mathématiques qui sont des simplifications de phénomènes réels qui peuvent exister dans le biofilm et dont les propriétés caractéristiques sont traduites sous forme d’équations mathématiques. La science ne peut se passer de ces différentes approches aussi diverses et réductrices soientelles car elles apportent chacune leur lot de connaissances même si le choix des différentes investigations reflètent naturellement les perspectives du chercheur (Wimpenny 1997). Ainsi le microscope à lumière confocale a profondément modifié la vision que pouvaient avoir les microbiologistes du biofilm dentaire ce qui a pour conséquence l’élaboration de nouveaux concepts qui révolutionnent la perception traditionnelle que l’on pouvait avoir il y a encore 10 ans. 1.2 - NOUVEAUX CONCEPTS 1.2.1 - Systèmes circulatoires Le biofilm est constitué de microcolonies de cellules enveloppées dans une matrice dense d’exopolysaccharides ouverte à certains endroits par des ponts à eau. Le fluide de l’interface formée par la masse du biofilm et l’eau pénètre ce système de ponts et se déplace selon un flux à convection. Des perles de polystyrène (03 microns) peuvent se déplacer rapidement et sans à coup à l’intérieur des différentes ramifications qui ne constituent donc pas une barrière à leur passage. Il n’est pas évident que ces canalisations d’eau se ramifient dans toute la profondeur du biofilm dentaire (Costerton et coll. 1997). De plus ce réseau de canaux à eau délivre des nutriments aux habitants des colonies et permet l’élimination des déchets métaboliques (Darveau et coll. 1997). Ces canaux aqueux permettent également des échanges et des communications intercellulaires (Barbieri 2000) ce qui conduit à une organisation spatiale particulière des différentes espèces bactériennes les unes par rapport aux autres à l’intérieur du biofilm. Une des conséquences de cette répartition dans l’espace est le développement de dépendances entre les différentes espèces bactériennes (Gilbert et coll. 1997). Les ponts à eau participent aussi au transport de l’oxygène dans les 4 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex régions profondes du biofilm. Toutefois les limitations de la diffusion et la consommation d’oxygène engendrent un épuisement de l’oxygène au centre des microcolonies ce qui permet d’expliquer à cet endroit, l’existence et l’activité physiologique de bactéries anaérobies facultatives ( Veno Poulsen 1999) et (Costerton et coll. 1994). Auschill et coll. (2001) ont démontré que la plupart de la flore bactérienne vivante était localisée autour et au-dessus des canaux aqueux. 1.2.2 - Différences entre cellules du biofilm et cellules planctoniques Les bactéries peuvent adopter deux modes de vie radicalement différents soit celui à l’état planctonique dans lequel les organismes isolés flottent dans le milieu buccal soit dans un biofilm où les bactéries attachées à une surface dentaire vivent en communauté. Les cellules planctoniques deviennent sessiles quand les nutriments commencent à être limités c’est alors qu’elles adhèrent à une surface et changent leur phénotype ceci les différencie de leurs homologues planctoniques (Veno Poulsen 1999). L’étude de l’expression des gènes bactériens a montré que 40% des protéines exprimées par les bactéries dans le biofilm pouvaient être différentes de celles trouvées dans les cellules planctoniques (Potera 1999). Certains auteurs ont également observé que les modes de croissance entre ces deux formes phénotypiques étaient différents (Loo et coll. 2000). Ainsi le simple fait d’adhérer à une surface va changer le phénotype bactérien, ce qui différencie cette bactérie des autres microorganismes de la même espèce flottant dans la salive. Cette différenciation cellulaire met probablement en jeu le déclenchement de contacts sensitifs à la surface cellulaire induisant l’expression de certains gènes (Marsh et coll. 1999b). On sait que les relations entre cellules planctoniques sont essentiellement transitoires alors que dans le biofilm dentaire les bactéries vivent dans des communautés microbiennes dans lesquelles les nutriments disponibles et les produits terminaux dépendent de l’activité métabolique des cellules voisines et de la diffusion à travers le biofilm. Ainsi on assiste à l’apparition de différents processus de coopération bactérienne, ce qui permet d’affirmer que la physiologie bactérienne à l’intérieur du biofilm dentaire est profondément différente de celle rencontrée chez les bactéries planctoniques. Le biofilm dentaire contribue également à la stabilité et à la continuité bactérienne au sein de cet écosystème car les micro-organismes vivant à l’intérieur du biofilm sont résistants aux agents anti-microbiens alors que les bactéries planctoniques sont extrêmement sensibles à ces 5 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex différents agents (Costerton et coll. 1994). En conséquence on peut affirmer que les bactéries vivant dans le biofilm dentaire ont un comportement différent car elles possèdent de nombreuses propriétés qui ne sont pas exprimées chez leurs homologues flottant dans la salive (Marsh et coll. 1999a). 1.2.3 - Communications inter-celullaires A l’intérieur des microcolonies les communications inter-cellulaires notamment par l’intermédiaire de « quorum sensing » jouent un rôle capital dans la formation du biofilm dentaire. En effet ce type d’échange permet la régulation de l’expression de nombreux gènes en fonction de la densité cellulaire (Liljemark et coll. 1997). Quand une densité bactérienne critique est atteinte lors de la formation du biofilm on assiste à une réduction de la croissance de celui-ci. Les bactéries sont ainsi capables de communiquer et de répondre à leurs voisines grâce à des molécules effectrices généralement des peptides qui diffusent telles que les «homosérine lactone » émises par les gram - (Davies et coll. 1998). L’homosérine lactone peut aussi être sécrétée par une bactérie qui adhère à une surface ce qui stimule d’autres bactéries à se joindre à la communauté (DuPont et coll. 1997). Ces différents échanges sont favorisés par l’existence des canaux aqueux qui facilitent le transfert de l’information (Barbieri 2000). A côté de cette capacité à connaître les densités cellulaires qui les entourent les bactéries ont le pouvoir de se transmettre leurs propres gènes à l’intérieur du biofilm dentaire (Conférence de Paris). Li et coll. (2001) ont démontré que la vie à l’intérieur du biofilm dentaire augmente la capacité de S. mutans à transporter et à intégrer de l’ADN étranger. 1.2.4 - Structure du biofilm 1.2.4.1 - Etude au microscope électronique L’observation au microscope électronique a d’abord permis de distinguer des régions hétérogènes et des régions plus homogènes. Les zones hétérogènes sont souvent constituées de bactéries érigées en palissades où des filaments et des chaînes de coques sont alignés 6 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex parallèlement à angle droit par rapport à la surface de l’émail (Photo suivante de Mouton et coll.1994). Les zones plus homogènes sont semblables à des colonies bactériennes et on y remarque une stratification horizontale (Mouton et coll. 1994) Dans la plaque jeune on n’observe souvent que quelques couches cellulaires de bactéries dont la diversité est limitée alors que dans la plaque âgée on a une couche multicellulaire épaisse composée de bactéries dont la diversité morphologique est importante mais dont la disposition irrégulière a disparu. On voit parfois des micro-organismes directement en contact avec la surface de l’émail à la suite de la disparition de la pellicule acquise exogène résultant d’une action enzymatique (Kandelmann 1989). 1.2.4.2 - Etude au microscope à lumière confocale 1.2.4.2.1 - Les microcolonies Avec l’avènement du microscope à lumière confocale on découvre que le biofilm dentaire a une structure en champignon et que son épaisseur peut dépasser 1mm (Conférence de Paris). 7 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex On a donc une structure qui n’est pas compacte mais ouverte à certains endroits qui constituent l’entrée des canaux aqueux. Le biofilm est organisé en microcolonies ce qui lui donne des caractéristiques structurales particulières que Costerton et coll. 1994 ont modélisées dans le schéma suivant. La microcolonie bactérienne est l’unité structurale et fonctionnelle du biofilm. Ces microcolonies peuvent être composées de cellules de la même espèce ou bien de cellules d’espèces différentes mais les microcolonies sont clairement séparées entre elles par la matrice polysaccharidique (Costerton 1995a). L’étude de la structure du biofilm révèle donc une structure complexe avec une distribution bactérienne hétérogène. Les résultats d’études ont montré que la structure du biofilm dentaire n’était pas affectée significativement par la surface sur laquelle elle se forme que cette surface soit naturelle ou artificielle (Lindhe 1998). 