iconographe de la reine marie-antoinette
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iconographe de la reine marie-antoinette
LIBRAIRIE ANCIENNE ROGER SIBLOT ICONOGRAPHE DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE La reine Marie-Antoinette a été, et reste l’une des souveraines ayant le plus marqué l’Histoire. Qu’on l’ait fustigé, critiqué ou au contraire admiré, Marie-Antoinette ne cesse de fasciner le grand public tout comme les érudits. Pour cette raison la Librairie a le plaisir de vous présenter cette remarquable Iconographie de Marie-Antoinette de 1883 réunis aux bons soins de Lord Ronald Gower, un catalogue raisonné de 495 portraits de la souveraine issu de la collection de l’auteur. Lord Ronald Gower (18451916) était le plus jeune fils du second duc de Sutherland en Ecosse. Il fit ses études à Eton et à Trinity à Cam bridge puis débuta une carrière politique qui l’amena à devenir membre du Parlement pour le parti libéral de 1867 à 1874. Mais Gower n’était pas satisfait par sa seule carrière politique. Ainsi, homme de lettres et artiste, il devint sculpteur et publia de nombreuses études sur les beaux arts. Sa plus importante réalisation fut également sa dernière, un mémorial dédié à William Shakespeare. Si celui qu’on appelait alors le « gentleman sculptor » apprit la taille de la pierre auprès de Matthew Noble, sculpteur britannique qui exposait régulièrement à Royal Academy, Gower fut surtout un autodidacte en la matière. L’aristocrate écossais connut d’ailleurs un certain succès et sut s’attirer les louanges des critiques à un niveau international tout comme celles du grand public. Ses sculptures ont donc été exposées au Salon de Paris de 1880 et 1881, à l’Exposition Internationale de Paris de 1878 ainsi que lors de nombreux concours à la Royal Academy aux côtés des sculptures d’artistes de renom tel qu’Alfred Leighton. Sa première œuvre montrée au public fut sa sculpture de Marie-Antoinette allant à l’échafaud de 1876, achevée deux ans après la fin d e sa carrière politique et où la souveraine apparaît « vieille avant l’âge et bouffie par la douleur » (Duplessis, Préface). En effet, Gower vouait une véritable passion pour la reine française, qui avait pris naissance bien avant la réalisation de cette sculpture et qui perdura bien au-delà. Ainsi, Gower publia huit ans plus tard un ouvrage consacré à la reine, Marie-Antoinette : An Historical Sketch (1885). La sculpture comme le livre s’inscrivaient dans un mouvement plus général de la fin du XIXe siècle de redécouverte de Marie-Antoinette avec la volonté de redorer son image. Les travaux de Gower se ralliaient à la tendance développée par certains érudits et hommes de lettres qui affirmaient que la Reine avait été le bouc émissaire de la ferveur incontrôlable de la Révolution. En effet, alors que Louis XVI fut rapidement exécuté pendant la Révolution, Marie-Antoinette fut capturée et emprisonnée. Elle devint ainsi le symbole des excès de la royauté et de la frivolité. Un procès de parade fut organisé et dura deux jours au cours desquels la reine refusait de se défendre. Finalement, craignant qu’elle ne s’attire la sympathie du peuple, on décida de mettre un terme au procès et elle fut guillotinée le 16 octobre 1789. Le culte de Lord Gower pour Marie-Antoinette s’est également traduit par la réunion d’une incroyable collection de portraits de la reine avec « autant de passion que de dépenses » (Préface, Duplessis) que l’auteur présente dans cet ouvrage. Dans sa lettre à Lord Ronald Gower précédant le catalogue des œuvres, Georges Duplessis recherche parmi toutes les œuvres présentées par Gower, quelle est celle qui révèle le vrai visage de Marie-Antoinette. La reine a été représentée en peinture, en gravure, en médaillon, e n dessin, à tous les âges, à tous les moments de sa vie, par les plus grands artistes de l’époque tels que Drouais, Michel van Loo, Ducreux ou encore Moreau le Jeune. Pour Duplessis, le grand tort de certains artistes a été cette tendance à lisser le véritable visage de la reine, lui donnant ainsi « une expression douce et aimable qui n’a rien de commun avec la vraie beauté et qui s’éloigne également