Analyse du problème de resquillage dans les programmes
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Analyse du problème de resquillage dans les programmes
ANALYSE DU PROBLÈME DE RESQUILLAGE DANS LES PROGRAMMES DE RESPONSABILITÉ ÉLARGIE DES PRODUCTEURS – Rapport final – Soumis au Conseil canadien des ministres de l’environnement Par Marbek Resource Consultants Ltd. (Projet no 26057) PN 1381 Le présent rapport a été préparé par Marbek Resource Consultants Ltd., pour le Conseil canadien des ministres de l’environnement (CCME). Ce rapport constitue uniquement un document de travail. Il contient des données recueillies pour le compte du CCME mais non approuvées par ce dernier. Le CCME n’est pas responsable de l’exactitude des données présentées dans cette publication; en outre, il n’offre aucune garantie quant aux opinions exprimées, pas plus qu’il ne les partage ou ne les appuie nécessairement. © Le Conseil canadien des ministres de l’environnement 2007 Marbek Resource Consultants Ltd. 300-222 Somerset Street West Ottawa (Ontario) K2P 2G3 Tél : 613.523.0784 Téléc. : 613.523.0717 www.marbek.ca Table des matières SOMMAIRE .................................................................................................................................. I 1. INTRODUCTION..............................................................................................................1 1.1 1.2 1.3 1.4 2. MÉTHODE.........................................................................................................................3 3.1 3.2 3.3 4. Introduction............................................................................................................18 Contexte .................................................................................................................18 Études de cas portant sur les secteurs de l’électronique et de l’emballage............20 Lignes directrices internationales ..........................................................................29 MÉCANISMES POUR REMÉDIER AU RESQUILLAGE........................................32 6.1 6.2 6.3 6.4 7. Ampleur actuelle du problème.................................................................................7 Principales causes du resquillage...........................................................................13 Résumé...................................................................................................................15 LES PROBLÈMES DE RESQUILLAGE AILLEURS DANS LE MONDE .............18 5.1 5.2 5.3 5.4 6. Survol.......................................................................................................................4 Définition de « resquilleur » ....................................................................................4 Autres termes utilisés dans le rapport ......................................................................5 ANALYSE DU PROBLÈME DE RESQUILLAGE AU CANADA..............................7 4.1 4.2 4.3 5. Contexte ...................................................................................................................1 Objectifs...................................................................................................................1 Portée .......................................................................................................................2 Le rapport.................................................................................................................2 Survol.....................................................................................................................32 Mécanismes de suivi des produits..........................................................................32 Mécanismes pour remédier au resquillage.............................................................35 Sommaire ...............................................................................................................38 SUGGESTIONS DE RÔLES ET DE RESPONSABILITÉS ......................................39 7.1 7.2 7.3 Gouvernements provinciaux/territoriaux ...............................................................39 Gouvernement fédéral............................................................................................40 Résumé...................................................................................................................43 Annexe I : Bibliographie Annexe II: Guide d’entrevue Liste des tableaux Tableau 4.1 : Tableau 4.2 : Tableau 6.1: Tableau 6.3 : Types de programmes touchés par des problèmes de resquillage ...................... 7 Le problème de resquillage dans les programmes canadiens ............................. 9 Mécanismes pour suivre les déplacements des produits................................... 33 Mécanismes en usage pour remédier au resquillage......................................... 37 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – SOMMAIRE S1. CONTEXTE Le Groupe de travail sur la responsabilité élargie des producteurs (REP) du Conseil canadien des ministres de l’environnement (CCME) a pour mandat de donner des conseils sur l’élaboration et la mise en oeuvre des programmes de REP et de gérance des produits au Canada. L’un des plus graves problèmes qui touchent les programmes de REP de tous genres dans tous les secteurs est celui du resquillage. On parle de resquillage lorsqu’une entreprise (ou une personne) tire profit des actions et des efforts d’une autre sans en supporter ou en partager les coûts 1 . Le Groupe de travail sur la REP a commandé une étude pour analyser le problème du resquillage sous un angle canadien, en accordant une attention particulière aux programmes de gérance des emballages et des produits électroniques. Les objectifs de cette étude étaient de déterminer l’étendue du problème de resquillage dans les programmes de REP et de gérance des produits au Canada, en ciblant particulièrement les secteurs de l’électronique et de l’emballage; de recommander des mesures de gestion pour résoudre ce problème; et de proposer un partage des rôles et des responsabilités entre les différents ordres de gouvernement. Cette étude a nécessité des entrevues, une revue de la littérature et un examen d’études de cas. E2. ANALYSE DU PROBLÈME AU CANADA Le présent rapport fait état des principales causes du resquillage dans les programmes de REP au Canada. Comme la liste ci-dessous a été constituée à partir d’un échantillon de programmes de REP, elle n’est pas exhaustive, mais est toutefois jugée représentative. Les causes identifiées sont les suivantes : y y y y y y y limites des pouvoirs publics cadre réglementaire insuffisant mise en application insuffisante propriétaire de marque non identifié multiples joueurs/disponibilité de données systèmes reposant uniquement sur des frais imposés aux points de vente conception du programme. L’étendue et les causes des problèmes de resquillage varient d’un programme à l’autre au pays. Dans la plupart des programmes étudiés, le problème est d’importance mineure. Dans d’autres, cependant, le problème est un peu plus grave. Le resquillage peut éventuellement porter atteinte à la viabilité financière des programmes de REP, mais ce n’est pas le cas pour l’instant dans la plupart des programmes canadiens. Des situations inéquitables ont cependant été constatées dans tous les cas de resquillage passés en revue, indépendamment de l’étendue du problème. Il est souvent plus facile de remédier à ce problème si les programmes ciblent un seul type d’emballage (p. ex. les systèmes de consignation des contenants de boisson) que s’ils visent plusieurs types d’emballages ou de produits. 1 Pour des définitions plus détaillées, voir la section 3.2. Marbek Resource Consultants Ltd. Page i Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – Étonnamment, dans le secteur de l’électronique, les gestionnaires des programmes et les organes de réglementation estiment que les cas de resquillage sont peu nombreux. En Alberta, tous les grands producteurs de produits électroniques qui font de la vente par Internet sont inscrits au programme de gérance des produits électroniques de la province (Alberta Electronics Program) et versent une contribution proportionnelle à leur volume de ventes. Les quelques cas de resquillage recensés sont le fait de petits producteurs qui pratiquent la vente par Internet. Il convient cependant de souligner que les risques de resquillage demeurent élevés dans les autres provinces – l’ampleur des risques dépend essentiellement de la conception des programmes, des dispositions réglementaires et du niveau de participation des grandes entreprises qui font de la vente par Internet. E3. ANALYSE DU PROBLÈME AILLEURS DANS LE MONDE En 2006, l’Union européenne a mené une étude sur le phénomène du resquillage dans sept programmes de recyclage de produits électroniques mis sur pied en réponse à la Directive relative aux déchets d’équipements électriques et électroniques. Selon cette étude, le taux de resquillage se chiffrerait entre 10 et 20 % par volume de produits mis en marché 2 . Deux études de cas portant sur le secteur de l’électronique dans des pays de l’Union européenne sont présentées à la section 5.3. Aux États-Unis, deux États viennent de commencer à administrer des programmes obligatoires de recyclage des produits électroniques – le Maine et la Californie. Le système le plus perfectionné est celui du Maine, en vertu duquel les producteurs versent une contribution proportionnelle à la quantité de produits électroniques récupérés pour être recyclés par des centres agréés par l’État. Selon les renseignements obtenus auprès de l’État du Maine, le taux de resquilleurs est estimé à moins de 10 % dans ce programme. Du côté des programmes de gérance des emballages, le taux de resquillage serait élevé dans plusieurs programmes européens, car l’attribution des responsabilités est plus difficile dans le cas des emballages que dans celui des produits. Une étude de 2006 fait état de taux de resquillage allant de 10 à 50 % dans différents programmes obligatoires européens dédiés aux emballages. Selon les données disponibles, le problème de resquillage serait essentiellement dû à l’absence de procédures de vérification pour contrôler les volumes de ventes déclarés (les contributions à verser sont calculées en fonction des volumes de ventes). Aucun programme comparable n’a été identifié aux États-Unis. E4. MÉCANISMES POUR REMÉDIER AU RESQUILLAGE Il existe plusieurs solutions pour remédier au resquillage. Dans le secteur de l’emballage, les programmes qui, en plus de recourir à des mesures incitatives, visent une seule catégorie d’emballage (les systèmes de consigne pour les contenants de boisson, p. ex.) sont plus efficaces pour combattre le resquillage que les programmes qui ciblent plusieurs types d’emballages. Dans le cas de ces derniers, l’imposition de redevances aux producteurs en fonction du volume de 2 The Product Stewardship Movement: Understanding Costs, Effectiveness, and the Role for Policy. Resources for the Future, 2002. Marbek Resource Consultants Ltd. Page ii Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – ventes, la levée des exemptions et la mise en place de bonnes mesures incitatives sont d’excellents moyens pour réduire au minimum le resquillage. Pour ce qui est des produits électroniques au Canada, les données disponibles indiquent un faible taux de resquillage dans les ventes Internet, et ce grâce à : la structure des programmes, qui oblige les producteurs à verser des redevances proportionnelles à leurs volumes de ventes (Internet et au détail); l’existence de cadres réglementaires rigoureux, qui désignent spécifiquement le premier importateur comme partie responsable; la délégation du pouvoir d’application de la loi à une tierce partie, à savoir un organisme de gestion autonome. Les ventes par Internet sont propices au resquillage, mais la conception, la mise en oeuvre et l’administration des programmes en partenariat avec l’industrie permet de réduire considérablement le taux de resquillage et d’obtenir l’adhésion des gros joueurs. Pour qu’un programme réussisse, il est essentiel que les gros joueurs y participent et versent une contribution proportionnelle à leur volume de ventes. E5. RÔLES ET RESPONSABILITÉS Les gouvernements pourraient aider à résoudre le problème de resquillage au Canada en prenant des responsabilités – certaines exigent un niveau minimal, d’autres un niveau élevé d’engagement. Par exemple, les gouvernements provinciaux ou territoriaux doivent déléguer ou assumer leurs responsabilités en matière d’application de la loi, revoir les mesures incitatives de leurs programmes et prendre part à des échanges d’information. Pour sa part, le gouvernement fédéral pourrait formuler des orientations, devenir gestionnaire volontaire ou élaborer un protocole ou règlement national. Ces responsabilités sont expliquées plus en détail à la section 7 du présent rapport. Marbek Resource Consultants Ltd. Page iii Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP 1. INTRODUCTION 1.1 CONTEXTE – Rapport final – Le Groupe de travail sur la responsabilité élargie des producteurs (REP) du Conseil canadien des ministres de l’environnement (CCME) a pour mandat de donner des conseils sur l’élaboration et la mise en oeuvre des programmes de REP et de gérance des produits au Canada. L’un des plus graves problèmes qui touchent les programmes de REP de tous genres dans tous les secteurs est celui du resquillage. On parle de resquillage lorsqu’une entreprise (ou une personne) tire profit des actions et des efforts d’une autre sans en supporter ou en partager les coûts 3 . Le Groupe de travail sur la REP a commandé une étude pour analyser le problème du resquillage sous un angle canadien, en accordant une attention particulière aux programmes de gérance des emballages et des produits électroniques. 1.2 OBJECTIFS L’étude comportait deux volets. L’objectif du premier volet de l’étude s’énonçait comme suit : y Déterminer l’étendue du problème de resquillage dans les programmes de REP et de gérance des produits au Canada, en ciblant particulièrement les secteurs de l’électronique et de l’emballage. Les tâches à accomplir étaient les suivantes : 1) Définir la terminologie. 2) Déterminer l’emploi du terme « resquillage » au Canada. 3) Déterminer qui est concerné par cette question en cernant les causes réelles et possibles du resquillage au Canada. 4) Identifier les organismes, les programmes, les règlements ou les protocoles qui contrôlent les déplacements des produits. 5) Identifier les possibilités d’utilisation et les obstacles à l’utilisation de ces systèmes pour contrôler les produits visés par des programmes de REP. L’objectif du second volet de l’étude s’énonçait comme suit : y Recommander des mesures de gestion pour résoudre le problème de resquillage et proposer un partage des rôles et responsabilités entre les différents ordres de gouvernement. Les tâches à accomplir étaient les suivantes : 1) Synthétiser les orientations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et d’autres sources pertinentes. 2) Réunir de l’information pour déterminer comment les programmes en vigueur ont réussi ou échoué à remédier au resquillage. 3) Trouver des solutions au resquillage. 4) Recommander des rôles et responsabilités pour les producteurs et le gouvernement. 3 Pour des définitions plus détaillées, voir la section 3.2. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 1 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP 1.3 – Rapport final – PORTÉE L’étude portait sur les programmes provinciaux, territoriaux ou nationaux qui imposent des rôles ou des responsabilités aux producteurs (pour une définition de la notion de producteur, voir la section 3 du présent rapport). 