ROUMANIE 46.qxd - les nouvelles de roumanie

Transcription

ROUMANIE 46.qxd - les nouvelles de roumanie
Numéro 46 - mars - avril 2008
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
La maison
de "Doamna Francine"
est la maison du Bon Dieu
NOUVeLLes
ROUMANIe
Les
O
n n'a pas besoin de vous !"… Le premier contact
de Francine Durieux avec ce qui allait devenir
son épopée roumaine a été plutôt rude. La
Toulousaine d'adoption avait répondu à un appel lancé dans
"La Dépêche du Midi" par Médecins du Monde qui cherchait d'urgence des éducateurs pour la Roumanie. Comme
tous les Français, Francine avait passé ce réveillon de Noël 89
les yeux rivés à la télévision, suivant en direct la "Révolution"
en cours à Bucarest. Son diplôme d'éducatrice spécialisée en poche, elle s'était précipitée à la
permanence de l'association humanitaire… mais celle-ci avait déjà reçu 700 offres de service.
Francine Durieux n'était pas du genre à se laisser décourager. A 51 ans à l'époque, cette
Lilloise d'origine avait connu sa part d'épreuves et montré qu'elle savait prendre des décisions
changeant le cours de sa vie. Vendeuse dans un magasin spécialisé dans le camping, "La
Hutte", elle avait suivi son mari à Toulouse en 1971. Avant de se séparer, le couple aura trois enfants qu'elle élèvera seule.
Dans son nord natal, Francine était déjà sensibilisée à l'action sociale, s'occupant de jeunes délinquants. En 1983, la visite d'un
établissement d'enfants handicapés la convainc de changer de cap. Embauchée sur le champ par le directeur qui a deviné sa grande disponibilité humaine, elle entreprend à 43 ans une formation pour devenir éducatrice spécialisée, menée de front avec son travail malgré ses charges de famille. (Photos: dans la maison de Francine)
Un univers terrifiant que l’éducatrice expatriée bouscule
52
Tenace, la Toulousaine renouvelle donc sa candidature auprès de
Médecins du Monde en septembre 1990. Elle est d'autant plus motivée
qu'elle a écouté avec effroi le récit d'un médecin revenu de Roumanie qui
lui a fait part des terribles conditions dans lesquelles y vivent les orphelins.
Cette fois-ci, l'organisation humanitaire ne fait plus la fine bouche.
L'intérêt médiatique est retombé et les candidats ne se bousculent plus à la
porte. Francine est embauchée, pour moins de cent euros par mois, logée
mais non nourrie. Ses enfants sont maintenant grands.
Elle décide de prendre un an de congé sabbatique. Affectée à un des dix
orphelinats de Hunedoara, en compagnie d'une infirmière, l'éducatrice y
découvre un univers terrifiant. Des nourrissons non changés, laissés à eux-mêmes, entassés dans des lits-cages. Elle s'indigne
devant les micro-transfusions de sang pratiquées à la cantonade avec la même aiguille. Mais, revenue dans la région toulousaine,
Francine Durieux ne peut plus détacher ses pensées de la Roumanie. Malgré la dureté des situations affrontées, elle a été bouleversée par l'accueil qui lui a été réservé, conquise par la gentillesse de tout un peuple, séduite par le rythme toujours rural de la vie
conservé dans les villages.
Jusqu'à sa retraite, en 1999, Francine se démènera en France, se multipliera, pour venir en aide à son pays de cœur. Elle y fait
acheminer des vêtements, du matériel, des vivres. Elle bloque ses congés pour y retourner dès qu'elle peut, puis prend un mi-temps.
Sur place, en 1997, elle achète une maison à Baia de Cris, dans les Apuseni, à proximité de Brad, la fait retaper, agrandir, prévoyant de s'y installer plus tard. Elle y dispose quatorze lits, aménage une deuxième salle de bain. Car Francine a une idée en tête
très précise: sensibiliser les jeunes Français à la Roumanie. Elle en recevra près de 400 en dix ans, au rythme annuel de 30 à 35.
Des futurs médecins, éducateurs, infirmières, psychologues, psychomotriciens, etc., chargés de s'occuper sur place des enfants.
Filmée par "Envoyée spécial" et reçue par Jean-Paul II
Francine Durieux, aujourd'hui âgée de 68 ans, vit désormais en Roumanie, y passant huit mois par an. "Ici, je suis chez moi",
confie-t-elle. Elle revient chaque année en France, notamment pour rencontrer ses futurs stagiaires. En mai 2006, Antenne 2 lui
avait consacré un reportage dans "Envoyé spécial" dont le thème, "Survivre à un enfant", la concernait directement puisqu'elle a
perdu un fils dans un accident. Depuis, plusieurs mamans françaises qui ont vécu ce drame sont venues lui donner un coup de main.
Profondément catholique, la Française vit comme une religieuse laïque, ne voulant pas imposer ses convictions aux autres. "Ma
maison est toujours ouverte" s'exclame "Doamna Francina", comme l'appellent les habitants de Brad, qui a été reçue par Jean-Paul
II en 2003. Au décès du Pape, la communauté orthodoxe locale est venue lui présenter ses condoléances. (Lire aussi en page 50)
de
SOMMAIRE
Lettre d’information bimestrielle
A la Une
France-Roumanie
Moralisation politique
Rosia Montana
Délocalisation
Immigration
2
3
4 et 5
6
7
Actualité
Vie internationale, UE
Moldavie
Economie
Social
8 et 9
10 et 11
12 à 15
16 et 17
Société
Evénements, Faits divers
Vie quotidienne
Santé
Minorités
Religion
Météorologie, Insolite
Sports, Photos
18 à 21
22 à 25
26 et 27
28 à 31
32 et 33
34 et 35
36 et 37
Connaissance
et découverte
Livres, Cinéma
Peinture, Culture
Histoire
Tourisme, Humour
Echange, Infos pratiques
Coup de coeur
38 à 41
42 à 45
46 à 48
49
50 et 51
52
Le sens caché des mots
U
n sondage réalisé à la demande de leur gouvernement indique que 52 %
des Roumains estiment qu'il est correct que les membres de l'ethnie rom
soient appelés comme par le passé Tsiganes, 34 % pensant le contraire.
L'argument avancé est qu'à l'étranger on confond très souvent Rom et Roman
(Roumain). Pour tenter d'éviter cette méprise, certains ont cru bon d'ajouter un second
r à Rom, devenu Rrom, ce qui n'a fait qu'ajouter à la confusion. Et parfois au ridicule: dans un quotidien régional de l'Ouest de la France, une fête Rrom est devenue une
fête typiquement roumaine; les atours colorés des femmes tsiganes ayant revêtu leurs
plus belles robes et colliers, y ont été présentés comme le costume national roumain.
Un peu comme si dans un journal du Middle West américain, on montrait une photo
de nos compatriotes d'origine maghrébine - il faudrait peut-être aussi penser à changer le mot maghrébin ? - fêtant l'Aïd el kebir dans leurs djellabas… en indiquant qu'il
s'agit du costume national français.
Alors doit-on dire Rom, Rrom ou Tsigane? Aux "Nouvelles de Roumanie", on
hésite, mélangeant parfois les genres. Faut-il céder à la facilité et au "politiquement
correct" - qui nous irrite en beaucoup -, en choisissant les deux premiers termes pour
faire comme tout le monde et ne pas être suspecté de racisme? Mais ne serait-ce pas
alors finalement accepter l'idée que les Tsiganes étaient indignes auparavant?
Cette dernière appellation est utilisée parfois de manière péjorative à cause de l'assimilation faite avec les agissements de certains d'entre eux. Si ces derniers persistent
dans leurs comportements délictueux ou asociaux, l'expression "Rom" sera tout autant
déconsidérée au bout de quelques temps, et il faudra en trouver une autre.
Derrière le sens des mots se cache bien la complexité de la question tsigane, beaucoup plus importante qu'une simple querelle de vocabulaire. Sa dimension dépasse de
loin les capacités d'un seul pays à y répondre. Elle ne pourra être résolue que si
l'Europe la prend en charge. Mais la Roumanie et ses voisins également concernés, la
Bulgarie, la Hongrie, la Serbie et l'ancienne Tchécoslovaquie, doivent s'engager avec
conviction à ouvrir leur société à cette minorité mise au ban… tout comme la communauté tsigane accepter et encourager les changements de comportement, notamment en ce qui concerne la scolarisation des enfants.
Il faudra du temps et user bien de nouvelles dénominations avant d'en voir le bout.
Un mot ne peut pas régler un problème. Ce qui compte, c'est de ne pas offenser une
communauté à la culture impressionnante et qui doit prendre toute sa place dans la
civilisation moderne, tout en conservant le meilleur de ses traditions… tsiganes.
Henri Gillet
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
FranceRoumanie
SUCEAVA
z
BAIA
MARE
ORADEA
z
z
z
ARAD
z
TIMISOARA
IASI
z
z
z
SIBIU
z
z
BACAU
z
BRASOV GALATI
z
DOBRESTI
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
"C'est le mari
de Carla Bruni"
2
Samedi 2 février, les télévisions
roumaines de news ont interrompu
leurs programmes pour annoncer le
mariage de Nicolas Sarkozy avec
Carla Bruni. Realitatea TV remarquait
que Sarkozy a tenu parole, la presse
a appris la nouvelle après le mariage.
Adevarul estimait que c'était une
bonne nouvelle pour les relations franco roumaines: "la Roumanie est un
pays latin et Carla Bruni est doublement latine, à la fois italienne et
française". Evenimentul Zilei ironisait:
"C'est le mari de Carla Bruni qui vient
lundi en visite dans notre pays. On
espère qu'il sera en forme".
De son côté, Cotidianul se posait
la question de savoir si Mme Carla
Sarkozy sera ou non dans l'avion de
son mari pour l'accompagner lors de
cette visite officielle.
Un officier chargé du protocole
déclarait avoir reçu la consigne d'être
préparé aussi au cas où la nouvelle
première dame viendrait en
Roumanie. Tout en précisant que, a
priori,… elle ne viendrait pas. Enfin,
Romania Libera racontait l'histoire
d'un ancien mineur de la vallée du Jiu,
Ovidiu Paraianu, qui a fabriqué une
bague en diamant pour Carla Bruni,
réplique en miniature de la Porte du
Baiser, sculpture de Constantin
Brancusi. Il espérait que le jeune
marié serait suffisamment généreux
pour lui acheter, confiant "Je lui ferai
un prix de président, soit 6000 €". Il
n'avait sans-doute pas encore lu les
confidences vengeresses de Cécilia à
une de ses amies, publiées depuis
dans un livre à succès, affirmant entre
autres gracieusetés : "Il n'y a pas plus
pingre que lui".
" Speedy Sarkozy"
est passé en Roumanie
L
es Roumains étaient un peu jaloux. Depuis son élection, Nicolas Sarkozy
s'était rendu dans plusieurs pays de la région comme la Pologne, la Hongrie
ou la Bulgarie, mais il n'était pas encore venu en Roumanie, "îlot de latinité et de francophonie en Europe de l'Est". C'est pour cela aussi que le président
français qui a effectué début février une visite éclair à Bucarest arrivait avec un
"accord de partenariat stratégique", la Roumanie étant le premier pays avec lequel la
France signera ce genre de document. Concrètement,
cet accord permettra de poser les bases d'une coopération bilatérale accrue au sein de l'Union
Européenne. "Nous identifierons les dossiers où
nous possédons des intérêts communs et nous les travaillerons à fond" explique un officiel roumain. Il
s'agit d'abord de la politique agricole commune
(PAC), que les deux pays souhaitent "robuste".
Viennent ensuite la politique énergétique, Paris
et Bucarest étant de fervents partisans du nucléaire - la France pourrait participer à la
construction de la seconde centrale nucléaire roumaine - et enfin la défense et la sécurité. La Roumanie entend se lancer dans un ambitieux programme de modernisation
de son équipement militaire et Paris compte bien y contribuer.
A Bucarest, on assure que le courant passe bien entre Nicolas Sarkozy et son
homologue roumain Traian Basescu. "Ils sont tout deux des hommes de caractère et
d'action", affirme Cristian Preda, conseiller présidentiel, qui ne manque pas de rappeler que le président roumain "a été l'un des rares hommes politiques européens à
envoyer un message de félicitations à Nicolas Sarkozy juste après le premier tour de
l'élection présidentielle française, alors que l'issue était encore incertaine".
Sur le plan de la politique internationale, les deux chefs d'Etat plaident pour une
forte relation entre l'Europe et les Etats-Unis: pour preuve, la Roumanie accueillera
début avril le prochain sommet de l'Otan. Ils divergent en revanche sur la délicate
question du Kosovo; le président français soutient son indépendance, alors que Traian
Basescu se refuse à une telle reconnaissance en l'absence d'une résolution de l'ONU.
Chirac était resté deux jours
Seule ombre au tableau: la trop courte durée de la visite. "Au début, elle devait
durer sept heures, puis cinq, puis seulement quatre", déplore un officiel roumain. Le
programme a d'ailleurs été chamboulé: le repas dans un restaurant chic de la capitale
s'est transformé en "déjeuner de travail", la visite du musée national d'art contemporain - où des œuvres françaises sont actuellement exposées - est annulée, le discours
du président français devant le Parlement raccourci.
Il y a onze ans, lors de son premier déplacement présidentiel en Roumanie,
Jacques Chirac était resté sur place près de deux jours. La visite avait été qualifiée
d'"assez courte". C'était l'époque où l'on parlait moins du "pragmatisme" que des liens
affectifs, culturels et linguistiques très étroits entre les deux pays.
Luca Niculescu (Reuters)
La Roumanie ne reconnaît pas le Kosovo
B
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Sept heures, puis cinq, puis quatre…
z
TARGU
MURES
CLUJ
A la Une
ucarest a décidé de ne pas reconnaître le nouvel état du Kosovo, qui se
situe à moins de 300 km de ses frontières, une position qu'il avait fait
connaître à l'avance, mais qu’il pourrait revoir. La Roumanie, où vit une
forte minorité hongroise (6,6 % de la population), ne cache pas ses inquiétudes sur la
contagion des irrédentismes.
Infos pratiques
ABONNEMENT
CHANGE*
(en lei et nouveaux lei, RON**)
Euro
Franc suisse
Dollar
Forint hongrois
36 578= 3,65 RON
(1 RON = 0,27 €)
22 581 = 2 RON
24 815 = 2,48 RON
138 = 0,013 RON
(1 € = 265 forints)
*Au 25 février 2008 ** 1 RON = 10 000 anciens lei
Les NOUVeLLes
de ROUMANIe
Numéro 46, mars-avril 2008
Lettre d'information bimestrielle sur
abonnement éditée par ADICA
(Association pour le Développement
International, la Culture et l’Amitié)
association loi 1901
Siège social, rédaction :
8 Chemin de la Sécherie
44 300 Nantes, France
Tel. : 02 40 49 79 94
E-mail : [email protected]
Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
René Serrière, Laurent Couderc, JeanFrançois Pérès, Jules Ravaud, Luca
Niculescu, Mirel Bran, Alina Bardalan,
Florian Constant, I. Codrean, V. Lupu,
V. Ciobanica, P. Vallélian, Annick
Cojean, Elise Vincent, Anne Rodier,
Henri Tincq, Mihail Vakulovski, Nicolas
Trifon, Sébastien Maillard, Arielle
Thédrel, Jonas Mercier, Céleste Cazaux,
André Berthomieu, Alain Fauvarger.
Autres sources: agences de presse
et presse roumaines, françaises,
lepetitjournal.com, télévisions
roumaines, Roumanie.com, Le
Courrier des Balkans, sites internet,
fonds de documentation ADICA.
Impression: Helio Graphic
11, rue Louis Armand
44 980 Sainte-Luce
Numéro de Commission paritaire:
1107 G 80172; ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro: mai 2008
Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,
pour un an / 6 numéros, port compris
Entreprises, administrations : 100 € TTC / an
Associations et particuliers : 80 € TTC / an
Multi-abonnement
Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 %
sur le prix de l'abonnement.
Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous
bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 €
à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €).
Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est
de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 €).
Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à
50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €).
Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas
abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération).
Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les
coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés.
Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 €
Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou
plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée
directement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui
de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement
normal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €).
Nom:…………………………………………………………………………
Adresse:……………………………………………………………………..
Code postal:.......................Ville……………………....................................
Pays:.................................Tel:………………........ Fax:……………………
E-mail:……………………………………. Cachet, signature :
Paiement
France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA.
Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire
sans frais.
Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste
international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros).
Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à:
Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie, 44 300
NANTES - France.
51
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Echanges
z
ORADEA
z
BAIA MARE
z
SUCEAVA
CLUJ
z
ARAD
z
z
z
BACAU
BAIA DE CRIS
IASI
z
GALATI
z
TIMISOARA
BRASOV
PITESTI
CRAIOVA
z
La "tournée des popotes" de Francine
z
TARGU MURES
z
z
BRAILA
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
La formidable
aventure de
la Maison des Clowns
50
Chaque année, la Toulousaine
recrute des jeunes Français
pour venir l'aider dans les Apuseni
En 2003 à Timisoara, sous l'égide
de l'association Quimper-SantamariaOrlea-Pays de Hateg, une poignée de
jeunes français ont planté un chapiteau au parc des Roses donnant le
coup d'envoi au projet "Casa de
Clovni", "La Maison des Clowns". Il
s'agissait d'ouvrir un lieu de rencontre
aux enfants des rues, pour qu’ ils
viennent y chercher un peu d'affection, se réconfortent d'une soupe
chaude et retrouvent des repères.
Invités à se transformer en artistes,
ils ont découvert qu'ils pouvaient
créer, apporter aux autres, gagner
leur considération, s'estimer.
Au fil des années, ce long apprentissage passant par le cirque, le
théâtre mais aussi l'alphabétisation,
la lecture, l'écriture et le jeu a porté
ses fruits, bénéficiant du concours de
nombreuses bonnes volontés et de
l'engagement sur le terrain d'équipes
de jeunes Français et Roumains.
C'est de cette entreprise inédite
dont rend compte, sous formes de
témoignages, la plaquette "La Maison
des Clowns, cinq ans avec les
enfants des rues de Timisoara",
publiée par l'association quimpéroise
qui raconte ces instants d'espoir, d'émotion, d'amour, de joie, succèdant
aux moments de détresse, de doute,
avec toujours en toile de fond, refuser
la fatalité. Un beau livre.
La Maison des Clowns, 20 € + 6 € de
frais de port, à commander à l'association
Q.S.O.P.H. (Quimper-Santamaria-OrleaPays de Hateg), 15 rue Jean Rameau, 29
000 Quimper (tel: (00 33) 02 98 95 02 03).
Contacts: www.maisondesclowns.com,
e-mail : [email protected],
tel en Roumanie: (00 40) 0744 109 154.
D
ans sa vie avant la Roumanie, Francine Durieux avait vu bien des choses,
mais pas au point des dérives épouvantables qu'elle a découvertes dans les
orphelinats du judet d'Hunedoara où elle a débarqué fin 1990, envoyée
comme éducatrice spécialisée quasi-bénévole par "Médecins du Monde" (Lire aussi
en page 52). Mais, loin de se décourager, la Toulousaine est revenue sans arrêt sur le
terrain, jusqu'en 1999, où prenant sa retraite, elle
s'est installée définitivement en Roumanie, achetant une grande maison à Baia de Cris dans les
Apuseni. Elle y accueille les jeunes Français qui
viennent lui donner un coup de main pour s'occuper des enfants déshérités. En dix ans, elle en
a fait venir près de 400.
Francine les déniche en prenant son bâton de
pèlerin, faisant le tour des établissements de formation de l'Hexagone pour les convaincre mais
aussi s'assurer de leur motivation. Elle doit être
forte car, non seulement ils ne sont pas rémunérés, mais prennent en charge leur voyage, travaillant souvent pour le payer. Pourtant çà marche. Ses anciens stagiaires, entrés
dans la vie active, mariés parfois, retournent régulièrement lui prêter main forte. Le
centre de formation d'éducateurs de Bressuire, dans l'Ouest de la France, a même inscrit le séjour chez Francine dans la liste des "stages Europe" qu'ils doivent effectuer
pour valider leur cursus. A leur issue, celle-ci n'omet pas de remercier toutes ces
bonnes volontés en les emmenant faire un tour de Roumanie d'une semaine.
S'aventurant seule dans les squatts tsiganes
Quand elle s'est installée à Baia de Cris, la Toulousaine a décliné la proposition
de la DDASS roumaine de prendre en charge directement 24 orphelins et de créer son
établissement, voulant rester indépendante dans son action… d'autant plus qu'elle
aurait dû en trouver le financement. Depuis, son action s'est démultipliée, désormais
fortement épaulée par les deux associations qu'elle a mises en place, la Fondation
"Speranta" ("Espoir"), côté roumain, et "Casa de Copii"* ("Maison d'enfants"), côté
français, basée à Baziège, près de Toulouse.
Maison d'enfants de Brad aidée par le recrutement d'un psychologue et dotation
de matériel, création et financement de structures de soutien scolaire, colonie de
vacances, paniers-repas distribués aux familles les plus démunies, parrainage de
jeunes étudiantes entrant en faculté à Alba Iulia…Le domaine d'intervention est vaste.
Il a fallu souvent convaincre. Cela a pris près de six mois pour décider les instituteurs
roumains de Brad à mettre en place une mise à niveau destinée à leurs élèves les plus
défavorisés. Finalement, un partenariat a été signé en ce sens entre l'école et
l'Inspection d'académie. Francine accorde aussi beaucoup d'importance à l'animation
de rue, afin de ne pas laisser les enfants livrés à eux-mêmes en dehors des horaires et
périodes scolaires. Environ 150 enfants y participent. Ce sont surtout les jeunes
Français qui s'en occupent.
La Toulousaine avait été marquée par la découverte d'un bloc fantôme d'un quartier très pauvre de Brad, squatté par les Tsiganes et où personne n'osait pénétrer. Elle
s'y était aventurée seule. Des familles entières y vivaient entassées, dans des pièces
dévastées, sans vitres aux fenêtres, sans chauffage, ni électricité, ni WC, aux escaliers
défoncés. Depuis, peu à peu relogées, elles profitent des actions engagées, notamment
envers les enfants dont certains étaient tout simplement analphabètes.
* Association Casa de Copii, 30, Grand Rue - 31450 Baziège, France
Tél : (00 33) 06 08 49 44 43, e-mail : [email protected]
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
L’héritage
communiste
L
A la Une
Une victoire de la nomenklatura: les archives
de la Securitate ne pourront plus être consultées
Silence sur le passé noir de la Roumanie
a Securitate, ancienne police politique de la dictature communiste en Roumanie, revient sur le
devant de la scène à Bucarest. Dimanche 3 février,
plusieurs centaines de Roumains, rassemblés place de
l'Université, lieu mythique des manifestations anticommunistes dans la capitale roumaine, ont protesté contre une décision de la Cour constitutionnelle à son sujet.
Jeudi 31 janvier, la plus haute instance juridique du pays
avait déclaré anticonstitutionnel le Conseil national pour l'étude des archives de la Securitate (CNSAS), qui permettait de
consulter ses dossiers. Ce conseil, créé en 1999, est chargé
d'enquêter sur ses anciens collaborateurs, pour éviter qu'ils
continuent à occuper des fonctions importantes. Cette décision
interdit de fait l'accès aux dossiers de la Securitate.
La Cour constitutionnelle avait été saisie dernièrement par
l'ancien patron du Parti Conservateur et magnat de presse, Dan
Voiculescu, qui était dans le collimateur du CNSAS pour son
passé. Mais le milliardaire n'a pas été inquiété longtemps. À la
surprise générale, sa plainte contre le fonctionnement et la
légitimité du CNSAS a été retenue par la Cour.
lors d'une transition confuse vers la démocratie, une partie de
l'économie du pays était passée entre les mains des anciens
officiers de la Securitate et des apparatchiks du Parti communiste, convertis en businessmen. "Hormis quelques timides
tentatives, le démantèlement de la Securitate n'a jamais été
programmé dans l'agenda politique", explique Marius Oprea,
conseiller du premier ministre pour la sécurité et surnommé le
"chasseur de la Securitate". Tous les partis ont été infiltrés et
contrôlés par la Securitate, qui avait besoin d'un paravent pour
défendre ses intérêts économiques.
La mort annoncée du CNSAS
Le fonctionnement du CNSAS, créé en 1999 sous la présidence d'Emil Constantinescu grâce à la pression de la société
civile, a été bloqué depuis sa création, le contrôle des archives
de la police politique ayant été tout d'abord attribué au SRI
(Service Roumain de Renseignements)… héritier de la
Securitate. C'est seulement en 2005 que le nouveau président,
Traian Basescu, a décidé de transférer au CNSAS les 12
kilomètres de dossiers que constituent les archives. "Ces dos"Nous vivons toujours à l'époque de Ceausescu"
siers sont un horrible spectacle. Je suis terrifiée par le gigantisme de cette opération de surveillance à l'é"Les juges ont décidé que la révolution antichelle d'un pays qu'elle révèle" a confié une de
communiste de décembre 1989 n'avait aucun
ses utilisatrices.
sens", a affirmé Cristian Pîrvulescu, président de
Le 18 décembre 2006, le président
l'association Pro Democratia, à l'origine de la
Basescu condamnait officiellement le régime
manifestation du 3 février. "Leur décision n'est
communiste devant un Parlement hostile, qui
pas légitime. Un an après notre adhésion à
l'a destitué le 19 avril 2007. Un mois plus tard,
l'Union Européenne, nous assistons à un vériun référendum l'a réintégré dans ses fonctions
table coup d'Etat contre la démocratie en
et le CNSAS a pu continuer à révéler l'identité
Roumanie". "Je ne vois pas pourquoi on devrait
des hommes politiques qui avaient collaboré
se féliciter d'être entrés dans l'UE, vu que nous
avec la police politique.
vivons toujours à l'époque de Ceausescu et de
La contre-offensive n'a pas tardé et la
Cour constitutionnelle a tranché en faveur du
ses servants", a déclaré pour sa part, furieux,
passé noir de la Roumanie. "Déclaré anticonsMircea Dinescu, l'un des membres du CNSAS.
La colère de Mircea Dinescu
titutionnel,
le CNSAS devra fermer ses
Les manifestants ont demandé la démission du
le Bernard-Henry Lévy roumain.
portes",
affirme
son ancien directeur, Claudiu
gouvernement et proféré des slogans anticomSecasiu.
Mais
derrière
ces
portes,
c'est l'énorme plaie de son
munistes.
passé
que
la
Roumanie
devra
bien
rouvrir
un jour.
La colère de la société civile roumaine au sujet de la
Mirel
Bran
(Le Monde)
Securitate ne date pas d'aujourd'hui. Dans les années 1990,
Inflation
D
ébut janvier, la Banque
nationale de Roumanie
(BNR) a décidé de majorer
son taux d'intérêt directeur à 8%, soit
0,5% de plus. La forte consommation qui
a fait monter les prix et accentue le déficit externe du pays est la principale raison
de cette mesure. Déjà le 31 octobre dernier la BNR avait élevé son taux de 0,5%,
Surchauffe à l'horizon et taux d'intérêt majorés
à 7,5%. "L'analyse des données statistiques les plus récentes montre une forte
demande interne et une expansion des
investissements. Mais le niveau de
consommation est devenu insoutenable,
et les prêts accordés au secteur privé ne
cessent d'augmenter", indique un communiqué de la BNR, qui pointe du doigt
une croissance des revenus dépassant les
gains de productivité. Ce décalage pourrait, selon elle, "affecter la compétitivité
du pays".
L'objectif est désormais de ramener
le taux d'inflation aux alentours de 4% au
lieu de près de 7 % actuellement, raison
pour laquelle la BNR appelle le gouvernement à "maintenir une politique fiscale
et salariale restrictive".
3
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
A la Une
Menaces sur
l’environnement
z
z
CLUJ
ARAD
z
BAIA MARE
ORADEA
z
SUCEAVA
z
z
z
ROSIA
z
z
PITESTI
CRAIOVA
z
z
BRASOV
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
Les Logan 2006
touchées par
la corrosion
4
Dacia-Renault a décidé de rappeler en révision dans son usine de
Pitesti tous les modèles de berline
Logan construits jusqu'à la fin de
2006 après avoir constaté la multiplication des cas de corrosion sur leur
carrosserie. De nombreux propriétaires avaient saisi le constructeur,
qui a garanti six ans ses véhicules
dans ce domaine, ou les autorités
départementales de protection du
consommateur.
epuis près de douze ans la fièvre de l'or agite la petite commune de Rosia
Montana, dans les Apuseni (Voir Les Nouvelles de Roumanie, n° 40). La
compagnie canadienne Gabriel Resources - appelée "Gabriel" localement - dont le représentant sur place est la Rosia Montana Gold Corporation (RMGC),
s'efforce de convaincre une partie des habitants de déménager afin d'avoir les mains
libres pour creuser la montagne à coup d'explosifs et traquer les pépites à l'aide de
bains de cyanure,
détruisant au passage toute une vallée.
Ses arguments: les
forts dédommagements qu'elle propose aux familles
concernés, la promesse d'un emploi…
et les bakchichs pour
que les autorités
locales, départementales et nationales
ferment les yeux.
Conséquence: la commune s'est scindée en deux, entre ceux qui se sont laissé
séduire par les liasses de lei et ont fait leurs valises, et ceux qui sont déterminés à mourir dans leur village natal. Envoyée spéciale du quotidien "Gândul" ("La pensée"),
Alina Badalan décrit l'atmosphère sur place.
"Les cloches sonnent à toute heure, mais on ne sait
plus si c'est pour ceux qu'on enterre ou qu'on déterre"
Fracois
Fourmont,
PDG
de DaciaRenault
En 2004, lors de la sortie de cette
voiture, le "Financial Times" avait
indiqué qu'il ne fallait pas moins de
quinze kilos de peinture anti-corrosive
pour protéger le véhicule fabriqué à
partir d'un acier de faible qualité. Dès
son lancement, la Logan avait connu
quelques soucis. Dacia-Renault avait
rappelé plusieurs milliers des premiers modèles pour, assurait-elle,
changer le cric,provoquant l'incrédulité. Ensuite le véhicule a connu des
problèmes liés à son système de
direction. Les ennuis de la Logan ne
se sont pas limités à la Roumanie. Au
Brésil, la filiale de Renault a dû
procéder deux fois à des rappels
massifs, pour 1623 véhicules qui
avaient des problèmes sérieux de
freinage, puis
10 000 autres pour,
cette fois-ci, des défections majeures
du système de direction.
"Même les morts ne sont pas tranquilles à Rosia Montana. Depuis sept ans, on a
commencé à les déterrer. Ils sont à peine refroidis que les familles viennent avec des
pioches, des pelles. Elles ont aussi amené les "colaci" et les "coliva" (brioches et
gâteaux servis traditionnellement lors des enterrements), pour accompagner les
défunts vers leur nouvelle demeure, dans une commune voisine. Le tout se fait légalement, au grand jour, avec la bénédiction des popes. Les familles en ont oublié de
pleurer… "Gabriel" les a
généreusement remercier quelques dizaines de millions
de lei (quelques centaines
d'euros) - pour avoir libéré un
emplacement supplémentaire
dans le cimetière paroissial,
situé en plein dans son aire de
prospection.
A Rosia Montana, on
dénombre neuf églises et huit
cultes, si bien que les cloches
sonnent à toute heure… mais
aujourd'hui on ne sait plus si c'est pour un mort qu'on enterre ou qu'on déterre.
Tout le monde n'ayant pas la chance d'avoir de morts, les vivants épargnés par un
deuil ont trouvé d'autres moyens de bénéficier de la manne de "Gabriel". Ils bâtissent
à la hâte une cabane en bois dans leur jardin, sans fondations, posée sur des bûches et
sans raison d'être. Quand les hommes de "Gabriel" viendront négocier le rachat du terrain, les paysans se battront comme des diables et en tireront 40 000 euros supplémentaires, alors qu'elle n'en a pas coûté 5000.
Connaissance et découverte
Des "fastes" du communisme à la calamiteuse transition
Tourisme
A Rosia Montana,
D
BACAU
GALATI
z
SIBIU
TIMISOARA
z
IASI
TARGU MURES
z
CHISINAU
L'appât de l'or…
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
"Nuit de rêve" à l'hôtel Tineretului de Constantsa
I
l est encore possible de vivre l'expérience d'une nuit
dans un hôtel communiste, mais cela va devenir de
plus en plus difficile, beaucoup fermant ou n'étant pas
rénovés, ce qui permet en outre d'avoir un aperçu du chaos
provoqué par la "transition". On peut avoir encore cette opportunité à l'hôtel-restaurant Tineretului (Hôtel de la Jeunesse),
dans le centre de Constantsa, qui accueillait autrefois la
nomenklatura et les futurs cadres du Parti.
Dans la première chambre attribuée, les draps, troués,
semblent avoir fait la Grande Guerre et le lit est presque
défoncé. La salle de bain, offre le choix entre une profusion de
serviettes, toutes usées jusqu'à la corde. Le tuyau de la douche
pendouille au dessus d'un bac rongé par des tâches brunâtres
repoussantes d'où sortent des cafards. Grand classique: pour
avoir de l'eau chaude, il faut ouvrir le robinet d'eau froide et
vice-versa.
Déménager au septième étage
sans ascenseur… à deux heures du matin
Les couche-tôt sont brusquement réveillés par la sono du
disco qui se met à beugler à l'étage du dessous, fait trembler
les murs et donne des palpitations. Les couche-tard devront
attendre sa fermeture et patienter jusqu'à deux heures du matin
pour trouver un peu de calme.
Une solution est de demander à changer de chambre pour
déménager au septième et dernier étage. Bien sûr, il faut avoir
le courage de faire ses valises en pleine nuit et de grimper les
escaliers…. puisqu'il n'y a pas d'ascenseur.
Non seulement on n'y perd pas au change, puisqu'on y
retrouve les mêmes caractéristiques - draps, serviettes râpées,
bloc sanitaire mangé par la rouille - mais, sans avoir à payer de
supplément, on y gagne quelques spécificités de l'établissement. La chaîne de la chasse d'eau est toujours cassée mais,
cette fois-ci, il faut sauter pour l'attraper. Le carrelage de la
salle de bain est troué… ce qui permet de voir l'eau usée s'écouler sous ses pieds.
Mais enfin, on retrouve le silence… du moins jusqu'à ce
qu'un râle de moribond vous réveille, cette fois-ci en sueur,
vous plongeant dans une angoisse effrayante jusqu'au petit
matin. C'est un robinet, impossible à fermer davantage, qui
tente d'expirer en vain ses dernières gouttes d'eau. Seule solution: ouvrir la porte du frigo pour que le bruit du moteur le
couvre, jusqu'à ce qu'il ne rende lui-même le dernier râle.
Le jour se levant, le cauchemar se termine. Rien de tel
qu'un solide petit-déjeuner pour retrouver la forme. Dans la
grande salle où se tenaient les banquets de la nomenklatura
d'autrefois, un personnel pléthorique, traînant son ennui, guette le moindre client. La "Révolution" ne semble pas encore être
parvenue jusqu'ici. On ignore ce qu'est un espresso et on sert
un café à la turc, contenant un tiers de marc… Mais, comme
autrefois, on n'oublie pas de taxer le touriste étranger: 28 euros
pour cette nuit de rêve.
Henri Gillet
Blagues à la roumaine
Humour
Défaitiste
Bula participe à un concours de parachutisme entre unités militaires. Les soldats doivent effectuer un saut et, à l'atterrissage, enfourcher une bicyclette pour
parcourir 15 km. Il monte donc dans
l'avion, s'équipe et saute. Mais la commande d'ouverture ne fonctionne pas. Il
essaie une deuxième fois… rien. Alors, il
actionne celle du parachute de secours, en
vain. S'emportant contre l'équipement
fourni par l'Armée, Bula peste: "En bas,
c’est sûr que la roue de la bicyclette sera
crevée".
- Bon appétit! On nous a encore
coupé le courant ce matin…
secrétaire qui a enregistré ma naissance
quand il a été la déclarer.
Récompense
Un policier arrête un automobiliste
qui, tout tremblant, s'entend dire:
- Félicitations! Vous êtes le seul
conducteur que je trouve aujourd'hui portant sa ceinture des sécurité ! Pour vous
récompenser, le ministère de l'Intérieur
vous offre une prime de 1000 euros.
Entre nous, vous pouvez me dire ce que
vous allez en faire ?
- Passer mon permis de conduire.
Compliment
Un promeneur tente de draguer une
belle blonde:
- Mademoiselle, je crois qu'on s'est
déjà rencontré. C'était au jardin zoologique, je crois…
- Peut-être bien…Dans quelle cage
vous étiez ?
Bon appétit !
Un représentant se présente à la porte
d'une vieille dame, un aspirateur à la
main: “Je vais vous montrer le plus performant de tous les appareils. Vous voyez
tous ces rouleaux de poussière sur votre
tapis… Eh bien, si cet aspirateur ne nettoie pas tout, je vous promets que le
reste… je le mangerai!”
Parole de bègue
Bula qui veut s'engager passe la visite médicale. Le médecin lui demande son
nom:
- Bubububula Mamamamarin
- Tu es bègue ?
- Non, c'était mon père
- Mais alors ??????
- C'est à cause de cette idiote de
Les clichés ont la vie dure
Devant un verre de tsuica, Petru se
vante devant ses copains
- Nous les Oltènes… on se moque de
nous en nous faisant passer pour des
ramollis du cerveau. Eh bien, vous avez
devant vous quelqu'un qui a terminé hier
soir son puzzle en moins de trois mois !
- ?????
Et Petru de bomber le torse :
- Pourtant sur la boite c'était bien
marqué: de 2 à 4 ans !
49
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
(suite de la page 47)
z
z
ORADEA
CLUJ
z
z
SUCEAVA
SATU
MARE
z
TARGU
MURES
z
BACAU
z
BRASOV
TIMISOARA
BRAN
z
GALATI
z
z
MARASTI
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Un maçon roumain
devient le Pavarotti
espagnol
48
A la Une
et de l'argent a divisé une commune en deux
"Il est temps que nous apprenions
à ne plus nous mentir à nous-mêmes"
même les morts ne reposent plus en paix
Même dans ces conditions, la percée de la thèse de N. Djuvara n'est pas dépourvue d'ambiguïté, si l'on examine de plus près les réactions. De toute évidence, les arguments "radicaux" invoqués par ceux qui le critiquent ne tiennent pas la route: on l'accuse de faire le jeu de la propagande hongroise ou d'être acheté par elle.
Plus touchantes sont les réactions de sympathie, non seulement pour la personnalité de l'historien mais aussi pour sa "révolution", les deux étant le plus souvent associées. "Il est temps que nous apprenions à ne plus nous mentir à nous-mêmes" ou
encore "Après ces quarante-cinq ans de communisme... notre incapacité à regarder
droit dans les yeux notre passé historique nous condamne à l'infériorité ", lit-on dans
ces messages.
Plusieurs autres participants au forum relativisent cependant la nouveauté du message, dans un langage plus mesuré et souvent en connaissance de cause. L'aspect le
plus frappant cependant de l'ensemble des messages est la fréquence élevée de références, allusions, digressions sur les questions de race, d'ethnie, d'origine, de groupe
sanguin et ainsi de suite.
Avec la vieille masure où ils habitent, l'affaire sera
conclue à 70 000 euros. Aussi cher qu'un appartement à
Bucarest pour ce "trou" perdu dans les montagnes ! Encore
faut-il compter avec le chat, les vaches, les poules, le jardin, la
remise où on mettait les oignons à sécher, qu'il faudra déménager ou abandonner. Toute une vie qui s'en va, cela n'a pas de
prix. Allez… 20 000 euros en plus et on n'en parle plus.
Deux cents de ces cabanes on poussé comme la rose du
matin, changeant le caractère des villages composant Rosia.
Même le pope en a construite une, tout près du presbytère. Les
noyers étant d'un gros rapport - 3 millions de lei, cent euros,
pour un simple arbuste - ils ont fleuri partout. Certains, après
avoir empoché leurs indemnités, les ont déracinés pour les
replanter dans un jardinet dont le rachat n'avait pas encore été
négocié.
Provoquer pour mieux convaincre
Les "derniers des Mohicans" résistent
Les propos à caractère quelque peu anecdotique tenus par N. Djuvara lors de l'entretien, quand il évoque, par exemple, le type arabe des paysans travaillant sur les
domaines de son grand-père, y sont pour quelque chose même si son intention était de
provoquer pour mieux convaincre.
Le livre contient aussi une allusion sur ce thème, dans le paragraphe suivan :
"Il est grand temps d'oublier les clichés vieillis sur les Roumains authentiques, les
vrais ou les bons Roumains... C'est un Roumain authentique de par sa mère et de par
son père qui vous le dit. La première qualité du Roumain a été sa capacité d'assimiler toutes les populations qui se sont réfugiées sur son aire autochtone. Mais ce n'est
pas un argument pour que nous occultions le rôle que ces groupes allogènes ont pu
jouer dans l'histoire tourmentée de notre peuple".
Avec ce genre d'aveux biographiques on s'expose inévitablement à des controverses et on alimente une dynamique malsaine. En effet, comme le modérateur du
forum, Cristian Teodorescu, l'a opportunément indiqué et plusieurs participants l'ont
rappelé, Neagu Djuvara est issu du côté de son père d'une famille aroumaine arrivée
en Valachie du Pinde, aujourd'hui Grèce du Nord, vers 1770. Sa mère appartenait à
une famille réputée de boyards. Il n'en fait aucun mystère d'ailleurs, lui qui a coordonné la rédaction d’un excellent ouvrage sur les Aroumains paru aux éditions de
l'Inalco à Paris en 1989.
Peut-il se présenter comme un Roumain authentique ? Dans l'entretien, il explique
qu'il a probablement "échappé" à la coumanité du côté de son père, dont la famille
venait du Sud, mais pas de sa mère, puisque un bon tiers des boyards de Valachie
étaient à l'origine des Coumans.
Sa qualité de "roumain" ou d' "allogène" fait l'objet de plusieurs messages polémiques. L'auteur de l'un de ces messages va jusqu'à expliquer qu'il n'a rien " contre les
Aroumains, les juifs, les Tsiganes... même si certains Aroumains travaillent aujourd'hui contre les intérêts de la Roumanie".
Sur cette lancée, les spéculations sur l'hypothétique coumanité des Roumains
passés, présents et à venir vont forcément bon train et le débat critique attendu sur
l'historiographie roumaine risque de se métamorphoser en discussion vaseuse autour
de l'ethnogenèse et autres fantasmes dont on est si friands dans cette région de
l'Europe.
Nicolas Trifon (Le Courrier des Balkans)
"Gabriel" commence cependant à se faire tirer l'oreille,
mais quelle concession ne ferait-il pas pour voir le panonceau
"Cette maison est propriété de RMGC" se balancer sur sa
porte. A l'automne dernier, selon la mairie, 420 familles, sur le
millier que comptent les villages formant la commune de
Rosia Montana, avaient vendu leur bien. L'hiver dernier, 134
autres ont franchi le pas.
Dans le périmètre visé par "Gabriel", il reste environ 250
familles qui résistent à l'appât du gain, tout aussi pauvres que
celles qui y ont cédé. Sur leur maisonnette, elles ont cloué un
écriteau affirmant farouchement "Cette maison n'est pas à
vendre" et clament bien haut qu'ils entendent mourir ici. "Ils
veulent faire monter les prix" susurrent leurs détracteurs. Ces
"derniers des Mohicans" comme on les appelle, se rassurent
en affirmant que, techniquement parlant, "Gabriel" ne peut
pas retirer un gramme d'or tant qu'ils sont là. Ils n'en sont pas
moins amers vis-à-vis de la firme canadienne: "Même s'ils
n'exploitent pas leur mine, ils auront au moins réussi une
chose… détruire notre village".
z
IASI
z
ARAD
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Costel Busuioc, un maçon de 33
ans, a charmé le public espagnol lors
d'une émission du type "Mega Star".
Sans n'avoir jamais pris de cours de
chant, il interprète avec brio
des classiques
d'opéra comme
"Nessun
dorma" ou
Caruso. Après
la première
épreuve du
concours, le
Roumain avait recueilli le plus grand
nombre de votes des téléspectateurs,
et le jury lui avait accordé la meilleure
note. C'est un collègue de chantier
qui l'avait convaincu de s'inscrire à
cette émission après l'avoir entendu
chanter. Père de 4 enfants, Costel
Busuioc est parti seul en Espagne
pour travailler comme maçon.
On est mieux chez soi
Les Roumains n'accordent pas
beaucoup de temps aux activités culturelles. Selon une étude réalisée par
le Centre de sociologie urbaine et
régionale, 87% des Roumains préfèrent rester chez eux plutôt que d'aller
au cinéma. 89% disent ne jamais aller
voir un spectacle, que ce soit au
théâtre ou à l'opéra, et 74% ne vont
jamais au musée. Seuls 48% affirment
passer un peu de temps à lire un livre.
Par contre, 90% des interrogés, âgés
de 18 ans et plus, disent aller régulièrement à l'église. Cette étude a été
menée entre le 1er et le 25 septembre
dans l'ensemble du pays sur un
échantillon de 2.000 personnes.
[1] Thocomerius-Negru Voda: un voievod de origine cumana la începuturile
tarii românesti, Humanitas, Bucarest, 2007.
"Des étrangers débarquent … On se
demande si ce sont des touristes ou des espions"
"Qui devra répondre de ce désastre ?" se demande Eugen
David, l'un de ces résistants, incriminant les prêtres qui se sont
ralliés les premiers au projet de "Gabriel". "Ils ont reçu des
sous pour attifer en long et en large leurs églises, en ont pro-
fité pour doubler la dîme qu'ils nous demandaient, pour nous
dire ensuite que chaque pierre et chaque mur devaient être
démontés pour être remontés ailleurs".
Eugen David est l'un de ceux qui a mis sur pied "Alburnus
Maior", l'association environnementale "anti-Gabriel". Pour
lui, ces derniers temps, Rosia Montana vit au rythme d'un thriller, la situation changeant
sans arrêt. "Il ne se passe
pas de jour sans un évènement, sans que l'on fasse
pression sur les uns ou les
autres pour qu'ils vendent,
savoir le prix qu'ils veulent. Des étrangers au village débarquent; on ne
sait pas si ce sont des touristes ou des espions de
"Gabriel”. Les journalistes
harcèlent
les
"Mohicans" qui, parfois,
sortent leurs fourches pour
avoir la paix".
"Qui voudrait mettre des sous dans un village
appelé à devenir un réservoir à cyanure ?"
Tout ce tintamarre autour de Rosia, fait que la commune
n'a plus de projets. Aucun investissement n'a été fait depuis
plusieurs années. "Qui voudrait mettre des sous dans un village qui va devenir un réservoir à cyanure?" s'emporte Eugen
David notant au passage l'inquiétude grandissante de ceux qui
sont restés sur place. “On dit que "Gabriel" fera sauter 60
tonnes d'explosifs chaque jour. Ce serait de véritables tremblements de terre quotidiens !" s'effraie l'un d'eux. Sur ses
intentions, le nombre d'habitants ayant signé, les indemnités
versées, "Gabriel" ne dit rien. C'est "secret défense". La compagnie canadienne se contente de rabâcher ses arguments:
1200 emplois à venir, des ordinateurs donnés aux écoles, le
vieux centre-ville épargné qui sera restauré, des bourses d'études pour les enfants, un centre de formation pour les chômeurs, des aides pour ceux qui voudront ouvrir une affaire.
Pour l'instant, Rosia Montana n'a vu venir qu'une chose, il est
vrai importante, des contrats d'embauche pour 500 habitants…
qui avaient signé bien sûr”.
Alina Badalan
L'activité de la mine suspendue et procès en cours
L
a compagnie roumano-canadienne Rosia Montana Gold
Corporation (RMGC) a
intenté un procès contre le ministère de
l'Environnement, son ministre, Attila
Korody,un secrétaire d’Etat, à la suite de
la décision de suspension totale de ses
activités minières sur la commune de
Rosia Montana, prise par le ministère de
l'Environnement en septembre dernier.
Le ministère avait alors relevé l'absence
de certaines autorisations dans le certifi-
cat d'urbanisme nécessaire à RMGC pour
reprendre l'exploitation du site. La
société d'origine canadienne a fait savoir
qu'elle avait également déposé un recours
à la Cour d'appel de Bucarest pour annuler cette décision.
5
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
z
BAIA MARE
z
ORADEA
z
ARAD
z
JUCU
z
z
SIBIU
TIMISOARA
BOTOSANI
IASI
TARGU
MURES
z
L’installation de Nokia
Délocalisation
à Cluj: la Roumanie
se réjouit, l'Allemagne s'indigne
z
SUCEAVA
z
z
z
PIATRA
NEAMT
z
BACAU
BRASOV
z
BRAILA
PLOIESTI
z
z
CRAIOVA
z
„
BUCAREST
A la Une
CONSTANTA
z
Un praticien de Timisoara au chevet
des habitants d'un village de l'Aisne
Le médecin roumain
mieux accueilli que
le plombier polonais
A la mi-février, Lucian Popoviciu,
médecin roumain, a donné ses premières consultations dans le village
de Seboncourt, dans l'Aisne, dont le
maire a cherché en vain pendant six
mois à trouver en France un successeur au généraliste de la commune
parti à la retraite.
6
"Le précédent médecin avait cherché quelqu'un pour lui succéder, sans
succès. J'ai pris contact avec les
facultés de médecine de la région,
Amiens, Lille et Reims, sans plus de
résultat", explique Gérard Feuillette, le
maire de cette commune de 1 200
habitants, qui n'a eu de cesse de faire
valoir la présence sur place d'une
pharmacie et d'une maison de retraite
pour attirer un nouveau praticien. "J'ai
fait ensuite passer des annonces en
Belgique, puis dans les pays du
Maghreb, en Syrie, au Liban et en
Europe de l'Est". C'est finalement
Lucian Popoviciu, 40 ans, médecin
généraliste diplômé de la faculté de
Timisoara, qui s'est porté candidat
après avoir lu l'annonce dans un
magazine spécialisé. "Les médecins
aujourd'hui recherchent les grandes
villes et veulent faire les 35 heures", a
constaté amèrement le maire.
(Lire la suite page 8)
L
'installation de Nokia à Jucu, au nord-ouest du pays, est certes une bonne
nouvelle pour l'économie roumaine. Des emplois vont se créer et l'État lui
aussi en profitera. Mais en Allemagne, cette délocalisation continue de
faire des mécontents, comme le souligne ci-dessous lepetitjournal.com.
Elle illustre les aléas de la politique européenne d'ouverture des frontières et du
libre marché. D'un côté, les pays à la technologie avancée transfèrent leurs activités ne
nécessitant pas une main d'œuvre hautement qualifiée dans ceux où le niveau de salaire est faible. D'un autre, ils font venir chez eux les cadres dont ils ont besoin, privant
ces mêmes pays du savoir-faire qu'ils y ont acquis et qui leur serait très utile. C'est
l'exemple du médecin roumain appelé au chevet d'un village de l'Aisne (voir par
ailleurs). Finalement, dans un libéralisme trop souvent débridé, les multinationales des
pays riches imposent leur loi, les pays pauvres n'ayant guère la ressource que de s'incliner, en espérant que les miettes amassées leur permettront un jour de relever la tête.
Des salaires dix fois inférieurs
Dans la petite ville roumaine de Jucu, à 18 km de Cluj, ce fut l'événement : plusieurs hauts responsables de Nokia ont inauguré le 11 février la nouvelle ligne d'assemblage pour les téléphones portables du géant finlandais. Avec un premier investissement de 60 millions d'euros, l'usine s'étendra sur 30 hectares. Du jamais vu à Jucu.
Elle produira dans un premier temps des portables bas de gamme, commercialisés en
Europe et dans le reste du monde à 40 €, disponibles dès le prochain trimestre. Au
maximum de son rendement, cette nouvelle unité devrait employer près de 3.500 personnes d'ici la fin 2009. Salaire moyen des ouvriers : environ 800 lei brut par mois,
soit 150 € net et 10 fois moins qu'en
Allemagne. Une aubaine pour Nokia qui a
vite fait le calcul: en fermant l'usine allemande de Bochum et en délocalisant en
Roumanie, les économies sur les salaires
seront plus que conséquentes.
Un jackpot pour l'État
Pendant ce temps, en Allemagne, ça grogne. Depuis plusieurs semaines, 2.300 travailleurs protestent contre la fermeture prochaine de leur usine. L'affaire ne plait pas
non plus à certains eurodéputés allemands qui soutiennent que Nokia a utilisé l'argent
de l'Union Européenne pour délocaliser en Roumanie, ce que conteste Bruxelles.
D'autres demandent d'interdire cette délocalisation. A Strasbourg, le président de la
Commission européenne José Manuel Barroso a alors posé la question : "Si des investissements partent de la Finlande(dont Nokia est originaire) pour l'Allemagne, pourquoi ne pourraient-ils pas partir d'Allemagne vers la Roumanie?". Pour Marius
Nicoara, président du Conseil départemental de Cluj, "Nokia n'a pas délocalisé son
usine ici, c'est un projet complètement différent qui ne pouvait pas se faire à Bochum".
À Bucarest, on préfère ne pas trop s'immiscer dans la polémique. "Évidemment les
coûts salariaux ont joué en notre faveur", a simplement déclaré le ministre du Travail,
Paul Pacuraru, tout en assurant que "bientôt les salaires rattraperont le niveau du
salaire moyen des autres pays de l'UE". Certes, le gouvernement du Premier ministre
libéral Calin Popescu Tariceanu regrette que des travailleurs allemands soient en passe
de perdre leur travail, mais il est aussi ravi de l'installation de Nokia en Transylvanie
pour le développement de la région. Et pour les caisses de l'État. Selon les estimations,
à partir de 2010, la Roumanie devrait empocher 200 millions d'euros d'impôt par an.
Florian Constant (www.lepetitjournal.com - Bucarest)
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
roumaine: “Ce sont les barbares qui ont fait la Roumanie"
rattrapés par les Coumans
Cette décision ne l'a pas empêché de rester le vassal du
royaume Hongrie, de la même façon que la défaite militaire
infligée par son père, Basarab I, à Charles Robert d'Anjou, le
roi de Hongrie (1308-1342), n'a pas entraîné la rupture définitive des liens de subordination qui les liaient. Parler d'Etat roumain indépendant en ce temps constitue un grossier anachronisme, conclut N. Djuvara .
Il est peut-être bon de préciser que, s'agissant d'une période sur laquelle on est peu et mal renseigné, les affirmations de
N. Djuvara sont pour certaines des hypothèses. Des hypothèses cependant hautement vraisemblables, puisque fondées
sur des données topologiques, anthropologiques et documentaires difficiles à contester, connues de longue date par les historiens roumains. (Notre cliché: gravure sur l’époque couman parue dans “La Chronique de Radzivill”)
L'intérêt national l'emporte
sur la vérité historique
Pourquoi ces derniers se
sont-ils efforcés d'accréditer
des hypothèses nettement
moins vraisemblables, allant
jusqu'à occulter certaines réalités de cette période clef de
l'histoire roumaine? Pourquoi
tant de réticences pour accepter le rôle joué par les Slaves
dans la formation du peuple
roumain ou pour reconnaître
que le premier Empire bulgare
s'étendait aussi sur des terres valaques ?
Les explications suggérées par N. Djuvara sonnent
comme autant d'accusations. Née en même temps que la
conscience nationale roumaine, à l'époque des affrontements
des nationalismes, l'historiographie roumaine a subordonné
l'établissement et l'interprétation des faits à l'intérêt national;
obsédée par la continuité du peuple roumain sur le territoire où
il vit aujourd'hui elle a privilégié la permanence, l'immobilité.
Au lieu de se penser dans le contexte de l'histoire de
l'Europe centrale et du Sud-Est, elle s'est obstinée à construire
une histoire fermée, imaginant une espèce d'autogenèse du
peuple roumain. Enfin, étant donné la rareté des informations
documentaires sur le Moyen Age roumain, pourquoi ne pas
faire appel à l'histoire comparée, se demande N. Djuvara.
En fin de compte, l’histoire de l’ Europe vaut aussi pour la
Roumanie: ce sont les "Barbares" qui ont été le facteur décisif
dans la fondation des Etats médiévaux et non pas les "autochtones", rescapés de l'Empire romain. Les Francs, en France, les
Wisigoths en Espagne, les Lombards en Italie, les Varègues en
Russie... et les Coumans dans la future Roumanie.
Sur la formation des "voïévodats" roumains, N. Djuvara
avoue s'être contenté de tirer la conclusion logique des
données disponibles fournies par ses prédécesseurs qui, eux, se
sont toujours refusés à un tel exercice. Sa contribution réside
surtout dans l'importance accordée au facteur couman alors
que l'accent était mis généralement sur l'apport slave dans la
formation des structures politico-militaires roumaines.
A mille lieues de ce que l’on apprend à l’école
L'explication qui en découle est ingénieuse, stimulante et
vraisemblable, en tout cas à mille lieues des versions consacrées que l'on apprend sur les bancs de l'école en Roumanie
depuis belle lurette. L'exemple qu'il fournit lui-même est éloquent. Il s'agit de la citation de Nicolae Iorga figurant dans la
conclusion du livre de Serban Papacostea paru en 1993 sous le
titre Les Roumains au XIIIe siècle: "...vers 1300, le nouveau
pays prend forme selon une conception originale qui a ses
racines dans sa propre tradition. Nous avons affaire à un cas
de cristallisation politique spontanée. Son champ s'étend sur
le pays roumain (Tara româneasca) tout entier, et, pour la première fois, voit le jour à l'Est une conception nationale correspondant à une conception
territoriale,
fondement
moderne des Etats de
l'Europe occidentale".
Cependant, le principal
mérite du livre est d'avoir
cassé un tabou en critiquant
de front les présupposés
nationalistes de l'historiographie roumaine, qui, par
ailleurs, compte des spécialistes notamment du monde
byzantin et ottoman dont la réputation n'est plus à faire. Nous
avons affaire, à en juger par les réactions qui ont accompagné
la sortie du livre, à une performance critique surprenante à
prime abord.
Profil bas des “historiens patriotes”
Interrogés par le journal Cotidianul, le 20 juin 2007, plusieurs historiens réputés, dont Serban Papacostea cité plus
haut, se sont prononcés en faveur de la thèse soutenue par N.
Djuvara. Titre de l'article: "La révolution de Djuvara
conquiert l'élite des historiens".
Ce journal avait publié la veille un entretien de Eugen
Istodor avec l'auteur sous le titre “La révolution de Djuvara",
qui avait suscité plus de deux cents messages sur le forum de
discussion. L'absence de contradicteur parmi les confrères de
l'auteur, et le nombre "raisonnable" de réactions hostiles, ont
de quoi surprendre, si l'on pense à la version inculquée à tant
de générations de Roumains, jamais contestée par les historiens, qui venait d'être mise à mal. Certains historiens et bon
nombre de "patriotes" ont apparemment préféré faire profil
bas en attendant que l'orage passe pour passer à l'offensive.
(Lire la suite page 48)
47
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Histoire
z
BAIA MARE
CLUJ
ARAD
z
Les Roumains
z
SUCEAVA
IASI
TARGU
MURES
z
z
z
BACAU
TILISCA
z
z
BRASOV
z
z
SIBIU
TIMISOARA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
BRAN
BRAILA
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Ours d'or pour un
court métrage roumain
46
Neagu Djuvara secoue l'historiographie
z
z
ORADEA
Le court métrage de Bogdan
Mustata, réalisateur roumain (32
ans), a reçu la récompense suprême
du festival international du film de
Berlin (Berli-nale), un Ours d'Or. Son
film "Une bonne journée à la
plage", écrit par Catalin Mitulescu
("Comment j'ai fêté la fin du
monde") décrit la journée de trois
délinquants qui, après avoir agressé
le chauffeur d'un fourgon et une prostituée, emmènent leurs victimes sur
une plage où ils vont passer le reste
de la journée. "Le sort des victimes
ne m'a pas intéressé, j'ai plutôt eu
envie de raconter l'histoire de ces
jeunes délinquants" a déclaré Bogdan
Mustata. Les trois jeunes acteurs ne
sont pas des professionnels; ils ont
été choisis dans une prison pour
mineurs et un centre de placement.
Une ruine devient un
haut lieu de la culture
La Bibliothèque nationale, située
sur le boulevard Unirii, l'un des derniers emblèmes architecturaux du
régime de Ceausescu, va devenir un
lieu de culture. Selon le plan du ministère de la Culture, le nouvel édifice,
dont la façade rénovée sera en verre,
comprendra un musée d'art contemporain, des salles de concert, de lecture, un espace multimédia, des
librairies, des cafés, etc. Les travaux
devraient commencer dès le mois
d'avril et se termineront, selon le
ministre de la Culture Adrian Iorgulescu, en 2011. Coût de l'investissement: environ 78 millions d'euros
pour 112.000 m2 à réaménager. Le
bâtiment, aujourd'hui en ruine, avait
été inauguré en 1986, date toujours
inscrite sur la façade principale.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
H
istorien à succès, Neagu Djuvara (notre photo) a lancé un pavé dans la
mare de l'historiographie roumaine, en montrant l'importance décisive des
Coumans dans la formation de la première dynastie valaque et la naissance du "pays roumain". À côté du débat scientifique, le risque est grand de voir naître
une nouvelle polémique sur l'ethnogenèse et le "mythe des origines nationales",
comme le rapporte Nicolas Trifon dans "Le Courrier
des Balkans".
Ancien diplomate et historien, 91 ans, bon pied
bon œil, l'esprit critique plus alerte que jamais, Neagu
Djuvara est une figure assez familière aux Roumains
en raison de ses interventions à la télé et du succès de
sa Brève histoire des Roumains racontée aux jeunes
(huit éditions depuis sa parution en 1999 ). Avec le
livre qu'il vient de faire paraître, Thocomerius-Negru
voda, un voïévode d'origine coumane aux débuts de
la Valachie, il jette un nouveau pavé dans la mare [1].
"Tout ce que nous faisons pour mystifier notre passé
se retourne forcément contre nous", lance-t-il à
l'adresse de ses confrères et de ses compatriotes.
Basarab 1er, fondateur
de la dynastie valaque, n'était pas Roumain
Le fondateur de la dynastie valaque, Basarab I (1330-1352), n'était pas roumain
mais couman. Son nom vient de "basar" et de "aba", qui signifient "dominer" et
"père" dans la langue de ces envahisseurs nomades issus du monde touranien, comme
les Avares, les Protobulgares, les Pechénègues, qui les ont précédés, et les Tatares,
arrivés plus tard . Les Coumans avaient campé en Valachie (comme en Moldavie et en
Ukraine) pendant le siècle qui a précédé la grande invasion tatare de 1241, avant de
se diriger vers le sud et de traverser les Carpates.
La Valachie (la région située à l'est de l'Olt) s'appelait en ce temps Coumania. Le
nom désignant en roumain la principauté de Valachie, Tara româneasca, est attesté
pour la première fois seulement au XVIe siècle, dans un acte privé. Jusqu'au XVIIIe
siècle, on l'appelait Vlaskoe Zemlia, le slavon étant la langue de l'église et, en partie,
de la cour. La "coumanité" du père du fondateur de la dynastie des Basarab, de celui
que l'on appelle Negru voda [prince noir] dans la tradition roumaine, ressort du nom
sous lequel il figure dans une chronique hongroise, Thocomerius, abusivement transcrit par la forme slavo-roumaine Tihomir .
Ce personnage, dont on sait peu de choses et auquel on attribue la première unification des structures politiques locales en Valachie, provenait d'au-delà des Carpates,
du pays de Fagaras, administré par le roi de Hongrie. Autrement dit, les premières
structures étatiques en Valachie (comme plus tard en Moldavie) étaient des créations
du royaume de Hongrie, des Etats tampons destinés à consolider la défense de ses
frontières.
Vassal du royaume de Hongrie
Thocomerius et son fils, Basarab I, n'étaient pas orthodoxes mais catholiques. En
effet, après avoir longtemps refusé la christianisation et combattu les Hongrois, les
Coumans noirs, se sentant menacés par les Tatares, ont fini par demander au roi de
Hongrie le baptême (catholique) collectif. C'est le fils de Basarab I, Alexandre (13521364), qui, après sept ans de règne, se rebaptisera orthodoxe (en prenant le nom de
Nicolas Alexandre) permettant la fondation en 1359 de l'archevêché d'Hongrovalachie
par le patriarche de Constantinople.
Immigration
A la Une
Le destin de deux femmes dans un monde impitoyable
Marina de Suceava… Marisa de Bogota
B
eau personnage de “mater dolorosa” moderne,
Marina a quitté la Roumanie juste après la
"Révolution" pour gagner sa vie, laissant ses deux
enfants en bas âge aux soins de ses parents. En France, elle fait
des ménages chez des particuliers et dans des entreprises. "Je
veux que mes enfants fréquentent une bonne école et aient une
autre vie que moi." Pour réaliser cet objectif, elle envoie
presque tout son salaire à sa famille.
Après quinze années d'exil, elle a décidé de rentrer, pour
retrouver ses enfants, âgés maintenant de 18 et 16 ans. Lors du
dîner d'adieu qu'elle a partagé avec la communauté des émigrés roumains, une femme l'a avertie: "Tu vas avoir du mal à
te faire aimer d'eux."
Dès son arrivée, les désillusions s'amoncellent Ses enfants
lui reprochent d'être partie. Son fils la fuit. Sa fille cherche à
comprendre: "Je sais qu'elle est partie pour notre bien, mais
j'ai souffert d'un manque de tendresse." Avec ses parents, le
choc est tout aussi douloureux. Sa mère, qui a élevé onze
petits-enfants dont les parents s'étaient exilés par manque d'argent, la traite d'ingrate. Son père n'accepte pas qu'elle veuille
vivre sa vie de façon indépendante.
Câlins et gâteaux
Marina a envoyé beaucoup d'argent pour la construction
d'une maison où elle comptait vivre avec ses enfants. La visite au chantier lui tire des larmes: son père a organisé la
construction d'une maison bien trop vaste, qui est loin d'être
achevée. "Pendant quinze ans, j'ai travaillé pour ça, je ne dormais presque pas, je me levais tous les jours à 5 heures du
matin, je nettoyais des WC, courais d'un employeur à l'autre
sans manger. Il fallait toujours que j'envoie encore et encore
de l'argent. Pour ça!"
