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Vendredi 17 juin 2016 // No 282 // 7e année INTERNET Les ravis de la crèche P. 6 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch HUMOUR Pourquoi c’est drôle P. 7 PDC Pfister et boule de gomme P. 16 MÉTÉO L’hiver indien P. 17 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA 2 C ’ E S T P A S P O U R D I R E ! Bordel de dieux Sebastian Dieguez D Schmidt & Müller, c’est pas très clair FAUSSE PUB Notre action de la semaine passée pour dénoncer les publireportages a été interprétée par certains lecteurs comme un véritable publireportage. Vrai logo Vendredi 10 juin 2016 // No 281 // 7e année // CHF Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse. 3.50 ch Hit de l’été Découvrez nos super promotions spéciales sur tous les modèles de meule use à disque !!!! Faux logo Faux monsieur Schmidt CH SA Fausse annonce PP/Journal – Poste Vigousse vendredi 17 juin 2016 3 EXPLICATION DE TEXTE JAA – 1300 Eclépens ans un chef-d’œuvre de contorsion verbale, le Tribunal fédéral a émis l’avis suivant (arrêt 6B.361/2010, 1.11.2010) : « L’attaque dirigée contre une vaste collectivité de personnes prises dans son ensemble ou son universalité n’est pas propre à porter atteinte à l’honneur de chacun des individus qui lui appartiennent. » C’est tordu, mais en gros ça veut dire qu’il est parfaitement autorisé en Suisse de diffuser le message que l’homosexualité est un « comportement déviant », une menace contre « l’équilibre psychique et moral de la jeunesse » ou un encouragement à l’avènement d’une « société hétérophobe ». A condition, bien sûr, que personne ne soit visé directement, comme c’est le cas dans ces exemples empruntés à des élus valaisans, tous bons chrétiens. A ce compte, si le massacre d’Orlando s’était produit en Suisse, il n’aurait légalement aucun caractère homophobe. Après tout, le tueur a clairement tiré dans le tas, sans viser personne en particulier (lui non plus). Bon d’accord, ces tarés d’islamistes n’aiment personne. Mais visiblement, ils ne manquent pas d’alliés sur le front de l’homophobie, et beaucoup de ceux-ci ont du pouvoir et une voix qui porte. Une voix qui tue, ici et ailleurs. Inutile d’ouvrir une longue enquête : la voilà, la « revendication », les voilà, les « commanditaires ». Non, l’homophobie n’est pas une opinion. C’est le vestige d’un système moral hérité de l’âge du bronze, un virus quasiment impossible à attraper sans l’aide de la religion. C’est d’ailleurs facile à comprendre : contrairement à Dieu, il n’y a aucun doute que l’homosexualité existe. Ça doit rendre un peu fébrile : le fondamentaliste, a fortiori s’il est lui-même gay, doit maintenir que l’homosexualité est anormale, tout en se convainquant que sa croyance au surnaturel est parfaitement respectable. Là se situe la véritable inversion. QUELLE SEMAINE! er, Schmidt & Müll c’est clair ! Faux slogan SCHMIDT & MÜLLER QUINCAILL A Moudon, Lausanne ERIE et Vevey depuis 1955 Nous étions convaincus d’avoir réalisé un grand coup la semaine dernière, avec le 281e numéro de Vigousse. La fausse pub pour la quincaillerie fictive Schmidt & Müller occupant toute la première page, à l’instar de ce que font certains journaux (notamment gratuits, mais ce ne sont pas les seuls), nous semblait un moyen adéquat de dénoncer la nouvelle plaie du journalisme : les liens troubles entre publicité et contenu rédactionnel. Hélas, notre démarche n’a pas été com- prise par tous les lecteurs. Certains ont pris la fausse pub pour argent comptant. Nous avons donc reçu des lettres incendiaires nous traitant de vendus au grand capital, mais aussi des téléphones de gens surpris de ne pas trouver trace de la fameuse quincaillerie à Moudon et qui se sont sentis trompés lorsqu’ils ont appris que l’entreprise n’existait pas. Il est vrai que nous n’avons pas lésiné sur l’imitation parodique. Outre la réclame de une, le journal contenait un publireportage de deux pages plus vrai que nature et des allusions incongrues à Schmidt & Müller dans de nombreux textes, sans oublier une fausse publicité pour des meuleuses à disque sur le site web de Vigousse. Ce matraquage avait de quoi en désorienter plus d’un, malgré un édito fustigeant les publireportages, un grand dessin satirique de Sjöstedt sur le sujet en page 3 et un rappel de la récente prise de position du Conseil suisse de la presse contre un mélange des genres toujours plus présent dans les médias. Notre but n’était en aucun cas de nous moquer de nos lecteurs en les soumettant à un canular. Nous voulions par cette action spéciale souligner les dérives toujours plus fréquentes observées dans les journaux. Voyages payés par des marques en échange d’articles complaisants, citations régulières de sponsors dans des papiers sans rapport avec eux, publireportages présentés comme du contenu journalistique, vente d’espace aux annonceurs en échange d’articles sur leur domaine d’activité : presse et entreprises redoublent d’inventivité pour repousser les limites de ce qui est possible en matière de partenariat, au détriment de l’indépendance des journaux et au grand dam des lecteurs en quête d’informations fiables. Ce qu’indique peut-être la confusion engendrée par notre opération, c’est que les publireportages sont déjà si fréquents que les lecteurs y sont désormais insensibilisés. La frontière entre publicité et information est devenue tellement floue que même des lecteurs avisés comme ceux de Vigousse peuvent se sentir déboussolés lorsque la satire s’en mêle. A moins que ce besoin impérieux de croire à la véracité de la publicité soit sans rapport avec tout cela, et qu’il signale plutôt un manque cruel de quincailleries sérieuses, auquel cas l’équipe de Vigousse aurait tout intérêt à créer réellement la maison Schmidt & Müller et à faire fortune dans les clous plutôt qu’à vivoter dans la presse satirique… Stéphane Babey Vigousse vendredi 17 juin 2016 4 FAITS DIVERS ET VARIÉS FAITS DIVERS ET VARIÉS Copains d’école Amnésie extrême COUVRE-CHEF Quand Oskar Freysinger recherche une responsable de l’enseignement spécialisé en Valais, il crée un profil de poste adapté à un proche. En Valais, le poste de chef de l’Office de l’enseignement spécialisé (OES) est mis au concours. L’annonce a paru au Bulletin officiel le 10 juin et le délai de postulation court jusqu’au 24 juin. Le profil recherché a fait bondir les professionnels : « Il est étonnant que l’on ne mette pas en avant les connaissances du terrain ou l’expérience dans l’enseignement spécialisé ! » s’insurge un prof. Ainsi, un comptable pourrait postuler, cela dit avec tout le respect que mérite un comptable. Dans le milieu, on constate avec regret que la définition du poste correspond à la carrière de Bruno Perroud, un proche de Freysinger : un gestionnaire, un administrateur. Le député UDC Perroud est également directeur de l’association Cerebral Valais. Ses enfants fréquentent une école privée, ironise le site www.1dex.ch. Michel Délitroz, responsable actuel de l’OES, dont le travail a été largement salué, s’en ira en août. Selon certains observateurs, il devait être fatigué de faire tampon entre les gesticulations de Jean-Marie Cleusix, le chef de l’Enseignement, et le terrain. Car il avait le souci des élèves et se devait dans le même temps d’être loyal envers son chef. C’est que sous le conseiller d’Etat Freysinger, le Service de l’enseignement navigue à vue : « On sent que tout est fragile. La parole n’a plus de valeur. Les décisions sont prises sur le COLLUSIONS EN CHAÎNE coin d’une table et on se vante de brasser de l’air… Sur le terrain, impossible de garder la confiance en la hiérarchie », soupire