Les marchés de gros dans l`air du temps
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Les marchés de gros dans l`air du temps
vendre Special Marches de gros Les marchés de gros dans l'air du temps Rungis, premier MIN de France avec plus de 750 000 tonnes de fruits et légumes commercialisés par 340 entreprises. Enquête Les marchés de gros sont an- crés dans leur territoire avec leurs avantages et contraintes. Mais ce qui a été parfois restrictif pour certains acteurs de la filière peut devenir un atout à l’heure du retour de la proximité, des circuits courts et du manger local. L es marchés d’intérêt nationaux (MIN) et les marchés de gros sont devenus des plates-formes qui s’adaptent en permanence aux besoins de leurs utilisateurs. Pour ceux qui sont proches de grandes métropoles ces évolutions sont axées sur des fonctions élargies d’approvisionnement de tout le secteur agroalimentaire. Pour ceux basés dans les bassins de productions, il s’agit de services logistiques et d’expédition. Toutefois, dans tous les cas, ils constituent une interface physique entre offre et demande et participent au fonctionnement des territoires. Les Min et marchés de gros sont des pôles économiques qui rayonnent sur un plan régional, voire inter-régional. Après être passé de 10 milliards à 12 milliards d'euros de chiffre d’affaires entre 2000 et 2003, leur chiffre d’affaires global s’est stabilisé. La concentration normale des activités entraîne une 48 Reussir F&L n°329 - juin 2013 légère réduction du nombre d’opérateurs permanents. Mais c’est la réduction régulière du nombre de producteurs qui préoccupe le plus les responsables de la plupart des marché. Ceux-ci totalisent aujourd’hui 3 600 adhérents-apporteurs de fruits et légumes alors qu’ils en comptaient plus de 5 000 au début des années 2000. Reconquérir les producteurs Toutefois, après une baisse régulière jusqu’en 2007, les Min ont regagné de l’intérêt auprès des professionnels. « Cet attachement des producteurs a pu être vérifié lors de la mise place de la contractualisation dans la filière fruits et légumes avec, au final, la constitution d’un « contrat spot » qui permet de fonctionner dans la légalité », précise Michel Escofier, secrétaire général de la Fédération des marchés de gros de France. L’effet « local », la valorisation de tous les produits et de toutes leurs catégories, même parfois à petits prix et une entrée de trésorerie rapide sont des atouts qui, selon différents observateurs, ont remobilisé des producteurs. Mais les responsables des marchés ont aussi fait preuve d’initiative. « Un de nos objectifs est de faire venir de nouveaux producteurs sur le carreau », souligne Isabelle Cambier, directrice adjointe du MIN de Lille-Lomme (59). Pour cela, le MIN lance des journées professionnelles qui auront lieu cinq fois par an et permettront aux producteurs et grossistes de découvrir le marché. La prochaine aura lieu le 20 juin. A Angers (49), une campagne de communication a été lancée fin 2012 auprès des maraîchers. « Notre objectif est de montrer aux producteurs de Saumur (49), est spécialisé en fruits et légumes et rassemble 110 producteurs livrant des asperges, fraises, pommes, poires, légumes botte, panais, topinambours... En 2011, 27 500 tonnes de fruits et légumes ont été commercialisées sur le Min d'Angers-Vivy, pour un chiffre d'affaires de 35 M€. 63 % étaient d'origine française et un tiers provenaient de la région. A Châteaurenard (13), 1 000 producteurs et 137 acheteurs fréquentent tout au long de l’année le MIN. « Il y a un potentiel de producteurs qui ne viennent pas sur le marché, reconnaît Jérémie Becciu, directeur du MIN. Une association des producteurs du carreau de Châteaurenard est en réflexion pour fonder une entité, puis une garantie ou un label, qui pourrait conforter la position actuelle de notre bassin de production et valoriser les produits des producteurs qui fréquentent le marché ». Même constat pour les responsables de la Sogemin qui gère le Min d’Agen (47) et compte 600 producteurs apporteurs dont plus de la moitié vient du Lot-et-Garonne. « Il y a un manque de connaissance de la part des producteurs, et de sensibilisation des "...montrer aux producteurs qu'il y a des intérêts à travailler avec les grossistes ou sur le carreau" qu'il y a des intérêts à travailler avec les grossistes du Min ou sur le carreau », souligne Jacques Mary, directeur de la Sominval. Le site de Vivy, près Un périmètre de référence à défendre La Fédération nationale des marchés de gros se prépare à augmenter la clause de « revoyure » du périmètre de