1.4 LE RAPPORT Les autres sections du présent rapport se présentent comme suit : Section 2 : Méthode Section 3 : Terminologie Section 4 : Analyse du problème de resquillage au Canada Section 5 : Analyse du problème de resquillage ailleurs dans le monde Section 6 : Mécanismes pour remédier au resquillage Section 7 : Suggestions de rôles et responsabilités Marbek Resource Consultants Ltd. Page 2 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP 2. – Rapport final – MÉTHODE Pour remplir les objectifs des deux volets de l’étude, nous avons orienté nos efforts dans trois directions – une revue de la littérature, des entrevues avec des personnes clés et des études de cas. Nous avons effectué une revue de la littérature sur la question. Parmi les documents consultés, mentionnons des guides internationaux, des rapports, des présentations, des fiches d’information et des études universitaires. L’appendice A dresse une liste des documents consultés. Nous avons fait des entrevues avec des personnes clés pour compléter le travail de recherche et obtenir de l’information de première main des gestionnaires de programmes qui ont eu à affronter des problèmes de resquillage. Une liste de personnes à interviewer a été constituée et approuvée par le chargé de projet. Nous avons ensuite sélectionné les interviewés de manière à ce qu’ils représentent : y y y Un éventail de programmes (au moins un programme de gérance visant plusieurs types d’emballages et un programme sur les produits électroniques au Canada) Un éventail de provinces/territoires et de pays (Canada et autres pays) Un éventail de points de vue sur le sujet (p. ex. points de vue des organes de réglementation gouvernementaux, des administrateurs d’organismes de gestion autonomes, des associations d’industries et des universitaires). La plupart des gestionnaires de programmes sélectionnés pour une entrevue avaient plusieurs années d’expérience dans les programmes de gérance. Nous avons interviewé trois gestionnaires de programmes issus d’organismes autonomes, cinq agents de réglementation du gouvernement, deux représentants d’associations industrielles et un spécialiste du milieu universitaire. Au total, 11 entrevues ont été réalisées. Suite à la revue de la littérature et aux entrevues, nous nous sommes penchés sur quatre études de cas européennes pour évaluer différents mécanismes utilisés ailleurs dans le monde pour combattre le resquillage. Nous avons ensuite analysé l’information recueillie pour évaluer l’ampleur du problème de resquillage, ses principales causes et les solutions possibles. Les solutions les plus prometteuses sont présentées à la section 6 du présent rapport. Les rôles et responsabilités que pourraient assumer les principaux organismes gouvernementaux sont présentés à la section 7. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 3 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP 3. TERMINOLOGIE 3.1 SURVOL – Rapport final – Une recherche du terme « free rider » (« resquilleur ») dans Internet permet tout de suite de constater que ce terme est employé dans de nombreux contextes, notamment : la concurrence commerciale et le marché; les négociations collectives; l’investissement de fonds publics dans des biens collectifs ou la sécurité publique; le courtage. Dans le domaine de l’environnement, ce terme est généralement employé lorsqu’il est question de la gestion des ressources naturelles de propriété publique comme l’eau, les pêches et les forêts. Enfin, du côté des programmes de REP ou de gérance des produits, les définitions du terme ou connexes sont peu nombreuses, à part celles de l’OCDE et d’Environnement Canada. 3.2 DÉFINITION DE « RESQUILLEUR » En économie, dans les négociations collectives et en science politique, le resquilleur est celui qui consomme plus que sa juste part d’une ressource ou qui n’assume pas sa part des coûts de production de cette ressource. Il s’agit donc de déterminer comment éviter le resquillage ou, tout au moins, comment arriver à en limiter les effets néfastes 4 . Les définitions de « resquilleur » ci-après sont toutes deux utilisées au Canada dans le contexte des programmes de REP. OCDE : « Le fait pour une entreprise (ou une personne) de tirer profit des actions et des efforts d’une autre sans en supporter ou en partager les coûts [traduction] 5 . » Dans un autre document de l’OCDE, on lit que « les resquilleurs ne participent pas aux activités de l’organisation de producteurs (OP) et évitent d’apporter leur contribution financière au fonctionnement de l’OP [traduction] 6 . » Environnement Canada : « Les resquilleurs profitent du système de REP sans contribuer à en rembourser une part appropriée des coûts. Tous les types de participants (consommateurs, producteurs, importateurs, détaillants, récupérateurs et recycleurs) ont une possibilité de resquiller d’une quelconque façon. Les possibilités de resquille sont plus grandes et plus difficiles à contrer lorsque la chaîne de production est longue et comprend un grand nombre de producteurs (fabricants de matériaux d’emballage, propriétaires de marque, grossistes, détaillants, etc.) 7 » Parmi les autres définitions du terme en lien avec les programmes de REP, mentionnons celle du ministère de l’Environnement de la Nouvelle-Zélande, selon laquelle le resquilleur est celui qui ne paie pas sa juste part des coûts de participation à un programme, mais en retire tous les bénéfices. 4 Encyclopédie Wikipedia en ligne, http://en.wikipedia.org/wiki/Free_rider_problem. 5 OCDE, glossaire de la statistique en ligne, http://stats.oecd.org/glossary/detail .asp?ID=3222. La terminologie de la gestion des déchets de l’OCDE est souvent utilisée comme référence pour l’élaboration des orientations canadiennes. 6 Sous-groupe sur la prévention et le recyclage des déchets de l’OCDE, Analytical Framework For Evaluating The Costs And Benefits Of Extended Producer Responsibility Programmes, mars 2005. 7 Environnement Canada, Responsabilité élargie des producteurs et gérance, Glossaire, http://www.ec.gc.ca/epr/fr/glossaire.cfm?defn=14. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 4 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – Au Canada, on utilise généralement le terme « resquilleur » pour désigner un producteur contrevenant qui connaît ses responsabilités, mais décide de ne pas s’y conformer 8 . Les gestionnaires de programmes canadiens pourraient également considérer que les resquilleurs sont des producteurs hors de leur champ de compétence, qui vendent des produits sur leur territoire sans se conformer aux programmes de réglementation applicables. Dans le présent rapport, le terme désigne également les producteurs qui ne sont pas obligés de se conformer à un programme, mais qui profitent néanmoins de ce programme en faisant recycler leurs produits en fin de vie 9 . 3.3 AUTRES TERMES UTILISÉS DANS LE RAPPORT Les définitions des termes ci-après s’inspirent des définitions figurant dans l’inventaire des programmes de REP et de gérance d’Environnement Canada. Gérance des produits : Le fait de gérer avec soin et responsabilité l’environnement et les ressources naturelles, au profit de toute la collectivité10 . Il s’agit d’un terme générique qui désigne aussi bien les programmes de REP (voir la définition plus bas) que les programmes principalement administrés par le gouvernement ou administrés par l’intermédiaire d’un organisme de gestion autonome, sans la participation des producteurs, des fabricants ou des propriétaires de marques. REP : Une orientation environnementale où la responsabilité des producteurs à l’égard d'un produit, tant matérielle que financière, est élargie à l’étape de la post-consommation du cycle de vie du produit. Une politique de REP comprend deux grands volets : (1) reporter sur le producteur la responsabilité « matérielle et/ou économique, en tout ou en partie » de la gestion des déchets, plutôt que sur les municipalités; (2) offrir aux producteurs des incitations à prendre en compte l’environnement dans la conception de leurs produits11 . Cette définition de l’OCDE a en principe l’appui du Groupe de travail sur la REP du CCME, bien que ce dernier soit en train de formuler sa propre définition. Organisme industriel de financement (OIF) et organisme de producteurs (OP) : Ces termes, souvent employés de façon interchangeable, désignent un groupe de propriétaires de marques ou de producteurs qui ont fondé un nouvel organisme pour administrer un programme de REP. Produits orphelins : Ce terme désigne les produits assujettis à une politique de REP, mais dont le producteur n’existe plus pour cause de faillite ou autres causes 12 . 8 En général, les nouveaux joueurs qui, au départ, n’étaient pas au courant de l’existence d’un programme sont prêts à s’y conformer une fois qu’ils en connaissent l’existence. 9 En outre, on emploie parfois le terme « resquilleur » pour désigner les consommateurs qui récupèrent des produits visés par un programme de REP (contenants de boisson, p. ex.) et les transportent d’une province à une autre pour obtenir, en échange, un remboursement plus élevé que dans la province d’origine. Ce phénomène n’entre pas dans le champ de la présente étude, qui porte essentiellement sur les producteurs. 10 Environnement Canada, Responsabilité http://www.ec.gc.ca/epr/fr/glossaire.cfm?defn=28 11 Définition de l’OCDE telle que http://www.ec.gc.ca/epr/fr/glossaire.cfm?defn=11. 12 citée élargie par des producteurs Environnement Canada et gérance, sur son site Glossaire, Web à OCDE, Responsabilité élargie des producteurs : manuel à l’intention des pouvoirs publics, 2001. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 5 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – Producteur : Ce terme désigne le propriétaire de la marque ou l’entité qui assume la plus grande part de responsabilité, notamment le franchisé, l’assembleur, le conditionneur, le premier importateur, le distributeur et ou détaillant 13 . 13 Atelier national sur la responsabilité élargie des producteurs, rapport final préparé pour le CCME par Marbek Resource Consultants, 2006. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 6 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – 4. ANALYSE DU PROBLÈME DE RESQUILLAGE AU CANADA 4.1 AMPLEUR ACTUELLE DU PROBLÈME Pour évaluer l’ampleur du problème de resquillage dans les programmes canadiens de REP et de gérance, nous avons puisé à deux sources : 1) des exemples documentés du phénomène dans l’inventaire des programmes de REP et de gérance d’Environnement Canada, mis à jour en 2006; 2) des entrevues téléphoniques avec des gestionnaires de programmes ou des agents de réglementation des programmes de REP au Canada (voir la section 2.3). Le tableau 4.1 ci-dessous présente quinze programmes canadiens qui sont touchés, à divers degrés, par le resquillage (dix programmes sont associés aux secteurs de l’électronique ou de l’emballage, contrairement aux cinq autres). Tableau 4.1 : Types de programmes touchés par des problèmes de resquillage Programme Organisation Secteurs de l’emballage ou de l’électronique Programme de recyclage de Association des brasseurs du Canada l’Association des brasseurs du Canada Programme de recyclage des contenants de boisson Programme de recyclage des contenants de boisson Programme de recyclage des contenants de boisson Programme de recyclage des contenants de boisson réutilisables Programme de recyclage des contenants de boisson Programme de recyclage des contenants de lait Programme de collecte sélective de l’Ontario Programme de gestion des produits du Manitoba Programme de recyclage des produits électroniques Autres secteurs Programme de récupération des huiles usagées Programme sur les huiles de graissage, les filtres et les contenants d’huile usagers Programme de récupération des huiles usagées du Québec Programme national de recyclage des piles Programme Éco-peinture du Québec Marbek Resource Consultants Ltd. AB Beverage Container Management Board Ministère de l’Environnement de la C.-B. et Encorp NFLD Multi-Materials Stewardship Board Type de programme Programme d’application volontaire d’envergure nationale, qui comporte des exigences obligatoires dans certaines provinces. Obligatoire. Obligatoire. Obligatoire. Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et des Forêts de l’Î.-P.-É. SARCAN (Sask.) Obligatoire. Obligatoire. Alberta Dairy Council Volontaire. Waste Diversion Ontario Obligatoire. Manitoba Product Stewardship Corporation Alberta Recycling Management Authority Obligatoire. Obligatoire. AB Used Oil Management Association Obligatoire. BC Used Oil Management Association Obligatoire. Société de gestion des huiles usagées Obligatoire. Société de recyclage des piles rechargeables Société québécoise de gestion écologique de la peinture Volontaire. Obligatoire. Page 7 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – Le tableau 4.2 donne plus de détails sur ces programmes, notamment sur les causes du resquillage, l’ampleur approximative du problème 14 et les solutions pour y remédier. Pour plus d’information sur les solutions, voir la section 6.4. 14 Pour les besoins de la présente étude, l’importance du problème a été évaluée selon le taux de resquillage : 0-10 % = faible; 11-20 % = moyenne; 20 % ou plus = grande. L’information est tirée de documents ou d’entrevues. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 8 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – Tableau 4.2 : Le problème de resquillage dans les programmes canadiens Programme Organisation Région Resquillage Causes Mécanisme utilisé Secteurs de l’électronique et de l’emballage Programme de recyclage de l’Association des brasseurs du Canada Association des brasseurs du Canada National Programme de recyclage des contenants de boisson Beverage Container Management Board (BCMB) Alb. Programme de recyclage des contenants de boisson Programme de recyclage des contenants de boisson Programme de recyclage des contenants de boisson réutilisables Encorp Canada ou ministère de l’Environnement de la C.-B. C.-B. Multi-Materials Stewardship Board (MMSB) TerreNeuve Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et des Forêts de l’Î.-P.-É. Î.-P.-É. Marbek Resource Consultants Ltd. Il s’agit d’un programme-cadre national pour les contenants réutilisables qui diffère • d’une province à l’autre. Dans ce cas-ci, le resquillage ne s’étend qu’à une petite quantité de contenants de bières importées non consignés. En Ontario, par exemple, tous les contenants de bières importées vendus conjointement par la LCBO et les magasins de bière sont consignés et, par conséquent, retournés aux magasins de bière pour recyclage. Les contenants de bières importées en vente exclusivement à la LCBO ne sont toutefois pas consignés. Ces contenants sont des resquilleurs – ils seront recyclés ou mis au rebut dans le cadre des programmes de recyclage municipaux ou retournés aux magasins de bière pour recyclage. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : faible. Le taux de resquillage est estimé à moins de 7 % dans le programme de l’Ontario. On peut donc présumer que le problème est aussi de faible importance dans les autres provinces. Tous les contenants de boisson vendus dans la province doivent être inscrits au y programme, et toutes les entreprises inscrites doivent verser une contribution. Le problème de resquillage a en grande partie été résolu : si un lieu de dépôt reçoit un contenant non inscrit, il ne rembourse pas la consigne. Si un resquilleur est repéré, le BCMB communique avec l’entreprise concernée – le resquilleur doit alors s’inscrire ou s’abstenir de vendre ses produits dans la province. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : faible. Tous les contenants de boisson vendus dans la province doivent être inscrits au y programme, et toutes les entreprises inscrites doivent verser une contribution. Le problème de resquillage a en grande partie été résolu : si un resquilleur pris en faute refuse d’adhérer au programme, les détaillants arrêtent de vendre son produit. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : faible. Tous les contenants de boisson vendus dans la province doivent être inscrits au programme, et toutes les entreprises inscrites doivent verser une contribution. Le problème de resquillage a en grande partie été résolu : si un lieu de dépôt reçoit un contenant non inscrit, il ne rembourse pas la consigne. Le MMSB fait fréquemment des vérifications ponctuelles aux points de vente pour repérer les resquilleurs. Si un resquilleur (non inscrit, mais qui vend dans la province) est repéré, le MMSB communique avec l’entreprise concernée – le resquilleur doit alors s’inscrire ou s’abstenir de vendre ses produits dans la province. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : faible. Tous les contenants de boisson vendus dans la province doivent être réutilisables. Le problème de resquillage a en grande partie été résolu grâce à des mesures coercitives au point de vente (détaillant). IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : faible. y Limites des pouvoirs publics Aucun Multiples joueurs y y y Multiples joueurs y y y Multiples joueurs y y y y Multiples joueurs y y y Cadre réglementaire Interdiction de vente au détail Vérifications ponctuelles Cadre réglementaire Interdiction de vente au détail Vérifications ponctuelles Cadre réglementaire Interdiction de vente au détail Vérifications ponctuelles Cadre réglementaire Amendes au point de vente Vérifications ponctuelles Page 9 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – Tableau 4.2 (suite) Programme Programme de recyclage des contenants de boisson Organisation SARCAN Région Sask. Programme de recyclage des contenants de lait Alberta Dairy Council Milk Container Recycling Program Alb. Programme de collecte sélective Waste Diversion Ontario Ont. Programme de gestion des produits du Manitoba Manitoba Product Stewardship Corporation Man. Resquillage Tous les contenants de boisson vendus dans la province doivent être inscrits au programme, et toutes les entreprises inscrites doivent verser une contribution. Le problème de resquillage a en grande partie été résolu : SARCAN tient une liste des contenants de boisson « autorisés » dans la province. Si SARCAN trouve un contenant de boisson non inscrit par le biais de son système de consignation, il en informe immédiatement le ministère des Finances, qui voit à ce que les producteurs ou propriétaires de marques concernés s’inscrivent au programme. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : faible. Tous les producteurs de lait de la province adhèrent au programme, mais un importateur refuse de s’y conformer. Les gestionnaires considèrent que ce refus ne fait pas obstacle à la bonne marche du programme. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : faible. Les problèmes de resquillage résultent de la conception même du programme : seuls les gestionnaires enregistrant des ventes de 2 millions et plus ou générant plus de 15 tonnes d’emballages en Ontario sont tenus de s’inscrire au programme. Dans ce programme, les resquilleurs sont : y des centaines de milliers de propriétaires de petites entreprises; y les ministères et organismes fédéraux qui font des envois sur support papier, car ils ne sont pas assujettis aux règlements provinciaux étant 15 sous administration fédérale ; y les magazines des États-Unis qui arrivent en Ontario par abonnement; y les ordinateurs constitués de pièces de différentes marques (plus d’un propriétaire de marque). IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : grande. Les problèmes de resquillage résultent de la conception même du programme : une redevance de 2 cents imposée sur les contenants de boisson doit financer la gestion de tous les matériaux d’emballage visés par le programme. Le Manitoba prévoit établir un OP pour l’ensemble des matériaux d’emballage et des papiers imprimés pour aider à financer le programme et ainsi atténuer le problème de resquillage. y y y y y y y y y Causes Multiples joueurs Mécanisme utilisé Cadre réglementaire y Vérifications ponctuelles y Ministère des Finances de la Saskatchewan y Multiples joueurs Cadre réglementaire insuffisant Aucun Conception du programme Multiples joueurs Limites des pouvoirs publics Propriétaire de marque non identifié y Conception du programme Multiples joueurs y y y Négociation avec les organismes fédéraux. Partenariats avec l’industrie. L’OIF paie le ministère de l’Environnement pour qu’il assure la conformité. Établir un OP pour les papiers afin d’égaliser un peu les règles du jeu. Il peut également y avoir des resquilleurs parmi les producteurs tenus de payer la redevance, mais qui s’abstiennent néanmoins de le faire. Les cas de ce genre semblent très peu nombreux. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : moyenne (attribuable à la conception du programme – pour les secteurs exemptés). 15 La possibilité de devenir gestionnaire volontaire est actuellement à l’étude. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 10 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP Programme Programme de recyclage des produits électroniques Programme de récupération des huiles usagées Programme sur les huiles de graissage, les filtres et les contenants d’huile usagers Organisation Alberta Recycling Management Authority Alberta Used Oil Management Association BC Used Oil Management Association Marbek Resource Consultants Ltd. Région Alb. Alb. C.-B. Resquillage Dans ce programme, les resquilleurs seraient de petits producteurs qui ne vendent pas leurs produits dans les grands magasins de détail, mais dans Internet. Les resquilleurs sont à l’origine d’environ 5 % des ventes électroniques dans la province. Tous les grands propriétaires de marques sont inscrits au programme et versent des contributions proportionnelles à leur volume de ventes. Toutes les grandes entreprises de vente par Internet ont participé à la conception du programme. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : faible. Un nombre restreint de petits producteurs qui ne sont pas membres de l’association industrielle sont considérés comme des resquilleurs du fait que leurs huiles usagées et produits connexes sont récupérés et pris en charge par le système. On estime que le programme permet de récupérer 77 % des huiles usagées, 97 % des filtres usagés et 57 % des contenants d’huile. Pour ce qui est du reste, un faible pourcentage est soupçonné de resquillage, tandis qu’un autre petit pourcentage serait couvert par le système sans pour autant être récupéré par les petits usagers. La redevance compte pour une part importante du prix de vente au détail – il y a donc un avantage concurrentiel à ne pas la facturer cette redevance pour un détaillant ou un producteur. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : faible. Un nombre restreint (5 à 10 %) de petits producteurs qui ne sont pas membres de l’association industrielle sont considérés comme des resquilleurs du fait que leurs huiles usagées et produits connexes sont récupérés et pris en charge par le système. On estime que le programme permet de récupérer 73 % des huiles usagées, 81 % des filtres usagés et 51 % des contenants d’huile. Pour ce qui est du reste, un faible pourcentage est soupçonné de resquillage, tandis qu’un autre petit pourcentage serait couvert par le système sans pour autant être récupéré par les petits usagers. La redevance compte pour une part importante du prix de vente au détail – il y a donc un avantage concurrentiel à ne pas la facturer cette redevance pour un détaillant ou un producteur. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : faible. – Rapport final – y y y y y y y Causes Multiples joueurs Limites des pouvoirs publics Avantage concurrentiel à ne pas imposer de frais directs y y y y y y Mise en application insuffisante Avantage concurrentiel à ne pas imposer de frais directs y Mise en application insuffisante Avantage concurrentiel à ne pas imposer de frais directs y y y y y y y y y Mécanisme utilisé Cadre réglementaire Délégation de pouvoirs à une tierce partie Suivi des circulaires Registre en ligne Modèle de gestion Recours à des agences de recouvrement. Cadre réglementaire Registre en ligne Amendes Vérifications ponctuelles Harmonisation entre les provinces Cadre réglementaire Registre en ligne Amendes Vérifications ponctuelles Harmonisation entre les provinces Page 11 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – Tableau 4.2 (suite) Programme Programme de récupération des huiles usagées du Québec Organisation Société de gestion des huiles usagées Programme national de recyclage des piles Société de recyclage des piles rechargeables National Programme Écopeinture du Québec Société québécoise de gestion écologique de la peinture Qc Marbek Resource Consultants Ltd. Région Qc Resquillage Il incombe aux propriétaires de marque ou aux premiers vendeurs de mettre en place un plan de récupération ou d’adhérer à la SOGHU. Parmi les cas possibles de resquillage, mentionnons : y Les municipalités ou les entreprises qui importent directement des huiles (c.-à-d. aucune vente au détail dans la province). y Les grands propriétaires de marques qui ont décidé d’administrer leur propre programme de récupération (au lieu de joindre la SOGHU) sont supposés récupérer les produits portant leur marque; cependant, ils ne font pas l’objet d’audit ni de vérification ponctuelle. Les représentants précisent également que les grands propriétaires de marques vendent et recyclent à l’occasion d’autres marques que les leurs, pour lesquelles aucune redevance n’est prélevée. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : inconnue. Les piles produites par des entreprises qui ne sont pas membres de la SRPR peuvent être retournées et recyclées au même titre que les piles produites par les membres. Aux États-Unis, l’agence de protection de l’environnement a décidé que les envois de piles non admissibles (envois mixtes) seraient retournés aux producteurs, à moins que ces derniers aient pris une entente particulière avec le centre de consolidation. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : inconnue. Des redevances sont perçues sur tous les produits de peinture vendus dans la province, même auprès des premiers importateurs. Un faible taux de resquillage est possible chez les petits producteurs locaux ou étrangers qui ne restent pas longtemps sur le marché et ne peuvent pas se permettre de payer les frais d’adhésion. IMPORTANCE DU RESQUILLAGE : faible. y y Causes Mise en application insuffisante Faille dans le programme (pas de vente au détail) Mécanisme utilisé Cadre réglementaire y Registre en ligne y Amendes y Vérifications ponctuelles y y Cadre réglementaire insuffisant Aucun y Joueurs multiples Frais d’adhésion élevés y y y Cadre réglementaire Vérifications ponctuelles Page 12 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP 4.2 – Rapport final – PRINCIPALES CAUSES DU RESQUILLAGE Le tableau 4.2 fait état des principales causes du resquillage dans les programmes de REP au Canada. L’information qui y est présentée provient d’un échantillon de programmes de REP – elle n’est donc pas exhaustive, mais est jugée représentative des principales causes au Canada. Les causes identifiées sont les suivantes : y y y y y y y limites des pouvoirs publics cadre réglementaire insuffisant mise en application insuffisante propriétaire de marque non identifié multiples joueurs/disponibilité de données systèmes reposant uniquement sur des frais imposés aux points de vente conception du programme. Les pages qui suivent donnent plus de détails sur chacune des causes identifiées et sur les principaux défis qui leur sont associés. Limites des pouvoirs publics – Les pouvoirs publics se sont avérés limités dans les cas suivants : y y y 16 Il arrive qu’un propriétaire de marque n’ait pas de présence physique au pays. Dans ces caslà, on demande généralement au premier importateur d’adhérer au programme. Les ventes Internet sont cependant dans une zone grise – il n’y a pas d’« importateur » dans le sens traditionnel du terme et, par conséquent, les autorités publiques n’ont pas de pouvoirs directs. Les petites entreprises de vente par Internet, difficiles à identifier, peuvent donc facilement se rendre coupables de resquillage. Il est cependant apparu que ces petits resquilleurs avaient peu d’impact, du moins dans le domaine de l’électronique, puisque les grandes entreprises représentent plus de 90 % du marché Internet. Il est donc plus avantageux de chercher en priorité à gagner l’adhésion des grandes entreprises 16 . En vertu de la loi, les ministères et organismes fédéraux, de même que les sociétés d’État, ne sont pas tenus de participer aux programmes de REP mis sur pied par les provinces et autres instances (une province n’a pas le pouvoir de réglementer les activités du gouvernement fédéral). En tant que producteurs de déchets (papiers imprimés), les organismes fédéraux sont considérés comme des resquilleurs s’ils ne participent pas aux programmes de REP en vigueur 17 . Les gouvernements fédéral et provinciaux ont des mandats très différents dans le secteur des déchets – seuls le transport et l’élimination des déchets dangereux relèvent clairement du gouvernement fédéral dans ce secteur, alors que les « déchets de consommation » relèvent traditionnellement des provinces/territoires. Cette situation a donné lieu à la création d’un ensemble disparate de programmes et de règles au pays pour la gestion des déchets d’emballages et électroniques. Ce manque d’uniformité est propice au resquillage. Alberta Recycling Management Authority, communication personnelle, 2006. 17 Dans d’autres cas, comme l’emballage, la peinture, les pneus et l’électronique, le gouvernement fédéral est un consommateur et non un producteur. Dans la mesure où il verse une contribution aux programmes par l’entremise des redevances prélevées à l’achat, le gouvernement fédéral ne sera pas considéré comme un resquilleur. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 13 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – Cadre réglementaire insuffisant – Il est prouvé que l’usage d’un cadre réglementaire égalise les règles du jeu et réduit le taux de resquillage. Dans la plupart des cas, les gestionnaires des programmes à l’étude avaient recours à des règlements cadres pour faciliter l’application. Les gestionnaires de certains programmes d’application volontaire ont indiqué qu’ils préféreraient pouvoir s’appuyer sur des règlements pour réduire le taux de resquillage. Mise en application insuffisante : Certains gestionnaires ont indiqué qu’une mise en application insuffisante est une importante cause de resquillage, car l’application de la réglementation est indispensable pour offrir des conditions égales à tous les producteurs. Cette cause comporte deux éléments : y y Un manque de clarté des rôles et responsabilités en matière d’application (par exemple, les responsabilités de l’organisme de gestion autonome, de l’association d’industries et des deux ordres de gouvernement – provincial et fédéral). Un manque de ressources (ou de volonté politique) pour mettre en oeuvre les mesures d’application. Propriétaire de marque non identifié : Dans le cadre de certains programmes, il est difficile d’identifier le propriétaire de la marque ou le premier importateur, et ce en partie par manque d’information et en partie par un manque de volonté politique de la part de divers organismes gouvernementaux, peu enclins à collaborer et à échanger de l’information. Multiples joueurs/disponibilité de données : Généralement, les gestionnaires de programmes interviewés ont indiqué que le fait de devoir identifier et surveiller de nombreux joueurs et communiquer avec eux sans disposer des données requises avait contribué au problème de resquillage. Parmi les données requises, mentionnons les coordonnées professionnelles des entreprises de vente au détail en affaire dans chaque province/territoire, ainsi que l’information sur les déplacements des produits (de la manufacture au détaillant ou entre les provinces, p. ex.). Ces éléments d’information sont essentiels pour déterminer si une entreprise doit prendre part au programme. Pour obtenir les coordonnées dont ils ont besoin, les gestionnaires de programmes réussissent souvent à s’entendre avec les grands détaillants pour consulter leurs listes de fournisseurs; par contre, il est très rare que l’information sur les déplacements des produits soit accessible, et ce dans l’ensemble des programmes étudiés. Systèmes reposant uniquement sur des frais imposés aux points de vente – Cette cause comporte deux dimensions : y L’imposition de frais aux points de vente peut contribuer au problème de resquillage parce certains petits producteurs ou détaillants, pour être plus compétitifs, seront tentés de ne pas imposer ni payer ces frais. Par exemple, supposons que le prix de vente d’un filtre à huile est de 5 $ plus des frais visibles de 0,50 $ pour le recyclage du filtre usagé. Un petit producteur qui n’impose pas et ne paie pas ces frais jouit d’un avantage concurrentiel par rapport aux autres producteurs, parce qu’il pratique un prix plus bas en magasin 18 . 18 Selon l’OCDE, les producteurs qui imposent et paient des redevances (visibles ou non) ne sont pas enclins à adopter des mesures d’écoconception pour réduire les coûts de gestion des déchets associés à leurs produits. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 14 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP y – Rapport final – Dans le cas des ventes par Internet, lorsque le système repose uniquement sur des frais imposés aux points de vente, les risques de resquillage sont plus élevés, car certains joueurs échappent au système de prélèvement. À l’inverse, les systèmes qui obligent les producteurs à verser une contribution proportionnelle à leur volume de ventes à un organisme de gestion autonome ont plus de chances de couvrir les ventes par Internet. Les gros joueurs peuvent s’inscrire au programme et verser une contribution proportionnelle à leur volume de ventes par Internet (ils ont le choix d’incorporer ou non ce coût au prix de détail). Conception du programme – Le resquillage, en plus d’être dû aux causes mentionnées plus haut, peut être une caractéristique de conception du programme. Deux programmes de REP visant plusieurs types d’emballages étaient à l’étude. En raison de la diversité des emballages visés, d’un marché d’une extrême complexité et du grand nombre de joueurs en cause, ces programmes sont, de par leur conception, à l’origine de problèmes de resquillage. Ce genre de resquillage est préoccupant, parce que les producteurs qui paient les coûts associés au programme se retrouvent dans une situation inéquitable. D’un point de vue administratif, toutefois, de tels programmes peuvent s’avérer rentables et obtenir un taux élevé de participation. Il faut préciser que les caractéristiques de conception d’un programme ne peuvent réduire le resquillage que dans une certaine mesure. Les recherches ont démontré qu’un faible taux de resquillage est probablement inévitable (voire toléré) dans tous les programmes à l’étude. Lorsque vient le temps de prendre une décision au sujet de la conception d’un programme, il faut mettre en balance, d’une part, l’importance du resquillage et les perturbations qu’il provoque sur le marché avec, d’autre part, le fardeau financier que représenterait un programme conçu pour mettre en échec tous les petits resquilleurs. 