une enseignante. Michel Délitroz anticipe peut-être la diminution des moyens imposée par Freysinger dans son plan d’économies. Car c’est bien le nouveau chef qui devra appliquer ces mesures dès 2017, alors autant qu’il ne soit pas récalcitrant puisque l’on parle d’une réduction d’un tiers du nombre de conseillers pédagogiques. Et si cela se réalise, « on va couler », note un professionnel. Le chef de l’OES devrait théoriquement occuper 80 % de son temps avec les conseillers pédagogiques, il devrait donc avoir un solide ancrage dans le terrain. Le candidat pressenti donne, lui, plutôt l’impression d’un personnage hors sol. En 2014 déjà, une collaboratrice scientifique, Ariane Doyen, proche d’Ecône, avait été nommée par Freysinger. Elle était vice-présidente de l’UDC du Valais romand quand Oskar en était le président. Elle aussi juge l’école privée favorable pour ses enfants, ce qui a fait grincer les dents des enseignants. Certains intervenants voient même l’école confiée aux intégristes. Ils exagèrent sans doute. Le ministre a bientôt placé toute sa garde rapprochée. « On travaille avec nos portables personnels. Chez moi, chez Jean-Luc Addor, chez Bruno Perroud, Jérôme Desmeules ou Ariane Doyen », disait Oskar Freysinger dans un aimable portrait du Nouvelliste (18.3.13). Une belle équipe de campagne pour sa candidature au Dans le SonntagsBlick, Christoph Blocher s’inquiète de la montée de l’extrême droite en Europe. Pourquoi pas. Avec l’âge, on commence à se poser des vraies questions. On raconte que, vers la fin de sa vie, Staline s’inquiétait de la montée du communisme dans le monde, ou que Vlad l’Empaleur se sentait concerné par la nombre incroyable de personnes qui mouraient avec un pieu en bois dans le fondement. Conseil d’Etat, récompensée par des postes dans l’administration. Freysinger prône l’appris par cœur. « Mais on le faisait avant Oskar et on le fera après lui, à dosage intelligent. Le par cœur a une valeur pédagogique certaine mais pas tout le temps et pour tout. La différence est qu’il en fait un thème de propagande », relève un autre prof. A notre longue liste de questions, Freysinger nous a fait répondre, via le chef de l’information André Mudry, que « le Département de la formation et de la sécurité ne fait pas de commentaires durant une procédure en cours ». N’empêche qu’alertés par les gazouillis des réseaux sociaux, des députés ont déposé un postulat urgent au Grand Conseil pour réclamer un profil conforme pour le nouveau chef. On ne saura donc pas aujourd’hui si les candidats qui seraient qualifiés mais ni Saviésans ni UDC ont une chance. Jean-Luc Wenger Evasion provisoire FENÊTRE SUR MUR Faute de place, les détenus souffrant de maladie psychiatrique se retrouvent dans des prisons normales. Récit d’une petite exception heureuse. Cette semaine, Dan pourra s’évader, un peu, de la prison de Bellevue à Gorgier (NE). Il passera quelques jours à Curabilis, à Genève, un établissement certainement plus adapté à son profil de cas psy (Vigousse, 24.3). Fin mai, Dan ne se sentait pas bien, on l’envoie alors pour quatre jours au centre de psychiatrie de Préfargier. Selon son récit au téléphone, quatre gendarmes armés de boucliers auraient été mobilisés pour l’y amener menotté. « Là, le psy a refusé de me voir parce que je l’aurais menacé de mort il y a dix ans. N’importe quoi ! » se fâche Dan. Il finit en cellule de décompensation, dans 10 m2. « Ils voulaient me légumiser. Ils me disaient : si vous ne prenez pas ces cachets, vous aurez droit à la Vigousse vendredi 17 juin 2016 piqûre. » A Bellevue, depuis quelque temps, il avait été privé de promenade matinale. « Or c’est ma bulle d’air, sans ça, je ne suis plus rien, ça stabilise mon humeur. » A son retour à Gorgier, il reçoit enfin une bonne nouvelle. Il pourra passer quelques jours à Curabilis. Pour rappel, Dan croupit en prison depuis plus de 11 ans, alors qu’il avait été condamné à 16 mois pour un acte commis en 2004. Il est sous le coup de l’article 64, soit les mesures pour les criminels dangereux ou incurables, une forme d’internement à vie. A 44 ans, Dan trouvera peut-être sa place à Curabilis et pourra espérer ne pas terminer ses jours en taule, encore plus cabossé qu’aujourd’hui. J.-L. W. 5 AFFAIRES EN COURT Manne du ciel Lundi 13 juin, le Palais des Nations inaugurait la Salle des Emirats. Au siège européen des Nations unies, à Genève, la salle de conférences aura coûté 22 millions de dollars. Le plafond pèse 20 tonnes et change de couleurs en fonction de la météo. Sous le ciel offert par les Emirats arabes unis, la lumière ne pourra que régner. N’est-ce pas ? Vinaigre d’avocats L’Ordre des avocats neuchâtelois ne veut pas d’un hôtel judiciaire unique à La Chauxde-Fonds, comme le défend le gouvernement. C’est que deux tiers de ses représentants gagnent leur croûte dans le Bas du canton, alors pas question pour eux de se poser 30 minutes dans un train. Pourvu que le Grand Conseil n’écoute pas les plaidoiries de ces hommes (et femmes) de robe et maintienne son investissement de 51 millions de francs. Aller au tribunal en robe de chambre et en pantoufles, ce sera alors terminé. LE CHIFFRE 26,2 En milliards de dollars, c’est la somme consentie par Microsoft pour acheter LinkedIn. Le réseau social professionnel étant essentiellement connu pour ne servir à rien, sinon à persécuter ceux qui n’y sont pas inscrits avec d’incessantes invitations et à garder captifs ceux qui ont le malheur de vouloir s’en libérer, on peut espérer que Microsoft a mis le paquet simplement pour libérer le web de cette engeance. Après tout, son fondateur Bill Gates est connu pour sa philanthropie… PUB Centre éléctroménager Av. Maria-Belgia 2 1006 Lausanne Tél. 021 613 10 50 Vigousse vendredi 17 juin 2016 6 FAITS DIVERS ET VARIÉS Bébés éprouvés C’EST LE POUPON ! Sur Instagram, des mères exhibitionnistes et des jeunes filles impudiques se livrent en direct un combat sans merci. Rien de sulfureux, cependant : il s’agit pour les premières d’empêcher les secondes de kidnapper virtuellement leurs enfants. On le savait pertinemment, les savants l’avaient prédit, différents offices fédéraux avaient sonné la tirette d’alarme : en ne proposant aucun encadrement psychique à la disparition des tamagotchis, c’est tout un pan de la jeunesse (surtout des filles, il faut bien le dire) qu’on laissait sur le bas-côté, et dont on hypothéquait l’avenir à long terme. Cette disparition survenue à la fin des années 90 ouvrait dans nos sociétés post-industrielles un trou béant, trou duquel allait forcément sortir, sous sa forme la plus brute, tout le mal-être et toute la misère intellectuelle que dissimulent pour un instant les artefacts techniques les plus abscons. Que restait-il à ces filles, trop jeunes pour se faire engrosser par leur beau-père, mais trop vieilles déjà pour coiffer lascivement la longue queue bigarrée de leur Petit Poney ? Il aura fallu pas moins de 15 ans à la jeunesse pour panser cette plaie et trouver une alternative à peu près satisfaisante au petit animal électronique de la marque Bandai. L’enjeu ? Jouer à la maman, les nuits blanches et le vomi en moins. Et c’est évidemment sur internet que la solution se cachait (au milieu de toutes les autres). Depuis quelques mois, des adolescentes (états-uniennes, principalement) s’adonnent donc à une activité dont personne, à part elles (et encore), ne saisit bien la finalité : il s’agit de récupérer sur Instagram des photos de bébés postées par des parents et de les détourner en inventant à ces rejetons une nouvelle identité. Il existe même une fausse agence d’adoption en ligne, avec nombre de portraits de