Les marchés de gros dans l`air du temps

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Les marchés de gros dans l`air du temps
vendre
Special Marches de gros
Les marchés
de gros
dans l'air
du temps
Rungis, premier MIN de France avec plus de 750 000 tonnes
de fruits et légumes commercialisés par 340 entreprises.
Enquête Les marchés de gros sont an-
crés dans leur territoire avec leurs avantages et contraintes. Mais ce qui a été
parfois restrictif pour certains acteurs de
la filière peut devenir un atout à l’heure
du retour de la proximité, des circuits
courts et du manger local.
L
es marchés d’intérêt nationaux (MIN) et les marchés
de gros sont devenus des
plates-formes qui s’adaptent
en permanence aux besoins de
leurs utilisateurs. Pour ceux
qui sont proches de grandes
métropoles ces évolutions
sont axées sur des fonctions
élargies d’approvisionnement
de tout le secteur agroalimentaire. Pour ceux basés dans
les bassins de productions, il
s’agit de services logistiques et
d’expédition. Toutefois, dans
tous les cas, ils constituent une
interface physique entre offre
et demande et participent au
fonctionnement des territoires.
Les Min et marchés de gros
sont des pôles économiques qui
rayonnent sur un plan régional, voire inter-régional. Après
être passé de 10 milliards à 12
milliards d'euros de chiffre
d’affaires entre 2000 et 2003,
leur chiffre d’affaires global s’est
stabilisé. La concentration normale des activités entraîne une
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légère réduction du nombre
d’opérateurs permanents. Mais
c’est la réduction régulière du
nombre de producteurs qui
préoccupe le plus les responsables de la plupart des marché.
Ceux-ci totalisent aujourd’hui
3 600 adhérents-apporteurs de
fruits et légumes alors qu’ils en
comptaient plus de 5 000 au
début des années 2000.
Reconquérir
les producteurs
Toutefois, après une baisse
régulière jusqu’en 2007, les
Min ont regagné de l’intérêt auprès des professionnels. « Cet attachement des
producteurs a pu être vérifié
lors de la mise place de la
contractualisation dans la
filière fruits et légumes avec,
au final, la constitution d’un
« contrat spot » qui permet de
fonctionner dans la légalité »,
précise Michel Escofier, secrétaire général de la Fédération
des marchés de gros de France.
L’effet « local », la valorisation
de tous les produits et de toutes
leurs catégories, même parfois à petits prix et une entrée
de trésorerie rapide sont des
atouts qui, selon différents observateurs, ont remobilisé des
producteurs. Mais les responsables des marchés ont aussi
fait preuve d’initiative. « Un de
nos objectifs est de faire venir
de nouveaux producteurs sur
le carreau », souligne Isabelle
Cambier, directrice adjointe
du MIN de Lille-Lomme (59).
Pour cela, le MIN lance des
journées professionnelles qui
auront lieu cinq fois par an et
permettront aux producteurs
et grossistes de découvrir le
marché. La prochaine aura lieu
le 20 juin. A Angers (49), une
campagne de communication
a été lancée fin 2012 auprès des
maraîchers. « Notre objectif est
de montrer aux producteurs
de Saumur (49), est spécialisé en fruits et légumes et rassemble 110 producteurs livrant
des asperges, fraises, pommes,
poires, légumes botte, panais,
topinambours... En 2011,
27 500 tonnes de fruits et légumes ont été commercialisées
sur le Min d'Angers-Vivy, pour
un chiffre d'affaires de 35 M€.
63 % étaient d'origine française
et un tiers provenaient de la
région. A Châteaurenard (13),
1 000 producteurs et 137 acheteurs fréquentent tout au long
de l’année le MIN. « Il y a un
potentiel de producteurs qui ne
viennent pas sur le marché, reconnaît Jérémie Becciu, directeur du MIN. Une association
des producteurs du carreau de
Châteaurenard est en réflexion
pour fonder une entité, puis
une garantie ou un label, qui
pourrait conforter la position
actuelle de notre bassin de
production et valoriser
les produits des producteurs qui fréquentent le
marché ». Même constat
pour les responsables
de la Sogemin qui gère
le Min d’Agen (47) et
compte 600 producteurs
apporteurs dont plus de la moitié vient du Lot-et-Garonne.