8 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex 1.2.4.2.2 - Les différents gradients et la création d’habitats A côté de cette hétérogénéité spatiale on observe une hétérogénéité environnementale. Des sites physiquement très proches l’un de l’autre peuvent ainsi présenter des microenvironnements très hétérogènes à la surface d’une même dent. Des variations de pH de température de potentiel d’oxydoréduction de concentration de nutriments essentiels et de déchets métaboliques toxiques amèneront à la formation de micro-habitats propices à la croissance de populations microbiennes différentes (Kandelman 1989). On comprend donc que l’habitat buccal en général soit hétérogène et corresponde en fait à la juxtaposition d’une multitude de micro-habitats localisés (Kandelman 1989). Ainsi suivant leur localisation certains micro-organismes peuvent être dépourvus en oxygène en nutriments ou en espace nécessaire à leur division cellulaire. Les gradients d’oxygène se développent avec son utilisation rapide par les bactéries aérobies situées à l’interface entre la salive et le biofilm. Le défaut d’oxygène va conduire à la formation de zones dépourvues en oxygène où les conditions anaérobies vont prévaloir comme l’illustre le schéma suivant (Veno Poulsen (1999): Des sondes chimiques montrent, bien que le biofilm se développe dans un milieu aérobie, que le centre des microcolonies peut constituer des micro-niches anaérobies (Costerton et coll. 1994). A côté de ce gradient en oxygène on démontre l’existence d’autres gradients chimiques et physiques secondaires au métabolisme bactérien (nutriments Eh ph produits métaboliques). Ces gradients créent ainsi des îlots favorables à la croissance bactérienne (Figure suivante de Marsh et coll.1995). 9 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex Ces gradients s’expliquent par des variations de substrats et produits bactériens sur des distances relativement faibles. Ceci aboutit à une organisation spatiale particulière des colonies bactériennes qui s’installent là où elles seront sures de trouver des nutriments. Ainsi on assiste à l’élaboration de domaines d’activité métabolique et par conséquent à la création d’une mosaïque de micro-environnements si on considère l’ensemble des colonies (Marsh et coll. 1997). Ainsi pour étudier la plaque dentaire il est essentiel de prendre des petits prélèvements dans des zones que l’on aura définies préalablement (Marsh et coll.1999b). En conclusion le biofilm dentaire apparaît comme un empilement de colonies bactériennes séparées par des canaux à eau à l’intérieur d’une matrice extra-cellulaire avec l’existence de nombreux gradients entre les microcolonies (Pratten et coll. 2000). 2. COMPOSITION 2.1 - FRACTIONS CELLULAIRE ET ACELLULAIRE 2.1.1 - Fraction cellulaire 2.1.1.1 - Bactéries 2.1.1.1.1 - Acquisition de la flore buccale 10 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex 2.1.1.1.1.1 - Installation de la flore avant l’éruption des dents L’enfant naît avec une cavité buccale stérile. Initialement il y a une contamination passive de la bouche lors de l’accouchement par des bactéries de la flore vaginale. Ensuite la bouche est contaminée par des bactéries présentes dans la nourriture et le lait elle est aussi contaminée par la salive des proches de l’enfant (Mouton et coll. 1994). La bouche se comporte comme un site hautement sélectif pour les micro-organismes on ne trouve en effet que quelques espèces présentes chez l’adulte. De plus, les bactéries y sont présentes en faibles quantités. Ces premiers micro-organismes sont appelés espèces pionnières. L’acquisition de ces nouvelles espèces est limitée par la desquamation des cellules épithéliales la mastication et le flot salivaire. Les facteurs chimiques tels que le potentiel d’oxydo-réduction le ph les propriétés antibactériennes de la salive et la limitation de nourriture agissent comme des barrières chimiques limitant la croissance (Marsh et coll. 1999b). Les premières espèces prédominantes sont S. salivarius et S. mitis biovar 1 qui manifestent une affinité particulière pour les cellules épithéliales. Quelques mois après la naissance on note la présence sur les muqueuses de nombreuses espèces anaérobies à Gram négatif (Mouton et coll. 1994). 2.1.1.1.1.2 - denture lactéale Avec l’éruption des dents les populations anaérobies deviennent plus abondantes notamment dans les sillons gingivo-dentaires qui constituent de nouveaux habitats favorables à leur croissance. L’incidence des streptocoques du groupe mutans croît avec l’augmentation du nombre de surfaces dentaires (Mouton et coll. 1994). 2.1.1.1.1.3 - denture mixte La chute des dents lactéales et l’éruption des dents définitives s’accompagnent de phénomènes inflammatoires d’effractions gingivales ce qui rappelle les poches parodontales. Ces nouveaux environnements seraient de nature à favoriser la colonisation par des bactéries à potentiel pathogène. Avec l’augmentation du nombre de dents et l’apparition des dents 11 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex définitives le nombre d’habitats s’accroît ce qui crée de nouveaux sites permettant le développement du biofilm dentaire (Mouton et coll. 1994). 2.1.1.1.1.4 - denture permanente La flore buccale à l’adolescence est proche de celle de l’adulte. La progestérone et l’oestradiol sont des facteurs de croissance pour la majorité des Bactéroidaceae à pigmentation noire (BPN) (Marsh et coll. 1999b). La prévalence de Prevotella intermedia Capnocytophaga et Treponema denticola est élevée chez les enfants à la puberté mais celle de A. actinomycetemcomitans et de P. gingivalis reste basse. A l’âge adulte la totalité des facteurs de l’écosystème est mise en place ce qui aboutit à une grande diversité des espèces (Mouton et coll. 1994). 2.1.1.1.2 - Différentes espèces 2.1.1.1.2.1 - généralités Le biofilm dentaire est composé de 30 genres de bactéries ce qui représente plus de 500 espèces bactériennes (Xie et coll. 2000). De plus à raison de 108 à 109 bactéries par mg on peut ainsi prélever à l’aide d’une sonde plusieurs millions de bactéries (Mouton et coll. 1994). On est donc en face d’une structure excessivement riche en bactéries. 2.1.1.1.2.2 - les différentes espèces chez l’adulte 2.1.1.1.2.2.1 - biofilm dentaire supra-gingival La plaque supra-gingivale est dominée par les bactéries Gram positif facultatif spécialement par les streptocoques et par les actinomyces (Ximenez-Fyvie et coll. 2000) mais elle est aussi constituée d’une grande variété d’organismes incluant des membres considérés comme étant anaérobies (Marquis 1995). 12 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex 2.1.1.1.2.2.2 - biofilm dentaire sulculaire ou sous-gingival La flore sub-gingivale associée à une gencive saine est composée principalement des espèces suivantes : Actinomyces Streptococcus et Veillonella (Ramfjord et coll. 1989). On y trouve surtout des coques à Gram positif ou à Gram négatif ainsi que des organismes filamenteux. On retrouve aussi des spirochètes et diverses bactéries flagellées particulièrement à la partie apicale de la plaque (Kandelman 1989). Les tableaux de Berenholc (1985) résument la liste des germes les plus souvent rencontrés dans les biofilms supra et infra-gingival. Tableau 1.-Biofilm supra-gingival Coques Gram + Streptocoques sanguis Streptocoques mitis Streptocoques mutans Staphylocoques epidermidis Peptostreptocoques ( anaérobies ) Bacilles Gram + Actinomyces viscosus Bacterionema matruchotii Rothia dentocariosa Arachnia Coques Gram - Branhamella (ex Neisseria) Veillonella (anaérobie) Bacilles Gram - Bacteroides melaninogenicus (oralis) Corrodens Capnocytophaga (ex. B. Ochraceus) Fusobacterium Leptotrichia Selenomonas Wolinella recta 13 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex Spirochètes (quelques-uns près du sulcus) Et de nombreux autres germes, en nombre très restreint, sans signification apparente. Tableau 11-Biofilm sous~gingival Coques Gram + Streptocoques sanguis Streptocoques mitis Enterocoque (Strepto D) Peptostreptocoques ( anaérobies ) Staphylocoques epidermidis Coques Gram - Branhamella Veillonella Bacilles Gram + Rothia dentocariosa Actinomyces viscosus Bacterionema matruchotii Actinomyces israeli Actinomyces naeslundi Arachnia Leptotrichia Propionibacterium acnes Bacilles Gram - Bacteroides melaninogenicus oralis Fusobacterium Selenomonas Wolinella recta Spirochètes Tréponèmes dentaires microdentium macrodentium Borrelia vincenti Et de nombreux autres germes, en nombre très restreint, sans signification apparente. 14 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex 2.1.1.1.2.2.3 - les bactéries et les autres différents habitats La microflore des puits et fissures des faces occlusales des molaires et des prémolaires est surtout constituée par des bactéries Gram positif et est dominée par les streptocoques. Cette microflore est moins variée que les autres trouvées sur d’autres sites des surfaces dentaires (Marsh et coll. 1994). On y trouve des streptocoques sanguis mutans et salivarius ; Lactobacillus et Veillonella ont également été isolés. Certaines espèces comme Neisseria et Haemophilius parainfluenzae peuvent aussi être rencontrées (Park et coll. 1994). Le biofilm inter-dentaire est surtout constitué de streptocoques et de bâtonnets Gram positif tels que Actinomyces. Quand on compare cette flore à celle rencontrée dans les fissures on retrouve plus d’espèces anaérobies strictes Gram négatif mais on ne rencontre pas toujours de spirochètes (Marsh et coll. 1999b). 2.1.1.2 - Les virus Des micro-organismes non bactériens tels que les virus ont été isolés dans le biofilm dentaire (Carrenza et coll. 1996). Le virus le plus souvent rencontré dans la cavité buccale est l’Herpès simplex les types 1 et 2 ont été isolés mais le type 1 est le plus commun. Ce virus peut rester latent ; il migre alors le long du nerf Trijumeau jusqu’au ganglion où il va rester latent jusqu’à sa réactivation par les UV ou par le stress. Le cytomégalovirus est aussi retrouvé chez un grand nombre d’individus il a été détecté dans la salive chez des patients ne présentant pas de symptôme. On remarque parfois la présence de coxsackies et d’autres virus suivant la pathologie qu’ils peuvent induire (Marsh et coll. 1999b). 