poupons légendés de manière fantaisiste, poupons que ces ados peuvent adopter pour de faux. De la petite Ally par exemple, on apprend qu’elle « aime le lait de maman et les habits chauds, souhaite une peluche rose et cherche une gentille famille ». Le fonctionnement est simple, pour ne pas dire complètement creux : une ado poste les photos, et une autre ado fait part de son souhait d’adopter. La première joue alors le rôle du tout-petit, exprimant des requêtes en langage bébé : « Zé faim, ze veux faire un gros dodo », etc. A quoi la seconde répond « Oui, je te donne à manger, je te mets en pyjama », et ainsi de suite. Consternant. Le phénomène, appelé baby role play, a pris une telle ampleur que les mères biologiques des enfants ont déclaré une véritable guérilla à leurs cadettes décérébrées. Ainsi peut-on lire, en dessous des commentaires des ados, les injures des mamans à base de « I don’t give a damn what the news says, this is a crime and I want all you sick bastards to pay. » On peut comprendre la réaction de ces mères, qui protègent bec et ongles l’intégrité et l’image de leur précieuse progéniture… qu’elles passent leur temps à exhiber à poil sur internet. S’il serait injuste de dire que ces mères ont exactement ce qu’elles méritent, on pourrait se risquer à avancer que ces mères ont exactement ce qu’elles méritent. Et si, comme le disait le philosophe Ernest Renan, « chaque génération doit à la suivante ce qu’elle a reçu de ses devancières », on n’est pas sorti de l’auberge… Séverine André Conso & consorts Habits de confiance En 2014, le « normcore » avait fait son apparition sur la scène de la mode : dans la quête effrénée d’une coolitude toujours plus tapageuse, les hipsters s’étaient pris à leur propre piège en se retrouvant, à l’insu de leur plein gré, habillés normalement. Au point que la journaliste états-unienne Fiona Duncan s’était avouée incapable de « distinguer les jeunes branchés des touristes de la classe moyenne ». On mesure l’étendue du désarroi. Dans la continuité de cette tendance d’une profondeur insondable, la marque française de vêtements Vetements a lancé cette saison un T-shirt que les fashion victimes s’arrachent : le T-shirt DHL. Oui oui, Vigousse vendredi 17 juin 2016 l’affreux T-shirt jaune au logo rouge de la marque de livraison express. Seule différence, la taille du logo… et le prix. Si le T-shirt originel est disponible sur le site du transporteur pour 6,5 dollars, c’est à 245 euros que les gens cool l’achètent auprès de la boutique française. Et si par malheur le jaune n’est pas leur couleur de prédilection, ils peuvent se rabattre sur d’autres habits professionnels recyclés en fringues hyper tendance : Vetements propose ainsi une réinterprétation des pulls en laine qui gratte portés par les sapeurs-pompiers ou les policiers municipaux (prix sur demande). 7 FAITS DIVERS ET VARIÉS Vaud vaches moutons Questions d’humour Le 16 décembre 2015, le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture du canton de Vaud avait lancé l’alerte : à tous les directeurs d’établissement scolaire et aux enseignants, il avait adressé une liste des animaux autorisés ou prohibés dans les classes. Ainsi cette directive bannissait-elle, entre autres espèces indésirables, la chauve-souris, la mygale ou encore le cheval. Les parents qui espéraient que leur progéniture soit initiée à l’équitation dans les couloirs de l’école ont dû déchanter. Dès lors, il ne leur reste plus qu’à inscrire leurs bambins au manège. COMEDY CLUB Vous connaissez celle des philosophes qui voulaient expliquer l’humour ? C’est une très vieille blague avec beaucoup de variantes : petit tour d’horizon. Mais le communiqué de l’Etat de Vaud n’a pas surpris que les parents d’élèves, puisqu’il a suscité une réaction du Centre patronal vaudois. Dans sa revue, ce dernier a publié un article au sujet de la fameuse liste, en concluant par cette phrase : « Doit-on en déduire que, aux yeux des départements concernés, il y a une forte proportion d’ânes au sein du corps enseignant ? » Il est vrai qu’on peut se demander s’il est réellement utile de préciser, par un règlement, qu’il est interdit de venir en classe avec sa tarentule de compagnie, son cobra cracheur domestique ou ses taureaux de concours, même si on les aime très fort. Et ce quand bien même il s’agirait d’illustrer un projet pédagogique sur lesdits animaux. Plus globalement, à force de se mêler de tout et tout le temps, l’Etat en vient à légiférer sur des choses de plus en plus absurdes. A quand une liste exhaustive, détaillée et officielle des armes de guerre à ne pas confier aux enfants de moins de 6 ans ? Pascale Tardin L’humour est un exercice bien périlleux. On peut se prendre un bide avec la blague du siècle, ou être porté aux nues pour un pirouette minable. Parfois les gens se marrent pour de mauvaises raisons, ou ne comprennent tout simplement pas « pourquoi c’est drôle ». En plus, ils se mettent en colère, les gens : soit qu’ils aient bien compris la vanne, soit qu’ils enragent de ne pas avoir pigé. Avec tout ça, c’est à se demander si on sait vraiment ce qu’est l’humour, dans le fond. Un élément de réponse a été fourni par un chercheur en 1998 : travaillant à sa propre théorie de l’humour, Thomas Veatch affirmait en avoir dénombré 619 autres… Ça fait beaucoup de théories pour une chose en apparence aussi simple que la rigolade. En fait, ça suggérerait presque que personne ne comprend vraiment pourquoi on rit. Est-ce si grave ? Pour les humoristes, pas tellement. Une perruque, un accent local, quelques observations sur les petits travers de notre quotidien, et l’affaire est pliée. Mais pour la science, quel embarras ! On prétend aller bronzer sur la planète Mars, et on ignore pourquoi les humains se bidonnent ? Il était temps de faire le point sur la question. Lauren Olin, philosophe à l’Université du Missouri, à Saint-Louis, propose justement un état des lieux des théories de l’humour sous forme de questions, auxquelles il faudrait répondre si on tient à aboutir un jour à une vraie science de la poilade. On peut selon lui résumer la prolifération des réflexions sur l’humour en trois grandes théories. La théorie de la supériorité, que l’on retrouve chez Platon, Hobbes et Baudelaire, postule qu’on se marre pour ridiculiser un rival : le rire permet de se faire mousser, de triompher, de foutre la honte. La théorie du soulagement, popularisée par Freud, invoque le besoin de décharger des émotions pénibles ou négatives. On rit pour faire face à l’indicible et pour se rassembler. La théorie de l’incongruité, en germe chez Aristote, Kant et Bergson, et la plus en vogue actuellement (notamment chez le susnommé Veatch), est plus cérébrale, et implique que l’humour concerne la résolution d’une incohérence, d’une transgression ou d’un tabou. Chacune de ces trois approches a ses points forts et de nombreuses variations. Elles se complètent, comme par exemple dans la satire, mais elles se contredisent aussi parfois et surtout laissent de nombreuses questions en suspens. Olin en dénombre une dizaine. Par exemple, pour la théorie de la supériorité : comment interagissent les composantes agressives et prosociales de l’humour ? quel est le statut d’une blague raciste lorsqu’elle est racontée par un antiraciste ou un membre d’une minorité ? Pour la théorie du soulagement : pourquoi le sexe joue-t-il un rôle aussi important dans l’humour ? quand est-ce que l’humour n’est pas une bonne stratégie pour survivre ou s’adapter ? Et pour la théorie de l’incongruité : pourquoi certaines personnes aiment l’humour absurde et d’autres pas ? Ce sont de très bonnes questions, beaucoup