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La fabrication de la dentelle en Flandre date du XVIe siècle. Le plus ancien document dentellier écrit est un recueil de patrons édité en 1527 à Cologne. Si la date de départ reste nébuleuse, le point de départ, par contre, est bien défini : pour les Flandres, le berceau de la dentelle, c'est Valenciennes. C'est dans cette ville qu'elle va s'élaborer. Les autres cités l'imiteront, mais ne parviendront pas à atteindre le degré de finesse auquel elle va habituer la noblesse et les grands de l'époque aussi très rapidement on distinguera, d'une part, la vraie Valenciennes faite à Valenciennes et, d'autre part, les fausses Valenciennes des autres villes : Bailleul, Arras, Lille, Bruges. Au cours du XVIe siècle à Bailleul, on a fabriqué de la dentelle pour la première fois. On va pratiquer régulièrement cette activité dès le début du XVIIe ; les revenus et leurs sources sont trop peu nombreux pour que l'on néglige ce gagne-pain. Le 12 avril 1669, Anna Swyngedau est autorisée par Charles II, roi d'Espagne, à fonder une école dominicale des pauvres filles. Cette école sera placée sous la protection du magistrat et la direction d'un ecclésiaste chargé de commettre une maîtresse. La donation consiste en deux fonds avec maisons, granges, étables, situés à Bailleul, rue Neuve. Dans cette école, Anna entend que le Speldewerck « travail aux épingles » soit enseigné aux filles, afin qu'elles puissent aborder leur vie de femme nanties d'un métier. Dès lors, il y aura toujours une ou plusieurs écoles de dentelle à Bailleul. A l'aube de la révolution, Bailleul fabrique annuellement 7 000 pièces de dentelle d'une longueur moyenne de 8,52. La clientèle est composée de bourgeois. La dentelle devient un commerce considérable. On en fabrique de toutes qualités principalement celles connues sous le nom de Valenciennes. Suit une liste de 9 fabricants : Baelde aîné, Beaurepaire, De la croix fils, Flahault Soeurs, Mle Flahault, Cécile Joys, Neuville, Striepaert, Top. Les bouleversements de la révolution vont marquer profondément l'activité dentellière de notre région qui devient département du nord. Les goûts changent, les besoins aussi. L'an 12 de la république, le préfet Dieudonné dans sa précieuse Statistique du département du nord « cite quatre centres dentelliers qu'il considère comme des chefs-lieux de production. Il donne pour chacun le nombre de dentellières en 1789 (pour Bailleul 1369-1269). Ainsi, à l'aube du XIXe siècle toutes les conditions vont se trouver réunies pour faire de Bailleul le grand centre de dentelles aux fuseaux du département du nord : une main d'œuvre disponible, une production solide et peu coûteuse, la persistance de ses écoles, auxquelles s'ajoute le déclin des autres cités. Pendant le premier quart du XIXe siècle, la production bailleuloise poursuit développement, sans heurt, avec un effectif voisin de 2 500 dentellières. On fabrique surtout des bords droits destinés au marché normand. En 1832, on ne sait trop pourquoi ni comment on commence à fabriquer des bords dentelés. C'est tout de suite l'ascension vertigineuse et le nombre de dentellières croît à une vitesse accélérée, en 20 ans elles tripleront leurs effectifs. Dentelle à bord droit De 1851 à 1870, c'est l'apogée de la dentelle à Bailleul. On cite pour la région le chiffre de 8000 dentellières. Il y a dix écoles dont une à Méteren qui avec plus de 1000 dentellières est devenu le principal village dentellier. Après 1870, va s'amorcer le déclin. Plusieurs facteurs en sont la cause : changements de mode, concurrence belge, développement de la production mécanique à Caudry et Saint Pierre les Calais. Cependant, dans les dix années qui suivent la situation est encore très satisfaisante. Il y a trois fabricants : Venière, Perrier et Huyghe. En 1879, l'école dominicale fonctionne avec un bel effectif dirigée par les filles de l'enfant Jésus, elle reçoit plus de 600 jeunes filles faisant de la dentelle et suivant