2.1.1.3 - Les différents parasites 2.1.1.3.1 - Les mycoplasmes Les mycoplasmes sont des micro-organismes plésiomorphiques qui possèdent une membrane externe non rigide. M. pneumoniae M. buccale et M. orale ont été isolés du biofilm dentaire. 15 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex Leur rôle n’est pas encore défini et les mycoplasmes oraux n’ont pas encore de classification valable (Marsh et coll. 1999b). 2.1.1.3.2 - Les protozoaires Les protozoaires constituent un groupe d’animaux unicellulaires. Entamoeba gingivalis et Trichromonas tenax ont été isolés ils sont présents dans les bouches saines mais se développent aussi dans les bouches mal entretenues ; ils jouent un rôle de prédateur dans le biofilm (Perrin et coll. 1999). 2.1.1.3.3 - Les levures Un pH de 5 favorise l’apparition des levures. Candida albicans qui est la forme la plus représentée apparaît comme un commensal buccal. D’autres espèces non identifiées représentent moins de 1 du total des levures (Perrin et coll. 1999). La proportion exacte et la signification de cette levure chez un patient sain tout comme chez un patient malade n’ont pas été éclaircies (Marsh et coll. 1999b). 2.1.1.4 - Les cellules de l’organisme Quelques cellules de l’hôte apparaissent dans le biofilm dentaire ceux sont des cellules épithéliales provenant des épithélia buccaux desquamés. On trouve également des cellules sanguines avec principalement des polynucléaires neutrophiles (Carranza et coll. 1996) et (Lindhe 1986). 16 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex 2.1.2 – Fraction acellulaire Le matériel présent entre les bactéries dans le biofilm dentaire est appelé matrice interbactérienne. Elle constitue entre 25 et 30 de la masse du biofilm et est composée d’une partie organique et d’une fraction inorganique. Ses différents constituants proviennent de la salive du fluide gingival et des différents produits bactériens (Carrenza et coll. 1996) et (Lindhe 1998). La composante fibrillaire de la matrice provient surtout des diverses structures extracellulaires qui garnissent la surface de la plupart des bactéries : fimbriae fibrilles capsules et glycocalyx de structures variées (Mouton et coll. 1994). 2.1.2.1 - Matrice organique 2.1.2.1.1 - Lipides La petite quantité de lipides présents dans la matrice du biofilm dentaire est jusqu’à présent en grande partie inconnue. Une partie du contenu lipidique est trouvée dans les vésicules extracellulaires qui peuvent contenir les endotoxines lipopolysaccharidiques des bactéries Gram négatif (Lindhe 1998) et (Wilkins 1991). De plus la lyse des bactéries mortes laisse sur place des constituants membranaires observables sous formes de fragments ou de vésicules dont le contenu en phospholipides en acides lipotéichoiques et en lipopolysaccharides (LPS) est élevé (Mouton et coll. 1994). 17 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex 2.1.2.1.2 - Glucides Les hydrates de carbone représentent 20 du poids sec du biofilm dentaire (Perrin et coll. 1999). Les polysaccharides de la matrice sont bien caractérisés ; on sait en effet que les fructanes et glycanes sont synthétisés par certaines bactéries présentes dans le biofilm à partir du saccharose ingéré. Les fructanes constituent une réserve d’énergie qui peut être utilisée en cas d’apport glucidique réduit. Le mutane qui est un glycane dont la dégradation est difficile agit donc comme le squelette de la matrice à peu près de la même façon que le collagène qui stabilise la substance intercellulaire du tissu conjonctif (Lindhe 1986). Ces hydrates de carbone contribuent à l’adhérence des micro-organismes les uns aux autres et à la dent. De plus ils constituent une réserve d’énergie pour les bactéries du biofilm dentaire (Wilkins 1991). 2.1.2.1.3 - Protéines La matrice inter-bactérienne est surtout constituée d’osides et de protéines qui constituent la majeure partie du matériel organique du biofilm (Perrin et coll. 1999). Une partie des protéines de la matrice est constituée de glycoprotéines salivaires altérées probablement partiellement dégradées par les micro-organismes qui utilisent la partie glucidique ; d’autres protéines ont été identifiées comme étant des enzymes salivaires ou bactériens, on rencontre également des immunoglobulines (Lindhe 1986) et (Kandelman 1989). On y trouve aussi de l’albumine de la lactoferrine et des lysosymes. De même une grande quantité d’enzymes des bactéries et de l’hôte peut être détecté (Marsh et coll. 1999b). 2.1.2.2 - Eléments inorganiques Les concentrations de calcium de phosphore de potassium de magnésium et de fluorure sont plus importantes dans le biofilm dentaire que dans la salive. On trouve aussi des traces d’oligo-éléments tels que : le zinc le fer le cuivre le plomb le lithium (Berenholc 1985). Ce qui atteste la tendance du biofilm à concentrer les éléments inorganiques (Wilkins 1991). Les ions phosphates et calcium assurent la cohésion du biofilm dentaire et participe à sa 18 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex calcification en tartre. Les oligo-éléments Ag Co Cu F Fe Mg Pb Sn sont des cofacteurs de nombreuses réactions enzymatiques (Mouton et coll. 1994). 2.2 - EVOLUTION DE LA COMPOSITION 2.2.1 - Du premier au deuxième jour Les premières bactéries à coloniser les surfaces dentaires sont principalement des cocci Gram positif et des bâtonnets Gram positif (Ramfjord et coll. 1993). Parmi les streptocoques qui prédominent au sein de la population bactérienne on remarque Sreptococcus mitis Streptococcus oralis et Streptococcus sanguis (Listgarten 1994) et (Scheie 1994). Parmi les espèces pionnières on note également la présence d’actinomyces représenté par A.viscosus et A. israelii. Les espèces Neisseria Arachnia Propionibacterium et Veillonella sont aussi retrouvées dans le biofilm (Park et coll. 1994). 19 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex 2.2.2 - Du deuxième au septième jour Les coques dominent toujours. On peut observer à la surface de leurs colonies un nombre accru d’organismes en forme de minces bâtonnets. Puis on assiste à l’augmentation du nombre des organismes filamenteux en même temps que la population se diversifie. On voit apparaître des fusobactéries ainsi que des bactéries en forme de bâtonnets et de filaments (Wilkins 1991). 2.2.3 - Du septième au quatorzième jour A 7 jours dans les conditions expérimentales apparaissent les genres et espèces Corynebacterium matruchotii Lactobacillus Leptotrichia et les spirochètes (Mouton et coll. 1994). On voit donc apparaître des vibrions et des spirochètes et ceci en même temps que le nombre de leucocytes augmente. A mesure que le biofilm dentaire mûrit et s’épaissit la population d’organismes Gram négatif et anérobies s’accroît. Au cours de cette période on peut observer des signes d’inflammation sur la gencive (Wilkins 1991). 2.2.4 - L’apogée Les proportions relatives des différents types de bactéries de la flore buccale continuent à se modifier. Le nombre relatif de cocci Gram positif diminue en raison de l’augmentation du nombre de bâtonnets Gram positif. Parmi les bactéries Gram négatif le genre Veillonella est le plus important numériquement alors que les genres Bacteroïdes et Fusobacterium ne représentent qu’une faible proportion de la flore. Ainsi le milieu se modifie et favorise les bactéries anaérobies permettant l’apparition d’un nombre croissant de bâtonnets Gram négatif plus particulièrement dans les couches les plus profondes situées près de la dent (Lindhe 1986). 3-FORMATION 3.1 – DIFFERENTES PHASES 20 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex Le développement du biofilm dentaire peut être divisé de façon arbitraire en différentes phases bien que sa formation réponde à un processus dynamique et que l’adhésion la croissance l’élimination et le réattachement des bactéries soient continus (Marsh et coll. 1999a). Le schéma suivant de Freney et coll. (2000) représente les différentes phases impliquées dans la formation du biofilm. 21 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex 3.1.1 - Formation de la pellicule acquise exogène (PAE) La première étape de la formation du biofilm dentaire est la formation de la pellicule acquise exogène sur les surfaces dentaires par l’adsorption sélective des glycoprotéines salivaires à la surface de l’hydroxyapatite de l’émail (Bowden et coll. 1998). D’autres constituants comme les mucines les immunoglobulines (sIgAIgG) des enzymes des agglutinines de haut poids moléculaire et les lysosymes participent également à la formation de la PAE (Bowden et coll. 1997) et (Mouton et coll. 1994). Ce film va se déposer très rapidement quelques minutes après un nettoyage prophylactique sur la région de la dent exposée à la salive. L’épaisseur de ce dépôt acellulaire amicrobien et sans structure varie entre 005 et 1m (Berenholc 1985). Cette PAE va jouer le rôle de film de conditionnement auquel les bactéries adhèrent par l’intermédiaire des glycoprotéines salivaires trouvées à sa surface. Des variations minimes dans sa composition chimique peuvent influencer le type et le nombre de bactéries qui s’y fixent (Kandelman 1989). La PAE joue un rôle de protection car elle constitue une barrière faisant obstacle aux acides. De plus elle contribue à la formation du biofilm dentaire car elle permet la colonisation bactérienne (Carranza et coll. 1996). 