plus intéressantes que le sempiternel et peu imaginatif « peuton rire de tout ? » On pourrait y ajouter : quel est le rôle de l’intelligence dans l’humour, et quels sont ses liens avec la créativité et la résolution de problème ? peut-on intégrer l’autodérision, l’humour noir, le sarcasme et l’ironie en une seule théorie ? pourquoi MarieThérèse Porchet ? Large programme donc. Mais fautil absolument expliquer l’humour ? Hélas, c’est le seul moyen de comprendre pourquoi il existe encore des gens qui ne sont pas abonnés à Vigousse… Sebastian Dieguez Questions for a theory of humor, L. Olin, Philosophy Compass, vol. 11, pp. 338350, 2016. PUB Le T-shirt DHL, 6,50 dollars Jean-Denis Franoux, professeur de mode au Studio Berçot, analyse le succès de ce genre de produits comme « le besoin de s’identifier à des repères très connus ». Vigousse, petit satirique romand, y verrait plutôt le résultat d’un lavage de cerveau incitant à Le T-shirt DHL branché, 245 euros suivre aveuglément des tendances très connes. Chacun son métier, après tout. Quoi qu’il en soit, le T-shirt de la quincaillerie Schmitdt & Müller sera disponible sur notre site, pour la modique somme de 1499 francs, et ce dès la fin de la semaine. S. A. VENEZ DÉCOUVRIR LE NOUVEA U ZIM’S BIKE Réparation toutes marques Ch. de Toffeyre 11 (à côté du garage Audi) – LUTRY Tél. 021 791 64 03 – www.zimsbike.ch Vigousse vendredi 17 juin 2016 8 EN COURT... Jeux interdits Sur nos écrans, le champion de moto Thomas Lüthi s’affiche dans une publicité pour le site internet de paris en ligne Interwetten.com. Certes, c’est l’un des sponsors principaux de son équipe, mais voir le pilote à la mi-temps des matches de l’Euro sur la RTS, ça fait bizarre. Car en Suisse, et pour l’instant, la publicité pour les paris à l’étranger est interdite. Théoriquement, on ne peut pas jouer depuis la Suisse, mais uniquement consulter les résultats. Interwetten, société autrichienne basée à Malte, est prête à pénétrer le marché suisse « officiellement » en fonction de ce que décidera le Parlement. Simonetta Sommaruga a présenté un projet de loi sur les jeux d’argent dans lequel elle souhaite notamment bloquer les sites de jeux étrangers. Les sites illégaux qui pullulent, pas Interwetten. On aurait voulu connaître la position de la Loterie romande, mais elle nous a renvoyé à la Commission des loteries et paris. « S’agissant de la publicité diffusée sur la RTS, nous en avons connaissance et avons ouvert un dossier. Il ne m’est pas possible d’en dire plus à l’heure actuelle », répond Pascal Philipona, directeur adjoint de la Comlot. On parie qu’il n’est pas content ? J.-L. W. DUR D'OSEILLE QUELLE SEMAINE! Un bouffon dont la stupidité vaut de l’or Vous vous souvenez certainement du fabuleux western de Sergio Leone intitulé Le bon, la brute et le truand. Ce titre pourrait très bien convenir à la course à l’investiture présidentielle aux Etats-Unis, mais par souci de précision, il vaut mieux décaler légèrement les qualificatifs des protagonistes, ce qui donne Le sage, l’experte et le bouffon. Bernie Sanders dans le rôle du sage et Hillary Clinton dans celui de l’experte apparaissent à la télévision, lors d’entretiens ou de débats politiques, comme des personnes sérieuses, compétentes, vantant leurs mérites et décrivant comment leurs actions à la tête de l’Etat amélioreraient le sort de tout un chacun. C’est la rhétorique générale de tous les politiciens et il faut bien avouer que ces litanies sont plutôt casse-pieds, tant et si bien que leurs taux d’audience à la télévision sont assez faibles. Quant au bouffon, Donald Trump, il atteint des records jamais obtenus dans ce genre d’émissions. Ses propos simplifiant la complexité du monde, son arrogance, sa vulgarité et sa grande gueule auréolée de sa fortune, qui passe là-bas plutôt comme un attribut de vertu, font des ravages. Le phénomène est tellement inédit que le président de la chaîne de télévision CBS, Leslie Moonves, a déclaré dans le Hollywood Reporter : « Trump n’est peut-être pas bon pour les Etats-Unis, mais il est vachement bon pour CBS. » Il reconnaît ainsi que le magnat de l’immobilier newyorkais n’est pas souhaitable en tant que président de son pays, mais, en tant que businessman, il apprécie ses shows télévisuels qui lui permettent, vu leur immense audience, d’augmenter les tarifs des publicités qui lardent les discours nauséabonds de cette espèce d’Ubu roi. Ainsi, si jamais il devait remporter cette élection, on aurait non seulement la preuve que la démocratie états- PÉPÈTES SHOW unienne est devenue une ploutocratie, mais encore que les courtisans de tout poil peuvent s’en mettre plein les poches en se moquant pas mal d’où et comment provient l’oseille. La situation est dangereuse car le candidat Trump est imprévisible, irraisonnable, inexpérimenté, xénophobe, misogyne. Entre autres. Pourtant le public en redemande. It’s show time. Seul le Parti républicain peut faire cesser cette tragicomédie, et si elle doit aboutir au couronnement du bouffon, les Etats-Uniens ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas. André Draguignan* 9 EN COURT... Pubs à deux balles Que ce soit Eric Cantonna, dans les années 90, qui vantait les mérites des rasoirs Bic affublé d’un bonnet de bain rose, ou Cristiano Ronaldo et son strip-tease inachevé pour SFR aujourd’hui, l’histoire d’amour liant joueurs de foot et publicité ne date pas d’hier. Non contents de jouer la comédie sur les pelouses, les grands noms du foot aiment jouer les acteurs pour de grandes marques. On peut donc tantôt voir un Lionel Messi succomber à la gourmandise des chips Lay’s, tantôt un Cristiano Ronaldo faire la promotion douteuse d’un fournisseur internet israélien. Les fins de mois sont difficiles pour les stars du ballon rond et il faut bien mettre un peu de beurre dans le caviar. Le footballeur est aussi un comédien multifacette capable d’incarner de nombreux personnages aussi subtils que complexes. Peut-on donc en conclure qu’il est devenu lui-même une marchandise ? Ce qui est sûr, c’est que les publicitaires ont bien compris l’impact qu’il pouvait avoir sur les consommateurs, surtout lorsqu’il oublie de mettre un maillot. * chef d’entreprise connu de la rédaction PUB PUB L’humour enfin à la portée de tous Abonnez-vous et recevez en bonus le recueil « Le mieux de Vigousse 2014-2015 », 96 pages, format 24 x 31 cm, valeur CHF 22.– Votre bonus! 021 612 02 56 / [email protected] / www.vigousse.ch Vigousse vendredi 17 juin 2016 t ayo ez P h c e ille ent v En v et Na Vigousse vendredi 17 juin 2016 10 BIEN PROFOND DANS L'ACTU Pitch Un village bien isolé LE COURRIER DU CHIEUR LES TAXES D’EXEMPTION DU PROFESSEUR JUNGE Cette semaine : j’explique comment j’ai trouvé une paix royale grâce à la possibilité de payer pour ne pas avoir de réfugiés près de chez moi. C’est le canton d’Argovie qui avait ouvert la voie en permettant aux communes de payer pour éviter d’accueillir des réfugiés. A 110 francs par jour et par migrant refusé, ça restait un plaisir de riche. La commune d’Oberwil-Lieli avait ainsi déboursé 290 000 francs en 2016 pour avoir la paix. Ce système très avantageux pour les finances cantonales fut bientôt appliqué dans toute la Suisse. En tant que syndic d’Isolbourg, j’ai fait appliquer cette mesure dès que possible. Mes concitoyens approuvèrent sans réserve cette dépense afin que notre village reste un petit coin charmant. Lorsque des réfugiés glandent autour de la déchetterie ou squattent les bancs près de l’abri PC, un sentiment d’insécurité s’installe. Et puis il y a aussi les considérations esthétiques : tous ces gens à la peau noire ou foncée jurent avec