ROUMANIE 46.qxd - les nouvelles de roumanie
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Numéro 46 - mars - avril 2008 Les NOUVeLLes de ROUMANIe La maison de "Doamna Francine" est la maison du Bon Dieu NOUVeLLes ROUMANIe Les O n n'a pas besoin de vous !"… Le premier contact de Francine Durieux avec ce qui allait devenir son épopée roumaine a été plutôt rude. La Toulousaine d'adoption avait répondu à un appel lancé dans "La Dépêche du Midi" par Médecins du Monde qui cherchait d'urgence des éducateurs pour la Roumanie. Comme tous les Français, Francine avait passé ce réveillon de Noël 89 les yeux rivés à la télévision, suivant en direct la "Révolution" en cours à Bucarest. Son diplôme d'éducatrice spécialisée en poche, elle s'était précipitée à la permanence de l'association humanitaire… mais celle-ci avait déjà reçu 700 offres de service. Francine Durieux n'était pas du genre à se laisser décourager. A 51 ans à l'époque, cette Lilloise d'origine avait connu sa part d'épreuves et montré qu'elle savait prendre des décisions changeant le cours de sa vie. Vendeuse dans un magasin spécialisé dans le camping, "La Hutte", elle avait suivi son mari à Toulouse en 1971. Avant de se séparer, le couple aura trois enfants qu'elle élèvera seule. Dans son nord natal, Francine était déjà sensibilisée à l'action sociale, s'occupant de jeunes délinquants. En 1983, la visite d'un établissement d'enfants handicapés la convainc de changer de cap. Embauchée sur le champ par le directeur qui a deviné sa grande disponibilité humaine, elle entreprend à 43 ans une formation pour devenir éducatrice spécialisée, menée de front avec son travail malgré ses charges de famille. (Photos: dans la maison de Francine) Un univers terrifiant que l’éducatrice expatriée bouscule 52 Tenace, la Toulousaine renouvelle donc sa candidature auprès de Médecins du Monde en septembre 1990. Elle est d'autant plus motivée qu'elle a écouté avec effroi le récit d'un médecin revenu de Roumanie qui lui a fait part des terribles conditions dans lesquelles y vivent les orphelins. Cette fois-ci, l'organisation humanitaire ne fait plus la fine bouche. L'intérêt médiatique est retombé et les candidats ne se bousculent plus à la porte. Francine est embauchée, pour moins de cent euros par mois, logée mais non nourrie. Ses enfants sont maintenant grands. Elle décide de prendre un an de congé sabbatique. Affectée à un des dix orphelinats de Hunedoara, en compagnie d'une infirmière, l'éducatrice y découvre un univers terrifiant. Des nourrissons non changés, laissés à eux-mêmes, entassés dans des lits-cages. Elle s'indigne devant les micro-transfusions de sang pratiquées à la cantonade avec la même aiguille. Mais, revenue dans la région toulousaine, Francine Durieux ne peut plus détacher ses pensées de la Roumanie. Malgré la dureté des situations affrontées, elle a été bouleversée par l'accueil qui lui a été réservé, conquise par la gentillesse de tout un peuple, séduite par le rythme toujours rural de la vie conservé dans les villages. Jusqu'à sa retraite, en 1999, Francine se démènera en France, se multipliera, pour venir en aide à son pays de cœur. Elle y fait acheminer des vêtements, du matériel, des vivres. Elle bloque ses congés pour y retourner dès qu'elle peut, puis prend un mi-temps. Sur place, en 1997, elle achète une maison à Baia de Cris, dans les Apuseni, à proximité de Brad, la fait retaper, agrandir, prévoyant de s'y installer plus tard. Elle y dispose quatorze lits, aménage une deuxième salle de bain. Car Francine a une idée en tête très précise: sensibiliser les jeunes Français à la Roumanie. Elle en recevra près de 400 en dix ans, au rythme annuel de 30 à 35. Des futurs médecins, éducateurs, infirmières, psychologues, psychomotriciens, etc., chargés de s'occuper sur place des enfants. Filmée par "Envoyée spécial" et reçue par Jean-Paul II Francine Durieux, aujourd'hui âgée de 68 ans, vit désormais en Roumanie, y passant huit mois par an. "Ici, je suis chez moi", confie-t-elle. Elle revient chaque année en France, notamment pour rencontrer ses futurs stagiaires. En mai 2006, Antenne 2 lui avait consacré un reportage dans "Envoyé spécial" dont le thème, "Survivre à un enfant", la concernait directement puisqu'elle a perdu un fils dans un accident. Depuis, plusieurs mamans françaises qui ont vécu ce drame sont venues lui donner un coup de main. Profondément catholique, la Française vit comme une religieuse laïque, ne voulant pas imposer ses convictions aux autres. "Ma maison est toujours ouverte" s'exclame "Doamna Francina", comme l'appellent les habitants de Brad, qui a été reçue par Jean-Paul II en 2003. Au décès du Pape, la communauté orthodoxe locale est venue lui présenter ses condoléances. (Lire aussi en page 50) de SOMMAIRE Lettre d’information bimestrielle A la Une France-Roumanie Moralisation politique Rosia Montana Délocalisation Immigration 2 3 4 et 5 6 7 Actualité Vie internationale, UE Moldavie Economie Social 8 et 9 10 et 11 12 à 15 16 et 17 Société Evénements, Faits divers Vie quotidienne Santé Minorités Religion Météorologie, Insolite Sports, Photos 18 à 21 22 à 25 26 et 27 28 à 31 32 et 33 34 et 35 36 et 37 Connaissance et découverte Livres, Cinéma Peinture, Culture Histoire Tourisme, Humour Echange, Infos pratiques Coup de coeur 38 à 41 42 à 45 46 à 48 49 50 et 51 52 Le sens caché des mots U n sondage réalisé à la demande de leur gouvernement indique que 52 % des Roumains estiment qu'il est correct que les membres de l'ethnie rom soient appelés comme par le passé Tsiganes, 34 % pensant le contraire. L'argument avancé est qu'à l'étranger on confond très souvent Rom et Roman (Roumain). Pour tenter d'éviter cette méprise, certains ont cru bon d'ajouter un second r à Rom, devenu Rrom, ce qui n'a fait qu'ajouter à la confusion. Et parfois au ridicule: dans un quotidien régional de l'Ouest de la France, une fête Rrom est devenue une fête typiquement roumaine; les atours colorés des femmes tsiganes ayant revêtu leurs plus belles robes et colliers, y ont été présentés comme le costume national roumain. Un peu comme si dans un journal du Middle West américain, on montrait une photo de nos compatriotes d'origine maghrébine - il faudrait peut-être aussi penser à changer le mot maghrébin ? - fêtant l'Aïd el kebir dans leurs djellabas… en indiquant qu'il s'agit du costume national français. Alors doit-on dire Rom, Rrom ou Tsigane? Aux "Nouvelles de Roumanie", on hésite, mélangeant parfois les genres. Faut-il céder à la facilité et au "politiquement correct" - qui nous irrite en beaucoup -, en choisissant les deux premiers termes pour faire comme tout le monde et ne pas être suspecté de racisme? Mais ne serait-ce pas alors finalement accepter l'idée que les Tsiganes étaient indignes auparavant? Cette dernière appellation est utilisée parfois de manière péjorative à cause de l'assimilation faite avec les agissements de certains d'entre eux. Si ces derniers persistent dans leurs comportements délictueux ou asociaux, l'expression "Rom" sera tout autant déconsidérée au bout de quelques temps, et il faudra en trouver une autre. Derrière le sens des mots se cache bien la complexité de la question tsigane, beaucoup plus importante qu'une simple querelle de vocabulaire. Sa dimension dépasse de loin les capacités d'un seul pays à y répondre. Elle ne pourra être résolue que si l'Europe la prend en charge. Mais la Roumanie et ses voisins également concernés, la Bulgarie, la Hongrie, la Serbie et l'ancienne Tchécoslovaquie, doivent s'engager avec conviction à ouvrir leur société à cette minorité mise au ban… tout comme la communauté tsigane accepter et encourager les changements de comportement, notamment en ce qui concerne la scolarisation des enfants. Il faudra du temps et user bien de nouvelles dénominations avant d'en voir le bout. Un mot ne peut pas régler un problème. Ce qui compte, c'est de ne pas offenser une communauté à la culture impressionnante et qui doit prendre toute sa place dans la civilisation moderne, tout en conservant le meilleur de ses traditions… tsiganes. Henri Gillet Les NOUVeLLes de ROUMANIe FranceRoumanie SUCEAVA z BAIA MARE ORADEA z z z ARAD z TIMISOARA IASI z z z SIBIU z z BACAU z BRASOV GALATI z DOBRESTI BRAILA PITESTI CRAIOVA z z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z "C'est le mari de Carla Bruni" 2 Samedi 2 février, les télévisions roumaines de news ont interrompu leurs programmes pour annoncer le mariage de Nicolas Sarkozy avec Carla Bruni. Realitatea TV remarquait que Sarkozy a tenu parole, la presse a appris la nouvelle après le mariage. Adevarul estimait que c'était une bonne nouvelle pour les relations franco roumaines: "la Roumanie est un pays latin et Carla Bruni est doublement latine, à la fois italienne et française". Evenimentul Zilei ironisait: "C'est le mari de Carla Bruni qui vient lundi en visite dans notre pays. On espère qu'il sera en forme". De son côté, Cotidianul se posait la question de savoir si Mme Carla Sarkozy sera ou non dans l'avion de son mari pour l'accompagner lors de cette visite officielle. Un officier chargé du protocole déclarait avoir reçu la consigne d'être préparé aussi au cas où la nouvelle première dame viendrait en Roumanie. Tout en précisant que, a priori,… elle ne viendrait pas. Enfin, Romania Libera racontait l'histoire d'un ancien mineur de la vallée du Jiu, Ovidiu Paraianu, qui a fabriqué une bague en diamant pour Carla Bruni, réplique en miniature de la Porte du Baiser, sculpture de Constantin Brancusi. Il espérait que le jeune marié serait suffisamment généreux pour lui acheter, confiant "Je lui ferai un prix de président, soit 6000 €". Il n'avait sans-doute pas encore lu les confidences vengeresses de Cécilia à une de ses amies, publiées depuis dans un livre à succès, affirmant entre autres gracieusetés : "Il n'y a pas plus pingre que lui". " Speedy Sarkozy" est passé en Roumanie L es Roumains étaient un peu jaloux. Depuis son élection, Nicolas Sarkozy s'était rendu dans plusieurs pays de la région comme la Pologne, la Hongrie ou la Bulgarie, mais il n'était pas encore venu en Roumanie, "îlot de latinité et de francophonie en Europe de l'Est". C'est pour cela aussi que le président français qui a effectué début février une visite éclair à Bucarest arrivait avec un "accord de partenariat stratégique", la Roumanie étant le premier pays avec lequel la France signera ce genre de document. Concrètement, cet accord permettra de poser les bases d'une coopération bilatérale accrue au sein de l'Union Européenne. "Nous identifierons les dossiers où nous possédons des intérêts communs et nous les travaillerons à fond" explique un officiel roumain. Il s'agit d'abord de la politique agricole commune (PAC), que les deux pays souhaitent "robuste". Viennent ensuite la politique énergétique, Paris et Bucarest étant de fervents partisans du nucléaire - la France pourrait participer à la construction de la seconde centrale nucléaire roumaine - et enfin la défense et la sécurité. La Roumanie entend se lancer dans un ambitieux programme de modernisation de son équipement militaire et Paris compte bien y contribuer. A Bucarest, on assure que le courant passe bien entre Nicolas Sarkozy et son homologue roumain Traian Basescu. "Ils sont tout deux des hommes de caractère et d'action", affirme Cristian Preda, conseiller présidentiel, qui ne manque pas de rappeler que le président roumain "a été l'un des rares hommes politiques européens à envoyer un message de félicitations à Nicolas Sarkozy juste après le premier tour de l'élection présidentielle française, alors que l'issue était encore incertaine". Sur le plan de la politique internationale, les deux chefs d'Etat plaident pour une forte relation entre l'Europe et les Etats-Unis: pour preuve, la Roumanie accueillera début avril le prochain sommet de l'Otan. Ils divergent en revanche sur la délicate question du Kosovo; le président français soutient son indépendance, alors que Traian Basescu se refuse à une telle reconnaissance en l'absence d'une résolution de l'ONU. Chirac était resté deux jours Seule ombre au tableau: la trop courte durée de la visite. "Au début, elle devait durer sept heures, puis cinq, puis seulement quatre", déplore un officiel roumain. Le programme a d'ailleurs été chamboulé: le repas dans un restaurant chic de la capitale s'est transformé en "déjeuner de travail", la visite du musée national d'art contemporain - où des œuvres françaises sont actuellement exposées - est annulée, le discours du président français devant le Parlement raccourci. Il y a onze ans, lors de son premier déplacement présidentiel en Roumanie, Jacques Chirac était resté sur place près de deux jours. La visite avait été qualifiée d'"assez courte". C'était l'époque où l'on parlait moins du "pragmatisme" que des liens affectifs, culturels et linguistiques très étroits entre les deux pays. Luca Niculescu (Reuters) La Roumanie ne reconnaît pas le Kosovo B Les NOUVeLLes de ROUMANIe Sept heures, puis cinq, puis quatre… z TARGU MURES CLUJ A la Une ucarest a décidé de ne pas reconnaître le nouvel état du Kosovo, qui se situe à moins de 300 km de ses frontières, une position qu'il avait fait connaître à l'avance, mais qu’il pourrait revoir. La Roumanie, où vit une forte minorité hongroise (6,6 % de la population), ne cache pas ses inquiétudes sur la contagion des irrédentismes. Infos pratiques ABONNEMENT CHANGE* (en lei et nouveaux lei, RON**) Euro Franc suisse Dollar Forint hongrois 36 578= 3,65 RON (1 RON = 0,27 €) 22 581 = 2 RON 24 815 = 2,48 RON 138 = 0,013 RON (1 € = 265 forints) *Au 25 février 2008 ** 1 RON = 10 000 anciens lei Les NOUVeLLes de ROUMANIe Numéro 46, mars-avril 2008 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel. : 02 40 49 79 94 E-mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Ont participé à ce numéro : René Serrière, Laurent Couderc, JeanFrançois Pérès, Jules Ravaud, Luca Niculescu, Mirel Bran, Alina Bardalan, Florian Constant, I. Codrean, V. Lupu, V. Ciobanica, P. Vallélian, Annick Cojean, Elise Vincent, Anne Rodier, Henri Tincq, Mihail Vakulovski, Nicolas Trifon, Sébastien Maillard, Arielle Thédrel, Jonas Mercier, Céleste Cazaux, André Berthomieu, Alain Fauvarger. Autres sources: agences de presse et presse roumaines, françaises, lepetitjournal.com, télévisions roumaines, Roumanie.com, Le Courrier des Balkans, sites internet, fonds de documentation ADICA. Impression: Helio Graphic 11, rue Louis Armand 44 980 Sainte-Luce Numéro de Commission paritaire: 1107 G 80172; ISSN 1624-4699 Dépôt légal: à parution Prochain numéro: mai 2008 Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Entreprises, administrations : 100 € TTC / an Associations et particuliers : 80 € TTC / an Multi-abonnement Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement. Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 € à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €). Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés. Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 € Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée directement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement normal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €). Nom:………………………………………………………………………… Adresse:…………………………………………………………………….. Code postal:.......................Ville…………………….................................... Pays:.................................Tel:………………........ Fax:…………………… E-mail:……………………………………. Cachet, signature : Paiement France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA. 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Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie, 44 300 NANTES - France. 51 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Echanges z ORADEA z BAIA MARE z SUCEAVA CLUJ z ARAD z z z BACAU BAIA DE CRIS IASI z GALATI z TIMISOARA BRASOV PITESTI CRAIOVA z La "tournée des popotes" de Francine z TARGU MURES z z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z La formidable aventure de la Maison des Clowns 50 Chaque année, la Toulousaine recrute des jeunes Français pour venir l'aider dans les Apuseni En 2003 à Timisoara, sous l'égide de l'association Quimper-SantamariaOrlea-Pays de Hateg, une poignée de jeunes français ont planté un chapiteau au parc des Roses donnant le coup d'envoi au projet "Casa de Clovni", "La Maison des Clowns". Il s'agissait d'ouvrir un lieu de rencontre aux enfants des rues, pour qu’ ils viennent y chercher un peu d'affection, se réconfortent d'une soupe chaude et retrouvent des repères. Invités à se transformer en artistes, ils ont découvert qu'ils pouvaient créer, apporter aux autres, gagner leur considération, s'estimer. Au fil des années, ce long apprentissage passant par le cirque, le théâtre mais aussi l'alphabétisation, la lecture, l'écriture et le jeu a porté ses fruits, bénéficiant du concours de nombreuses bonnes volontés et de l'engagement sur le terrain d'équipes de jeunes Français et Roumains. C'est de cette entreprise inédite dont rend compte, sous formes de témoignages, la plaquette "La Maison des Clowns, cinq ans avec les enfants des rues de Timisoara", publiée par l'association quimpéroise qui raconte ces instants d'espoir, d'émotion, d'amour, de joie, succèdant aux moments de détresse, de doute, avec toujours en toile de fond, refuser la fatalité. Un beau livre. La Maison des Clowns, 20 € + 6 € de frais de port, à commander à l'association Q.S.O.P.H. (Quimper-Santamaria-OrleaPays de Hateg), 15 rue Jean Rameau, 29 000 Quimper (tel: (00 33) 02 98 95 02 03). Contacts: www.maisondesclowns.com, e-mail : [email protected], tel en Roumanie: (00 40) 0744 109 154. D ans sa vie avant la Roumanie, Francine Durieux avait vu bien des choses, mais pas au point des dérives épouvantables qu'elle a découvertes dans les orphelinats du judet d'Hunedoara où elle a débarqué fin 1990, envoyée comme éducatrice spécialisée quasi-bénévole par "Médecins du Monde" (Lire aussi en page 52). Mais, loin de se décourager, la Toulousaine est revenue sans arrêt sur le terrain, jusqu'en 1999, où prenant sa retraite, elle s'est installée définitivement en Roumanie, achetant une grande maison à Baia de Cris dans les Apuseni. Elle y accueille les jeunes Français qui viennent lui donner un coup de main pour s'occuper des enfants déshérités. En dix ans, elle en a fait venir près de 400. Francine les déniche en prenant son bâton de pèlerin, faisant le tour des établissements de formation de l'Hexagone pour les convaincre mais aussi s'assurer de leur motivation. Elle doit être forte car, non seulement ils ne sont pas rémunérés, mais prennent en charge leur voyage, travaillant souvent pour le payer. Pourtant çà marche. Ses anciens stagiaires, entrés dans la vie active, mariés parfois, retournent régulièrement lui prêter main forte. Le centre de formation d'éducateurs de Bressuire, dans l'Ouest de la France, a même inscrit le séjour chez Francine dans la liste des "stages Europe" qu'ils doivent effectuer pour valider leur cursus. A leur issue, celle-ci n'omet pas de remercier toutes ces bonnes volontés en les emmenant faire un tour de Roumanie d'une semaine. S'aventurant seule dans les squatts tsiganes Quand elle s'est installée à Baia de Cris, la Toulousaine a décliné la proposition de la DDASS roumaine de prendre en charge directement 24 orphelins et de créer son établissement, voulant rester indépendante dans son action… d'autant plus qu'elle aurait dû en trouver le financement. Depuis, son action s'est démultipliée, désormais fortement épaulée par les deux associations qu'elle a mises en place, la Fondation "Speranta" ("Espoir"), côté roumain, et "Casa de Copii"* ("Maison d'enfants"), côté français, basée à Baziège, près de Toulouse. Maison d'enfants de Brad aidée par le recrutement d'un psychologue et dotation de matériel, création et financement de structures de soutien scolaire, colonie de vacances, paniers-repas distribués aux familles les plus démunies, parrainage de jeunes étudiantes entrant en faculté à Alba Iulia…Le domaine d'intervention est vaste. Il a fallu souvent convaincre. Cela a pris près de six mois pour décider les instituteurs roumains de Brad à mettre en place une mise à niveau destinée à leurs élèves les plus défavorisés. Finalement, un partenariat a été signé en ce sens entre l'école et l'Inspection d'académie. Francine accorde aussi beaucoup d'importance à l'animation de rue, afin de ne pas laisser les enfants livrés à eux-mêmes en dehors des horaires et périodes scolaires. Environ 150 enfants y participent. Ce sont surtout les jeunes Français qui s'en occupent. La Toulousaine avait été marquée par la découverte d'un bloc fantôme d'un quartier très pauvre de Brad, squatté par les Tsiganes et où personne n'osait pénétrer. Elle s'y était aventurée seule. Des familles entières y vivaient entassées, dans des pièces dévastées, sans vitres aux fenêtres, sans chauffage, ni électricité, ni WC, aux escaliers défoncés. Depuis, peu à peu relogées, elles profitent des actions engagées, notamment envers les enfants dont certains étaient tout simplement analphabètes. * Association Casa de Copii, 30, Grand Rue - 31450 Baziège, France Tél : (00 33) 06 08 49 44 43, e-mail : [email protected] Les NOUVeLLes de ROUMANIe L’héritage communiste L A la Une Une victoire de la nomenklatura: les archives de la Securitate ne pourront plus être consultées Silence sur le passé noir de la Roumanie a Securitate, ancienne police politique de la dictature communiste en Roumanie, revient sur le devant de la scène à Bucarest. Dimanche 3 février, plusieurs centaines de Roumains, rassemblés place de l'Université, lieu mythique des manifestations anticommunistes dans la capitale roumaine, ont protesté contre une décision de la Cour constitutionnelle à son sujet. Jeudi 31 janvier, la plus haute instance juridique du pays avait déclaré anticonstitutionnel le Conseil national pour l'étude des archives de la Securitate (CNSAS), qui permettait de consulter ses dossiers. Ce conseil, créé en 1999, est chargé d'enquêter sur ses anciens collaborateurs, pour éviter qu'ils continuent à occuper des fonctions importantes. Cette décision interdit de fait l'accès aux dossiers de la Securitate. La Cour constitutionnelle avait été saisie dernièrement par l'ancien patron du Parti Conservateur et magnat de presse, Dan Voiculescu, qui était dans le collimateur du CNSAS pour son passé. Mais le milliardaire n'a pas été inquiété longtemps. À la surprise générale, sa plainte contre le fonctionnement et la légitimité du CNSAS a été retenue par la Cour. lors d'une transition confuse vers la démocratie, une partie de l'économie du pays était passée entre les mains des anciens officiers de la Securitate et des apparatchiks du Parti communiste, convertis en businessmen. "Hormis quelques timides tentatives, le démantèlement de la Securitate n'a jamais été programmé dans l'agenda politique", explique Marius Oprea, conseiller du premier ministre pour la sécurité et surnommé le "chasseur de la Securitate". Tous les partis ont été infiltrés et contrôlés par la Securitate, qui avait besoin d'un paravent pour défendre ses intérêts économiques. La mort annoncée du CNSAS Le fonctionnement du CNSAS, créé en 1999 sous la présidence d'Emil Constantinescu grâce à la pression de la société civile, a été bloqué depuis sa création, le contrôle des archives de la police politique ayant été tout d'abord attribué au SRI (Service Roumain de Renseignements)… héritier de la Securitate. C'est seulement en 2005 que le nouveau président, Traian Basescu, a décidé de transférer au CNSAS les 12 kilomètres de dossiers que constituent les archives. "Ces dos"Nous vivons toujours à l'époque de Ceausescu" siers sont un horrible spectacle. Je suis terrifiée par le gigantisme de cette opération de surveillance à l'é"Les juges ont décidé que la révolution antichelle d'un pays qu'elle révèle" a confié une de communiste de décembre 1989 n'avait aucun ses utilisatrices. sens", a affirmé Cristian Pîrvulescu, président de Le 18 décembre 2006, le président l'association Pro Democratia, à l'origine de la Basescu condamnait officiellement le régime manifestation du 3 février. "Leur décision n'est communiste devant un Parlement hostile, qui pas légitime. Un an après notre adhésion à l'a destitué le 19 avril 2007. Un mois plus tard, l'Union Européenne, nous assistons à un vériun référendum l'a réintégré dans ses fonctions table coup d'Etat contre la démocratie en et le CNSAS a pu continuer à révéler l'identité Roumanie". "Je ne vois pas pourquoi on devrait des hommes politiques qui avaient collaboré se féliciter d'être entrés dans l'UE, vu que nous avec la police politique. vivons toujours à l'époque de Ceausescu et de La contre-offensive n'a pas tardé et la Cour constitutionnelle a tranché en faveur du ses servants", a déclaré pour sa part, furieux, passé noir de la Roumanie. "Déclaré anticonsMircea Dinescu, l'un des membres du CNSAS. La colère de Mircea Dinescu titutionnel, le CNSAS devra fermer ses Les manifestants ont demandé la démission du le Bernard-Henry Lévy roumain. portes", affirme son ancien directeur, Claudiu gouvernement et proféré des slogans anticomSecasiu. Mais derrière ces portes, c'est l'énorme plaie de son munistes. passé que la Roumanie devra bien rouvrir un jour. La colère de la société civile roumaine au sujet de la Mirel Bran (Le Monde) Securitate ne date pas d'aujourd'hui. Dans les années 1990, Inflation D ébut janvier, la Banque nationale de Roumanie (BNR) a décidé de majorer son taux d'intérêt directeur à 8%, soit 0,5% de plus. La forte consommation qui a fait monter les prix et accentue le déficit externe du pays est la principale raison de cette mesure. Déjà le 31 octobre dernier la BNR avait élevé son taux de 0,5%, Surchauffe à l'horizon et taux d'intérêt majorés à 7,5%. "L'analyse des données statistiques les plus récentes montre une forte demande interne et une expansion des investissements. Mais le niveau de consommation est devenu insoutenable, et les prêts accordés au secteur privé ne cessent d'augmenter", indique un communiqué de la BNR, qui pointe du doigt une croissance des revenus dépassant les gains de productivité. Ce décalage pourrait, selon elle, "affecter la compétitivité du pays". L'objectif est désormais de ramener le taux d'inflation aux alentours de 4% au lieu de près de 7 % actuellement, raison pour laquelle la BNR appelle le gouvernement à "maintenir une politique fiscale et salariale restrictive". 3 Les NOUVeLLes de ROUMANIe A la Une Menaces sur l’environnement z z CLUJ ARAD z BAIA MARE ORADEA z SUCEAVA z z z ROSIA z z PITESTI CRAIOVA z z BRASOV z z TULCEA z BUCAREST Les Logan 2006 touchées par la corrosion 4 Dacia-Renault a décidé de rappeler en révision dans son usine de Pitesti tous les modèles de berline Logan construits jusqu'à la fin de 2006 après avoir constaté la multiplication des cas de corrosion sur leur carrosserie. De nombreux propriétaires avaient saisi le constructeur, qui a garanti six ans ses véhicules dans ce domaine, ou les autorités départementales de protection du consommateur. epuis près de douze ans la fièvre de l'or agite la petite commune de Rosia Montana, dans les Apuseni (Voir Les Nouvelles de Roumanie, n° 40). La compagnie canadienne Gabriel Resources - appelée "Gabriel" localement - dont le représentant sur place est la Rosia Montana Gold Corporation (RMGC), s'efforce de convaincre une partie des habitants de déménager afin d'avoir les mains libres pour creuser la montagne à coup d'explosifs et traquer les pépites à l'aide de bains de cyanure, détruisant au passage toute une vallée. Ses arguments: les forts dédommagements qu'elle propose aux familles concernés, la promesse d'un emploi… et les bakchichs pour que les autorités locales, départementales et nationales ferment les yeux. Conséquence: la commune s'est scindée en deux, entre ceux qui se sont laissé séduire par les liasses de lei et ont fait leurs valises, et ceux qui sont déterminés à mourir dans leur village natal. Envoyée spéciale du quotidien "Gândul" ("La pensée"), Alina Badalan décrit l'atmosphère sur place. "Les cloches sonnent à toute heure, mais on ne sait plus si c'est pour ceux qu'on enterre ou qu'on déterre" Fracois Fourmont, PDG de DaciaRenault En 2004, lors de la sortie de cette voiture, le "Financial Times" avait indiqué qu'il ne fallait pas moins de quinze kilos de peinture anti-corrosive pour protéger le véhicule fabriqué à partir d'un acier de faible qualité. Dès son lancement, la Logan avait connu quelques soucis. Dacia-Renault avait rappelé plusieurs milliers des premiers modèles pour, assurait-elle, changer le cric,provoquant l'incrédulité. Ensuite le véhicule a connu des problèmes liés à son système de direction. Les ennuis de la Logan ne se sont pas limités à la Roumanie. Au Brésil, la filiale de Renault a dû procéder deux fois à des rappels massifs, pour 1623 véhicules qui avaient des problèmes sérieux de freinage, puis 10 000 autres pour, cette fois-ci, des défections majeures du système de direction. "Même les morts ne sont pas tranquilles à Rosia Montana. Depuis sept ans, on a commencé à les déterrer. Ils sont à peine refroidis que les familles viennent avec des pioches, des pelles. Elles ont aussi amené les "colaci" et les "coliva" (brioches et gâteaux servis traditionnellement lors des enterrements), pour accompagner les défunts vers leur nouvelle demeure, dans une commune voisine. Le tout se fait légalement, au grand jour, avec la bénédiction des popes. Les familles en ont oublié de pleurer… "Gabriel" les a généreusement remercier quelques dizaines de millions de lei (quelques centaines d'euros) - pour avoir libéré un emplacement supplémentaire dans le cimetière paroissial, situé en plein dans son aire de prospection. A Rosia Montana, on dénombre neuf églises et huit cultes, si bien que les cloches sonnent à toute heure… mais aujourd'hui on ne sait plus si c'est pour un mort qu'on enterre ou qu'on déterre. Tout le monde n'ayant pas la chance d'avoir de morts, les vivants épargnés par un deuil ont trouvé d'autres moyens de bénéficier de la manne de "Gabriel". Ils bâtissent à la hâte une cabane en bois dans leur jardin, sans fondations, posée sur des bûches et sans raison d'être. Quand les hommes de "Gabriel" viendront négocier le rachat du terrain, les paysans se battront comme des diables et en tireront 40 000 euros supplémentaires, alors qu'elle n'en a pas coûté 5000. Connaissance et découverte Des "fastes" du communisme à la calamiteuse transition Tourisme A Rosia Montana, D BACAU GALATI z SIBIU TIMISOARA z IASI TARGU MURES z CHISINAU L'appât de l'or… Les NOUVeLLes de ROUMANIe "Nuit de rêve" à l'hôtel Tineretului de Constantsa I l est encore possible de vivre l'expérience d'une nuit dans un hôtel communiste, mais cela va devenir de plus en plus difficile, beaucoup fermant ou n'étant pas rénovés, ce qui permet en outre d'avoir un aperçu du chaos provoqué par la "transition". On peut avoir encore cette opportunité à l'hôtel-restaurant Tineretului (Hôtel de la Jeunesse), dans le centre de Constantsa, qui accueillait autrefois la nomenklatura et les futurs cadres du Parti. Dans la première chambre attribuée, les draps, troués, semblent avoir fait la Grande Guerre et le lit est presque défoncé. La salle de bain, offre le choix entre une profusion de serviettes, toutes usées jusqu'à la corde. Le tuyau de la douche pendouille au dessus d'un bac rongé par des tâches brunâtres repoussantes d'où sortent des cafards. Grand classique: pour avoir de l'eau chaude, il faut ouvrir le robinet d'eau froide et vice-versa. Déménager au septième étage sans ascenseur… à deux heures du matin Les couche-tôt sont brusquement réveillés par la sono du disco qui se met à beugler à l'étage du dessous, fait trembler les murs et donne des palpitations. Les couche-tard devront attendre sa fermeture et patienter jusqu'à deux heures du matin pour trouver un peu de calme. Une solution est de demander à changer de chambre pour déménager au septième et dernier étage. Bien sûr, il faut avoir le courage de faire ses valises en pleine nuit et de grimper les escaliers…. puisqu'il n'y a pas d'ascenseur. Non seulement on n'y perd pas au change, puisqu'on y retrouve les mêmes caractéristiques - draps, serviettes râpées, bloc sanitaire mangé par la rouille - mais, sans avoir à payer de supplément, on y gagne quelques spécificités de l'établissement. La chaîne de la chasse d'eau est toujours cassée mais, cette fois-ci, il faut sauter pour l'attraper. Le carrelage de la salle de bain est troué… ce qui permet de voir l'eau usée s'écouler sous ses pieds. Mais enfin, on retrouve le silence… du moins jusqu'à ce qu'un râle de moribond vous réveille, cette fois-ci en sueur, vous plongeant dans une angoisse effrayante jusqu'au petit matin. C'est un robinet, impossible à fermer davantage, qui tente d'expirer en vain ses dernières gouttes d'eau. Seule solution: ouvrir la porte du frigo pour que le bruit du moteur le couvre, jusqu'à ce qu'il ne rende lui-même le dernier râle. Le jour se levant, le cauchemar se termine. Rien de tel qu'un solide petit-déjeuner pour retrouver la forme. Dans la grande salle où se tenaient les banquets de la nomenklatura d'autrefois, un personnel pléthorique, traînant son ennui, guette le moindre client. La "Révolution" ne semble pas encore être parvenue jusqu'ici. On ignore ce qu'est un espresso et on sert un café à la turc, contenant un tiers de marc… Mais, comme autrefois, on n'oublie pas de taxer le touriste étranger: 28 euros pour cette nuit de rêve. Henri Gillet Blagues à la roumaine Humour Défaitiste Bula participe à un concours de parachutisme entre unités militaires. Les soldats doivent effectuer un saut et, à l'atterrissage, enfourcher une bicyclette pour parcourir 15 km. Il monte donc dans l'avion, s'équipe et saute. Mais la commande d'ouverture ne fonctionne pas. Il essaie une deuxième fois… rien. Alors, il actionne celle du parachute de secours, en vain. S'emportant contre l'équipement fourni par l'Armée, Bula peste: "En bas, c’est sûr que la roue de la bicyclette sera crevée". - Bon appétit! On nous a encore coupé le courant ce matin… secrétaire qui a enregistré ma naissance quand il a été la déclarer. Récompense Un policier arrête un automobiliste qui, tout tremblant, s'entend dire: - Félicitations! Vous êtes le seul conducteur que je trouve aujourd'hui portant sa ceinture des sécurité ! Pour vous récompenser, le ministère de l'Intérieur vous offre une prime de 1000 euros. Entre nous, vous pouvez me dire ce que vous allez en faire ? - Passer mon permis de conduire. Compliment Un promeneur tente de draguer une belle blonde: - Mademoiselle, je crois qu'on s'est déjà rencontré. C'était au jardin zoologique, je crois… - Peut-être bien…Dans quelle cage vous étiez ? Bon appétit ! Un représentant se présente à la porte d'une vieille dame, un aspirateur à la main: “Je vais vous montrer le plus performant de tous les appareils. Vous voyez tous ces rouleaux de poussière sur votre tapis… Eh bien, si cet aspirateur ne nettoie pas tout, je vous promets que le reste… je le mangerai!” Parole de bègue Bula qui veut s'engager passe la visite médicale. Le médecin lui demande son nom: - Bubububula Mamamamarin - Tu es bègue ? - Non, c'était mon père - Mais alors ?????? - C'est à cause de cette idiote de Les clichés ont la vie dure Devant un verre de tsuica, Petru se vante devant ses copains - Nous les Oltènes… on se moque de nous en nous faisant passer pour des ramollis du cerveau. Eh bien, vous avez devant vous quelqu'un qui a terminé hier soir son puzzle en moins de trois mois ! - ????? Et Petru de bomber le torse : - Pourtant sur la boite c'était bien marqué: de 2 à 4 ans ! 49 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte (suite de la page 47) z z ORADEA CLUJ z z SUCEAVA SATU MARE z TARGU MURES z BACAU z BRASOV TIMISOARA BRAN z GALATI z z MARASTI BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Un maçon roumain devient le Pavarotti espagnol 48 A la Une et de l'argent a divisé une commune en deux "Il est temps que nous apprenions à ne plus nous mentir à nous-mêmes" même les morts ne reposent plus en paix Même dans ces conditions, la percée de la thèse de N. Djuvara n'est pas dépourvue d'ambiguïté, si l'on examine de plus près les réactions. De toute évidence, les arguments "radicaux" invoqués par ceux qui le critiquent ne tiennent pas la route: on l'accuse de faire le jeu de la propagande hongroise ou d'être acheté par elle. Plus touchantes sont les réactions de sympathie, non seulement pour la personnalité de l'historien mais aussi pour sa "révolution", les deux étant le plus souvent associées. "Il est temps que nous apprenions à ne plus nous mentir à nous-mêmes" ou encore "Après ces quarante-cinq ans de communisme... notre incapacité à regarder droit dans les yeux notre passé historique nous condamne à l'infériorité ", lit-on dans ces messages. Plusieurs autres participants au forum relativisent cependant la nouveauté du message, dans un langage plus mesuré et souvent en connaissance de cause. L'aspect le plus frappant cependant de l'ensemble des messages est la fréquence élevée de références, allusions, digressions sur les questions de race, d'ethnie, d'origine, de groupe sanguin et ainsi de suite. Avec la vieille masure où ils habitent, l'affaire sera conclue à 70 000 euros. Aussi cher qu'un appartement à Bucarest pour ce "trou" perdu dans les montagnes ! Encore faut-il compter avec le chat, les vaches, les poules, le jardin, la remise où on mettait les oignons à sécher, qu'il faudra déménager ou abandonner. Toute une vie qui s'en va, cela n'a pas de prix. Allez… 20 000 euros en plus et on n'en parle plus. Deux cents de ces cabanes on poussé comme la rose du matin, changeant le caractère des villages composant Rosia. Même le pope en a construite une, tout près du presbytère. Les noyers étant d'un gros rapport - 3 millions de lei, cent euros, pour un simple arbuste - ils ont fleuri partout. Certains, après avoir empoché leurs indemnités, les ont déracinés pour les replanter dans un jardinet dont le rachat n'avait pas encore été négocié. Provoquer pour mieux convaincre Les "derniers des Mohicans" résistent Les propos à caractère quelque peu anecdotique tenus par N. Djuvara lors de l'entretien, quand il évoque, par exemple, le type arabe des paysans travaillant sur les domaines de son grand-père, y sont pour quelque chose même si son intention était de provoquer pour mieux convaincre. Le livre contient aussi une allusion sur ce thème, dans le paragraphe suivan : "Il est grand temps d'oublier les clichés vieillis sur les Roumains authentiques, les vrais ou les bons Roumains... C'est un Roumain authentique de par sa mère et de par son père qui vous le dit. La première qualité du Roumain a été sa capacité d'assimiler toutes les populations qui se sont réfugiées sur son aire autochtone. Mais ce n'est pas un argument pour que nous occultions le rôle que ces groupes allogènes ont pu jouer dans l'histoire tourmentée de notre peuple". Avec ce genre d'aveux biographiques on s'expose inévitablement à des controverses et on alimente une dynamique malsaine. En effet, comme le modérateur du forum, Cristian Teodorescu, l'a opportunément indiqué et plusieurs participants l'ont rappelé, Neagu Djuvara est issu du côté de son père d'une famille aroumaine arrivée en Valachie du Pinde, aujourd'hui Grèce du Nord, vers 1770. Sa mère appartenait à une famille réputée de boyards. Il n'en fait aucun mystère d'ailleurs, lui qui a coordonné la rédaction d’un excellent ouvrage sur les Aroumains paru aux éditions de l'Inalco à Paris en 1989. Peut-il se présenter comme un Roumain authentique ? Dans l'entretien, il explique qu'il a probablement "échappé" à la coumanité du côté de son père, dont la famille venait du Sud, mais pas de sa mère, puisque un bon tiers des boyards de Valachie étaient à l'origine des Coumans. Sa qualité de "roumain" ou d' "allogène" fait l'objet de plusieurs messages polémiques. L'auteur de l'un de ces messages va jusqu'à expliquer qu'il n'a rien " contre les Aroumains, les juifs, les Tsiganes... même si certains Aroumains travaillent aujourd'hui contre les intérêts de la Roumanie". Sur cette lancée, les spéculations sur l'hypothétique coumanité des Roumains passés, présents et à venir vont forcément bon train et le débat critique attendu sur l'historiographie roumaine risque de se métamorphoser en discussion vaseuse autour de l'ethnogenèse et autres fantasmes dont on est si friands dans cette région de l'Europe. Nicolas Trifon (Le Courrier des Balkans) "Gabriel" commence cependant à se faire tirer l'oreille, mais quelle concession ne ferait-il pas pour voir le panonceau "Cette maison est propriété de RMGC" se balancer sur sa porte. A l'automne dernier, selon la mairie, 420 familles, sur le millier que comptent les villages formant la commune de Rosia Montana, avaient vendu leur bien. L'hiver dernier, 134 autres ont franchi le pas. Dans le périmètre visé par "Gabriel", il reste environ 250 familles qui résistent à l'appât du gain, tout aussi pauvres que celles qui y ont cédé. Sur leur maisonnette, elles ont cloué un écriteau affirmant farouchement "Cette maison n'est pas à vendre" et clament bien haut qu'ils entendent mourir ici. "Ils veulent faire monter les prix" susurrent leurs détracteurs. Ces "derniers des Mohicans" comme on les appelle, se rassurent en affirmant que, techniquement parlant, "Gabriel" ne peut pas retirer un gramme d'or tant qu'ils sont là. Ils n'en sont pas moins amers vis-à-vis de la firme canadienne: "Même s'ils n'exploitent pas leur mine, ils auront au moins réussi une chose… détruire notre village". z IASI z ARAD Les NOUVeLLes de ROUMANIe Costel Busuioc, un maçon de 33 ans, a charmé le public espagnol lors d'une émission du type "Mega Star". Sans n'avoir jamais pris de cours de chant, il interprète avec brio des classiques d'opéra comme "Nessun dorma" ou Caruso. Après la première épreuve du concours, le Roumain avait recueilli le plus grand nombre de votes des téléspectateurs, et le jury lui avait accordé la meilleure note. C'est un collègue de chantier qui l'avait convaincu de s'inscrire à cette émission après l'avoir entendu chanter. Père de 4 enfants, Costel Busuioc est parti seul en Espagne pour travailler comme maçon. On est mieux chez soi Les Roumains n'accordent pas beaucoup de temps aux activités culturelles. Selon une étude réalisée par le Centre de sociologie urbaine et régionale, 87% des Roumains préfèrent rester chez eux plutôt que d'aller au cinéma. 89% disent ne jamais aller voir un spectacle, que ce soit au théâtre ou à l'opéra, et 74% ne vont jamais au musée. Seuls 48% affirment passer un peu de temps à lire un livre. Par contre, 90% des interrogés, âgés de 18 ans et plus, disent aller régulièrement à l'église. Cette étude a été menée entre le 1er et le 25 septembre dans l'ensemble du pays sur un échantillon de 2.000 personnes. [1] Thocomerius-Negru Voda: un voievod de origine cumana la începuturile tarii românesti, Humanitas, Bucarest, 2007. "Des étrangers débarquent … On se demande si ce sont des touristes ou des espions" "Qui devra répondre de ce désastre ?" se demande Eugen David, l'un de ces résistants, incriminant les prêtres qui se sont ralliés les premiers au projet de "Gabriel". "Ils ont reçu des sous pour attifer en long et en large leurs églises, en ont pro- fité pour doubler la dîme qu'ils nous demandaient, pour nous dire ensuite que chaque pierre et chaque mur devaient être démontés pour être remontés ailleurs". Eugen David est l'un de ceux qui a mis sur pied "Alburnus Maior", l'association environnementale "anti-Gabriel". Pour lui, ces derniers temps, Rosia Montana vit au rythme d'un thriller, la situation changeant sans arrêt. "Il ne se passe pas de jour sans un évènement, sans que l'on fasse pression sur les uns ou les autres pour qu'ils vendent, savoir le prix qu'ils veulent. Des étrangers au village débarquent; on ne sait pas si ce sont des touristes ou des espions de "Gabriel”. Les journalistes harcèlent les "Mohicans" qui, parfois, sortent leurs fourches pour avoir la paix". "Qui voudrait mettre des sous dans un village appelé à devenir un réservoir à cyanure ?" Tout ce tintamarre autour de Rosia, fait que la commune n'a plus de projets. Aucun investissement n'a été fait depuis plusieurs années. "Qui voudrait mettre des sous dans un village qui va devenir un réservoir à cyanure?" s'emporte Eugen David notant au passage l'inquiétude grandissante de ceux qui sont restés sur place. “On dit que "Gabriel" fera sauter 60 tonnes d'explosifs chaque jour. Ce serait de véritables tremblements de terre quotidiens !" s'effraie l'un d'eux. Sur ses intentions, le nombre d'habitants ayant signé, les indemnités versées, "Gabriel" ne dit rien. C'est "secret défense". La compagnie canadienne se contente de rabâcher ses arguments: 1200 emplois à venir, des ordinateurs donnés aux écoles, le vieux centre-ville épargné qui sera restauré, des bourses d'études pour les enfants, un centre de formation pour les chômeurs, des aides pour ceux qui voudront ouvrir une affaire. Pour l'instant, Rosia Montana n'a vu venir qu'une chose, il est vrai importante, des contrats d'embauche pour 500 habitants… qui avaient signé bien sûr”. Alina Badalan L'activité de la mine suspendue et procès en cours L a compagnie roumano-canadienne Rosia Montana Gold Corporation (RMGC) a intenté un procès contre le ministère de l'Environnement, son ministre, Attila Korody,un secrétaire d’Etat, à la suite de la décision de suspension totale de ses activités minières sur la commune de Rosia Montana, prise par le ministère de l'Environnement en septembre dernier. Le ministère avait alors relevé l'absence de certaines autorisations dans le certifi- cat d'urbanisme nécessaire à RMGC pour reprendre l'exploitation du site. La société d'origine canadienne a fait savoir qu'elle avait également déposé un recours à la Cour d'appel de Bucarest pour annuler cette décision. 5 Les NOUVeLLes de ROUMANIe z BAIA MARE z ORADEA z ARAD z JUCU z z SIBIU TIMISOARA BOTOSANI IASI TARGU MURES z L’installation de Nokia Délocalisation à Cluj: la Roumanie se réjouit, l'Allemagne s'indigne z SUCEAVA z z z PIATRA NEAMT z BACAU BRASOV z BRAILA PLOIESTI z z CRAIOVA z BUCAREST A la Une CONSTANTA z Un praticien de Timisoara au chevet des habitants d'un village de l'Aisne Le médecin roumain mieux accueilli que le plombier polonais A la mi-février, Lucian Popoviciu, médecin roumain, a donné ses premières consultations dans le village de Seboncourt, dans l'Aisne, dont le maire a cherché en vain pendant six mois à trouver en France un successeur au généraliste de la commune parti à la retraite. 6 "Le précédent médecin avait cherché quelqu'un pour lui succéder, sans succès. J'ai pris contact avec les facultés de médecine de la région, Amiens, Lille et Reims, sans plus de résultat", explique Gérard Feuillette, le maire de cette commune de 1 200 habitants, qui n'a eu de cesse de faire valoir la présence sur place d'une pharmacie et d'une maison de retraite pour attirer un nouveau praticien. "J'ai fait ensuite passer des annonces en Belgique, puis dans les pays du Maghreb, en Syrie, au Liban et en Europe de l'Est". C'est finalement Lucian Popoviciu, 40 ans, médecin généraliste diplômé de la faculté de Timisoara, qui s'est porté candidat après avoir lu l'annonce dans un magazine spécialisé. "Les médecins aujourd'hui recherchent les grandes villes et veulent faire les 35 heures", a constaté amèrement le maire. (Lire la suite page 8) L 'installation de Nokia à Jucu, au nord-ouest du pays, est certes une bonne nouvelle pour l'économie roumaine. Des emplois vont se créer et l'État lui aussi en profitera. Mais en Allemagne, cette délocalisation continue de faire des mécontents, comme le souligne ci-dessous lepetitjournal.com. Elle illustre les aléas de la politique européenne d'ouverture des frontières et du libre marché. D'un côté, les pays à la technologie avancée transfèrent leurs activités ne nécessitant pas une main d'œuvre hautement qualifiée dans ceux où le niveau de salaire est faible. D'un autre, ils font venir chez eux les cadres dont ils ont besoin, privant ces mêmes pays du savoir-faire qu'ils y ont acquis et qui leur serait très utile. C'est l'exemple du médecin roumain appelé au chevet d'un village de l'Aisne (voir par ailleurs). Finalement, dans un libéralisme trop souvent débridé, les multinationales des pays riches imposent leur loi, les pays pauvres n'ayant guère la ressource que de s'incliner, en espérant que les miettes amassées leur permettront un jour de relever la tête. Des salaires dix fois inférieurs Dans la petite ville roumaine de Jucu, à 18 km de Cluj, ce fut l'événement : plusieurs hauts responsables de Nokia ont inauguré le 11 février la nouvelle ligne d'assemblage pour les téléphones portables du géant finlandais. Avec un premier investissement de 60 millions d'euros, l'usine s'étendra sur 30 hectares. Du jamais vu à Jucu. Elle produira dans un premier temps des portables bas de gamme, commercialisés en Europe et dans le reste du monde à 40 €, disponibles dès le prochain trimestre. Au maximum de son rendement, cette nouvelle unité devrait employer près de 3.500 personnes d'ici la fin 2009. Salaire moyen des ouvriers : environ 800 lei brut par mois, soit 150 € net et 10 fois moins qu'en Allemagne. Une aubaine pour Nokia qui a vite fait le calcul: en fermant l'usine allemande de Bochum et en délocalisant en Roumanie, les économies sur les salaires seront plus que conséquentes. Un jackpot pour l'État Pendant ce temps, en Allemagne, ça grogne. Depuis plusieurs semaines, 2.300 travailleurs protestent contre la fermeture prochaine de leur usine. L'affaire ne plait pas non plus à certains eurodéputés allemands qui soutiennent que Nokia a utilisé l'argent de l'Union Européenne pour délocaliser en Roumanie, ce que conteste Bruxelles. D'autres demandent d'interdire cette délocalisation. A Strasbourg, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a alors posé la question : "Si des investissements partent de la Finlande(dont Nokia est originaire) pour l'Allemagne, pourquoi ne pourraient-ils pas partir d'Allemagne vers la Roumanie?". Pour Marius Nicoara, président du Conseil départemental de Cluj, "Nokia n'a pas délocalisé son usine ici, c'est un projet complètement différent qui ne pouvait pas se faire à Bochum". À Bucarest, on préfère ne pas trop s'immiscer dans la polémique. "Évidemment les coûts salariaux ont joué en notre faveur", a simplement déclaré le ministre du Travail, Paul Pacuraru, tout en assurant que "bientôt les salaires rattraperont le niveau du salaire moyen des autres pays de l'UE". Certes, le gouvernement du Premier ministre libéral Calin Popescu Tariceanu regrette que des travailleurs allemands soient en passe de perdre leur travail, mais il est aussi ravi de l'installation de Nokia en Transylvanie pour le développement de la région. Et pour les caisses de l'État. Selon les estimations, à partir de 2010, la Roumanie devrait empocher 200 millions d'euros d'impôt par an. Florian Constant (www.lepetitjournal.com - Bucarest) Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte roumaine: “Ce sont les barbares qui ont fait la Roumanie" rattrapés par les Coumans Cette décision ne l'a pas empêché de rester le vassal du royaume Hongrie, de la même façon que la défaite militaire infligée par son père, Basarab I, à Charles Robert d'Anjou, le roi de Hongrie (1308-1342), n'a pas entraîné la rupture définitive des liens de subordination qui les liaient. Parler d'Etat roumain indépendant en ce temps constitue un grossier anachronisme, conclut N. Djuvara . Il est peut-être bon de préciser que, s'agissant d'une période sur laquelle on est peu et mal renseigné, les affirmations de N. Djuvara sont pour certaines des hypothèses. Des hypothèses cependant hautement vraisemblables, puisque fondées sur des données topologiques, anthropologiques et documentaires difficiles à contester, connues de longue date par les historiens roumains. (Notre cliché: gravure sur l’époque couman parue dans “La Chronique de Radzivill”) L'intérêt national l'emporte sur la vérité historique Pourquoi ces derniers se sont-ils efforcés d'accréditer des hypothèses nettement moins vraisemblables, allant jusqu'à occulter certaines réalités de cette période clef de l'histoire roumaine? Pourquoi tant de réticences pour accepter le rôle joué par les Slaves dans la formation du peuple roumain ou pour reconnaître que le premier Empire bulgare s'étendait aussi sur des terres valaques ? Les explications suggérées par N. Djuvara sonnent comme autant d'accusations. Née en même temps que la conscience nationale roumaine, à l'époque des affrontements des nationalismes, l'historiographie roumaine a subordonné l'établissement et l'interprétation des faits à l'intérêt national; obsédée par la continuité du peuple roumain sur le territoire où il vit aujourd'hui elle a privilégié la permanence, l'immobilité. Au lieu de se penser dans le contexte de l'histoire de l'Europe centrale et du Sud-Est, elle s'est obstinée à construire une histoire fermée, imaginant une espèce d'autogenèse du peuple roumain. Enfin, étant donné la rareté des informations documentaires sur le Moyen Age roumain, pourquoi ne pas faire appel à l'histoire comparée, se demande N. Djuvara. En fin de compte, l’histoire de l’ Europe vaut aussi pour la Roumanie: ce sont les "Barbares" qui ont été le facteur décisif dans la fondation des Etats médiévaux et non pas les "autochtones", rescapés de l'Empire romain. Les Francs, en France, les Wisigoths en Espagne, les Lombards en Italie, les Varègues en Russie... et les Coumans dans la future Roumanie. Sur la formation des "voïévodats" roumains, N. Djuvara avoue s'être contenté de tirer la conclusion logique des données disponibles fournies par ses prédécesseurs qui, eux, se sont toujours refusés à un tel exercice. Sa contribution réside surtout dans l'importance accordée au facteur couman alors que l'accent était mis généralement sur l'apport slave dans la formation des structures politico-militaires roumaines. A mille lieues de ce que l’on apprend à l’école L'explication qui en découle est ingénieuse, stimulante et vraisemblable, en tout cas à mille lieues des versions consacrées que l'on apprend sur les bancs de l'école en Roumanie depuis belle lurette. L'exemple qu'il fournit lui-même est éloquent. Il s'agit de la citation de Nicolae Iorga figurant dans la conclusion du livre de Serban Papacostea paru en 1993 sous le titre Les Roumains au XIIIe siècle: "...vers 1300, le nouveau pays prend forme selon une conception originale qui a ses racines dans sa propre tradition. Nous avons affaire à un cas de cristallisation politique spontanée. Son champ s'étend sur le pays roumain (Tara româneasca) tout entier, et, pour la première fois, voit le jour à l'Est une conception nationale correspondant à une conception territoriale, fondement moderne des Etats de l'Europe occidentale". Cependant, le principal mérite du livre est d'avoir cassé un tabou en critiquant de front les présupposés nationalistes de l'historiographie roumaine, qui, par ailleurs, compte des spécialistes notamment du monde byzantin et ottoman dont la réputation n'est plus à faire. Nous avons affaire, à en juger par les réactions qui ont accompagné la sortie du livre, à une performance critique surprenante à prime abord. Profil bas des “historiens patriotes” Interrogés par le journal Cotidianul, le 20 juin 2007, plusieurs historiens réputés, dont Serban Papacostea cité plus haut, se sont prononcés en faveur de la thèse soutenue par N. Djuvara. Titre de l'article: "La révolution de Djuvara conquiert l'élite des historiens". Ce journal avait publié la veille un entretien de Eugen Istodor avec l'auteur sous le titre “La révolution de Djuvara", qui avait suscité plus de deux cents messages sur le forum de discussion. L'absence de contradicteur parmi les confrères de l'auteur, et le nombre "raisonnable" de réactions hostiles, ont de quoi surprendre, si l'on pense à la version inculquée à tant de générations de Roumains, jamais contestée par les historiens, qui venait d'être mise à mal. Certains historiens et bon nombre de "patriotes" ont apparemment préféré faire profil bas en attendant que l'orage passe pour passer à l'offensive. (Lire la suite page 48) 47 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Histoire z BAIA MARE CLUJ ARAD z Les Roumains z SUCEAVA IASI TARGU MURES z z z BACAU TILISCA z z BRASOV z z SIBIU TIMISOARA PITESTI CRAIOVA z z BRAN BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Ours d'or pour un court métrage roumain 46 Neagu Djuvara secoue l'historiographie z z ORADEA Le court métrage de Bogdan Mustata, réalisateur roumain (32 ans), a reçu la récompense suprême du festival international du film de Berlin (Berli-nale), un Ours d'Or. Son film "Une bonne journée à la plage", écrit par Catalin Mitulescu ("Comment j'ai fêté la fin du monde") décrit la journée de trois délinquants qui, après avoir agressé le chauffeur d'un fourgon et une prostituée, emmènent leurs victimes sur une plage où ils vont passer le reste de la journée. "Le sort des victimes ne m'a pas intéressé, j'ai plutôt eu envie de raconter l'histoire de ces jeunes délinquants" a déclaré Bogdan Mustata. Les trois jeunes acteurs ne sont pas des professionnels; ils ont été choisis dans une prison pour mineurs et un centre de placement. Une ruine devient un haut lieu de la culture La Bibliothèque nationale, située sur le boulevard Unirii, l'un des derniers emblèmes architecturaux du régime de Ceausescu, va devenir un lieu de culture. Selon le plan du ministère de la Culture, le nouvel édifice, dont la façade rénovée sera en verre, comprendra un musée d'art contemporain, des salles de concert, de lecture, un espace multimédia, des librairies, des cafés, etc. Les travaux devraient commencer dès le mois d'avril et se termineront, selon le ministre de la Culture Adrian Iorgulescu, en 2011. Coût de l'investissement: environ 78 millions d'euros pour 112.000 m2 à réaménager. Le bâtiment, aujourd'hui en ruine, avait été inauguré en 1986, date toujours inscrite sur la façade principale. Les NOUVeLLes de ROUMANIe H istorien à succès, Neagu Djuvara (notre photo) a lancé un pavé dans la mare de l'historiographie roumaine, en montrant l'importance décisive des Coumans dans la formation de la première dynastie valaque et la naissance du "pays roumain". À côté du débat scientifique, le risque est grand de voir naître une nouvelle polémique sur l'ethnogenèse et le "mythe des origines nationales", comme le rapporte Nicolas Trifon dans "Le Courrier des Balkans". Ancien diplomate et historien, 91 ans, bon pied bon œil, l'esprit critique plus alerte que jamais, Neagu Djuvara est une figure assez familière aux Roumains en raison de ses interventions à la télé et du succès de sa Brève histoire des Roumains racontée aux jeunes (huit éditions depuis sa parution en 1999 ). Avec le livre qu'il vient de faire paraître, Thocomerius-Negru voda, un voïévode d'origine coumane aux débuts de la Valachie, il jette un nouveau pavé dans la mare [1]. "Tout ce que nous faisons pour mystifier notre passé se retourne forcément contre nous", lance-t-il à l'adresse de ses confrères et de ses compatriotes. Basarab 1er, fondateur de la dynastie valaque, n'était pas Roumain Le fondateur de la dynastie valaque, Basarab I (1330-1352), n'était pas roumain mais couman. Son nom vient de "basar" et de "aba", qui signifient "dominer" et "père" dans la langue de ces envahisseurs nomades issus du monde touranien, comme les Avares, les Protobulgares, les Pechénègues, qui les ont précédés, et les Tatares, arrivés plus tard . Les Coumans avaient campé en Valachie (comme en Moldavie et en Ukraine) pendant le siècle qui a précédé la grande invasion tatare de 1241, avant de se diriger vers le sud et de traverser les Carpates. La Valachie (la région située à l'est de l'Olt) s'appelait en ce temps Coumania. Le nom désignant en roumain la principauté de Valachie, Tara româneasca, est attesté pour la première fois seulement au XVIe siècle, dans un acte privé. Jusqu'au XVIIIe siècle, on l'appelait Vlaskoe Zemlia, le slavon étant la langue de l'église et, en partie, de la cour. La "coumanité" du père du fondateur de la dynastie des Basarab, de celui que l'on appelle Negru voda [prince noir] dans la tradition roumaine, ressort du nom sous lequel il figure dans une chronique hongroise, Thocomerius, abusivement transcrit par la forme slavo-roumaine Tihomir . Ce personnage, dont on sait peu de choses et auquel on attribue la première unification des structures politiques locales en Valachie, provenait d'au-delà des Carpates, du pays de Fagaras, administré par le roi de Hongrie. Autrement dit, les premières structures étatiques en Valachie (comme plus tard en Moldavie) étaient des créations du royaume de Hongrie, des Etats tampons destinés à consolider la défense de ses frontières. Vassal du royaume de Hongrie Thocomerius et son fils, Basarab I, n'étaient pas orthodoxes mais catholiques. En effet, après avoir longtemps refusé la christianisation et combattu les Hongrois, les Coumans noirs, se sentant menacés par les Tatares, ont fini par demander au roi de Hongrie le baptême (catholique) collectif. C'est le fils de Basarab I, Alexandre (13521364), qui, après sept ans de règne, se rebaptisera orthodoxe (en prenant le nom de Nicolas Alexandre) permettant la fondation en 1359 de l'archevêché d'Hongrovalachie par le patriarche de Constantinople. Immigration A la Une Le destin de deux femmes dans un monde impitoyable Marina de Suceava… Marisa de Bogota B eau personnage de “mater dolorosa” moderne, Marina a quitté la Roumanie juste après la "Révolution" pour gagner sa vie, laissant ses deux enfants en bas âge aux soins de ses parents. En France, elle fait des ménages chez des particuliers et dans des entreprises. "Je veux que mes enfants fréquentent une bonne école et aient une autre vie que moi." Pour réaliser cet objectif, elle envoie presque tout son salaire à sa famille. Après quinze années d'exil, elle a décidé de rentrer, pour retrouver ses enfants, âgés maintenant de 18 et 16 ans. Lors du dîner d'adieu qu'elle a partagé avec la communauté des émigrés roumains, une femme l'a avertie: "Tu vas avoir du mal à te faire aimer d'eux." Dès son arrivée, les désillusions s'amoncellent Ses enfants lui reprochent d'être partie. Son fils la fuit. Sa fille cherche à comprendre: "Je sais qu'elle est partie pour notre bien, mais j'ai souffert d'un manque de tendresse." Avec ses parents, le choc est tout aussi douloureux. Sa mère, qui a élevé onze petits-enfants dont les parents s'étaient exilés par manque d'argent, la traite d'ingrate. Son père n'accepte pas qu'elle veuille vivre sa vie de façon indépendante. Câlins et gâteaux Marina a envoyé beaucoup d'argent pour la construction d'une maison où elle comptait vivre avec ses enfants. La visite au chantier lui tire des larmes: son père a organisé la construction d'une maison bien trop vaste, qui est loin d'être achevée. "Pendant quinze ans, j'ai travaillé pour ça, je ne dormais presque pas, je me levais tous les jours à 5 heures du matin, je nettoyais des WC, courais d'un employeur à l'autre sans manger. Il fallait toujours que j'envoie encore et encore de l'argent. Pour ça!" Lorsque elle se rend à l'école de ses enfants, en voyant les gestes affectueux des parents qui accompagnent les petits câlins, recommandations, gâteaux glissés dans le cartable -, elle comprend ce qui leur a manqué et ce dont elle a été privée. De même, avant son départ de France, elle s'est offert sa première escapade en quinze ans: elle a visité Paris, la tour Eiffel, les Champs Elysées, Notre Dame, pris le “bateau mouche”. Tout à coup, le monde s'est révélé à elle comme un espace plus vaste que ces séries inexorables de pièces à nettoyer, d'argenterie à briquer. Rentrée voici un an en Roumanie, Marina a repris sa vie en main. Ses enfants se sont éloignés, mais la tendresse peut enfin s'exprimer. Désormais, elle prend soin d'une nièce dont la mère est partie travailler en Suisse. Elle l'emmène au cirque: dans la pénombre dorée du chapiteau, la petite et la grande rient, main dans la main, en regardant les clowns. Marina s'appelle en fait Marisa. Elle est Bolivienne, et comme nombre de ses compatriotes, elle a fui la pauvreté en venant travailler en Israël et n'a pas visité Paris mais Jérusalem avant de retourner dans son pays. Elle a été l'objet d'un film documentaire israélien "Le sacrifice d'une mère ", passé en toute fin de soirée le 26 novembre sur Arte, dans l'émission " Grand format". Marina de Suceava… Marisa de Bogota, le même destin de femme dans un monde impitoyable. Les pays riches, dont la France, consacrent tout juste 0,18 % de leur PIB à l'aide aux pays pauvres, tous continents, dont l'Europe de l'Est, compris. Pénurie de main d'œuvre en Roumanie: bourse de l'emploi en Italie pour le retour des expatriés L es autorités roumaines prévoyaient d'organiser une bourse des emplois à Rome, le 23 février, destinée aux travailleurs roumains, afin d'attirer la main d'oeuvre en Roumanie, a indiqué peu auparavant le Premier ministre Calin PopescuTariceanu. "Il y a un sérieux manque de main d'oeuvre en Roumanie. Le taux de chômage a baissé à 4%. L'année passée nous avons créé 17.000 emplois. On doit augmenter la main d'oeuvre, afin de soutenir le rythme de croissance économique élevée. Des actions concrètes seront entreprises bientôt. Une bourse de l'emploi destinée aux travailleurs sera organisée à Rome, où se rendront aussi les employeurs de Roumanie. Plus de 1.500 emplois en Roumanie seront proposés. Outre le salaire, on offre des tickets repas et l'hébergement", a affirmé le Premier ministre roumain. “Ils gagneraient plus chez eux” Les autorités roumaines utiliseront la presse de langue roumaine d'Espagne et d'Italie, tout comme les ambassades dans ces pays en vue de la médiatisation de leurs actions. "Les représentants du milieu d'affaires soutiennent ce projet, étant donné le manque de main d'oeuvre en Roumanie qu'il faut combler. Cela peut paraître surprenant, mais je pense que beaucoup de Roumains pourraient gagner plus en Roumanie", a ajouté le Premier ministre. Par ailleurs, l'Agence nationale pour l'emploi (ANOFM) s'est connectée au portail européen EURES, pour offrir des services de conseil et d'intermédiation gratuits sur l'emploi en Roumanie, a annoncé, lors d'une conférence de presse, Ionel Muscalu, président de l'agence. Après l'adhésion de la Roumanie à l'UE, l'ANOFM, en qualité de service public, devait s'aligner au réseau européen de services publics. Les Services européens de l'Emploi mettent à disposition des employés et employeurs un service d'information sur les marchés européens de l'emploi. Les objectifs du réseau visent au développement de la coopération entre les États membres et entre leurs services publics de l'emploi. 