« Il y a un manque de connaissance de la part des producteurs, et de sensibilisation des
"...montrer aux producteurs qu'il y a des intérêts
à travailler avec les grossistes ou sur le carreau"
qu'il y a des intérêts à travailler avec les grossistes du Min
ou sur le carreau », souligne
Jacques Mary, directeur de la
Sominval. Le site de Vivy, près
Un périmètre de référence
à défendre
La Fédération nationale des marchés de gros se prépare à augmenter la clause de « revoyure » du périmètre de référence de
MIN prévue par la réforme de 2010. « La notion de périmètre de
référence est une composante des marchés de gros. La notion
de surface de vente de plus de 1 000 m2, soumise à autorisation, doit être clairement définie dans la réglementation », précise Michel Escofier, secrétaire général de la Fédération. Pour
que la loi soit uniformément applicable pour tous, le Fédération
demande également qu’un organisme placé sous le contrôle
du Préfet doive assurer le contrôle et le suivi des installations,
dans le périmètre de référence. Toutefois, la Fédération des
marchés de gros, qui tiendra son assemblée générale prochainement à Bordeaux (33), juge que cette loi n’est pas bonne
pour le futur des Min et marchés de gros en général, le législateur n’ayant pas compris ou difficilement compris l’intérêt des
marchés de gros dans l’aménagement du territoire.
plus jeunes aux intérêts de passer par le Min. Pourtant, ici,
tout peut se vendre », relèvent
Annick Solal, directrice, et
Thierry Barto, chef de service.
Une réorganisation du marché
afin de mieux encadrer les transactions et l’amélioration de
l’accueil des acheteurs, notamment l’aménagement de quai
vise à faire venir plus acheteurs.
Déjà plus de 350 viennent régulièrement de tout le Grand
Sud-ouest pour la diversité de
l’approvisionnement. « Mais le
fait qu'il y ait plus d’acheteurs
peut aussi faire venir plus de
producteurs », constatent les
responsables.
L’activité bio progresse
A Nice (06), sur le carreau où
se mêlent 281 producteurs, 42
grossistes et 352 acheteurs, le
constat est plus délicat. « Le
carreau producteurs est en
perte de vitesse. Il n’y a que
peu de reprises d’exploitations
soumises à d’importantes pressions foncières. La proximité
de l’Italie pourrait être une
solution pour son développement. Mais ce qui fonctionne
pour les fleurs ne marche pas
pour les fruits et légumes. Je le
déplore », mentionne Christophe Nardelli, chargé d’exploitation du marché. Néanmoins,
l’activité fruits et légumes reste
stable avec 75 000 tonnes commercialisées, soit 42 % de l’activité du marché. Même constat
à Nantes (44) où le chiffre d’affaires des 50 producteurs de la
région baisse chaque année,
les terres autour de Nantes
étant de plus en plus prises par
l'urbanisation. « Seule l'activité
bio progresse de 5-6 % par an,
sur le carreau ou auprès des
grossistes, constate Yannick
Taché, responsable d'exploitation de la Semminn, qui
gère le MIN. Les producteurs bio sont plutôt situés
plus loin de Nantes et sont
donc moins touchés par
l'urbanisation ». Le carreau
producteurs du Min de
Cavaillon (84) n’échappe
pas à la règle de la diminution de la population agricole. « Néanmoins, on voit des
structures de production agricoles s’investir sur ce circuit
de commercialisation à destination du détail régional. Je
pense qu’elles auront capacité à
remplacer progressivement les
nombreux petits producteurs
qui prennent leur retraite »,
optimise René Molle, directeur de Reminca, gestionnaire
du marché.
du marché de gros de Montpellier (34), la valorisation
de la proximité est un atout à
développer. « La réponse à la
demande sociétale de produire
local et des circuits courts se
trouve aussi chez nous, et ce,
depuis 50 ans. Nous avons
une longueur d’avance », faitil remarquer. Aussi, les fruits
et légumes sont le cœur d’activité du marché de Montpellier
et représentent 40 % de son
liser. Et l’association peut disposer de fruits et légumes frais
à prix bas, explique le responsable. C’est une sorte d'Amap
(Association pour le maintien
d'une agriculture de proximité)
pour 20 000 bénéficiaires et
plus de 100 tonnes sur quatre
mois », assure-t-il. Mais audelà, Olivier Lauro souhaite
développer ce concept auprès
des lycées, centres hospitaliers
et autres cuisines collectives
de la région, ou impliquer d’autres marchés
dans la même démarche.
Pour Michel Escofier, il
s’agit d’un bon exemple.