les leçons une heure par jour. En 1881 et 1882, les lois scolaires de Jules Ferry envoient vers les instituteurs tous les enfants en âge de fréquenter l'école. Il n'est plus question d'assister aux leçons et les dispenses pour apprentissage ne sont envisageables qu'à partir de 13 ans. En 1888, il en reste quatre pour 200 élèves. Installée dans la grande demeure attenant à l'église Saint-Amand, l'école dominicale s'oriente de plus en plus dans la formation de couturières, de brodeuses et de corsetières pour devenir ce que l'on va appeler l'ouvroir. De 1900 à 1914, on compte 300 à 400 dentellières à Bailleul et 300 à Méteren qui est de loin le premier village dentellier. Les derniers fabricants disparaissent et sont remplacés par 3 couturières : Mle Bayard, Mme Lamerant-Douchy, Mmr Grignet. Les travaux les plus difficiles sont exécutés sur commande par deux ou trois dentellières très habiles et très expérimentées qui on créé un petit atelier. Le décret du 03 mai 1904, organisant l'enseignement dentellier en France permet d'ouvrir un cours de dentelle à l'école primaire. La responsable est Mle Julie Costenoble. On fait de même à Méteren en 1906 et le cours est confié à Mme Colart. Des écoles professionnelles de la grande époque, il ne reste que celle d'Euphrasie Roeland qui devient la véritable école dentellière de Bailleul. 1856-1914 – L'école dentellière créée et gérée par Euphrasie Roeland Née le 28 novembre 1834, Euphrasie Roeland touche ses premiers fuseaux à Pâques 1839 et son apprentissage se déroule normalement. Nous la retrouvons vers l'âge de 10 ans. Très habile de ses mains, elle fait des progrès rapides et se prend de passion pour son travail. Désormais, elle ne quitte plus son carreau et apprend toutes les ficelles du métier. En 1856, elle fonde sa propre école qui fonctionnera jusqu'à la guerre 1914-1918. Son principe de gestion est simple : un mécène pour patronner l'institution et une participation mensuelle payée par l'élève. Chaque apprentie est propriétaire de son carreau, de ses fuseaux, de son fil et de la dentelle qu'elle réalise. En 1899, la cotisation mensuelle est de 1 franc et l'école est patronnée par Anna Penvier, marchande de dentelle. En 1902, tout change. Le conseil municipal de Bailleul octroie à Mme Roeland un traitement annuel de 150 francs, donc plus besoin de rétribution scolaire. C'est un bel encouragement. Le nombre d'élèves augmente et les locaux devenant trop petits, l'école s'installe au 9, rue des sœurs noires. Il y a deux sous-maîtresses, l'une d'entre elles, Marie Douche, surveille les débutantes, elle pique les aiguilles et remet un travail mal parti dans le droit chemin. Une autre enseigne aux plus grandes. La fête patronale, Sainte-Anne, est toujours célébrée. Après la messe, on s'en retourne à l'école déjeuner avec du chocolat fumant et des gâteaux. Puis, c'est le couronnement d'Euphrasie. La maîtresse adulée est assise au milieu de la cour une énorme couronne de fleur suspendue audessus de sa tête avec l'aide de guirlandes. On chante en flamand le Moeder Anna et la couronne descend lentement pour se poser sur la tête de la reine en fin de chanson. On applaudit et l'on crie des vivats : la récompense est un sou pour chaque élève. Après la guerre 14-18, un américain , William Nelson Cromwell, qui passait par Bailleul en 1918, fut touché par le spectacle de désolation qui se présentait à sa vue ; il fut bouleversé à la pensée qu'on ne reverrait plus travailler les dentellières devant leurs fenêtres, et que tout un folklore ambiant allait sombrer dans l'oubli. Mr. Cromwell était président d'honneur de la société Le retour au foyer créée après la guerre par Mme Alexandre Ribot ; le but de cette association était de venir en aide aux populations des régions qui avaient été occupées par l'ennemi. En 1925, Cromwell soumit à la société « Le retour au foyer » le projet de faire revivre la dentelle à Bailleul ; on regroupa les anciennes ouvrières ; on leur procura les moyens de