Lorsque elle se rend à l'école de ses enfants, en voyant les
gestes affectueux des parents qui accompagnent les petits câlins, recommandations, gâteaux glissés dans le cartable -,
elle comprend ce qui leur a manqué et ce dont elle a été privée.
De même, avant son départ de France, elle s'est offert sa première escapade en quinze ans: elle a visité Paris, la tour Eiffel,
les Champs Elysées, Notre Dame, pris le “bateau mouche”.
Tout à coup, le monde s'est révélé à elle comme un espace plus
vaste que ces séries inexorables de pièces à nettoyer, d'argenterie à briquer.
Rentrée voici un an en Roumanie, Marina a repris sa vie
en main. Ses enfants se sont éloignés, mais la tendresse peut
enfin s'exprimer. Désormais, elle prend soin d'une nièce dont
la mère est partie travailler en Suisse. Elle l'emmène au cirque:
dans la pénombre dorée du chapiteau, la petite et la grande
rient, main dans la main, en regardant les clowns.
Marina s'appelle en fait Marisa. Elle est Bolivienne, et
comme nombre de ses compatriotes, elle a fui la pauvreté en
venant travailler en Israël et n'a pas visité Paris mais Jérusalem
avant de retourner dans son pays. Elle a été l'objet d'un film
documentaire israélien "Le sacrifice d'une mère ", passé en
toute fin de soirée le 26 novembre sur Arte, dans l'émission "
Grand format".
Marina de Suceava… Marisa de Bogota, le même destin
de femme dans un monde impitoyable. Les pays riches, dont
la France, consacrent tout juste 0,18 % de leur PIB à l'aide aux
pays pauvres, tous continents, dont l'Europe de l'Est, compris.
Pénurie de main d'œuvre en Roumanie: bourse
de l'emploi en Italie pour le retour des expatriés
L
es autorités roumaines prévoyaient d'organiser une bourse des emplois à Rome, le 23
février, destinée aux travailleurs roumains, afin d'attirer la main d'oeuvre en
Roumanie, a indiqué peu auparavant le
Premier ministre Calin PopescuTariceanu.
"Il y a un sérieux manque de main
d'oeuvre en Roumanie. Le taux de chômage a baissé à 4%. L'année passée nous
avons créé 17.000 emplois. On doit augmenter la main d'oeuvre, afin de soutenir
le rythme de croissance économique
élevée. Des actions concrètes seront
entreprises bientôt. Une bourse de l'emploi destinée aux travailleurs sera organisée à Rome, où se rendront aussi les
employeurs de Roumanie. Plus de 1.500
emplois en Roumanie seront proposés.
Outre le salaire, on offre des tickets repas
et l'hébergement", a affirmé le Premier
ministre roumain.
“Ils gagneraient plus chez eux”
Les autorités roumaines utiliseront la
presse de langue roumaine d'Espagne et
d'Italie, tout comme les ambassades dans
ces pays en vue de la médiatisation de
leurs actions.
"Les représentants du milieu d'affaires soutiennent ce projet, étant donné
le manque de main d'oeuvre en Roumanie
qu'il faut combler. Cela peut paraître surprenant, mais je pense que beaucoup de
Roumains pourraient gagner plus en
Roumanie", a ajouté le Premier ministre.
Par ailleurs, l'Agence nationale pour
l'emploi (ANOFM) s'est connectée au
portail européen EURES, pour offrir des
services de conseil et d'intermédiation
gratuits sur l'emploi en Roumanie, a
annoncé, lors d'une conférence de presse,
Ionel Muscalu, président de l'agence.
Après l'adhésion de la Roumanie à
l'UE, l'ANOFM, en qualité de service
public, devait s'aligner au réseau
européen de services publics.
Les Services européens de l'Emploi mettent à disposition des employés et
employeurs un service d'information sur
les marchés européens de l'emploi. Les
objectifs du réseau visent au développement de la coopération entre les États
membres et entre leurs services publics
de l'emploi.
7
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Vie internationale
z
z
SUCEAVA
IASI
z
ORADEA
z
ARAD
TARGU MURES
z
z
z
SIBIU
TIMISOARA
z
z
z
CHISINAU
P. NEAMT
z
BRAILA
BRASOV
PITESTI
CRAIOVA
z
z
DEVA
z
z
PLOIESTI
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
(Suite de la page 8)
"Chez moi
je gagnais
600 euros par mois"
8
Gaz de France évincé du projet de
gazoduc Nabucco par la Turquie
z
BAIA MARE
SATU MARE
Célibataire et sans enfant, le Dr
Popoviciu justifie sa décision de s'expatrier par l'insécurité en Roumanie et
les questions économiques. "Dans
mon pays, je gagnais 600 euros par
mois", explique-t-il dans un français
correct, appris à l'école et au centre
culturel français de sa ville. Médecin
depuis treize ans, il a exercé en hôpital avant de s'installer dans un village
roumain un peu plus grand que
Seboncourt. L'ordre des médecins a
validé ses diplômes et un dispositif
d'accompagnement a été mis en
place pour accueillir le nouveau praticien, venu par la route au volant de
sa Logan: pendant les six premiers
mois, le loyer du cabinet médical et
de son logement seront pris en charge par la mairie.
"Son arrivée a aussi entraîné un
élan de solidarité rurale" se réjouit le
maire. Un particulier a rénové le cabinet et des médecins retraités ont fourni du matériel. "Mais de la part des
instances nationales, on n'a rien eu
du tout" déplore-t-il. Le Dr Popoviciu
reconnaît “avoir un peu peur", car il
ne connaît pas les mentalités locales.
Il remarque aussi "qu'en France, il n'y
a pas d'incitation financière pour s'installer dans des villages, comme c'est
le cas en Roumanie" et ajoute sans
détours : "Il y a aussi la paresse des
médecins français".
… "Le paradoxe, c'est que notre
usine de filtres de voitures va délocaliser en Roumanie une partie de sa
production" soupire, quant à lui, le
maire de la petite commune.
Bucarest veut aider
Paris à revenir dans le jeu
L
ors de la conférence de presse commune avec Nicolas Sarkozy, à l'issue de
sa visite-éclair à Bucarest le 4 février dernier, le président Traian Basescu
a souhaité que Gaz de France, qui opère déjà en Roumanie, soit associé au
projet de construction du gazoduc européen Nabucco, malgré le veto opposé par la
Turquie, laquelle reproche à Paris la décision du Parlement français de reconnaître le
génocide arménien. "La Roumanie sera un des pays qui soutiendront sa participation", a expliqué le chef de l'Etat roumain. "La France y est extrêmement sensible et
c'est très important pour Gaz de France de participer à ce projet", a de son côté indiqué le président français. Gaz de France a pris le contrôle de Distrigaz Sud Roumanie
en 2004 et alimente un million de foyers ou clients roumains dont Bucarest.
La hantise des Roumains de dépendre des Russes
Le projet Nabucco prévoit la construction d'un pipeline de 3 400 km pour acheminer le gaz d'Asie centrale et du Moyen-Orient, voire d'Iran, vers l'UE, de la mer
Caspienne jusqu'en Autriche via la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie,
afin de réduire la dépendance des Européens vis-à-vis des importations de Russie.
D'un montant total de cinq milliards d'euros et prévu pour 2012, le projet associera au moins six pays. Les cinq déjà associés (Turquie, Roumanie, Bulgarie, Hongrie
et Autriche) étaient à la recherche d'un dernier partenaire pour réaliser ce gazoduc.
Cette décision sur sa construction était attendue pour la fin 2007 mais avait été
reportée au premier trimestre 2008. Finalement, début février, le consortium a choisi
RWE, numéro 2 allemand de l'énergie, mais la porte ne semble pas fermée à une participation de Gaz de France. Le consortium regroupe désormais autour du chef de file,
le groupe autrichien OMV, le nouveau venu allemand, et les sociétés nationales Botas
(Turquie), Bulgargaz (Bulgarie), MOL (Hongrie) et Transgaz (Roumanie).
Par ailleurs, le géant russe Gazprom, qui soutient de son côté un projet concurrent,
baptisé South Stream - auquel Gaz de France a menacé de participer s'il était évincé
du tour de table - a aussi manifesté l'intention de se joindre au projet Nabucco. South
Stream est un projet russo-italien. La Russie envisage de faire de la Bulgarie un carrefour d'où partiraient deux branches de South Stream arrivant de Russie sous la mer
Noire, qui éviterait ainsi le passage par la Turquie: l'une vers la Grèce et l'Italie, en
passant par l'Adriatique, l'autre vers la Hongrie en passant éventuellement par la
Serbie. Cette opération s'inscrit dans une stratégie globale de Gazprom pour assurer
des débouchés à son gaz par le sud de l'Europe.
Bucarest et Moscou: de l'eau dans le gaz
L
a Roumanie perd des centaines de millions d'euros par
an car elle achète son gaz de
Russie en passant par des intermédiaires.
"Nous devons avoir une discussion
sérieuse avec Moscou afin de régler ce
problème", a déclaré le ministre de l'Économie. Début février, le journal
Cotidianul a fait sa Une sur la question :
"Le gouvernement cherche ses entrées au
Kremlin", affirmant que le ministre en
question avait essayé à trois reprises de se
mettre en contact avec Gazprom, la
sociéte d'État russe. Sans succès.
Moscou attendrait des "signes positifs", les Russes étant notamment intéressés par l'achat du producteur roumain
Romgaz... Pas à vendre, a répondu jusqu'à présent Bucarest. En 2007, la
Roumanie a payé son gaz 270 dollars
pour 1000 m3 alors que la moyenne
européenne était à 265 dollars. Ajouter à
cela les commissions des intermédiaires
qui peuvent faire monter le prix de 10%
et on comprend mieux sa facture à la fin
du mois.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Culture
Connaissance et découverte
L'art digital a sa galerie à Bucarest
L
'art digital a désormais sa place en Roumanie.
Inaugurée au printemps 2007, la galerie "115" est
la seule de son genre en Europe de l'est. Les
tableaux exposés ont un goût de nouveau millénaire, tout
comme la façon de les vendre.
Une oeuvre, une impression numérique et un droit de
reproduction limité. Voilà en trois mots ce qu'est l'art digital.
“115” est la première galerie de l'est de l'Europe dédiée entièrement à cet art. Il est vrai que les nombreuses toiles exposées
ont peu de chose à voir avec la peinture traditionnelle. Pour
être plus précis, cet art nouveau regroupe toute oeuvre créée ou
modifiée par un processus informatisé. Dans ces tableaux, on
retrouve parfois un graphisme de BD, parfois un univers de
science fiction, des montages photo. Des oeuvres résolument
modernes et inhabituelles dans une galerie d'art de Bucarest.
Le concept de vente est lui aussi tout à fait original. La
galerie possède la première imprimante dédiée à l'art. Elle permet d'imprimer directement une toile, tout en assurant à l'ar-
Livres
L
a Documentation française
vient de sortir une deuxième
édition de son Atlas de la
Roumanie, la première version ayant été
publiée en 2000. Cet ouvrage a été réalisé
sous la direction de Violette Rey, universitaire lyonnaise, membre d'honneur de
l'Académie roumaine, et d'Octavian
Groza, professeur à l'université de Iasi, en
collaboration avec de nombreux chercheurs, géographes, statisticiens, etc.
Cet Atlas de 200 pages, contenant
autant de cartes et graphiques, lesquels
sont commentés, est une véritable mine
d'or d'autant plus qu'il concerne tous les
"L'Atlas de la Roumanie":
une véritable mine d'or pour bien connaître le pays
domaines de la société, de la vie économique, politique, sociale, internationale.
Tous ceux qui s'intéressent à la
Roumanie peuvent ainsi se faire une idée
précise de la construction du territoire
roumain au fil des siècles, de la latinité de
la Roumanie et ses interférences culturelles, de la répartition des nationalités et
des religions dans le pays, de la destination des exportations actuelles et de la
provenance des importations, de l'origine
des capitaux et investissements étrangers,
des liaisons aériennes de TAROM, des
risques de tremblements de terre, de la
démographie roumaine, du processus de
Francophonie
L
tiste que la couleur électronique de son œuvre sera exactement
la même. Un autre avantage de cet "art printer" (impression
d'art) est que les pigments sont garantis 200 ans.
Le contrat que signe l'artiste avec la galerie contient un
nombre de reproductions déterminé à l'avance pour un territoire donné. Comme son nom l'indique, la galerie bucarestoise
peut imprimer 115 exemplaires de chaque toile, certaines
oeuvres pouvant également être présentées à l’étranger.
Cette méthode permet d'offrir des prix assez modestes
pour le monde de l'art, car le but est aussi de permettre aux
budgets plus modestes d'y accéder. Un concept sympathique
qui a cependant ses critiques.
Pour Octav Avramescu, de l'association "Jumatatea plina"
("La moitié pleine") qui promeut la bande dessinée en
Roumanie, une oeuvre d'art n'est pas reproductible car elle est,
par définition, unique. Le débat est ouvert. Quoi qu'il en soit,
cette galerie vaut le détour.
Jules RAVAUD. (www.lepetitjournal.com - Bucarest)
a dérive anglophone de la Commission européenne
s'accélère. En moins de dix ans, le français est
devenu une langue minoritaire au sein de l'exécutif
européen, utilisée dans seulement 14% des documents (et ça
diminue). Depuis que le Portugais José Manuel Durão Barroso
le préside, c'est toute l'information et la communication vers
l'extérieur qui se fait presque uniquement en anglais.
La preuve ? Au mépris de la règle non écrite de l'équilibre
entre les nationalités, le service du porte-parole, dirigé par
l'Allemand Johannes Laitenberger, est devenu un vrai bastion
anglophone. Sur 36 porte-parole, 9 sont britanniques et 4 irlandais, soit un tiers d'"English native speaker" ! Et ils n'occupent
pas des postes de second ordre, loin de là (concurrence, commerce, agriculture, etc.). Un tel déséquilibre linguistique n'a
pas de précédent Si on ajoute à cela 8 Allemands (qui n'ont
décollectivisation, des étapes de la transition, des différentes cultures agricoles, de
l'habitat, du monde urbain, des industries,
des services à la population (cinémas,
télévision par câble, bibliothèques, etc.),
des jumelages franco-roumains, etc.
L'Atlas de la Roumanie mérite d'être
salué pour ce qu'il est: un outil indispensable à la bonne connaissance de ce pays.
L'Atlas de la Roumanie, Violette
Rey, collection dynamique du territoire,
35 €. A commander auprès de La
Documentation Française, 29-31 quai
Voltaire, 75 344 Paris Cédex 07 (tel : 01
40 15 70 00, fax : 0140 15 72 30).
Dérive anglophone à Bruxelles
jamais été aussi bien servis), ce sont 21 postes sur 36 qui sont
squattés par trois nationalités. Là aussi, sans précédent! Les
Français, eux, doivent se contenter de deux postes mineurs.
Il y a certes aussi, fait-on valoir à la Commission, deux
Franco-Britanniques. Il faut reconnaître que les Italiens (2), les
Espagnols (2) et les Polonais (1) sont aussi mal servis que les
Français. Interrogé, Johannes Laitenberger réfute une telle
comptabilité: "Chaque choix est un choix individuel en fonction des besoins spécifiques du poste et du mérite des candidats disponibles." Ce que ne dit pas Laitenberger, c'est qu'un
porte-parole parlant ou écrivant mal le français pourra être
recruté sans problème alors qu'un tel handicap en anglais est
un obstacle définitif. A Paris, on se dit "préoccupé" par ce
déséquilibre qui fait tâche à quelques mois de la présidence
française de l'Union.
(Libération, le 08/01/2008)
45
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
A Montesquieu-Volvestre
peu de gens savent que l'enfant
du pays était célèbre en Roumanie
Peinture
z
ORADEA
z
CLUJ
ARAD
z
SUCEAVA
CHISINAU
z
BISTRITA
z
IASI
z
z
z
z
SIBIU
TIMISOARA
z
BAIA MARE
z
TARGU
MURES
GALATI
z
BRASOV
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Son village natal
veut reconstituer
sa vie et son oeuvre
44
La Roumanie semble conserver
au peintre une considération solide:
l'hommage de critiques d'art en
témoigne ainsi que la présence de
plusieurs œuvres au Musée d'Art
Moderne de Bucarest et dans des
collections privées.
Il est quasiment inconnu en
France où à peine une douzaine de
tableaux ont été recensés sur place.
L'Office de Tourisme de
Montesquieu-Volvestre et le Comité
Volvestre Roumanie, désireux de
rendre hommage à ce grand artiste,
sont à la recherche de documents et
d'œuvres "égarées" pour réaliser une
exposition.
Montesquieu-Volvestre veut
reconstituer l’oeuvre du peintre.
Ils s'adressent à tous ceux qui
pourraient aider à reconstituer la vie
et l'œuvre de l'artiste: "Chers lecteurs nous comptons sur vous ! S'il
vous plait adresse-nous vos informations. Voici nos coordonnées:
Office de Tourisme, 20 Place de la
Halle 31310 Montesquieu-Volvestre
email:[email protected]
Tel : 05.61.90.19.55
Fax : 05.61.90.19.55
Céleste Cazaux : 05.61.90.44.51
A
Montesquieu-Volvestre, village natal de Jean Neylies, situé à 70 km au
sud de Toulouse et tout proche de l'Ariège, deux biographies de chroniqueurs locaux des années 70 rendent hommage au peintre. Avec le soutien de l'Office de Tourisme de cette charmante bourgade de 2500 âmes, une équipe
d'habitants regroupée au sein du Comité Volvestre-Roumanie s'active pour donner
enfin la place qu'il mérite au prodigieux enfant du pays. Certains ont connu l'artiste
dans les dernières années de
sa vie mais les témoins
vivants se raréfient au cours
des ans. Trois d'entre-eux
témoignent.
Madame Boué (Bellesœur de Louis Higounenc,
neveu du peintre, prématurément décédé) parle de
lui avec tendresse et nostalgie: "J'étais jeune dans les
années trente quand je l'ai
connu. Il repartait souvent
en Roumanie avec sa femme
et aurait aimé que je les
accompagne pour découvrir
les fastes de Bucarest.
Quand il revenait en vacances à Montesquieu, il menait une vie saine, campagnarde.
Il pratiquait la pêche et pique-niquait souvent l'été, en famille ou avec de rares amis
d'enfance sur les bords de l'Arize, tout près de son domicile. Il peignait beaucoup dans
l'atelier très lumineux avec vue sur le Pont, sur la rivière qu'il aimait tant et sur le jardin. Il y accumulait les tableaux qu'il offrait souvent en paiement de services. A sa
mort et plus encore à celle de Madame
Neylies de nombreuses œuvres furent vendues aux enchères".
Madame Commenge fut dans sa jeunesse la voisine du peintre: "Quand il
était à Montesquieu il allait souvent à la
pêche et le reste du temps on pouvait le
voir au premier étage de son atelier, derrière la grande baie vitrée, occupé à
manier ses pinceaux. En raison de sa
grande discrétion, la population de
Montesquieu le prenait pour un original.
Elle ignorait qu'il avait fait les Beaux-arts
et qu'il était célèbre en Roumanie. A sa
mort la maison fut vidée d'une grande
partie des meubles et des tableaux".
Madame et Monsieur Duffau, propriétaires actuels de la maison du peintre
racontent: "en 1964 après la mort de Madame Neylies, nos parents ont acheté aux
enchères la maison du couple qui n'avait pas d'héritiers. Elle était dans un état de
délabrement avancé. L'atelier, de construction plus récente, nous l'avons conservé en
l'état. Nous y avons retrouvé des passeports de M. Neylies qui témoignent de séjours
en Roumanie, chez des amis, jusqu'en 1937, un an avant sa mort. Nous sommes de
plus en plus conscients que ses murs ont abrité un personnage hors du commun".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Son association a permis de mettre
un terme à une fraude aux fonds européens
Europe
Cristian Grecu: "La Roumanie peut devenir
un trou noir pour les contribuables européens"
C
hristian Grecu est le
président de l'association "Action civique
directe". C'est par hasard qu'il s'est
intéressé aux agissements frauduleux des autorités de la commune de Ceahlau, dans le judet de Neamt. Il était question d'un
projet de modernisation d'une route communale, financé par
les fonds de pré-adhésion Sapard. Cristian Grecu a raconté au
Petitjournal les nombreuses démarches qu'il a effectuées pour
dénoncer ce cas et les explications qu'on lui a données :
LPJ: Comment vous êtes-vous rendu compte qu'il existait une possible fraude ?
Cristian Grecu: Je passais souvent par cette route et j'observais que les travaux ne se déroulaient pas vraiment correctement. Avec mon association, on a alors commencé à s'intéresser à ce projet. Deux mois à peine après l'inauguration de la
route, on a constaté l'état désastreux des travaux. On a fait une
première session de photographies. J'ai saisi l'agence Sapard
en Roumanie ainsi que la Direction de contrôle antifraude. J'ai
demandé s'ils avaient fait des contrôles sur ce projet et ils ne
m'ont pas répondu. Lorsqu'ils ont vu que j'insistais, ils m'ont
fait savoir qu'il n'existait aucun problème. Toutes les
démarches que j'ai effectuées en Roumanie ont été soldées par
des tentatives d'intimidations, tant au niveau local que national.
LPJ: Vous vous êtes alors dirigé vers Bruxelles...
C.G.: On a fait encore deux sessions de photographies
pour voir comment évoluait la situation. J'ai envoyé au chef
de la délégation européenne en Roumanie d'alors, Jonathan
Scheele, un document que j'ai accompagné de photos. Il a pris
connaissance de la situation et il nous a dirigé vers l'OLAF
Politique
(Office européen de lutte anti-fraudes). Après une longue correspondance, l'OLAF a décidé de faire une investigation sur le
terrain, chose qui n'était jamais arrivée jusqu'alors.
"Si vous n'aviez rien dit, l'UE aurait payé"
LPJ: Quel a été le résultat ?
C.G: On a reçu les conclusions de l'enquête en septembre
2007, soit deux ans après le début de l'affaire. Celles-ci expliquaient que la somme allouée par l'Union Eropéenne pour ce
projet (qui se chiffre en centaines de milliers d'euros, ndlr)
avait été annulée entièrement. Le problème a donc été
transféré à l'État roumain qui n'a pas pu récupérer l'argent chez
ceux qui avaient commis l'infraction. Ce sont les contribuables
roumains qui ont payé. C'est d'ailleurs ce que l'on nous a dit
ici: "On sait qu'il y en a qui volent, mais si vous n'aviez rien
dit, c'est l'UE qui aurait payé. Maintenant, c'est nous tous qui
payons". Voilà le raisonnement.
LPJ: Que concluez-vous de cette démarche citoyenne ?
C.G.: Ça nous a demandé beaucoup de temps et d'investissement. Et nous ne pouvons pas compenser le manque de
transparence entre les autorités roumaines et européennes.
Nous, citoyens, nous sommes pris entre différentes bureaucraties qui ont chacune leurs règles. La corruption est généralisée
dans notre système. Il y a beaucoup d'autres projets dans toute
la Roumanie qui sont dans des états déplorables. La réalité est
simple, mais il faut aller sur le terrain. S'il n'existe pas de réactions rapides, la Roumanie risque de devenir un trou noir pour
les contribuables européens.
Propos recueillis par Jonas MERCIER.
(www.lepetitjournal.com - Bucarest)
L'ex-roi Michel demande l'abolition de la loi salique
L
'ex-roi Michel de Roumanie (notre photo : avec sa fille aînée, Margareta)
vient de demander au Parlement d'abolir la loi salique en cas de rétablissement de la monarchie. Il faut préciser que l’ancien souverain a… cinq filles.
La loi salique. Une expression juridique qui rappelle de lointaines leçons d'histoire. Lorsque l'on apprenait que cette dure loi, qui pourtant n'a pas toujours existé, justifiait l'exclusion des femmes du droit de succession à la terre et de la succession à la
couronne de France, notamment.
30 décembre 2007. L'ex-roi Michel de Roumanie, qui a abdiqué il y a 60 ans sous
la contrainte des communistes, demande au Parlement de "renoncer à l'application de
la loi salique". Ce, dans le cas, improbable, où son pays déciderait le rétablissement de
la monarchie. Lors d'une cérémonie dans son château de Seversin (Arad), l'ancien roi
a signé les nouveaux statuts dynastiques de la famille royale. Et a désigné sa fille aînée Margareta comme son "successeur".
Que nous vaut ce rétablissement anachronique de l'égalité? C'est que l'ex-souverain et son épouse Anne de Bourbon Parme ont
eu cinq filles. Aucun héritier mâle! Du coup le petit fils naturel de Carol II, Paul Lambrino, tentait sa chance depuis des années,
essayant de se faire reconnaître comme héritier de Michel, son père étant le demi-frère de l'ex-souverain…
Michel a donc décidé de demander l'abolition de la loi salique, ajoutant un alinéa précisant que tout descendant de Carol II,
autre que lui-même, est exclu de la succession.
9
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Le village tsigane
Moldavie
z
BAIA MARE
ORADEA
z
CLUJ
z
TARGU MURES
IASI
BRASOV
z
z
z
CHISINAU
z
DEVA
z
z
z
ARAD
GALATI
z
SIBIU
TIMISOARA
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Des habitants réduits
à l'état de fantômes
10
A Schinoasa, même les
SCHINOASA
z
SUCEAVA
Il y a plus de 4 ans que le village
de Schinoasa, district de Calarasi,
n'est plus mentionné dans les documents officiels. Pendant la dernière
réorganisation administrative-territoriale, les fonctionnaires ont oublié
d'enregistrer cette localité qui à plus
de 200 habitants.
Les villageois n'ont
même pas essayé
de démontrer qu'ils
ne sont pas des
"fantômes", considérant que le village a
été intentionnellement effacé de la
carte. Ayant appris
récemment qu'ils
recevraient la visite
d'hôtes de Chisinau,
des dizaines
d'hommes et de
femmes se sont bousculés dans le
centre du village, lors de leur venue.
Tous voulaient faire connaître leur
peine. Des larmes aux yeux, ils ont
raconté qu'ils étaient confrontés à un
manque chronique de conditions élémentaires de vie - pas de magasin,
de vraie école, de centre médical...
L'aqueduc, le gazoduc, est pour eux
un luxe dont ils peuvent seulement
rêver. Les habitants qui sont restés
puisent de l'eau dans trois puits, car
celle de la plupart des autres, peu
nombreux d'ailleurs, n'est pas
potable, étant mélangée avec de la
boue et du gravier. En fait, la mauvaise qualité de l'eau est la cause de
toutes les maladies dont ils souffrent.
La plupart des enfants ont subi une
opération d'appendicite, et les adultes
ressentent des douleurs aux reins.
L
e village de Schinoasa (nos photos), habité exclusivement par des
Tsiganes, est isolé de la civilisation et a disparu de la carte de la Moldavie,
n'étant plus mentionné dans les documents officiels. Aucun chauffeur ne
risque de le traverser à cause des chemins qui sont dans un état déplorable. La localité est située sur une colline, elle est entourée de forêts et de champs de blé et de maïs.
Ici, dans des maisons d'argile, sans fenêtres, ni portes, habitent "une poignée" de gens
affamés et assoiffés. "Nous n'avons pas d'argent même pour la nourriture, sans parler de portes et de fenêtres....", se lamente Valentina Ciobanu, une jeune femme de 30
ans, ajoutant "Même les voleurs s'enfuient à cause de la pauvreté".
Ecole dans la forêt quant il fait chaud
Valentina Ciobanu, son mari et leurs quatre enfants disposent de seulement deux
petites pièces. Tous les membres de la famille dorment sur des lits de bois couverts de
linge déchiré. La table et l'armoire sont improvisées à partir de caisses de bois.
"Le plus difficile, c'est en hiver. Nous bloquons les fenêtres et les portes avec des
torchons, et nous chauffons la maison avec des branches sèches. Pourtant, on a froid.
Heureusement, nous sommes nombreux et nous nous réchauffons l'un l'autre", dit la
femme en larmes.
L’ensemble des enfants de Schinoasa
portent leurs habits jusqu'à ce qu'ils deviennent des haillons. Ils mangent une fois ou,
maximum, deux fois par jour. Ils vont à ce
qui sert d'école seulement pendant quatre
années. Certains n'y vont pas et ne savent ni
lire, ni compter. "Un professeur de l'école
primaire du village voisin y vient pour enseigner à nos enfants. Quand il fait chaud, les
cours se passent dans la forêt. Ceux qui veulent vraiment apprendre doivent aller à l'école de Tibirica. Mais la plupart n'ont pas
d'argent pour acheter des livres et des
cahiers", confie Stanislav Apostoliuc.
Pour trois euros par jour
Les habitants de Schinoasa n'ont pas
d'emplois permanents. Du printemps à l'automne, ils travaillent comme journaliers dans
les villages voisins, en gagnant 50 lei par jour
(3 €). Parce que les familles sont grandes - 6
à 7 membres - les enfants doivent travailler,
eux-aussi.
Antonita qui a 12 ans et sa soeur
Valentina qui en a 14 doivent biner toutes
seules 10 ares de maïs. De petite taille, maigres et fatiguées, les filles "se perdent"
parmi les mauvaises herbes. Leurs parents travaillent chez un fermier du village voisin et leurs frères cadets font le ménage et préparent les plats "traditionnels", des pâtes
ou des galettes de blé. Même quand on leur parle, les filles ne cessent pas de biner.
Elle disent qu'elles doivent finir le travail le soir même parce que le lendemain matin
elles sont engagées ailleurs. "Nous sommes fatiguées, mais quoi faire? Si nous ne travaillons pas maintenant, nous mourrons de faim en hiver. Maman et papa travaillent
tout l'été, nous sommes leur unique support. A cause de la sécheresse, cette année-ci,
le maïs se fane. Je crains que nous n'ayons pas de récolte", redoute Valentina.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Jean Neyliès etait devenu le peintre favori de la Cour royale
jeune coiffeur doué pour le chant et la peinture
musique s'apprenaient avec un sentiment de complémentarité". Nous ne savons rien de son passage au Conservatoire.
Par contre, il acquiert à l'école des Beaux-Arts une formation
académique rigoureuse. Il participe à la vie artistique de la
capitale et expose dans les salons officiels.
Le temps des vaches maigres et la vie de bohème ne sont
qu'un mauvais souvenir. Sa vie matérielle est assurée par son
travail dans l'atelier de Gérôme. Il profite aussi des largesses
du professeur Marinescu dont il illustre le traité de neurologie.
Il est autorisé à concourir avec La légende de Maître Manole
au prestigieux prix de Rome et obtient pour cette œuvre le prix
Chenavard aux Beaux-Arts.
Commandes de la Reine Marie
pour décorer les résidences royales
Nous sommes en 1897. A 28 ans, Jean Neylies, marié à
Marie-Josèphe Eolet, mannequin et modèle à Paris, quitte
l'atelier de Gérôme et la France pour suivre en Roumanie le
professeur Marinescu. Celui-ci l'installe dans son logement de
fonction à l'hôpital Colentina de Bucarest. Il l'introduit dans
les milieux artistiques et mondains. La Reine Marie lui commande fresques et tableaux pour décorer les résidences
royales.
Jean Neylies est appelé à l'Ecole Nationale de Bucarest au
titre de conseiller et enseignant. Il participe aux manifestations
organisées par la Jeunesse Artistique. L'exposition de ses
œuvres qu'il organise en 1903 à Bucarest reçoit un accueil élogieux de la critique. Ce sont pour lui et son épouse de grandes
années de belle vie roumaine.
S
aisissant raccourci de l'histoire… alors que Constantin
Brancusi s'apprêtait à quitter
son village natal d'Hobita en Olténie pour
gagner à pied Paris (1904) où il révolutionnera l'art de la sculpture, devant le
plus grand sculpteur du XXème siècle, un
autre paysan, Français celui-ci, devenu
l'un des plus grands peintres de
Roumanie, avait fait le chemin inverse,
sept ans plus tôt. Voici ci-dessous la biographie de Jean Neylies :
23 décembre 1869 - Naissance de
Jean Neylies à Montesquieu-Volvestre
(Haute- Garonne) dans une famille
d'agriculteurs. (mère couturière)
1887 ou 88 (18 ans) Part à Paris
pour faire carrière dans la coiffure. Les
premières années sont très difficiles.
Il rencontre le professeur Georges
Retour en France et désillusions
Les meilleures choses ont une fin. En 1914 Jean Neylies
et son épouse retournent en France. Est-ce la déclaration de
guerre ou une simple nostalgie ou la jalousie de ses pairs qui
provoque cette décision? Ce qu'il n'a pas perdu cependant,
c'est l'estime de la Maison Royale de Roumanie qui lui accorde une pension annuelle à la condition de se déplacer chaque
année pour la recevoir. C'est ainsi que Jean Neylies redevenu
montesquivien achète une maison à laquelle il ajoute un atelier. Il y préparait une collection de tableaux et organisait tous
les ans à Bucarest une exposition très attendue et payée d'un
succès total.
Cela dura plusieurs années. Puis des difficultés apparurent: moins d'expositions possibles, une pension de plus plus
aléatoire. Alors il peint pour la population locale. Découragés,
déçus, les Neylies se voient obligés à un train de vie restreint.
La santé du peintre s'altère. Le 23 juillet 1938, à 68 ans il
meurt presque brutalement dans sa maison de Montesquieu
très peu de temps après la perte de son ami Georges
Marinescu. Son épouse lui survécut de nombreuses années et
finit ses jours à 95 ans dans un complet dénuement.
Ainsi pourrait se résumer la vie de ce peintre atypique sur
laquelle le docteur bucarestois Constantin Bogdan a fait des
recherches et écrit un article pathétique: "le destin roumain de
l'Etranger". Une certitude cependant, d'après Tudor Octavian:
"un bon tableau de Jean Neylies doit impérativement faire
partie de toute collection sérieuse concernant les premières
décennies du XX ème siècle."
Céleste Cazaux et André Berthoumieu
Comme Brancusi… dans le sens inverse
Marinescu, éminent
neurologue
roumain, qui lui conseille de s'inscrire
aux Beaux-Arts et au Conservatoire.
Pendant 9 ans - Il peint dans l'atelier
de Léon Gérome.
Il concourt pour le grand prix de
Rome. Il obtient le prix Chenavard.
1897 (28 ans) Le professeur
Marinescu l'emmène à Bucarest pour
exécuter des dessins d'anatomie.
Il l'installe dans un logement de fonction à l'hôpital Colentina et l'introduit
dans les milieux aisés.
Son talent est rapidement apprécié:
- Il est sollicité par la reine Marie
pour réaliser des tableaux et des fresques
dans les résidences royales.
- Il devient conseiller à l'école nationale des Beaux-Arts de Bucarest.
1903 (34 ans) Il réalise sa première
exposition personnelle en Roumanie
1914 (45 ans) Il revient en France à
Montesquieu-Volvestre, son village natal,
avec une pension du gouvernement roumain. Il continue à peindre et revient très
souvent à Bucarest. Ses expositions y
sont appréciées.
23 juillet 1938 (68 ans) Il meurt à
Montesquieu-Volvestre, presque subitement, après une baignade.
Il était marié à Marie Josèphe Eolet,
mannequin et modèle à Paris. Le couple
n'ayant pas eu d'enfant, comme il n'existait aucun héritier à la mort de Madame
Neylies en 1964, les œuvres
furent vendues aux enchères.
L'Office
de
Tourisme
de
Montesquieu-Volvestre possède deux
fusains. (scènes de la vie rurale en
Roumanie)
43
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Natif de la région toulousaine,
Peinture
Le destin roumain d’un
SUCEAVA
z
z
CLUJ
ARAD
z
z
z
z
BISTRITA
z
z
z
TARGU MURES
ALBAC
z
z
IASI
SF. GHEORGHE
BRASOV
GALATI
z
SIBIU
TIMISOARA
z
BAIA MARE
ORADEA
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Peintre des humbles
et des paysans
42
Jean Neylies (1869-1938, prononcer Neylis) fait partie des "peintres
roumains oubliés" à qui Tudor Octavian rend hommage dans son ouvrage paru en Roumanie en 2003.
D'origine paysanne, le Français roumanisé se montra très sensible aux
scènes bucoliques, aux fêtes champêtres, aux paysages grandioses. Sa
peinture, très académique, peut
paraître aller à contre sens de l'extraordinaire bouleversement que connût
cet art dans ce début du vingtième
siècle. Disciple de Courbet et ancien
élève de Gérôme, il jeta un regard
tendre vers la réalité. Cette sorte de
"vérisme" fait de lui un peintre des
humbles, des paysans. Les couleurs
franches, les contrastes, les touches
grasses confèrent à ses tableaux une
grande force affective, spirituelle pour
certains. Tudor Octavian dit que "ses
toiles, surtout les petites, semblent
des fragments d'un panorama de la
société roumaine" avec "une perception moins conventionnelle que celle
de Grigorescu".
M
onté à Paris pour y devenir coiffeur, le gamin issu d'une famille très
modeste de Montesquieu-Volvestre (Haute-Garonne) Jean Neylies
deviendra l'un des plus grands peintres roumains. Récit d'une histoire
sortant de l'ordinaire… où, alors que tant de Roumains ont apporté à la France, dans
différents domaines, ce sera l'inverse qui ici se produira. A l'image du médecin-chirurgien Carol Davila, parti de Nantes pour devenir le fondateur de la médecine moderne en Roumanie, un Français va laisser sa marque dans le patrimoine, cette fois-ci culturel, roumain.
Père paysan, mère couturière
Jean Neylies est né à
Montesquieu-Volvestre, en
Haute-Garonne,
le
21
décembre 1869, dans une
famille très modeste. Son
père était un de ces cultivateurs qui labouraient des
lopins de terre disséminés
dans la campagne et que l'on
appelait
pour
cela
"parçonèrs". Sa mère était
couturière.
Les dures conditions de
travail, une existence précaire, ont poussé les parents à donner à leur fils un métier qui pourrait lui permettre d'échapper à leur condition. Jean avait révélé très tôt d'excellentes dispositions pour le
dessin et la peinture. Mais à Montesquieu et dans les environs, les parents ne voyaient
pas de professions correspondant à ses dons. Un oncle possédait à Foix, dans l'Ariège,
un salon de coiffure qui le faisait bien vivre. Cet antécédent familial décida les parents.
Jean sera coiffeur. Monsieur Rougé, leur ami et coiffeur de son état, accepte de le
prendre en apprentissage. Combien de temps dura cet apprentissage ?
Pierre Lattes, dans une de ses chroniques raconte que: "le jeune Jean Neylies, sa
formation professionnelle terminée, monta à Paris pour acquérir la maîtrise dans son
métier". Elie Abeille et Henri Ménard dans Histoire de Montesquieu-Volvestre donnent la date de 1888 pour ce départ à Paris. Or, Jean Neylies exécute en 1887 et 1888
des copies de grands maîtres, Rubens et Murillo, qui sont exposées dans l'église SaintVictor de Montesquieu.
Rencontre décisive au Louvre avec
le neurologue roumain Georges Marinescu
Arrivé en Roumanie dix ans avant
la mort du grand peintre, véritable
monument national pour ses compatriotes, Jean Neylies fait partie de ses
successeurs à qui Grigorescu a offert
l'occasion de continuer et d'approfondir l'art d'une peinture nouvelle,
comme "une exclamation d'étonnement devant la nature et la lumière".
Jean Neylies fut-il un temps coiffeur à Paris ? Peut-être…Mais toujours animé de
goût artistique, il abandonne bien vite les outils du barbier pour s'inscrire à l'école des
Beaux-Arts sur les conseils et avec le soutien d'un étranger. Au Musée du Louvre, il
avait attiré l'attention de Georges Marinescu par ses dons exceptionnels pour le dessin
et le maniement des couleurs.
Le savant neurologue roumain, qui s'était lié d'amitié avec lui, le fit entrer dans
l'atelier de Jean-Léon Gérôme, peintre officiel, professeur connu pour son souci du
détail objectif et son goût du fini, que l'on retrouve dans les tableaux de Neylies. La
coiffure ? Elle est bien loin de ses préoccupations d'autant plus que notre nouveau
parisien s'inscrit aussi au Conservatoire de Musique !
Tudor Octavian écrit dans son ouvrage Peintres oubliés roumains (Ndlr: malheureusement disponible uniquement en roumain) qu'"à cette époque la peinture et la
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
a été rayé de la carte par les autorités
voleurs s'enfuient à cause de la pauvreté
Partir en Russie pour payer les dettes
Quelques habitants du village sont partis en Russie où ils
travaillent dans le secteur agricole. Pour payer le prix du billet,
ils empruntent de l'argent aux habitants du village voisin.
"Nous sommes accablés par les dettes. A l'étranger, nous
binons la betterave, les pommes de terre etc., et l'argent gagné
nous suffit juste pour rembourser ce que nous devons et pour
acheter un sac de farine et un autre de pâtes. L'année passée,
j'ai eu un accident de la route et j'ai eu une fracture de la
colonne vertébrale. J'ai dû emprunter 16 000 lei pour l'opération (1000 €). J'ai laissé comme garantie mon unique fortune:
ma maison. Autrement, j'aurais pu rester paralysé, et j'ai encore trois enfants à élever. Dans quelques mois, je devrai rembourser les dettes mais je ne sais pas d'où prendre l'argent",
soupire Gheorghe Vornicu.
"Je n'ai jamais mangé de la viande"
Chaque famille possède environ 10 ares de terre où l'on
cultive du maïs, des haricots, des pommes de terre. Vu l'absence de système d'irrigation, elles ne peuvent pas cultiver des
tomates ou des concombres. Toujours à cause de la pauvreté,
les gens ne peuvent pas non plus
élever des animaux domestiques.
Le pain est un "luxe" - seulement
quelques personnes ont le courage de parcourir à pied deux
kilomètres pour aller en acheter.
D'habitude, les villageois
cuisent des galettes. "Nous faisons de la soupe de grains de
maïs, de haricots et de pommes
de terre. Ma mère dit que la
soupe est plus savoureuse si l'on
y ajoute de la viande. Moi, je n'ai
jamais mangé de la viande. J'ai
entendu qu'il existe des bonbons
et de la glace mais je n'en ai jamais mangé", assure Olguta,
une fillette de 9 ans.
L'année passée, certains villageois ont dû manger de l'herbe. Ayant épuisé toutes les réserves, une vieille femme qui prenait soin de ses cinq petits-fils en a préparé un plat. "La
pauvre, elle a ramassé de l'herbe dans la forêt, elle l'a fait
bouillir et elle l'a mise sur la table. Un vieillard a mangé de la
terre pour apaiser sa faim. Il mangeait en pleurant. Quoique
nous soyons pauvres, nous-aussi, nous ne sommes pas restés
indifférents face à leur peine. Nous avons collecté des produits
alimentaires pour eux. Personne ne connaît notre existence,
même Voronine. Si on ne nous entend pas, nous protesterons
devant la mairie de Tibirica", s'indigne Maria Rotari.
Stanislav Apostoliuc croit que ce n'est pas par la faute des
fonctionnaires que le village a "disparu" de la carte. "Nous
sommes un village-problème et personne n'a besoin de nous.
Nous nous sommes plaints plusieurs fois sans aucun résultat.
Où est la justice ? L'état attend probablement que nous mourions de faim et de soif", ne décolère-t-il pas.
Incompétence et confusion communistes
Pendant la dernière campagne électorale, les villageois ont
pour la première fois vu un député en chair et en os. Ils disent
que probablement c'était par hasard qu'un parlementaire communiste, dont ils ne se rappellent pas le nom, soit passé par
leur village, ait écouté leurs plaintes, et les ait invités à voter
pour son parti.
Profitant de l'occasion, les villageois lui ont demandé
pourquoi il n'y avait pas de fonds prévus pour leur village. Il a
répondu qu'une confusion avait été commise. L'argent qui lui
était destiné a été gaspillé par les habitants du quartier
Schinoasa de Chisinau. Dès lors, les villageois haïssent les
habitants de la capitale.
C'est ainsi que, pendant une réunion du Conseil du district
de Calarasi, lorsqu'on discutait au sujet de la Stratégie de développement et de soutien aux ethnies, on a découvert que le village de Schinoasa n'était mentionné dans aucun document officiel, local ou national.
Le maire de Ibirica, Ion
Iurcu, a confié que le 24 mai
2007, selon une décision du
Conseil du district, l'erreur a été
réparée, le village de Schinoasa
étant finalement enregistré
comme partie composante de sa
commune. "La mairie avait
informé le Conseil du district de
Calarasi qu'une erreur avait été
commise pendant la dernière
réorganisation administrativeterritoriale mais le problème n'a
pas été examiné. Maintenant, on
doit pas à pas résoudre les problèmes des villageois de Schinoasa. Nous espérons que dans
quelques mois ils auront de l'eau potable. Dans le village, il y
a une école primaire qui fonctionne dans la cour d'un habitant...", affirme Ion Iurcu.
Les villageois de Schinoasa espèrent que les autorités
transformeront leurs paroles en actes, quoique peu d'entre eux
croient à leurs promesses.
Irina Codrean (traduction Valentina Ciobanica)
Article d'Irina Codrean, publié sur www.timpul.md, traduit par Valentina Ciobanica (16 ans), élève en XIième de
Cahul (République de Moldavie), membre JUNACT et repris
par la Lettre d'informations du portail francophone sur la
Moldavie www.moldavie.fr éditée par l'association d'amitié
franco-moldave "Les Moldaviens", présidée par Jean-Jacques
Combarel.
11
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
La Roumanie,
Economie
Premier objectif:
SUCEAVA
ORADEA
z
CLUJ
z
z
BAIA MARE
z
z
ARAD
TARGU MURES
z
z
z
BACAU
z
z
SIBIU
TIMISOARA
IASI
GALATI
z
z
BRASOV
PLOIESTI
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
„
BUCAREST
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Hausse vertigineuse
du déficit commercial
12
Le déficit commercial de la
Roumanie, exprimé en euros, a augmenté l'année passée de 44,35%,
arrivant à 21,502 milliards d'euros,
contre 14,895 milliards en 2006,
indiquent les données fournies par
l'Institut National des Statistiques
(INS). La Roumanie s'est placée en
5ème position dans le classement
des pays de l'UE ayant affiché des
déficits commerciaux aussi élevés
en 2007 (en valeur absolue), après
la Grande-Bretagne, l'Espagne, la
France et la Grèce.
Dette
Au 31 décembre 2007, la dette
externe à moyen et long terme de la
Roumanie s'est élevée à 36,728 milliards d'euros (+28,3% par rapport
au 31 décembre 2006). La dette
publique et publique garantie s'est
chiffrée à 10,370 milliards d'euros et
la dette privée à 23,139 milliards
d'euros (+39,8%).
Croissance 2008
estimée à 5,4 %
Cette année, selon le groupe
financier UniCredit, la Roumanie afficherait une croissance économique
de 5,4%. Le gouvernement prévoit
1% de plus. Le glissement annuel de
l'inflation se situerait à 5% (contre
6,7 % actuellement).
Les prévisions sont pessimistes
également pour ce qui est du déficit
externe (estimé à 14,8% du PIB) et
du déficit budgétaire (3% du PIB),
malgré la volonté affichée du gouvernement de se situer en dessous.
U
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
convoi de l'OTAN pendant la guerre du Kosovo existe bel et bien
la véritable histoire de "California Dreamin"
n convoi d'une vingtaine de moissonneuses-batteuses croise une charrette
tirée par un cheval. Ce contraste devenu l'image d'Épinal du monde rural
roumain, Thierry Bourgoing l'observe au quotidien. Ce jeune Français,
installé depuis six ans avec son épouse
dans la plaine valaque, gère une ferme pour
le compte de Michel Créteur, agriculteur
des Ardennes à l'origine du projet.
Son exploitation compte aujourd'hui
plus de 2000 hectares, mesurés par GPS,
contigus à des parcelles d'un hectare sinon
moins. Avant que ses tracteurs John Deere
ne sèment du blé derrière une récolte de
12000 tonnes de maïs, des Roumains du village viennent en famille ramasser les
débris qu'ils brûleront cet hiver pour se chauffer. D'autres chargent du maïs, récolté à
la main sur leur propre parcelle, qui alimentera leur unique vache et leurs quelques
poules. Cette autosubsistance paysanne est très répandue dans les campagnes roumaines, où vit, au jour le jour, hors du marché économique et des statistiques du chômage, près de la moitié de la population du pays.
Ils ne sont guère plus agriculteurs que les propriétaires d'immenses exploitations,
bradées depuis la chute du communisme dans des conditions douteuses, souvent mal
entretenues. Résultat: l'essentiel de la production agricole roumaine, qui contribue à
12 % du PIB, est de fait réalisé par une poignée d'exploitants. Le paradoxe de la
Roumanie est ainsi d'être un pays agricole en manque d'agriculteurs entreprenants.
Même s'il rit aujourd'hui de cette approximation, l'actrice - Mariana
Marilescu - ayant interprété son rôle, lui étant tombée dans les bras quand
il l'a rencontrée, l'appelant "Papa". La seule chose que Patracioiu n'ait pas
digéré, c'est d'avoir été présenté comme un mafieux, un corrompu. Invité à
Bucarest à la première du film, il n'a pas décoléré, déclarant que "jamais de
sa vie il n'avait pris un bakchich ou reçu un leu"… pour finalement pardonner au metteur en scène: "Je le comprends, çà faisait mieux dans l'histoire".
"Il est plus rapide d'importer des produits
agricoles de Turquie que de la Bucovine"
es téléspectateurs de France 2 ont suivi avec intérêt, sinon passion, la nouvelle de version de "Guerre et Paix" que la
chaîne a présentée en quatre épisodes, tout au long du mois de novembre. La critique a été à peu près unanime: il s'est
agi là d'une des meilleures adaptations du roman de Tolstoï. Cette version est due à un réalisateur roumain, Robert
Dornhelm, né à Timisoara le 17 décembre 1947 et parti vivre il y a 25 ans aux Etats-Unis. Loin d'être un inconnu, le cinéaste a une
longue carrière derrière lui, ponctuée de films majeurs qui ont été souvent primés.
Robert Dornhelm a déjà beaucoup réalisé pour le cinéma. Du documentaire The children of
Theater Street avec Grace Kelly en 1977, à la comédie Echo Park en 1986, en passant par le
drame avec Escape en 1996 ou Requiem für Dominik en 1990, il a su aborder des thèmes très
divers et travailler pour des productions américaines comme européennes.
Mais Robert Dornhelm est avant tout un homme de télévision. Depuis le succès de son documentaire Digital dreams diffusé en 1983 retraçant le parcours du bassiste des Rolling Stones, Bill
Wyman, le réalisateur a enchaîné les téléfilms et les mini-séries.
L'enjeu de l'entrée récente dans l'Union Européenne et dans la politique agricole
commune (PAC) est de faire émerger des entrepreneurs et, au lieu de l'agrobusiness
sauvage actuel, d'organiser les filières agricoles après des années de désordre. Le premier objectif est de rendre à nouveau le pays autosuffisant. La consommation roumaine a entamé son envol alors que le pays importe porcs, volailles, viande de bœuf
ou produits laitiers. Par manque d'infrastructures, "il est plus rapide d'importer des
produits agricoles de Turquie que de la Bucovine", remarque Stéphane Coroner,
conseiller français auprès du ministre roumain de l'agriculture. "L'adhésion à l'UE est
d'abord une énorme claque concurrentielle pour le pays", prévient-il.
Le maïs roumain est, lui, compétitif et s'exporte. L'an dernier, Thierry Bourgoing
en a exporté une partie par barge sur le Danube jusqu'au port de Constanta, sur la mer
Noire, pour servir d'alimentation animale en Espagne et en Italie. Par rapport à un pays
cloisonné comme la Hongrie, ce débouché maritime avantage la Roumanie pour desservir notamment les pays arabes. Mais son premier atout, dans un secteur où la surface cultivée détermine l'amortissement des charges, est d'offrir encore de bonnes
terres à louer, comme auparavant les plaines de l'ex-RDA et de la Pologne.
"Il faut être présent ici pour continuer d'exister en France"
Trente exploitations dépassent les 10 000 hectares, taille digne des surfaces australiennes ou argentines. Une île du Danube est même considérée comme la plus grande exploitation d'Europe: 56 000 hectares! "On réunit ici en quelques années une étendue qu'il faudrait un siècle en France à constituer", souligne Thierry Bourgoing. Les
qualités et la profondeur du fameux tchernoziom sont l'autre atout majeur. Cette terre
fertile, de couleur chocolat, exige peu d'engrais et de semences. Autant d'économies
sur les intrants qui donnent au maïs roumain "un des meilleurs prix de revient", selon
Patrick Valmary, consultant à Bucarest pour Caussade Semences.
Menacé par Basescu… puis recevant
une prime "pour avoir fait son devoir"
Finalement, Florin Patracioiu est très content d'être devenu un héro par
Cristian Nemescu, en discussion avec Armand Assante,
procuration. Il a même donné une suite au film, regrettant que Cristian
a attendu pendant un an que l’acteur
soit libre pour commencer le tournage de son film.
Nemescu n'ai pas pu la tourner: au retour des Américains, le chef de gare a
à nouveau bloqué leur convoi, mais cette fois-ci pour deux semaines et toujours pour le même motif, ne cédant pas aux injonctions
du ministre des Transports de l'époque… un certain Traian Basescu. Finalement le convoi a pu repartir, ses papiers étant en règle,
mais après avoir payé plus de 30 000 dollars de taxes… Cédant à la pression médiatique, le gouvernement a accordé à Florin
Patracioiu trois mois de salaires supplémentaires "pour avoir fait son devoir".
*Pielesti entretient des relations avec Chigny les Roses, près de Reims.
Le metteur en scène roumain s'est illustré avec la réalisation de "Guerre et Paix"
Robert Dornhelm : de Timisoara à la consécration hollywoodienne
L
Un habitué des Emmy Awards
En 2001, le Roumain s'attaque à l'histoire d'Anne Frank (Anne Frank : the whole story) dans
un téléfilm récompensé par de nombreux prix (Golden Globes, Emmy Awards - l'équivalent des
Oscarts pour la télévision, décernés également à Hollywood - Satellite Awards, AFI Awards, PGA
Awards...). L'année suivante, il revient sur les cinq dernières années de vie de Robert F. Kennedy,
le frère du président américain, dans RFK.
Robert Dornhelm rencontre de nouveau le succès en 2004 (plusieurs prix dont un Emmy Award) en adaptant Spartacus, toujours pour le petit écran, avec Goran Visnjic (Urgences) dans le rôle titre. Cette même année, il réalise pour la télévision La frontière de l'infidélité (Suburban Madness) et Ma vie volée.
En 2005, le metteur en scène participe à la réalisation d'une mini-série produite par Steven Spielberg encore une fois très
récompensée (16 nominations au Emmy Awards 2006): Into the West. Une fresque historique en 6 épisodes sur la conquête de
l'Ouest avec un casting de choix (Matthew Settle, Josh Brolin, Kerry Russell, Skeet Ulrich...). Avec l'adaptation télévisée de
Guerre et Paix, du romancier russe Léon Tolstoï, Robert Dornhelm a réussi le pari en 2007 de réunir à l'écran des acteurs venus
de toute l'Europe (Clémence Poésy, Alessio Boni, Valentina Cervi, Alexander Beyer, Ken Duken) pour une superprodution à gros
budget réalisée en partenariat avec les 10 chaînes publiques européennes: ZDF, Channel 2, France 2, la RTBF, Rai Fiction, Eos
Films, Grupa Filmowa Baltmedia, Poslat, AT-Production et Grupo Intereconomia.
41
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Cinéma
z
z
TARGU
MURES
ORADEA
z
z
z
z
z
ARAD
SIBIU
Florin Patracioiu ou
z
SUCEAVA
z
BAIA
MARE
z
P. NEAMT
BACAU
z
z
TIMISOARA
IASI
z
BRASOV
ADJUD
PITESTI
PIELESTI
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
CRAIOVA
Un film sur la
Roumanie profonde
40
Le chef de gare qui a bloqué un
Le tournage de Californi dreamin’,
le premier long-métrage du réalisateur
Cristian Nemescu, a commencé avec
un an de retard parce qu’il voulait
avoir à tout prix Armand Assante dans
sa distribution. Il y joue le rôle du
commandant des soldats américains
qui atterrissent dans un pays inconnu
et y restent bloqués à cause d'un chef
de gare téméraire. A deux jours de la
finalisation du montage un acccident
de voiture a causé la mort de
Nemescu et de l'ingénieur du son
Andrei Toncu. Les producteurs ont
décidé de laisser le film tel quel.
Armand Assante se souvient :
"Quand j'ai été présenté à Cristi
Nemescu, j'ai été tout suite impressionné par sa personnalité et son
sens de l'humour. Surtout quand il
parlait de la Roumanie dans le
monde. Je pense qu'il aimait énormément son pays et il avait croqué d'une
certaine façon son histoire et ses
effets sur la mentalité roumaine. Il
avait une énorme empathie pour son
peuple et il voyait comment les difficultés du passé de la Roumanie se
reflètent dans son présent. Son film
reflète ce qu'il ressentait comme étant
la Roumanie profonde, le respect réciproque et le respect pour soi-même".
Jouant l'autre rôle important, Doiaru,
le chef de gare, Razvan Vasilescu se
rappelle que le metteur en scène l'a
attendu un soir à la sortie du théâtre
Bulandra afin de lui donner le scénario. L'acteur a aimé l'histoire, le personnage et son attitude butée.
"Nemescu avait l'air de quelqu'un qui
ne sait pas exactement comment faire
un film, mais cette modestie m'a
impressionné", se rappelle Vasilescu.
C
alifornia Dreamin’ a fait l'évènement à Cannes, en mai dernier, en remportant le prix de la catégorie "Un certain regard", alors que "4 mois, 3
semaines et deux jours" de Cristian Mungiu recevait la Palme d'Or.
Dans ce film, distribué depuis fin octobre en France, le réalisateur Cristian Nemescu,
disparu tragiquement à l'âge de 27 ans dans un accident de voiture en août 2006, donne
une nouvelle preuve de la vitalité et de l'inventivité du nouveau cinéma roumain. Le
style caustique du cinéaste se déchaîne ici dans le cadre d'une petite ville plouc,
Capâlnita, où un convoi de l'OTAN en route pour le Kosovo, en 1999, est immobilisé.
A son bord, une escouade de marines américains bloquée par Doiaru - interprété
magistralement par l'acteur Razvan Vasilescu - un chef de gare qui, bien que n'étant
qu'une fripouille notoire, s'entête à réclamer aux passagers et à leur cargaison des
papiers en règle. La présence des
Américains commandés par le capitaine Doug Jones - Armand Assante - met
le village en émoi. Les jeunes filles se
jettent sur cette viande fraîche tandis
que le maire s'active pour plaider
auprès de ses hôtes forcés, bloqués
pendant cinq jours, la cause touristique
de sa commune. Un mélange de joie
générale et de gabegie collective plane
en permanence sur ce petit monde.
Florin Patracioiu, le vrai chef de gare, regarde son
personnage, interprété par Razvan Vasilescu.
Un cabochard à la fibre patriotique
Ce film picaresque, véritable tranche de bonheur, est inspiré d'un évènement
authentique, survenu le 3 juin 1999. Ce jour là, par une chaleur suffocante, le chef de
gare de Pielesti* - Capâlnita dans le film - un village de quatre rues à la sortie nord de
Craiova, a refusé de laisser passer un convoi de l'OTAN, tant que ses papiers n'étaient
pas en règle. Cet incident a fait la une de tous les médias roumains, alors que le pays
implorait son entrée dans l'organisation de défense militaire et qu'il paraissait invraisemblable de contrarier ne serait-ce-qu-un peu le bon vouloir des Américains.
Le cabochard chef de gare s'appelait Florin Patracioiu (Doiaru), 51 ans. Dans une
interview récente, celui-ci a précisé que le train était beaucoup plus long que celui du
film, comportant 18 wagons dont deux réservés aux passagers américains et dotés de
l'air conditionné. Mais surtout, le convoi n'avait été bloqué que pendant quatre heures.
Pendant ce laps de temps, Florin Patracioiu avait reçu de nombreux coups de téléphone de ses supérieurs, des autorités régionales, de Bucarest, le menaçant de le
mettre à la porte. Mais le chef de gare à la fibre patriotique sensible répondait invariablement et de manière désarmante: "Comment voulez-vous que je les laisse passer?… Ils n'ont pas de papiers ".
Vodka… mais pas russe pour les Américains
Le Roumain s'était montré cependant courtois avec ses "invités". Il leur avait
offert une vodka… qu'ils avaient refusé parce qu'elle était russe. Il avait suffi qu'il en
change l'étiquette pour qu'ils vident la bouteille. Leur chef, le major Jeff Thompson,
avait finalement pris son mal en patience. Finalement, des chefs douaniers, accourus
de Bucarest, avaient apporté les documents demandés, Patracioiu vérifiant avec attention qu'ils portaient bien les tampons salvateurs et donnant le feu vert au départ du
convoi. Le chef de gare note toutefois quelques différences avec le film. Dans la réalité, le maire de la ville n'a joué aucun rôle dans l'affaire. Contrairement à l'histoire
portée à l'écran, il n'a pas une fille, Monica, qui n'a qu'une envie, "se tirer du bled avec
un Américain pour ne pas pourrir sur pied ", mais deux garçons.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
nouvelle terre agricole pour l'Europe
rendre à nouveau le pays autosuffisant
La somme de toutes les charges représente 700 € à l'hectare contre près du double en France. Cependant, la sécheresse ou, l'inverse, les inondations, et la rudesse de l'hiver gelant
certaines cultures, les coûts d'irrigation ainsi que le coût plus
élevé des produits phytosanitaires à importer tempèrent cette
impression d'eldorado. Mais la montée progressive des aides
directes de la PAC (50 € par hectare en 2007 outre 300 € en
France pour le maïs actuellement) et l'amélioration attendue
des capacités de stockage pour moins subir la fluctuation des
cours mondiaux et des infrastructures devraient remuscler
dans les années à venir l'agriculture roumaine.
"Le pays offre un gros potentiel à la production et même à
l'export", a bien compris Pierre Jarreau, directeur commercial
en Roumanie du semencier Limagrain, pointant le maïs. Et le
tournesol. Le gouvernement roumain, par cette culture, ambitionne de faire du pays un exportateur de biodiesel et y incite
fiscalement. Devant cette distribution en cours des cartes agricoles dans l'UE, l'agriculteur Michel Créteur a fait le pari de la
Roumanie, comprenant que "pour les grandes firmes agricoles
françaises, il faut être présent ici pour continuer d'exister en
France".
Ne pas céder au tout intensif
Comment la population rurale vivant en autarcie, elle,
pourra continuer de survivre? Certes, les aides de la PAC déve-
loppement rural (1200 € par an pour un projet) visent à garder
les campagnes vivantes, mais personne n'en attend des
miracles. Elles permettront que se développe, par exemple, du
tourisme à la ferme dans les Carpates, propices aussi à des
filières de produits biologiques, mais rien de significatif. La
population des campagnes est âgée (70 % des exploitants individuels ont 55 ans ou plus et seulement 5 % ont moins de 35
ans) et exerce souvent plusieurs métiers, alimentant une économie informelle parallèle.
Le maintien de cette population en milieu rural arrange le
gouvernement, qui n'a pas intérêt à voir enfler les banlieues de
Bucarest, mais limite le développement du pays. Un système
de rente viagère incite les plus de 62 ans à céder leurs terres
aux jeunes pour qu'ils les reprennent et les réunissent en parcelles. Mais cette incitation financière remporte peu de succès,
alors qu'elle vise à constituer cette classe moyenne de fermes
familiales commerciales, de 300 à 400 hectares, qui font tant
défaut à l'agriculture roumaine.
"La distribution équilibrée sur le territoire de villes
moyennes à approvisionner s'y prêterait", estime Stéphane
Coroner. Vieillissement démographique oblige, les milliers de
maigres exploitations de survie paraissent en tout cas vouées à
disparaître. La difficulté pour l'agriculture roumaine, une fois
qu'elle sera vraiment de plain-pied dans le marché européen,
va être de ne pas céder au tout-intensif.
Sébastien Maillard (La Croix)
Pain au noir : l'Etat perd entre 400 et 500 millions d'euros par an
P
rès de 60 % de la production de
farine et de pain du pays se
ferait au noir, un pourcentage
que le ministre de l'Agriculture estime
même à 75 %. Ce sont ainsi un milliard
d'euros de chiffres d'affaires qui échapperaient à la TVA de 19 %, à la taxe sur les
bénéfices, sur les salaires, aux cotisations sociales, l'Etat perdant 400 à 500
millions d'euros de rentrées fiscales. Les
professionnels du secteur ne nient pas la
réalité de cette évasion, soulignant qu'elle est le fait non des grands fabricants,
mais des petits qui assurent la moitié de
la production nationale dans le
milieu rural ou les petites villes.
Ceux-ci se rendent le soir
aux moulins, repartent avec des
sacs de farine et remplissent
plusieurs camionnettes de pain
le lendemain. Des responsables
de coopératives ou d'associations de producteurs font la
même chose, s'arrangeant avec
les minoteries pour se mettre de
côté quelques sacs de farine. Difficile de
contrôler tous ces mouvements.
Selon le milieu professionnel, la
meilleure solution pour décourager ces
pratiques serait de ramener le taux de
TVA sur l’ensemble des produits de
panification à 7 %.
D'après les statistiques, reprenant les
indications fournies par les rentrées fiscales, les Roumains consomment annuellement 24 kg de pain, mais pour le
Premier ministre, ce chiffre est loin de la
réalité qui se situerait à un niveau cinq
fois supérieur, entre 115 et 120 kg.
"Le Roumain est connu comme étant
un gros mangeur de pain et pourtant,
officiellement, nous sommes loin derrière
les Allemands qui en absorbent 80 kilos"
a déclaré Calin Popescu Tariceanu, le
premier ministre. Première semaine
d'août, le fisc a déclenché une opération
coup de poing, vérifiant 1400 firmes de
ce secteur économique: 85 % se livraient
à l'évasion fiscale ou ne respectaient pas
la législation; 60 on été fermées et verbalisées pour un total de un million d'euros;
180 tonnes de blé et 120 tonnes de farine
non déclarées ont été saisies.
Charrettes
surveillées par satellite
La Garde financière a proposé au
gouvernement de prendre des mesures
encore plus draconiennes et de faire surveiller à partir de l'année prochaine les
charrettes et les camions qui transportent
ces produits par satellite, en utilisant un
système de GPS et vidéo.