3.1.2 - Phase de transfert L’étape préliminaire de l’adhésion bactérienne est constituée par le positionnement de la bactérie à l’interface liquide/solide (Freney et coll. 2000). Ce transport initial des bactéries vers les surfaces à coloniser peut se produire par le jeu des mouvements browniens par la sédimentation des bactéries par le flux de la salive ou encore par l’intermédiaire du mouvement actif de certains microorganismes (Scheie 1994). 3.1.3 - Phase d’adhésion initiale Busscher et coll. (1995) affirment que l’adhésion microbienne initiale est un facteur déterminant dans l’intensité de l’adhésion du biofilm à la dent. On distingue deux phases : une phase réversible à laquelle succède une phase irréversible. 22 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex 3.1.3.1 - Phase réversible Les bactéries et la surface dentaire portent une charge électrique négative elles tendent donc à se repousser électrostatiquement. Cependant ces cellules sont aussi sous l’influence de forces électrodynamiques ou forces de Van der Waals qui sont des forces attractives résultant de la structure cristalline de l’émail (Quirynen et coll. 1995). Ainsi la résultante de ces deux forces opposées va maintenir les bactéries à une certaine distance de la dent (Mouton et coll. 1994), ce qui a pour effet de créer une aire fragile d’attraction qui facilite l’adhésion réversible (Marsh et coll. 1999b). 3.1.3.2 - Phase irréversible Les interactions deviennent irréversibles dès lors qu’interviennent les adhésines sur les surfaces cellulaires auxquelles s’ajoutent les interactions à courte portée (Marsh et coll. 1999b). Les interactions à courte portée font intervenir des liaisons covalentes ioniques ou des ponts à hydrogène (Quirynen et coll. 1995). Les interactions spécifiques font appels à des molécules adhésives bactériennes portant le nom d’adhésines (Ellen et coll. 1997). Les fimbriae le glycocalyx et l’acide lipotéichoïque jouent le rôle de médiateurs bactériens de l’adhérence car ils favorisent les interactions ligand-récepteur (Mouton et coll. 1994). Les lectines représentent une des différentes catégories d’adhésines bactériennes souvent rencontrées elles se fixent de façon spécifique à un récepteur saccharidique. D’autres adhésines peuvent se lier à des récepteurs protéiques (Quirynen et coll. 1995). Marsh et coll. (1999b) ont étudié les protéines (PRPs) qui sont des protéines salivaires acides riches en proline auxquelles se fixent des adhésines. Ces molécules (PRPs) subissent des changements conformationnels quand elles sont adsorbées à la surface de l’émail. Ces modifications structurales ont pour effet d’exposer certains segments moléculaires qui n’étaient pas accessibles quand la (PRPs) était en solution dans la salive. Ces récepteurs cachés qui deviennent accessibles aux adhésines bactériennes quand ils sont adsorbés à l’émail sont appelés « cryptitopes ». Ce mécanisme évite l’agrégation bactérienne dans la phase planctonique ne compromettant pas par conséquent le processus de formation du biofilm dentaire. Les adhésines qui reconnaissent les cryptitopes fournissent un avantage sélectif aux microorganismes qui colonisent une dent. Une autre forme d’interaction spécifique est celle 23 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex de l’enzyme-substrat pour laquelle l’adhésine joue le rôle d’enzyme. Elle va permettre la synthèse de polymères qui vont favoriser le maintient de la cellule sur la dent. (Mouton et coll. 1994) En conclusion ces différentes interactions vont contribuer au tropisme d’un organisme avec un habitat particulier (Marsh et coll. 1999b). 3.1.4 - Colonisation Une fois que les bactéries pionnières ont adhéré à la pellicule acquise exogène deux phénomènes concomitants vont intervenir : la division cellulaire et l’adhésion de nouvelles bactéries à partir de la phase planctonique. Contrairement aux premières suppositions qui affirmaient que la croissance du biofilm se faisait par l’adhésion de nouvelles bactéries sur les bactéries pionnières il est maintenant démontré que le biofilm s’épaissit d’abord grâce à la division des bactéries pionnières (Listgarten 1994). La division de ces cellules va produire des cellules filles qui vont soit se retrouver libres dans le milieu environnant soit rester incluses dans la matrice du glycocalyx. Ceci conduit à la formation de microcolonies et secondairement à une colonisation étendue de la dent (Freney et coll. 2000). Ensuite les bactéries colonisatrices primaires adhérant à la pellicule acquise exogène par le phénomène de coagrégation, vont permettre l’adhésion d’autres microorganismes sur ellemême (Kolenbrander 2000). L’adhérence interbactérienne peut être homotypique elle permet alors la cohésion entre bactéries d’une même espèce au sein d’une microcolonie. On rencontre également des adhésions entre bactéries de genres et d’espèces différents on parle alors d’adhérence hétérotypique. Ce dernier type d’adhérence est d’une importance fondamentale pour expliquer la diversité écologique du biofilm (Mouton et coll. 1994). L’exemple le plus connu d’adhérence interbactérienne hétérotypique est celui des formations en épi de maïs ou « corn cob ». Cette formation est constituée de streptocoques adhérant aux filaments de Bacterionoma matruchotii ou d’actinomycès. La photo de Carranza et coll. 1996 illustre cette formation. 24 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex Un autre exemple de cohésion inter-microbienne est constitué par les formations en « brosse » ou en « écouvillon » constituées de bactéries filamenteuses auxquelles se fixent des bâtonnets Gram négatif. La photo suivante de Lindhe (1986) illustre ce dernier type de cohésion intermicrobienne. Parmi les bactéries du biofilm dentaire certaines y tiennent un rôle prépondérant. C’est le cas de Fusobacterium nucleatum qui joue le rôle de pont entre les bactéries colonisatrices du début de la formation du biofilm et celles qui adhèrent plus tardivement (Schéma suivant de Marsh et coll. 1999b). 25 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex Cette bactérie agit aussi comme un pont physiologique c’est à dire qu’elle va favoriser l’établissement de micro-environnements anaérobies protégeant ainsi les bactéries anaérobies strictes vivant dans un milieu aérobie (Kolenbrander 2000). Pendant la phase de colonisation du biofilm dentaire les bactéries adhérentes synthétisent des polymères extracellulaires qui contribuent à l’intégrité structurale du biofilm (Marsh et coll. 1999b). 26 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex 3.1.5 - Maturation La colonisation bactérienne augmente le degré de complexité du biofilm et aboutit à l’établissement d’un biofilm dentaire mature. On parle aussi de l’état d’ « apogée de la communauté » ; cette apogée peut être définie comme une communauté microbienne complexe et stable qui s’est développée et qui est le résultat final d’un processus de successions bactériennes (Park et coll. 1994). Pour atteindre ce stade il doit y avoir un équilibre entre la déposition la croissance et l’élimination des bactéries. Toutefois pour un biofilm dentaire mature donné les conditions environnementales sont loin d’être uniformes les forces de détachement varient énormément durant une journée. Elles peuvent être absentes pendant le sommeil alors que celles-ci peuvent être supérieures aux forces de cohésion durant les repas et la phonation (Busscher et coll. 1997). De plus certaines bactéries ont la capacité de se détacher du biofilm dentaire pour retourner à l’état planctonique dans la salive ce qui facilite la colonisation de sites nouveaux. Pour cela les bactéries peuvent hydrolyser leurs liaisons avec le substrat en faisant intervenir des enzymes elles peuvent aussi libérer des biosurfactants qui vont stimuler leur propre détachement quand les conditions deviennent défavorables (Busscher et coll. 1997). Une autre caractéristique de la plaque mature est la présence de bactéries mortes ou lysées qui peuvent alors fournir des nutriments supplémentaires aux bactéries voisines encore vivantes. On visualise ces bactéries mortes sur la photo suivante de Lindhe (1986). 3.2–CONSEQUENCES DE LAVIE COMMUNAUTAIRE 3.2.1 - Résistance à la colonisation Les bactéries du biofilm dentaire ont la possibilité d’exclure des organismes exogènes en empêchant leur colonisation organismes souvent pathogènes pour l’hôte. Cette résistance à la 27 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex colonisation est dépendante de différents facteurs microbiens qui sont : la compétition pour les récepteurs de l’adhésion la compétition pour les nutriments endogènes essentiels et les différents cofacteurs la création de micro-environnements défavorables à la croissance des espèces exogènes et enfin la production de substances inhibitrices (Marsh et coll. 1999b). Ce dernier mécanisme qui consiste en la production d’inhibiteurs joue un rôle primordial dans la lutte contre l’invasion bactérienne opportuniste. Cette antibiose qui répond par définition à un antagonisme entre espèces (Perrin et coll. 1999) regroupe différents mécanismes bactériens. La production de peroxyde d’hydrogène par certaines espèces comme S. sanguis exerce un effet inhibiteur sur de nombreuses espèces qui y sont sensibles (Mouton et coll. 1994). De même la production de bactériocines par certaines bactéries gram-positif principalement les streptocoques joue un rôle majeur dans la composition des écosystèmes. Ces bactériocines sont des protéines de haut poids moléculaire et elles sont limitées dans leurs spectres d’activités : en effet si on prend l’exemple de S.sanguis qui produit des sanguicines ces bactériocines ne sont inhibitrices que de S.mutans (Marsh et coll. 1999b). D’autres facteurs inhibiteurs produits par les bactéries du biofilm dentaire incluent des acides organiques du peroxyde d’hydrogène et des enzymes (Marsh et coll. 1994). En conclusion on constate que cet antagonisme bactérien exercé par les bactéries du biofilm dentaire à l’encontre de bactéries pathogènes peut jouer un rôle protecteur contribuant à l’état de santé de l’hôte (Mouton et coll. 1994). 