7 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Vie internationale z z SUCEAVA IASI z ORADEA z ARAD TARGU MURES z z z SIBIU TIMISOARA z z z CHISINAU P. NEAMT z BRAILA BRASOV PITESTI CRAIOVA z z DEVA z z PLOIESTI BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z (Suite de la page 8) "Chez moi je gagnais 600 euros par mois" 8 Gaz de France évincé du projet de gazoduc Nabucco par la Turquie z BAIA MARE SATU MARE Célibataire et sans enfant, le Dr Popoviciu justifie sa décision de s'expatrier par l'insécurité en Roumanie et les questions économiques. "Dans mon pays, je gagnais 600 euros par mois", explique-t-il dans un français correct, appris à l'école et au centre culturel français de sa ville. Médecin depuis treize ans, il a exercé en hôpital avant de s'installer dans un village roumain un peu plus grand que Seboncourt. L'ordre des médecins a validé ses diplômes et un dispositif d'accompagnement a été mis en place pour accueillir le nouveau praticien, venu par la route au volant de sa Logan: pendant les six premiers mois, le loyer du cabinet médical et de son logement seront pris en charge par la mairie. "Son arrivée a aussi entraîné un élan de solidarité rurale" se réjouit le maire. Un particulier a rénové le cabinet et des médecins retraités ont fourni du matériel. "Mais de la part des instances nationales, on n'a rien eu du tout" déplore-t-il. Le Dr Popoviciu reconnaît “avoir un peu peur", car il ne connaît pas les mentalités locales. Il remarque aussi "qu'en France, il n'y a pas d'incitation financière pour s'installer dans des villages, comme c'est le cas en Roumanie" et ajoute sans détours : "Il y a aussi la paresse des médecins français". … "Le paradoxe, c'est que notre usine de filtres de voitures va délocaliser en Roumanie une partie de sa production" soupire, quant à lui, le maire de la petite commune. Bucarest veut aider Paris à revenir dans le jeu L ors de la conférence de presse commune avec Nicolas Sarkozy, à l'issue de sa visite-éclair à Bucarest le 4 février dernier, le président Traian Basescu a souhaité que Gaz de France, qui opère déjà en Roumanie, soit associé au projet de construction du gazoduc européen Nabucco, malgré le veto opposé par la Turquie, laquelle reproche à Paris la décision du Parlement français de reconnaître le génocide arménien. "La Roumanie sera un des pays qui soutiendront sa participation", a expliqué le chef de l'Etat roumain. "La France y est extrêmement sensible et c'est très important pour Gaz de France de participer à ce projet", a de son côté indiqué le président français. Gaz de France a pris le contrôle de Distrigaz Sud Roumanie en 2004 et alimente un million de foyers ou clients roumains dont Bucarest. La hantise des Roumains de dépendre des Russes Le projet Nabucco prévoit la construction d'un pipeline de 3 400 km pour acheminer le gaz d'Asie centrale et du Moyen-Orient, voire d'Iran, vers l'UE, de la mer Caspienne jusqu'en Autriche via la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie, afin de réduire la dépendance des Européens vis-à-vis des importations de Russie. D'un montant total de cinq milliards d'euros et prévu pour 2012, le projet associera au moins six pays. Les cinq déjà associés (Turquie, Roumanie, Bulgarie, Hongrie et Autriche) étaient à la recherche d'un dernier partenaire pour réaliser ce gazoduc. Cette décision sur sa construction était attendue pour la fin 2007 mais avait été reportée au premier trimestre 2008. Finalement, début février, le consortium a choisi RWE, numéro 2 allemand de l'énergie, mais la porte ne semble pas fermée à une participation de Gaz de France. Le consortium regroupe désormais autour du chef de file, le groupe autrichien OMV, le nouveau venu allemand, et les sociétés nationales Botas (Turquie), Bulgargaz (Bulgarie), MOL (Hongrie) et Transgaz (Roumanie). Par ailleurs, le géant russe Gazprom, qui soutient de son côté un projet concurrent, baptisé South Stream - auquel Gaz de France a menacé de participer s'il était évincé du tour de table - a aussi manifesté l'intention de se joindre au projet Nabucco. South Stream est un projet russo-italien. La Russie envisage de faire de la Bulgarie un carrefour d'où partiraient deux branches de South Stream arrivant de Russie sous la mer Noire, qui éviterait ainsi le passage par la Turquie: l'une vers la Grèce et l'Italie, en passant par l'Adriatique, l'autre vers la Hongrie en passant éventuellement par la Serbie. Cette opération s'inscrit dans une stratégie globale de Gazprom pour assurer des débouchés à son gaz par le sud de l'Europe. Bucarest et Moscou: de l'eau dans le gaz L a Roumanie perd des centaines de millions d'euros par an car elle achète son gaz de Russie en passant par des intermédiaires. "Nous devons avoir une discussion sérieuse avec Moscou afin de régler ce problème", a déclaré le ministre de l'Économie. Début février, le journal Cotidianul a fait sa Une sur la question : "Le gouvernement cherche ses entrées au Kremlin", affirmant que le ministre en question avait essayé à trois reprises de se mettre en contact avec Gazprom, la sociéte d'État russe. Sans succès. Moscou attendrait des "signes positifs", les Russes étant notamment intéressés par l'achat du producteur roumain Romgaz... Pas à vendre, a répondu jusqu'à présent Bucarest. En 2007, la Roumanie a payé son gaz 270 dollars pour 1000 m3 alors que la moyenne européenne était à 265 dollars. Ajouter à cela les commissions des intermédiaires qui peuvent faire monter le prix de 10% et on comprend mieux sa facture à la fin du mois. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Culture Connaissance et découverte L'art digital a sa galerie à Bucarest L 'art digital a désormais sa place en Roumanie. Inaugurée au printemps 2007, la galerie "115" est la seule de son genre en Europe de l'est. Les tableaux exposés ont un goût de nouveau millénaire, tout comme la façon de les vendre. Une oeuvre, une impression numérique et un droit de reproduction limité. Voilà en trois mots ce qu'est l'art digital. “115” est la première galerie de l'est de l'Europe dédiée entièrement à cet art. Il est vrai que les nombreuses toiles exposées ont peu de chose à voir avec la peinture traditionnelle. Pour être plus précis, cet art nouveau regroupe toute oeuvre créée ou modifiée par un processus informatisé. Dans ces tableaux, on retrouve parfois un graphisme de BD, parfois un univers de science fiction, des montages photo. Des oeuvres résolument modernes et inhabituelles dans une galerie d'art de Bucarest. Le concept de vente est lui aussi tout à fait original. La galerie possède la première imprimante dédiée à l'art. Elle permet d'imprimer directement une toile, tout en assurant à l'ar- Livres L a Documentation française vient de sortir une deuxième édition de son Atlas de la Roumanie, la première version ayant été publiée en 2000. Cet ouvrage a été réalisé sous la direction de Violette Rey, universitaire lyonnaise, membre d'honneur de l'Académie roumaine, et d'Octavian Groza, professeur à l'université de Iasi, en collaboration avec de nombreux chercheurs, géographes, statisticiens, etc. Cet Atlas de 200 pages, contenant autant de cartes et graphiques, lesquels sont commentés, est une véritable mine d'or d'autant plus qu'il concerne tous les "L'Atlas de la Roumanie": une véritable mine d'or pour bien connaître le pays domaines de la société, de la vie économique, politique, sociale, internationale. Tous ceux qui s'intéressent à la Roumanie peuvent ainsi se faire une idée précise de la construction du territoire roumain au fil des siècles, de la latinité de la Roumanie et ses interférences culturelles, de la répartition des nationalités et des religions dans le pays, de la destination des exportations actuelles et de la provenance des importations, de l'origine des capitaux et investissements étrangers, des liaisons aériennes de TAROM, des risques de tremblements de terre, de la démographie roumaine, du processus de Francophonie L tiste que la couleur électronique de son œuvre sera exactement la même. Un autre avantage de cet "art printer" (impression d'art) est que les pigments sont garantis 200 ans. Le contrat que signe l'artiste avec la galerie contient un nombre de reproductions déterminé à l'avance pour un territoire donné. Comme son nom l'indique, la galerie bucarestoise peut imprimer 115 exemplaires de chaque toile, certaines oeuvres pouvant également être présentées à l’étranger. Cette méthode permet d'offrir des prix assez modestes pour le monde de l'art, car le but est aussi de permettre aux budgets plus modestes d'y accéder. Un concept sympathique qui a cependant ses critiques. Pour Octav Avramescu, de l'association "Jumatatea plina" ("La moitié pleine") qui promeut la bande dessinée en Roumanie, une oeuvre d'art n'est pas reproductible car elle est, par définition, unique. Le débat est ouvert. Quoi qu'il en soit, cette galerie vaut le détour. Jules RAVAUD. (www.lepetitjournal.com - Bucarest) a dérive anglophone de la Commission européenne s'accélère. En moins de dix ans, le français est devenu une langue minoritaire au sein de l'exécutif européen, utilisée dans seulement 14% des documents (et ça diminue). Depuis que le Portugais José Manuel Durão Barroso le préside, c'est toute l'information et la communication vers l'extérieur qui se fait presque uniquement en anglais. La preuve ? Au mépris de la règle non écrite de l'équilibre entre les nationalités, le service du porte-parole, dirigé par l'Allemand Johannes Laitenberger, est devenu un vrai bastion anglophone. Sur 36 porte-parole, 9 sont britanniques et 4 irlandais, soit un tiers d'"English native speaker" ! Et ils n'occupent pas des postes de second ordre, loin de là (concurrence, commerce, agriculture, etc.). Un tel déséquilibre linguistique n'a pas de précédent Si on ajoute à cela 8 Allemands (qui n'ont décollectivisation, des étapes de la transition, des différentes cultures agricoles, de l'habitat, du monde urbain, des industries, des services à la population (cinémas, télévision par câble, bibliothèques, etc.), des jumelages franco-roumains, etc. L'Atlas de la Roumanie mérite d'être salué pour ce qu'il est: un outil indispensable à la bonne connaissance de ce pays. L'Atlas de la Roumanie, Violette Rey, collection dynamique du territoire, 35 €. A commander auprès de La Documentation Française, 29-31 quai Voltaire, 75 344 Paris Cédex 07 (tel : 01 40 15 70 00, fax : 0140 15 72 30). Dérive anglophone à Bruxelles jamais été aussi bien servis), ce sont 21 postes sur 36 qui sont squattés par trois nationalités. Là aussi, sans précédent! Les Français, eux, doivent se contenter de deux postes mineurs. Il y a certes aussi, fait-on valoir à la Commission, deux Franco-Britanniques. Il faut reconnaître que les Italiens (2), les Espagnols (2) et les Polonais (1) sont aussi mal servis que les Français. Interrogé, Johannes Laitenberger réfute une telle comptabilité: "Chaque choix est un choix individuel en fonction des besoins spécifiques du poste et du mérite des candidats disponibles." Ce que ne dit pas Laitenberger, c'est qu'un porte-parole parlant ou écrivant mal le français pourra être recruté sans problème alors qu'un tel handicap en anglais est un obstacle définitif. A Paris, on se dit "préoccupé" par ce déséquilibre qui fait tâche à quelques mois de la présidence française de l'Union. (Libération, le 08/01/2008) 45 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte A Montesquieu-Volvestre peu de gens savent que l'enfant du pays était célèbre en Roumanie Peinture z ORADEA z CLUJ ARAD z SUCEAVA CHISINAU z BISTRITA z IASI z z z z SIBIU TIMISOARA z BAIA MARE z TARGU MURES GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Son village natal veut reconstituer sa vie et son oeuvre 44 La Roumanie semble conserver au peintre une considération solide: l'hommage de critiques d'art en témoigne ainsi que la présence de plusieurs œuvres au Musée d'Art Moderne de Bucarest et dans des collections privées. Il est quasiment inconnu en France où à peine une douzaine de tableaux ont été recensés sur place. L'Office de Tourisme de Montesquieu-Volvestre et le Comité Volvestre Roumanie, désireux de rendre hommage à ce grand artiste, sont à la recherche de documents et d'œuvres "égarées" pour réaliser une exposition. Montesquieu-Volvestre veut reconstituer l’oeuvre du peintre. Ils s'adressent à tous ceux qui pourraient aider à reconstituer la vie et l'œuvre de l'artiste: "Chers lecteurs nous comptons sur vous ! S'il vous plait adresse-nous vos informations. Voici nos coordonnées: Office de Tourisme, 20 Place de la Halle 31310 Montesquieu-Volvestre email:[email protected] Tel : 05.61.90.19.55 Fax : 05.61.90.19.55 Céleste Cazaux : 05.61.90.44.51 A Montesquieu-Volvestre, village natal de Jean Neylies, situé à 70 km au sud de Toulouse et tout proche de l'Ariège, deux biographies de chroniqueurs locaux des années 70 rendent hommage au peintre. Avec le soutien de l'Office de Tourisme de cette charmante bourgade de 2500 âmes, une équipe d'habitants regroupée au sein du Comité Volvestre-Roumanie s'active pour donner enfin la place qu'il mérite au prodigieux enfant du pays. Certains ont connu l'artiste dans les dernières années de sa vie mais les témoins vivants se raréfient au cours des ans. Trois d'entre-eux témoignent. Madame Boué (Bellesœur de Louis Higounenc, neveu du peintre, prématurément décédé) parle de lui avec tendresse et nostalgie: "J'étais jeune dans les années trente quand je l'ai connu. Il repartait souvent en Roumanie avec sa femme et aurait aimé que je les accompagne pour découvrir les fastes de Bucarest. Quand il revenait en vacances à Montesquieu, il menait une vie saine, campagnarde. Il pratiquait la pêche et pique-niquait souvent l'été, en famille ou avec de rares amis d'enfance sur les bords de l'Arize, tout près de son domicile. Il peignait beaucoup dans l'atelier très lumineux avec vue sur le Pont, sur la rivière qu'il aimait tant et sur le jardin. Il y accumulait les tableaux qu'il offrait souvent en paiement de services. A sa mort et plus encore à celle de Madame Neylies de nombreuses œuvres furent vendues aux enchères". Madame Commenge fut dans sa jeunesse la voisine du peintre: "Quand il était à Montesquieu il allait souvent à la pêche et le reste du temps on pouvait le voir au premier étage de son atelier, derrière la grande baie vitrée, occupé à manier ses pinceaux. En raison de sa grande discrétion, la population de Montesquieu le prenait pour un original. Elle ignorait qu'il avait fait les Beaux-arts et qu'il était célèbre en Roumanie. A sa mort la maison fut vidée d'une grande partie des meubles et des tableaux". Madame et Monsieur Duffau, propriétaires actuels de la maison du peintre racontent: "en 1964 après la mort de Madame Neylies, nos parents ont acheté aux enchères la maison du couple qui n'avait pas d'héritiers. Elle était dans un état de délabrement avancé. L'atelier, de construction plus récente, nous l'avons conservé en l'état. Nous y avons retrouvé des passeports de M. Neylies qui témoignent de séjours en Roumanie, chez des amis, jusqu'en 1937, un an avant sa mort. Nous sommes de plus en plus conscients que ses murs ont abrité un personnage hors du commun". Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Son association a permis de mettre un terme à une fraude aux fonds européens Europe Cristian Grecu: "La Roumanie peut devenir un trou noir pour les contribuables européens" C hristian Grecu est le président de l'association "Action civique directe". C'est par hasard qu'il s'est intéressé aux agissements frauduleux des autorités de la commune de Ceahlau, dans le judet de Neamt. Il était question d'un projet de modernisation d'une route communale, financé par les fonds de pré-adhésion Sapard. Cristian Grecu a raconté au Petitjournal les nombreuses démarches qu'il a effectuées pour dénoncer ce cas et les explications qu'on lui a données : LPJ: Comment vous êtes-vous rendu compte qu'il existait une possible fraude ? Cristian Grecu: Je passais souvent par cette route et j'observais que les travaux ne se déroulaient pas vraiment correctement. Avec mon association, on a alors commencé à s'intéresser à ce projet. Deux mois à peine après l'inauguration de la route, on a constaté l'état désastreux des travaux. On a fait une première session de photographies. J'ai saisi l'agence Sapard en Roumanie ainsi que la Direction de contrôle antifraude. J'ai demandé s'ils avaient fait des contrôles sur ce projet et ils ne m'ont pas répondu. Lorsqu'ils ont vu que j'insistais, ils m'ont fait savoir qu'il n'existait aucun problème. Toutes les démarches que j'ai effectuées en Roumanie ont été soldées par des tentatives d'intimidations, tant au niveau local que national. LPJ: Vous vous êtes alors dirigé vers Bruxelles... C.G.: On a fait encore deux sessions de photographies pour voir comment évoluait la situation. J'ai envoyé au chef de la délégation européenne en Roumanie d'alors, Jonathan Scheele, un document que j'ai accompagné de photos. Il a pris connaissance de la situation et il nous a dirigé vers l'OLAF Politique (Office européen de lutte anti-fraudes). Après une longue correspondance, l'OLAF a décidé de faire une investigation sur le terrain, chose qui n'était jamais arrivée jusqu'alors. "Si vous n'aviez rien dit, l'UE aurait payé" LPJ: Quel a été le résultat ? C.G: On a reçu les conclusions de l'enquête en septembre 2007, soit deux ans après le début de l'affaire. Celles-ci expliquaient que la somme allouée par l'Union Eropéenne pour ce projet (qui se chiffre en centaines de milliers d'euros, ndlr) avait été annulée entièrement. Le problème a donc été transféré à l'État roumain qui n'a pas pu récupérer l'argent chez ceux qui avaient commis l'infraction. Ce sont les contribuables roumains qui ont payé. C'est d'ailleurs ce que l'on nous a dit ici: "On sait qu'il y en a qui volent, mais si vous n'aviez rien dit, c'est l'UE qui aurait payé. Maintenant, c'est nous tous qui payons". Voilà le raisonnement. LPJ: Que concluez-vous de cette démarche citoyenne ? C.G.: Ça nous a demandé beaucoup de temps et d'investissement. Et nous ne pouvons pas compenser le manque de transparence entre les autorités roumaines et européennes. Nous, citoyens, nous sommes pris entre différentes bureaucraties qui ont chacune leurs règles. La corruption est généralisée dans notre système. Il y a beaucoup d'autres projets dans toute la Roumanie qui sont dans des états déplorables. La réalité est simple, mais il faut aller sur le terrain. S'il n'existe pas de réactions rapides, la Roumanie risque de devenir un trou noir pour les contribuables européens. Propos recueillis par Jonas MERCIER. (www.lepetitjournal.com - Bucarest) L'ex-roi Michel demande l'abolition de la loi salique L 'ex-roi Michel de Roumanie (notre photo : avec sa fille aînée, Margareta) vient de demander au Parlement d'abolir la loi salique en cas de rétablissement de la monarchie. Il faut préciser que l’ancien souverain a… cinq filles. La loi salique. Une expression juridique qui rappelle de lointaines leçons d'histoire. Lorsque l'on apprenait que cette dure loi, qui pourtant n'a pas toujours existé, justifiait l'exclusion des femmes du droit de succession à la terre et de la succession à la couronne de France, notamment. 30 décembre 2007. L'ex-roi Michel de Roumanie, qui a abdiqué il y a 60 ans sous la contrainte des communistes, demande au Parlement de "renoncer à l'application de la loi salique". Ce, dans le cas, improbable, où son pays déciderait le rétablissement de la monarchie. Lors d'une cérémonie dans son château de Seversin (Arad), l'ancien roi a signé les nouveaux statuts dynastiques de la famille royale. Et a désigné sa fille aînée Margareta comme son "successeur". Que nous vaut ce rétablissement anachronique de l'égalité? C'est que l'ex-souverain et son épouse Anne de Bourbon Parme ont eu cinq filles. Aucun héritier mâle! Du coup le petit fils naturel de Carol II, Paul Lambrino, tentait sa chance depuis des années, essayant de se faire reconnaître comme héritier de Michel, son père étant le demi-frère de l'ex-souverain… Michel a donc décidé de demander l'abolition de la loi salique, ajoutant un alinéa précisant que tout descendant de Carol II, autre que lui-même, est exclu de la succession. 9 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Le village tsigane Moldavie z BAIA MARE ORADEA z CLUJ z TARGU MURES IASI BRASOV z z z CHISINAU z DEVA z z z ARAD GALATI z SIBIU TIMISOARA z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z BUCAREST CONSTANTA z Des habitants réduits à l'état de fantômes 10 A Schinoasa, même les SCHINOASA z SUCEAVA Il y a plus de 4 ans que le village de Schinoasa, district de Calarasi, n'est plus mentionné dans les documents officiels. Pendant la dernière réorganisation administrative-territoriale, les fonctionnaires ont oublié d'enregistrer cette localité qui à plus de 200 habitants. Les villageois n'ont même pas essayé de démontrer qu'ils ne sont pas des "fantômes", considérant que le village a été intentionnellement effacé de la carte. Ayant appris récemment qu'ils recevraient la visite d'hôtes de Chisinau, des dizaines d'hommes et de femmes se sont bousculés dans le centre du village, lors de leur venue. Tous voulaient faire connaître leur peine. Des larmes aux yeux, ils ont raconté qu'ils étaient confrontés à un manque chronique de conditions élémentaires de vie - pas de magasin, de vraie école, de centre médical... L'aqueduc, le gazoduc, est pour eux un luxe dont ils peuvent seulement rêver. Les habitants qui sont restés puisent de l'eau dans trois puits, car celle de la plupart des autres, peu nombreux d'ailleurs, n'est pas potable, étant mélangée avec de la boue et du gravier. En fait, la mauvaise qualité de l'eau est la cause de toutes les maladies dont ils souffrent. La plupart des enfants ont subi une opération d'appendicite, et les adultes ressentent des douleurs aux reins. L e village de Schinoasa (nos photos), habité exclusivement par des Tsiganes, est isolé de la civilisation et a disparu de la carte de la Moldavie, n'étant plus mentionné dans les documents officiels. Aucun chauffeur ne risque de le traverser à cause des chemins qui sont dans un état déplorable. La localité est située sur une colline, elle est entourée de forêts et de champs de blé et de maïs. Ici, dans des maisons d'argile, sans fenêtres, ni portes, habitent "une poignée" de gens affamés et assoiffés. "Nous n'avons pas d'argent même pour la nourriture, sans parler de portes et de fenêtres....", se lamente Valentina Ciobanu, une jeune femme de 30 ans, ajoutant "Même les voleurs s'enfuient à cause de la pauvreté". Ecole dans la forêt quant il fait chaud Valentina Ciobanu, son mari et leurs quatre enfants disposent de seulement deux petites pièces. Tous les membres de la famille dorment sur des lits de bois couverts de linge déchiré. La table et l'armoire sont improvisées à partir de caisses de bois. "Le plus difficile, c'est en hiver. Nous bloquons les fenêtres et les portes avec des torchons, et nous chauffons la maison avec des branches sèches. Pourtant, on a froid. Heureusement, nous sommes nombreux et nous nous réchauffons l'un l'autre", dit la femme en larmes. L’ensemble des enfants de Schinoasa portent leurs habits jusqu'à ce qu'ils deviennent des haillons. Ils mangent une fois ou, maximum, deux fois par jour. Ils vont à ce qui sert d'école seulement pendant quatre années. Certains n'y vont pas et ne savent ni lire, ni compter. "Un professeur de l'école primaire du village voisin y vient pour enseigner à nos enfants. Quand il fait chaud, les cours se passent dans la forêt. Ceux qui veulent vraiment apprendre doivent aller à l'école de Tibirica. Mais la plupart n'ont pas d'argent pour acheter des livres et des cahiers", confie Stanislav Apostoliuc. Pour trois euros par jour Les habitants de Schinoasa n'ont pas d'emplois permanents. Du printemps à l'automne, ils travaillent comme journaliers dans les villages voisins, en gagnant 50 lei par jour (3 €). Parce que les familles sont grandes - 6 à 7 membres - les enfants doivent travailler, eux-aussi. Antonita qui a 12 ans et sa soeur Valentina qui en a 14 doivent biner toutes seules 10 ares de maïs. De petite taille, maigres et fatiguées, les filles "se perdent" parmi les mauvaises herbes. Leurs parents travaillent chez un fermier du village voisin et leurs frères cadets font le ménage et préparent les plats "traditionnels", des pâtes ou des galettes de blé. Même quand on leur parle, les filles ne cessent pas de biner. Elle disent qu'elles doivent finir le travail le soir même parce que le lendemain matin elles sont engagées ailleurs. "Nous sommes fatiguées, mais quoi faire? Si nous ne travaillons pas maintenant, nous mourrons de faim en hiver. Maman et papa travaillent tout l'été, nous sommes leur unique support. A cause de la sécheresse, cette année-ci, le maïs se fane. Je crains que nous n'ayons pas de récolte", redoute Valentina. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Jean Neyliès etait devenu le peintre favori de la Cour royale jeune coiffeur doué pour le chant et la peinture musique s'apprenaient avec un sentiment de complémentarité". Nous ne savons rien de son passage au Conservatoire. Par contre, il acquiert à l'école des Beaux-Arts une formation académique rigoureuse. Il participe à la vie artistique de la capitale et expose dans les salons officiels. Le temps des vaches maigres et la vie de bohème ne sont qu'un mauvais souvenir. Sa vie matérielle est assurée par son travail dans l'atelier de Gérôme. Il profite aussi des largesses du professeur Marinescu dont il illustre le traité de neurologie. Il est autorisé à concourir avec La légende de Maître Manole au prestigieux prix de Rome et obtient pour cette œuvre le prix Chenavard aux Beaux-Arts. Commandes de la Reine Marie pour décorer les résidences royales Nous sommes en 1897. A 28 ans, Jean Neylies, marié à Marie-Josèphe Eolet, mannequin et modèle à Paris, quitte l'atelier de Gérôme et la France pour suivre en Roumanie le professeur Marinescu. Celui-ci l'installe dans son logement de fonction à l'hôpital Colentina de Bucarest. Il l'introduit dans les milieux artistiques et mondains. La Reine Marie lui commande fresques et tableaux pour décorer les résidences royales. Jean Neylies est appelé à l'Ecole Nationale de Bucarest au titre de conseiller et enseignant. Il participe aux manifestations organisées par la Jeunesse Artistique. L'exposition de ses œuvres qu'il organise en 1903 à Bucarest reçoit un accueil élogieux de la critique. Ce sont pour lui et son épouse de grandes années de belle vie roumaine. S aisissant raccourci de l'histoire… alors que Constantin Brancusi s'apprêtait à quitter son village natal d'Hobita en Olténie pour gagner à pied Paris (1904) où il révolutionnera l'art de la sculpture, devant le plus grand sculpteur du XXème siècle, un autre paysan, Français celui-ci, devenu l'un des plus grands peintres de Roumanie, avait fait le chemin inverse, sept ans plus tôt. Voici ci-dessous la biographie de Jean Neylies : 23 décembre 1869 - Naissance de Jean Neylies à Montesquieu-Volvestre (Haute- Garonne) dans une famille d'agriculteurs. (mère couturière) 1887 ou 88 (18 ans) Part à Paris pour faire carrière dans la coiffure. Les premières années sont très difficiles. Il rencontre le professeur Georges Retour en France et désillusions Les meilleures choses ont une fin. En 1914 Jean Neylies et son épouse retournent en France. Est-ce la déclaration de guerre ou une simple nostalgie ou la jalousie de ses pairs qui provoque cette décision? Ce qu'il n'a pas perdu cependant, c'est l'estime de la Maison Royale de Roumanie qui lui accorde une pension annuelle à la condition de se déplacer chaque année pour la recevoir. C'est ainsi que Jean Neylies redevenu montesquivien achète une maison à laquelle il ajoute un atelier. Il y préparait une collection de tableaux et organisait tous les ans à Bucarest une exposition très attendue et payée d'un succès total. Cela dura plusieurs années. Puis des difficultés apparurent: moins d'expositions possibles, une pension de plus plus aléatoire. Alors il peint pour la population locale. Découragés, déçus, les Neylies se voient obligés à un train de vie restreint. La santé du peintre s'altère. Le 23 juillet 1938, à 68 ans il meurt presque brutalement dans sa maison de Montesquieu très peu de temps après la perte de son ami Georges Marinescu. Son épouse lui survécut de nombreuses années et finit ses jours à 95 ans dans un complet dénuement. Ainsi pourrait se résumer la vie de ce peintre atypique sur laquelle le docteur bucarestois Constantin Bogdan a fait des recherches et écrit un article pathétique: "le destin roumain de l'Etranger". Une certitude cependant, d'après Tudor Octavian: "un bon tableau de Jean Neylies doit impérativement faire partie de toute collection sérieuse concernant les premières décennies du XX ème siècle." Céleste Cazaux et André Berthoumieu Comme Brancusi… dans le sens inverse Marinescu, éminent neurologue roumain, qui lui conseille de s'inscrire aux Beaux-Arts et au Conservatoire. Pendant 9 ans - Il peint dans l'atelier de Léon Gérome. Il concourt pour le grand prix de Rome. Il obtient le prix Chenavard. 1897 (28 ans) Le professeur Marinescu l'emmène à Bucarest pour exécuter des dessins d'anatomie. Il l'installe dans un logement de fonction à l'hôpital Colentina et l'introduit dans les milieux aisés. Son talent est rapidement apprécié: - Il est sollicité par la reine Marie pour réaliser des tableaux et des fresques dans les résidences royales. - Il devient conseiller à l'école nationale des Beaux-Arts de Bucarest. 1903 (34 ans) Il réalise sa première exposition personnelle en Roumanie 1914 (45 ans) Il revient en France à Montesquieu-Volvestre, son village natal, avec une pension du gouvernement roumain. Il continue à peindre et revient très souvent à Bucarest. Ses expositions y sont appréciées. 23 juillet 1938 (68 ans) Il meurt à Montesquieu-Volvestre, presque subitement, après une baignade. Il était marié à Marie Josèphe Eolet, mannequin et modèle à Paris. Le couple n'ayant pas eu d'enfant, comme il n'existait aucun héritier à la mort de Madame Neylies en 1964, les œuvres furent vendues aux enchères. L'Office de Tourisme de Montesquieu-Volvestre possède deux fusains. (scènes de la vie rurale en Roumanie) 43 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Natif de la région toulousaine, Peinture Le destin roumain d’un SUCEAVA z z CLUJ ARAD z z z z BISTRITA z z z TARGU MURES ALBAC z z IASI SF. GHEORGHE BRASOV GALATI z SIBIU TIMISOARA z BAIA MARE ORADEA z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Peintre des humbles et des paysans 42 Jean Neylies (1869-1938, prononcer Neylis) fait partie des "peintres roumains oubliés" à qui Tudor Octavian rend hommage dans son ouvrage paru en Roumanie en 2003. D'origine paysanne, le Français roumanisé se montra très sensible aux scènes bucoliques, aux fêtes champêtres, aux paysages grandioses. Sa peinture, très académique, peut paraître aller à contre sens de l'extraordinaire bouleversement que connût cet art dans ce début du vingtième siècle. Disciple de Courbet et ancien élève de Gérôme, il jeta un regard tendre vers la réalité. Cette sorte de "vérisme" fait de lui un peintre des humbles, des paysans. Les couleurs franches, les contrastes, les touches grasses confèrent à ses tableaux une grande force affective, spirituelle pour certains. Tudor Octavian dit que "ses toiles, surtout les petites, semblent des fragments d'un panorama de la société roumaine" avec "une perception moins conventionnelle que celle de Grigorescu". M onté à Paris pour y devenir coiffeur, le gamin issu d'une famille très modeste de Montesquieu-Volvestre (Haute-Garonne) Jean Neylies deviendra l'un des plus grands peintres roumains. Récit d'une histoire sortant de l'ordinaire… où, alors que tant de Roumains ont apporté à la France, dans différents domaines, ce sera l'inverse qui ici se produira. A l'image du médecin-chirurgien Carol Davila, parti de Nantes pour devenir le fondateur de la médecine moderne en Roumanie, un Français va laisser sa marque dans le patrimoine, cette fois-ci culturel, roumain. Père paysan, mère couturière Jean Neylies est né à Montesquieu-Volvestre, en Haute-Garonne, le 21 décembre 1869, dans une famille très modeste. Son père était un de ces cultivateurs qui labouraient des lopins de terre disséminés dans la campagne et que l'on appelait pour cela "parçonèrs". Sa mère était couturière. Les dures conditions de travail, une existence précaire, ont poussé les parents à donner à leur fils un métier qui pourrait lui permettre d'échapper à leur condition. Jean avait révélé très tôt d'excellentes dispositions pour le dessin et la peinture. Mais à Montesquieu et dans les environs, les parents ne voyaient pas de professions correspondant à ses dons. Un oncle possédait à Foix, dans l'Ariège, un salon de coiffure qui le faisait bien vivre. Cet antécédent familial décida les parents. Jean sera coiffeur. Monsieur Rougé, leur ami et coiffeur de son état, accepte de le prendre en apprentissage. Combien de temps dura cet apprentissage ? Pierre Lattes, dans une de ses chroniques raconte que: "le jeune Jean Neylies, sa formation professionnelle terminée, monta à Paris pour acquérir la maîtrise dans son métier". Elie Abeille et Henri Ménard dans Histoire de Montesquieu-Volvestre donnent la date de 1888 pour ce départ à Paris. Or, Jean Neylies exécute en 1887 et 1888 des copies de grands maîtres, Rubens et Murillo, qui sont exposées dans l'église SaintVictor de Montesquieu. Rencontre décisive au Louvre avec le neurologue roumain Georges Marinescu Arrivé en Roumanie dix ans avant la mort du grand peintre, véritable monument national pour ses compatriotes, Jean Neylies fait partie de ses successeurs à qui Grigorescu a offert l'occasion de continuer et d'approfondir l'art d'une peinture nouvelle, comme "une exclamation d'étonnement devant la nature et la lumière". Jean Neylies fut-il un temps coiffeur à Paris ? Peut-être…Mais toujours animé de goût artistique, il abandonne bien vite les outils du barbier pour s'inscrire à l'école des Beaux-Arts sur les conseils et avec le soutien d'un étranger. Au Musée du Louvre, il avait attiré l'attention de Georges Marinescu par ses dons exceptionnels pour le dessin et le maniement des couleurs. Le savant neurologue roumain, qui s'était lié d'amitié avec lui, le fit entrer dans l'atelier de Jean-Léon Gérôme, peintre officiel, professeur connu pour son souci du détail objectif et son goût du fini, que l'on retrouve dans les tableaux de Neylies. La coiffure ? Elle est bien loin de ses préoccupations d'autant plus que notre nouveau parisien s'inscrit aussi au Conservatoire de Musique ! Tudor Octavian écrit dans son ouvrage Peintres oubliés roumains (Ndlr: malheureusement disponible uniquement en roumain) qu'"à cette époque la peinture et la Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité a été rayé de la carte par les autorités voleurs s'enfuient à cause de la pauvreté Partir en Russie pour payer les dettes Quelques habitants du village sont partis en Russie où ils travaillent dans le secteur agricole. Pour payer le prix du billet, ils empruntent de l'argent aux habitants du village voisin. "Nous sommes accablés par les dettes. A l'étranger, nous binons la betterave, les pommes de terre etc., et l'argent gagné nous suffit juste pour rembourser ce que nous devons et pour acheter un sac de farine et un autre de pâtes. L'année passée, j'ai eu un accident de la route et j'ai eu une fracture de la colonne vertébrale. J'ai dû emprunter 16 000 lei pour l'opération (1000 €). J'ai laissé comme garantie mon unique fortune: ma maison. Autrement, j'aurais pu rester paralysé, et j'ai encore trois enfants à élever. Dans quelques mois, je devrai rembourser les dettes mais je ne sais pas d'où prendre l'argent", soupire Gheorghe Vornicu. "Je n'ai jamais mangé de la viande" Chaque famille possède environ 10 ares de terre où l'on cultive du maïs, des haricots, des pommes de terre. Vu l'absence de système d'irrigation, elles ne peuvent pas cultiver des tomates ou des concombres. Toujours à cause de la pauvreté, les gens ne peuvent pas non plus élever des animaux domestiques. Le pain est un "luxe" - seulement quelques personnes ont le courage de parcourir à pied deux kilomètres pour aller en acheter. D'habitude, les villageois cuisent des galettes. "Nous faisons de la soupe de grains de maïs, de haricots et de pommes de terre. Ma mère dit que la soupe est plus savoureuse si l'on y ajoute de la viande. Moi, je n'ai jamais mangé de la viande. J'ai entendu qu'il existe des bonbons et de la glace mais je n'en ai jamais mangé", assure Olguta, une fillette de 9 ans. L'année passée, certains villageois ont dû manger de l'herbe. Ayant épuisé toutes les réserves, une vieille femme qui prenait soin de ses cinq petits-fils en a préparé un plat. "La pauvre, elle a ramassé de l'herbe dans la forêt, elle l'a fait bouillir et elle l'a mise sur la table. Un vieillard a mangé de la terre pour apaiser sa faim. Il mangeait en pleurant. Quoique nous soyons pauvres, nous-aussi, nous ne sommes pas restés indifférents face à leur peine. Nous avons collecté des produits alimentaires pour eux. Personne ne connaît notre existence, même Voronine. Si on ne nous entend pas, nous protesterons devant la mairie de Tibirica", s'indigne Maria Rotari. Stanislav Apostoliuc croit que ce n'est pas par la faute des fonctionnaires que le village a "disparu" de la carte. "Nous sommes un village-problème et personne n'a besoin de nous. Nous nous sommes plaints plusieurs fois sans aucun résultat. Où est la justice ? L'état attend probablement que nous mourions de faim et de soif", ne décolère-t-il pas. Incompétence et confusion communistes Pendant la dernière campagne électorale, les villageois ont pour la première fois vu un député en chair et en os. Ils disent que probablement c'était par hasard qu'un parlementaire communiste, dont ils ne se rappellent pas le nom, soit passé par leur village, ait écouté leurs plaintes, et les ait invités à voter pour son parti. Profitant de l'occasion, les villageois lui ont demandé pourquoi il n'y avait pas de fonds prévus pour leur village. Il a répondu qu'une confusion avait été commise. L'argent qui lui était destiné a été gaspillé par les habitants du quartier Schinoasa de Chisinau. Dès lors, les villageois haïssent les habitants de la capitale. C'est ainsi que, pendant une réunion du Conseil du district de Calarasi, lorsqu'on discutait au sujet de la Stratégie de développement et de soutien aux ethnies, on a découvert que le village de Schinoasa n'était mentionné dans aucun document officiel, local ou national. Le maire de Ibirica, Ion Iurcu, a confié que le 24 mai 2007, selon une décision du Conseil du district, l'erreur a été réparée, le village de Schinoasa étant finalement enregistré comme partie composante de sa commune. "La mairie avait informé le Conseil du district de Calarasi qu'une erreur avait été commise pendant la dernière réorganisation administrativeterritoriale mais le problème n'a pas été examiné. Maintenant, on doit pas à pas résoudre les problèmes des villageois de Schinoasa. Nous espérons que dans quelques mois ils auront de l'eau potable. Dans le village, il y a une école primaire qui fonctionne dans la cour d'un habitant...", affirme Ion Iurcu. Les villageois de Schinoasa espèrent que les autorités transformeront leurs paroles en actes, quoique peu d'entre eux croient à leurs promesses. Irina Codrean (traduction Valentina Ciobanica) Article d'Irina Codrean, publié sur www.timpul.md, traduit par Valentina Ciobanica (16 ans), élève en XIième de Cahul (République de Moldavie), membre JUNACT et repris par la Lettre d'informations du portail francophone sur la Moldavie www.moldavie.fr éditée par l'association d'amitié franco-moldave "Les Moldaviens", présidée par Jean-Jacques Combarel. 11 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité La Roumanie, Economie Premier objectif: SUCEAVA ORADEA z CLUJ z z BAIA MARE z z ARAD TARGU MURES z z z BACAU z z SIBIU TIMISOARA IASI GALATI z z BRASOV PLOIESTI PITESTI CRAIOVA z z z BUCAREST z TULCEA CONSTANTA z Hausse vertigineuse du déficit commercial 12 Le déficit commercial de la Roumanie, exprimé en euros, a augmenté l'année passée de 44,35%, arrivant à 21,502 milliards d'euros, contre 14,895 milliards en 2006, indiquent les données fournies par l'Institut National des Statistiques (INS). La Roumanie s'est placée en 5ème position dans le classement des pays de l'UE ayant affiché des déficits commerciaux aussi élevés en 2007 (en valeur absolue), après la Grande-Bretagne, l'Espagne, la France et la Grèce. Dette Au 31 décembre 2007, la dette externe à moyen et long terme de la Roumanie s'est élevée à 36,728 milliards d'euros (+28,3% par rapport au 31 décembre 2006). La dette publique et publique garantie s'est chiffrée à 10,370 milliards d'euros et la dette privée à 23,139 milliards d'euros (+39,8%). Croissance 2008 estimée à 5,4 % Cette année, selon le groupe financier UniCredit, la Roumanie afficherait une croissance économique de 5,4%. Le gouvernement prévoit 1% de plus. Le glissement annuel de l'inflation se situerait à 5% (contre 6,7 % actuellement). Les prévisions sont pessimistes également pour ce qui est du déficit externe (estimé à 14,8% du PIB) et du déficit budgétaire (3% du PIB), malgré la volonté affichée du gouvernement de se situer en dessous. U Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte convoi de l'OTAN pendant la guerre du Kosovo existe bel et bien la véritable histoire de "California Dreamin" n convoi d'une vingtaine de moissonneuses-batteuses croise une charrette tirée par un cheval. Ce contraste devenu l'image d'Épinal du monde rural roumain, Thierry Bourgoing l'observe au quotidien. Ce jeune Français, installé depuis six ans avec son épouse dans la plaine valaque, gère une ferme pour le compte de Michel Créteur, agriculteur des Ardennes à l'origine du projet. Son exploitation compte aujourd'hui plus de 2000 hectares, mesurés par GPS, contigus à des parcelles d'un hectare sinon moins. Avant que ses tracteurs John Deere ne sèment du blé derrière une récolte de 12000 tonnes de maïs, des Roumains du village viennent en famille ramasser les débris qu'ils brûleront cet hiver pour se chauffer. D'autres chargent du maïs, récolté à la main sur leur propre parcelle, qui alimentera leur unique vache et leurs quelques poules. Cette autosubsistance paysanne est très répandue dans les campagnes roumaines, où vit, au jour le jour, hors du marché économique et des statistiques du chômage, près de la moitié de la population du pays. Ils ne sont guère plus agriculteurs que les propriétaires d'immenses exploitations, bradées depuis la chute du communisme dans des conditions douteuses, souvent mal entretenues. Résultat: l'essentiel de la production agricole roumaine, qui contribue à 12 % du PIB, est de fait réalisé par une poignée d'exploitants. Le paradoxe de la Roumanie est ainsi d'être un pays agricole en manque d'agriculteurs entreprenants. Même s'il rit aujourd'hui de cette approximation, l'actrice - Mariana Marilescu - ayant interprété son rôle, lui étant tombée dans les bras quand il l'a rencontrée, l'appelant "Papa". La seule chose que Patracioiu n'ait pas digéré, c'est d'avoir été présenté comme un mafieux, un corrompu. Invité à Bucarest à la première du film, il n'a pas décoléré, déclarant que "jamais de sa vie il n'avait pris un bakchich ou reçu un leu"… pour finalement pardonner au metteur en scène: "Je le comprends, çà faisait mieux dans l'histoire". "Il est plus rapide d'importer des produits agricoles de Turquie que de la Bucovine" es téléspectateurs de France 2 ont suivi avec intérêt, sinon passion, la nouvelle de version de "Guerre et Paix" que la chaîne a présentée en quatre épisodes, tout au long du mois de novembre. La critique a été à peu près unanime: il s'est agi là d'une des meilleures adaptations du roman de Tolstoï. Cette version est due à un réalisateur roumain, Robert Dornhelm, né à Timisoara le 17 décembre 1947 et parti vivre il y a 25 ans aux Etats-Unis. Loin d'être un inconnu, le cinéaste a une longue carrière derrière lui, ponctuée de films majeurs qui ont été souvent primés. Robert Dornhelm a déjà beaucoup réalisé pour le cinéma. Du documentaire The children of Theater Street avec Grace Kelly en 1977, à la comédie Echo Park en 1986, en passant par le drame avec Escape en 1996 ou Requiem für Dominik en 1990, il a su aborder des thèmes très divers et travailler pour des productions américaines comme européennes. Mais Robert Dornhelm est avant tout un homme de télévision. Depuis le succès de son documentaire Digital dreams diffusé en 1983 retraçant le parcours du bassiste des Rolling Stones, Bill Wyman, le réalisateur a enchaîné les téléfilms et les mini-séries. L'enjeu de l'entrée récente dans l'Union Européenne et dans la politique agricole commune (PAC) est de faire émerger des entrepreneurs et, au lieu de l'agrobusiness sauvage actuel, d'organiser les filières agricoles après des années de désordre. Le premier objectif est de rendre à nouveau le pays autosuffisant. La consommation roumaine a entamé son envol alors que le pays importe porcs, volailles, viande de bœuf ou produits laitiers. Par manque d'infrastructures, "il est plus rapide d'importer des produits agricoles de Turquie que de la Bucovine", remarque Stéphane Coroner, conseiller français auprès du ministre roumain de l'agriculture. "L'adhésion à l'UE est d'abord une énorme claque concurrentielle pour le pays", prévient-il. Le maïs roumain est, lui, compétitif et s'exporte. L'an dernier, Thierry Bourgoing en a exporté une partie par barge sur le Danube jusqu'au port de Constanta, sur la mer Noire, pour servir d'alimentation animale en Espagne et en Italie. Par rapport à un pays cloisonné comme la Hongrie, ce débouché maritime avantage la Roumanie pour desservir notamment les pays arabes. Mais son premier atout, dans un secteur où la surface cultivée détermine l'amortissement des charges, est d'offrir encore de bonnes terres à louer, comme auparavant les plaines de l'ex-RDA et de la Pologne. "Il faut être présent ici pour continuer d'exister en France" Trente exploitations dépassent les 10 000 hectares, taille digne des surfaces australiennes ou argentines. Une île du Danube est même considérée comme la plus grande exploitation d'Europe: 56 000 hectares! "On réunit ici en quelques années une étendue qu'il faudrait un siècle en France à constituer", souligne Thierry Bourgoing. Les qualités et la profondeur du fameux tchernoziom sont l'autre atout majeur. Cette terre fertile, de couleur chocolat, exige peu d'engrais et de semences. Autant d'économies sur les intrants qui donnent au maïs roumain "un des meilleurs prix de revient", selon Patrick Valmary, consultant à Bucarest pour Caussade Semences. Menacé par Basescu… puis recevant une prime "pour avoir fait son devoir" Finalement, Florin Patracioiu est très content d'être devenu un héro par Cristian Nemescu, en discussion avec Armand Assante, procuration. Il a même donné une suite au film, regrettant que Cristian a attendu pendant un an que l’acteur soit libre pour commencer le tournage de son film. Nemescu n'ai pas pu la tourner: au retour des Américains, le chef de gare a à nouveau bloqué leur convoi, mais cette fois-ci pour deux semaines et toujours pour le même motif, ne cédant pas aux injonctions du ministre des Transports de l'époque… un certain Traian Basescu. Finalement le convoi a pu repartir, ses papiers étant en règle, mais après avoir payé plus de 30 000 dollars de taxes… Cédant à la pression médiatique, le gouvernement a accordé à Florin Patracioiu trois mois de salaires supplémentaires "pour avoir fait son devoir". *Pielesti entretient des relations avec Chigny les Roses, près de Reims. Le metteur en scène roumain s'est illustré avec la réalisation de "Guerre et Paix" Robert Dornhelm : de Timisoara à la consécration hollywoodienne L Un habitué des Emmy Awards En 2001, le Roumain s'attaque à l'histoire d'Anne Frank (Anne Frank : the whole story) dans un téléfilm récompensé par de nombreux prix (Golden Globes, Emmy Awards - l'équivalent des Oscarts pour la télévision, décernés également à Hollywood - Satellite Awards, AFI Awards, PGA Awards...). L'année suivante, il revient sur les cinq dernières années de vie de Robert F. Kennedy, le frère du président américain, dans RFK. Robert Dornhelm rencontre de nouveau le succès en 2004 (plusieurs prix dont un Emmy Award) en adaptant Spartacus, toujours pour le petit écran, avec Goran Visnjic (Urgences) dans le rôle titre. Cette même année, il réalise pour la télévision La frontière de l'infidélité (Suburban Madness) et Ma vie volée. En 2005, le metteur en scène participe à la réalisation d'une mini-série produite par Steven Spielberg encore une fois très récompensée (16 nominations au Emmy Awards 2006): Into the West. Une fresque historique en 6 épisodes sur la conquête de l'Ouest avec un casting de choix (Matthew Settle, Josh Brolin, Kerry Russell, Skeet Ulrich...). Avec l'adaptation télévisée de Guerre et Paix, du romancier russe Léon Tolstoï, Robert Dornhelm a réussi le pari en 2007 de réunir à l'écran des acteurs venus de toute l'Europe (Clémence Poésy, Alessio Boni, Valentina Cervi, Alexander Beyer, Ken Duken) pour une superprodution à gros budget réalisée en partenariat avec les 10 chaînes publiques européennes: ZDF, Channel 2, France 2, la RTBF, Rai Fiction, Eos Films, Grupa Filmowa Baltmedia, Poslat, AT-Production et Grupo Intereconomia. 41 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Cinéma z z TARGU MURES ORADEA z z z z z ARAD SIBIU Florin Patracioiu ou z SUCEAVA z BAIA MARE z P. NEAMT BACAU z z TIMISOARA IASI z BRASOV ADJUD PITESTI PIELESTI z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z CRAIOVA Un film sur la Roumanie profonde 40 Le chef de gare qui a bloqué un Le tournage de Californi dreamin’, le premier long-métrage du réalisateur Cristian Nemescu, a commencé avec un an de retard parce qu’il voulait avoir à tout prix Armand Assante dans sa distribution. Il y joue le rôle du commandant des soldats américains qui atterrissent dans un pays inconnu et y restent bloqués à cause d'un chef de gare téméraire. A deux jours de la finalisation du montage un acccident de voiture a causé la mort de Nemescu et de l'ingénieur du son Andrei Toncu. Les producteurs ont décidé de laisser le film tel quel. Armand Assante se souvient : "Quand j'ai été présenté à Cristi Nemescu, j'ai été tout suite impressionné par sa personnalité et son sens de l'humour. Surtout quand il parlait de la Roumanie dans le monde. Je pense qu'il aimait énormément son pays et il avait croqué d'une certaine façon son histoire et ses effets sur la mentalité roumaine. Il avait une énorme empathie pour son peuple et il voyait comment les difficultés du passé de la Roumanie se reflètent dans son présent. Son film reflète ce qu'il ressentait comme étant la Roumanie profonde, le respect réciproque et le respect pour soi-même". Jouant l'autre rôle important, Doiaru, le chef de gare, Razvan Vasilescu se rappelle que le metteur en scène l'a attendu un soir à la sortie du théâtre Bulandra afin de lui donner le scénario. L'acteur a aimé l'histoire, le personnage et son attitude butée. "Nemescu avait l'air de quelqu'un qui ne sait pas exactement comment faire un film, mais cette modestie m'a impressionné", se rappelle Vasilescu. C alifornia Dreamin’ a fait l'évènement à Cannes, en mai dernier, en remportant le prix de la catégorie "Un certain regard", alors que "4 mois, 3 semaines et deux jours" de Cristian Mungiu recevait la Palme d'Or. Dans ce film, distribué depuis fin octobre en France, le réalisateur Cristian Nemescu, disparu tragiquement à l'âge de 27 ans dans un accident de voiture en août 2006, donne une nouvelle preuve de la vitalité et de l'inventivité du nouveau cinéma roumain. Le style caustique du cinéaste se déchaîne ici dans le cadre d'une petite ville plouc, Capâlnita, où un convoi de l'OTAN en route pour le Kosovo, en 1999, est immobilisé. A son bord, une escouade de marines américains bloquée par Doiaru - interprété magistralement par l'acteur Razvan Vasilescu - un chef de gare qui, bien que n'étant qu'une fripouille notoire, s'entête à réclamer aux passagers et à leur cargaison des papiers en règle. La présence des Américains commandés par le capitaine Doug Jones - Armand Assante - met le village en émoi. Les jeunes filles se jettent sur cette viande fraîche tandis que le maire s'active pour plaider auprès de ses hôtes forcés, bloqués pendant cinq jours, la cause touristique de sa commune. Un mélange de joie générale et de gabegie collective plane en permanence sur ce petit monde. Florin Patracioiu, le vrai chef de gare, regarde son personnage, interprété par Razvan Vasilescu. Un cabochard à la fibre patriotique Ce film picaresque, véritable tranche de bonheur, est inspiré d'un évènement authentique, survenu le 3 juin 1999. Ce jour là, par une chaleur suffocante, le chef de gare de Pielesti* - Capâlnita dans le film - un village de quatre rues à la sortie nord de Craiova, a refusé de laisser passer un convoi de l'OTAN, tant que ses papiers n'étaient pas en règle. Cet incident a fait la une de tous les médias roumains, alors que le pays implorait son entrée dans l'organisation de défense militaire et qu'il paraissait invraisemblable de contrarier ne serait-ce-qu-un peu le bon vouloir des Américains. Le cabochard chef de gare s'appelait Florin Patracioiu (Doiaru), 51 ans. Dans une interview récente, celui-ci a précisé que le train était beaucoup plus long que celui du film, comportant 18 wagons dont deux réservés aux passagers américains et dotés de l'air conditionné. Mais surtout, le convoi n'avait été bloqué que pendant quatre heures. Pendant ce laps de temps, Florin Patracioiu avait reçu de nombreux coups de téléphone de ses supérieurs, des autorités régionales, de Bucarest, le menaçant de le mettre à la porte. Mais le chef de gare à la fibre patriotique sensible répondait invariablement et de manière désarmante: "Comment voulez-vous que je les laisse passer?… Ils n'ont pas de papiers ". Vodka… mais pas russe pour les Américains Le Roumain s'était montré cependant courtois avec ses "invités". Il leur avait offert une vodka… qu'ils avaient refusé parce qu'elle était russe. Il avait suffi qu'il en change l'étiquette pour qu'ils vident la bouteille. Leur chef, le major Jeff Thompson, avait finalement pris son mal en patience. Finalement, des chefs douaniers, accourus de Bucarest, avaient apporté les documents demandés, Patracioiu vérifiant avec attention qu'ils portaient bien les tampons salvateurs et donnant le feu vert au départ du convoi. Le chef de gare note toutefois quelques différences avec le film. Dans la réalité, le maire de la ville n'a joué aucun rôle dans l'affaire. Contrairement à l'histoire portée à l'écran, il n'a pas une fille, Monica, qui n'a qu'une envie, "se tirer du bled avec un Américain pour ne pas pourrir sur pied ", mais deux garçons. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité nouvelle terre agricole pour l'Europe rendre à nouveau le pays autosuffisant La somme de toutes les charges représente 700 € à l'hectare contre près du double en France. Cependant, la sécheresse ou, l'inverse, les inondations, et la rudesse de l'hiver gelant certaines cultures, les coûts d'irrigation ainsi que le coût plus élevé des produits phytosanitaires à importer tempèrent cette impression d'eldorado. Mais la montée progressive des aides directes de la PAC (50 € par hectare en 2007 outre 300 € en France pour le maïs actuellement) et l'amélioration attendue des capacités de stockage pour moins subir la fluctuation des cours mondiaux et des infrastructures devraient remuscler dans les années à venir l'agriculture roumaine. "Le pays offre un gros potentiel à la production et même à l'export", a bien compris Pierre Jarreau, directeur commercial en Roumanie du semencier Limagrain, pointant le maïs. Et le tournesol. Le gouvernement roumain, par cette culture, ambitionne de faire du pays un exportateur de biodiesel et y incite fiscalement. Devant cette distribution en cours des cartes agricoles dans l'UE, l'agriculteur Michel Créteur a fait le pari de la Roumanie, comprenant que "pour les grandes firmes agricoles françaises, il faut être présent ici pour continuer d'exister en France". Ne pas céder au tout intensif Comment la population rurale vivant en autarcie, elle, pourra continuer de survivre? Certes, les aides de la PAC déve- loppement rural (1200 € par an pour un projet) visent à garder les campagnes vivantes, mais personne n'en attend des miracles. Elles permettront que se développe, par exemple, du tourisme à la ferme dans les Carpates, propices aussi à des filières de produits biologiques, mais rien de significatif. La population des campagnes est âgée (70 % des exploitants individuels ont 55 ans ou plus et seulement 5 % ont moins de 35 ans) et exerce souvent plusieurs métiers, alimentant une économie informelle parallèle. Le maintien de cette population en milieu rural arrange le gouvernement, qui n'a pas intérêt à voir enfler les banlieues de Bucarest, mais limite le développement du pays. Un système de rente viagère incite les plus de 62 ans à céder leurs terres aux jeunes pour qu'ils les reprennent et les réunissent en parcelles. Mais cette incitation financière remporte peu de succès, alors qu'elle vise à constituer cette classe moyenne de fermes familiales commerciales, de 300 à 400 hectares, qui font tant défaut à l'agriculture roumaine. "La distribution équilibrée sur le territoire de villes moyennes à approvisionner s'y prêterait", estime Stéphane Coroner. Vieillissement démographique oblige, les milliers de maigres exploitations de survie paraissent en tout cas vouées à disparaître. La difficulté pour l'agriculture roumaine, une fois qu'elle sera vraiment de plain-pied dans le marché européen, va être de ne pas céder au tout-intensif. Sébastien Maillard (La Croix) Pain au noir : l'Etat perd entre 400 et 500 millions d'euros par an P rès de 60 % de la production de farine et de pain du pays se ferait au noir, un pourcentage que le ministre de l'Agriculture estime même à 75 %. Ce sont ainsi un milliard d'euros de chiffres d'affaires qui échapperaient à la TVA de 19 %, à la taxe sur les bénéfices, sur les salaires, aux cotisations sociales, l'Etat perdant 400 à 500 millions d'euros de rentrées fiscales. Les professionnels du secteur ne nient pas la réalité de cette évasion, soulignant qu'elle est le fait non des grands fabricants, mais des petits qui assurent la moitié de la production nationale dans le milieu rural ou les petites villes. Ceux-ci se rendent le soir aux moulins, repartent avec des sacs de farine et remplissent plusieurs camionnettes de pain le lendemain. Des responsables de coopératives ou d'associations de producteurs font la même chose, s'arrangeant avec les minoteries pour se mettre de côté quelques sacs de farine. Difficile de contrôler tous ces mouvements. Selon le milieu professionnel, la meilleure solution pour décourager ces pratiques serait de ramener le taux de TVA sur l’ensemble des produits de panification à 7 %. D'après les statistiques, reprenant les indications fournies par les rentrées fiscales, les Roumains consomment annuellement 24 kg de pain, mais pour le Premier ministre, ce chiffre est loin de la réalité qui se situerait à un niveau cinq fois supérieur, entre 115 et 120 kg. "Le Roumain est connu comme étant un gros mangeur de pain et pourtant, officiellement, nous sommes loin derrière les Allemands qui en absorbent 80 kilos" a déclaré Calin Popescu Tariceanu, le premier ministre. Première semaine d'août, le fisc a déclenché une opération coup de poing, vérifiant 1400 firmes de ce secteur économique: 85 % se livraient à l'évasion fiscale ou ne respectaient pas la législation; 60 on été fermées et verbalisées pour un total de un million d'euros; 180 tonnes de blé et 120 tonnes de farine non déclarées ont été saisies. Charrettes surveillées par satellite La Garde financière a proposé au gouvernement de prendre des mesures encore plus draconiennes et de faire surveiller à partir de l'année prochaine les charrettes et les camions qui transportent ces produits par satellite, en utilisant un système de GPS et vidéo. 