13
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Economie
z
z
ORADEA
CLUJ
z
BAIA
MARE
Le numéro un mondial mise
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
z
IASI
z
z
ARAD
z
z
SIBIU
TIMISOARA
BRASOV
BÂRLAD
GALATI
z
BUZAU
PLOIESTI
CRAIOVA
z
z
„
BUCAREST
z
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Conjoncture: les
Suisses se veulent
plus rassurants
14
Malgré ses déboires, l'américain
Après les commentaires des plus
pessimistes sur l'évolution de l'économie roumaine, l'été dernier, la banque
suisse UBS estime à présent qu'une
dépréciation contrôlée de la monnaie
locale serait finalement bénéfique
pour l'économie et qu'elle éliminera
les "craintes exagérées" liées aux
risques potentiels pour la croissance
économique de la Roumanie. L'UBS
estime que la Roumanie "poursuivra
le processus de convergence avec
l'UE, dans les conditions où le PIB
continuera de s'accroître, la productivité de s'améliorer et la valeur nominale du PIB/habitant d'approcher la
moyenne européenne".
Gros salaires
Selon une analyse réalisée par le
quotidien "Ziarul Financiar", s'appuyant sur les données de l'INSSE,
les salaires nets mensuels les plus
élevés ont été touchés dans les secteurs suivants: Banques (913 €),
Transports aériens (722 €), Industrie
du tabac (626 €), Industrie pétrolière
(621 €), Industrie énergétique (565
€), Administration publique (545 €),
Assurances (537 €), TI & Recherche
(524 €), Poste et Télécommunications
(462 €), Services urbains (460 €).
Groupama se renforce
en Europe de l'Est
Déjà implanté en Bulgarie et
Roumanie,Groupama vient d'acquérir
un réseau d'assurances hongrois pour
près de 617 millions d'euros, filiale
d'OTP Bank, 3ème assureur du pays
avec une part de marché de 10 %.
L
'américain Smithfield investit en Roumanie en s'appuyant sur l'intégration
européenne et continue à voir très grand malgré ses déboires, survenus à
l'été 2007, à la suite de l'épidémie de peste porcine.. Depuis son rachat il y
a trois ans des actifs de l'ancien "combinat" d'élevage porcin de Timisoara, Comtim,
liquidé en 1999, le géant du secteur a entrepris de faire de la Roumanie un grand producteur et exportateur de porcs sous son enseigne, aussi établie en Pologne. "La
Roumanie est au centre de notre stratégie européenne", affirmait en 2006 Michael
Cole, vice président du groupe basé en Virginie, qui déclare avoir investi à ce jour l'équivalent de plus de 200 millions d'euros dans ce projet.
"Chaque dollar dépensé l'a été en misant sur une adhésion du pays à l'UE" expliquait le représentant de Smithfield sur place, Mircea Cotosman. A travers champs, au
volant de son 4 x 4, ce jeune Roumain formé aux Etats-Unis dévoilait les ambitions
de son groupe. L'intégration européenne des Roumains annonçait l'amélioration de
leur niveau de vie. "Ils consommeront plus de viande, donc plus de porc: 21 kg par an
et par habitant aujourd'hui, alors que la
moyenne en Europe de l'Ouest se situe audelà de 60 kg".
Or, même pour la faible consommation actuelle, le pays est importateur de
porc. Smithfield a fait ses calculs: d'ici à
2011, il veut élever 4 millions de porcs
par an. Il compte aussi monter ses parts,
déjà à 50 %, dans le capital des sociétés
de congélation (Frigorifer) et de distribution (Agroalim).
Il a mis aux normes un ancien abattoir destiné à 16000 bêtes par jour, installer des fermes pour les truies. Et surtout, il
envisageait de construire d'ici cette échéance 250 fermes pour y engraisser, dans chacune, 8000 porcs par semestre.
A une quarantaine de kilomètres de Timisoara, Mircea Cotosman faisait visiter en
2006 la première de ces fermes d'élevage. Il était fier de pointer la technologie dernier
cri dont elle était dotée et "le respect des normes européennes": élevage à plus d'un
kilomètre de tout village, accès par filtre sanitaire… Chaque bâtiment équipé coûtant
1,7 million d'euros.
Récupérer de manière détournée les fonds européens
Comme d'autres sociétés d'élevage, la multinationale américaine s'est débrouillée
pour ne pas financer seule cet investissement, sauf les premières fermes pour montrer
l'exemple. Une autre responsable roumaine de Smithfield, Olimpia Bejan, a démarché
les exploitants autour de Timisoara pour les convaincre de s'associer au projet.
C'est l'autre aspect de l'entrée de la Roumanie dans l'UE qui intéressait Smithfield:
n'étant pas éligible aux aides européennes à venir, l'entreprise a passé un contrat avec
plus de 200 agriculteurs pour qu'ils construisent les fermes sur leurs terres. Au titre des
aides agricoles. Très vite un bâtiment d'élevage de 2 millions d'euros a pu être ainsi
cofinancé. "Chaque subvention doit financer la moitié du coût d'une ferme" estimait
Olimpia Bejan, qui, en 2006, a signé dix contrat. "Et ils pourront utiliser le lisier des
porcs comme engrais naturel" ajoutait Mircea Cotosman.
Compte tenu de ses besoins en alimentation animale, Smithfield avance aussi qu'il
offrait un nouveau débouché aux céréaliers de la région. D'où le choix du vaste bassin
de Timisoara.
"Nous aiderons les collectivités locales à monter des dossiers européens pour toucher des fonds structurels, que nous abonderons pour financer des infrastructures",
commentait son représentant.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
le roman-phare de Petru Dumitriu, réédité
solitaire refuse les mensonges des "lendemains qui chantent"
Sébastien Ionesco se retrouve dans les chars et les horreurs de la campagne de Russie. D'où des pages d'une rare
véhémence sur la réalité de cet embrasement, le chaos et la
sauvagerie des combats, les viols, les exécutions de déserteurs.
On assiste alors aux vagues déferlantes des soldats de l'Armée
rouge, poussés par l'amour de la Sainte Russie, mais aussi par
les slogans, la peur des tribunaux militaires, la haine.
Miraculé de l'enfer du front de l'Est, le protagoniste vire de
bord une fois la paix revenue. Transporté par l'effervescence
révolutionnaire de l'après-guerre, il gravit d'abord les marches
du pouvoir avant de se rebiffer et de refuser les mensonges des
"lendemains qui chantent".
D'où la chute dans les geôles du nouveau régime totalitai-
re. Suivie d'une reconquête de soi à même la douleur et l'apprentissage d'une autre forme de résistance.
C'est ce parcours que Petru Dumitriu retrace ici, l'itinéraire d'un solitaire dans la masse muette des opprimés. Tout cela
dit dans une écriture à la fois puissante et haletante, empreinte
de poésie et d'ironie. Jusqu'à la fulgurance qui bouleverse.
Ainsi quand l'auteur, remarquable chroniqueur de guerre,
montre que "dans la vie ce n'est pas comme au cinéma, les
gens meurent souvent avec difficulté", avec cet air sérieux,
"changé et étranger des morts que nul acteur ne pourra jamais
copier".
Alain Fauvarger (La Liberté - Suisse)
Incognito, de Petru Dumitriu, édition du Seuil, 2007
En Roumanie ou en Occident, l'écrivain
n'a jamais réussi à trouver le paradis sur terre
N
atif de Bazias (judet de Caras
Severin) dans le Sud-Ouest
de la Roumanie, Petru
Dumitriu (1824-2002) a grandi dans un
milieu francophone. Son père, capitaine,
était Roumain, alors que sa mère de
noblesse hongroise, était originaire de la
région des Secui (Mures). Les parents
conversaient en français dans la vie courante, ainsi que leur fils.
Le garçon fréquenta le collège
d'Orsova, puis le lycée de Târgu Jiu,
avant de commencer des études de philosophie à l'université de Munich (19411944) grâce à une bourse Humboldt. Dès
1945, il obtint le prix de la meilleure nouvelle de l'année, décerné par un cercle
littéraire roumain, dans lequel évoluait
Henriette-Yvonne Stalh qui sera très
longtemps sa maîtresse, bien qu'elle ait
vingt ans de plus que lui.
Le jeune homme devint chroniqueur
dans des revues et journaliste, écrivant
dans Flacara (La Flamme) puis Viata
romaneasca, dont il sera le rédacteur en
chef à partir de 1953. Commence alors
une période de sa vie qu'il regrettera amèrement. Inféodé au régime communiste, il
se lance dans le genre romanesque
publiant Pasarea furtuni (L'Oiseau de la
tempête), puis Drum fara pulbere (La
Route sans poussière), apologie du
sinistre chantier du canal du Danube à la
Mer Noire. Des années plus tard, l'écrivain pleurera en évoquant cette tâche sur
son oeuvre, confessant "J'aurais mieux
fait de me couper un bras".
La consécration vient en 1957 quand
Petru Dumitriu se lance dans Cronica de
familie (Chronique de famille), fresque
de 2000 pages de la société roumaine à
travers les âges, dans laquelle les critiques retrouvent le souffle de Balzac. Le
livre est traduit à l'étranger et en France
par les éditions du Seuil.
L'écrivain est devenu un chou-chou
du régime, bénéficie de ses privilèges,
joue au tennis avec les grands dirigeants
de l'époque, Gheorghiu-Dej, Gheorghe
Maurer. Mais le scepticisme le gagne, il
supporte de moins en moins le totalitarisme et la censure. Alors, il passe à l'Ouest
en 1960, s'établit en Allemagne, à
Francfort, écrit beaucoup, au moins un
livre par an, est publié par "Le Livre de
poche" en France.
Dumitriu partage son existence entre
son domicile et celui de sa nouvelle maîtresse, une Française de Metz, fort spirituelle, et cette fois-ci vingt ans plus jeune
que lui. Il ne s'habitue cependant pas à
l'Occident, dont le matérialisme l'insupporte.
Mais lorsque le communisme s'effondrera à l'Est, l'exilé se gardera de
retourner en Roumanie obsédé par l'idée
que la Securitate ou les nouveaux dirigeant ne l'empêchent de revenir en
France.
Petru Dumitriu mourra le 6 avril
2002, à 78 ans, alors qu'il s'était attelé à
une oeuvre de longue haleine, Structurile
raului (Les structure du mal), persuadé
que l'Homme vivait dans un monde où le
mal l'emportait.
Exposition itinérante sur le Mémorial de Sighet
L
'Association Fondation "Mémorial Sighet", a mis
sur pied une exposition intitulée "Hommage aux
victimes du communisme en Europe de l'Est de
1945 à 1989". Les documents présentés concernent la
Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, le cas
particulier de la ville de Berlin ainsi que la Roumanie et son
"Mémorial de Sighet" situé au nord du pays, au Maramures, à
la frontière avec l'Ukraine.
Cette exposition a été conçue de sorte à pouvoir être présentée de manière itinérante dans les villes ou villages de
France qui seraient désireux de l'accueillir, soit pour la totalité
de l'exposition, soit pour illustrer seulement le "Mémorial de
Sighet". Les communes ou associations d'amitié franco-roumaine intéressées peuvent s'adresser à Anca Lemaire,
AFMS, 1 Rue Boyer Barret, 75014 Paris, tel 01 45 42 72 19
et 06 64 13 14 62, e-mail: [email protected].
39
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Livres
BAIA
MARE
z
ARAD
z
SIGHET
z
BISTRITA
z
CLUJ
z
z
z
z
z
SUCEAVA
z
ORADEA
GALATI
BRASOV
z
BRAILA
BAZIAS
z
CRAIOVA
z
z
IASI
TARGU
MURES
SIBIU
z
TIMISOARA
CHISINAU
z
„
BUCAREST
z
CONSTANTA
z
Radiographie du
goulag roumain
38
Les Années de plomb* est la
radiographie du totalitarisme et du
goulag roumains. Un roman sur le
thème de l'absurde et "la terreur de
l'histoire" (Mircea Eliade). Toute la
famille Trocan a été déportée dans le
Baragan, au sud-est de la Roumanie.
Son calvaire ne prendra pas fin avec
cet exode et il se poursuivra dans les
camps de travail forcé ainsi que dans
les prisons: persécutions sociales,
privations matérielles, filature et terreur. L'écrivain se limite au plus strict
réalisme mais celui-ci avoisine le fantastique, car la réalité a dépassé
toute fiction. Dans la vision de l'auteur, l'absurde peut être vaincu par
l'espoir: "demain ne sera pas comme
hier". Finalement, c'est celui-ci le
message optimiste, tonifiant d'un livre
sombre et terrifiant. Un roman historique dense, concentré, substantiel.
Les Années de plomb de Lelia
Trocan, Editions l'Harmattan, 5 rue
de l'Ecole Polytechnique, 75 005
Paris
Lelia Trocan est née en 1948 à
Drobeta Turnu-Severin (Roumanie).
Professeur universitaire, spécialiste
de l'histoire de la littérature française,
de la théorie et critique littéraires
modernes, elle dirige des thèses de
doctorat en co-tutelle (Bordeaux,
Rennes). A également publié, entre
autres: Du "Roman Modèle"... au
Modèle du Roman Baroque (2001),
La dialectique de l'être et du réel à
travers la poésie française (2002).
* Ne pas confondre avec "Les
Années Rouges" ("Les Années de
Fer", "Les Années de plomb”)
parues en mars 2007, éditions "Les
Nouvelles de Roumanie".
"Incognito",
Dans la foule muette des opprimés, un
D
e la foule anonyme des opprimés de la terre,
Petru Dumitriu a extrait le destin de Sébastien
Ionesco. Un tourbillon entre Danube, horreurs
de guerre et révolution.
Né en Roumanie en 1924, Petru Dumitriu (notre
photo) a pris le chemin de l'exil en I960 pour fuir l'imposture de la révolution communiste, le spectre de la prison et
des camps de rééducation. Mort à Metz il y a cinq ans, il a
écrit une partie de son œuvre en français, dont cet
Incognito, l'un de ses romans phares qui date de 1962 et qui
nous revient aujourd'hui à titre posthume. Un texte volumineux qui saisit le lecteur par sa densité, l'ampleur de sa vision et le côté souvent envoûtant de son écriture.
L'histoire se déroule sur plusieurs plans de narration. Dans une première partie on
découvre la Roumanie de la démocratie populaire sous la férule du parti unique, à
l'heure du spoutnik, des délations et des pires méthodes staliniennes.
Le narrateur, qui travaille dans un ministère, raconte les événements qui ont
précédé son départ en exil. Il se voit alors confier par son supérieur la mission d'enquêter sur un certain Sébastien Ionesco, un ancien officier, qui a eu des postes importants dans le nouveau régime avant de tomber en disgrâce. Ravalé au rang de gardemagasin, il suscite encore l'ire du pouvoir qui le suspecte de comploter.
C'est avec une sorte de dégoût que le narrateur se met à la tâche, réalisant bientôt
que les parents de l'infortuné, sa femme et sa fille ont déjà été arrêtés. Oscillant entre
retours en arrière et récit dans le présent, le livre sera une tentative de recomposer
l'itinéraire d'un homme, de sa jeunesse dans un milieu ouvert et cultivé à ses tribulations au pays des nouveaux Dracula du "socialisme réel".
Le lecteur est emporté dans une espèce de torrent
de personnages, de lumières et ténèbres de l'époque
Encore un roman, direz-vous, sur le totalitarisme, le cynisme et la perfidie. Certes,
mais avec Petru Dumitriu, le lecteur est emporté dans une espèce de torrent brassant
les thèmes clés de l'histoire, de l'éros et de la philosophie. Les invariants mêmes de la
condition humaine. L'écrivain saisit ses personnages, les met en mouvement en
recréant les lumières et les ténèbres de l'époque comme pour mieux éviter le piège du
commentaire et de la logorrhée.
Dumitriu est un créateur d'atmosphère. On le perçoit d'emblée à sa manière de
décrire la somptueuse maison délabrée dans laquelle vivent les parents de Sébastien
avant leur arrestation. Ils sont terrés là, lui dans ses pantalons fripés, trop larges, elle
avec ses yeux noirs et brûlants de Clytemnestre, tout son visage parcheminé de beauté
fanée. A l'image des restes de splendeur de ce décor taillé en pièces pour servir d'appartements communautaires empestant la choucroute. Tout un symbole.
Le choc est d'autant plus grand qu'on verra plus tard, au cours d'un long flashback, les Ionesco dans leur villégiature danubienne d'avant-guerre. Cette fois, c'est
Sébastien lui-même qui est le narrateur pour restituer les charmes d'une adolescence
frivole passée entre ses frères et sa sœur, la troublante Valentine. Echos d'un autre
monde, d'une certaine douceur de vivre le long des rives de l'immense fleuve plat et
étincelant. Premiers émois, pressentiment des délices et des gouffres de la sexualité.
Agacement aussi envers un frère aîné brillant, provocateur, à la désinvolture ambiguë.
Sortir de l'enfer
Le destin de Sébastien bascule avec la Seconde Guerre mondiale. La Roumanie
est entraînée par son dictateur Antonescu dans l'orbite de Hitler.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Smithfield veut élever quatre millions de porcs par an d'ici 2011
sur l'appétit retrouvé des Roumains pour la viande
Mais, alors que Smithfield promettait à ses partenaires
qu'ils "deviendront millionnaires", le projet laissait des observateurs extérieurs sceptiques, dans un pays qui a trop connu
autrefois le gigantisme. L'échelle du projet risquait en outre de
mettre sur le marché un porc à bas prix que ne pourraient pas
concurrencer les éleveurs plus modestes.
Coup d'arrêt
Mais le rêve américain a pris un sérieux coup à Timisoara
depuis que la peste porcine a fait des ravages dans les fermes
de Smithfield, à l'été 2007. "Nos médecins n'ont pas eu accès
à leurs fermes pour effectuer les contrôles de routine", regrettait alors Csaba Daroczi, directeur adjoint de l'Autorité sanitaire et vétérinaire de Timisoara, ajoutant: "Chaque fois qu'ils
ont essayé, ils ont été repoussés par les vigiles. Smithfield nous
a proposé de signer une convention qui obligeait notre institution à l'avertir trois jours avant chaque contrôle".
Les autorités roumaines ont cependant découvert que sur
les 33 fermes de Smithfield, 11 n'avaient pas d'autorisation
sanitaires et vétérinaires et ont dû fermer leurs portes. Par
ailleurs, le géant américain manquait de main-d'oeuvre à cause
de sa politique de bas salaires. Quatre des neufs employés roumains de la ferme de Cenei étaient partis, leur salaire de 500
lei (160 euros) ne suffisant pas à assurer leur vie quotidienne.
La technologie moderne claironnée a montré ses limites et
les paysans du crû ont compris qu'ils ne deviendraient pas millionnaires: "Personne ne veut plus de nos porcs", s'insurgeait
l'été dernier Lina Stoisin, ajoutant, dépitée, "Nous travaillons
du matin au soir pour les élever, et nous ne savons plus quoi
en faire". Smithfield, qui fait profil bas depuis cet épisode,
n'en maintient pas moins ses objectifs.
Pouvoir d'achat des managers
dans le monde: la Roumanie bien classée
L
es managers roumains disposent d'un pouvoir d'achat qui
est l'équivalent d'un salaire
moyen annuel de 115.280 dollars, plus
important qu'aux Etats-Unis, au Japon, au
Canada, en Norvège et toute une série de
pays du centre de l'Europe, selon une
étude réalisée par la société de conseil en
management Hay Group.
L'étude de Hay Group montre que la
Roumanie occupe la 22ème place dans le
classement concernant le revenu moyen
des managers dans 47 pays.
L'étude a été réalisée en comparant
dans différents pays les salaires des
managers (chefs de départements) à
différentes périodes, ainsi que les impôts
payés et le coût de la vie quotidienne, afin
de pouvoir définir le revenu disponible,
représentant le pouvoir d'achat réel des
managers.
La France au 30ème rang
Les managers roumains ont un revenu disponible qui dépasse celui des
managers autrichiens, lesquels occupent
la 23ème place, avec un revenu de 112
906 dollars, celui des managers des EtatsUnis qui eux, contrairement aux idées
reçues, occupent la 24ème place avec un
revenu de 104 905 dollars, et celui des
managers japonais, à la 27ème place, et
qui ont un revenu de 102 000 dollars.
L'Espagne, l'Allemagne, l'Irlande
sont les seuls pays de l'Ouest de l'Europe,
membres de l'Union européenne, qui se
situent dans les 20 premières places du
classement: l'Espagne avec 128 197 dollars (12ème place), l'Allemagne avec 122
4297 dollars (19ème place), et l'Irlande
avec 117 010 dollars (20ème place), alors
que la Suisse occupe la 13ème place,
avec environ 127 000 dollars.
La Roumanie dépasse plusieurs états
européens, tels que la Hollande, (25ème
place), l'Italie (28ème place), la France
(31ème place), la Belgique (38ème
place), la Grande Bretagne (40ème
place), le Danemark (41ème place), la
Norvège, la Suède et la Finlande (44e et
46e rangs).
En Europe centrale et de l'Est, la
Russie enregistre le plus grand revenu
disponible, avec 157 3489 dollars (4ème
place dans le classement), suivie par
l'Ukraine (7ème place), la Pologne
(11ème position), la Lituanie (18ème
place), alors que les managers de Lettonie
occupent la 33ème place, suivis par les
Tchèques. Les Hongrois se situent en
37ème position, alors que les Slovaques
et les Estoniens occupent respectivement
la 39ème et la 43ème place, avec des
revenus moindres, de quelques 90 000
dollars par an.
La première place dans le classement
revient aux managers d'Arabie Saoudite,
avec un pouvoir d'achat de 229 325 dollars, suivis par ceux des Emirats arabes
unis, avec 223 939 dollars et ceux de
Hong Kong, avec 203 947 dollars, alors
que les dernières places reviennent aux
Finlandais, un, des pays symboles de la
redistribution des revenus, et aux
Philippins, avec 74 038 et 71 839 dollars.
Les pays émergents
à la recherche de talents
"Les sociétés opèrent dans une économie globale de plus en plus ouverte et
concurrentielle, et les marchés émergents
offrent aux managers des revenus disponibles plus grands que ceux offerts dans
les pays développés. Ce qui fait que ces
postes sont plus attractifs pour les talents
de chaque domaine d'activité." a déclaré
Iain Fitzpatrick, directeur de la division
Reward information services de Hay
Group North America.
Le développement des marchés
émergents crée une demande sans précédent pour les managers talentueux, ce qui
provoque l'apparition d'un déficit sur ce
segment, et a une répercussion sur les
salaires des catégories en question, dit-on
dans le rapport.
[source: Banii Nostri, Roumanie.com]
15
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Social
BAIA
MARE
BISTRITA
z
ORADEA
z
z
IASI
TARGU
MURES
z
z
ARAD
z
BACAU
GALATI
z
SIBIU
TIMISOARA
z
BRASOV
z
z
CHISINAU
z
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Les chiffres
Population: 21 530 000 habitants
Superficie: 238 391 km 2
PIB: 117 milliards d'euros
Taux d'inflation annuel: + 6,8 %
Salaire moyen net: 307 €
Salaire minimum net: 137 €
(employés), 274 € (cadres)
Retraite mensuelle moyenne: 150
€ (employés), 60 € (agriculteurs)
Espérance de vie (hommes femmes): 68-75 ans
Projets éoliens
16
Le groupe espagnol Iberdrola a
annoncé le rachat de 50 projets de
parcs éoliens dans la zone est de la
Roumanie. Le coût de l'acquisition
serait compris entre 200 et 300 M€.
Les 50 projets ont une puissance
totale de 1.600 MW (supérieure à
celle des 2 réacteurs de la centrale
nucléaire de Cernavoda). Le développeur des projets est la compagnie
suisse Eolica Dobrogea AG, qui
regroupe l'entreprise locale Rokura
et la compagnie suisse NEK
Umwelttechnik AG.
La construction des premières
fermes éoliennes démarrerait en
2008. Elles seraient opérationnelles
en 2009.
Par ailleurs, "Eviva Energy", filiale
du groupe portugais Martifer envisage de réaliser cette année des turbines éoliennes d'une puissance
totale de 50 MW, qui seraient mises
en service au cours du dernier trimestre 2008. L'objectif de Martifer
est de détenir en Roumanie, d'ici
2012, des fermes éoliennes d'une
puissance totale s'élevant à 400 MW.
L'investissement pourrait atteindre
600 M€.
Société
La Roumanie en noir et blanc
Economie "florissante"…
SUCEAVA
z
Les statistiques ne doivent pas
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
L
es dirigeants et politiciens, aussi bien roumains qu'européens, les ambassades, les économistes de Bruxelles, tout ce qui touche aux administrations
et à la technocratie, mettent en avant les bonds réalisés par l'économie roumaine ces deux ou trois dernières années pour montrer que le pays est sur la bonne
voie, en déduisant que sa population vit mieux. Pourtant, sur le terrain, la réalité est
loin de correspondre à leur constat comme le souligne un article de Victor Lupu, paru
dans "Nine o Clock", quotidien en langue anglaise de Bucarest, repris par le bulletin
de "Partage plus", association de solidarité internationale, basée dans la Drôme.
"Du point de vue des statistiques, l'économie roumaine est florissante. La croissance du PIB est élevée et, ce qui est le plus important, elle reste constante. Le processus de désinflation continue. Les taux de chômage sont relativement bas et baissent
encore, l'ensemble de la productivité économique s'accroît. Les nouvelles normes du
crédit bancaire ont maintenu et même stimulé l'appétit des Roumains pour la consommation; la croissance économique de ces dernières années est basée sur une consommation en augmentation. Avec l'entrée dans l'UE au premier janvier 2007, l'espoir des
citoyens s'est aussi développé et les perspectives sont bien meilleures qu'il y a un an.
Les prix sur le marché de
la propriété ont augmenté
exponentiellement durant ces
dernières années. De nouveaux
bâtiments apparaissent partout,
du centre ville de Bucarest aux
sommets des montagnes où des
villas sont construites du jour
au lendemain. Le secteur de la
construction est le plus dynamique, si dynamique qu'il doit
faire face à un sévère manque
de main d œuvre. Le prix du
terrain est aussi à la hausse,
La Roumanie, terre de contrastes saisissants où le fossé
se creuse toujours plus entre les couches sociales.
bien qu'une agriculture très
performante soit plutôt rare en Roumanie.
Quand on se promène dans Bucarest ou dans les grandes villes roumaines, on peut
voir les modèles de voitures les plus récents au monde: des voitures de sport aux décapotables en passant par les 4x4 toutes options. Ainsi, quelqu'un peut être tenté de croire que la Roumanie a dépassé le stade de la pauvreté et se dirige à pleine vitesse vers
les standards européens. La croissance du PIB est de 6% par an et les salaires ont
connu l'an passé la plus grande augmentation en Europe en termes de pourcentage.
Des augmentations de salaire trompeuses
Malheureusement, les choses ne sont pas aussi reluisantes qu'elles le paraissent!
Dès que nous quittons le centre ville pour les quartiers pauvres puis, en allant dans un
environnement rural ou dans les petites villes, nous découvrons la vraie Roumanie
souffrante. Des endroits où le chômage est très élevé, où les salaires sont "symboliques" et où des vacances à la mer sont un souvenir du passé communiste. Des
endroits où les gens peuvent à peine joindre les deux bouts.
Ce sont des lieux que des millions de Roumains ont quittés pour trouver un travail à l'étranger. D'où le taux de chômage peu élevé dans les statistiques officielles.
Mais quelles seraient les apparences si les "émigrés" revenaient? Et à quoi ressemblerait le déficit du compte courant (déjà gigantesque) sans les milliards d'euros
envoyés chaque année de l'étranger en Roumanie. Le processus de désinflation dont
nous nous targuons est quasi artificiel, généré par des afflux massifs de capitaux et par
des spéculations impliquant la monnaie nationale dans le marché européen.
37
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Le premier des rallyes
"Dakar Series" sévira en Roumanie
et en Hongrie dès avril prochain
Sports
z
BAIA MARE
ORADEA
ARAD
z
z
z
IASI
z
CLUJ
BRASOV
z
z
SIBIU
TIMISOARA
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
z
GALATI
z
z
BRAILA
PLOIESTI
CRAIOVA
z
z
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Tennis:
la fâcherie de Nastase
36
Ilie Nastase a démissionné de la
présidence de la Fédération roumaine de tennis (FRT) après des accusations de fraude dans l'organisation du
premier tour de Coupe Davis contre
la France.
"Je démissionne parce que j'ai été
injustement attaqué par les médias
roumains", a déclaré l'ancien champion à la
chaîne de
télévision
Realitatea,
deux jours
après l'élimination
de la
Roumanie
par la
France (50). "Je vais
probablement quitter la Roumanie pour m'installer dans
un autre pays puisque personne ne
veut de moi ici", a-t-il ajouté.
Le quotidien Evenimentul Zilei a
cité des documents de la FRT montrant que la Fédération avait réclamé
aux autorités locales 37.000 euros
pour l'installation d'une surface de jeu
pour le match, coûtant en réalité
25.000 euros.
Nastase, ancien numéro un mondial, a démenti toute malversation. Sa
démission intervient en outre juste
après le dénouement en sa défaveur
d'une bataille judiciaire de cinq ans.
La justice vient d'interdire à Nastase
de créer une académie de tennis portant son nom à Timisoara, où l'exchampion comptait utiliser un terrain
que la mairie lui avait donné en 1999.
F
aut-il se réjouir de voir les pays de l'Est ravalés au niveau des tribus africaines? Le controversé Paris-Dakar, désormais compétition "non grata"
dans les pays occidentaux, sévira en Roumanie et Hongrie dès la fin avril…
Un mois et demi après l'annulation du rallye Dakar 2008, l'organisateur de la compétition a annoncé la création d'une première compétition satellite en Europe centrale,
qui se déroulera, du 20 au 26 avril prochains, en Hongrie et en Roumanie. De
Budapest au lac Balaton, en passant par les Carpates roumaines, cette épreuve tous terrains de 3 000 km permettra notamment aux concurrents du Dakar annulé de ne pas
perdre leur investissement.
"Pour l'économie des rallyes, il
était urgent de leur offrir une vraie
compétition pour sauver leur partenariat et leur réseau financier", a souligné
Etienne Lavigne, le directeur de l'épreuve organisée par le groupe Amaury
Sport Organisation. Ce dernier avait
remboursé l'intégralité des frais d'inscription et de carburant aux 250 motos,
Le rallye vu par Kroff, caricaturiste belge...
200 voitures et 100 camions qui
En 1980, René Dumont écrivait :
"Le rallye Paris-Dakar est indécent”.
devaient participer au Dakar 2008.
"Nous étions en contact depuis plusieurs années avec les Hongrois, qui sont candidats au départ du Dakar 2010, et nous avions prévu de lancer nos 'Dakar Series' en
2009. Les événements nous ont conduits à avancer d'un an ce projet de rallyes satellites qui, à terme, devraient être au nombre de trois par an, en plus du Dakar, lequel
restera le rallye-raid de référence, mais pourrait se dérouler sur un autre continent
comme l'Amérique du Sud", a expliqué Etienne Lavigne.
Pour cette première édition roumano-hongroise des "Dakar Series", le budget
s'élèvera à un million d'euros. Le rallye sera ouvert en priorité aux concurrents du
Dakar 2008, qui ne paieront que les frais de dossier (300 euros). Les autres concurrents devront s'acquitter des frais d'inscription: 3 000 euros pour une moto, 5 000
euros pour une voiture, 7 000 euros pour un camion. Une deuxième épreuve des
"Dakar Series" pourrait avoir lieu plus tard dans l'année au Portugal, d'où devait partir le Dakar 2008.
Un champion du monde d'échecs junior
C
ristian Chirila, 16 ans, a remporté le championnat du
monde d'échec junior qui
s'est tenu fin novembre à Antalaya
(Turquie), obtenant ainsi le grade de
maître de la FIDE (Fédération
Internationale des Echecs). Plusieurs fois
champion de son pays dans sa catégorie,
le garçon pratique cette discipline depuis
l'âge de 6 ans, sous la conduite de son
père, Radu Catalin Chirila, arbitre international et également maître de la FIDE.
Le garçon avait été sacré vice-champion d'Europe, catégorie enfant, alors
qu'il avait 8 ans. Cristian s'entraîne avec
ses amis des clubs de Bucarest et de
Timisoara, mais aussi sur l'ordinateur
portable que lui a offert son père. Elève
en seconde au collège Emil Racovita, le
jeune homme, élégant et coquet, consacrait ses gains jusqu'ici à s'acheter des
vêtements ; maintenant, il a décidé d'économiser pour s'offrir une Opel Astra dès
qu'il aura l’âge de passer son permis. Le
dernier titre junior mondial de la
Roumanie remontait à dix ans, en 1997
quand Levente Vajda l'a emporté à
Erevan. Les précédents champions mondiaux juniors ont été Florin Gheorghiu
(1961), Corina Isabela Peptan (1988,
1990 et 1991), Elena Luminita RaduCosma (1990) et Carmen Voicu (1991).
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
faire oublier les réalités du terrain
mais pauvreté toujours bien là
Avec un salaire moyen au-dessous de 200 euros, les augmentations de salaires sont calculées par rapport à la devise
européenne. Elles peuvent sembler encourageantes mais les
gens n'en bénéficient pas beaucoup.
Au contraire, la sécheresse a entraîné des augmentations
significatives des prix du pain et des produits fermiers. Même
le désir de consommer est généré en partie par les revenus des
Roumains employés à l'étranger. Ils envoient de l'argent à leur
famille restée au pays, investissent dans la terre, le bâtiment et
les voitures, après leur retour.
Peut-on croire les chiffres ?
La pauvreté reste une caractéristique constante de la vie
quotidienne en Roumanie en dépit
des apparences induites par l'aisance
du pays. Nous avons une société fortement polarisée entre quelques personnes très riches, des employés avec
un revenu élevé (qui travaillent pour
d'importantes compagnies dans des
grandes villes, souvent étrangères,
spécialement dans le secteur bancaire
et celui des assurances) et une grande
masse de gens avec des revenus bas,
voire très bas. Il paraît qu'en 1989
quelques 9% de la population vivait en dessous du seuil de la
pauvreté. Mais peut-on faire confiance aux statistiques d'avant
1989? Et où se situait à l'époque le seuil de la pauvreté?
Le plus grand nombre de personnes pauvres a été signalé
en 2000 quand près de 40% de la population vivait en dessous
de ce seuil et 13,8% dans l'extrême pauvreté. Du moins, c'est
ce que les statistiques affirment. Nous pouvons probablement
Un revenu moyen difficile à saisir
D
ans Gândul (La pensée) Caterina Nicolae s'interroge sur le niveau des revenus en Roumanie
en 2008. "En octobre 2007, le revenu moyen
s'élevait à environ 450 euros, mais, en Roumanie, moins de
14 % des 4,7 millions de salariés perçoivent ce revenu.
Certains sont plus chanceux et gagnent plus, par exemple
dans la finance, l'administration publique ou l'armée. De
nombreux employés touchent 270 euros, une somme bien
inférieure au salaire moyen. Ils travaillent dans l'hôtellerie,
la restauration, le textile ou l'agriculture. (...) Cependant,
l'entrée dans l'UE a permis aux Roumains de se familiariser
avec les prix et les prétentions salariales des pays de
l'ouest. Et beaucoup de ceux qui ne sont pas encore partis
du pays demandent un salaire correspondant à leurs compétences, ne serait-ce que pour payer le loyer ou faire les
courses. On est alors en mesure de se poser la question suivante: où peut-on gagner de l'argent ? En Roumanie ou à
l'étranger?"
ajouter 10 -15% de la population qui ne correspondaient pas
strictement au "critère de la pauvreté" mais qui ne se portaient
guère mieux.
En 2004, les statistiques concernant la pauvreté ont chuté
à 25% et actuellement, le chiffre se situe quelque part en dessous de 20%. Mais toutes les considérations ci-dessus restent
vraies. Et comme je l'ai dit, les voyages dans le pays sont révélateurs à cet égard. Si nous ajoutons à tout ceci les sérieux problèmes des secteurs de la santé, de l'éducation, de l'assistance
sociale et de l'infrastructure, nous avons une image plus complète des déficits majeurs du pays en termes à la fois de fonds
et de développement.
"Nous travaillons dur et en vain"
Quelle est l'utilité de travailler
dur (selon les statistiques, les
Roumains sont ceux qui travaillent
le plus de tous les citoyens
européens) après tout? Nous travaillons dur et en vain... puisque
nous sommes encore, avec la
Bulgarie, les traînards de l'Europe
en termes de niveau de vie.
Nous vivons une époque d'impulsion économique mais cela prendra du temps, peut-être des décennies jusqu'à ce que nous
comblions l'énorme fossé avec les pays de l'Europe occidentale. Pour le moment, nous sommes en train de déterminer les
principales erreurs économiques et politiques qui ont abouti à
ce que "les années 90 soient une période pendant laquelle la
moyenne des revenus effectifs a chuté de plus de 25 % par rapport à 1989".
Victor Lupu
L'improbable retour des émigrés
roumains dans leur pays
L
e gouvernement roumain a annoncé à plusieurs
reprises son intention de mettre en oeuvre des programmes spécifiques pour organiser le retour des émigrés roumains. Ces dernières années, environ trois millions de
Roumains sont partis tenter leur chance à l'étranger. En 2007, ils
ont envoyé dans leur pays d'origine environ sept milliards d'euros.
Selon Ionut Popescu, "ces personnes ne sont pas parties sur ordre
du gouvernement. Aussi ne faut-il pas compter sur leur retour s'il
le demande. Le gouvernement ne réussira pas à faire passer le
salaire moyen à 800 ou 1 000 euros, somme que gagne un
Roumain à l'étranger. Ainsi, seules les personnes qui, d'une
manière ou d'une autre, avaient prévu de rentrer en Roumanie
vont effectivement revenir. Toutes les autres dont les enfants sont
scolarisés à l'étranger, qui ont fondé des communautés roumaines
ou se sont intégrées, ne reviendront pas, et ce malgré les incitations du gouvernement."
Capital (Roumanie)
17
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Le Sénat interdit
le mariage des couples homosexuels
Evénements
z
BAIA MARE
z
SUCEAVA
ORADEA
z
ARAD
TARGU
MURES
z
ZALAU
z
z
z
IASI
BACAU
CHISINAU
z
z
BRASOV
HUNEDOARA
z
z
GALATI
PITESTI
z
z
„
z
z
z
PLOIESTI TULCEA
BUCAREST
CONSTANTA
z
CRAIOVA
Un paysan jure
cent fois par jour
18
A l'écoute de ses voisins et du
milieu rural dans lequel il vivait,
Ionica Sava, un professeur de
Cindesti, dans le judet de Vrancea, a
entrepris une étude pour connaître
l'étendue du vocabulaire employé par
les paysans de sa région. Après plusieurs années d'inventaire, il en a
déduit que leur usage du roumain
était très limité, autour de 800 mots
principaux, ce qui représente 1,5%
de la langue roumaine. Son plus
proche voisin n'en utilisait que 400…
dont 80 % étaient des jurons.
En dehors de ceux-ci, les expressions utilisées étaient très réduites,
du genre "Hai sa facem vinul ("Allons
faire le vin"), "Hai la prasit" ("Allons
sarcler le maïs"), "Da mâncare la
porci" ("Donne à manger aux cochons") et dans 40 % des cas
accompagnés de jurons adressés
indifféremment aux femmes, au
pope, au cheval, aux poules, à la
charrette…
Les femmes et les jeunes aussi
Ionica Sava, qui s'est rendu avec
son magnétophone dans les bistrots,
les champs, a provoquant des discussions sur des sujets culturels,
enregistrant les bavardages, a établi
qu'un paysan jurait en moyenne 100
fois par jour. Il en a conclu que le
juron dominait la vie à la campagne
et au contact de la terre, les mots les
plus vulgaires étant utilisés par les
ivrognes qui se disputent, les
hommes qui battent leur femmes, ou
les femmes qui cancanent entre
elles, mais aussi par les jeunes.
(Lire la suite page 20)
L
es sénateurs roumains ont formellement interdit, mercredi 13 février, les
mariages homosexuels, en adoptant un amendement au code de la famille.
Selon le nouveau texte, "la famille est fondée sur le mariage librement
consenti entre un homme et une femme", et non plus "entre époux", comme cela figurait dans le code en vigueur depuis 1953. Les initiateurs de l'amendement, membres
de quatre partis de la coalition au pouvoir comme de l'opposition, ont justifié cette
modification par la nécessité de "défendre l'institution de la famille". "Pour le peuple
roumain, pour la langue roumaine, le mariage a toujours été l'union entre un homme
et une femme, a affirmé le sénateur social-démocrate Serban Nicolae, en assurant que
cet amendement n'enfreint aucune norme européenne".
Le sénateur de l'Union démocratique des Magyars (UDMR) Gyorgy Frunda a toutefois mis en garde contre l'"impact" de cet amendement, qui risque selon lui de valoir
à la Roumanie des procès devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH)
de Strasbourg et estimé que cette question ne devrait pas être tranchée en l'absence
d'un débat approfondi avec la société civile. Il a par ailleurs rappelé que "le Parlement
avait eu besoin de dix ans pour dépénaliser les relations homosexuelles, et ce uniquement à la suite des pressions du Conseil de l'Europe", en 2001.
Cet amendement, adopté par la commission juridique du Sénat la semaine dernière, avait aussitôt été critiqué par l'organisation Human Rights Watch, qui avait
estimé qu'il représente une "menace à l'encontre des couples homosexuels et une
insulte à l'adresse des progrès réalisés jusqu'ici par la Roumanie dans la lutte contre
les discriminations". Il doit encore être débattu par la Chambre des députés.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Un Moldave chez les Roumains
Insolite
"Le pays où l'on taxe l'accouplement canin!"
U
n impôt pour les voitures neuves, un autre pour les
eaux de pluie, etc. Un journaliste moldave, à la
manière des Lettres persanes de Montesquieu,
découvre avec stupéfaction la multiplication des taxes chez les
voisins roumains.
"La Roumanie est le pays des taxes les plus invraisemblables. Après la célèbre taxe auto (dite de "pollution", elle
prévoit une taxe plus élevée pour les voitures neuves car elles
vont polluer plus longtemps) instaurée par le Premier ministre
Calin Tariceanu et la taxe sur la récupération des eaux de pluie,
voilà que vient d'être inventée la taxe sur... l'accouplement des
animaux ! Les sénateurs - ces élus populaires de la nomenklatura - ont aussitôt voté une loi dans ce sens, et, si elle passe l'étape de l'Assemblée, les resquilleurs risqueront une amende
pouvant aller jusqu'à 10 000 lei (soit 2 860 euros).
Et si votre chat ne demande pas la permission avant de
s'unir à l'être aimé ? Et si, sortant se promener, votre toutou
s'abandonne à la passion amoureuse dans le premier buisson
venu sans que son propriétaire s'en aperçoive? Puisque les propriétaires d'animaux doivent s'acquitter d'une taxe pour que
ces derniers puissent s'accoupler, je propose que nous donnions des papiers d'identité aux fruits de ces unions. Puisqu'ils
paient l'impôt, que ces animaux soient pourvus d'un passeport
et qu'ils puissent voter !
Je conseille aussi que cette nouvelle taxe soit testée à
Brasov, la seule ville au monde où les animaux domestiques
doivent s'acquitter des charges de copropriété au même titre
que leurs maîtres.
Le Collège des médecins a proposé l'autre jour que la traditionnelle cruche de vin que tout patient roumain remet à son
médecin généraliste - le tarif de la consultation remboursée par
la sécurité sociale étant quasi symbolique - soit transformée en
taxe tout ce qu'il y a de plus légal. Légaliser le bakchich, en
somme ! Un peu comme si les voleurs à la tire demandaient la
légalisation du larcin, les voleurs de voitures la légalisation du
crochetage des portières, les violeurs la légalisation du viol, les
terroristes la légalisation de la ceinture d'explosifs, etc.
J'ai appris qu'un homme mort depuis vingt-trois ans avait
été convoqué pour effectuer un check-up gratuit - et il était loin
d'être le seul d'entre les morts à avoir été sommé de se présenter chez le médecin, oh non ! Alors, à mon tour, je propose que
l'on taxe désormais les morts qui, contre toute attente, ne se
présentent pas chez le médecin quand l'Etat le leur demande".
Mihail Vakulovski
A savoir
L'État roumain
condamné 19 fois en un jour
Dimanche 10 février, en une journée,
l'État roumain a reçu 19 condamnations
de la CEDO. Selon un communiqué du
ministère des Affaires étrangères, 16 de
ces condamnations concernent le dédommagement d'anciens propriétaires de
biens immobiliers et de terrains nationalisés sous le communisme. Bucarest n'a
que trois mois pour restituer les
immeubles et terrains à ces anciens propriétaires ou les dédommager à hauteur
d'environ 3 millions d'euros. En 2007,
10% des plaintes déposées à la CEDO
l'ont été par des Roumains, ce qui place la
Roumanie en 3ème position des pays les
plus poursuivis par ses propres citoyens.
Zalau: près d'une tonne
d'explosifs retrouvée
Environ une tonne de munitions,
dont certaines non utilisées, a été
retrouvée dans la cour d'une entreprise,
dans la ville de Zalau. Leur propriétaire
les aurait achetées, sans s'en rendre
compte, dans un lot de 40 tonnes de fer
A défaut du Paradis…
s'assurer sur terre
usagé il y a environ un an. Selon l'équipe
de déminage envoyée sur les lieux, l'explosion des munitions aurait pu causer
des dommages dans un rayon de 2 km à
la ronde. Ces explosifs devaient être
emmenés dans une enceinte militaire
pour être désamorcés.
L
Autoroutes
gardées contre le vol
L'autoroute Bucarest-Pitesti est
désormais surveillée par plus de 70
agents de sécurité depuis le 12 février. La
Compagnie Nationale des Autoroutes et
Routes Nationales de Roumanie
(CNADNR) a signé un contrat avec une
société de surveillance privée. La
CNADNR souhaite ainsi mettre fin aux
nombreux vols… de glissières de sécurité
et de bornes de kilométrage. Les agents
de sécurité seront pour cela accompagnés
d'une trentaine de chiens. Leur mission
consistera également à informer sur d'éventuels accidents routiers et les conditions météorologiques. L'autoroute
Bucarest-Constanta va elle aussi
accueillir une équipe de surveillance dans
les semaines à venir.
Valise à bakchichs pour le bricolo-corrupteur présentée par des
journaux farceurs de Bucarest, après la démission du ministre de
l’Agriculture, surpris en train de recevoir une enveloppe, de la
tsuica... et des saucisses, pour favoriser l’attribution d’un marché.
L
es fidèles de l'Eglise de Urlati ont sursauté lors du sermon du prêtre de la paroisse en l'entendant les inciter à
prendre une assurance et à souscrire à un fonds de
retraite privé auprès d'AIG, un des plus grands fonds d'investissement mondiaux. Ioan Arion se défend toutefois d'avoir voulu lui
faire de la publicité, mais "assure" au contraire qu'il a voulu mettre
en garde ses ouailles pour qu'elles n'aillent pas souscrire une assurance ailleurs où elles risqueraient d'être escroquées, comme cela
est arrivé dans le passé avec les fonds FNI, ruinant des dizaines de
milliers de Roumains qui y avaient mis toutes leurs économies.
Interrogé par les journalistes, Ion Arion a indiqué qu'il avait
été contacté par différentes assurances mais qu'il a voulu recommander la meilleure à ses compatriotes, "la souscription de
retraites privées étant désormais imposée par l'Union
Européenne"… ce qui est faux. S'il ne garantit pas le paradis à tous
ses paroissiens, au moins le pope espère-t-il bien les assurer pour
leur vie terrestre… d'autant mieux que sa femme est la représentante locale d'AIG !
Dans les "fouilles"…
es contrôles des passagers à l'aéroport international de Bucarest, Otopeni, sont parfois déroutants. Un de nos lecteurs en
témoigne: "J'y prenais un vol pour me rendre à Tbilissi, en Georgie, via Munich. Au contrôle anti-terroriste on m'a
demandé de mettre ma veste, ma ceinture, les objets métalliques, clés, etc. et même mon crayon Bic dans le panier pour
le contrôle habituel. Ensuite j'ai dû subir le contrôle avec un appareil de détection manuel. Après avoir repris toutes mes affaires,
et alors que je me dirigeais vers la porte d'embarquement, je me suis rendu compte, à mon grand étonnement, que j'avais un couteau suisse dans la poche de ma veste dont j'avais totalement oublié l'existence!"
35
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Météorologie
z
ORADEA
z
SATUMARE
z
z
TARGU
MURES
BELIS
z
TIMISOARA
IASI
z
z
z
z
BISTRITA
z
ARAD
ROMAN
GALATI
z
BRASOV
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Le plus haut parc
d'éoliennes d'Europe
va ouvrir près de Cluj
34
La Roumanie n'a pas échappé
au réchauffement climatique
du XXème siècle
z
SUCEAVA
CLUJ
Marisel, près de Cluj, située à
1250 mètres d'altitude, devrait être
dotée en 2010 du plus haut parc
d'éoliennes du Vieux continent, détrônant ainsi une commune française,
située à 1000 mètres. La société de
Cluj, Ramina Eol, a signé un contrat
d'association avec la localité pour 49
ans, portant sur une superficie de
100 ha, pouvant être portée à 460 ha
et qui sera équipée de 18 éoliennes
de 100 mètres de haut, d'une puissance totale de 45 MW/heure.
"Ici, le vent souffle deux fois par
an, six mois de nord, six mois du
sud" a plaisanté le maire en signant
l'accord qui assurera 200 000 € de
rentrée budgétaires à la mairie sous
forme de diverses taxes. En outre,
Cluj Ramina Eol s'est engagé à
moderniser la route d'accès au parc
d'éoliennes, l'école, la maternelle, le
dispensaire et le cabinet dentaire. La
firme construira également un centre
culturel et un musée de l'éolienne.
D'autres communes proches des
Apuseni - Belis, Rasca, Margau souhaitent profiter de leur situation
ventée pour se doter de parcs équivalents. Le président du Conseil du
judet, Marius Nicoara a même pronostiqué, qu'à terme, un quart de l'énergie de la ville de Cluj serait ainsi
produite. La première éolienne de
Roumanie a vu le jour voici seulement deux ans, à Pasul Tihuta.
Depuis le parc s'est agrandi, principalement en Transylvanie. L'un
ouvert par des hommes d'affaires de
Cluj a été installé à Tureni, un autre
de 12 turbines fonctionne près de
Baia Mare. Et la Dobroudja suit.
Fréquence accrue
des températures supérieures à 40°
T
out d'abord, il faut se souvenir que, aussi loin que les spécialistes puissent
remonter (plusieurs milliers d'années), notre planète Terre a toujours connu
des variations climatiques; il y eut des périodes encore plus chaudes qu'actuellement: si au XIè siècle, les Vikings ont emmené vaches et moutons sur le
Groënland, c'est qu'il n'y avait pas de glace: ils n'étaient pas fous ! Au XVIIIè siècle,
toute l'Europe a connu une longue période de canicule et de sécheresse, avec pour
conséquences le déperrissement des céréales, la pénurie de farine et donc de pain.
Dans l'avant dernier numéro, j'écrivais: "En Roumanie, de 1760 à 1785,
règnent la chaleur et la sécheresse
qui détruit toutes les récoltes".
Une étude réalisée par les spécialistes
en
climatologie
de
l'Administration
Nationale
de
Météorologie - roumaine, évidemment - à partir des relevés de 14 stations météorologiques du pays durant
la période 1901-2000, met en évidence un accroissement de la température moyenne de +0,3° C en un siècle.
Les zones foncées indiquent les régions où le
réchauffement est le plus sensible, celui ci ayant
Cette hausse est plus forte encovarié d’un demi-degré à l’intérieur même du pays.
re dans l'est du pays : +0,8° C pour
les stations de Bucarest-Filaret, Constanta et Roman. Par contre, il n'a pas été enregistré de hausse significative dans la zone intercarpatique à l'exception de Baia-Mare
(+0,7°C), augmentation due essentiellement à l'activité industrielle (lire ci-dessous).
2007, cinquième année la plus chaude depuis 1850
Pour résumer, nous constatons au cours du XXe siècle, une fréquence accrue de
températures supérieures à 40° C, une augmentation sensible des températures minimales en été, diminution des précipitations dans le sud du pays, mais en augmentation
dans le nord-ouest et nord-est et une diminution de la couche de neige. L'année 2007
aura été la 5ème année la plus chaude depuis 1850.
Les 2 premiers mois de l'hiver 2007/2008, sont dans cette ligne : sur la carte cijointe, les zones foncées délimitent des températures supérieures à la normale (en
météo, la "norme" est celle des 3 dernières décennies, soit 1971/2000).
Certes, fin décembre 2007, le pays a connu d'importantes chutes de neige, mais
dans le sud exclusivement, comme dans tout le sud de l'Europe : la Bulgarie, l'Espagne
et l'Italie ont également été touchées. La situation a été aggravée sur les grandes villes
du sud (Bucarest, Craiova, entre autres) par l'activité humaine. C'est un phénomène
bien connu que j'ai étudié à partir d'une situation similaire sur Pierre-Bénite (Lyon) le
21 décembre dernier (cf. "au fil du temps" - janvier 2008 - disponible chez l'auteur):
l'air saturé en humidité artificiellement retombe sous forme de cristaux de glace.
Lorsque les mêmes conditions météo se reproduisent, on constate ce phénomène
essentiellement dans les zones industrielles denses qui entourent les grandes villes, la
plupart du temps sur une surface réduite. Il neige donc effectivement, de la vraie
neige, la nature ne faisant que compléter l'activité humaine, comme les canons à neige
sur les pistes de ski.
René Serrière - météorologue
www.meteo-pierre-benite.com
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Faits divers
Société
Les mésaventures d'un prosélyte suisse
du nazisme, aidé par son compère franco-roumain
Interdite, l'association négationniste
"Vérité et justice" renaît en Roumanie
S
ous la plume de Patrick Vallélian, le quotidien suisse "La Tribune de Genève" livre le récit des mésaventures survenues en Roumanie à un citoyen suisse négationniste aidé par son compère franco-roumain pour y
créer une association niant les crimes nazis, en misant sur l'écho qu'y rencontre encore le maréchal Antonescu.
"Dissoute en Suisse en 2002 par la justice fribourgeoise,
l'association négationniste Vérité et Justice (V&J) a repris du
service en Roumanie, avec à sa tête le Valaisan René-Louis
Berclaz (notre photo), qui a habité plusieurs années à ChâtelSaint-Denis, et Georges Piscosi Danesco, un Franco Roumain établi dans l'ouest de la Roumanie.
C'est d'ailleurs au domicile de Danesco, pointure du mouvement néonazi européen et propriétaire
de la "Maison verte", un centre culturel
local, que les deux hommes ont établi le
siège de leur association qui a pour but de
propager des idées niant le génocide juif
durant la Seconde Guerre mondiale.
Contacté sur place par courrier électronique, René-Louis Berclaz ne cache
pas qu'il continue son travail de révision
de l'histoire de la Shoah, même si ce dernier lui a valu d'être condamné à plusieurs
reprises par la justice helvétique pour discrimination raciale. Il a même purgé une
peine de prison ferme de dix mois en
Suisse en 2005.
Croix gammée sur le mur
Mais voilà, au pied des Alpes comme
des Carpates, la "vie des révisionnistes" n'est pas un fleuve
tranquille. Le Valaisan s'est de nouveau frotté à la justice de
son pays de résidence. En septembre 2006, il a été arrêté en
compagnie d'un fugitif français, remis aux autorités hexagonales depuis. Ce dernier était recherché pour tentative d'homicide.
Pas de chance pour René-Louis Berclaz qui se trouvait en
Roumanie depuis un mois, "pour y passer quelques jours de
vacances", explique-t-il dans son courrier électronique. Les
limiers roumains s'intéressent alors à ses activités sur place. Ils
fouillent la "Maison verte". Première surprise: ils tombent nez
à nez avec une croix gammée très visible sur un des murs de
l'imposante bâtisse.
Deuxième surprise: ils trouvent du matériel négationniste,
notamment des livres et des CD. "Je détiens quelques CD révisionnistes en langue française pour mon usage personnel
exclusivement", se défend le cofondateur de V&J Roumanie.
Troisième surprise: les enquêteurs trouvent un pistolet, un
fusil de chasse et des cartouches. Du coup, René-Louis
Berclaz passe du statut de prévenu à celui de prisonnier, le
temps de l'enquête. Soit trois
mois, indique un témoin de son audition sur un site négationniste. "J'ai vu R.-L. Berclaz menotté avec un jeune Tsigane
à l'aspect révoltant", écrit une femme, soutien du négationniste suisse, ajoutant "R.-L. Berclaz m'a paru fatigué et accablé".
"L'ambassade suisse me soutient
comme la corde soutient le pendu"
Depuis, le Suisse est sorti de prison, mais il ne peut pas
sortir du territoire roumain. Vivant dans un lieu qu'il nous a
demandé de garder secret pour des raisons de sécurité - "Ici,
pour l000 euros, un Tsigane vous plante
un couteau dans le ventre, en plein jour et
en pleine rue, ni vu ni connu", dit-il - il
attend son procès "aussi bien que possible
pour quelqu'un qui est obligé de vivre au
jour le jour depuis plus de dix mois dans
un pays étranger".
Estimant que l'ambassade suisse à
Bucarest le soutient "comme la corde soutient le pendu", René-Louis Berclaz ne
comprend pas pourquoi il vit une telle
situation. "La justice roumaine me
reproche avant tout de détenir un fusil de
sport, un modèle en vente libre en Suisse,
et de me livrer à de la propagande raciste et xénophobe", poursuit-il.
Un peu naïf comme argument, non ?
"Je croyais détenir ce fusil en toute légalité, sur la foi de renseignements que
m'avait communiqués un ami roumain", se justifie le Valaisan
en refusant d'expliquer pourquoi il avait "importé" cette arme,
ce qui est assimilé à de la contrebande d'armes en Roumanie.
Et pour les CD et les livres? "Il faut savoir que la
Roumanie n'est pas un Etat de droit, comme vient de le constater la Commission européenne, qu'il est très difficile d'y obtenir un renseignement juridique fiable et que la loi y est appliquée à la tête du client, autrement dit en fonction de l'épaisseur de son portefeuille ou d'autres considérations liées à la
régression de la liberté d'expression en Europe et à la corruption", écrit-il encore.
En revanche, René-Louis Berclaz s'inquiète pour son avenir. Il ne sait pas ce qu'il risque s'il est condamné, ni quand
aura lieu son procès, "l'enquête n'étant toujours pas terminée".
Cela fait maintenant plusieurs mois qu'il n'a plus été interrogé,
constate-t-il en ajoutant que son avocate "n'y comprend pas
grand-chose. Car elle ignore tout des dessous des procès qui
visent les révisionnistes"!
Patrick Vallélian
19
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Faits divers
z
SATU MARE
SUCEAVA
z
z
z
IASI
z
TARGU
MURES
NADLAC
BACAU
z
z
z
VASLUI
ARAD
z
z
TIMISOARA
HUNEDOARA
PITESTI
z
CRAIOVA
BRAILA
z
BRASOV
z
z
z
TULCEA
z
TARGOVISTE
„
BUCAREST
z
CONSTANTA
(Suite de la page 18)
La pauvreté en cause
20
Pays de transit, devenu
pays de consommation
z
ORADEA
Le professeur met cette indigence
du langage sur le compte de la pauvreté, la dureté de la vie et des conditions de travail, l'ignorance due à
l'isolement à la campagne. "La plupart
des paysans ont quitté l'école primaire après trois classes seulement,
déchiffrant au lieu de lire. Pour le calcul et la grammaire, c'est un véritable
désastre. Seulement 3 % savent faire
une division, beaucoup n'ont jamais lu
un livre et ont oublié la langue roumaine. La plupart se contentent de
regarder les émissions les plus bêtes
de la télé" a-t-il confié, rajoutant "Le
langage est l'instrument de la pensée.
Comment voulez-vous qu'avec si peu
de mots à sa disposition, on puisse
évoluer?". Toutefois, Ionica Sava
reconnaît qu'au cours de ses
recherches il a aussi rencontré des
paysans extrêmement intelligents,
dotés d'une acuité intellectuelle étonnante et pleins de bon sens, qui l'ont
fortement impressionné.
Les "gros mots" à
l'Académie roumaine
Les gros mots vont faire leur entrée
prochaine à l'Académie roumaine…
plus exactement dans le dictionnaire
de la langue roumaine auxquels les
académiciens mettent la dernière
main. L'ouvrage, comprenant 34
volumes, préparé depuis des années
par trois collectifs de philologues de
Iasi, Cluj et Bucarest, sera mis en circulation au cours de l'année. "Pour
les linguistes, un mot obscène est un
mot ordinaire" ont-ils plaidé ajoutant
que "la langue roumaine avait besoin
d'un bon coup d'époussetage, le dernier dictionnaire remontant au début
du XXème siècle".
Bucarest s'attaque au trafic de drogue
avec l'aide de ses alliés européens
V
endredi 25 janvier, la police roumaine a saisi 84 kg d'héroïne en provenance de la Turquie. Dissimulés dans 160 paquets recouverts d'une chape
de plomb pour déjouer le détecteur, les stupéfiants ont été découverts dans
un poids lourd qui s'apprêtait à franchir la frontière roumano-hongroise à Nadlac, ville
située à l'ouest de la Roumanie. La veille, Adrianus Bierhuizen, citoyen néerlandais
résidant à Galati, au sud-est de la Roumanie, avait été déféré devant la justice roumaine pour avoir organisé le transport d'une tonne de cannabis. La drogue provenait
d'Afrique du Sud, à destination des Pays-Bas via le port de Constanta.
Pour l'Agence nationale antidrogues (ANA) de Roumanie, ce genre d'opérations
relève de la routine. Selon son bilan annuel, rendu public le 22 janvier, plus de deux
tonnes de drogue ont été saisies en 2007 dans le pays, soit une augmentation de 82 %
par rapport à 2006. "La Roumanie se trouve sur la route des Balkans, entre
l'Afghanistan et l'Europe de l'Ouest", explique Pavel Abraham, son directeur. "Depuis
plusieurs années, non seulement nous sommes un pays de transit mais aussi un pays
de consommation. Environ 350 000 Roumains ont consommé au moins une fois du
cannabis, mais ce qui nous pose vraiment problème, c'est l'héroïne. Rien qu'à
Bucarest, nous avons 24 000 consommateurs d'héroïne".
Des réseaux de trafiquants sophistiqués
Les opérations policières se sont multipliées depuis la création de l'Agence nationale anti-drogues en 2003, qui emploie 350 personnes dont deux tiers de femmes
âgées, en moyenne, de 28 ans. Le défi de cette jeune agence est de mettre un frein au
trafic de drogues qui s'intensifie en Roumanie. L'adhésion à l'Union Européenne en
2007 et la disparition progressive des frontières à l'intérieur de l'UE ne facilite pas sa
tâche.
Les trafiquants de drogues se sont organisés en réseaux transfrontaliers armés et
équipés d'une technologie de pointe en matière de communication. "Nous avons été
formés par les spécialistes anti-drogues venant des Etats-Unis, avec l'appui de pays
européens comme le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne", précise Pavel
Abraham. "Nous faisons partie d'une force européenne de combat qui s'attaque à la
drogue, nous n'agissons pas en solitaires".
Depuis les négociations d'adhésion à l'UE en 2000, Bucarest accueille un centre
de combat contre le crime transfrontalier (SECI) qui réunit douze pays d'Europe centrale et orientale et des Balkans: Slovénie, Hongrie, Roumanie, Moldavie, Turquie,
Grèce, Croatie, Bulgarie, Serbie, Albanie, Bosnie-Herzégovine et Macédoine. Chaque
pays membre est représenté par un officier de liaison dont la mission consiste à assurer la circulation des renseignements au sein de l'organisation.
Dresser une carte complète du crime en Europe
"Nous ne pouvons pas agir seuls chacun dans notre coin", affirme le Slovène
Mitja Mocnik, directeur du SECI. "Ce qui nous manque, c'est une carte complète du
crime dans l'ensemble de l'Europe. C'est pourquoi nous sommes là".
Le FBI, la CIA et les polices européennes assurent la formation des officiers du
SECI. Les Etats-Unis, Interpol et l'Organisation mondiale des douanes y ont envoyé
des représentants permanents. "Avant le SECI, la communication des renseignements
entre les polices de deux pays pouvait durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines
ou mois", explique Gabriel Sotirescu, son directeur adjoint. "Grâce à ce centre, la
communication est instantanée. Le changement est radical, et le résultat aussi".
Mirel Bran (Le Monde)
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Religion
Société
Le projet pharaonique de cathédrale de l'Église
orthodoxe à Bucarest provoque toujours la polémique
Un nouveau Vatican financé pour moitié par l'État
C
'est un projet pharaonique, digne de la mégalomanie de Nicolae Ceausescu. Une cathédrale (en
photo, sa maquette) susceptible d'accueillir 6000
fidèles, complétée par une bibliothèque, un hôtel pour les pèlerins et la résidence du chef de l'Église orthodoxe roumaine.
Budget présumé: environ un milliard d'euros.
Lancé à
la fin des
années 1990,
ce "nouveau
Vatican"
a
soulevé une
polémique
qui n'a cessé
de s'amplifier.
Non parce qu'il transgresse les règles intimistes de l'architecture orthodoxe, mais parce qu'il devrait être financé en grande
partie par l'État roumain qui a déjà offert le terrain: onze hectares au cœur de Bucarest, juste derrière le palais cyclopéen de
Ceausescu, devenu aujourd'hui le siège du Parlement.
Soutenu par une partie de l'intelligentsia, Remus Cernea,
le jeune président de l'Association pour la liberté de conscience, multiplie les démarches juridiques pour bloquer la réalisation de ce vaste complexe en dénonçant une "collusion inacceptable entre la classe politique et l'Église". Traité tantôt de
"satanique" tantôt de "communiste", Cernea commente laconiquement qu'il doute "vivre dans un pays membre de l'Union
Européenne".
Relayée par l'activisme de l'Association des étudiants orthodoxes, elle dénonce les "déviances" en tous genres telle que la
manifestation des homosexuels, un "péché mortel" selon l'Église. L'homosexualité a été dépénalisée en Roumanie récemment (en 2002).