3.2.2 - Résistance aux stress environnementaux et meilleur habitat Il apparaît que les bactéries vivant au sein du biofilm dentaire peuvent survivre dans des habitats extrêmes et hostiles (Slavkin et coll. 1997). En effet les surfaces dentaires constituent de très nombreux micro-environnements qui diffèrent radicalement par leurs ph leurs concentrations en oxygène et leurs potentiels électriques (Page et coll. 1997). La communauté microbienne formant le biofilm dentaire a la capacité de moduler les conditions locales environnementales permettant la croissance de bactéries anaérobies strictes dans un milieu aérobie elles permettent également la survie de bactéries sensibles au ph dans un milieu acide (Carlsson et coll. 1997). On retrouve ainsi un ensemble de facteurs de stress environnementaux qui peuvent affecter les bactéries du biofilm dentaire mais contre lesquels ces micro-organismes doivent savoir réagir 28 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex pour survivre (Burne et coll. 1999). Tout d’abord les bactéries doivent trouver une parade face à l’absence ou la diminution de nourriture. On assiste ainsi au développement de métabolismes nécessitant l’action concertée de populations variées au sein de la communauté bactérienne comme celui de l’acide sialique qui constitue une source de carbone. De même les bactéries du biofilm dentaire doivent être capables de faire face aux variations de ph. De très nombreux mécanismes ont été décris on peut citer celui qui consiste en la formation d’urée par des bactéries telles que S. salivarius qui permet à ces bactéries de survivre aux ph acides (Bowden et coll. 1998). Ces bactéries peuvent ainsi faire face à un ph défavorable grâce à des réponses phénotypiques et physiologiques adaptées ce qui aboutit à la sélection de la communauté la plus résistante aux acides (Marquis 1995). Ainsi on se rend compte que pour un organisme pris individuellement la vie est d’autant plus difficile que l’environnement est défavorable. P.Marsh lors de la conférence de Paris sur les biofilms décrivait de nouveaux mécanismes de survie concernant les bactéries anaérobies soumises à un apport d’oxygène. En effet lorsque l’on apporte de l’oxygène à des bactéries anaérobies en présence de bactéries aérobies ces dernières vont devenir dominantes et vont protéger les anaérobies du biofilm dentaire (Coaglan 1996). Ce phénomène se vérifie également dans le milieu planctonique dans lequel les bactéries aérobies éliminent tout l’oxygène permettant aux anaérobies de survivre. Diaz et coll.2000 ont mis en évidence la capacité de F.nucleatum à former des ponts entre les premiers et les derniers micro-organismes colonisateurs. Cette bactérie joue ainsi le rôle de passerelle entre les espèces anaérobies strictes situées plus en profondeur et les anaérobies facultatives situées plus à la superficie du biofilmce qui permet la survie de ces dernières dans un milieu contenant de l’oxygène. F.nucleatum qui permet ce type de coagrégation peut survivre dans des conditions d’aérobiose et d’anaérobiose variées et possède la capacité de métaboliser l’oxygène ce qui crée ainsi des conditions favorables à la survie de bactéries présentes dans son environnement immédiat. On peut aussi vérifier l’existence d’une stratification des différentes populations bactériennes au sein du biofilm dentaire stratification qui sera corrélée avec la capacité à métaboliser l’oxygène ce qui permet d’affirmer que les bactéries qui tolèrent peu l’oxygène seront situées plus en profondeur. On peut conclure que les bactéries forment au sein même du biofilm dentaire de véritables niches écologiques qui sont le reflet de leur adaptation aux différents stress environnementaux. Il apparaît également que la diversité des espèces 29 permettant des Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex réponses adaptées du biofilm aux changements environnementaux soit un atout majeur quant à la survie des espèces plus vulnérables (Marquis 1995). 3.2.3 - Coopération métabolique Une des conséquences de la croissance bactérienne au sein du biofilm dentaire est la possibilité d’établir des coopérations métaboliques à l’intérieur d’un consortium de cellules bactériennes d’espèces différentes (Costerton 1995a). Ainsi des échanges nutritionnels sont possibles entre bactéries certaines libérant dans le milieu leurs déchets métaboliques qui seront utilisés par d’autres bactéries voisines (Coghlan 1996) et (Bowden et coll.1997). Les produits du métabolisme deviennent alors la principale source de nutriments pour certaines bactéries. Il en résulte alors que la croissance de certaines espèces devient dépendante du métabolisme d’autres organismes. On voit aussi apparaître d’autres interactions synergétiques notamment lorsque les bactéries coopèrent de façon concertée pour casser des macromolécules endogènes macromolécules qui auraient été difficiles à dégrader par des organismes individuels. La figure suivante schématise cette coopération bactérienne lors la dégradation des glycoprotéines de l’hôte (Marsh et coll. 1999b). On remarque que les organismes A et D sont capables de cliver les sucres terminaux de la chaîne oligosaccharidique, et ce n’est qu’une fois que ces organismes ont agi, que B peut à son tour hydrolyser le sucre suivant. On assiste alors au développement de véritables chaînes alimentaires qui évitent la compétition directe entre les différentes espèces ce qui leur permet de coexister. La chaîne alimentaire la plus décrite est celle de l’utilisation par Veillonella de lactate produit par les streptocoques et par Actinomyces (Marsh et coll. 1995). C’est un exemple de protocoopération ou mutualisme. 30 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex La coadhésion et la coagrégation bactérienne interviennent aussi dans les phénomènes de synergisme métabolique car elles facilitent les échanges nutritionnels entre les bactéries (Kolenbrander 2000). De plus ces phénomènes de coagrégation et de coadhésion interviennent dans l’organisation spatiale de la communauté. En effet on voit très vite se mettre en place suite au catabolisme des nutriments des gradients nutritionnels qui conduisent au développement de stratifications bactériennes verticales et horizontales à l’intérieur du biofilm. Ceci permet alors à des organismes différemment équipés de croître ce qui assure la coexistence d’espèces qui aurait été incompatible dans un habitat homogène (Marsh et coll. 1999b). 3.2.4 - Protection contre les attaques antibiotiques et contre les défenses de l’hôte L’organisation des microorganismes au sein du biofilm dentaire leur confère des propriétés que l’on ne trouve pas chez les espèces individuelles grandissant indépendamment. Les bactéries protégées dans le biofilm sont ainsi jusqu’à 1500 fois plus résistantes aux antibiotiques que leurs homologues planctoniques (Coghlan et coll. 1996). Bien que certains aspects de la résistance au sein du biofilm soient encore mal expliqués les principaux mécanismes relatant cette moindre susceptibilité aux attaques antibiotiques vont être ici décris. 3.2.4.1 - Différence de métabolisme et de croissance Les variations et limitations de nutriments à l’origine de gradients physico-chimiques à travers le biofilm dentaire peuvent réduire le taux de croissance bactérienne (Bowden et coll.1998). Les bactéries ne se divisent donc plus ce qui les rend alors résistantes aux agents antibiotiques qui n’attaquent que les bactéries en division (Potera 1999). La résistance apparaît alors comme le reflet de l’environnement nutritionnel généré à l’intérieur du biofilm dentaire (Gilbert et coll. 1997). Marsh et coll. (1999b) affirment que la résistance augmentée des biofilms aux agents antimicrobiens pourrait être en rapport avec la structure et avec l’âge du biofilm. Bowden et coll. (1998) ont étudié la résistance bactérienne des biofilms de 4 et 7jours et leurs résultats s’opposent à ceux de Marsh. 31 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex De plus les cellules à croissance rapide meurent car elles sont la cible des différents agents anti-bactériens elles ne consomment alors plus de nutriments. Par la suite, les cellules situées en dessous des premières ont plus de nourriture elles se divisent alors plus vite et deviennent par conséquent plus susceptibles. On assiste ainsi à un déplacement de la zone létale au sein du biofilm dentaire ce qui retarde la destruction de celui-ci. Toutefois ce retardement ne peut pas protéger complètement le biofilm (Conférence de Paris 2000). Les bactéries mortes qui fournissent des substrats aux bactéries situées en dessous d’elles peuvent aussi agir en tant que barrière physique aux antibiotiques augmentant ainsi la résistance du biofilm dentaire aux agents anti-microbiens (Auschill et coll. 2001). En conclusion les modifications de l’environnement nutritionnel et le taux de croissance bactérien favorisent une résistance augmentée des bactéries du biofilm aux antibiotiques locaux et systémiques aux différents agents anti-microbiens et aux défenses de l’hôte (Page et coll. 1997). 