le vert de nos prés et la robe blanche et caramel de nos vaches. Ces mélanges de couleurs contre nature font mal aux yeux. Assez vite, l’idée d’étendre ce principe à d’autres catégories de gens s’imposa. Isolbourg abrite des parasites qui sont déjà dans le fruit, contrairement à ceux qu’on veut nous imposer de l’extérieur. Les chômeurs et autres cas sociaux, par leur simple présence, gâchent la vie des citoyens industrieux. Nous avons été les premiers en Suisse à les payer pour qu’ils aillent végéter ailleurs. Et alors, après, quelle sérénité… Finie l’angoisse de se faire détrousser par des bandes de sans-emploi en sortant du supermarché du village ! Mais cette peur a vite été remplacée par la frustration de devoir attendre à la caisse à cause des retraités qui font leurs courses aux mêmes heures que les gens normaux, alors que ces enquiquineurs pourraient y aller pendant les moments creux. Une petite taxe supplémentaire et ces vieux déchets allèrent promener leur inutilité sous d’autres cieux. On put alors s’occuper du cas des enfants. Ces nuisibles qui rendaient Andreas Glarner, Expert de claques la vie impossible avec leurs braillements furent déportés contre monnaie sonnante. Ma politique engendrait des réac- tions toujours plus vives des gauchistes. A grands renforts de billets de banque, je les envoyai prêcher l’humanisme ailleurs. Avec les mains entièrement libres, je pus enfin laisser libre cours à ma créativité. Les voisins et leur chien énervant : loin ! Le gentil couple d’en face qui sort ses poubelles le soir avant le ramassage : dehors ! Tous les crétins qui ne sont pas d’accord avec moi : raus ! Ça n’a pas été simple et ça m’a coûté une petite fortune, mais Isolbourg correspond aujourd’hui exactement à l’idée que je me fais d’une commune suisse paisible : j’y suis tout seul et il n’y a personne pour m’emmerder. Bon, il y a bien encore de temps en temps des fâcheux qui tentent de s’approcher de chez moi, mais je les fais déguerpir à coups de fusil de chasse. Ça marche très bien, surtout depuis que j’ai remplacé les cartouches de gros sel par des billets roulés très serré. Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine Cher Monsieur Glarner. Promu spécialiste des sujets migratoires pour l’UDC, vous avez eu l’audace d’interpeller le Conseil fédéral sur une question absolument centrale : la possession de smartphones par des requérants d’asile. Vous mettiez l’accent sur un point important, à savoir « qui paye pour cela ? » Interrogation bien légitime même si, à mon avis, vous passez à côté de la vraie question : il s’agit surtout de savoir comment nous distinguerons les riches des pauvres quand ces derniers posséderont exactement les mêmes choses que les nantis. Et le problème est très sérieux. Imaginez plutôt : que se passeraitil si, soudain, les SDF avaient une maison, ou les petits nègres à manger ? Je prends un exemple très simple. L’été dernier, ma petite cousine Ursula ne savait comment occuper ses journées. Grâce à la famine qui sévit actuellement en Ethiopie, elle a eu l’occasion d’aider les défavorisés en allant sur place bâtir une école. A son retour, elle a pris conscience de la chance qui est la sienne, face à sa chambre douillette et au frigo bien garni. Mais que dira-t-on aux jeunes le jour où l’écart entre nous et les traîne-misère sera réduit à néant ? « Si tu travailles à l’école, tu auras le même smartphone que ce migrant » ? Ou « Finis ton yaourt, pour avoir les os solides comme un Somalien » ? Je ne crois pas que ce soit un bon exemple pour notre jeunesse, qui est l’avenir de la nation. Séverine André Vigousse vendredi 17 juin 2016 11 LE FIN MOT DE L'HISTOIRE 69, année héroïque Le 14 février 2014, l’initiative de l’UDC contre « l’immigration de masse » était adoptée par les Suisses allemands. Depuis, la Confédération mobilise la fine fleur de ses diplomates pour amadouer l’Union européenne, histoire d’obtenir le droit de bafouer les accords tout en conservant leurs avantages. Résultat ? Des nèfles. Les négociateurs suisses les plus aguerris, les plus habiles et les plus retors se montrent infoutus d’embobiner la partie adverse. C’est une vergogne. Et ces incapables n’ont pas fait mieux pour sauvegarder le secret bancaire. A se demander à quoi ils servent, à la fin ! Même la tradition suisse de proposer des « bons offices » et des pourparlers de paix entre pays en guerre se révèle aussi inapte qu’inepte. Il n’y a qu’à voir l’état du monde. Pour ce faire, Vitellius longea le Jura côté ouest, par Besançon. Mais il dépêcha côté est, en pays helvète, un officier nommé Caecina (ce n’est pas le quatrième, c’est juste un sousfifre) avec pour mission de récupérer une légion postée à Vindonissa Pourtant, les diplomates helvétiques n’ont pas toujours été nuls. Claudius Cossus, par exemple, savait mener une négociation délicate avec brio. C’était en 69 après que le petit Jésus eut évacué par les voies du Seigneur naturelles le reliquat de sa première tétée. Cette année-là, quatre empereurs romains se disputèrent le poste libéré par Néron, qui avait eu la saine inspiration de se supprimer en juin 68. Or c’est mathématique : quatre souverains pour un trône, ça fait des milliers de tués. Le premier successeur nommé, un certain Galba, fut occis en janvier 69 à Rome par le deuxième, Othon, qui prit la place. Simultanément, les légions cantonnées en Rhénanie proclamèrent empereur leur général Vitellius, et de trois. Il entreprit donc de marcher sur l’Italie avec son armée et avec l’idée de déloger Othon sans ménagement excessif. (Windisch, Argovie). C’est alors, comme souvent en Argovie, que les choses ont mal tourné. Il faut dire que les Helvètes du coin, déjà en retard sur leur temps, ignoraient la mort de Galba et que, déjà obtus et disciplinés, ils voulaient lui rester fidèles. Pour ne rien arranger, ils étaient en bisbille avec la légion de Vindonissa pour une histoire d’argent. Bref, tout ça eut l’heur d’énerver Caecina, qui décida de mater ces indigènes désagréables : il mit donc à feu et à sang leur ville thermale d’Aquae Helveticae (Baden, Argovie aussi), massacra une partie des habitants et vendit les autres en vrac. Après quoi il marcha sur la capitale helvète, Aventicum (Avenches, Vaud), avec pour projet d’y faire exactement pareil. C’était compter sans la mentalité vaudoise, qui semble avoir eu cours à l’époque déjà : soucieux d’éviter les Fig. 1. Vitellius perplexe (buste). histoires, prévoyants et matois, les dirigeants d’Aventicum n’attendirent pas que l’armée de Caecina soit à leur porte : ils envoyèrent à sa rencontre une délégation pour négocier. Rusé. Ainsi stoppé et dûment entortillé, Caecina décida qu’il ne pouvait rien décider et qu’il fallait s’en remettre à Vitellius, qui campait alors près de Lyon. Les ambassadeurs helvètes s’y rendirent aussi sec. Parmi eux, le susnommé Claudius Cossus mena les pourparlers, et ce n’était pas du gâteau : selon l’historien romain Tacite, Vitellius et ses troupes tenaient mordicus à raser Aventicum et à « exterminer » les Helvètes. Mais « Claudius Cossus, connu pour son éloquence, sachant toutefois cacher habilement son talent sous un trouble qui le rendait plus efficace, parvint à amadouer les soldats. » Lesquels, complètement retournés, finirent par « implorer Vitellius, les larmes aux yeux », d’épargner les Helvètes et de leur ficher définitivement la paix. Parvenir à retourner, d’un seul discours, rien moins qu’un empereur romain et toute son armée, voilà du vrai boulot de diplomate ! Ceux d’aujourd’hui devraient en prendre de la graine. Pour la petite histoire, Vitellius gagna Rome, défit l’armée d’Othon qui se