L'État, laïc selon la Constitution, ne se contente pas
de fermer les yeux. C'est que, comme le remarque le politologue Gabriel Andreescu, "l'Église caracole en tête des
sondages de popularité et représente un réservoir électoral considérable". En novembre dernier, alors que la
campagne pour les européennes battait son plein, le président Basescu a cru bon de décorer en grande pompe le
patriarche Daniel. Rival du président, le premier ministre
a fait de la surenchère en lui offrant 9 millions d'euros
pour la construction de sa cathédrale. Mieux: une loi
votée l'an dernier par le Parlement engage le gouvernement à financer pour moitié le futur complexe.
Une Eglise incapable de gérer son passé
La croisade de Remus Cernea divise les élites. Pour
Mihail Neamtu, un jeune théologien, l'ultranationalisme des
dignitaires orthodoxes et leur prosélytisme ostentatoire s'inscrivent dans une longue tradition. "L'Église orthodoxe roumaine est un marqueur identitaire. Elle a toujours agi par philanthropie. Cette cathédrale n'est qu'une compensation pour
les nombreuses églises détruites par Ceausescu".
Persécutée, l'Église n'en a pas moins été l'alliée loyale du
régime communiste, l'ex-patriarche Teoctist (décédé en août
dernier) poussant le zèle jusqu'à envoyer un télégramme de
félicitations à Nicolae Ceausescu lors du 14ème et dernier
congrès du PC roumain, en novembre 1989. "Durant les
Les complicités et surenchères de l'Etat laïc
années 1930, bon nombre de prêtres sont entrés spontanément
dans les rangs de la Garde de fer (mouvement fasciste)", rapLa future cathédrale "du salut de la nation" est le
pelle Gabriel Andreescu, "et
dernier avatar du retour en force d'une Église orthoil est avéré que la plupart
doxe qui n'hésite pas à s'ingérer dans la vie publique
des dignitaires orthodoxes, y
en affichant des convictions nationalistes exacerbées.
compris Teoctist, ont collaDix-neuf ans après la chute du communisme, les
boré avec la Securitate.
icônes ont pris massivement la place des portraits de
Bizarrement, tous les dosl'ex-Conducator dans les écoles. Diverses pressions
siers les concernant ont disparu".
administratives y ont rendu l'éducation religieuse
L'Église, reconnaît l'hisimplicitement obligatoire.
torien
Eugen Ciurtin, "se
À en croire Cernea, "l'année scolaire débute
montre
incapable de gérer
désormais par une prière, y compris dans les
son
passé
de manière
facultés". En 2006, l'Église a obtenu le retrait de la
convaincante".
Non contenthéorie évolutionniste dans les manuels de biologie:
L’allégeance du président Basescu,
lors de l’intronisation du patriache Daniel.
te
d'"escamoter
la vérité",
désormais l'homme ne descend plus du singe, mais est
une création de Dieu. Elle a également investi les campus unielle fait aujourd'hui le jeu de l'extrême droite qui relaie fidèleversitaires et les casernes en obtenant l'autorisation d'y
ment son discours. Une osmose qui s'est révélée payante pour
construire des chapelles.
le populiste Gigi Becali, devenu, grâce à ce cocktail de natioLe succès de l'un de ses organes officiels, Radio Trinitas,
nalisme et de religiosité, l'un des hommes politiques les plus
l'a incité à lancer prochainement une chaîne de télévision.
populaires du pays.
Arielle Thédrel (Le Figaro)
33
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
z
BAIA MARE
z
z
ZALAU
z
z
TARGU
MURES
z
HATEG
z
z
IASI
ORADEA
ARAD
Religion
SUCEAVA
z
z
BACAU
GALATI
z
TIMISOARA
BRAN
R. VÂLCEA
CRAIOVA
z
z
z
z
BUCSANI
„
BUCAREST
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Nature
Abeilles décimées
32
Société
La sécheresse de l'année dernière,
facilitant la prolifération des parasites,
serait à l'origine de la destruction de
30 % des abeilles du judet de Zalau,
le plus important producteur de miel
du pays, qui compte 1100 apiculteurs
et 41 500 ruches. L'absence de subventions ne permettant pas aux éleveurs d'acheter les médicaments
nécessaires est également évoquée.
Ce phénomène entraînant une carence de la pollinisation pourrait aussi
avoir des conséquences sur les
plantes et les arbres.
Réserve de bisons
Après Negra-Bucsani, VanatoriNemat et Hateg, la Roumanie va
posséder une quatrième réserve de
bisons, à Vama Buzaului, près de
Brasov. Les autorités du judet ont
décidé sa création, sur une superficie
de 100 hectares, afin d'aider au
développement du tourisme rural et
de mener une action pédagogique
auprès des scolaires.
Une somme de 120 000 € lui a
été affectée, destinée notamment à
l'achat de dix bisons en Allemagne et
Suisse et de quatre à la réserve de
Bucsani, ainsi qu'à la construction
d'un centre de séminaires.
Les bisons ont disparu d'Europe
occidentale au XIème siècle, mais
beaucoup plus tard en Europe de
l'Est, où le dernier exemplaire est
mort en 1762 en Moldavie et en 1927
au Caucase. Ils ont fait leur réapparition en Roumanie en 1958, avec
quelques spécimens importés de
Pologne où ils avaient été réintroduits
à l'état sauvage en 1951, comme
dans les Pays Baltes, en Ukraine,
Biélorussie et Russie.
Rome veut relancer le dialogue avec
les orthodoxes tout en maintenant
le principe de primauté du pape
Reconnaissant leur arrogance
les prélats catholiques font pénitence
A
la suite du deuxième consistoire convoqué par le pape Benoît XVI , le
vendredi 23 novembre, réunissant 142 cardinaux à Rome et consacré aux
avancées et déceptions du dialogue œcuménique, le cardinal Walter
Kasper, président du conseil pour l'unité des chrétiens, s'est réjoui du progrès du dialogue avec l'orthodoxie, manifesté par la signature, le 14 octobre à Ravenne (Italie),
d'un document commun sur la "primauté" de l'évêque de Rome (le pape).
"C'est un virage important", a-t-il commenté. "Pour la première fois, les orthodoxes ont reconnu un niveau universel de l'Eglise et admis qu'à ce niveau aussi, un
Protos - primat - existe, qui ne peut qu'être l'évêque de Rome". De même a-t-il estimé
que les relations difficiles avec le patriarcat de Moscou "se sont sensiblement aplanies", parlant de "dégel" et réexprimant son espoir d'une rencontre entre le patriarche
de Moscou et Benoît XVI.
Un certain scepticisme a toutefois accueilli ce bilan même mesuré. Le camp
orthodoxe est traversé d'extrêmes tensions entre le patriarcat de Constantinople qui,
pour des raisons historiques, entend incarner un leadership orthodoxe et mène le dialogue avec Rome, et le patriarcat de Moscou plus réservé, mais qui possède le plus de
troupes (la puissante Eglise de Russie) et qui n'a pas signé le document de Ravenne.
Code de bonne conduite
Aussi, l'enthousiasme qui a suivi l'accord de Ravenne est-il excessif. L'Eglise
d'Orient (orthodoxie) a toujours reconnu la "primauté" de
l'évêque de Rome (le pape),
mais elle continue de ne pas
reconnaître "le statut, le sens et
l'exercice que le catholicisme
lui a conférés au deuxième millénaire de l'histoire chrétienne", comme l'explique le théologien J.F. Colosimo, ajoutant:
"Du point de vue orthodoxe,
c'est la rectitude de la foi qui
légitime la primauté et non pas
la primauté qui détermine la
rectitude de la foi". Une pierre
dans le jardin de l'église cathoLe patriarche Teoctist avait rendu visite à Jean-Paul II,
avant de le recevoir à Bucarest, en terre orthodoxe.
lique à laquelle les chrétiens
d'Orient reprochent d'avoir pris trop de liberté avec le dogme.
Pour le reste dans ce débat oecuménique de Rome, les cardinaux ont tenté de
déterminer un code de bonne conduite. Soit une nouveauté pour des catholiques
accusés d'arrogance comme dans ce document de juillet 2007 de la congrégation pour
la doctrine de la foi répétant que l'Eglise catholique était "la seule véritable Eglise du
Christ", qui avait irrité les Eglises protestantes en particulier.
Désavouant ses collègues de l'ex-Saint-Office, le cardinal allemand Walter Kasper
a jugé "souhaitable" de revoir "la forme, le langage et la présentation au public de
telles déclarations". Ce souci a été pris en compte par les cardinaux qui ont souligné
la nécessité “d'user de formes de communication attentives à ne pas blesser la sensibilité des autres chrétiens".
Henri Tincq (Le Monde)
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Faits divers
Société
Malvoyant, il écoute, il tape… des conversations relatives
à des meurtres, complots, trafics de drogue et de véhicules…
Ion le Roumain, policier de sa majesté Albert II de Belgique
I
1 travaille sur des affaires d'homicides et de grand banditisme, de prostitution, de trafic de stupéfiants et de
terrorisme. Un casque sur les oreilles, un clavier d'ordinateur sous la main, il retranscrit jour après jour les écoutes
téléphoniques de suspects qui pourront se révéler déterminantes dans la résolution d'enquêtes criminelles. Il est policier.
Avec plusieurs de ses nouveaux
collègues, il a prêté serment en juin 2007,
devenant "auxiliaire du procureur du roi".
Mais il ne porte pas d'armes. Ne peut
procéder à des arrestations. Et ne doit pas
s'exposer à des situations dangereuses où
son handicap pourrait poser problème.
Comme ses collègues, il est malvoyant;
certains sont aveugles. Tous ont un atout
dont la police espère tirer un bénéfice:
une capacité d'écoute et de concentration exceptionnelle qui
leur permet d'entendre ce que les voyants ne distinguent pas.
"Question de survie!" sourit Ion Beleava, ce nouveau policier recruté par la police fédérale de Belgique. "Les aveugles
ou malvoyants n'ont pas une meilleure ouïe de naissance, mais
nos handicap nous ont forcés à la développer, à mémoriser et
décoder le moindre son".
Deviner la marque d'une voiture
au ronronnement de son moteur
C'est sur ce talent qu'investit la police. Cette extrême sensibilité aux bruits, voix, souffles, accents qui, dans une enquête, peut faire la différence. "La loi de 1994 a considérablement
étendu le champ des écoutes téléphoniques que peut demander
un juge", explique Paul Van Thielen, directeur général de la
police fédérale à Bruxelles. "Organisations criminelles, trafic
humain, d'hormones ou de stupéfiants, meurtres, homicides...
Les non-voyants peuvent non seulement décharger les enquêteurs d'un travail de retranscription très chronophage, mais je
suis convaincu que leur capacité à y noter des détails signifiants peut être capitale".
Des exemples ? Détecter si l'un des interlocuteurs enregistrés parle d'un autobus, d'un train ou d'un tramway. Cerner
l'environnement sonore de la conversation: rue, restaurant,
aéroport. Deviner la marque d'une voiture au ronronnement de
son moteur. Identifier des accents. Reconnaître une voix déjà
entendue sur une écoute... "C'est sur des détails que tout peut
se jouer!", affirme Paul Van Thielen.
A l'origine de cette expérience pilote que le directeur de la
police a l'intention d'étendre, une mission d'étude - effectuée à
la demande du gouvernement belge à l'été 2003 - dans les
Pays-Bas voisins, où le recrutement de policiers aveugles,
deux ans plus tôt, avait eu du retentissement. M. Van Thielen
en était revenu enthousiaste. Et averti. La police néerlandaise
avait conseillé l'installation de tandems, expliquant qu'un binôme de policiers était plus efficace.
"Au pays de Ceausescu
on ne rêvait pas de devenir policier!"
Le recrutement pouvait commencer. Six postes (à
Bruxelles, Liège et Anvers) devaient être créés: trois francophones, trois néerlandophones. Des dizaines de candidats n'attendaient que ce moment.
"Une chance!" se rappelle Ion
Beleava. "Une assistante sociale des
Amis des aveugles de Mons m'a signalé
l'appel à candidatures diffusé sur
Internet. C'était fin février 2007, et il ne
me restait que quelques heures pour
remplir mon dossier, j'ai foncé. Les défis
forcent à se dépasser! Et j'aime l'idée
d'une police rassurante, au service de la
protection du public". Ce n'était pas un rêve d'enfant. "Au pays
de Ceausescu, on ne rêvait pas de devenir policier!".
Ion Beleava est arrivé en Belgique en 199l, à 28 ans,
comme réfugié politique ayant fui la Roumanie avec sa
femme, aveugle, et son petit garçon de 8 ans. Non-voyant de
l'œil gauche et souffrant d^un champ visuel très rétréci à l'oeil
droit en raison d'une hypoplasie rétinienne, il n'a jamais pu
reprendre son métier de kinésithérapeute mais a vite appris le
français, suivi des formations de secrétariat et de bureautique,
exercé différents emplois tout en se familiarisant avec Internet.
L'humour et l'efficacité
du Roumain, devenu Belge, impressionnent
Les tests conçus par la police ne l'ont pas impressionné.
Pas plus que la formation qui a suivi l'annonce du résultat :
organisation de la police belge, notions de déontologie et
d'intégrité, droit et procédure pénale, fonctionnement des télécommunications... Restait à intégrer l'équipe des 260 personnes (dont 200 enquêteurs) de la police de l'arrondissement
de Liège, avec un autre malvoyant de 37 ans, Stephan Biral,
dont c'était le premier emploi.
Le commissaire divisionnaire Jacques Chantry avait sensibilisé le personnel, et chacun a tout de suite intégré des règles
de fonctionnement très simples: se présenter en entrant dans la
pièce de travail, nommer les documents que l'on pose sur le
bureau, ne pas considérer comme un tabou les questions sur la
déficience visuelle... L'humour et l'efficacité du Roumain
devenu Belge ont vaincu toutes les réticences.
Il écoute, donc. Et tape. Des conversations relatives à des
meurtres, complots, trafics de drogue et de véhicules... En lui
remettant sur une clé USB l'enregistrement à écouter, l'enquêteur le briefe sur l'histoire, le contexte, les hypothèses. Et Ion
retranscrit fidèlement, ajoutant parfois quelques détails sur une
voix, un accent, un fond sonore, la proximité d'une autre personne... Il utilise un agrandisseur d'écran et une TV-Loupe.
(Lire la suite page 22)
21
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Vie quotidienne
Gisèle, la Nantaise expatriée,
passera sa retraite en Roumanie
SUCEAVA
z
z
BAIA
MARE
ORADEA
z
ARAD
z
IASI
CLUJ
SIBIU
TIMISOARA
BACAU
z
z
z
z
PITESTI
CRAIOVA
z
BRASOV
z
SINAIA
z
z
TARGU
MURES
z
GALATI
z
z
PLOIESTI
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
(Suite de la page 21)
“On n’est pas au cinéma”
22
Où fait-il bon vivre ?
D'autres de ses collègues utilisent
une barrette en braille placée à la
base du clavier. C'est le cas de
Sacha Van Loo, à Anvers, dont la
maîtrise de sept langues est un atout
majeur dans les enquêtes liées au
terrorisme.
Passionnant? Ion rit. "On n'est pas
au cinéma ! Beaucoup de conversations sont banales. Mais chaque
affaire est une histoire, avec des
gens qui ont souffert, rêvé, jalousé,
convoité. Ce sont des tranches de
vie. Un recueil de nouvelles...".
Annick Cojean ("Le Monde")
Démographie
en baisse... mais
mariages en hausse
Un Roumain est mort toutes les
deux minutes, un autre est né
chaque trois minutes en 2007,
selon l'Institut National de la
Statistique, avec comme conséquence la poursuite du déclin démographique du pays, lequel comptait
21,530 millions d'habitants au 31
décembre dernier, bien que la mortalité générale et notamment infantile
soit en baisse.
Le taux de natalité est toujours
en recul. Il pourrait se redresser
avec la hausse sensible du nombre
de mariages enregistrés l'an passé,
189 000 (+ 43 000, + 30 %), dans
laquelle il faut sans-doute voir l'effet
de la prime de 200 € accordée par
le gouvernement, le pourcentage
de divorces restant stable (33 000,
soit environ un pour 6 mariages).
U
ne Française qui envisage de passer sa retraite en Roumanie où elle travaille depuis près de dix ans, un couple de Roumains qui a retrouvé
Bucarest mais revient de plus en plus souvent en France après y avoir
vécu pratiquement sans interruption depuis la "Révolution"… Ce sont les reportages
que "Les Nouvelles de Roumanie" proposent dans les pages ci-contre et suivantes.
Des destins croisés qui illustrent finalement la recherche d'un endroit où l'on se trouve bien. Finalement, chacun a choisi de vivre chez l'autre. Pour les Français, c'est y
retrouver un peu d'authenticité que l'on a
connue autrefois. Pour les Roumains, la notion
de confort, de sécurité devant les aléas de la vie,
qui n'est pas assurée dans leurs pays, l'emporte.
"J'aime les gens d'ici"
"J'aime les gens d'ici, leur sens de l'accueil, leur attachement à leur terre"… A l'heure prochaine de la retraite, Gisèle Nadalin s'apprête à poser son sac d'expatriée en Roumanie.
La Nantaise a pourtant beaucoup voyagé. Ses
études de droit achevées, devenue fonctionnaire du ministère des Finances, elle a accumulé
Gisèle Nadalin.
les missions à l'étranger dès l'âge de 30 ans.
Après l'une qui l'avait conduite en Martinique, Bercy lui proposa, en 1999, de devenir conseillère auprès du ministère des Finances roumain sous l'égide de l'UE pour
aider ce pays à préparer l'acquis communautaire dont il avait besoin afin d'entrer dans
la Communauté Européenne.
La Nantaise se passionna pour ce jumelage d'administration, se mettant à écrire
avec ses collègues roumains des lois entrées en vigueur aujourd'hui. "C'était exaltant.
Il n'était pas question de reprendre tel quel ce qui existait en France. Il fallait trouver
des solutions qui soient un bon compromis pour les Roumains, imaginer, brûler des
étapes pour gagner du temps, regarder ce que faisait d'autres pays comme les USA,
l'Espagne, faire venir des responsables de Bruxelles, si besoin. Surtout, il n'était pas
question de dire: c'est comme çà… L'important, c'était que l'idée fasse son chemin et
que les Roumains se l'approprient quitte à la modifier".
Le loup, l'agneau… et le paysan
La fonctionnaire était loin du train-train de l'administration française, de son fonctionnement et de ses certitudes. Tout au long de ces années, elle occupa temps libre et
congés à découvrir le pays. A sa manière, c'est-à-dire hors des sentiers battus.
Elle passa des journées entières dans des villages isolés du Delta et dans leurs
maisons en toit de chaume, ramassa du miel d'abeilles dans des forêts d'acacias avec
un apiculteur, goûta la tsuica aux cerises que confectionnait un curé du nord des
Apuseni et les délicieuses pâtisseries aux noix de sa bonne.
Curieuse de la nature, Gisèle effectua une retraite dans la montagne de Bucovine,
à Vatra Dornei, en profitant pour ramasser framboises, guignes, fraises des bois et faire
des confitures. Ces promenades l'amenèrent à faire des rencontres imprévues. Ainsi
croisa-t-elle un paysan avec un seau plein de cerises. Elle lui proposa de l'acheter mais
la transaction ne se fit qu'à la condition qu'elle le récipient en fasse partie. Comprenant
qu'elle était française, l'homme se mit soudain à réciter "Le loup et l'agneau", détachant les mots de français comme il l'avait appris voici si longtemps à l'école.
(Lire la suite p. 24)
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Minorités
Société
L'UE encourage et aide les politiques
nationales ciblées en faveur des Tsiganes
L
'adoption dans l'urgence par l'Italie, fin octobre
2007, d'un décret pour faciliter l'expulsion des
immigrés roumains, après le meurtre d'une
Italienne par un Rom roumain, a provoqué de fortes tensions
entre Bucarest et Rome.
Le double amalgame Rom-criminalité et Rom-Roumains
a donné lieu à une succession de déclarations peu amènes, dont
celle du maire de centre-gauche de Rome, Walter Veltroni,
dénonçant "un péril roumain". L'Italie est la première destination d'immigration des ressortissants de Roumanie, peuplée de
1,8 million de Roms.
Une communauté de sept millions de personnes
La question de leur intégration s'est, par ce fait divers,
imposée à l'Italie et, par ricochet, à l'Union Européenne, que
les premiers ministres italien et roumain ont appelée à l'aide.
Les 7 millions de Roms d'Europe - sa plus importante minorité
transnationale - vivent en majorité à la marge de la société.
A Bucarest, Rome ou Madrid, des campements de Roms
s'installent en périphérie des grandes villes dans des conditions
insalubres et forment souvent des foyers de délinquance.
Depuis que Roumains et Bulgares sont devenus membres de
l'UE, leur rapatriement pour "situation de dénuement" est
devenu fréquent en Europe de l'Ouest, Suisse comprise. En
France, le nombre de ces "rapatriements humanitaires" est
ainsi passé de 400 personnes en 2006 à 1 239 en 2007, dont
788 pour des Roumains et des Bulgares.
Bruxelles a déjà investi 150 millions d'euros
Mais les Roms ne sont pas mieux intégrés dans leurs pays
d'origine. Aussi s'efforcent-ils de renforcer leur représentation
au sein des instances internationales - à l'Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE), au Conseil de
l'Europe, au Parlement. Des programmes visant la promotion
de leur culture et l'intégration de leur communauté ont été mis
en place dans les Etats où ils se trouvent.
Un bureau européen d'information sur les Roms, ERIO,
analyse des informations collectées par les Etats et les organisations non gouvernementales dans différents pays. Ses
enquêtes ont permis de mieux cerner l'évolution de la population rom en Europe.
La présence d'un nombre de Roms supérieur aux estimations en Turquie, en Ukraine ou en Russie a ainsi été révélée,
même si l'absence de statistiques ethniques limite la fiabilité
de ces études.
Des programmes cadres ont été adoptés au niveau national, financés par l'Union européenne et la société civile (Open
Society Institute, Banque mondiale, Fondation Soros, etc.).
Leurs résultats sont tangibles mais inégaux. Avant l'intégration
en son sein de la Roumanie et de la Bulgarie, l'UE a dépensé
150 millions d'euros dans un fonds social destiné spécifiquement aux Roms, mais on ne sait pas toujours à quoi cet argent
est employé.
Le bilan général reste médiocre. "Les allocations familiales, les allocations logement, les indemnités chômage ou
invalidité représentent toujours la source de revenus la plus
fréquente des familles roms en Roumanie", indique le rapport
2007 du Fonds d'éducation des Roms à Budapest.
Des enfants normaux placés en écoles
spéciales pour "déficients intellectuels"
Les pays concernés ont pourtant consenti des efforts pour,
à la demande de Bruxelles, lancer des politiques d'intégration
des minorités. Ainsi, en 2002, deux ans après l'adoption de
deux directives européennes, la Roumanie a décidé la prise en
charge par le ministère de la santé de médiatrices sanitaires,
elles-mêmes roms.
Celles-ci sont chargées d'identifier et de prévenir les problèmes de santé de leur communauté. Le bilan de leur action
est relativement positif. "Les enfants roms sont beaucoup
mieux suivis médicalement et plus souvent vaccinés",
témoigne Florina Busuioc, 39 ans, médiatrice à Bucarest.
De l'avis général, le plus grand frein à l'intégration, outre
les préjugés, reste le faible niveau d'éducation, lui-même facteur clé de l'accès au marché du travail. Le taux de chômage
des Roms est parfois dix fois supérieur au taux national. En
République Tchèque, il est de 70 % pour les Roms contre
7,9 % pour l'ensemble de la population. Leur taux de scolarisation chute dès le secondaire. Et, en Europe centrale, de nombreux enfants sont placés en "écoles spéciales pour déficients
intellectuels" dès le primaire.
La Cour européenne des droits de l'homme a jugé discriminatoire, à la mi-novembre, le placement forcé dans ces
"écoles spéciales", et a condamné la République tchèque pour
cette pratique, courante en Slovaquie, en Hongrie, en Bulgarie
et en Roumanie. "C'est une grande victoire", s'est félicitée
Vera Egenberger, directrice du Centre européen des droits des
Roms à Budapest, car il crée une jurisprudence.
"C'est le Rom qui détient
les clés de son développement"
Incitatrice, coordinatrice, arbitre, l'Europe a permis des
avancées significatives, depuis 2005, dans le cadre de la
Décennie d'intégration des Roms. Cette initiative a permis de
développer des politiques nationales ciblées sur le logement,
l'éducation, l'emploi et la santé dans neuf pays (Roumanie,
Bulgarie, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Serbie,
Croatie, Monténégro, Macédoine).
"Des actions doivent être concertées au niveau européen",
affirme Jean-Pierre Liégeois, fondateur de Centre de
recherches tsiganes, à Paris, dans son dernier ouvrage, Roms
en Europe (éd. du Conseil de l'Europe, 2007). Mais, insiste-til, "c'est le Rom qui détient les clés de son développement".
Anne Rodier ("Le Monde")
31
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Minorités
SUCEAVA
z
z
ORADEA
ARAD
BAIA
MARE
La transhumance des Tsiganes de Berini
z
IASI
z
TARGU
MURES
BACAU
z
L
z
z
z
z
SIBIU
TIMISOARA
z
z
BRASOV
GALATI
BRAILA
SACOSU
z
CRAIOVA
z
PITESTI
„
BUCAREST
3900 € pour retourner chez eux…
et envoyer leurs proches les remplacer
z
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
z
a France a expulsé environ 500 tsiganes roumains, en une semaine, fin janvier, avec promesse de leur attribuer une somme de 3900 € contre leur
engagement de ne pas revenir sur son territoire. "Romania Libera" a dépêché un journaliste dans la région de Timisoara pour rendre compte de leurs conditions
de retour et de réinstallation dans leurs villages.
"La moitié des 200 habitants du village tsigane de Berini, commune de Sacosu,
ont émigré en France dans le seul espoir d'être rapatriés par les autorités françaises et
de toucher la prime de 3900 € qu'elles ont promise de leur verser dans le mois suivant. Ils avaient effectué le voyage aller par le car, économisant sur l'aide sociale
versée par leur mairie pour payer leur billet, d'un coût d'une centaine d'euros.
Séjournant en France juste le temps d'être enregistrés sur place par l'administration, ils
ont été renvoyés par avion, une première tranche de 300 € leur étant remise à l'aéroport de Timisoara. "Si on n'a pas le reste d'ici la fin du mois, on retournera en France"
ont menacé plusieurs d'entre-eux.
Analphabètes avec diplômes
Le parc Cismigiu
menacé à son tour
30
Commencée sous Ceausescu, la
destruction du paysage urbain de
Bucarest continue, cette fois-ci sous
la pression des investisseurs, bakchichs et énormes intérêts financiers
faisant bon ménage. Après l'église
Armenesti, reléguée dans l'ombre
d'une tour de 19 étages, puis la
cathédrale Saint-Joseph, flanquée
d'un immeuble de 75 mètres de haut,
le parc Bordei, en passe d'être livré
aux promoteurs, c'est au tour du parc
Cismigiu d'être menacé. Ce petit
bijou de verdure, qui permet au
centre de la capitale de respirer,
accueille promeneurs, retraités,
familles, risque d'être entouré par
d'immenses blocs de 27 étages, à
chacun de ses quatre coins.
Outre une atteinte irréparable au
paysage et à l'architecture classique
de l'endroit, ces constructions, destinées à accueillir des activités de
bureau, draineraient une circulation
automobile infernale dans des rues
étroites, déjà encombrées.
Le projet a été présenté début janvier à la Commission technique d'urbanisme de la ville, son président
argumentant que "les tours prévues
seraient très utiles aux promeneurs
du parc afin qu'ils se repèrent et se
dirigent".
Les Tsiganes de Berini sont particulièrement pauvres. Beaucoup vivent dans des
taudis, entassés à cinq ou six dans ce qui tient lieu de pièce, souvent sans lumière, parfois sans chauffage, mais se débrouillant toujours pour avoir la télévision, certains
payant même un abonnement au câble - 6 € par mois-, le prix d'une journée de travail, qu'ils trouvent à l'occasion à droite ou à gauche. La plupart sont analphabètes…
mais avec diplômes, datant de l'ère Ceausescu.
"A l'époque, on leur attribuait des notes et leur délivrait des certificats témoignant qu'ils avaient fait leur huit classes du primaire, mais ils ne savent pas écrire
leur nom" commente le maire de Sacosu, Gabi Koller. "Comme ils savent ni lire ni
écrire, il est difficile de les embaucher" poursuit-il, "mais la vérité, c'est qu'ils ne veulent pas travailler. Ils attendent l'aide sociale, s'offrent pendant deux jours du salami,
des tomates, du fromage et des bières, puis ensuite du pain avec du sel. Il y a même
des jours où ils ne mangent rien".
Des moutons à la place de la prime promise
Miti Novacovici, lui, a mendié pendant quelques années en France. Aujourd'hui,
il a sa maison dans le village et roule en Mercedes. A Paris, en août 2007, lorsque les
autorités françaises ont fait leur proposition, il a sauté dans le premier car de rapatriement. "Ils ne nous ont pas donné 3900 € en liquide, mais nous ont acheté du bétail"
indique-t-il. "J'ai reçu 65 moutons. Mon grand-père a dû se retourner dans sa tombe
quant il m'a vu en berger. On n'a jamais fait çà dans la famille". Résultat: faute de
soins appropriés, 45 moutons sont morts en quelques semaines. Quelques uns ont servi
au clan à festoyer et le reste a été vendu. Au bout de six mois, il ne restait rien de sa
prime au Tsigane rapatrié.
"Les Français n'ont pas réfléchi qu'on ne s'improvise pas berger comme çà" s'irrite le maire de Sacosu, poursuivant : "Les moutons, il faut savoir s'en occuper. Il faut
les nourrir. Ils ont besoin de pâturage. Ici, on n'en a pas suffisamment. La France a
confié l'affaire à une fondation qui a fourni 1500 moutons à 25 Tsiganes. On voit le
résultat".
Miti Novacovici, lui, a vite compris tout le profit qu'il pouvait tirer de la manne
française. Il a incité ses proches à aller le remplacer en France, juste le temps de se
faire enregistrer et de demander leur expulsion pour bénéficier de la prime de 3900 €.
Le business, qu'il a développé, s'assurant un pourcentage au passage, lui rapporterait
3600 €, selon l'estimation du maire. Les plus malins l'ont imité… et c'est ainsi que la
moitié du village de Berini s'est retrouvée en France".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Vie quotidienne
Société
Gheorghe et Mariana, les Bucarestois
sont revenus à Nantes où ils ont vécu seize ans
G
heorghe, 41 ans à l'époque, et Mariana, 36 ans, ont
quitté la Roumanie à l'été 1990, avec leur fils
unique, Cristian. Après avoir vendu précipitamment leur appartement, le couple a acheté trois billets d'avions
pour la première destination disponible,
sans esprit de retour. Ce fut la France où
ils débarquèrent avec 400 deutschemarks
en poche (150 €).
Ouvrier typographe puis souffleur de
verre, le Bucarestois n'en pouvait plus de
toutes les tracasseries dont il était victime,
de ses convocations à la Securitate pour
son "mauvais esprit" car il n'envoyait pas
son fils fêter le 23 août - fête nationale
communiste -, des séances d'accusations
et d'autocritique au travail, quand un des ses collègues l'avait
mouchardé pour une blague sur Ceausescu. Cela lui avait valu
d'être kidnappé par les policiers, roué de coups et jeté de leur
voiture dans un carrefour où il pouvait se faire écraser.
Dans un carton sur le trottoir parisien
Le vase avait débordé lors des "minériades" de juin 90.
Participant à l'euphorie des étudiants, Gheorghe avait distribué
des tracts, ce qui lui valut d'être à nouveau tabassé.
Sans parler un mot de français, la famille se retrouva sur
le trottoir parisien. Mariana et son garçon trouvèrent refuge
dans un foyer de femmes battues. Gheorghe, qui pour la première fois était séparé des siens, s'installa dans un carton qui
traînait dans une rue à proximité. Un clochard, qui se révéla
d'une grande humanité, le réveilla et l'emmena, malgré sa peur,
dans un bâtiment désaffecté. Ce cauchemar a duré trois
semaines. Tous les matins, il retrouvait Mariana qui devait
quitter le foyer et le réintégrer au plus tard à 20 heures.
Des Roumains leur conseillèrent de se rendre à la Croix
Rouge. Bien leur en prit, celle-ci leur paya une chambre d'hôtel pendant un trimestre, leur assura une assistance et un
contrôle médical, puis, de fil en aiguille, en passant par
France-Terre d'asile, la famille se retrouva à Nantes en février
91, dans un foyer et ensuite en appartement HLM.
Le couple suivit des cours de français, Mariana obtint un
stage de formation comme cuisinière et Cristian fut envoyé à
l'école, une classe de rattrapage lui permettant de se familiariser avec la langue.
Dur de se faire une place au soleil
La famille obtint le statut de réfugié politique et pouvait
envisager une nouvelle vie. Elle fut rude. Mariana trouva vite
quelques heures de travail, complétée par des ménages, et son
énergie à la tâche contribua à la faire embaucher à temps plein.
Gheorghe tenta de relancer son activité de souffleur de verre,
ouvrant son atelier. Il dût renoncer, faute de clients, et suivit un
stage de réorientation professionnelle comme électricien.
"Il m'a surtout appris à chercher du boulot" confie-t-il…
ce qui lui servit puisqu'il fut embauché en 1999 aux chantiers
de l'Atlantique à Saint-Nazaire par une entreprise de sous-traitance. La construction navale était alors en plein boom: en cinq
ans, le Roumain installa l'électricité des
soutes aux ponts en passant par les
cabines dans onze bateaux dont les quatre
"Millénium", le "Queen Mary", et le
"Sovereign of the seas", plus gros paquebots du monde à l'époque.
Mais les journées étaient dures. Sitôt
rentré de Saint-Nazaire, distant de 70 km,
Gheorghe prenait la direction d'un village
des bords de Loire pour retaper la maison
qu'il avait acquise 300 000 F (45 000 €)
grâce à un prêt de la banque. Il y travaillait jusqu'à une heure
du matin, tout le week-end, embauchant des copains roumains,
se contentant de sandwichs et de bières. Il ne rentrait chez lui
que pour s'affaler dans le lit. A six heures, le réveil sonnait.
Direction Saint-Nazaire. Deux ans à ce rythme… mais le
Bucarestois la revendit au triple de son prix.
Balançant entre "gratar" et huîtres
Fort de cette expérience, Gheorghe recommença l'expérience en voyant plus grand, ce qui lui permit de mettre de côté
100 000 €. Suffisamment pour revenir au pays. La gentillesse
naturelle de ses compatriotes, leur sens de l'accueil, les relations familiales à l'ancienne, les amis, les parties de pêche, les
"gratar" (barbecue) manquaient au couple qui avait du mal à
supporter d'être toujours considéré comme étranger en France,
alors qu'il faisait tout pour s'intégrer.
Après être venue "prendre la température" à Bucarest à
l'été 2006, la famille, qui a obtenu la nationalité française en
2002, fit ses adieux à Nantes en janvier 2007, montant un
salon de beauté dans un quartier de Bucarest dont s'est occupé
Mariana, pendant que son mari et son fils se consacraient à la
prospection immobilière.
Mais la concurrence étant rude, les anciens Nantais ont dû
renoncer. Ils ont aussi découvert l'envers du décor avec une
irritation ou impatience de Français qu'ils n'avaient pas lorsqu'ils ont quitté leur pays. La pauvreté, le manque de courtoisie rencontré dans la vie courante, les bureaux, l'administration, l'absence de respect de la nature, avec des déchets abandonnés dans les plus jolis sites, les ont rappelé brutalement à
la réalité.
La "bonne vie" de France, avec ses beautés naturelles préservées, sa cuisine, ses fromages qu'on ne trouve pas ici, ses
huîtres le dimanche accompagnées d'un petit coup de muscadet, la partie de pétanque, leur manquait.
Alors Gheorghe et Mariana ont décidé de rentrer à Nantes,
mais cette fois-ci en ayant deux ports d'attache: l'un proche de
l'Atlantique, l'autre de la Mer Noire. "Après tout" conclut
Gheorghe, "le cœur a bien deux oreillettes".
23
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Les blocs de Staline
ont encore 70 ans de vie devant eux
Vie quotidienne
z
ORADEA
SUCEAVA
SATU
MARE
z
CLUJ
z
z
z
TARGU
MURES
ARAD
VASLUI
z
z
IASI
z
BRASOV
z
z
SIBIU
TIMISOARA
z
GALATI
BRAILA
T. SEVERIN
z
„
z
z
z
z
TULCEA
BUCAREST
CONSTANTA
z
CRAIOVA
(suite de la page 22)
Bruxelles apprend
à vivre chez les nonnes
24
Emmenant un jour en visite dans
les monastères de Bucovine une
délégation de hauts fonctionnaires
européens, elle mesura le fossé qui
peut séparer les simples gens de
ceux qui se chargent de les diriger.
Flattées et impressionnées par cet
honneur, les religieuses avaient préparé un merveilleux repas, décoré les
tables, quand le chef de la délégation
leur fit savoir qu'il avait retenu un restaurant pour le déjeuner.
Les bonnes sœurs, après avoir
mis tant d'amour dans leurs préparatifs, furent consternées et la plus
âgée éclata en sanglots. Finalement,
les "pontes" de Bruxelles montrèrent
qu'ils n'étaient pas sans cœur et
annulèrent leur réservation.
Les pieds sous la table, ils n'eurent
qu'à se faire servir les haricots frais et
aubergines du jardin autour de plats
de viandes moelleuses, le tout arrosé
d'un petit vin rouge venu des vignes
de Monseigneur l'archevêque. Un
repas dans une atmosphère d'enchantement qu'ils ne sont pas prêts
d'oublier… Ces "petits rien " de la
Roumanie font beaucoup pour Gisèle
qui n'a pas envie de les quitter. Même
si, de temps en temps, elle fait un
tour à Nantes, filant aussitôt retrouver
l'Océan au port du Croisic ou courant
s'acheter huîtres, langoustines,
palourdes. "Je m'installe à table;
maman m'a préparé un merlu au
beurre blanc… C'est le rêve !".
Côté mer, la Nantaise ne renoncera pas à l’Atlantique, mais côté terre,
c'est décidé… Ce sera la Roumanie !
Pas de drame, ce ne sera pas "Pot
de mer contre pot de terre".
L
es blocs en béton inventés par Staline en 1935 pour loger les paysans
amenés à Moscou afin de construire sa capitale soviétique, dont le modèle
a été exporté dans les pays satellites vingt ans plus tard, ont encore de
beaux jours devant eux. La durée de vie de ces préfabriqués est estimée à près d'un
siècle ce qui, pour les plus récents, bâtis en Roumanie dans les années 70-80, leur
assure encore une longévité de 70 ans.
L'ensemble des pays de l'Est sont
confrontés au mêmes problèmes: doit-on les
rénover, les entretenir, les détruire ? Exigus,
sans finitions, très mal chauffés, ne comportant pas de commodités pour ceux de la première génération, appelés en URSS
"Kommunalki", ils étaient rigoureusement
identiques afin de lutter contre les tendances
individualistes, considérées dangereuses pour
l'édification du socialisme et de "l'Homme
nouveau". Une famille ne tenait pas dans la
cuisine et ne pouvait pas prendre son repas en
commun. Elle devait s'entasser dans la même
chambre, ne permettant aucune intimité, ce
qui était sans importance, les "bons citoyens"
n'ayant rien à cacher par principe.
Ces blocs, hideux, avaient cependant
l'avantage d'offrir l'électricité et l'eau courante à des moujiks qui n'avaient jamais
connu çà. Par la suite, à l'époque de Khrouchtchev, tout en gardant leurs principales
caractéristiques, ils se sont améliorés, leurs occupants leur donnant le nom affectueux
de "Khrouchtchevchi", même s'ils étaient toujours très étroits et permettant toujours
aussi peu d'intimité, car au moins ils apportaient quelques éléments de confort, disposant d'une vraie cuisine, bien que minuscule, et d'une salle de bain.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
France, des mairies ont créé des programmes d'insertion novateurs
et de Bulgarie entre intégration et expulsion
de ces initiatives d'intégration, les associations qui défendent
des succès. Mais, envers du décor, les places sont chères. Une
les Roms en France expriment des réserves. Selon elles, tous
personne sur six seulement qui vivait dans le bidonville
ces programmes permettent aussi, in fine, aux municipalités
d'Aubervilliers a ainsi été sélectionnée par la mairie.
d'obtenir l'appui de leur préfecture pour évacuer les Roms dont
L'obligation de rester en France à l'issue des trois ans de proles dossiers n'ont pas été retegramme d'insertion en dissuanus. Ceux-là n'ont alors pas
de également plus d'un.
d'autre choix que reprendre la
"Beaucoup renoncent, car
route et aller gonfler les
une fois bien réfléchi, ils n'ont
bidonvilles d'autres compas envie de se retrouver, à
munes. "On les aide à s'en
terme, au douzième étage
sortir une fois, mais ce n'est
d'une tour HLM", commente
pas non plus du crédit revolM. Demartini.
ving, explique encore M.
Le règlement intérieur de
Demartini, de la mairie
ces camps est, de surcroît,
d'Aubervilliers. Après, c'est
extrêmement contraignant.
aux autres communes de
Des vigiles contrôlent les
fournir un effort."
allers et venues sept jours sur
Les résidents du camp
sept, 24 heures sur 24. Et les
d'Aubervilliers ont bien
visites de tiers sont interdites.
conscience qu’il s’agit de
Enfin, ces projets d'insertion restent très marginaux. La Autre facette des solutions recherchées pour régler le problème tsigane: provisoire. Pourtant, dans
l’aide au retour dans leur pays. Ici, le nouvel ambassadeur de France à
plupart du temps, les camps de
Bucarest, Henri Paul, en visite dans un village près de Timisoara, vient leurs bungalows qui sentent
s’assurer auprès des “rapatriés” des résultats du système mis en place. encore le neuf, certains ont
Roms sont plus simplement
décoré leur porte d'entrée avec un voilage. D'autres ont accroévacués à grands renforts de policiers. Quand ils sont en situaché des photos de famille aux murs. Dans le sien, Robert
tion irrégulière, ils reçoivent également, au passage, un avis de
Berbekar, 28 ans, a dépensé ses toutes premières économies
reconduite à la frontière.
dans des fleurs artificielles.
Elise Vincent
Si elles se réjouissent du développement, même restreint,
Les fiançailles d'une fillette tsigane de six ans
avec un adolescent de 17 ans, le jour de la Saint Valentin
Générateurs d'une culture de quartier
La majorité des 140 millions de Russes vivent toujours dans ces immeubles, que
l'on retrouve à Prague, Varsovie, Berlin-Est. Certains de leurs occupants, notamment
les personnes âgées s'y trouvent bien. Habitués à leur quartiers où ils ont les principales commodités - commerces, école, dispensaire, arrêt de bus - à moins de cinq
minutes, une mentalité s'y est formée, appelée "culture de quartier". En outre, ils sont
souvent propriétaires de leur appartement; en acheter un autre serait au-dessus de leurs
moyens.
Plusieurs architectes sont donc d'avis de les conserver, moyennant des aménagements portant sur les fenêtres, le chauffage, les façades, pour leur donner un semblant
de nouvelle jeunesse. Mais cela coûte cher et les grosses réparations qui auraient dû
être faites au bout d'une trentaine d'années n'ont bien souvent pas été entreprises. Des
expériences de rénovation sont tentées, comme à Budapest où l'UE a financé à hauteur de 2,2 M€ la rénovation d'un bloc, doté, entre autre, de panneaux solaires.
En Roumanie, ce sont les immeubles construits avant le tremblement de terre de
1977 qui sont les plus menacés de disparition, ne correspondant pas aux normes antisismiques. Un programme de consolidation a été entrepris pour certains. Les autres,
respectant la législation, arrivent au terme de leurs 30 premières années et doivent
subir de gros travaux. Reste en pendant la question des blocs édifiés pendant la période de "systématisation", lorsque Ceausescu avait entrepris dans les années 80 de
regrouper les populations rurales dans ses "cages à lapins", dont certaines ne disposaient pas de WC, les habitants étant priés d'aller se soulager dans les toilettes communes au rez de chaussée.
Société
U
ne fillette d'origine rom âgée
de six ans s'est fiancée le soir
de la Saint Valentin à
Ramnicelu (est de la Roumanie) avec un
adolescent de 17 ans, lors d'une cérémonie surveillée de près par la police.
"Une fête a été organisée au foyer
culturel, ensuite les deux mineurs sont
rentrés chacun chez eux", a déclaré à
l'AFP le maire adjoint du village, Ion
Alecu. Selon lui, les parents des deux
enfants se sont engagés par écrit devant la
police et un assistant social à veiller à ce
que les deux mineurs ne vivent pas
ensemble et n'aient pas de rapports
sexuels jusqu'à ce que la fillette,
Marghioala, fête son 15ème anniversaire.
"Nous allons continuer à les surveiller de
près", a-t-il ajouté.
Auparavant, des assistants sociaux de
la direction locale pour la protection de
l'enfance (DGASPC) s'étaient rendus sur
place pour tenter de convaincre les deux
familles de renoncer à leur projet de fiancer les enfants, mais en vain.
Les parents des “fiancés” face à la presse.
"Nos moyens d'intervention dans des
cas comme celui-ci sont limités", en raison notamment de la réticence de la communauté rom du village, forte d'environ
1200 familles, à renoncer à cette tradition, a expliqué le porte-parole de la
DGASPC, Carolica Dinu.
Selon lui, les mariages entre mineurs
sont fréquents à Ramnicelu, de même que
les cas d'adolescentes mettant au monde
des enfants. "Une douzaine de fillettes
devenues mères à l'âge de 11, 12 ou 13
ans font actuellement l'objet d'une surveillance de la part de nos assistants
sociaux", a-t-il précisé.
"La communauté rom de Ramnicelu
représente un cas spécial, c'est une communauté fermée, qui jouit d'une certaine
prospérité et dont les membres se marient
uniquement entre eux", selon Carolica
Dinu. Les efforts de la DGASPC d'éradiquer cette tradition se heurtent à l'opposition des villageois, mais aussi à une certaine impuissance de la justice. En 2007,
une trentaine de jeunes de Ramnicelu ont
été poursuivis pour "abus sexuels sur des
mineurs" mais aucune de ces affaires n'a
abouti à des peines de prison ferme.
29
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Minorités
BAIA
MARE
z
IASI
ORADEA
z
z
z
DEVA
TIMISOARA
z
z
TARGU
MURES
ARAD
z
BACAU
SIBIU
z
z
z
TULCEA
z
z
GALATI
RAMNICELU
PITESTI
CRAIOVA
z
BRASOV
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
(suite de la page 26)
Laissés à leur sort
dès qu’ils ont atteint
l’âge des 18 ans
28
Vie quotidienne
Tsiganes de Roumanie
SUCEAVA
z
z
Pour éradiquer leurs bidonvilles en
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Certains abandonnent, découragés. Mais d'autres, comme Liviu,
19 ans tiennent bon. Ses parents lui
ont révélé sa séropositivité voici seulement 7 ans, craignant de le voir
mis à l'écart. "Au début j'ai eu très
peur. Cela a été un grand choc. Il y
avait déjà un de mes copains qui
était mort dans notre bloc et je me
voyais comme le suivant; çà a duré
un mois, puis je me suis habitué à
l'idée. C'est plus difficile pour mes
parents" confie-t-il.
Liviu prépare son bac et veut
s'inscrire l'année prochaine à la
faculté de géographie et de tourisme
de Bucarest. Il reçoit quotidiennement une injection mais, pour le
reste, mène une vie normale. Le
garçon est un sportif accompli; il
court, fait de la bicyclette, joue au
football et n'est pas plus fatigué que
ses copains. Mais il sait qu'il doit toujours faire attention. Liviu, fils unique,
sur lequel veille ses parents apparaît
cependant comme un privilégié.
Sortis des institutions, d'autres
jeunes de son âge courent le risque
de se retrouver sans aucune protection, les pouvoirs publics les laissant
à leur sort dès qu'ils ont atteint leurs
18 ans.
I
ls sont appelés roms ou Tsiganes, viennent de Roumanie et, jusqu'à l'année
dernière, vivotaient dans un bidonville, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). A
la fin du mois de juillet 2007, ils ont troqué leur caravane pour un bungalow.
Les piliers de l'autoroute A 86 surplombent leur nouveau domicile, les vrombissements du RER surviennent à intervalles réguliers, mais eux sont enthousiastes. Elise
Vincent les a rencontrés pour le journal "Le Monde" et fait le point sur leur situation
en France: "Ce n'est pas luxueux, mais c'est propre, confortable et c'est bien pour les
enfants", commente Robert Ciurar, 35 ans. Comme lui, ils sont une cinquantaine,
sélectionnés par la mairie, à avoir choisi d'emménager dans ces préfabriqués aux
allures de cabanes de chantier pour 50 euros par mois. En échange, tous se sont
engagés à suivre des cours de français, à scolariser leurs enfants et à entreprendre des
démarches, avec l'aide de travailleurs sociaux, pour être régularisés et pour trouver,
d'ici trois ans, un travail et un logement en dur.
"Faire la mendicité en France est cinq ou six
fois plus rentable qu'un salaire en Roumanie"
Ce programme d'insertion novateur est le dernier-né d'une série
d'initiatives lancées par une dizaine
de municipalités - dont Lyon et
Marseille - pour éradiquer les bidonvilles à leur périphérie. "Selon la
saison, nous avions entre 500 et 600
Roms sur la commune, explique Joël
Demartini, le directeur général des
services de la mairie (PCF)
d'Aubervilliers. Nous avions, certes,
d'autres problèmes sociaux importants, mais il devenait urgent de régler cette question" Ce projet représente un investissement total de 1,5 million d'euros pour les différents partenaires. L'une des initiatives du même type les plus abouties a été lancée, en
2002, sur la ville nouvelle de Lieusaint (Seine-et-Marne). A l'époque, 39 familles
roms avaient été prises en charge. Cinq ans plus tard, seules huit d'entre elles ne sont
pas encore totalement "insérées". Toutes les autres ont trouvé un logement, souvent
dans le parc social, et le chef de famille travaille, généralement en CDI.
La plupart des Roms qui vivent en France sont de nationalité roumaine ou bulgare. Or, depuis le 1er janvier, ces deux pays ont intégré l'Union Européenne. Tous leurs
ressortissants bénéficient donc de la liberté de circulation. En France, elle est limitée
à trois mois. Pour prolonger leur séjour, ils doivent justifier d'un emploi, être étudiant
ou créer leur entreprise.
Mais la majorité des Roms qui vivent aujourd'hui sur le territoire ne respectent pas
ces conditions. Confrontés à des problèmes de discrimination dans leur pays, ils arrivent généralement sans ressources et sans formation qualifiée. "Malgré des conditions
de vie précaires, faire la mendicité en France est jusqu'à cinq ou six fois plus rentable
qu'un salaire d'ouvrier agricole en Bulgarie ou en Roumanie", souligne Michèle
Mézard, l'une des responsables du collectif Roms Europe.
Société
Coquetterie et sophistication:
les canons de la beauté des Roumaines
S
alon de frumesete”, "Coafor", "Frizerie", "Beauty
Center"… A Bucarest et dans les principales villes
roumaines, à chaque coin de rue surgit un salon de
coiffure ou un institut de beauté. Le secteur fait recette.
Responsable pour la Roumanie de l'Oréal Produits
Professionnels et fin connaisseur des tendances, Jean
Chouteaux est revenu pour Jean-François Pérès, rédacteur en
chef du mensuel francophone "Regard" (www.regard.ro),
sur l'évolution du rapport à la beauté en Roumanie, des années
1920 à aujourd'hui :
Coquetterie et sophistication. Deux mots qui résument le
rapport des femmes roumaines à la beauté, selon Jean
Clauteaux. Responsable de l'Oréal Produits Professionnels en
Roumanie,
passionné par l'histoire
et la sociologie de
la beauté, ce trentenaire connaît le
secteur mieux que
quiconque
et
devient intarissable
lorsqu'il s'agit d'en
évoquer les implications sociales.
"La beauté est un
vrai
décodeur
social", explique-til. "Le coiffeur et l'esthéticienne sont les seuls professionnels à
entrer en contact physique avec le client. Ils agissent sur l'apparence et les conséquences psychologiques sont réelles. En la
matière, la Roumanie, où la beauté tient une place prépondérante, a une histoire qui mérite d'être racontée."
Et voilà l'homme d'affaires qui se fait historien et se
lance dans un passionnant récit de l'évolution de la
beauté en Roumanie à travers les âges. Retour dans les
années 1920-1930, époque où la beauté commence à se
démocratiser. C'est alors la France qui dicte la tendance,
Coco Chanel donne le "la" et impose le modèle d'une
femme libre et élégante, qui aime prendre soin d'elle. La
Roumanie, très francophile, accueille cette influence
avec enthousiasme. "C'est l'époque où le mot 'coafor'
(coiffeur) fait son apparition dans la langue roumaine",
révèle Jean Clauteaux. Surtout, la femme roumaine
commence à montrer un intérêt marqué pour la beauté,
qui ne se démentira plus.
Terrains pour gens du voyage interdits aux étrangers
"Essence, nourriture: les Roumains manquaient
de tout, mais ont gardé ce goût de se faire beau"
Depuis 1990, les municipalités ont l'obligation d'aménager des terrains pour
accueillir les gens du voyage. Mais ces terrains sont interdits aux étrangers dont aux
Roms, ce qui oblige ces derniers à s'entasser dans des bidonvilles en périphérie des
agglomérations. Jusqu'à présent, toutes les initiatives de création de camps destinés
aux Roms en vue de leur intégration dans la société française ont, dans l'ensemble, été
1947. Le pays plonge dans cinq décennies de communisme. Malgré le contexte difficile, ce goût pour les soins du
corps se perpétue. Chaque grande ville possède son ou ses
salons Igiena (hygiène), coopératives d'Etat où l'on se fait coiffer, manucurer, etc. "Il n'y pas eu de rupture, contrairement à
beaucoup d'autres pays communistes". poursuit le responsable. Ou quand la beauté devient une fenêtre de respiration...
"C'est une situation assez exceptionnelle qu'un pays préserve cet intérêt pour l'esthétique malgré 50 ans de communisme, que les salons se développent. Les Roumains manquaient d'essence, de nourriture, mais ont gardé ce goût de se
faire beau. Cet intérêt est aussi présent dans la population
masculine, qui, sous des dehors a priori machos, aime prendre
soin de son corps et de son apparence."
Après 1989 et la chute du régime de Ceausescu, le secteur
de la beauté va doucement prendre son essor. Les fameux coiffeurs-instituts de beauté Igiena gardent pignon sur rue. Encore
aujourd'hui, on en dénombre 450 dans le pays, dont 88 à
Bucarest sur les 3400 salons de beauté que compte la
Roumanie. Le marché s'ouvre véritablement au tournant de l'an 2000 avec "principalement des salons très
haut de gamme, destinés à une catégorie de "nouveaux
riches" qui voient le jour et proposent une large palette de services. Autre particularité: les jeunes, qui disposent d'un pouvoir d'achat souvent plus important,
constituent désormais la principale clientèle."
Une recherche de blondeur
Mais l'apparition de ces salons chics ne signe pas
la disparition des instituts plus populaires ou des coiffeuses à domicile. Car dans toutes les catégories
sociales, la culture de la beauté reste omniprésents. "Le phénomène est beaucoup plus développé qu'en France par
exemple", note Jean Clauteaux. "La femme roumaine est aussi
très exigeante, elle accorde une grande attention aux services
et à la qualité des soins prodigués. Les comportements me rappellent ceux que
j'ai pu voir au
Venezuela.
La
beauté est vraiment mise en
avant, elle est une
valeur en soi, un
moyen de s'affirmer dans la
société."
Quelles sont
les autres caractéristiques de la
femme roumaine? "Il n'y a pas de recherche de naturel ici. En
ce qui concerne la coiffure par exemple, il y a une recherche
de blondeur. Le cheveu est généralement très travaillé, très
mèché. Et la mode des cheveux courts prend du temps à s'imposer, ce n'est pas encore considéré comme féminin."
Car au delà de la coquetterie et de la sophistication, cette
culture de la beauté est avant tout un moyen pour les
Roumaines d'affirmer leur féminité.
Jean-François Pérès
25
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Santé
z
z
SATU
MARE
ORADEA
ARAD
CLUJ
z
SUCEAVA
TIMISOARA
SF. GHEORGHE
z
z
PLOIESTI
PITESTI
z
MERA
GALATI
z
„
CRAIOVA
BUCAREST
z
z
D
z
z
SIBIU
z
BACAU
z
z
z
z
IASI
TARGU
MURES
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
T. MAGURELE
Près des trois quarts
des enfants infectés
par le VIH sous
Ceausescu sont
toujours en vie
26
Human Rights Watch:
Le premier cas de SIDA apparu
en Roumanie remonte à1985. Avec
la pratique des micro-injections de
sang censées fortifier les nouveauxnés et leurs défenses immunitaires,
l'épidémie n'allait pas tarder à se
répandre entre cette année là, la
chute de Ceausescu et les toutes
premières années de la transition.
Plus de 10 000 cas de SIDA
infantile ont été alors décelés, une
quinzaine de judets, spécialement
Bucarest et la région de Constantsa,
étant particulièrement touchés.
Lorsque le stade de la maladie était
avancé, il était trop tard.
Nouvelles thérapies
gratuites
Pour les autres enfants, on estime
aujourd'hui à près de 75 % ceux qui
ont survécu, bénéficiant de la mise
en place gratuite des nouvelles thérapies. Ces jeunes malades, au
nombre de 7200, ont déjà survécu
entre 15 à 20 ans et les médecins
espèrent pousser ce cap jusqu'à 25
ans, attendant grâce à la recherche
de pouvoir transformer une maladie
fatale en une maladie chronique.
Cette survie dépend aussi de la
volonté des patients et des familles
de suivre un traitement lourd, impliquant des prises de médicaments
quotidiennes et des prises de sang
régulières, au moins tous les trois
mois.
es milliers d'enfants et d'adolescents roumains vivant avec le VIH sont
confrontés à une discrimination généralisée qui les empêche de fréquenter l'école, d'obtenir les soins médicaux nécessaires, de travailler, voire
même d'être au courant de leur état médical", déclarait l'organisation internationale
des droits de l'Homme Human Rights Watch dans un rapport publié en 2006.
"L'incapacité du gouvernement à combattre la discrimination et à promouvoir
l'intégration laisse nombre de ces enfants exposés aux abus et à la négligence, mal
informés en matière de sexualité et non préparés à la vie adulte", constatait-elle.
Le rapport de 104 pages décrit les violations de droits à l'éducation, à la santé, à
la vie privée et à l'information commis à l'encontre de ces enfants et
adolescents. Il montre par ailleurs
que les autorités faillissent à leur
mission de les protéger contre la discrimination, l'abus et la négligence.
"Le gouvernement roumain est
au courant de la situation de ces
enfants depuis plus de 15 ans, mais il
n'a toujours rien prévu pour ceux qui
atteignent l'âge de 18 ans", a expliqué Clarisa Bencomo, chercheuse
sur les droits des enfants et auteur du
Internés au centre “Sf. Maria” de Golesti (Jud de
rapport. "A moins que les autorités ne
Vrancea), une vingtaine d’enfants bénéficient
d’un soutien thérapeutique avec un psychologue.
prennent dès à présent, des mesures
urgentes, trop nombreux seront les enfants qui se retrouveront marginalisés en raison
de la discrimination pratiquée impunément à leur encontre".
Des médecins refusent leurs soins
Moins de 60 pour cent des enfants vivant avec le VIH sont scolarisés et ceux qui
fréquentent l'école sont a risque d'exclusion et de cruauté de la part des enseignants et
des autres élèves, voire même à l'expulsion si leur séropositivité est révélée.
Certains sont relégués de façon tout à fait inopportune dans des écoles spéciales
qui disposent de moins de ressources ou ils se voient interdire l'accès à des programmes de formation professionnelle dans des domaines tels que les services d'alimentation et la coiffure pour lesquels la législation roumaine requiert un test de dépistage obligatoire du VIH.
Human Rights Watch a constaté que les médecins refusent fréquemment de soigner les enfants et adolescents séropositifs, ou qu'ils les fustigeaient pour les dissuader de réclamer des soins. Le problème est particulièrement grave pour les enfants
nécessitant de soins médicaux urgents et la situation est d'autant plus critique pour
ceux qui souffrent de maladies mentales graves, qui n'ont pas accès aux services de
consultation externe, et pour qui leur état de santé risque d'être mis en danger par les
conditions médiocres qui règnent dans bon nombre de centres psychiatriques roumains. La discrimination et les retards imputables à la bureaucratie empêchent beaucoup d'enfants et de jeunes vivant avec le VIH d'obtenir les médicaments nécessaires
au traitement des maladies opportunistes.
Confidentialité non respectée
Bien que le gouvernement se soit officiellement engagé à garantir l'accès universel à la thérapie antirétrovirale, les interruptions de livraisons d'antirétroviraux sont
fréquentes dans certains départements du pays. Des médecins ont confié à Human
Rights Watch que les politiques mises en œuvre par le gouvernement empêchaient la
création de réserves de sécurité pour pallier aux retards prévus dans les livraisons ou
remédier aux pénuries.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
la discrimination ferme les portes aux enfants séropositifs
Le non-respect de la clause de confidentialité par le personnel médical, la direction des écoles et les employés du gouvernement est fréquent et rarement puni, en dépit des conséquences souvent graves qu'un tel acte peut avoir sur les enfants
et leurs familles.
Par contre, des peines sévères sont prévues à l'encontre
des personnes qui transmettent sciemment le VIH, ce qui exacerbe la discrimination et encourage les fonctionnaires du gouvernement, les policiers, les médecins et même les particuliers
à se livrer à une "surveillance" ad hoc des enfants et des jeunes
séropositifs.
Les filles et les femmes vivant avec le VIH semblent être
démesurément exposées au risque de poursuites judiciaires ou
de surveillance. Dans ces circonstances, les jeunes séropositifs
sont moins enclins à réclamer assistance et soutien dans tout
un éventail de domaines allant de la protection policière aux
soins médicaux.
Les médecins ne sont pas autorisés à informer les enfants
de leur séropositivité sans le consentement des parents.
Nombreux sont donc les enfants qui ne sont pas en mesure de
prendre, en connaissance de cause, des décisions concernant
leur traitement médical, leur avenir éducatif ou professionnel
et leur vie sexuelle.
Human Rights Watch reconnaît cependant qu'"en ce qui
concerne son engagement à fournir des traitements antirétroviraux à ceux qui en ont besoin, la Roumanie a fait de nets progrès", l’organisation internationale ajoutant "mais les enfants
vivant avec le VIH n'ont pas seulement besoin de médicaments. Plus encore que les adultes, ils ont besoin de protection
et de soutien".
"Les policiers m'ont dit que je ne pouvais pas
quitter la maison parce que j'étais malade"
H
uman Rights Watch a
recueilli plusieurs témoignages d'adolescents séropositifs dans son rapport :
Nicu T., 17 ans, Département de
Constanta, 14 février 2006: "Tous les
enfants se moquaient de moi à l'école. Ils
disaient des trucs du genre, "Faut pas le
toucher sinon tu vas l'attraper". Les
adultes voyaient bien ce qui se passait
mais ils ne faisaient rien. Un jour, je suis
tombé sous un arbre et je n'arrivais pas à
me relever. J'ai demandé à mes camarades de classe de m'aider mais personne
ne voulait et je suis resté là une demiheure avant de pouvoir me relever. J'étais
en septième année à ce moment-là... En
quatrième, un professeur m'a frappé sur
la tête avec le talon d'une chaussure et ma
mère a tout vu. [Cette enseignante] a été
condamnée à une amende mais aujourd'hui, elle donne à nouveau cours".
Anica M., 19 ans, Bucarest, 16
février 2006: "La première fois que je
suis allée [chez la dentiste], ça allait. Puis
je lui ai dit qu'elle devait mettre des gants
parce que j'étais séropositive. Elle m'a dit
qu'elle devait se protéger et elle a refusé
de me recevoir".
Laura K., 18 ans, Département de
Constanta, 15 février 2006: "Ma mère
ne me traite pas bien. Elle me bat avec un
tisonnier et elle m'a cogné la tête contre
une cuisinière... J'ai passé deux semaines
chez une voisine et ensuite, ma mère s'est
rendue à la police pour dire que j'avais
2000 cas supplémentaires de cancers chaque année
E
n 1994, la Roumanie comptait 40 000 cas nouveaux
de cancers révélés chaque année. Sur la base actuelle de progression du nombre de personnes touchées
par la maladie - 2000 cas supplémentaires par an - ce chiffre
devrait atteindre 68 000 en 2011.
Les médecins n'ont pas d'explication rigoureusement
scientifiques à apporter à cette croissance, invoquant l'augmentation du stress provoqué par les difficultés de la vie quo-
L
fugué pour traîner avec des garçons. Les
policiers m'ont dit que je ne pouvais pas
quitter la maison parce que j'étais malade.
Ils ont dit que je ne pouvais pas avoir de
petit ami ni me marier, je devais rester à
l'intérieur (La police et d'autres personnes
de sa communauté avaient été mises au
courant de sa séropositivité après qu'un
professeur eut révélé cette information
confidentielle à d'autres étudiants).
Anemona D., 17 ans, Bucarest, 18
février 2006: "C'est encore trop de vouloir travailler dans un magasin parce que
partout où j'irai, ils me demanderont de
montrer les résultats de mes examens
médicaux. C'est un coup bas. Pourquoi
ai-je besoin de tests médicaux pour
vendre des chaussures ?"
tidienne chez leurs compatriotes, entraînant la baisse de leurs
défenses immunitaires. Ils avancent également le fait qu'il
n'existe pas en Roumanie de registre national faisant état de
l'incidence de la maladie, ce qui empêche de développer une
politique de dépistage précoce et de prévention.
Dans l'ordre, les cancers les plus nombreux sont les cancers gastriques, pourtant en baisse, colo-rectaux, pulmonaires,
des seins, du col de l'utérus et de la prostate.
Les médecins des régions magyares devront apprendre le hongrois
e gouvernement a décidé que
les médecins et personnels
médicaux en fonction dans les
régions où la minorité magyare dépasse
les 20 % de la population devront
apprendre le hongrois afin de pouvoir
communiquer avec leurs patients.
Cette mesure proposée par des
députés hongrois, membres de la majorité
gouvernementale, a provoqué des réactions assez vives dans les milieux nationalistes roumains.