13 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Economie z z ORADEA CLUJ z BAIA MARE Le numéro un mondial mise z SUCEAVA TARGU MURES z IASI z z ARAD z z SIBIU TIMISOARA BRASOV BÂRLAD GALATI z BUZAU PLOIESTI CRAIOVA z z BUCAREST z z z TULCEA CONSTANTA z Conjoncture: les Suisses se veulent plus rassurants 14 Malgré ses déboires, l'américain Après les commentaires des plus pessimistes sur l'évolution de l'économie roumaine, l'été dernier, la banque suisse UBS estime à présent qu'une dépréciation contrôlée de la monnaie locale serait finalement bénéfique pour l'économie et qu'elle éliminera les "craintes exagérées" liées aux risques potentiels pour la croissance économique de la Roumanie. L'UBS estime que la Roumanie "poursuivra le processus de convergence avec l'UE, dans les conditions où le PIB continuera de s'accroître, la productivité de s'améliorer et la valeur nominale du PIB/habitant d'approcher la moyenne européenne". Gros salaires Selon une analyse réalisée par le quotidien "Ziarul Financiar", s'appuyant sur les données de l'INSSE, les salaires nets mensuels les plus élevés ont été touchés dans les secteurs suivants: Banques (913 €), Transports aériens (722 €), Industrie du tabac (626 €), Industrie pétrolière (621 €), Industrie énergétique (565 €), Administration publique (545 €), Assurances (537 €), TI & Recherche (524 €), Poste et Télécommunications (462 €), Services urbains (460 €). Groupama se renforce en Europe de l'Est Déjà implanté en Bulgarie et Roumanie,Groupama vient d'acquérir un réseau d'assurances hongrois pour près de 617 millions d'euros, filiale d'OTP Bank, 3ème assureur du pays avec une part de marché de 10 %. L 'américain Smithfield investit en Roumanie en s'appuyant sur l'intégration européenne et continue à voir très grand malgré ses déboires, survenus à l'été 2007, à la suite de l'épidémie de peste porcine.. Depuis son rachat il y a trois ans des actifs de l'ancien "combinat" d'élevage porcin de Timisoara, Comtim, liquidé en 1999, le géant du secteur a entrepris de faire de la Roumanie un grand producteur et exportateur de porcs sous son enseigne, aussi établie en Pologne. "La Roumanie est au centre de notre stratégie européenne", affirmait en 2006 Michael Cole, vice président du groupe basé en Virginie, qui déclare avoir investi à ce jour l'équivalent de plus de 200 millions d'euros dans ce projet. "Chaque dollar dépensé l'a été en misant sur une adhésion du pays à l'UE" expliquait le représentant de Smithfield sur place, Mircea Cotosman. A travers champs, au volant de son 4 x 4, ce jeune Roumain formé aux Etats-Unis dévoilait les ambitions de son groupe. L'intégration européenne des Roumains annonçait l'amélioration de leur niveau de vie. "Ils consommeront plus de viande, donc plus de porc: 21 kg par an et par habitant aujourd'hui, alors que la moyenne en Europe de l'Ouest se situe audelà de 60 kg". Or, même pour la faible consommation actuelle, le pays est importateur de porc. Smithfield a fait ses calculs: d'ici à 2011, il veut élever 4 millions de porcs par an. Il compte aussi monter ses parts, déjà à 50 %, dans le capital des sociétés de congélation (Frigorifer) et de distribution (Agroalim). Il a mis aux normes un ancien abattoir destiné à 16000 bêtes par jour, installer des fermes pour les truies. Et surtout, il envisageait de construire d'ici cette échéance 250 fermes pour y engraisser, dans chacune, 8000 porcs par semestre. A une quarantaine de kilomètres de Timisoara, Mircea Cotosman faisait visiter en 2006 la première de ces fermes d'élevage. Il était fier de pointer la technologie dernier cri dont elle était dotée et "le respect des normes européennes": élevage à plus d'un kilomètre de tout village, accès par filtre sanitaire… Chaque bâtiment équipé coûtant 1,7 million d'euros. Récupérer de manière détournée les fonds européens Comme d'autres sociétés d'élevage, la multinationale américaine s'est débrouillée pour ne pas financer seule cet investissement, sauf les premières fermes pour montrer l'exemple. Une autre responsable roumaine de Smithfield, Olimpia Bejan, a démarché les exploitants autour de Timisoara pour les convaincre de s'associer au projet. C'est l'autre aspect de l'entrée de la Roumanie dans l'UE qui intéressait Smithfield: n'étant pas éligible aux aides européennes à venir, l'entreprise a passé un contrat avec plus de 200 agriculteurs pour qu'ils construisent les fermes sur leurs terres. Au titre des aides agricoles. Très vite un bâtiment d'élevage de 2 millions d'euros a pu être ainsi cofinancé. "Chaque subvention doit financer la moitié du coût d'une ferme" estimait Olimpia Bejan, qui, en 2006, a signé dix contrat. "Et ils pourront utiliser le lisier des porcs comme engrais naturel" ajoutait Mircea Cotosman. Compte tenu de ses besoins en alimentation animale, Smithfield avance aussi qu'il offrait un nouveau débouché aux céréaliers de la région. D'où le choix du vaste bassin de Timisoara. "Nous aiderons les collectivités locales à monter des dossiers européens pour toucher des fonds structurels, que nous abonderons pour financer des infrastructures", commentait son représentant. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte le roman-phare de Petru Dumitriu, réédité solitaire refuse les mensonges des "lendemains qui chantent" Sébastien Ionesco se retrouve dans les chars et les horreurs de la campagne de Russie. D'où des pages d'une rare véhémence sur la réalité de cet embrasement, le chaos et la sauvagerie des combats, les viols, les exécutions de déserteurs. On assiste alors aux vagues déferlantes des soldats de l'Armée rouge, poussés par l'amour de la Sainte Russie, mais aussi par les slogans, la peur des tribunaux militaires, la haine. Miraculé de l'enfer du front de l'Est, le protagoniste vire de bord une fois la paix revenue. Transporté par l'effervescence révolutionnaire de l'après-guerre, il gravit d'abord les marches du pouvoir avant de se rebiffer et de refuser les mensonges des "lendemains qui chantent". D'où la chute dans les geôles du nouveau régime totalitai- re. Suivie d'une reconquête de soi à même la douleur et l'apprentissage d'une autre forme de résistance. C'est ce parcours que Petru Dumitriu retrace ici, l'itinéraire d'un solitaire dans la masse muette des opprimés. Tout cela dit dans une écriture à la fois puissante et haletante, empreinte de poésie et d'ironie. Jusqu'à la fulgurance qui bouleverse. Ainsi quand l'auteur, remarquable chroniqueur de guerre, montre que "dans la vie ce n'est pas comme au cinéma, les gens meurent souvent avec difficulté", avec cet air sérieux, "changé et étranger des morts que nul acteur ne pourra jamais copier". Alain Fauvarger (La Liberté - Suisse) Incognito, de Petru Dumitriu, édition du Seuil, 2007 En Roumanie ou en Occident, l'écrivain n'a jamais réussi à trouver le paradis sur terre N atif de Bazias (judet de Caras Severin) dans le Sud-Ouest de la Roumanie, Petru Dumitriu (1824-2002) a grandi dans un milieu francophone. Son père, capitaine, était Roumain, alors que sa mère de noblesse hongroise, était originaire de la région des Secui (Mures). Les parents conversaient en français dans la vie courante, ainsi que leur fils. Le garçon fréquenta le collège d'Orsova, puis le lycée de Târgu Jiu, avant de commencer des études de philosophie à l'université de Munich (19411944) grâce à une bourse Humboldt. Dès 1945, il obtint le prix de la meilleure nouvelle de l'année, décerné par un cercle littéraire roumain, dans lequel évoluait Henriette-Yvonne Stalh qui sera très longtemps sa maîtresse, bien qu'elle ait vingt ans de plus que lui. Le jeune homme devint chroniqueur dans des revues et journaliste, écrivant dans Flacara (La Flamme) puis Viata romaneasca, dont il sera le rédacteur en chef à partir de 1953. Commence alors une période de sa vie qu'il regrettera amèrement. Inféodé au régime communiste, il se lance dans le genre romanesque publiant Pasarea furtuni (L'Oiseau de la tempête), puis Drum fara pulbere (La Route sans poussière), apologie du sinistre chantier du canal du Danube à la Mer Noire. Des années plus tard, l'écrivain pleurera en évoquant cette tâche sur son oeuvre, confessant "J'aurais mieux fait de me couper un bras". La consécration vient en 1957 quand Petru Dumitriu se lance dans Cronica de familie (Chronique de famille), fresque de 2000 pages de la société roumaine à travers les âges, dans laquelle les critiques retrouvent le souffle de Balzac. Le livre est traduit à l'étranger et en France par les éditions du Seuil. L'écrivain est devenu un chou-chou du régime, bénéficie de ses privilèges, joue au tennis avec les grands dirigeants de l'époque, Gheorghiu-Dej, Gheorghe Maurer. Mais le scepticisme le gagne, il supporte de moins en moins le totalitarisme et la censure. Alors, il passe à l'Ouest en 1960, s'établit en Allemagne, à Francfort, écrit beaucoup, au moins un livre par an, est publié par "Le Livre de poche" en France. Dumitriu partage son existence entre son domicile et celui de sa nouvelle maîtresse, une Française de Metz, fort spirituelle, et cette fois-ci vingt ans plus jeune que lui. Il ne s'habitue cependant pas à l'Occident, dont le matérialisme l'insupporte. Mais lorsque le communisme s'effondrera à l'Est, l'exilé se gardera de retourner en Roumanie obsédé par l'idée que la Securitate ou les nouveaux dirigeant ne l'empêchent de revenir en France. Petru Dumitriu mourra le 6 avril 2002, à 78 ans, alors qu'il s'était attelé à une oeuvre de longue haleine, Structurile raului (Les structure du mal), persuadé que l'Homme vivait dans un monde où le mal l'emportait. Exposition itinérante sur le Mémorial de Sighet L 'Association Fondation "Mémorial Sighet", a mis sur pied une exposition intitulée "Hommage aux victimes du communisme en Europe de l'Est de 1945 à 1989". Les documents présentés concernent la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, le cas particulier de la ville de Berlin ainsi que la Roumanie et son "Mémorial de Sighet" situé au nord du pays, au Maramures, à la frontière avec l'Ukraine. Cette exposition a été conçue de sorte à pouvoir être présentée de manière itinérante dans les villes ou villages de France qui seraient désireux de l'accueillir, soit pour la totalité de l'exposition, soit pour illustrer seulement le "Mémorial de Sighet". Les communes ou associations d'amitié franco-roumaine intéressées peuvent s'adresser à Anca Lemaire, AFMS, 1 Rue Boyer Barret, 75014 Paris, tel 01 45 42 72 19 et 06 64 13 14 62, e-mail: [email protected]. 39 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Livres BAIA MARE z ARAD z SIGHET z BISTRITA z CLUJ z z z z z SUCEAVA z ORADEA GALATI BRASOV z BRAILA BAZIAS z CRAIOVA z z IASI TARGU MURES SIBIU z TIMISOARA CHISINAU z BUCAREST z CONSTANTA z Radiographie du goulag roumain 38 Les Années de plomb* est la radiographie du totalitarisme et du goulag roumains. Un roman sur le thème de l'absurde et "la terreur de l'histoire" (Mircea Eliade). Toute la famille Trocan a été déportée dans le Baragan, au sud-est de la Roumanie. Son calvaire ne prendra pas fin avec cet exode et il se poursuivra dans les camps de travail forcé ainsi que dans les prisons: persécutions sociales, privations matérielles, filature et terreur. L'écrivain se limite au plus strict réalisme mais celui-ci avoisine le fantastique, car la réalité a dépassé toute fiction. Dans la vision de l'auteur, l'absurde peut être vaincu par l'espoir: "demain ne sera pas comme hier". Finalement, c'est celui-ci le message optimiste, tonifiant d'un livre sombre et terrifiant. Un roman historique dense, concentré, substantiel. Les Années de plomb de Lelia Trocan, Editions l'Harmattan, 5 rue de l'Ecole Polytechnique, 75 005 Paris Lelia Trocan est née en 1948 à Drobeta Turnu-Severin (Roumanie). Professeur universitaire, spécialiste de l'histoire de la littérature française, de la théorie et critique littéraires modernes, elle dirige des thèses de doctorat en co-tutelle (Bordeaux, Rennes). A également publié, entre autres: Du "Roman Modèle"... au Modèle du Roman Baroque (2001), La dialectique de l'être et du réel à travers la poésie française (2002). * Ne pas confondre avec "Les Années Rouges" ("Les Années de Fer", "Les Années de plomb”) parues en mars 2007, éditions "Les Nouvelles de Roumanie". "Incognito", Dans la foule muette des opprimés, un D e la foule anonyme des opprimés de la terre, Petru Dumitriu a extrait le destin de Sébastien Ionesco. Un tourbillon entre Danube, horreurs de guerre et révolution. Né en Roumanie en 1924, Petru Dumitriu (notre photo) a pris le chemin de l'exil en I960 pour fuir l'imposture de la révolution communiste, le spectre de la prison et des camps de rééducation. Mort à Metz il y a cinq ans, il a écrit une partie de son œuvre en français, dont cet Incognito, l'un de ses romans phares qui date de 1962 et qui nous revient aujourd'hui à titre posthume. Un texte volumineux qui saisit le lecteur par sa densité, l'ampleur de sa vision et le côté souvent envoûtant de son écriture. L'histoire se déroule sur plusieurs plans de narration. Dans une première partie on découvre la Roumanie de la démocratie populaire sous la férule du parti unique, à l'heure du spoutnik, des délations et des pires méthodes staliniennes. Le narrateur, qui travaille dans un ministère, raconte les événements qui ont précédé son départ en exil. Il se voit alors confier par son supérieur la mission d'enquêter sur un certain Sébastien Ionesco, un ancien officier, qui a eu des postes importants dans le nouveau régime avant de tomber en disgrâce. Ravalé au rang de gardemagasin, il suscite encore l'ire du pouvoir qui le suspecte de comploter. C'est avec une sorte de dégoût que le narrateur se met à la tâche, réalisant bientôt que les parents de l'infortuné, sa femme et sa fille ont déjà été arrêtés. Oscillant entre retours en arrière et récit dans le présent, le livre sera une tentative de recomposer l'itinéraire d'un homme, de sa jeunesse dans un milieu ouvert et cultivé à ses tribulations au pays des nouveaux Dracula du "socialisme réel". Le lecteur est emporté dans une espèce de torrent de personnages, de lumières et ténèbres de l'époque Encore un roman, direz-vous, sur le totalitarisme, le cynisme et la perfidie. Certes, mais avec Petru Dumitriu, le lecteur est emporté dans une espèce de torrent brassant les thèmes clés de l'histoire, de l'éros et de la philosophie. Les invariants mêmes de la condition humaine. L'écrivain saisit ses personnages, les met en mouvement en recréant les lumières et les ténèbres de l'époque comme pour mieux éviter le piège du commentaire et de la logorrhée. Dumitriu est un créateur d'atmosphère. On le perçoit d'emblée à sa manière de décrire la somptueuse maison délabrée dans laquelle vivent les parents de Sébastien avant leur arrestation. Ils sont terrés là, lui dans ses pantalons fripés, trop larges, elle avec ses yeux noirs et brûlants de Clytemnestre, tout son visage parcheminé de beauté fanée. A l'image des restes de splendeur de ce décor taillé en pièces pour servir d'appartements communautaires empestant la choucroute. Tout un symbole. Le choc est d'autant plus grand qu'on verra plus tard, au cours d'un long flashback, les Ionesco dans leur villégiature danubienne d'avant-guerre. Cette fois, c'est Sébastien lui-même qui est le narrateur pour restituer les charmes d'une adolescence frivole passée entre ses frères et sa sœur, la troublante Valentine. Echos d'un autre monde, d'une certaine douceur de vivre le long des rives de l'immense fleuve plat et étincelant. Premiers émois, pressentiment des délices et des gouffres de la sexualité. Agacement aussi envers un frère aîné brillant, provocateur, à la désinvolture ambiguë. Sortir de l'enfer Le destin de Sébastien bascule avec la Seconde Guerre mondiale. La Roumanie est entraînée par son dictateur Antonescu dans l'orbite de Hitler. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Smithfield veut élever quatre millions de porcs par an d'ici 2011 sur l'appétit retrouvé des Roumains pour la viande Mais, alors que Smithfield promettait à ses partenaires qu'ils "deviendront millionnaires", le projet laissait des observateurs extérieurs sceptiques, dans un pays qui a trop connu autrefois le gigantisme. L'échelle du projet risquait en outre de mettre sur le marché un porc à bas prix que ne pourraient pas concurrencer les éleveurs plus modestes. Coup d'arrêt Mais le rêve américain a pris un sérieux coup à Timisoara depuis que la peste porcine a fait des ravages dans les fermes de Smithfield, à l'été 2007. "Nos médecins n'ont pas eu accès à leurs fermes pour effectuer les contrôles de routine", regrettait alors Csaba Daroczi, directeur adjoint de l'Autorité sanitaire et vétérinaire de Timisoara, ajoutant: "Chaque fois qu'ils ont essayé, ils ont été repoussés par les vigiles. Smithfield nous a proposé de signer une convention qui obligeait notre institution à l'avertir trois jours avant chaque contrôle". Les autorités roumaines ont cependant découvert que sur les 33 fermes de Smithfield, 11 n'avaient pas d'autorisation sanitaires et vétérinaires et ont dû fermer leurs portes. Par ailleurs, le géant américain manquait de main-d'oeuvre à cause de sa politique de bas salaires. Quatre des neufs employés roumains de la ferme de Cenei étaient partis, leur salaire de 500 lei (160 euros) ne suffisant pas à assurer leur vie quotidienne. La technologie moderne claironnée a montré ses limites et les paysans du crû ont compris qu'ils ne deviendraient pas millionnaires: "Personne ne veut plus de nos porcs", s'insurgeait l'été dernier Lina Stoisin, ajoutant, dépitée, "Nous travaillons du matin au soir pour les élever, et nous ne savons plus quoi en faire". Smithfield, qui fait profil bas depuis cet épisode, n'en maintient pas moins ses objectifs. Pouvoir d'achat des managers dans le monde: la Roumanie bien classée L es managers roumains disposent d'un pouvoir d'achat qui est l'équivalent d'un salaire moyen annuel de 115.280 dollars, plus important qu'aux Etats-Unis, au Japon, au Canada, en Norvège et toute une série de pays du centre de l'Europe, selon une étude réalisée par la société de conseil en management Hay Group. L'étude de Hay Group montre que la Roumanie occupe la 22ème place dans le classement concernant le revenu moyen des managers dans 47 pays. L'étude a été réalisée en comparant dans différents pays les salaires des managers (chefs de départements) à différentes périodes, ainsi que les impôts payés et le coût de la vie quotidienne, afin de pouvoir définir le revenu disponible, représentant le pouvoir d'achat réel des managers. La France au 30ème rang Les managers roumains ont un revenu disponible qui dépasse celui des managers autrichiens, lesquels occupent la 23ème place, avec un revenu de 112 906 dollars, celui des managers des EtatsUnis qui eux, contrairement aux idées reçues, occupent la 24ème place avec un revenu de 104 905 dollars, et celui des managers japonais, à la 27ème place, et qui ont un revenu de 102 000 dollars. L'Espagne, l'Allemagne, l'Irlande sont les seuls pays de l'Ouest de l'Europe, membres de l'Union européenne, qui se situent dans les 20 premières places du classement: l'Espagne avec 128 197 dollars (12ème place), l'Allemagne avec 122 4297 dollars (19ème place), et l'Irlande avec 117 010 dollars (20ème place), alors que la Suisse occupe la 13ème place, avec environ 127 000 dollars. La Roumanie dépasse plusieurs états européens, tels que la Hollande, (25ème place), l'Italie (28ème place), la France (31ème place), la Belgique (38ème place), la Grande Bretagne (40ème place), le Danemark (41ème place), la Norvège, la Suède et la Finlande (44e et 46e rangs). En Europe centrale et de l'Est, la Russie enregistre le plus grand revenu disponible, avec 157 3489 dollars (4ème place dans le classement), suivie par l'Ukraine (7ème place), la Pologne (11ème position), la Lituanie (18ème place), alors que les managers de Lettonie occupent la 33ème place, suivis par les Tchèques. Les Hongrois se situent en 37ème position, alors que les Slovaques et les Estoniens occupent respectivement la 39ème et la 43ème place, avec des revenus moindres, de quelques 90 000 dollars par an. La première place dans le classement revient aux managers d'Arabie Saoudite, avec un pouvoir d'achat de 229 325 dollars, suivis par ceux des Emirats arabes unis, avec 223 939 dollars et ceux de Hong Kong, avec 203 947 dollars, alors que les dernières places reviennent aux Finlandais, un, des pays symboles de la redistribution des revenus, et aux Philippins, avec 74 038 et 71 839 dollars. Les pays émergents à la recherche de talents "Les sociétés opèrent dans une économie globale de plus en plus ouverte et concurrentielle, et les marchés émergents offrent aux managers des revenus disponibles plus grands que ceux offerts dans les pays développés. Ce qui fait que ces postes sont plus attractifs pour les talents de chaque domaine d'activité." a déclaré Iain Fitzpatrick, directeur de la division Reward information services de Hay Group North America. Le développement des marchés émergents crée une demande sans précédent pour les managers talentueux, ce qui provoque l'apparition d'un déficit sur ce segment, et a une répercussion sur les salaires des catégories en question, dit-on dans le rapport. [source: Banii Nostri, Roumanie.com] 15 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Social BAIA MARE BISTRITA z ORADEA z z IASI TARGU MURES z z ARAD z BACAU GALATI z SIBIU TIMISOARA z BRASOV z z CHISINAU z z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Les chiffres Population: 21 530 000 habitants Superficie: 238 391 km 2 PIB: 117 milliards d'euros Taux d'inflation annuel: + 6,8 % Salaire moyen net: 307 € Salaire minimum net: 137 € (employés), 274 € (cadres) Retraite mensuelle moyenne: 150 € (employés), 60 € (agriculteurs) Espérance de vie (hommes femmes): 68-75 ans Projets éoliens 16 Le groupe espagnol Iberdrola a annoncé le rachat de 50 projets de parcs éoliens dans la zone est de la Roumanie. Le coût de l'acquisition serait compris entre 200 et 300 M€. Les 50 projets ont une puissance totale de 1.600 MW (supérieure à celle des 2 réacteurs de la centrale nucléaire de Cernavoda). Le développeur des projets est la compagnie suisse Eolica Dobrogea AG, qui regroupe l'entreprise locale Rokura et la compagnie suisse NEK Umwelttechnik AG. La construction des premières fermes éoliennes démarrerait en 2008. Elles seraient opérationnelles en 2009. Par ailleurs, "Eviva Energy", filiale du groupe portugais Martifer envisage de réaliser cette année des turbines éoliennes d'une puissance totale de 50 MW, qui seraient mises en service au cours du dernier trimestre 2008. L'objectif de Martifer est de détenir en Roumanie, d'ici 2012, des fermes éoliennes d'une puissance totale s'élevant à 400 MW. L'investissement pourrait atteindre 600 M€. Société La Roumanie en noir et blanc Economie "florissante"… SUCEAVA z Les statistiques ne doivent pas Les NOUVeLLes de ROUMANIe L es dirigeants et politiciens, aussi bien roumains qu'européens, les ambassades, les économistes de Bruxelles, tout ce qui touche aux administrations et à la technocratie, mettent en avant les bonds réalisés par l'économie roumaine ces deux ou trois dernières années pour montrer que le pays est sur la bonne voie, en déduisant que sa population vit mieux. Pourtant, sur le terrain, la réalité est loin de correspondre à leur constat comme le souligne un article de Victor Lupu, paru dans "Nine o Clock", quotidien en langue anglaise de Bucarest, repris par le bulletin de "Partage plus", association de solidarité internationale, basée dans la Drôme. "Du point de vue des statistiques, l'économie roumaine est florissante. La croissance du PIB est élevée et, ce qui est le plus important, elle reste constante. Le processus de désinflation continue. Les taux de chômage sont relativement bas et baissent encore, l'ensemble de la productivité économique s'accroît. Les nouvelles normes du crédit bancaire ont maintenu et même stimulé l'appétit des Roumains pour la consommation; la croissance économique de ces dernières années est basée sur une consommation en augmentation. Avec l'entrée dans l'UE au premier janvier 2007, l'espoir des citoyens s'est aussi développé et les perspectives sont bien meilleures qu'il y a un an. Les prix sur le marché de la propriété ont augmenté exponentiellement durant ces dernières années. De nouveaux bâtiments apparaissent partout, du centre ville de Bucarest aux sommets des montagnes où des villas sont construites du jour au lendemain. Le secteur de la construction est le plus dynamique, si dynamique qu'il doit faire face à un sévère manque de main d œuvre. Le prix du terrain est aussi à la hausse, La Roumanie, terre de contrastes saisissants où le fossé se creuse toujours plus entre les couches sociales. bien qu'une agriculture très performante soit plutôt rare en Roumanie. Quand on se promène dans Bucarest ou dans les grandes villes roumaines, on peut voir les modèles de voitures les plus récents au monde: des voitures de sport aux décapotables en passant par les 4x4 toutes options. Ainsi, quelqu'un peut être tenté de croire que la Roumanie a dépassé le stade de la pauvreté et se dirige à pleine vitesse vers les standards européens. La croissance du PIB est de 6% par an et les salaires ont connu l'an passé la plus grande augmentation en Europe en termes de pourcentage. Des augmentations de salaire trompeuses Malheureusement, les choses ne sont pas aussi reluisantes qu'elles le paraissent! Dès que nous quittons le centre ville pour les quartiers pauvres puis, en allant dans un environnement rural ou dans les petites villes, nous découvrons la vraie Roumanie souffrante. Des endroits où le chômage est très élevé, où les salaires sont "symboliques" et où des vacances à la mer sont un souvenir du passé communiste. Des endroits où les gens peuvent à peine joindre les deux bouts. Ce sont des lieux que des millions de Roumains ont quittés pour trouver un travail à l'étranger. D'où le taux de chômage peu élevé dans les statistiques officielles. Mais quelles seraient les apparences si les "émigrés" revenaient? Et à quoi ressemblerait le déficit du compte courant (déjà gigantesque) sans les milliards d'euros envoyés chaque année de l'étranger en Roumanie. Le processus de désinflation dont nous nous targuons est quasi artificiel, généré par des afflux massifs de capitaux et par des spéculations impliquant la monnaie nationale dans le marché européen. 37 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Le premier des rallyes "Dakar Series" sévira en Roumanie et en Hongrie dès avril prochain Sports z BAIA MARE ORADEA ARAD z z z IASI z CLUJ BRASOV z z SIBIU TIMISOARA z SUCEAVA TARGU MURES z GALATI z z BRAILA PLOIESTI CRAIOVA z z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Tennis: la fâcherie de Nastase 36 Ilie Nastase a démissionné de la présidence de la Fédération roumaine de tennis (FRT) après des accusations de fraude dans l'organisation du premier tour de Coupe Davis contre la France. "Je démissionne parce que j'ai été injustement attaqué par les médias roumains", a déclaré l'ancien champion à la chaîne de télévision Realitatea, deux jours après l'élimination de la Roumanie par la France (50). "Je vais probablement quitter la Roumanie pour m'installer dans un autre pays puisque personne ne veut de moi ici", a-t-il ajouté. Le quotidien Evenimentul Zilei a cité des documents de la FRT montrant que la Fédération avait réclamé aux autorités locales 37.000 euros pour l'installation d'une surface de jeu pour le match, coûtant en réalité 25.000 euros. Nastase, ancien numéro un mondial, a démenti toute malversation. Sa démission intervient en outre juste après le dénouement en sa défaveur d'une bataille judiciaire de cinq ans. La justice vient d'interdire à Nastase de créer une académie de tennis portant son nom à Timisoara, où l'exchampion comptait utiliser un terrain que la mairie lui avait donné en 1999. F aut-il se réjouir de voir les pays de l'Est ravalés au niveau des tribus africaines? Le controversé Paris-Dakar, désormais compétition "non grata" dans les pays occidentaux, sévira en Roumanie et Hongrie dès la fin avril… Un mois et demi après l'annulation du rallye Dakar 2008, l'organisateur de la compétition a annoncé la création d'une première compétition satellite en Europe centrale, qui se déroulera, du 20 au 26 avril prochains, en Hongrie et en Roumanie. De Budapest au lac Balaton, en passant par les Carpates roumaines, cette épreuve tous terrains de 3 000 km permettra notamment aux concurrents du Dakar annulé de ne pas perdre leur investissement. "Pour l'économie des rallyes, il était urgent de leur offrir une vraie compétition pour sauver leur partenariat et leur réseau financier", a souligné Etienne Lavigne, le directeur de l'épreuve organisée par le groupe Amaury Sport Organisation. Ce dernier avait remboursé l'intégralité des frais d'inscription et de carburant aux 250 motos, Le rallye vu par Kroff, caricaturiste belge... 200 voitures et 100 camions qui En 1980, René Dumont écrivait : "Le rallye Paris-Dakar est indécent”. devaient participer au Dakar 2008. "Nous étions en contact depuis plusieurs années avec les Hongrois, qui sont candidats au départ du Dakar 2010, et nous avions prévu de lancer nos 'Dakar Series' en 2009. Les événements nous ont conduits à avancer d'un an ce projet de rallyes satellites qui, à terme, devraient être au nombre de trois par an, en plus du Dakar, lequel restera le rallye-raid de référence, mais pourrait se dérouler sur un autre continent comme l'Amérique du Sud", a expliqué Etienne Lavigne. Pour cette première édition roumano-hongroise des "Dakar Series", le budget s'élèvera à un million d'euros. Le rallye sera ouvert en priorité aux concurrents du Dakar 2008, qui ne paieront que les frais de dossier (300 euros). Les autres concurrents devront s'acquitter des frais d'inscription: 3 000 euros pour une moto, 5 000 euros pour une voiture, 7 000 euros pour un camion. Une deuxième épreuve des "Dakar Series" pourrait avoir lieu plus tard dans l'année au Portugal, d'où devait partir le Dakar 2008. Un champion du monde d'échecs junior C ristian Chirila, 16 ans, a remporté le championnat du monde d'échec junior qui s'est tenu fin novembre à Antalaya (Turquie), obtenant ainsi le grade de maître de la FIDE (Fédération Internationale des Echecs). Plusieurs fois champion de son pays dans sa catégorie, le garçon pratique cette discipline depuis l'âge de 6 ans, sous la conduite de son père, Radu Catalin Chirila, arbitre international et également maître de la FIDE. Le garçon avait été sacré vice-champion d'Europe, catégorie enfant, alors qu'il avait 8 ans. Cristian s'entraîne avec ses amis des clubs de Bucarest et de Timisoara, mais aussi sur l'ordinateur portable que lui a offert son père. Elève en seconde au collège Emil Racovita, le jeune homme, élégant et coquet, consacrait ses gains jusqu'ici à s'acheter des vêtements ; maintenant, il a décidé d'économiser pour s'offrir une Opel Astra dès qu'il aura l’âge de passer son permis. Le dernier titre junior mondial de la Roumanie remontait à dix ans, en 1997 quand Levente Vajda l'a emporté à Erevan. Les précédents champions mondiaux juniors ont été Florin Gheorghiu (1961), Corina Isabela Peptan (1988, 1990 et 1991), Elena Luminita RaduCosma (1990) et Carmen Voicu (1991). Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité faire oublier les réalités du terrain mais pauvreté toujours bien là Avec un salaire moyen au-dessous de 200 euros, les augmentations de salaires sont calculées par rapport à la devise européenne. Elles peuvent sembler encourageantes mais les gens n'en bénéficient pas beaucoup. Au contraire, la sécheresse a entraîné des augmentations significatives des prix du pain et des produits fermiers. Même le désir de consommer est généré en partie par les revenus des Roumains employés à l'étranger. Ils envoient de l'argent à leur famille restée au pays, investissent dans la terre, le bâtiment et les voitures, après leur retour. Peut-on croire les chiffres ? La pauvreté reste une caractéristique constante de la vie quotidienne en Roumanie en dépit des apparences induites par l'aisance du pays. Nous avons une société fortement polarisée entre quelques personnes très riches, des employés avec un revenu élevé (qui travaillent pour d'importantes compagnies dans des grandes villes, souvent étrangères, spécialement dans le secteur bancaire et celui des assurances) et une grande masse de gens avec des revenus bas, voire très bas. Il paraît qu'en 1989 quelques 9% de la population vivait en dessous du seuil de la pauvreté. Mais peut-on faire confiance aux statistiques d'avant 1989? Et où se situait à l'époque le seuil de la pauvreté? Le plus grand nombre de personnes pauvres a été signalé en 2000 quand près de 40% de la population vivait en dessous de ce seuil et 13,8% dans l'extrême pauvreté. Du moins, c'est ce que les statistiques affirment. Nous pouvons probablement Un revenu moyen difficile à saisir D ans Gândul (La pensée) Caterina Nicolae s'interroge sur le niveau des revenus en Roumanie en 2008. "En octobre 2007, le revenu moyen s'élevait à environ 450 euros, mais, en Roumanie, moins de 14 % des 4,7 millions de salariés perçoivent ce revenu. Certains sont plus chanceux et gagnent plus, par exemple dans la finance, l'administration publique ou l'armée. De nombreux employés touchent 270 euros, une somme bien inférieure au salaire moyen. Ils travaillent dans l'hôtellerie, la restauration, le textile ou l'agriculture. (...) Cependant, l'entrée dans l'UE a permis aux Roumains de se familiariser avec les prix et les prétentions salariales des pays de l'ouest. Et beaucoup de ceux qui ne sont pas encore partis du pays demandent un salaire correspondant à leurs compétences, ne serait-ce que pour payer le loyer ou faire les courses. On est alors en mesure de se poser la question suivante: où peut-on gagner de l'argent ? En Roumanie ou à l'étranger?" ajouter 10 -15% de la population qui ne correspondaient pas strictement au "critère de la pauvreté" mais qui ne se portaient guère mieux. En 2004, les statistiques concernant la pauvreté ont chuté à 25% et actuellement, le chiffre se situe quelque part en dessous de 20%. Mais toutes les considérations ci-dessus restent vraies. Et comme je l'ai dit, les voyages dans le pays sont révélateurs à cet égard. Si nous ajoutons à tout ceci les sérieux problèmes des secteurs de la santé, de l'éducation, de l'assistance sociale et de l'infrastructure, nous avons une image plus complète des déficits majeurs du pays en termes à la fois de fonds et de développement. "Nous travaillons dur et en vain" Quelle est l'utilité de travailler dur (selon les statistiques, les Roumains sont ceux qui travaillent le plus de tous les citoyens européens) après tout? Nous travaillons dur et en vain... puisque nous sommes encore, avec la Bulgarie, les traînards de l'Europe en termes de niveau de vie. Nous vivons une époque d'impulsion économique mais cela prendra du temps, peut-être des décennies jusqu'à ce que nous comblions l'énorme fossé avec les pays de l'Europe occidentale. Pour le moment, nous sommes en train de déterminer les principales erreurs économiques et politiques qui ont abouti à ce que "les années 90 soient une période pendant laquelle la moyenne des revenus effectifs a chuté de plus de 25 % par rapport à 1989". Victor Lupu L'improbable retour des émigrés roumains dans leur pays L e gouvernement roumain a annoncé à plusieurs reprises son intention de mettre en oeuvre des programmes spécifiques pour organiser le retour des émigrés roumains. Ces dernières années, environ trois millions de Roumains sont partis tenter leur chance à l'étranger. En 2007, ils ont envoyé dans leur pays d'origine environ sept milliards d'euros. Selon Ionut Popescu, "ces personnes ne sont pas parties sur ordre du gouvernement. Aussi ne faut-il pas compter sur leur retour s'il le demande. Le gouvernement ne réussira pas à faire passer le salaire moyen à 800 ou 1 000 euros, somme que gagne un Roumain à l'étranger. Ainsi, seules les personnes qui, d'une manière ou d'une autre, avaient prévu de rentrer en Roumanie vont effectivement revenir. Toutes les autres dont les enfants sont scolarisés à l'étranger, qui ont fondé des communautés roumaines ou se sont intégrées, ne reviendront pas, et ce malgré les incitations du gouvernement." Capital (Roumanie) 17 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Le Sénat interdit le mariage des couples homosexuels Evénements z BAIA MARE z SUCEAVA ORADEA z ARAD TARGU MURES z ZALAU z z z IASI BACAU CHISINAU z z BRASOV HUNEDOARA z z GALATI PITESTI z z z z z PLOIESTI TULCEA BUCAREST CONSTANTA z CRAIOVA Un paysan jure cent fois par jour 18 A l'écoute de ses voisins et du milieu rural dans lequel il vivait, Ionica Sava, un professeur de Cindesti, dans le judet de Vrancea, a entrepris une étude pour connaître l'étendue du vocabulaire employé par les paysans de sa région. Après plusieurs années d'inventaire, il en a déduit que leur usage du roumain était très limité, autour de 800 mots principaux, ce qui représente 1,5% de la langue roumaine. Son plus proche voisin n'en utilisait que 400… dont 80 % étaient des jurons. En dehors de ceux-ci, les expressions utilisées étaient très réduites, du genre "Hai sa facem vinul ("Allons faire le vin"), "Hai la prasit" ("Allons sarcler le maïs"), "Da mâncare la porci" ("Donne à manger aux cochons") et dans 40 % des cas accompagnés de jurons adressés indifféremment aux femmes, au pope, au cheval, aux poules, à la charrette… Les femmes et les jeunes aussi Ionica Sava, qui s'est rendu avec son magnétophone dans les bistrots, les champs, a provoquant des discussions sur des sujets culturels, enregistrant les bavardages, a établi qu'un paysan jurait en moyenne 100 fois par jour. Il en a conclu que le juron dominait la vie à la campagne et au contact de la terre, les mots les plus vulgaires étant utilisés par les ivrognes qui se disputent, les hommes qui battent leur femmes, ou les femmes qui cancanent entre elles, mais aussi par les jeunes. (Lire la suite page 20) L es sénateurs roumains ont formellement interdit, mercredi 13 février, les mariages homosexuels, en adoptant un amendement au code de la famille. Selon le nouveau texte, "la famille est fondée sur le mariage librement consenti entre un homme et une femme", et non plus "entre époux", comme cela figurait dans le code en vigueur depuis 1953. Les initiateurs de l'amendement, membres de quatre partis de la coalition au pouvoir comme de l'opposition, ont justifié cette modification par la nécessité de "défendre l'institution de la famille". "Pour le peuple roumain, pour la langue roumaine, le mariage a toujours été l'union entre un homme et une femme, a affirmé le sénateur social-démocrate Serban Nicolae, en assurant que cet amendement n'enfreint aucune norme européenne". Le sénateur de l'Union démocratique des Magyars (UDMR) Gyorgy Frunda a toutefois mis en garde contre l'"impact" de cet amendement, qui risque selon lui de valoir à la Roumanie des procès devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) de Strasbourg et estimé que cette question ne devrait pas être tranchée en l'absence d'un débat approfondi avec la société civile. Il a par ailleurs rappelé que "le Parlement avait eu besoin de dix ans pour dépénaliser les relations homosexuelles, et ce uniquement à la suite des pressions du Conseil de l'Europe", en 2001. Cet amendement, adopté par la commission juridique du Sénat la semaine dernière, avait aussitôt été critiqué par l'organisation Human Rights Watch, qui avait estimé qu'il représente une "menace à l'encontre des couples homosexuels et une insulte à l'adresse des progrès réalisés jusqu'ici par la Roumanie dans la lutte contre les discriminations". Il doit encore être débattu par la Chambre des députés. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Un Moldave chez les Roumains Insolite "Le pays où l'on taxe l'accouplement canin!" U n impôt pour les voitures neuves, un autre pour les eaux de pluie, etc. Un journaliste moldave, à la manière des Lettres persanes de Montesquieu, découvre avec stupéfaction la multiplication des taxes chez les voisins roumains. "La Roumanie est le pays des taxes les plus invraisemblables. Après la célèbre taxe auto (dite de "pollution", elle prévoit une taxe plus élevée pour les voitures neuves car elles vont polluer plus longtemps) instaurée par le Premier ministre Calin Tariceanu et la taxe sur la récupération des eaux de pluie, voilà que vient d'être inventée la taxe sur... l'accouplement des animaux ! Les sénateurs - ces élus populaires de la nomenklatura - ont aussitôt voté une loi dans ce sens, et, si elle passe l'étape de l'Assemblée, les resquilleurs risqueront une amende pouvant aller jusqu'à 10 000 lei (soit 2 860 euros). Et si votre chat ne demande pas la permission avant de s'unir à l'être aimé ? Et si, sortant se promener, votre toutou s'abandonne à la passion amoureuse dans le premier buisson venu sans que son propriétaire s'en aperçoive? Puisque les propriétaires d'animaux doivent s'acquitter d'une taxe pour que ces derniers puissent s'accoupler, je propose que nous donnions des papiers d'identité aux fruits de ces unions. Puisqu'ils paient l'impôt, que ces animaux soient pourvus d'un passeport et qu'ils puissent voter ! Je conseille aussi que cette nouvelle taxe soit testée à Brasov, la seule ville au monde où les animaux domestiques doivent s'acquitter des charges de copropriété au même titre que leurs maîtres. Le Collège des médecins a proposé l'autre jour que la traditionnelle cruche de vin que tout patient roumain remet à son médecin généraliste - le tarif de la consultation remboursée par la sécurité sociale étant quasi symbolique - soit transformée en taxe tout ce qu'il y a de plus légal. Légaliser le bakchich, en somme ! Un peu comme si les voleurs à la tire demandaient la légalisation du larcin, les voleurs de voitures la légalisation du crochetage des portières, les violeurs la légalisation du viol, les terroristes la légalisation de la ceinture d'explosifs, etc. J'ai appris qu'un homme mort depuis vingt-trois ans avait été convoqué pour effectuer un check-up gratuit - et il était loin d'être le seul d'entre les morts à avoir été sommé de se présenter chez le médecin, oh non ! Alors, à mon tour, je propose que l'on taxe désormais les morts qui, contre toute attente, ne se présentent pas chez le médecin quand l'Etat le leur demande". Mihail Vakulovski A savoir L'État roumain condamné 19 fois en un jour Dimanche 10 février, en une journée, l'État roumain a reçu 19 condamnations de la CEDO. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, 16 de ces condamnations concernent le dédommagement d'anciens propriétaires de biens immobiliers et de terrains nationalisés sous le communisme. Bucarest n'a que trois mois pour restituer les immeubles et terrains à ces anciens propriétaires ou les dédommager à hauteur d'environ 3 millions d'euros. En 2007, 10% des plaintes déposées à la CEDO l'ont été par des Roumains, ce qui place la Roumanie en 3ème position des pays les plus poursuivis par ses propres citoyens. Zalau: près d'une tonne d'explosifs retrouvée Environ une tonne de munitions, dont certaines non utilisées, a été retrouvée dans la cour d'une entreprise, dans la ville de Zalau. Leur propriétaire les aurait achetées, sans s'en rendre compte, dans un lot de 40 tonnes de fer A défaut du Paradis… s'assurer sur terre usagé il y a environ un an. Selon l'équipe de déminage envoyée sur les lieux, l'explosion des munitions aurait pu causer des dommages dans un rayon de 2 km à la ronde. Ces explosifs devaient être emmenés dans une enceinte militaire pour être désamorcés. L Autoroutes gardées contre le vol L'autoroute Bucarest-Pitesti est désormais surveillée par plus de 70 agents de sécurité depuis le 12 février. La Compagnie Nationale des Autoroutes et Routes Nationales de Roumanie (CNADNR) a signé un contrat avec une société de surveillance privée. La CNADNR souhaite ainsi mettre fin aux nombreux vols… de glissières de sécurité et de bornes de kilométrage. Les agents de sécurité seront pour cela accompagnés d'une trentaine de chiens. Leur mission consistera également à informer sur d'éventuels accidents routiers et les conditions météorologiques. L'autoroute Bucarest-Constanta va elle aussi accueillir une équipe de surveillance dans les semaines à venir. Valise à bakchichs pour le bricolo-corrupteur présentée par des journaux farceurs de Bucarest, après la démission du ministre de l’Agriculture, surpris en train de recevoir une enveloppe, de la tsuica... et des saucisses, pour favoriser l’attribution d’un marché. L es fidèles de l'Eglise de Urlati ont sursauté lors du sermon du prêtre de la paroisse en l'entendant les inciter à prendre une assurance et à souscrire à un fonds de retraite privé auprès d'AIG, un des plus grands fonds d'investissement mondiaux. Ioan Arion se défend toutefois d'avoir voulu lui faire de la publicité, mais "assure" au contraire qu'il a voulu mettre en garde ses ouailles pour qu'elles n'aillent pas souscrire une assurance ailleurs où elles risqueraient d'être escroquées, comme cela est arrivé dans le passé avec les fonds FNI, ruinant des dizaines de milliers de Roumains qui y avaient mis toutes leurs économies. Interrogé par les journalistes, Ion Arion a indiqué qu'il avait été contacté par différentes assurances mais qu'il a voulu recommander la meilleure à ses compatriotes, "la souscription de retraites privées étant désormais imposée par l'Union Européenne"… ce qui est faux. S'il ne garantit pas le paradis à tous ses paroissiens, au moins le pope espère-t-il bien les assurer pour leur vie terrestre… d'autant mieux que sa femme est la représentante locale d'AIG ! Dans les "fouilles"… es contrôles des passagers à l'aéroport international de Bucarest, Otopeni, sont parfois déroutants. Un de nos lecteurs en témoigne: "J'y prenais un vol pour me rendre à Tbilissi, en Georgie, via Munich. Au contrôle anti-terroriste on m'a demandé de mettre ma veste, ma ceinture, les objets métalliques, clés, etc. et même mon crayon Bic dans le panier pour le contrôle habituel. Ensuite j'ai dû subir le contrôle avec un appareil de détection manuel. Après avoir repris toutes mes affaires, et alors que je me dirigeais vers la porte d'embarquement, je me suis rendu compte, à mon grand étonnement, que j'avais un couteau suisse dans la poche de ma veste dont j'avais totalement oublié l'existence!" 35 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Météorologie z ORADEA z SATUMARE z z TARGU MURES BELIS z TIMISOARA IASI z z z z BISTRITA z ARAD ROMAN GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Le plus haut parc d'éoliennes d'Europe va ouvrir près de Cluj 34 La Roumanie n'a pas échappé au réchauffement climatique du XXème siècle z SUCEAVA CLUJ Marisel, près de Cluj, située à 1250 mètres d'altitude, devrait être dotée en 2010 du plus haut parc d'éoliennes du Vieux continent, détrônant ainsi une commune française, située à 1000 mètres. La société de Cluj, Ramina Eol, a signé un contrat d'association avec la localité pour 49 ans, portant sur une superficie de 100 ha, pouvant être portée à 460 ha et qui sera équipée de 18 éoliennes de 100 mètres de haut, d'une puissance totale de 45 MW/heure. "Ici, le vent souffle deux fois par an, six mois de nord, six mois du sud" a plaisanté le maire en signant l'accord qui assurera 200 000 € de rentrée budgétaires à la mairie sous forme de diverses taxes. En outre, Cluj Ramina Eol s'est engagé à moderniser la route d'accès au parc d'éoliennes, l'école, la maternelle, le dispensaire et le cabinet dentaire. La firme construira également un centre culturel et un musée de l'éolienne. D'autres communes proches des Apuseni - Belis, Rasca, Margau souhaitent profiter de leur situation ventée pour se doter de parcs équivalents. Le président du Conseil du judet, Marius Nicoara a même pronostiqué, qu'à terme, un quart de l'énergie de la ville de Cluj serait ainsi produite. La première éolienne de Roumanie a vu le jour voici seulement deux ans, à Pasul Tihuta. Depuis le parc s'est agrandi, principalement en Transylvanie. L'un ouvert par des hommes d'affaires de Cluj a été installé à Tureni, un autre de 12 turbines fonctionne près de Baia Mare. Et la Dobroudja suit. Fréquence accrue des températures supérieures à 40° T out d'abord, il faut se souvenir que, aussi loin que les spécialistes puissent remonter (plusieurs milliers d'années), notre planète Terre a toujours connu des variations climatiques; il y eut des périodes encore plus chaudes qu'actuellement: si au XIè siècle, les Vikings ont emmené vaches et moutons sur le Groënland, c'est qu'il n'y avait pas de glace: ils n'étaient pas fous ! Au XVIIIè siècle, toute l'Europe a connu une longue période de canicule et de sécheresse, avec pour conséquences le déperrissement des céréales, la pénurie de farine et donc de pain. Dans l'avant dernier numéro, j'écrivais: "En Roumanie, de 1760 à 1785, règnent la chaleur et la sécheresse qui détruit toutes les récoltes". Une étude réalisée par les spécialistes en climatologie de l'Administration Nationale de Météorologie - roumaine, évidemment - à partir des relevés de 14 stations météorologiques du pays durant la période 1901-2000, met en évidence un accroissement de la température moyenne de +0,3° C en un siècle. Les zones foncées indiquent les régions où le réchauffement est le plus sensible, celui ci ayant Cette hausse est plus forte encovarié d’un demi-degré à l’intérieur même du pays. re dans l'est du pays : +0,8° C pour les stations de Bucarest-Filaret, Constanta et Roman. Par contre, il n'a pas été enregistré de hausse significative dans la zone intercarpatique à l'exception de Baia-Mare (+0,7°C), augmentation due essentiellement à l'activité industrielle (lire ci-dessous). 2007, cinquième année la plus chaude depuis 1850 Pour résumer, nous constatons au cours du XXe siècle, une fréquence accrue de températures supérieures à 40° C, une augmentation sensible des températures minimales en été, diminution des précipitations dans le sud du pays, mais en augmentation dans le nord-ouest et nord-est et une diminution de la couche de neige. L'année 2007 aura été la 5ème année la plus chaude depuis 1850. Les 2 premiers mois de l'hiver 2007/2008, sont dans cette ligne : sur la carte cijointe, les zones foncées délimitent des températures supérieures à la normale (en météo, la "norme" est celle des 3 dernières décennies, soit 1971/2000). Certes, fin décembre 2007, le pays a connu d'importantes chutes de neige, mais dans le sud exclusivement, comme dans tout le sud de l'Europe : la Bulgarie, l'Espagne et l'Italie ont également été touchées. La situation a été aggravée sur les grandes villes du sud (Bucarest, Craiova, entre autres) par l'activité humaine. C'est un phénomène bien connu que j'ai étudié à partir d'une situation similaire sur Pierre-Bénite (Lyon) le 21 décembre dernier (cf. "au fil du temps" - janvier 2008 - disponible chez l'auteur): l'air saturé en humidité artificiellement retombe sous forme de cristaux de glace. Lorsque les mêmes conditions météo se reproduisent, on constate ce phénomène essentiellement dans les zones industrielles denses qui entourent les grandes villes, la plupart du temps sur une surface réduite. Il neige donc effectivement, de la vraie neige, la nature ne faisant que compléter l'activité humaine, comme les canons à neige sur les pistes de ski. René Serrière - météorologue www.meteo-pierre-benite.com Les NOUVeLLes de ROUMANIe Faits divers Société Les mésaventures d'un prosélyte suisse du nazisme, aidé par son compère franco-roumain Interdite, l'association négationniste "Vérité et justice" renaît en Roumanie S ous la plume de Patrick Vallélian, le quotidien suisse "La Tribune de Genève" livre le récit des mésaventures survenues en Roumanie à un citoyen suisse négationniste aidé par son compère franco-roumain pour y créer une association niant les crimes nazis, en misant sur l'écho qu'y rencontre encore le maréchal Antonescu. "Dissoute en Suisse en 2002 par la justice fribourgeoise, l'association négationniste Vérité et Justice (V&J) a repris du service en Roumanie, avec à sa tête le Valaisan René-Louis Berclaz (notre photo), qui a habité plusieurs années à ChâtelSaint-Denis, et Georges Piscosi Danesco, un Franco Roumain établi dans l'ouest de la Roumanie. C'est d'ailleurs au domicile de Danesco, pointure du mouvement néonazi européen et propriétaire de la "Maison verte", un centre culturel local, que les deux hommes ont établi le siège de leur association qui a pour but de propager des idées niant le génocide juif durant la Seconde Guerre mondiale. Contacté sur place par courrier électronique, René-Louis Berclaz ne cache pas qu'il continue son travail de révision de l'histoire de la Shoah, même si ce dernier lui a valu d'être condamné à plusieurs reprises par la justice helvétique pour discrimination raciale. Il a même purgé une peine de prison ferme de dix mois en Suisse en 2005. Croix gammée sur le mur Mais voilà, au pied des Alpes comme des Carpates, la "vie des révisionnistes" n'est pas un fleuve tranquille. Le Valaisan s'est de nouveau frotté à la justice de son pays de résidence. En septembre 2006, il a été arrêté en compagnie d'un fugitif français, remis aux autorités hexagonales depuis. Ce dernier était recherché pour tentative d'homicide. Pas de chance pour René-Louis Berclaz qui se trouvait en Roumanie depuis un mois, "pour y passer quelques jours de vacances", explique-t-il dans son courrier électronique. Les limiers roumains s'intéressent alors à ses activités sur place. Ils fouillent la "Maison verte". Première surprise: ils tombent nez à nez avec une croix gammée très visible sur un des murs de l'imposante bâtisse. Deuxième surprise: ils trouvent du matériel négationniste, notamment des livres et des CD. "Je détiens quelques CD révisionnistes en langue française pour mon usage personnel exclusivement", se défend le cofondateur de V&J Roumanie. Troisième surprise: les enquêteurs trouvent un pistolet, un fusil de chasse et des cartouches. Du coup, René-Louis Berclaz passe du statut de prévenu à celui de prisonnier, le temps de l'enquête. Soit trois mois, indique un témoin de son audition sur un site négationniste. "J'ai vu R.-L. Berclaz menotté avec un jeune Tsigane à l'aspect révoltant", écrit une femme, soutien du négationniste suisse, ajoutant "R.-L. Berclaz m'a paru fatigué et accablé". "L'ambassade suisse me soutient comme la corde soutient le pendu" Depuis, le Suisse est sorti de prison, mais il ne peut pas sortir du territoire roumain. Vivant dans un lieu qu'il nous a demandé de garder secret pour des raisons de sécurité - "Ici, pour l000 euros, un Tsigane vous plante un couteau dans le ventre, en plein jour et en pleine rue, ni vu ni connu", dit-il - il attend son procès "aussi bien que possible pour quelqu'un qui est obligé de vivre au jour le jour depuis plus de dix mois dans un pays étranger". Estimant que l'ambassade suisse à Bucarest le soutient "comme la corde soutient le pendu", René-Louis Berclaz ne comprend pas pourquoi il vit une telle situation. "La justice roumaine me reproche avant tout de détenir un fusil de sport, un modèle en vente libre en Suisse, et de me livrer à de la propagande raciste et xénophobe", poursuit-il. Un peu naïf comme argument, non ? "Je croyais détenir ce fusil en toute légalité, sur la foi de renseignements que m'avait communiqués un ami roumain", se justifie le Valaisan en refusant d'expliquer pourquoi il avait "importé" cette arme, ce qui est assimilé à de la contrebande d'armes en Roumanie. Et pour les CD et les livres? "Il faut savoir que la Roumanie n'est pas un Etat de droit, comme vient de le constater la Commission européenne, qu'il est très difficile d'y obtenir un renseignement juridique fiable et que la loi y est appliquée à la tête du client, autrement dit en fonction de l'épaisseur de son portefeuille ou d'autres considérations liées à la régression de la liberté d'expression en Europe et à la corruption", écrit-il encore. En revanche, René-Louis Berclaz s'inquiète pour son avenir. Il ne sait pas ce qu'il risque s'il est condamné, ni quand aura lieu son procès, "l'enquête n'étant toujours pas terminée". Cela fait maintenant plusieurs mois qu'il n'a plus été interrogé, constate-t-il en ajoutant que son avocate "n'y comprend pas grand-chose. Car elle ignore tout des dessous des procès qui visent les révisionnistes"! Patrick Vallélian 19 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Faits divers z SATU MARE SUCEAVA z z z IASI z TARGU MURES NADLAC BACAU z z z VASLUI ARAD z z TIMISOARA HUNEDOARA PITESTI z CRAIOVA BRAILA z BRASOV z z z TULCEA z TARGOVISTE BUCAREST z CONSTANTA (Suite de la page 18) La pauvreté en cause 20 Pays de transit, devenu pays de consommation z ORADEA Le professeur met cette indigence du langage sur le compte de la pauvreté, la dureté de la vie et des conditions de travail, l'ignorance due à l'isolement à la campagne. "La plupart des paysans ont quitté l'école primaire après trois classes seulement, déchiffrant au lieu de lire. Pour le calcul et la grammaire, c'est un véritable désastre. Seulement 3 % savent faire une division, beaucoup n'ont jamais lu un livre et ont oublié la langue roumaine. La plupart se contentent de regarder les émissions les plus bêtes de la télé" a-t-il confié, rajoutant "Le langage est l'instrument de la pensée. Comment voulez-vous qu'avec si peu de mots à sa disposition, on puisse évoluer?". Toutefois, Ionica Sava reconnaît qu'au cours de ses recherches il a aussi rencontré des paysans extrêmement intelligents, dotés d'une acuité intellectuelle étonnante et pleins de bon sens, qui l'ont fortement impressionné. Les "gros mots" à l'Académie roumaine Les gros mots vont faire leur entrée prochaine à l'Académie roumaine… plus exactement dans le dictionnaire de la langue roumaine auxquels les académiciens mettent la dernière main. L'ouvrage, comprenant 34 volumes, préparé depuis des années par trois collectifs de philologues de Iasi, Cluj et Bucarest, sera mis en circulation au cours de l'année. "Pour les linguistes, un mot obscène est un mot ordinaire" ont-ils plaidé ajoutant que "la langue roumaine avait besoin d'un bon coup d'époussetage, le dernier dictionnaire remontant au début du XXème siècle". Bucarest s'attaque au trafic de drogue avec l'aide de ses alliés européens V endredi 25 janvier, la police roumaine a saisi 84 kg d'héroïne en provenance de la Turquie. Dissimulés dans 160 paquets recouverts d'une chape de plomb pour déjouer le détecteur, les stupéfiants ont été découverts dans un poids lourd qui s'apprêtait à franchir la frontière roumano-hongroise à Nadlac, ville située à l'ouest de la Roumanie. La veille, Adrianus Bierhuizen, citoyen néerlandais résidant à Galati, au sud-est de la Roumanie, avait été déféré devant la justice roumaine pour avoir organisé le transport d'une tonne de cannabis. La drogue provenait d'Afrique du Sud, à destination des Pays-Bas via le port de Constanta. Pour l'Agence nationale antidrogues (ANA) de Roumanie, ce genre d'opérations relève de la routine. Selon son bilan annuel, rendu public le 22 janvier, plus de deux tonnes de drogue ont été saisies en 2007 dans le pays, soit une augmentation de 82 % par rapport à 2006. "La Roumanie se trouve sur la route des Balkans, entre l'Afghanistan et l'Europe de l'Ouest", explique Pavel Abraham, son directeur. "Depuis plusieurs années, non seulement nous sommes un pays de transit mais aussi un pays de consommation. Environ 350 000 Roumains ont consommé au moins une fois du cannabis, mais ce qui nous pose vraiment problème, c'est l'héroïne. Rien qu'à Bucarest, nous avons 24 000 consommateurs d'héroïne". Des réseaux de trafiquants sophistiqués Les opérations policières se sont multipliées depuis la création de l'Agence nationale anti-drogues en 2003, qui emploie 350 personnes dont deux tiers de femmes âgées, en moyenne, de 28 ans. Le défi de cette jeune agence est de mettre un frein au trafic de drogues qui s'intensifie en Roumanie. L'adhésion à l'Union Européenne en 2007 et la disparition progressive des frontières à l'intérieur de l'UE ne facilite pas sa tâche. Les trafiquants de drogues se sont organisés en réseaux transfrontaliers armés et équipés d'une technologie de pointe en matière de communication. "Nous avons été formés par les spécialistes anti-drogues venant des Etats-Unis, avec l'appui de pays européens comme le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne", précise Pavel Abraham. "Nous faisons partie d'une force européenne de combat qui s'attaque à la drogue, nous n'agissons pas en solitaires". Depuis les négociations d'adhésion à l'UE en 2000, Bucarest accueille un centre de combat contre le crime transfrontalier (SECI) qui réunit douze pays d'Europe centrale et orientale et des Balkans: Slovénie, Hongrie, Roumanie, Moldavie, Turquie, Grèce, Croatie, Bulgarie, Serbie, Albanie, Bosnie-Herzégovine et Macédoine. Chaque pays membre est représenté par un officier de liaison dont la mission consiste à assurer la circulation des renseignements au sein de l'organisation. Dresser une carte complète du crime en Europe "Nous ne pouvons pas agir seuls chacun dans notre coin", affirme le Slovène Mitja Mocnik, directeur du SECI. "Ce qui nous manque, c'est une carte complète du crime dans l'ensemble de l'Europe. C'est pourquoi nous sommes là". Le FBI, la CIA et les polices européennes assurent la formation des officiers du SECI. Les Etats-Unis, Interpol et l'Organisation mondiale des douanes y ont envoyé des représentants permanents. "Avant le SECI, la communication des renseignements entre les polices de deux pays pouvait durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines ou mois", explique Gabriel Sotirescu, son directeur adjoint. "Grâce à ce centre, la communication est instantanée. Le changement est radical, et le résultat aussi". Mirel Bran (Le Monde) Les NOUVeLLes de ROUMANIe Religion Société Le projet pharaonique de cathédrale de l'Église orthodoxe à Bucarest provoque toujours la polémique Un nouveau Vatican financé pour moitié par l'État C 'est un projet pharaonique, digne de la mégalomanie de Nicolae Ceausescu. Une cathédrale (en photo, sa maquette) susceptible d'accueillir 6000 fidèles, complétée par une bibliothèque, un hôtel pour les pèlerins et la résidence du chef de l'Église orthodoxe roumaine. Budget présumé: environ un milliard d'euros. Lancé à la fin des années 1990, ce "nouveau Vatican" a soulevé une polémique qui n'a cessé de s'amplifier. Non parce qu'il transgresse les règles intimistes de l'architecture orthodoxe, mais parce qu'il devrait être financé en grande partie par l'État roumain qui a déjà offert le terrain: onze hectares au cœur de Bucarest, juste derrière le palais cyclopéen de Ceausescu, devenu aujourd'hui le siège du Parlement. Soutenu par une partie de l'intelligentsia, Remus Cernea, le jeune président de l'Association pour la liberté de conscience, multiplie les démarches juridiques pour bloquer la réalisation de ce vaste complexe en dénonçant une "collusion inacceptable entre la classe politique et l'Église". Traité tantôt de "satanique" tantôt de "communiste", Cernea commente laconiquement qu'il doute "vivre dans un pays membre de l'Union Européenne". Relayée par l'activisme de l'Association des étudiants orthodoxes, elle dénonce les "déviances" en tous genres telle que la manifestation des homosexuels, un "péché mortel" selon l'Église. L'homosexualité a été dépénalisée en Roumanie récemment (en 2002). L'État, laïc selon la Constitution, ne se contente pas de fermer les yeux. C'est que, comme le remarque le politologue Gabriel Andreescu, "l'Église caracole en tête des sondages de popularité et représente un réservoir électoral considérable". En novembre dernier, alors que la campagne pour les européennes battait son plein, le président Basescu a cru bon de décorer en grande pompe le patriarche Daniel. Rival du président, le premier ministre a fait de la surenchère en lui offrant 9 millions d'euros pour la construction de sa cathédrale. Mieux: une loi votée l'an dernier par le Parlement engage le gouvernement à financer