4.3 RÉSUMÉ Le présent sommaire porte sur les quinze programmes énumérés dans le tableau 4.1. Il s’agit de neuf programmes sur les emballages, trois programmes sur les huiles usées, un programme sur la peinture, un sur les piles et un sur les produits électroniques. Puisque le secteur de l’électronique est d’une importance primordiale dans cette étude, nous avons étudié ce programme plus en détail que les autres. L’étendue et les causes du problème de resquillage varient d’un programme à l’autre au Canada. Dans la plupart des programmes étudiés, le problème est jugé d’importance mineure. Dans d’autres, cependant, le problème est un peu plus grave. Le resquillage peut éventuellement porter atteinte à la viabilité financière des programmes de REP, mais ce n’est pas le cas pour l’instant dans la plupart des programmes au Canada. Des situations inéquitables ont cependant été constatées dans tous les cas de resquillage passés en revue, indépendamment de l’étendue du problème. À en juger par les programmes décrits dans le tableau 4.2, il est souvent plus facile de résoudre ce problème si les programmes ciblent un seul type d’emballage (p. ex. les systèmes de consignation des contenants de boisson) que s’ils visent plusieurs types d’emballages ou de produits. Étonnamment, dans le secteur de l’électronique, les gestionnaires des programmes et les organes de réglementation estiment que les cas de resquillage sont peu nombreux (compte tenu de la Marbek Resource Consultants Ltd. Page 15 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – hausse des ventes d’ordinateurs par Internet au Canada 19 ). Grâce à de bons mécanismes (p. ex. un bon cadre réglementaire; un programme bien conçu, qui oblige les producteurs à verser une contribution proportionnelle à leur volume de ventes; un modèle de gestion, qui permet de recourir à des moyens juridiques et à des agences de recouvrement; la délégation des pouvoirs d’application prévue par la loi; une surveillance et une mise en application actives; une collaboration constante avec les associations d’industries [voir la section 6]), le Programme de recyclage des produits électroniques de l’Alberta ne connaît pas de véritable problème de resquillage dû aux ventes par Internet. Tous les grands producteurs qui vendent par Internet sont inscrits au programme de la province et versent une contribution proportionnelle à leur volume de ventes. Les quelques cas de resquillage recensés sont le fait de petits producteurs qui pratiquent la vente par Internet. Il convient cependant de souligner que les risques de resquillage demeurent élevés dans les autres provinces – l’ampleur des risques dépend essentiellement de la conception des programmes, des dispositions réglementaires et du niveau de participation des grandes entreprises qui pratiquent la vente par Internet. Ce résumé du phénomène de resquillage au Canada concorde avec certains des grands points soulevés dans un manuel de l’OCDE. L’OCDE énumère les principaux problèmes de resquillage qui surviennent dans le cadre des programmes de REP et de gérance des produits, à savoir 20 : y y y y y Des producteurs qui participent à des programmes exigeant des contributions basées sur le volume de ventes ne déclarent pas la totalité des produits qu’ils mettent sur le marché. Des producteurs s’abstiennent de s’inscrire à des programmes qui imposent des frais d’inscription. Les producteurs se rendent coupables de resquillage en payant leurs redevances dans une région où celles-ci sont basses et en vendant leurs produits dans une région où les redevances sont élevées (systèmes régionaux à grilles tarifaires variables). Des récupérateurs mélangent des produits pour lesquels une redevance a été acquittée à des produits pour lesquels aucune redevance n’a été acquittée. Des consommateurs déposent des produits ou des emballages pour lesquels aucune redevance n’a été acquittée dans des bacs de récupération (il est d’autant plus tentant de le faire que les coûts de gestion des déchets sont élevés). L’OCDE reconnaît que le resquillage est plus courant dans les programmes qui touchent des milliers de producteurs/de multiples joueurs (les emballages en général, p. ex.) que dans les programmes ciblant des marchés plus concentrés (les systèmes de consigne pour les contenants de boisson). En outre, l’OCDE mentionne que le degré ou le mode d’application d’un programme peut avoir un impact sur la compétitivité des entreprises. Par exemple, le resquillage « post-adhésion », qui survient lorsque des entreprises ayant adhéré à un programme négligent d’honorer leurs obligations, peut changer le profil de la concurrence. Les entreprises peuvent, en effet, décider de ne pas honorer leurs obligations eu égard à la reprise, au recyclage ou à l’utilisation des matériaux recyclés. Les entreprises qui se rendent coupables de resquillage post-adhésion par le 19 Environ 20 % des ordinateurs de bureau sont vendus directement par Internet. Recyclage des produits électroniques Canada, communication personnelle, 2006. 20 OCDE, Responsabilité élargie des producteurs : manuel à l’intention des pouvoirs publics, 2001. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 16 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – non–respect de leurs obligations bénéficient généralement d’un avantage concurrentiel sur les entreprises qui honorent leurs obligations en vertu du programme 21 . 21 OCDE, Analytical Framework For Evaluating The Costs And Benefits Of Extended Producer Responsibility Programmes, 2005. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 17 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – 5. LES PROBLÈMES DE RESQUILLAGE AILLEURS DANS LE MONDE 5.1 INTRODUCTION La présente partie fait état de l’information recueillie lors d’une revue de la littérature et d’entrevues menées auprès de personnes ressources de divers pays. La section 5.2 explique le contexte du resquillage dans l’Union européenne et aux États-Unis, en accordant une attention particulière aux secteurs de l’électronique et de l’emballage. La section 5.3 présente une série d’études de cas qui, selon des experts du domaine, sont de bons exemples de solutions à ce problème. La section 5.4 fait un survol de la documentation publiée sur la question sur la scène internationale. 5.2 CONTEXTE 5.2.1 Produits électroniques En 2003, l’Union européenne (UE) promulguait la Directive relative aux déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). L’UE compte 25 États membres qui doivent mettre sur pied leurs propres programmes pour se conformer à la Directive. Les exigences de la Directive ne visent pas directement les entreprises et les consommateurs, mais les États membres de l’UE. L’UE peut infliger des pénalités aux États membres qui ne se conforment pas à la Directive. Les producteurs peuvent mettre en place des systèmes de gestion sur une base individuelle ou collective. La Directive établit des objectifs distincts pour la réutilisation, le recyclage et la valorisation, qui sont exprimés en quantité (poids) de matériaux récupérés. La Directive DEEE a un champ d’application très large, qui englobe les produits importés et les produits vendus dans Internet. Dix catégories de produits sont visées par la Directive 22 . 1. Gros appareils ménagers (réfrigérateurs, lave-linge, cuisinières, etc.) 2. Petits appareils ménagers (aspirateurs, grille-pain, sèche-cheveux, etc.) 3. Équipements informatiques et de télécommunications (ordinateurs et périphériques, téléphones cellulaires, calculatrices, etc.) 4. Matériel grand public (radios, téléviseurs, chaînes stéréo, etc.) 5. Matériel d’éclairage (lampes fluorescentes, lampes à vapeur de sodium, etc.) 6. Outils électriques et électroniques (foreuses, scies, machines à coudre, etc.) 7. Jouets, équipements de loisir et de sport (trains électriques, jeux vidéo, etc.) 8. Dispositifs médicaux (ventilateurs, matériel de cardiologie, matériel de radiothérapie, etc.) 9. Instruments de contrôle et de surveillance (détecteurs de fumée, thermostats, panneaux de contrôle, etc.) 10. Distributeurs automatiques (appareils qui distribuent des produits comme des boissons chaudes). En 2006, l’Union européenne a mené une étude sur le phénomène de resquillage dans sept programmes de recyclage de produits électroniques mis sur pied en réponse à la 22 Inform, Strategies for a Better Environment, European Union Electrical and Electronic Products Directives, 2003 Marbek Resource Consultants Ltd. Page 18 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – Directive DEEE. Selon cette étude, le taux de resquillage se chiffrerait entre 10 et 20 % par volume de produits mis en marché 23 . Deux études de cas portant sur le secteur de l’électronique dans des pays de l’Union européenne sont présentées à la section 5.3. Aux États-Unis, deux États viennent de mettre en oeuvre des programmes obligatoires de recyclage des produits électroniques – le Maine et la Californie. Le Maine recourt à un système qui oblige les producteurs à verser une contribution proportionnelle à la quantité de produits électroniques récupérés pour être recyclés par des centres agréés par l’État. Selon les renseignements obtenus auprès de l’État du Maine, le taux de resquilleurs est estimé à moins de 10 % dans ce programme. Par contre, les agents chargés d’appliquer le programme ont indiqué que les coûts de fonctionnement étaient extrêmement élevés à cause de la conception même du programme (facturation des producteurs en fonction du volume réel de produits récupérés en fin de vie pour recyclage). Le programme de la Californie n’est pas encore entièrement en vigueur. Les dispositions réglementaires qui encadrent le programme ont été adoptées en novembre 2006 (au moment de rédiger le présent rapport). Le programme du Minnesota (qui pourrait avoir une dimension régionale et s’étendre aux États voisins) est en phase préparatoire. En vertu de ce programme, les producteurs devront verser des redevances proportionnelles à leurs volumes de ventes, comme dans le programme de l’Alberta. 5.2.2 Emballage L’UE a promulgué la Directive relative aux emballages et aux déchets d’emballages en 1994 24 . Cette directive est destinée à harmoniser les mesures nationales pour prévenir ou réduire l’impact des emballages et des déchets d’emballages sur l’environnement ainsi que pour assurer le bon fonctionnement du marché du recyclage. Elle contient des dispositions sur la prévention des déchets d’emballages, sur la réutilisation des emballages ainsi que sur la valorisation et le recyclage des déchets d’emballages. En tenant compte des politiques de gestion des déchets en vigueur à l’échelle nationale, les États membres ont mis en place des systèmes distincts pour remplir les exigences énoncées dans la Directive, tant en ce qui concerne les dispositions législatives que les stratégies d’application. Dans huit États membres, un système de « points verts » a été mis en place. En adhérant à ce système, les producteurs d’emballages transfèrent leur obligation de reprise à une OP en échange d’une contribution annuelle qui varie selon les types de matériaux d’emballage utilisés et selon la quantité d’emballages mis sur le marché (Commission européenne, European Packaging Waste Management Systems, 2001). Dans beaucoup de programmes européens, on estime que le taux de resquillage est élevé, car il est plus difficile d’identifier un responsable dans le cas des emballages que dans celui des produits. Une étude de 2006 25 fait état de taux de resquillage allant de 10 à 50 % dans différents programmes obligatoires européens dédiés aux emballages. Selon 23 The Product Stewardship Movement: Understanding Costs, Effectiveness, and the Role for Policy, Resources for the Future, 2002. 24 Nous n’avons pas trouvé de programmes de REP comparable aux États-Unis dans le domaine de l’emballage. 25 Effectiveness of Packaging Waste Management Systems in Selected Countries: a European Environment Agency Pilot Study, 2005. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 19 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – les données disponibles, le problème de resquillage serait essentiellement attribuable au manque de procédures de vérification pour contrôler les volumes de ventes déclarés (les contributions à verser sont calculées en fonction des volumes de ventes). Deux études de cas portant sur le secteur de l’électronique dans des pays de l’Union européenne sont présentées à la section 5.3. Aucun programme comparable n’a été identifié aux États-Unis. 5.3 ÉTUDES DE CAS PORTANT SUR LES SECTEURS DE L’ÉLECTRONIQUE ET DE L’EMBALLAGE Dans la présente section, nous présentons quatre études de cas sur des programmes de REP qui ont abordé le problème du resquillage chacun à leur façon. Deux études touchent le secteur de l’électronique et deux études, le secteur de l’emballage. Les études de cas ont été sélectionnées selon les critères suivants : les situations de resquillage ont été prises en charge avec succès (intérêt particulier pour les situations qui ont été jugées problématiques dans les programmes canadiens étudiés); le problème du resquillage y est abordé de façon originale; selon les données disponibles, le programme permet de régler des cas de resquillage (de l’avis des personnes interviewées pour la présente étude). Les deux études de cas sur l’emballage portent sur des programmes qui ciblent plusieurs types d’emballages, analogues en cela aux programmes canadiens présentés dans le tableau 4.2. À la lecture de ces études de cas, on constate cependant que les deux programmes utilisent des mécanismes très différents de ceux des programmes canadiens. Les deux études de cas du secteur de l’électronique portent sur des programmes de conception différente : le premier programme repose sur l’imposition d’une redevance visible au point de vente (comme le programme canadien présenté dans le tableau 4.2), tandis que l’autre programme facture le coût du recyclage des produits électroniques en fin de vie directement au producteur, en fonction de la quantité (en poids) de produits recyclés portant la marque dudit producteur. Les spécialistes du domaine considèrent que tous les programmes étudiés combattent efficacement le problème du resquillage, sans toutefois parvenir à l’éradiquer complètement. Les études de cas sont les suivantes : y y y y L’ordonnance relative aux emballages du gouvernement allemand (emballages multiples) Le décret des Pays-Bas sur les emballages (emballages multiples) Belgique – le programme Recupel (secteur de l’électronique) Pays-Bas – le programme ICT Milieu (secteur de l’électronique). Chaque étude de cas présente une vue d’ensemble du programme et un aperçu des mécanismes qui ont permis aux gestionnaires de s’attaquer avec efficacité au problème du resquillage. Les données sont tirées des documents de référence disponibles et de communications personnelles dans le cas de deux études de cas. ÉTUDE DE CAS NO 1 ORDONNANCE RELATIVE AUX EMBALLAGES DU GOUVERNEMENT ALLEMAND Marbek Resource Consultants Ltd. Page 20 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP Vue d’ensemble Type de programme Entrée en vigueur Objectifs Financement Organe de gestion Suivi et déclaration Éléments originaux Resquillage Mécanismes pour remédier au resquillage – Rapport final – En vertu de l’ordonnance sur la prévention et la valorisation des déchets d’emballages (l’ordonnance sur l’emballage), le commerce et l’industrie ont l’obligation légale de reprendre et de recycler les emballages de transport, les suremballages et les emballages de vente. Promulguée en 1991, l’ordonnance a été modifiée en 1998. Elle établit une hiérarchie de la gestion des déchets d’emballages. La priorité première est d’éviter ou de réduire les déchets d’emballages. En second lieu, l’ordonnance demande de réutiliser ou de recycler les emballages usagés en les réintroduisant dans le cycle de production. C’est donc