de la réalité ». Selon lui, la reine a eu trois visages : celui de la jeunesse, celui de la souveraine forte et soutenue par son peuple et enfin celui de la déchéance et des derniers instants. A l’inverse des premiers artistes cités, Moreau le Jeune dans ses profils dessinés et gravés par Gaucher et Lemire ou encore les médaillons de Boizot révèlent, selon Duplessis, une volonté de transcrire avec exactitude et honnêteté les traits du visage de Marie-Antoinette : « le nez est un peu long et busqué, le menton est proéminent, et ce jeune et frais visage accuse déjà une tendance à l’embonpoint ». Et selon Duplessis, c’est sans conteste Boizot qui donne la représentation la plus fidèle de la jeune Marie-Antoinette. Pour la seconde période de vie de Marie-Antoinette, il estime que la gravure en couleur de Janinet de la reine en costume de fête et manteau royal de 1777 est le plus proche de la réalité des traits de la reine au moment où elle était le plus populaire. En revanche, il estime que les estampes réalisées à partir du célèbre portrait officiel d’Elisabeth Vigée-Lebrun ne sont pas du tout représentatives de la réalité. Contrairement au précédent, le portrait de Vigée-Lebrun est sans conteste une œuvre d’art mais où les traits réels de la reine laissent place à une beauté de convention. Toutefois, un autre portrait officiel, de la main du peintre suédois Roslin, trouve davantage de faveur aux yeux de Duplessis. En effet, selon lui l’artiste a su répondre aux canons à respecter dans un portrait officiel dans le costume et en atténuant les défauts du visage mais tout en conservant les traits principaux de la reine. Enfin, concernant l’ultime période de MarieAntoinette, sa déchéance et les moments précédant son exécution, pour Duplessis les artistes ont au contraire eu tendance à exagérer les imperfections du visage de la reine : « le nez qui était grand devint énorme, le menton un peu épais prit des proportions démesurées ». Le véritable visage de la reine dans ces dernières heures serait alors à rechercher avant tout dans le croquis de David qu’il réalisa dans la rue au moment même où la reine était emmenée à l’échafaud. L’ouvrage de Gower recense pas moins de 495 œuvres réunissant tous les genres, portraits, profils, allégories, dessins et caricatures réalisés aussi bien par des artistes français qu’étrangers, anglais, allemands ou encore latins. On notera également les quelques 42 illustrations, en noir et blanc et en couleur d’une facture tout à fait exceptionnelle, notamment les deux magnifiques portraits en couleurs gravés par Dagoty d’après les œuvres de Gautier mais également la superbe gravure en couleurs du médaillon réalisé par Levachez représentant le couple royal, Marie-Antoinette et Louis XVI. Chaque œuvre est décrite avec une grande minutie, et l’on trouve également une table alphabétique des peintres et dessinateurs d’après lesquels les portraits ont été gravés qui font de cet ouvrage un outil bibliographique extrêmement complet et intéressant. Ainsi, le catalogue raisonné produit par Lord Gower, si riche, est une invitation faite au lecteur et au passionné, à rechercher lui-même où se trouve parmi toutes ses œuvres le vrai visage de Marie-Antoinette. ICONOGRAPHIE DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE. CATALOGUE DESCRIPTIF ET RAISONNÉ DE LA COLLECTION DE PORTRAITS, PIECES HISTORIQUES ET ALLÉGORIQUES, CARICATURES, ETC. (Lord Ronald Gower) Prix : 440 € - Réf. 000418 Paris, A. Quantin, 1883. 1 fort volume in-4 de 243 pages. Reliure demi-chagrin violine de l’époque. Dos à cinq nerfs, estampillé « Paris, 1883 » en queue. Plats cartonnés. Titres dorés. Tranche de tête dorée. Superbe portrait en frontispice de Marie-Antoinette, en couleurs ; 36 planches de reproductions en noir et en couleurs sous serpente, culs de lampe. Extraordinaires reproductions. Une table des illustrations. Une table des divisions du catalogue. Une table alphabétique des peintures et dessinateurs. Tirage limité à 50 exemplaires sur papier de Hollande numéroté. Notre exemplaire porte le numéro 48. Malgré un dos un peu passé, très bel exemplaire, bien complet de l’ensemble de ses reproductions.