référence de MIN prévue par la réforme de 2010. « La notion de périmètre de référence est une composante des marchés de gros. La notion de surface de vente de plus de 1 000 m2, soumise à autorisation, doit être clairement définie dans la réglementation », précise Michel Escofier, secrétaire général de la Fédération. Pour que la loi soit uniformément applicable pour tous, le Fédération demande également qu’un organisme placé sous le contrôle du Préfet doive assurer le contrôle et le suivi des installations, dans le périmètre de référence. Toutefois, la Fédération des marchés de gros, qui tiendra son assemblée générale prochainement à Bordeaux (33), juge que cette loi n’est pas bonne pour le futur des Min et marchés de gros en général, le législateur n’ayant pas compris ou difficilement compris l’intérêt des marchés de gros dans l’aménagement du territoire. plus jeunes aux intérêts de passer par le Min. Pourtant, ici, tout peut se vendre », relèvent Annick Solal, directrice, et Thierry Barto, chef de service. Une réorganisation du marché afin de mieux encadrer les transactions et l’amélioration de l’accueil des acheteurs, notamment l’aménagement de quai vise à faire venir plus acheteurs. Déjà plus de 350 viennent régulièrement de tout le Grand Sud-ouest pour la diversité de l’approvisionnement. « Mais le fait qu'il y ait plus d’acheteurs peut aussi faire venir plus de producteurs », constatent les responsables. L’activité bio progresse A Nice (06), sur le carreau où se mêlent 281 producteurs, 42 grossistes et 352 acheteurs, le constat est plus délicat. « Le carreau producteurs est en perte de vitesse. Il n’y a que peu de reprises d’exploitations soumises à d’importantes pressions foncières. La proximité de l’Italie pourrait être une solution pour son développement. Mais ce qui fonctionne pour les fleurs ne marche pas pour les fruits et légumes. Je le déplore », mentionne Christophe Nardelli, chargé d’exploitation du marché. Néanmoins, l’activité fruits et légumes reste stable avec 75 000 tonnes commercialisées, soit 42 % de l’activité du marché. Même constat à Nantes (44) où le chiffre d’affaires des 50 producteurs de la région baisse chaque année, les terres autour de Nantes étant de plus en plus prises par l'urbanisation. « Seule l'activité bio progresse de 5-6 % par an, sur le carreau ou auprès des grossistes, constate Yannick Taché, responsable d'exploitation de la Semminn, qui gère le MIN. Les producteurs bio sont plutôt situés plus loin de Nantes et sont donc moins touchés par l'urbanisation ». Le carreau producteurs du Min de Cavaillon (84) n’échappe pas à la règle de la diminution de la population agricole. « Néanmoins, on voit des structures de production agricoles s’investir sur ce circuit de commercialisation à destination du détail régional. Je pense qu’elles auront capacité à remplacer progressivement les nombreux petits producteurs qui prennent leur retraite », optimise René Molle, directeur de Reminca, gestionnaire du marché. du marché de gros de Montpellier (34), la valorisation de la proximité est un atout à développer. « La réponse à la demande sociétale de produire local et des circuits courts se trouve aussi chez nous, et ce, depuis 50 ans. Nous avons une longueur d’avance », faitil remarquer. Aussi, les fruits et légumes sont le cœur d’activité du marché de Montpellier et représentent 40 % de son liser. Et l’association peut disposer de fruits et légumes frais à prix bas, explique le responsable. C’est une sorte d'Amap (Association pour le maintien d'une agriculture de proximité) pour 20 000 bénéficiaires et plus de 100 tonnes sur quatre mois », assure-t-il. Mais audelà, Olivier Lauro souhaite développer ce concept auprès des lycées, centres hospitaliers et autres cuisines collectives de la région, ou impliquer d’autres marchés dans la même démarche. Pour Michel Escofier, il s’agit d’un bon exemple. « L’incitation au "manger local", que l’on constate dans de nombreuses communautés urbaines, est une opportunité pour les producteurs. Toutefois, pour des raisons logistiques et statutaires, ils ne peuvent accéder aux appels d’offre. Mais en s’associant au savoir-faire de massification et de services des grossistes, ce marché est une opportunité. Il est urgent de trouver un modèle », mentionne-t-il. La proximité se traduit aussi par la qualité. « Les professionnels du Min, producteurs et grossistes, sont capables de fournir des produits de saison, fraîchement cueillis ou mûrs à point, en "La réponse à la demande sociétale de produire local et des circuits courts se trouve aussi chez nous, et