dire que seuls les déchets d’emballages qui ne peuvent pas être évités ni réutilisés ni recyclés peuvent être éliminés par incinération ou enfouissement. Le commerce et l’industrie peuvent se libérer de leur obligation de reprise des emballages de vente usagés s’ils adhèrent à un système national de collecte, de tri et de recyclage de ces emballages (par exemple, le Duales System Deutschland GmbH). Le premier importateur doit se conformer au règlement. Pour fournir une preuve de leur adhésion, les producteurs sont tenus de signer un contrat avec le gouvernement fédéral; ce contrat les autorisera à apposer une marque de commerce (point vert) sur leurs emballages pour prouver qu’ils ont payé les frais de recyclage y afférents. Le contrat en question est un contrat de licence, protégé par des lois sur le droit d’auteur. Obligatoire 1991 La version modifiée de l’ordonnance établit des objectifs de recyclage pour les emballages de vente usagés. Ces objectifs, dont l’atteinte est obligatoire, varient selon le type de matériau. En vertu de l’ordonnance, les coûts de la collecte, du tri et du recyclage des emballages sont supportés uniquement par les détenteurs de licences. Les conditionneurs représentent la majeure partie des détenteurs de licences. Il est impossible de déterminer avec précision dans quelle mesure les parties responsables transfèrent ces coûts aux consommateurs. Un OP centralisé administre les programmes de collecte et de recyclage de différents matériaux d’emballages contre le versement de droits de licence – il s’agit du Duales System Deutschland (DSD). Cet OP prend en charge 92 % des déchets d’emballages en Allemagne. L’ordonnance établit des exigences de déclaration. Grâce à des subventions, l’industrie chimique peut développer de nouvelles techniques de recyclage des déchets d’emballages. Les techniques de recyclage avaient recours à des procédés traditionnels pour convertir les déchets de plastique en nouveaux produits de plastique. Pour atteindre les quotas, il a fallu trouver d’autres procédés de conversion pour créer de nouveaux marchés pour les matériaux de récupération. L’accent est mis sur les nouvelles techniques de recyclage pour la valorisation des huiles, de l’essence et des produits chimiques ainsi que sur l’utilisation du plastique comme agent réducteur dans la production d’acier. Le taux de resquillage est évalué à 20 % environ. Parmi les cas de resquillage relevés dans ce programme, mentionnons : y L’utilisation du « point vert » sans le l’acquittement des droits de licence. y Les volumes de ventes déclarés au DSD ne correspondent pas à la réalité (ces données sont utilisées pour estimer le volume d’emballages mis sur le marché et les droits de licence à verser au DSD). y Les déchets pour lesquels aucun droit de licence n’a été acquitté sont pris en charge par le système (les ménages négligent de mettre de côté les emballages qui ne portent pas le point vert, de sorte que les producteurs non participants profitent gratuitement du service). y Utilisation d’un contrat de licence : L’utilisation autorisée de la marque de commerce (point vert) sur l’emballage montre que les frais de recyclage ont été acquittés par le producteur pour cet emballage (un solide cadre légal protégé par des lois sur le droit d’auteur). y Recours à un organe de gestion : Les entreprises qui n’adhèrent pas au système de points verts sont tenues de présenter des déclarations annuelles pour prouver qu’elles sont capables d’atteindre les mêmes quotas de collecte, de tri et de recyclage que le DSD. À la suite des modifications apportées à l’ordonnance, qui imposent aux non–participants les mêmes responsabilités qu’aux participants, beaucoup d’entreprises ont décidé d’adhérer au DSD. y Imposition d’amendes : Les entreprises qui ne remplissent pas les exigences du DSD ou qui déclarent de faux renseignements peuvent se voir infliger des amendes. y Ententes visant à associer les détaillants au processus de vérification : Le DSD peut exiger la vérification, par un cabinet d’experts-comptables indépendant, des quantités d’emballages Marbek Resource Consultants Ltd. Page 21 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP y – Rapport final – (avec point vert) déclarées par les détenteurs de licences pour s’assurer qu’elles ne sont pas inférieures à la réalité. Il existe maintenant des ententes officielles entre les détaillants et le DSD, en vertu desquelles les détaillants peuvent déduire directement les droits de licence des paiements à leurs fournisseurs si ceux-ci ont omis de soumettre des « comptes de points verts » vérifiés. Mesures incitatives : Pour régler le problème associé à la mauvaise utilisation des bacs par les consommateurs, les autorités ont modifié la structure incitative applicable aux collecteurs de déchets et encouragé les pressions par les pairs. Les collecteurs étaient auparavant payés en fonction du poids de matériaux collectés; ils sont maintenant payés seulement pour la portion de matériaux qu’ils auraient dû collecter. Cette mesure les incite à rejeter tous les matériaux pour lesquels aucun droit n’a été acquitté (c.-à-d. les emballages sans point vert). Marbek Resource Consultants Ltd. Page 22 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP ÉTUDE DE CAS NO 2 Vue d’ensemble Type de programme Entrée en vigueur Objectifs Financement Organe de gestion Suivi et déclaration Éléments originaux Resquillage Mécanismes – Rapport final – DÉCRET DES PAYS-BAS SUR LES EMBALLAGES Les Pays-Bas ont pris tout un éventail de mesures dans le domaine de l’emballage, et leur système a énormément évolué dans les dix dernières années. Le décret relatif à la gestion des emballages, des papiers et des cartons (décret sur l’emballage) est entré en vigueur en 2006. Aux termes de ce décret, les entreprises sont tenues de récupérer et de recycler tous les emballages qu’elles mettent sur le marché. Le décret est venu remplacer l’entente sur l’emballage. La principale différence entre le décret et l’entente est que les municipalités et les entreprises ne sont plus conjointement responsables de la gestion des déchets d’emballages. Le décret confie l’entière responsabilité de la collecte et du recyclage des déchets d’emballages aux entreprises. Un OP a été établi pour coordonner la collecte et le recyclage de l’ensemble des emballages. Les entreprises qui décident de ne pas adhérer à l’OP doivent organiser elles-mêmes la collecte et le traitement de leurs déchets et en assumer les frais. Les entreprises doivent également utiliser le moins de matériau d’emballage possible et concevoir des emballages recyclables. Le décret est par ailleurs encadré par le règlement sur les emballages et les déchets d’emballages, en vertu duquel toute personne qui met en marché un produit emballé aux Pays-Bas est tenue de réduire la quantité de déchets d’emballages, de recycler les déchets d’emballages et de rendre compte de ses résultats à cet égard. Les autres membres de la chaîne ont le devoir de coopérer en aidant le producteur ou l’importateur à remplir ses obligations. Les emballages importés sont eux aussi assujettis aux dispositions du règlement. Obligatoire Le programme a été créé aux termes de la première (1991) et de la deuxième (1997) entente d’application volontaire. La troisième entente d’application volontaire a été signée en 2002. Le décret, qui remplace les trois ententes, est entré en vigueur en 2006. En vertu du décret, les entreprises sont tenues de récupérer et de recycler 65 % de tous les déchets d’emballages. Des objectifs distincts sont établis pour chaque type de matériau. Les producteurs paient une contribution annuelle pour être membre de l’OP. L’OP assume toutes les obligations des entreprises en vertu du décret. Parmi ces obligations, mentionnons l’établissement d’un système de collecte, les consultations avec les municipalités, les projets de prévention, le suivi et la production de déclarations au ministère du Logement, de l’Aménagement de l’espace et de l’Environnement. L’OP réclame une contribution fixe pour la prise en charge de ces activités; il y a trois niveaux de contribution, qui varient selon la quantité totale d’emballages commerciaux et domestiques mis en marché chaque année. Les entreprises qui mettent en marché 15 000 kilogrammes de déchets d’emballages ou plus versent également un montant variable en plus de la contribution. L’importance de ce montant dépend de la quantité et du type de matériau d’emballage utilisé. Chaque année, les entreprises déclarent les quantités d’emballages qu’elles mettent sur le marché. Elles sont facturées sur la base de cette déclaration. Les montants versés sont remis aux municipalités pour financer le système de collecte et de recyclage des matériaux. L’OP réclame un petit montant forfaitaire annuel aux petites entreprises. Un OP, appelé Nedvang, a été créé pour aider les entreprises à se conformer au décret. Nedvang organise les services de collecte et de recyclage pour les membres. Pour ce faire, il conclut des ententes de service avec les municipalités. Nedvang s’occupe également de présenter les déclarations de l’ensemble des membres au ministère du Logement, de l’Aménagement de l’espace et de l’Environnement. Les entreprises sont tenues de déclarer au ministère du Logement, de l’Aménagement de l’espace et de l’Environnement la quantité de matériaux d’emballage qu’elles utilisent et de rendre compte, chaque année, des mesures qu’elles ont prises pour réduire l’impact de leurs emballages sur l’environnement. Les membres de l’OP sont censés prendre des mesures énergiques pour réduire la pollution attribuable à leurs emballages. Chaque année, les entreprises doivent déclarer les quantités d’emballages qu’elles mettent sur le marché intérieur. Lorsque le programme était d’application volontaire, les entreprises membres de la chaîne n’avaient pas toutes signé la première entente, ce qui avait créé un problème de resquillage. Maintenant que le programme est obligatoire, le problème de resquillage s’est atténué. Aucune estimation du taux de resquillage n’est disponible. y Cadre réglementaire : Après 15 ans d’un régime d’application volontaire, le gouvernement a Marbek Resource Consultants Ltd. Page 23 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP pour remédier au resquillage y y y – Rapport final – décidé de recourir à un instrument réglementaire pour obtenir la participation de tous les producteurs. Codes barres : Grâce aux codes barres, les machines de récupération reconnaissent automatiquement les bouteilles PET qui ne font pas partie du système. Les bouteilles PET qui n’ont pas le bon code barres (indiquant que la consigne a été payée) sont rejetées par la machine de récupération. Mise en application : Le Ministère a suffisamment de ressources pour assurer un suivi auprès des entreprises reconnues coupables de resquillage par l’OP. Autosurveillance : Les membres de l’OP connaissent mieux le marché que les représentants du gouvernement et réussissent à combattre le resquillage par l’autosurveillance. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 24 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP ÉTUDE DE CAS NO 3 Vue d’ensemble Type de programme Entrée en vigueur Objectifs Financement Organe de gestion Suivi et déclaration Éléments originaux Resquillage Mécanismes pour remédier au resquillage – Rapport final – PROGRAMME RECUPEL DE LA BELGIQUE Recupel est un organisme qui assure la collecte, le transport et traitement des DEEE en Belgique. La convention à l’origine de la création de Recupel est entrée en vigueur le 1er juillet 2001. Recupel est un organisme sans but lucratif, qui ne reçoit aucune aide financière du gouvernement et dont l’activité est financée par une redevance visible sur les nouveaux produits électroniques imposée aux points de vente. L’objectif de la convention est d’établir un régime d’obligations qui permettra de retourner les DEEE aux producteurs. Les consommateurs peuvent se défaire de leurs DEEE chez un détaillant à l’achat de nouveaux appareils électroniques ou encore, gratuitement, dans un centre de collecte des déchets. Il existe environ 18 000 points de ramassage des DEEE – ce sont les détaillants (20 % du volume) et les centres de collecte des déchets et autres centres à vocation sociale (80 % du volume). Pour honorer leurs obligations, les producteurs ou importateurs peuvent choisir l’une des solutions suivantes : 1. Mettre en place un plan de gestion interne des DEEE approuvé par les autorités. 2. Charger un organisme agréé de remplir l’obligation de reprise à leur place. 3. Avec d’autres producteurs de leur région, adhérer à une convention environnementale qui précisera les règles à suivre pour respecter les obligations. Obligatoire 2001 Il y a des objectifs obligatoires à atteindre, conformément à la Directive sur les DEEE de l’UE. Les producteurs assument les coûts de collecte et de recyclage des DEEE, mais confient la responsabilité de ces activités à Recupel. Les coûts sont ensuite transférés aux consommateurs. En effet, au moment de l’achat d’un appareil électrique ou électronique, le consommateur paie une part des frais de recyclage en versant une contribution fixe qui varie selon le type d’appareil acheté. Le montant de la contribution doit être affiché séparément chez le détaillant et apparaître aussi séparément sur la facture. Les producteurs, importateurs et détaillants n’ont pas le droit de vendre des appareils électriques ou électroniques pour lesquels aucune contribution n’a été versée. Cette contribution visible et le mécanisme de financement connexe ont été conçus spécialement pour ce programme. Le système ne recourt à aucun mécanisme fiscal officiel. Recupel compte cinq organismes de gestion sectoriels qui s’occupent de catégories de produits différentes. Chacun de ces organismes finance des entreprises chargées d’assurer à long terme la gestion des ressources et des charges associées aux DEEE dans un secteur donné. Recupel chapeaute ces organismes et s’occupe de l’administration journalière des services de collecte et de traitement, ainsi que de la gestion à court terme des ressources et des charges. 1. RECUPEL A/V (appareils audio-vidéo) 2. RECUPEL SDA (petits appareils électroménagers) 3. RECUPEL ICT (TI, équipement de bureau et de télécommunications) 4. B/W-RECUPEL (appareils électroménagers) 5. RECUPEL ET&G (outillage électrique et de jardin) Recupel tient un registre des entreprises oeuvrant dans le secteur des produits électroniques et se fait un devoir de communiquer les noms des contrevenants aux autorités. L’organisme emploie plusieurs personnes à temps plein pour assurer les services de vérification et de suivi. y Pour assurer des services de recyclage et des ressources logistiques suffisants, Recupel s’en est remis uniquement aux forces du marché. Deux nouveaux centres de recyclage à vocation commerciale ont vu le jour en réponse aux signaux du marché lancés par Recupel. y Contrairement aux autres systèmes de reprise auxquels participent les détaillants, le système Recupel ne rembourse pas les détaillants pour leur participation, puisque ceux-ci ont l’obligation légale de reprendre un produit arrivé à la fin de sa vie utile à l’achat d’un produit équivalent. Le resquillage attribuable aux ventes par Internet est estimé à 10 % du volume du marché. y Recours à un organisme de gestion central : L’OP a les ressources requises pour faire le suivi des entreprises de produits électroniques actives sur le marché. y Mise en application : Le gouvernement a les ressources qu’il faut pour assurer le suivi des entreprises trouvées coupables de resquillage. y Détaillants : Ayant l’obligation légale de reprendre les produits électriques et électroniques rebutés, les détaillants sont intégrés à la chaîne de responsabilité des producteurs/fournisseurs. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 25 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP ÉTUDE DE CAS NO 4 Vue d’ensemble Type de programme Entrée en vigueur Objectifs Financement Organe de gestion Suivi et déclaration Éléments originaux Resquillage – Rapport final – PROGRAMME ICT MILIEU DES PAYS-BAS Le programme ICT Milieu assure la reprise des ordinateurs, des imprimantes, des télécopieurs, des photocopieurs et des téléphones. En vertu de ce programme, les producteurs et importateurs sont tenus de reprendre et de traiter leur équipement arrivé en fin de vie. Le programme fait appel à un système de collecte à deux niveaux constitué de 540 centres de collecte municipaux et de 65 dépôts de collecte et de tri régionaux, ainsi qu’à un système de reprise par le détaillant. Au départ, les responsables du programme avaient établi un système de financement qui reposait sur une contribution annuelle fixe, à laquelle s’ajoutait une redevance (par kilo d’équipement retourné et traité). La redevance correspondait au coût réel de la collecte, du tri et du traitement des produits des fabricants. En janvier 2003, ce système a été remplacé par un système axé sur les « parts du marché », conçu par un groupe de travail de l’industrie. Aux termes du décret sur la gestion des DEEE et du règlement de 2004 sur la gestion des DEEE des Pays-Bas, les fabricants sont tenus d’informer officiellement le ministre de l’Environnement de leurs systèmes de reprise et de prendre acte chaque année du volume d’équipement qu’ils ont acheminé vers les centres de traitement. Les producteurs doivent fournir de l’information au ministre de l’Environnement sur certains points de leur plan quinquennal, à savoir : 1. Le mode de collecte des produits. 