pour moitié le futur complexe. Une Eglise incapable de gérer son passé La croisade de Remus Cernea divise les élites. Pour Mihail Neamtu, un jeune théologien, l'ultranationalisme des dignitaires orthodoxes et leur prosélytisme ostentatoire s'inscrivent dans une longue tradition. "L'Église orthodoxe roumaine est un marqueur identitaire. Elle a toujours agi par philanthropie. Cette cathédrale n'est qu'une compensation pour les nombreuses églises détruites par Ceausescu". Persécutée, l'Église n'en a pas moins été l'alliée loyale du régime communiste, l'ex-patriarche Teoctist (décédé en août dernier) poussant le zèle jusqu'à envoyer un télégramme de félicitations à Nicolae Ceausescu lors du 14ème et dernier congrès du PC roumain, en novembre 1989. "Durant les Les complicités et surenchères de l'Etat laïc années 1930, bon nombre de prêtres sont entrés spontanément dans les rangs de la Garde de fer (mouvement fasciste)", rapLa future cathédrale "du salut de la nation" est le pelle Gabriel Andreescu, "et dernier avatar du retour en force d'une Église orthoil est avéré que la plupart doxe qui n'hésite pas à s'ingérer dans la vie publique des dignitaires orthodoxes, y en affichant des convictions nationalistes exacerbées. compris Teoctist, ont collaDix-neuf ans après la chute du communisme, les boré avec la Securitate. icônes ont pris massivement la place des portraits de Bizarrement, tous les dosl'ex-Conducator dans les écoles. Diverses pressions siers les concernant ont disparu". administratives y ont rendu l'éducation religieuse L'Église, reconnaît l'hisimplicitement obligatoire. torien Eugen Ciurtin, "se À en croire Cernea, "l'année scolaire débute montre incapable de gérer désormais par une prière, y compris dans les son passé de manière facultés". En 2006, l'Église a obtenu le retrait de la convaincante". Non contenthéorie évolutionniste dans les manuels de biologie: L’allégeance du président Basescu, lors de l’intronisation du patriache Daniel. te d'"escamoter la vérité", désormais l'homme ne descend plus du singe, mais est une création de Dieu. Elle a également investi les campus unielle fait aujourd'hui le jeu de l'extrême droite qui relaie fidèleversitaires et les casernes en obtenant l'autorisation d'y ment son discours. Une osmose qui s'est révélée payante pour construire des chapelles. le populiste Gigi Becali, devenu, grâce à ce cocktail de natioLe succès de l'un de ses organes officiels, Radio Trinitas, nalisme et de religiosité, l'un des hommes politiques les plus l'a incité à lancer prochainement une chaîne de télévision. populaires du pays. Arielle Thédrel (Le Figaro) 33 Les NOUVeLLes de ROUMANIe z BAIA MARE z z ZALAU z z TARGU MURES z HATEG z z IASI ORADEA ARAD Religion SUCEAVA z z BACAU GALATI z TIMISOARA BRAN R. VÂLCEA CRAIOVA z z z z BUCSANI BUCAREST z TULCEA CONSTANTA z Nature Abeilles décimées 32 Société La sécheresse de l'année dernière, facilitant la prolifération des parasites, serait à l'origine de la destruction de 30 % des abeilles du judet de Zalau, le plus important producteur de miel du pays, qui compte 1100 apiculteurs et 41 500 ruches. L'absence de subventions ne permettant pas aux éleveurs d'acheter les médicaments nécessaires est également évoquée. Ce phénomène entraînant une carence de la pollinisation pourrait aussi avoir des conséquences sur les plantes et les arbres. Réserve de bisons Après Negra-Bucsani, VanatoriNemat et Hateg, la Roumanie va posséder une quatrième réserve de bisons, à Vama Buzaului, près de Brasov. Les autorités du judet ont décidé sa création, sur une superficie de 100 hectares, afin d'aider au développement du tourisme rural et de mener une action pédagogique auprès des scolaires. Une somme de 120 000 € lui a été affectée, destinée notamment à l'achat de dix bisons en Allemagne et Suisse et de quatre à la réserve de Bucsani, ainsi qu'à la construction d'un centre de séminaires. Les bisons ont disparu d'Europe occidentale au XIème siècle, mais beaucoup plus tard en Europe de l'Est, où le dernier exemplaire est mort en 1762 en Moldavie et en 1927 au Caucase. Ils ont fait leur réapparition en Roumanie en 1958, avec quelques spécimens importés de Pologne où ils avaient été réintroduits à l'état sauvage en 1951, comme dans les Pays Baltes, en Ukraine, Biélorussie et Russie. Rome veut relancer le dialogue avec les orthodoxes tout en maintenant le principe de primauté du pape Reconnaissant leur arrogance les prélats catholiques font pénitence A la suite du deuxième consistoire convoqué par le pape Benoît XVI , le vendredi 23 novembre, réunissant 142 cardinaux à Rome et consacré aux avancées et déceptions du dialogue œcuménique, le cardinal Walter Kasper, président du conseil pour l'unité des chrétiens, s'est réjoui du progrès du dialogue avec l'orthodoxie, manifesté par la signature, le 14 octobre à Ravenne (Italie), d'un document commun sur la "primauté" de l'évêque de Rome (le pape). "C'est un virage important", a-t-il commenté. "Pour la première fois, les orthodoxes ont reconnu un niveau universel de l'Eglise et admis qu'à ce niveau aussi, un Protos - primat - existe, qui ne peut qu'être l'évêque de Rome". De même a-t-il estimé que les relations difficiles avec le patriarcat de Moscou "se sont sensiblement aplanies", parlant de "dégel" et réexprimant son espoir d'une rencontre entre le patriarche de Moscou et Benoît XVI. Un certain scepticisme a toutefois accueilli ce bilan même mesuré. Le camp orthodoxe est traversé d'extrêmes tensions entre le patriarcat de Constantinople qui, pour des raisons historiques, entend incarner un leadership orthodoxe et mène le dialogue avec Rome, et le patriarcat de Moscou plus réservé, mais qui possède le plus de troupes (la puissante Eglise de Russie) et qui n'a pas signé le document de Ravenne. Code de bonne conduite Aussi, l'enthousiasme qui a suivi l'accord de Ravenne est-il excessif. L'Eglise d'Orient (orthodoxie) a toujours reconnu la "primauté" de l'évêque de Rome (le pape), mais elle continue de ne pas reconnaître "le statut, le sens et l'exercice que le catholicisme lui a conférés au deuxième millénaire de l'histoire chrétienne", comme l'explique le théologien J.F. Colosimo, ajoutant: "Du point de vue orthodoxe, c'est la rectitude de la foi qui légitime la primauté et non pas la primauté qui détermine la rectitude de la foi". Une pierre dans le jardin de l'église cathoLe patriarche Teoctist avait rendu visite à Jean-Paul II, avant de le recevoir à Bucarest, en terre orthodoxe. lique à laquelle les chrétiens d'Orient reprochent d'avoir pris trop de liberté avec le dogme. Pour le reste dans ce débat oecuménique de Rome, les cardinaux ont tenté de déterminer un code de bonne conduite. Soit une nouveauté pour des catholiques accusés d'arrogance comme dans ce document de juillet 2007 de la congrégation pour la doctrine de la foi répétant que l'Eglise catholique était "la seule véritable Eglise du Christ", qui avait irrité les Eglises protestantes en particulier. Désavouant ses collègues de l'ex-Saint-Office, le cardinal allemand Walter Kasper a jugé "souhaitable" de revoir "la forme, le langage et la présentation au public de telles déclarations". Ce souci a été pris en compte par les cardinaux qui ont souligné la nécessité “d'user de formes de communication attentives à ne pas blesser la sensibilité des autres chrétiens". Henri Tincq (Le Monde) Les NOUVeLLes de ROUMANIe Faits divers Société Malvoyant, il écoute, il tape… des conversations relatives à des meurtres, complots, trafics de drogue et de véhicules… Ion le Roumain, policier de sa majesté Albert II de Belgique I 1 travaille sur des affaires d'homicides et de grand banditisme, de prostitution, de trafic de stupéfiants et de terrorisme. Un casque sur les oreilles, un clavier d'ordinateur sous la main, il retranscrit jour après jour les écoutes téléphoniques de suspects qui pourront se révéler déterminantes dans la résolution d'enquêtes criminelles. Il est policier. Avec plusieurs de ses nouveaux collègues, il a prêté serment en juin 2007, devenant "auxiliaire du procureur du roi". Mais il ne porte pas d'armes. Ne peut procéder à des arrestations. Et ne doit pas s'exposer à des situations dangereuses où son handicap pourrait poser problème. Comme ses collègues, il est malvoyant; certains sont aveugles. Tous ont un atout dont la police espère tirer un bénéfice: une capacité d'écoute et de concentration exceptionnelle qui leur permet d'entendre ce que les voyants ne distinguent pas. "Question de survie!" sourit Ion Beleava, ce nouveau policier recruté par la police fédérale de Belgique. "Les aveugles ou malvoyants n'ont pas une meilleure ouïe de naissance, mais nos handicap nous ont forcés à la développer, à mémoriser et décoder le moindre son". Deviner la marque d'une voiture au ronronnement de son moteur C'est sur ce talent qu'investit la police. Cette extrême sensibilité aux bruits, voix, souffles, accents qui, dans une enquête, peut faire la différence. "La loi de 1994 a considérablement étendu le champ des écoutes téléphoniques que peut demander un juge", explique Paul Van Thielen, directeur général de la police fédérale à Bruxelles. "Organisations criminelles, trafic humain, d'hormones ou de stupéfiants, meurtres, homicides... Les non-voyants peuvent non seulement décharger les enquêteurs d'un travail de retranscription très chronophage, mais je suis convaincu que leur capacité à y noter des détails signifiants peut être capitale". Des exemples ? Détecter si l'un des interlocuteurs enregistrés parle d'un autobus, d'un train ou d'un tramway. Cerner l'environnement sonore de la conversation: rue, restaurant, aéroport. Deviner la marque d'une voiture au ronronnement de son moteur. Identifier des accents. Reconnaître une voix déjà entendue sur une écoute... "C'est sur des détails que tout peut se jouer!", affirme Paul Van Thielen. A l'origine de cette expérience pilote que le directeur de la police a l'intention d'étendre, une mission d'étude - effectuée à la demande du gouvernement belge à l'été 2003 - dans les Pays-Bas voisins, où le recrutement de policiers aveugles, deux ans plus tôt, avait eu du retentissement. M. Van Thielen en était revenu enthousiaste. Et averti. La police néerlandaise avait conseillé l'installation de tandems, expliquant qu'un binôme de policiers était plus efficace. "Au pays de Ceausescu on ne rêvait pas de devenir policier!" Le recrutement pouvait commencer. Six postes (à Bruxelles, Liège et Anvers) devaient être créés: trois francophones, trois néerlandophones. Des dizaines de candidats n'attendaient que ce moment. "Une chance!" se rappelle Ion Beleava. "Une assistante sociale des Amis des aveugles de Mons m'a signalé l'appel à candidatures diffusé sur Internet. C'était fin février 2007, et il ne me restait que quelques heures pour remplir mon dossier, j'ai foncé. Les défis forcent à se dépasser! Et j'aime l'idée d'une police rassurante, au service de la protection du public". Ce n'était pas un rêve d'enfant. "Au pays de Ceausescu, on ne rêvait pas de devenir policier!". Ion Beleava est arrivé en Belgique en 199l, à 28 ans, comme réfugié politique ayant fui la Roumanie avec sa femme, aveugle, et son petit garçon de 8 ans. Non-voyant de l'œil gauche et souffrant d^un champ visuel très rétréci à l'oeil droit en raison d'une hypoplasie rétinienne, il n'a jamais pu reprendre son métier de kinésithérapeute mais a vite appris le français, suivi des formations de secrétariat et de bureautique, exercé différents emplois tout en se familiarisant avec Internet. L'humour et l'efficacité du Roumain, devenu Belge, impressionnent Les tests conçus par la police ne l'ont pas impressionné. Pas plus que la formation qui a suivi l'annonce du résultat : organisation de la police belge, notions de déontologie et d'intégrité, droit et procédure pénale, fonctionnement des télécommunications... Restait à intégrer l'équipe des 260 personnes (dont 200 enquêteurs) de la police de l'arrondissement de Liège, avec un autre malvoyant de 37 ans, Stephan Biral, dont c'était le premier emploi. Le commissaire divisionnaire Jacques Chantry avait sensibilisé le personnel, et chacun a tout de suite intégré des règles de fonctionnement très simples: se présenter en entrant dans la pièce de travail, nommer les documents que l'on pose sur le bureau, ne pas considérer comme un tabou les questions sur la déficience visuelle... L'humour et l'efficacité du Roumain devenu Belge ont vaincu toutes les réticences. Il écoute, donc. Et tape. Des conversations relatives à des meurtres, complots, trafics de drogue et de véhicules... En lui remettant sur une clé USB l'enregistrement à écouter, l'enquêteur le briefe sur l'histoire, le contexte, les hypothèses. Et Ion retranscrit fidèlement, ajoutant parfois quelques détails sur une voix, un accent, un fond sonore, la proximité d'une autre personne... Il utilise un agrandisseur d'écran et une TV-Loupe. (Lire la suite page 22) 21 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Vie quotidienne Gisèle, la Nantaise expatriée, passera sa retraite en Roumanie SUCEAVA z z BAIA MARE ORADEA z ARAD z IASI CLUJ SIBIU TIMISOARA BACAU z z z z PITESTI CRAIOVA z BRASOV z SINAIA z z TARGU MURES z GALATI z z PLOIESTI BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z (Suite de la page 21) “On n’est pas au cinéma” 22 Où fait-il bon vivre ? D'autres de ses collègues utilisent une barrette en braille placée à la base du clavier. C'est le cas de Sacha Van Loo, à Anvers, dont la maîtrise de sept langues est un atout majeur dans les enquêtes liées au terrorisme. Passionnant? Ion rit. "On n'est pas au cinéma ! Beaucoup de conversations sont banales. Mais chaque affaire est une histoire, avec des gens qui ont souffert, rêvé, jalousé, convoité. Ce sont des tranches de vie. Un recueil de nouvelles...". Annick Cojean ("Le Monde") Démographie en baisse... mais mariages en hausse Un Roumain est mort toutes les deux minutes, un autre est né chaque trois minutes en 2007, selon l'Institut National de la Statistique, avec comme conséquence la poursuite du déclin démographique du pays, lequel comptait 21,530 millions d'habitants au 31 décembre dernier, bien que la mortalité générale et notamment infantile soit en baisse. Le taux de natalité est toujours en recul. Il pourrait se redresser avec la hausse sensible du nombre de mariages enregistrés l'an passé, 189 000 (+ 43 000, + 30 %), dans laquelle il faut sans-doute voir l'effet de la prime de 200 € accordée par le gouvernement, le pourcentage de divorces restant stable (33 000, soit environ un pour 6 mariages). U ne Française qui envisage de passer sa retraite en Roumanie où elle travaille depuis près de dix ans, un couple de Roumains qui a retrouvé Bucarest mais revient de plus en plus souvent en France après y avoir vécu pratiquement sans interruption depuis la "Révolution"… Ce sont les reportages que "Les Nouvelles de Roumanie" proposent dans les pages ci-contre et suivantes. Des destins croisés qui illustrent finalement la recherche d'un endroit où l'on se trouve bien. Finalement, chacun a choisi de vivre chez l'autre. Pour les Français, c'est y retrouver un peu d'authenticité que l'on a connue autrefois. Pour les Roumains, la notion de confort, de sécurité devant les aléas de la vie, qui n'est pas assurée dans leurs pays, l'emporte. "J'aime les gens d'ici" "J'aime les gens d'ici, leur sens de l'accueil, leur attachement à leur terre"… A l'heure prochaine de la retraite, Gisèle Nadalin s'apprête à poser son sac d'expatriée en Roumanie. La Nantaise a pourtant beaucoup voyagé. Ses études de droit achevées, devenue fonctionnaire du ministère des Finances, elle a accumulé Gisèle Nadalin. les missions à l'étranger dès l'âge de 30 ans. Après l'une qui l'avait conduite en Martinique, Bercy lui proposa, en 1999, de devenir conseillère auprès du ministère des Finances roumain sous l'égide de l'UE pour aider ce pays à préparer l'acquis communautaire dont il avait besoin afin d'entrer dans la Communauté Européenne. La Nantaise se passionna pour ce jumelage d'administration, se mettant à écrire avec ses collègues roumains des lois entrées en vigueur aujourd'hui. "C'était exaltant. Il n'était pas question de reprendre tel quel ce qui existait en France. Il fallait trouver des solutions qui soient un bon compromis pour les Roumains, imaginer, brûler des étapes pour gagner du temps, regarder ce que faisait d'autres pays comme les USA, l'Espagne, faire venir des responsables de Bruxelles, si besoin. Surtout, il n'était pas question de dire: c'est comme çà… L'important, c'était que l'idée fasse son chemin et que les Roumains se l'approprient quitte à la modifier". Le loup, l'agneau… et le paysan La fonctionnaire était loin du train-train de l'administration française, de son fonctionnement et de ses certitudes. Tout au long de ces années, elle occupa temps libre et congés à découvrir le pays. A sa manière, c'est-à-dire hors des sentiers battus. Elle passa des journées entières dans des villages isolés du Delta et dans leurs maisons en toit de chaume, ramassa du miel d'abeilles dans des forêts d'acacias avec un apiculteur, goûta la tsuica aux cerises que confectionnait un curé du nord des Apuseni et les délicieuses pâtisseries aux noix de sa bonne. Curieuse de la nature, Gisèle effectua une retraite dans la montagne de Bucovine, à Vatra Dornei, en profitant pour ramasser framboises, guignes, fraises des bois et faire des confitures. Ces promenades l'amenèrent à faire des rencontres imprévues. Ainsi croisa-t-elle un paysan avec un seau plein de cerises. Elle lui proposa de l'acheter mais la transaction ne se fit qu'à la condition qu'elle le récipient en fasse partie. Comprenant qu'elle était française, l'homme se mit soudain à réciter "Le loup et l'agneau", détachant les mots de français comme il l'avait appris voici si longtemps à l'école. (Lire la suite p. 24) Les NOUVeLLes de ROUMANIe Minorités Société L'UE encourage et aide les politiques nationales ciblées en faveur des Tsiganes L 'adoption dans l'urgence par l'Italie, fin octobre 2007, d'un décret pour faciliter l'expulsion des immigrés roumains, après le meurtre d'une Italienne par un Rom roumain, a provoqué de fortes tensions entre Bucarest et Rome. Le double amalgame Rom-criminalité et Rom-Roumains a donné lieu à une succession de déclarations peu amènes, dont celle du maire de centre-gauche de Rome, Walter Veltroni, dénonçant "un péril roumain". L'Italie est la première destination d'immigration des ressortissants de Roumanie, peuplée de 1,8 million de Roms. Une communauté de sept millions de personnes La question de leur intégration s'est, par ce fait divers, imposée à l'Italie et, par ricochet, à l'Union Européenne, que les premiers ministres italien et roumain ont appelée à l'aide. Les 7 millions de Roms d'Europe - sa plus importante minorité transnationale - vivent en majorité à la marge de la société. A Bucarest, Rome ou Madrid, des campements de Roms s'installent en périphérie des grandes villes dans des conditions insalubres et forment souvent des foyers de délinquance. Depuis que Roumains et Bulgares sont devenus membres de l'UE, leur rapatriement pour "situation de dénuement" est devenu fréquent en Europe de l'Ouest, Suisse comprise. En France, le nombre de ces "rapatriements humanitaires" est ainsi passé de 400 personnes en 2006 à 1 239 en 2007, dont 788 pour des Roumains et des Bulgares. Bruxelles a déjà investi 150 millions d'euros Mais les Roms ne sont pas mieux intégrés dans leurs pays d'origine. Aussi s'efforcent-ils de renforcer leur représentation au sein des instances internationales - à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), au Conseil de l'Europe, au Parlement. Des programmes visant la promotion de leur culture et l'intégration de leur communauté ont été mis en place dans les Etats où ils se trouvent. Un bureau européen d'information sur les Roms, ERIO, analyse des informations collectées par les Etats et les organisations non gouvernementales dans différents pays. Ses enquêtes ont permis de mieux cerner l'évolution de la population rom en Europe. La présence d'un nombre de Roms supérieur aux estimations en Turquie, en Ukraine ou en Russie a ainsi été révélée, même si l'absence de statistiques ethniques limite la fiabilité de ces études. Des programmes cadres ont été adoptés au niveau national, financés par l'Union européenne et la société civile (Open Society Institute, Banque mondiale, Fondation Soros, etc.). Leurs résultats sont tangibles mais inégaux. Avant l'intégration en son sein de la Roumanie et de la Bulgarie, l'UE a dépensé 150 millions d'euros dans un fonds social destiné spécifiquement aux Roms, mais on ne sait pas toujours à quoi cet argent est employé. Le bilan général reste médiocre. "Les allocations familiales, les allocations logement, les indemnités chômage ou invalidité représentent toujours la source de revenus la plus fréquente des familles roms en Roumanie", indique le rapport 2007 du Fonds d'éducation des Roms à Budapest. Des enfants normaux placés en écoles spéciales pour "déficients intellectuels" Les pays concernés ont pourtant consenti des efforts pour, à la demande de Bruxelles, lancer des politiques d'intégration des minorités. Ainsi, en 2002, deux ans après l'adoption de deux directives européennes, la Roumanie a décidé la prise en charge par le ministère de la santé de médiatrices sanitaires, elles-mêmes roms. Celles-ci sont chargées d'identifier et de prévenir les problèmes de santé de leur communauté. Le bilan de leur action est relativement positif. "Les enfants roms sont beaucoup mieux suivis médicalement et plus souvent vaccinés", témoigne Florina Busuioc, 39 ans, médiatrice à Bucarest. De l'avis général, le plus grand frein à l'intégration, outre les préjugés, reste le faible niveau d'éducation, lui-même facteur clé de l'accès au marché du travail. Le taux de chômage des Roms est parfois dix fois supérieur au taux national. En République Tchèque, il est de 70 % pour les Roms contre 7,9 % pour l'ensemble de la population. Leur taux de scolarisation chute dès le secondaire. Et, en Europe centrale, de nombreux enfants sont placés en "écoles spéciales pour déficients intellectuels" dès le primaire. La Cour européenne des droits de l'homme a jugé discriminatoire, à la mi-novembre, le placement forcé dans ces "écoles spéciales", et a condamné la République tchèque pour cette pratique, courante en Slovaquie, en Hongrie, en Bulgarie et en Roumanie. "C'est une grande victoire", s'est félicitée Vera Egenberger, directrice du Centre européen des droits des Roms à Budapest, car il crée une jurisprudence. "C'est le Rom qui détient les clés de son développement" Incitatrice, coordinatrice, arbitre, l'Europe a permis des avancées significatives, depuis 2005, dans le cadre de la Décennie d'intégration des Roms. Cette initiative a permis de développer des politiques nationales ciblées sur le logement, l'éducation, l'emploi et la santé dans neuf pays (Roumanie, Bulgarie, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Serbie, Croatie, Monténégro, Macédoine). "Des actions doivent être concertées au niveau européen", affirme Jean-Pierre Liégeois, fondateur de Centre de recherches tsiganes, à Paris, dans son dernier ouvrage, Roms en Europe (éd. du Conseil de l'Europe, 2007). Mais, insiste-til, "c'est le Rom qui détient les clés de son développement". Anne Rodier ("Le Monde") 31 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Minorités SUCEAVA z z ORADEA ARAD BAIA MARE La transhumance des Tsiganes de Berini z IASI z TARGU MURES BACAU z L z z z z SIBIU TIMISOARA z z BRASOV GALATI BRAILA SACOSU z CRAIOVA z PITESTI BUCAREST 3900 € pour retourner chez eux… et envoyer leurs proches les remplacer z z z TULCEA CONSTANTA z z a France a expulsé environ 500 tsiganes roumains, en une semaine, fin janvier, avec promesse de leur attribuer une somme de 3900 € contre leur engagement de ne pas revenir sur son territoire. "Romania Libera" a dépêché un journaliste dans la région de Timisoara pour rendre compte de leurs conditions de retour et de réinstallation dans leurs villages. "La moitié des 200 habitants du village tsigane de Berini, commune de Sacosu, ont émigré en France dans le seul espoir d'être rapatriés par les autorités françaises et de toucher la prime de 3900 € qu'elles ont promise de leur verser dans le mois suivant. Ils avaient effectué le voyage aller par le car, économisant sur l'aide sociale versée par leur mairie pour payer leur billet, d'un coût d'une centaine d'euros. Séjournant en France juste le temps d'être enregistrés sur place par l'administration, ils ont été renvoyés par avion, une première tranche de 300 € leur étant remise à l'aéroport de Timisoara. "Si on n'a pas le reste d'ici la fin du mois, on retournera en France" ont menacé plusieurs d'entre-eux. Analphabètes avec diplômes Le parc Cismigiu menacé à son tour 30 Commencée sous Ceausescu, la destruction du paysage urbain de Bucarest continue, cette fois-ci sous la pression des investisseurs, bakchichs et énormes intérêts financiers faisant bon ménage. Après l'église Armenesti, reléguée dans l'ombre d'une tour de 19 étages, puis la cathédrale Saint-Joseph, flanquée d'un immeuble de 75 mètres de haut, le parc Bordei, en passe d'être livré aux promoteurs, c'est au tour du parc Cismigiu d'être menacé. Ce petit bijou de verdure, qui permet au centre de la capitale de respirer, accueille promeneurs, retraités, familles, risque d'être entouré par d'immenses blocs de 27 étages, à chacun de ses quatre coins. Outre une atteinte irréparable au paysage et à l'architecture classique de l'endroit, ces constructions, destinées à accueillir des activités de bureau, draineraient une circulation automobile infernale dans des rues étroites, déjà encombrées. Le projet a été présenté début janvier à la Commission technique d'urbanisme de la ville, son président argumentant que "les tours prévues seraient très utiles aux promeneurs du parc afin qu'ils se repèrent et se dirigent". Les Tsiganes de Berini sont particulièrement pauvres. Beaucoup vivent dans des taudis, entassés à cinq ou six dans ce qui tient lieu de pièce, souvent sans lumière, parfois sans chauffage, mais se débrouillant toujours pour avoir la télévision, certains payant même un abonnement au câble - 6 € par mois-, le prix d'une journée de travail, qu'ils trouvent à l'occasion à droite ou à gauche. La plupart sont analphabètes… mais avec diplômes, datant de l'ère Ceausescu. "A l'époque, on leur attribuait des notes et leur délivrait des certificats témoignant qu'ils avaient fait leur huit classes du primaire, mais ils ne savent pas écrire leur nom" commente le maire de Sacosu, Gabi Koller. "Comme ils savent ni lire ni écrire, il est difficile de les embaucher" poursuit-il, "mais la vérité, c'est qu'ils ne veulent pas travailler. Ils attendent l'aide sociale, s'offrent pendant deux jours du salami, des tomates, du fromage et des bières, puis ensuite du pain avec du sel. Il y a même des jours où ils ne mangent rien". Des moutons à la place de la prime promise Miti Novacovici, lui, a mendié pendant quelques années en France. Aujourd'hui, il a sa maison dans le village et roule en Mercedes. A Paris, en août 2007, lorsque les autorités françaises ont fait leur proposition, il a sauté dans le premier car de rapatriement. "Ils ne nous ont pas donné 3900 € en liquide, mais nous ont acheté du bétail" indique-t-il. "J'ai reçu 65 moutons. Mon grand-père a dû se retourner dans sa tombe quant il m'a vu en berger. On n'a jamais fait çà dans la famille". Résultat: faute de soins appropriés, 45 moutons sont morts en quelques semaines. Quelques uns ont servi au clan à festoyer et le reste a été vendu. Au bout de six mois, il ne restait rien de sa prime au Tsigane rapatrié. "Les Français n'ont pas réfléchi qu'on ne s'improvise pas berger comme çà" s'irrite le maire de Sacosu, poursuivant : "Les moutons, il faut savoir s'en occuper. Il faut les nourrir. Ils ont besoin de pâturage. Ici, on n'en a pas suffisamment. La France a confié l'affaire à une fondation qui a fourni 1500 moutons à 25 Tsiganes. On voit le résultat". Miti Novacovici, lui, a vite compris tout le profit qu'il pouvait tirer de la manne française. Il a incité ses proches à aller le remplacer en France, juste le temps de se faire enregistrer et de demander leur expulsion pour bénéficier de la prime de 3900 €. Le business, qu'il a développé, s'assurant un pourcentage au passage, lui rapporterait 3600 €, selon l'estimation du maire. Les plus malins l'ont imité… et c'est ainsi que la moitié du village de Berini s'est retrouvée en France". Les NOUVeLLes de ROUMANIe Vie quotidienne Société Gheorghe et Mariana, les Bucarestois sont revenus à Nantes où ils ont vécu seize ans G heorghe, 41 ans à l'époque, et Mariana, 36 ans, ont quitté la Roumanie à l'été 1990, avec leur fils unique, Cristian. Après avoir vendu précipitamment leur appartement, le couple a acheté trois billets d'avions pour la première destination disponible, sans esprit de retour. Ce fut la France où ils débarquèrent avec 400 deutschemarks en poche (150 €). Ouvrier typographe puis souffleur de verre, le Bucarestois n'en pouvait plus de toutes les tracasseries dont il était victime, de ses convocations à la Securitate pour son "mauvais esprit" car il n'envoyait pas son fils fêter le 23 août - fête nationale communiste -, des séances d'accusations et d'autocritique au travail, quand un des ses collègues l'avait mouchardé pour une blague sur Ceausescu. Cela lui avait valu d'être kidnappé par les policiers, roué de coups et jeté de leur voiture dans un carrefour où il pouvait se faire écraser. Dans un carton sur le trottoir parisien Le vase avait débordé lors des "minériades" de juin 90. Participant à l'euphorie des étudiants, Gheorghe avait distribué des tracts, ce qui lui valut d'être à nouveau tabassé. Sans parler un mot de français, la famille se retrouva sur le trottoir parisien. Mariana et son garçon trouvèrent refuge dans un foyer de femmes battues. Gheorghe, qui pour la première fois était séparé des siens, s'installa dans un carton qui traînait dans une rue à proximité. Un clochard, qui se révéla d'une grande humanité, le réveilla et l'emmena, malgré sa peur, dans un bâtiment désaffecté. Ce cauchemar a duré trois semaines. Tous les matins, il retrouvait Mariana qui devait quitter le foyer et le réintégrer au plus tard à 20 heures. Des Roumains leur conseillèrent de se rendre à la Croix Rouge. Bien leur en prit, celle-ci leur paya une chambre d'hôtel pendant un trimestre, leur assura une assistance et un contrôle médical, puis, de fil en aiguille, en passant par France-Terre d'asile, la famille se retrouva à Nantes en février 91, dans un foyer et ensuite en appartement HLM. Le couple suivit des cours de français, Mariana obtint un stage de formation comme cuisinière et Cristian fut envoyé à l'école, une classe de rattrapage lui permettant de se familiariser avec la langue. Dur de se faire une place au soleil La famille obtint le statut de réfugié politique et pouvait envisager une nouvelle vie. Elle fut rude. Mariana trouva vite quelques heures de travail, complétée par des ménages, et son énergie à la tâche contribua à la faire embaucher à temps plein. Gheorghe tenta de relancer son activité de souffleur de verre, ouvrant son atelier. Il dût renoncer, faute de clients, et suivit un stage de réorientation professionnelle comme électricien. "Il m'a surtout appris à chercher du boulot" confie-t-il… ce qui lui servit puisqu'il fut embauché en 1999 aux chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire par une entreprise de sous-traitance. La construction navale était alors en plein boom: en cinq ans, le Roumain installa l'électricité des soutes aux ponts en passant par les cabines dans onze bateaux dont les quatre "Millénium", le "Queen Mary", et le "Sovereign of the seas", plus gros paquebots du monde à l'époque. Mais les journées étaient dures. Sitôt rentré de Saint-Nazaire, distant de 70 km, Gheorghe prenait la direction d'un village des bords de Loire pour retaper la maison qu'il avait acquise 300 000 F (45 000 €) grâce à un prêt de la banque. Il y travaillait jusqu'à une heure du matin, tout le week-end, embauchant des copains roumains, se contentant de sandwichs et de bières. Il ne rentrait chez lui que pour s'affaler dans le lit. A six heures, le réveil sonnait. Direction Saint-Nazaire. Deux ans à ce rythme… mais le Bucarestois la revendit au triple de son prix. Balançant entre "gratar" et huîtres Fort de cette expérience, Gheorghe recommença l'expérience en voyant plus grand, ce qui lui permit de mettre de côté 100 000 €. Suffisamment pour revenir au pays. La gentillesse naturelle de ses compatriotes, leur sens de l'accueil, les relations familiales à l'ancienne, les amis, les parties de pêche, les "gratar" (barbecue) manquaient au couple qui avait du mal à supporter d'être toujours considéré comme étranger en France, alors qu'il faisait tout pour s'intégrer. Après être venue "prendre la température" à Bucarest à l'été 2006, la famille, qui a obtenu la nationalité française en 2002, fit ses adieux à Nantes en janvier 2007, montant un salon de beauté dans un quartier de Bucarest dont s'est occupé Mariana, pendant que son mari et son fils se consacraient à la prospection immobilière. Mais la concurrence étant rude, les anciens Nantais ont dû renoncer. Ils ont aussi découvert l'envers du décor avec une irritation ou impatience de Français qu'ils n'avaient pas lorsqu'ils ont quitté leur pays. La pauvreté, le manque de courtoisie rencontré dans la vie courante, les bureaux, l'administration, l'absence de respect de la nature, avec des déchets abandonnés dans les plus jolis sites, les ont rappelé brutalement à la réalité. La "bonne vie" de France, avec ses beautés naturelles préservées, sa cuisine, ses fromages qu'on ne trouve pas ici, ses huîtres le dimanche accompagnées d'un petit coup de muscadet, la partie de pétanque, leur manquait. Alors Gheorghe et Mariana ont décidé de rentrer à Nantes, mais cette fois-ci en ayant deux ports d'attache: l'un proche de l'Atlantique, l'autre de la Mer Noire. "Après tout" conclut Gheorghe, "le cœur a bien deux oreillettes". 23 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Les blocs de Staline ont encore 70 ans de vie devant eux Vie quotidienne z ORADEA SUCEAVA SATU MARE z CLUJ z z z TARGU MURES ARAD VASLUI z z IASI z BRASOV z z SIBIU TIMISOARA z GALATI BRAILA T. SEVERIN z z z z z TULCEA BUCAREST CONSTANTA z CRAIOVA (suite de la page 22) Bruxelles apprend à vivre chez les nonnes 24 Emmenant un jour en visite dans les monastères de Bucovine une délégation de hauts fonctionnaires européens, elle mesura le fossé qui peut séparer les simples gens de ceux qui se chargent de les diriger. Flattées et impressionnées par cet honneur, les religieuses avaient préparé un merveilleux repas, décoré les tables, quand le chef de la délégation leur fit savoir qu'il avait retenu un restaurant pour le déjeuner. Les bonnes sœurs, après avoir mis tant d'amour dans leurs préparatifs, furent consternées et la plus âgée éclata en sanglots. Finalement, les "pontes" de Bruxelles montrèrent qu'ils n'étaient pas sans cœur et annulèrent leur réservation. Les pieds sous la table, ils n'eurent qu'à se faire servir les haricots frais et aubergines du jardin autour de plats de viandes moelleuses, le tout arrosé d'un petit vin rouge venu des vignes de Monseigneur l'archevêque. Un repas dans une atmosphère d'enchantement qu'ils ne sont pas prêts d'oublier… Ces "petits rien " de la Roumanie font beaucoup pour Gisèle qui n'a pas envie de les quitter. Même si, de temps en temps, elle fait un tour à Nantes, filant aussitôt retrouver l'Océan au port du Croisic ou courant s'acheter huîtres, langoustines, palourdes. "Je m'installe à table; maman m'a préparé un merlu au beurre blanc… C'est le rêve !". Côté mer, la Nantaise ne renoncera pas à l’Atlantique, mais côté terre, c'est décidé… Ce sera la Roumanie ! Pas de drame, ce ne sera pas "Pot de mer contre pot de terre". L es blocs en béton inventés par Staline en 1935 pour loger les paysans amenés à Moscou afin de construire sa capitale soviétique, dont le modèle a été exporté dans les pays satellites vingt ans plus tard, ont encore de beaux jours devant eux. La durée de vie de ces préfabriqués est estimée à près d'un siècle ce qui, pour les plus récents, bâtis en Roumanie dans les années 70-80, leur assure encore une longévité de 70 ans. L'ensemble des pays de l'Est sont confrontés au mêmes problèmes: doit-on les rénover, les entretenir, les détruire ? Exigus, sans finitions, très mal chauffés, ne comportant pas de commodités pour ceux de la première génération, appelés en URSS "Kommunalki", ils étaient rigoureusement identiques afin de lutter contre les tendances individualistes, considérées dangereuses pour l'édification du socialisme et de "l'Homme nouveau". Une famille ne tenait pas dans la cuisine et ne pouvait pas prendre son repas en commun. Elle devait s'entasser dans la même chambre, ne permettant aucune intimité, ce qui était sans importance, les "bons citoyens" n'ayant rien à cacher par principe. Ces blocs, hideux, avaient cependant l'avantage d'offrir l'électricité et l'eau courante à des moujiks qui n'avaient jamais connu çà. Par la suite, à l'époque de Khrouchtchev, tout en gardant leurs principales caractéristiques, ils se sont améliorés, leurs occupants leur donnant le nom affectueux de "Khrouchtchevchi", même s'ils étaient toujours très étroits et permettant toujours aussi peu d'intimité, car au moins ils apportaient quelques éléments de confort, disposant d'une vraie cuisine, bien que minuscule, et d'une salle de bain. Les NOUVeLLes de ROUMANIe France, des mairies ont créé des programmes d'insertion novateurs et de Bulgarie entre intégration et expulsion de ces initiatives d'intégration, les associations qui défendent des succès. Mais, envers du décor, les places sont chères. Une les Roms en France expriment des réserves. Selon elles, tous personne sur six seulement qui vivait dans le bidonville ces programmes permettent aussi, in fine, aux municipalités d'Aubervilliers a ainsi été sélectionnée par la mairie. d'obtenir l'appui de leur préfecture pour évacuer les Roms dont L'obligation de rester en France à l'issue des trois ans de proles dossiers n'ont pas été retegramme d'insertion en dissuanus. Ceux-là n'ont alors pas de également plus d'un. d'autre choix que reprendre la "Beaucoup renoncent, car route et aller gonfler les une fois bien réfléchi, ils n'ont bidonvilles d'autres compas envie de se retrouver, à munes. "On les aide à s'en terme, au douzième étage sortir une fois, mais ce n'est d'une tour HLM", commente pas non plus du crédit revolM. Demartini. ving, explique encore M. Le règlement intérieur de Demartini, de la mairie ces camps est, de surcroît, d'Aubervilliers. Après, c'est extrêmement contraignant. aux autres communes de Des vigiles contrôlent les fournir un effort." allers et venues sept jours sur Les résidents du camp sept, 24 heures sur 24. Et les d'Aubervilliers ont bien visites de tiers sont interdites. conscience qu’il s’agit de Enfin, ces projets d'insertion restent très marginaux. La Autre facette des solutions recherchées pour régler le problème tsigane: provisoire. Pourtant, dans l’aide au retour dans leur pays. Ici, le nouvel ambassadeur de France à plupart du temps, les camps de Bucarest, Henri Paul, en visite dans un village près de Timisoara, vient leurs bungalows qui sentent s’assurer auprès des “rapatriés” des résultats du système mis en place. encore le neuf, certains ont Roms sont plus simplement décoré leur porte d'entrée avec un voilage. D'autres ont accroévacués à grands renforts de policiers. Quand ils sont en situaché des photos de famille aux murs. Dans le sien, Robert tion irrégulière, ils reçoivent également, au passage, un avis de Berbekar, 28 ans, a dépensé ses toutes premières économies reconduite à la frontière. dans des fleurs artificielles. Elise Vincent Si elles se réjouissent du développement, même restreint, Les fiançailles d'une fillette tsigane de six ans avec un adolescent de 17 ans, le jour de la Saint Valentin Générateurs d'une culture de quartier La majorité des 140 millions de Russes vivent toujours dans ces immeubles, que l'on retrouve à Prague, Varsovie, Berlin-Est. Certains de leurs occupants, notamment les personnes âgées s'y trouvent bien. Habitués à leur quartiers où ils ont les principales commodités - commerces, école, dispensaire, arrêt de bus - à moins de cinq minutes, une mentalité s'y est formée, appelée "culture de quartier". En outre, ils sont souvent propriétaires de leur appartement; en acheter un autre serait au-dessus de leurs moyens. Plusieurs architectes sont donc d'avis de les conserver, moyennant des aménagements portant sur les fenêtres, le chauffage, les façades, pour leur donner un semblant de nouvelle jeunesse. Mais cela coûte cher et les grosses réparations qui auraient dû être faites au bout d'une trentaine d'années n'ont bien souvent pas été entreprises. Des expériences de rénovation sont tentées, comme à Budapest où l'UE a financé à hauteur de 2,2 M€ la rénovation d'un bloc, doté, entre autre, de panneaux solaires. En Roumanie, ce sont les immeubles construits avant le tremblement de terre de 1977 qui sont les plus menacés de disparition, ne correspondant pas aux normes antisismiques. Un programme de consolidation a été entrepris pour certains. Les autres, respectant la législation, arrivent au terme de leurs 30 premières années et doivent subir de gros travaux. Reste en pendant la question des blocs édifiés pendant la période de "systématisation", lorsque Ceausescu avait entrepris dans les années 80 de regrouper les populations rurales dans ses "cages à lapins", dont certaines ne disposaient pas de WC, les habitants étant priés d'aller se soulager dans les toilettes communes au rez de chaussée. Société U ne fillette d'origine rom âgée de six ans s'est fiancée le soir de la Saint Valentin à Ramnicelu (est de la Roumanie) avec un adolescent de 17 ans, lors d'une cérémonie surveillée de près par la police. "Une fête a été organisée au foyer culturel, ensuite les deux mineurs sont rentrés chacun chez eux", a déclaré à l'AFP le maire adjoint du village, Ion Alecu. Selon lui, les parents des deux enfants se sont engagés par écrit devant la police et un assistant social à veiller à ce que les deux mineurs ne vivent pas ensemble et n'aient pas de rapports sexuels jusqu'à ce que la fillette, Marghioala, fête son 15ème anniversaire. "Nous allons continuer à les surveiller de près", a-t-il ajouté. Auparavant, des assistants sociaux de la direction locale pour la protection de l'enfance (DGASPC) s'étaient rendus sur place pour tenter de convaincre les deux familles de renoncer à leur projet de fiancer les enfants, mais en vain. Les parents des “fiancés” face à la presse. "Nos moyens d'intervention dans des cas comme celui-ci sont limités", en raison notamment de la réticence de la communauté rom du village, forte d'environ 1200 familles, à renoncer à cette tradition, a expliqué le porte-parole de la DGASPC, Carolica Dinu. Selon lui, les mariages entre mineurs sont fréquents à Ramnicelu, de même que les cas d'adolescentes mettant au monde des enfants. "Une douzaine de fillettes devenues mères à l'âge de 11, 12 ou 13 ans font actuellement l'objet d'une surveillance de la part de nos assistants sociaux", a-t-il précisé. "La communauté rom de Ramnicelu représente un cas spécial, c'est une communauté fermée, qui jouit d'une certaine prospérité et dont les membres se marient uniquement entre eux", selon Carolica Dinu. Les efforts de la DGASPC d'éradiquer cette tradition se heurtent à l'opposition des villageois, mais aussi à une certaine impuissance de la justice. En 2007, une trentaine de jeunes de Ramnicelu ont été poursuivis pour "abus sexuels sur des mineurs" mais aucune de ces affaires n'a abouti à des peines de prison ferme. 29 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Minorités BAIA MARE z IASI ORADEA z z z DEVA TIMISOARA z z TARGU MURES ARAD z BACAU SIBIU z z z TULCEA z z GALATI RAMNICELU PITESTI CRAIOVA z BRASOV z BUCAREST CONSTANTA z (suite de la page 26) Laissés à leur sort dès qu’ils ont atteint l’âge des 18 ans 28 Vie quotidienne Tsiganes de Roumanie SUCEAVA z z Pour éradiquer leurs bidonvilles en Les NOUVeLLes de ROUMANIe Certains abandonnent, découragés. Mais d'autres, comme Liviu, 19 ans tiennent bon. Ses parents lui ont révélé sa séropositivité voici seulement 7 ans, craignant de le voir mis à l'écart. "Au début j'ai eu très peur. Cela a été un grand choc. Il y avait déjà un de mes copains qui était mort dans notre bloc et je me voyais comme le suivant; çà a duré un mois, puis je me suis habitué à l'idée. C'est plus difficile pour mes parents" confie-t-il. Liviu prépare son bac et veut s'inscrire l'année prochaine à la faculté de géographie et de tourisme de Bucarest. Il reçoit quotidiennement une injection mais, pour le reste, mène une vie normale. Le garçon est un sportif accompli; il court, fait de la bicyclette, joue au football et n'est pas plus fatigué que ses copains. Mais il sait qu'il doit toujours faire attention. Liviu, fils unique, sur lequel veille ses parents apparaît cependant comme un privilégié. Sortis des institutions, d'autres jeunes de son âge courent le risque de se retrouver sans aucune protection, les pouvoirs publics les laissant à leur sort dès qu'ils ont atteint leurs 18 ans. I ls sont appelés roms ou Tsiganes, viennent de Roumanie et, jusqu'à l'année dernière, vivotaient dans un bidonville, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). A la fin du mois de juillet 2007, ils ont troqué leur caravane pour un bungalow. Les piliers de l'autoroute A 86 surplombent leur nouveau domicile, les vrombissements du RER surviennent à intervalles réguliers, mais eux sont enthousiastes. Elise Vincent les a rencontrés pour le journal "Le Monde" et fait le point sur leur situation en France: "Ce n'est pas luxueux, mais c'est propre, confortable et c'est bien pour les enfants", commente Robert Ciurar, 35 ans. Comme lui, ils sont une cinquantaine, sélectionnés par la mairie, à avoir choisi d'emménager dans ces préfabriqués aux allures de cabanes de chantier pour 50 euros par mois. En échange, tous se sont engagés à suivre des cours de français, à scolariser leurs enfants et à entreprendre des démarches, avec l'aide de travailleurs sociaux, pour être régularisés et pour trouver, d'ici trois ans, un travail et un logement en dur. "Faire la mendicité en France est cinq ou six fois plus rentable qu'un salaire en Roumanie" Ce programme d'insertion novateur est le dernier-né d'une série d'initiatives lancées par une dizaine de municipalités - dont Lyon et Marseille - pour éradiquer les bidonvilles à leur périphérie. "Selon la saison, nous avions entre 500 et 600 Roms sur la commune, explique Joël Demartini, le directeur général des services de la mairie (PCF) d'Aubervilliers. Nous avions, certes, d'autres problèmes sociaux importants, mais il devenait urgent de régler cette question" Ce projet représente un investissement total de 1,5 million d'euros pour les différents partenaires. L'une des initiatives du même type les plus abouties a été lancée, en 2002, sur la ville nouvelle de Lieusaint (Seine-et-Marne). A l'époque, 39 familles roms avaient été prises en charge. Cinq ans plus tard, seules huit d'entre elles ne sont pas encore totalement "insérées". Toutes les autres ont trouvé un logement, souvent dans le parc social, et le chef de famille travaille, généralement en CDI. La plupart des Roms qui vivent en France sont de nationalité roumaine ou bulgare. Or, depuis le 1er janvier, ces deux pays ont intégré l'Union Européenne. Tous leurs ressortissants bénéficient donc de la liberté de circulation. En France, elle est limitée à trois mois. Pour prolonger leur séjour, ils doivent justifier d'un emploi, être étudiant ou créer leur entreprise. Mais la majorité des Roms qui vivent aujourd'hui sur le territoire ne respectent pas ces conditions. Confrontés à des problèmes de discrimination dans leur pays, ils arrivent généralement sans ressources et sans formation qualifiée. "Malgré des conditions de vie précaires, faire la mendicité en France est jusqu'à cinq ou six fois plus rentable qu'un salaire d'ouvrier agricole en Bulgarie ou en Roumanie", souligne Michèle Mézard, l'une des responsables du collectif Roms Europe. Société Coquetterie et sophistication: les canons de la beauté des Roumaines S alon de frumesete”, "Coafor", "Frizerie", "Beauty Center"… A Bucarest et dans les principales villes roumaines, à chaque coin de rue surgit un salon de coiffure ou un institut de beauté. Le secteur fait recette. Responsable pour la Roumanie de l'Oréal Produits Professionnels et fin connaisseur des tendances, Jean Chouteaux est revenu pour Jean-François Pérès, rédacteur en chef du mensuel francophone "Regard" (www.regard.ro), sur l'évolution du rapport à la beauté en Roumanie, des années 1920 à aujourd'hui : Coquetterie et sophistication. Deux mots qui résument le rapport des femmes roumaines à la beauté, selon Jean Clauteaux. Responsable de l'Oréal Produits Professionnels en Roumanie, passionné par l'histoire et la sociologie de la beauté, ce trentenaire connaît le secteur mieux que quiconque et devient intarissable lorsqu'il s'agit d'en évoquer les implications sociales. "La beauté est un vrai décodeur social", explique-til. "Le coiffeur et l'esthéticienne sont les seuls professionnels à entrer en contact physique avec le client. Ils agissent sur l'apparence et les conséquences psychologiques sont réelles. En la matière, la Roumanie, où la beauté tient une place prépondérante, a une histoire qui mérite d'être racontée." Et voilà l'homme d'affaires qui se fait historien et se lance dans un passionnant récit de l'évolution de la beauté en Roumanie à travers les âges. Retour dans les années 1920-1930, époque où la beauté commence à se démocratiser. C'est alors la France qui dicte la tendance, Coco Chanel donne le "la" et impose le modèle d'une femme libre et élégante, qui aime prendre soin d'elle. La Roumanie, très francophile, accueille cette influence avec enthousiasme. "C'est l'époque où le mot 'coafor' (coiffeur) fait son apparition dans la langue roumaine", révèle Jean Clauteaux. Surtout, la femme roumaine commence à montrer un intérêt marqué pour la beauté, qui ne se démentira plus. Terrains pour gens du voyage interdits aux étrangers "Essence, nourriture: les Roumains manquaient de tout, mais ont gardé ce goût de se faire beau" Depuis 1990, les municipalités ont l'obligation d'aménager des terrains pour accueillir les gens du voyage. Mais ces terrains sont interdits aux étrangers dont aux Roms, ce qui oblige ces derniers à s'entasser dans des bidonvilles en périphérie des agglomérations. Jusqu'à présent, toutes les initiatives de création de camps destinés aux Roms en vue de leur intégration dans la société française ont, dans l'ensemble, été 1947. Le pays plonge dans cinq décennies de communisme. Malgré le contexte difficile, ce goût pour les soins du corps se perpétue. Chaque grande ville possède son ou ses salons Igiena (hygiène), coopératives d'Etat où l'on se fait coiffer, manucurer, etc. "Il n'y pas eu de rupture, contrairement à beaucoup d'autres pays communistes". poursuit le responsable. Ou quand la beauté devient une fenêtre de respiration... "C'est une situation assez exceptionnelle qu'un pays préserve cet intérêt pour l'esthétique malgré 50 ans de communisme, que les salons se développent. Les Roumains manquaient d'essence, de nourriture, mais ont gardé ce goût de se faire beau. Cet intérêt est aussi présent dans la population masculine, qui, sous des dehors a priori machos, aime prendre soin de son corps et de son apparence." Après 1989 et la chute du régime de Ceausescu, le secteur de la beauté va doucement prendre son essor. Les fameux coiffeurs-instituts de beauté Igiena gardent pignon sur rue. Encore aujourd'hui, on en dénombre 450 dans le pays, dont 88 à Bucarest sur les 3400 salons de beauté que compte la Roumanie. Le marché s'ouvre véritablement au tournant de l'an 2000 avec "principalement des salons très haut de gamme, destinés à une catégorie de "nouveaux riches" qui voient le jour et proposent une large palette de services. Autre particularité: les jeunes, qui disposent d'un pouvoir d'achat souvent plus important, constituent désormais la principale clientèle." Une recherche de blondeur Mais l'apparition de ces salons chics ne signe pas la disparition des instituts plus populaires ou des coiffeuses à domicile. Car dans toutes les catégories sociales, la culture de la beauté reste omniprésents. "Le phénomène est beaucoup plus développé qu'en France par exemple", note Jean Clauteaux. "La femme roumaine est aussi très exigeante, elle accorde une grande attention aux services et à la qualité des soins prodigués. Les comportements me rappellent ceux que j'ai pu voir au Venezuela. La beauté est vraiment mise en avant, elle est une valeur en soi, un moyen de s'affirmer dans la société." Quelles sont les autres caractéristiques de la femme roumaine? "Il n'y a pas de recherche de naturel ici. En ce qui concerne la coiffure par exemple, il y a une recherche de blondeur. Le cheveu est généralement très travaillé, très mèché. Et la mode des cheveux courts prend du temps à s'imposer, ce n'est pas encore considéré comme féminin." Car au delà de la coquetterie et de la sophistication, cette culture de la beauté est avant tout un moyen pour les Roumaines d'affirmer leur féminité. Jean-François Pérès 25 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Santé z z SATU MARE ORADEA ARAD CLUJ z SUCEAVA TIMISOARA SF. GHEORGHE z z PLOIESTI PITESTI z MERA GALATI z CRAIOVA BUCAREST z z D z z SIBIU z BACAU z z z z IASI TARGU MURES z z TULCEA CONSTANTA z T. MAGURELE Près des trois quarts des enfants infectés par le VIH sous Ceausescu sont toujours en vie 26 Human Rights Watch: Le premier cas de SIDA apparu en Roumanie remonte à1985. Avec la pratique des micro-injections de sang censées fortifier les nouveauxnés et leurs défenses immunitaires, l'épidémie n'allait pas tarder à se répandre entre cette année là, la chute de Ceausescu et les toutes premières années de la transition. Plus de 10 000 cas de SIDA infantile ont été alors décelés, une quinzaine de judets, spécialement Bucarest et la région de Constantsa, étant particulièrement touchés. Lorsque le stade de la maladie était avancé, il était trop tard. Nouvelles thérapies gratuites Pour les autres enfants, on estime aujourd'hui à près de 75 % ceux qui ont survécu, bénéficiant de la mise en place gratuite des nouvelles thérapies. Ces jeunes malades, au nombre de 7200, ont déjà survécu entre 15 à 20 ans et les médecins espèrent pousser ce cap jusqu'à 25 ans, attendant grâce à la recherche de pouvoir transformer une maladie fatale en une maladie chronique. Cette survie dépend aussi de la volonté des patients et des familles de suivre un traitement lourd, impliquant des prises de médicaments quotidiennes et des prises de sang régulières, au moins tous les trois mois. es milliers d'enfants et d'adolescents roumains vivant avec le VIH sont confrontés à une discrimination généralisée qui les empêche de fréquenter l'école, d'obtenir les soins médicaux nécessaires, de travailler, voire même d'être au courant de leur état médical", déclarait l'organisation internationale des droits de l'Homme Human Rights Watch dans un rapport publié en 2006. "L'incapacité du gouvernement à combattre la discrimination et à promouvoir l'intégration laisse nombre de ces enfants exposés aux abus et à la négligence, mal informés en matière de sexualité et non préparés à la vie adulte", constatait-elle. Le rapport de 104 pages décrit les violations de droits à l'éducation, à la santé, à la vie privée et à l'information commis à l'encontre de ces enfants et adolescents. Il montre par ailleurs que les autorités faillissent à leur mission de les protéger contre la discrimination, l'abus et la négligence. "Le gouvernement roumain est au courant de la situation de ces enfants depuis plus de 15 ans, mais il n'a toujours rien prévu pour ceux qui atteignent l'âge de 18 ans", a expliqué Clarisa Bencomo, chercheuse sur les droits des enfants et auteur du Internés au centre “Sf. Maria” de Golesti (Jud de rapport. "A moins que les autorités ne Vrancea), une vingtaine d’enfants bénéficient d’un soutien thérapeutique avec un psychologue. prennent dès à présent, des mesures urgentes, trop nombreux seront les enfants qui se retrouveront marginalisés en raison de la discrimination pratiquée impunément à leur encontre". Des médecins refusent leurs soins Moins de 60 pour cent des enfants vivant avec le VIH sont scolarisés et ceux qui fréquentent l'école sont a risque d'exclusion et de cruauté de la part des enseignants et des autres élèves, voire même à l'expulsion si leur séropositivité est révélée. Certains sont relégués de façon tout à fait inopportune dans des écoles spéciales qui disposent de moins de ressources ou ils se voient interdire l'accès à des programmes de formation professionnelle dans des domaines tels que les services d'alimentation et la coiffure pour lesquels la législation roumaine requiert un test de dépistage obligatoire du VIH. Human Rights Watch a constaté que les médecins refusent fréquemment de soigner les enfants et adolescents séropositifs, ou qu'ils les fustigeaient pour les dissuader de réclamer des soins. Le problème est particulièrement grave pour les enfants nécessitant de soins médicaux urgents et la situation est d'autant plus critique pour ceux qui souffrent de maladies mentales graves, qui n'ont pas accès aux services de consultation externe, et pour qui leur état de santé risque d'être mis en danger par les conditions médiocres qui règnent dans bon nombre de centres psychiatriques roumains. La discrimination et les retards imputables à la bureaucratie empêchent beaucoup d'enfants et de jeunes vivant avec le VIH d'obtenir les médicaments nécessaires au traitement des maladies opportunistes. Confidentialité non respectée Bien que le gouvernement se soit officiellement engagé à garantir l'accès universel à la thérapie antirétrovirale, les interruptions de livraisons d'antirétroviraux sont fréquentes dans certains départements du pays. Des médecins ont confié à Human Rights Watch que les politiques mises en œuvre par le gouvernement empêchaient la création de réserves de sécurité pour pallier aux retards prévus dans les livraisons ou remédier aux pénuries. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société la discrimination ferme les portes aux enfants séropositifs Le non-respect de la clause de confidentialité par le personnel médical, la direction des écoles et les employés du gouvernement est fréquent et rarement puni, en dépit des conséquences souvent graves qu'un tel acte peut avoir sur les enfants et leurs familles. Par contre, des peines sévères sont prévues à l'encontre des personnes qui transmettent sciemment le VIH, ce qui exacerbe la discrimination et encourage les fonctionnaires du gouvernement, les policiers, les médecins et même les particuliers à se livrer à une "surveillance" ad hoc des enfants et des jeunes séropositifs. Les filles et les femmes vivant avec le VIH semblent être démesurément exposées au risque de poursuites judiciaires ou de surveillance. Dans ces circonstances, les jeunes séropositifs sont moins enclins à réclamer assistance et soutien dans tout un éventail de domaines allant de la protection policière aux soins médicaux. Les médecins ne sont pas autorisés à informer les enfants de leur séropositivité sans le consentement des parents. Nombreux sont donc les enfants qui ne sont pas en mesure de prendre, en connaissance de cause, des décisions concernant leur traitement médical, leur avenir éducatif ou professionnel et leur vie sexuelle. Human Rights Watch reconnaît cependant qu'"en ce qui concerne son engagement à fournir des traitements antirétroviraux à ceux qui en ont besoin, la Roumanie a fait de nets progrès", l’organisation internationale ajoutant "mais les enfants vivant avec le VIH n'ont pas seulement besoin de médicaments. Plus encore que les adultes, ils ont besoin de protection et de soutien". "Les policiers m'ont dit que je ne pouvais pas quitter la maison parce que j'étais malade" H uman Rights Watch a recueilli plusieurs témoignages d'adolescents séropositifs dans son rapport : Nicu T., 17 ans, Département de Constanta, 14 février 2006: "Tous les enfants se moquaient de moi à l'école. Ils disaient des trucs du genre, "Faut pas le toucher sinon tu vas l'attraper". Les adultes voyaient bien ce qui se passait mais ils ne faisaient rien. Un jour, je suis tombé sous un arbre et je n'arrivais pas à me relever. J'ai demandé à mes camarades de classe de m'aider mais personne ne voulait et je suis resté là une demiheure avant de pouvoir me relever. J'étais en septième année à ce moment-là... En quatrième, un professeur m'a frappé sur la tête avec le talon d'une chaussure et ma mère a tout vu. [Cette enseignante] a été condamnée à une amende mais aujourd'hui, elle donne à nouveau cours". Anica M., 19 ans, Bucarest, 16 février 2006: "La première fois que je suis allée [chez la dentiste], ça allait. Puis je lui ai dit qu'elle devait mettre des gants parce que j'étais séropositive. Elle m'a dit qu'elle devait se protéger et elle a refusé de me recevoir". Laura K., 18 ans, Département de Constanta, 15 février 2006: "Ma mère ne me traite pas bien. Elle me bat avec un tisonnier et elle m'a cogné la tête contre une cuisinière... J'ai passé deux semaines chez une voisine et ensuite, ma mère s'est rendue à la police pour dire que j'avais 2000 cas supplémentaires de cancers chaque année E n 1994, la Roumanie comptait 40 000 cas nouveaux de cancers révélés chaque année. Sur la base actuelle de progression du nombre de personnes touchées par la maladie - 2000 cas supplémentaires par an - ce chiffre devrait atteindre 68 000 en 2011. Les médecins n'ont pas d'explication rigoureusement scientifiques à apporter à cette croissance, invoquant l'augmentation du stress provoqué par les difficultés de la vie quo- L fugué pour traîner avec des garçons. Les policiers m'ont dit que je ne pouvais pas quitter la maison parce que j'étais malade. Ils ont dit que je ne pouvais pas avoir de petit ami ni me marier, je devais rester à l'intérieur (La police et d'autres personnes de sa communauté avaient été mises au courant de sa séropositivité après qu'un professeur eut révélé cette information confidentielle à d'autres étudiants). Anemona D., 17 ans, Bucarest, 18 février 2006: "C'est encore trop de vouloir travailler dans un magasin parce que partout où j'irai, ils me demanderont de montrer les résultats de mes examens médicaux. C'est un coup bas. Pourquoi ai-je besoin de tests médicaux pour vendre des chaussures ?" tidienne chez leurs compatriotes, entraînant la baisse de leurs défenses immunitaires. Ils avancent également le fait qu'il n'existe pas en Roumanie de registre national faisant état de l'incidence de la maladie, ce qui empêche de développer une politique de dépistage précoce et de prévention. Dans l'ordre, les cancers les plus nombreux sont les cancers gastriques, pourtant en baisse, colo-rectaux, pulmonaires, des seins, du col de l'utérus et de la prostate. Les médecins des régions magyares devront apprendre le hongrois e gouvernement a décidé que les médecins et personnels médicaux en fonction dans les régions où la minorité magyare dépasse les 20 % de la population devront apprendre le hongrois afin de pouvoir communiquer avec leurs patients. Cette mesure proposée par des députés hongrois, membres de la majorité gouvernementale, a provoqué des réactions assez vives dans les milieux nationalistes roumains. 