27
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Santé
z
z
SATU
MARE
ORADEA
ARAD
CLUJ
z
SUCEAVA
TIMISOARA
SF. GHEORGHE
z
z
PLOIESTI
PITESTI
z
MERA
GALATI
z
„
CRAIOVA
BUCAREST
z
z
D
z
z
SIBIU
z
BACAU
z
z
z
z
IASI
TARGU
MURES
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
T. MAGURELE
Près des trois quarts
des enfants infectés
par le VIH sous
Ceausescu sont
toujours en vie
26
Human Rights Watch:
Le premier cas de SIDA apparu
en Roumanie remonte à1985. Avec
la pratique des micro-injections de
sang censées fortifier les nouveauxnés et leurs défenses immunitaires,
l'épidémie n'allait pas tarder à se
répandre entre cette année là, la
chute de Ceausescu et les toutes
premières années de la transition.
Plus de 10 000 cas de SIDA
infantile ont été alors décelés, une
quinzaine de judets, spécialement
Bucarest et la région de Constantsa,
étant particulièrement touchés.
Lorsque le stade de la maladie était
avancé, il était trop tard.
Nouvelles thérapies
gratuites
Pour les autres enfants, on estime
aujourd'hui à près de 75 % ceux qui
ont survécu, bénéficiant de la mise
en place gratuite des nouvelles thérapies. Ces jeunes malades, au
nombre de 7200, ont déjà survécu
entre 15 à 20 ans et les médecins
espèrent pousser ce cap jusqu'à 25
ans, attendant grâce à la recherche
de pouvoir transformer une maladie
fatale en une maladie chronique.
Cette survie dépend aussi de la
volonté des patients et des familles
de suivre un traitement lourd, impliquant des prises de médicaments
quotidiennes et des prises de sang
régulières, au moins tous les trois
mois.
es milliers d'enfants et d'adolescents roumains vivant avec le VIH sont
confrontés à une discrimination généralisée qui les empêche de fréquenter l'école, d'obtenir les soins médicaux nécessaires, de travailler, voire
même d'être au courant de leur état médical", déclarait l'organisation internationale
des droits de l'Homme Human Rights Watch dans un rapport publié en 2006.
"L'incapacité du gouvernement à combattre la discrimination et à promouvoir
l'intégration laisse nombre de ces enfants exposés aux abus et à la négligence, mal
informés en matière de sexualité et non préparés à la vie adulte", constatait-elle.
Le rapport de 104 pages décrit les violations de droits à l'éducation, à la santé, à
la vie privée et à l'information commis à l'encontre de ces enfants et
adolescents. Il montre par ailleurs
que les autorités faillissent à leur
mission de les protéger contre la discrimination, l'abus et la négligence.
"Le gouvernement roumain est
au courant de la situation de ces
enfants depuis plus de 15 ans, mais il
n'a toujours rien prévu pour ceux qui
atteignent l'âge de 18 ans", a expliqué Clarisa Bencomo, chercheuse
sur les droits des enfants et auteur du
Internés au centre “Sf. Maria” de Golesti (Jud de
rapport. "A moins que les autorités ne
Vrancea), une vingtaine d’enfants bénéficient
d’un soutien thérapeutique avec un psychologue.
prennent dès à présent, des mesures
urgentes, trop nombreux seront les enfants qui se retrouveront marginalisés en raison
de la discrimination pratiquée impunément à leur encontre".
Des médecins refusent leurs soins
Moins de 60 pour cent des enfants vivant avec le VIH sont scolarisés et ceux qui
fréquentent l'école sont a risque d'exclusion et de cruauté de la part des enseignants et
des autres élèves, voire même à l'expulsion si leur séropositivité est révélée.
Certains sont relégués de façon tout à fait inopportune dans des écoles spéciales
qui disposent de moins de ressources ou ils se voient interdire l'accès à des programmes de formation professionnelle dans des domaines tels que les services d'alimentation et la coiffure pour lesquels la législation roumaine requiert un test de dépistage obligatoire du VIH.
Human Rights Watch a constaté que les médecins refusent fréquemment de soigner les enfants et adolescents séropositifs, ou qu'ils les fustigeaient pour les dissuader de réclamer des soins. Le problème est particulièrement grave pour les enfants
nécessitant de soins médicaux urgents et la situation est d'autant plus critique pour
ceux qui souffrent de maladies mentales graves, qui n'ont pas accès aux services de
consultation externe, et pour qui leur état de santé risque d'être mis en danger par les
conditions médiocres qui règnent dans bon nombre de centres psychiatriques roumains. La discrimination et les retards imputables à la bureaucratie empêchent beaucoup d'enfants et de jeunes vivant avec le VIH d'obtenir les médicaments nécessaires
au traitement des maladies opportunistes.
Confidentialité non respectée
Bien que le gouvernement se soit officiellement engagé à garantir l'accès universel à la thérapie antirétrovirale, les interruptions de livraisons d'antirétroviraux sont
fréquentes dans certains départements du pays. Des médecins ont confié à Human
Rights Watch que les politiques mises en œuvre par le gouvernement empêchaient la
création de réserves de sécurité pour pallier aux retards prévus dans les livraisons ou
remédier aux pénuries.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
la discrimination ferme les portes aux enfants séropositifs
Le non-respect de la clause de confidentialité par le personnel médical, la direction des écoles et les employés du gouvernement est fréquent et rarement puni, en dépit des conséquences souvent graves qu'un tel acte peut avoir sur les enfants
et leurs familles.
Par contre, des peines sévères sont prévues à l'encontre
des personnes qui transmettent sciemment le VIH, ce qui exacerbe la discrimination et encourage les fonctionnaires du gouvernement, les policiers, les médecins et même les particuliers
à se livrer à une "surveillance" ad hoc des enfants et des jeunes
séropositifs.
Les filles et les femmes vivant avec le VIH semblent être
démesurément exposées au risque de poursuites judiciaires ou
de surveillance. Dans ces circonstances, les jeunes séropositifs
sont moins enclins à réclamer assistance et soutien dans tout
un éventail de domaines allant de la protection policière aux
soins médicaux.
Les médecins ne sont pas autorisés à informer les enfants
de leur séropositivité sans le consentement des parents.
Nombreux sont donc les enfants qui ne sont pas en mesure de
prendre, en connaissance de cause, des décisions concernant
leur traitement médical, leur avenir éducatif ou professionnel
et leur vie sexuelle.
Human Rights Watch reconnaît cependant qu'"en ce qui
concerne son engagement à fournir des traitements antirétroviraux à ceux qui en ont besoin, la Roumanie a fait de nets progrès", l’organisation internationale ajoutant "mais les enfants
vivant avec le VIH n'ont pas seulement besoin de médicaments. Plus encore que les adultes, ils ont besoin de protection
et de soutien".
"Les policiers m'ont dit que je ne pouvais pas
quitter la maison parce que j'étais malade"
H
uman Rights Watch a
recueilli plusieurs témoignages d'adolescents séropositifs dans son rapport :
Nicu T., 17 ans, Département de
Constanta, 14 février 2006: "Tous les
enfants se moquaient de moi à l'école. Ils
disaient des trucs du genre, "Faut pas le
toucher sinon tu vas l'attraper". Les
adultes voyaient bien ce qui se passait
mais ils ne faisaient rien. Un jour, je suis
tombé sous un arbre et je n'arrivais pas à
me relever. J'ai demandé à mes camarades de classe de m'aider mais personne
ne voulait et je suis resté là une demiheure avant de pouvoir me relever. J'étais
en septième année à ce moment-là... En
quatrième, un professeur m'a frappé sur
la tête avec le talon d'une chaussure et ma
mère a tout vu. [Cette enseignante] a été
condamnée à une amende mais aujourd'hui, elle donne à nouveau cours".
Anica M., 19 ans, Bucarest, 16
février 2006: "La première fois que je
suis allée [chez la dentiste], ça allait. Puis
je lui ai dit qu'elle devait mettre des gants
parce que j'étais séropositive. Elle m'a dit
qu'elle devait se protéger et elle a refusé
de me recevoir".
Laura K., 18 ans, Département de
Constanta, 15 février 2006: "Ma mère
ne me traite pas bien. Elle me bat avec un
tisonnier et elle m'a cogné la tête contre
une cuisinière... J'ai passé deux semaines
chez une voisine et ensuite, ma mère s'est
rendue à la police pour dire que j'avais
2000 cas supplémentaires de cancers chaque année
E
n 1994, la Roumanie comptait 40 000 cas nouveaux
de cancers révélés chaque année. Sur la base actuelle de progression du nombre de personnes touchées
par la maladie - 2000 cas supplémentaires par an - ce chiffre
devrait atteindre 68 000 en 2011.
Les médecins n'ont pas d'explication rigoureusement
scientifiques à apporter à cette croissance, invoquant l'augmentation du stress provoqué par les difficultés de la vie quo-
L
fugué pour traîner avec des garçons. Les
policiers m'ont dit que je ne pouvais pas
quitter la maison parce que j'étais malade.
Ils ont dit que je ne pouvais pas avoir de
petit ami ni me marier, je devais rester à
l'intérieur (La police et d'autres personnes
de sa communauté avaient été mises au
courant de sa séropositivité après qu'un
professeur eut révélé cette information
confidentielle à d'autres étudiants).
Anemona D., 17 ans, Bucarest, 18
février 2006: "C'est encore trop de vouloir travailler dans un magasin parce que
partout où j'irai, ils me demanderont de
montrer les résultats de mes examens
médicaux. C'est un coup bas. Pourquoi
ai-je besoin de tests médicaux pour
vendre des chaussures ?"
tidienne chez leurs compatriotes, entraînant la baisse de leurs
défenses immunitaires. Ils avancent également le fait qu'il
n'existe pas en Roumanie de registre national faisant état de
l'incidence de la maladie, ce qui empêche de développer une
politique de dépistage précoce et de prévention.
Dans l'ordre, les cancers les plus nombreux sont les cancers gastriques, pourtant en baisse, colo-rectaux, pulmonaires,
des seins, du col de l'utérus et de la prostate.
Les médecins des régions magyares devront apprendre le hongrois
e gouvernement a décidé que
les médecins et personnels
médicaux en fonction dans les
régions où la minorité magyare dépasse
les 20 % de la population devront
apprendre le hongrois afin de pouvoir
communiquer avec leurs patients.
Cette mesure proposée par des
députés hongrois, membres de la majorité
gouvernementale, a provoqué des réactions assez vives dans les milieux nationalistes roumains.
27
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Minorités
BAIA
MARE
z
IASI
ORADEA
z
z
z
DEVA
TIMISOARA
z
z
TARGU
MURES
ARAD
z
BACAU
SIBIU
z
z
z
TULCEA
z
z
GALATI
RAMNICELU
PITESTI
CRAIOVA
z
BRASOV
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
(suite de la page 26)
Laissés à leur sort
dès qu’ils ont atteint
l’âge des 18 ans
28
Vie quotidienne
Tsiganes de Roumanie
SUCEAVA
z
z
Pour éradiquer leurs bidonvilles en
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Certains abandonnent, découragés. Mais d'autres, comme Liviu,
19 ans tiennent bon. Ses parents lui
ont révélé sa séropositivité voici seulement 7 ans, craignant de le voir
mis à l'écart. "Au début j'ai eu très
peur. Cela a été un grand choc. Il y
avait déjà un de mes copains qui
était mort dans notre bloc et je me
voyais comme le suivant; çà a duré
un mois, puis je me suis habitué à
l'idée. C'est plus difficile pour mes
parents" confie-t-il.
Liviu prépare son bac et veut
s'inscrire l'année prochaine à la
faculté de géographie et de tourisme
de Bucarest. Il reçoit quotidiennement une injection mais, pour le
reste, mène une vie normale. Le
garçon est un sportif accompli; il
court, fait de la bicyclette, joue au
football et n'est pas plus fatigué que
ses copains. Mais il sait qu'il doit toujours faire attention. Liviu, fils unique,
sur lequel veille ses parents apparaît
cependant comme un privilégié.
Sortis des institutions, d'autres
jeunes de son âge courent le risque
de se retrouver sans aucune protection, les pouvoirs publics les laissant
à leur sort dès qu'ils ont atteint leurs
18 ans.
I
ls sont appelés roms ou Tsiganes, viennent de Roumanie et, jusqu'à l'année
dernière, vivotaient dans un bidonville, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). A
la fin du mois de juillet 2007, ils ont troqué leur caravane pour un bungalow.
Les piliers de l'autoroute A 86 surplombent leur nouveau domicile, les vrombissements du RER surviennent à intervalles réguliers, mais eux sont enthousiastes. Elise
Vincent les a rencontrés pour le journal "Le Monde" et fait le point sur leur situation
en France: "Ce n'est pas luxueux, mais c'est propre, confortable et c'est bien pour les
enfants", commente Robert Ciurar, 35 ans. Comme lui, ils sont une cinquantaine,
sélectionnés par la mairie, à avoir choisi d'emménager dans ces préfabriqués aux
allures de cabanes de chantier pour 50 euros par mois. En échange, tous se sont
engagés à suivre des cours de français, à scolariser leurs enfants et à entreprendre des
démarches, avec l'aide de travailleurs sociaux, pour être régularisés et pour trouver,
d'ici trois ans, un travail et un logement en dur.
"Faire la mendicité en France est cinq ou six
fois plus rentable qu'un salaire en Roumanie"
Ce programme d'insertion novateur est le dernier-né d'une série
d'initiatives lancées par une dizaine
de municipalités - dont Lyon et
Marseille - pour éradiquer les bidonvilles à leur périphérie. "Selon la
saison, nous avions entre 500 et 600
Roms sur la commune, explique Joël
Demartini, le directeur général des
services de la mairie (PCF)
d'Aubervilliers. Nous avions, certes,
d'autres problèmes sociaux importants, mais il devenait urgent de régler cette question" Ce projet représente un investissement total de 1,5 million d'euros pour les différents partenaires. L'une des initiatives du même type les plus abouties a été lancée, en
2002, sur la ville nouvelle de Lieusaint (Seine-et-Marne). A l'époque, 39 familles
roms avaient été prises en charge. Cinq ans plus tard, seules huit d'entre elles ne sont
pas encore totalement "insérées". Toutes les autres ont trouvé un logement, souvent
dans le parc social, et le chef de famille travaille, généralement en CDI.
La plupart des Roms qui vivent en France sont de nationalité roumaine ou bulgare. Or, depuis le 1er janvier, ces deux pays ont intégré l'Union Européenne. Tous leurs
ressortissants bénéficient donc de la liberté de circulation. En France, elle est limitée
à trois mois. Pour prolonger leur séjour, ils doivent justifier d'un emploi, être étudiant
ou créer leur entreprise.
Mais la majorité des Roms qui vivent aujourd'hui sur le territoire ne respectent pas
ces conditions. Confrontés à des problèmes de discrimination dans leur pays, ils arrivent généralement sans ressources et sans formation qualifiée. "Malgré des conditions
de vie précaires, faire la mendicité en France est jusqu'à cinq ou six fois plus rentable
qu'un salaire d'ouvrier agricole en Bulgarie ou en Roumanie", souligne Michèle
Mézard, l'une des responsables du collectif Roms Europe.
Société
Coquetterie et sophistication:
les canons de la beauté des Roumaines
S
alon de frumesete”, "Coafor", "Frizerie", "Beauty
Center"… A Bucarest et dans les principales villes
roumaines, à chaque coin de rue surgit un salon de
coiffure ou un institut de beauté. Le secteur fait recette.
Responsable pour la Roumanie de l'Oréal Produits
Professionnels et fin connaisseur des tendances, Jean
Chouteaux est revenu pour Jean-François Pérès, rédacteur en
chef du mensuel francophone "Regard" (www.regard.ro),
sur l'évolution du rapport à la beauté en Roumanie, des années
1920 à aujourd'hui :
Coquetterie et sophistication. Deux mots qui résument le
rapport des femmes roumaines à la beauté, selon Jean
Clauteaux. Responsable de l'Oréal Produits Professionnels en
Roumanie,
passionné par l'histoire
et la sociologie de
la beauté, ce trentenaire connaît le
secteur mieux que
quiconque
et
devient intarissable
lorsqu'il s'agit d'en
évoquer les implications sociales.
"La beauté est un
vrai
décodeur
social", explique-til. "Le coiffeur et l'esthéticienne sont les seuls professionnels à
entrer en contact physique avec le client. Ils agissent sur l'apparence et les conséquences psychologiques sont réelles. En la
matière, la Roumanie, où la beauté tient une place prépondérante, a une histoire qui mérite d'être racontée."
Et voilà l'homme d'affaires qui se fait historien et se
lance dans un passionnant récit de l'évolution de la
beauté en Roumanie à travers les âges. Retour dans les
années 1920-1930, époque où la beauté commence à se
démocratiser. C'est alors la France qui dicte la tendance,
Coco Chanel donne le "la" et impose le modèle d'une
femme libre et élégante, qui aime prendre soin d'elle. La
Roumanie, très francophile, accueille cette influence
avec enthousiasme. "C'est l'époque où le mot 'coafor'
(coiffeur) fait son apparition dans la langue roumaine",
révèle Jean Clauteaux. Surtout, la femme roumaine
commence à montrer un intérêt marqué pour la beauté,
qui ne se démentira plus.
Terrains pour gens du voyage interdits aux étrangers
"Essence, nourriture: les Roumains manquaient
de tout, mais ont gardé ce goût de se faire beau"
Depuis 1990, les municipalités ont l'obligation d'aménager des terrains pour
accueillir les gens du voyage. Mais ces terrains sont interdits aux étrangers dont aux
Roms, ce qui oblige ces derniers à s'entasser dans des bidonvilles en périphérie des
agglomérations. Jusqu'à présent, toutes les initiatives de création de camps destinés
aux Roms en vue de leur intégration dans la société française ont, dans l'ensemble, été
1947. Le pays plonge dans cinq décennies de communisme. Malgré le contexte difficile, ce goût pour les soins du
corps se perpétue. Chaque grande ville possède son ou ses
salons Igiena (hygiène), coopératives d'Etat où l'on se fait coiffer, manucurer, etc. "Il n'y pas eu de rupture, contrairement à
beaucoup d'autres pays communistes". poursuit le responsable. Ou quand la beauté devient une fenêtre de respiration...
"C'est une situation assez exceptionnelle qu'un pays préserve cet intérêt pour l'esthétique malgré 50 ans de communisme, que les salons se développent. Les Roumains manquaient d'essence, de nourriture, mais ont gardé ce goût de se
faire beau. Cet intérêt est aussi présent dans la population
masculine, qui, sous des dehors a priori machos, aime prendre
soin de son corps et de son apparence."
Après 1989 et la chute du régime de Ceausescu, le secteur
de la beauté va doucement prendre son essor. Les fameux coiffeurs-instituts de beauté Igiena gardent pignon sur rue. Encore
aujourd'hui, on en dénombre 450 dans le pays, dont 88 à
Bucarest sur les 3400 salons de beauté que compte la
Roumanie. Le marché s'ouvre véritablement au tournant de l'an 2000 avec "principalement des salons très
haut de gamme, destinés à une catégorie de "nouveaux
riches" qui voient le jour et proposent une large palette de services. Autre particularité: les jeunes, qui disposent d'un pouvoir d'achat souvent plus important,
constituent désormais la principale clientèle."
Une recherche de blondeur
Mais l'apparition de ces salons chics ne signe pas
la disparition des instituts plus populaires ou des coiffeuses à domicile. Car dans toutes les catégories
sociales, la culture de la beauté reste omniprésents. "Le phénomène est beaucoup plus développé qu'en France par
exemple", note Jean Clauteaux. "La femme roumaine est aussi
très exigeante, elle accorde une grande attention aux services
et à la qualité des soins prodigués. Les comportements me rappellent ceux que
j'ai pu voir au
Venezuela.
La
beauté est vraiment mise en
avant, elle est une
valeur en soi, un
moyen de s'affirmer dans la
société."
Quelles sont
les autres caractéristiques de la
femme roumaine? "Il n'y a pas de recherche de naturel ici. En
ce qui concerne la coiffure par exemple, il y a une recherche
de blondeur. Le cheveu est généralement très travaillé, très
mèché. Et la mode des cheveux courts prend du temps à s'imposer, ce n'est pas encore considéré comme féminin."
Car au delà de la coquetterie et de la sophistication, cette
culture de la beauté est avant tout un moyen pour les
Roumaines d'affirmer leur féminité.
Jean-François Pérès
25
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Les blocs de Staline
ont encore 70 ans de vie devant eux
Vie quotidienne
z
ORADEA
SUCEAVA
SATU
MARE
z
CLUJ
z
z
z
TARGU
MURES
ARAD
VASLUI
z
z
IASI
z
BRASOV
z
z
SIBIU
TIMISOARA
z
GALATI
BRAILA
T. SEVERIN
z
„
z
z
z
z
TULCEA
BUCAREST
CONSTANTA
z
CRAIOVA
(suite de la page 22)
Bruxelles apprend
à vivre chez les nonnes
24
Emmenant un jour en visite dans
les monastères de Bucovine une
délégation de hauts fonctionnaires
européens, elle mesura le fossé qui
peut séparer les simples gens de
ceux qui se chargent de les diriger.
Flattées et impressionnées par cet
honneur, les religieuses avaient préparé un merveilleux repas, décoré les
tables, quand le chef de la délégation
leur fit savoir qu'il avait retenu un restaurant pour le déjeuner.
Les bonnes sœurs, après avoir
mis tant d'amour dans leurs préparatifs, furent consternées et la plus
âgée éclata en sanglots. Finalement,
les "pontes" de Bruxelles montrèrent
qu'ils n'étaient pas sans cœur et
annulèrent leur réservation.
Les pieds sous la table, ils n'eurent
qu'à se faire servir les haricots frais et
aubergines du jardin autour de plats
de viandes moelleuses, le tout arrosé
d'un petit vin rouge venu des vignes
de Monseigneur l'archevêque. Un
repas dans une atmosphère d'enchantement qu'ils ne sont pas prêts
d'oublier… Ces "petits rien " de la
Roumanie font beaucoup pour Gisèle
qui n'a pas envie de les quitter. Même
si, de temps en temps, elle fait un
tour à Nantes, filant aussitôt retrouver
l'Océan au port du Croisic ou courant
s'acheter huîtres, langoustines,
palourdes. "Je m'installe à table;
maman m'a préparé un merlu au
beurre blanc… C'est le rêve !".
Côté mer, la Nantaise ne renoncera pas à l’Atlantique, mais côté terre,
c'est décidé… Ce sera la Roumanie !
Pas de drame, ce ne sera pas "Pot
de mer contre pot de terre".
L
es blocs en béton inventés par Staline en 1935 pour loger les paysans
amenés à Moscou afin de construire sa capitale soviétique, dont le modèle
a été exporté dans les pays satellites vingt ans plus tard, ont encore de
beaux jours devant eux. La durée de vie de ces préfabriqués est estimée à près d'un
siècle ce qui, pour les plus récents, bâtis en Roumanie dans les années 70-80, leur
assure encore une longévité de 70 ans.
L'ensemble des pays de l'Est sont
confrontés au mêmes problèmes: doit-on les
rénover, les entretenir, les détruire ? Exigus,
sans finitions, très mal chauffés, ne comportant pas de commodités pour ceux de la première génération, appelés en URSS
"Kommunalki", ils étaient rigoureusement
identiques afin de lutter contre les tendances
individualistes, considérées dangereuses pour
l'édification du socialisme et de "l'Homme
nouveau". Une famille ne tenait pas dans la
cuisine et ne pouvait pas prendre son repas en
commun. Elle devait s'entasser dans la même
chambre, ne permettant aucune intimité, ce
qui était sans importance, les "bons citoyens"
n'ayant rien à cacher par principe.
Ces blocs, hideux, avaient cependant
l'avantage d'offrir l'électricité et l'eau courante à des moujiks qui n'avaient jamais
connu çà. Par la suite, à l'époque de Khrouchtchev, tout en gardant leurs principales
caractéristiques, ils se sont améliorés, leurs occupants leur donnant le nom affectueux
de "Khrouchtchevchi", même s'ils étaient toujours très étroits et permettant toujours
aussi peu d'intimité, car au moins ils apportaient quelques éléments de confort, disposant d'une vraie cuisine, bien que minuscule, et d'une salle de bain.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
France, des mairies ont créé des programmes d'insertion novateurs
et de Bulgarie entre intégration et expulsion
de ces initiatives d'intégration, les associations qui défendent
des succès. Mais, envers du décor, les places sont chères. Une
les Roms en France expriment des réserves. Selon elles, tous
personne sur six seulement qui vivait dans le bidonville
ces programmes permettent aussi, in fine, aux municipalités
d'Aubervilliers a ainsi été sélectionnée par la mairie.
d'obtenir l'appui de leur préfecture pour évacuer les Roms dont
L'obligation de rester en France à l'issue des trois ans de proles dossiers n'ont pas été retegramme d'insertion en dissuanus. Ceux-là n'ont alors pas
de également plus d'un.
d'autre choix que reprendre la
"Beaucoup renoncent, car
route et aller gonfler les
une fois bien réfléchi, ils n'ont
bidonvilles d'autres compas envie de se retrouver, à
munes. "On les aide à s'en
terme, au douzième étage
sortir une fois, mais ce n'est
d'une tour HLM", commente
pas non plus du crédit revolM. Demartini.
ving, explique encore M.
Le règlement intérieur de
Demartini, de la mairie
ces camps est, de surcroît,
d'Aubervilliers. Après, c'est
extrêmement contraignant.
aux autres communes de
Des vigiles contrôlent les
fournir un effort."
allers et venues sept jours sur
Les résidents du camp
sept, 24 heures sur 24. Et les
d'Aubervilliers ont bien
visites de tiers sont interdites.
conscience qu’il s’agit de
Enfin, ces projets d'insertion restent très marginaux. La Autre facette des solutions recherchées pour régler le problème tsigane: provisoire. Pourtant, dans
l’aide au retour dans leur pays. Ici, le nouvel ambassadeur de France à
plupart du temps, les camps de
Bucarest, Henri Paul, en visite dans un village près de Timisoara, vient leurs bungalows qui sentent
s’assurer auprès des “rapatriés” des résultats du système mis en place. encore le neuf, certains ont
Roms sont plus simplement
décoré leur porte d'entrée avec un voilage. D'autres ont accroévacués à grands renforts de policiers. Quand ils sont en situaché des photos de famille aux murs. Dans le sien, Robert
tion irrégulière, ils reçoivent également, au passage, un avis de
Berbekar, 28 ans, a dépensé ses toutes premières économies
reconduite à la frontière.
dans des fleurs artificielles.
Elise Vincent
Si elles se réjouissent du développement, même restreint,
Les fiançailles d'une fillette tsigane de six ans
avec un adolescent de 17 ans, le jour de la Saint Valentin
Générateurs d'une culture de quartier
La majorité des 140 millions de Russes vivent toujours dans ces immeubles, que
l'on retrouve à Prague, Varsovie, Berlin-Est. Certains de leurs occupants, notamment
les personnes âgées s'y trouvent bien. Habitués à leur quartiers où ils ont les principales commodités - commerces, école, dispensaire, arrêt de bus - à moins de cinq
minutes, une mentalité s'y est formée, appelée "culture de quartier". En outre, ils sont
souvent propriétaires de leur appartement; en acheter un autre serait au-dessus de leurs
moyens.
Plusieurs architectes sont donc d'avis de les conserver, moyennant des aménagements portant sur les fenêtres, le chauffage, les façades, pour leur donner un semblant
de nouvelle jeunesse. Mais cela coûte cher et les grosses réparations qui auraient dû
être faites au bout d'une trentaine d'années n'ont bien souvent pas été entreprises. Des
expériences de rénovation sont tentées, comme à Budapest où l'UE a financé à hauteur de 2,2 M€ la rénovation d'un bloc, doté, entre autre, de panneaux solaires.
En Roumanie, ce sont les immeubles construits avant le tremblement de terre de
1977 qui sont les plus menacés de disparition, ne correspondant pas aux normes antisismiques. Un programme de consolidation a été entrepris pour certains. Les autres,
respectant la législation, arrivent au terme de leurs 30 premières années et doivent
subir de gros travaux. Reste en pendant la question des blocs édifiés pendant la période de "systématisation", lorsque Ceausescu avait entrepris dans les années 80 de
regrouper les populations rurales dans ses "cages à lapins", dont certaines ne disposaient pas de WC, les habitants étant priés d'aller se soulager dans les toilettes communes au rez de chaussée.
Société
U
ne fillette d'origine rom âgée
de six ans s'est fiancée le soir
de la Saint Valentin à
Ramnicelu (est de la Roumanie) avec un
adolescent de 17 ans, lors d'une cérémonie surveillée de près par la police.
"Une fête a été organisée au foyer
culturel, ensuite les deux mineurs sont
rentrés chacun chez eux", a déclaré à
l'AFP le maire adjoint du village, Ion
Alecu. Selon lui, les parents des deux
enfants se sont engagés par écrit devant la
police et un assistant social à veiller à ce
que les deux mineurs ne vivent pas
ensemble et n'aient pas de rapports
sexuels jusqu'à ce que la fillette,
Marghioala, fête son 15ème anniversaire.
"Nous allons continuer à les surveiller de
près", a-t-il ajouté.
Auparavant, des assistants sociaux de
la direction locale pour la protection de
l'enfance (DGASPC) s'étaient rendus sur
place pour tenter de convaincre les deux
familles de renoncer à leur projet de fiancer les enfants, mais en vain.
Les parents des “fiancés” face à la presse.
"Nos moyens d'intervention dans des
cas comme celui-ci sont limités", en raison notamment de la réticence de la communauté rom du village, forte d'environ
1200 familles, à renoncer à cette tradition, a expliqué le porte-parole de la
DGASPC, Carolica Dinu.
Selon lui, les mariages entre mineurs
sont fréquents à Ramnicelu, de même que
les cas d'adolescentes mettant au monde
des enfants. "Une douzaine de fillettes
devenues mères à l'âge de 11, 12 ou 13
ans font actuellement l'objet d'une surveillance de la part de nos assistants
sociaux", a-t-il précisé.
"La communauté rom de Ramnicelu
représente un cas spécial, c'est une communauté fermée, qui jouit d'une certaine
prospérité et dont les membres se marient
uniquement entre eux", selon Carolica
Dinu. Les efforts de la DGASPC d'éradiquer cette tradition se heurtent à l'opposition des villageois, mais aussi à une certaine impuissance de la justice. En 2007,
une trentaine de jeunes de Ramnicelu ont
été poursuivis pour "abus sexuels sur des
mineurs" mais aucune de ces affaires n'a
abouti à des peines de prison ferme.
29
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Minorités
SUCEAVA
z
z
ORADEA
ARAD
BAIA
MARE
La transhumance des Tsiganes de Berini
z
IASI
z
TARGU
MURES
BACAU
z
L
z
z
z
z
SIBIU
TIMISOARA
z
z
BRASOV
GALATI
BRAILA
SACOSU
z
CRAIOVA
z
PITESTI
„
BUCAREST
3900 € pour retourner chez eux…
et envoyer leurs proches les remplacer
z
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
z
a France a expulsé environ 500 tsiganes roumains, en une semaine, fin janvier, avec promesse de leur attribuer une somme de 3900 € contre leur
engagement de ne pas revenir sur son territoire. "Romania Libera" a dépêché un journaliste dans la région de Timisoara pour rendre compte de leurs conditions
de retour et de réinstallation dans leurs villages.
"La moitié des 200 habitants du village tsigane de Berini, commune de Sacosu,
ont émigré en France dans le seul espoir d'être rapatriés par les autorités françaises et
de toucher la prime de 3900 € qu'elles ont promise de leur verser dans le mois suivant. Ils avaient effectué le voyage aller par le car, économisant sur l'aide sociale
versée par leur mairie pour payer leur billet, d'un coût d'une centaine d'euros.
Séjournant en France juste le temps d'être enregistrés sur place par l'administration, ils
ont été renvoyés par avion, une première tranche de 300 € leur étant remise à l'aéroport de Timisoara. "Si on n'a pas le reste d'ici la fin du mois, on retournera en France"
ont menacé plusieurs d'entre-eux.
Analphabètes avec diplômes
Le parc Cismigiu
menacé à son tour
30
Commencée sous Ceausescu, la
destruction du paysage urbain de
Bucarest continue, cette fois-ci sous
la pression des investisseurs, bakchichs et énormes intérêts financiers
faisant bon ménage. Après l'église
Armenesti, reléguée dans l'ombre
d'une tour de 19 étages, puis la
cathédrale Saint-Joseph, flanquée
d'un immeuble de 75 mètres de haut,
le parc Bordei, en passe d'être livré
aux promoteurs, c'est au tour du parc
Cismigiu d'être menacé. Ce petit
bijou de verdure, qui permet au
centre de la capitale de respirer,
accueille promeneurs, retraités,
familles, risque d'être entouré par
d'immenses blocs de 27 étages, à
chacun de ses quatre coins.
Outre une atteinte irréparable au
paysage et à l'architecture classique
de l'endroit, ces constructions, destinées à accueillir des activités de
bureau, draineraient une circulation
automobile infernale dans des rues
étroites, déjà encombrées.
Le projet a été présenté début janvier à la Commission technique d'urbanisme de la ville, son président
argumentant que "les tours prévues
seraient très utiles aux promeneurs
du parc afin qu'ils se repèrent et se
dirigent".
Les Tsiganes de Berini sont particulièrement pauvres. Beaucoup vivent dans des
taudis, entassés à cinq ou six dans ce qui tient lieu de pièce, souvent sans lumière, parfois sans chauffage, mais se débrouillant toujours pour avoir la télévision, certains
payant même un abonnement au câble - 6 € par mois-, le prix d'une journée de travail, qu'ils trouvent à l'occasion à droite ou à gauche. La plupart sont analphabètes…
mais avec diplômes, datant de l'ère Ceausescu.
"A l'époque, on leur attribuait des notes et leur délivrait des certificats témoignant qu'ils avaient fait leur huit classes du primaire, mais ils ne savent pas écrire
leur nom" commente le maire de Sacosu, Gabi Koller. "Comme ils savent ni lire ni
écrire, il est difficile de les embaucher" poursuit-il, "mais la vérité, c'est qu'ils ne veulent pas travailler. Ils attendent l'aide sociale, s'offrent pendant deux jours du salami,
des tomates, du fromage et des bières, puis ensuite du pain avec du sel. Il y a même
des jours où ils ne mangent rien".
Des moutons à la place de la prime promise
Miti Novacovici, lui, a mendié pendant quelques années en France. Aujourd'hui,
il a sa maison dans le village et roule en Mercedes. A Paris, en août 2007, lorsque les
autorités françaises ont fait leur proposition, il a sauté dans le premier car de rapatriement. "Ils ne nous ont pas donné 3900 € en liquide, mais nous ont acheté du bétail"
indique-t-il. "J'ai reçu 65 moutons. Mon grand-père a dû se retourner dans sa tombe
quant il m'a vu en berger. On n'a jamais fait çà dans la famille". Résultat: faute de
soins appropriés, 45 moutons sont morts en quelques semaines. Quelques uns ont servi
au clan à festoyer et le reste a été vendu. Au bout de six mois, il ne restait rien de sa
prime au Tsigane rapatrié.
"Les Français n'ont pas réfléchi qu'on ne s'improvise pas berger comme çà" s'irrite le maire de Sacosu, poursuivant : "Les moutons, il faut savoir s'en occuper. Il faut
les nourrir. Ils ont besoin de pâturage. Ici, on n'en a pas suffisamment. La France a
confié l'affaire à une fondation qui a fourni 1500 moutons à 25 Tsiganes. On voit le
résultat".
Miti Novacovici, lui, a vite compris tout le profit qu'il pouvait tirer de la manne
française. Il a incité ses proches à aller le remplacer en France, juste le temps de se
faire enregistrer et de demander leur expulsion pour bénéficier de la prime de 3900 €.
Le business, qu'il a développé, s'assurant un pourcentage au passage, lui rapporterait
3600 €, selon l'estimation du maire. Les plus malins l'ont imité… et c'est ainsi que la
moitié du village de Berini s'est retrouvée en France".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Vie quotidienne
Société
Gheorghe et Mariana, les Bucarestois
sont revenus à Nantes où ils ont vécu seize ans
G
heorghe, 41 ans à l'époque, et Mariana, 36 ans, ont
quitté la Roumanie à l'été 1990, avec leur fils
unique, Cristian. Après avoir vendu précipitamment leur appartement, le couple a acheté trois billets d'avions
pour la première destination disponible,
sans esprit de retour. Ce fut la France où
ils débarquèrent avec 400 deutschemarks
en poche (150 €).
Ouvrier typographe puis souffleur de
verre, le Bucarestois n'en pouvait plus de
toutes les tracasseries dont il était victime,
de ses convocations à la Securitate pour
son "mauvais esprit" car il n'envoyait pas
son fils fêter le 23 août - fête nationale
communiste -, des séances d'accusations
et d'autocritique au travail, quand un des ses collègues l'avait
mouchardé pour une blague sur Ceausescu. Cela lui avait valu
d'être kidnappé par les policiers, roué de coups et jeté de leur
voiture dans un carrefour où il pouvait se faire écraser.
Dans un carton sur le trottoir parisien
Le vase avait débordé lors des "minériades" de juin 90.
Participant à l'euphorie des étudiants, Gheorghe avait distribué
des tracts, ce qui lui valut d'être à nouveau tabassé.
Sans parler un mot de français, la famille se retrouva sur
le trottoir parisien. Mariana et son garçon trouvèrent refuge
dans un foyer de femmes battues. Gheorghe, qui pour la première fois était séparé des siens, s'installa dans un carton qui
traînait dans une rue à proximité. Un clochard, qui se révéla
d'une grande humanité, le réveilla et l'emmena, malgré sa peur,
dans un bâtiment désaffecté. Ce cauchemar a duré trois
semaines. Tous les matins, il retrouvait Mariana qui devait
quitter le foyer et le réintégrer au plus tard à 20 heures.
Des Roumains leur conseillèrent de se rendre à la Croix
Rouge. Bien leur en prit, celle-ci leur paya une chambre d'hôtel pendant un trimestre, leur assura une assistance et un
contrôle médical, puis, de fil en aiguille, en passant par
France-Terre d'asile, la famille se retrouva à Nantes en février
91, dans un foyer et ensuite en appartement HLM.
Le couple suivit des cours de français, Mariana obtint un
stage de formation comme cuisinière et Cristian fut envoyé à
l'école, une classe de rattrapage lui permettant de se familiariser avec la langue.
Dur de se faire une place au soleil
La famille obtint le statut de réfugié politique et pouvait
envisager une nouvelle vie. Elle fut rude. Mariana trouva vite
quelques heures de travail, complétée par des ménages, et son
énergie à la tâche contribua à la faire embaucher à temps plein.
Gheorghe tenta de relancer son activité de souffleur de verre,
ouvrant son atelier. Il dût renoncer, faute de clients, et suivit un
stage de réorientation professionnelle comme électricien.
"Il m'a surtout appris à chercher du boulot" confie-t-il…
ce qui lui servit puisqu'il fut embauché en 1999 aux chantiers
de l'Atlantique à Saint-Nazaire par une entreprise de sous-traitance. La construction navale était alors en plein boom: en cinq
ans, le Roumain installa l'électricité des
soutes aux ponts en passant par les
cabines dans onze bateaux dont les quatre
"Millénium", le "Queen Mary", et le
"Sovereign of the seas", plus gros paquebots du monde à l'époque.
Mais les journées étaient dures. Sitôt
rentré de Saint-Nazaire, distant de 70 km,
Gheorghe prenait la direction d'un village
des bords de Loire pour retaper la maison
qu'il avait acquise 300 000 F (45 000 €)
grâce à un prêt de la banque. Il y travaillait jusqu'à une heure
du matin, tout le week-end, embauchant des copains roumains,
se contentant de sandwichs et de bières. Il ne rentrait chez lui
que pour s'affaler dans le lit. A six heures, le réveil sonnait.
Direction Saint-Nazaire. Deux ans à ce rythme… mais le
Bucarestois la revendit au triple de son prix.
Balançant entre "gratar" et huîtres
Fort de cette expérience, Gheorghe recommença l'expérience en voyant plus grand, ce qui lui permit de mettre de côté
100 000 €. Suffisamment pour revenir au pays. La gentillesse
naturelle de ses compatriotes, leur sens de l'accueil, les relations familiales à l'ancienne, les amis, les parties de pêche, les
"gratar" (barbecue) manquaient au couple qui avait du mal à
supporter d'être toujours considéré comme étranger en France,
alors qu'il faisait tout pour s'intégrer.
Après être venue "prendre la température" à Bucarest à
l'été 2006, la famille, qui a obtenu la nationalité française en
2002, fit ses adieux à Nantes en janvier 2007, montant un
salon de beauté dans un quartier de Bucarest dont s'est occupé
Mariana, pendant que son mari et son fils se consacraient à la
prospection immobilière.
Mais la concurrence étant rude, les anciens Nantais ont dû
renoncer. Ils ont aussi découvert l'envers du décor avec une
irritation ou impatience de Français qu'ils n'avaient pas lorsqu'ils ont quitté leur pays. La pauvreté, le manque de courtoisie rencontré dans la vie courante, les bureaux, l'administration, l'absence de respect de la nature, avec des déchets abandonnés dans les plus jolis sites, les ont rappelé brutalement à
la réalité.
La "bonne vie" de France, avec ses beautés naturelles préservées, sa cuisine, ses fromages qu'on ne trouve pas ici, ses
huîtres le dimanche accompagnées d'un petit coup de muscadet, la partie de pétanque, leur manquait.
Alors Gheorghe et Mariana ont décidé de rentrer à Nantes,
mais cette fois-ci en ayant deux ports d'attache: l'un proche de
l'Atlantique, l'autre de la Mer Noire. "Après tout" conclut
Gheorghe, "le cœur a bien deux oreillettes".
23
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Vie quotidienne
Gisèle, la Nantaise expatriée,
passera sa retraite en Roumanie
SUCEAVA
z
z
BAIA
MARE
ORADEA
z
ARAD
z
IASI
CLUJ
SIBIU
TIMISOARA
BACAU
z
z
z
z
PITESTI
CRAIOVA
z
BRASOV
z
SINAIA
z
z
TARGU
MURES
z
GALATI
z
z
PLOIESTI
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
(Suite de la page 21)
“On n’est pas au cinéma”
22
Où fait-il bon vivre ?
D'autres de ses collègues utilisent
une barrette en braille placée à la
base du clavier. C'est le cas de
Sacha Van Loo, à Anvers, dont la
maîtrise de sept langues est un atout
majeur dans les enquêtes liées au
terrorisme.
Passionnant? Ion rit. "On n'est pas
au cinéma ! Beaucoup de conversations sont banales. Mais chaque
affaire est une histoire, avec des
gens qui ont souffert, rêvé, jalousé,
convoité. Ce sont des tranches de
vie. Un recueil de nouvelles...".
Annick Cojean ("Le Monde")
Démographie
en baisse... mais
mariages en hausse
Un Roumain est mort toutes les
deux minutes, un autre est né
chaque trois minutes en 2007,
selon l'Institut National de la
Statistique, avec comme conséquence la poursuite du déclin démographique du pays, lequel comptait
21,530 millions d'habitants au 31
décembre dernier, bien que la mortalité générale et notamment infantile
soit en baisse.
Le taux de natalité est toujours
en recul. Il pourrait se redresser
avec la hausse sensible du nombre
de mariages enregistrés l'an passé,
189 000 (+ 43 000, + 30 %), dans
laquelle il faut sans-doute voir l'effet
de la prime de 200 € accordée par
le gouvernement, le pourcentage
de divorces restant stable (33 000,
soit environ un pour 6 mariages).
U
ne Française qui envisage de passer sa retraite en Roumanie où elle travaille depuis près de dix ans, un couple de Roumains qui a retrouvé
Bucarest mais revient de plus en plus souvent en France après y avoir
vécu pratiquement sans interruption depuis la "Révolution"… Ce sont les reportages
que "Les Nouvelles de Roumanie" proposent dans les pages ci-contre et suivantes.
Des destins croisés qui illustrent finalement la recherche d'un endroit où l'on se trouve bien. Finalement, chacun a choisi de vivre chez l'autre. Pour les Français, c'est y
retrouver un peu d'authenticité que l'on a
connue autrefois. Pour les Roumains, la notion
de confort, de sécurité devant les aléas de la vie,
qui n'est pas assurée dans leurs pays, l'emporte.
"J'aime les gens d'ici"
"J'aime les gens d'ici, leur sens de l'accueil, leur attachement à leur terre"… A l'heure prochaine de la retraite, Gisèle Nadalin s'apprête à poser son sac d'expatriée en Roumanie.
La Nantaise a pourtant beaucoup voyagé. Ses
études de droit achevées, devenue fonctionnaire du ministère des Finances, elle a accumulé
Gisèle Nadalin.
les missions à l'étranger dès l'âge de 30 ans.
Après l'une qui l'avait conduite en Martinique, Bercy lui proposa, en 1999, de devenir conseillère auprès du ministère des Finances roumain sous l'égide de l'UE pour
aider ce pays à préparer l'acquis communautaire dont il avait besoin afin d'entrer dans
la Communauté Européenne.
La Nantaise se passionna pour ce jumelage d'administration, se mettant à écrire
avec ses collègues roumains des lois entrées en vigueur aujourd'hui. "C'était exaltant.
Il n'était pas question de reprendre tel quel ce qui existait en France. Il fallait trouver
des solutions qui soient un bon compromis pour les Roumains, imaginer, brûler des
étapes pour gagner du temps, regarder ce que faisait d'autres pays comme les USA,
l'Espagne, faire venir des responsables de Bruxelles, si besoin. Surtout, il n'était pas
question de dire: c'est comme çà… L'important, c'était que l'idée fasse son chemin et
que les Roumains se l'approprient quitte à la modifier".
Le loup, l'agneau… et le paysan
La fonctionnaire était loin du train-train de l'administration française, de son fonctionnement et de ses certitudes. Tout au long de ces années, elle occupa temps libre et
congés à découvrir le pays. A sa manière, c'est-à-dire hors des sentiers battus.
Elle passa des journées entières dans des villages isolés du Delta et dans leurs
maisons en toit de chaume, ramassa du miel d'abeilles dans des forêts d'acacias avec
un apiculteur, goûta la tsuica aux cerises que confectionnait un curé du nord des
Apuseni et les délicieuses pâtisseries aux noix de sa bonne.
Curieuse de la nature, Gisèle effectua une retraite dans la montagne de Bucovine,
à Vatra Dornei, en profitant pour ramasser framboises, guignes, fraises des bois et faire
des confitures. Ces promenades l'amenèrent à faire des rencontres imprévues. Ainsi
croisa-t-elle un paysan avec un seau plein de cerises. Elle lui proposa de l'acheter mais
la transaction ne se fit qu'à la condition qu'elle le récipient en fasse partie. Comprenant
qu'elle était française, l'homme se mit soudain à réciter "Le loup et l'agneau", détachant les mots de français comme il l'avait appris voici si longtemps à l'école.
(Lire la suite p. 24)
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Minorités
Société
L'UE encourage et aide les politiques
nationales ciblées en faveur des Tsiganes
L
'adoption dans l'urgence par l'Italie, fin octobre
2007, d'un décret pour faciliter l'expulsion des
immigrés roumains, après le meurtre d'une
Italienne par un Rom roumain, a provoqué de fortes tensions
entre Bucarest et Rome.
Le double amalgame Rom-criminalité et Rom-Roumains
a donné lieu à une succession de déclarations peu amènes, dont
celle du maire de centre-gauche de Rome, Walter Veltroni,
dénonçant "un péril roumain". L'Italie est la première destination d'immigration des ressortissants de Roumanie, peuplée de
1,8 million de Roms.
Une communauté de sept millions de personnes
La question de leur intégration s'est, par ce fait divers,
imposée à l'Italie et, par ricochet, à l'Union Européenne, que
les premiers ministres italien et roumain ont appelée à l'aide.
Les 7 millions de Roms d'Europe - sa plus importante minorité
transnationale - vivent en majorité à la marge de la société.
A Bucarest, Rome ou Madrid, des campements de Roms
s'installent en périphérie des grandes villes dans des conditions
insalubres et forment souvent des foyers de délinquance.
Depuis que Roumains et Bulgares sont devenus membres de
l'UE, leur rapatriement pour "situation de dénuement" est
devenu fréquent en Europe de l'Ouest, Suisse comprise. En
France, le nombre de ces "rapatriements humanitaires" est
ainsi passé de 400 personnes en 2006 à 1 239 en 2007, dont
788 pour des Roumains et des Bulgares.
Bruxelles a déjà investi 150 millions d'euros
Mais les Roms ne sont pas mieux intégrés dans leurs pays
d'origine. Aussi s'efforcent-ils de renforcer leur représentation
au sein des instances internationales - à l'Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE), au Conseil de
l'Europe, au Parlement. Des programmes visant la promotion
de leur culture et l'intégration de leur communauté ont été mis
en place dans les Etats où ils se trouvent.
Un bureau européen d'information sur les Roms, ERIO,
analyse des informations collectées par les Etats et les organisations non gouvernementales dans différents pays. Ses
enquêtes ont permis de mieux cerner l'évolution de la population rom en Europe.
La présence d'un nombre de Roms supérieur aux estimations en Turquie, en Ukraine ou en Russie a ainsi été révélée,
même si l'absence de statistiques ethniques limite la fiabilité
de ces études.
Des programmes cadres ont été adoptés au niveau national, financés par l'Union européenne et la société civile (Open
Society Institute, Banque mondiale, Fondation Soros, etc.).
Leurs résultats sont tangibles mais inégaux. Avant l'intégration
en son sein de la Roumanie et de la Bulgarie, l'UE a dépensé
150 millions d'euros dans un fonds social destiné spécifiquement aux Roms, mais on ne sait pas toujours à quoi cet argent
est employé.
Le bilan général reste médiocre. "Les allocations familiales, les allocations logement, les indemnités chômage ou
invalidité représentent toujours la source de revenus la plus
fréquente des familles roms en Roumanie", indique le rapport
2007 du Fonds d'éducation des Roms à Budapest.
Des enfants normaux placés en écoles
spéciales pour "déficients intellectuels"
Les pays concernés ont pourtant consenti des efforts pour,
à la demande de Bruxelles, lancer des politiques d'intégration
des minorités. Ainsi, en 2002, deux ans après l'adoption de
deux directives européennes, la Roumanie a décidé la prise en
charge par le ministère de la santé de médiatrices sanitaires,
elles-mêmes roms.
Celles-ci sont chargées d'identifier et de prévenir les problèmes de santé de leur communauté. Le bilan de leur action
est relativement positif. "Les enfants roms sont beaucoup
mieux suivis médicalement et plus souvent vaccinés",
témoigne Florina Busuioc, 39 ans, médiatrice à Bucarest.
De l'avis général, le plus grand frein à l'intégration, outre
les préjugés, reste le faible niveau d'éducation, lui-même facteur clé de l'accès au marché du travail. Le taux de chômage
des Roms est parfois dix fois supérieur au taux national. En
République Tchèque, il est de 70 % pour les Roms contre
7,9 % pour l'ensemble de la population. Leur taux de scolarisation chute dès le secondaire. Et, en Europe centrale, de nombreux enfants sont placés en "écoles spéciales pour déficients
intellectuels" dès le primaire.
La Cour européenne des droits de l'homme a jugé discriminatoire, à la mi-novembre, le placement forcé dans ces
"écoles spéciales", et a condamné la République tchèque pour
cette pratique, courante en Slovaquie, en Hongrie, en Bulgarie
et en Roumanie. "C'est une grande victoire", s'est félicitée
Vera Egenberger, directrice du Centre européen des droits des
Roms à Budapest, car il crée une jurisprudence.
"C'est le Rom qui détient
les clés de son développement"
Incitatrice, coordinatrice, arbitre, l'Europe a permis des
avancées significatives, depuis 2005, dans le cadre de la
Décennie d'intégration des Roms. Cette initiative a permis de
développer des politiques nationales ciblées sur le logement,
l'éducation, l'emploi et la santé dans neuf pays (Roumanie,
Bulgarie, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Serbie,
Croatie, Monténégro, Macédoine).
"Des actions doivent être concertées au niveau européen",
affirme Jean-Pierre Liégeois, fondateur de Centre de
recherches tsiganes, à Paris, dans son dernier ouvrage, Roms
en Europe (éd. du Conseil de l'Europe, 2007). Mais, insiste-til, "c'est le Rom qui détient les clés de son développement".
Anne Rodier ("Le Monde")
31
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
z
BAIA MARE
z
z
ZALAU
z
z
TARGU
MURES
z
HATEG
z
z
IASI
ORADEA
ARAD
Religion
SUCEAVA
z
z
BACAU
GALATI
z
TIMISOARA
BRAN
R. VÂLCEA
CRAIOVA
z
z
z
z
BUCSANI
„
BUCAREST
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Nature
Abeilles décimées
32
Société
La sécheresse de l'année dernière,
facilitant la prolifération des parasites,
serait à l'origine de la destruction de
30 % des abeilles du judet de Zalau,
le plus important producteur de miel
du pays, qui compte 1100 apiculteurs
et 41 500 ruches. L'absence de subventions ne permettant pas aux éleveurs d'acheter les médicaments
nécessaires est également évoquée.
Ce phénomène entraînant une carence de la pollinisation pourrait aussi
avoir des conséquences sur les
plantes et les arbres.
Réserve de bisons
Après Negra-Bucsani, VanatoriNemat et Hateg, la Roumanie va
posséder une quatrième réserve de
bisons, à Vama Buzaului, près de
Brasov. Les autorités du judet ont
décidé sa création, sur une superficie
de 100 hectares, afin d'aider au
développement du tourisme rural et
de mener une action pédagogique
auprès des scolaires.
Une somme de 120 000 € lui a
été affectée, destinée notamment à
l'achat de dix bisons en Allemagne et
Suisse et de quatre à la réserve de
Bucsani, ainsi qu'à la construction
d'un centre de séminaires.
Les bisons ont disparu d'Europe
occidentale au XIème siècle, mais
beaucoup plus tard en Europe de
l'Est, où le dernier exemplaire est
mort en 1762 en Moldavie et en 1927
au Caucase. Ils ont fait leur réapparition en Roumanie en 1958, avec
quelques spécimens importés de
Pologne où ils avaient été réintroduits
à l'état sauvage en 1951, comme
dans les Pays Baltes, en Ukraine,
Biélorussie et Russie.
Rome veut relancer le dialogue avec
les orthodoxes tout en maintenant
le principe de primauté du pape
Reconnaissant leur arrogance
les prélats catholiques font pénitence
A
la suite du deuxième consistoire convoqué par le pape Benoît XVI , le
vendredi 23 novembre, réunissant 142 cardinaux à Rome et consacré aux
avancées et déceptions du dialogue œcuménique, le cardinal Walter
Kasper, président du conseil pour l'unité des chrétiens, s'est réjoui du progrès du dialogue avec l'orthodoxie, manifesté par la signature, le 14 octobre à Ravenne (Italie),
d'un document commun sur la "primauté" de l'évêque de Rome (le pape).
"C'est un virage important", a-t-il commenté. "Pour la première fois, les orthodoxes ont reconnu un niveau universel de l'Eglise et admis qu'à ce niveau aussi, un
Protos - primat - existe, qui ne peut qu'être l'évêque de Rome". De même a-t-il estimé
que les relations difficiles avec le patriarcat de Moscou "se sont sensiblement aplanies", parlant de "dégel" et réexprimant son espoir d'une rencontre entre le patriarche
de Moscou et Benoît XVI.
Un certain scepticisme a toutefois accueilli ce bilan même mesuré. Le camp
orthodoxe est traversé d'extrêmes tensions entre le patriarcat de Constantinople qui,
pour des raisons historiques, entend incarner un leadership orthodoxe et mène le dialogue avec Rome, et le patriarcat de Moscou plus réservé, mais qui possède le plus de
troupes (la puissante Eglise de Russie) et qui n'a pas signé le document de Ravenne.
Code de bonne conduite
Aussi, l'enthousiasme qui a suivi l'accord de Ravenne est-il excessif. L'Eglise
d'Orient (orthodoxie) a toujours reconnu la "primauté" de
l'évêque de Rome (le pape),
mais elle continue de ne pas
reconnaître "le statut, le sens et
l'exercice que le catholicisme
lui a conférés au deuxième millénaire de l'histoire chrétienne", comme l'explique le théologien J.F. Colosimo, ajoutant:
"Du point de vue orthodoxe,
c'est la rectitude de la foi qui
légitime la primauté et non pas
la primauté qui détermine la
rectitude de la foi". Une pierre
dans le jardin de l'église cathoLe patriarche Teoctist avait rendu visite à Jean-Paul II,
avant de le recevoir à Bucarest, en terre orthodoxe.
lique à laquelle les chrétiens
d'Orient reprochent d'avoir pris trop de liberté avec le dogme.
Pour le reste dans ce débat oecuménique de Rome, les cardinaux ont tenté de
déterminer un code de bonne conduite. Soit une nouveauté pour des catholiques
accusés d'arrogance comme dans ce document de juillet 2007 de la congrégation pour
la doctrine de la foi répétant que l'Eglise catholique était "la seule véritable Eglise du
Christ", qui avait irrité les Eglises protestantes en particulier.
Désavouant ses collègues de l'ex-Saint-Office, le cardinal allemand Walter Kasper
a jugé "souhaitable" de revoir "la forme, le langage et la présentation au public de
telles déclarations". Ce souci a été pris en compte par les cardinaux qui ont souligné
la nécessité “d'user de formes de communication attentives à ne pas blesser la sensibilité des autres chrétiens".
Henri Tincq (Le Monde)
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Faits divers
Société
Malvoyant, il écoute, il tape… des conversations relatives
à des meurtres, complots, trafics de drogue et de véhicules…
Ion le Roumain, policier de sa majesté Albert II de Belgique
I
1 travaille sur des affaires d'homicides et de grand banditisme, de prostitution, de trafic de stupéfiants et de
terrorisme. Un casque sur les oreilles, un clavier d'ordinateur sous la main, il retranscrit jour après jour les écoutes
téléphoniques de suspects qui pourront se révéler déterminantes dans la résolution d'enquêtes criminelles. Il est policier.
Avec plusieurs de ses nouveaux
collègues, il a prêté serment en juin 2007,
devenant "auxiliaire du procureur du roi".
Mais il ne porte pas d'armes. Ne peut
procéder à des arrestations. Et ne doit pas
s'exposer à des situations dangereuses où
son handicap pourrait poser problème.
Comme ses collègues, il est malvoyant;
certains sont aveugles. Tous ont un atout
dont la police espère tirer un bénéfice:
une capacité d'écoute et de concentration exceptionnelle qui
leur permet d'entendre ce que les voyants ne distinguent pas.
"Question de survie!" sourit Ion Beleava, ce nouveau policier recruté par la police fédérale de Belgique. "Les aveugles
ou malvoyants n'ont pas une meilleure ouïe de naissance, mais
nos handicap nous ont forcés à la développer, à mémoriser et
décoder le moindre son".
Deviner la marque d'une voiture
au ronronnement de son moteur
C'est sur ce talent qu'investit la police. Cette extrême sensibilité aux bruits, voix, souffles, accents qui, dans une enquête, peut faire la différence. "La loi de 1994 a considérablement
étendu le champ des écoutes téléphoniques que peut demander
un juge", explique Paul Van Thielen, directeur général de la
police fédérale à Bruxelles. "Organisations criminelles, trafic
humain, d'hormones ou de stupéfiants, meurtres, homicides...
Les non-voyants peuvent non seulement décharger les enquêteurs d'un travail de retranscription très chronophage, mais je
suis convaincu que leur capacité à y noter des détails signifiants peut être capitale".
Des exemples ? Détecter si l'un des interlocuteurs enregistrés parle d'un autobus, d'un train ou d'un tramway. Cerner
l'environnement sonore de la conversation: rue, restaurant,
aéroport. Deviner la marque d'une voiture au ronronnement de
son moteur. Identifier des accents. Reconnaître une voix déjà
entendue sur une écoute... "C'est sur des détails que tout peut
se jouer!", affirme Paul Van Thielen.
A l'origine de cette expérience pilote que le directeur de la
police a l'intention d'étendre, une mission d'étude - effectuée à
la demande du gouvernement belge à l'été 2003 - dans les
Pays-Bas voisins, où le recrutement de policiers aveugles,
deux ans plus tôt, avait eu du retentissement. M. Van Thielen
en était revenu enthousiaste. Et averti. La police néerlandaise
avait conseillé l'installation de tandems, expliquant qu'un binôme de policiers était plus efficace.
"Au pays de Ceausescu
on ne rêvait pas de devenir policier!"
Le recrutement pouvait commencer. Six postes (à
Bruxelles, Liège et Anvers) devaient être créés: trois francophones, trois néerlandophones. Des dizaines de candidats n'attendaient que ce moment.
"Une chance!" se rappelle Ion
Beleava. "Une assistante sociale des
Amis des aveugles de Mons m'a signalé
l'appel à candidatures diffusé sur
Internet. C'était fin février 2007, et il ne
me restait que quelques heures pour
remplir mon dossier, j'ai foncé. Les défis
forcent à se dépasser! Et j'aime l'idée
d'une police rassurante, au service de la
protection du public". Ce n'était pas un rêve d'enfant. "Au pays
de Ceausescu, on ne rêvait pas de devenir policier!".
Ion Beleava est arrivé en Belgique en 199l, à 28 ans,
comme réfugié politique ayant fui la Roumanie avec sa
femme, aveugle, et son petit garçon de 8 ans. Non-voyant de
l'œil gauche et souffrant d^un champ visuel très rétréci à l'oeil
droit en raison d'une hypoplasie rétinienne, il n'a jamais pu
reprendre son métier de kinésithérapeute mais a vite appris le
français, suivi des formations de secrétariat et de bureautique,
exercé différents emplois tout en se familiarisant avec Internet.
L'humour et l'efficacité
du Roumain, devenu Belge, impressionnent
Les tests conçus par la police ne l'ont pas impressionné.
Pas plus que la formation qui a suivi l'annonce du résultat :
organisation de la police belge, notions de déontologie et
d'intégrité, droit et procédure pénale, fonctionnement des télécommunications... Restait à intégrer l'équipe des 260 personnes (dont 200 enquêteurs) de la police de l'arrondissement
de Liège, avec un autre malvoyant de 37 ans, Stephan Biral,
dont c'était le premier emploi.
Le commissaire divisionnaire Jacques Chantry avait sensibilisé le personnel, et chacun a tout de suite intégré des règles
de fonctionnement très simples: se présenter en entrant dans la
pièce de travail, nommer les documents que l'on pose sur le
bureau, ne pas considérer comme un tabou les questions sur la
déficience visuelle... L'humour et l'efficacité du Roumain
devenu Belge ont vaincu toutes les réticences.
Il écoute, donc. Et tape. Des conversations relatives à des
meurtres, complots, trafics de drogue et de véhicules... En lui
remettant sur une clé USB l'enregistrement à écouter, l'enquêteur le briefe sur l'histoire, le contexte, les hypothèses. Et Ion
retranscrit fidèlement, ajoutant parfois quelques détails sur une
voix, un accent, un fond sonore, la proximité d'une autre personne... Il utilise un agrandisseur d'écran et une TV-Loupe.
(Lire la suite page 22)
21
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Faits divers
z
SATU MARE
SUCEAVA
z
z
z
IASI
z
TARGU
MURES
NADLAC
BACAU
z
z
z
VASLUI
ARAD
z
z
TIMISOARA
HUNEDOARA
PITESTI
z
CRAIOVA
BRAILA
z
BRASOV
z
z
z
TULCEA
z
TARGOVISTE
„
BUCAREST
z
CONSTANTA
(Suite de la page 18)
La pauvreté en cause
20
Pays de transit, devenu
pays de consommation
z
ORADEA
Le professeur met cette indigence
du langage sur le compte de la pauvreté, la dureté de la vie et des conditions de travail, l'ignorance due à
l'isolement à la campagne. "La plupart
des paysans ont quitté l'école primaire après trois classes seulement,
déchiffrant au lieu de lire. Pour le calcul et la grammaire, c'est un véritable
désastre. Seulement 3 % savent faire
une division, beaucoup n'ont jamais lu
un livre et ont oublié la langue roumaine. La plupart se contentent de
regarder les émissions les plus bêtes
de la télé" a-t-il confié, rajoutant "Le
langage est l'instrument de la pensée.
Comment voulez-vous qu'avec si peu
de mots à sa disposition, on puisse
évoluer?". Toutefois, Ionica Sava
reconnaît qu'au cours de ses
recherches il a aussi rencontré des
paysans extrêmement intelligents,
dotés d'une acuité intellectuelle étonnante et pleins de bon sens, qui l'ont
fortement impressionné.
Les "gros mots" à
l'Académie roumaine
Les gros mots vont faire leur entrée
prochaine à l'Académie roumaine…
plus exactement dans le dictionnaire
de la langue roumaine auxquels les
académiciens mettent la dernière
main. L'ouvrage, comprenant 34
volumes, préparé depuis des années
par trois collectifs de philologues de
Iasi, Cluj et Bucarest, sera mis en circulation au cours de l'année. "Pour
les linguistes, un mot obscène est un
mot ordinaire" ont-ils plaidé ajoutant
que "la langue roumaine avait besoin
d'un bon coup d'époussetage, le dernier dictionnaire remontant au début
du XXème siècle".
Bucarest s'attaque au trafic de drogue
avec l'aide de ses alliés européens
V
endredi 25 janvier, la police roumaine a saisi 84 kg d'héroïne en provenance de la Turquie. Dissimulés dans 160 paquets recouverts d'une chape
de plomb pour déjouer le détecteur, les stupéfiants ont été découverts dans
un poids lourd qui s'apprêtait à franchir la frontière roumano-hongroise à Nadlac, ville
située à l'ouest de la Roumanie. La veille, Adrianus Bierhuizen, citoyen néerlandais
résidant à Galati, au sud-est de la Roumanie, avait été déféré devant la justice roumaine pour avoir organisé le transport d'une tonne de cannabis. La drogue provenait
d'Afrique du Sud, à destination des Pays-Bas via le port de Constanta.