ce, depuis 50 ans." Valoriser la proximité Mais pour Olivier Lauro, directeur de Mercadis, gestionnaire activité, avec près de 100 producteurs qui viennent sur le carreau trois fois par semaine. Pour la troisième année, Mercadis expérimentera, sous couvert de l’Inra, un mode d’approvisionnement novateur de l’antenne locale des Restos du cœur. « Nous faisons jouer toutes nos compétences pour proposer, selon la disponibilité et les cours du marché, des produits à cette association. Pour les producteurs, cela facilite l’écoulement de produits parfois difficiles à commercia- Reussir F&L n°329 - juin 2013 49 vendre fonction de la demande des acheteurs », explique Annick Solal, au Min d’Agen, précisant que cette qualité peut aussi facilement s’expédier grâce à la logistique dont bénéficie le site. Le marché de gros de LyonCorbas (69), qui commercialise 300 000 tonnes de fruits et légumes chaque année, joue aussi la carte de la proximité. Il regroupe une soixantaine de producteurs, majoritairement issus de la région Rhône-Alpes, 22 grossistes et plus de 2 100 clients du marché provenant pour la plupart (83 %) de la région Rhône-Alpes. « Notre positionnement parmi les autres circuits s’appuie sur la diversité de notre offre, la qualité des produits et la réactivité et expertise des vendeurs aussi bien avec l’aval qu’avec l’amont, avec qui nous partageons une très grande proximité. Ces valeurs sont reconnues par nos clients et sont défendues tous les jours par les opérateurs », selon Nathalie Charbonel, directrice du marché de gros. Augmenter une production locale de qualité A Toulouse (31), la situation est proche. Le MIN se carac- Special Marches de gros Le secteur fruits et légumes du MIN de Toulouse reste le plus important en termes de surface occupée et d’activités avec près de 300 producteurs qui apportent 25 à 30 000 tonnes de fruits et légumes. térise par la mise en marché de l’ensemble des produits alimentaires complétés par la fleur, l’horticulture, la pépinière et la fourniture fleuristes avec une zone d’influence sur neuf départements et plus de trois millions d’habitants. Le secteur fruits et légumes reste le plus important en termes de surface occupée et d’activités : grossistes de carreau, grossistes à service complet, préparation et 4ème gamme et aussi près de 300 producteurs qui apportent 25 à 30 000 tonnes de fruits et légumes. « Il s’agit d’un marché de consommation fortement concurrentiel qui attire le développement des circuits directs et une concur- Choisir la voie de la diversification ? Avec ses 137 337 tonnes commercialisées en 2012, le MIN de Châteaurenard (13) reste un marché qui n'a pas encore choisi la voie de la diversification. « Il y a un intérêt indique Jérémie Becciu, directeur du MIN, mais pour l’heure nos statuts n’autorisent pas la diversification des activités. Mais, il y a de la demande et nous pouvons devenir un véritable pôle agri-agro en diversifiant les secteurs d’activité, en particulier celui des services ». Le taux de remplissage des infrastructures du MIN est de 100 % avec 51 sociétés installées (expéditeurs, transporteurs, producteurs,…). « Nous avons beaucoup de demandes d’implantation, d’où les projets d’investissements notamment pour la construction de nouveaux bâtiments permise par nos réserves foncières ». Une autre piste de développement réside peut-être dans la commercialisation de produits d’import, ce que le MIN s’interdit aujourd’hui encore : « Nous avons essayé avec les produits exotiques qui permettent aux camions de compléter leur chargement sans changer de sites. Ce doit être possible avec d’autres produits, tout en veillant aux calendriers de production. Mais la décision finale revient au conseil d‘administration ». 50 Reussir F&L n°329 - juin 2013 rence exacerbée des différents opérateurs de la grande distribution qui restent clients du marché pour leur totalité, en dépannage et, pour certains, en livraison directe par des accords grossistes-producteursgrande distribution », explique Paul Mirous, directeur général du Min Toulouse Métropole. Il faut noter, par périodes, la concurrence d’approvisionnement par d’autres marchés, en particulier Barcelone et Perpignan (66). « Ceci ne constitue pas, à ce jour, une tendance lourde mais plutôt des achats d’opportunité compte tenu de la proximité de ces zones », mentionne le responsable qui se dit près à soutenir toute initiative permettant d’augmenter une production locale de qualité pour approvisionner Toulouse Métropole avec comme objectif : 40 000 tonnes à dix ans « c'est-à-dire compenser le vieillissement de