3.2.4.2 - Expression phénotypique différentielle 40 des protéines membranaires des bactéries trouvées dans le biofilm diffèrent de celles présentes sur les mêmes bactéries mais vivant à l’état planctonique (Potera 1999). On assiste donc à des changements phénotypiques en terme d’expression protéique dès lors que les bactéries sont incluses dans le biofilm dentaire. Ces modifications de protéines de surface sont corrélées à une modification de la perméabilité bactérienne ce qui favorise leur défense face aux attaques antibiotiques (Freney et coll. 2000). Cette expression phénotypique différentielle est en rapport avec l’état nutritionnel le taux de croissance le pH les changements de température et l’exposition bactérienne du biofilm dentaire à des concentrations insuffisantes d’antibiotiques. Les modifications des composants extra-cellulaires concernent les protéines mais aussi les polysaccharides. Ainsi les antibiotiques vont connaître plus de difficulté à atteindre leurs cibles potentielles car celles-ci auront soit disparu soit été modifiées (Gilbert et coll. 1997). Il a été également démontré que les micro-organismes adhérant à une surface et grandissant dans un biofilm sont plus résistants aux antibiotiques et aux antiseptiques que les cellules planctoniques (Veno Poulsen 1999). Il existe donc une relation entre l’attachement à la surface dentaire et l’expression génétique des bactéries du biofilm l’attachement entraînant l’induction ou la répression de gènes exprimés par les cellules planctoniques ce qui a pour conséquence l’augmentation de leur résistance. Les changements dans la susceptibilité 32 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex peuvent être rapides c’est à dire dès l’attachement mais la résistance n’est pas continue (Conférence de Paris 2000). On constate donc que la résistance des bactéries du biofilm est secondaire à l’adhésion aux surfaces dentaires et aux modifications de l’environnement local qui sont deux phénomènes concomitants (Bowden et coll. 1998). Les bactéries mortes dans le biofilm peuvent agir comme donneur d’ADN codant pour une résistance aux antibiotiques. Cet ADN libre peut être préservé pendant des durées importantes tant qu’il baigne dans la salive. Il est possible que d’autres bactéries intègrent cet ADN et développent alors de nouveaux phénotypes (Li et coll. 2001). De plus il existe un transfert génétique à l’intérieur du biofilm dentaire ce qui peut aboutir à une résistance croisée des bactéries voisines notamment aux immunoglobulines. Certaines bactéries peuvent aussi hériter de leurs voisines des gènes de différentes protéases tels que celui de la -lactamase ce qui leur confère une résistance aux -lactamines (Conférence de Paris 2000). 3.2.4.3 - Rôle de la matrice Dans le biofilm dentaire les bactéries fabriquent elles-mêmes leur propre matrice d’exopolymères. Celle-ci consiste entre autre à protéger les bactéries contre les agressions extérieures contre le système de défense de l’hôte et contre les agents anti-microbiens (Barbieri 2000). De nombreux auteurs s’accordent à dire que la matrice extra-cellulaire encore appelée glycocalyx tient un rôle de barrière de diffusion (Freney et coll. 2000 Costerton 1995a). En fait la matrice peut être assimilée à un gel difficile à dissoudre à travers lequel les agents anti-microbiens sont incapables de diffuser pour atteindre les bactéries (Carranza et coll. 1996). De plus ces bactéries vont pouvoir développer des résistances en produisant plus de polysaccharides pour former une couche plus épaisse ce qui accroît la résistance mécanique de la matrice extra-cellulaire. En conséquence la résistance d’un biofilm dentaire s’avère plus importante face aux antiseptiques lorsque le biofilm est mature (DuPont et coll. 1997). On voit donc que la matrice intervient dans la préservation de l’unité structurale du biofilm dentaire. Toutefois la présence de canaux aqueux à l’intérieur du biofilm nous amène à penser que la matrice ne peut que limiter la diffusion des antibiotiques elle n’agit donc pas comme une barrière de diffusion empêchant toute pénétration d’agents 33 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex anti-microbiens mais plutôt comme une barrière limitant la diffusion (Conférence de Paris 2000). La matrice extra-cellulaire peut aussi servir d’amarrage aux enzymes excrétées par les bactéries ou produites par la mort de celles-ci. Certaines de ces enzymes sont capables de dégrader voir de détruire des antibiotiques (Conférence de Paris 2000). Le Glycocalyx peut aussi limiter l’accès des agents anti-microbiens par l’intermédiaire d’interactions ioniques. En effet le glycocalyx ne laissera pénétrer des antibiotiques que si ces derniers sont cationiques. Ainsi leur accès sera empêché s’ils sont chargés positivement de même ils diffuseront peu à travers le biofilm dentaire s’ils sont hydrophiles (Gilbert et coll. 1997). Enfin les bactéries ont la capacité d’excréter certaines molécules en faisant intervenir une pompe. Ce système appelé efflux est plus marqué à l’intérieur du biofilm dentaire là où les cellules bactériennes ont une croissance plus lente (Gilbert et coll. 1997). 3.2.5 - Synergie pathogénique Une fois établie sur un site la microflore reste stable pendant un certain temps malgré de petites perturbations au niveau de l’environnement local. La composition bactérienne est ainsi caractérisée par un remarquable degré de stabilité malgré les défenses de l’hôte et l’exposition à des stress environnementaux (Caldwell et coll.1997). Cette stabilité appelée «homéostasie microbienne» résulte d’une balance dans les interactions microbiennes dynamiques qui incluent le synergisme et l’antagonisme bactérien. Quand l’environnement est perturbé des mécanismes d’auto-régulation peuvent restaurer l’état d’équilibre. Une des composantes de ce mécanisme est le feed-back négatif : c’est à dire qu’un changement d’un ou plusieurs organismes va entraîner la réponse d’autres bactéries qui vont s’opposer à ce changement pour tenter de le neutraliser (Marsh et coll. 1999b). La santé dentaire et parodontale peut être considérée comme un état d’équilibre dans lequel la population bactérienne coexiste avec l’hôte et où aucun dommage irréparable n’apparaît dans les tissus de l’hôte (Carranza et coll. 1996). Toutefois la maladie peut apparaître quand la composition et les activités métaboliques des communautés du biofilm sont perturbées. Ce changement écologique résulte d’une augmentation des proportions des microorganismes pathogéniques qui possèdent des déterminants enzymatiques et structuraux qui peuvent rendre ces microorganismes plus virulents que ceux associés avec la santé de l’hôte (Burne 1998). 34 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex C’est alors que différents groupes de bactéries pathogènes coopèrent et entraînent la maladie alors que seules elles sont incapables de nuire (Conférence de Paris 2000). Beaucoup de données ont été publiées sur le biofilm dentaire mais les effets des thérapeutiques, notamment ceux des ultrasons, restent encore inconnus. On dit que le traitement ultrasonique désorganise le biofilm bien que cela ne soit pas encore prouvé. Il nous est donc venu à l’idée de pratiquer ce mode de traitement afin d’observer les effets des ultrasons, notamment en évaluant la composition de quatre éléments qui sont : le carbone, le calcium, l’oxygène et le phosphore. Nous avons ainsi tenter de caractériser et d’identifier, à partir de ces quatre éléments, le biofilm dentaire, avant et après traitement ultrasonique, grâce à la microscopie électronique à balayage en utilisant une sonde EDS. ETUDE EXPERIMENTALE 1-Analyse du biofilm observé au MEB après traitement ultrasonique à l’aide d’une sonde EDS. Marie Grace Poblete-Vita, Stéphane Philippe, Yannick Standly, Guy Cathelineau, Jean François Michel Laboratoire de biomatériaux en site osseux (Pr Cathelineau) Faculté de chirurgie dentaire Université de Rennes I, France 1.1 - RESUME Les données de littérature montrent que le traitement ultrasonique facilite le débridement des surfaces radiculaires par une complète désorganisation de la structure microbienne du biofilm. Ce traitement modifie aussi la composition du cément radiculaire. Cependant, peu de choses sont connues sur les effets de ce mode d'instrumentation sur la composition en masse du biofilm adhérant sur la surface cémentaire. Le but de notre étude a été de tenter de caractériser et d'identifier le biofilm et le tartre dentaire avant et après traitement ultrasonique grâce à la microscopie électronique à balayage (SEM) utilisant une sonde EDS. Nous avons tenu 35 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex compte de quatre éléments chimiques qui sont : le carbone (C) ; le calcium (Ca) ; l'oxygène (O) et le phosphore (P). Un total de 24 échantillons de plaque bactérienne provenant de 24 patients avec un indice de plaque supérieur à 1 a été rassemblé dans les secteurs molaires maxillaires et chaque échantillon a été