Pour l'Agence nationale antidrogues (ANA) de Roumanie, ce genre d'opérations
relève de la routine. Selon son bilan annuel, rendu public le 22 janvier, plus de deux
tonnes de drogue ont été saisies en 2007 dans le pays, soit une augmentation de 82 %
par rapport à 2006. "La Roumanie se trouve sur la route des Balkans, entre
l'Afghanistan et l'Europe de l'Ouest", explique Pavel Abraham, son directeur. "Depuis
plusieurs années, non seulement nous sommes un pays de transit mais aussi un pays
de consommation. Environ 350 000 Roumains ont consommé au moins une fois du
cannabis, mais ce qui nous pose vraiment problème, c'est l'héroïne. Rien qu'à
Bucarest, nous avons 24 000 consommateurs d'héroïne".
Des réseaux de trafiquants sophistiqués
Les opérations policières se sont multipliées depuis la création de l'Agence nationale anti-drogues en 2003, qui emploie 350 personnes dont deux tiers de femmes
âgées, en moyenne, de 28 ans. Le défi de cette jeune agence est de mettre un frein au
trafic de drogues qui s'intensifie en Roumanie. L'adhésion à l'Union Européenne en
2007 et la disparition progressive des frontières à l'intérieur de l'UE ne facilite pas sa
tâche.
Les trafiquants de drogues se sont organisés en réseaux transfrontaliers armés et
équipés d'une technologie de pointe en matière de communication. "Nous avons été
formés par les spécialistes anti-drogues venant des Etats-Unis, avec l'appui de pays
européens comme le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne", précise Pavel
Abraham. "Nous faisons partie d'une force européenne de combat qui s'attaque à la
drogue, nous n'agissons pas en solitaires".
Depuis les négociations d'adhésion à l'UE en 2000, Bucarest accueille un centre
de combat contre le crime transfrontalier (SECI) qui réunit douze pays d'Europe centrale et orientale et des Balkans: Slovénie, Hongrie, Roumanie, Moldavie, Turquie,
Grèce, Croatie, Bulgarie, Serbie, Albanie, Bosnie-Herzégovine et Macédoine. Chaque
pays membre est représenté par un officier de liaison dont la mission consiste à assurer la circulation des renseignements au sein de l'organisation.
Dresser une carte complète du crime en Europe
"Nous ne pouvons pas agir seuls chacun dans notre coin", affirme le Slovène
Mitja Mocnik, directeur du SECI. "Ce qui nous manque, c'est une carte complète du
crime dans l'ensemble de l'Europe. C'est pourquoi nous sommes là".
Le FBI, la CIA et les polices européennes assurent la formation des officiers du
SECI. Les Etats-Unis, Interpol et l'Organisation mondiale des douanes y ont envoyé
des représentants permanents. "Avant le SECI, la communication des renseignements
entre les polices de deux pays pouvait durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines
ou mois", explique Gabriel Sotirescu, son directeur adjoint. "Grâce à ce centre, la
communication est instantanée. Le changement est radical, et le résultat aussi".
Mirel Bran (Le Monde)
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Religion
Société
Le projet pharaonique de cathédrale de l'Église
orthodoxe à Bucarest provoque toujours la polémique
Un nouveau Vatican financé pour moitié par l'État
C
'est un projet pharaonique, digne de la mégalomanie de Nicolae Ceausescu. Une cathédrale (en
photo, sa maquette) susceptible d'accueillir 6000
fidèles, complétée par une bibliothèque, un hôtel pour les pèlerins et la résidence du chef de l'Église orthodoxe roumaine.
Budget présumé: environ un milliard d'euros.
Lancé à
la fin des
années 1990,
ce "nouveau
Vatican"
a
soulevé une
polémique
qui n'a cessé
de s'amplifier.
Non parce qu'il transgresse les règles intimistes de l'architecture orthodoxe, mais parce qu'il devrait être financé en grande
partie par l'État roumain qui a déjà offert le terrain: onze hectares au cœur de Bucarest, juste derrière le palais cyclopéen de
Ceausescu, devenu aujourd'hui le siège du Parlement.
Soutenu par une partie de l'intelligentsia, Remus Cernea,
le jeune président de l'Association pour la liberté de conscience, multiplie les démarches juridiques pour bloquer la réalisation de ce vaste complexe en dénonçant une "collusion inacceptable entre la classe politique et l'Église". Traité tantôt de
"satanique" tantôt de "communiste", Cernea commente laconiquement qu'il doute "vivre dans un pays membre de l'Union
Européenne".
Relayée par l'activisme de l'Association des étudiants orthodoxes, elle dénonce les "déviances" en tous genres telle que la
manifestation des homosexuels, un "péché mortel" selon l'Église. L'homosexualité a été dépénalisée en Roumanie récemment (en 2002).
L'État, laïc selon la Constitution, ne se contente pas
de fermer les yeux. C'est que, comme le remarque le politologue Gabriel Andreescu, "l'Église caracole en tête des
sondages de popularité et représente un réservoir électoral considérable". En novembre dernier, alors que la
campagne pour les européennes battait son plein, le président Basescu a cru bon de décorer en grande pompe le
patriarche Daniel. Rival du président, le premier ministre
a fait de la surenchère en lui offrant 9 millions d'euros
pour la construction de sa cathédrale. Mieux: une loi
votée l'an dernier par le Parlement engage le gouvernement à financer pour moitié le futur complexe.
Une Eglise incapable de gérer son passé
La croisade de Remus Cernea divise les élites. Pour
Mihail Neamtu, un jeune théologien, l'ultranationalisme des
dignitaires orthodoxes et leur prosélytisme ostentatoire s'inscrivent dans une longue tradition. "L'Église orthodoxe roumaine est un marqueur identitaire. Elle a toujours agi par philanthropie. Cette cathédrale n'est qu'une compensation pour
les nombreuses églises détruites par Ceausescu".
Persécutée, l'Église n'en a pas moins été l'alliée loyale du
régime communiste, l'ex-patriarche Teoctist (décédé en août
dernier) poussant le zèle jusqu'à envoyer un télégramme de
félicitations à Nicolae Ceausescu lors du 14ème et dernier
congrès du PC roumain, en novembre 1989. "Durant les
Les complicités et surenchères de l'Etat laïc
années 1930, bon nombre de prêtres sont entrés spontanément
dans les rangs de la Garde de fer (mouvement fasciste)", rapLa future cathédrale "du salut de la nation" est le
pelle Gabriel Andreescu, "et
dernier avatar du retour en force d'une Église orthoil est avéré que la plupart
doxe qui n'hésite pas à s'ingérer dans la vie publique
des dignitaires orthodoxes, y
en affichant des convictions nationalistes exacerbées.
compris Teoctist, ont collaDix-neuf ans après la chute du communisme, les
boré avec la Securitate.
icônes ont pris massivement la place des portraits de
Bizarrement, tous les dosl'ex-Conducator dans les écoles. Diverses pressions
siers les concernant ont disparu".
administratives y ont rendu l'éducation religieuse
L'Église, reconnaît l'hisimplicitement obligatoire.
torien
Eugen Ciurtin, "se
À en croire Cernea, "l'année scolaire débute
montre
incapable de gérer
désormais par une prière, y compris dans les
son
passé
de manière
facultés". En 2006, l'Église a obtenu le retrait de la
convaincante".
Non contenthéorie évolutionniste dans les manuels de biologie:
L’allégeance du président Basescu,
lors de l’intronisation du patriache Daniel.
te
d'"escamoter
la vérité",
désormais l'homme ne descend plus du singe, mais est
une création de Dieu. Elle a également investi les campus unielle fait aujourd'hui le jeu de l'extrême droite qui relaie fidèleversitaires et les casernes en obtenant l'autorisation d'y
ment son discours. Une osmose qui s'est révélée payante pour
construire des chapelles.
le populiste Gigi Becali, devenu, grâce à ce cocktail de natioLe succès de l'un de ses organes officiels, Radio Trinitas,
nalisme et de religiosité, l'un des hommes politiques les plus
l'a incité à lancer prochainement une chaîne de télévision.
populaires du pays.
Arielle Thédrel (Le Figaro)
33
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Météorologie
z
ORADEA
z
SATUMARE
z
z
TARGU
MURES
BELIS
z
TIMISOARA
IASI
z
z
z
z
BISTRITA
z
ARAD
ROMAN
GALATI
z
BRASOV
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Le plus haut parc
d'éoliennes d'Europe
va ouvrir près de Cluj
34
La Roumanie n'a pas échappé
au réchauffement climatique
du XXème siècle
z
SUCEAVA
CLUJ
Marisel, près de Cluj, située à
1250 mètres d'altitude, devrait être
dotée en 2010 du plus haut parc
d'éoliennes du Vieux continent, détrônant ainsi une commune française,
située à 1000 mètres. La société de
Cluj, Ramina Eol, a signé un contrat
d'association avec la localité pour 49
ans, portant sur une superficie de
100 ha, pouvant être portée à 460 ha
et qui sera équipée de 18 éoliennes
de 100 mètres de haut, d'une puissance totale de 45 MW/heure.
"Ici, le vent souffle deux fois par
an, six mois de nord, six mois du
sud" a plaisanté le maire en signant
l'accord qui assurera 200 000 € de
rentrée budgétaires à la mairie sous
forme de diverses taxes. En outre,
Cluj Ramina Eol s'est engagé à
moderniser la route d'accès au parc
d'éoliennes, l'école, la maternelle, le
dispensaire et le cabinet dentaire. La
firme construira également un centre
culturel et un musée de l'éolienne.
D'autres communes proches des
Apuseni - Belis, Rasca, Margau souhaitent profiter de leur situation
ventée pour se doter de parcs équivalents. Le président du Conseil du
judet, Marius Nicoara a même pronostiqué, qu'à terme, un quart de l'énergie de la ville de Cluj serait ainsi
produite. La première éolienne de
Roumanie a vu le jour voici seulement deux ans, à Pasul Tihuta.
Depuis le parc s'est agrandi, principalement en Transylvanie. L'un
ouvert par des hommes d'affaires de
Cluj a été installé à Tureni, un autre
de 12 turbines fonctionne près de
Baia Mare. Et la Dobroudja suit.
Fréquence accrue
des températures supérieures à 40°
T
out d'abord, il faut se souvenir que, aussi loin que les spécialistes puissent
remonter (plusieurs milliers d'années), notre planète Terre a toujours connu
des variations climatiques; il y eut des périodes encore plus chaudes qu'actuellement: si au XIè siècle, les Vikings ont emmené vaches et moutons sur le
Groënland, c'est qu'il n'y avait pas de glace: ils n'étaient pas fous ! Au XVIIIè siècle,
toute l'Europe a connu une longue période de canicule et de sécheresse, avec pour
conséquences le déperrissement des céréales, la pénurie de farine et donc de pain.
Dans l'avant dernier numéro, j'écrivais: "En Roumanie, de 1760 à 1785,
règnent la chaleur et la sécheresse
qui détruit toutes les récoltes".
Une étude réalisée par les spécialistes
en
climatologie
de
l'Administration
Nationale
de
Météorologie - roumaine, évidemment - à partir des relevés de 14 stations météorologiques du pays durant
la période 1901-2000, met en évidence un accroissement de la température moyenne de +0,3° C en un siècle.
Les zones foncées indiquent les régions où le
réchauffement est le plus sensible, celui ci ayant
Cette hausse est plus forte encovarié d’un demi-degré à l’intérieur même du pays.
re dans l'est du pays : +0,8° C pour
les stations de Bucarest-Filaret, Constanta et Roman. Par contre, il n'a pas été enregistré de hausse significative dans la zone intercarpatique à l'exception de Baia-Mare
(+0,7°C), augmentation due essentiellement à l'activité industrielle (lire ci-dessous).
2007, cinquième année la plus chaude depuis 1850
Pour résumer, nous constatons au cours du XXe siècle, une fréquence accrue de
températures supérieures à 40° C, une augmentation sensible des températures minimales en été, diminution des précipitations dans le sud du pays, mais en augmentation
dans le nord-ouest et nord-est et une diminution de la couche de neige. L'année 2007
aura été la 5ème année la plus chaude depuis 1850.
Les 2 premiers mois de l'hiver 2007/2008, sont dans cette ligne : sur la carte cijointe, les zones foncées délimitent des températures supérieures à la normale (en
météo, la "norme" est celle des 3 dernières décennies, soit 1971/2000).
Certes, fin décembre 2007, le pays a connu d'importantes chutes de neige, mais
dans le sud exclusivement, comme dans tout le sud de l'Europe : la Bulgarie, l'Espagne
et l'Italie ont également été touchées. La situation a été aggravée sur les grandes villes
du sud (Bucarest, Craiova, entre autres) par l'activité humaine. C'est un phénomène
bien connu que j'ai étudié à partir d'une situation similaire sur Pierre-Bénite (Lyon) le
21 décembre dernier (cf. "au fil du temps" - janvier 2008 - disponible chez l'auteur):
l'air saturé en humidité artificiellement retombe sous forme de cristaux de glace.
Lorsque les mêmes conditions météo se reproduisent, on constate ce phénomène
essentiellement dans les zones industrielles denses qui entourent les grandes villes, la
plupart du temps sur une surface réduite. Il neige donc effectivement, de la vraie
neige, la nature ne faisant que compléter l'activité humaine, comme les canons à neige
sur les pistes de ski.
René Serrière - météorologue
www.meteo-pierre-benite.com
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Faits divers
Société
Les mésaventures d'un prosélyte suisse
du nazisme, aidé par son compère franco-roumain
Interdite, l'association négationniste
"Vérité et justice" renaît en Roumanie
S
ous la plume de Patrick Vallélian, le quotidien suisse "La Tribune de Genève" livre le récit des mésaventures survenues en Roumanie à un citoyen suisse négationniste aidé par son compère franco-roumain pour y
créer une association niant les crimes nazis, en misant sur l'écho qu'y rencontre encore le maréchal Antonescu.
"Dissoute en Suisse en 2002 par la justice fribourgeoise,
l'association négationniste Vérité et Justice (V&J) a repris du
service en Roumanie, avec à sa tête le Valaisan René-Louis
Berclaz (notre photo), qui a habité plusieurs années à ChâtelSaint-Denis, et Georges Piscosi Danesco, un Franco Roumain établi dans l'ouest de la Roumanie.
C'est d'ailleurs au domicile de Danesco, pointure du mouvement néonazi européen et propriétaire
de la "Maison verte", un centre culturel
local, que les deux hommes ont établi le
siège de leur association qui a pour but de
propager des idées niant le génocide juif
durant la Seconde Guerre mondiale.
Contacté sur place par courrier électronique, René-Louis Berclaz ne cache
pas qu'il continue son travail de révision
de l'histoire de la Shoah, même si ce dernier lui a valu d'être condamné à plusieurs
reprises par la justice helvétique pour discrimination raciale. Il a même purgé une
peine de prison ferme de dix mois en
Suisse en 2005.
Croix gammée sur le mur
Mais voilà, au pied des Alpes comme
des Carpates, la "vie des révisionnistes" n'est pas un fleuve
tranquille. Le Valaisan s'est de nouveau frotté à la justice de
son pays de résidence. En septembre 2006, il a été arrêté en
compagnie d'un fugitif français, remis aux autorités hexagonales depuis. Ce dernier était recherché pour tentative d'homicide.
Pas de chance pour René-Louis Berclaz qui se trouvait en
Roumanie depuis un mois, "pour y passer quelques jours de
vacances", explique-t-il dans son courrier électronique. Les
limiers roumains s'intéressent alors à ses activités sur place. Ils
fouillent la "Maison verte". Première surprise: ils tombent nez
à nez avec une croix gammée très visible sur un des murs de
l'imposante bâtisse.
Deuxième surprise: ils trouvent du matériel négationniste,
notamment des livres et des CD. "Je détiens quelques CD révisionnistes en langue française pour mon usage personnel
exclusivement", se défend le cofondateur de V&J Roumanie.
Troisième surprise: les enquêteurs trouvent un pistolet, un
fusil de chasse et des cartouches. Du coup, René-Louis
Berclaz passe du statut de prévenu à celui de prisonnier, le
temps de l'enquête. Soit trois
mois, indique un témoin de son audition sur un site négationniste. "J'ai vu R.-L. Berclaz menotté avec un jeune Tsigane
à l'aspect révoltant", écrit une femme, soutien du négationniste suisse, ajoutant "R.-L. Berclaz m'a paru fatigué et accablé".
"L'ambassade suisse me soutient
comme la corde soutient le pendu"
Depuis, le Suisse est sorti de prison, mais il ne peut pas
sortir du territoire roumain. Vivant dans un lieu qu'il nous a
demandé de garder secret pour des raisons de sécurité - "Ici,
pour l000 euros, un Tsigane vous plante
un couteau dans le ventre, en plein jour et
en pleine rue, ni vu ni connu", dit-il - il
attend son procès "aussi bien que possible
pour quelqu'un qui est obligé de vivre au
jour le jour depuis plus de dix mois dans
un pays étranger".
Estimant que l'ambassade suisse à
Bucarest le soutient "comme la corde soutient le pendu", René-Louis Berclaz ne
comprend pas pourquoi il vit une telle
situation. "La justice roumaine me
reproche avant tout de détenir un fusil de
sport, un modèle en vente libre en Suisse,
et de me livrer à de la propagande raciste et xénophobe", poursuit-il.
Un peu naïf comme argument, non ?
"Je croyais détenir ce fusil en toute légalité, sur la foi de renseignements que
m'avait communiqués un ami roumain", se justifie le Valaisan
en refusant d'expliquer pourquoi il avait "importé" cette arme,
ce qui est assimilé à de la contrebande d'armes en Roumanie.
Et pour les CD et les livres? "Il faut savoir que la
Roumanie n'est pas un Etat de droit, comme vient de le constater la Commission européenne, qu'il est très difficile d'y obtenir un renseignement juridique fiable et que la loi y est appliquée à la tête du client, autrement dit en fonction de l'épaisseur de son portefeuille ou d'autres considérations liées à la
régression de la liberté d'expression en Europe et à la corruption", écrit-il encore.
En revanche, René-Louis Berclaz s'inquiète pour son avenir. Il ne sait pas ce qu'il risque s'il est condamné, ni quand
aura lieu son procès, "l'enquête n'étant toujours pas terminée".
Cela fait maintenant plusieurs mois qu'il n'a plus été interrogé,
constate-t-il en ajoutant que son avocate "n'y comprend pas
grand-chose. Car elle ignore tout des dessous des procès qui
visent les révisionnistes"!
Patrick Vallélian
19
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Le Sénat interdit
le mariage des couples homosexuels
Evénements
z
BAIA MARE
z
SUCEAVA
ORADEA
z
ARAD
TARGU
MURES
z
ZALAU
z
z
z
IASI
BACAU
CHISINAU
z
z
BRASOV
HUNEDOARA
z
z
GALATI
PITESTI
z
z
„
z
z
z
PLOIESTI TULCEA
BUCAREST
CONSTANTA
z
CRAIOVA
Un paysan jure
cent fois par jour
18
A l'écoute de ses voisins et du
milieu rural dans lequel il vivait,
Ionica Sava, un professeur de
Cindesti, dans le judet de Vrancea, a
entrepris une étude pour connaître
l'étendue du vocabulaire employé par
les paysans de sa région. Après plusieurs années d'inventaire, il en a
déduit que leur usage du roumain
était très limité, autour de 800 mots
principaux, ce qui représente 1,5%
de la langue roumaine. Son plus
proche voisin n'en utilisait que 400…
dont 80 % étaient des jurons.
En dehors de ceux-ci, les expressions utilisées étaient très réduites,
du genre "Hai sa facem vinul ("Allons
faire le vin"), "Hai la prasit" ("Allons
sarcler le maïs"), "Da mâncare la
porci" ("Donne à manger aux cochons") et dans 40 % des cas
accompagnés de jurons adressés
indifféremment aux femmes, au
pope, au cheval, aux poules, à la
charrette…
Les femmes et les jeunes aussi
Ionica Sava, qui s'est rendu avec
son magnétophone dans les bistrots,
les champs, a provoquant des discussions sur des sujets culturels,
enregistrant les bavardages, a établi
qu'un paysan jurait en moyenne 100
fois par jour. Il en a conclu que le
juron dominait la vie à la campagne
et au contact de la terre, les mots les
plus vulgaires étant utilisés par les
ivrognes qui se disputent, les
hommes qui battent leur femmes, ou
les femmes qui cancanent entre
elles, mais aussi par les jeunes.
(Lire la suite page 20)
L
es sénateurs roumains ont formellement interdit, mercredi 13 février, les
mariages homosexuels, en adoptant un amendement au code de la famille.
Selon le nouveau texte, "la famille est fondée sur le mariage librement
consenti entre un homme et une femme", et non plus "entre époux", comme cela figurait dans le code en vigueur depuis 1953. Les initiateurs de l'amendement, membres
de quatre partis de la coalition au pouvoir comme de l'opposition, ont justifié cette
modification par la nécessité de "défendre l'institution de la famille". "Pour le peuple
roumain, pour la langue roumaine, le mariage a toujours été l'union entre un homme
et une femme, a affirmé le sénateur social-démocrate Serban Nicolae, en assurant que
cet amendement n'enfreint aucune norme européenne".
Le sénateur de l'Union démocratique des Magyars (UDMR) Gyorgy Frunda a toutefois mis en garde contre l'"impact" de cet amendement, qui risque selon lui de valoir
à la Roumanie des procès devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH)
de Strasbourg et estimé que cette question ne devrait pas être tranchée en l'absence
d'un débat approfondi avec la société civile. Il a par ailleurs rappelé que "le Parlement
avait eu besoin de dix ans pour dépénaliser les relations homosexuelles, et ce uniquement à la suite des pressions du Conseil de l'Europe", en 2001.
Cet amendement, adopté par la commission juridique du Sénat la semaine dernière, avait aussitôt été critiqué par l'organisation Human Rights Watch, qui avait
estimé qu'il représente une "menace à l'encontre des couples homosexuels et une
insulte à l'adresse des progrès réalisés jusqu'ici par la Roumanie dans la lutte contre
les discriminations". Il doit encore être débattu par la Chambre des députés.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Un Moldave chez les Roumains
Insolite
"Le pays où l'on taxe l'accouplement canin!"
U
n impôt pour les voitures neuves, un autre pour les
eaux de pluie, etc. Un journaliste moldave, à la
manière des Lettres persanes de Montesquieu,
découvre avec stupéfaction la multiplication des taxes chez les
voisins roumains.
"La Roumanie est le pays des taxes les plus invraisemblables. Après la célèbre taxe auto (dite de "pollution", elle
prévoit une taxe plus élevée pour les voitures neuves car elles
vont polluer plus longtemps) instaurée par le Premier ministre
Calin Tariceanu et la taxe sur la récupération des eaux de pluie,
voilà que vient d'être inventée la taxe sur... l'accouplement des
animaux ! Les sénateurs - ces élus populaires de la nomenklatura - ont aussitôt voté une loi dans ce sens, et, si elle passe l'étape de l'Assemblée, les resquilleurs risqueront une amende
pouvant aller jusqu'à 10 000 lei (soit 2 860 euros).
Et si votre chat ne demande pas la permission avant de
s'unir à l'être aimé ? Et si, sortant se promener, votre toutou
s'abandonne à la passion amoureuse dans le premier buisson
venu sans que son propriétaire s'en aperçoive? Puisque les propriétaires d'animaux doivent s'acquitter d'une taxe pour que
ces derniers puissent s'accoupler, je propose que nous donnions des papiers d'identité aux fruits de ces unions. Puisqu'ils
paient l'impôt, que ces animaux soient pourvus d'un passeport
et qu'ils puissent voter !
Je conseille aussi que cette nouvelle taxe soit testée à
Brasov, la seule ville au monde où les animaux domestiques
doivent s'acquitter des charges de copropriété au même titre
que leurs maîtres.
Le Collège des médecins a proposé l'autre jour que la traditionnelle cruche de vin que tout patient roumain remet à son
médecin généraliste - le tarif de la consultation remboursée par
la sécurité sociale étant quasi symbolique - soit transformée en
taxe tout ce qu'il y a de plus légal. Légaliser le bakchich, en
somme ! Un peu comme si les voleurs à la tire demandaient la
légalisation du larcin, les voleurs de voitures la légalisation du
crochetage des portières, les violeurs la légalisation du viol, les
terroristes la légalisation de la ceinture d'explosifs, etc.
J'ai appris qu'un homme mort depuis vingt-trois ans avait
été convoqué pour effectuer un check-up gratuit - et il était loin
d'être le seul d'entre les morts à avoir été sommé de se présenter chez le médecin, oh non ! Alors, à mon tour, je propose que
l'on taxe désormais les morts qui, contre toute attente, ne se
présentent pas chez le médecin quand l'Etat le leur demande".
Mihail Vakulovski
A savoir
L'État roumain
condamné 19 fois en un jour
Dimanche 10 février, en une journée,
l'État roumain a reçu 19 condamnations
de la CEDO. Selon un communiqué du
ministère des Affaires étrangères, 16 de
ces condamnations concernent le dédommagement d'anciens propriétaires de
biens immobiliers et de terrains nationalisés sous le communisme. Bucarest n'a
que trois mois pour restituer les
immeubles et terrains à ces anciens propriétaires ou les dédommager à hauteur
d'environ 3 millions d'euros. En 2007,
10% des plaintes déposées à la CEDO
l'ont été par des Roumains, ce qui place la
Roumanie en 3ème position des pays les
plus poursuivis par ses propres citoyens.
Zalau: près d'une tonne
d'explosifs retrouvée
Environ une tonne de munitions,
dont certaines non utilisées, a été
retrouvée dans la cour d'une entreprise,
dans la ville de Zalau. Leur propriétaire
les aurait achetées, sans s'en rendre
compte, dans un lot de 40 tonnes de fer
A défaut du Paradis…
s'assurer sur terre
usagé il y a environ un an. Selon l'équipe
de déminage envoyée sur les lieux, l'explosion des munitions aurait pu causer
des dommages dans un rayon de 2 km à
la ronde. Ces explosifs devaient être
emmenés dans une enceinte militaire
pour être désamorcés.
L
Autoroutes
gardées contre le vol
L'autoroute Bucarest-Pitesti est
désormais surveillée par plus de 70
agents de sécurité depuis le 12 février. La
Compagnie Nationale des Autoroutes et
Routes Nationales de Roumanie
(CNADNR) a signé un contrat avec une
société de surveillance privée. La
CNADNR souhaite ainsi mettre fin aux
nombreux vols… de glissières de sécurité
et de bornes de kilométrage. Les agents
de sécurité seront pour cela accompagnés
d'une trentaine de chiens. Leur mission
consistera également à informer sur d'éventuels accidents routiers et les conditions météorologiques. L'autoroute
Bucarest-Constanta va elle aussi
accueillir une équipe de surveillance dans
les semaines à venir.
Valise à bakchichs pour le bricolo-corrupteur présentée par des
journaux farceurs de Bucarest, après la démission du ministre de
l’Agriculture, surpris en train de recevoir une enveloppe, de la
tsuica... et des saucisses, pour favoriser l’attribution d’un marché.
L
es fidèles de l'Eglise de Urlati ont sursauté lors du sermon du prêtre de la paroisse en l'entendant les inciter à
prendre une assurance et à souscrire à un fonds de
retraite privé auprès d'AIG, un des plus grands fonds d'investissement mondiaux. Ioan Arion se défend toutefois d'avoir voulu lui
faire de la publicité, mais "assure" au contraire qu'il a voulu mettre
en garde ses ouailles pour qu'elles n'aillent pas souscrire une assurance ailleurs où elles risqueraient d'être escroquées, comme cela
est arrivé dans le passé avec les fonds FNI, ruinant des dizaines de
milliers de Roumains qui y avaient mis toutes leurs économies.
Interrogé par les journalistes, Ion Arion a indiqué qu'il avait
été contacté par différentes assurances mais qu'il a voulu recommander la meilleure à ses compatriotes, "la souscription de
retraites privées étant désormais imposée par l'Union
Européenne"… ce qui est faux. S'il ne garantit pas le paradis à tous
ses paroissiens, au moins le pope espère-t-il bien les assurer pour
leur vie terrestre… d'autant mieux que sa femme est la représentante locale d'AIG !
Dans les "fouilles"…
es contrôles des passagers à l'aéroport international de Bucarest, Otopeni, sont parfois déroutants. Un de nos lecteurs en
témoigne: "J'y prenais un vol pour me rendre à Tbilissi, en Georgie, via Munich. Au contrôle anti-terroriste on m'a
demandé de mettre ma veste, ma ceinture, les objets métalliques, clés, etc. et même mon crayon Bic dans le panier pour
le contrôle habituel. Ensuite j'ai dû subir le contrôle avec un appareil de détection manuel. Après avoir repris toutes mes affaires,
et alors que je me dirigeais vers la porte d'embarquement, je me suis rendu compte, à mon grand étonnement, que j'avais un couteau suisse dans la poche de ma veste dont j'avais totalement oublié l'existence!"
35
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Le premier des rallyes
"Dakar Series" sévira en Roumanie
et en Hongrie dès avril prochain
Sports
z
BAIA MARE
ORADEA
ARAD
z
z
z
IASI
z
CLUJ
BRASOV
z
z
SIBIU
TIMISOARA
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
z
GALATI
z
z
BRAILA
PLOIESTI
CRAIOVA
z
z
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Tennis:
la fâcherie de Nastase
36
Ilie Nastase a démissionné de la
présidence de la Fédération roumaine de tennis (FRT) après des accusations de fraude dans l'organisation du
premier tour de Coupe Davis contre
la France.
"Je démissionne parce que j'ai été
injustement attaqué par les médias
roumains", a déclaré l'ancien champion à la
chaîne de
télévision
Realitatea,
deux jours
après l'élimination
de la
Roumanie
par la
France (50). "Je vais
probablement quitter la Roumanie pour m'installer dans
un autre pays puisque personne ne
veut de moi ici", a-t-il ajouté.
Le quotidien Evenimentul Zilei a
cité des documents de la FRT montrant que la Fédération avait réclamé
aux autorités locales 37.000 euros
pour l'installation d'une surface de jeu
pour le match, coûtant en réalité
25.000 euros.
Nastase, ancien numéro un mondial, a démenti toute malversation. Sa
démission intervient en outre juste
après le dénouement en sa défaveur
d'une bataille judiciaire de cinq ans.
La justice vient d'interdire à Nastase
de créer une académie de tennis portant son nom à Timisoara, où l'exchampion comptait utiliser un terrain
que la mairie lui avait donné en 1999.
F
aut-il se réjouir de voir les pays de l'Est ravalés au niveau des tribus africaines? Le controversé Paris-Dakar, désormais compétition "non grata"
dans les pays occidentaux, sévira en Roumanie et Hongrie dès la fin avril…
Un mois et demi après l'annulation du rallye Dakar 2008, l'organisateur de la compétition a annoncé la création d'une première compétition satellite en Europe centrale,
qui se déroulera, du 20 au 26 avril prochains, en Hongrie et en Roumanie. De
Budapest au lac Balaton, en passant par les Carpates roumaines, cette épreuve tous terrains de 3 000 km permettra notamment aux concurrents du Dakar annulé de ne pas
perdre leur investissement.
"Pour l'économie des rallyes, il
était urgent de leur offrir une vraie
compétition pour sauver leur partenariat et leur réseau financier", a souligné
Etienne Lavigne, le directeur de l'épreuve organisée par le groupe Amaury
Sport Organisation. Ce dernier avait
remboursé l'intégralité des frais d'inscription et de carburant aux 250 motos,
Le rallye vu par Kroff, caricaturiste belge...
200 voitures et 100 camions qui
En 1980, René Dumont écrivait :
"Le rallye Paris-Dakar est indécent”.
devaient participer au Dakar 2008.
"Nous étions en contact depuis plusieurs années avec les Hongrois, qui sont candidats au départ du Dakar 2010, et nous avions prévu de lancer nos 'Dakar Series' en
2009. Les événements nous ont conduits à avancer d'un an ce projet de rallyes satellites qui, à terme, devraient être au nombre de trois par an, en plus du Dakar, lequel
restera le rallye-raid de référence, mais pourrait se dérouler sur un autre continent
comme l'Amérique du Sud", a expliqué Etienne Lavigne.
Pour cette première édition roumano-hongroise des "Dakar Series", le budget
s'élèvera à un million d'euros. Le rallye sera ouvert en priorité aux concurrents du
Dakar 2008, qui ne paieront que les frais de dossier (300 euros). Les autres concurrents devront s'acquitter des frais d'inscription: 3 000 euros pour une moto, 5 000
euros pour une voiture, 7 000 euros pour un camion. Une deuxième épreuve des
"Dakar Series" pourrait avoir lieu plus tard dans l'année au Portugal, d'où devait partir le Dakar 2008.
Un champion du monde d'échecs junior
C
ristian Chirila, 16 ans, a remporté le championnat du
monde d'échec junior qui
s'est tenu fin novembre à Antalaya
(Turquie), obtenant ainsi le grade de
maître de la FIDE (Fédération
Internationale des Echecs). Plusieurs fois
champion de son pays dans sa catégorie,
le garçon pratique cette discipline depuis
l'âge de 6 ans, sous la conduite de son
père, Radu Catalin Chirila, arbitre international et également maître de la FIDE.
Le garçon avait été sacré vice-champion d'Europe, catégorie enfant, alors
qu'il avait 8 ans. Cristian s'entraîne avec
ses amis des clubs de Bucarest et de
Timisoara, mais aussi sur l'ordinateur
portable que lui a offert son père. Elève
en seconde au collège Emil Racovita, le
jeune homme, élégant et coquet, consacrait ses gains jusqu'ici à s'acheter des
vêtements ; maintenant, il a décidé d'économiser pour s'offrir une Opel Astra dès
qu'il aura l’âge de passer son permis. Le
dernier titre junior mondial de la
Roumanie remontait à dix ans, en 1997
quand Levente Vajda l'a emporté à
Erevan. Les précédents champions mondiaux juniors ont été Florin Gheorghiu
(1961), Corina Isabela Peptan (1988,
1990 et 1991), Elena Luminita RaduCosma (1990) et Carmen Voicu (1991).
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
faire oublier les réalités du terrain
mais pauvreté toujours bien là
Avec un salaire moyen au-dessous de 200 euros, les augmentations de salaires sont calculées par rapport à la devise
européenne. Elles peuvent sembler encourageantes mais les
gens n'en bénéficient pas beaucoup.
Au contraire, la sécheresse a entraîné des augmentations
significatives des prix du pain et des produits fermiers. Même
le désir de consommer est généré en partie par les revenus des
Roumains employés à l'étranger. Ils envoient de l'argent à leur
famille restée au pays, investissent dans la terre, le bâtiment et
les voitures, après leur retour.
Peut-on croire les chiffres ?
La pauvreté reste une caractéristique constante de la vie
quotidienne en Roumanie en dépit
des apparences induites par l'aisance
du pays. Nous avons une société fortement polarisée entre quelques personnes très riches, des employés avec
un revenu élevé (qui travaillent pour
d'importantes compagnies dans des
grandes villes, souvent étrangères,
spécialement dans le secteur bancaire
et celui des assurances) et une grande
masse de gens avec des revenus bas,
voire très bas. Il paraît qu'en 1989
quelques 9% de la population vivait en dessous du seuil de la
pauvreté. Mais peut-on faire confiance aux statistiques d'avant
1989? Et où se situait à l'époque le seuil de la pauvreté?
Le plus grand nombre de personnes pauvres a été signalé
en 2000 quand près de 40% de la population vivait en dessous
de ce seuil et 13,8% dans l'extrême pauvreté. Du moins, c'est
ce que les statistiques affirment. Nous pouvons probablement
Un revenu moyen difficile à saisir
D
ans Gândul (La pensée) Caterina Nicolae s'interroge sur le niveau des revenus en Roumanie
en 2008. "En octobre 2007, le revenu moyen
s'élevait à environ 450 euros, mais, en Roumanie, moins de
14 % des 4,7 millions de salariés perçoivent ce revenu.
Certains sont plus chanceux et gagnent plus, par exemple
dans la finance, l'administration publique ou l'armée. De
nombreux employés touchent 270 euros, une somme bien
inférieure au salaire moyen. Ils travaillent dans l'hôtellerie,
la restauration, le textile ou l'agriculture. (...) Cependant,
l'entrée dans l'UE a permis aux Roumains de se familiariser
avec les prix et les prétentions salariales des pays de
l'ouest. Et beaucoup de ceux qui ne sont pas encore partis
du pays demandent un salaire correspondant à leurs compétences, ne serait-ce que pour payer le loyer ou faire les
courses. On est alors en mesure de se poser la question suivante: où peut-on gagner de l'argent ? En Roumanie ou à
l'étranger?"
ajouter 10 -15% de la population qui ne correspondaient pas
strictement au "critère de la pauvreté" mais qui ne se portaient
guère mieux.
En 2004, les statistiques concernant la pauvreté ont chuté
à 25% et actuellement, le chiffre se situe quelque part en dessous de 20%. Mais toutes les considérations ci-dessus restent
vraies. Et comme je l'ai dit, les voyages dans le pays sont révélateurs à cet égard. Si nous ajoutons à tout ceci les sérieux problèmes des secteurs de la santé, de l'éducation, de l'assistance
sociale et de l'infrastructure, nous avons une image plus complète des déficits majeurs du pays en termes à la fois de fonds
et de développement.
"Nous travaillons dur et en vain"
Quelle est l'utilité de travailler
dur (selon les statistiques, les
Roumains sont ceux qui travaillent
le plus de tous les citoyens
européens) après tout? Nous travaillons dur et en vain... puisque
nous sommes encore, avec la
Bulgarie, les traînards de l'Europe
en termes de niveau de vie.
Nous vivons une époque d'impulsion économique mais cela prendra du temps, peut-être des décennies jusqu'à ce que nous
comblions l'énorme fossé avec les pays de l'Europe occidentale. Pour le moment, nous sommes en train de déterminer les
principales erreurs économiques et politiques qui ont abouti à
ce que "les années 90 soient une période pendant laquelle la
moyenne des revenus effectifs a chuté de plus de 25 % par rapport à 1989".
Victor Lupu
L'improbable retour des émigrés
roumains dans leur pays
L
e gouvernement roumain a annoncé à plusieurs
reprises son intention de mettre en oeuvre des programmes spécifiques pour organiser le retour des émigrés roumains. Ces dernières années, environ trois millions de
Roumains sont partis tenter leur chance à l'étranger. En 2007, ils
ont envoyé dans leur pays d'origine environ sept milliards d'euros.
Selon Ionut Popescu, "ces personnes ne sont pas parties sur ordre
du gouvernement. Aussi ne faut-il pas compter sur leur retour s'il
le demande. Le gouvernement ne réussira pas à faire passer le
salaire moyen à 800 ou 1 000 euros, somme que gagne un
Roumain à l'étranger. Ainsi, seules les personnes qui, d'une
manière ou d'une autre, avaient prévu de rentrer en Roumanie
vont effectivement revenir. Toutes les autres dont les enfants sont
scolarisés à l'étranger, qui ont fondé des communautés roumaines
ou se sont intégrées, ne reviendront pas, et ce malgré les incitations du gouvernement."
Capital (Roumanie)
17
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Social
BAIA
MARE
BISTRITA
z
ORADEA
z
z
IASI
TARGU
MURES
z
z
ARAD
z
BACAU
GALATI
z
SIBIU
TIMISOARA
z
BRASOV
z
z
CHISINAU
z
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Les chiffres
Population: 21 530 000 habitants
Superficie: 238 391 km 2
PIB: 117 milliards d'euros
Taux d'inflation annuel: + 6,8 %
Salaire moyen net: 307 €
Salaire minimum net: 137 €
(employés), 274 € (cadres)
Retraite mensuelle moyenne: 150
€ (employés), 60 € (agriculteurs)
Espérance de vie (hommes femmes): 68-75 ans
Projets éoliens
16
Le groupe espagnol Iberdrola a
annoncé le rachat de 50 projets de
parcs éoliens dans la zone est de la
Roumanie. Le coût de l'acquisition
serait compris entre 200 et 300 M€.
Les 50 projets ont une puissance
totale de 1.600 MW (supérieure à
celle des 2 réacteurs de la centrale
nucléaire de Cernavoda). Le développeur des projets est la compagnie
suisse Eolica Dobrogea AG, qui
regroupe l'entreprise locale Rokura
et la compagnie suisse NEK
Umwelttechnik AG.
La construction des premières
fermes éoliennes démarrerait en
2008. Elles seraient opérationnelles
en 2009.
Par ailleurs, "Eviva Energy", filiale
du groupe portugais Martifer envisage de réaliser cette année des turbines éoliennes d'une puissance
totale de 50 MW, qui seraient mises
en service au cours du dernier trimestre 2008. L'objectif de Martifer
est de détenir en Roumanie, d'ici
2012, des fermes éoliennes d'une
puissance totale s'élevant à 400 MW.
L'investissement pourrait atteindre
600 M€.
Société
La Roumanie en noir et blanc
Economie "florissante"…
SUCEAVA
z
Les statistiques ne doivent pas
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
L
es dirigeants et politiciens, aussi bien roumains qu'européens, les ambassades, les économistes de Bruxelles, tout ce qui touche aux administrations
et à la technocratie, mettent en avant les bonds réalisés par l'économie roumaine ces deux ou trois dernières années pour montrer que le pays est sur la bonne
voie, en déduisant que sa population vit mieux. Pourtant, sur le terrain, la réalité est
loin de correspondre à leur constat comme le souligne un article de Victor Lupu, paru
dans "Nine o Clock", quotidien en langue anglaise de Bucarest, repris par le bulletin
de "Partage plus", association de solidarité internationale, basée dans la Drôme.
"Du point de vue des statistiques, l'économie roumaine est florissante. La croissance du PIB est élevée et, ce qui est le plus important, elle reste constante. Le processus de désinflation continue. Les taux de chômage sont relativement bas et baissent
encore, l'ensemble de la productivité économique s'accroît. Les nouvelles normes du
crédit bancaire ont maintenu et même stimulé l'appétit des Roumains pour la consommation; la croissance économique de ces dernières années est basée sur une consommation en augmentation. Avec l'entrée dans l'UE au premier janvier 2007, l'espoir des
citoyens s'est aussi développé et les perspectives sont bien meilleures qu'il y a un an.
Les prix sur le marché de
la propriété ont augmenté
exponentiellement durant ces
dernières années. De nouveaux
bâtiments apparaissent partout,
du centre ville de Bucarest aux
sommets des montagnes où des
villas sont construites du jour
au lendemain. Le secteur de la
construction est le plus dynamique, si dynamique qu'il doit
faire face à un sévère manque
de main d œuvre. Le prix du
terrain est aussi à la hausse,
La Roumanie, terre de contrastes saisissants où le fossé
se creuse toujours plus entre les couches sociales.
bien qu'une agriculture très
performante soit plutôt rare en Roumanie.
Quand on se promène dans Bucarest ou dans les grandes villes roumaines, on peut
voir les modèles de voitures les plus récents au monde: des voitures de sport aux décapotables en passant par les 4x4 toutes options. Ainsi, quelqu'un peut être tenté de croire que la Roumanie a dépassé le stade de la pauvreté et se dirige à pleine vitesse vers
les standards européens. La croissance du PIB est de 6% par an et les salaires ont
connu l'an passé la plus grande augmentation en Europe en termes de pourcentage.
Des augmentations de salaire trompeuses
Malheureusement, les choses ne sont pas aussi reluisantes qu'elles le paraissent!
Dès que nous quittons le centre ville pour les quartiers pauvres puis, en allant dans un
environnement rural ou dans les petites villes, nous découvrons la vraie Roumanie
souffrante. Des endroits où le chômage est très élevé, où les salaires sont "symboliques" et où des vacances à la mer sont un souvenir du passé communiste. Des
endroits où les gens peuvent à peine joindre les deux bouts.
Ce sont des lieux que des millions de Roumains ont quittés pour trouver un travail à l'étranger. D'où le taux de chômage peu élevé dans les statistiques officielles.
Mais quelles seraient les apparences si les "émigrés" revenaient? Et à quoi ressemblerait le déficit du compte courant (déjà gigantesque) sans les milliards d'euros
envoyés chaque année de l'étranger en Roumanie. Le processus de désinflation dont
nous nous targuons est quasi artificiel, généré par des afflux massifs de capitaux et par
des spéculations impliquant la monnaie nationale dans le marché européen.
37
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Livres
BAIA
MARE
z
ARAD
z
SIGHET
z
BISTRITA
z
CLUJ
z
z
z
z
z
SUCEAVA
z
ORADEA
GALATI
BRASOV
z
BRAILA
BAZIAS
z
CRAIOVA
z
z
IASI
TARGU
MURES
SIBIU
z
TIMISOARA
CHISINAU
z
„
BUCAREST
z
CONSTANTA
z
Radiographie du
goulag roumain
38
Les Années de plomb* est la
radiographie du totalitarisme et du
goulag roumains. Un roman sur le
thème de l'absurde et "la terreur de
l'histoire" (Mircea Eliade). Toute la
famille Trocan a été déportée dans le
Baragan, au sud-est de la Roumanie.
Son calvaire ne prendra pas fin avec
cet exode et il se poursuivra dans les
camps de travail forcé ainsi que dans
les prisons: persécutions sociales,
privations matérielles, filature et terreur. L'écrivain se limite au plus strict
réalisme mais celui-ci avoisine le fantastique, car la réalité a dépassé
toute fiction. Dans la vision de l'auteur, l'absurde peut être vaincu par
l'espoir: "demain ne sera pas comme
hier". Finalement, c'est celui-ci le
message optimiste, tonifiant d'un livre
sombre et terrifiant. Un roman historique dense, concentré, substantiel.
Les Années de plomb de Lelia
Trocan, Editions l'Harmattan, 5 rue
de l'Ecole Polytechnique, 75 005
Paris
Lelia Trocan est née en 1948 à
Drobeta Turnu-Severin (Roumanie).
Professeur universitaire, spécialiste
de l'histoire de la littérature française,
de la théorie et critique littéraires
modernes, elle dirige des thèses de
doctorat en co-tutelle (Bordeaux,
Rennes). A également publié, entre
autres: Du "Roman Modèle"... au
Modèle du Roman Baroque (2001),
La dialectique de l'être et du réel à
travers la poésie française (2002).
* Ne pas confondre avec "Les
Années Rouges" ("Les Années de
Fer", "Les Années de plomb”)
parues en mars 2007, éditions "Les
Nouvelles de Roumanie".
"Incognito",
Dans la foule muette des opprimés, un
D
e la foule anonyme des opprimés de la terre,
Petru Dumitriu a extrait le destin de Sébastien
Ionesco. Un tourbillon entre Danube, horreurs
de guerre et révolution.
Né en Roumanie en 1924, Petru Dumitriu (notre
photo) a pris le chemin de l'exil en I960 pour fuir l'imposture de la révolution communiste, le spectre de la prison et
des camps de rééducation. Mort à Metz il y a cinq ans, il a
écrit une partie de son œuvre en français, dont cet
Incognito, l'un de ses romans phares qui date de 1962 et qui
nous revient aujourd'hui à titre posthume. Un texte volumineux qui saisit le lecteur par sa densité, l'ampleur de sa vision et le côté souvent envoûtant de son écriture.
L'histoire se déroule sur plusieurs plans de narration. Dans une première partie on
découvre la Roumanie de la démocratie populaire sous la férule du parti unique, à
l'heure du spoutnik, des délations et des pires méthodes staliniennes.
Le narrateur, qui travaille dans un ministère, raconte les événements qui ont
précédé son départ en exil. Il se voit alors confier par son supérieur la mission d'enquêter sur un certain Sébastien Ionesco, un ancien officier, qui a eu des postes importants dans le nouveau régime avant de tomber en disgrâce. Ravalé au rang de gardemagasin, il suscite encore l'ire du pouvoir qui le suspecte de comploter.
C'est avec une sorte de dégoût que le narrateur se met à la tâche, réalisant bientôt
que les parents de l'infortuné, sa femme et sa fille ont déjà été arrêtés. Oscillant entre
retours en arrière et récit dans le présent, le livre sera une tentative de recomposer
l'itinéraire d'un homme, de sa jeunesse dans un milieu ouvert et cultivé à ses tribulations au pays des nouveaux Dracula du "socialisme réel".
Le lecteur est emporté dans une espèce de torrent
de personnages, de lumières et ténèbres de l'époque
Encore un roman, direz-vous, sur le totalitarisme, le cynisme et la perfidie. Certes,
mais avec Petru Dumitriu, le lecteur est emporté dans une espèce de torrent brassant
les thèmes clés de l'histoire, de l'éros et de la philosophie. Les invariants mêmes de la
condition humaine. L'écrivain saisit ses personnages, les met en mouvement en
recréant les lumières et les ténèbres de l'époque comme pour mieux éviter le piège du
commentaire et de la logorrhée.
Dumitriu est un créateur d'atmosphère. On le perçoit d'emblée à sa manière de
décrire la somptueuse maison délabrée dans laquelle vivent les parents de Sébastien
avant leur arrestation. Ils sont terrés là, lui dans ses pantalons fripés, trop larges, elle
avec ses yeux noirs et brûlants de Clytemnestre, tout son visage parcheminé de beauté
fanée. A l'image des restes de splendeur de ce décor taillé en pièces pour servir d'appartements communautaires empestant la choucroute. Tout un symbole.
Le choc est d'autant plus grand qu'on verra plus tard, au cours d'un long flashback, les Ionesco dans leur villégiature danubienne d'avant-guerre. Cette fois, c'est
Sébastien lui-même qui est le narrateur pour restituer les charmes d'une adolescence
frivole passée entre ses frères et sa sœur, la troublante Valentine. Echos d'un autre
monde, d'une certaine douceur de vivre le long des rives de l'immense fleuve plat et
étincelant. Premiers émois, pressentiment des délices et des gouffres de la sexualité.
Agacement aussi envers un frère aîné brillant, provocateur, à la désinvolture ambiguë.
Sortir de l'enfer
Le destin de Sébastien bascule avec la Seconde Guerre mondiale. La Roumanie
est entraînée par son dictateur Antonescu dans l'orbite de Hitler.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Smithfield veut élever quatre millions de porcs par an d'ici 2011
sur l'appétit retrouvé des Roumains pour la viande
Mais, alors que Smithfield promettait à ses partenaires
qu'ils "deviendront millionnaires", le projet laissait des observateurs extérieurs sceptiques, dans un pays qui a trop connu
autrefois le gigantisme. L'échelle du projet risquait en outre de
mettre sur le marché un porc à bas prix que ne pourraient pas
concurrencer les éleveurs plus modestes.
Coup d'arrêt
Mais le rêve américain a pris un sérieux coup à Timisoara
depuis que la peste porcine a fait des ravages dans les fermes
de Smithfield, à l'été 2007. "Nos médecins n'ont pas eu accès
à leurs fermes pour effectuer les contrôles de routine", regrettait alors Csaba Daroczi, directeur adjoint de l'Autorité sanitaire et vétérinaire de Timisoara, ajoutant: "Chaque fois qu'ils
ont essayé, ils ont été repoussés par les vigiles. Smithfield nous
a proposé de signer une convention qui obligeait notre institution à l'avertir trois jours avant chaque contrôle".
Les autorités roumaines ont cependant découvert que sur
les 33 fermes de Smithfield, 11 n'avaient pas d'autorisation
sanitaires et vétérinaires et ont dû fermer leurs portes. Par
ailleurs, le géant américain manquait de main-d'oeuvre à cause
de sa politique de bas salaires. Quatre des neufs employés roumains de la ferme de Cenei étaient partis, leur salaire de 500
lei (160 euros) ne suffisant pas à assurer leur vie quotidienne.
La technologie moderne claironnée a montré ses limites et
les paysans du crû ont compris qu'ils ne deviendraient pas millionnaires: "Personne ne veut plus de nos porcs", s'insurgeait
l'été dernier Lina Stoisin, ajoutant, dépitée, "Nous travaillons
du matin au soir pour les élever, et nous ne savons plus quoi
en faire". Smithfield, qui fait profil bas depuis cet épisode,
n'en maintient pas moins ses objectifs.
Pouvoir d'achat des managers
dans le monde: la Roumanie bien classée
L
es managers roumains disposent d'un pouvoir d'achat qui
est l'équivalent d'un salaire
moyen annuel de 115.280 dollars, plus
important qu'aux Etats-Unis, au Japon, au
Canada, en Norvège et toute une série de
pays du centre de l'Europe, selon une
étude réalisée par la société de conseil en
management Hay Group.
L'étude de Hay Group montre que la
Roumanie occupe la 22ème place dans le
classement concernant le revenu moyen
des managers dans 47 pays.
L'étude a été réalisée en comparant
dans différents pays les salaires des
managers (chefs de départements) à
différentes périodes, ainsi que les impôts
payés et le coût de la vie quotidienne, afin
de pouvoir définir le revenu disponible,
représentant le pouvoir d'achat réel des
managers.
La France au 30ème rang
Les managers roumains ont un revenu disponible qui dépasse celui des
managers autrichiens, lesquels occupent
la 23ème place, avec un revenu de 112
906 dollars, celui des managers des EtatsUnis qui eux, contrairement aux idées
reçues, occupent la 24ème place avec un
revenu de 104 905 dollars, et celui des
managers japonais, à la 27ème place, et
qui ont un revenu de 102 000 dollars.
L'Espagne, l'Allemagne, l'Irlande
sont les seuls pays de l'Ouest de l'Europe,
membres de l'Union européenne, qui se
situent dans les 20 premières places du
classement: l'Espagne avec 128 197 dollars (12ème place), l'Allemagne avec 122
4297 dollars (19ème place), et l'Irlande
avec 117 010 dollars (20ème place), alors
que la Suisse occupe la 13ème place,
avec environ 127 000 dollars.
La Roumanie dépasse plusieurs états
européens, tels que la Hollande, (25ème
place), l'Italie (28ème place), la France
(31ème place), la Belgique (38ème
place), la Grande Bretagne (40ème
place), le Danemark (41ème place), la
Norvège, la Suède et la Finlande (44e et
46e rangs).
En Europe centrale et de l'Est, la
Russie enregistre le plus grand revenu
disponible, avec 157 3489 dollars (4ème
place dans le classement), suivie par
l'Ukraine (7ème place), la Pologne
(11ème position), la Lituanie (18ème
place), alors que les managers de Lettonie
occupent la 33ème place, suivis par les
Tchèques. Les Hongrois se situent en
37ème position, alors que les Slovaques
et les Estoniens occupent respectivement
la 39ème et la 43ème place, avec des
revenus moindres, de quelques 90 000
dollars par an.
La première place dans le classement
revient aux managers d'Arabie Saoudite,
avec un pouvoir d'achat de 229 325 dollars, suivis par ceux des Emirats arabes
unis, avec 223 939 dollars et ceux de
Hong Kong, avec 203 947 dollars, alors
que les dernières places reviennent aux
Finlandais, un, des pays symboles de la
redistribution des revenus, et aux
Philippins, avec 74 038 et 71 839 dollars.
Les pays émergents
à la recherche de talents
"Les sociétés opèrent dans une économie globale de plus en plus ouverte et
concurrentielle, et les marchés émergents
offrent aux managers des revenus disponibles plus grands que ceux offerts dans
les pays développés. Ce qui fait que ces
postes sont plus attractifs pour les talents
de chaque domaine d'activité." a déclaré
Iain Fitzpatrick, directeur de la division
Reward information services de Hay
Group North America.
Le développement des marchés
émergents crée une demande sans précédent pour les managers talentueux, ce qui
provoque l'apparition d'un déficit sur ce
segment, et a une répercussion sur les
salaires des catégories en question, dit-on
dans le rapport.
[source: Banii Nostri, Roumanie.com]
15
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Economie
z
z
ORADEA
CLUJ
z
BAIA
MARE
Le numéro un mondial mise
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
z
IASI
z
z
ARAD
z
z
SIBIU
TIMISOARA
BRASOV
BÂRLAD
GALATI
z
BUZAU
PLOIESTI
CRAIOVA
z
z
„
BUCAREST
z
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Conjoncture: les
Suisses se veulent
plus rassurants
14
Malgré ses déboires, l'américain
Après les commentaires des plus
pessimistes sur l'évolution de l'économie roumaine, l'été dernier, la banque
suisse UBS estime à présent qu'une
dépréciation contrôlée de la monnaie
locale serait finalement bénéfique
pour l'économie et qu'elle éliminera
les "craintes exagérées" liées aux
risques potentiels pour la croissance
économique de la Roumanie. L'UBS
estime que la Roumanie "poursuivra
le processus de convergence avec
l'UE, dans les conditions où le PIB
continuera de s'accroître, la productivité de s'améliorer et la valeur nominale du PIB/habitant d'approcher la
moyenne européenne".
Gros salaires
Selon une analyse réalisée par le
quotidien "Ziarul Financiar", s'appuyant sur les données de l'INSSE,
les salaires nets mensuels les plus
élevés ont été touchés dans les secteurs suivants: Banques (913 €),
Transports aériens (722 €), Industrie
du tabac (626 €), Industrie pétrolière
(621 €), Industrie énergétique (565
€), Administration publique (545 €),
Assurances (537 €), TI & Recherche
(524 €), Poste et Télécommunications
(462 €), Services urbains (460 €).
Groupama se renforce
en Europe de l'Est
Déjà implanté en Bulgarie et
Roumanie,Groupama vient d'acquérir
un réseau d'assurances hongrois pour
près de 617 millions d'euros, filiale
d'OTP Bank, 3ème assureur du pays
avec une part de marché de 10 %.
L
'américain Smithfield investit en Roumanie en s'appuyant sur l'intégration
européenne et continue à voir très grand malgré ses déboires, survenus à
l'été 2007, à la suite de l'épidémie de peste porcine.. Depuis son rachat il y
a trois ans des actifs de l'ancien "combinat" d'élevage porcin de Timisoara, Comtim,
liquidé en 1999, le géant du secteur a entrepris de faire de la Roumanie un grand producteur et exportateur de porcs sous son enseigne, aussi établie en Pologne. "La
Roumanie est au centre de notre stratégie européenne", affirmait en 2006 Michael
Cole, vice président du groupe basé en Virginie, qui déclare avoir investi à ce jour l'équivalent de plus de 200 millions d'euros dans ce projet.
"Chaque dollar dépensé l'a été en misant sur une adhésion du pays à l'UE" expliquait le représentant de Smithfield sur place, Mircea Cotosman. A travers champs, au
volant de son 4 x 4, ce jeune Roumain formé aux Etats-Unis dévoilait les ambitions
de son groupe. L'intégration européenne des Roumains annonçait l'amélioration de
leur niveau de vie. "Ils consommeront plus de viande, donc plus de porc: 21 kg par an
et par habitant aujourd'hui, alors que la
moyenne en Europe de l'Ouest se situe audelà de 60 kg".
Or, même pour la faible consommation actuelle, le pays est importateur de
porc. Smithfield a fait ses calculs: d'ici à
2011, il veut élever 4 millions de porcs
par an. Il compte aussi monter ses parts,
déjà à 50 %, dans le capital des sociétés
de congélation (Frigorifer) et de distribution (Agroalim).
Il a mis aux normes un ancien abattoir destiné à 16000 bêtes par jour, installer des fermes pour les truies. Et surtout, il
envisageait de construire d'ici cette échéance 250 fermes pour y engraisser, dans chacune, 8000 porcs par semestre.
A une quarantaine de kilomètres de Timisoara, Mircea Cotosman faisait visiter en
2006 la première de ces fermes d'élevage. Il était fier de pointer la technologie dernier
cri dont elle était dotée et "le respect des normes européennes": élevage à plus d'un
kilomètre de tout village, accès par filtre sanitaire… Chaque bâtiment équipé coûtant
1,7 million d'euros.
Récupérer de manière détournée les fonds européens
Comme d'autres sociétés d'élevage, la multinationale américaine s'est débrouillée
pour ne pas financer seule cet investissement, sauf les premières fermes pour montrer
l'exemple. Une autre responsable roumaine de Smithfield, Olimpia Bejan, a démarché
les exploitants autour de Timisoara pour les convaincre de s'associer au projet.
C'est l'autre aspect de l'entrée de la Roumanie dans l'UE qui intéressait Smithfield:
n'étant pas éligible aux aides européennes à venir, l'entreprise a passé un contrat avec
plus de 200 agriculteurs pour qu'ils construisent les fermes sur leurs terres. Au titre des
aides agricoles. Très vite un bâtiment d'élevage de 2 millions d'euros a pu être ainsi
cofinancé. "Chaque subvention doit financer la moitié du coût d'une ferme" estimait
Olimpia Bejan, qui, en 2006, a signé dix contrat. "Et ils pourront utiliser le lisier des
porcs comme engrais naturel" ajoutait Mircea Cotosman.
Compte tenu de ses besoins en alimentation animale, Smithfield avance aussi qu'il
offrait un nouveau débouché aux céréaliers de la région. D'où le choix du vaste bassin
de Timisoara.
"Nous aiderons les collectivités locales à monter des dossiers européens pour toucher des fonds structurels, que nous abonderons pour financer des infrastructures",
commentait son représentant.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
le roman-phare de Petru Dumitriu, réédité
solitaire refuse les mensonges des "lendemains qui chantent"
Sébastien Ionesco se retrouve dans les chars et les horreurs de la campagne de Russie. D'où des pages d'une rare
véhémence sur la réalité de cet embrasement, le chaos et la
sauvagerie des combats, les viols, les exécutions de déserteurs.
On assiste alors aux vagues déferlantes des soldats de l'Armée
rouge, poussés par l'amour de la Sainte Russie, mais aussi par
les slogans, la peur des tribunaux militaires, la haine.
Miraculé de l'enfer du front de l'Est, le protagoniste vire de
bord une fois la paix revenue. Transporté par l'effervescence
révolutionnaire de l'après-guerre, il gravit d'abord les marches
du pouvoir avant de se rebiffer et de refuser les mensonges des
"lendemains qui chantent".
D'où la chute dans les geôles du nouveau régime totalitai-
re. Suivie d'une reconquête de soi à même la douleur et l'apprentissage d'une autre forme de résistance.
C'est ce parcours que Petru Dumitriu retrace ici, l'itinéraire d'un solitaire dans la masse muette des opprimés. Tout cela
dit dans une écriture à la fois puissante et haletante, empreinte
de poésie et d'ironie. Jusqu'à la fulgurance qui bouleverse.
Ainsi quand l'auteur, remarquable chroniqueur de guerre,
montre que "dans la vie ce n'est pas comme au cinéma, les
gens meurent souvent avec difficulté", avec cet air sérieux,
"changé et étranger des morts que nul acteur ne pourra jamais
copier".
Alain Fauvarger (La Liberté - Suisse)
Incognito, de Petru Dumitriu, édition du Seuil, 2007
En Roumanie ou en Occident, l'écrivain
n'a jamais réussi à trouver le paradis sur terre
N
atif de Bazias (judet de Caras
Severin) dans le Sud-Ouest
de la Roumanie, Petru
Dumitriu (1824-2002) a grandi dans un
milieu francophone. Son père, capitaine,
était Roumain, alors que sa mère de
noblesse hongroise, était originaire de la
région des Secui (Mures). Les parents
conversaient en français dans la vie courante, ainsi que leur fils.
Le garçon fréquenta le collège
d'Orsova, puis le lycée de Târgu Jiu,
avant de commencer des études de philosophie à l'université de Munich (19411944) grâce à une bourse Humboldt. Dès
1945, il obtint le prix de la meilleure nouvelle de l'année, décerné par un cercle
littéraire roumain, dans lequel évoluait
Henriette-Yvonne Stalh qui sera très
longtemps sa maîtresse, bien qu'elle ait
vingt ans de plus que lui.
Le jeune homme devint chroniqueur
dans des revues et journaliste, écrivant
dans Flacara (La Flamme) puis Viata
romaneasca, dont il sera le rédacteur en
chef à partir de 1953. Commence alors
une période de sa vie qu'il regrettera amèrement. Inféodé au régime communiste, il
se lance dans le genre romanesque
publiant Pasarea furtuni (L'Oiseau de la
tempête), puis Drum fara pulbere (La
Route sans poussière), apologie du
sinistre chantier du canal du Danube à la
Mer Noire. Des années plus tard, l'écrivain pleurera en évoquant cette tâche sur
son oeuvre, confessant "J'aurais mieux
fait de me couper un bras".
La consécration vient en 1957 quand
Petru Dumitriu se lance dans Cronica de
familie (Chronique de famille), fresque
de 2000 pages de la société roumaine à
travers les âges, dans laquelle les critiques retrouvent le souffle de Balzac. Le
livre est traduit à l'étranger et en France
par les éditions du Seuil.
L'écrivain est devenu un chou-chou
du régime, bénéficie de ses privilèges,
joue au tennis avec les grands dirigeants
de l'époque, Gheorghiu-Dej, Gheorghe
Maurer. Mais le scepticisme le gagne, il
supporte de moins en moins le totalitarisme et la censure. Alors, il passe à l'Ouest
en 1960, s'établit en Allemagne, à
Francfort, écrit beaucoup, au moins un
livre par an, est publié par "Le Livre de
poche" en France.
Dumitriu partage son existence entre
son domicile et celui de sa nouvelle maîtresse, une Française de Metz, fort spirituelle, et cette fois-ci vingt ans plus jeune
que lui. Il ne s'habitue cependant pas à
l'Occident, dont le matérialisme l'insupporte.
Mais lorsque le communisme s'effondrera à l'Est, l'exilé se gardera de
retourner en Roumanie obsédé par l'idée
que la Securitate ou les nouveaux dirigeant ne l'empêchent de revenir en
France.
Petru Dumitriu mourra le 6 avril
2002, à 78 ans, alors qu'il s'était attelé à
une oeuvre de longue haleine, Structurile
raului (Les structure du mal), persuadé
que l'Homme vivait dans un monde où le
mal l'emportait.
Exposition itinérante sur le Mémorial de Sighet
L
'Association Fondation "Mémorial Sighet", a mis
sur pied une exposition intitulée "Hommage aux
victimes du communisme en Europe de l'Est de
1945 à 1989". Les documents présentés concernent la
Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, le cas
particulier de la ville de Berlin ainsi que la Roumanie et son
"Mémorial de Sighet" situé au nord du pays, au Maramures, à
la frontière avec l'Ukraine.
Cette exposition a été conçue de sorte à pouvoir être présentée de manière itinérante dans les villes ou villages de
France qui seraient désireux de l'accueillir, soit pour la totalité
de l'exposition, soit pour illustrer seulement le "Mémorial de
Sighet". Les communes ou associations d'amitié franco-roumaine intéressées peuvent s'adresser à Anca Lemaire,
AFMS, 1 Rue Boyer Barret, 75014 Paris, tel 01 45 42 72 19
et 06 64 13 14 62, e-mail: [email protected].