suicida, et prit le pouvoir. Battu peu après par le numéro quatre, Vespasien, il fut lapidé par la foule qui balança son cadavre au Tibre. Quant à Claudius Cossus, qu’il repose en paix. Laurent Flutsch PUB Vigousse vendredi 17 juin 2016 12 CULTURE CULTURE Un bouquin Des films Touché ou coulé ? À VOUS DE VOIR La neige de Davos se teinte d’humour noir dans le très bon Nichts Passiert. Le réalisateur Luca Guadagnino n’éclabousse pas de son talent A Bigger Splash. Pour ceux qui veulent que les choses s’arrangent. C’est le genre de type à, continuellement, mettre la poussière sous le tapis. Sauf qu’ici, la poussière, ce sont des êtres humains… Allemand, Thomas s’apprête à emmener sa femme et sa fille, peu motivées, dans les Alpes suisses, à Davos plus précisément. A ce trio se greffe Sarah, 15 ans, la fille du patron de Thomas. Le trajet se déroule sans anicroche. C’est déjà ça de pris. Parce le reste de ces vacances de ski ne sera pas de tout repos… D’abord le chalet n’est pas chauffé. Chaud, un ado du village, lui, l’est. Fiesta, alcool, fille étrangère, on devine ce que ce cocktail a d’explosif. Thomas, dont le courage n’est pas la qualité première, dont le sens des responsabilités n’est pas non plus le point fort, tente de gérer la situation. Chacune de ces décisions ou nondécisions se révèle catastrophique. Thomas n’est pas à la noce, mais le destin étant un petit farceur, il s’en sort à la suite d’une série de drames qui sont, pour lui, autant de petits miracles. Aussi ironique que son titre, Nichts Passiert enchante par son humour noir et par sa bande son signée de la Lucernoise Heidi Happy. Micha Lewinsky, cinéaste né en Allemagne ayant grandi en Suisse, fait de la couardise une amorale petite friandise. Pour ceux qui veulent que les êtres se mélangent. Bronzer sur une charmante petite île de la Méditerranée ? Plonger dans une piscine presque aussi grande qu’un terrain de foot ? Pour oublier le gris de notre ciel, cet été qui, comme l’insurrection, ne vient pas, ou les klaxons de l’Euro, c’est tentant ! Sauf que le plan tombe à l’eau tant A Bigger Splash, remake de La piscine (Alain Delon, Romy Schneider, 1969, année érotique), avec ses acteurs en roue libre et ses bavardages incessants, touche assez rapidement le fond. Bertrand Lesarmes Nichts Passiert, de Micha Lewinsky (1 h 32) ; A Bigger Splash, de Luca Guadagnino (2 h 05). En salles. Des védés Passé hantérieur Le concept de « film de maison hantée » a beaucoup évolué avec les décennies. Si l’idée de base est toujours de faire peur à un moment inattendu, les versions modernes de ce récit ne vont jamais s’intéresser aux raisons qui poussent l’entité surnaturelle à tourmenter ses victimes ; le monstre sortira simplement du placard pour faire taire la première blonde siliconée hurlante qui passe par là. Il y a 60 ans, c’est le contraire : dans les immortels chefs-d’œuvre que sont L’aventure de Mme Muir (Mankiewicz) ou The Haunting (Robert Wise), un grand soin sera porté aux ambiances et aux raisons factuelles qui amènent à une situation horrifique. The Uninvited (dont le titre français est ridicule) est l’un des meilleurs exemples de cette période : un frère et une sœur achètent pour une bouchée de pain une maison au bord de la mer. Leur erreur est notre chance : c’est un polar gothique majestueux et une vraie pépite ! Michael Frei, Karloff, films culte, rares et classiques, Lausanne La falaise mystérieuse, Lewis Allen, 1944, Wild Side, vf et vost, DVD et BluRay, 110 minutes. PUB Vigousse et la Semaine du Goût® présentent : Grand concours de nouvelles Vigousse et la Semaine du Goût® (15 au 25 septembre 2016) organisent à l’occasion de ce rendez-vous du patrimoine culinaire un concours de nouvelles littéraires, ouvert à tous. Le thème : la politique et le goût, avec la présence obligatoire d’un vin suisse. La longueur : 12 000 signes maximum, espaces comprises. Le délai : les textes doivent nous parvenir par courriel d’ici au 15 juillet 2016 à l’adresse [email protected] avec mention « Concours de nouvelles » et en indiquant vos nom, prénom et coordonnées complètes. Le jury sera composé de Carlo Crisci, cuisinier étoilé, Gilles Besse, vigneron, président de Swisswine Promotion, Josef Zisyadis, directeur de la Semaine du Goût®, Laurent Flutsch, rédacteur en chef adjoint de Vigousse, Roger Jaunin, chef d’édition de Vigousse et Yvan Fantoli, directeur de Vigousse. Les prix seront proclamés au début du mois de septembre au Livre sur les Quais. Premier prix : un repas gastronomique pour 2 personnes au Restaurant du Cerf de Carlo Crisci, à Cossonay, et une publication de la nouvelle gagnante sur les sites de la Semaine du Goût® et de Vigousse. Du 2e au 5e prix : un abonnement d’un an à Vigousse et une publication des nouvelles primées sur les sites de la Semaine du Goût® et de Vigousse. A vos plumes ! Vigousse vendredi 17 juin 2016 13 BROUILLON DE CULTURE TRIO-PACK Jusqu’au 2 juillet, l’artiste valaisan Raphaël Moulin ouvre les portes de son atelier. Il expose notamment ses derniers travaux en acier inoxydable. Partageur, il ménage une place à ses amis artistes Martine Rouiller et PierreAlain Mauron. A Charrat (VS), www.raphaelmoulin.ch PHOTOMATON Quartier Libre SIG présente sa nouvelle exposition, Picture Yourself, jusqu’au 11 décembre sur le Pont de la Machine à Genève. En collaboration avec l’agence Magnum, elle présentera les plus beaux portraits et autoportraits de six photographes. www.sig-ge.ch Le roi du rien Insignifiant Ier est le despote autoproclamé du royaume d’Insignifiance, une petite partie de l’Empire du Rien. Il règne dans l’ombre, souverain fantôme dont tout le monde ignore l’existence. Ça ne vous rappelle rien ? Les lecteurs fidèles penseront peut-être au 8e conseiller fédéral, qui dirige la Suisse en secret chaque semaine dans Vigousse. Le concept est proche, d’autant que l’humour est ici aussi un ingrédient important. Les similitudes s’arrêtent là, car le Neuchâtelo-Jurassien Gilbert Pingeon, sous des dehors goguenards, n’hésite pas à arpenter des chemins nettement plus philosophiques. Ses réflexions sur le monde contemporain se teintent parfois d’une amertume et d’une poésie qui ne sont pas sans évoquer Cioran, sauf que lorsque la drôlerie surgit ici, elle illuminé visionnaire, messager de l’absurde et du néant, annonçant la venue du sous-homme. Le procédé de distanciation critique mis en place par Pingeon fonctionne à merveille tant que la noirceur est équilibrée par l’humour. Dans quelques passages où le pessimisme l’emporte, l’auteur vire alors au sentencieux un brin pédant. Heureusement, ces moments sont rares, et dans la majeure partie du texte, l’écrivain nous emporte sur sa plume vivace et élégante pour nous régaler de ses piques acérées sur l’état lamentable du monde. Stéphane Babey est toujours volontaire. On pourrait aussi citer les chroniques d’Umberto Eco, dont Pingeon partage l’ironie cinglante. Insignifiant Ier tient enfin du Zarathoustra de Nietzsche, mais croisé avec l’Ubu de Jarry : un Les insignifiants, Gilbert Pingeon, Infolio, 200 pages. PLEIN OCÉAN La compagnie Le Magnifique Théâtre reprend le spectacle Novecento d’Alessandro Baricco à l’Auberge des 4 Vents à Fribourg. Un dîner-théâtre, avec le comédien Michel Lavoie et le pianiste Max Jendly, digne des restaurants des grands navires. Comme les premières représentations se sont jouées à guichet fermé, on embarque pour deux supplémentaires les 25 et 26 juin. www.aux4vents.ch DE RETOUR Le désormais célèbre spectacle satirique N’Dongo, satire de la Françafrique et du post-colonialisme, revient du 17 au 19 juin au Théatre du Grülti à Genève, dans le cadre du festival