« L’incitation au "manger
local", que l’on constate
dans de nombreuses
communautés urbaines,
est une opportunité pour
les producteurs. Toutefois,
pour des raisons logistiques et
statutaires, ils ne peuvent accéder aux appels d’offre. Mais en
s’associant au savoir-faire de
massification et de services
des grossistes, ce marché est
une opportunité. Il est urgent
de trouver un modèle », mentionne-t-il. La proximité se
traduit aussi par la qualité.
« Les professionnels du Min,
producteurs et grossistes, sont
capables de fournir des produits de saison, fraîchement
cueillis ou mûrs à point, en
"La réponse à la demande
sociétale de produire local
et des circuits courts se
trouve aussi chez nous, et
ce, depuis 50 ans."
Valoriser la proximité
Mais pour Olivier Lauro, directeur de Mercadis, gestionnaire
activité, avec près de 100 producteurs qui viennent sur le
carreau trois fois par semaine.
Pour la troisième année, Mercadis expérimentera, sous
couvert de l’Inra, un mode
d’approvisionnement novateur
de l’antenne locale des Restos
du cœur. « Nous faisons jouer
toutes nos compétences pour
proposer, selon la disponibilité et les cours du marché, des
produits à cette association.
Pour les producteurs, cela facilite l’écoulement de produits
parfois difficiles à commercia-
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vendre
fonction de la demande des
acheteurs », explique Annick
Solal, au Min d’Agen, précisant que cette qualité peut aussi
facilement s’expédier grâce à la
logistique dont bénéficie le site.
Le marché de gros de LyonCorbas (69), qui commercialise 300 000 tonnes de fruits
et légumes chaque année, joue
aussi la carte de la proximité.
Il regroupe une soixantaine de
producteurs, majoritairement
issus de la région Rhône-Alpes,
22 grossistes et plus de 2 100
clients du marché provenant
pour la plupart (83 %) de la région Rhône-Alpes. « Notre positionnement parmi les autres
circuits s’appuie sur la diversité
de notre offre, la qualité des
produits et la réactivité et expertise des vendeurs aussi bien
avec l’aval qu’avec l’amont, avec
qui nous partageons une très
grande proximité. Ces valeurs
sont reconnues par nos clients
et sont défendues tous les jours
par les opérateurs », selon Nathalie Charbonel, directrice du
marché de gros.
Augmenter
une production locale
de qualité
A Toulouse (31), la situation
est proche. Le MIN se carac-
Special Marches de gros
Le secteur fruits et légumes du MIN de Toulouse reste le plus important en termes de surface
occupée et d’activités avec près de 300 producteurs qui apportent 25 à 30 000 tonnes de fruits
et légumes.
térise par la mise en marché
de l’ensemble des produits
alimentaires complétés par la
fleur, l’horticulture, la pépinière et la fourniture fleuristes
avec une zone d’influence sur
neuf départements et plus de
trois millions d’habitants. Le
secteur fruits et légumes reste
le plus important en termes de
surface occupée et d’activités :
grossistes de carreau, grossistes à service complet, préparation et 4ème gamme et aussi
près de 300 producteurs qui
apportent 25 à 30 000 tonnes
de fruits et légumes. « Il s’agit
d’un marché de consommation fortement concurrentiel
qui attire le développement des
circuits directs et une concur-
Choisir la voie de la diversification ?
Avec ses 137 337 tonnes commercialisées en 2012, le MIN de
Châteaurenard (13) reste un marché qui n'a pas encore choisi
la voie de la diversification. « Il y a un intérêt indique Jérémie
Becciu, directeur du MIN, mais pour l’heure nos statuts n’autorisent pas la diversification des activités. Mais, il y a de la
demande et nous pouvons devenir un véritable pôle agri-agro
en diversifiant les secteurs d’activité, en particulier celui des
services ». Le taux de remplissage des infrastructures du MIN
est de 100 % avec 51 sociétés installées (expéditeurs, transporteurs, producteurs,…). « Nous avons beaucoup de demandes
d’implantation, d’où les projets d’investissements notamment
pour la construction de nouveaux bâtiments permise par nos
réserves foncières ». Une autre piste de développement réside
peut-être dans la commercialisation de produits d’import, ce
que le MIN s’interdit aujourd’hui encore : « Nous avons essayé
avec les produits exotiques qui permettent aux camions de
compléter leur chargement sans changer de sites. Ce doit être
possible avec d’autres produits, tout en veillant aux calendriers de production. Mais la décision finale revient au conseil
d‘administration ».