27 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Santé z z SATU MARE ORADEA ARAD CLUJ z SUCEAVA TIMISOARA SF. GHEORGHE z z PLOIESTI PITESTI z MERA GALATI z CRAIOVA BUCAREST z z D z z SIBIU z BACAU z z z z IASI TARGU MURES z z TULCEA CONSTANTA z T. MAGURELE Près des trois quarts des enfants infectés par le VIH sous Ceausescu sont toujours en vie 26 Human Rights Watch: Le premier cas de SIDA apparu en Roumanie remonte à1985. Avec la pratique des micro-injections de sang censées fortifier les nouveauxnés et leurs défenses immunitaires, l'épidémie n'allait pas tarder à se répandre entre cette année là, la chute de Ceausescu et les toutes premières années de la transition. Plus de 10 000 cas de SIDA infantile ont été alors décelés, une quinzaine de judets, spécialement Bucarest et la région de Constantsa, étant particulièrement touchés. Lorsque le stade de la maladie était avancé, il était trop tard. Nouvelles thérapies gratuites Pour les autres enfants, on estime aujourd'hui à près de 75 % ceux qui ont survécu, bénéficiant de la mise en place gratuite des nouvelles thérapies. Ces jeunes malades, au nombre de 7200, ont déjà survécu entre 15 à 20 ans et les médecins espèrent pousser ce cap jusqu'à 25 ans, attendant grâce à la recherche de pouvoir transformer une maladie fatale en une maladie chronique. Cette survie dépend aussi de la volonté des patients et des familles de suivre un traitement lourd, impliquant des prises de médicaments quotidiennes et des prises de sang régulières, au moins tous les trois mois. es milliers d'enfants et d'adolescents roumains vivant avec le VIH sont confrontés à une discrimination généralisée qui les empêche de fréquenter l'école, d'obtenir les soins médicaux nécessaires, de travailler, voire même d'être au courant de leur état médical", déclarait l'organisation internationale des droits de l'Homme Human Rights Watch dans un rapport publié en 2006. "L'incapacité du gouvernement à combattre la discrimination et à promouvoir l'intégration laisse nombre de ces enfants exposés aux abus et à la négligence, mal informés en matière de sexualité et non préparés à la vie adulte", constatait-elle. Le rapport de 104 pages décrit les violations de droits à l'éducation, à la santé, à la vie privée et à l'information commis à l'encontre de ces enfants et adolescents. Il montre par ailleurs que les autorités faillissent à leur mission de les protéger contre la discrimination, l'abus et la négligence. "Le gouvernement roumain est au courant de la situation de ces enfants depuis plus de 15 ans, mais il n'a toujours rien prévu pour ceux qui atteignent l'âge de 18 ans", a expliqué Clarisa Bencomo, chercheuse sur les droits des enfants et auteur du Internés au centre “Sf. Maria” de Golesti (Jud de rapport. "A moins que les autorités ne Vrancea), une vingtaine d’enfants bénéficient d’un soutien thérapeutique avec un psychologue. prennent dès à présent, des mesures urgentes, trop nombreux seront les enfants qui se retrouveront marginalisés en raison de la discrimination pratiquée impunément à leur encontre". Des médecins refusent leurs soins Moins de 60 pour cent des enfants vivant avec le VIH sont scolarisés et ceux qui fréquentent l'école sont a risque d'exclusion et de cruauté de la part des enseignants et des autres élèves, voire même à l'expulsion si leur séropositivité est révélée. Certains sont relégués de façon tout à fait inopportune dans des écoles spéciales qui disposent de moins de ressources ou ils se voient interdire l'accès à des programmes de formation professionnelle dans des domaines tels que les services d'alimentation et la coiffure pour lesquels la législation roumaine requiert un test de dépistage obligatoire du VIH. Human Rights Watch a constaté que les médecins refusent fréquemment de soigner les enfants et adolescents séropositifs, ou qu'ils les fustigeaient pour les dissuader de réclamer des soins. Le problème est particulièrement grave pour les enfants nécessitant de soins médicaux urgents et la situation est d'autant plus critique pour ceux qui souffrent de maladies mentales graves, qui n'ont pas accès aux services de consultation externe, et pour qui leur état de santé risque d'être mis en danger par les conditions médiocres qui règnent dans bon nombre de centres psychiatriques roumains. La discrimination et les retards imputables à la bureaucratie empêchent beaucoup d'enfants et de jeunes vivant avec le VIH d'obtenir les médicaments nécessaires au traitement des maladies opportunistes. Confidentialité non respectée Bien que le gouvernement se soit officiellement engagé à garantir l'accès universel à la thérapie antirétrovirale, les interruptions de livraisons d'antirétroviraux sont fréquentes dans certains départements du pays. Des médecins ont confié à Human Rights Watch que les politiques mises en œuvre par le gouvernement empêchaient la création de réserves de sécurité pour pallier aux retards prévus dans les livraisons ou remédier aux pénuries. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société la discrimination ferme les portes aux enfants séropositifs Le non-respect de la clause de confidentialité par le personnel médical, la direction des écoles et les employés du gouvernement est fréquent et rarement puni, en dépit des conséquences souvent graves qu'un tel acte peut avoir sur les enfants et leurs familles. Par contre, des peines sévères sont prévues à l'encontre des personnes qui transmettent sciemment le VIH, ce qui exacerbe la discrimination et encourage les fonctionnaires du gouvernement, les policiers, les médecins et même les particuliers à se livrer à une "surveillance" ad hoc des enfants et des jeunes séropositifs. Les filles et les femmes vivant avec le VIH semblent être démesurément exposées au risque de poursuites judiciaires ou de surveillance. Dans ces circonstances, les jeunes séropositifs sont moins enclins à réclamer assistance et soutien dans tout un éventail de domaines allant de la protection policière aux soins médicaux. Les médecins ne sont pas autorisés à informer les enfants de leur séropositivité sans le consentement des parents. Nombreux sont donc les enfants qui ne sont pas en mesure de prendre, en connaissance de cause, des décisions concernant leur traitement médical, leur avenir éducatif ou professionnel et leur vie sexuelle. Human Rights Watch reconnaît cependant qu'"en ce qui concerne son engagement à fournir des traitements antirétroviraux à ceux qui en ont besoin, la Roumanie a fait de nets progrès", l’organisation internationale ajoutant "mais les enfants vivant avec le VIH n'ont pas seulement besoin de médicaments. Plus encore que les adultes, ils ont besoin de protection et de soutien". "Les policiers m'ont dit que je ne pouvais pas quitter la maison parce que j'étais malade" H uman Rights Watch a recueilli plusieurs témoignages d'adolescents séropositifs dans son rapport : Nicu T., 17 ans, Département de Constanta, 14 février 2006: "Tous les enfants se moquaient de moi à l'école. Ils disaient des trucs du genre, "Faut pas le toucher sinon tu vas l'attraper". Les adultes voyaient bien ce qui se passait mais ils ne faisaient rien. Un jour, je suis tombé sous un arbre et je n'arrivais pas à me relever. J'ai demandé à mes camarades de classe de m'aider mais personne ne voulait et je suis resté là une demiheure avant de pouvoir me relever. J'étais en septième année à ce moment-là... En quatrième, un professeur m'a frappé sur la tête avec le talon d'une chaussure et ma mère a tout vu. [Cette enseignante] a été condamnée à une amende mais aujourd'hui, elle donne à nouveau cours". Anica M., 19 ans, Bucarest, 16 février 2006: "La première fois que je suis allée [chez la dentiste], ça allait. Puis je lui ai dit qu'elle devait mettre des gants parce que j'étais séropositive. Elle m'a dit qu'elle devait se protéger et elle a refusé de me recevoir". Laura K., 18 ans, Département de Constanta, 15 février 2006: "Ma mère ne me traite pas bien. Elle me bat avec un tisonnier et elle m'a cogné la tête contre une cuisinière... J'ai passé deux semaines chez une voisine et ensuite, ma mère s'est rendue à la police pour dire que j'avais 2000 cas supplémentaires de cancers chaque année E n 1994, la Roumanie comptait 40 000 cas nouveaux de cancers révélés chaque année. Sur la base actuelle de progression du nombre de personnes touchées par la maladie - 2000 cas supplémentaires par an - ce chiffre devrait atteindre 68 000 en 2011. Les médecins n'ont pas d'explication rigoureusement scientifiques à apporter à cette croissance, invoquant l'augmentation du stress provoqué par les difficultés de la vie quo- L fugué pour traîner avec des garçons. Les policiers m'ont dit que je ne pouvais pas quitter la maison parce que j'étais malade. Ils ont dit que je ne pouvais pas avoir de petit ami ni me marier, je devais rester à l'intérieur (La police et d'autres personnes de sa communauté avaient été mises au courant de sa séropositivité après qu'un professeur eut révélé cette information confidentielle à d'autres étudiants). Anemona D., 17 ans, Bucarest, 18 février 2006: "C'est encore trop de vouloir travailler dans un magasin parce que partout où j'irai, ils me demanderont de montrer les résultats de mes examens médicaux. C'est un coup bas. Pourquoi ai-je besoin de tests médicaux pour vendre des chaussures ?" tidienne chez leurs compatriotes, entraînant la baisse de leurs défenses immunitaires. Ils avancent également le fait qu'il n'existe pas en Roumanie de registre national faisant état de l'incidence de la maladie, ce qui empêche de développer une politique de dépistage précoce et de prévention. Dans l'ordre, les cancers les plus nombreux sont les cancers gastriques, pourtant en baisse, colo-rectaux, pulmonaires, des seins, du col de l'utérus et de la prostate. Les médecins des régions magyares devront apprendre le hongrois e gouvernement a décidé que les médecins et personnels médicaux en fonction dans les régions où la minorité magyare dépasse les 20 % de la population devront apprendre le hongrois afin de pouvoir communiquer avec leurs patients. Cette mesure proposée par des députés hongrois, membres de la majorité gouvernementale, a provoqué des réactions assez vives dans les milieux nationalistes roumains. 27 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Minorités BAIA MARE z IASI ORADEA z z z DEVA TIMISOARA z z TARGU MURES ARAD z BACAU SIBIU z z z TULCEA z z GALATI RAMNICELU PITESTI CRAIOVA z BRASOV z BUCAREST CONSTANTA z (suite de la page 26) Laissés à leur sort dès qu’ils ont atteint l’âge des 18 ans 28 Vie quotidienne Tsiganes de Roumanie SUCEAVA z z Pour éradiquer leurs bidonvilles en Les NOUVeLLes de ROUMANIe Certains abandonnent, découragés. Mais d'autres, comme Liviu, 19 ans tiennent bon. Ses parents lui ont révélé sa séropositivité voici seulement 7 ans, craignant de le voir mis à l'écart. "Au début j'ai eu très peur. Cela a été un grand choc. Il y avait déjà un de mes copains qui était mort dans notre bloc et je me voyais comme le suivant; çà a duré un mois, puis je me suis habitué à l'idée. C'est plus difficile pour mes parents" confie-t-il. Liviu prépare son bac et veut s'inscrire l'année prochaine à la faculté de géographie et de tourisme de Bucarest. Il reçoit quotidiennement une injection mais, pour le reste, mène une vie normale. Le garçon est un sportif accompli; il court, fait de la bicyclette, joue au football et n'est pas plus fatigué que ses copains. Mais il sait qu'il doit toujours faire attention. Liviu, fils unique, sur lequel veille ses parents apparaît cependant comme un privilégié. Sortis des institutions, d'autres jeunes de son âge courent le risque de se retrouver sans aucune protection, les pouvoirs publics les laissant à leur sort dès qu'ils ont atteint leurs 18 ans. I ls sont appelés roms ou Tsiganes, viennent de Roumanie et, jusqu'à l'année dernière, vivotaient dans un bidonville, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). A la fin du mois de juillet 2007, ils ont troqué leur caravane pour un bungalow. Les piliers de l'autoroute A 86 surplombent leur nouveau domicile, les vrombissements du RER surviennent à intervalles réguliers, mais eux sont enthousiastes. Elise Vincent les a rencontrés pour le journal "Le Monde" et fait le point sur leur situation en France: "Ce n'est pas luxueux, mais c'est propre, confortable et c'est bien pour les enfants", commente Robert Ciurar, 35 ans. Comme lui, ils sont une cinquantaine, sélectionnés par la mairie, à avoir choisi d'emménager dans ces préfabriqués aux allures de cabanes de chantier pour 50 euros par mois. En échange, tous se sont engagés à suivre des cours de français, à scolariser leurs enfants et à entreprendre des démarches, avec l'aide de travailleurs sociaux, pour être régularisés et pour trouver, d'ici trois ans, un travail et un logement en dur. "Faire la mendicité en France est cinq ou six fois plus rentable qu'un salaire en Roumanie" Ce programme d'insertion novateur est le dernier-né d'une série d'initiatives lancées par une dizaine de municipalités - dont Lyon et Marseille - pour éradiquer les bidonvilles à leur périphérie. "Selon la saison, nous avions entre 500 et 600 Roms sur la commune, explique Joël Demartini, le directeur général des services de la mairie (PCF) d'Aubervilliers. Nous avions, certes, d'autres problèmes sociaux importants, mais il devenait urgent de régler cette question" Ce projet représente un investissement total de 1,5 million d'euros pour les différents partenaires. L'une des initiatives du même type les plus abouties a été lancée, en 2002, sur la ville nouvelle de Lieusaint (Seine-et-Marne). A l'époque, 39 familles roms avaient été prises en charge. Cinq ans plus tard, seules huit d'entre elles ne sont pas encore totalement "insérées". Toutes les autres ont trouvé un logement, souvent dans le parc social, et le chef de famille travaille, généralement en CDI. La plupart des Roms qui vivent en France sont de nationalité roumaine ou bulgare. Or, depuis le 1er janvier, ces deux pays ont intégré l'Union Européenne. Tous leurs ressortissants bénéficient donc de la liberté de circulation. En France, elle est limitée à trois mois. Pour prolonger leur séjour, ils doivent justifier d'un emploi, être étudiant ou créer leur entreprise. Mais la majorité des Roms qui vivent aujourd'hui sur le territoire ne respectent pas ces conditions. Confrontés à des problèmes de discrimination dans leur pays, ils arrivent généralement sans ressources et sans formation qualifiée. "Malgré des conditions de vie précaires, faire la mendicité en France est jusqu'à cinq ou six fois plus rentable qu'un salaire d'ouvrier agricole en Bulgarie ou en Roumanie", souligne Michèle Mézard, l'une des responsables du collectif Roms Europe. Société Coquetterie et sophistication: les canons de la beauté des Roumaines S alon de frumesete”, "Coafor", "Frizerie", "Beauty Center"… A Bucarest et dans les principales villes roumaines, à chaque coin de rue surgit un salon de coiffure ou un institut de beauté. Le secteur fait recette. Responsable pour la Roumanie de l'Oréal Produits Professionnels et fin connaisseur des tendances, Jean Chouteaux est revenu pour Jean-François Pérès, rédacteur en chef du mensuel francophone "Regard" (www.regard.ro), sur l'évolution du rapport à la beauté en Roumanie, des années 1920 à aujourd'hui : Coquetterie et sophistication. Deux mots qui résument le rapport des femmes roumaines à la beauté, selon Jean Clauteaux. Responsable de l'Oréal Produits Professionnels en Roumanie, passionné par l'histoire et la sociologie de la beauté, ce trentenaire connaît le secteur mieux que quiconque et devient intarissable lorsqu'il s'agit d'en évoquer les implications sociales. "La beauté est un vrai décodeur social", explique-til. "Le coiffeur et l'esthéticienne sont les seuls professionnels à entrer en contact physique avec le client. Ils agissent sur l'apparence et les conséquences psychologiques sont réelles. En la matière, la Roumanie, où la beauté tient une place prépondérante, a une histoire qui mérite d'être racontée." Et voilà l'homme d'affaires qui se fait historien et se lance dans un passionnant récit de l'évolution de la beauté en Roumanie à travers les âges. Retour dans les années 1920-1930, époque où la beauté commence à se démocratiser. C'est alors la France qui dicte la tendance, Coco Chanel donne le "la" et impose le modèle d'une femme libre et élégante, qui aime prendre soin d'elle. La Roumanie, très francophile, accueille cette influence avec enthousiasme. "C'est l'époque où le mot 'coafor' (coiffeur) fait son apparition dans la langue roumaine", révèle Jean Clauteaux. Surtout, la femme roumaine commence à montrer un intérêt marqué pour la beauté, qui ne se démentira plus. Terrains pour gens du voyage interdits aux étrangers "Essence, nourriture: les Roumains manquaient de tout, mais ont gardé ce goût de se faire beau" Depuis 1990, les municipalités ont l'obligation d'aménager des terrains pour accueillir les gens du voyage. Mais ces terrains sont interdits aux étrangers dont aux Roms, ce qui oblige ces derniers à s'entasser dans des bidonvilles en périphérie des agglomérations. Jusqu'à présent, toutes les initiatives de création de camps destinés aux Roms en vue de leur intégration dans la société française ont, dans l'ensemble, été 1947. Le pays plonge dans cinq décennies de communisme. Malgré le contexte difficile, ce goût pour les soins du corps se perpétue. Chaque grande ville possède son ou ses salons Igiena (hygiène), coopératives d'Etat où l'on se fait coiffer, manucurer, etc. "Il n'y pas eu de rupture, contrairement à beaucoup d'autres pays communistes". poursuit le responsable. Ou quand la beauté devient une fenêtre de respiration... "C'est une situation assez exceptionnelle qu'un pays préserve cet intérêt pour l'esthétique malgré 50 ans de communisme, que les salons se développent. Les Roumains manquaient d'essence, de nourriture, mais ont gardé ce goût de se faire beau. Cet intérêt est aussi présent dans la population masculine, qui, sous des dehors a priori machos, aime prendre soin de son corps et de son apparence." Après 1989 et la chute du régime de Ceausescu, le secteur de la beauté va doucement prendre son essor. Les fameux coiffeurs-instituts de beauté Igiena gardent pignon sur rue. Encore aujourd'hui, on en dénombre 450 dans le pays, dont 88 à Bucarest sur les 3400 salons de beauté que compte la Roumanie. Le marché s'ouvre véritablement au tournant de l'an 2000 avec "principalement des salons très haut de gamme, destinés à une catégorie de "nouveaux riches" qui voient le jour et proposent une large palette de services. Autre particularité: les jeunes, qui disposent d'un pouvoir d'achat souvent plus important, constituent désormais la principale clientèle." Une recherche de blondeur Mais l'apparition de ces salons chics ne signe pas la disparition des instituts plus populaires ou des coiffeuses à domicile. Car dans toutes les catégories sociales, la culture de la beauté reste omniprésents. "Le phénomène est beaucoup plus développé qu'en France par exemple", note Jean Clauteaux. "La femme roumaine est aussi très exigeante, elle accorde une grande attention aux services et à la qualité des soins prodigués. Les comportements me rappellent ceux que j'ai pu voir au Venezuela. La beauté est vraiment mise en avant, elle est une valeur en soi, un moyen de s'affirmer dans la société." Quelles sont les autres caractéristiques de la femme roumaine? "Il n'y a pas de recherche de naturel ici. En ce qui concerne la coiffure par exemple, il y a une recherche de blondeur. Le cheveu est généralement très travaillé, très mèché. Et la mode des cheveux courts prend du temps à s'imposer, ce n'est pas encore considéré comme féminin." Car au delà de la coquetterie et de la sophistication, cette culture de la beauté est avant tout un moyen pour les Roumaines d'affirmer leur féminité. Jean-François Pérès 25 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Les blocs de Staline ont encore 70 ans de vie devant eux Vie quotidienne z ORADEA SUCEAVA SATU MARE z CLUJ z z z TARGU MURES ARAD VASLUI z z IASI z BRASOV z z SIBIU TIMISOARA z GALATI BRAILA T. SEVERIN z z z z z TULCEA BUCAREST CONSTANTA z CRAIOVA (suite de la page 22) Bruxelles apprend à vivre chez les nonnes 24 Emmenant un jour en visite dans les monastères de Bucovine une délégation de hauts fonctionnaires européens, elle mesura le fossé qui peut séparer les simples gens de ceux qui se chargent de les diriger. Flattées et impressionnées par cet honneur, les religieuses avaient préparé un merveilleux repas, décoré les tables, quand le chef de la délégation leur fit savoir qu'il avait retenu un restaurant pour le déjeuner. Les bonnes sœurs, après avoir mis tant d'amour dans leurs préparatifs, furent consternées et la plus âgée éclata en sanglots. Finalement, les "pontes" de Bruxelles montrèrent qu'ils n'étaient pas sans cœur et annulèrent leur réservation. Les pieds sous la table, ils n'eurent qu'à se faire servir les haricots frais et aubergines du jardin autour de plats de viandes moelleuses, le tout arrosé d'un petit vin rouge venu des vignes de Monseigneur l'archevêque. Un repas dans une atmosphère d'enchantement qu'ils ne sont pas prêts d'oublier… Ces "petits rien " de la Roumanie font beaucoup pour Gisèle qui n'a pas envie de les quitter. Même si, de temps en temps, elle fait un tour à Nantes, filant aussitôt retrouver l'Océan au port du Croisic ou courant s'acheter huîtres, langoustines, palourdes. "Je m'installe à table; maman m'a préparé un merlu au beurre blanc… C'est le rêve !". Côté mer, la Nantaise ne renoncera pas à l’Atlantique, mais côté terre, c'est décidé… Ce sera la Roumanie ! Pas de drame, ce ne sera pas "Pot de mer contre pot de terre". L es blocs en béton inventés par Staline en 1935 pour loger les paysans amenés à Moscou afin de construire sa capitale soviétique, dont le modèle a été exporté dans les pays satellites vingt ans plus tard, ont encore de beaux jours devant eux. La durée de vie de ces préfabriqués est estimée à près d'un siècle ce qui, pour les plus récents, bâtis en Roumanie dans les années 70-80, leur assure encore une longévité de 70 ans. L'ensemble des pays de l'Est sont confrontés au mêmes problèmes: doit-on les rénover, les entretenir, les détruire ? Exigus, sans finitions, très mal chauffés, ne comportant pas de commodités pour ceux de la première génération, appelés en URSS "Kommunalki", ils étaient rigoureusement identiques afin de lutter contre les tendances individualistes, considérées dangereuses pour l'édification du socialisme et de "l'Homme nouveau". Une famille ne tenait pas dans la cuisine et ne pouvait pas prendre son repas en commun. Elle devait s'entasser dans la même chambre, ne permettant aucune intimité, ce qui était sans importance, les "bons citoyens" n'ayant rien à cacher par principe. Ces blocs, hideux, avaient cependant l'avantage d'offrir l'électricité et l'eau courante à des moujiks qui n'avaient jamais connu çà. Par la suite, à l'époque de Khrouchtchev, tout en gardant leurs principales caractéristiques, ils se sont améliorés, leurs occupants leur donnant le nom affectueux de "Khrouchtchevchi", même s'ils étaient toujours très étroits et permettant toujours aussi peu d'intimité, car au moins ils apportaient quelques éléments de confort, disposant d'une vraie cuisine, bien que minuscule, et d'une salle de bain. Les NOUVeLLes de ROUMANIe France, des mairies ont créé des programmes d'insertion novateurs et de Bulgarie entre intégration et expulsion de ces initiatives d'intégration, les associations qui défendent des succès. Mais, envers du décor, les places sont chères. Une les Roms en France expriment des réserves. Selon elles, tous personne sur six seulement qui vivait dans le bidonville ces programmes permettent aussi, in fine, aux municipalités d'Aubervilliers a ainsi été sélectionnée par la mairie. d'obtenir l'appui de leur préfecture pour évacuer les Roms dont L'obligation de rester en France à l'issue des trois ans de proles dossiers n'ont pas été retegramme d'insertion en dissuanus. Ceux-là n'ont alors pas de également plus d'un. d'autre choix que reprendre la "Beaucoup renoncent, car route et aller gonfler les une fois bien réfléchi, ils n'ont bidonvilles d'autres compas envie de se retrouver, à munes. "On les aide à s'en terme, au douzième étage sortir une fois, mais ce n'est d'une tour HLM", commente pas non plus du crédit revolM. Demartini. ving, explique encore M. Le règlement intérieur de Demartini, de la mairie ces camps est, de surcroît, d'Aubervilliers. Après, c'est extrêmement contraignant. aux autres communes de Des vigiles contrôlent les fournir un effort." allers et venues sept jours sur Les résidents du camp sept, 24 heures sur 24. Et les d'Aubervilliers ont bien visites de tiers sont interdites. conscience qu’il s’agit de Enfin, ces projets d'insertion restent très marginaux. La Autre facette des solutions recherchées pour régler le problème tsigane: provisoire. Pourtant, dans l’aide au retour dans leur pays. Ici, le nouvel ambassadeur de France à plupart du temps, les camps de Bucarest, Henri Paul, en visite dans un village près de Timisoara, vient leurs bungalows qui sentent s’assurer auprès des “rapatriés” des résultats du système mis en place. encore le neuf, certains ont Roms sont plus simplement décoré leur porte d'entrée avec un voilage. D'autres ont accroévacués à grands renforts de policiers. Quand ils sont en situaché des photos de famille aux murs. Dans le sien, Robert tion irrégulière, ils reçoivent également, au passage, un avis de Berbekar, 28 ans, a dépensé ses toutes premières économies reconduite à la frontière. dans des fleurs artificielles. Elise Vincent Si elles se réjouissent du développement, même restreint, Les fiançailles d'une fillette tsigane de six ans avec un adolescent de 17 ans, le jour de la Saint Valentin Générateurs d'une culture de quartier La majorité des 140 millions de Russes vivent toujours dans ces immeubles, que l'on retrouve à Prague, Varsovie, Berlin-Est. Certains de leurs occupants, notamment les personnes âgées s'y trouvent bien. Habitués à leur quartiers où ils ont les principales commodités - commerces, école, dispensaire, arrêt de bus - à moins de cinq minutes, une mentalité s'y est formée, appelée "culture de quartier". En outre, ils sont souvent propriétaires de leur appartement; en acheter un autre serait au-dessus de leurs moyens. Plusieurs architectes sont donc d'avis de les conserver, moyennant des aménagements portant sur les fenêtres, le chauffage, les façades, pour leur donner un semblant de nouvelle jeunesse. Mais cela coûte cher et les grosses réparations qui auraient dû être faites au bout d'une trentaine d'années n'ont bien souvent pas été entreprises. Des expériences de rénovation sont tentées, comme à Budapest où l'UE a financé à hauteur de 2,2 M€ la rénovation d'un bloc, doté, entre autre, de panneaux solaires. En Roumanie, ce sont les immeubles construits avant le tremblement de terre de 1977 qui sont les plus menacés de disparition, ne correspondant pas aux normes antisismiques. Un programme de consolidation a été entrepris pour certains. Les autres, respectant la législation, arrivent au terme de leurs 30 premières années et doivent subir de gros travaux. Reste en pendant la question des blocs édifiés pendant la période de "systématisation", lorsque Ceausescu avait entrepris dans les années 80 de regrouper les populations rurales dans ses "cages à lapins", dont certaines ne disposaient pas de WC, les habitants étant priés d'aller se soulager dans les toilettes communes au rez de chaussée. Société U ne fillette d'origine rom âgée de six ans s'est fiancée le soir de la Saint Valentin à Ramnicelu (est de la Roumanie) avec un adolescent de 17 ans, lors d'une cérémonie surveillée de près par la police. "Une fête a été organisée au foyer culturel, ensuite les deux mineurs sont rentrés chacun chez eux", a déclaré à l'AFP le maire adjoint du village, Ion Alecu. Selon lui, les parents des deux enfants se sont engagés par écrit devant la police et un assistant social à veiller à ce que les deux mineurs ne vivent pas ensemble et n'aient pas de rapports sexuels jusqu'à ce que la fillette, Marghioala, fête son 15ème anniversaire. "Nous allons continuer à les surveiller de près", a-t-il ajouté. Auparavant, des assistants sociaux de la direction locale pour la protection de l'enfance (DGASPC) s'étaient rendus sur place pour tenter de convaincre les deux familles de renoncer à leur projet de fiancer les enfants, mais en vain. Les parents des “fiancés” face à la presse. "Nos moyens d'intervention dans des cas comme celui-ci sont limités", en raison notamment de la réticence de la communauté rom du village, forte d'environ 1200 familles, à renoncer à cette tradition, a expliqué le porte-parole de la DGASPC, Carolica Dinu. Selon lui, les mariages entre mineurs sont fréquents à Ramnicelu, de même que les cas d'adolescentes mettant au monde des enfants. "Une douzaine de fillettes devenues mères à l'âge de 11, 12 ou 13 ans font actuellement l'objet d'une surveillance de la part de nos assistants sociaux", a-t-il précisé. "La communauté rom de Ramnicelu représente un cas spécial, c'est une communauté fermée, qui jouit d'une certaine prospérité et dont les membres se marient uniquement entre eux", selon Carolica Dinu. Les efforts de la DGASPC d'éradiquer cette tradition se heurtent à l'opposition des villageois, mais aussi à une certaine impuissance de la justice. En 2007, une trentaine de jeunes de Ramnicelu ont été poursuivis pour "abus sexuels sur des mineurs" mais aucune de ces affaires n'a abouti à des peines de prison ferme. 29 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Minorités SUCEAVA z z ORADEA ARAD BAIA MARE La transhumance des Tsiganes de Berini z IASI z TARGU MURES BACAU z L z z z z SIBIU TIMISOARA z z BRASOV GALATI BRAILA SACOSU z CRAIOVA z PITESTI BUCAREST 3900 € pour retourner chez eux… et envoyer leurs proches les remplacer z z z TULCEA CONSTANTA z z a France a expulsé environ 500 tsiganes roumains, en une semaine, fin janvier, avec promesse de leur attribuer une somme de 3900 € contre leur engagement de ne pas revenir sur son territoire. "Romania Libera" a dépêché un journaliste dans la région de Timisoara pour rendre compte de leurs conditions de retour et de réinstallation dans leurs villages. "La moitié des 200 habitants du village tsigane de Berini, commune de Sacosu, ont émigré en France dans le seul espoir d'être rapatriés par les autorités françaises et de toucher la prime de 3900 € qu'elles ont promise de leur verser dans le mois suivant. Ils avaient effectué le voyage aller par le car, économisant sur l'aide sociale versée par leur mairie pour payer leur billet, d'un coût d'une centaine d'euros. Séjournant en France juste le temps d'être enregistrés sur place par l'administration, ils ont été renvoyés par avion, une première tranche de 300 € leur étant remise à l'aéroport de Timisoara. "Si on n'a pas le reste d'ici la fin du mois, on retournera en France" ont menacé plusieurs d'entre-eux. Analphabètes avec diplômes Le parc Cismigiu menacé à son tour 30 Commencée sous Ceausescu, la destruction du paysage urbain de Bucarest continue, cette fois-ci sous la pression des investisseurs, bakchichs et énormes intérêts financiers faisant bon ménage. Après l'église Armenesti, reléguée dans l'ombre d'une tour de 19 étages, puis la cathédrale Saint-Joseph, flanquée d'un immeuble de 75 mètres de haut, le parc Bordei, en passe d'être livré aux promoteurs, c'est au tour du parc Cismigiu d'être menacé. Ce petit bijou de verdure, qui permet au centre de la capitale de respirer, accueille promeneurs, retraités, familles, risque d'être entouré par d'immenses blocs de 27 étages, à chacun de ses quatre coins. Outre une atteinte irréparable au paysage et à l'architecture classique de l'endroit, ces constructions, destinées à accueillir des activités de bureau, draineraient une circulation automobile infernale dans des rues étroites, déjà encombrées. Le projet a été présenté début janvier à la Commission technique d'urbanisme de la ville, son président argumentant que "les tours prévues seraient très utiles aux promeneurs du parc afin qu'ils se repèrent et se dirigent". Les Tsiganes de Berini sont particulièrement pauvres. Beaucoup vivent dans des taudis, entassés à cinq ou six dans ce qui tient lieu de pièce, souvent sans lumière, parfois sans chauffage, mais se débrouillant toujours pour avoir la télévision, certains payant même un abonnement au câble - 6 € par mois-, le prix d'une journée de travail, qu'ils trouvent à l'occasion à droite ou à gauche. La plupart sont analphabètes… mais avec diplômes, datant de l'ère Ceausescu. "A l'époque, on leur attribuait des notes et leur délivrait des certificats témoignant qu'ils avaient fait leur huit classes du primaire, mais ils ne savent pas écrire leur nom" commente le maire de Sacosu, Gabi Koller. "Comme ils savent ni lire ni écrire, il est difficile de les embaucher" poursuit-il, "mais la vérité, c'est qu'ils ne veulent pas travailler. Ils attendent l'aide sociale, s'offrent pendant deux jours du salami, des tomates, du fromage et des bières, puis ensuite du pain avec du sel. Il y a même des jours où ils ne mangent rien". Des moutons à la place de la prime promise Miti Novacovici, lui, a mendié pendant quelques années en France. Aujourd'hui, il a sa maison dans le village et roule en Mercedes. A Paris, en août 2007, lorsque les autorités françaises ont fait leur proposition, il a sauté dans le premier car de rapatriement. "Ils ne nous ont pas donné 3900 € en liquide, mais nous ont acheté du bétail" indique-t-il. "J'ai reçu 65 moutons. Mon grand-père a dû se retourner dans sa tombe quant il m'a vu en berger. On n'a jamais fait çà dans la famille". Résultat: faute de soins appropriés, 45 moutons sont morts en quelques semaines. Quelques uns ont servi au clan à festoyer et le reste a été vendu. Au bout de six mois, il ne restait rien de sa prime au Tsigane rapatrié. "Les Français n'ont pas réfléchi qu'on ne s'improvise pas berger comme çà" s'irrite le maire de Sacosu, poursuivant : "Les moutons, il faut savoir s'en occuper. Il faut les nourrir. Ils ont besoin de pâturage. Ici, on n'en a pas suffisamment. La France a confié l'affaire à une fondation qui a fourni 1500 moutons à 25 Tsiganes. On voit le résultat". Miti Novacovici, lui, a vite compris tout le profit qu'il pouvait tirer de la manne française. Il a incité ses proches à aller le remplacer en France, juste le temps de se faire enregistrer et de demander leur expulsion pour bénéficier de la prime de 3900 €. Le business, qu'il a développé, s'assurant un pourcentage au passage, lui rapporterait 3600 €, selon l'estimation du maire. Les plus malins l'ont imité… et c'est ainsi que la moitié du village de Berini s'est retrouvée en France". Les NOUVeLLes de ROUMANIe Vie quotidienne Société Gheorghe et Mariana, les Bucarestois sont revenus à Nantes où ils ont vécu seize ans G heorghe, 41 ans à l'époque, et Mariana, 36 ans, ont quitté la Roumanie à l'été 1990, avec leur fils unique, Cristian. Après avoir vendu précipitamment leur appartement, le couple a acheté trois billets d'avions pour la première destination disponible, sans esprit de retour. Ce fut la France où ils débarquèrent avec 400 deutschemarks en poche (150 €). Ouvrier typographe puis souffleur de verre, le Bucarestois n'en pouvait plus de toutes les tracasseries dont il était victime, de ses convocations à la Securitate pour son "mauvais esprit" car il n'envoyait pas son fils fêter le 23 août - fête nationale communiste -, des séances d'accusations et d'autocritique au travail, quand un des ses collègues l'avait mouchardé pour une blague sur Ceausescu. Cela lui avait valu d'être kidnappé par les policiers, roué de coups et jeté de leur voiture dans un carrefour où il pouvait se faire écraser. Dans un carton sur le trottoir parisien Le vase avait débordé lors des "minériades" de juin 90. Participant à l'euphorie des étudiants, Gheorghe avait distribué des tracts, ce qui lui valut d'être à nouveau tabassé. Sans parler un mot de français, la famille se retrouva sur le trottoir parisien. Mariana et son garçon trouvèrent refuge dans un foyer de femmes battues. Gheorghe, qui pour la première fois était séparé des siens, s'installa dans un carton qui traînait dans une rue à proximité. Un clochard, qui se révéla d'une grande humanité, le réveilla et l'emmena, malgré sa peur, dans un bâtiment désaffecté. Ce cauchemar a duré trois semaines. Tous les matins, il retrouvait Mariana qui devait quitter le foyer et le réintégrer au plus tard à 20 heures. Des Roumains leur conseillèrent de se rendre à la Croix Rouge. Bien leur en prit, celle-ci leur paya une chambre d'hôtel pendant un trimestre, leur assura une assistance et un contrôle médical, puis, de fil en aiguille, en passant par France-Terre d'asile, la famille se retrouva à Nantes en février 91, dans un foyer et ensuite en appartement HLM. Le couple suivit des cours de français, Mariana obtint un stage de formation comme cuisinière et Cristian fut envoyé à l'école, une classe de rattrapage lui permettant de se familiariser avec la langue. Dur de se faire une place au soleil La famille obtint le statut de réfugié politique et pouvait envisager une nouvelle vie. Elle fut rude. Mariana trouva vite quelques heures de travail, complétée par des ménages, et son énergie à la tâche contribua à la faire embaucher à temps plein. Gheorghe tenta de relancer son activité de souffleur de verre, ouvrant son atelier. Il dût renoncer, faute de clients, et suivit un stage de réorientation professionnelle comme électricien. "Il m'a surtout appris à chercher du boulot" confie-t-il… ce qui lui servit puisqu'il fut embauché en 1999 aux chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire par une entreprise de sous-traitance. La construction navale était alors en plein boom: en cinq ans, le Roumain installa l'électricité des soutes aux ponts en passant par les cabines dans onze bateaux dont les quatre "Millénium", le "Queen Mary", et le "Sovereign of the seas", plus gros paquebots du monde à l'époque. Mais les journées étaient dures. Sitôt rentré de Saint-Nazaire, distant de 70 km, Gheorghe prenait la direction d'un village des bords de Loire pour retaper la maison qu'il avait acquise 300 000 F (45 000 €) grâce à un prêt de la banque. Il y travaillait jusqu'à une heure du matin, tout le week-end, embauchant des copains roumains, se contentant de sandwichs et de bières. Il ne rentrait chez lui que pour s'affaler dans le lit. A six heures, le réveil sonnait. Direction Saint-Nazaire. Deux ans à ce rythme… mais le Bucarestois la revendit au triple de son prix. Balançant entre "gratar" et huîtres Fort de cette expérience, Gheorghe recommença l'expérience en voyant plus grand, ce qui lui permit de mettre de côté 100 000 €. Suffisamment pour revenir au pays. La gentillesse naturelle de ses compatriotes, leur sens de l'accueil, les relations familiales à l'ancienne, les amis, les parties de pêche, les "gratar" (barbecue) manquaient au couple qui avait du mal à supporter d'être toujours considéré comme étranger en France, alors qu'il faisait tout pour s'intégrer. Après être venue "prendre la température" à Bucarest à l'été 2006, la famille, qui a obtenu la nationalité française en 2002, fit ses adieux à Nantes en janvier 2007, montant un salon de beauté dans un quartier de Bucarest dont s'est occupé Mariana, pendant que son mari et son fils se consacraient à la prospection immobilière. Mais la concurrence étant rude, les anciens Nantais ont dû renoncer. Ils ont aussi découvert l'envers du décor avec une irritation ou impatience de Français qu'ils n'avaient pas lorsqu'ils ont quitté leur pays. La pauvreté, le manque de courtoisie rencontré dans la vie courante, les bureaux, l'administration, l'absence de respect de la nature, avec des déchets abandonnés dans les plus jolis sites, les ont rappelé brutalement à la réalité. La "bonne vie" de France, avec ses beautés naturelles préservées, sa cuisine, ses fromages qu'on ne trouve pas ici, ses huîtres le dimanche accompagnées d'un petit coup de muscadet, la partie de pétanque, leur manquait. Alors Gheorghe et Mariana ont décidé de rentrer à Nantes, mais cette fois-ci en ayant deux ports d'attache: l'un proche de l'Atlantique, l'autre de la Mer Noire. "Après tout" conclut Gheorghe, "le cœur a bien deux oreillettes". 23 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Vie quotidienne Gisèle, la Nantaise expatriée, passera sa retraite en Roumanie SUCEAVA z z BAIA MARE ORADEA z ARAD z IASI CLUJ SIBIU TIMISOARA BACAU z z z z PITESTI CRAIOVA z BRASOV z SINAIA z z TARGU MURES z GALATI z z PLOIESTI BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z (Suite de la page 21) “On n’est pas au cinéma” 22 Où fait-il bon vivre ? D'autres de ses collègues utilisent une barrette en braille placée à la base du clavier. C'est le cas de Sacha Van Loo, à Anvers, dont la maîtrise de sept langues est un atout majeur dans les enquêtes liées au terrorisme. Passionnant? Ion rit. "On n'est pas au cinéma ! Beaucoup de conversations sont banales. Mais chaque affaire est une histoire, avec des gens qui ont souffert, rêvé, jalousé, convoité. Ce sont des tranches de vie. Un recueil de nouvelles...". Annick Cojean ("Le Monde") Démographie en baisse... mais mariages en hausse Un Roumain est mort toutes les deux minutes, un autre est né chaque trois minutes en 2007, selon l'Institut National de la Statistique, avec comme conséquence la poursuite du déclin démographique du pays, lequel comptait 21,530 millions d'habitants au 31 décembre dernier, bien que la mortalité générale et notamment infantile soit en baisse. Le taux de natalité est toujours en recul. Il pourrait se redresser avec la hausse sensible du nombre de mariages enregistrés l'an passé, 189 000 (+ 43 000, + 30 %), dans laquelle il faut sans-doute voir l'effet de la prime de 200 € accordée par le gouvernement, le pourcentage de divorces restant stable (33 000, soit environ un pour 6 mariages). U ne Française qui envisage de passer sa retraite en Roumanie où elle travaille depuis près de dix ans, un couple de Roumains qui a retrouvé Bucarest mais revient de plus en plus souvent en France après y avoir vécu pratiquement sans interruption depuis la "Révolution"… Ce sont les reportages que "Les Nouvelles de Roumanie" proposent dans les pages ci-contre et suivantes. Des destins croisés qui illustrent finalement la recherche d'un endroit où l'on se trouve bien. Finalement, chacun a choisi de vivre chez l'autre. Pour les Français, c'est y retrouver un peu d'authenticité que l'on a connue autrefois. Pour les Roumains, la notion de confort, de sécurité devant les aléas de la vie, qui n'est pas assurée dans leurs pays, l'emporte. "J'aime les gens d'ici" "J'aime les gens d'ici, leur sens de l'accueil, leur attachement à leur terre"… A l'heure prochaine de la retraite, Gisèle Nadalin s'apprête à poser son sac d'expatriée en Roumanie. La Nantaise a pourtant beaucoup voyagé. Ses études de droit achevées, devenue fonctionnaire du ministère des Finances, elle a accumulé Gisèle Nadalin. les missions à l'étranger dès l'âge de 30 ans. Après l'une qui l'avait conduite en Martinique, Bercy lui proposa, en 1999, de devenir conseillère auprès du ministère des Finances roumain sous l'égide de l'UE pour aider ce pays à préparer l'acquis communautaire dont il avait besoin afin d'entrer dans la Communauté Européenne. La Nantaise se passionna pour ce jumelage d'administration, se mettant à écrire avec ses collègues roumains des lois entrées en vigueur aujourd'hui. "C'était exaltant. Il n'était pas question de reprendre tel quel ce qui existait en France. Il fallait trouver des solutions qui soient un bon compromis pour les Roumains, imaginer, brûler des étapes pour gagner du temps, regarder ce que faisait d'autres pays comme les USA, l'Espagne, faire venir des responsables de Bruxelles, si besoin. Surtout, il n'était pas question de dire: c'est comme çà… L'important, c'était que l'idée fasse son chemin et que les Roumains se l'approprient quitte à la modifier". Le loup, l'agneau… et le paysan La fonctionnaire était loin du train-train de l'administration française, de son fonctionnement et de ses certitudes. Tout au long de ces années, elle occupa temps libre et congés à découvrir le pays. A sa manière, c'est-à-dire hors des sentiers battus. Elle passa des journées entières dans des villages isolés du Delta et dans leurs maisons en toit de chaume, ramassa du miel d'abeilles dans des forêts d'acacias avec un apiculteur, goûta la tsuica aux cerises que confectionnait un curé du nord des Apuseni et les délicieuses pâtisseries aux noix de sa bonne. Curieuse de la nature, Gisèle effectua une retraite dans la montagne de Bucovine, à Vatra Dornei, en profitant pour ramasser framboises, guignes, fraises des bois et faire des confitures. Ces promenades l'amenèrent à faire des rencontres imprévues. Ainsi croisa-t-elle un paysan avec un seau plein de cerises. Elle lui proposa de l'acheter mais la transaction ne se fit qu'à la condition qu'elle le récipient en fasse partie. Comprenant qu'elle était française, l'homme se mit soudain à réciter "Le loup et l'agneau", détachant les mots de français comme il l'avait appris voici si longtemps à l'école. (Lire la suite p. 24) Les NOUVeLLes de ROUMANIe Minorités Société L'UE encourage et aide les politiques nationales ciblées en faveur des Tsiganes L 'adoption dans l'urgence par l'Italie, fin octobre 2007, d'un décret pour faciliter l'expulsion des immigrés roumains, après le meurtre d'une Italienne par un Rom roumain, a provoqué de fortes tensions entre Bucarest et Rome. Le double amalgame Rom-criminalité et Rom-Roumains a donné lieu à une succession de déclarations peu amènes, dont celle du maire de centre-gauche de Rome, Walter Veltroni, dénonçant "un péril roumain". L'Italie est la première destination d'immigration des ressortissants de Roumanie, peuplée de 1,8 million de Roms. Une communauté de sept millions de personnes La question de leur intégration s'est, par ce fait divers, imposée à l'Italie et, par ricochet, à l'Union Européenne, que les premiers ministres italien et roumain ont appelée à l'aide. Les 7 millions de Roms d'Europe - sa plus importante minorité transnationale - vivent en majorité à la marge de la société. A Bucarest, Rome ou Madrid, des campements de Roms s'installent en périphérie des grandes villes dans des conditions insalubres et forment souvent des foyers de délinquance. Depuis que Roumains et Bulgares sont devenus membres de l'UE, leur rapatriement pour "situation de dénuement" est devenu fréquent en Europe de l'Ouest, Suisse comprise. En France, le nombre de ces "rapatriements humanitaires" est ainsi passé de 400 personnes en 2006 à 1 239 en 2007, dont 788 pour des Roumains et des Bulgares. Bruxelles a déjà investi 150 millions d'euros Mais les Roms ne sont pas mieux intégrés dans leurs pays d'origine. Aussi s'efforcent-ils de renforcer leur représentation au sein des instances internationales - à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), au Conseil de l'Europe, au Parlement. Des programmes visant la promotion de leur culture et l'intégration de leur communauté ont été mis en place dans les Etats où ils se trouvent. Un bureau européen d'information sur les Roms, ERIO, analyse des informations collectées par les Etats et les organisations non gouvernementales dans différents pays. Ses enquêtes ont permis de mieux cerner l'évolution de la population rom en Europe. La présence d'un nombre de Roms supérieur aux estimations en Turquie, en Ukraine ou en Russie a ainsi été révélée, même si l'absence de statistiques ethniques limite la fiabilité de ces études. Des programmes cadres ont été adoptés au niveau national, financés par l'Union européenne et la société civile (Open Society Institute, Banque mondiale, Fondation Soros, etc.). Leurs résultats sont tangibles mais inégaux. Avant l'intégration en son sein de la Roumanie et de la Bulgarie, l'UE a dépensé 150 millions d'euros dans un fonds social destiné spécifiquement aux Roms, mais on ne sait pas toujours à quoi cet argent est employé. Le bilan général reste médiocre. "Les allocations familiales, les allocations logement, les indemnités chômage ou invalidité représentent toujours la source de revenus la plus fréquente des familles roms en Roumanie", indique le rapport 2007 du Fonds d'éducation des Roms à Budapest. Des enfants normaux placés en écoles spéciales pour "déficients intellectuels" Les pays concernés ont pourtant consenti des efforts pour, à la demande de Bruxelles, lancer des politiques d'intégration des minorités. Ainsi, en 2002, deux ans après l'adoption de deux directives européennes, la Roumanie a décidé la prise en charge par le ministère de la santé de médiatrices sanitaires, elles-mêmes roms. Celles-ci sont chargées d'identifier et de prévenir les problèmes de santé de leur communauté. Le bilan de leur action est relativement positif. "Les enfants roms sont beaucoup mieux suivis médicalement et plus souvent vaccinés", témoigne Florina Busuioc, 39 ans, médiatrice à Bucarest. De l'avis général, le plus grand frein à l'intégration, outre les préjugés, reste le faible niveau d'éducation, lui-même facteur clé de l'accès au marché du travail. Le taux de chômage des Roms est parfois dix fois supérieur au taux national. En République Tchèque, il est de 70 % pour les Roms contre 7,9 % pour l'ensemble de la population. Leur taux de scolarisation chute dès le secondaire. Et, en Europe centrale, de nombreux enfants sont placés en "écoles spéciales pour déficients intellectuels" dès le primaire. La Cour européenne des droits de l'homme a jugé discriminatoire, à la mi-novembre, le placement forcé dans ces "écoles spéciales", et a condamné la République tchèque pour cette pratique, courante en Slovaquie, en Hongrie, en Bulgarie et en Roumanie. "C'est une grande victoire", s'est félicitée Vera Egenberger, directrice du Centre européen des droits des Roms à Budapest, car il crée une jurisprudence. "C'est le Rom qui détient les clés de son développement" Incitatrice, coordinatrice, arbitre, l'Europe a permis des avancées significatives, depuis 2005, dans le cadre de la Décennie d'intégration des Roms. Cette initiative a permis de développer des politiques nationales ciblées sur le logement, l'éducation, l'emploi et la santé dans neuf pays (Roumanie, Bulgarie, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Serbie, Croatie, Monténégro, Macédoine). "Des actions doivent être concertées au niveau européen", affirme Jean-Pierre Liégeois, fondateur de Centre de recherches tsiganes, à Paris, dans son dernier ouvrage, Roms en Europe (éd. du Conseil de l'Europe, 2007). Mais, insiste-til, "c'est le Rom qui détient les clés de son développement". Anne Rodier ("Le Monde") 31 Les NOUVeLLes de ROUMANIe z BAIA MARE z z ZALAU z z TARGU MURES z HATEG z z IASI ORADEA ARAD Religion SUCEAVA z z BACAU GALATI z TIMISOARA BRAN R. VÂLCEA CRAIOVA z z z z BUCSANI BUCAREST z TULCEA CONSTANTA z Nature Abeilles décimées 32 Société La sécheresse de l'année dernière, facilitant la prolifération des parasites, serait à l'origine de la destruction de 30 % des abeilles du judet de Zalau, le plus important producteur de miel du pays, qui compte 1100 apiculteurs et 41 500 ruches. L'absence de subventions ne permettant pas aux éleveurs d'acheter les médicaments nécessaires est également évoquée. Ce phénomène entraînant une carence de la pollinisation pourrait aussi avoir des conséquences sur les plantes et les arbres. Réserve de bisons Après Negra-Bucsani, VanatoriNemat et Hateg, la Roumanie va posséder une quatrième réserve de bisons, à Vama Buzaului, près de Brasov. Les autorités du judet ont décidé sa création, sur une superficie de 100 hectares, afin d'aider au développement du tourisme rural et de mener une action pédagogique auprès des scolaires. Une somme de 120 000 € lui a été affectée, destinée notamment à l'achat de dix bisons en Allemagne et Suisse et de quatre à la réserve de Bucsani, ainsi qu'à la construction d'un centre de séminaires. Les bisons ont disparu d'Europe occidentale au XIème siècle, mais beaucoup plus tard en Europe de l'Est, où le dernier exemplaire est mort en 1762 en Moldavie et en 1927 au Caucase. Ils ont fait leur réapparition en Roumanie en 1958, avec quelques spécimens importés de Pologne où ils avaient été réintroduits à l'état sauvage en 1951, comme dans les Pays Baltes, en Ukraine, Biélorussie et Russie. Rome veut relancer le dialogue avec les orthodoxes tout en maintenant le principe de primauté du pape Reconnaissant leur arrogance les prélats catholiques font pénitence A la suite du deuxième consistoire convoqué par le pape Benoît XVI , le vendredi 23 novembre, réunissant 142 cardinaux à Rome et consacré aux avancées et déceptions du dialogue œcuménique, le cardinal Walter Kasper, président du conseil pour l'unité des chrétiens, s'est réjoui du progrès du dialogue avec l'orthodoxie, manifesté par la signature, le 14 octobre à Ravenne (Italie), d'un document commun sur la "primauté" de l'évêque de Rome (le pape). "C'est un virage important", a-t-il commenté. "Pour la première fois, les orthodoxes ont reconnu un niveau universel de l'Eglise et admis qu'à ce niveau aussi, un Protos - primat - existe, qui ne peut qu'être l'évêque de Rome". De même a-t-il estimé que les relations difficiles avec le patriarcat de Moscou "se sont sensiblement aplanies", parlant de "dégel" et réexprimant son espoir d'une rencontre entre le patriarche de Moscou et Benoît XVI. Un certain scepticisme a toutefois accueilli ce bilan même mesuré. Le camp orthodoxe est traversé d'extrêmes tensions entre le patriarcat de Constantinople qui, pour des raisons historiques, entend incarner un leadership orthodoxe et mène le dialogue avec Rome, et le patriarcat de Moscou plus réservé, mais qui possède le plus de troupes (la puissante Eglise de Russie) et qui n'a pas signé le document de Ravenne. Code de bonne conduite Aussi, l'enthousiasme qui a suivi l'accord de Ravenne est-il excessif. L'Eglise d'Orient (orthodoxie) a toujours reconnu la "primauté" de l'évêque de Rome (le pape), mais elle continue de ne pas reconnaître "le statut, le sens et l'exercice que le catholicisme lui a conférés au deuxième millénaire de l'histoire chrétienne", comme l'explique le théologien J.F. Colosimo, ajoutant: "Du point de vue orthodoxe, c'est la rectitude de la foi qui légitime la primauté et non pas la primauté qui détermine la rectitude de la foi". Une pierre dans le jardin de l'église cathoLe patriarche Teoctist avait rendu visite à Jean-Paul II, avant de le recevoir à Bucarest, en terre orthodoxe. lique à laquelle les chrétiens d'Orient reprochent d'avoir pris trop de liberté avec le dogme. Pour le reste dans ce débat oecuménique de Rome, les cardinaux ont tenté de déterminer un code de bonne conduite. Soit une nouveauté pour des catholiques accusés d'arrogance comme dans ce document de juillet 2007 de la congrégation pour la doctrine de la foi répétant que l'Eglise catholique était "la seule véritable Eglise du Christ", qui avait irrité les Eglises protestantes en particulier. Désavouant ses collègues de l'ex-Saint-Office, le cardinal allemand Walter Kasper a jugé "souhaitable" de revoir "la forme, le langage et la présentation au public de telles déclarations". Ce souci a été pris en compte par les cardinaux qui ont souligné la nécessité “d'user de formes de communication attentives à ne pas blesser la sensibilité des autres chrétiens". Henri Tincq (Le Monde) Les NOUVeLLes de ROUMANIe Faits divers Société Malvoyant, il écoute, il tape… des conversations relatives à des meurtres, complots, trafics de drogue et de véhicules… Ion le Roumain, policier de sa majesté Albert II de Belgique I 1 travaille sur des affaires d'homicides et de grand banditisme, de prostitution, de trafic de stupéfiants et de terrorisme. Un casque sur les oreilles, un clavier d'ordinateur sous la main, il retranscrit jour après jour les écoutes téléphoniques de suspects qui pourront se révéler déterminantes dans la résolution d'enquêtes criminelles. Il est policier. Avec plusieurs de ses nouveaux collègues, il a prêté serment en juin 2007, devenant "auxiliaire du procureur du roi". Mais il ne porte pas d'armes. Ne peut procéder à des arrestations. Et ne doit pas s'exposer à des situations dangereuses où son handicap pourrait poser problème. Comme ses collègues, il est malvoyant; certains sont aveugles. Tous ont un atout dont la police espère tirer un bénéfice: une capacité d'écoute et de concentration exceptionnelle qui leur permet d'entendre ce que les voyants ne distinguent pas. "Question de survie!" sourit Ion Beleava, ce nouveau policier recruté par la police fédérale de Belgique. "Les aveugles ou malvoyants n'ont pas une meilleure ouïe de naissance, mais nos handicap nous ont forcés à la développer, à mémoriser et décoder le moindre son". Deviner la marque d'une voiture au ronronnement de son moteur C'est sur ce talent qu'investit la police. Cette extrême sensibilité aux bruits, voix, souffles, accents qui, dans une enquête, peut faire la différence. "La loi de 1994 a considérablement étendu le champ des écoutes téléphoniques que peut demander un juge", explique Paul Van Thielen, directeur général de la police fédérale à Bruxelles. "Organisations criminelles, trafic humain, d'hormones ou de stupéfiants, meurtres, homicides... Les non-voyants peuvent non seulement décharger les enquêteurs d'un travail de retranscription très chronophage, mais je suis convaincu que leur capacité à y noter des détails signifiants peut être capitale". Des exemples ? Détecter si l'un des interlocuteurs enregistrés parle d'un autobus, d'un train ou d'un tramway. Cerner l'environnement sonore de la conversation: rue, restaurant, aéroport. Deviner la marque d'une voiture au ronronnement de son moteur. Identifier des accents. Reconnaître une voix déjà entendue sur une écoute... "C'est sur des détails que tout peut se jouer!", affirme Paul Van Thielen. A l'origine de cette expérience pilote que le directeur de la police a l'intention d'étendre, une mission d'étude - effectuée à la demande du gouvernement belge à l'été 2003 - dans les Pays-Bas voisins, où le recrutement de policiers aveugles, deux ans plus tôt, avait eu du retentissement. M. Van Thielen en était revenu enthousiaste. Et averti. La police néerlandaise avait conseillé l'installation de tandems, expliquant qu'un binôme de policiers était plus efficace. "Au pays de Ceausescu on ne rêvait pas de devenir policier!" Le recrutement pouvait commencer. Six postes (à Bruxelles, Liège et Anvers) devaient être créés: trois francophones, trois néerlandophones. Des dizaines de candidats n'attendaient que ce moment. "Une chance!" se rappelle Ion Beleava. "Une assistante sociale des Amis des aveugles de Mons m'a signalé l'appel à candidatures diffusé sur Internet. C'était fin février 2007, et il ne me restait que quelques heures pour remplir mon dossier, j'ai foncé. Les défis forcent à se dépasser! Et j'aime l'idée d'une police rassurante, au service de la protection du public". Ce n'était pas un rêve d'enfant. "Au pays de Ceausescu, on ne rêvait pas de devenir policier!". Ion Beleava est arrivé en Belgique en 199l, à 28 ans, comme réfugié politique ayant fui la Roumanie avec sa femme, aveugle, et son petit garçon de 8 ans. Non-voyant de l'œil gauche et souffrant d^un champ visuel très rétréci à l'oeil droit en raison d'une hypoplasie rétinienne, il n'a jamais pu reprendre son métier de kinésithérapeute mais a vite appris le français, suivi des formations de secrétariat et de bureautique, exercé différents emplois tout en se familiarisant avec Internet. L'humour et l'efficacité du Roumain, devenu Belge, impressionnent Les tests conçus par la police ne l'ont pas impressionné. Pas plus que la formation qui a suivi l'annonce du résultat : organisation de la police belge, notions de déontologie et d'intégrité, droit et procédure pénale, fonctionnement des télécommunications... Restait à intégrer l'équipe des 260 personnes (dont 200 enquêteurs) de la police de l'arrondissement de Liège, avec un autre malvoyant de 37 ans, Stephan Biral, dont c'était le premier emploi. Le commissaire divisionnaire Jacques Chantry avait sensibilisé le personnel, et chacun a tout de suite intégré des règles de fonctionnement très simples: se présenter en entrant dans la pièce de travail, nommer les documents que l'on pose sur le bureau, ne pas considérer comme un tabou les questions sur la déficience visuelle... L'humour et l'efficacité du Roumain devenu Belge ont vaincu toutes les réticences. Il écoute, donc. Et tape. Des conversations relatives à des meurtres, complots, trafics de drogue et de véhicules... En lui remettant sur une clé USB l'enregistrement à écouter, l'enquêteur le briefe sur l'histoire, le contexte, les hypothèses. Et Ion retranscrit fidèlement, ajoutant parfois quelques détails sur une voix, un accent, un fond sonore, la proximité d'une autre personne... Il utilise un agrandisseur d'écran et une TV-Loupe. (Lire la suite page 22) 21 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Faits divers z SATU MARE SUCEAVA z z z IASI z TARGU MURES NADLAC BACAU z z z VASLUI ARAD z z TIMISOARA HUNEDOARA PITESTI z CRAIOVA BRAILA z BRASOV z z z TULCEA z TARGOVISTE BUCAREST z CONSTANTA (Suite de la page 18) La pauvreté en cause 20 Pays de transit, devenu pays de consommation z ORADEA Le professeur met cette indigence du langage sur le compte de la pauvreté, la dureté de la vie et des conditions de travail, l'ignorance due à l'isolement à la campagne. "La plupart des paysans ont quitté l'école primaire après trois classes seulement, déchiffrant au lieu de lire. Pour le calcul et la grammaire, c'est un véritable désastre. Seulement 3 % savent faire une division, beaucoup n'ont jamais lu un livre et ont oublié la langue roumaine. La plupart se contentent de regarder les émissions les plus bêtes de la télé" a-t-il confié, rajoutant "Le langage est l'instrument de la pensée. Comment voulez-vous qu'avec si peu de mots à sa disposition, on puisse évoluer?". Toutefois, Ionica Sava reconnaît qu'au cours de ses recherches il a aussi rencontré des paysans extrêmement intelligents, dotés d'une acuité intellectuelle étonnante et pleins de bon sens, qui l'ont fortement impressionné. Les "gros mots" à l'Académie roumaine Les gros mots vont faire leur entrée prochaine à l'Académie roumaine… plus exactement dans le dictionnaire de la langue roumaine auxquels les académiciens mettent la dernière main. L'ouvrage, comprenant 34 volumes, préparé depuis des années par trois collectifs de philologues de Iasi, Cluj et Bucarest, sera mis en circulation au cours de l'année. "Pour les linguistes, un mot obscène est un mot ordinaire" ont-ils plaidé ajoutant que "la langue roumaine avait besoin d'un bon coup d'époussetage, le dernier dictionnaire remontant au début du XXème siècle". Bucarest s'attaque au trafic de drogue avec l'aide de ses alliés européens V endredi 25 janvier, la police roumaine a saisi 84 kg d'héroïne en provenance de la Turquie. Dissimulés dans 160 paquets recouverts d'une chape de plomb pour déjouer le détecteur, les stupéfiants ont été découverts dans un poids lourd qui s'apprêtait à franchir la frontière roumano-hongroise à Nadlac, ville située à l'ouest de la Roumanie. La veille, Adrianus Bierhuizen, citoyen néerlandais résidant à Galati, au sud-est de la Roumanie, avait été déféré devant la justice roumaine pour avoir organisé le transport d'une tonne de cannabis. La drogue provenait d'Afrique du Sud, à destination des Pays-Bas via le port de Constanta. Pour l'Agence nationale antidrogues (ANA) de