reprendre le travail et on s'occupa d'écouler la production. William Nelson Cromwell Une méterenoise, Marie Dellie, fut proclamée meilleure ouvrière de France en 1927 ; présidente des dentellières, elle habitait rue de la fontaine, à Méteren, et y est décédée le 27 mars 1943. La société fit construire une école dentellière dans la rue du collège. Au décès de Mme Ribot, Le retour au foyer fut dissous ; la municipalité, avec Jean Hié comme maire, décida de maintenir l'école en activité. La ville reçut en don le bâtiment ainsi qu'une somme de 400 000 francs, dont 200 000 versés par Mr Cromwell en personne. L'école fut dirigée par Mme Yvonne Looten, patronneuse. Les dentellières de Bailleul participèrent aux expositions de Paris de 1933 et 1936 ; elles obtinrent trois titres de meilleures ouvrières de France. Marie Dellie A l'Exposition Internationale de Bruxelles, en 1935, un grand prix a été décerné à l'école, puis à Paris en 1937. Des travaux de l'école dentellière de Bailleul furent également exposées à New-York en 1939. En 1935, la municipalité de Bailleul inaugura le buste de Mr Cromwell et nomma ce bienfaiteur, citoyen d'honneur de Bailleul. Ce buste est une reproduction de celui exécuté par Segoffin, ornant le Palais de la légion d'honneur. Le 23 août 1953, lors des fêtes de la commémoration du centenaire de la création du comité flamand de France, en mémoire de Edmond de Coussemaker, son fondateur, Les amis de Bailleul organisèrent une exposition mettant en valeur la dentelle ; les ouvrières se présentèrent en costumes folkloriques flamands ; ainsi Mme Suffys-Delmote, de Méteren, âgée de 90 ans, considérée comme la plus ancienne dentellière de France. Les légendes de la dentelle Les légendes expliquent bien des mystères et, l'origine de la dentelle en Flandre, elle aussi, serait due à des histoires d'amour, de pauvreté et de vœux. L'habileté et le désir profond d'imiter quelque merveille de la nature auraient donné naissance à ces pièces délicates. Plus tard, au Pays-Bas, l'art de la dentelle s'intègre à l'éducation des jeunes filles ; l'empereur Charles Quint ordonne l'enseignement de la dentelle dans les écoles et les couvents. Après le traité de Nimègue, Colbert, ministre de Louis XIV, afin d'en protéger le marché promet des châtiments sévères à ceux qui tenteraient de séduire les dentellières pour les faire émigrer. Délicates et touchantes sont les légendes brugeoises, ayant trait à la naissance de la fine dentelle, inspirées par la nature. Une jeune fille, Barbe Winckel, est victime d'une grande peine de cœur ; son fiancé, Gilliodts, a été tué à la guerre en Orient. Jointe à sa dernière lettre, se trouve une algue desséchée et légère, ramassée sur quelque plage lointaine... La jeune fille, examinant à la lueur de sa lampe, les fines nervures de cette plante, à la surprise et la douleur de la voir tomber en poussière ! Elle veut absolument en retrouver le souvenir, et, à l'aide de fils, elle se met à dessiner la plante ; un peu à la fois naît la dentelle... Séréna, fiancée à Arnold, file au rouet, gagnant ainsi son pain que celui de sa vieille maman. Mais la misère s'abat sur le foyer et la jeune fille supplie la vierge de venir à son secours. Un jour que les fiancés se promènent dans la campagne, des toiles d'araignée se déposent sur le tablier noir de Séréna en y imprimant de jolis et délicats dessins. Sur un carreau fabriqué par Arnold, Séréna va reconstituer patiemment les fines toiles et inventera la dentelle. Sources - http://epinette.free.fr/midi/repertoircoussemaker.php#sinte - Souvenir de Bailleul de Michel Le Calvé aux éditions « Mémoire Collective » (1983) - Bailleul en dentelles, catalogue du Musée Benoît De Puydt - Dentelle de Flandre : Enquête à Bailleul, Nord de Bernard Coussée, Collection Enquête (1991) - l'Ecole Dentellière, 6 Rue du Collège, 59270 Bailleul De 13h30 à 17h : http://www.ville-bailleul.fr/index.php/Ecole-de-dentelle?idpage=261 - http://home.nordnet.fr/~rgombert/Meteren/3e_partie.htm