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rence exacerbée des différents
opérateurs de la grande distribution qui restent clients du
marché pour leur totalité, en
dépannage et, pour certains,
en livraison directe par des accords grossistes-producteursgrande distribution », explique
Paul Mirous, directeur général
du Min Toulouse Métropole.
Il faut noter, par périodes, la
concurrence d’approvisionnement par d’autres marchés, en
particulier Barcelone et Perpignan (66). « Ceci ne constitue
pas, à ce jour, une tendance
lourde mais plutôt des achats
d’opportunité compte tenu de
la proximité de ces zones »,
mentionne le responsable qui
se dit près à soutenir toute initiative permettant d’augmenter
une production locale de qualité pour approvisionner Toulouse Métropole avec comme
objectif : 40 000 tonnes à dix
ans « c'est-à-dire compenser le
vieillissement de nos producteurs et augmenter de 20 % les
tonnages actuels », précise-t-il.
Diversification
des activités
Sur le carreau du marché de
gros d’Avignon (84), le nombre
de producteurs s’est aussi
réduit. « S’il reste toutefois
120 producteurs, les fruits et
légumes ne concernent plus
que 29 % du chiffre d’affaires
du marché. Depuis de longues
années, le MIN d’Avignon a
fait le choix de la diversification des secteurs d’activité. Aujourd’hui, le poste le plus important est réalisé par le Cash
qui continue sa progression »,
indique Patrick Tralongo, directeur adjoint du marché.
Même s’il est encore monoproduit fruits et légumes, le
marché de gros de Perpignan
(66) a mis la diversification de
ses activités dans ses projets.
« À 60 000 tonnes commercialisées sur le marché, nous
avons encore une marge de
progression », souligne Gilles
Bertrand, directeur de développement des filières et de l’entreprise. Une progression qui peut
se faire par l’augmentation de
la fréquentation et un développement de la gamme : les fruits
et légumes frais ou transformés
avec l’installation de microentreprises de transformation
ou encore les productions du
département comme l’agroalimentaire, le vin, les fleurs etc.
« C’est le premier axe de notre
projet de développement du
MIN. Le second consiste à
diversifier notre clientèle de
détaillants en travaillant avec
la restauration privée ou collective », précise-t-il. A Cavaillon (84), les fruits et légumes
représentent 83 % du chiffre
d’affaires du MIN avec 100 000
tonnes, 21 grossistes, 400 producteurs et 300 acheteurs. Les
autres secteurs d’activité sont
la logistique et divers non alimentaires et la catégorie "autres
alimentaires". « Le MIN d’aujourd’hui, souligne René Molle,
gestionnaire du marché, vit
bien sa mutation d’un marché
de production à un marché de
gros. La halle de vente en gros
est attractive et offre une com-
Rungis va rénover ses pavillons fruits et légumes
Rénovation La rénovation des pavillons fruits et légumes sera mise en œuvre cet été.
L
e marché de Rungis (94) nourrit quotidiennement 18 millions
d'Européens dont 11 millions de Franciliens. Sa culture, c’est
celle des Halles de Paris, le « ventre de Paris » de Zola, le commerce
de proximité… Les fruits et Légumes, à Rungis, représentent plus
de 750 000 tonnes de produits (370 000 t de fruits - 380 000 t de
légumes) sur le marché physique et 800 000 tonnes en logistique.
Ils concernent 340 entreprises, sur les 1 200 que compte le Min.
Sur ces 340 entreprises, on compte 200 grossistes, 70 producteurs
et 70 courtiers (import-export). Un activité qui pèse 2,6 milliards
d’euros annuels. « Au-delà de la production nationale, nous nous
intéressons aussi à la production régionale. C’est pour cette raison
que le carreau des producteurs a été récréé, afin de soutenir les
producteurs de fruits et légumes d’Ile-de-France. Et de la même
manière que pour les autres secteurs, nous réalisons régulièrement
des opérations de marketing commercial en y associant les producteurs de la filière concernée », mentionne Dominique Batani,
directeur du marché de Rungis. La Semmaris, société gestionnaire
du Min de Rungis, investit de l’ordre de 35 à 40 millions annuels
pour les travaux de rénovation du marché. Il y a eu récemment
l’ouverture d’un nouvel entrepôt frigorifique pour les fruits et légumes. La rénovation de l’ensemble des huit pavillons consacrés
aux fruits et légumes sera mise en œuvre cet été pour un investissement de près dix millions d’euros. « C’est un très gros investissement et une année de travail. Les rénovations portent sur la partie
éclairage des pavillons, la peinture, les aménagements aux normes
handicapés, ascenseurs, etc. Nous avons créé un comité de pilotage
avec le syndicat des grossistes afin que les améliorations corres-
plémentarité entre les grossistes
et les producteurs qui s’y sont
investis ». A Nantes, le Min a
aussi complété son offre par des
fleurs et plantes, de la marée et
des activités de services, transport, cash... Deux ateliers de
conditionnement (compotes
et confitures bio, herbes aromatiques) et une importante
structure de mûrissage et commercialisation de bananes y
sont installés. A Lille, c’est un
projet d'atelier 4ème gamme qui
est actuellement à l'étude.