Roumanie, ce genre d'opérations relève de la routine. Selon son bilan annuel, rendu public le 22 janvier, plus de deux tonnes de drogue ont été saisies en 2007 dans le pays, soit une augmentation de 82 % par rapport à 2006. "La Roumanie se trouve sur la route des Balkans, entre l'Afghanistan et l'Europe de l'Ouest", explique Pavel Abraham, son directeur. "Depuis plusieurs années, non seulement nous sommes un pays de transit mais aussi un pays de consommation. Environ 350 000 Roumains ont consommé au moins une fois du cannabis, mais ce qui nous pose vraiment problème, c'est l'héroïne. Rien qu'à Bucarest, nous avons 24 000 consommateurs d'héroïne". Des réseaux de trafiquants sophistiqués Les opérations policières se sont multipliées depuis la création de l'Agence nationale anti-drogues en 2003, qui emploie 350 personnes dont deux tiers de femmes âgées, en moyenne, de 28 ans. Le défi de cette jeune agence est de mettre un frein au trafic de drogues qui s'intensifie en Roumanie. L'adhésion à l'Union Européenne en 2007 et la disparition progressive des frontières à l'intérieur de l'UE ne facilite pas sa tâche. Les trafiquants de drogues se sont organisés en réseaux transfrontaliers armés et équipés d'une technologie de pointe en matière de communication. "Nous avons été formés par les spécialistes anti-drogues venant des Etats-Unis, avec l'appui de pays européens comme le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne", précise Pavel Abraham. "Nous faisons partie d'une force européenne de combat qui s'attaque à la drogue, nous n'agissons pas en solitaires". Depuis les négociations d'adhésion à l'UE en 2000, Bucarest accueille un centre de combat contre le crime transfrontalier (SECI) qui réunit douze pays d'Europe centrale et orientale et des Balkans: Slovénie, Hongrie, Roumanie, Moldavie, Turquie, Grèce, Croatie, Bulgarie, Serbie, Albanie, Bosnie-Herzégovine et Macédoine. Chaque pays membre est représenté par un officier de liaison dont la mission consiste à assurer la circulation des renseignements au sein de l'organisation. Dresser une carte complète du crime en Europe "Nous ne pouvons pas agir seuls chacun dans notre coin", affirme le Slovène Mitja Mocnik, directeur du SECI. "Ce qui nous manque, c'est une carte complète du crime dans l'ensemble de l'Europe. C'est pourquoi nous sommes là". Le FBI, la CIA et les polices européennes assurent la formation des officiers du SECI. Les Etats-Unis, Interpol et l'Organisation mondiale des douanes y ont envoyé des représentants permanents. "Avant le SECI, la communication des renseignements entre les polices de deux pays pouvait durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines ou mois", explique Gabriel Sotirescu, son directeur adjoint. "Grâce à ce centre, la communication est instantanée. Le changement est radical, et le résultat aussi". Mirel Bran (Le Monde) Les NOUVeLLes de ROUMANIe Religion Société Le projet pharaonique de cathédrale de l'Église orthodoxe à Bucarest provoque toujours la polémique Un nouveau Vatican financé pour moitié par l'État C 'est un projet pharaonique, digne de la mégalomanie de Nicolae Ceausescu. Une cathédrale (en photo, sa maquette) susceptible d'accueillir 6000 fidèles, complétée par une bibliothèque, un hôtel pour les pèlerins et la résidence du chef de l'Église orthodoxe roumaine. Budget présumé: environ un milliard d'euros. Lancé à la fin des années 1990, ce "nouveau Vatican" a soulevé une polémique qui n'a cessé de s'amplifier. Non parce qu'il transgresse les règles intimistes de l'architecture orthodoxe, mais parce qu'il devrait être financé en grande partie par l'État roumain qui a déjà offert le terrain: onze hectares au cœur de Bucarest, juste derrière le palais cyclopéen de Ceausescu, devenu aujourd'hui le siège du Parlement. Soutenu par une partie de l'intelligentsia, Remus Cernea, le jeune président de l'Association pour la liberté de conscience, multiplie les démarches juridiques pour bloquer la réalisation de ce vaste complexe en dénonçant une "collusion inacceptable entre la classe politique et l'Église". Traité tantôt de "satanique" tantôt de "communiste", Cernea commente laconiquement qu'il doute "vivre dans un pays membre de l'Union Européenne". Relayée par l'activisme de l'Association des étudiants orthodoxes, elle dénonce les "déviances" en tous genres telle que la manifestation des homosexuels, un "péché mortel" selon l'Église. L'homosexualité a été dépénalisée en Roumanie récemment (en 2002). L'État, laïc selon la Constitution, ne se contente pas de fermer les yeux. C'est que, comme le remarque le politologue Gabriel Andreescu, "l'Église caracole en tête des sondages de popularité et représente un réservoir électoral considérable". En novembre dernier, alors que la campagne pour les européennes battait son plein, le président Basescu a cru bon de décorer en grande pompe le patriarche Daniel. Rival du président, le premier ministre a fait de la surenchère en lui offrant 9 millions d'euros pour la construction de sa cathédrale. Mieux: une loi votée l'an dernier par le Parlement engage le gouvernement à financer pour moitié le futur complexe. Une Eglise incapable de gérer son passé La croisade de Remus Cernea divise les élites. Pour Mihail Neamtu, un jeune théologien, l'ultranationalisme des dignitaires orthodoxes et leur prosélytisme ostentatoire s'inscrivent dans une longue tradition. "L'Église orthodoxe roumaine est un marqueur identitaire. Elle a toujours agi par philanthropie. Cette cathédrale n'est qu'une compensation pour les nombreuses églises détruites par Ceausescu". Persécutée, l'Église n'en a pas moins été l'alliée loyale du régime communiste, l'ex-patriarche Teoctist (décédé en août dernier) poussant le zèle jusqu'à envoyer un télégramme de félicitations à Nicolae Ceausescu lors du 14ème et dernier congrès du PC roumain, en novembre 1989. "Durant les Les complicités et surenchères de l'Etat laïc années 1930, bon nombre de prêtres sont entrés spontanément dans les rangs de la Garde de fer (mouvement fasciste)", rapLa future cathédrale "du salut de la nation" est le pelle Gabriel Andreescu, "et dernier avatar du retour en force d'une Église orthoil est avéré que la plupart doxe qui n'hésite pas à s'ingérer dans la vie publique des dignitaires orthodoxes, y en affichant des convictions nationalistes exacerbées. compris Teoctist, ont collaDix-neuf ans après la chute du communisme, les boré avec la Securitate. icônes ont pris massivement la place des portraits de Bizarrement, tous les dosl'ex-Conducator dans les écoles. Diverses pressions siers les concernant ont disparu". administratives y ont rendu l'éducation religieuse L'Église, reconnaît l'hisimplicitement obligatoire. torien Eugen Ciurtin, "se À en croire Cernea, "l'année scolaire débute montre incapable de gérer désormais par une prière, y compris dans les son passé de manière facultés". En 2006, l'Église a obtenu le retrait de la convaincante". Non contenthéorie évolutionniste dans les manuels de biologie: L’allégeance du président Basescu, lors de l’intronisation du patriache Daniel. te d'"escamoter la vérité", désormais l'homme ne descend plus du singe, mais est une création de Dieu. Elle a également investi les campus unielle fait aujourd'hui le jeu de l'extrême droite qui relaie fidèleversitaires et les casernes en obtenant l'autorisation d'y ment son discours. Une osmose qui s'est révélée payante pour construire des chapelles. le populiste Gigi Becali, devenu, grâce à ce cocktail de natioLe succès de l'un de ses organes officiels, Radio Trinitas, nalisme et de religiosité, l'un des hommes politiques les plus l'a incité à lancer prochainement une chaîne de télévision. populaires du pays. Arielle Thédrel (Le Figaro) 33 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Météorologie z ORADEA z SATUMARE z z TARGU MURES BELIS z TIMISOARA IASI z z z z BISTRITA z ARAD ROMAN GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Le plus haut parc d'éoliennes d'Europe va ouvrir près de Cluj 34 La Roumanie n'a pas échappé au réchauffement climatique du XXème siècle z SUCEAVA CLUJ Marisel, près de Cluj, située à 1250 mètres d'altitude, devrait être dotée en 2010 du plus haut parc d'éoliennes du Vieux continent, détrônant ainsi une commune française, située à 1000 mètres. La société de Cluj, Ramina Eol, a signé un contrat d'association avec la localité pour 49 ans, portant sur une superficie de 100 ha, pouvant être portée à 460 ha et qui sera équipée de 18 éoliennes de 100 mètres de haut, d'une puissance totale de 45 MW/heure. "Ici, le vent souffle deux fois par an, six mois de nord, six mois du sud" a plaisanté le maire en signant l'accord qui assurera 200 000 € de rentrée budgétaires à la mairie sous forme de diverses taxes. En outre, Cluj Ramina Eol s'est engagé à moderniser la route d'accès au parc d'éoliennes, l'école, la maternelle, le dispensaire et le cabinet dentaire. La firme construira également un centre culturel et un musée de l'éolienne. D'autres communes proches des Apuseni - Belis, Rasca, Margau souhaitent profiter de leur situation ventée pour se doter de parcs équivalents. Le président du Conseil du judet, Marius Nicoara a même pronostiqué, qu'à terme, un quart de l'énergie de la ville de Cluj serait ainsi produite. La première éolienne de Roumanie a vu le jour voici seulement deux ans, à Pasul Tihuta. Depuis le parc s'est agrandi, principalement en Transylvanie. L'un ouvert par des hommes d'affaires de Cluj a été installé à Tureni, un autre de 12 turbines fonctionne près de Baia Mare. Et la Dobroudja suit. Fréquence accrue des températures supérieures à 40° T out d'abord, il faut se souvenir que, aussi loin que les spécialistes puissent remonter (plusieurs milliers d'années), notre planète Terre a toujours connu des variations climatiques; il y eut des périodes encore plus chaudes qu'actuellement: si au XIè siècle, les Vikings ont emmené vaches et moutons sur le Groënland, c'est qu'il n'y avait pas de glace: ils n'étaient pas fous ! Au XVIIIè siècle, toute l'Europe a connu une longue période de canicule et de sécheresse, avec pour conséquences le déperrissement des céréales, la pénurie de farine et donc de pain. Dans l'avant dernier numéro, j'écrivais: "En Roumanie, de 1760 à 1785, règnent la chaleur et la sécheresse qui détruit toutes les récoltes". Une étude réalisée par les spécialistes en climatologie de l'Administration Nationale de Météorologie - roumaine, évidemment - à partir des relevés de 14 stations météorologiques du pays durant la période 1901-2000, met en évidence un accroissement de la température moyenne de +0,3° C en un siècle. Les zones foncées indiquent les régions où le réchauffement est le plus sensible, celui ci ayant Cette hausse est plus forte encovarié d’un demi-degré à l’intérieur même du pays. re dans l'est du pays : +0,8° C pour les stations de Bucarest-Filaret, Constanta et Roman. Par contre, il n'a pas été enregistré de hausse significative dans la zone intercarpatique à l'exception de Baia-Mare (+0,7°C), augmentation due essentiellement à l'activité industrielle (lire ci-dessous). 2007, cinquième année la plus chaude depuis 1850 Pour résumer, nous constatons au cours du XXe siècle, une fréquence accrue de températures supérieures à 40° C, une augmentation sensible des températures minimales en été, diminution des précipitations dans le sud du pays, mais en augmentation dans le nord-ouest et nord-est et une diminution de la couche de neige. L'année 2007 aura été la 5ème année la plus chaude depuis 1850. Les 2 premiers mois de l'hiver 2007/2008, sont dans cette ligne : sur la carte cijointe, les zones foncées délimitent des températures supérieures à la normale (en météo, la "norme" est celle des 3 dernières décennies, soit 1971/2000). Certes, fin décembre 2007, le pays a connu d'importantes chutes de neige, mais dans le sud exclusivement, comme dans tout le sud de l'Europe : la Bulgarie, l'Espagne et l'Italie ont également été touchées. La situation a été aggravée sur les grandes villes du sud (Bucarest, Craiova, entre autres) par l'activité humaine. C'est un phénomène bien connu que j'ai étudié à partir d'une situation similaire sur Pierre-Bénite (Lyon) le 21 décembre dernier (cf. "au fil du temps" - janvier 2008 - disponible chez l'auteur): l'air saturé en humidité artificiellement retombe sous forme de cristaux de glace. Lorsque les mêmes conditions météo se reproduisent, on constate ce phénomène essentiellement dans les zones industrielles denses qui entourent les grandes villes, la plupart du temps sur une surface réduite. Il neige donc effectivement, de la vraie neige, la nature ne faisant que compléter l'activité humaine, comme les canons à neige sur les pistes de ski. René Serrière - météorologue www.meteo-pierre-benite.com Les NOUVeLLes de ROUMANIe Faits divers Société Les mésaventures d'un prosélyte suisse du nazisme, aidé par son compère franco-roumain Interdite, l'association négationniste "Vérité et justice" renaît en Roumanie S ous la plume de Patrick Vallélian, le quotidien suisse "La Tribune de Genève" livre le récit des mésaventures survenues en Roumanie à un citoyen suisse négationniste aidé par son compère franco-roumain pour y créer une association niant les crimes nazis, en misant sur l'écho qu'y rencontre encore le maréchal Antonescu. "Dissoute en Suisse en 2002 par la justice fribourgeoise, l'association négationniste Vérité et Justice (V&J) a repris du service en Roumanie, avec à sa tête le Valaisan René-Louis Berclaz (notre photo), qui a habité plusieurs années à ChâtelSaint-Denis, et Georges Piscosi Danesco, un Franco Roumain établi dans l'ouest de la Roumanie. C'est d'ailleurs au domicile de Danesco, pointure du mouvement néonazi européen et propriétaire de la "Maison verte", un centre culturel local, que les deux hommes ont établi le siège de leur association qui a pour but de propager des idées niant le génocide juif durant la Seconde Guerre mondiale. Contacté sur place par courrier électronique, René-Louis Berclaz ne cache pas qu'il continue son travail de révision de l'histoire de la Shoah, même si ce dernier lui a valu d'être condamné à plusieurs reprises par la justice helvétique pour discrimination raciale. Il a même purgé une peine de prison ferme de dix mois en Suisse en 2005. Croix gammée sur le mur Mais voilà, au pied des Alpes comme des Carpates, la "vie des révisionnistes" n'est pas un fleuve tranquille. Le Valaisan s'est de nouveau frotté à la justice de son pays de résidence. En septembre 2006, il a été arrêté en compagnie d'un fugitif français, remis aux autorités hexagonales depuis. Ce dernier était recherché pour tentative d'homicide. Pas de chance pour René-Louis Berclaz qui se trouvait en Roumanie depuis un mois, "pour y passer quelques jours de vacances", explique-t-il dans son courrier électronique. Les limiers roumains s'intéressent alors à ses activités sur place. Ils fouillent la "Maison verte". Première surprise: ils tombent nez à nez avec une croix gammée très visible sur un des murs de l'imposante bâtisse. Deuxième surprise: ils trouvent du matériel négationniste, notamment des livres et des CD. "Je détiens quelques CD révisionnistes en langue française pour mon usage personnel exclusivement", se défend le cofondateur de V&J Roumanie. Troisième surprise: les enquêteurs trouvent un pistolet, un fusil de chasse et des cartouches. Du coup, René-Louis Berclaz passe du statut de prévenu à celui de prisonnier, le temps de l'enquête. Soit trois mois, indique un témoin de son audition sur un site négationniste. "J'ai vu R.-L. Berclaz menotté avec un jeune Tsigane à l'aspect révoltant", écrit une femme, soutien du négationniste suisse, ajoutant "R.-L. Berclaz m'a paru fatigué et accablé". "L'ambassade suisse me soutient comme la corde soutient le pendu" Depuis, le Suisse est sorti de prison, mais il ne peut pas sortir du territoire roumain. Vivant dans un lieu qu'il nous a demandé de garder secret pour des raisons de sécurité - "Ici, pour l000 euros, un Tsigane vous plante un couteau dans le ventre, en plein jour et en pleine rue, ni vu ni connu", dit-il - il attend son procès "aussi bien que possible pour quelqu'un qui est obligé de vivre au jour le jour depuis plus de dix mois dans un pays étranger". Estimant que l'ambassade suisse à Bucarest le soutient "comme la corde soutient le pendu", René-Louis Berclaz ne comprend pas pourquoi il vit une telle situation. "La justice roumaine me reproche avant tout de détenir un fusil de sport, un modèle en vente libre en Suisse, et de me livrer à de la propagande raciste et xénophobe", poursuit-il. Un peu naïf comme argument, non ? "Je croyais détenir ce fusil en toute légalité, sur la foi de renseignements que m'avait communiqués un ami roumain", se justifie le Valaisan en refusant d'expliquer pourquoi il avait "importé" cette arme, ce qui est assimilé à de la contrebande d'armes en Roumanie. Et pour les CD et les livres? "Il faut savoir que la Roumanie n'est pas un Etat de droit, comme vient de le constater la Commission européenne, qu'il est très difficile d'y obtenir un renseignement juridique fiable et que la loi y est appliquée à la tête du client, autrement dit en fonction de l'épaisseur de son portefeuille ou d'autres considérations liées à la régression de la liberté d'expression en Europe et à la corruption", écrit-il encore. En revanche, René-Louis Berclaz s'inquiète pour son avenir. Il ne sait pas ce qu'il risque s'il est condamné, ni quand aura lieu son procès, "l'enquête n'étant toujours pas terminée". Cela fait maintenant plusieurs mois qu'il n'a plus été interrogé, constate-t-il en ajoutant que son avocate "n'y comprend pas grand-chose. Car elle ignore tout des dessous des procès qui visent les révisionnistes"! Patrick Vallélian 19 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Le Sénat interdit le mariage des couples homosexuels Evénements z BAIA MARE z SUCEAVA ORADEA z ARAD TARGU MURES z ZALAU z z z IASI BACAU CHISINAU z z BRASOV HUNEDOARA z z GALATI PITESTI z z z z z PLOIESTI TULCEA BUCAREST CONSTANTA z CRAIOVA Un paysan jure cent fois par jour 18 A l'écoute de ses voisins et du milieu rural dans lequel il vivait, Ionica Sava, un professeur de Cindesti, dans le judet de Vrancea, a entrepris une étude pour connaître l'étendue du vocabulaire employé par les paysans de sa région. Après plusieurs années d'inventaire, il en a déduit que leur usage du roumain était très limité, autour de 800 mots principaux, ce qui représente 1,5% de la langue roumaine. Son plus proche voisin n'en utilisait que 400… dont 80 % étaient des jurons. En dehors de ceux-ci, les expressions utilisées étaient très réduites, du genre "Hai sa facem vinul ("Allons faire le vin"), "Hai la prasit" ("Allons sarcler le maïs"), "Da mâncare la porci" ("Donne à manger aux cochons") et dans 40 % des cas accompagnés de jurons adressés indifféremment aux femmes, au pope, au cheval, aux poules, à la charrette… Les femmes et les jeunes aussi Ionica Sava, qui s'est rendu avec son magnétophone dans les bistrots, les champs, a provoquant des discussions sur des sujets culturels, enregistrant les bavardages, a établi qu'un paysan jurait en moyenne 100 fois par jour. Il en a conclu que le juron dominait la vie à la campagne et au contact de la terre, les mots les plus vulgaires étant utilisés par les ivrognes qui se disputent, les hommes qui battent leur femmes, ou les femmes qui cancanent entre elles, mais aussi par les jeunes. (Lire la suite page 20) L es sénateurs roumains ont formellement interdit, mercredi 13 février, les mariages homosexuels, en adoptant un amendement au code de la famille. Selon le nouveau texte, "la famille est fondée sur le mariage librement consenti entre un homme et une femme", et non plus "entre époux", comme cela figurait dans le code en vigueur depuis 1953. Les initiateurs de l'amendement, membres de quatre partis de la coalition au pouvoir comme de l'opposition, ont justifié cette modification par la nécessité de "défendre l'institution de la famille". "Pour le peuple roumain, pour la langue roumaine, le mariage a toujours été l'union entre un homme et une femme, a affirmé le sénateur social-démocrate Serban Nicolae, en assurant que cet amendement n'enfreint aucune norme européenne". Le sénateur de l'Union démocratique des Magyars (UDMR) Gyorgy Frunda a toutefois mis en garde contre l'"impact" de cet amendement, qui risque selon lui de valoir à la Roumanie des procès devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) de Strasbourg et estimé que cette question ne devrait pas être tranchée en l'absence d'un débat approfondi avec la société civile. Il a par ailleurs rappelé que "le Parlement avait eu besoin de dix ans pour dépénaliser les relations homosexuelles, et ce uniquement à la suite des pressions du Conseil de l'Europe", en 2001. Cet amendement, adopté par la commission juridique du Sénat la semaine dernière, avait aussitôt été critiqué par l'organisation Human Rights Watch, qui avait estimé qu'il représente une "menace à l'encontre des couples homosexuels et une insulte à l'adresse des progrès réalisés jusqu'ici par la Roumanie dans la lutte contre les discriminations". Il doit encore être débattu par la Chambre des députés. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Un Moldave chez les Roumains Insolite "Le pays où l'on taxe l'accouplement canin!" U n impôt pour les voitures neuves, un autre pour les eaux de pluie, etc. Un journaliste moldave, à la manière des Lettres persanes de Montesquieu, découvre avec stupéfaction la multiplication des taxes chez les voisins roumains. "La Roumanie est le pays des taxes les plus invraisemblables. Après la célèbre taxe auto (dite de "pollution", elle prévoit une taxe plus élevée pour les voitures neuves car elles vont polluer plus longtemps) instaurée par le Premier ministre Calin Tariceanu et la taxe sur la récupération des eaux de pluie, voilà que vient d'être inventée la taxe sur... l'accouplement des animaux ! Les sénateurs - ces élus populaires de la nomenklatura - ont aussitôt voté une loi dans ce sens, et, si elle passe l'étape de l'Assemblée, les resquilleurs risqueront une amende pouvant aller jusqu'à 10 000 lei (soit 2 860 euros). Et si votre chat ne demande pas la permission avant de s'unir à l'être aimé ? Et si, sortant se promener, votre toutou s'abandonne à la passion amoureuse dans le premier buisson venu sans que son propriétaire s'en aperçoive? Puisque les propriétaires d'animaux doivent s'acquitter d'une taxe pour que ces derniers puissent s'accoupler, je propose que nous donnions des papiers d'identité aux fruits de ces unions. Puisqu'ils paient l'impôt, que ces animaux soient pourvus d'un passeport et qu'ils puissent voter ! Je conseille aussi que cette nouvelle taxe soit testée à Brasov, la seule ville au monde où les animaux domestiques doivent s'acquitter des charges de copropriété au même titre que leurs maîtres. Le Collège des médecins a proposé l'autre jour que la traditionnelle cruche de vin que tout patient roumain remet à son médecin généraliste - le tarif de la consultation remboursée par la sécurité sociale étant quasi symbolique - soit transformée en taxe tout ce qu'il y a de plus légal. Légaliser le bakchich, en somme ! Un peu comme si les voleurs à la tire demandaient la légalisation du larcin, les voleurs de voitures la légalisation du crochetage des portières, les violeurs la légalisation du viol, les terroristes la légalisation de la ceinture d'explosifs, etc. J'ai appris qu'un homme mort depuis vingt-trois ans avait été convoqué pour effectuer un check-up gratuit - et il était loin d'être le seul d'entre les morts à avoir été sommé de se présenter chez le médecin, oh non ! Alors, à mon tour, je propose que l'on taxe désormais les morts qui, contre toute attente, ne se présentent pas chez le médecin quand l'Etat le leur demande". Mihail Vakulovski A savoir L'État roumain condamné 19 fois en un jour Dimanche 10 février, en une journée, l'État roumain a reçu 19 condamnations de la CEDO. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, 16 de ces condamnations concernent le dédommagement d'anciens propriétaires de biens immobiliers et de terrains nationalisés sous le communisme. Bucarest n'a que trois mois pour restituer les immeubles et terrains à ces anciens propriétaires ou les dédommager à hauteur d'environ 3 millions d'euros. En 2007, 10% des plaintes déposées à la CEDO l'ont été par des Roumains, ce qui place la Roumanie en 3ème position des pays les plus poursuivis par ses propres citoyens. Zalau: près d'une tonne d'explosifs retrouvée Environ une tonne de munitions, dont certaines non utilisées, a été retrouvée dans la cour d'une entreprise, dans la ville de Zalau. Leur propriétaire les aurait achetées, sans s'en rendre compte, dans un lot de 40 tonnes de fer A défaut du Paradis… s'assurer sur terre usagé il y a environ un an. Selon l'équipe de déminage envoyée sur les lieux, l'explosion des munitions aurait pu causer des dommages dans un rayon de 2 km à la ronde. Ces explosifs devaient être emmenés dans une enceinte militaire pour être désamorcés. L Autoroutes gardées contre le vol L'autoroute Bucarest-Pitesti est désormais surveillée par plus de 70 agents de sécurité depuis le 12 février. La Compagnie Nationale des Autoroutes et Routes Nationales de Roumanie (CNADNR) a signé un contrat avec une société de surveillance privée. La CNADNR souhaite ainsi mettre fin aux nombreux vols… de glissières de sécurité et de bornes de kilométrage. Les agents de sécurité seront pour cela accompagnés d'une trentaine de chiens. Leur mission consistera également à informer sur d'éventuels accidents routiers et les conditions météorologiques. L'autoroute Bucarest-Constanta va elle aussi accueillir une équipe de surveillance dans les semaines à venir. Valise à bakchichs pour le bricolo-corrupteur présentée par des journaux farceurs de Bucarest, après la démission du ministre de l’Agriculture, surpris en train de recevoir une enveloppe, de la tsuica... et des saucisses, pour favoriser l’attribution d’un marché. L es fidèles de l'Eglise de Urlati ont sursauté lors du sermon du prêtre de la paroisse en l'entendant les inciter à prendre une assurance et à souscrire à un fonds de retraite privé auprès d'AIG, un des plus grands fonds d'investissement mondiaux. Ioan Arion se défend toutefois d'avoir voulu lui faire de la publicité, mais "assure" au contraire qu'il a voulu mettre en garde ses ouailles pour qu'elles n'aillent pas souscrire une assurance ailleurs où elles risqueraient d'être escroquées, comme cela est arrivé dans le passé avec les fonds FNI, ruinant des dizaines de milliers de Roumains qui y avaient mis toutes leurs économies. Interrogé par les journalistes, Ion Arion a indiqué qu'il avait été contacté par différentes assurances mais qu'il a voulu recommander la meilleure à ses compatriotes, "la souscription de retraites privées étant désormais imposée par l'Union Européenne"… ce qui est faux. S'il ne garantit pas le paradis à tous ses paroissiens, au moins le pope espère-t-il bien les assurer pour leur vie terrestre… d'autant mieux que sa femme est la représentante locale d'AIG ! Dans les "fouilles"… es contrôles des passagers à l'aéroport international de Bucarest, Otopeni, sont parfois déroutants. Un de nos lecteurs en témoigne: "J'y prenais un vol pour me rendre à Tbilissi, en Georgie, via Munich. Au contrôle anti-terroriste on m'a demandé de mettre ma veste, ma ceinture, les objets métalliques, clés, etc. et même mon crayon Bic dans le panier pour le contrôle habituel. Ensuite j'ai dû subir le contrôle avec un appareil de détection manuel. Après avoir repris toutes mes affaires, et alors que je me dirigeais vers la porte d'embarquement, je me suis rendu compte, à mon grand étonnement, que j'avais un couteau suisse dans la poche de ma veste dont j'avais totalement oublié l'existence!" 35 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Le premier des rallyes "Dakar Series" sévira en Roumanie et en Hongrie dès avril prochain Sports z BAIA MARE ORADEA ARAD z z z IASI z CLUJ BRASOV z z SIBIU TIMISOARA z SUCEAVA TARGU MURES z GALATI z z BRAILA PLOIESTI CRAIOVA z z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Tennis: la fâcherie de Nastase 36 Ilie Nastase a démissionné de la présidence de la Fédération roumaine de tennis (FRT) après des accusations de fraude dans l'organisation du premier tour de Coupe Davis contre la France. "Je démissionne parce que j'ai été injustement attaqué par les médias roumains", a déclaré l'ancien champion à la chaîne de télévision Realitatea, deux jours après l'élimination de la Roumanie par la France (50). "Je vais probablement quitter la Roumanie pour m'installer dans un autre pays puisque personne ne veut de moi ici", a-t-il ajouté. Le quotidien Evenimentul Zilei a cité des documents de la FRT montrant que la Fédération avait réclamé aux autorités locales 37.000 euros pour l'installation d'une surface de jeu pour le match, coûtant en réalité 25.000 euros. Nastase, ancien numéro un mondial, a démenti toute malversation. Sa démission intervient en outre juste après le dénouement en sa défaveur d'une bataille judiciaire de cinq ans. La justice vient d'interdire à Nastase de créer une académie de tennis portant son nom à Timisoara, où l'exchampion comptait utiliser un terrain que la mairie lui avait donné en 1999. F aut-il se réjouir de voir les pays de l'Est ravalés au niveau des tribus africaines? Le controversé Paris-Dakar, désormais compétition "non grata" dans les pays occidentaux, sévira en Roumanie et Hongrie dès la fin avril… Un mois et demi après l'annulation du rallye Dakar 2008, l'organisateur de la compétition a annoncé la création d'une première compétition satellite en Europe centrale, qui se déroulera, du 20 au 26 avril prochains, en Hongrie et en Roumanie. De Budapest au lac Balaton, en passant par les Carpates roumaines, cette épreuve tous terrains de 3 000 km permettra notamment aux concurrents du Dakar annulé de ne pas perdre leur investissement. "Pour l'économie des rallyes, il était urgent de leur offrir une vraie compétition pour sauver leur partenariat et leur réseau financier", a souligné Etienne Lavigne, le directeur de l'épreuve organisée par le groupe Amaury Sport Organisation. Ce dernier avait remboursé l'intégralité des frais d'inscription et de carburant aux 250 motos, Le rallye vu par Kroff, caricaturiste belge... 200 voitures et 100 camions qui En 1980, René Dumont écrivait : "Le rallye Paris-Dakar est indécent”. devaient participer au Dakar 2008. "Nous étions en contact depuis plusieurs années avec les Hongrois, qui sont candidats au départ du Dakar 2010, et nous avions prévu de lancer nos 'Dakar Series' en 2009. Les événements nous ont conduits à avancer d'un an ce projet de rallyes satellites qui, à terme, devraient être au nombre de trois par an, en plus du Dakar, lequel restera le rallye-raid de référence, mais pourrait se dérouler sur un autre continent comme l'Amérique du Sud", a expliqué Etienne Lavigne. Pour cette première édition roumano-hongroise des "Dakar Series", le budget s'élèvera à un million d'euros. Le rallye sera ouvert en priorité aux concurrents du Dakar 2008, qui ne paieront que les frais de dossier (300 euros). Les autres concurrents devront s'acquitter des frais d'inscription: 3 000 euros pour une moto, 5 000 euros pour une voiture, 7 000 euros pour un camion. Une deuxième épreuve des "Dakar Series" pourrait avoir lieu plus tard dans l'année au Portugal, d'où devait partir le Dakar 2008. Un champion du monde d'échecs junior C ristian Chirila, 16 ans, a remporté le championnat du monde d'échec junior qui s'est tenu fin novembre à Antalaya (Turquie), obtenant ainsi le grade de maître de la FIDE (Fédération Internationale des Echecs). Plusieurs fois champion de son pays dans sa catégorie, le garçon pratique cette discipline depuis l'âge de 6 ans, sous la conduite de son père, Radu Catalin Chirila, arbitre international et également maître de la FIDE. Le garçon avait été sacré vice-champion d'Europe, catégorie enfant, alors qu'il avait 8 ans. Cristian s'entraîne avec ses amis des clubs de Bucarest et de Timisoara, mais aussi sur l'ordinateur portable que lui a offert son père. Elève en seconde au collège Emil Racovita, le jeune homme, élégant et coquet, consacrait ses gains jusqu'ici à s'acheter des vêtements ; maintenant, il a décidé d'économiser pour s'offrir une Opel Astra dès qu'il aura l’âge de passer son permis. Le dernier titre junior mondial de la Roumanie remontait à dix ans, en 1997 quand Levente Vajda l'a emporté à Erevan. Les précédents champions mondiaux juniors ont été Florin Gheorghiu (1961), Corina Isabela Peptan (1988, 1990 et 1991), Elena Luminita RaduCosma (1990) et Carmen Voicu (1991). Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité faire oublier les réalités du terrain mais pauvreté toujours bien là Avec un salaire moyen au-dessous de 200 euros, les augmentations de salaires sont calculées par rapport à la devise européenne. Elles peuvent sembler encourageantes mais les gens n'en bénéficient pas beaucoup. Au contraire, la sécheresse a entraîné des augmentations significatives des prix du pain et des produits fermiers. Même le désir de consommer est généré en partie par les revenus des Roumains employés à l'étranger. Ils envoient de l'argent à leur famille restée au pays, investissent dans la terre, le bâtiment et les voitures, après leur retour. Peut-on croire les chiffres ? La pauvreté reste une caractéristique constante de la vie quotidienne en Roumanie en dépit des apparences induites par l'aisance du pays. Nous avons une société fortement polarisée entre quelques personnes très riches, des employés avec un revenu élevé (qui travaillent pour d'importantes compagnies dans des grandes villes, souvent étrangères, spécialement dans le secteur bancaire et celui des assurances) et une grande masse de gens avec des revenus bas, voire très bas. Il paraît qu'en 1989 quelques 9% de la population vivait en dessous du seuil de la pauvreté. Mais peut-on faire confiance aux statistiques d'avant 1989? Et où se situait à l'époque le seuil de la pauvreté? Le plus grand nombre de personnes pauvres a été signalé en 2000 quand près de 40% de la population vivait en dessous de ce seuil et 13,8% dans l'extrême pauvreté. Du moins, c'est ce que les statistiques affirment. Nous pouvons probablement Un revenu moyen difficile à saisir D ans Gândul (La pensée) Caterina Nicolae s'interroge sur le niveau des revenus en Roumanie en 2008. "En octobre 2007, le revenu moyen s'élevait à environ 450 euros, mais, en Roumanie, moins de 14 % des 4,7 millions de salariés perçoivent ce revenu. Certains sont plus chanceux et gagnent plus, par exemple dans la finance, l'administration publique ou l'armée. De nombreux employés touchent 270 euros, une somme bien inférieure au salaire moyen. Ils travaillent dans l'hôtellerie, la restauration, le textile ou l'agriculture. (...) Cependant, l'entrée dans l'UE a permis aux Roumains de se familiariser avec les prix et les prétentions salariales des pays de l'ouest. Et beaucoup de ceux qui ne sont pas encore partis du pays demandent un salaire correspondant à leurs compétences, ne serait-ce que pour payer le loyer ou faire les courses. On est alors en mesure de se poser la question suivante: où peut-on gagner de l'argent ? En Roumanie ou à l'étranger?" ajouter 10 -15% de la population qui ne correspondaient pas strictement au "critère de la pauvreté" mais qui ne se portaient guère mieux. En 2004, les statistiques concernant la pauvreté ont chuté à 25% et actuellement, le chiffre se situe quelque part en dessous de 20%. Mais toutes les considérations ci-dessus restent vraies. Et comme je l'ai dit, les voyages dans le pays sont révélateurs à cet égard. Si nous ajoutons à tout ceci les sérieux problèmes des secteurs de la santé, de l'éducation, de l'assistance sociale et de l'infrastructure, nous avons une image plus complète des déficits majeurs du pays en termes à la fois de fonds et de développement. "Nous travaillons dur et en vain" Quelle est l'utilité de travailler dur (selon les statistiques, les Roumains sont ceux qui travaillent le plus de tous les citoyens européens) après tout? Nous travaillons dur et en vain... puisque nous sommes encore, avec la Bulgarie, les traînards de l'Europe en termes de niveau de vie. Nous vivons une époque d'impulsion économique mais cela prendra du temps, peut-être des décennies jusqu'à ce que nous comblions l'énorme fossé avec les pays de l'Europe occidentale. Pour le moment, nous sommes en train de déterminer les principales erreurs économiques et politiques qui ont abouti à ce que "les années 90 soient une période pendant laquelle la moyenne des revenus effectifs a chuté de plus de 25 % par rapport à 1989". Victor Lupu L'improbable retour des émigrés roumains dans leur pays L e gouvernement roumain a annoncé à plusieurs reprises son intention de mettre en oeuvre des programmes spécifiques pour organiser le retour des émigrés roumains. Ces dernières années, environ trois millions de Roumains sont partis tenter leur chance à l'étranger. En 2007, ils ont envoyé dans leur pays d'origine environ sept milliards d'euros. Selon Ionut Popescu, "ces personnes ne sont pas parties sur ordre du gouvernement. Aussi ne faut-il pas compter sur leur retour s'il le demande. Le gouvernement ne réussira pas à faire passer le salaire moyen à 800 ou 1 000 euros, somme que gagne un Roumain à l'étranger. Ainsi, seules les personnes qui, d'une manière ou d'une autre, avaient prévu de rentrer en Roumanie vont effectivement revenir. Toutes les autres dont les enfants sont scolarisés à l'étranger, qui ont fondé des communautés roumaines ou se sont intégrées, ne reviendront pas, et ce malgré les incitations du gouvernement." Capital (Roumanie) 17 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Social BAIA MARE BISTRITA z ORADEA z z IASI TARGU MURES z z ARAD z BACAU GALATI z SIBIU TIMISOARA z BRASOV z z CHISINAU z z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Les chiffres Population: 21 530 000 habitants Superficie: 238 391 km 2 PIB: 117 milliards d'euros Taux d'inflation annuel: + 6,8 % Salaire moyen net: 307 € Salaire minimum net: 137 € (employés), 274 € (cadres) Retraite mensuelle moyenne: 150 € (employés), 60 € (agriculteurs) Espérance de vie (hommes femmes): 68-75 ans Projets éoliens 16 Le groupe espagnol Iberdrola a annoncé le rachat de 50 projets de parcs éoliens dans la zone est de la Roumanie. Le coût de l'acquisition serait compris entre 200 et 300 M€. Les 50 projets ont une puissance totale de 1.600 MW (supérieure à celle des 2 réacteurs de la centrale nucléaire de Cernavoda). Le développeur des projets est la compagnie suisse Eolica Dobrogea AG, qui regroupe l'entreprise locale Rokura et la compagnie suisse NEK Umwelttechnik AG. La construction des premières fermes éoliennes démarrerait en 2008. Elles seraient opérationnelles en 2009. Par ailleurs, "Eviva Energy", filiale du groupe portugais Martifer envisage de réaliser cette année des turbines éoliennes d'une puissance totale de 50 MW, qui seraient mises en service au cours du dernier trimestre 2008. L'objectif de Martifer est de détenir en Roumanie, d'ici 2012, des fermes éoliennes d'une puissance totale s'élevant à 400 MW. L'investissement pourrait atteindre 600 M€. Société La Roumanie en noir et blanc Economie "florissante"… SUCEAVA z Les statistiques ne doivent pas Les NOUVeLLes de ROUMANIe L es dirigeants et politiciens, aussi bien roumains qu'européens, les ambassades, les économistes de Bruxelles, tout ce qui touche aux administrations et à la technocratie, mettent en avant les bonds réalisés par l'économie roumaine ces deux ou trois dernières années pour montrer que le pays est sur la bonne voie, en déduisant que sa population vit mieux. Pourtant, sur le terrain, la réalité est loin de correspondre à leur constat comme le souligne un article de Victor Lupu, paru dans "Nine o Clock", quotidien en langue anglaise de Bucarest, repris par le bulletin de "Partage plus", association de solidarité internationale, basée dans la Drôme. "Du point de vue des statistiques, l'économie roumaine est florissante. La croissance du PIB est élevée et, ce qui est le plus important, elle reste constante. Le processus de désinflation continue. Les taux de chômage sont relativement bas et baissent encore, l'ensemble de la productivité économique s'accroît. Les nouvelles normes du crédit bancaire ont maintenu et même stimulé l'appétit des Roumains pour la consommation; la croissance économique de ces dernières années est basée sur une consommation en augmentation. Avec l'entrée dans l'UE au premier janvier 2007, l'espoir des citoyens s'est aussi développé et les perspectives sont bien meilleures qu'il y a un an. Les prix sur le marché de la propriété ont augmenté exponentiellement durant ces dernières années. De nouveaux bâtiments apparaissent partout, du centre ville de Bucarest aux sommets des montagnes où des villas sont construites du jour au lendemain. Le secteur de la construction est le plus dynamique, si dynamique qu'il doit faire face à un sévère manque de main d œuvre. Le prix du terrain est aussi à la hausse, La Roumanie, terre de contrastes saisissants où le fossé se creuse toujours plus entre les couches sociales. bien qu'une agriculture très performante soit plutôt rare en Roumanie. Quand on se promène dans Bucarest ou dans les grandes villes roumaines, on peut voir les modèles de voitures les plus récents au monde: des voitures de sport aux décapotables en passant par les 4x4 toutes options. Ainsi, quelqu'un peut être tenté de croire que la Roumanie a dépassé le stade de la pauvreté et se dirige à pleine vitesse vers les standards européens. La croissance du PIB est de 6% par an et les salaires ont connu l'an passé la plus grande augmentation en Europe en termes de pourcentage. Des augmentations de salaire trompeuses Malheureusement, les choses ne sont pas aussi reluisantes qu'elles le paraissent! Dès que nous quittons le centre ville pour les quartiers pauvres puis, en allant dans un environnement rural ou dans les petites villes, nous découvrons la vraie Roumanie souffrante. Des endroits où le chômage est très élevé, où les salaires sont "symboliques" et où des vacances à la mer sont un souvenir du passé communiste. Des endroits où les gens peuvent à peine joindre les deux bouts. Ce sont des lieux que des millions de Roumains ont quittés pour trouver un travail à l'étranger. D'où le taux de chômage peu élevé dans les statistiques officielles. Mais quelles seraient les apparences si les "émigrés" revenaient? Et à quoi ressemblerait le déficit du compte courant (déjà gigantesque) sans les milliards d'euros envoyés chaque année de l'étranger en Roumanie. Le processus de désinflation dont nous nous targuons est quasi artificiel, généré par des afflux massifs de capitaux et par des spéculations impliquant la monnaie nationale dans le marché européen. 37 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Livres BAIA MARE z ARAD z SIGHET z BISTRITA z CLUJ z z z z z SUCEAVA z ORADEA GALATI BRASOV z BRAILA BAZIAS z CRAIOVA z z IASI TARGU MURES SIBIU z TIMISOARA CHISINAU z BUCAREST z CONSTANTA z Radiographie du goulag roumain 38 Les Années de plomb* est la radiographie du totalitarisme et du goulag roumains. Un roman sur le thème de l'absurde et "la terreur de l'histoire" (Mircea Eliade). Toute la famille Trocan a été déportée dans le Baragan, au sud-est de la Roumanie. Son calvaire ne prendra pas fin avec cet exode et il se poursuivra dans les camps de travail forcé ainsi que dans les prisons: persécutions sociales, privations matérielles, filature et terreur. L'écrivain se limite au plus strict réalisme mais celui-ci avoisine le fantastique, car la réalité a dépassé toute fiction. Dans la vision de l'auteur, l'absurde peut être vaincu par l'espoir: "demain ne sera pas comme hier". Finalement, c'est celui-ci le message optimiste, tonifiant d'un livre sombre et terrifiant. Un roman historique dense, concentré, substantiel. Les Années de plomb de Lelia Trocan, Editions l'Harmattan, 5 rue de l'Ecole Polytechnique, 75 005 Paris Lelia Trocan est née en 1948 à Drobeta Turnu-Severin (Roumanie). Professeur universitaire, spécialiste de l'histoire de la littérature française, de la théorie et critique littéraires modernes, elle dirige des thèses de doctorat en co-tutelle (Bordeaux, Rennes). A également publié, entre autres: Du "Roman Modèle"... au Modèle du Roman Baroque (2001), La dialectique de l'être et du réel à travers la poésie française (2002). * Ne pas confondre avec "Les Années Rouges" ("Les Années de Fer", "Les Années de plomb”) parues en mars 2007, éditions "Les Nouvelles de Roumanie". "Incognito", Dans la foule muette des opprimés, un D e la foule anonyme des opprimés de la terre, Petru Dumitriu a extrait le destin de Sébastien Ionesco. Un tourbillon entre Danube, horreurs de guerre et révolution. Né en Roumanie en 1924, Petru Dumitriu (notre photo) a pris le chemin de l'exil en I960 pour fuir l'imposture de la révolution communiste, le spectre de la prison et des camps de rééducation. Mort à Metz il y a cinq ans, il a écrit une partie de son œuvre en français, dont cet Incognito, l'un de ses romans phares qui date de 1962 et qui nous revient aujourd'hui à titre posthume. Un texte volumineux qui saisit le lecteur par sa densité, l'ampleur de sa vision et le côté souvent envoûtant de son écriture. L'histoire se déroule sur plusieurs plans de narration. Dans une première partie on découvre la Roumanie de la démocratie populaire sous la férule du parti unique, à l'heure du spoutnik, des délations et des pires méthodes staliniennes. Le narrateur, qui travaille dans un ministère, raconte les événements qui ont précédé son départ en exil. Il se voit alors confier par son supérieur la mission d'enquêter sur un certain Sébastien Ionesco, un ancien officier, qui a eu des postes importants dans le nouveau régime avant de tomber en disgrâce. Ravalé au rang de gardemagasin, il suscite encore l'ire du pouvoir qui le suspecte de comploter. C'est avec une sorte de dégoût que le narrateur se met à la tâche, réalisant bientôt que les parents de l'infortuné, sa femme et sa fille ont déjà été arrêtés. Oscillant entre retours en arrière et récit dans le présent, le livre sera une tentative de recomposer l'itinéraire d'un homme, de sa jeunesse dans un milieu ouvert et cultivé à ses tribulations au pays des nouveaux Dracula du "socialisme réel". Le lecteur est emporté dans une espèce de torrent de personnages, de lumières et ténèbres de l'époque Encore un roman, direz-vous, sur le totalitarisme, le cynisme et la perfidie. Certes, mais avec Petru Dumitriu, le lecteur est emporté dans une espèce de torrent brassant les thèmes clés de l'histoire, de l'éros et de la philosophie. Les invariants mêmes de la condition humaine. L'écrivain saisit ses personnages, les met en mouvement en recréant les lumières et les ténèbres de l'époque comme pour mieux éviter le piège du commentaire et de la logorrhée. Dumitriu est un créateur d'atmosphère. On le perçoit d'emblée à sa manière de décrire la somptueuse maison délabrée dans laquelle vivent les parents de Sébastien avant leur arrestation. Ils sont terrés là, lui dans ses pantalons fripés, trop larges, elle avec ses yeux noirs et brûlants de Clytemnestre, tout son visage parcheminé de beauté fanée. A l'image des restes de splendeur de ce décor taillé en pièces pour servir d'appartements communautaires empestant la choucroute. Tout un symbole. Le choc est d'autant plus grand qu'on verra plus tard, au cours d'un long flashback, les Ionesco dans leur villégiature danubienne d'avant-guerre. Cette fois, c'est Sébastien lui-même qui est le narrateur pour restituer les charmes d'une adolescence frivole passée entre ses frères et sa sœur, la troublante Valentine. Echos d'un autre monde, d'une certaine douceur de vivre le long des rives de l'immense fleuve plat et étincelant. Premiers émois, pressentiment des délices et des gouffres de la sexualité. Agacement aussi envers un frère aîné brillant, provocateur, à la désinvolture ambiguë. Sortir de l'enfer Le destin de Sébastien bascule avec la Seconde Guerre mondiale. La Roumanie est entraînée par son dictateur Antonescu dans l'orbite de Hitler. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Smithfield veut élever quatre millions de porcs par an d'ici 2011 sur l'appétit retrouvé des Roumains pour la viande Mais, alors que Smithfield promettait à ses partenaires qu'ils "deviendront millionnaires", le projet laissait des observateurs extérieurs sceptiques, dans un pays qui a trop connu autrefois le gigantisme. L'échelle du projet risquait en outre de mettre sur le marché un porc à bas prix que ne pourraient pas concurrencer les éleveurs plus modestes. Coup d'arrêt Mais le rêve américain a pris un sérieux coup à Timisoara depuis que la peste porcine a fait des ravages dans les fermes de Smithfield, à l'été 2007. "Nos médecins n'ont pas eu accès à leurs fermes pour effectuer les contrôles de routine", regrettait alors Csaba Daroczi, directeur adjoint de l'Autorité sanitaire et vétérinaire de Timisoara, ajoutant: "Chaque fois qu'ils ont essayé, ils ont été repoussés par les vigiles. Smithfield nous a proposé de signer une convention qui obligeait notre institution à l'avertir trois jours avant chaque contrôle". Les autorités roumaines ont cependant découvert que sur les 33 fermes de Smithfield, 11 n'avaient pas d'autorisation sanitaires et vétérinaires et ont dû fermer leurs portes. Par ailleurs, le géant américain manquait de main-d'oeuvre à cause de sa politique de bas salaires. Quatre des neufs employés roumains de la ferme de Cenei étaient partis, leur salaire de 500 lei (160 euros) ne suffisant pas à assurer leur vie quotidienne. La technologie moderne claironnée a montré ses limites et les paysans du crû ont compris qu'ils ne deviendraient pas millionnaires: "Personne ne veut plus de nos porcs", s'insurgeait l'été dernier Lina Stoisin, ajoutant, dépitée, "Nous travaillons du matin au soir pour les élever, et nous ne savons plus quoi en faire". Smithfield, qui fait profil bas depuis cet épisode, n'en maintient pas moins ses objectifs. Pouvoir d'achat des managers dans le monde: la Roumanie bien classée L es managers roumains disposent d'un pouvoir d'achat qui est l'équivalent d'un salaire moyen annuel de 115.280 dollars, plus important qu'aux Etats-Unis, au Japon, au Canada, en Norvège et toute une série de pays du centre de l'Europe, selon une étude réalisée par la société de conseil en management Hay Group. L'étude de Hay Group montre que la Roumanie occupe la 22ème place dans le classement concernant le revenu moyen des managers dans 47 pays. L'étude a été réalisée en comparant dans différents pays les salaires des managers (chefs de départements) à différentes périodes, ainsi que les impôts payés et le coût de la vie quotidienne, afin de pouvoir définir le revenu disponible, représentant le pouvoir d'achat réel des managers. La France au 30ème rang Les managers roumains ont un revenu disponible qui dépasse celui des managers autrichiens, lesquels occupent la 23ème place, avec un revenu de 112 906 dollars, celui des managers des EtatsUnis qui eux, contrairement aux idées reçues, occupent la 24ème place avec un revenu de 104 905 dollars, et celui des managers japonais, à la 27ème place, et qui ont un revenu de 102 000 dollars. L'Espagne, l'Allemagne, l'Irlande sont les seuls pays de l'Ouest de l'Europe, membres de l'Union européenne, qui se situent dans les 20 premières places du classement: l'Espagne avec 128 197 dollars (12ème place), l'Allemagne avec 122 4297 dollars (19ème place), et l'Irlande avec 117 010 dollars (20ème place), alors que la Suisse occupe la 13ème place, avec environ 127 000 dollars. La Roumanie dépasse plusieurs états européens, tels que la Hollande, (25ème place), l'Italie (28ème place), la France (31ème place), la Belgique (38ème place), la Grande Bretagne (40ème place), le Danemark (41ème place), la Norvège, la Suède et la Finlande (44e et 46e rangs). En Europe centrale et de l'Est, la Russie enregistre le plus grand revenu disponible, avec 157 3489 dollars (4ème place dans le classement), suivie par l'Ukraine (7ème place), la Pologne (11ème position), la Lituanie (18ème place), alors que les managers de Lettonie occupent la 33ème place, suivis par les Tchèques. Les Hongrois se situent en 37ème position, alors que les Slovaques et les Estoniens occupent respectivement la 39ème et la 43ème place, avec des revenus moindres, de quelques 90 000 dollars par an. La première place dans le classement revient aux managers d'Arabie Saoudite, avec un pouvoir d'achat de 229 325 dollars, suivis par ceux des Emirats arabes unis, avec 223 939 dollars et ceux de Hong Kong, avec 203 947 dollars, alors que les dernières places reviennent aux Finlandais, un, des pays symboles de la redistribution des revenus, et aux Philippins, avec 74 038 et 71 839 dollars. Les pays émergents à la recherche de talents "Les sociétés opèrent dans une économie globale de plus en plus ouverte et concurrentielle, et les marchés émergents offrent aux managers des revenus disponibles plus grands que ceux offerts dans les pays développés. Ce qui fait que ces postes sont plus attractifs pour les talents de chaque domaine d'activité." a déclaré Iain Fitzpatrick, directeur de la division Reward information services de Hay Group North America. Le développement des marchés émergents crée une demande sans précédent pour les managers talentueux, ce qui provoque l'apparition d'un déficit sur ce segment, et a une répercussion sur les salaires des catégories en question, dit-on dans le rapport. [source: Banii Nostri, Roumanie.com] 15 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Economie z z ORADEA CLUJ z BAIA MARE Le numéro un mondial mise z SUCEAVA TARGU MURES z IASI z z ARAD z z SIBIU TIMISOARA BRASOV BÂRLAD GALATI z BUZAU PLOIESTI CRAIOVA z z BUCAREST z z z TULCEA CONSTANTA z Conjoncture: les Suisses se veulent plus rassurants 14 Malgré ses déboires, l'américain Après les commentaires des plus pessimistes sur l'évolution de l'économie roumaine, l'été dernier, la banque suisse UBS estime à présent qu'une dépréciation contrôlée de la monnaie locale serait finalement bénéfique pour l'économie et qu'elle éliminera les "craintes exagérées" liées aux risques potentiels pour la croissance économique de la Roumanie. L'UBS estime que la Roumanie "poursuivra le processus de convergence avec l'UE, dans les conditions où le PIB continuera de s'accroître, la productivité de s'améliorer et la valeur nominale du PIB/habitant d'approcher la moyenne européenne". Gros salaires Selon une analyse réalisée par le quotidien "Ziarul Financiar", s'appuyant sur les données de l'INSSE, les salaires nets mensuels les plus élevés ont été touchés dans les secteurs suivants: Banques (913 €), Transports aériens (722 €), Industrie du tabac (626 €), Industrie pétrolière (621 €), Industrie énergétique (565 €), Administration publique (545 €), Assurances (537 €), TI & Recherche (524 €), Poste et Télécommunications (462 €), Services urbains (460 €). Groupama se renforce en Europe de l'Est Déjà implanté en Bulgarie et Roumanie,Groupama vient d'acquérir un réseau d'assurances hongrois pour près de 617 millions d'euros, filiale d'OTP Bank, 3ème assureur du pays avec une part de marché de 10 %. L 'américain Smithfield investit en Roumanie en s'appuyant sur l'intégration européenne et continue à voir très grand malgré ses déboires, survenus à l'été 2007, à la suite de l'épidémie de peste porcine.. Depuis son rachat il y a trois ans des actifs de l'ancien "combinat" d'élevage porcin de Timisoara, Comtim, liquidé en 1999, le géant du secteur a entrepris de faire de la Roumanie un grand producteur et exportateur de porcs sous son enseigne, aussi établie en Pologne. "La Roumanie est au centre de notre stratégie européenne", affirmait en 2006 Michael Cole, vice président du groupe basé en Virginie, qui déclare avoir investi à ce jour l'équivalent de plus de 200 millions d'euros dans ce projet. "Chaque dollar dépensé l'a été en misant sur une adhésion du pays à l'UE" expliquait le représentant de Smithfield sur place, Mircea Cotosman. A travers champs, au volant de son 4 x 4, ce jeune Roumain formé aux Etats-Unis dévoilait les ambitions de son groupe. L'intégration européenne des Roumains annonçait l'amélioration de leur niveau de vie. "Ils consommeront plus de viande, donc plus de porc: 21 kg par an et par habitant aujourd'hui, alors que la moyenne en Europe de l'Ouest se situe audelà de 60 kg". Or, même pour la faible consommation actuelle, le pays est importateur de porc. Smithfield a fait ses calculs: d'ici à 2011, il veut élever 4 millions de porcs par an. Il compte aussi monter ses parts, déjà à 50 %, dans le capital des sociétés de congélation (Frigorifer) et de distribution (Agroalim). Il a mis aux normes un ancien abattoir destiné à 16000 bêtes par jour, installer des fermes pour les truies. Et surtout, il envisageait de construire d'ici cette échéance 250 fermes pour y engraisser, dans chacune, 8000 porcs par semestre. A une quarantaine de kilomètres de Timisoara, Mircea Cotosman faisait visiter en 2006 la première de ces fermes d'élevage. Il était fier de pointer la technologie dernier cri dont elle était dotée et "le respect des normes européennes": élevage à plus d'un kilomètre de tout village, accès par filtre sanitaire… Chaque bâtiment équipé coûtant 1,7 million d'euros. Récupérer de manière détournée les fonds européens Comme d'autres sociétés d'élevage, la multinationale américaine s'est débrouillée pour ne pas financer seule cet investissement, sauf les premières fermes pour montrer l'exemple. Une autre responsable roumaine de Smithfield, Olimpia Bejan, a démarché les exploitants autour de Timisoara pour les convaincre de s'associer au projet. C'est l'autre aspect de l'entrée de la Roumanie dans l'UE qui intéressait Smithfield: n'étant pas éligible aux aides européennes à venir, l'entreprise a passé un contrat avec plus de 200 agriculteurs pour qu'ils construisent les fermes sur leurs terres. Au titre des aides agricoles. Très vite un bâtiment d'élevage de 2 millions d'euros a pu être ainsi cofinancé. "Chaque subvention doit financer la moitié du coût d'une ferme" estimait Olimpia Bejan, qui, en 2006, a signé dix contrat. "Et ils pourront utiliser le lisier des porcs comme engrais naturel" ajoutait Mircea Cotosman. Compte tenu de ses besoins en alimentation animale, Smithfield avance aussi qu'il offrait un nouveau débouché aux céréaliers de la région. D'où le choix du vaste bassin de Timisoara. "Nous aiderons les collectivités locales à monter des dossiers européens pour toucher des fonds structurels, que nous abonderons pour financer des infrastructures", commentait son représentant. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte le roman-phare de Petru Dumitriu, réédité solitaire refuse les mensonges des "lendemains qui chantent" Sébastien Ionesco se retrouve dans les chars et les horreurs de la campagne de Russie. D'où des pages d'une rare véhémence sur la réalité de cet embrasement, le chaos et la sauvagerie des combats, les viols, les exécutions de déserteurs. On assiste alors aux vagues déferlantes des soldats de l'Armée rouge, poussés par l'amour de la Sainte Russie, mais aussi par les slogans, la peur des tribunaux militaires, la haine. Miraculé de l'enfer du front de l'Est, le protagoniste vire de bord une fois la paix revenue. Transporté par l'effervescence révolutionnaire de l'après-guerre, il gravit d'abord les marches du pouvoir avant de se rebiffer et de refuser les mensonges des "lendemains qui chantent". D'où la chute dans les geôles du nouveau régime totalitai- re. Suivie d'une reconquête de soi à même la douleur et l'apprentissage d'une autre forme de résistance. C'est ce parcours que Petru Dumitriu retrace ici, l'itinéraire d'un solitaire dans la masse muette des opprimés. Tout cela dit dans une écriture à la fois puissante et haletante, empreinte de poésie et d'ironie. Jusqu'à la fulgurance qui bouleverse. Ainsi quand l'auteur, remarquable chroniqueur de guerre, montre que "dans la vie ce n'est pas comme au cinéma, les gens meurent souvent avec difficulté", avec cet air sérieux, "changé et étranger des morts que nul acteur ne pourra jamais copier". Alain Fauvarger (La Liberté - Suisse) Incognito, de Petru Dumitriu, édition du Seuil, 2007 En Roumanie ou en Occident, l'écrivain n'a jamais réussi à trouver le paradis sur terre N atif de Bazias (judet de Caras Severin) dans le Sud-Ouest de la Roumanie, Petru Dumitriu (1824-2002) a grandi dans un milieu francophone. Son père, capitaine, était Roumain, alors que sa mère de noblesse hongroise, était originaire de la région des Secui (Mures). Les parents conversaient en français dans la vie courante, ainsi que leur fils. Le garçon fréquenta le collège d'Orsova, puis le lycée de Târgu Jiu, avant de commencer des études de philosophie à l'université de Munich (19411944) grâce à une bourse Humboldt. Dès 1945, il obtint le prix de la meilleure nouvelle de l'année, décerné par un cercle littéraire roumain, dans lequel évoluait Henriette-Yvonne Stalh qui sera très longtemps sa maîtresse, bien qu'elle ait vingt ans de plus que lui. Le jeune homme devint chroniqueur dans des revues et journaliste, écrivant dans Flacara (La Flamme) puis Viata romaneasca, dont il sera le rédacteur en chef à partir de 1953. Commence alors une période de sa vie qu'il regrettera amèrement. Inféodé au régime communiste, il se lance dans le genre romanesque publiant Pasarea furtuni (L'Oiseau de la tempête), puis Drum fara pulbere (La Route sans poussière), apologie du sinistre chantier du canal du Danube à la Mer Noire. Des années plus tard, l'écrivain pleurera en évoquant cette tâche sur son oeuvre, confessant "J'aurais mieux fait de me couper un bras". La consécration vient en 1957 quand Petru Dumitriu se lance dans Cronica de familie (Chronique de famille), fresque de 2000 pages de la société roumaine à travers les âges, dans laquelle les critiques retrouvent le souffle de Balzac. Le livre est traduit à l'étranger et en France par les éditions du Seuil. L'écrivain est devenu un chou-chou du régime, bénéficie de ses privilèges, joue au tennis avec les grands dirigeants de l'époque, Gheorghiu-Dej, Gheorghe Maurer. Mais le scepticisme le gagne, il supporte de moins en moins le totalitarisme et la censure. Alors, il passe à l'Ouest en 1960, s'établit en Allemagne, à Francfort, écrit beaucoup, au moins un livre par an, est publié par "Le Livre de poche" en France. Dumitriu partage son existence entre son domicile et celui de sa nouvelle maîtresse, une Française de Metz, fort spirituelle, et cette fois-ci vingt ans plus jeune que lui. Il ne s'habitue cependant pas à l'Occident, dont le matérialisme l'insupporte. Mais lorsque le communisme s'effondrera à l'Est, l'exilé se gardera de retourner en Roumanie obsédé par l'idée que la Securitate ou les nouveaux dirigeant ne l'empêchent de revenir en France. Petru Dumitriu mourra le 6 avril 2002, à 78 ans, alors qu'il s'était attelé à une oeuvre de longue haleine, Structurile raului (Les structure du mal), persuadé que l'Homme vivait dans un monde où le mal l'emportait. Exposition itinérante sur le Mémorial de Sighet L 'Association Fondation "Mémorial Sighet", a mis sur pied une exposition intitulée "Hommage aux victimes du communisme en Europe de l'Est de 1945 à 1989". Les documents présentés concernent la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, le cas particulier de la ville de Berlin ainsi que la Roumanie et son "Mémorial de Sighet" situé au nord du pays, au Maramures, à la frontière avec l'Ukraine. Cette exposition a été conçue de sorte à pouvoir être présentée de manière itinérante dans les villes ou villages de France qui seraient désireux de l'accueillir, soit pour la totalité de l'exposition, soit pour illustrer seulement le "Mémorial de Sighet". Les communes ou associations d'amitié franco-roumaine intéressées peuvent s'adresser à Anca Lemaire, AFMS, 1 Rue Boyer Barret, 75014 Paris, tel 01 45 42 72 19 et 06 64 13 14 62, e-mail: [email protected]. 