romand Plein Tube. Venez découvrir les relations incestueuses entre un Occident donneur de leçon et une Afrique dictatrice, racontées avec humour et dérision. www.grutli.ch VOS PAPIERS ! Le Musée du papier peint, sis au château de Mézières, ouvre les portes d’une exposition plutôt énigmatique. Intitulée Afficher – ajuster – annoter – arracher – blanchir – brûler…, elle présente le travail d’une vingtaine d’artistes. On n’en saura pas plus. www.museepapierpeint.ch Des cédés Aline Chappuis A Perdre haleine Elle nous avait laissés sur Un fil d’audace, opus chargé de belles promesses, comme en attente d’une nouvelle livraison plus personnelle, plus assumée. Si fait, Aline Chappuis revient A perdre haleine, album d’une quinzaine de titres griffés d’une plume à la fois maîtrisée et vagabonde, libre de toute contrainte et cependant d’une précision à couper le souffle. Vaudoise de sang, exilée en terres valaisannes, auteure, compositrice, interprète, Aline Chappuis s’emploie, ainsi qu’elle le dit, à « aller vers l’essence du vide, la beauté du rien, là où le grand espace s’ouvre, là où l’infini m’engloutit… » C’est qu’il s’agit, à ses côtés, de se perdre dans La mélancolie des collines, de suivre La valse des démons, de se retrouver Dépouillés comme les maudits, mais Libre, autant de titres si finement ciselés que là encore l’air nous manque. Parce que « je n’aurais pas pu vivre dans une grande ville », elle nous emmène dans ses forêts-refuges, sur des chemins de mousse, dans ses propres rêves et ses propres questionnements de femme, le fil de l’enfance désormais rompu. A coup sûr une authentique réussite. Roger Jaunin A perdre haleine, Aline Chappuis. Avec Aude Follonier (arrangements/piano) et Jacky Perrin (saxophone). 16 titres dont une reprise de Comme un arbre dans la ville de Maxime Leforestier. Date des prochains spectacles sur www.alinechappuis.ch Le strip de Bénédicte MONTER EN RADE Petite ou grande, c’est la Fête de la musique ce week-end un peu partout en Suisse romande. C’est certainement à Genève qu’elle aura le plus d’ampleur, avec plus de 500 concerts et une trentaine de scènes. Musiques classiques et actuelles, d’ici et d’ailleurs, pour s’en mettre plein les oreilles. www.fetedelamusique.ch Vigousse vendredi 17 juin 2016 14 15 REBUTS DE PRESSE LE CAHIER De qui se foot-on ? Alors que l’on commence à remettre en question les retombées économiques de l’Euro 2016, qui ne seraient pas aussi faramineuses que prévu, la Fédération française de football (FFF) prend les devants en développant des stratégies novatrices pour combler un éventuel manque à gagner (en tous les cas, vu d’ici, c’est à ça que ça ressemble). Les savantes réflexions des chargés de comm. et autres cerveaux de la FFF ont apparemment débouché sur la conclusion qu’il serait rentable d’intéresser les femmes au foot. Car en effet, selon les récentes découvertes des statisticiens, elles représenteraient près de la moitié de la population. A la FFF, un type s’est amusé à faire le calcul : une moitié de la population en plus qui regarderait le foot, ça représenterait une hausse de l’audimat de… 100 % ! Etonnant, non ? L’Hebdo a bon dos Le rédacteur en chef de L’Hebdo, Alain Jeannet, s’inquiète dans son éditorial du 9 juin de l’avenir de la SSR. Il faudrait « atteindre les jeunes là où ils se trouvent », c’est-à-dire « négocier le passage vers le numérique », tout en économisant. Il ne va cependant pas jusqu’à conseiller à ses confrères de le rejoindre dans la valorisante « newsroom » où Ringier l’a confiné avec Le Temps, ni d’ouvrir un site bidon où le contenu n’est ni relu, ni rémunéré. Les journalistes ont beau être solidaires, ils ne partagent pas toujours leurs petits secrets ! S. D. Pour toucher cette catégorie énigmatique, la FFF a fait appel à une blogueuse mode, Margot. En partenariat avec ladite fédération, la modeuse montre dans une vidéo comment préparer « un apéro foot entre filles ». Si les garçons se contentent de bières et de chips, dans le merveilleux monde des filles, on passe trois plombes à orner de fanions découpés dans du papier bleu-blanc-rouge les cure-dents qui serviront à prélever délicatement, dans une vaisselle choisie, des myrtilles, baies d’açaï et autres fraises au chocolat blanc crépi de paillettes tricolores. Et, pour couronner le tout, Margot porte le T-shirt de la fédération, orné du slogan « Insupportable mais supportrice », slogan qui n’existe que dans la gamme de T-shirts pour femmes. Et c’est très bien trouvé : car ce qui est insupportable dans tout ça, ce sont évidemment les femmes. S. A. Citoyenne et journaliste Dans Le Matin Dimanche du 12 juin, la journaliste Camille Krafft raconte son expérience d’accueil d’une famille de réfugiés irakiens dans sa commune. Ce témoignage d’une citoyenne vu à travers les yeux d’une journaliste, comme elle le décrit elle-même, permet une plongée émouvante et drôle dans le quotidien kafkaïen d’une famille déracinée et des Suisses solidaires qui l’entourent. Un récit précieux comme on voudrait en lire plus souvent. Comment ça, il n’y a pas d’attaque sournoise contre Le Matin Dimanche dans cette brève ? Ben non, on n’est pas là que pour dire du mal… S. Ba. Encore un article de marques « A l’invitation de Hublot, Le Temps a assisté à la rencontre Suisse-Albanie du tout premier rang. » Une phrase magistrale extraite dudit quotidien du 14 juin. On a déjà décrit, dans plusieurs numéros de Vigousse, la générosité sans faille de l’horloger. Les philanthropes de Hublot ont par exemple permis au Matin Dimanche de rencontrer le gardien italien Buffon (12.6). Pour notre part, nous tenons à préciser que cette nouvelle a été écrite au stylo Bric sur un calepin Clairetonfaine, puis recopiée sur un ordinateur Apfel et transmise à la rédaction grâce à l’opérateur téléphonique Switzcom, que nous remercions tous au passage de nous aider à vous tenir bien informés. J.-L. W. DES SPORTS MÉFIER (SE) Cristiano Ronaldo, ça vous dit quelque chose ? Mais oui, voyons, le gars qui à chaque but qu’il marque – et Dieu sait qu’il ne s’en prive pas – retire son maillot, affiche ses plaques de chocolat, son sourire blanc Persil et brandit deux poings rageurs en direction des tribunes. Vachement bien foutu, le mec. Un brin exhibitionniste, d’accord, mais question plastique, franchement, ça en jette. Tellement que depuis quelques mois il possède sa propre marque de sous-vêtements, slips, shortys, boxers et Cie. Comme David Beckham, en plus musclé et un peu plus bronzé. Largement de quoi émoustiller toute une génération de groupies et d’admirateurs des deux sexes, voire de susciter suffisamment de curiosité pour devenir le personnage dont le nom apparaît le plus souvent sur les sites de recherches pornos. Du coup, il s’est trouvé un petit malin pour imaginer faire fortune en usant (et abusant) de tant d’aura. C’est ainsi qu’un certain Carlos Ferreira, spécialiste du genre classé X, s’est ingénié à faire « apparaître » le bel homme dans l’une de ses toutes prochaines productions. Le titre de l’œuvre ? As Ronaldas. Afin, dit-il, de « surfer sur l’intérêt grandissant de la population pour l’Euro, pour la sélection nationale (portugaise) et pour sa star ». A la place de CR7 – c’est son surnom – on se méfierait. Déjà que, pour avoir tourné et laissé filtrer une sextape en compagnie de sa femme, Mathieu Valbuena s’est vu jeter hors de l’équipe de France, que, pour avoir voulu s’en mêler, son ex-ami Karim Benzema a été jugé définitivement non sélectionnable, lui risque bel et bien d’y laisser autrement pire que sa chemise, son short et ses chaussettes, sa réputation de surhomme. Ce qui, dans le cas qui le