nos producteurs et augmenter de 20 % les tonnages actuels », précise-t-il. Diversification des activités Sur le carreau du marché de gros d’Avignon (84), le nombre de producteurs s’est aussi réduit. « S’il reste toutefois 120 producteurs, les fruits et légumes ne concernent plus que 29 % du chiffre d’affaires du marché. Depuis de longues années, le MIN d’Avignon a fait le choix de la diversification des secteurs d’activité. Aujourd’hui, le poste le plus important est réalisé par le Cash qui continue sa progression », indique Patrick Tralongo, directeur adjoint du marché. Même s’il est encore monoproduit fruits et légumes, le marché de gros de Perpignan (66) a mis la diversification de ses activités dans ses projets. « À 60 000 tonnes commercialisées sur le marché, nous avons encore une marge de progression », souligne Gilles Bertrand, directeur de développement des filières et de l’entreprise. Une progression qui peut se faire par l’augmentation de la fréquentation et un développement de la gamme : les fruits et légumes frais ou transformés avec l’installation de microentreprises de transformation ou encore les productions du département comme l’agroalimentaire, le vin, les fleurs etc. « C’est le premier axe de notre projet de développement du MIN. Le second consiste à diversifier notre clientèle de détaillants en travaillant avec la restauration privée ou collective », précise-t-il. A Cavaillon (84), les fruits et légumes représentent 83 % du chiffre d’affaires du MIN avec 100 000 tonnes, 21 grossistes, 400 producteurs et 300 acheteurs. Les autres secteurs d’activité sont la logistique et divers non alimentaires et la catégorie "autres alimentaires". « Le MIN d’aujourd’hui, souligne René Molle, gestionnaire du marché, vit bien sa mutation d’un marché de production à un marché de gros. La halle de vente en gros est attractive et offre une com- Rungis va rénover ses pavillons fruits et légumes Rénovation La rénovation des pavillons fruits et légumes sera mise en œuvre cet été. L e marché de Rungis (94) nourrit quotidiennement 18 millions d'Européens dont 11 millions de Franciliens. Sa culture, c’est celle des Halles de Paris, le « ventre de Paris » de Zola, le commerce de proximité… Les fruits et Légumes, à Rungis, représentent plus de 750 000 tonnes de produits (370 000 t de fruits - 380 000 t de légumes) sur le marché physique et 800 000 tonnes en logistique. Ils concernent 340 entreprises, sur les 1 200 que compte le Min. Sur ces 340 entreprises, on compte 200 grossistes, 70 producteurs et 70 courtiers (import-export). Un activité qui pèse 2,6 milliards d’euros annuels. « Au-delà de la production nationale, nous nous intéressons aussi à la production régionale. C’est pour cette raison que le carreau des producteurs a été récréé, afin de soutenir les producteurs de fruits et légumes d’Ile-de-France. Et de la même manière que pour les autres secteurs, nous réalisons régulièrement des opérations de marketing commercial en y associant les producteurs de la filière concernée », mentionne Dominique Batani, directeur du marché de Rungis. La Semmaris, société gestionnaire du Min de Rungis, investit de l’ordre de 35 à 40 millions annuels pour les travaux de rénovation du marché. Il y a eu récemment l’ouverture d’un nouvel entrepôt frigorifique pour les fruits et légumes. La rénovation de l’ensemble des huit pavillons consacrés aux fruits et légumes sera mise en œuvre cet été pour un investissement de près dix millions d’euros. « C’est un très gros investissement et une année de travail. Les rénovations portent sur la partie éclairage des pavillons, la peinture, les aménagements aux normes handicapés, ascenseurs, etc. Nous avons créé un comité de pilotage avec le syndicat des grossistes afin que les améliorations corres- plémentarité entre les grossistes et les producteurs qui s’y sont investis ». A Nantes, le Min a aussi complété son offre par des fleurs et plantes, de la marée et des activités de services, transport, cash... Deux ateliers de conditionnement (compotes et confitures bio, herbes aromatiques) et une importante structure de mûrissage et commercialisation de bananes y sont installés. A Lille, c’est un projet d'atelier 4ème gamme qui est actuellement à l'étude. Des projets de modernisation Des projets importants de nouvelles constructions, à Rungis (voir encadré) ou de rénovation complète, à Bordeaux, Lille ou à Toulouse, ont été poursuivis en 2008. Ainsi, ces dernières années, 25 millions d’euros ont été investis sur le MIN de Lille-Lomme pour agrandir les cases, couvrir les allées et construire des