39 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Cinéma z z TARGU MURES ORADEA z z z z z ARAD SIBIU Florin Patracioiu ou z SUCEAVA z BAIA MARE z P. NEAMT BACAU z z TIMISOARA IASI z BRASOV ADJUD PITESTI PIELESTI z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z CRAIOVA Un film sur la Roumanie profonde 40 Le chef de gare qui a bloqué un Le tournage de Californi dreamin’, le premier long-métrage du réalisateur Cristian Nemescu, a commencé avec un an de retard parce qu’il voulait avoir à tout prix Armand Assante dans sa distribution. Il y joue le rôle du commandant des soldats américains qui atterrissent dans un pays inconnu et y restent bloqués à cause d'un chef de gare téméraire. A deux jours de la finalisation du montage un acccident de voiture a causé la mort de Nemescu et de l'ingénieur du son Andrei Toncu. Les producteurs ont décidé de laisser le film tel quel. Armand Assante se souvient : "Quand j'ai été présenté à Cristi Nemescu, j'ai été tout suite impressionné par sa personnalité et son sens de l'humour. Surtout quand il parlait de la Roumanie dans le monde. Je pense qu'il aimait énormément son pays et il avait croqué d'une certaine façon son histoire et ses effets sur la mentalité roumaine. Il avait une énorme empathie pour son peuple et il voyait comment les difficultés du passé de la Roumanie se reflètent dans son présent. Son film reflète ce qu'il ressentait comme étant la Roumanie profonde, le respect réciproque et le respect pour soi-même". Jouant l'autre rôle important, Doiaru, le chef de gare, Razvan Vasilescu se rappelle que le metteur en scène l'a attendu un soir à la sortie du théâtre Bulandra afin de lui donner le scénario. L'acteur a aimé l'histoire, le personnage et son attitude butée. "Nemescu avait l'air de quelqu'un qui ne sait pas exactement comment faire un film, mais cette modestie m'a impressionné", se rappelle Vasilescu. C alifornia Dreamin’ a fait l'évènement à Cannes, en mai dernier, en remportant le prix de la catégorie "Un certain regard", alors que "4 mois, 3 semaines et deux jours" de Cristian Mungiu recevait la Palme d'Or. Dans ce film, distribué depuis fin octobre en France, le réalisateur Cristian Nemescu, disparu tragiquement à l'âge de 27 ans dans un accident de voiture en août 2006, donne une nouvelle preuve de la vitalité et de l'inventivité du nouveau cinéma roumain. Le style caustique du cinéaste se déchaîne ici dans le cadre d'une petite ville plouc, Capâlnita, où un convoi de l'OTAN en route pour le Kosovo, en 1999, est immobilisé. A son bord, une escouade de marines américains bloquée par Doiaru - interprété magistralement par l'acteur Razvan Vasilescu - un chef de gare qui, bien que n'étant qu'une fripouille notoire, s'entête à réclamer aux passagers et à leur cargaison des papiers en règle. La présence des Américains commandés par le capitaine Doug Jones - Armand Assante - met le village en émoi. Les jeunes filles se jettent sur cette viande fraîche tandis que le maire s'active pour plaider auprès de ses hôtes forcés, bloqués pendant cinq jours, la cause touristique de sa commune. Un mélange de joie générale et de gabegie collective plane en permanence sur ce petit monde. Florin Patracioiu, le vrai chef de gare, regarde son personnage, interprété par Razvan Vasilescu. Un cabochard à la fibre patriotique Ce film picaresque, véritable tranche de bonheur, est inspiré d'un évènement authentique, survenu le 3 juin 1999. Ce jour là, par une chaleur suffocante, le chef de gare de Pielesti* - Capâlnita dans le film - un village de quatre rues à la sortie nord de Craiova, a refusé de laisser passer un convoi de l'OTAN, tant que ses papiers n'étaient pas en règle. Cet incident a fait la une de tous les médias roumains, alors que le pays implorait son entrée dans l'organisation de défense militaire et qu'il paraissait invraisemblable de contrarier ne serait-ce-qu-un peu le bon vouloir des Américains. Le cabochard chef de gare s'appelait Florin Patracioiu (Doiaru), 51 ans. Dans une interview récente, celui-ci a précisé que le train était beaucoup plus long que celui du film, comportant 18 wagons dont deux réservés aux passagers américains et dotés de l'air conditionné. Mais surtout, le convoi n'avait été bloqué que pendant quatre heures. Pendant ce laps de temps, Florin Patracioiu avait reçu de nombreux coups de téléphone de ses supérieurs, des autorités régionales, de Bucarest, le menaçant de le mettre à la porte. Mais le chef de gare à la fibre patriotique sensible répondait invariablement et de manière désarmante: "Comment voulez-vous que je les laisse passer?… Ils n'ont pas de papiers ". Vodka… mais pas russe pour les Américains Le Roumain s'était montré cependant courtois avec ses "invités". Il leur avait offert une vodka… qu'ils avaient refusé parce qu'elle était russe. Il avait suffi qu'il en change l'étiquette pour qu'ils vident la bouteille. Leur chef, le major Jeff Thompson, avait finalement pris son mal en patience. Finalement, des chefs douaniers, accourus de Bucarest, avaient apporté les documents demandés, Patracioiu vérifiant avec attention qu'ils portaient bien les tampons salvateurs et donnant le feu vert au départ du convoi. Le chef de gare note toutefois quelques différences avec le film. Dans la réalité, le maire de la ville n'a joué aucun rôle dans l'affaire. Contrairement à l'histoire portée à l'écran, il n'a pas une fille, Monica, qui n'a qu'une envie, "se tirer du bled avec un Américain pour ne pas pourrir sur pied ", mais deux garçons. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité nouvelle terre agricole pour l'Europe rendre à nouveau le pays autosuffisant La somme de toutes les charges représente 700 € à l'hectare contre près du double en France. Cependant, la sécheresse ou, l'inverse, les inondations, et la rudesse de l'hiver gelant certaines cultures, les coûts d'irrigation ainsi que le coût plus élevé des produits phytosanitaires à importer tempèrent cette impression d'eldorado. Mais la montée progressive des aides directes de la PAC (50 € par hectare en 2007 outre 300 € en France pour le maïs actuellement) et l'amélioration attendue des capacités de stockage pour moins subir la fluctuation des cours mondiaux et des infrastructures devraient remuscler dans les années à venir l'agriculture roumaine. "Le pays offre un gros potentiel à la production et même à l'export", a bien compris Pierre Jarreau, directeur commercial en Roumanie du semencier Limagrain, pointant le maïs. Et le tournesol. Le gouvernement roumain, par cette culture, ambitionne de faire du pays un exportateur de biodiesel et y incite fiscalement. Devant cette distribution en cours des cartes agricoles dans l'UE, l'agriculteur Michel Créteur a fait le pari de la Roumanie, comprenant que "pour les grandes firmes agricoles françaises, il faut être présent ici pour continuer d'exister en France". Ne pas céder au tout intensif Comment la population rurale vivant en autarcie, elle, pourra continuer de survivre? Certes, les aides de la PAC déve- loppement rural (1200 € par an pour un projet) visent à garder les campagnes vivantes, mais personne n'en attend des miracles. Elles permettront que se développe, par exemple, du tourisme à la ferme dans les Carpates, propices aussi à des filières de produits biologiques, mais rien de significatif. La population des campagnes est âgée (70 % des exploitants individuels ont 55 ans ou plus et seulement 5 % ont moins de 35 ans) et exerce souvent plusieurs métiers, alimentant une économie informelle parallèle. Le maintien de cette population en milieu rural arrange le gouvernement, qui n'a pas intérêt à voir enfler les banlieues de Bucarest, mais limite le développement du pays. Un système de rente viagère incite les plus de 62 ans à céder leurs terres aux jeunes pour qu'ils les reprennent et les réunissent en parcelles. Mais cette incitation financière remporte peu de succès, alors qu'elle vise à constituer cette classe moyenne de fermes familiales commerciales, de 300 à 400 hectares, qui font tant défaut à l'agriculture roumaine. "La distribution équilibrée sur le territoire de villes moyennes à approvisionner s'y prêterait", estime Stéphane Coroner. Vieillissement démographique oblige, les milliers de maigres exploitations de survie paraissent en tout cas vouées à disparaître. La difficulté pour l'agriculture roumaine, une fois qu'elle sera vraiment de plain-pied dans le marché européen, va être de ne pas céder au tout-intensif. Sébastien Maillard (La Croix) Pain au noir : l'Etat perd entre 400 et 500 millions d'euros par an P rès de 60 % de la production de farine et de pain du pays se ferait au noir, un pourcentage que le ministre de l'Agriculture estime même à 75 %. Ce sont ainsi un milliard d'euros de chiffres d'affaires qui échapperaient à la TVA de 19 %, à la taxe sur les bénéfices, sur les salaires, aux cotisations sociales, l'Etat perdant 400 à 500 millions d'euros de rentrées fiscales. Les professionnels du secteur ne nient pas la réalité de cette évasion, soulignant qu'elle est le fait non des grands fabricants, mais des petits qui assurent la moitié de la production nationale dans le milieu rural ou les petites villes. Ceux-ci se rendent le soir aux moulins, repartent avec des sacs de farine et remplissent plusieurs camionnettes de pain le lendemain. Des responsables de coopératives ou d'associations de producteurs font la même chose, s'arrangeant avec les minoteries pour se mettre de côté quelques sacs de farine. Difficile de contrôler tous ces mouvements. Selon le milieu professionnel, la meilleure solution pour décourager ces pratiques serait de ramener le taux de TVA sur l’ensemble des produits de panification à 7 %. D'après les statistiques, reprenant les indications fournies par les rentrées fiscales, les Roumains consomment annuellement 24 kg de pain, mais pour le Premier ministre, ce chiffre est loin de la réalité qui se situerait à un niveau cinq fois supérieur, entre 115 et 120 kg. "Le Roumain est connu comme étant un gros mangeur de pain et pourtant, officiellement, nous sommes loin derrière les Allemands qui en absorbent 80 kilos" a déclaré Calin Popescu Tariceanu, le premier ministre. Première semaine d'août, le fisc a déclenché une opération coup de poing, vérifiant 1400 firmes de ce secteur économique: 85 % se livraient à l'évasion fiscale ou ne respectaient pas la législation; 60 on été fermées et verbalisées pour un total de un million d'euros; 180 tonnes de blé et 120 tonnes de farine non déclarées ont été saisies. Charrettes surveillées par satellite La Garde financière a proposé au gouvernement de prendre des mesures encore plus draconiennes et de faire surveiller à partir de l'année prochaine les charrettes et les camions qui transportent ces produits par satellite, en utilisant un système de GPS et vidéo. 13 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité La Roumanie, Economie Premier objectif: SUCEAVA ORADEA z CLUJ z z BAIA MARE z z ARAD TARGU MURES z z z BACAU z z SIBIU TIMISOARA IASI GALATI z z BRASOV PLOIESTI PITESTI CRAIOVA z z z BUCAREST z TULCEA CONSTANTA z Hausse vertigineuse du déficit commercial 12 Le déficit commercial de la Roumanie, exprimé en euros, a augmenté l'année passée de 44,35%, arrivant à 21,502 milliards d'euros, contre 14,895 milliards en 2006, indiquent les données fournies par l'Institut National des Statistiques (INS). La Roumanie s'est placée en 5ème position dans le classement des pays de l'UE ayant affiché des déficits commerciaux aussi élevés en 2007 (en valeur absolue), après la Grande-Bretagne, l'Espagne, la France et la Grèce. Dette Au 31 décembre 2007, la dette externe à moyen et long terme de la Roumanie s'est élevée à 36,728 milliards d'euros (+28,3% par rapport au 31 décembre 2006). La dette publique et publique garantie s'est chiffrée à 10,370 milliards d'euros et la dette privée à 23,139 milliards d'euros (+39,8%). Croissance 2008 estimée à 5,4 % Cette année, selon le groupe financier UniCredit, la Roumanie afficherait une croissance économique de 5,4%. Le gouvernement prévoit 1% de plus. Le glissement annuel de l'inflation se situerait à 5% (contre 6,7 % actuellement). Les prévisions sont pessimistes également pour ce qui est du déficit externe (estimé à 14,8% du PIB) et du déficit budgétaire (3% du PIB), malgré la volonté affichée du gouvernement de se situer en dessous. U Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte convoi de l'OTAN pendant la guerre du Kosovo existe bel et bien la véritable histoire de "California Dreamin" n convoi d'une vingtaine de moissonneuses-batteuses croise une charrette tirée par un cheval. Ce contraste devenu l'image d'Épinal du monde rural roumain, Thierry Bourgoing l'observe au quotidien. Ce jeune Français, installé depuis six ans avec son épouse dans la plaine valaque, gère une ferme pour le compte de Michel Créteur, agriculteur des Ardennes à l'origine du projet. Son exploitation compte aujourd'hui plus de 2000 hectares, mesurés par GPS, contigus à des parcelles d'un hectare sinon moins. Avant que ses tracteurs John Deere ne sèment du blé derrière une récolte de 12000 tonnes de maïs, des Roumains du village viennent en famille ramasser les débris qu'ils brûleront cet hiver pour se chauffer. D'autres chargent du maïs, récolté à la main sur leur propre parcelle, qui alimentera leur unique vache et leurs quelques poules. Cette autosubsistance paysanne est très répandue dans les campagnes roumaines, où vit, au jour le jour, hors du marché économique et des statistiques du chômage, près de la moitié de la population du pays. Ils ne sont guère plus agriculteurs que les propriétaires d'immenses exploitations, bradées depuis la chute du communisme dans des conditions douteuses, souvent mal entretenues. Résultat: l'essentiel de la production agricole roumaine, qui contribue à 12 % du PIB, est de fait réalisé par une poignée d'exploitants. Le paradoxe de la Roumanie est ainsi d'être un pays agricole en manque d'agriculteurs entreprenants. Même s'il rit aujourd'hui de cette approximation, l'actrice - Mariana Marilescu - ayant interprété son rôle, lui étant tombée dans les bras quand il l'a rencontrée, l'appelant "Papa". La seule chose que Patracioiu n'ait pas digéré, c'est d'avoir été présenté comme un mafieux, un corrompu. Invité à Bucarest à la première du film, il n'a pas décoléré, déclarant que "jamais de sa vie il n'avait pris un bakchich ou reçu un leu"… pour finalement pardonner au metteur en scène: "Je le comprends, çà faisait mieux dans l'histoire". "Il est plus rapide d'importer des produits agricoles de Turquie que de la Bucovine" es téléspectateurs de France 2 ont suivi avec intérêt, sinon passion, la nouvelle de version de "Guerre et Paix" que la chaîne a présentée en quatre épisodes, tout au long du mois de novembre. La critique a été à peu près unanime: il s'est agi là d'une des meilleures adaptations du roman de Tolstoï. Cette version est due à un réalisateur roumain, Robert Dornhelm, né à Timisoara le 17 décembre 1947 et parti vivre il y a 25 ans aux Etats-Unis. Loin d'être un inconnu, le cinéaste a une longue carrière derrière lui, ponctuée de films majeurs qui ont été souvent primés. Robert Dornhelm a déjà beaucoup réalisé pour le cinéma. Du documentaire The children of Theater Street avec Grace Kelly en 1977, à la comédie Echo Park en 1986, en passant par le drame avec Escape en 1996 ou Requiem für Dominik en 1990, il a su aborder des thèmes très divers et travailler pour des productions américaines comme européennes. Mais Robert Dornhelm est avant tout un homme de télévision. Depuis le succès de son documentaire Digital dreams diffusé en 1983 retraçant le parcours du bassiste des Rolling Stones, Bill Wyman, le réalisateur a enchaîné les téléfilms et les mini-séries. L'enjeu de l'entrée récente dans l'Union Européenne et dans la politique agricole commune (PAC) est de faire émerger des entrepreneurs et, au lieu de l'agrobusiness sauvage actuel, d'organiser les filières agricoles après des années de désordre. Le premier objectif est de rendre à nouveau le pays autosuffisant. La consommation roumaine a entamé son envol alors que le pays importe porcs, volailles, viande de bœuf ou produits laitiers. Par manque d'infrastructures, "il est plus rapide d'importer des produits agricoles de Turquie que de la Bucovine", remarque Stéphane Coroner, conseiller français auprès du ministre roumain de l'agriculture. "L'adhésion à l'UE est d'abord une énorme claque concurrentielle pour le pays", prévient-il. Le maïs roumain est, lui, compétitif et s'exporte. L'an dernier, Thierry Bourgoing en a exporté une partie par barge sur le Danube jusqu'au port de Constanta, sur la mer Noire, pour servir d'alimentation animale en Espagne et en Italie. Par rapport à un pays cloisonné comme la Hongrie, ce débouché maritime avantage la Roumanie pour desservir notamment les pays arabes. Mais son premier atout, dans un secteur où la surface cultivée détermine l'amortissement des charges, est d'offrir encore de bonnes terres à louer, comme auparavant les plaines de l'ex-RDA et de la Pologne. "Il faut être présent ici pour continuer d'exister en France" Trente exploitations dépassent les 10 000 hectares, taille digne des surfaces australiennes ou argentines. Une île du Danube est même considérée comme la plus grande exploitation d'Europe: 56 000 hectares! "On réunit ici en quelques années une étendue qu'il faudrait un siècle en France à constituer", souligne Thierry Bourgoing. Les qualités et la profondeur du fameux tchernoziom sont l'autre atout majeur. Cette terre fertile, de couleur chocolat, exige peu d'engrais et de semences. Autant d'économies sur les intrants qui donnent au maïs roumain "un des meilleurs prix de revient", selon Patrick Valmary, consultant à Bucarest pour Caussade Semences. Menacé par Basescu… puis recevant une prime "pour avoir fait son devoir" Finalement, Florin Patracioiu est très content d'être devenu un héro par Cristian Nemescu, en discussion avec Armand Assante, procuration. Il a même donné une suite au film, regrettant que Cristian a attendu pendant un an que l’acteur soit libre pour commencer le tournage de son film. Nemescu n'ai pas pu la tourner: au retour des Américains, le chef de gare a à nouveau bloqué leur convoi, mais cette fois-ci pour deux semaines et toujours pour le même motif, ne cédant pas aux injonctions du ministre des Transports de l'époque… un certain Traian Basescu. Finalement le convoi a pu repartir, ses papiers étant en règle, mais après avoir payé plus de 30 000 dollars de taxes… Cédant à la pression médiatique, le gouvernement a accordé à Florin Patracioiu trois mois de salaires supplémentaires "pour avoir fait son devoir". *Pielesti entretient des relations avec Chigny les Roses, près de Reims. Le metteur en scène roumain s'est illustré avec la réalisation de "Guerre et Paix" Robert Dornhelm : de Timisoara à la consécration hollywoodienne L Un habitué des Emmy Awards En 2001, le Roumain s'attaque à l'histoire d'Anne Frank (Anne Frank : the whole story) dans un téléfilm récompensé par de nombreux prix (Golden Globes, Emmy Awards - l'équivalent des Oscarts pour la télévision, décernés également à Hollywood - Satellite Awards, AFI Awards, PGA Awards...). L'année suivante, il revient sur les cinq dernières années de vie de Robert F. Kennedy, le frère du président américain, dans RFK. Robert Dornhelm rencontre de nouveau le succès en 2004 (plusieurs prix dont un Emmy Award) en adaptant Spartacus, toujours pour le petit écran, avec Goran Visnjic (Urgences) dans le rôle titre. Cette même année, il réalise pour la télévision La frontière de l'infidélité (Suburban Madness) et Ma vie volée. En 2005, le metteur en scène participe à la réalisation d'une mini-série produite par Steven Spielberg encore une fois très récompensée (16 nominations au Emmy Awards 2006): Into the West. Une fresque historique en 6 épisodes sur la conquête de l'Ouest avec un casting de choix (Matthew Settle, Josh Brolin, Kerry Russell, Skeet Ulrich...). Avec l'adaptation télévisée de Guerre et Paix, du romancier russe Léon Tolstoï, Robert Dornhelm a réussi le pari en 2007 de réunir à l'écran des acteurs venus de toute l'Europe (Clémence Poésy, Alessio Boni, Valentina Cervi, Alexander Beyer, Ken Duken) pour une superprodution à gros budget réalisée en partenariat avec les 10 chaînes publiques européennes: ZDF, Channel 2, France 2, la RTBF, Rai Fiction, Eos Films, Grupa Filmowa Baltmedia, Poslat, AT-Production et Grupo Intereconomia. 41 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Natif de la région toulousaine, Peinture Le destin roumain d’un SUCEAVA z z CLUJ ARAD z z z z BISTRITA z z z TARGU MURES ALBAC z z IASI SF. GHEORGHE BRASOV GALATI z SIBIU TIMISOARA z BAIA MARE ORADEA z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Peintre des humbles et des paysans 42 Jean Neylies (1869-1938, prononcer Neylis) fait partie des "peintres roumains oubliés" à qui Tudor Octavian rend hommage dans son ouvrage paru en Roumanie en 2003. D'origine paysanne, le Français roumanisé se montra très sensible aux scènes bucoliques, aux fêtes champêtres, aux paysages grandioses. Sa peinture, très académique, peut paraître aller à contre sens de l'extraordinaire bouleversement que connût cet art dans ce début du vingtième siècle. Disciple de Courbet et ancien élève de Gérôme, il jeta un regard tendre vers la réalité. Cette sorte de "vérisme" fait de lui un peintre des humbles, des paysans. Les couleurs franches, les contrastes, les touches grasses confèrent à ses tableaux une grande force affective, spirituelle pour certains. Tudor Octavian dit que "ses toiles, surtout les petites, semblent des fragments d'un panorama de la société roumaine" avec "une perception moins conventionnelle que celle de Grigorescu". M onté à Paris pour y devenir coiffeur, le gamin issu d'une famille très modeste de Montesquieu-Volvestre (Haute-Garonne) Jean Neylies deviendra l'un des plus grands peintres roumains. Récit d'une histoire sortant de l'ordinaire… où, alors que tant de Roumains ont apporté à la France, dans différents domaines, ce sera l'inverse qui ici se produira. A l'image du médecin-chirurgien Carol Davila, parti de Nantes pour devenir le fondateur de la médecine moderne en Roumanie, un Français va laisser sa marque dans le patrimoine, cette fois-ci culturel, roumain. Père paysan, mère couturière Jean Neylies est né à Montesquieu-Volvestre, en Haute-Garonne, le 21 décembre 1869, dans une famille très modeste. Son père était un de ces cultivateurs qui labouraient des lopins de terre disséminés dans la campagne et que l'on appelait pour cela "parçonèrs". Sa mère était couturière. Les dures conditions de travail, une existence précaire, ont poussé les parents à donner à leur fils un métier qui pourrait lui permettre d'échapper à leur condition. Jean avait révélé très tôt d'excellentes dispositions pour le dessin et la peinture. Mais à Montesquieu et dans les environs, les parents ne voyaient pas de professions correspondant à ses dons. Un oncle possédait à Foix, dans l'Ariège, un salon de coiffure qui le faisait bien vivre. Cet antécédent familial décida les parents. Jean sera coiffeur. Monsieur Rougé, leur ami et coiffeur de son état, accepte de le prendre en apprentissage. Combien de temps dura cet apprentissage ? Pierre Lattes, dans une de ses chroniques raconte que: "le jeune Jean Neylies, sa formation professionnelle terminée, monta à Paris pour acquérir la maîtrise dans son métier". Elie Abeille et Henri Ménard dans Histoire de Montesquieu-Volvestre donnent la date de 1888 pour ce départ à Paris. Or, Jean Neylies exécute en 1887 et 1888 des copies de grands maîtres, Rubens et Murillo, qui sont exposées dans l'église SaintVictor de Montesquieu. Rencontre décisive au Louvre avec le neurologue roumain Georges Marinescu Arrivé en Roumanie dix ans avant la mort du grand peintre, véritable monument national pour ses compatriotes, Jean Neylies fait partie de ses successeurs à qui Grigorescu a offert l'occasion de continuer et d'approfondir l'art d'une peinture nouvelle, comme "une exclamation d'étonnement devant la nature et la lumière". Jean Neylies fut-il un temps coiffeur à Paris ? Peut-être…Mais toujours animé de goût artistique, il abandonne bien vite les outils du barbier pour s'inscrire à l'école des Beaux-Arts sur les conseils et avec le soutien d'un étranger. Au Musée du Louvre, il avait attiré l'attention de Georges Marinescu par ses dons exceptionnels pour le dessin et le maniement des couleurs. Le savant neurologue roumain, qui s'était lié d'amitié avec lui, le fit entrer dans l'atelier de Jean-Léon Gérôme, peintre officiel, professeur connu pour son souci du détail objectif et son goût du fini, que l'on retrouve dans les tableaux de Neylies. La coiffure ? Elle est bien loin de ses préoccupations d'autant plus que notre nouveau parisien s'inscrit aussi au Conservatoire de Musique ! Tudor Octavian écrit dans son ouvrage Peintres oubliés roumains (Ndlr: malheureusement disponible uniquement en roumain) qu'"à cette époque la peinture et la Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité a été rayé de la carte par les autorités voleurs s'enfuient à cause de la pauvreté Partir en Russie pour payer les dettes Quelques habitants du village sont partis en Russie où ils travaillent dans le secteur agricole. Pour payer le prix du billet, ils empruntent de l'argent aux habitants du village voisin. "Nous sommes accablés par les dettes. A l'étranger, nous binons la betterave, les pommes de terre etc., et l'argent gagné nous suffit juste pour rembourser ce que nous devons et pour acheter un sac de farine et un autre de pâtes. L'année passée, j'ai eu un accident de la route et j'ai eu une fracture de la colonne vertébrale. J'ai dû emprunter 16 000 lei pour l'opération (1000 €). J'ai laissé comme garantie mon unique fortune: ma maison. Autrement, j'aurais pu rester paralysé, et j'ai encore trois enfants à élever. Dans quelques mois, je devrai rembourser les dettes mais je ne sais pas d'où prendre l'argent", soupire Gheorghe Vornicu. "Je n'ai jamais mangé de la viande" Chaque famille possède environ 10 ares de terre où l'on cultive du maïs, des haricots, des pommes de terre. Vu l'absence de système d'irrigation, elles ne peuvent pas cultiver des tomates ou des concombres. Toujours à cause de la pauvreté, les gens ne peuvent pas non plus élever des animaux domestiques. Le pain est un "luxe" - seulement quelques personnes ont le courage de parcourir à pied deux kilomètres pour aller en acheter. D'habitude, les villageois cuisent des galettes. "Nous faisons de la soupe de grains de maïs, de haricots et de pommes de terre. Ma mère dit que la soupe est plus savoureuse si l'on y ajoute de la viande. Moi, je n'ai jamais mangé de la viande. J'ai entendu qu'il existe des bonbons et de la glace mais je n'en ai jamais mangé", assure Olguta, une fillette de 9 ans. L'année passée, certains villageois ont dû manger de l'herbe. Ayant épuisé toutes les réserves, une vieille femme qui prenait soin de ses cinq petits-fils en a préparé un plat. "La pauvre, elle a ramassé de l'herbe dans la forêt, elle l'a fait bouillir et elle l'a mise sur la table. Un vieillard a mangé de la terre pour apaiser sa faim. Il mangeait en pleurant. Quoique nous soyons pauvres, nous-aussi, nous ne sommes pas restés indifférents face à leur peine. Nous avons collecté des produits alimentaires pour eux. Personne ne connaît notre existence, même Voronine. Si on ne nous entend pas, nous protesterons devant la mairie de Tibirica", s'indigne Maria Rotari. Stanislav Apostoliuc croit que ce n'est pas par la faute des fonctionnaires que le village a "disparu" de la carte. "Nous sommes un village-problème et personne n'a besoin de nous. Nous nous sommes plaints plusieurs fois sans aucun résultat. Où est la justice ? L'état attend probablement que nous mourions de faim et de soif", ne décolère-t-il pas. Incompétence et confusion communistes Pendant la dernière campagne électorale, les villageois ont pour la première fois vu un député en chair et en os. Ils disent que probablement c'était par hasard qu'un parlementaire communiste, dont ils ne se rappellent pas le nom, soit passé par leur village, ait écouté leurs plaintes, et les ait invités à voter pour son parti. Profitant de l'occasion, les villageois lui ont demandé pourquoi il n'y avait pas de fonds prévus pour leur village. Il a répondu qu'une confusion avait été commise. L'argent qui lui était destiné a été gaspillé par les habitants du quartier Schinoasa de Chisinau. Dès lors, les villageois haïssent les habitants de la capitale. C'est ainsi que, pendant une réunion du Conseil du district de Calarasi, lorsqu'on discutait au sujet de la Stratégie de développement et de soutien aux ethnies, on a découvert que le village de Schinoasa n'était mentionné dans aucun document officiel, local ou national. Le maire de Ibirica, Ion Iurcu, a confié que le 24 mai 2007, selon une décision du Conseil du district, l'erreur a été réparée, le village de Schinoasa étant finalement enregistré comme partie composante de sa commune. "La mairie avait informé le Conseil du district de Calarasi qu'une erreur avait été commise pendant la dernière réorganisation administrativeterritoriale mais le problème n'a pas été examiné. Maintenant, on doit pas à pas résoudre les problèmes des villageois de Schinoasa. Nous espérons que dans quelques mois ils auront de l'eau potable. Dans le village, il y a une école primaire qui fonctionne dans la cour d'un habitant...", affirme Ion Iurcu. Les villageois de Schinoasa espèrent que les autorités transformeront leurs paroles en actes, quoique peu d'entre eux croient à leurs promesses. Irina Codrean (traduction Valentina Ciobanica) Article d'Irina Codrean, publié sur www.timpul.md, traduit par Valentina Ciobanica (16 ans), élève en XIième de Cahul (République de Moldavie), membre JUNACT et repris par la Lettre d'informations du portail francophone sur la Moldavie www.moldavie.fr éditée par l'association d'amitié franco-moldave "Les Moldaviens", présidée par Jean-Jacques Combarel. 11 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Le village tsigane Moldavie z BAIA MARE ORADEA z CLUJ z TARGU MURES IASI BRASOV z z z CHISINAU z DEVA z z z ARAD GALATI z SIBIU TIMISOARA z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z BUCAREST CONSTANTA z Des habitants réduits à l'état de fantômes 10 A Schinoasa, même les SCHINOASA z SUCEAVA Il y a plus de 4 ans que le village de Schinoasa, district de Calarasi, n'est plus mentionné dans les documents officiels. Pendant la dernière réorganisation administrative-territoriale, les fonctionnaires ont oublié d'enregistrer cette localité qui à plus de 200 habitants. Les villageois n'ont même pas essayé de démontrer qu'ils ne sont pas des "fantômes", considérant que le village a été intentionnellement effacé de la carte. Ayant appris récemment qu'ils recevraient la visite d'hôtes de Chisinau, des dizaines d'hommes et de femmes se sont bousculés dans le centre du village, lors de leur venue. Tous voulaient faire connaître leur peine. Des larmes aux yeux, ils ont raconté qu'ils étaient confrontés à un manque chronique de conditions élémentaires de vie - pas de magasin, de vraie école, de centre médical... L'aqueduc, le gazoduc, est pour eux un luxe dont ils peuvent seulement rêver. Les habitants qui sont restés puisent de l'eau dans trois puits, car celle de la plupart des autres, peu nombreux d'ailleurs, n'est pas potable, étant mélangée avec de la boue et du gravier. En fait, la mauvaise qualité de l'eau est la cause de toutes les maladies dont ils souffrent. La plupart des enfants ont subi une opération d'appendicite, et les adultes ressentent des douleurs aux reins. L e village de Schinoasa (nos photos), habité exclusivement par des Tsiganes, est isolé de la civilisation et a disparu de la carte de la Moldavie, n'étant plus mentionné dans les documents officiels. Aucun chauffeur ne risque de le traverser à cause des chemins qui sont dans un état déplorable. La localité est située sur une colline, elle est entourée de forêts et de champs de blé et de maïs. Ici, dans des maisons d'argile, sans fenêtres, ni portes, habitent "une poignée" de gens affamés et assoiffés. "Nous n'avons pas d'argent même pour la nourriture, sans parler de portes et de fenêtres....", se lamente Valentina Ciobanu, une jeune femme de 30 ans, ajoutant "Même les voleurs s'enfuient à cause de la pauvreté". Ecole dans la forêt quant il fait chaud Valentina Ciobanu, son mari et leurs quatre enfants disposent de seulement deux petites pièces. Tous les membres de la famille dorment sur des lits de bois couverts de linge déchiré. La table et l'armoire sont improvisées à partir de caisses de bois. "Le plus difficile, c'est en hiver. Nous bloquons les fenêtres et les portes avec des torchons, et nous chauffons la maison avec des branches sèches. Pourtant, on a froid. Heureusement, nous sommes nombreux et nous nous réchauffons l'un l'autre", dit la femme en larmes. L’ensemble des enfants de Schinoasa portent leurs habits jusqu'à ce qu'ils deviennent des haillons. Ils mangent une fois ou, maximum, deux fois par jour. Ils vont à ce qui sert d'école seulement pendant quatre années. Certains n'y vont pas et ne savent ni lire, ni compter. "Un professeur de l'école primaire du village voisin y vient pour enseigner à nos enfants. Quand il fait chaud, les cours se passent dans la forêt. Ceux qui veulent vraiment apprendre doivent aller à l'école de Tibirica. Mais la plupart n'ont pas d'argent pour acheter des livres et des cahiers", confie Stanislav Apostoliuc. Pour trois euros par jour Les habitants de Schinoasa n'ont pas d'emplois permanents. Du printemps à l'automne, ils travaillent comme journaliers dans les villages voisins, en gagnant 50 lei par jour (3 €). Parce que les familles sont grandes - 6 à 7 membres - les enfants doivent travailler, eux-aussi. Antonita qui a 12 ans et sa soeur Valentina qui en a 14 doivent biner toutes seules 10 ares de maïs. De petite taille, maigres et fatiguées, les filles "se perdent" parmi les mauvaises herbes. Leurs parents travaillent chez un fermier du village voisin et leurs frères cadets font le ménage et préparent les plats "traditionnels", des pâtes ou des galettes de blé. Même quand on leur parle, les filles ne cessent pas de biner. Elle disent qu'elles doivent finir le travail le soir même parce que le lendemain matin elles sont engagées ailleurs. "Nous sommes fatiguées, mais quoi faire? Si nous ne travaillons pas maintenant, nous mourrons de faim en hiver. Maman et papa travaillent tout l'été, nous sommes leur unique support. A cause de la sécheresse, cette année-ci, le maïs se fane. Je crains que nous n'ayons pas de récolte", redoute Valentina. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Jean Neyliès etait devenu le peintre favori de la Cour royale jeune coiffeur doué pour le chant et la peinture musique s'apprenaient avec un sentiment de complémentarité". Nous ne savons rien de son passage au Conservatoire. Par contre, il acquiert à l'école des Beaux-Arts une formation académique rigoureuse. Il participe à la vie artistique de la capitale et expose dans les salons officiels. Le temps des vaches maigres et la vie de bohème ne sont qu'un mauvais souvenir. Sa vie matérielle est assurée par son travail dans l'atelier de Gérôme. Il profite aussi des largesses du professeur Marinescu dont il illustre le traité de neurologie. Il est autorisé à concourir avec La légende de Maître Manole au prestigieux prix de Rome et obtient pour cette œuvre le prix Chenavard aux Beaux-Arts. Commandes de la Reine Marie pour décorer les résidences royales Nous sommes en 1897. A 28 ans, Jean Neylies, marié à Marie-Josèphe Eolet, mannequin et modèle à Paris, quitte l'atelier de Gérôme et la France pour suivre en Roumanie le professeur Marinescu. Celui-ci l'installe dans son logement de fonction à l'hôpital Colentina de Bucarest. Il l'introduit dans les milieux artistiques et mondains. La Reine Marie lui commande fresques et tableaux pour décorer les résidences royales. Jean Neylies est appelé à l'Ecole Nationale de Bucarest au titre de conseiller et enseignant. Il participe aux manifestations organisées par la Jeunesse Artistique. L'exposition de ses œuvres qu'il organise en 1903 à Bucarest reçoit un accueil élogieux de la critique. Ce sont pour lui et son épouse de grandes années de belle vie roumaine. S aisissant raccourci de l'histoire… alors que Constantin Brancusi s'apprêtait à quitter son village natal d'Hobita en Olténie pour gagner à pied Paris (1904) où il révolutionnera l'art de la sculpture, devant le plus grand sculpteur du XXème siècle, un autre paysan, Français celui-ci, devenu l'un des plus grands peintres de Roumanie, avait fait le chemin inverse, sept ans plus tôt. Voici ci-dessous la biographie de Jean Neylies : 23 décembre 1869 - Naissance de Jean Neylies à Montesquieu-Volvestre (Haute- Garonne) dans une famille d'agriculteurs. (mère couturière) 1887 ou 88 (18 ans) Part à Paris pour faire carrière dans la coiffure. Les premières années sont très difficiles. Il rencontre le professeur Georges Retour en France et désillusions Les meilleures choses ont une fin. En 1914 Jean Neylies et son épouse retournent en France. Est-ce la déclaration de guerre ou une simple nostalgie ou la jalousie de ses pairs qui provoque cette décision? Ce qu'il n'a pas perdu cependant, c'est l'estime de la Maison Royale de Roumanie qui lui accorde une pension annuelle à la condition de se déplacer chaque année pour la recevoir. C'est ainsi que Jean Neylies redevenu montesquivien achète une maison à laquelle il ajoute un atelier. Il y préparait une collection de tableaux et organisait tous les ans à Bucarest une exposition très attendue et payée d'un succès total. Cela dura plusieurs années. Puis des difficultés apparurent: moins d'expositions possibles, une pension de plus plus aléatoire. Alors il peint pour la population locale. Découragés, déçus, les Neylies se voient obligés à un train de vie restreint. La santé du peintre s'altère. Le 23 juillet 1938, à 68 ans il meurt presque brutalement dans sa maison de Montesquieu très peu de temps après la perte de son ami Georges Marinescu. Son épouse lui survécut de nombreuses années et finit ses jours à 95 ans dans un complet dénuement. Ainsi pourrait se résumer la vie de ce peintre atypique sur laquelle le docteur bucarestois Constantin Bogdan a fait des recherches et écrit un article pathétique: "le destin roumain de l'Etranger". Une certitude cependant, d'après Tudor Octavian: "un bon tableau de Jean Neylies doit impérativement faire partie de toute collection sérieuse concernant les premières décennies du XX ème siècle." Céleste Cazaux et André Berthoumieu Comme Brancusi… dans le sens inverse Marinescu, éminent neurologue roumain, qui lui conseille de s'inscrire aux Beaux-Arts et au Conservatoire. Pendant 9 ans - Il peint dans l'atelier de Léon Gérome. Il concourt pour le grand prix de Rome. Il obtient le prix Chenavard. 1897 (28 ans) Le professeur Marinescu l'emmène à Bucarest pour exécuter des dessins d'anatomie. Il l'installe dans un logement de fonction à l'hôpital Colentina et l'introduit dans les milieux aisés. Son talent est rapidement apprécié: - Il est sollicité par la reine Marie pour réaliser des tableaux et des fresques dans les résidences royales. - Il devient conseiller à l'école nationale des Beaux-Arts de Bucarest. 1903 (34 ans) Il réalise sa première exposition personnelle en Roumanie 1914 (45 ans) Il revient en France à Montesquieu-Volvestre, son village natal, avec une pension du gouvernement roumain. Il continue à peindre et revient très souvent à Bucarest. Ses expositions y sont appréciées. 23 juillet 1938 (68 ans) Il meurt à Montesquieu-Volvestre, presque subitement, après une baignade. Il était marié à Marie Josèphe Eolet, mannequin et modèle à Paris. Le couple n'ayant pas eu d'enfant, comme il n'existait aucun héritier à la mort de Madame Neylies en 1964, les œuvres furent vendues aux enchères. L'Office de Tourisme de Montesquieu-Volvestre possède deux fusains. (scènes de la vie rurale en Roumanie) 43 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte A Montesquieu-Volvestre peu de gens savent que l'enfant du pays était célèbre en Roumanie Peinture z ORADEA z CLUJ ARAD z SUCEAVA CHISINAU z BISTRITA z IASI z z z z SIBIU TIMISOARA z BAIA MARE z TARGU MURES GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Son village natal veut reconstituer sa vie et son oeuvre 44 La Roumanie semble conserver au peintre une considération solide: l'hommage de critiques d'art en témoigne ainsi que la présence de plusieurs œuvres au Musée d'Art Moderne de Bucarest et dans des collections privées. Il est quasiment inconnu en France où à peine une douzaine de tableaux ont été recensés sur place. L'Office de Tourisme de Montesquieu-Volvestre et le Comité Volvestre Roumanie, désireux de rendre hommage à ce grand artiste, sont à la recherche de documents et d'œuvres "égarées" pour réaliser une exposition. Montesquieu-Volvestre veut reconstituer l’oeuvre du peintre. Ils s'adressent à tous ceux qui pourraient aider à reconstituer la vie et l'œuvre de l'artiste: "Chers lecteurs nous comptons sur vous ! S'il vous plait adresse-nous vos informations. Voici nos coordonnées: Office de Tourisme, 20 Place de la Halle 31310 Montesquieu-Volvestre email:[email protected] Tel : 05.61.90.19.55 Fax : 05.61.90.19.55 Céleste Cazaux : 05.61.90.44.51 A Montesquieu-Volvestre, village natal de Jean Neylies, situé à 70 km au sud de Toulouse et tout proche de l'Ariège, deux biographies de chroniqueurs locaux des années 70 rendent hommage au peintre. Avec le soutien de l'Office de Tourisme de cette charmante bourgade de 2500 âmes, une équipe d'habitants regroupée au sein du Comité Volvestre-Roumanie s'active pour donner enfin la place qu'il mérite au prodigieux enfant du pays. Certains ont connu l'artiste dans les dernières années de sa vie mais les témoins vivants se raréfient au cours des ans. Trois d'entre-eux témoignent. Madame Boué (Bellesœur de Louis Higounenc, neveu du peintre, prématurément décédé) parle de lui avec tendresse et nostalgie: "J'étais jeune dans les années trente quand je l'ai connu. Il repartait souvent en Roumanie avec sa femme et aurait aimé que je les accompagne pour découvrir les fastes de Bucarest. Quand il revenait en vacances à Montesquieu, il menait une vie saine, campagnarde. Il pratiquait la pêche et pique-niquait souvent l'été, en famille ou avec de rares amis d'enfance sur les bords de l'Arize, tout près de son domicile. Il peignait beaucoup dans l'atelier très lumineux avec vue sur le Pont, sur la rivière qu'il aimait tant et sur le jardin. Il y accumulait les tableaux qu'il offrait souvent en paiement de services. A sa mort et plus encore à celle de Madame Neylies de nombreuses œuvres furent vendues aux enchères". Madame Commenge fut dans sa jeunesse la voisine du peintre: "Quand il était à Montesquieu il allait souvent à la pêche et le reste du temps on pouvait le voir au premier étage de son atelier, derrière la grande baie vitrée, occupé à manier ses pinceaux. En raison de sa grande discrétion, la population de Montesquieu le prenait pour un original. Elle ignorait qu'il avait fait les Beaux-arts et qu'il était célèbre en Roumanie. A sa mort la maison fut vidée d'une grande partie des meubles et des tableaux". Madame et Monsieur Duffau, propriétaires actuels de la maison du peintre racontent: "en 1964 après la mort de Madame Neylies, nos parents ont acheté aux enchères la maison du couple qui n'avait pas d'héritiers. Elle était dans un état de délabrement avancé. L'atelier, de construction plus récente, nous l'avons conservé en l'état. Nous y avons retrouvé des passeports de M. Neylies qui témoignent de séjours en Roumanie, chez des amis, jusqu'en 1937, un an avant sa mort. Nous sommes de plus en plus conscients que ses murs ont abrité un personnage hors du commun". Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Son association a permis de mettre un terme à une fraude aux fonds européens Europe Cristian Grecu: "La Roumanie peut devenir un trou noir pour les contribuables européens" C hristian Grecu est le président de l'association "Action civique directe". C'est par hasard qu'il s'est intéressé aux agissements frauduleux des autorités de la commune de Ceahlau, dans le judet de Neamt. Il était question d'un projet de modernisation d'une route communale, financé par les fonds de pré-adhésion Sapard. Cristian Grecu a raconté au Petitjournal les nombreuses démarches qu'il a effectuées pour dénoncer ce cas et les explications qu'on lui a données : LPJ: Comment vous êtes-vous rendu compte qu'il existait une possible fraude ? Cristian Grecu: Je passais souvent par cette route et j'observais que les travaux ne se déroulaient pas vraiment correctement. Avec mon association, on a alors commencé à s'intéresser à ce projet. Deux mois à peine après l'inauguration de la route, on a constaté l'état désastreux des travaux. On a fait une première session de photographies. J'ai saisi l'agence Sapard en Roumanie ainsi que la Direction de contrôle antifraude. J'ai demandé s'ils avaient fait des contrôles sur ce projet et ils ne m'ont pas répondu. Lorsqu'ils ont vu que j'insistais, ils m'ont fait savoir qu'il n'existait aucun problème. Toutes les démarches que j'ai effectuées en Roumanie ont été soldées par des tentatives d'intimidations, tant au niveau local que national. LPJ: Vous vous êtes alors dirigé vers Bruxelles... C.G.: On a fait encore deux sessions de photographies pour voir comment évoluait la situation. J'ai envoyé au chef de la délégation européenne en Roumanie d'alors, Jonathan Scheele, un document que j'ai accompagné de photos. Il a pris connaissance de la situation et il nous a dirigé vers l'OLAF Politique (Office européen de lutte anti-fraudes). Après une longue correspondance, l'OLAF a décidé de faire une investigation sur le terrain, chose qui n'était jamais arrivée jusqu'alors. "Si vous n'aviez rien dit, l'UE aurait payé" LPJ: Quel a été le résultat ? C.G: On a reçu les conclusions de l'enquête en septembre 2007, soit deux ans après le début de l'affaire. Celles-ci expliquaient que la somme allouée par l'Union Eropéenne pour ce projet (qui se chiffre en centaines de milliers d'euros, ndlr) avait été annulée entièrement. Le problème a donc été transféré à l'État roumain qui n'a pas pu récupérer l'argent chez ceux qui avaient commis l'infraction. Ce sont les contribuables roumains qui ont payé. C'est d'ailleurs ce que l'on nous a dit ici: "On sait qu'il y en a qui volent, mais si vous n'aviez rien dit, c'est l'UE qui aurait payé. Maintenant, c'est nous tous qui payons". Voilà le raisonnement. LPJ: Que concluez-vous de cette démarche citoyenne ? C.G.: Ça nous a demandé beaucoup de temps et d'investissement. Et nous ne pouvons pas compenser le manque de transparence entre les autorités roumaines et européennes. Nous, citoyens, nous sommes pris entre différentes bureaucraties qui ont chacune leurs règles. La corruption est généralisée dans notre système. Il y a beaucoup d'autres projets dans toute la Roumanie qui sont dans des états déplorables. La réalité est simple, mais il faut aller sur le terrain. S'il n'existe pas de réactions rapides, la Roumanie risque de devenir un trou noir pour les contribuables européens. Propos recueillis par Jonas MERCIER. (www.lepetitjournal.com - Bucarest) L'ex-roi Michel demande l'abolition de la loi salique L 'ex-roi Michel de Roumanie (notre photo : avec sa fille aînée, Margareta) vient de demander au Parlement d'abolir la loi salique en cas de rétablissement de la monarchie. Il faut préciser que l’ancien souverain a… cinq filles. La loi salique. Une expression juridique qui rappelle de lointaines leçons d'histoire. Lorsque l'on apprenait que cette dure loi, qui pourtant n'a pas toujours existé, justifiait l'exclusion des femmes du droit de succession à la terre et de la succession à la couronne de France, notamment. 30 décembre 2007. L'ex-roi Michel de Roumanie, qui a abdiqué il y a 60 ans sous la contrainte des communistes, demande au Parlement de "renoncer à l'application de la loi salique". Ce, dans le cas, improbable, où son pays déciderait le rétablissement de la monarchie. Lors d'une cérémonie dans son château de Seversin (Arad), l'ancien roi a signé les nouveaux statuts dynastiques de la famille royale. Et a désigné sa fille aînée Margareta comme son "successeur". Que nous vaut ce rétablissement anachronique de l'égalité? C'est que l'ex-souverain et son épouse Anne de Bourbon Parme ont eu cinq filles. Aucun héritier mâle! Du coup le petit fils naturel de Carol II, Paul Lambrino, tentait sa chance depuis des années, essayant de se faire reconnaître comme héritier de Michel, son père étant le demi-frère de l'ex-souverain… Michel a donc décidé de demander l'abolition de la loi salique, ajoutant un alinéa précisant que tout descendant de Carol II, autre que lui-même, est exclu de la succession. 9 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Vie internationale z z SUCEAVA IASI z ORADEA z ARAD TARGU MURES z z z SIBIU TIMISOARA z z z CHISINAU P. NEAMT z BRAILA BRASOV PITESTI CRAIOVA z z DEVA z z PLOIESTI BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z (Suite de la page 8) "Chez moi je gagnais 600 euros par mois" 8 Gaz de France évincé du projet de gazoduc Nabucco par la Turquie z BAIA MARE SATU MARE Célibataire et sans enfant, le Dr Popoviciu justifie sa décision de s'expatrier par l'insécurité en Roumanie et les questions économiques. "Dans mon pays, je gagnais 600 euros par mois", explique-t-il dans un français correct, appris à l'école et au centre culturel français de sa ville. Médecin depuis treize ans, il a exercé en hôpital avant de s'installer dans un village roumain un peu plus grand que Seboncourt. L'ordre des médecins a validé ses diplômes et un dispositif d'accompagnement a été mis en place pour accueillir le nouveau praticien, venu par la route au volant de sa Logan: pendant les six premiers mois, le loyer du cabinet médical et de son logement seront pris en charge par la mairie. "Son arrivée a aussi entraîné un élan de solidarité rurale" se réjouit le maire. Un particulier a rénové le cabinet et des médecins retraités ont fourni du matériel. "Mais de la part des instances nationales, on n'a rien eu du tout" déplore-t-il. Le Dr Popoviciu reconnaît “avoir un peu peur", car il ne connaît pas les mentalités locales. Il remarque aussi "qu'en France, il n'y a pas d'incitation financière pour s'installer dans des villages, comme c'est le cas en Roumanie" et ajoute sans détours : "Il y a aussi la paresse des médecins français". … "Le paradoxe, c'est que notre usine de filtres de voitures va délocaliser en Roumanie une partie de sa production" soupire, quant à lui, le maire de la petite commune. Bucarest veut aider Paris à revenir dans le jeu L ors de la conférence de presse commune avec Nicolas Sarkozy, à l'issue de sa visite-éclair à Bucarest le 4 février dernier, le président Traian Basescu a souhaité que Gaz de France, qui opère déjà en Roumanie, soit associé au projet de construction du gazoduc européen Nabucco, malgré le veto opposé par la Turquie, laquelle reproche à Paris la décision du Parlement français de reconnaître le génocide arménien. "La Roumanie sera un des pays qui soutiendront sa participation", a expliqué le chef de l'Etat roumain. "La France y est extrêmement sensible et c'est très important pour Gaz de France de participer à ce projet", a de son côté indiqué le président français. Gaz de France a pris le contrôle de Distrigaz Sud Roumanie en 2004 et alimente un million de foyers ou clients roumains dont Bucarest. La hantise des Roumains de dépendre des Russes Le projet Nabucco prévoit la construction d'un pipeline de 3 400 km pour acheminer le gaz d'Asie centrale et du Moyen-Orient, voire d'Iran, vers l'UE, de la mer Caspienne jusqu'en Autriche via la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie, afin de réduire la dépendance des Européens vis-à-vis des importations de Russie. D'un montant total de cinq milliards d'euros et prévu pour 2012, le projet associera au moins six pays. Les cinq déjà associés (Turquie, Roumanie, Bulgarie, Hongrie et Autriche) étaient à la recherche d'un dernier partenaire pour réaliser ce gazoduc. Cette décision sur sa construction était attendue pour la fin 2007 mais avait été reportée au premier trimestre 2008. Finalement, début février, le consortium a choisi RWE, numéro 2 allemand de l'énergie, mais la porte ne semble pas fermée à une participation de Gaz de France. Le consortium regroupe désormais autour du chef de file, le groupe autrichien OMV, le nouveau venu allemand, et les sociétés nationales Botas (Turquie), Bulgargaz (Bulgarie), MOL (Hongrie) et Transgaz (Roumanie). Par ailleurs, le géant russe Gazprom, qui soutient de son côté un projet concurrent, baptisé South Stream - auquel Gaz de France a menacé de participer s'il était évincé du tour de table - a aussi manifesté l'intention de se joindre au projet Nabucco. South Stream est un projet russo-italien. La Russie envisage de faire de la Bulgarie un carrefour d'où partiraient deux branches de South Stream arrivant de Russie sous la mer Noire, qui éviterait ainsi le passage par la Turquie: l'une vers la Grèce et l'Italie, en passant par l'Adriatique, l'autre vers la Hongrie en passant éventuellement par la Serbie. Cette opération s'inscrit dans une stratégie globale de Gazprom pour assurer des débouchés à son gaz par le sud de l'Europe. Bucarest et Moscou: de l'eau dans le gaz L a Roumanie perd des centaines de millions d'euros par an car elle achète son gaz de Russie en passant par des intermédiaires. "Nous devons avoir une discussion sérieuse avec Moscou afin de régler ce problème", a déclaré le ministre de l'Économie. Début février, le journal Cotidianul a fait sa Une sur la question : "Le gouvernement cherche ses entrées au Kremlin", affirmant que le ministre en question avait essayé à trois reprises de se mettre en contact avec Gazprom, la sociéte d'État russe. Sans succès. Moscou attendrait des "signes positifs", les Russes étant notamment intéressés par l'achat du producteur roumain Romgaz... Pas à vendre, a répondu jusqu'à présent Bucarest. En 2007, la Roumanie a payé son gaz 270 dollars pour 1000 m3 alors que la moyenne européenne était à 265 dollars. Ajouter à cela les commissions des intermédiaires qui peuvent faire monter le prix de 10% et on comprend mieux sa facture à la fin du mois. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Culture Connaissance et découverte L'art digital a sa galerie à Bucarest L 'art digital a désormais sa place en Roumanie. Inaugurée au printemps 2007, la galerie "115" est la seule de son genre en Europe de l'est. Les tableaux exposés ont un goût de nouveau millénaire, tout comme la façon de les vendre. Une oeuvre, une impression numérique et un droit de reproduction limité. Voilà en trois mots ce qu'est l'art digital. “115” est la première galerie de l'est de l'Europe dédiée entièrement à cet art. Il est vrai que les nombreuses toiles exposées ont peu de chose à voir avec la peinture traditionnelle. Pour être plus précis, cet art nouveau regroupe toute oeuvre créée ou modifiée par un processus informatisé. Dans ces tableaux, on retrouve parfois un graphisme de BD, parfois un univers de science fiction, des montages photo. Des oeuvres résolument modernes et inhabituelles dans une galerie d'art de Bucarest. Le concept de vente est lui aussi tout à fait original. La galerie possède la première imprimante dédiée à l'art. Elle permet d'imprimer directement une toile, tout en assurant à l'ar- Livres L a Documentation française vient de sortir une deuxième édition de son Atlas de la Roumanie, la première version ayant été publiée en 2000. Cet ouvrage a été réalisé sous la direction de Violette Rey, universitaire lyonnaise, membre d'honneur de l'Académie roumaine, et d'Octavian Groza, professeur à l'université de Iasi, en collaboration avec de nombreux chercheurs, géographes, statisticiens, etc. Cet Atlas de 200 pages, contenant autant de cartes et graphiques, lesquels sont commentés, est une véritable mine d'or d'autant plus qu'il concerne tous les "L'Atlas de la Roumanie": une véritable mine d'or pour bien connaître le pays domaines de la société, de la vie économique, politique, sociale, internationale. Tous ceux qui s'intéressent à la Roumanie peuvent ainsi se faire une idée précise de la construction du territoire roumain au fil des siècles, de la latinité de la Roumanie et ses interférences culturelles, de la répartition des nationalités et des religions dans le pays, de la destination des exportations actuelles et de la provenance des importations, de l'origine des capitaux et investissements étrangers, des liaisons aériennes de TAROM, des risques de tremblements de terre, de la démographie roumaine, du processus de Francophonie L tiste que la couleur électronique de son œuvre sera exactement la même. Un autre avantage de cet "art printer" (impression d'art) est que les pigments sont garantis 200 ans. Le contrat que signe l'artiste avec la galerie contient un nombre de reproductions déterminé à l'avance pour un territoire donné. Comme son nom l'indique, la galerie bucarestoise peut imprimer 115 exemplaires de chaque toile, certaines oeuvres pouvant également être présentées à l’étranger. Cette méthode permet d'offrir des prix assez modestes pour le monde de l'art, car le but est aussi de permettre aux budgets plus modestes d'y accéder. Un concept sympathique qui a cependant ses critiques. Pour Octav Avramescu, de l'association "Jumatatea plina" ("La moitié pleine") qui promeut la bande dessinée en Roumanie, une oeuvre d'art n'est pas reproductible car elle est, par définition, unique. Le débat est ouvert. Quoi qu'il en soit, cette galerie vaut le détour. Jules RAVAUD. (www.lepetitjournal.com - Bucarest) a dérive anglophone de la Commission européenne s'accélère. En moins de dix ans, le français est devenu une langue minoritaire au sein de l'exécutif européen, utilisée dans seulement 14% des documents (et ça diminue). Depuis que le Portugais José Manuel Durão Barroso le préside, c'est toute l'information et la communication vers l'extérieur qui se fait presque uniquement en anglais. La preuve ? Au mépris de la règle non écrite de l'équilibre entre les nationalités, le service du porte-parole, dirigé par l'Allemand Johannes Laitenberger, est devenu un vrai bastion anglophone. Sur 36 porte-parole, 9 sont britanniques et 4 irlandais, soit un tiers d'"English native speaker" ! Et ils n'occupent pas des postes de second ordre, loin de là (concurrence, commerce, agriculture, etc.). Un tel déséquilibre linguistique n'a pas de précédent Si on ajoute à cela 8 Allemands (qui n'ont décollectivisation, des étapes de la transition, des différentes cultures agricoles, de l'habitat, du monde urbain, des industries, des services à la population (cinémas, télévision par câble, bibliothèques, etc.), des jumelages franco-roumains, etc. L'Atlas de la Roumanie mérite d'être salué pour ce qu'il est: un outil indispensable à la bonne connaissance de ce pays. L'Atlas de la Roumanie, Violette Rey, collection dynamique du territoire, 35 €. A commander auprès de La Documentation Française, 29-31 quai Voltaire, 75 344 Paris Cédex 07 (tel : 01 40 15 70 00, fax : 0140 15 72 30). Dérive anglophone à Bruxelles jamais été aussi bien servis), ce sont 21 postes sur 36 qui sont squattés par trois nationalités. Là aussi, sans précédent! Les Français, eux, doivent se contenter de deux postes mineurs. Il y a certes aussi, fait-on valoir à la Commission, deux Franco-Britanniques. Il faut reconnaître que les Italiens (2), les Espagnols (2) et les Polonais (1) sont aussi mal servis que les Français. Interrogé, Johannes Laitenberger réfute une telle comptabilité: "Chaque choix est un choix individuel en fonction des besoins spécifiques du poste et du mérite des candidats disponibles." Ce que ne dit pas Laitenberger, c'est qu'un porte-parole parlant ou écrivant mal le français pourra être recruté sans problème alors qu'un tel handicap en anglais est un obstacle définitif. A Paris, on se dit "préoccupé" par ce déséquilibre qui fait tâche à quelques mois de la présidence française de l'Union. (Libération, le 08/01/2008) 45 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Histoire z BAIA MARE CLUJ ARAD z Les Roumains z SUCEAVA IASI TARGU MURES z z z BACAU TILISCA z z BRASOV z z SIBIU TIMISOARA PITESTI CRAIOVA z z BRAN BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Ours d'or pour un court métrage roumain 46 Neagu Djuvara secoue l'historiographie z z ORADEA Le court métrage de Bogdan Mustata, réalisateur roumain (32 ans), a reçu la récompense suprême du festival international du film de Berlin (Berli-nale), un Ours d'Or. Son film "Une bonne journée à la plage", écrit par Catalin Mitulescu ("Comment j'ai fêté la fin du monde") décrit la journée de trois délinquants qui, après avoir agressé le chauffeur d'un fourgon et une prostituée, emmènent leurs victimes sur une plage où ils vont passer le reste de la journée. "Le sort des victimes ne m'a pas intéressé, j'ai plutôt eu envie de raconter l'histoire de ces jeunes délinquants" a déclaré Bogdan Mustata. Les trois jeunes acteurs ne sont pas des professionnels; ils ont été choisis dans une prison pour mineurs et un centre de placement. Une ruine devient un haut lieu de la culture La Bibliothèque nationale, située sur le boulevard Unirii, l'un des derniers emblèmes architecturaux du régime de Ceausescu, va devenir un lieu de culture. Selon le plan du ministère de la Culture, le nouvel édifice, dont la façade rénovée sera en verre, comprendra un musée d'art contemporain, des salles de concert, de lecture, un espace multimédia, des librairies, des cafés, etc. Les travaux devraient commencer dès le mois d'avril et se termineront, selon le ministre de la Culture Adrian Iorgulescu, en 2011. Coût de l'investissement: environ 78 millions d'euros pour 112.000 m2 à réaménager. Le bâtiment, aujourd'hui en ruine, avait été inauguré en 1986, date toujours inscrite sur la façade principale. Les NOUVeLLes de ROUMANIe H istorien à succès, Neagu Djuvara (notre photo) a lancé un pavé dans la mare de l'historiographie roumaine, en montrant l'importance décisive des Coumans dans la formation de la première dynastie valaque et la naissance du "pays roumain". À côté du débat scientifique, le risque est grand de voir naître une nouvelle polémique sur l'ethnogenèse et le "mythe des origines nationales", comme le rapporte Nicolas Trifon dans "Le Courrier des Balkans". Ancien diplomate et historien, 91 ans, bon pied bon œil, l'esprit critique plus alerte que jamais, Neagu Djuvara est une figure assez familière aux Roumains en raison de ses interventions à la télé et du succès de sa Brève histoire des Roumains racontée aux jeunes (huit éditions depuis sa parution en 1999 ). Avec le livre qu'il vient de faire paraître, Thocomerius-Negru voda, un voïévode d'origine coumane aux débuts de la Valachie, il jette un nouveau pavé dans la mare [1]. "Tout ce que nous faisons pour mystifier notre passé se retourne forcément contre nous", lance-t-il à l'adresse de ses confrères et de ses compatriotes. Basarab 1er, fondateur de la dynastie valaque, n'était pas Roumain Le fondateur de la dynastie valaque, Basarab I (1330-1352), n'était pas roumain mais couman. Son nom vient de "basar" et de "aba", qui signifient "dominer" et "père" dans la langue de ces envahisseurs nomades issus du monde touranien, comme les Avares, les Protobulgares, les Pechénègues, qui les ont précédés, et les Tatares, arrivés plus tard . Les Coumans avaient campé en Valachie (comme en Moldavie et en Ukraine) pendant le siècle qui a précédé la grande invasion tatare de 1241, avant de se diriger vers le sud et de traverser les Carpates. La Valachie (la région située à l'est de l'Olt) s'appelait en ce temps Coumania. Le nom désignant en roumain la principauté de Valachie, Tara româneasca, est attesté pour la première fois seulement au XVIe siècle, dans un acte privé. Jusqu'au XVIIIe siècle, on l'appelait Vlaskoe Zemlia, le slavon étant la langue de l'église et, en partie, de la cour. La "coumanité" du père du fondateur de la dynastie des Basarab, de celui que l'on appelle Negru voda [prince noir] dans la tradition roumaine, ressort du nom sous lequel il figure dans une chronique hongroise, Thocomerius, abusivement transcrit par la forme slavo-roumaine Tihomir . Ce personnage, dont on sait peu de choses et auquel on attribue la première unification des structures politiques locales en Valachie, provenait d'au-delà des Carpates, du pays de Fagaras, administré par le roi de Hongrie. Autrement dit, les premières structures étatiques en Valachie (comme plus tard en Moldavie) étaient des créations du royaume de Hongrie, des Etats tampons destinés à consolider la défense de ses frontières. Vassal du royaume de Hongrie Thocomerius et son fils, Basarab I, n'étaient pas orthodoxes mais catholiques. En effet, après avoir longtemps refusé la christianisation et combattu les Hongrois, les Coumans noirs, se sentant menacés par les Tatares, ont fini par demander au roi de Hongrie le baptême (catholique) collectif. C'est le fils de Basarab I, Alexandre (13521364), qui, après sept ans de règne, se rebaptisera orthodoxe (en prenant le nom de Nicolas Alexandre) permettant la fondation en 1359 de l'archevêché d'Hongrovalachie par le patriarche de Constantinople. Immigration A la Une Le destin de deux femmes dans un monde impitoyable Marina de Suceava… Marisa de Bogota B eau personnage de “mater dolorosa” moderne, Marina a quitté la Roumanie juste après la "Révolution" pour gagner sa vie, laissant ses deux enfants en bas âge aux soins de ses parents. En France, elle fait des ménages chez des particuliers et dans des entreprises. "Je veux que mes enfants fréquentent une bonne école et aient une autre vie que moi." Pour réaliser cet objectif, elle envoie presque tout son salaire à sa famille. Après quinze années d'exil, elle a décidé de rentrer, pour retrouver ses enfants, âgés maintenant de 18 et 16 ans. Lors du dîner d'adieu qu'elle a partagé avec la communauté des émigrés roumains, une femme l'a avertie: "Tu vas avoir du mal à te faire aimer d'eux." Dès son arrivée, les désillusions s'amoncellent Ses enfants lui reprochent d'être partie. Son fils la fuit. Sa fille cherche à comprendre: "Je sais qu'elle est partie pour notre bien, mais j'ai souffert d'un manque de tendresse." Avec ses parents, le choc est tout aussi douloureux. Sa mère, qui a élevé onze petits-enfants dont les parents s'étaient exilés par manque d'argent, la traite d'ingrate. Son père n'accepte pas qu'elle veuille vivre sa vie de façon indépendante. Câlins et gâteaux Marina a envoyé beaucoup d'argent pour la construction d'une maison où elle comptait vivre avec ses enfants. La visite au chantier lui tire des larmes: son père a organisé la construction d'une maison bien trop vaste, qui est loin d'être achevée. "Pendant quinze ans, j'ai travaillé pour ça, je ne dormais presque pas, je me levais tous les jours à 5 heures du matin, je nettoyais des WC, courais d'un employeur à l'autre sans manger. Il fallait toujours que j'envoie encore et encore de l'argent. Pour ça!" Lorsque elle se rend à l'école de ses enfants, en voyant les gestes affectueux des parents qui accompagnent les petits câlins, recommandations, gâteaux glissés dans le cartable -, elle comprend ce qui leur a manqué et ce dont elle a été privée. De même, avant son départ de France, elle s'est offert sa première escapade en quinze ans: elle a visité Paris, la tour Eiffel, les Champs Elysées, Notre Dame, pris le “bateau mouche”. Tout à coup, le monde s'est révélé à elle comme un espace plus vaste que ces séries inexorables de pièces à nettoyer, d'argenterie à briquer. Rentrée voici un an en Roumanie, Marina a repris sa vie en main. Ses enfants se sont éloignés, mais la tendresse peut enfin s'exprimer. Désormais, elle prend soin d'une nièce dont la mère est partie travailler en Suisse. Elle l'emmène au cirque: dans la pénombre dorée du chapiteau, la petite et la grande rient, main dans la main, en regardant les clowns. Marina s'appelle en fait Marisa. Elle est Bolivienne, et comme nombre de ses compatriotes, elle a fui la pauvreté en venant travailler en Israël et n'a pas visité Paris mais Jérusalem avant de retourner dans son pays. Elle a été l'objet d'un film documentaire israélien "Le sacrifice d'une mère ", passé en toute fin de soirée le 26 novembre sur Arte, dans l'émission " Grand format". Marina de Suceava… Marisa de Bogota, le même destin de femme dans un monde impitoyable. Les pays riches, dont la France, consacrent tout juste 0,18 % de leur PIB à l'aide aux pays pauvres, tous continents, dont l'Europe de l'Est, compris. Pénurie de main d'œuvre en Roumanie: bourse de l'emploi en Italie pour le retour des expatriés L es autorités roumaines prévoyaient d'organiser une bourse des emplois à Rome, le 23 février, destinée aux travailleurs roumains, afin d'attirer la main d'oeuvre en Roumanie, a indiqué peu auparavant le Premier ministre Calin PopescuTariceanu. "Il y a un sérieux manque de main d'oeuvre en Roumanie. Le taux de chômage a baissé à 4%. L'année passée nous avons créé 17.000 emplois. On doit augmenter la main d'oeuvre, afin de soutenir le rythme de croissance économique élevée. Des actions concrètes seront entreprises bientôt. Une bourse de l'emploi destinée aux travailleurs sera organisée à Rome, où se rendront aussi les employeurs de Roumanie. Plus de 1.500 emplois en Roumanie seront proposés. Outre le salaire, on offre des tickets repas et l'hébergement", a affirmé le Premier ministre roumain. “Ils gagneraient plus chez eux” Les autorités roumaines utiliseront la presse de langue roumaine d'Espagne et d'Italie, tout comme les ambassades dans ces pays en vue de la médiatisation de leurs actions. "Les représentants du milieu d'affaires soutiennent ce projet, étant donné le manque de main d'oeuvre en Roumanie qu'il faut combler. Cela peut paraître surprenant, mais je pense que beaucoup de Roumains pourraient gagner plus en Roumanie", a ajouté le Premier ministre. Par ailleurs, l'Agence nationale pour l'emploi (ANOFM) s'est connectée au portail européen EURES, pour offrir des services de conseil et d'intermédiation gratuits sur l'emploi en Roumanie, a annoncé, lors d'une conférence de presse, Ionel Muscalu, président de l'agence. Après l'adhésion de la Roumanie à l'UE, l'ANOFM, en qualité de service public, devait s'aligner au réseau européen de services publics. Les Services européens de l'Emploi mettent à disposition des employés et employeurs un service d'information sur les marchés européens de l'emploi. Les objectifs du réseau visent au développement de la coopération entre les États membres et entre leurs services publics de l'emploi. 