39
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Cinéma
z
z
TARGU
MURES
ORADEA
z
z
z
z
z
ARAD
SIBIU
Florin Patracioiu ou
z
SUCEAVA
z
BAIA
MARE
z
P. NEAMT
BACAU
z
z
TIMISOARA
IASI
z
BRASOV
ADJUD
PITESTI
PIELESTI
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
CRAIOVA
Un film sur la
Roumanie profonde
40
Le chef de gare qui a bloqué un
Le tournage de Californi dreamin’,
le premier long-métrage du réalisateur
Cristian Nemescu, a commencé avec
un an de retard parce qu’il voulait
avoir à tout prix Armand Assante dans
sa distribution. Il y joue le rôle du
commandant des soldats américains
qui atterrissent dans un pays inconnu
et y restent bloqués à cause d'un chef
de gare téméraire. A deux jours de la
finalisation du montage un acccident
de voiture a causé la mort de
Nemescu et de l'ingénieur du son
Andrei Toncu. Les producteurs ont
décidé de laisser le film tel quel.
Armand Assante se souvient :
"Quand j'ai été présenté à Cristi
Nemescu, j'ai été tout suite impressionné par sa personnalité et son
sens de l'humour. Surtout quand il
parlait de la Roumanie dans le
monde. Je pense qu'il aimait énormément son pays et il avait croqué d'une
certaine façon son histoire et ses
effets sur la mentalité roumaine. Il
avait une énorme empathie pour son
peuple et il voyait comment les difficultés du passé de la Roumanie se
reflètent dans son présent. Son film
reflète ce qu'il ressentait comme étant
la Roumanie profonde, le respect réciproque et le respect pour soi-même".
Jouant l'autre rôle important, Doiaru,
le chef de gare, Razvan Vasilescu se
rappelle que le metteur en scène l'a
attendu un soir à la sortie du théâtre
Bulandra afin de lui donner le scénario. L'acteur a aimé l'histoire, le personnage et son attitude butée.
"Nemescu avait l'air de quelqu'un qui
ne sait pas exactement comment faire
un film, mais cette modestie m'a
impressionné", se rappelle Vasilescu.
C
alifornia Dreamin’ a fait l'évènement à Cannes, en mai dernier, en remportant le prix de la catégorie "Un certain regard", alors que "4 mois, 3
semaines et deux jours" de Cristian Mungiu recevait la Palme d'Or.
Dans ce film, distribué depuis fin octobre en France, le réalisateur Cristian Nemescu,
disparu tragiquement à l'âge de 27 ans dans un accident de voiture en août 2006, donne
une nouvelle preuve de la vitalité et de l'inventivité du nouveau cinéma roumain. Le
style caustique du cinéaste se déchaîne ici dans le cadre d'une petite ville plouc,
Capâlnita, où un convoi de l'OTAN en route pour le Kosovo, en 1999, est immobilisé.
A son bord, une escouade de marines américains bloquée par Doiaru - interprété
magistralement par l'acteur Razvan Vasilescu - un chef de gare qui, bien que n'étant
qu'une fripouille notoire, s'entête à réclamer aux passagers et à leur cargaison des
papiers en règle. La présence des
Américains commandés par le capitaine Doug Jones - Armand Assante - met
le village en émoi. Les jeunes filles se
jettent sur cette viande fraîche tandis
que le maire s'active pour plaider
auprès de ses hôtes forcés, bloqués
pendant cinq jours, la cause touristique
de sa commune. Un mélange de joie
générale et de gabegie collective plane
en permanence sur ce petit monde.
Florin Patracioiu, le vrai chef de gare, regarde son
personnage, interprété par Razvan Vasilescu.
Un cabochard à la fibre patriotique
Ce film picaresque, véritable tranche de bonheur, est inspiré d'un évènement
authentique, survenu le 3 juin 1999. Ce jour là, par une chaleur suffocante, le chef de
gare de Pielesti* - Capâlnita dans le film - un village de quatre rues à la sortie nord de
Craiova, a refusé de laisser passer un convoi de l'OTAN, tant que ses papiers n'étaient
pas en règle. Cet incident a fait la une de tous les médias roumains, alors que le pays
implorait son entrée dans l'organisation de défense militaire et qu'il paraissait invraisemblable de contrarier ne serait-ce-qu-un peu le bon vouloir des Américains.
Le cabochard chef de gare s'appelait Florin Patracioiu (Doiaru), 51 ans. Dans une
interview récente, celui-ci a précisé que le train était beaucoup plus long que celui du
film, comportant 18 wagons dont deux réservés aux passagers américains et dotés de
l'air conditionné. Mais surtout, le convoi n'avait été bloqué que pendant quatre heures.
Pendant ce laps de temps, Florin Patracioiu avait reçu de nombreux coups de téléphone de ses supérieurs, des autorités régionales, de Bucarest, le menaçant de le
mettre à la porte. Mais le chef de gare à la fibre patriotique sensible répondait invariablement et de manière désarmante: "Comment voulez-vous que je les laisse passer?… Ils n'ont pas de papiers ".
Vodka… mais pas russe pour les Américains
Le Roumain s'était montré cependant courtois avec ses "invités". Il leur avait
offert une vodka… qu'ils avaient refusé parce qu'elle était russe. Il avait suffi qu'il en
change l'étiquette pour qu'ils vident la bouteille. Leur chef, le major Jeff Thompson,
avait finalement pris son mal en patience. Finalement, des chefs douaniers, accourus
de Bucarest, avaient apporté les documents demandés, Patracioiu vérifiant avec attention qu'ils portaient bien les tampons salvateurs et donnant le feu vert au départ du
convoi. Le chef de gare note toutefois quelques différences avec le film. Dans la réalité, le maire de la ville n'a joué aucun rôle dans l'affaire. Contrairement à l'histoire
portée à l'écran, il n'a pas une fille, Monica, qui n'a qu'une envie, "se tirer du bled avec
un Américain pour ne pas pourrir sur pied ", mais deux garçons.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
nouvelle terre agricole pour l'Europe
rendre à nouveau le pays autosuffisant
La somme de toutes les charges représente 700 € à l'hectare contre près du double en France. Cependant, la sécheresse ou, l'inverse, les inondations, et la rudesse de l'hiver gelant
certaines cultures, les coûts d'irrigation ainsi que le coût plus
élevé des produits phytosanitaires à importer tempèrent cette
impression d'eldorado. Mais la montée progressive des aides
directes de la PAC (50 € par hectare en 2007 outre 300 € en
France pour le maïs actuellement) et l'amélioration attendue
des capacités de stockage pour moins subir la fluctuation des
cours mondiaux et des infrastructures devraient remuscler
dans les années à venir l'agriculture roumaine.
"Le pays offre un gros potentiel à la production et même à
l'export", a bien compris Pierre Jarreau, directeur commercial
en Roumanie du semencier Limagrain, pointant le maïs. Et le
tournesol. Le gouvernement roumain, par cette culture, ambitionne de faire du pays un exportateur de biodiesel et y incite
fiscalement. Devant cette distribution en cours des cartes agricoles dans l'UE, l'agriculteur Michel Créteur a fait le pari de la
Roumanie, comprenant que "pour les grandes firmes agricoles
françaises, il faut être présent ici pour continuer d'exister en
France".
Ne pas céder au tout intensif
Comment la population rurale vivant en autarcie, elle,
pourra continuer de survivre? Certes, les aides de la PAC déve-
loppement rural (1200 € par an pour un projet) visent à garder
les campagnes vivantes, mais personne n'en attend des
miracles. Elles permettront que se développe, par exemple, du
tourisme à la ferme dans les Carpates, propices aussi à des
filières de produits biologiques, mais rien de significatif. La
population des campagnes est âgée (70 % des exploitants individuels ont 55 ans ou plus et seulement 5 % ont moins de 35
ans) et exerce souvent plusieurs métiers, alimentant une économie informelle parallèle.
Le maintien de cette population en milieu rural arrange le
gouvernement, qui n'a pas intérêt à voir enfler les banlieues de
Bucarest, mais limite le développement du pays. Un système
de rente viagère incite les plus de 62 ans à céder leurs terres
aux jeunes pour qu'ils les reprennent et les réunissent en parcelles. Mais cette incitation financière remporte peu de succès,
alors qu'elle vise à constituer cette classe moyenne de fermes
familiales commerciales, de 300 à 400 hectares, qui font tant
défaut à l'agriculture roumaine.
"La distribution équilibrée sur le territoire de villes
moyennes à approvisionner s'y prêterait", estime Stéphane
Coroner. Vieillissement démographique oblige, les milliers de
maigres exploitations de survie paraissent en tout cas vouées à
disparaître. La difficulté pour l'agriculture roumaine, une fois
qu'elle sera vraiment de plain-pied dans le marché européen,
va être de ne pas céder au tout-intensif.
Sébastien Maillard (La Croix)
Pain au noir : l'Etat perd entre 400 et 500 millions d'euros par an
P
rès de 60 % de la production de
farine et de pain du pays se
ferait au noir, un pourcentage
que le ministre de l'Agriculture estime
même à 75 %. Ce sont ainsi un milliard
d'euros de chiffres d'affaires qui échapperaient à la TVA de 19 %, à la taxe sur les
bénéfices, sur les salaires, aux cotisations sociales, l'Etat perdant 400 à 500
millions d'euros de rentrées fiscales. Les
professionnels du secteur ne nient pas la
réalité de cette évasion, soulignant qu'elle est le fait non des grands fabricants,
mais des petits qui assurent la moitié de
la production nationale dans le
milieu rural ou les petites villes.
Ceux-ci se rendent le soir
aux moulins, repartent avec des
sacs de farine et remplissent
plusieurs camionnettes de pain
le lendemain. Des responsables
de coopératives ou d'associations de producteurs font la
même chose, s'arrangeant avec
les minoteries pour se mettre de
côté quelques sacs de farine. Difficile de
contrôler tous ces mouvements.
Selon le milieu professionnel, la
meilleure solution pour décourager ces
pratiques serait de ramener le taux de
TVA sur l’ensemble des produits de
panification à 7 %.
D'après les statistiques, reprenant les
indications fournies par les rentrées fiscales, les Roumains consomment annuellement 24 kg de pain, mais pour le
Premier ministre, ce chiffre est loin de la
réalité qui se situerait à un niveau cinq
fois supérieur, entre 115 et 120 kg.
"Le Roumain est connu comme étant
un gros mangeur de pain et pourtant,
officiellement, nous sommes loin derrière
les Allemands qui en absorbent 80 kilos"
a déclaré Calin Popescu Tariceanu, le
premier ministre. Première semaine
d'août, le fisc a déclenché une opération
coup de poing, vérifiant 1400 firmes de
ce secteur économique: 85 % se livraient
à l'évasion fiscale ou ne respectaient pas
la législation; 60 on été fermées et verbalisées pour un total de un million d'euros;
180 tonnes de blé et 120 tonnes de farine
non déclarées ont été saisies.
Charrettes
surveillées par satellite
La Garde financière a proposé au
gouvernement de prendre des mesures
encore plus draconiennes et de faire surveiller à partir de l'année prochaine les
charrettes et les camions qui transportent
ces produits par satellite, en utilisant un
système de GPS et vidéo.
13
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
La Roumanie,
Economie
Premier objectif:
SUCEAVA
ORADEA
z
CLUJ
z
z
BAIA MARE
z
z
ARAD
TARGU MURES
z
z
z
BACAU
z
z
SIBIU
TIMISOARA
IASI
GALATI
z
z
BRASOV
PLOIESTI
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
„
BUCAREST
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Hausse vertigineuse
du déficit commercial
12
Le déficit commercial de la
Roumanie, exprimé en euros, a augmenté l'année passée de 44,35%,
arrivant à 21,502 milliards d'euros,
contre 14,895 milliards en 2006,
indiquent les données fournies par
l'Institut National des Statistiques
(INS). La Roumanie s'est placée en
5ème position dans le classement
des pays de l'UE ayant affiché des
déficits commerciaux aussi élevés
en 2007 (en valeur absolue), après
la Grande-Bretagne, l'Espagne, la
France et la Grèce.
Dette
Au 31 décembre 2007, la dette
externe à moyen et long terme de la
Roumanie s'est élevée à 36,728 milliards d'euros (+28,3% par rapport
au 31 décembre 2006). La dette
publique et publique garantie s'est
chiffrée à 10,370 milliards d'euros et
la dette privée à 23,139 milliards
d'euros (+39,8%).
Croissance 2008
estimée à 5,4 %
Cette année, selon le groupe
financier UniCredit, la Roumanie afficherait une croissance économique
de 5,4%. Le gouvernement prévoit
1% de plus. Le glissement annuel de
l'inflation se situerait à 5% (contre
6,7 % actuellement).
Les prévisions sont pessimistes
également pour ce qui est du déficit
externe (estimé à 14,8% du PIB) et
du déficit budgétaire (3% du PIB),
malgré la volonté affichée du gouvernement de se situer en dessous.
U
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
convoi de l'OTAN pendant la guerre du Kosovo existe bel et bien
la véritable histoire de "California Dreamin"
n convoi d'une vingtaine de moissonneuses-batteuses croise une charrette
tirée par un cheval. Ce contraste devenu l'image d'Épinal du monde rural
roumain, Thierry Bourgoing l'observe au quotidien. Ce jeune Français,
installé depuis six ans avec son épouse
dans la plaine valaque, gère une ferme pour
le compte de Michel Créteur, agriculteur
des Ardennes à l'origine du projet.
Son exploitation compte aujourd'hui
plus de 2000 hectares, mesurés par GPS,
contigus à des parcelles d'un hectare sinon
moins. Avant que ses tracteurs John Deere
ne sèment du blé derrière une récolte de
12000 tonnes de maïs, des Roumains du village viennent en famille ramasser les
débris qu'ils brûleront cet hiver pour se chauffer. D'autres chargent du maïs, récolté à
la main sur leur propre parcelle, qui alimentera leur unique vache et leurs quelques
poules. Cette autosubsistance paysanne est très répandue dans les campagnes roumaines, où vit, au jour le jour, hors du marché économique et des statistiques du chômage, près de la moitié de la population du pays.
Ils ne sont guère plus agriculteurs que les propriétaires d'immenses exploitations,
bradées depuis la chute du communisme dans des conditions douteuses, souvent mal
entretenues. Résultat: l'essentiel de la production agricole roumaine, qui contribue à
12 % du PIB, est de fait réalisé par une poignée d'exploitants. Le paradoxe de la
Roumanie est ainsi d'être un pays agricole en manque d'agriculteurs entreprenants.
Même s'il rit aujourd'hui de cette approximation, l'actrice - Mariana
Marilescu - ayant interprété son rôle, lui étant tombée dans les bras quand
il l'a rencontrée, l'appelant "Papa". La seule chose que Patracioiu n'ait pas
digéré, c'est d'avoir été présenté comme un mafieux, un corrompu. Invité à
Bucarest à la première du film, il n'a pas décoléré, déclarant que "jamais de
sa vie il n'avait pris un bakchich ou reçu un leu"… pour finalement pardonner au metteur en scène: "Je le comprends, çà faisait mieux dans l'histoire".
"Il est plus rapide d'importer des produits
agricoles de Turquie que de la Bucovine"
es téléspectateurs de France 2 ont suivi avec intérêt, sinon passion, la nouvelle de version de "Guerre et Paix" que la
chaîne a présentée en quatre épisodes, tout au long du mois de novembre. La critique a été à peu près unanime: il s'est
agi là d'une des meilleures adaptations du roman de Tolstoï. Cette version est due à un réalisateur roumain, Robert
Dornhelm, né à Timisoara le 17 décembre 1947 et parti vivre il y a 25 ans aux Etats-Unis. Loin d'être un inconnu, le cinéaste a une
longue carrière derrière lui, ponctuée de films majeurs qui ont été souvent primés.
Robert Dornhelm a déjà beaucoup réalisé pour le cinéma. Du documentaire The children of
Theater Street avec Grace Kelly en 1977, à la comédie Echo Park en 1986, en passant par le
drame avec Escape en 1996 ou Requiem für Dominik en 1990, il a su aborder des thèmes très
divers et travailler pour des productions américaines comme européennes.
Mais Robert Dornhelm est avant tout un homme de télévision. Depuis le succès de son documentaire Digital dreams diffusé en 1983 retraçant le parcours du bassiste des Rolling Stones, Bill
Wyman, le réalisateur a enchaîné les téléfilms et les mini-séries.
L'enjeu de l'entrée récente dans l'Union Européenne et dans la politique agricole
commune (PAC) est de faire émerger des entrepreneurs et, au lieu de l'agrobusiness
sauvage actuel, d'organiser les filières agricoles après des années de désordre. Le premier objectif est de rendre à nouveau le pays autosuffisant. La consommation roumaine a entamé son envol alors que le pays importe porcs, volailles, viande de bœuf
ou produits laitiers. Par manque d'infrastructures, "il est plus rapide d'importer des
produits agricoles de Turquie que de la Bucovine", remarque Stéphane Coroner,
conseiller français auprès du ministre roumain de l'agriculture. "L'adhésion à l'UE est
d'abord une énorme claque concurrentielle pour le pays", prévient-il.
Le maïs roumain est, lui, compétitif et s'exporte. L'an dernier, Thierry Bourgoing
en a exporté une partie par barge sur le Danube jusqu'au port de Constanta, sur la mer
Noire, pour servir d'alimentation animale en Espagne et en Italie. Par rapport à un pays
cloisonné comme la Hongrie, ce débouché maritime avantage la Roumanie pour desservir notamment les pays arabes. Mais son premier atout, dans un secteur où la surface cultivée détermine l'amortissement des charges, est d'offrir encore de bonnes
terres à louer, comme auparavant les plaines de l'ex-RDA et de la Pologne.
"Il faut être présent ici pour continuer d'exister en France"
Trente exploitations dépassent les 10 000 hectares, taille digne des surfaces australiennes ou argentines. Une île du Danube est même considérée comme la plus grande exploitation d'Europe: 56 000 hectares! "On réunit ici en quelques années une étendue qu'il faudrait un siècle en France à constituer", souligne Thierry Bourgoing. Les
qualités et la profondeur du fameux tchernoziom sont l'autre atout majeur. Cette terre
fertile, de couleur chocolat, exige peu d'engrais et de semences. Autant d'économies
sur les intrants qui donnent au maïs roumain "un des meilleurs prix de revient", selon
Patrick Valmary, consultant à Bucarest pour Caussade Semences.
Menacé par Basescu… puis recevant
une prime "pour avoir fait son devoir"
Finalement, Florin Patracioiu est très content d'être devenu un héro par
Cristian Nemescu, en discussion avec Armand Assante,
procuration. Il a même donné une suite au film, regrettant que Cristian
a attendu pendant un an que l’acteur
soit libre pour commencer le tournage de son film.
Nemescu n'ai pas pu la tourner: au retour des Américains, le chef de gare a
à nouveau bloqué leur convoi, mais cette fois-ci pour deux semaines et toujours pour le même motif, ne cédant pas aux injonctions
du ministre des Transports de l'époque… un certain Traian Basescu. Finalement le convoi a pu repartir, ses papiers étant en règle,
mais après avoir payé plus de 30 000 dollars de taxes… Cédant à la pression médiatique, le gouvernement a accordé à Florin
Patracioiu trois mois de salaires supplémentaires "pour avoir fait son devoir".
*Pielesti entretient des relations avec Chigny les Roses, près de Reims.
Le metteur en scène roumain s'est illustré avec la réalisation de "Guerre et Paix"
Robert Dornhelm : de Timisoara à la consécration hollywoodienne
L
Un habitué des Emmy Awards
En 2001, le Roumain s'attaque à l'histoire d'Anne Frank (Anne Frank : the whole story) dans
un téléfilm récompensé par de nombreux prix (Golden Globes, Emmy Awards - l'équivalent des
Oscarts pour la télévision, décernés également à Hollywood - Satellite Awards, AFI Awards, PGA
Awards...). L'année suivante, il revient sur les cinq dernières années de vie de Robert F. Kennedy,
le frère du président américain, dans RFK.
Robert Dornhelm rencontre de nouveau le succès en 2004 (plusieurs prix dont un Emmy Award) en adaptant Spartacus, toujours pour le petit écran, avec Goran Visnjic (Urgences) dans le rôle titre. Cette même année, il réalise pour la télévision La frontière de l'infidélité (Suburban Madness) et Ma vie volée.
En 2005, le metteur en scène participe à la réalisation d'une mini-série produite par Steven Spielberg encore une fois très
récompensée (16 nominations au Emmy Awards 2006): Into the West. Une fresque historique en 6 épisodes sur la conquête de
l'Ouest avec un casting de choix (Matthew Settle, Josh Brolin, Kerry Russell, Skeet Ulrich...). Avec l'adaptation télévisée de
Guerre et Paix, du romancier russe Léon Tolstoï, Robert Dornhelm a réussi le pari en 2007 de réunir à l'écran des acteurs venus
de toute l'Europe (Clémence Poésy, Alessio Boni, Valentina Cervi, Alexander Beyer, Ken Duken) pour une superprodution à gros
budget réalisée en partenariat avec les 10 chaînes publiques européennes: ZDF, Channel 2, France 2, la RTBF, Rai Fiction, Eos
Films, Grupa Filmowa Baltmedia, Poslat, AT-Production et Grupo Intereconomia.
41
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Natif de la région toulousaine,
Peinture
Le destin roumain d’un
SUCEAVA
z
z
CLUJ
ARAD
z
z
z
z
BISTRITA
z
z
z
TARGU MURES
ALBAC
z
z
IASI
SF. GHEORGHE
BRASOV
GALATI
z
SIBIU
TIMISOARA
z
BAIA MARE
ORADEA
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Peintre des humbles
et des paysans
42
Jean Neylies (1869-1938, prononcer Neylis) fait partie des "peintres
roumains oubliés" à qui Tudor Octavian rend hommage dans son ouvrage paru en Roumanie en 2003.
D'origine paysanne, le Français roumanisé se montra très sensible aux
scènes bucoliques, aux fêtes champêtres, aux paysages grandioses. Sa
peinture, très académique, peut
paraître aller à contre sens de l'extraordinaire bouleversement que connût
cet art dans ce début du vingtième
siècle. Disciple de Courbet et ancien
élève de Gérôme, il jeta un regard
tendre vers la réalité. Cette sorte de
"vérisme" fait de lui un peintre des
humbles, des paysans. Les couleurs
franches, les contrastes, les touches
grasses confèrent à ses tableaux une
grande force affective, spirituelle pour
certains. Tudor Octavian dit que "ses
toiles, surtout les petites, semblent
des fragments d'un panorama de la
société roumaine" avec "une perception moins conventionnelle que celle
de Grigorescu".
M
onté à Paris pour y devenir coiffeur, le gamin issu d'une famille très
modeste de Montesquieu-Volvestre (Haute-Garonne) Jean Neylies
deviendra l'un des plus grands peintres roumains. Récit d'une histoire
sortant de l'ordinaire… où, alors que tant de Roumains ont apporté à la France, dans
différents domaines, ce sera l'inverse qui ici se produira. A l'image du médecin-chirurgien Carol Davila, parti de Nantes pour devenir le fondateur de la médecine moderne en Roumanie, un Français va laisser sa marque dans le patrimoine, cette fois-ci culturel, roumain.
Père paysan, mère couturière
Jean Neylies est né à
Montesquieu-Volvestre, en
Haute-Garonne,
le
21
décembre 1869, dans une
famille très modeste. Son
père était un de ces cultivateurs qui labouraient des
lopins de terre disséminés
dans la campagne et que l'on
appelait
pour
cela
"parçonèrs". Sa mère était
couturière.
Les dures conditions de
travail, une existence précaire, ont poussé les parents à donner à leur fils un métier qui pourrait lui permettre d'échapper à leur condition. Jean avait révélé très tôt d'excellentes dispositions pour le
dessin et la peinture. Mais à Montesquieu et dans les environs, les parents ne voyaient
pas de professions correspondant à ses dons. Un oncle possédait à Foix, dans l'Ariège,
un salon de coiffure qui le faisait bien vivre. Cet antécédent familial décida les parents.
Jean sera coiffeur. Monsieur Rougé, leur ami et coiffeur de son état, accepte de le
prendre en apprentissage. Combien de temps dura cet apprentissage ?
Pierre Lattes, dans une de ses chroniques raconte que: "le jeune Jean Neylies, sa
formation professionnelle terminée, monta à Paris pour acquérir la maîtrise dans son
métier". Elie Abeille et Henri Ménard dans Histoire de Montesquieu-Volvestre donnent la date de 1888 pour ce départ à Paris. Or, Jean Neylies exécute en 1887 et 1888
des copies de grands maîtres, Rubens et Murillo, qui sont exposées dans l'église SaintVictor de Montesquieu.
Rencontre décisive au Louvre avec
le neurologue roumain Georges Marinescu
Arrivé en Roumanie dix ans avant
la mort du grand peintre, véritable
monument national pour ses compatriotes, Jean Neylies fait partie de ses
successeurs à qui Grigorescu a offert
l'occasion de continuer et d'approfondir l'art d'une peinture nouvelle,
comme "une exclamation d'étonnement devant la nature et la lumière".
Jean Neylies fut-il un temps coiffeur à Paris ? Peut-être…Mais toujours animé de
goût artistique, il abandonne bien vite les outils du barbier pour s'inscrire à l'école des
Beaux-Arts sur les conseils et avec le soutien d'un étranger. Au Musée du Louvre, il
avait attiré l'attention de Georges Marinescu par ses dons exceptionnels pour le dessin
et le maniement des couleurs.
Le savant neurologue roumain, qui s'était lié d'amitié avec lui, le fit entrer dans
l'atelier de Jean-Léon Gérôme, peintre officiel, professeur connu pour son souci du
détail objectif et son goût du fini, que l'on retrouve dans les tableaux de Neylies. La
coiffure ? Elle est bien loin de ses préoccupations d'autant plus que notre nouveau
parisien s'inscrit aussi au Conservatoire de Musique !
Tudor Octavian écrit dans son ouvrage Peintres oubliés roumains (Ndlr: malheureusement disponible uniquement en roumain) qu'"à cette époque la peinture et la
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
a été rayé de la carte par les autorités
voleurs s'enfuient à cause de la pauvreté
Partir en Russie pour payer les dettes
Quelques habitants du village sont partis en Russie où ils
travaillent dans le secteur agricole. Pour payer le prix du billet,
ils empruntent de l'argent aux habitants du village voisin.
"Nous sommes accablés par les dettes. A l'étranger, nous
binons la betterave, les pommes de terre etc., et l'argent gagné
nous suffit juste pour rembourser ce que nous devons et pour
acheter un sac de farine et un autre de pâtes. L'année passée,
j'ai eu un accident de la route et j'ai eu une fracture de la
colonne vertébrale. J'ai dû emprunter 16 000 lei pour l'opération (1000 €). J'ai laissé comme garantie mon unique fortune:
ma maison. Autrement, j'aurais pu rester paralysé, et j'ai encore trois enfants à élever. Dans quelques mois, je devrai rembourser les dettes mais je ne sais pas d'où prendre l'argent",
soupire Gheorghe Vornicu.
"Je n'ai jamais mangé de la viande"
Chaque famille possède environ 10 ares de terre où l'on
cultive du maïs, des haricots, des pommes de terre. Vu l'absence de système d'irrigation, elles ne peuvent pas cultiver des
tomates ou des concombres. Toujours à cause de la pauvreté,
les gens ne peuvent pas non plus
élever des animaux domestiques.
Le pain est un "luxe" - seulement
quelques personnes ont le courage de parcourir à pied deux
kilomètres pour aller en acheter.
D'habitude, les villageois
cuisent des galettes. "Nous faisons de la soupe de grains de
maïs, de haricots et de pommes
de terre. Ma mère dit que la
soupe est plus savoureuse si l'on
y ajoute de la viande. Moi, je n'ai
jamais mangé de la viande. J'ai
entendu qu'il existe des bonbons
et de la glace mais je n'en ai jamais mangé", assure Olguta,
une fillette de 9 ans.
L'année passée, certains villageois ont dû manger de l'herbe. Ayant épuisé toutes les réserves, une vieille femme qui prenait soin de ses cinq petits-fils en a préparé un plat. "La
pauvre, elle a ramassé de l'herbe dans la forêt, elle l'a fait
bouillir et elle l'a mise sur la table. Un vieillard a mangé de la
terre pour apaiser sa faim. Il mangeait en pleurant. Quoique
nous soyons pauvres, nous-aussi, nous ne sommes pas restés
indifférents face à leur peine. Nous avons collecté des produits
alimentaires pour eux. Personne ne connaît notre existence,
même Voronine. Si on ne nous entend pas, nous protesterons
devant la mairie de Tibirica", s'indigne Maria Rotari.
Stanislav Apostoliuc croit que ce n'est pas par la faute des
fonctionnaires que le village a "disparu" de la carte. "Nous
sommes un village-problème et personne n'a besoin de nous.
Nous nous sommes plaints plusieurs fois sans aucun résultat.
Où est la justice ? L'état attend probablement que nous mourions de faim et de soif", ne décolère-t-il pas.
Incompétence et confusion communistes
Pendant la dernière campagne électorale, les villageois ont
pour la première fois vu un député en chair et en os. Ils disent
que probablement c'était par hasard qu'un parlementaire communiste, dont ils ne se rappellent pas le nom, soit passé par
leur village, ait écouté leurs plaintes, et les ait invités à voter
pour son parti.
Profitant de l'occasion, les villageois lui ont demandé
pourquoi il n'y avait pas de fonds prévus pour leur village. Il a
répondu qu'une confusion avait été commise. L'argent qui lui
était destiné a été gaspillé par les habitants du quartier
Schinoasa de Chisinau. Dès lors, les villageois haïssent les
habitants de la capitale.
C'est ainsi que, pendant une réunion du Conseil du district
de Calarasi, lorsqu'on discutait au sujet de la Stratégie de développement et de soutien aux ethnies, on a découvert que le village de Schinoasa n'était mentionné dans aucun document officiel, local ou national.
Le maire de Ibirica, Ion
Iurcu, a confié que le 24 mai
2007, selon une décision du
Conseil du district, l'erreur a été
réparée, le village de Schinoasa
étant finalement enregistré
comme partie composante de sa
commune. "La mairie avait
informé le Conseil du district de
Calarasi qu'une erreur avait été
commise pendant la dernière
réorganisation administrativeterritoriale mais le problème n'a
pas été examiné. Maintenant, on
doit pas à pas résoudre les problèmes des villageois de Schinoasa. Nous espérons que dans
quelques mois ils auront de l'eau potable. Dans le village, il y
a une école primaire qui fonctionne dans la cour d'un habitant...", affirme Ion Iurcu.
Les villageois de Schinoasa espèrent que les autorités
transformeront leurs paroles en actes, quoique peu d'entre eux
croient à leurs promesses.
Irina Codrean (traduction Valentina Ciobanica)
Article d'Irina Codrean, publié sur www.timpul.md, traduit par Valentina Ciobanica (16 ans), élève en XIième de
Cahul (République de Moldavie), membre JUNACT et repris
par la Lettre d'informations du portail francophone sur la
Moldavie www.moldavie.fr éditée par l'association d'amitié
franco-moldave "Les Moldaviens", présidée par Jean-Jacques
Combarel.
11
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Le village tsigane
Moldavie
z
BAIA MARE
ORADEA
z
CLUJ
z
TARGU MURES
IASI
BRASOV
z
z
z
CHISINAU
z
DEVA
z
z
z
ARAD
GALATI
z
SIBIU
TIMISOARA
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Des habitants réduits
à l'état de fantômes
10
A Schinoasa, même les
SCHINOASA
z
SUCEAVA
Il y a plus de 4 ans que le village
de Schinoasa, district de Calarasi,
n'est plus mentionné dans les documents officiels. Pendant la dernière
réorganisation administrative-territoriale, les fonctionnaires ont oublié
d'enregistrer cette localité qui à plus
de 200 habitants.
Les villageois n'ont
même pas essayé
de démontrer qu'ils
ne sont pas des
"fantômes", considérant que le village a
été intentionnellement effacé de la
carte. Ayant appris
récemment qu'ils
recevraient la visite
d'hôtes de Chisinau,
des dizaines
d'hommes et de
femmes se sont bousculés dans le
centre du village, lors de leur venue.
Tous voulaient faire connaître leur
peine. Des larmes aux yeux, ils ont
raconté qu'ils étaient confrontés à un
manque chronique de conditions élémentaires de vie - pas de magasin,
de vraie école, de centre médical...
L'aqueduc, le gazoduc, est pour eux
un luxe dont ils peuvent seulement
rêver. Les habitants qui sont restés
puisent de l'eau dans trois puits, car
celle de la plupart des autres, peu
nombreux d'ailleurs, n'est pas
potable, étant mélangée avec de la
boue et du gravier. En fait, la mauvaise qualité de l'eau est la cause de
toutes les maladies dont ils souffrent.
La plupart des enfants ont subi une
opération d'appendicite, et les adultes
ressentent des douleurs aux reins.
L
e village de Schinoasa (nos photos), habité exclusivement par des
Tsiganes, est isolé de la civilisation et a disparu de la carte de la Moldavie,
n'étant plus mentionné dans les documents officiels. Aucun chauffeur ne
risque de le traverser à cause des chemins qui sont dans un état déplorable. La localité est située sur une colline, elle est entourée de forêts et de champs de blé et de maïs.
Ici, dans des maisons d'argile, sans fenêtres, ni portes, habitent "une poignée" de gens
affamés et assoiffés. "Nous n'avons pas d'argent même pour la nourriture, sans parler de portes et de fenêtres....", se lamente Valentina Ciobanu, une jeune femme de 30
ans, ajoutant "Même les voleurs s'enfuient à cause de la pauvreté".
Ecole dans la forêt quant il fait chaud
Valentina Ciobanu, son mari et leurs quatre enfants disposent de seulement deux
petites pièces. Tous les membres de la famille dorment sur des lits de bois couverts de
linge déchiré. La table et l'armoire sont improvisées à partir de caisses de bois.
"Le plus difficile, c'est en hiver. Nous bloquons les fenêtres et les portes avec des
torchons, et nous chauffons la maison avec des branches sèches. Pourtant, on a froid.
Heureusement, nous sommes nombreux et nous nous réchauffons l'un l'autre", dit la
femme en larmes.
L’ensemble des enfants de Schinoasa
portent leurs habits jusqu'à ce qu'ils deviennent des haillons. Ils mangent une fois ou,
maximum, deux fois par jour. Ils vont à ce
qui sert d'école seulement pendant quatre
années. Certains n'y vont pas et ne savent ni
lire, ni compter. "Un professeur de l'école
primaire du village voisin y vient pour enseigner à nos enfants. Quand il fait chaud, les
cours se passent dans la forêt. Ceux qui veulent vraiment apprendre doivent aller à l'école de Tibirica. Mais la plupart n'ont pas
d'argent pour acheter des livres et des
cahiers", confie Stanislav Apostoliuc.
Pour trois euros par jour
Les habitants de Schinoasa n'ont pas
d'emplois permanents. Du printemps à l'automne, ils travaillent comme journaliers dans
les villages voisins, en gagnant 50 lei par jour
(3 €). Parce que les familles sont grandes - 6
à 7 membres - les enfants doivent travailler,
eux-aussi.
Antonita qui a 12 ans et sa soeur
Valentina qui en a 14 doivent biner toutes
seules 10 ares de maïs. De petite taille, maigres et fatiguées, les filles "se perdent"
parmi les mauvaises herbes. Leurs parents travaillent chez un fermier du village voisin et leurs frères cadets font le ménage et préparent les plats "traditionnels", des pâtes
ou des galettes de blé. Même quand on leur parle, les filles ne cessent pas de biner.
Elle disent qu'elles doivent finir le travail le soir même parce que le lendemain matin
elles sont engagées ailleurs. "Nous sommes fatiguées, mais quoi faire? Si nous ne travaillons pas maintenant, nous mourrons de faim en hiver. Maman et papa travaillent
tout l'été, nous sommes leur unique support. A cause de la sécheresse, cette année-ci,
le maïs se fane. Je crains que nous n'ayons pas de récolte", redoute Valentina.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Jean Neyliès etait devenu le peintre favori de la Cour royale
jeune coiffeur doué pour le chant et la peinture
musique s'apprenaient avec un sentiment de complémentarité". Nous ne savons rien de son passage au Conservatoire.
Par contre, il acquiert à l'école des Beaux-Arts une formation
académique rigoureuse. Il participe à la vie artistique de la
capitale et expose dans les salons officiels.
Le temps des vaches maigres et la vie de bohème ne sont
qu'un mauvais souvenir. Sa vie matérielle est assurée par son
travail dans l'atelier de Gérôme. Il profite aussi des largesses
du professeur Marinescu dont il illustre le traité de neurologie.
Il est autorisé à concourir avec La légende de Maître Manole
au prestigieux prix de Rome et obtient pour cette œuvre le prix
Chenavard aux Beaux-Arts.
Commandes de la Reine Marie
pour décorer les résidences royales
Nous sommes en 1897. A 28 ans, Jean Neylies, marié à
Marie-Josèphe Eolet, mannequin et modèle à Paris, quitte
l'atelier de Gérôme et la France pour suivre en Roumanie le
professeur Marinescu. Celui-ci l'installe dans son logement de
fonction à l'hôpital Colentina de Bucarest. Il l'introduit dans
les milieux artistiques et mondains. La Reine Marie lui commande fresques et tableaux pour décorer les résidences
royales.
Jean Neylies est appelé à l'Ecole Nationale de Bucarest au
titre de conseiller et enseignant. Il participe aux manifestations
organisées par la Jeunesse Artistique. L'exposition de ses
œuvres qu'il organise en 1903 à Bucarest reçoit un accueil élogieux de la critique. Ce sont pour lui et son épouse de grandes
années de belle vie roumaine.
S
aisissant raccourci de l'histoire… alors que Constantin
Brancusi s'apprêtait à quitter
son village natal d'Hobita en Olténie pour
gagner à pied Paris (1904) où il révolutionnera l'art de la sculpture, devant le
plus grand sculpteur du XXème siècle, un
autre paysan, Français celui-ci, devenu
l'un des plus grands peintres de
Roumanie, avait fait le chemin inverse,
sept ans plus tôt. Voici ci-dessous la biographie de Jean Neylies :
23 décembre 1869 - Naissance de
Jean Neylies à Montesquieu-Volvestre
(Haute- Garonne) dans une famille
d'agriculteurs. (mère couturière)
1887 ou 88 (18 ans) Part à Paris
pour faire carrière dans la coiffure. Les
premières années sont très difficiles.
Il rencontre le professeur Georges
Retour en France et désillusions
Les meilleures choses ont une fin. En 1914 Jean Neylies
et son épouse retournent en France. Est-ce la déclaration de
guerre ou une simple nostalgie ou la jalousie de ses pairs qui
provoque cette décision? Ce qu'il n'a pas perdu cependant,
c'est l'estime de la Maison Royale de Roumanie qui lui accorde une pension annuelle à la condition de se déplacer chaque
année pour la recevoir. C'est ainsi que Jean Neylies redevenu
montesquivien achète une maison à laquelle il ajoute un atelier. Il y préparait une collection de tableaux et organisait tous
les ans à Bucarest une exposition très attendue et payée d'un
succès total.
Cela dura plusieurs années. Puis des difficultés apparurent: moins d'expositions possibles, une pension de plus plus
aléatoire. Alors il peint pour la population locale. Découragés,
déçus, les Neylies se voient obligés à un train de vie restreint.
La santé du peintre s'altère. Le 23 juillet 1938, à 68 ans il
meurt presque brutalement dans sa maison de Montesquieu
très peu de temps après la perte de son ami Georges
Marinescu. Son épouse lui survécut de nombreuses années et
finit ses jours à 95 ans dans un complet dénuement.
Ainsi pourrait se résumer la vie de ce peintre atypique sur
laquelle le docteur bucarestois Constantin Bogdan a fait des
recherches et écrit un article pathétique: "le destin roumain de
l'Etranger". Une certitude cependant, d'après Tudor Octavian:
"un bon tableau de Jean Neylies doit impérativement faire
partie de toute collection sérieuse concernant les premières
décennies du XX ème siècle."
Céleste Cazaux et André Berthoumieu
Comme Brancusi… dans le sens inverse
Marinescu, éminent
neurologue
roumain, qui lui conseille de s'inscrire
aux Beaux-Arts et au Conservatoire.
Pendant 9 ans - Il peint dans l'atelier
de Léon Gérome.
Il concourt pour le grand prix de
Rome. Il obtient le prix Chenavard.
1897 (28 ans) Le professeur
Marinescu l'emmène à Bucarest pour
exécuter des dessins d'anatomie.
Il l'installe dans un logement de fonction à l'hôpital Colentina et l'introduit
dans les milieux aisés.
Son talent est rapidement apprécié:
- Il est sollicité par la reine Marie
pour réaliser des tableaux et des fresques
dans les résidences royales.
- Il devient conseiller à l'école nationale des Beaux-Arts de Bucarest.
1903 (34 ans) Il réalise sa première
exposition personnelle en Roumanie
1914 (45 ans) Il revient en France à
Montesquieu-Volvestre, son village natal,
avec une pension du gouvernement roumain. Il continue à peindre et revient très
souvent à Bucarest. Ses expositions y
sont appréciées.
23 juillet 1938 (68 ans) Il meurt à
Montesquieu-Volvestre, presque subitement, après une baignade.
Il était marié à Marie Josèphe Eolet,
mannequin et modèle à Paris. Le couple
n'ayant pas eu d'enfant, comme il n'existait aucun héritier à la mort de Madame
Neylies en 1964, les œuvres
furent vendues aux enchères.
L'Office
de
Tourisme
de
Montesquieu-Volvestre possède deux
fusains. (scènes de la vie rurale en
Roumanie)
43
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
A Montesquieu-Volvestre
peu de gens savent que l'enfant
du pays était célèbre en Roumanie
Peinture
z
ORADEA
z
CLUJ
ARAD
z
SUCEAVA
CHISINAU
z
BISTRITA
z
IASI
z
z
z
z
SIBIU
TIMISOARA
z
BAIA MARE
z
TARGU
MURES
GALATI
z
BRASOV
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Son village natal
veut reconstituer
sa vie et son oeuvre
44
La Roumanie semble conserver
au peintre une considération solide:
l'hommage de critiques d'art en
témoigne ainsi que la présence de
plusieurs œuvres au Musée d'Art
Moderne de Bucarest et dans des
collections privées.
Il est quasiment inconnu en
France où à peine une douzaine de
tableaux ont été recensés sur place.
L'Office de Tourisme de
Montesquieu-Volvestre et le Comité
Volvestre Roumanie, désireux de
rendre hommage à ce grand artiste,
sont à la recherche de documents et
d'œuvres "égarées" pour réaliser une
exposition.
Montesquieu-Volvestre veut
reconstituer l’oeuvre du peintre.
Ils s'adressent à tous ceux qui
pourraient aider à reconstituer la vie
et l'œuvre de l'artiste: "Chers lecteurs nous comptons sur vous ! S'il
vous plait adresse-nous vos informations. Voici nos coordonnées:
Office de Tourisme, 20 Place de la
Halle 31310 Montesquieu-Volvestre
email:[email protected]
Tel : 05.61.90.19.55
Fax : 05.61.90.19.55
Céleste Cazaux : 05.61.90.44.51
A
Montesquieu-Volvestre, village natal de Jean Neylies, situé à 70 km au
sud de Toulouse et tout proche de l'Ariège, deux biographies de chroniqueurs locaux des années 70 rendent hommage au peintre. Avec le soutien de l'Office de Tourisme de cette charmante bourgade de 2500 âmes, une équipe
d'habitants regroupée au sein du Comité Volvestre-Roumanie s'active pour donner
enfin la place qu'il mérite au prodigieux enfant du pays. Certains ont connu l'artiste
dans les dernières années de
sa vie mais les témoins
vivants se raréfient au cours
des ans. Trois d'entre-eux
témoignent.
Madame Boué (Bellesœur de Louis Higounenc,
neveu du peintre, prématurément décédé) parle de
lui avec tendresse et nostalgie: "J'étais jeune dans les
années trente quand je l'ai
connu. Il repartait souvent
en Roumanie avec sa femme
et aurait aimé que je les
accompagne pour découvrir
les fastes de Bucarest.
Quand il revenait en vacances à Montesquieu, il menait une vie saine, campagnarde.
Il pratiquait la pêche et pique-niquait souvent l'été, en famille ou avec de rares amis
d'enfance sur les bords de l'Arize, tout près de son domicile. Il peignait beaucoup dans
l'atelier très lumineux avec vue sur le Pont, sur la rivière qu'il aimait tant et sur le jardin. Il y accumulait les tableaux qu'il offrait souvent en paiement de services. A sa
mort et plus encore à celle de Madame
Neylies de nombreuses œuvres furent vendues aux enchères".
Madame Commenge fut dans sa jeunesse la voisine du peintre: "Quand il
était à Montesquieu il allait souvent à la
pêche et le reste du temps on pouvait le
voir au premier étage de son atelier, derrière la grande baie vitrée, occupé à
manier ses pinceaux. En raison de sa
grande discrétion, la population de
Montesquieu le prenait pour un original.
Elle ignorait qu'il avait fait les Beaux-arts
et qu'il était célèbre en Roumanie. A sa
mort la maison fut vidée d'une grande
partie des meubles et des tableaux".
Madame et Monsieur Duffau, propriétaires actuels de la maison du peintre
racontent: "en 1964 après la mort de Madame Neylies, nos parents ont acheté aux
enchères la maison du couple qui n'avait pas d'héritiers. Elle était dans un état de
délabrement avancé. L'atelier, de construction plus récente, nous l'avons conservé en
l'état. Nous y avons retrouvé des passeports de M. Neylies qui témoignent de séjours
en Roumanie, chez des amis, jusqu'en 1937, un an avant sa mort. Nous sommes de
plus en plus conscients que ses murs ont abrité un personnage hors du commun".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Son association a permis de mettre
un terme à une fraude aux fonds européens
Europe
Cristian Grecu: "La Roumanie peut devenir
un trou noir pour les contribuables européens"
C
hristian Grecu est le
président de l'association "Action civique
directe". C'est par hasard qu'il s'est
intéressé aux agissements frauduleux des autorités de la commune de Ceahlau, dans le judet de Neamt. Il était question d'un
projet de modernisation d'une route communale, financé par
les fonds de pré-adhésion Sapard. Cristian Grecu a raconté au
Petitjournal les nombreuses démarches qu'il a effectuées pour
dénoncer ce cas et les explications qu'on lui a données :
LPJ: Comment vous êtes-vous rendu compte qu'il existait une possible fraude ?
Cristian Grecu: Je passais souvent par cette route et j'observais que les travaux ne se déroulaient pas vraiment correctement. Avec mon association, on a alors commencé à s'intéresser à ce projet. Deux mois à peine après l'inauguration de la
route, on a constaté l'état désastreux des travaux. On a fait une
première session de photographies. J'ai saisi l'agence Sapard
en Roumanie ainsi que la Direction de contrôle antifraude. J'ai
demandé s'ils avaient fait des contrôles sur ce projet et ils ne
m'ont pas répondu. Lorsqu'ils ont vu que j'insistais, ils m'ont
fait savoir qu'il n'existait aucun problème. Toutes les
démarches que j'ai effectuées en Roumanie ont été soldées par
des tentatives d'intimidations, tant au niveau local que national.
LPJ: Vous vous êtes alors dirigé vers Bruxelles...
C.G.: On a fait encore deux sessions de photographies
pour voir comment évoluait la situation. J'ai envoyé au chef
de la délégation européenne en Roumanie d'alors, Jonathan
Scheele, un document que j'ai accompagné de photos. Il a pris
connaissance de la situation et il nous a dirigé vers l'OLAF
Politique
(Office européen de lutte anti-fraudes). Après une longue correspondance, l'OLAF a décidé de faire une investigation sur le
terrain, chose qui n'était jamais arrivée jusqu'alors.
"Si vous n'aviez rien dit, l'UE aurait payé"
LPJ: Quel a été le résultat ?
C.G: On a reçu les conclusions de l'enquête en septembre
2007, soit deux ans après le début de l'affaire. Celles-ci expliquaient que la somme allouée par l'Union Eropéenne pour ce
projet (qui se chiffre en centaines de milliers d'euros, ndlr)
avait été annulée entièrement. Le problème a donc été
transféré à l'État roumain qui n'a pas pu récupérer l'argent chez
ceux qui avaient commis l'infraction. Ce sont les contribuables
roumains qui ont payé. C'est d'ailleurs ce que l'on nous a dit
ici: "On sait qu'il y en a qui volent, mais si vous n'aviez rien
dit, c'est l'UE qui aurait payé. Maintenant, c'est nous tous qui
payons". Voilà le raisonnement.
LPJ: Que concluez-vous de cette démarche citoyenne ?
C.G.: Ça nous a demandé beaucoup de temps et d'investissement. Et nous ne pouvons pas compenser le manque de
transparence entre les autorités roumaines et européennes.
Nous, citoyens, nous sommes pris entre différentes bureaucraties qui ont chacune leurs règles. La corruption est généralisée
dans notre système. Il y a beaucoup d'autres projets dans toute
la Roumanie qui sont dans des états déplorables. La réalité est
simple, mais il faut aller sur le terrain. S'il n'existe pas de réactions rapides, la Roumanie risque de devenir un trou noir pour
les contribuables européens.
Propos recueillis par Jonas MERCIER.
(www.lepetitjournal.com - Bucarest)
L'ex-roi Michel demande l'abolition de la loi salique
L
'ex-roi Michel de Roumanie (notre photo : avec sa fille aînée, Margareta)
vient de demander au Parlement d'abolir la loi salique en cas de rétablissement de la monarchie. Il faut préciser que l’ancien souverain a… cinq filles.
La loi salique. Une expression juridique qui rappelle de lointaines leçons d'histoire. Lorsque l'on apprenait que cette dure loi, qui pourtant n'a pas toujours existé, justifiait l'exclusion des femmes du droit de succession à la terre et de la succession à la
couronne de France, notamment.
30 décembre 2007. L'ex-roi Michel de Roumanie, qui a abdiqué il y a 60 ans sous
la contrainte des communistes, demande au Parlement de "renoncer à l'application de
la loi salique". Ce, dans le cas, improbable, où son pays déciderait le rétablissement de
la monarchie. Lors d'une cérémonie dans son château de Seversin (Arad), l'ancien roi
a signé les nouveaux statuts dynastiques de la famille royale. Et a désigné sa fille aînée Margareta comme son "successeur".
Que nous vaut ce rétablissement anachronique de l'égalité? C'est que l'ex-souverain et son épouse Anne de Bourbon Parme ont
eu cinq filles. Aucun héritier mâle! Du coup le petit fils naturel de Carol II, Paul Lambrino, tentait sa chance depuis des années,
essayant de se faire reconnaître comme héritier de Michel, son père étant le demi-frère de l'ex-souverain…
Michel a donc décidé de demander l'abolition de la loi salique, ajoutant un alinéa précisant que tout descendant de Carol II,
autre que lui-même, est exclu de la succession.
9
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Vie internationale
z
z
SUCEAVA
IASI
z
ORADEA
z
ARAD
TARGU MURES
z
z
z
SIBIU
TIMISOARA
z
z
z
CHISINAU
P. NEAMT
z
BRAILA
BRASOV
PITESTI
CRAIOVA
z
z
DEVA
z
z
PLOIESTI
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
(Suite de la page 8)
"Chez moi
je gagnais
600 euros par mois"
8
Gaz de France évincé du projet de
gazoduc Nabucco par la Turquie
z
BAIA MARE
SATU MARE
Célibataire et sans enfant, le Dr
Popoviciu justifie sa décision de s'expatrier par l'insécurité en Roumanie et
les questions économiques. "Dans
mon pays, je gagnais 600 euros par
mois", explique-t-il dans un français
correct, appris à l'école et au centre
culturel français de sa ville. Médecin
depuis treize ans, il a exercé en hôpital avant de s'installer dans un village
roumain un peu plus grand que
Seboncourt. L'ordre des médecins a
validé ses diplômes et un dispositif
d'accompagnement a été mis en
place pour accueillir le nouveau praticien, venu par la route au volant de
sa Logan: pendant les six premiers
mois, le loyer du cabinet médical et
de son logement seront pris en charge par la mairie.
"Son arrivée a aussi entraîné un
élan de solidarité rurale" se réjouit le
maire. Un particulier a rénové le cabinet et des médecins retraités ont fourni du matériel. "Mais de la part des
instances nationales, on n'a rien eu
du tout" déplore-t-il. Le Dr Popoviciu
reconnaît “avoir un peu peur", car il
ne connaît pas les mentalités locales.
Il remarque aussi "qu'en France, il n'y
a pas d'incitation financière pour s'installer dans des villages, comme c'est
le cas en Roumanie" et ajoute sans
détours : "Il y a aussi la paresse des
médecins français".
… "Le paradoxe, c'est que notre
usine de filtres de voitures va délocaliser en Roumanie une partie de sa
production" soupire, quant à lui, le
maire de la petite commune.
Bucarest veut aider
Paris à revenir dans le jeu
L
ors de la conférence de presse commune avec Nicolas Sarkozy, à l'issue de
sa visite-éclair à Bucarest le 4 février dernier, le président Traian Basescu
a souhaité que Gaz de France, qui opère déjà en Roumanie, soit associé au
projet de construction du gazoduc européen Nabucco, malgré le veto opposé par la
Turquie, laquelle reproche à Paris la décision du Parlement français de reconnaître le
génocide arménien. "La Roumanie sera un des pays qui soutiendront sa participation", a expliqué le chef de l'Etat roumain. "La France y est extrêmement sensible et
c'est très important pour Gaz de France de participer à ce projet", a de son côté indiqué le président français. Gaz de France a pris le contrôle de Distrigaz Sud Roumanie
en 2004 et alimente un million de foyers ou clients roumains dont Bucarest.
La hantise des Roumains de dépendre des Russes
Le projet Nabucco prévoit la construction d'un pipeline de 3 400 km pour acheminer le gaz d'Asie centrale et du Moyen-Orient, voire d'Iran, vers l'UE, de la mer
Caspienne jusqu'en Autriche via la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie,
afin de réduire la dépendance des Européens vis-à-vis des importations de Russie.
D'un montant total de cinq milliards d'euros et prévu pour 2012, le projet associera au moins six pays. Les cinq déjà associés (Turquie, Roumanie, Bulgarie, Hongrie
et Autriche) étaient à la recherche d'un dernier partenaire pour réaliser ce gazoduc.
Cette décision sur sa construction était attendue pour la fin 2007 mais avait été
reportée au premier trimestre 2008. Finalement, début février, le consortium a choisi
RWE, numéro 2 allemand de l'énergie, mais la porte ne semble pas fermée à une participation de Gaz de France. Le consortium regroupe désormais autour du chef de file,
le groupe autrichien OMV, le nouveau venu allemand, et les sociétés nationales Botas
(Turquie), Bulgargaz (Bulgarie), MOL (Hongrie) et Transgaz (Roumanie).
Par ailleurs, le géant russe Gazprom, qui soutient de son côté un projet concurrent,
baptisé South Stream - auquel Gaz de France a menacé de participer s'il était évincé
du tour de table - a aussi manifesté l'intention de se joindre au projet Nabucco. South
Stream est un projet russo-italien. La Russie envisage de faire de la Bulgarie un carrefour d'où partiraient deux branches de South Stream arrivant de Russie sous la mer
Noire, qui éviterait ainsi le passage par la Turquie: l'une vers la Grèce et l'Italie, en
passant par l'Adriatique, l'autre vers la Hongrie en passant éventuellement par la
Serbie. Cette opération s'inscrit dans une stratégie globale de Gazprom pour assurer
des débouchés à son gaz par le sud de l'Europe.
Bucarest et Moscou: de l'eau dans le gaz
L
a Roumanie perd des centaines de millions d'euros par
an car elle achète son gaz de
Russie en passant par des intermédiaires.
"Nous devons avoir une discussion
sérieuse avec Moscou afin de régler ce
problème", a déclaré le ministre de l'Économie. Début février, le journal
Cotidianul a fait sa Une sur la question :
"Le gouvernement cherche ses entrées au
Kremlin", affirmant que le ministre en
question avait essayé à trois reprises de se
mettre en contact avec Gazprom, la
sociéte d'État russe. Sans succès.
Moscou attendrait des "signes positifs", les Russes étant notamment intéressés par l'achat du producteur roumain
Romgaz... Pas à vendre, a répondu jusqu'à présent Bucarest. En 2007, la
Roumanie a payé son gaz 270 dollars
pour 1000 m3 alors que la moyenne
européenne était à 265 dollars. Ajouter à
cela les commissions des intermédiaires
qui peuvent faire monter le prix de 10%
et on comprend mieux sa facture à la fin
du mois.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Culture
Connaissance et découverte
L'art digital a sa galerie à Bucarest
L
'art digital a désormais sa place en Roumanie.
Inaugurée au printemps 2007, la galerie "115" est
la seule de son genre en Europe de l'est. Les
tableaux exposés ont un goût de nouveau millénaire, tout
comme la façon de les vendre.
Une oeuvre, une impression numérique et un droit de
reproduction limité. Voilà en trois mots ce qu'est l'art digital.
“115” est la première galerie de l'est de l'Europe dédiée entièrement à cet art. Il est vrai que les nombreuses toiles exposées
ont peu de chose à voir avec la peinture traditionnelle. Pour
être plus précis, cet art nouveau regroupe toute oeuvre créée ou
modifiée par un processus informatisé. Dans ces tableaux, on
retrouve parfois un graphisme de BD, parfois un univers de
science fiction, des montages photo. Des oeuvres résolument
modernes et inhabituelles dans une galerie d'art de Bucarest.
Le concept de vente est lui aussi tout à fait original. La
galerie possède la première imprimante dédiée à l'art. Elle permet d'imprimer directement une toile, tout en assurant à l'ar-
Livres
L
a Documentation française
vient de sortir une deuxième
édition de son Atlas de la
Roumanie, la première version ayant été
publiée en 2000. Cet ouvrage a été réalisé
sous la direction de Violette Rey, universitaire lyonnaise, membre d'honneur de
l'Académie roumaine, et d'Octavian
Groza, professeur à l'université de Iasi, en
collaboration avec de nombreux chercheurs, géographes, statisticiens, etc.
Cet Atlas de 200 pages, contenant
autant de cartes et graphiques, lesquels
sont commentés, est une véritable mine
d'or d'autant plus qu'il concerne tous les
"L'Atlas de la Roumanie":
une véritable mine d'or pour bien connaître le pays
domaines de la société, de la vie économique, politique, sociale, internationale.
Tous ceux qui s'intéressent à la
Roumanie peuvent ainsi se faire une idée
précise de la construction du territoire
roumain au fil des siècles, de la latinité de
la Roumanie et ses interférences culturelles, de la répartition des nationalités et
des religions dans le pays, de la destination des exportations actuelles et de la
provenance des importations, de l'origine
des capitaux et investissements étrangers,
des liaisons aériennes de TAROM, des
risques de tremblements de terre, de la
démographie roumaine, du processus de
Francophonie
L
tiste que la couleur électronique de son œuvre sera exactement
la même. Un autre avantage de cet "art printer" (impression
d'art) est que les pigments sont garantis 200 ans.
Le contrat que signe l'artiste avec la galerie contient un
nombre de reproductions déterminé à l'avance pour un territoire donné. Comme son nom l'indique, la galerie bucarestoise
peut imprimer 115 exemplaires de chaque toile, certaines
oeuvres pouvant également être présentées à l’étranger.
Cette méthode permet d'offrir des prix assez modestes
pour le monde de l'art, car le but est aussi de permettre aux
budgets plus modestes d'y accéder. Un concept sympathique
qui a cependant ses critiques.
Pour Octav Avramescu, de l'association "Jumatatea plina"
("La moitié pleine") qui promeut la bande dessinée en
Roumanie, une oeuvre d'art n'est pas reproductible car elle est,
par définition, unique. Le débat est ouvert. Quoi qu'il en soit,
cette galerie vaut le détour.
Jules RAVAUD. (www.lepetitjournal.com - Bucarest)
a dérive anglophone de la Commission européenne
s'accélère. En moins de dix ans, le français est
devenu une langue minoritaire au sein de l'exécutif
européen, utilisée dans seulement 14% des documents (et ça
diminue). Depuis que le Portugais José Manuel Durão Barroso
le préside, c'est toute l'information et la communication vers
l'extérieur qui se fait presque uniquement en anglais.
La preuve ? Au mépris de la règle non écrite de l'équilibre
entre les nationalités, le service du porte-parole, dirigé par
l'Allemand Johannes Laitenberger, est devenu un vrai bastion
anglophone. Sur 36 porte-parole, 9 sont britanniques et 4 irlandais, soit un tiers d'"English native speaker" ! Et ils n'occupent
pas des postes de second ordre, loin de là (concurrence, commerce, agriculture, etc.). Un tel déséquilibre linguistique n'a
pas de précédent Si on ajoute à cela 8 Allemands (qui n'ont
décollectivisation, des étapes de la transition, des différentes cultures agricoles, de
l'habitat, du monde urbain, des industries,
des services à la population (cinémas,
télévision par câble, bibliothèques, etc.),
des jumelages franco-roumains, etc.
L'Atlas de la Roumanie mérite d'être
salué pour ce qu'il est: un outil indispensable à la bonne connaissance de ce pays.
L'Atlas de la Roumanie, Violette
Rey, collection dynamique du territoire,
35 €. A commander auprès de La
Documentation Française, 29-31 quai
Voltaire, 75 344 Paris Cédex 07 (tel : 01
40 15 70 00, fax : 0140 15 72 30).
Dérive anglophone à Bruxelles
jamais été aussi bien servis), ce sont 21 postes sur 36 qui sont
squattés par trois nationalités. Là aussi, sans précédent! Les
Français, eux, doivent se contenter de deux postes mineurs.
Il y a certes aussi, fait-on valoir à la Commission, deux
Franco-Britanniques. Il faut reconnaître que les Italiens (2), les
Espagnols (2) et les Polonais (1) sont aussi mal servis que les
Français. Interrogé, Johannes Laitenberger réfute une telle
comptabilité: "Chaque choix est un choix individuel en fonction des besoins spécifiques du poste et du mérite des candidats disponibles." Ce que ne dit pas Laitenberger, c'est qu'un
porte-parole parlant ou écrivant mal le français pourra être
recruté sans problème alors qu'un tel handicap en anglais est
un obstacle définitif. A Paris, on se dit "préoccupé" par ce
déséquilibre qui fait tâche à quelques mois de la présidence
française de l'Union.
(Libération, le 08/01/2008)
45
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Histoire
z
BAIA MARE
CLUJ
ARAD
z
Les Roumains
z
SUCEAVA
IASI
TARGU
MURES
z
z
z
BACAU
TILISCA
z
z
BRASOV
z
z
SIBIU
TIMISOARA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
BRAN
BRAILA
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Ours d'or pour un
court métrage roumain
46
Neagu Djuvara secoue l'historiographie
z
z
ORADEA
Le court métrage de Bogdan
Mustata, réalisateur roumain (32
ans), a reçu la récompense suprême
du festival international du film de
Berlin (Berli-nale), un Ours d'Or. Son
film "Une bonne journée à la
plage", écrit par Catalin Mitulescu
("Comment j'ai fêté la fin du
monde") décrit la journée de trois
délinquants qui, après avoir agressé
le chauffeur d'un fourgon et une prostituée, emmènent leurs victimes sur
une plage où ils vont passer le reste
de la journée. "Le sort des victimes
ne m'a pas intéressé, j'ai plutôt eu
envie de raconter l'histoire de ces
jeunes délinquants" a déclaré Bogdan
Mustata. Les trois jeunes acteurs ne
sont pas des professionnels; ils ont
été choisis dans une prison pour
mineurs et un centre de placement.
Une ruine devient un
haut lieu de la culture
La Bibliothèque nationale, située
sur le boulevard Unirii, l'un des derniers emblèmes architecturaux du
régime de Ceausescu, va devenir un
lieu de culture. Selon le plan du ministère de la Culture, le nouvel édifice,
dont la façade rénovée sera en verre,
comprendra un musée d'art contemporain, des salles de concert, de lecture, un espace multimédia, des
librairies, des cafés, etc. Les travaux
devraient commencer dès le mois
d'avril et se termineront, selon le
ministre de la Culture Adrian Iorgulescu, en 2011. Coût de l'investissement: environ 78 millions d'euros
pour 112.000 m2 à réaménager. Le
bâtiment, aujourd'hui en ruine, avait
été inauguré en 1986, date toujours
inscrite sur la façade principale.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
H
istorien à succès, Neagu Djuvara (notre photo) a lancé un pavé dans la
mare de l'historiographie roumaine, en montrant l'importance décisive des
Coumans dans la formation de la première dynastie valaque et la naissance du "pays roumain". À côté du débat scientifique, le risque est grand de voir naître
une nouvelle polémique sur l'ethnogenèse et le "mythe des origines nationales",
comme le rapporte Nicolas Trifon dans "Le Courrier
des Balkans".
Ancien diplomate et historien, 91 ans, bon pied
bon œil, l'esprit critique plus alerte que jamais, Neagu
Djuvara est une figure assez familière aux Roumains
en raison de ses interventions à la télé et du succès de
sa Brève histoire des Roumains racontée aux jeunes
(huit éditions depuis sa parution en 1999 ). Avec le
livre qu'il vient de faire paraître, Thocomerius-Negru
voda, un voïévode d'origine coumane aux débuts de
la Valachie, il jette un nouveau pavé dans la mare [1].
"Tout ce que nous faisons pour mystifier notre passé
se retourne forcément contre nous", lance-t-il à
l'adresse de ses confrères et de ses compatriotes.
Basarab 1er, fondateur
de la dynastie valaque, n'était pas Roumain
Le fondateur de la dynastie valaque, Basarab I (1330-1352), n'était pas roumain
mais couman. Son nom vient de "basar" et de "aba", qui signifient "dominer" et
"père" dans la langue de ces envahisseurs nomades issus du monde touranien, comme
les Avares, les Protobulgares, les Pechénègues, qui les ont précédés, et les Tatares,
arrivés plus tard . Les Coumans avaient campé en Valachie (comme en Moldavie et en
Ukraine) pendant le siècle qui a précédé la grande invasion tatare de 1241, avant de
se diriger vers le sud et de traverser les Carpates.