quais et un pôle fleurs afin d’accueillir des acheteurs du Nord-Pas de Calais, de Champagne-Ardennes, de la Somme mais aussi de Belgique, des Pays-Bas et d'Angleterre. « Un travail a été mené aussi avec l'Institut Pasteur et les producteurs sur les Lmr, travail récompensé fin 2011 par le prix de la sécurité alimentaire de l'Union mondiale des marchés de gros », précise sa responsable. A Marseille (13), le secteur des fruits et légumes reste le premier secteur. Quarantedeux grossistes et autres permanents occupent les infrastructures. En 2011, les opérateurs privés ont investi près de 365 000 € pour l’aménagement, la rénovation de leurs box, alors que pour sa part, le gestionnaire a consacré 370 000 € pour l’aménagement des parties communes comme la surveillance vidéo, le contrôle des entrées ou les enrobés. « En dépit de la crise, Dix millions d'euros et une année de travail seront nécessaires. pondent aux besoins des grossistes », poursuit Dominique Batani. Toutes les problématiques liées à l’adaptation du Min à son environnement sont prises en compte. Des réflexions sont menées avec les grossistes et les transporteurs pour voir comment il est possible de mutualiser la logistique de la livraison du dernier kilomètre, « afin de donner des réponses à la ville de Paris, son agglomération et la région Ile-de-France s’agissant de la réduction de la facture C02 du transport. On va également essayer de soutenir les grossistes sur la problématique de l’écotaxe, etc. » ■ MB nous constatons un renouvellement des générations de gérants, qui, de plus, n’hésitent pas à investir », souligne Fatima Makbloul Barriol, chargée de communication. Le carreau producteurs (267 usagers) a lui aussi fait l’objet de travaux maintenu. « L’investissement sur le carreau producteurs réalisé en 2012 pour six millions d’euros, a amené une forte fréquentation des acheteurs qui avaient déserté jusqu’ici cette zone », mentionne Paul Mirous, toute en nuançant cette information puisque la saison 2012 a été favorable au carreau en termes de prix et de quantité. Enfin, l’investissement sur la 4ème gamme va permettre de renforcer une source d’écoulement complémentaire de l’agriculture locale et, en particulier, va permettre la réponse aux appels d’offre public par les opérateurs du MIN. Si le marché de Toulouse a terminé sa rénovation tous secteurs confondus, les investissements futurs seront concentrés sur des projets niches à même d’accroître le flux des opérateurs en place et de la filière en général. Plusieurs études sont en cours. "... nous constatons un renouvellement des générations de gérants, qui, de plus, n’hésitent pas à investir." et est sujet à des "projets de modernisation". A Toulouse, la rénovation du secteur grossistes, réalisée en totalité par le gestionnaire entre 2007 et 2010 pour plus de 18,6 millions d’euros, a permis de maintenir une offre diversifiée en termes d’opérateurs et de gammes. Ainsi, le nombre de grossistes, important, a été Reussir F&L n°329 - juin 2013 51 vendre Elles vont aboutir en fin d’année sur un projet appelé « nouveau modèle économique », présentant des actions à chacun des stades de la filière. Connectés avec leur territoire C’est aussi dans la voie des services que le Min de Montpellier, qui propose déjà la mutualisation d’équipements frigorifiques, recyclage des déchets, surveillance… souhaite élargir ces compétences. « La mutualisation, la massification et l’éclatement sont les enjeux de la logistique urbaine pour réduire les coûts et répondre à la réduction de circulation Special Marches de gros dans les villes. Il y a un modèle d'organisation et économique à construire dans ce domaine », témoigne Olivier Lauro. Le Min d’Agen, qui propose déjà aux adhérents et aux acheteurs, une location de frigo à la palette avec assistance d’un cariste, se projette aussi dans cette approche logistique du "dernier kilomètre parcouru". « Mais personne n’a la solution. Toutefois, les Min appartiennent aux collectivités qui se préoccupent de la logistique urbaine, surtout pour les personnes avec l’amélioration des transports en commun. Lorsque leur préoccupation se portera sur l’approvisionnement de la ville, qui représente 20 % du trafic, les marchés auront des atouts de localisation et de compétence à faire valoir », précise Michel Escofier. A Avignon, la SMINA investit dans l’immobilier dans le cadre du projet de diversification des activités. L’enjeu pour le MIN d’Avignon sera la construction de la ligne de tramway. « Ce peut être une opportunité pour se positionner en tant que plate-forme d’éclatement, via de