concerne, ne serait pas le moindre mâle. Et ce sera tout pour cette semaine. MAG VOIX Sebastian Dieguez OFF « Il faut innover ! Je l’ai toujours dit et je ne changerai jamais de discours. » MÉDECINE ACTUALITÉ Rencontre avec Doug J. Parkings, l’homme qui a prévu qu’on allait droit dans le mur il y a 40 ans « A l’époque, on ne voulait pas me croire. J’avais beau dire que tout allait mal, qu’on ne faisait pas les choses comme il faut, que nous courions à notre perte, que les gens devaient ouvrir les yeux, qu’il fallait commencer à se remuer, etc., on ne m’écoutait pas. » Doug J. Parkings est un homme de convictions. Jamais il n’a cessé de dire que nous étions dans la mouise, et ce n’est pas aujourd’hui qu’il va changer d’avis. Il a été de tous les combats, des militants de « C’est la merde » dans les années 70 au groupe de réflexion « Désastre imminent » dans les décennies 1980-1990, en passant par la fondation de l’association « Foutus » en 1991 et un soutien sans faille aux activistes de « Ça ne marche pas » à partir de 2003. L’homme est aujourd’hui respecté par tous les pessimistes plaintifs et revendicatifs du monde, ce qui ne l’empêche pas de garder un regard critique sur sa carrière : « Peut-être que j’ai été trop optimiste à un moment donné, je pensais que quelqu’un pourrait faire au moins juste une fois quelque chose de bien, mais non. » Ses admirateurs se pressent aujourd’hui à l’une de ses innombrables conférences où il répète que tout va mal et que ça ne sert plus à rien de l’écouter. « C’est un des plus grands », s’exclame cet étudiant en Sciences Critiques de la Société, fan de longue date : « Il m’a fait comprendre qu’on irait toujours droit dans le mur pour l’éternité, et qu’on peut en vivre comme conférencier. » Un homme est dans le coma, comme Michael Schumacher Le CHUV confirme cette information d’une source proche du dossier : un homme serait en ce moment hospitalisé suite à un accident et il serait dans le coma, comme Michael Schumacher. A l’instar du célèbre pilote de Formule 1, il ne donnerait aucun signe de conscience. Le coma, explique le professeur Karl Jouxtens, est « un symptôme grave, comme l’indique la tragédie qui frappe Michael Schumacher ». L’homme en ce moment dans le coma n’est pas lié au monde de la course automobile, mais son pronostic est réservé. A-t-il une chance de sortir du coma ? Les avis des spécialistes divergent, comme pour Michael Schumacher, le grand champion. Pour l’heure, nous informe un soignant, « il faut le garder sous observation et lui offrir les meilleurs soins, un peu comme avec Michael Schumacher ». De fait, à l’heure où nous mettons sous presse, Michael Schumacher serait lui aussi toujours dans le coma. QUOI DE NEUF ? ENQUÊTE Littérature L’Ensemble Merveilleux des Il laisse tomber le capuchon de son stylo et le retrouve à Bornéo Prodiges Prometteurs pour l’Avenir des Lettres (EMPPAL) publie un haïku à 86 mains, signe que la littérature romande se porte bien. Colère Jacqueline de Quattro en aurait marre qu’on dise qu’elle tue des chiens et souhaiterait que l’on parle davantage de ses actions qui n’impliquent pas l’exécution de chiens. Polémique A peine ouvert, le musée « Bud Enorme surprise pour Guy Fontannaz, junior manager chez Campbell & Rognards ! Après 243 jours de traque, il a fini par retrouver le capuchon de stylo qui lui avait malencontreusement glissé des mains un jeudi matin fatidique. S’était-il logé exactement dans l’ombre du pied de sa chaise, avait-il rebondi sans logique apparente jusque sous le bureau de son collègue Gérard, ou se trouvait-il simplement dans la doublure de son pantalon ? Non ! C’est finalement à Bornéo que se cachait le capricieux bout de plastique. Enfin rassuré, le jeune cadre a pu se remettre au travail et se montre philosophe : « Il a dû toucher un truc en tombant et gicler, faut vraiment faire gaffe avec ces machins. » Spencer & Terence Hill World » est déjà sous le feu des critiques : les spécialistes le jugent trop « intellectuel », pas assez tourné vers le grand public. Malchance Il pensait « défier les conventions » avec sa nouvelle Mazda, mais se retrouve dans les embouteillages comme tout le monde. Roger Jaunin EIZE MÈTRES : Dégagement en catastrophe suite à un gros cafouillage devant le but – AILE GAUCHE : Longue passe en profondeur suivie d’un contrôle orient Vigousse vendredi 17 juin 2016 Vigousse vendredi 17 juin 2016 16 { B É B E RT D E PLONK & REPLONK } LA SUITE AU PROCHAIN NUMÉRO Pfister atterre « Cassant, hautain… autiste » : telles sont les épithètes qui, aux dires fraternels de son camarade démocrate-chrétien Jacques Neirynck, dépeignent au mieux le nouveau président du PDC, le très conservateur conseiller national zougois Gerhard Pfister. Sur les ondes de La 1ère (23.1.16), Neirynck ajoutait que Pfister est le plus à droite des parlementaires du parti, dont il bafoue parfois la ligne pour voter avec les pires UDC ; qu’il est un « défenseur acharné de l’école privée » ; que ses convictions religieuses sont « de style intégriste ». Est-il le bon président pour le PDC ? « On peut en douter », concluait charitablement Neirynck. Car l’amour et la miséricorde règnent entre ces bons chrétiens. Né en 1962, Gerhard Pfister a fré- quenté le saint collège du couvent de Disentis (GR), puis l’Université de Fribourg (études germaniques et philosophie), puis l’Institut de formation économique de SaintGall (management d’établissement scolaire). Il a dirigé sa propre école, l’Institut Dr. Pfister S.A. à Vigousse vendredi 17 juin 2016 Oberägeri (ZG), avant de collectionner les conseils d’administration (promotion immobilière, clinique, écoles, transports…) Comme il lui reste du temps entre ces affaires, sa charge de parlementaire et la direction du PDC, il préside divers machins dont la Fédération suisse des écoles privées, la Fédération pour l’Education catholique des Il a dit adultes et la Jerusalem Foundation Switzerland. On ignore s’il prend des vacances, mais on sait qu’on n’aurait pas trop envie de partir avec lui. Quoi qu’il en soit, et malgré les « doutes » de Jacques Neirynck, Gerhard fait un excellent président du PDC. La preuve : il n’a pas tardé à épouser la ligne de son glorieux prédécesseur Christophe Darbellay, plusieurs fois sacré champion suisse de slalom gênant. En digne émule, Pfister a parfaitement réussi la célèbre figure acrobatique consistant à retourner sa veste tout en faisant le grand écart : il a défendu une augmentation du budget fédéral de la formation, juste avant de prôner le contraire. La tradition PDC de la girouette est donc sauve. Mais l’essentiel est de brasser de l’air. Et d’occuper l’espace : pour que son parti existe, il suffit que Pfister meuble.* Laurent Flutsch * calembour totalement gratuit, sans financement publicitaire. la semaine prochaine (ou du moins ça se pourrait bien) « Coach, on a le temps de passer au duty-free ? » H. Seferovic, avant centre Editeur : Vigousse Sàrl, CP 1499, CH-1001 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected], tél. 021 612 02 50 Fondateur : Barrigue Rédacteur en chef : Stéphane Babey (resp.) Rédacteur en chef adjoint : Laurent Flutsch (resp.) Chef d’édition : Roger Jaunin Rédacteurs : Séverine André, Sebastian Dieguez, Jean-Luc Wenger (RP) Correction : Victor Gagnaux, Olivier Mottaz Abonnements : [email protected] > Tél. 021 612 02 56 Publicité : Urbanic Sàrl, ch. de Sous-Mont 21, 1008 Prilly, tél. 079 278 05 94, [email protected] – MEDIALIVE SA, Oetlingerstrasse 10, 4057 Bâle, tél. 061 561 52 80, [email protected] Layout et production : www.unigraf.com Impression : CIR, Sion > Tirage : 13 000 ex. Vipress FSC Mix Crédit de Vipap