Des projets
de modernisation
Des projets importants de nouvelles constructions, à Rungis
(voir encadré) ou de rénovation complète, à Bordeaux,
Lille ou à Toulouse, ont été
poursuivis en 2008. Ainsi, ces
dernières années, 25 millions
d’euros ont été investis sur le
MIN de Lille-Lomme pour
agrandir les cases, couvrir les
allées et construire des quais
et un pôle fleurs afin d’accueillir des acheteurs du Nord-Pas
de Calais, de Champagne-Ardennes, de la Somme mais aussi de Belgique, des Pays-Bas et
d'Angleterre. « Un travail a été
mené aussi avec l'Institut Pasteur et les producteurs sur les
Lmr, travail récompensé fin
2011 par le prix de la sécurité
alimentaire de l'Union mondiale des marchés de gros »,
précise sa responsable.
A Marseille (13), le secteur
des fruits et légumes reste le
premier secteur. Quarantedeux grossistes et autres
permanents occupent les
infrastructures. En 2011, les
opérateurs privés ont investi
près de 365 000 € pour l’aménagement, la rénovation de
leurs box, alors que pour sa
part, le gestionnaire a consacré 370 000 € pour l’aménagement des parties communes
comme la surveillance vidéo,
le contrôle des entrées ou les
enrobés. « En dépit de la crise,
Dix millions d'euros et une année de travail seront nécessaires.
pondent aux besoins des grossistes », poursuit Dominique Batani.
Toutes les problématiques liées à l’adaptation du Min à son environnement sont prises en compte. Des réflexions sont menées avec
les grossistes et les transporteurs pour voir comment il est possible
de mutualiser la logistique de la livraison du dernier kilomètre, «
afin de donner des réponses à la ville de Paris, son agglomération
et la région Ile-de-France s’agissant de la réduction de la facture
C02 du transport. On va également essayer de soutenir les grossistes sur la problématique de l’écotaxe, etc. » ■ MB
nous constatons un renouvellement des générations de
gérants, qui, de plus, n’hésitent
pas à investir », souligne Fatima Makbloul Barriol, chargée
de communication. Le carreau
producteurs (267 usagers) a
lui aussi fait l’objet de travaux
maintenu. « L’investissement
sur le carreau producteurs réalisé en 2012 pour six millions
d’euros, a amené une forte fréquentation des acheteurs qui
avaient déserté jusqu’ici cette
zone », mentionne Paul Mirous, toute en nuançant cette
information puisque la
saison 2012 a été favorable
au carreau en termes de
prix et de quantité. Enfin,
l’investissement sur la
4ème gamme va permettre
de renforcer une source
d’écoulement
complémentaire de l’agriculture
locale et, en particulier, va
permettre la réponse aux appels d’offre public par les opérateurs du MIN. Si le marché
de Toulouse a terminé sa rénovation tous secteurs confondus, les investissements futurs
seront concentrés sur des projets niches à même d’accroître
le flux des opérateurs en place
et de la filière en général. Plusieurs études sont en cours.
"... nous constatons
un renouvellement des
générations de gérants,
qui, de plus, n’hésitent
pas à investir." et est sujet à des "projets de
modernisation".
A Toulouse, la rénovation du
secteur grossistes, réalisée en
totalité par le gestionnaire
entre 2007 et 2010 pour plus de
18,6 millions d’euros, a permis
de maintenir une offre diversifiée en termes d’opérateurs et
de gammes. Ainsi, le nombre
de grossistes, important, a été
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vendre
Elles vont aboutir en fin d’année sur un projet appelé « nouveau modèle économique »,
présentant des actions à chacun des stades de la filière.