divisé en trois parties : groupe 1(contrôle)-échantillons exposés à l'air sec pendant 48 heures ; groupe 2(test)- les échantillons ont été traités aux ultrasons pendant 1 minutes puis séchés à l'air pendant 48 heures ; groupe 3(observations morphologiques) –les échantillons sont placés dans du glutaraldéhyde à 2,5% pour la fixation, rincés grâce au BSS à un ph de 7,2 et soumis à un processus de déshydratation dans des bains successifs d'alcool et d'acétone pour la préparation au point critique dans une atmosphère de CO2. Les analyses morphologiques avec des grossissements de x200, x2000x, x6000 ont été réalisées sur les 24 échantillons. L'analyse de C, O, Ca, P sur la composition de la plaque bactérienne est donnée sur l'ensemble des 24 échantillons. Les valeurs déduites sont exprimées en pourcentage et un test non-paramétrique de Wilcoxon a été utilisé pour évaluer la différence entre les groupes contrôle et traité. Les mesures sur les échantillons contrôle (n=24) révèlent la présence de 60,1% +/-3,4 de C ; 36,8% +/-3,7 de O ; 0,6% +/-0,3 de Ca ; et 2,4% +/-3,3 de P. Les mesures des échantillons soumis à un traitement ultrasonique montrent la présence de 56,5% +/-0,3 de C ; 37,1% +/-0,8 de O ; 2% +/-0,1 de Ca ; et 3,3% +/-0,4 de P. Il n'y a pas de modification significative dans la composition en masse du biofilm pour O et P mais les valeurs de C et Ca sont modifiées avec une différence critique au seuil de 5% (p<0,05). Basée sur les résultats se cette étude, la composition en masse du biofilm n'est pas modifiée par le traitement ultrasonique. Mots clés : biofilm ; traitement ultrasonique ; microscopie électronique à balayage 1.2 - INTRODUCTION Jusqu’à ce jour l’objectif des thérapeutiques parodontales a été de stopper la progression de la parodontite en contrôlant son premier facteur étiologique : la plaque bactérienne (Greenstein 1992). La plaque bactérienne est considérée comme le plus important facteur étiologique dans le développement de la parodontite (Breininger et coll. 1987) et peut être assimilée de manière générale à ce qu’on appelle un biofilm. Ce dernier se définit comme un ensemble de 36 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex populations bactériennes solidaires entre elles au sein d’une matrice glyco-protéinique grâce à l’élaboration de phénomènes complexe d’adhérence (Costerton et coll. 1994). Cette structure microbiologique est particulièrement difficile à éliminer par les techniques d’hygiène buccodentaire classiques quotidiennes au niveau sous-gingival qu’elles soient mécaniques ou chimiques (brossage, pâte gingivale ou bain de bouche antiseptique (Darveau et coll. 1997). En conséquence, la recherche des méthodes cliniques les plus efficaces demeure essentielle pour le praticien. Parmi ces moyens, le clinicien dispose du détartrage et surfaçage radiculaire (Garnick 1989), manuel ou ultrasonique. De nombreuses études confirment la nette amélioration de l’état de santé parodontal après ces traitements, en modifiant le métabolisme anaérobie de la flore bactérienne pathogène initiale vers un métabolisme aérobie (Adams et coll. 1996). D’autres études ont précisé la supériorité respective des techniques ultrasoniques sur l’usage des curettes manuelles vis à vis du biofilm, du tartre, et autres débris irritants pour le parodonte (Brent Scott et coll.1999, Gagnot et coll. 1998, Himeno 1994, Da Costa Noble et coll. 1993, Drisko 1993, Dragoo 1992, Himeno et coll. 1991, Thilo et Braehni 1987, Loos et coll. 1987, Leon et Vogel 1987, Oosterwaal et coll. 1987, Thorton et Garnick 1982, Stende et Schaffer 1961). Pour cette raison, les traitements ultrasoniques ont été adoptés par l’ensemble des praticiens à toutes les étapes du traitement parodontal : la préparation initiale, la phase chirurgicale et enfin la phase de maintenance (Drisko 1998). Le traitement ultrasonique facilite un débridement de la surface radiculaire par une désorganisation totale de la structure tridimensionnelle du biofilm bactérien. Par ailleurs, on constate clairement qu’il modifie la composition de surface du cément traité (Doré 1999). Par contre il n’existe pas actuellement de mesure de la composition du biofilm traité. De ce fait, l’objectif de cette étude a été de tenter une caractérisation chimique du biofilm, avant et après traitement ultrasonique, en utilisant l’analyse spectrométrique des rayons X émis après bombardement électronique de la structure bactérienne. L’analyse spectrométrique est réalisée en mesurant les valeurs du carbone (C), de l’oxygène (O), du calcium (Ca) et du phosphore (P). Ces mesures devraient permettre d’obtenir la composition moyenne organique et minérale du biofilm et ainsi, autoriser une analyse plus fine de la quantité de biofilm résiduelle, sur une surface radiculaire, traitée expérimentalement par ultrasons. 37 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex 1.3 - MATERIELS ET METHODES Vingt-quatre prélèvements de plaque bactérienne ont été effectués sur des patients volontaires, consultant l’unité fonctionnelle de parodontologie (Service de soins dentaires et péridentaires : Pr. Vulcain). Ces prélèvements ont été réalisés sans tenir compte des critères habituellement admis (âge, sexe, présence de maladies parodontales, présences de pathologies générales, suivi d’un traitement local ou général). Cependant, les prélèvements ont été effectués sur un parodonte inflammatoire, chez l’adulte (20 à 60 ans). Tous les patients présentaient une hygiène bucco-dentaire qualifiée de moyenne à absente, avec une quantité de plaque bactérienne suffisante à prélever en un seul site (plaque index >1Silness et Loe 1964). Le site de prélèvement a été choisi dans les secteurs latéraux maxillaires au niveau des espaces inter-dentaires. La plaque prélevée était strictement juxtagingivale. Après isolement du site de prélèvement avec un rouleau de coton et une pompe à salive, un excavateur a été utilisé pour le prélèvement en réalisant une friction douce de la surface dentaire n’occasionnant aucun saignement. L’objectif a été de prélever une plaque sans apport exogène organique ou minéral. Les prélèvements ont alors été fractionnés en trois et ont subi les traitements suivants : Groupe I (témoin) : Les échantillons ont été étalés sur un support de cuivre individuel, puis séchés à l’air pendant 48 heures. Groupe II (traité) : La plaque bactérienne a été traitée aux ultrasons sans irrigation pendant une minute (ultrasons Piezomatic et embout SATELEC (HP10) au sein d’un tube plastique. Cet échantillon a été recueilli et placé sur une plaque de cuivre puis séché à l’air. Les échantillons du groupe I et II ont été observés à la sonde EDS dans une zone plane après métallisation des échantillons par pulvérisation cathodique à l’aide de l’appareil JEOL JFC 1100. Groupe III (observation morphologique ) : les échantillons ont été étalés sur un support en cuivre puis fixé au glutaraldéhyde à 2.5 %, pendant 12 heures, enfin rincé au tampon cacodylate (3x15 minutes), et conservés au réfrigérateur 38 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex à + 4°C. Ces échantillons ont été mis en condition pour une observation en MEB par des déshydratations successives à l’aide de passages dans des bains d’alcool de degrés croissants (80° pendant 2x10 min, 90° pendant 2x10 min, 100° pendant 2x10 min, et acétone pendant 2x 10 min ). Ces mêmes échantillons ont été ensuite traités au point critique en atmosphère de CO2 pour l’observation et l’analyse morphologique de la plaque bactérienne. L’analyse morphologique a été réalisée sur les 24 échantillons du groupe III aux grossissements x200, x2000, x6000. Cette analyse a servi à une identification globale des morphotypes bactériens majoritaires et de leur densité. Cet examen a pour but de constater une bonne homogénéité et l’absence de noyaux épitactiques de calcification altérant de manière significative les résultats de la sonde EDS. L’analyse de la composition de la plaque en C, O, Ca, P a été pratiquée systématiquement sur les 24 échantillons pour les échantillons traités (test) et pour les échantillons non traités (contrôle). Le bombardement électronique de l’objet entraîne la formation de rayons X d’énergie caractéristique émis par le point d’impact. L’analyse par la sonde EDS (Energy dispersive X ray spectrometer ) des rayons X permet de mesurer la composition chimique de l’objet au point d’impact, sur un volume d’un µ3, sur une surface inférieure à un µ2. Les valeurs retenues ont été exprimées en pourcentage massique. 