Rougge – Monochrome. Ecouter cet album éveille de la nostalgie

Transcription

Rougge – Monochrome. Ecouter cet album éveille de la nostalgie
Rougge – Monochrome.
Août 27, 2015
Ecouter cet album éveille de la nostalgie chez moi, même si c'est la première fois que je
l'entends. Quand j'ai débuté The Shadows Commence, ROUGGE a été un des premiers
artistes avec qui je suis entré en contact, et Fragments un des premiers disques à
chroniquer. Et aujourd'hui, alors que je reviens lentement vers ce webzine après une
pause de 4 ans, cela coïncide si bien avec la sortie du deuxième album de ce musicien
français indé-néoclassique.
Je me rappelle très bien avoir été impressionné par le fait que ROUGGE chantait ses
compositions sans paroles, sans mots. A tout le moins, sans mots d'aucune langue
compréhensible, sauf de ROUGGE lui-même probablement. Ce ne sont pas vraiment des
mélopées ni vraiment une sorte de glossolalie, ça sonne en fait comme un vrai langage
qui n'est pas un vrai langage. J'ai pu être si troublé par ça à l'époque que j'ai presque
oublié d'être attentif à la musique, aux structures, aux compositions. Et peu de temps
après avoir chroniqué son premier album, j'ai comme oublié tout ça. Non pas que je n'ai
pas aimé cet album. Je l'ai assurément aimé, mais à cette époque, j'étais tellement
submergé par tant de musiques à écouter que j'oubliais très rapidement les choses que
j'avais écoutées la veille. Donc, cette fois, pour chroniquer Monochrome, je l'ai écouté
plusieurs fois dans des situations différentes et j'ai essayé de regarder au-delà de cette
façon particulière d'utiliser la voix.
La première piste est une courte intro. Une porte qui s'ouvre, craque et se ferme. (en fait
Markus c'est la banquette du piano:)). Les autres pistes sont toutes appelées
« Fragment » avec un numéro après, comme si elles avaient été extraites d'un ensemble
plus large. Cela est mystérieux. J'aime ça. En fait, beaucoup autour de ROUGGE
demeure un mystère. Je ne sais toujours pas qui il est, ce qu'il essaie de dire, quelles sont
ses influences, ce qu'il veut accomplir. C'est juste une personne agréable en conversation
et un compositeur hors-pair qui semble me hanter dès que je me sens au sommet d'une
période créative de ma vie.
J'ai vraiment aimé écouter cet album. Malheureusement, je n'ai pas beaucoup à dire que
je n'aurais déjà dit dans la chronique du premier. Beaucoup d'années sont passées entre
les deux sorties et ROUGGE est désormais assurément un meilleur musicien.
Toutes les compositions de cet album sont très abouties et très professionnelles, et, bien
que se limitant toujours au piano et à la voix (enfin...à une exception), ces compositions
peuvent devenir vraiment intenses lorsqu'elles s'immiscent dans vos oreilles. Je sens que
cet album a une tonalité plus sombre, ce que j'aime bien sûr. Particulièrement la
deuxième piste (la première après la courte introduction) vous remue comme un tonnerre
tremblant dès les premières notes. Mais ensuite, sortie de nulle part, vient une mélodie
plutôt douce et jolie, et ça n'est plus sombre du tout.
Vocalement, c'est bon, c'est intéressant. Que dire de plus ? Je pense toujours que ça sonne
un peu comme les passages gémissants de Thom Yorke.
La dernière piste est indiquée comme une piste bonus, séparée du reste de l'album par
environ 2 minutes de silence sur la version CD. ROUGGE m'a dit que , tandis que son
travail était habituellement une quête de minimalisme, cette piste bonus était une
nouvelle expérience. Cette composition est toujours centrée sur le piano et la voix, mais
elle ajoute une section de cordes et quelques percussions. Ca sonne vraiment bien,
comme le reste de l'album, et je n'aurais aucune préférence entre ces deux styles
d'orchestration pour une future sortie. Juste continuez de faire ce qui vous semble juste et
vous aurez mon soutien !
Je pense qu'il pourrait être facile de passer à côté de cet album. Le premier album n'avait
pas été très largement distribué, et il semble, juste à quelques semaines de la sortie
officielle, qu'il en sera de même pour ce second opus. Je vous recommande néanmoins
vivement de vous en saisir pour la qualité et l'originalité de cette musique néoclassique et
minimaliste chantée sans paroles.
Markus Eriksson