petits véhicules légers pour entrer dans le centre-ville. Notre objectif est de faire comprendre aux entreprises l’intérêt de notre positionnement géogra- phique ». Un autre projet à plus long terme sera le recentrage du site d'Angers sur le marché de gros, les activités de logistique-entreposage devant être déplacées à l'extérieur de la ville pour laisser place aux projets urbains. Enfin, pour faciliter les livraisons urbaines et les circuits courts, le MIN de Lille vient d'adhérer au Centre multimodal de distribution urbaine fondé avec Ports de Lille. Preuve que les Min et marché de gros vivent connectés avec leur territoire. ■ Enquête réalisée par : Véronique Bargain, Michel Bru, Catherine Brunner, Guy Dubon Changement d’adresse annoncé Organisation Proches des centres villes, les ressources foncières des Min et marchés de gros font parfois des envieux. Et poussent au déménagement. I mplantés pour la plupart dans les années 19501960, certains marchés d’intérêt national ou de gros se trouvent à l’étroit mais surtout subissent la pression d’urbanisation avide de nouveaux espaces proches des centres-villes. A Nantes, par exemple, le Min est implanté depuis 1969 sur l'Île de Nantes, au centre-ville. Mais d'ici à 2018, il devrait être reconstruit en périphérie de l'agglomération, à Rezé, pour laisser la place au CHU. Sa nouvelle implantation près du périphérique bénéficiera d’un accès direct au centre-ville. Délocalisation en cours Depuis quelques années, tout est donc axé sur le déménagement. Le projet est géré par Nantes Métropole, avec la chambre de commerce et l'association MIN Avenir qui rassemble 80 % des professionnels du MIN. L'objectif est que toutes les entreprises actuellement présentes sur le MIN déménagent sur le nouveau site qui devra présenter des améliorations au niveau logistique, productivité... afin d’accueillir les 600 clients (restaurateurs, détaillants...) de la région et du grand Ouest (fleurs) qui fréquentent le marché. Un pôle d'activité dédié au développement de la filière agro-alimentaire régionale sera également créé sur le même site. A Nice aussi, la situation et l’avenir du marché sont liés aux problèmes du foncier. « La délocalisation est toujours en cours de réflexion, indique Christophe Nardelli, chargé d’exploitation du marché. Un autre site est à l’étude, plus éloigné de la ville et surtout de l’aéroport mais actuellement, personne n’est en capacité de nous dire précisément ce qu’il va advenir du marché de gros ». 52 Reussir F&L n°329 - juin 2013 Pour l’heure donc, pas question d’investissements ni de la part du gestionnaire, ni des opérateurs privés. Depuis plusieurs années, la régie n’a pas engagé des nouveaux investissements. « Jusqu’en 2010, nous étions sous gestion privée qui, depuis, a été reprise par une régie publique. Nous devons donc attendre que les choses se mettent en place pour envisager des investissements d’ici à au moins un an ». Conçu pour et par des professionnels La situation est identique à Marseille où le MIN des Arnavaux est suspendu aux décisions concernant la future déviation de la métropole provençale (la L2) qui devrait l’amputer d’une partie de sa superficie. « Nous sommes dans une position d’attentisme. J’espère seulement que la solution sera intelligente et que nous pourrons apporter notre point de vue afin qu’il soit le meilleur possible pour notre marché ... », mentionne Fatima Makbloul Barriol, chargée de communication. Bien que long et délicat, le déménagement peut être l’occasion d’une nouvelle dynamique. Construit en 2009, celui de Lyon-Corbas est aujourd’hui un des marchés de gros les plus modernes. C’est à cette occasion qu’il est passé de statut de MIN à celui de marché de gros privé. Le marché est équipé de quais différents pour le déchargement et le chargement, la marche en avant des produits et l’optimisation du travail, mais aussi de carreaux modulables équipés en quasi totalité d’une aire de vente climatisée et de frigos en froid dirigé (150 000 m3 de froid) et des volumes aérés. Environ 90% des entreprises sont équipées d’un système informatique pour leurs ventes, permettant ainsi de mieux gérer leur activité économique. « Ce marché a entièrement été conçu pour et par des professionnels de la filière. Grâce aux différents aménagements mis en place et à notre système économique singulier, ce sont aujourd’hui des délégations du monde entier qui viennent nous visiter (Angleterre, Russie, Mongolie, Chine, Inde, NouvelleCalédonie, Roumanie) pour mieux comprendre notre outil », précise Nathalie Charbonel, directrice du marché de gros. ■