1.4 - RESULTATS En microscopie électronique à balayage l’analyse morphologique des échantillons du groupe III révèle un polymorphisme de la flore bactérienne. La plaque jeune montre des colonies de bactéries en particulier, de nombreuses chaînes de cocci, souvent en cours de division (Fig. 1). La plaque des échantillons présente généralement des structures en épis de maïs, associées à la notion d’une plaque mature (Mouton 1974). Des spirochètes sont également présents, en même temps que des bâtonnets et des filaments (Fig.3). A l’inverse, au sein des échantillons des groupes I et II, l’analyse morphologique est impossible du fait d’un écrasement des structures provoqué par le séchage à l’air (Fig.4). Les mesures exprimées en pourcentage massique des quatre éléments chimiques sont récapitulées dans le tableau I et la figure 5. Au sein du groupe témoin on détermine en moyenne la présence de carbone à 60%±3.4, d’oxygène à 36.8%±3.7, de calcium à 0.06%±0.3,et de phosphore à 2.4%±3.3. Les valeurs montrent une composition 39 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex essentiellement organique. Cependant, des sites des calcifications ont pu être observés sur certains prélèvements. Dans ce cas les mesures ont été volontairement écartées pour ne pas biaiser le calcul de la composition moyenne du biofilm. Les mesures sur les échantillons du groupe traité montrent la présence de carbone à 56.5%±0.3, d’oxygène à 37.1%±0.8, de calcium à 2%±0.1 et de phosphore à 3.3%±0.4. Un test non paramétrique de Wilcoxon a été réalisé pour comparer l’homogénéité des deux groupes "témoin" et "traité", à un risque de 5%. Le test ne montre pas de différences significatives pour l’oxygène et le phosphore tandis qu’il apparaît une différence significative pour le carbone et le calcium. Par ailleurs au cours de l’étude des mesures portant sur le pourcentage de cuivre ont été réalisées sur le groupe témoin et le groupe traité (Tableau II ) sans révéler de différences significatives. 1.5 - DISCUSSION Le traitement non-chirurgical de la maladie parodontale par une instrumentation ultrasonique a trois objectifs : (1) l’élimination des dépôts exogènes (plaque dentaire et tartre), (2) l’obtention d’une surface cémentaire lisse, (3) en évitant la formation de smear layer. De nombreuses études ont démontré l’avantage de l’utilisation d’instruments ultrasoniques pour la désorganisation du biofilm (Walmsley et coll. 1988 1990) soit en comparaison avec l’usage des curettes manuelles (Drisko et Lewis 1996 et Breininger et coll. 1987) ; soit par l’étude attentive de la quantité de smear layer résiduelle sur le cément (Bomlolof et coll. 1997) ; ou encore, en association avec une irrigation sous-gingivale (Higashi et Okamoto 1995). Des études bactériologiques (Oosterwaal et coll. 1987 ; Leon et Vogel 1987 ; Loos et coll. 1988) concernant les effets des inserts ultrasoniques sur la microflore de la plaque dentaire ont montré que le débridement sous-gingival avec des inserts ultrasoniques provoque des changements dans la composition microbienne de la plaque dentaire. Les résultats de l’étude menée par Thilo et Baehni, 1997 montrait que ce type d’instrumentation affectait la composition de la plaque dentaire aussi bien in vivo qu’in vitro. Les changements bactériens suivant l’instrumentation étaient caractérisés par une réduction des spirochètes et des bâtonnets mobiles avec une augmentation concomitante des cocci. Cependant, la diminution dans le pourcentage des spirochètes après l’ultrasonification de la plaque avec des inserts, 40 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex reflètent une réelle réduction du nombre de cellules due à la mort et la désintégration des cellules. On sait aussi que les inserts ultrasoniques opérant à de hautes fréquences génèrent un effet cavitationnel (Walmsley et coll. 1984), un phénomène connu pour ces effets destructeurs sur la cellule, bien qu’une étude menée par Himeno (1991) recommande que la puissance utilisée doit être aussi basse que possible pour éviter d’endommager la surface saine du cément. Les changements qualitatifs dans la flore bactérienne de la plaque observés in vitro pourrait probablement être attribués à l’action combinée des vibrations, de l’effet cavitationnel, auquel s’ajoute le flux d’air du spray (Thilo et coll.1987 ). En 1988 et 1990, Walmsley et coll. suggéraient que les inserts ultrasoniques avaient un effet bactéricide sur la plaque par cavitation. Cependant, une étude récente (Schenk et coll. 1999) a prouvé que le premier effet des inserts ultrasoniques est l’ablation mécanique de la plaque et ne serait donc pas un effet bactéricide sur A.actinomycetemcomitans, P.gingivalis, C.rectus, et P.micros in vitro. Des études réalisées par Checci et Pellicioni en 1988 ont montré que les instruments ultrasoniques sont aussi efficace dans l’élimination des endotoxines adhérentes aux surfaces radiculaires. Cette découverte est constitutive aux déductions affirmant que les endotoxines sont liées à la surface radiculaire et est facilement éliminée par les phénomènes dominants acoustiques et cavitationnels associés aux ultrasons dont on peut penser qu’ils ont un effet accessoire sur la plaque et sur l’élimination des endotoxines (Moore et coll. 1986 ; Wilson et coll. 1986 ; et Wamsley et coll.1990). Une étude récente (Doré,1999) montrait des modifications significatives dans la composition en masse de la surface du cément après utilisation des inserts ultrasoniques Twiny de Satelec sur 21 dents monoradiculées extraites durant le traitement initial suite à perte osseuse sévère ou terminale. Cependant, les résultats ne peuvent pas spécifier que les modifications observées proviennent du traitement de la surface du cément ou de la désorganisation du biofilm. Une autre étude (Michel et coll. 2000) a étudié in vivo les effets dus au traitement ultrasonique utilisant les inserts ultrasoniques H2 et H4 de Satelec sur les surfaces radiculaires de 10 dents dans la région de la furcation. L’analyse des surfaces radiculaires par une sonde EDS révélait qu’une modification dans la composition organique de la surface du cément était évidente après le passage des inserts mentionnés. De plus, les résultats de notre présente étude montre que l’instrumentation ultrasonique ne modifie pas significativement les paramètres de la composition massique du biofilm pour l’oxygène et le phosphore. Par contre, les valeurs 41 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex pour le carbone et le calcium étaient modifiées. Les raisons de ces variations sont difficiles à déterminer et restent peu évidentes. Il est possible de penser que ceci est dû à la désorganisation des noyaux de calcification en cours de formation à l’intérieur du biofilm ou à la libération du calcium intra-cellulaire lors de la destruction de la cellule bactérienne sur les échantillons traités. En comparant ces résultats aux études réalisées par Doré 1999 et Michel et coll.2000, les modifications observées dans les études précédentes ont des résultats positifs sur la modification des conditions de surface du cément par l’action d’un traitement ultrasonique. Ceci suggère que basées sur les résultats de notre étude la composition du biofilm n’est pas altérée mais les objectifs du traitement non-chirurgical par une instrumentation ultrasonique peuvent être atteints avec succès. Les données observées offrent une base pour une compréhension plus approfondie des effets de l’instrumentation ultrasonique sur la composition en masse du biofilm. Nous suggérons que cette méthode pourrait être utilisée comme modèle dans l’approche de l’observation du biofilm. CONCLUSION L’assimilation de la plaque dentaire à un biofilm nous aide à mieux comprendre sa formation, son développement, son élimination et son contrôle. Les bactéries du biofilm interagissent entre elles et se comportent vraiment très différemment des microorganismes trouvés dans les colonies formées d’une seule espèce bactérienne (DuPont et coll. 1997). Les nouveaux concepts sur le biofilm ouvrent donc de nouvelles voies de recherche qui permettront peut-être à l’avenir l’obtention de traitements plus compatibles avec l’écologie bactérienne (Barbieri 2000). Notre étude portant sur l’action des traitements ultrasoniques sur le biofilm présentent quelques limites. En effet, le faible nombre d’échantillons n’autorise pas vraiment de calculs statistiques. De plus, nous n’avons pas réalisé de sélection de nos patients, que cela soit par site ou par maladie parodontale. Cette étude n’a pas été réalisée en simple aveugle. Enfin, il apparaît que l’observation de la sonde EDS n’est pas forcément transposable au biofilm dentaire. 42 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex Néanmoins, cette étude se présente comme un travail original dans lequel nous avons pu vérifier les observations suivantes : l’altération du biofilm ainsi que l’altération des surfaces par l’action des ultrasons. 43 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex 1.6 - BIBLIOGRAPHIE Adams, D., Hinrichs, J., Claffey, N., Newman, H., Chace, R., Polson, A., Golub, L., Greenstein, G., Killoy, W., Mariotti, A., & Pihlstrom, B. (1996) Consensus report on nonsurgical pocket therapy: mechanical, pharmacotherapeutics, and dental occlusion. Annals of Periodontology 1, 581-588. Blomlof, J., Blomlof, L., & Lindskog, S. 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REMERCIEMENTS Les auteurs remercient Monsieur Lelannic (Laboratoire de microscopie électronique à balayage, Université de Rennes 1, Beaulieu), pour son aide précieuse lors des séances d’observation au microscope électronique à balayage. 46 Département de parodontologie Dr MICHEL Faculté de chirurgie dentaire de Rennes 2, Avenue du Pr Léon Bernard 35043. Rennes Cedex BIBLIOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE Adams, D., Hinrichs, J., Claffey, N., Newman, H., Chace, R., Polson, A., Golub, L., Greenstein, G., Killoy, W., Mariotti, A., & Pihlstrom, B. (1996) Consensus report on nonsurgical pocket therapy: mechanical, pharmacotherapeutics, and dental occlusion. Annals of Periodontology 1, 581-588. Blomlof, J., Blomlof, L., & Lindskog, S. (1997) Ultrasonic subgingival root planing and EDTA etching in a one-step procedure. Swedish Dental Journal 21, 213-219. Breininger, D.R., O'Leary, T.J. & Blumenshine, R.V.H. 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