7 Les NOUVeLLes de ROUMANIe z BAIA MARE z ORADEA z ARAD z JUCU z z SIBIU TIMISOARA BOTOSANI IASI TARGU MURES z L’installation de Nokia Délocalisation à Cluj: la Roumanie se réjouit, l'Allemagne s'indigne z SUCEAVA z z z PIATRA NEAMT z BACAU BRASOV z BRAILA PLOIESTI z z CRAIOVA z BUCAREST A la Une CONSTANTA z Un praticien de Timisoara au chevet des habitants d'un village de l'Aisne Le médecin roumain mieux accueilli que le plombier polonais A la mi-février, Lucian Popoviciu, médecin roumain, a donné ses premières consultations dans le village de Seboncourt, dans l'Aisne, dont le maire a cherché en vain pendant six mois à trouver en France un successeur au généraliste de la commune parti à la retraite. 6 "Le précédent médecin avait cherché quelqu'un pour lui succéder, sans succès. J'ai pris contact avec les facultés de médecine de la région, Amiens, Lille et Reims, sans plus de résultat", explique Gérard Feuillette, le maire de cette commune de 1 200 habitants, qui n'a eu de cesse de faire valoir la présence sur place d'une pharmacie et d'une maison de retraite pour attirer un nouveau praticien. "J'ai fait ensuite passer des annonces en Belgique, puis dans les pays du Maghreb, en Syrie, au Liban et en Europe de l'Est". C'est finalement Lucian Popoviciu, 40 ans, médecin généraliste diplômé de la faculté de Timisoara, qui s'est porté candidat après avoir lu l'annonce dans un magazine spécialisé. "Les médecins aujourd'hui recherchent les grandes villes et veulent faire les 35 heures", a constaté amèrement le maire. (Lire la suite page 8) L 'installation de Nokia à Jucu, au nord-ouest du pays, est certes une bonne nouvelle pour l'économie roumaine. Des emplois vont se créer et l'État lui aussi en profitera. Mais en Allemagne, cette délocalisation continue de faire des mécontents, comme le souligne ci-dessous lepetitjournal.com. Elle illustre les aléas de la politique européenne d'ouverture des frontières et du libre marché. D'un côté, les pays à la technologie avancée transfèrent leurs activités ne nécessitant pas une main d'œuvre hautement qualifiée dans ceux où le niveau de salaire est faible. D'un autre, ils font venir chez eux les cadres dont ils ont besoin, privant ces mêmes pays du savoir-faire qu'ils y ont acquis et qui leur serait très utile. C'est l'exemple du médecin roumain appelé au chevet d'un village de l'Aisne (voir par ailleurs). Finalement, dans un libéralisme trop souvent débridé, les multinationales des pays riches imposent leur loi, les pays pauvres n'ayant guère la ressource que de s'incliner, en espérant que les miettes amassées leur permettront un jour de relever la tête. Des salaires dix fois inférieurs Dans la petite ville roumaine de Jucu, à 18 km de Cluj, ce fut l'événement : plusieurs hauts responsables de Nokia ont inauguré le 11 février la nouvelle ligne d'assemblage pour les téléphones portables du géant finlandais. Avec un premier investissement de 60 millions d'euros, l'usine s'étendra sur 30 hectares. Du jamais vu à Jucu. Elle produira dans un premier temps des portables bas de gamme, commercialisés en Europe et dans le reste du monde à 40 €, disponibles dès le prochain trimestre. Au maximum de son rendement, cette nouvelle unité devrait employer près de 3.500 personnes d'ici la fin 2009. Salaire moyen des ouvriers : environ 800 lei brut par mois, soit 150 € net et 10 fois moins qu'en Allemagne. Une aubaine pour Nokia qui a vite fait le calcul: en fermant l'usine allemande de Bochum et en délocalisant en Roumanie, les économies sur les salaires seront plus que conséquentes. Un jackpot pour l'État Pendant ce temps, en Allemagne, ça grogne. Depuis plusieurs semaines, 2.300 travailleurs protestent contre la fermeture prochaine de leur usine. L'affaire ne plait pas non plus à certains eurodéputés allemands qui soutiennent que Nokia a utilisé l'argent de l'Union Européenne pour délocaliser en Roumanie, ce que conteste Bruxelles. D'autres demandent d'interdire cette délocalisation. A Strasbourg, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a alors posé la question : "Si des investissements partent de la Finlande(dont Nokia est originaire) pour l'Allemagne, pourquoi ne pourraient-ils pas partir d'Allemagne vers la Roumanie?". Pour Marius Nicoara, président du Conseil départemental de Cluj, "Nokia n'a pas délocalisé son usine ici, c'est un projet complètement différent qui ne pouvait pas se faire à Bochum". À Bucarest, on préfère ne pas trop s'immiscer dans la polémique. "Évidemment les coûts salariaux ont joué en notre faveur", a simplement déclaré le ministre du Travail, Paul Pacuraru, tout en assurant que "bientôt les salaires rattraperont le niveau du salaire moyen des autres pays de l'UE". Certes, le gouvernement du Premier ministre libéral Calin Popescu Tariceanu regrette que des travailleurs allemands soient en passe de perdre leur travail, mais il est aussi ravi de l'installation de Nokia en Transylvanie pour le développement de la région. Et pour les caisses de l'État. Selon les estimations, à partir de 2010, la Roumanie devrait empocher 200 millions d'euros d'impôt par an. Florian Constant (www.lepetitjournal.com - Bucarest) Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte roumaine: “Ce sont les barbares qui ont fait la Roumanie" rattrapés par les Coumans Cette décision ne l'a pas empêché de rester le vassal du royaume Hongrie, de la même façon que la défaite militaire infligée par son père, Basarab I, à Charles Robert d'Anjou, le roi de Hongrie (1308-1342), n'a pas entraîné la rupture définitive des liens de subordination qui les liaient. Parler d'Etat roumain indépendant en ce temps constitue un grossier anachronisme, conclut N. Djuvara . Il est peut-être bon de préciser que, s'agissant d'une période sur laquelle on est peu et mal renseigné, les affirmations de N. Djuvara sont pour certaines des hypothèses. Des hypothèses cependant hautement vraisemblables, puisque fondées sur des données topologiques, anthropologiques et documentaires difficiles à contester, connues de longue date par les historiens roumains. (Notre cliché: gravure sur l’époque couman parue dans “La Chronique de Radzivill”) L'intérêt national l'emporte sur la vérité historique Pourquoi ces derniers se sont-ils efforcés d'accréditer des hypothèses nettement moins vraisemblables, allant jusqu'à occulter certaines réalités de cette période clef de l'histoire roumaine? Pourquoi tant de réticences pour accepter le rôle joué par les Slaves dans la formation du peuple roumain ou pour reconnaître que le premier Empire bulgare s'étendait aussi sur des terres valaques ? Les explications suggérées par N. Djuvara sonnent comme autant d'accusations. Née en même temps que la conscience nationale roumaine, à l'époque des affrontements des nationalismes, l'historiographie roumaine a subordonné l'établissement et l'interprétation des faits à l'intérêt national; obsédée par la continuité du peuple roumain sur le territoire où il vit aujourd'hui elle a privilégié la permanence, l'immobilité. Au lieu de se penser dans le contexte de l'histoire de l'Europe centrale et du Sud-Est, elle s'est obstinée à construire une histoire fermée, imaginant une espèce d'autogenèse du peuple roumain. Enfin, étant donné la rareté des informations documentaires sur le Moyen Age roumain, pourquoi ne pas faire appel à l'histoire comparée, se demande N. Djuvara. En fin de compte, l’histoire de l’ Europe vaut aussi pour la Roumanie: ce sont les "Barbares" qui ont été le facteur décisif dans la fondation des Etats médiévaux et non pas les "autochtones", rescapés de l'Empire romain. Les Francs, en France, les Wisigoths en Espagne, les Lombards en Italie, les Varègues en Russie... et les Coumans dans la future Roumanie. Sur la formation des "voïévodats" roumains, N. Djuvara avoue s'être contenté de tirer la conclusion logique des données disponibles fournies par ses prédécesseurs qui, eux, se sont toujours refusés à un tel exercice. Sa contribution réside surtout dans l'importance accordée au facteur couman alors que l'accent était mis généralement sur l'apport slave dans la formation des structures politico-militaires roumaines. A mille lieues de ce que l’on apprend à l’école L'explication qui en découle est ingénieuse, stimulante et vraisemblable, en tout cas à mille lieues des versions consacrées que l'on apprend sur les bancs de l'école en Roumanie depuis belle lurette. L'exemple qu'il fournit lui-même est éloquent. Il s'agit de la citation de Nicolae Iorga figurant dans la conclusion du livre de Serban Papacostea paru en 1993 sous le titre Les Roumains au XIIIe siècle: "...vers 1300, le nouveau pays prend forme selon une conception originale qui a ses racines dans sa propre tradition. Nous avons affaire à un cas de cristallisation politique spontanée. Son champ s'étend sur le pays roumain (Tara româneasca) tout entier, et, pour la première fois, voit le jour à l'Est une conception nationale correspondant à une conception territoriale, fondement moderne des Etats de l'Europe occidentale". Cependant, le principal mérite du livre est d'avoir cassé un tabou en critiquant de front les présupposés nationalistes de l'historiographie roumaine, qui, par ailleurs, compte des spécialistes notamment du monde byzantin et ottoman dont la réputation n'est plus à faire. Nous avons affaire, à en juger par les réactions qui ont accompagné la sortie du livre, à une performance critique surprenante à prime abord. Profil bas des “historiens patriotes” Interrogés par le journal Cotidianul, le 20 juin 2007, plusieurs historiens réputés, dont Serban Papacostea cité plus haut, se sont prononcés en faveur de la thèse soutenue par N. Djuvara. Titre de l'article: "La révolution de Djuvara conquiert l'élite des historiens". Ce journal avait publié la veille un entretien de Eugen Istodor avec l'auteur sous le titre “La révolution de Djuvara", qui avait suscité plus de deux cents messages sur le forum de discussion. L'absence de contradicteur parmi les confrères de l'auteur, et le nombre "raisonnable" de réactions hostiles, ont de quoi surprendre, si l'on pense à la version inculquée à tant de générations de Roumains, jamais contestée par les historiens, qui venait d'être mise à mal. Certains historiens et bon nombre de "patriotes" ont apparemment préféré faire profil bas en attendant que l'orage passe pour passer à l'offensive. (Lire la suite page 48) 47 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte (suite de la page 47) z z ORADEA CLUJ z z SUCEAVA SATU MARE z TARGU MURES z BACAU z BRASOV TIMISOARA BRAN z GALATI z z MARASTI BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Un maçon roumain devient le Pavarotti espagnol 48 A la Une et de l'argent a divisé une commune en deux "Il est temps que nous apprenions à ne plus nous mentir à nous-mêmes" même les morts ne reposent plus en paix Même dans ces conditions, la percée de la thèse de N. Djuvara n'est pas dépourvue d'ambiguïté, si l'on examine de plus près les réactions. De toute évidence, les arguments "radicaux" invoqués par ceux qui le critiquent ne tiennent pas la route: on l'accuse de faire le jeu de la propagande hongroise ou d'être acheté par elle. Plus touchantes sont les réactions de sympathie, non seulement pour la personnalité de l'historien mais aussi pour sa "révolution", les deux étant le plus souvent associées. "Il est temps que nous apprenions à ne plus nous mentir à nous-mêmes" ou encore "Après ces quarante-cinq ans de communisme... notre incapacité à regarder droit dans les yeux notre passé historique nous condamne à l'infériorité ", lit-on dans ces messages. Plusieurs autres participants au forum relativisent cependant la nouveauté du message, dans un langage plus mesuré et souvent en connaissance de cause. L'aspect le plus frappant cependant de l'ensemble des messages est la fréquence élevée de références, allusions, digressions sur les questions de race, d'ethnie, d'origine, de groupe sanguin et ainsi de suite. Avec la vieille masure où ils habitent, l'affaire sera conclue à 70 000 euros. Aussi cher qu'un appartement à Bucarest pour ce "trou" perdu dans les montagnes ! Encore faut-il compter avec le chat, les vaches, les poules, le jardin, la remise où on mettait les oignons à sécher, qu'il faudra déménager ou abandonner. Toute une vie qui s'en va, cela n'a pas de prix. Allez… 20 000 euros en plus et on n'en parle plus. Deux cents de ces cabanes on poussé comme la rose du matin, changeant le caractère des villages composant Rosia. Même le pope en a construite une, tout près du presbytère. Les noyers étant d'un gros rapport - 3 millions de lei, cent euros, pour un simple arbuste - ils ont fleuri partout. Certains, après avoir empoché leurs indemnités, les ont déracinés pour les replanter dans un jardinet dont le rachat n'avait pas encore été négocié. Provoquer pour mieux convaincre Les "derniers des Mohicans" résistent Les propos à caractère quelque peu anecdotique tenus par N. Djuvara lors de l'entretien, quand il évoque, par exemple, le type arabe des paysans travaillant sur les domaines de son grand-père, y sont pour quelque chose même si son intention était de provoquer pour mieux convaincre. Le livre contient aussi une allusion sur ce thème, dans le paragraphe suivan : "Il est grand temps d'oublier les clichés vieillis sur les Roumains authentiques, les vrais ou les bons Roumains... C'est un Roumain authentique de par sa mère et de par son père qui vous le dit. La première qualité du Roumain a été sa capacité d'assimiler toutes les populations qui se sont réfugiées sur son aire autochtone. Mais ce n'est pas un argument pour que nous occultions le rôle que ces groupes allogènes ont pu jouer dans l'histoire tourmentée de notre peuple". Avec ce genre d'aveux biographiques on s'expose inévitablement à des controverses et on alimente une dynamique malsaine. En effet, comme le modérateur du forum, Cristian Teodorescu, l'a opportunément indiqué et plusieurs participants l'ont rappelé, Neagu Djuvara est issu du côté de son père d'une famille aroumaine arrivée en Valachie du Pinde, aujourd'hui Grèce du Nord, vers 1770. Sa mère appartenait à une famille réputée de boyards. Il n'en fait aucun mystère d'ailleurs, lui qui a coordonné la rédaction d’un excellent ouvrage sur les Aroumains paru aux éditions de l'Inalco à Paris en 1989. Peut-il se présenter comme un Roumain authentique ? Dans l'entretien, il explique qu'il a probablement "échappé" à la coumanité du côté de son père, dont la famille venait du Sud, mais pas de sa mère, puisque un bon tiers des boyards de Valachie étaient à l'origine des Coumans. Sa qualité de "roumain" ou d' "allogène" fait l'objet de plusieurs messages polémiques. L'auteur de l'un de ces messages va jusqu'à expliquer qu'il n'a rien " contre les Aroumains, les juifs, les Tsiganes... même si certains Aroumains travaillent aujourd'hui contre les intérêts de la Roumanie". Sur cette lancée, les spéculations sur l'hypothétique coumanité des Roumains passés, présents et à venir vont forcément bon train et le débat critique attendu sur l'historiographie roumaine risque de se métamorphoser en discussion vaseuse autour de l'ethnogenèse et autres fantasmes dont on est si friands dans cette région de l'Europe. Nicolas Trifon (Le Courrier des Balkans) "Gabriel" commence cependant à se faire tirer l'oreille, mais quelle concession ne ferait-il pas pour voir le panonceau "Cette maison est propriété de RMGC" se balancer sur sa porte. A l'automne dernier, selon la mairie, 420 familles, sur le millier que comptent les villages formant la commune de Rosia Montana, avaient vendu leur bien. L'hiver dernier, 134 autres ont franchi le pas. Dans le périmètre visé par "Gabriel", il reste environ 250 familles qui résistent à l'appât du gain, tout aussi pauvres que celles qui y ont cédé. Sur leur maisonnette, elles ont cloué un écriteau affirmant farouchement "Cette maison n'est pas à vendre" et clament bien haut qu'ils entendent mourir ici. "Ils veulent faire monter les prix" susurrent leurs détracteurs. Ces "derniers des Mohicans" comme on les appelle, se rassurent en affirmant que, techniquement parlant, "Gabriel" ne peut pas retirer un gramme d'or tant qu'ils sont là. Ils n'en sont pas moins amers vis-à-vis de la firme canadienne: "Même s'ils n'exploitent pas leur mine, ils auront au moins réussi une chose… détruire notre village". z IASI z ARAD Les NOUVeLLes de ROUMANIe Costel Busuioc, un maçon de 33 ans, a charmé le public espagnol lors d'une émission du type "Mega Star". Sans n'avoir jamais pris de cours de chant, il interprète avec brio des classiques d'opéra comme "Nessun dorma" ou Caruso. Après la première épreuve du concours, le Roumain avait recueilli le plus grand nombre de votes des téléspectateurs, et le jury lui avait accordé la meilleure note. C'est un collègue de chantier qui l'avait convaincu de s'inscrire à cette émission après l'avoir entendu chanter. Père de 4 enfants, Costel Busuioc est parti seul en Espagne pour travailler comme maçon. On est mieux chez soi Les Roumains n'accordent pas beaucoup de temps aux activités culturelles. Selon une étude réalisée par le Centre de sociologie urbaine et régionale, 87% des Roumains préfèrent rester chez eux plutôt que d'aller au cinéma. 89% disent ne jamais aller voir un spectacle, que ce soit au théâtre ou à l'opéra, et 74% ne vont jamais au musée. Seuls 48% affirment passer un peu de temps à lire un livre. Par contre, 90% des interrogés, âgés de 18 ans et plus, disent aller régulièrement à l'église. Cette étude a été menée entre le 1er et le 25 septembre dans l'ensemble du pays sur un échantillon de 2.000 personnes. [1] Thocomerius-Negru Voda: un voievod de origine cumana la începuturile tarii românesti, Humanitas, Bucarest, 2007. "Des étrangers débarquent … On se demande si ce sont des touristes ou des espions" "Qui devra répondre de ce désastre ?" se demande Eugen David, l'un de ces résistants, incriminant les prêtres qui se sont ralliés les premiers au projet de "Gabriel". "Ils ont reçu des sous pour attifer en long et en large leurs églises, en ont pro- fité pour doubler la dîme qu'ils nous demandaient, pour nous dire ensuite que chaque pierre et chaque mur devaient être démontés pour être remontés ailleurs". Eugen David est l'un de ceux qui a mis sur pied "Alburnus Maior", l'association environnementale "anti-Gabriel". Pour lui, ces derniers temps, Rosia Montana vit au rythme d'un thriller, la situation changeant sans arrêt. "Il ne se passe pas de jour sans un évènement, sans que l'on fasse pression sur les uns ou les autres pour qu'ils vendent, savoir le prix qu'ils veulent. Des étrangers au village débarquent; on ne sait pas si ce sont des touristes ou des espions de "Gabriel”. Les journalistes harcèlent les "Mohicans" qui, parfois, sortent leurs fourches pour avoir la paix". "Qui voudrait mettre des sous dans un village appelé à devenir un réservoir à cyanure ?" Tout ce tintamarre autour de Rosia, fait que la commune n'a plus de projets. Aucun investissement n'a été fait depuis plusieurs années. "Qui voudrait mettre des sous dans un village qui va devenir un réservoir à cyanure?" s'emporte Eugen David notant au passage l'inquiétude grandissante de ceux qui sont restés sur place. “On dit que "Gabriel" fera sauter 60 tonnes d'explosifs chaque jour. Ce serait de véritables tremblements de terre quotidiens !" s'effraie l'un d'eux. Sur ses intentions, le nombre d'habitants ayant signé, les indemnités versées, "Gabriel" ne dit rien. C'est "secret défense". La compagnie canadienne se contente de rabâcher ses arguments: 1200 emplois à venir, des ordinateurs donnés aux écoles, le vieux centre-ville épargné qui sera restauré, des bourses d'études pour les enfants, un centre de formation pour les chômeurs, des aides pour ceux qui voudront ouvrir une affaire. Pour l'instant, Rosia Montana n'a vu venir qu'une chose, il est vrai importante, des contrats d'embauche pour 500 habitants… qui avaient signé bien sûr”. Alina Badalan L'activité de la mine suspendue et procès en cours L a compagnie roumano-canadienne Rosia Montana Gold Corporation (RMGC) a intenté un procès contre le ministère de l'Environnement, son ministre, Attila Korody,un secrétaire d’Etat, à la suite de la décision de suspension totale de ses activités minières sur la commune de Rosia Montana, prise par le ministère de l'Environnement en septembre dernier. Le ministère avait alors relevé l'absence de certaines autorisations dans le certifi- cat d'urbanisme nécessaire à RMGC pour reprendre l'exploitation du site. La société d'origine canadienne a fait savoir qu'elle avait également déposé un recours à la Cour d'appel de Bucarest pour annuler cette décision. 5 Les NOUVeLLes de ROUMANIe A la Une Menaces sur l’environnement z z CLUJ ARAD z BAIA MARE ORADEA z SUCEAVA z z z ROSIA z z PITESTI CRAIOVA z z BRASOV z z TULCEA z BUCAREST Les Logan 2006 touchées par la corrosion 4 Dacia-Renault a décidé de rappeler en révision dans son usine de Pitesti tous les modèles de berline Logan construits jusqu'à la fin de 2006 après avoir constaté la multiplication des cas de corrosion sur leur carrosserie. De nombreux propriétaires avaient saisi le constructeur, qui a garanti six ans ses véhicules dans ce domaine, ou les autorités départementales de protection du consommateur. epuis près de douze ans la fièvre de l'or agite la petite commune de Rosia Montana, dans les Apuseni (Voir Les Nouvelles de Roumanie, n° 40). La compagnie canadienne Gabriel Resources - appelée "Gabriel" localement - dont le représentant sur place est la Rosia Montana Gold Corporation (RMGC), s'efforce de convaincre une partie des habitants de déménager afin d'avoir les mains libres pour creuser la montagne à coup d'explosifs et traquer les pépites à l'aide de bains de cyanure, détruisant au passage toute une vallée. Ses arguments: les forts dédommagements qu'elle propose aux familles concernés, la promesse d'un emploi… et les bakchichs pour que les autorités locales, départementales et nationales ferment les yeux. Conséquence: la commune s'est scindée en deux, entre ceux qui se sont laissé séduire par les liasses de lei et ont fait leurs valises, et ceux qui sont déterminés à mourir dans leur village natal. Envoyée spéciale du quotidien "Gândul" ("La pensée"), Alina Badalan décrit l'atmosphère sur place. "Les cloches sonnent à toute heure, mais on ne sait plus si c'est pour ceux qu'on enterre ou qu'on déterre" Fracois Fourmont, PDG de DaciaRenault En 2004, lors de la sortie de cette voiture, le "Financial Times" avait indiqué qu'il ne fallait pas moins de quinze kilos de peinture anti-corrosive pour protéger le véhicule fabriqué à partir d'un acier de faible qualité. Dès son lancement, la Logan avait connu quelques soucis. Dacia-Renault avait rappelé plusieurs milliers des premiers modèles pour, assurait-elle, changer le cric,provoquant l'incrédulité. Ensuite le véhicule a connu des problèmes liés à son système de direction. Les ennuis de la Logan ne se sont pas limités à la Roumanie. Au Brésil, la filiale de Renault a dû procéder deux fois à des rappels massifs, pour 1623 véhicules qui avaient des problèmes sérieux de freinage, puis 10 000 autres pour, cette fois-ci, des défections majeures du système de direction. "Même les morts ne sont pas tranquilles à Rosia Montana. Depuis sept ans, on a commencé à les déterrer. Ils sont à peine refroidis que les familles viennent avec des pioches, des pelles. Elles ont aussi amené les "colaci" et les "coliva" (brioches et gâteaux servis traditionnellement lors des enterrements), pour accompagner les défunts vers leur nouvelle demeure, dans une commune voisine. Le tout se fait légalement, au grand jour, avec la bénédiction des popes. Les familles en ont oublié de pleurer… "Gabriel" les a généreusement remercier quelques dizaines de millions de lei (quelques centaines d'euros) - pour avoir libéré un emplacement supplémentaire dans le cimetière paroissial, situé en plein dans son aire de prospection. A Rosia Montana, on dénombre neuf églises et huit cultes, si bien que les cloches sonnent à toute heure… mais aujourd'hui on ne sait plus si c'est pour un mort qu'on enterre ou qu'on déterre. Tout le monde n'ayant pas la chance d'avoir de morts, les vivants épargnés par un deuil ont trouvé d'autres moyens de bénéficier de la manne de "Gabriel". Ils bâtissent à la hâte une cabane en bois dans leur jardin, sans fondations, posée sur des bûches et sans raison d'être. Quand les hommes de "Gabriel" viendront négocier le rachat du terrain, les paysans se battront comme des diables et en tireront 40 000 euros supplémentaires, alors qu'elle n'en a pas coûté 5000. Connaissance et découverte Des "fastes" du communisme à la calamiteuse transition Tourisme A Rosia Montana, D BACAU GALATI z SIBIU TIMISOARA z IASI TARGU MURES z CHISINAU L'appât de l'or… Les NOUVeLLes de ROUMANIe "Nuit de rêve" à l'hôtel Tineretului de Constantsa I l est encore possible de vivre l'expérience d'une nuit dans un hôtel communiste, mais cela va devenir de plus en plus difficile, beaucoup fermant ou n'étant pas rénovés, ce qui permet en outre d'avoir un aperçu du chaos provoqué par la "transition". On peut avoir encore cette opportunité à l'hôtel-restaurant Tineretului (Hôtel de la Jeunesse), dans le centre de Constantsa, qui accueillait autrefois la nomenklatura et les futurs cadres du Parti. Dans la première chambre attribuée, les draps, troués, semblent avoir fait la Grande Guerre et le lit est presque défoncé. La salle de bain, offre le choix entre une profusion de serviettes, toutes usées jusqu'à la corde. Le tuyau de la douche pendouille au dessus d'un bac rongé par des tâches brunâtres repoussantes d'où sortent des cafards. Grand classique: pour avoir de l'eau chaude, il faut ouvrir le robinet d'eau froide et vice-versa. Déménager au septième étage sans ascenseur… à deux heures du matin Les couche-tôt sont brusquement réveillés par la sono du disco qui se met à beugler à l'étage du dessous, fait trembler les murs et donne des palpitations. Les couche-tard devront attendre sa fermeture et patienter jusqu'à deux heures du matin pour trouver un peu de calme. Une solution est de demander à changer de chambre pour déménager au septième et dernier étage. Bien sûr, il faut avoir le courage de faire ses valises en pleine nuit et de grimper les escaliers…. puisqu'il n'y a pas d'ascenseur. Non seulement on n'y perd pas au change, puisqu'on y retrouve les mêmes caractéristiques - draps, serviettes râpées, bloc sanitaire mangé par la rouille - mais, sans avoir à payer de supplément, on y gagne quelques spécificités de l'établissement. La chaîne de la chasse d'eau est toujours cassée mais, cette fois-ci, il faut sauter pour l'attraper. Le carrelage de la salle de bain est troué… ce qui permet de voir l'eau usée s'écouler sous ses pieds. Mais enfin, on retrouve le silence… du moins jusqu'à ce qu'un râle de moribond vous réveille, cette fois-ci en sueur, vous plongeant dans une angoisse effrayante jusqu'au petit matin. C'est un robinet, impossible à fermer davantage, qui tente d'expirer en vain ses dernières gouttes d'eau. Seule solution: ouvrir la porte du frigo pour que le bruit du moteur le couvre, jusqu'à ce qu'il ne rende lui-même le dernier râle. Le jour se levant, le cauchemar se termine. Rien de tel qu'un solide petit-déjeuner pour retrouver la forme. Dans la grande salle où se tenaient les banquets de la nomenklatura d'autrefois, un personnel pléthorique, traînant son ennui, guette le moindre client. La "Révolution" ne semble pas encore être parvenue jusqu'ici. On ignore ce qu'est un espresso et on sert un café à la turc, contenant un tiers de marc… Mais, comme autrefois, on n'oublie pas de taxer le touriste étranger: 28 euros pour cette nuit de rêve. Henri Gillet Blagues à la roumaine Humour Défaitiste Bula participe à un concours de parachutisme entre unités militaires. Les soldats doivent effectuer un saut et, à l'atterrissage, enfourcher une bicyclette pour parcourir 15 km. Il monte donc dans l'avion, s'équipe et saute. Mais la commande d'ouverture ne fonctionne pas. Il essaie une deuxième fois… rien. Alors, il actionne celle du parachute de secours, en vain. S'emportant contre l'équipement fourni par l'Armée, Bula peste: "En bas, c’est sûr que la roue de la bicyclette sera crevée". - Bon appétit! On nous a encore coupé le courant ce matin… secrétaire qui a enregistré ma naissance quand il a été la déclarer. Récompense Un policier arrête un automobiliste qui, tout tremblant, s'entend dire: - Félicitations! Vous êtes le seul conducteur que je trouve aujourd'hui portant sa ceinture des sécurité ! Pour vous récompenser, le ministère de l'Intérieur vous offre une prime de 1000 euros. Entre nous, vous pouvez me dire ce que vous allez en faire ? - Passer mon permis de conduire. Compliment Un promeneur tente de draguer une belle blonde: - Mademoiselle, je crois qu'on s'est déjà rencontré. C'était au jardin zoologique, je crois… - Peut-être bien…Dans quelle cage vous étiez ? Bon appétit ! Un représentant se présente à la porte d'une vieille dame, un aspirateur à la main: “Je vais vous montrer le plus performant de tous les appareils. Vous voyez tous ces rouleaux de poussière sur votre tapis… Eh bien, si cet aspirateur ne nettoie pas tout, je vous promets que le reste… je le mangerai!” Parole de bègue Bula qui veut s'engager passe la visite médicale. Le médecin lui demande son nom: - Bubububula Mamamamarin - Tu es bègue ? - Non, c'était mon père - Mais alors ?????? - C'est à cause de cette idiote de Les clichés ont la vie dure Devant un verre de tsuica, Petru se vante devant ses copains - Nous les Oltènes… on se moque de nous en nous faisant passer pour des ramollis du cerveau. Eh bien, vous avez devant vous quelqu'un qui a terminé hier soir son puzzle en moins de trois mois ! - ????? Et Petru de bomber le torse : - Pourtant sur la boite c'était bien marqué: de 2 à 4 ans ! 49 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Echanges z ORADEA z BAIA MARE z SUCEAVA CLUJ z ARAD z z z BACAU BAIA DE CRIS IASI z GALATI z TIMISOARA BRASOV PITESTI CRAIOVA z La "tournée des popotes" de Francine z TARGU MURES z z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z La formidable aventure de la Maison des Clowns 50 Chaque année, la Toulousaine recrute des jeunes Français pour venir l'aider dans les Apuseni En 2003 à Timisoara, sous l'égide de l'association Quimper-SantamariaOrlea-Pays de Hateg, une poignée de jeunes français ont planté un chapiteau au parc des Roses donnant le coup d'envoi au projet "Casa de Clovni", "La Maison des Clowns". Il s'agissait d'ouvrir un lieu de rencontre aux enfants des rues, pour qu’ ils viennent y chercher un peu d'affection, se réconfortent d'une soupe chaude et retrouvent des repères. Invités à se transformer en artistes, ils ont découvert qu'ils pouvaient créer, apporter aux autres, gagner leur considération, s'estimer. Au fil des années, ce long apprentissage passant par le cirque, le théâtre mais aussi l'alphabétisation, la lecture, l'écriture et le jeu a porté ses fruits, bénéficiant du concours de nombreuses bonnes volontés et de l'engagement sur le terrain d'équipes de jeunes Français et Roumains. C'est de cette entreprise inédite dont rend compte, sous formes de témoignages, la plaquette "La Maison des Clowns, cinq ans avec les enfants des rues de Timisoara", publiée par l'association quimpéroise qui raconte ces instants d'espoir, d'émotion, d'amour, de joie, succèdant aux moments de détresse, de doute, avec toujours en toile de fond, refuser la fatalité. Un beau livre. La Maison des Clowns, 20 € + 6 € de frais de port, à commander à l'association Q.S.O.P.H. (Quimper-Santamaria-OrleaPays de Hateg), 15 rue Jean Rameau, 29 000 Quimper (tel: (00 33) 02 98 95 02 03). Contacts: www.maisondesclowns.com, e-mail : [email protected], tel en Roumanie: (00 40) 0744 109 154. D ans sa vie avant la Roumanie, Francine Durieux avait vu bien des choses, mais pas au point des dérives épouvantables qu'elle a découvertes dans les orphelinats du judet d'Hunedoara où elle a débarqué fin 1990, envoyée comme éducatrice spécialisée quasi-bénévole par "Médecins du Monde" (Lire aussi en page 52). Mais, loin de se décourager, la Toulousaine est revenue sans arrêt sur le terrain, jusqu'en 1999, où prenant sa retraite, elle s'est installée définitivement en Roumanie, achetant une grande maison à Baia de Cris dans les Apuseni. Elle y accueille les jeunes Français qui viennent lui donner un coup de main pour s'occuper des enfants déshérités. En dix ans, elle en a fait venir près de 400. Francine les déniche en prenant son bâton de pèlerin, faisant le tour des établissements de formation de l'Hexagone pour les convaincre mais aussi s'assurer de leur motivation. Elle doit être forte car, non seulement ils ne sont pas rémunérés, mais prennent en charge leur voyage, travaillant souvent pour le payer. Pourtant çà marche. Ses anciens stagiaires, entrés dans la vie active, mariés parfois, retournent régulièrement lui prêter main forte. Le centre de formation d'éducateurs de Bressuire, dans l'Ouest de la France, a même inscrit le séjour chez Francine dans la liste des "stages Europe" qu'ils doivent effectuer pour valider leur cursus. A leur issue, celle-ci n'omet pas de remercier toutes ces bonnes volontés en les emmenant faire un tour de Roumanie d'une semaine. S'aventurant seule dans les squatts tsiganes Quand elle s'est installée à Baia de Cris, la Toulousaine a décliné la proposition de la DDASS roumaine de prendre en charge directement 24 orphelins et de créer son établissement, voulant rester indépendante dans son action… d'autant plus qu'elle aurait dû en trouver le financement. Depuis, son action s'est démultipliée, désormais fortement épaulée par les deux associations qu'elle a mises en place, la Fondation "Speranta" ("Espoir"), côté roumain, et "Casa de Copii"* ("Maison d'enfants"), côté français, basée à Baziège, près de Toulouse. Maison d'enfants de Brad aidée par le recrutement d'un psychologue et dotation de matériel, création et financement de structures de soutien scolaire, colonie de vacances, paniers-repas distribués aux familles les plus démunies, parrainage de jeunes étudiantes entrant en faculté à Alba Iulia…Le domaine d'intervention est vaste. Il a fallu souvent convaincre. Cela a pris près de six mois pour décider les instituteurs roumains de Brad à mettre en place une mise à niveau destinée à leurs élèves les plus défavorisés. Finalement, un partenariat a été signé en ce sens entre l'école et l'Inspection d'académie. Francine accorde aussi beaucoup d'importance à l'animation de rue, afin de ne pas laisser les enfants livrés à eux-mêmes en dehors des horaires et périodes scolaires. Environ 150 enfants y participent. Ce sont surtout les jeunes Français qui s'en occupent. La Toulousaine avait été marquée par la découverte d'un bloc fantôme d'un quartier très pauvre de Brad, squatté par les Tsiganes et où personne n'osait pénétrer. Elle s'y était aventurée seule. Des familles entières y vivaient entassées, dans des pièces dévastées, sans vitres aux fenêtres, sans chauffage, ni électricité, ni WC, aux escaliers défoncés. Depuis, peu à peu relogées, elles profitent des actions engagées, notamment envers les enfants dont certains étaient tout simplement analphabètes. * Association Casa de Copii, 30, Grand Rue - 31450 Baziège, France Tél : (00 33) 06 08 49 44 43, e-mail : [email protected] Les NOUVeLLes de ROUMANIe L’héritage communiste L A la Une Une victoire de la nomenklatura: les archives de la Securitate ne pourront plus être consultées Silence sur le passé noir de la Roumanie a Securitate, ancienne police politique de la dictature communiste en Roumanie, revient sur le devant de la scène à Bucarest. Dimanche 3 février, plusieurs centaines de Roumains, rassemblés place de l'Université, lieu mythique des manifestations anticommunistes dans la capitale roumaine, ont protesté contre une décision de la Cour constitutionnelle à son sujet. Jeudi 31 janvier, la plus haute instance juridique du pays avait déclaré anticonstitutionnel le Conseil national pour l'étude des archives de la Securitate (CNSAS), qui permettait de consulter ses dossiers. Ce conseil, créé en 1999, est chargé d'enquêter sur ses anciens collaborateurs, pour éviter qu'ils continuent à occuper des fonctions importantes. Cette décision interdit de fait l'accès aux dossiers de la Securitate. La Cour constitutionnelle avait été saisie dernièrement par l'ancien patron du Parti Conservateur et magnat de presse, Dan Voiculescu, qui était dans le collimateur du CNSAS pour son passé. Mais le milliardaire n'a pas été inquiété longtemps. À la surprise générale, sa plainte contre le fonctionnement et la légitimité du CNSAS a été retenue par la Cour. lors d'une transition confuse vers la démocratie, une partie de l'économie du pays était passée entre les mains des anciens officiers de la Securitate et des apparatchiks du Parti communiste, convertis en businessmen. "Hormis quelques timides tentatives, le démantèlement de la Securitate n'a jamais été programmé dans l'agenda politique", explique Marius Oprea, conseiller du premier ministre pour la sécurité et surnommé le "chasseur de la Securitate". Tous les partis ont été infiltrés et contrôlés par la Securitate, qui avait besoin d'un paravent pour défendre ses intérêts économiques. La mort annoncée du CNSAS Le fonctionnement du CNSAS, créé en 1999 sous la présidence d'Emil Constantinescu grâce à la pression de la société civile, a été bloqué depuis sa création, le contrôle des archives de la police politique ayant été tout d'abord attribué au SRI (Service Roumain de Renseignements)… héritier de la Securitate. C'est seulement en 2005 que le nouveau président, Traian Basescu, a décidé de transférer au CNSAS les 12 kilomètres de dossiers que constituent les archives. "Ces dos"Nous vivons toujours à l'époque de Ceausescu" siers sont un horrible spectacle. Je suis terrifiée par le gigantisme de cette opération de surveillance à l'é"Les juges ont décidé que la révolution antichelle d'un pays qu'elle révèle" a confié une de communiste de décembre 1989 n'avait aucun ses utilisatrices. sens", a affirmé Cristian Pîrvulescu, président de Le 18 décembre 2006, le président l'association Pro Democratia, à l'origine de la Basescu condamnait officiellement le régime manifestation du 3 février. "Leur décision n'est communiste devant un Parlement hostile, qui pas légitime. Un an après notre adhésion à l'a destitué le 19 avril 2007. Un mois plus tard, l'Union Européenne, nous assistons à un vériun référendum l'a réintégré dans ses fonctions table coup d'Etat contre la démocratie en et le CNSAS a pu continuer à révéler l'identité Roumanie". "Je ne vois pas pourquoi on devrait des hommes politiques qui avaient collaboré se féliciter d'être entrés dans l'UE, vu que nous avec la police politique. vivons toujours à l'époque de Ceausescu et de La contre-offensive n'a pas tardé et la Cour constitutionnelle a tranché en faveur du ses servants", a déclaré pour sa part, furieux, passé noir de la Roumanie. "Déclaré anticonsMircea Dinescu, l'un des membres du CNSAS. La colère de Mircea Dinescu titutionnel, le CNSAS devra fermer ses Les manifestants ont demandé la démission du le Bernard-Henry Lévy roumain. portes", affirme son ancien directeur, Claudiu gouvernement et proféré des slogans anticomSecasiu. Mais derrière ces portes, c'est l'énorme plaie de son munistes. passé que la Roumanie devra bien rouvrir un jour. La colère de la société civile roumaine au sujet de la Mirel Bran (Le Monde) Securitate ne date pas d'aujourd'hui. Dans les années 1990, Inflation D ébut janvier, la Banque nationale de Roumanie (BNR) a décidé de majorer son taux d'intérêt directeur à 8%, soit 0,5% de plus. La forte consommation qui a fait monter les prix et accentue le déficit externe du pays est la principale raison de cette mesure. Déjà le 31 octobre dernier la BNR avait élevé son taux de 0,5%, Surchauffe à l'horizon et taux d'intérêt majorés à 7,5%. "L'analyse des données statistiques les plus récentes montre une forte demande interne et une expansion des investissements. Mais le niveau de consommation est devenu insoutenable, et les prêts accordés au secteur privé ne cessent d'augmenter", indique un communiqué de la BNR, qui pointe du doigt une croissance des revenus dépassant les gains de productivité. Ce décalage pourrait, selon elle, "affecter la compétitivité du pays". L'objectif est désormais de ramener le taux d'inflation aux alentours de 4% au lieu de près de 7 % actuellement, raison pour laquelle la BNR appelle le gouvernement à "maintenir une politique fiscale et salariale restrictive". 3 Les NOUVeLLes de ROUMANIe FranceRoumanie SUCEAVA z BAIA MARE ORADEA z z z ARAD z TIMISOARA IASI z z z SIBIU z z BACAU z BRASOV GALATI z DOBRESTI BRAILA PITESTI CRAIOVA z z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z "C'est le mari de Carla Bruni" 2 Samedi 2 février, les télévisions roumaines de news ont interrompu leurs programmes pour annoncer le mariage de Nicolas Sarkozy avec Carla Bruni. Realitatea TV remarquait que Sarkozy a tenu parole, la presse a appris la nouvelle après le mariage. Adevarul estimait que c'était une bonne nouvelle pour les relations franco roumaines: "la Roumanie est un pays latin et Carla Bruni est doublement latine, à la fois italienne et française". Evenimentul Zilei ironisait: "C'est le mari de Carla Bruni qui vient lundi en visite dans notre pays. On espère qu'il sera en forme". De son côté, Cotidianul se posait la question de savoir si Mme Carla Sarkozy sera ou non dans l'avion de son mari pour l'accompagner lors de cette visite officielle. Un officier chargé du protocole déclarait avoir reçu la consigne d'être préparé aussi au cas où la nouvelle première dame viendrait en Roumanie. Tout en précisant que, a priori,… elle ne viendrait pas. Enfin, Romania Libera racontait l'histoire d'un ancien mineur de la vallée du Jiu, Ovidiu Paraianu, qui a fabriqué une bague en diamant pour Carla Bruni, réplique en miniature de la Porte du Baiser, sculpture de Constantin Brancusi. Il espérait que le jeune marié serait suffisamment généreux pour lui acheter, confiant "Je lui ferai un prix de président, soit 6000 €". Il n'avait sans-doute pas encore lu les confidences vengeresses de Cécilia à une de ses amies, publiées depuis dans un livre à succès, affirmant entre autres gracieusetés : "Il n'y a pas plus pingre que lui". " Speedy Sarkozy" est passé en Roumanie L es Roumains étaient un peu jaloux. Depuis son élection, Nicolas Sarkozy s'était rendu dans plusieurs pays de la région comme la Pologne, la Hongrie ou la Bulgarie, mais il n'était pas encore venu en Roumanie, "îlot de latinité et de francophonie en Europe de l'Est". C'est pour cela aussi que le président français qui a effectué début février une visite éclair à Bucarest arrivait avec un "accord de partenariat stratégique", la Roumanie étant le premier pays avec lequel la France signera ce genre de document. Concrètement, cet accord permettra de poser les bases d'une coopération bilatérale accrue au sein de l'Union Européenne. "Nous identifierons les dossiers où nous possédons des intérêts communs et nous les travaillerons à fond" explique un officiel roumain. Il s'agit d'abord de la politique agricole commune (PAC), que les deux pays souhaitent "robuste". Viennent ensuite la politique énergétique, Paris et Bucarest étant de fervents partisans du nucléaire - la France pourrait participer à la construction de la seconde centrale nucléaire roumaine - et enfin la défense et la sécurité. La Roumanie entend se lancer dans un ambitieux programme de modernisation de son équipement militaire et Paris compte bien y contribuer. A Bucarest, on assure que le courant passe bien entre Nicolas Sarkozy et son homologue roumain Traian Basescu. "Ils sont tout deux des hommes de caractère et d'action", affirme Cristian Preda, conseiller présidentiel, qui ne manque pas de rappeler que le président roumain "a été l'un des rares hommes politiques européens à envoyer un message de félicitations à Nicolas Sarkozy juste après le premier tour de l'élection présidentielle française, alors que l'issue était encore incertaine". Sur le plan de la politique internationale, les deux chefs d'Etat plaident pour une forte relation entre l'Europe et les Etats-Unis: pour preuve, la Roumanie accueillera début avril le prochain sommet de l'Otan. Ils divergent en revanche sur la délicate question du Kosovo; le président français soutient son indépendance, alors que Traian Basescu se refuse à une telle reconnaissance en l'absence d'une résolution de l'ONU. Chirac était resté deux jours Seule ombre au tableau: la trop courte durée de la visite. "Au début, elle devait durer sept heures, puis cinq, puis seulement quatre", déplore un officiel roumain. Le programme a d'ailleurs été chamboulé: le repas dans un restaurant chic de la capitale s'est transformé en "déjeuner de travail", la visite du musée national d'art contemporain - où des œuvres françaises sont actuellement exposées - est annulée, le discours du président français devant le Parlement raccourci. Il y a onze ans, lors de son premier déplacement présidentiel en Roumanie, Jacques Chirac était resté sur place près de deux jours. La visite avait été qualifiée d'"assez courte". C'était l'époque où l'on parlait moins du "pragmatisme" que des liens affectifs, culturels et linguistiques très étroits entre les deux pays. Luca Niculescu (Reuters) La Roumanie ne reconnaît pas le Kosovo B Les NOUVeLLes de ROUMANIe Sept heures, puis cinq, puis quatre… z TARGU MURES CLUJ A la Une ucarest a décidé de ne pas reconnaître le nouvel état du Kosovo, qui se situe à moins de 300 km de ses frontières, une position qu'il avait fait connaître à l'avance, mais qu’il pourrait revoir. La Roumanie, où vit une forte minorité hongroise (6,6 % de la population), ne cache pas ses inquiétudes sur la contagion des irrédentismes. Infos pratiques ABONNEMENT CHANGE* (en lei et nouveaux lei, RON**) Euro Franc suisse Dollar Forint hongrois 36 578= 3,65 RON (1 RON = 0,27 €) 22 581 = 2 RON 24 815 = 2,48 RON 138 = 0,013 RON (1 € = 265 forints) *Au 25 février 2008 ** 1 RON = 10 000 anciens lei Les NOUVeLLes de ROUMANIe Numéro 46, mars-avril 2008 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel. : 02 40 49 79 94 E-mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Ont participé à ce numéro : René Serrière, Laurent Couderc, JeanFrançois Pérès, Jules Ravaud, Luca Niculescu, Mirel Bran, Alina Bardalan, Florian Constant, I. Codrean, V. Lupu, V. Ciobanica, P. Vallélian, Annick Cojean, Elise Vincent, Anne Rodier, Henri Tincq, Mihail Vakulovski, Nicolas Trifon, Sébastien Maillard, Arielle Thédrel, Jonas Mercier, Céleste Cazaux, André Berthomieu, Alain Fauvarger. Autres sources: agences de presse et presse roumaines, françaises, lepetitjournal.com, télévisions roumaines, Roumanie.com, Le Courrier des Balkans, sites internet, fonds de documentation ADICA. Impression: Helio Graphic 11, rue Louis Armand 44 980 Sainte-Luce Numéro de Commission paritaire: 1107 G 80172; ISSN 1624-4699 Dépôt légal: à parution Prochain numéro: mai 2008 Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Entreprises, administrations : 100 € TTC / an Associations et particuliers : 80 € TTC / an Multi-abonnement Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement. Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 € à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €). Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés. Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 € Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée directement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement normal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €). Nom:………………………………………………………………………… Adresse:…………………………………………………………………….. Code postal:.......................Ville…………………….................................... Pays:.................................Tel:………………........ Fax:…………………… E-mail:……………………………………. Cachet, signature : Paiement France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA. Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire sans frais. Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros). Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie, 44 300 NANTES - France. 51 Numéro 46 - mars - avril 2008 Les NOUVeLLes de ROUMANIe La maison de "Doamna Francine" est la maison du Bon Dieu NOUVeLLes ROUMANIe Les O n n'a pas besoin de vous !"… Le premier contact de Francine Durieux avec ce qui allait devenir son épopée roumaine a été plutôt rude. La Toulousaine d'adoption avait répondu à un appel lancé dans "La Dépêche du Midi" par Médecins du Monde qui cherchait d'urgence des éducateurs pour la Roumanie. Comme tous les Français, Francine avait passé ce réveillon de Noël 89 les yeux rivés à la télévision, suivant en direct la "Révolution" en cours à Bucarest. Son diplôme d'éducatrice spécialisée en poche, elle s'était précipitée à la permanence de l'association humanitaire… mais celle-ci avait déjà reçu 700 offres de service. Francine Durieux n'était pas du genre à se laisser décourager. A 51 ans à l'époque, cette Lilloise d'origine avait connu sa part d'épreuves et montré qu'elle savait prendre des décisions changeant le cours de sa vie. Vendeuse dans un magasin spécialisé dans le camping, "La Hutte", elle avait suivi son mari à Toulouse en 1971. Avant de se séparer, le couple aura trois enfants qu'elle élèvera seule. Dans son nord natal, Francine était déjà sensibilisée à l'action sociale, s'occupant de jeunes délinquants. En 1983, la visite d'un établissement d'enfants handicapés la convainc de changer de cap. Embauchée sur le champ par le directeur qui a deviné sa grande disponibilité humaine, elle entreprend à 43 ans une formation pour devenir éducatrice spécialisée, menée de front avec son travail malgré ses charges de famille. (Photos: dans la maison de Francine) Un univers terrifiant que l’éducatrice expatriée bouscule 52 Tenace, la Toulousaine renouvelle donc sa candidature auprès de Médecins du Monde en septembre 1990. Elle est d'autant plus motivée qu'elle a écouté avec effroi le récit d'un médecin revenu de Roumanie qui lui a fait part des terribles conditions dans lesquelles y vivent les orphelins. Cette fois-ci, l'organisation humanitaire ne fait plus la fine bouche. L'intérêt médiatique est retombé et les candidats ne se bousculent plus à la porte. Francine est embauchée, pour moins de cent euros par mois, logée mais non nourrie. Ses enfants sont maintenant grands. Elle décide de prendre un an de congé sabbatique. Affectée à un des dix orphelinats de Hunedoara, en compagnie d'une infirmière, l'éducatrice y découvre un univers terrifiant. Des nourrissons non changés, laissés à eux-mêmes, entassés dans des lits-cages. Elle s'indigne devant les micro-transfusions de sang pratiquées à la cantonade avec la même aiguille. Mais, revenue dans la région toulousaine, Francine Durieux ne peut plus détacher ses pensées de la Roumanie. Malgré la dureté des situations affrontées, elle a été bouleversée par l'accueil qui lui a été réservé, conquise par la gentillesse de tout un peuple, séduite par le rythme toujours rural de la vie conservé dans les villages. Jusqu'à sa retraite, en 1999, Francine se démènera en France, se multipliera, pour venir en aide à son pays de cœur. Elle y fait acheminer des vêtements, du matériel, des vivres. Elle bloque ses congés pour y retourner dès qu'elle peut, puis prend un mi-temps. Sur place, en 1997, elle achète une maison à Baia de Cris, dans les Apuseni, à proximité de Brad, la fait retaper, agrandir, prévoyant de s'y installer plus tard. Elle y dispose quatorze lits, aménage une deuxième salle de bain. Car Francine a une idée en tête très précise: sensibiliser les jeunes Français à la Roumanie. Elle en recevra près de 400 en dix ans, au rythme annuel de 30 à 35. Des futurs médecins, éducateurs, infirmières, psychologues, psychomotriciens, etc., chargés de s'occuper sur place des enfants. Filmée par "Envoyée spécial" et reçue par Jean-Paul II Francine Durieux, aujourd'hui âgée de 68 ans, vit désormais en Roumanie, y passant huit mois par an. "Ici, je suis chez moi", confie-t-elle. Elle revient chaque année en France, notamment pour rencontrer ses futurs stagiaires. En mai 2006, Antenne 2 lui avait consacré un reportage dans "Envoyé spécial" dont le thème, "Survivre à un enfant", la concernait directement puisqu'elle a perdu un fils dans un accident. Depuis, plusieurs mamans françaises qui ont vécu ce drame sont venues lui donner un coup de main. Profondément catholique, la Française vit comme une religieuse laïque, ne voulant pas imposer ses convictions aux autres. "Ma maison est toujours ouverte" s'exclame "Doamna Francina", comme l'appellent les habitants de Brad, qui a été reçue par Jean-Paul II en 2003. Au décès du Pape, la communauté orthodoxe locale est venue lui présenter ses condoléances. (Lire aussi en page 50) de SOMMAIRE Lettre d’information bimestrielle A la Une France-Roumanie Moralisation politique Rosia Montana Délocalisation Immigration 2 3 4 et 5 6 7 Actualité Vie internationale, UE Moldavie Economie Social 8 et 9 10 et 11 12 à 15 16 et 17 Société Evénements, Faits divers Vie quotidienne Santé Minorités Religion Météorologie, Insolite Sports, Photos 18 à 21 22 à 25 26 et 27 28 à 31 32 et 33 34 et 35 36 et 37 Connaissance et découverte Livres, Cinéma Peinture, Culture Histoire Tourisme, Humour Echange, Infos pratiques Coup de coeur 38 à 41 42 à 45 46 à 48 49 50 et 51 52 Le sens caché des mots U n sondage réalisé à la demande de leur gouvernement indique que 52 % des Roumains estiment qu'il est correct que les membres de l'ethnie rom soient appelés comme par le passé Tsiganes, 34 % pensant le contraire. L'argument avancé est qu'à l'étranger on confond très souvent Rom et Roman (Roumain). Pour tenter d'éviter cette méprise, certains ont cru bon d'ajouter un second r à Rom, devenu Rrom, ce qui n'a fait qu'ajouter à la confusion. Et parfois au ridicule: dans un quotidien régional de l'Ouest de la France, une fête Rrom est devenue une fête typiquement roumaine; les atours colorés des femmes tsiganes ayant revêtu leurs plus belles robes et colliers, y ont été présentés comme le costume national roumain. Un peu comme si dans un journal du Middle West américain, on montrait une photo de nos compatriotes d'origine maghrébine - il faudrait peut-être aussi penser à changer le mot maghrébin ? - fêtant l'Aïd el kebir dans leurs djellabas… en indiquant qu'il s'agit du costume national français. Alors doit-on dire Rom, Rrom ou Tsigane? Aux "Nouvelles de Roumanie", on hésite, mélangeant parfois les genres. Faut-il céder à la facilité et au "politiquement correct" - qui nous irrite en beaucoup -, en choisissant les deux premiers termes pour faire comme tout le monde et ne pas être suspecté de racisme? Mais ne serait-ce pas alors finalement accepter l'idée que les Tsiganes étaient indignes auparavant? Cette dernière appellation est utilisée parfois de manière péjorative à cause de l'assimilation faite avec les agissements de certains d'entre eux. Si ces derniers persistent dans leurs comportements délictueux ou asociaux, l'expression "Rom" sera tout autant déconsidérée au bout de quelques temps, et il faudra en trouver une autre. Derrière le sens des mots se cache bien la complexité de la question tsigane, beaucoup plus importante qu'une simple querelle de vocabulaire. Sa dimension dépasse de loin les capacités d'un seul pays à y répondre. Elle ne pourra être résolue que si l'Europe la prend en charge. Mais la Roumanie et ses voisins également concernés, la Bulgarie, la Hongrie, la Serbie et l'ancienne Tchécoslovaquie, doivent s'engager avec conviction à ouvrir leur société à cette minorité mise au ban… tout comme la communauté tsigane accepter et encourager les changements de comportement, notamment en ce qui concerne la scolarisation des enfants. Il faudra du temps et user bien de nouvelles dénominations avant d'en voir le bout. Un mot ne peut pas régler un problème. Ce qui compte, c'est de ne pas offenser une communauté à la culture impressionnante et qui doit prendre toute sa place dans la civilisation moderne, tout en conservant le meilleur de ses traditions… tsiganes. Henri Gillet