La Valachie (la région située à l'est de l'Olt) s'appelait en ce temps Coumania. Le
nom désignant en roumain la principauté de Valachie, Tara româneasca, est attesté
pour la première fois seulement au XVIe siècle, dans un acte privé. Jusqu'au XVIIIe
siècle, on l'appelait Vlaskoe Zemlia, le slavon étant la langue de l'église et, en partie,
de la cour. La "coumanité" du père du fondateur de la dynastie des Basarab, de celui
que l'on appelle Negru voda [prince noir] dans la tradition roumaine, ressort du nom
sous lequel il figure dans une chronique hongroise, Thocomerius, abusivement transcrit par la forme slavo-roumaine Tihomir .
Ce personnage, dont on sait peu de choses et auquel on attribue la première unification des structures politiques locales en Valachie, provenait d'au-delà des Carpates,
du pays de Fagaras, administré par le roi de Hongrie. Autrement dit, les premières
structures étatiques en Valachie (comme plus tard en Moldavie) étaient des créations
du royaume de Hongrie, des Etats tampons destinés à consolider la défense de ses
frontières.
Vassal du royaume de Hongrie
Thocomerius et son fils, Basarab I, n'étaient pas orthodoxes mais catholiques. En
effet, après avoir longtemps refusé la christianisation et combattu les Hongrois, les
Coumans noirs, se sentant menacés par les Tatares, ont fini par demander au roi de
Hongrie le baptême (catholique) collectif. C'est le fils de Basarab I, Alexandre (13521364), qui, après sept ans de règne, se rebaptisera orthodoxe (en prenant le nom de
Nicolas Alexandre) permettant la fondation en 1359 de l'archevêché d'Hongrovalachie
par le patriarche de Constantinople.
Immigration
A la Une
Le destin de deux femmes dans un monde impitoyable
Marina de Suceava… Marisa de Bogota
B
eau personnage de “mater dolorosa” moderne,
Marina a quitté la Roumanie juste après la
"Révolution" pour gagner sa vie, laissant ses deux
enfants en bas âge aux soins de ses parents. En France, elle fait
des ménages chez des particuliers et dans des entreprises. "Je
veux que mes enfants fréquentent une bonne école et aient une
autre vie que moi." Pour réaliser cet objectif, elle envoie
presque tout son salaire à sa famille.
Après quinze années d'exil, elle a décidé de rentrer, pour
retrouver ses enfants, âgés maintenant de 18 et 16 ans. Lors du
dîner d'adieu qu'elle a partagé avec la communauté des émigrés roumains, une femme l'a avertie: "Tu vas avoir du mal à
te faire aimer d'eux."
Dès son arrivée, les désillusions s'amoncellent Ses enfants
lui reprochent d'être partie. Son fils la fuit. Sa fille cherche à
comprendre: "Je sais qu'elle est partie pour notre bien, mais
j'ai souffert d'un manque de tendresse." Avec ses parents, le
choc est tout aussi douloureux. Sa mère, qui a élevé onze
petits-enfants dont les parents s'étaient exilés par manque d'argent, la traite d'ingrate. Son père n'accepte pas qu'elle veuille
vivre sa vie de façon indépendante.
Câlins et gâteaux
Marina a envoyé beaucoup d'argent pour la construction
d'une maison où elle comptait vivre avec ses enfants. La visite au chantier lui tire des larmes: son père a organisé la
construction d'une maison bien trop vaste, qui est loin d'être
achevée. "Pendant quinze ans, j'ai travaillé pour ça, je ne dormais presque pas, je me levais tous les jours à 5 heures du
matin, je nettoyais des WC, courais d'un employeur à l'autre
sans manger. Il fallait toujours que j'envoie encore et encore
de l'argent. Pour ça!"
Lorsque elle se rend à l'école de ses enfants, en voyant les
gestes affectueux des parents qui accompagnent les petits câlins, recommandations, gâteaux glissés dans le cartable -,
elle comprend ce qui leur a manqué et ce dont elle a été privée.
De même, avant son départ de France, elle s'est offert sa première escapade en quinze ans: elle a visité Paris, la tour Eiffel,
les Champs Elysées, Notre Dame, pris le “bateau mouche”.
Tout à coup, le monde s'est révélé à elle comme un espace plus
vaste que ces séries inexorables de pièces à nettoyer, d'argenterie à briquer.
Rentrée voici un an en Roumanie, Marina a repris sa vie
en main. Ses enfants se sont éloignés, mais la tendresse peut
enfin s'exprimer. Désormais, elle prend soin d'une nièce dont
la mère est partie travailler en Suisse. Elle l'emmène au cirque:
dans la pénombre dorée du chapiteau, la petite et la grande
rient, main dans la main, en regardant les clowns.
Marina s'appelle en fait Marisa. Elle est Bolivienne, et
comme nombre de ses compatriotes, elle a fui la pauvreté en
venant travailler en Israël et n'a pas visité Paris mais Jérusalem
avant de retourner dans son pays. Elle a été l'objet d'un film
documentaire israélien "Le sacrifice d'une mère ", passé en
toute fin de soirée le 26 novembre sur Arte, dans l'émission "
Grand format".
Marina de Suceava… Marisa de Bogota, le même destin
de femme dans un monde impitoyable. Les pays riches, dont
la France, consacrent tout juste 0,18 % de leur PIB à l'aide aux
pays pauvres, tous continents, dont l'Europe de l'Est, compris.
Pénurie de main d'œuvre en Roumanie: bourse
de l'emploi en Italie pour le retour des expatriés
L
es autorités roumaines prévoyaient d'organiser une bourse des emplois à Rome, le 23
février, destinée aux travailleurs roumains, afin d'attirer la main d'oeuvre en
Roumanie, a indiqué peu auparavant le
Premier ministre Calin PopescuTariceanu.
"Il y a un sérieux manque de main
d'oeuvre en Roumanie. Le taux de chômage a baissé à 4%. L'année passée nous
avons créé 17.000 emplois. On doit augmenter la main d'oeuvre, afin de soutenir
le rythme de croissance économique
élevée. Des actions concrètes seront
entreprises bientôt. Une bourse de l'emploi destinée aux travailleurs sera organisée à Rome, où se rendront aussi les
employeurs de Roumanie. Plus de 1.500
emplois en Roumanie seront proposés.
Outre le salaire, on offre des tickets repas
et l'hébergement", a affirmé le Premier
ministre roumain.
“Ils gagneraient plus chez eux”
Les autorités roumaines utiliseront la
presse de langue roumaine d'Espagne et
d'Italie, tout comme les ambassades dans
ces pays en vue de la médiatisation de
leurs actions.
"Les représentants du milieu d'affaires soutiennent ce projet, étant donné
le manque de main d'oeuvre en Roumanie
qu'il faut combler. Cela peut paraître surprenant, mais je pense que beaucoup de
Roumains pourraient gagner plus en
Roumanie", a ajouté le Premier ministre.
Par ailleurs, l'Agence nationale pour
l'emploi (ANOFM) s'est connectée au
portail européen EURES, pour offrir des
services de conseil et d'intermédiation
gratuits sur l'emploi en Roumanie, a
annoncé, lors d'une conférence de presse,
Ionel Muscalu, président de l'agence.
Après l'adhésion de la Roumanie à
l'UE, l'ANOFM, en qualité de service
public, devait s'aligner au réseau
européen de services publics.
Les Services européens de l'Emploi mettent à disposition des employés et
employeurs un service d'information sur
les marchés européens de l'emploi. Les
objectifs du réseau visent au développement de la coopération entre les États
membres et entre leurs services publics
de l'emploi.
7
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
z
BAIA MARE
z
ORADEA
z
ARAD
z
JUCU
z
z
SIBIU
TIMISOARA
BOTOSANI
IASI
TARGU
MURES
z
L’installation de Nokia
Délocalisation
à Cluj: la Roumanie
se réjouit, l'Allemagne s'indigne
z
SUCEAVA
z
z
z
PIATRA
NEAMT
z
BACAU
BRASOV
z
BRAILA
PLOIESTI
z
z
CRAIOVA
z
„
BUCAREST
A la Une
CONSTANTA
z
Un praticien de Timisoara au chevet
des habitants d'un village de l'Aisne
Le médecin roumain
mieux accueilli que
le plombier polonais
A la mi-février, Lucian Popoviciu,
médecin roumain, a donné ses premières consultations dans le village
de Seboncourt, dans l'Aisne, dont le
maire a cherché en vain pendant six
mois à trouver en France un successeur au généraliste de la commune
parti à la retraite.
6
"Le précédent médecin avait cherché quelqu'un pour lui succéder, sans
succès. J'ai pris contact avec les
facultés de médecine de la région,
Amiens, Lille et Reims, sans plus de
résultat", explique Gérard Feuillette, le
maire de cette commune de 1 200
habitants, qui n'a eu de cesse de faire
valoir la présence sur place d'une
pharmacie et d'une maison de retraite
pour attirer un nouveau praticien. "J'ai
fait ensuite passer des annonces en
Belgique, puis dans les pays du
Maghreb, en Syrie, au Liban et en
Europe de l'Est". C'est finalement
Lucian Popoviciu, 40 ans, médecin
généraliste diplômé de la faculté de
Timisoara, qui s'est porté candidat
après avoir lu l'annonce dans un
magazine spécialisé. "Les médecins
aujourd'hui recherchent les grandes
villes et veulent faire les 35 heures", a
constaté amèrement le maire.
(Lire la suite page 8)
L
'installation de Nokia à Jucu, au nord-ouest du pays, est certes une bonne
nouvelle pour l'économie roumaine. Des emplois vont se créer et l'État lui
aussi en profitera. Mais en Allemagne, cette délocalisation continue de
faire des mécontents, comme le souligne ci-dessous lepetitjournal.com.
Elle illustre les aléas de la politique européenne d'ouverture des frontières et du
libre marché. D'un côté, les pays à la technologie avancée transfèrent leurs activités ne
nécessitant pas une main d'œuvre hautement qualifiée dans ceux où le niveau de salaire est faible. D'un autre, ils font venir chez eux les cadres dont ils ont besoin, privant
ces mêmes pays du savoir-faire qu'ils y ont acquis et qui leur serait très utile. C'est
l'exemple du médecin roumain appelé au chevet d'un village de l'Aisne (voir par
ailleurs). Finalement, dans un libéralisme trop souvent débridé, les multinationales des
pays riches imposent leur loi, les pays pauvres n'ayant guère la ressource que de s'incliner, en espérant que les miettes amassées leur permettront un jour de relever la tête.
Des salaires dix fois inférieurs
Dans la petite ville roumaine de Jucu, à 18 km de Cluj, ce fut l'événement : plusieurs hauts responsables de Nokia ont inauguré le 11 février la nouvelle ligne d'assemblage pour les téléphones portables du géant finlandais. Avec un premier investissement de 60 millions d'euros, l'usine s'étendra sur 30 hectares. Du jamais vu à Jucu.
Elle produira dans un premier temps des portables bas de gamme, commercialisés en
Europe et dans le reste du monde à 40 €, disponibles dès le prochain trimestre. Au
maximum de son rendement, cette nouvelle unité devrait employer près de 3.500 personnes d'ici la fin 2009. Salaire moyen des ouvriers : environ 800 lei brut par mois,
soit 150 € net et 10 fois moins qu'en
Allemagne. Une aubaine pour Nokia qui a
vite fait le calcul: en fermant l'usine allemande de Bochum et en délocalisant en
Roumanie, les économies sur les salaires
seront plus que conséquentes.
Un jackpot pour l'État
Pendant ce temps, en Allemagne, ça grogne. Depuis plusieurs semaines, 2.300 travailleurs protestent contre la fermeture prochaine de leur usine. L'affaire ne plait pas
non plus à certains eurodéputés allemands qui soutiennent que Nokia a utilisé l'argent
de l'Union Européenne pour délocaliser en Roumanie, ce que conteste Bruxelles.
D'autres demandent d'interdire cette délocalisation. A Strasbourg, le président de la
Commission européenne José Manuel Barroso a alors posé la question : "Si des investissements partent de la Finlande(dont Nokia est originaire) pour l'Allemagne, pourquoi ne pourraient-ils pas partir d'Allemagne vers la Roumanie?". Pour Marius
Nicoara, président du Conseil départemental de Cluj, "Nokia n'a pas délocalisé son
usine ici, c'est un projet complètement différent qui ne pouvait pas se faire à Bochum".
À Bucarest, on préfère ne pas trop s'immiscer dans la polémique. "Évidemment les
coûts salariaux ont joué en notre faveur", a simplement déclaré le ministre du Travail,
Paul Pacuraru, tout en assurant que "bientôt les salaires rattraperont le niveau du
salaire moyen des autres pays de l'UE". Certes, le gouvernement du Premier ministre
libéral Calin Popescu Tariceanu regrette que des travailleurs allemands soient en passe
de perdre leur travail, mais il est aussi ravi de l'installation de Nokia en Transylvanie
pour le développement de la région. Et pour les caisses de l'État. Selon les estimations,
à partir de 2010, la Roumanie devrait empocher 200 millions d'euros d'impôt par an.
Florian Constant (www.lepetitjournal.com - Bucarest)
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
roumaine: “Ce sont les barbares qui ont fait la Roumanie"
rattrapés par les Coumans
Cette décision ne l'a pas empêché de rester le vassal du
royaume Hongrie, de la même façon que la défaite militaire
infligée par son père, Basarab I, à Charles Robert d'Anjou, le
roi de Hongrie (1308-1342), n'a pas entraîné la rupture définitive des liens de subordination qui les liaient. Parler d'Etat roumain indépendant en ce temps constitue un grossier anachronisme, conclut N. Djuvara .
Il est peut-être bon de préciser que, s'agissant d'une période sur laquelle on est peu et mal renseigné, les affirmations de
N. Djuvara sont pour certaines des hypothèses. Des hypothèses cependant hautement vraisemblables, puisque fondées
sur des données topologiques, anthropologiques et documentaires difficiles à contester, connues de longue date par les historiens roumains. (Notre cliché: gravure sur l’époque couman parue dans “La Chronique de Radzivill”)
L'intérêt national l'emporte
sur la vérité historique
Pourquoi ces derniers se
sont-ils efforcés d'accréditer
des hypothèses nettement
moins vraisemblables, allant
jusqu'à occulter certaines réalités de cette période clef de
l'histoire roumaine? Pourquoi
tant de réticences pour accepter le rôle joué par les Slaves
dans la formation du peuple
roumain ou pour reconnaître
que le premier Empire bulgare
s'étendait aussi sur des terres valaques ?
Les explications suggérées par N. Djuvara sonnent
comme autant d'accusations. Née en même temps que la
conscience nationale roumaine, à l'époque des affrontements
des nationalismes, l'historiographie roumaine a subordonné
l'établissement et l'interprétation des faits à l'intérêt national;
obsédée par la continuité du peuple roumain sur le territoire où
il vit aujourd'hui elle a privilégié la permanence, l'immobilité.
Au lieu de se penser dans le contexte de l'histoire de
l'Europe centrale et du Sud-Est, elle s'est obstinée à construire
une histoire fermée, imaginant une espèce d'autogenèse du
peuple roumain. Enfin, étant donné la rareté des informations
documentaires sur le Moyen Age roumain, pourquoi ne pas
faire appel à l'histoire comparée, se demande N. Djuvara.
En fin de compte, l’histoire de l’ Europe vaut aussi pour la
Roumanie: ce sont les "Barbares" qui ont été le facteur décisif
dans la fondation des Etats médiévaux et non pas les "autochtones", rescapés de l'Empire romain. Les Francs, en France, les
Wisigoths en Espagne, les Lombards en Italie, les Varègues en
Russie... et les Coumans dans la future Roumanie.
Sur la formation des "voïévodats" roumains, N. Djuvara
avoue s'être contenté de tirer la conclusion logique des
données disponibles fournies par ses prédécesseurs qui, eux, se
sont toujours refusés à un tel exercice. Sa contribution réside
surtout dans l'importance accordée au facteur couman alors
que l'accent était mis généralement sur l'apport slave dans la
formation des structures politico-militaires roumaines.
A mille lieues de ce que l’on apprend à l’école
L'explication qui en découle est ingénieuse, stimulante et
vraisemblable, en tout cas à mille lieues des versions consacrées que l'on apprend sur les bancs de l'école en Roumanie
depuis belle lurette. L'exemple qu'il fournit lui-même est éloquent. Il s'agit de la citation de Nicolae Iorga figurant dans la
conclusion du livre de Serban Papacostea paru en 1993 sous le
titre Les Roumains au XIIIe siècle: "...vers 1300, le nouveau
pays prend forme selon une conception originale qui a ses
racines dans sa propre tradition. Nous avons affaire à un cas
de cristallisation politique spontanée. Son champ s'étend sur
le pays roumain (Tara româneasca) tout entier, et, pour la première fois, voit le jour à l'Est une conception nationale correspondant à une conception
territoriale,
fondement
moderne des Etats de
l'Europe occidentale".
Cependant, le principal
mérite du livre est d'avoir
cassé un tabou en critiquant
de front les présupposés
nationalistes de l'historiographie roumaine, qui, par
ailleurs, compte des spécialistes notamment du monde
byzantin et ottoman dont la réputation n'est plus à faire. Nous
avons affaire, à en juger par les réactions qui ont accompagné
la sortie du livre, à une performance critique surprenante à
prime abord.
Profil bas des “historiens patriotes”
Interrogés par le journal Cotidianul, le 20 juin 2007, plusieurs historiens réputés, dont Serban Papacostea cité plus
haut, se sont prononcés en faveur de la thèse soutenue par N.
Djuvara. Titre de l'article: "La révolution de Djuvara
conquiert l'élite des historiens".
Ce journal avait publié la veille un entretien de Eugen
Istodor avec l'auteur sous le titre “La révolution de Djuvara",
qui avait suscité plus de deux cents messages sur le forum de
discussion. L'absence de contradicteur parmi les confrères de
l'auteur, et le nombre "raisonnable" de réactions hostiles, ont
de quoi surprendre, si l'on pense à la version inculquée à tant
de générations de Roumains, jamais contestée par les historiens, qui venait d'être mise à mal. Certains historiens et bon
nombre de "patriotes" ont apparemment préféré faire profil
bas en attendant que l'orage passe pour passer à l'offensive.
(Lire la suite page 48)
47
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
(suite de la page 47)
z
z
ORADEA
CLUJ
z
z
SUCEAVA
SATU
MARE
z
TARGU
MURES
z
BACAU
z
BRASOV
TIMISOARA
BRAN
z
GALATI
z
z
MARASTI
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Un maçon roumain
devient le Pavarotti
espagnol
48
A la Une
et de l'argent a divisé une commune en deux
"Il est temps que nous apprenions
à ne plus nous mentir à nous-mêmes"
même les morts ne reposent plus en paix
Même dans ces conditions, la percée de la thèse de N. Djuvara n'est pas dépourvue d'ambiguïté, si l'on examine de plus près les réactions. De toute évidence, les arguments "radicaux" invoqués par ceux qui le critiquent ne tiennent pas la route: on l'accuse de faire le jeu de la propagande hongroise ou d'être acheté par elle.
Plus touchantes sont les réactions de sympathie, non seulement pour la personnalité de l'historien mais aussi pour sa "révolution", les deux étant le plus souvent associées. "Il est temps que nous apprenions à ne plus nous mentir à nous-mêmes" ou
encore "Après ces quarante-cinq ans de communisme... notre incapacité à regarder
droit dans les yeux notre passé historique nous condamne à l'infériorité ", lit-on dans
ces messages.
Plusieurs autres participants au forum relativisent cependant la nouveauté du message, dans un langage plus mesuré et souvent en connaissance de cause. L'aspect le
plus frappant cependant de l'ensemble des messages est la fréquence élevée de références, allusions, digressions sur les questions de race, d'ethnie, d'origine, de groupe
sanguin et ainsi de suite.
Avec la vieille masure où ils habitent, l'affaire sera
conclue à 70 000 euros. Aussi cher qu'un appartement à
Bucarest pour ce "trou" perdu dans les montagnes ! Encore
faut-il compter avec le chat, les vaches, les poules, le jardin, la
remise où on mettait les oignons à sécher, qu'il faudra déménager ou abandonner. Toute une vie qui s'en va, cela n'a pas de
prix. Allez… 20 000 euros en plus et on n'en parle plus.
Deux cents de ces cabanes on poussé comme la rose du
matin, changeant le caractère des villages composant Rosia.
Même le pope en a construite une, tout près du presbytère. Les
noyers étant d'un gros rapport - 3 millions de lei, cent euros,
pour un simple arbuste - ils ont fleuri partout. Certains, après
avoir empoché leurs indemnités, les ont déracinés pour les
replanter dans un jardinet dont le rachat n'avait pas encore été
négocié.
Provoquer pour mieux convaincre
Les "derniers des Mohicans" résistent
Les propos à caractère quelque peu anecdotique tenus par N. Djuvara lors de l'entretien, quand il évoque, par exemple, le type arabe des paysans travaillant sur les
domaines de son grand-père, y sont pour quelque chose même si son intention était de
provoquer pour mieux convaincre.
Le livre contient aussi une allusion sur ce thème, dans le paragraphe suivan :
"Il est grand temps d'oublier les clichés vieillis sur les Roumains authentiques, les
vrais ou les bons Roumains... C'est un Roumain authentique de par sa mère et de par
son père qui vous le dit. La première qualité du Roumain a été sa capacité d'assimiler toutes les populations qui se sont réfugiées sur son aire autochtone. Mais ce n'est
pas un argument pour que nous occultions le rôle que ces groupes allogènes ont pu
jouer dans l'histoire tourmentée de notre peuple".
Avec ce genre d'aveux biographiques on s'expose inévitablement à des controverses et on alimente une dynamique malsaine. En effet, comme le modérateur du
forum, Cristian Teodorescu, l'a opportunément indiqué et plusieurs participants l'ont
rappelé, Neagu Djuvara est issu du côté de son père d'une famille aroumaine arrivée
en Valachie du Pinde, aujourd'hui Grèce du Nord, vers 1770. Sa mère appartenait à
une famille réputée de boyards. Il n'en fait aucun mystère d'ailleurs, lui qui a coordonné la rédaction d’un excellent ouvrage sur les Aroumains paru aux éditions de
l'Inalco à Paris en 1989.
Peut-il se présenter comme un Roumain authentique ? Dans l'entretien, il explique
qu'il a probablement "échappé" à la coumanité du côté de son père, dont la famille
venait du Sud, mais pas de sa mère, puisque un bon tiers des boyards de Valachie
étaient à l'origine des Coumans.
Sa qualité de "roumain" ou d' "allogène" fait l'objet de plusieurs messages polémiques. L'auteur de l'un de ces messages va jusqu'à expliquer qu'il n'a rien " contre les
Aroumains, les juifs, les Tsiganes... même si certains Aroumains travaillent aujourd'hui contre les intérêts de la Roumanie".
Sur cette lancée, les spéculations sur l'hypothétique coumanité des Roumains
passés, présents et à venir vont forcément bon train et le débat critique attendu sur
l'historiographie roumaine risque de se métamorphoser en discussion vaseuse autour
de l'ethnogenèse et autres fantasmes dont on est si friands dans cette région de
l'Europe.
Nicolas Trifon (Le Courrier des Balkans)
"Gabriel" commence cependant à se faire tirer l'oreille,
mais quelle concession ne ferait-il pas pour voir le panonceau
"Cette maison est propriété de RMGC" se balancer sur sa
porte. A l'automne dernier, selon la mairie, 420 familles, sur le
millier que comptent les villages formant la commune de
Rosia Montana, avaient vendu leur bien. L'hiver dernier, 134
autres ont franchi le pas.
Dans le périmètre visé par "Gabriel", il reste environ 250
familles qui résistent à l'appât du gain, tout aussi pauvres que
celles qui y ont cédé. Sur leur maisonnette, elles ont cloué un
écriteau affirmant farouchement "Cette maison n'est pas à
vendre" et clament bien haut qu'ils entendent mourir ici. "Ils
veulent faire monter les prix" susurrent leurs détracteurs. Ces
"derniers des Mohicans" comme on les appelle, se rassurent
en affirmant que, techniquement parlant, "Gabriel" ne peut
pas retirer un gramme d'or tant qu'ils sont là. Ils n'en sont pas
moins amers vis-à-vis de la firme canadienne: "Même s'ils
n'exploitent pas leur mine, ils auront au moins réussi une
chose… détruire notre village".
z
IASI
z
ARAD
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Costel Busuioc, un maçon de 33
ans, a charmé le public espagnol lors
d'une émission du type "Mega Star".
Sans n'avoir jamais pris de cours de
chant, il interprète avec brio
des classiques
d'opéra comme
"Nessun
dorma" ou
Caruso. Après
la première
épreuve du
concours, le
Roumain avait recueilli le plus grand
nombre de votes des téléspectateurs,
et le jury lui avait accordé la meilleure
note. C'est un collègue de chantier
qui l'avait convaincu de s'inscrire à
cette émission après l'avoir entendu
chanter. Père de 4 enfants, Costel
Busuioc est parti seul en Espagne
pour travailler comme maçon.
On est mieux chez soi
Les Roumains n'accordent pas
beaucoup de temps aux activités culturelles. Selon une étude réalisée par
le Centre de sociologie urbaine et
régionale, 87% des Roumains préfèrent rester chez eux plutôt que d'aller
au cinéma. 89% disent ne jamais aller
voir un spectacle, que ce soit au
théâtre ou à l'opéra, et 74% ne vont
jamais au musée. Seuls 48% affirment
passer un peu de temps à lire un livre.
Par contre, 90% des interrogés, âgés
de 18 ans et plus, disent aller régulièrement à l'église. Cette étude a été
menée entre le 1er et le 25 septembre
dans l'ensemble du pays sur un
échantillon de 2.000 personnes.
[1] Thocomerius-Negru Voda: un voievod de origine cumana la începuturile
tarii românesti, Humanitas, Bucarest, 2007.
"Des étrangers débarquent … On se
demande si ce sont des touristes ou des espions"
"Qui devra répondre de ce désastre ?" se demande Eugen
David, l'un de ces résistants, incriminant les prêtres qui se sont
ralliés les premiers au projet de "Gabriel". "Ils ont reçu des
sous pour attifer en long et en large leurs églises, en ont pro-
fité pour doubler la dîme qu'ils nous demandaient, pour nous
dire ensuite que chaque pierre et chaque mur devaient être
démontés pour être remontés ailleurs".
Eugen David est l'un de ceux qui a mis sur pied "Alburnus
Maior", l'association environnementale "anti-Gabriel". Pour
lui, ces derniers temps, Rosia Montana vit au rythme d'un thriller, la situation changeant
sans arrêt. "Il ne se passe
pas de jour sans un évènement, sans que l'on fasse
pression sur les uns ou les
autres pour qu'ils vendent,
savoir le prix qu'ils veulent. Des étrangers au village débarquent; on ne
sait pas si ce sont des touristes ou des espions de
"Gabriel”. Les journalistes
harcèlent
les
"Mohicans" qui, parfois,
sortent leurs fourches pour
avoir la paix".
"Qui voudrait mettre des sous dans un village
appelé à devenir un réservoir à cyanure ?"
Tout ce tintamarre autour de Rosia, fait que la commune
n'a plus de projets. Aucun investissement n'a été fait depuis
plusieurs années. "Qui voudrait mettre des sous dans un village qui va devenir un réservoir à cyanure?" s'emporte Eugen
David notant au passage l'inquiétude grandissante de ceux qui
sont restés sur place. “On dit que "Gabriel" fera sauter 60
tonnes d'explosifs chaque jour. Ce serait de véritables tremblements de terre quotidiens !" s'effraie l'un d'eux. Sur ses
intentions, le nombre d'habitants ayant signé, les indemnités
versées, "Gabriel" ne dit rien. C'est "secret défense". La compagnie canadienne se contente de rabâcher ses arguments:
1200 emplois à venir, des ordinateurs donnés aux écoles, le
vieux centre-ville épargné qui sera restauré, des bourses d'études pour les enfants, un centre de formation pour les chômeurs, des aides pour ceux qui voudront ouvrir une affaire.
Pour l'instant, Rosia Montana n'a vu venir qu'une chose, il est
vrai importante, des contrats d'embauche pour 500 habitants…
qui avaient signé bien sûr”.
Alina Badalan
L'activité de la mine suspendue et procès en cours
L
a compagnie roumano-canadienne Rosia Montana Gold
Corporation (RMGC) a
intenté un procès contre le ministère de
l'Environnement, son ministre, Attila
Korody,un secrétaire d’Etat, à la suite de
la décision de suspension totale de ses
activités minières sur la commune de
Rosia Montana, prise par le ministère de
l'Environnement en septembre dernier.
Le ministère avait alors relevé l'absence
de certaines autorisations dans le certifi-
cat d'urbanisme nécessaire à RMGC pour
reprendre l'exploitation du site. La
société d'origine canadienne a fait savoir
qu'elle avait également déposé un recours
à la Cour d'appel de Bucarest pour annuler cette décision.
5
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
A la Une
Menaces sur
l’environnement
z
z
CLUJ
ARAD
z
BAIA MARE
ORADEA
z
SUCEAVA
z
z
z
ROSIA
z
z
PITESTI
CRAIOVA
z
z
BRASOV
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
Les Logan 2006
touchées par
la corrosion
4
Dacia-Renault a décidé de rappeler en révision dans son usine de
Pitesti tous les modèles de berline
Logan construits jusqu'à la fin de
2006 après avoir constaté la multiplication des cas de corrosion sur leur
carrosserie. De nombreux propriétaires avaient saisi le constructeur,
qui a garanti six ans ses véhicules
dans ce domaine, ou les autorités
départementales de protection du
consommateur.
epuis près de douze ans la fièvre de l'or agite la petite commune de Rosia
Montana, dans les Apuseni (Voir Les Nouvelles de Roumanie, n° 40). La
compagnie canadienne Gabriel Resources - appelée "Gabriel" localement - dont le représentant sur place est la Rosia Montana Gold Corporation (RMGC),
s'efforce de convaincre une partie des habitants de déménager afin d'avoir les mains
libres pour creuser la montagne à coup d'explosifs et traquer les pépites à l'aide de
bains de cyanure,
détruisant au passage toute une vallée.
Ses arguments: les
forts dédommagements qu'elle propose aux familles
concernés, la promesse d'un emploi…
et les bakchichs pour
que les autorités
locales, départementales et nationales
ferment les yeux.
Conséquence: la commune s'est scindée en deux, entre ceux qui se sont laissé
séduire par les liasses de lei et ont fait leurs valises, et ceux qui sont déterminés à mourir dans leur village natal. Envoyée spéciale du quotidien "Gândul" ("La pensée"),
Alina Badalan décrit l'atmosphère sur place.
"Les cloches sonnent à toute heure, mais on ne sait
plus si c'est pour ceux qu'on enterre ou qu'on déterre"
Fracois
Fourmont,
PDG
de DaciaRenault
En 2004, lors de la sortie de cette
voiture, le "Financial Times" avait
indiqué qu'il ne fallait pas moins de
quinze kilos de peinture anti-corrosive
pour protéger le véhicule fabriqué à
partir d'un acier de faible qualité. Dès
son lancement, la Logan avait connu
quelques soucis. Dacia-Renault avait
rappelé plusieurs milliers des premiers modèles pour, assurait-elle,
changer le cric,provoquant l'incrédulité. Ensuite le véhicule a connu des
problèmes liés à son système de
direction. Les ennuis de la Logan ne
se sont pas limités à la Roumanie. Au
Brésil, la filiale de Renault a dû
procéder deux fois à des rappels
massifs, pour 1623 véhicules qui
avaient des problèmes sérieux de
freinage, puis
10 000 autres pour,
cette fois-ci, des défections majeures
du système de direction.
"Même les morts ne sont pas tranquilles à Rosia Montana. Depuis sept ans, on a
commencé à les déterrer. Ils sont à peine refroidis que les familles viennent avec des
pioches, des pelles. Elles ont aussi amené les "colaci" et les "coliva" (brioches et
gâteaux servis traditionnellement lors des enterrements), pour accompagner les
défunts vers leur nouvelle demeure, dans une commune voisine. Le tout se fait légalement, au grand jour, avec la bénédiction des popes. Les familles en ont oublié de
pleurer… "Gabriel" les a
généreusement remercier quelques dizaines de millions
de lei (quelques centaines
d'euros) - pour avoir libéré un
emplacement supplémentaire
dans le cimetière paroissial,
situé en plein dans son aire de
prospection.
A Rosia Montana, on
dénombre neuf églises et huit
cultes, si bien que les cloches
sonnent à toute heure… mais
aujourd'hui on ne sait plus si c'est pour un mort qu'on enterre ou qu'on déterre.
Tout le monde n'ayant pas la chance d'avoir de morts, les vivants épargnés par un
deuil ont trouvé d'autres moyens de bénéficier de la manne de "Gabriel". Ils bâtissent
à la hâte une cabane en bois dans leur jardin, sans fondations, posée sur des bûches et
sans raison d'être. Quand les hommes de "Gabriel" viendront négocier le rachat du terrain, les paysans se battront comme des diables et en tireront 40 000 euros supplémentaires, alors qu'elle n'en a pas coûté 5000.
Connaissance et découverte
Des "fastes" du communisme à la calamiteuse transition
Tourisme
A Rosia Montana,
D
BACAU
GALATI
z
SIBIU
TIMISOARA
z
IASI
TARGU MURES
z
CHISINAU
L'appât de l'or…
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
"Nuit de rêve" à l'hôtel Tineretului de Constantsa
I
l est encore possible de vivre l'expérience d'une nuit
dans un hôtel communiste, mais cela va devenir de
plus en plus difficile, beaucoup fermant ou n'étant pas
rénovés, ce qui permet en outre d'avoir un aperçu du chaos
provoqué par la "transition". On peut avoir encore cette opportunité à l'hôtel-restaurant Tineretului (Hôtel de la Jeunesse),
dans le centre de Constantsa, qui accueillait autrefois la
nomenklatura et les futurs cadres du Parti.
Dans la première chambre attribuée, les draps, troués,
semblent avoir fait la Grande Guerre et le lit est presque
défoncé. La salle de bain, offre le choix entre une profusion de
serviettes, toutes usées jusqu'à la corde. Le tuyau de la douche
pendouille au dessus d'un bac rongé par des tâches brunâtres
repoussantes d'où sortent des cafards. Grand classique: pour
avoir de l'eau chaude, il faut ouvrir le robinet d'eau froide et
vice-versa.
Déménager au septième étage
sans ascenseur… à deux heures du matin
Les couche-tôt sont brusquement réveillés par la sono du
disco qui se met à beugler à l'étage du dessous, fait trembler
les murs et donne des palpitations. Les couche-tard devront
attendre sa fermeture et patienter jusqu'à deux heures du matin
pour trouver un peu de calme.
Une solution est de demander à changer de chambre pour
déménager au septième et dernier étage. Bien sûr, il faut avoir
le courage de faire ses valises en pleine nuit et de grimper les
escaliers…. puisqu'il n'y a pas d'ascenseur.
Non seulement on n'y perd pas au change, puisqu'on y
retrouve les mêmes caractéristiques - draps, serviettes râpées,
bloc sanitaire mangé par la rouille - mais, sans avoir à payer de
supplément, on y gagne quelques spécificités de l'établissement. La chaîne de la chasse d'eau est toujours cassée mais,
cette fois-ci, il faut sauter pour l'attraper. Le carrelage de la
salle de bain est troué… ce qui permet de voir l'eau usée s'écouler sous ses pieds.
Mais enfin, on retrouve le silence… du moins jusqu'à ce
qu'un râle de moribond vous réveille, cette fois-ci en sueur,
vous plongeant dans une angoisse effrayante jusqu'au petit
matin. C'est un robinet, impossible à fermer davantage, qui
tente d'expirer en vain ses dernières gouttes d'eau. Seule solution: ouvrir la porte du frigo pour que le bruit du moteur le
couvre, jusqu'à ce qu'il ne rende lui-même le dernier râle.
Le jour se levant, le cauchemar se termine. Rien de tel
qu'un solide petit-déjeuner pour retrouver la forme. Dans la
grande salle où se tenaient les banquets de la nomenklatura
d'autrefois, un personnel pléthorique, traînant son ennui, guette le moindre client. La "Révolution" ne semble pas encore être
parvenue jusqu'ici. On ignore ce qu'est un espresso et on sert
un café à la turc, contenant un tiers de marc… Mais, comme
autrefois, on n'oublie pas de taxer le touriste étranger: 28 euros
pour cette nuit de rêve.
Henri Gillet
Blagues à la roumaine
Humour
Défaitiste
Bula participe à un concours de parachutisme entre unités militaires. Les soldats doivent effectuer un saut et, à l'atterrissage, enfourcher une bicyclette pour
parcourir 15 km. Il monte donc dans
l'avion, s'équipe et saute. Mais la commande d'ouverture ne fonctionne pas. Il
essaie une deuxième fois… rien. Alors, il
actionne celle du parachute de secours, en
vain. S'emportant contre l'équipement
fourni par l'Armée, Bula peste: "En bas,
c’est sûr que la roue de la bicyclette sera
crevée".
- Bon appétit! On nous a encore
coupé le courant ce matin…
secrétaire qui a enregistré ma naissance
quand il a été la déclarer.
Récompense
Un policier arrête un automobiliste
qui, tout tremblant, s'entend dire:
- Félicitations! Vous êtes le seul
conducteur que je trouve aujourd'hui portant sa ceinture des sécurité ! Pour vous
récompenser, le ministère de l'Intérieur
vous offre une prime de 1000 euros.
Entre nous, vous pouvez me dire ce que
vous allez en faire ?
- Passer mon permis de conduire.
Compliment
Un promeneur tente de draguer une
belle blonde:
- Mademoiselle, je crois qu'on s'est
déjà rencontré. C'était au jardin zoologique, je crois…
- Peut-être bien…Dans quelle cage
vous étiez ?
Bon appétit !
Un représentant se présente à la porte
d'une vieille dame, un aspirateur à la
main: “Je vais vous montrer le plus performant de tous les appareils. Vous voyez
tous ces rouleaux de poussière sur votre
tapis… Eh bien, si cet aspirateur ne nettoie pas tout, je vous promets que le
reste… je le mangerai!”
Parole de bègue
Bula qui veut s'engager passe la visite médicale. Le médecin lui demande son
nom:
- Bubububula Mamamamarin
- Tu es bègue ?
- Non, c'était mon père
- Mais alors ??????
- C'est à cause de cette idiote de
Les clichés ont la vie dure
Devant un verre de tsuica, Petru se
vante devant ses copains
- Nous les Oltènes… on se moque de
nous en nous faisant passer pour des
ramollis du cerveau. Eh bien, vous avez
devant vous quelqu'un qui a terminé hier
soir son puzzle en moins de trois mois !
- ?????
Et Petru de bomber le torse :
- Pourtant sur la boite c'était bien
marqué: de 2 à 4 ans !
49
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Echanges
z
ORADEA
z
BAIA MARE
z
SUCEAVA
CLUJ
z
ARAD
z
z
z
BACAU
BAIA DE CRIS
IASI
z
GALATI
z
TIMISOARA
BRASOV
PITESTI
CRAIOVA
z
La "tournée des popotes" de Francine
z
TARGU MURES
z
z
BRAILA
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
La formidable
aventure de
la Maison des Clowns
50
Chaque année, la Toulousaine
recrute des jeunes Français
pour venir l'aider dans les Apuseni
En 2003 à Timisoara, sous l'égide
de l'association Quimper-SantamariaOrlea-Pays de Hateg, une poignée de
jeunes français ont planté un chapiteau au parc des Roses donnant le
coup d'envoi au projet "Casa de
Clovni", "La Maison des Clowns". Il
s'agissait d'ouvrir un lieu de rencontre
aux enfants des rues, pour qu’ ils
viennent y chercher un peu d'affection, se réconfortent d'une soupe
chaude et retrouvent des repères.
Invités à se transformer en artistes,
ils ont découvert qu'ils pouvaient
créer, apporter aux autres, gagner
leur considération, s'estimer.
Au fil des années, ce long apprentissage passant par le cirque, le
théâtre mais aussi l'alphabétisation,
la lecture, l'écriture et le jeu a porté
ses fruits, bénéficiant du concours de
nombreuses bonnes volontés et de
l'engagement sur le terrain d'équipes
de jeunes Français et Roumains.
C'est de cette entreprise inédite
dont rend compte, sous formes de
témoignages, la plaquette "La Maison
des Clowns, cinq ans avec les
enfants des rues de Timisoara",
publiée par l'association quimpéroise
qui raconte ces instants d'espoir, d'émotion, d'amour, de joie, succèdant
aux moments de détresse, de doute,
avec toujours en toile de fond, refuser
la fatalité. Un beau livre.
La Maison des Clowns, 20 € + 6 € de
frais de port, à commander à l'association
Q.S.O.P.H. (Quimper-Santamaria-OrleaPays de Hateg), 15 rue Jean Rameau, 29
000 Quimper (tel: (00 33) 02 98 95 02 03).
Contacts: www.maisondesclowns.com,
e-mail : [email protected],
tel en Roumanie: (00 40) 0744 109 154.
D
ans sa vie avant la Roumanie, Francine Durieux avait vu bien des choses,
mais pas au point des dérives épouvantables qu'elle a découvertes dans les
orphelinats du judet d'Hunedoara où elle a débarqué fin 1990, envoyée
comme éducatrice spécialisée quasi-bénévole par "Médecins du Monde" (Lire aussi
en page 52). Mais, loin de se décourager, la Toulousaine est revenue sans arrêt sur le
terrain, jusqu'en 1999, où prenant sa retraite, elle
s'est installée définitivement en Roumanie, achetant une grande maison à Baia de Cris dans les
Apuseni. Elle y accueille les jeunes Français qui
viennent lui donner un coup de main pour s'occuper des enfants déshérités. En dix ans, elle en
a fait venir près de 400.
Francine les déniche en prenant son bâton de
pèlerin, faisant le tour des établissements de formation de l'Hexagone pour les convaincre mais
aussi s'assurer de leur motivation. Elle doit être
forte car, non seulement ils ne sont pas rémunérés, mais prennent en charge leur voyage, travaillant souvent pour le payer. Pourtant çà marche. Ses anciens stagiaires, entrés
dans la vie active, mariés parfois, retournent régulièrement lui prêter main forte. Le
centre de formation d'éducateurs de Bressuire, dans l'Ouest de la France, a même inscrit le séjour chez Francine dans la liste des "stages Europe" qu'ils doivent effectuer
pour valider leur cursus. A leur issue, celle-ci n'omet pas de remercier toutes ces
bonnes volontés en les emmenant faire un tour de Roumanie d'une semaine.
S'aventurant seule dans les squatts tsiganes
Quand elle s'est installée à Baia de Cris, la Toulousaine a décliné la proposition
de la DDASS roumaine de prendre en charge directement 24 orphelins et de créer son
établissement, voulant rester indépendante dans son action… d'autant plus qu'elle
aurait dû en trouver le financement. Depuis, son action s'est démultipliée, désormais
fortement épaulée par les deux associations qu'elle a mises en place, la Fondation
"Speranta" ("Espoir"), côté roumain, et "Casa de Copii"* ("Maison d'enfants"), côté
français, basée à Baziège, près de Toulouse.
Maison d'enfants de Brad aidée par le recrutement d'un psychologue et dotation
de matériel, création et financement de structures de soutien scolaire, colonie de
vacances, paniers-repas distribués aux familles les plus démunies, parrainage de
jeunes étudiantes entrant en faculté à Alba Iulia…Le domaine d'intervention est vaste.
Il a fallu souvent convaincre. Cela a pris près de six mois pour décider les instituteurs
roumains de Brad à mettre en place une mise à niveau destinée à leurs élèves les plus
défavorisés. Finalement, un partenariat a été signé en ce sens entre l'école et
l'Inspection d'académie. Francine accorde aussi beaucoup d'importance à l'animation
de rue, afin de ne pas laisser les enfants livrés à eux-mêmes en dehors des horaires et
périodes scolaires. Environ 150 enfants y participent. Ce sont surtout les jeunes
Français qui s'en occupent.
La Toulousaine avait été marquée par la découverte d'un bloc fantôme d'un quartier très pauvre de Brad, squatté par les Tsiganes et où personne n'osait pénétrer. Elle
s'y était aventurée seule. Des familles entières y vivaient entassées, dans des pièces
dévastées, sans vitres aux fenêtres, sans chauffage, ni électricité, ni WC, aux escaliers
défoncés. Depuis, peu à peu relogées, elles profitent des actions engagées, notamment
envers les enfants dont certains étaient tout simplement analphabètes.
* Association Casa de Copii, 30, Grand Rue - 31450 Baziège, France
Tél : (00 33) 06 08 49 44 43, e-mail : [email protected]
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
L’héritage
communiste
L
A la Une
Une victoire de la nomenklatura: les archives
de la Securitate ne pourront plus être consultées
Silence sur le passé noir de la Roumanie
a Securitate, ancienne police politique de la dictature communiste en Roumanie, revient sur le
devant de la scène à Bucarest. Dimanche 3 février,
plusieurs centaines de Roumains, rassemblés place de
l'Université, lieu mythique des manifestations anticommunistes dans la capitale roumaine, ont protesté contre une décision de la Cour constitutionnelle à son sujet.
Jeudi 31 janvier, la plus haute instance juridique du pays
avait déclaré anticonstitutionnel le Conseil national pour l'étude des archives de la Securitate (CNSAS), qui permettait de
consulter ses dossiers. Ce conseil, créé en 1999, est chargé
d'enquêter sur ses anciens collaborateurs, pour éviter qu'ils
continuent à occuper des fonctions importantes. Cette décision
interdit de fait l'accès aux dossiers de la Securitate.
La Cour constitutionnelle avait été saisie dernièrement par
l'ancien patron du Parti Conservateur et magnat de presse, Dan
Voiculescu, qui était dans le collimateur du CNSAS pour son
passé. Mais le milliardaire n'a pas été inquiété longtemps. À la
surprise générale, sa plainte contre le fonctionnement et la
légitimité du CNSAS a été retenue par la Cour.
lors d'une transition confuse vers la démocratie, une partie de
l'économie du pays était passée entre les mains des anciens
officiers de la Securitate et des apparatchiks du Parti communiste, convertis en businessmen. "Hormis quelques timides
tentatives, le démantèlement de la Securitate n'a jamais été
programmé dans l'agenda politique", explique Marius Oprea,
conseiller du premier ministre pour la sécurité et surnommé le
"chasseur de la Securitate". Tous les partis ont été infiltrés et
contrôlés par la Securitate, qui avait besoin d'un paravent pour
défendre ses intérêts économiques.
La mort annoncée du CNSAS
Le fonctionnement du CNSAS, créé en 1999 sous la présidence d'Emil Constantinescu grâce à la pression de la société
civile, a été bloqué depuis sa création, le contrôle des archives
de la police politique ayant été tout d'abord attribué au SRI
(Service Roumain de Renseignements)… héritier de la
Securitate. C'est seulement en 2005 que le nouveau président,
Traian Basescu, a décidé de transférer au CNSAS les 12
kilomètres de dossiers que constituent les archives. "Ces dos"Nous vivons toujours à l'époque de Ceausescu"
siers sont un horrible spectacle. Je suis terrifiée par le gigantisme de cette opération de surveillance à l'é"Les juges ont décidé que la révolution antichelle d'un pays qu'elle révèle" a confié une de
communiste de décembre 1989 n'avait aucun
ses utilisatrices.
sens", a affirmé Cristian Pîrvulescu, président de
Le 18 décembre 2006, le président
l'association Pro Democratia, à l'origine de la
Basescu condamnait officiellement le régime
manifestation du 3 février. "Leur décision n'est
communiste devant un Parlement hostile, qui
pas légitime. Un an après notre adhésion à
l'a destitué le 19 avril 2007. Un mois plus tard,
l'Union Européenne, nous assistons à un vériun référendum l'a réintégré dans ses fonctions
table coup d'Etat contre la démocratie en
et le CNSAS a pu continuer à révéler l'identité
Roumanie". "Je ne vois pas pourquoi on devrait
des hommes politiques qui avaient collaboré
se féliciter d'être entrés dans l'UE, vu que nous
avec la police politique.
vivons toujours à l'époque de Ceausescu et de
La contre-offensive n'a pas tardé et la
Cour constitutionnelle a tranché en faveur du
ses servants", a déclaré pour sa part, furieux,
passé noir de la Roumanie. "Déclaré anticonsMircea Dinescu, l'un des membres du CNSAS.
La colère de Mircea Dinescu
titutionnel,
le CNSAS devra fermer ses
Les manifestants ont demandé la démission du
le Bernard-Henry Lévy roumain.
portes",
affirme
son ancien directeur, Claudiu
gouvernement et proféré des slogans anticomSecasiu.
Mais
derrière
ces
portes,
c'est l'énorme plaie de son
munistes.
passé
que
la
Roumanie
devra
bien
rouvrir
un jour.
La colère de la société civile roumaine au sujet de la
Mirel
Bran
(Le Monde)
Securitate ne date pas d'aujourd'hui. Dans les années 1990,
Inflation
D
ébut janvier, la Banque
nationale de Roumanie
(BNR) a décidé de majorer
son taux d'intérêt directeur à 8%, soit
0,5% de plus. La forte consommation qui
a fait monter les prix et accentue le déficit externe du pays est la principale raison
de cette mesure. Déjà le 31 octobre dernier la BNR avait élevé son taux de 0,5%,
Surchauffe à l'horizon et taux d'intérêt majorés
à 7,5%. "L'analyse des données statistiques les plus récentes montre une forte
demande interne et une expansion des
investissements. Mais le niveau de
consommation est devenu insoutenable,
et les prêts accordés au secteur privé ne
cessent d'augmenter", indique un communiqué de la BNR, qui pointe du doigt
une croissance des revenus dépassant les
gains de productivité. Ce décalage pourrait, selon elle, "affecter la compétitivité
du pays".
L'objectif est désormais de ramener
le taux d'inflation aux alentours de 4% au
lieu de près de 7 % actuellement, raison
pour laquelle la BNR appelle le gouvernement à "maintenir une politique fiscale
et salariale restrictive".
3
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
FranceRoumanie
SUCEAVA
z
BAIA
MARE
ORADEA
z
z
z
ARAD
z
TIMISOARA
IASI
z
z
z
SIBIU
z
z
BACAU
z
BRASOV GALATI
z
DOBRESTI
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
"C'est le mari
de Carla Bruni"
2
Samedi 2 février, les télévisions
roumaines de news ont interrompu
leurs programmes pour annoncer le
mariage de Nicolas Sarkozy avec
Carla Bruni. Realitatea TV remarquait
que Sarkozy a tenu parole, la presse
a appris la nouvelle après le mariage.
Adevarul estimait que c'était une
bonne nouvelle pour les relations franco roumaines: "la Roumanie est un
pays latin et Carla Bruni est doublement latine, à la fois italienne et
française". Evenimentul Zilei ironisait:
"C'est le mari de Carla Bruni qui vient
lundi en visite dans notre pays. On
espère qu'il sera en forme".
De son côté, Cotidianul se posait
la question de savoir si Mme Carla
Sarkozy sera ou non dans l'avion de
son mari pour l'accompagner lors de
cette visite officielle.
Un officier chargé du protocole
déclarait avoir reçu la consigne d'être
préparé aussi au cas où la nouvelle
première dame viendrait en
Roumanie. Tout en précisant que, a
priori,… elle ne viendrait pas. Enfin,
Romania Libera racontait l'histoire
d'un ancien mineur de la vallée du Jiu,
Ovidiu Paraianu, qui a fabriqué une
bague en diamant pour Carla Bruni,
réplique en miniature de la Porte du
Baiser, sculpture de Constantin
Brancusi. Il espérait que le jeune
marié serait suffisamment généreux
pour lui acheter, confiant "Je lui ferai
un prix de président, soit 6000 €". Il
n'avait sans-doute pas encore lu les
confidences vengeresses de Cécilia à
une de ses amies, publiées depuis
dans un livre à succès, affirmant entre
autres gracieusetés : "Il n'y a pas plus
pingre que lui".
" Speedy Sarkozy"
est passé en Roumanie
L
es Roumains étaient un peu jaloux. Depuis son élection, Nicolas Sarkozy
s'était rendu dans plusieurs pays de la région comme la Pologne, la Hongrie
ou la Bulgarie, mais il n'était pas encore venu en Roumanie, "îlot de latinité et de francophonie en Europe de l'Est". C'est pour cela aussi que le président
français qui a effectué début février une visite éclair à Bucarest arrivait avec un
"accord de partenariat stratégique", la Roumanie étant le premier pays avec lequel la
France signera ce genre de document. Concrètement,
cet accord permettra de poser les bases d'une coopération bilatérale accrue au sein de l'Union
Européenne. "Nous identifierons les dossiers où
nous possédons des intérêts communs et nous les travaillerons à fond" explique un officiel roumain. Il
s'agit d'abord de la politique agricole commune
(PAC), que les deux pays souhaitent "robuste".
Viennent ensuite la politique énergétique, Paris
et Bucarest étant de fervents partisans du nucléaire - la France pourrait participer à la
construction de la seconde centrale nucléaire roumaine - et enfin la défense et la sécurité. La Roumanie entend se lancer dans un ambitieux programme de modernisation
de son équipement militaire et Paris compte bien y contribuer.
A Bucarest, on assure que le courant passe bien entre Nicolas Sarkozy et son
homologue roumain Traian Basescu. "Ils sont tout deux des hommes de caractère et
d'action", affirme Cristian Preda, conseiller présidentiel, qui ne manque pas de rappeler que le président roumain "a été l'un des rares hommes politiques européens à
envoyer un message de félicitations à Nicolas Sarkozy juste après le premier tour de
l'élection présidentielle française, alors que l'issue était encore incertaine".
Sur le plan de la politique internationale, les deux chefs d'Etat plaident pour une
forte relation entre l'Europe et les Etats-Unis: pour preuve, la Roumanie accueillera
début avril le prochain sommet de l'Otan. Ils divergent en revanche sur la délicate
question du Kosovo; le président français soutient son indépendance, alors que Traian
Basescu se refuse à une telle reconnaissance en l'absence d'une résolution de l'ONU.
Chirac était resté deux jours
Seule ombre au tableau: la trop courte durée de la visite. "Au début, elle devait
durer sept heures, puis cinq, puis seulement quatre", déplore un officiel roumain. Le
programme a d'ailleurs été chamboulé: le repas dans un restaurant chic de la capitale
s'est transformé en "déjeuner de travail", la visite du musée national d'art contemporain - où des œuvres françaises sont actuellement exposées - est annulée, le discours
du président français devant le Parlement raccourci.
Il y a onze ans, lors de son premier déplacement présidentiel en Roumanie,
Jacques Chirac était resté sur place près de deux jours. La visite avait été qualifiée
d'"assez courte". C'était l'époque où l'on parlait moins du "pragmatisme" que des liens
affectifs, culturels et linguistiques très étroits entre les deux pays.
Luca Niculescu (Reuters)
La Roumanie ne reconnaît pas le Kosovo
B
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Sept heures, puis cinq, puis quatre…
z
TARGU
MURES
CLUJ
A la Une
ucarest a décidé de ne pas reconnaître le nouvel état du Kosovo, qui se
situe à moins de 300 km de ses frontières, une position qu'il avait fait
connaître à l'avance, mais qu’il pourrait revoir. La Roumanie, où vit une
forte minorité hongroise (6,6 % de la population), ne cache pas ses inquiétudes sur la
contagion des irrédentismes.
Infos pratiques
ABONNEMENT
CHANGE*
(en lei et nouveaux lei, RON**)
Euro
Franc suisse
Dollar
Forint hongrois
36 578= 3,65 RON
(1 RON = 0,27 €)
22 581 = 2 RON
24 815 = 2,48 RON
138 = 0,013 RON
(1 € = 265 forints)
*Au 25 février 2008 ** 1 RON = 10 000 anciens lei
Les NOUVeLLes
de ROUMANIe
Numéro 46, mars-avril 2008
Lettre d'information bimestrielle sur
abonnement éditée par ADICA
(Association pour le Développement
International, la Culture et l’Amitié)
association loi 1901
Siège social, rédaction :
8 Chemin de la Sécherie
44 300 Nantes, France
Tel. : 02 40 49 79 94
E-mail : [email protected]
Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
René Serrière, Laurent Couderc, JeanFrançois Pérès, Jules Ravaud, Luca
Niculescu, Mirel Bran, Alina Bardalan,
Florian Constant, I. Codrean, V. Lupu,
V. Ciobanica, P. Vallélian, Annick
Cojean, Elise Vincent, Anne Rodier,
Henri Tincq, Mihail Vakulovski, Nicolas
Trifon, Sébastien Maillard, Arielle
Thédrel, Jonas Mercier, Céleste Cazaux,
André Berthomieu, Alain Fauvarger.
Autres sources: agences de presse
et presse roumaines, françaises,
lepetitjournal.com, télévisions
roumaines, Roumanie.com, Le
Courrier des Balkans, sites internet,
fonds de documentation ADICA.
Impression: Helio Graphic
11, rue Louis Armand
44 980 Sainte-Luce
Numéro de Commission paritaire:
1107 G 80172; ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro: mai 2008
Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,
pour un an / 6 numéros, port compris
Entreprises, administrations : 100 € TTC / an
Associations et particuliers : 80 € TTC / an
Multi-abonnement
Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 %
sur le prix de l'abonnement.
Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous
bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 €
à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €).
Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est
de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 €).
Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à
50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €).
Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas
abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération).
Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les
coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés.
Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 €
Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou
plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée
directement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui
de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement
normal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €).
Nom:…………………………………………………………………………
Adresse:……………………………………………………………………..
Code postal:.......................Ville……………………....................................
Pays:.................................Tel:………………........ Fax:……………………
E-mail:……………………………………. Cachet, signature :
Paiement
France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA.
Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire
sans frais.
Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste
international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros).
Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à:
Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie, 44 300
NANTES - France.
51
Numéro 46 - mars - avril 2008
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
La maison
de "Doamna Francine"
est la maison du Bon Dieu
NOUVeLLes
ROUMANIe
Les
O
n n'a pas besoin de vous !"… Le premier contact
de Francine Durieux avec ce qui allait devenir
son épopée roumaine a été plutôt rude. La
Toulousaine d'adoption avait répondu à un appel lancé dans
"La Dépêche du Midi" par Médecins du Monde qui cherchait d'urgence des éducateurs pour la Roumanie. Comme
tous les Français, Francine avait passé ce réveillon de Noël 89
les yeux rivés à la télévision, suivant en direct la "Révolution"
en cours à Bucarest. Son diplôme d'éducatrice spécialisée en poche, elle s'était précipitée à la
permanence de l'association humanitaire… mais celle-ci avait déjà reçu 700 offres de service.
Francine Durieux n'était pas du genre à se laisser décourager. A 51 ans à l'époque, cette
Lilloise d'origine avait connu sa part d'épreuves et montré qu'elle savait prendre des décisions
changeant le cours de sa vie. Vendeuse dans un magasin spécialisé dans le camping, "La
Hutte", elle avait suivi son mari à Toulouse en 1971. Avant de se séparer, le couple aura trois enfants qu'elle élèvera seule.
Dans son nord natal, Francine était déjà sensibilisée à l'action sociale, s'occupant de jeunes délinquants. En 1983, la visite d'un
établissement d'enfants handicapés la convainc de changer de cap. Embauchée sur le champ par le directeur qui a deviné sa grande disponibilité humaine, elle entreprend à 43 ans une formation pour devenir éducatrice spécialisée, menée de front avec son travail malgré ses charges de famille. (Photos: dans la maison de Francine)
Un univers terrifiant que l’éducatrice expatriée bouscule
52
Tenace, la Toulousaine renouvelle donc sa candidature auprès de
Médecins du Monde en septembre 1990. Elle est d'autant plus motivée
qu'elle a écouté avec effroi le récit d'un médecin revenu de Roumanie qui
lui a fait part des terribles conditions dans lesquelles y vivent les orphelins.
Cette fois-ci, l'organisation humanitaire ne fait plus la fine bouche.
L'intérêt médiatique est retombé et les candidats ne se bousculent plus à la
porte. Francine est embauchée, pour moins de cent euros par mois, logée
mais non nourrie. Ses enfants sont maintenant grands.
Elle décide de prendre un an de congé sabbatique. Affectée à un des dix
orphelinats de Hunedoara, en compagnie d'une infirmière, l'éducatrice y
découvre un univers terrifiant. Des nourrissons non changés, laissés à eux-mêmes, entassés dans des lits-cages. Elle s'indigne
devant les micro-transfusions de sang pratiquées à la cantonade avec la même aiguille. Mais, revenue dans la région toulousaine,
Francine Durieux ne peut plus détacher ses pensées de la Roumanie. Malgré la dureté des situations affrontées, elle a été bouleversée par l'accueil qui lui a été réservé, conquise par la gentillesse de tout un peuple, séduite par le rythme toujours rural de la vie
conservé dans les villages.
Jusqu'à sa retraite, en 1999, Francine se démènera en France, se multipliera, pour venir en aide à son pays de cœur. Elle y fait
acheminer des vêtements, du matériel, des vivres. Elle bloque ses congés pour y retourner dès qu'elle peut, puis prend un mi-temps.
Sur place, en 1997, elle achète une maison à Baia de Cris, dans les Apuseni, à proximité de Brad, la fait retaper, agrandir, prévoyant de s'y installer plus tard. Elle y dispose quatorze lits, aménage une deuxième salle de bain. Car Francine a une idée en tête
très précise: sensibiliser les jeunes Français à la Roumanie. Elle en recevra près de 400 en dix ans, au rythme annuel de 30 à 35.
Des futurs médecins, éducateurs, infirmières, psychologues, psychomotriciens, etc., chargés de s'occuper sur place des enfants.
Filmée par "Envoyée spécial" et reçue par Jean-Paul II
Francine Durieux, aujourd'hui âgée de 68 ans, vit désormais en Roumanie, y passant huit mois par an. "Ici, je suis chez moi",
confie-t-elle. Elle revient chaque année en France, notamment pour rencontrer ses futurs stagiaires. En mai 2006, Antenne 2 lui
avait consacré un reportage dans "Envoyé spécial" dont le thème, "Survivre à un enfant", la concernait directement puisqu'elle a
perdu un fils dans un accident. Depuis, plusieurs mamans françaises qui ont vécu ce drame sont venues lui donner un coup de main.
Profondément catholique, la Française vit comme une religieuse laïque, ne voulant pas imposer ses convictions aux autres. "Ma
maison est toujours ouverte" s'exclame "Doamna Francina", comme l'appellent les habitants de Brad, qui a été reçue par Jean-Paul
II en 2003. Au décès du Pape, la communauté orthodoxe locale est venue lui présenter ses condoléances. (Lire aussi en page 50)
de
SOMMAIRE
Lettre d’information bimestrielle
A la Une
France-Roumanie
Moralisation politique
Rosia Montana
Délocalisation
Immigration
2
3
4 et 5
6
7
Actualité
Vie internationale, UE
Moldavie
Economie
Social
8 et 9
10 et 11
12 à 15
16 et 17
Société
Evénements, Faits divers
Vie quotidienne
Santé
Minorités
Religion
Météorologie, Insolite
Sports, Photos
18 à 21
22 à 25
26 et 27
28 à 31
32 et 33
34 et 35
36 et 37
Connaissance
et découverte
Livres, Cinéma
Peinture, Culture
Histoire
Tourisme, Humour
Echange, Infos pratiques
Coup de coeur
38 à 41
42 à 45
46 à 48
49
50 et 51
52
Le sens caché des mots
U
n sondage réalisé à la demande de leur gouvernement indique que 52 %
des Roumains estiment qu'il est correct que les membres de l'ethnie rom
soient appelés comme par le passé Tsiganes, 34 % pensant le contraire.
L'argument avancé est qu'à l'étranger on confond très souvent Rom et Roman
(Roumain). Pour tenter d'éviter cette méprise, certains ont cru bon d'ajouter un second
r à Rom, devenu Rrom, ce qui n'a fait qu'ajouter à la confusion. Et parfois au ridicule: dans un quotidien régional de l'Ouest de la France, une fête Rrom est devenue une
fête typiquement roumaine; les atours colorés des femmes tsiganes ayant revêtu leurs
plus belles robes et colliers, y ont été présentés comme le costume national roumain.
Un peu comme si dans un journal du Middle West américain, on montrait une photo
de nos compatriotes d'origine maghrébine - il faudrait peut-être aussi penser à changer le mot maghrébin ? - fêtant l'Aïd el kebir dans leurs djellabas… en indiquant qu'il
s'agit du costume national français.
Alors doit-on dire Rom, Rrom ou Tsigane? Aux "Nouvelles de Roumanie", on
hésite, mélangeant parfois les genres. Faut-il céder à la facilité et au "politiquement
correct" - qui nous irrite en beaucoup -, en choisissant les deux premiers termes pour
faire comme tout le monde et ne pas être suspecté de racisme? Mais ne serait-ce pas
alors finalement accepter l'idée que les Tsiganes étaient indignes auparavant?
Cette dernière appellation est utilisée parfois de manière péjorative à cause de l'assimilation faite avec les agissements de certains d'entre eux. Si ces derniers persistent
dans leurs comportements délictueux ou asociaux, l'expression "Rom" sera tout autant
déconsidérée au bout de quelques temps, et il faudra en trouver une autre.
Derrière le sens des mots se cache bien la complexité de la question tsigane, beaucoup plus importante qu'une simple querelle de vocabulaire. Sa dimension dépasse de
loin les capacités d'un seul pays à y répondre. Elle ne pourra être résolue que si
l'Europe la prend en charge. Mais la Roumanie et ses voisins également concernés, la
Bulgarie, la Hongrie, la Serbie et l'ancienne Tchécoslovaquie, doivent s'engager avec
conviction à ouvrir leur société à cette minorité mise au ban… tout comme la communauté tsigane accepter et encourager les changements de comportement, notamment en ce qui concerne la scolarisation des enfants.
Il faudra du temps et user bien de nouvelles dénominations avant d'en voir le bout.
Un mot ne peut pas régler un problème. Ce qui compte, c'est de ne pas offenser une
communauté à la culture impressionnante et qui doit prendre toute sa place dans la
civilisation moderne, tout en conservant le meilleur de ses traditions… tsiganes.
Henri Gillet