2. Le pourcentage de ces produits qui sera réutilisé. 3. Le mode d’élimination du pourcentage restant. 4. Le mécanisme de financement du système. 5. Le système de vérification et de déclaration en place. Obligatoire 1998 Aucun objectif identifié. La contribution versée par un producteur a deux composantes – les droits d’adhésion annuels au programme ICT Milieu, auxquels s’ajoute un montant variable déterminé en fonction des parts du marché. Toutes les entreprises déclarent la quantité d’équipement (en poids) qu’elles ont mise sur le marché pendant une période donnée par catégorie d’équipement, conformément aux définitions prévues dans le règlement. Pour protéger le caractère confidentiel des renseignements commerciaux, les données sur les parts de marché sont déposées dans une « boîte noire », placée sous la responsabilité de Cap Gemini Ernst and Young, tierce partie de confiance. La boîte noire enregistre les données reçues et facture les participants en fonction de leur part de marché. Les données sur les parts de marché des entreprises ne couvrent actuellement qu’une courte période de déclaration. Pour compenser, un facteur de distribution est calculé pour chaque entreprise (en fonction du pourcentage du poids total par catégorie). La fédération Nederland ICT a commencé ses activités le 13 juin 2001. Nederland ICT est une coopérative de cinq associations : FENIT, ICT Telecom, VIFKANTEC, ICT Milieu et Werkgeversvereniging ICT (association des employés des technologies de l'information et des communications [TIC]). La fédération, qui représente des ventes de plus de 25 milliards d’euros et plus de 200 000 employés, est le principal organisme du secteur des TIC. Le programme repose en partie sur la confiance mutuelle. Les recycleurs et transporteurs à contrat déclarent des chiffres dont ils certifient eux-mêmes l’exactitude. Les participants ont par ailleurs la responsabilité de déclarer des parts de marché exactes, mais il n’existe actuellement aucun système pour vérifier l’exactitude des données déclarées. Les données d’inscription peuvent provenir de différentes sources (registre d’inscription national, frais de transport, registre des emballages, administration de la production, etc.). Les entreprises ont le choix d’absorber les frais de participation ou de les transférer via la chaîne d’approvisionnement. Les responsables ont changé de système de financement parce que le système prenait en charge un grand nombre de produits orphelins/resquilleurs pour lesquels il était impossible de facturer un fabricant. Les fabricants ayant généré de grandes quantités de déchets par le passé mais qui ne possédaient plus qu’une petite part du marché jugeaient que le système était inéquitable et qu’il s’agissait, en fait, d’une taxe rétrospective. La proportion de Marbek Resource Consultants Ltd. Page 26 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP Mécanismes pour remédier au resquillage – Rapport final – resquilleurs/produits orphelins atteignait au départ 44 %. De plus, le tri des produits par marque était trop dispendieux et manquait de transparence. Le système basé sur les parts de marché est jugé plus équitable et ne crée pas de problème d’importations parallèles, problème qui survient lorsque des marques sont mises sur le marché par des tierces parties qui ne versent aucune contribution. Selon les estimations, le taux de resquillage se situe actuellement entre 10 et 20 %. y Système basé sur les parts de marché – C’est une façon globale de prendre en charge les producteurs collectivement. Par souci d’équité, les responsables imposent un montant nominal aux producteurs dont la part de marché est trop petite pour être chiffrée. Ce système a été mis au point en consultation avec des membres de l’industrie. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 27 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – En résumé, voici quelques observations dignes de mention sur la conception, la structure et le fonctionnement des quatre programmes de REP européens présentés dans les études de cas : y y y y y Tous les programmes sont obligatoires (certains étaient d’application volontaire au départ). Tous les programmes sont sous la responsabilité d’un OP. Les législateurs et les gestionnaires des programmes considèrent que les économies d’échelle, une position de force sur le marché dans la négociation des contrats, la centralisation du contrôle et la clarté des systèmes anticoncurrentiels sont les moyens les plus efficaces d’offrir un service universel et de régler les problèmes de mise en application et de resquillage 26 . « C’est au gouvernement d’établir les règles et de les mettre en application [traduction] ». Le peu de mesures coercitives mises de l’avant par le gouvernement était un thème récurrent chez les gestionnaires. Le refus de demander des comptes aux contrevenants est ce qui nuit le plus à la rentabilité et à l’équité des programmes et ce qui cause les problèmes de resquillage restants 27 . Aucun programme n’a de problème de resquillage « intrinsèque »; même les petites entreprises doivent verser une contribution minimum au programme chaque année. Les deux programmes sur l’emballage se ressemblent beaucoup sur le plan de la conception et du fonctionnement. Les deux sont obligatoires et ont recours à un OP. Dans les deux cas, la contribution à verser à l’OP est déterminée en fonction de la quantité et du type d’emballage mis sur le marché. Les droits de licence sont calculés en multipliant le poids des matériaux dont est fait l’emballage par les prix des différents matériaux (le prix du plastique étant le plus élevé). Dans les deux programmes, il revient aux producteurs de déclarer les quantités de matériaux. Le programme DSD offre des taux réduits aux producteurs qui utilisent certains types de matériaux. Les spécialistes du domaine considèrent que les deux programmes s’attaquent efficacement au problème du resquillage, principalement grâce à l’utilisation d’un cadre réglementaire et de mesures coercitives. Les deux programmes utilisent cependant des mécanismes complémentaires légèrement différents pour remédier au resquillage – le système allemand fait appel à des contrats de licence et à des ententes avec les détaillants, tandis que le système des Pays-Bas mise sur l’autosurveillance. De plus, tout donne à penser que ces programmes permettent d’atteindre de meilleurs résultats environnementaux (l’écoconception, p. ex.). De fait, le programme allemand a contribué à réduire le choix d’emballages sur le marché et fait la promotion des emballages recyclables, considérant que les entreprises assument les frais de recyclage. Par exemple, l’emballage coque, qui est dispendieux et difficile à recycler, est un choix d’emballage de moins en moins offert aux fabricants et aux conditionneurs, qui ont dû développer des emballages de rechange 28 . De leur côté, les deux programmes sur les produits électroniques ont des caractéristiques de conception semblables. Par exemple, les deux programmes font appel à un OP qui compte cinq sous-secteurs/associations responsables de différents éléments du programme. Sur le plan du 26 Study Into European WEEE Schemes, document préparé pour le ministère du Commerce et de l’Industrie par Future Energy Solutions, 2003. 27 28 Ibid. Site Web du programme DSD http://www.gruener-punkt.de/en/special-pages/faqglossary/glossary.html Marbek Resource Consultants Ltd. Page 28 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – mode de financement, cependant, les deux programmes comportent plus de différences que de points communs. L’une des principales différences est que le programme belge impose une cotisation au consommateur au point de vente, tandis que le programme des Pays-Bas impose une redevance au producteur (déterminée en fonction de la part du marché et du poids total de produits). De plus, pour obtenir l’appui de l’industrie, les Pays-Bas ont associé cette dernière à la conception du programme. Enfin, le programme des Pays-Bas exige que les producteurs soumettent des plans quinquennaux pour expliquer le traitement qu’ils réserveront aux produits arrivés à la fin de leur vie utile. Un sommaire des mécanismes utilisés pour remédier au resquillage se trouve à la section 6. 5.4 LIGNES DIRECTRICES INTERNATIONALES L’OCDE est la seule organisation internationale identifiée dans la présente étude à avoir formulé des lignes directrices officielles pour remédier au resquillage. L’OCDE reconnaît que le resquillage est plus courant dans les programmes qui mettent en jeu des milliers de producteurs/de multiples joueurs que dans les programmes ciblant des marchés plus concentrés. Selon elle, les mesures incitatives, les partenariats, la pression des pairs, la participation du gouvernement et un programme bien conçu sont les meilleurs moyens de résoudre le problème. 5.4.1 Mesures incitatives L’OCDE recommande d’analyser attentivement les mesures incitatives qui s’adressent aux différents intervenants visés par un programme pour s’assurer que ces mesures cadrent avec les buts et les objectifs du programme. En général, plus les coûts de participation sont bas, plus les producteurs seront enclins à participer à un programme. De la même façon, il faut mettre en place des mesures incitatives pour favoriser la participation des consommateurs et leur permettre de faire la différence entre les produits qui sont pris en charge par un programme de REP et ceux qui ne le sont pas. L’OCDE fait remarquer que l’organisme allemand DSD a résolu le problème de la mauvaise utilisation des bacs par les consommateurs (voir à ce propos la section 5.3) en adoptant de nouvelles mesures incitatives à l’endroit des collecteurs de déchets. Les collecteurs étaient auparavant payés en fonction du poids de matériaux collectés; ils sont maintenant payés seulement pour la portion de matériaux qu’ils auraient dû collecter. Cette mesure les incite à rejeter tous les matériaux pour lesquels aucun droit n’a été acquitté 29 . 5.4.2 Partenariats Certains producteurs déclarent seulement une partie des emballages qu’ils mettent sur le marché. Pour régler ce problème, les OP peuvent conclure des ententes avec les détaillants si un système oblige les producteurs à leur verser des contributions via la chaîne d’approvisionnement. Ces ententes peuvent stipuler, par exemple, qu’un détaillant vendra uniquement les produits des fournisseurs qui ont versé une contribution à l’OP. L’étude de cas allemande présentée à la section 5.3 précise que le DSD a conclu des ententes officielles avec des détaillants, en vertu desquelles les détaillants peuvent 29 OCDE, Responsabilité élargie des producteurs : manuel à l’intention des pouvoirs publics, 2001 Marbek Resource Consultants Ltd. Page 29 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – déduire directement les droits de licence des paiements à leurs fournisseurs si ceux-ci ont omis de soumettre des « comptes de points verts » vérifiés à l’OP. Ce mécanisme requiert la signature d’une entente de collaboration entre un OP et de nombreux détaillants 30 . 5.4.3 Pression des pairs La pression des pairs, qui passe par l’autosurveillance, peut grandement contribuer à réduire le resquillage, car il est économiquement avantageux de dénoncer le resquillage pour égaliser les règles du jeu. Ce mécanisme doit absolument être accompagné de mesures coercitives pour montrer l’intérêt de participer au programme et d’égaliser les chances par l’autosurveillance. Dans le cas des produits électroniques, ces mesures coercitives pourraient inclure l’interdiction de vente au détail ainsi que l’imposition d’amendes ou autres pénalités aux producteurs ou détaillants. Dans le secteur de l’emballage, les mesures coercitives pourraient inclure un système de vérification des déclarations de ventes. La dénonciation publique des producteurs coupables de fraude pourrait être une autre façon d’encourager la conformité 31 . 5.4.4 Participation du gouvernement L’OCDE affirme que les gouvernements nationaux ont un rôle crucial à jouer dans l’établissement du cadre légal de la REP et la formulation des paramètres des ententes spéciales. Les gouvernements peuvent accroître l’efficacité des programmes de REP et réduire le resquillage par les moyens suivants 32 : y y y y accroître la sensibilisation au programme et aux règles à suivre; éliminer les politiques qui ne concordent pas avec les objectifs de la REP (les programmes de subvention pour l’extraction des matières premières, p. ex.); mettre en place des politiques et des mesures de soutien (mesures ou politiques d’approvisionnement écologique, p. ex.); mettre en place des mesures légales pour éviter les problèmes de resquillage. Les pays d’Amérique du Nord ont des régimes très différents des pays européens, ce qui peut limiter l’influence de leurs gouvernements nationaux. Au Canada, par exemple, le gouvernement fédéral délègue beaucoup de pouvoirs aux provinces dans le domaine des ressources naturelles, de la protection de l’environnement et des déchets solides (les États-Unis et l’Australie ont eux aussi des régimes semblables). Dans les pays européens, ces domaines relèvent en grande partie du gouvernement national, qui ne délègue que peu de pouvoirs aux provinces ou administrations locales. 5.4.5 Programmes bien conçus L’OCDE explique les avantages qu’il y a à étudier attentivement les différents choix de conception et leur potentiel de réduction du resquillage. Par exemple, l’imposition de frais d’élimination anticipés à tous les producteurs (en fonction de leur volume de ventes) 30 31 32 OCDE, Responsabilité élargie des producteurs : manuel à l’intention des pouvoirs publics, 2001 Ibid. Ibid. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 30 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – pourrait, dans une certaine mesure, réduire davantage le risque de resquillage qu’un système de remise au point de vente 33 . En outre, l’OCDE souligne l’avantage de recourir à un système de crédits échangeables dans un programme de REP – un tel système peut réduire le resquillage et encourager l’écoconception. Un système de crédits échangeables est beaucoup plus souple qu’un système qui impose un certain taux de recyclage aux producteurs. Les entreprises dont les produits sont particulièrement difficiles à recycler peuvent acheter des crédits, tandis que celles dont les produits sont faciles à recycler peuvent vendre des crédits. La perspective de tirer des revenus de la vente de crédits est une forte incitation à l’écoconception 34 . 33 OCDE, Analytical Framework for Evaluating The Costs And Benefits Of Extended Producer Responsibility Programmes, 2005. 34 OCDE, Economic Aspects of Extended Producer Responsibility, 2004. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 31 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP 6. MÉCANISMES POUR REMÉDIER AU RESQUILLAGE 6.1 SURVOL – Rapport final – La présente section présente : y un sommaire des mécanismes disponibles pour assurer le suivi des produits; un sommaire des mécanismes utilisés pour remédier au resquillage dans tous les programmes à l’étude. 6.2 MÉCANISMES DE SUIVI DES PRODUITS y Le tableau 6.1 présente une liste des organismes, programmes, règlements ou protocoles auxquels on peut en principe recourir pour suivre les déplacements des produits (importations/exportations et déplacements interprovinciaux). Le tableau présente également une évaluation préliminaire des possibilités d’utilisation et des obstacles à l’utilisation de ces mécanismes pour contrôler les produits visés par des programmes de REP. Il convient de préciser que la plupart de ces mécanismes sont conçus pour contrôler les produits et non les emballages. Cependant, les cas où ces mécanismes pourraient éventuellement s’appliquer aux emballages sont indiqués. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 32 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – Tableau 6.1: Mécanismes pour suivre les déplacements des produits Mécanisme Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) Agence du revenu du Canada (ARC) y y y Industrie Canada y Détails Toutes les données sur les produits importés sont communiquées aux autorités douanières par les transporteurs au point d’entrée, puis mises en correspondance avec les données déclarées par les 1ers importateurs à l’ASFC, conformément à la Loi sur les douanes. L’ARC administre la TPS (taxe sur les produits et services) partout au Canada. L’ARC a signé plus de 300 protocoles d’entente avec des ministères et organismes fédéraux, provinciaux et territoriaux pour l’échange d’information. Ces ententes sont sous la responsabilité de la Division des relations et des politiques fédéralesprovinciales de la Direction des politiques et de la planification. La base de données sur les importateurs canadiens contient des listes d’entreprises qui importent des marchandises au Canada, par produit, par ville ou par pays d’origine. y y y y Possibilités Accès potentiel aux données sur les produits importés (1ers importateurs) dans chaque province au pays (utilisable pour contrôler les produits électroniques et pour estimer les volumes de ventes aux fins des programmes de gérance des emballages). Accès aux coordonnées de toutes les entreprises de chaque province par le no d’inscription à la TPS ou le no d’entreprise (utilisable pour contrôler les produits électroniques). Accès potentiel à de l’information sur les volumes de ventes des entreprises (possibilité d’estimer les volumes de ventes aux fins des programmes de gérance des emballages). Accès potentiel à des données sur les ventes de produits électroniques. y y y y y y y y Finances Canada y Pouvoir de fixer des tarifs douaniers spécifiques pour les marchandises qui entrent au Canada. Marbek Resource Consultants Ltd. y Le ministère pourrait imposer un tarif douanier plus élevé sur les produits électroniques importés pour couvrir les frais de recyclage. y y Obstacles Conflits de compétences (données fédérales). Les contributions versées aux programmes de REP ne sont pas des taxes – il s’agit de frais imposés par une tierce partie de l’industrie. La communication de données confidentielles du gouvernement à un organisme non gouvernemental pourrait poser problème. Pas d’information sur les déplacements des produits. Les données pourraient être difficiles à interpréter parce qu’elles se présentent probablement sous forme agrégée plutôt que par produit. La confidentialité des renseignements commerciaux est primordiale aux termes de la Loi sur la protection des renseignements personnels; les politiques de sécurité et de confidentialité de l’ARC; les dispositions relatives à la confidentialité de la loi administrée par l’ARC. N’inclut que les principaux importateurs (à savoir les entreprises qui, ensemble, interviennent pour 80 % de la totalité des importations en valeur monétaire) de chaque catégorie de produits. Aucun montant n’est associé aux noms des entreprises pour protéger le caractère confidentiel des renseignements commerciaux. N’inclut pas les ventes par Internet, où le marché de l’électronique est en expansion. L’imposition d’un tarif requiert un système de tarification harmonisé à l’échelle nationale. L’administration de tarifs distincts pour la REP pourrait être lourde sur le plan logistique. Page 33 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP Mécanisme Détails – Rapport final – Possibilités y Règlement sur l’efficacité énergétique de Ressources naturelles Canada y y Le Règlement vise les fournisseurs qui importent au Canada ou expédient d’une province à une autre des produits consommateurs d’énergie. En vertu de ce règlement, les importateurs/ fournisseurs doivent fournir de l’information aux autorités désignées (nom du produit, no de modèle ou IUM, marque et adresse du fournisseur). Le Règlement continue de s’appliquer aux produits désignés lorsqu’ils sont intégrés à une machine ou à un appareil, même si cette machine ou cet appareil n’est pas visé par règlement. La Direction contrôle le commerce de certaines marchandises et assure la sécurité personnelle des Canadiens et citoyens d’autres pays en limitant le commerce de marchandises dangereuses et autres produits soumis à des tarifs douaniers conformément à la Loi sur les licences d'exportation et d'importation. y y Les produits électroniques pourraient faire l’objet d’un contrôle à l’importation jusqu’à ce qu’une certaine forme de redevance ait été acquittée. y Possibilité d’accéder aux données sur les ventes de produits électroniques à l’échelon provincial et de comparer les données obtenues aux estimations concernant les volumes de ventes de produits importés de chaque province. Possibilité de collaborer et ainsi de faciliter le suivi des données des entreprises y y y y Affaires étrangères et Commerce international - Direction générale des contrôles à l’exportation et à l'importation y Statistique Canada y Des données sur le commerce d’importation au Canada sont disponibles, classées par code de produit et exprimées en dollars (total par année). y Postes Canada y Postes Canada est l’un des principaux transporteurs des magazines vendus au Canada par abonnement en y Marbek Resource Consultants Ltd. Peut servir d’exemple de règlement dont se sert un ministère pour contrôler une catégorie donnée de produits dans un but précis (applicable à l’importation de produits électroniques). y Obstacles Les tarifs douaniers ont une visée économique et non une visée environnementale et sont souvent établis en vertu d’accords sur le commerce international. Il s’agit d’une approche nationale, alors que la plupart des programmes de REP sont provinciaux ou territoriaux et pourraient être difficiles à harmoniser totalement. Ce mécanisme exige de la volonté politique de la part d’un ministère. Ce mécanisme demande un effort de communication avec les autorités douanières pour régler les questions administratives. Actuellement, quatre secteurs font l’objet de contrôles à l’importation (textiles et vêtements; produits agricoles; produits de l’acier; armes et munitions). Il est peu probable que les produits électroniques fassent un jour l’objet d’un contrôle officiel à l’importation – ce ne sont pas des marchandises dangereuses et ils n’appartiennent pas à un secteur économique vulnérable. Les données pourraient être difficiles à interpréter parce qu’elles se présentent probablement sous forme agrégée. Postes Canada ne souhaite pas participer à cet effort – les négociations sont au point mort. Page 34 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP Mécanisme Ministères provinciaux des Finances y Détails provenance des ÉtatsUnis. Les ministères ont le pouvoir d’imposer des taxes sur tous les produits vendus aux termes de différentes dispositions législatives provinciales. y y Possibilités pour identifier le 1er importateur. Ce mécanisme donnerait accès aux coordonnées de toutes les entreprises dans chaque province. Il permettrait probablement d’obtenir de l’information sur les volumes de ventes à partir des versements de taxes de vente provinciales. – Rapport final – Obstacles y y Ne permettrait pas d’obtenir de l’information sur les déplacements des produits. Les données pourraient être difficiles à interpréter parce qu’elles se présentent probablement sous forme agrégée plutôt que par produit. Comme le montre le tableau 6.1, le Canada utilise actuellement tout un éventail de mécanismes pour contrôler les déplacements des produits au pays, mais aucun d’entre eux n’est utilisé pour contrôler les déplacements interprovinciaux. Ce fait a été confirmé par des représentants d’organismes chargés d’administrer des programmes de REP (tierce partie ou OP de l’industrie), qui ont tous affirmé en entrevue que le gouvernement n’assumait pas une assez grande responsabilité dans le contrôle des déplacements interprovinciaux de produits. Tous les secteurs interviewés étaient de cet avis : l’électronique, la peinture, les huiles et l’emballage. Dans le secteur de l’électronique, les gestionnaires de programmes ont affirmé que, même si l’information des organismes fédéraux comme l’Agence des services frontaliers du Canada serait utile dans leurs activités courantes de surveillance et d’application de la loi, leurs programmes avaient été conçus pour fonctionner sans cette information. En fait, ils sont d’avis que la majeure partie des cas de resquillage sont dus aux déplacements interprovinciaux des produits des petits fabricants. Les représentants des autres secteurs interviewés étaient du même avis. Ils ont indiqué que les grands fabricants sont désireux de se conformer à la nouvelle réglementation et ne sont pas la source du problème. De plus, rien ne garantit que l’on pourrait utiliser les mécanismes réglementaires présentés dans le tableau 6.1, puisque la plupart des programmes de REP recourent à des redevances sur les produits (et non à des taxes), si bien que l’information que pourraient communiquer les organismes fédéraux ne serait peut-être pas utile. Les déplacements des emballages ne sont pas contrôlés de la même manière que ceux des produits au Canada – les seules lois pertinentes en vigueur établissent des normes d’emballage et d’étiquetage. Le seul exemple de contrôle que nous avons trouvé pour les emballages est un contrôle indirect, effectué dans le cadre d’un contrôle des produits, au moyen des listes de fournisseurs. Par exemple, on peut consulter les listes de fournisseurs des grands détaillants pour trouver les coordonnées des distributeurs dans une province donnée et ainsi contrôler les adhésions aux programmes de gérance des emballages. À partir des données sur les volumes de ventes des entreprises, il devient alors possible d’estimer dans quelle mesure les entreprises prennent leurs responsabilités vis-à-vis des emballages. 6.3 MÉCANISMES POUR REMÉDIER AU RESQUILLAGE Les mécanismes jugés efficaces pour combattre le resquillage sont résumés dans le tableau 6.3, où ils sont mis en relation avec les causes du resquillage (présentées à la section 4.2). Nous Marbek Resource Consultants Ltd. Page 35 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – n’avons trouvé aucun mécanisme pour remédier au resquillage dans les programmes volontaires. Les mécanismes présentés dans le tableau 6.3 sont conçus pour des programmes obligatoires. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 36 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – Tableau 6.3 : Mécanismes en usage pour remédier au resquillage Cause Limites des pouvoirs publics Mécanisme Approche harmonisée y y Cadre réglementaire insuffisant Cadre réglementaire y y y y y Mise en application insuffisante Délégation du pouvoir d’application y y y Propriétaire de marque non identifié Utilisation d’un modèle de gestion par l’organisme de gestion autonome Partenariats avec l’industrie et autosurveillance y y y y y y y y Contrats de licence ou codes barres y y Protocole d’entente Marbek Resource Consultants Ltd. y Éléments potentiels du mécanisme Les provinces de l’Ouest (C.-B., Alb., Sask., Man.). ont harmonisé leurs programmes de récupération des huiles usagées, ce qui a contribué à égaliser les règles du jeu dans l’industrie et à réduire le resquillage. La directive de l’Union européenne (plusieurs pays) et les lois et règlements relatifs aux déchets promulgués dans chaque pays ont contribué à réduire le taux de resquillage en réorganisant les règles et les responsabilités. Le premier importateur doit être désigné comme partie responsable par la loi. Permettre, par voie réglementaire, d’interdire la vente au détail de produits vendus par des propriétaires de marques ou des importateurs non inscrits. Permettre, par voie réglementaire, l’imposition d’amendes aux détaillants pour les produits vendus par des propriétaires de marques ou des importateurs non inscrits. Permettre, par voie réglementaire, l’imposition d’amendes aux producteurs contrevenants (refus de s’inscrire ou de verser leurs contributions aux programmes). Il faudrait préciser l’échéance de conformité dans la réglementation : habituellement, le propriétaire de la marque ou premier importateur est tenu de se conformer à compter de l’entrée en vigueur du règlement ou de sa constitution en société (et non à la date de notification). La réglementation ou l’entente doit bien définir les rôles et responsabilités de chacun en matière d’application pour clarifier les procédures aux yeux de toutes les parties et leur donner un caractère formel. Un OP a la possibilité de payer le gouvernement pour qu’il se charge des mesures d’application. L’autorité désignée ou le gouvernement prend des mesures d’application complémentaires pour montrer son engagement (dans le cas des ventes par Internet). Réalisation de vérifications ponctuelles chez les détaillants. L’organisme qui administre le programme suit un modèle de gestion pour collecter les contributions à verser au programme (conformément à la loi) et a des recours juridiques pour percevoir les frais exigibles (c.-à-d. système judiciaire, agences de recouvrement, etc.) (dans le cas des ventes par Internet). Le regroupement des inscrits sous la responsabilité d’un organisme de gestion autonome simplifie le processus. La conception des programmes en partenariat avec l’industrie favorise l’adhésion des producteurs (dans le cas des ventes par Internet). Privilégier l’inscription des gros joueurs de l’industrie qui représentent généralement 90 % des ventes dans une province (dans le cas des ventes par Internet). L’utilisation d’une association d’industries comme un OP. L’utilisation, en ligne, d’un registre des entreprises inscrites au programme permet d’exercer une autosurveillance puisqu’il est de l’intérêt de l’industrie d’établir des règles du jeu équitables. Une collaboration entre les associations d’industries et l’organisme ou le ministère responsable présente de grands avantages au chapitre de l’autosurveillance (dans le cas des ventes par Internet). La signature d’un contrat de licence qui permet au producteur d’apposer une marque de commerce sur un emballage pour montrer qu’il a acquitté les frais de recyclage y afférents est un cadre légal protégé par des lois sur le droit d’auteur (des programmes non canadiens utilisent ce mécanisme). Les codes barres utilisés pour prouver que les frais exigibles ont été acquittés peuvent être vérifiés au point de vente ou par les machines de récupération. Les ententes officielles entre détaillants et OP qui exigent une preuve (déclarations vérifiées, p. ex.) que les fournisseurs ont bel et bien payé leurs contributions ont réduit le resquillage (des programmes non canadiens utilisent ce mécanisme). Page 37 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP Cause Systèmes reposant uniquement sur des frais imposés aux points de vente Conception du programme Mécanisme Contributions proportionnelles aux volumes de ventes Aucune exemption y y y Bonnes mesures incitatives 6.4 y – Rapport final – Éléments potentiels du mécanisme Les systèmes exigeant que les producteurs versent une contribution proportionnelle à leur volume de ventes à un organisme de gestion autonome (contribution qui peut ou non être transférée aux consommateurs au point de vente) ont beaucoup plus de chances de résoudre la question des ventes par Internet, parce que les plus gros vendeurs peuvent s’inscrire au programme et verser des contributions proportionnelles à leur volume de ventes. Les programmes ciblant plusieurs types d’emballages qui n’établissent pas de seuil d’exemption offrent des conditions égales à tous les gestionnaires. Une solution de rechange au seuil d’exemption (qui est peu exigeante sur le plan administratif) est d’imposer un montant fixe aux petits producteurs qui n’atteignent pas le seuil de base. Aucun des programmes étrangers n’avait de problème de resquillage « intrinsèque ». La mise en place de bonnes mesures incitatives qui s’adressent aux collecteurs de déchets, aux producteurs et aux consommateurs (des programmes non canadiens utilisent ce mécanisme). SOMMAIRE Le tableau 6.3 montre qu’il existe tout un éventail de mécanismes pour combattre les problèmes de resquillage décrits à la section 4.2. Dans la plupart des cas, les programmes canadiens et non canadiens recourent à des mécanismes similaires. L’examen des programmes non canadiens nous a cependant permis d’identifier trois mécanismes qui ne sont pas souvent utilisés dans les programmes de REP canadiens, à savoir : les contrats de licence, les protocoles d’entente et la mise en place de bonnes mesures incitatives. Ces mécanismes sont utilisés dans des programmes ciblant plusieurs types d’emballages. Dans le secteur de l’emballage, les programmes qui, en plus de recourir à des mesures incitatives, visent une seule catégorie d’emballage (les systèmes de consigne pour les contenants de boisson, p. ex.) sont plus efficaces pour remédier au resquillage que les programmes qui ciblent plusieurs types d’emballages. Dans le cas de ces derniers, l’imposition de redevances aux producteurs en fonction du volume de ventes, la levée des exemptions et la mise en place de bonnes mesures incitatives sont d’excellents moyens pour réduire au minimum le resquillage. Pour ce qui est des produits électroniques rebutés au Canada, les données disponibles indiquent un faible taux de resquillage dans les ventes Internet, et ce grâce à : la structure des programmes, qui oblige les producteurs à verser des redevances proportionnelles à leurs volumes de ventes (Internet et au détail); l’existence de cadres réglementaires rigoureux, qui désignent spécifiquement le premier importateur comme partie responsable; la délégation du pouvoir d’application de la loi à une tierce partie, à savoir un organisme de gestion autonome. Les ventes par Internet sont propices au resquillage, mais la conception, la mise en oeuvre et l’administration des programmes en partenariat avec l’industrie permet de réduire considérablement le taux de resquillage et d’obtenir l’adhésion des gros joueurs. Pour qu’un programme réussisse, il est essentiel que les gros joueurs y participent et versent une contribution proportionnelle à leurs volumes de ventes. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 38 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP 7. – Rapport final – SUGGESTIONS DE RÔLES ET DE RESPONSABILITÉS La présente section explique brièvement les rôles et responsabilités que pourraient assumer les gouvernements pour remédier au resquillage. La sous-section 7.1 propose des rôles pour les gouvernements provinciaux/territoriaux, tandis que la sous-section 7.2 propose des rôles pour le gouvernement fédéral. 7.1 GOUVERNEMENTS PROVINCIAUX/TERRITORIAUX Application de la loi Dans tous les programmes examinés, l’application de la loi est apparue indispensable pour combattre le resquillage, particulièrement dans le cas des ventes par Internet. Il est possible de prendre une approche traditionnelle, c’est-à-dire que le gouvernement s’assure que des ressources et des efforts suffisants sont investis dans le suivi des mesures d’application. L’autre solution est de recourir à un organisme de gestion autonome habilité à faire appliquer la loi au nom du gouvernement ou encore à un OP/OIF qui paie directement le gouvernement pour qu’il se charge des mesures d’application, suivant les besoins. Une tierce partie habilitée à faire appliquer la loi pourrait utiliser un modèle de gestion pour percevoir les frais exigibles en recourant, au besoin, au système judiciaire provincial et à des agences de recouvrement. D’autres outils, comme des ententes officielles permettant de vérifier que les frais exigibles ont été acquittés, peuvent venir compléter cette approche. Quel que soit le mécanisme utilisé, les gouvernements provinciaux/territoriaux doivent faire un suivi des mesures d’application pour montrer l’importance qu’ils accordent au règlement régissant le programme et leur détermination à offrir des conditions égales à tous les membres de l’industrie. Ce faisant, les gouvernements auront plus de facilité à obtenir la participation de l’industrie au programme et sa collaboration aux mesures d’autosurveillance. Il est clair que le fait de mettre à contribution les associations d’industries dans la conception, la mise en application et la gestion de programmes a permis de remédier au resquillage dans certains cas. Mesures incitatives / conception du programme Il incombe au gouvernement provincial ou territorial d’examiner les caractéristiques de conception des programmes pour s’assurer que chaque programme prévoit de bonnes mesures incitatives qui amèneront les producteurs et les consommateurs à participer au programme et les récupérateurs et les recycleurs à récupérer et recycler les matériaux désignés. Les caractéristiques de conception d’un programme sont un point très important à considérer, car elles peuvent laisser la voie libre à un nombre significatif de resquilleurs (en accordant des exemptions aux petits producteurs, p. ex.). Pour remédier à cette situation, un programme pourrait imposer un montant minimum à toute entreprise qui génère des déchets emballages, peu importe la quantité (en d’autres mots, éliminer les exemptions de contribution accordées aux entreprises qui se trouvent en deçà d’un certain volume de ventes). Il est également possible d’intégrer des outils à la structure du programme pour réduire le resquillage. Par exemple, des ententes officielles peuvent être conclues entre les détaillants et les OP pour exiger une preuve que les fournisseurs ont bel et bien payé les frais exigibles. De la même manière, l’apposition d’un code barres sur un emballage pourrait prouver que les frais Marbek Resource Consultants Ltd. Page 39 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – exigibles y afférents ont été acquittés. Un autre outil de cette catégorie est le recours à une autorité désignée – l’autorité désignée pour administrer le programme est habilitée à percevoir les frais exigibles par des moyens juridiques ou des agences de recouvrement. Enfin, l’utilisation de contrats de licence est tout indiquée dans le cas des programmes qui exigent l’apposition d’une marque de commerce sur les emballages pour prouver que les frais de recyclage y afférents ont été acquittés. Échanges d’information À l’échelon provincial et territorial, l’échange d’information entre les ministères est important pour mettre au jour le resquillage. Les ministères des Finances, du Commerce ou du Développement économique ont souvent des listes de toutes les entreprises inscrites dans une province ou un territoire. Ces listes, accompagnées des vérifications appropriées, devraient être mises à la disposition du ministère responsable de l’administration du programme et de l’organisme de gestion autonome qui assure directement la bonne marche du programme. Dans les programmes examinés, nous avons trouvé des cas où cette information n’était pas offerte (ou sollicitée) par les ministères qui avaient autorisé le programme de REP. 7.2 GOUVERNEMENT FÉDÉRAL Le gouvernement peut s’engager à divers degrés dans la lutte contre le resquillage. Les possibilités qui s’offrent à lui sont décrites ci-dessous. 7.2.1 Faible niveau d’engagement Éléments d’orientation En fournissant des éléments d’orientation, comme le survol des mécanismes présenté dans le présent document, le gouvernement fédéral donnerait de bons points de repère aux gestionnaires de programmes oeuvrant pour des organismes de réglementation ou des organismes de gestion autonomes. Les éléments d’orientation incluraient également un survol des mécanismes utilisés dans d’autres programmes canadiens et non canadiens. La communication de ce genre de renseignements serait une contribution minimale sans doute appréciée de la part du gouvernement fédéral. 7.2.2 Niveau d’engagement moyen Échange d’information Le gouvernement fédéral, avec à sa tête Environnement Canada, pourrait entrer en négociation avec les principaux ministères et organismes qui ont des renseignements d’intérêt pour les autorités provinciales administrant des programmes de gérance des emballages. Par exemple, Postes Canada a de l’information qui pourrait aider les OP canadiens à comprendre des cas complexes comme les abonnements à des magazines des États-Unis (acheminés par Postes Canada). Des OP avaient engagé des négociations avec Postes Canada, mais celles-ci ont abouti à une impasse. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 40 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – En ce qui concerne la vérification des volumes de ventes, l’Agence du revenu du Canada (ARC) a conclu de nombreuses ententes avec les provinces et les territoires sur la communication des renseignements commerciaux confidentiels. L’ARC pourrait envisager de communiquer de l’information sur les volumes de ventes des entreprises qui font de la vente au détail dans chaque province/territoire pour faciliter le contrôle des volumes de ventes déclarés aux responsables des programmes de REP et l’obtention des coordonnées des entreprises oeuvrant dans divers secteurs, dont ceux de l’emballage et de l’électronique. Pour ce qui est du suivi des déplacements des produits électroniques et des emballages, il serait possible d’obtenir les coordonnées des entreprises qui importent des produits au pays auprès de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Ces données pourraient nous aider à circonscrire les risques de resquillage dans les domaines de l’électronique et de l’emballage. Ce genre de renseignements serait très utile dans les programmes nationaux (la plupart des programmes européens sont des programmes nationaux; certains d’entre eux utilisent des données sur les importations). Les spécialistes de la gérance des produits électroniques sont cependant d’avis que le problème de resquillage est surtout de nature interprovinciale au Canada. Les données sur les importations dans ce secteur perdent ainsi de leur valeur. Toutes les grandes entreprises de produits électroniques qui font de la vente par Internet sont déjà inscrites à l’unique programme de gérance des produits électroniques en vigueur au Canada. Tout bien considéré, il serait peut-être utile de réaliser une étude pilote sur l’une des trois options présentées plus haut (c.-à-d. envisager sérieusement un échange d’information avec Postes Canada, l’ARC ou l’ASCF). L’objectif de cette étude serait de déterminer si un échange d’information permettrait de « piéger » un nombre significatif de resquilleurs. Il serait ainsi plus facile pour l’organe de réglementation, l’organisme de gestion et Environnement Canada de déterminer s’il y a lieu de conclure une entente officielle pour avoir accès à cette information sur une base régulière. 7.2.3 Niveau élevé d’engagement Gestionnaire volontaire Le gouvernement fédéral, avec à sa tête Environnement Canada, pourrait mener une étude sur les ministères et organismes fédéraux qui produisent des déchets au pays. L’étude porterait sans doute sur les ministères qui font des envois sur support papier (formulaires) et qui viennent ainsi grossir le volume des déchets (ménagers ou commerciaux/institutionnels) 35 . Pour mener à bien cette étude, il faudrait engager des discussions avec les ministères ou organismes concernés; d’après leurs commandes de travaux d’impression, nous pourrions estimer leur production de déchets de papier et déterminer, sur cette base, les contributions qu’ils devraient verser aux programmes de REP. Théoriquement, le 35 À titre d’exemples, mentionnons l’Agence du revenu du Canada (formulaires et guides relatifs à l’impôt et aux crédits d’impôt), Ressources humaines et Développement social Canada (formulaires et guides relatifs à l’emploi et à l’aide sociale), la Société canadienne d'hypothèques et de logement (formulaires, publications sur l’habitation, fiches d’information et rapports de recherche pour les consommateurs et l’entreprise), Élections Canada (cartes d’avis à l’électeur), Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada (formulaires, guides) et Statistique Canada (formulaires, guides). Marbek Resource Consultants Ltd. Page 41 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – gouvernement fédéral n’est pas assujetti aux lois provinciales, mais cette initiative lui donnerait, en tant que producteur, une excellente occasion de devenir gestionnaire volontaire en assumant sa part de responsabilité dans la gestion des déchets municipaux. Protocole national (adapté à chaque secteur) L’harmonisation des moyens d’action au pays nous aiderait à repousser les limites des pouvoirs publics. Sans cela, les producteurs qui vendent des produits dans toutes les provinces doivent composer avec un ensemble disparate de règles, que ce soit au niveau des définitions, des frais ou des procédures administratives. Ces disparités posent problème et, même si les producteurs respectent le fait que les déchets de consommation relèvent traditionnellement des provinces et territoires, il n’en faut pas moins encourager les tentatives d’harmonisation des programmes, et ce de « haut en bas ». Par exemple, la création d’un protocole national type pour les programmes de REP sur les produits électroniques et/ou les emballages pourrait contribuer à uniformiser les exigences de base des programmes (cinq programmes de REP sont en développement au pays dans le domaine de l’électronique 36 ). Chaque province et territoire serait encouragé à établir un programme conforme au protocole type. Un programme de REP harmonisé sur les huiles usagées est actuellement en vigueur dans cinq provinces. Selon les administrateurs du programme, l’harmonisation a contribué à réduire le taux de resquillage en établissant des règles et des procédures claires pour les grandes entreprises. La création de deux protocoles nationaux types (le premier pour les emballages, l’autre pour les produits électroniques), approuvés par le Conseil canadien des ministres de l’environnement, accroîtrait l’efficacité des initiatives à l’échelon provincial, en plus de contribuer à égaliser les règles du jeu pour les gestionnaires de l’industrie. Réglementation nationale Tous les programmes européens étudiés incluaient des programmes nationaux sur les emballages et sur les produits électroniques. La plupart des programmes comportaient des responsabilités infranationales, mais ces programmes étaient régis par une directive ou un décret national. Au Canada, les déchets de consommation relèvent de la compétence des provinces et des territoires. Il se pourrait, cependant, que les ministères provinciaux/territoriaux de l’Environnement soient ouverts à l’idée d’élaborer un règlement national sur les produits électroniques rebutés, dans la mesure où les programmes existants (et ceux en développement) seraient pris en considération. L’adoption d’un règlement d’application nationale devrait se faire sous le régime d’une loi fédérale en vigueur. La Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999), principal texte de loi d’Environnement Canada, vise les déchets dangereux, les matières recyclables dangereuses et les déchets non dangereux « régis » (prescribed). Les produits électroniques usagés deviennent des déchets seulement à la fin de leur vie utile; dans un règlement pris en vertu de la LCPE (1999) (Règlement sur l’exportation et l’importation des déchets dangereux et des matières recyclables dangereuses), les déchets « enlevés 36 Les associations d’industries sont de chaudes partisanes de l’harmonisation des programmes. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 42 Analyse du problème de resquillage dans les programmes de REP – Rapport final – dans le cours normal des services municipaux d’enlèvement des ordures ménagères » sont explicitement exclus de la définition de « déchets dangereux » et de « matières recyclables dangereuses ». Il y a tout de même deux possibilités pour réglementer les produits électroniques rebutés aux termes de la LCPE (1999) : 1) La LCPE (1999) permet de prendre des règlements relativement aux déchets non dangereux « régis » (il n’existe actuellement aucun règlement de ce genre); par conséquent, l’élaboration d’un règlement qui ciblerait les produits électroniques rebutés en tant que déchets non dangereux « régis » est en principe une possibilité. 2) La LCPE (1999) autorise le gouvernement fédéral à prendre des règlements relativement aux produits contenant des substances toxiques; un tel règlement pourrait servir à établir des programmes de REP pour les produits électroniques contenant des substances toxiques et à obliger les producteurs à participer au programme. Ces options exigeraient de longues négociations avec les gouvernements provinciaux et territoriaux et nécessiteraient des directives spécifiques et le soutien administratif du gouvernement fédéral; en outre, la mise en place de ces options demanderait des années. Il serait bon de tenir des réunions préliminaires sur ces options pour obtenir l’avis et les réactions des gouvernements. 7.3 RÉSUMÉ Pour les gouvernements provinciaux et territoriaux, les meilleurs moyens de réduire le resquillage sont l’application de la loi (une action bien ciblée, doublée de la délégation ou de la prise en charge de leurs responsabilités), l’utilisation de mesures incitatives et l’échange d’information. Quant au gouvernement fédéral, il peut apporter une contribution minimale en fournissant des éléments d’orientation et en communiquant de l’information. Pour maximiser son engagement, le gouvernement fédéral pourrait devenir gestionnaire volontaire, établir un protocole national type et envisager l’élaboration d’un règlement national. Marbek Resource Consultants Ltd. Page 43