Connectés
avec leur territoire
C’est aussi dans la voie des
services que le Min de Montpellier, qui propose déjà la
mutualisation d’équipements
frigorifiques, recyclage des déchets, surveillance… souhaite
élargir ces compétences. « La
mutualisation, la massification
et l’éclatement sont les enjeux
de la logistique urbaine pour
réduire les coûts et répondre
à la réduction de circulation
Special Marches de gros
dans les villes. Il y a un modèle d'organisation et économique à construire dans ce
domaine », témoigne Olivier
Lauro. Le Min d’Agen, qui
propose déjà aux adhérents
et aux acheteurs, une location
de frigo à la palette avec assistance d’un cariste, se projette
aussi dans cette approche logistique du "dernier kilomètre
parcouru". « Mais personne
n’a la solution. Toutefois, les
Min appartiennent aux collectivités qui se préoccupent
de la logistique urbaine, surtout pour les personnes avec
l’amélioration des transports
en commun. Lorsque leur
préoccupation se portera sur
l’approvisionnement de la ville,
qui représente 20 % du trafic,
les marchés auront des atouts
de localisation et de compétence à faire valoir », précise
Michel Escofier. A Avignon, la
SMINA investit dans l’immobilier dans le cadre du projet
de diversification des activités.
L’enjeu pour le MIN d’Avignon
sera la construction de la ligne
de tramway. « Ce peut être une
opportunité pour se positionner en tant que plate-forme
d’éclatement, via de petits
véhicules légers pour entrer
dans le centre-ville. Notre objectif est de faire comprendre
aux entreprises l’intérêt de
notre positionnement géogra-
phique ». Un autre projet à
plus long terme sera le recentrage du site d'Angers sur le
marché de gros, les activités de
logistique-entreposage devant
être déplacées à l'extérieur de
la ville pour laisser place aux
projets urbains. Enfin, pour
faciliter les livraisons urbaines
et les circuits courts, le MIN de
Lille vient d'adhérer au Centre
multimodal de distribution urbaine fondé avec Ports de Lille.
Preuve que les Min et marché
de gros vivent connectés avec
leur territoire. ■
Enquête réalisée par :
Véronique Bargain, Michel Bru,
Catherine Brunner, Guy Dubon
Changement d’adresse annoncé
Organisation Proches des centres villes, les ressources foncières des Min et marchés
de gros font parfois des envieux. Et poussent au déménagement.
I
mplantés pour la plupart
dans les années 19501960, certains marchés
d’intérêt national ou de
gros se trouvent à l’étroit
mais surtout subissent la
pression
d’urbanisation
avide de nouveaux espaces
proches des centres-villes.
A Nantes, par exemple, le
Min est implanté depuis
1969 sur l'Île de Nantes, au
centre-ville. Mais d'ici à 2018, il devrait être reconstruit en périphérie de l'agglomération, à Rezé, pour laisser la place au CHU. Sa
nouvelle implantation près du périphérique bénéficiera d’un accès
direct au centre-ville.
Délocalisation en cours
Depuis quelques années, tout est donc axé sur le déménagement.
Le projet est géré par Nantes Métropole, avec la chambre de commerce et l'association MIN Avenir qui rassemble 80 % des professionnels du MIN. L'objectif est que toutes les entreprises actuellement présentes sur le MIN déménagent sur le nouveau site qui
devra présenter des améliorations au niveau logistique, productivité... afin d’accueillir les 600 clients (restaurateurs, détaillants...)
de la région et du grand Ouest (fleurs) qui fréquentent le marché.
Un pôle d'activité dédié au développement de la filière agro-alimentaire régionale sera également créé sur le même site.
A Nice aussi, la situation et l’avenir du marché sont liés aux problèmes du foncier. « La délocalisation est toujours en cours de
réflexion, indique Christophe Nardelli, chargé d’exploitation du
marché. Un autre site est à l’étude, plus éloigné de la ville et surtout de l’aéroport mais actuellement, personne n’est en capacité
de nous dire précisément ce qu’il va advenir du marché de gros ».
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Pour l’heure donc, pas question d’investissements ni de la part du
gestionnaire, ni des opérateurs privés. Depuis plusieurs années,
la régie n’a pas engagé des nouveaux investissements. « Jusqu’en
2010, nous étions sous gestion privée qui, depuis, a été reprise par
une régie publique. Nous devons donc attendre que les choses
se mettent en place pour envisager des investissements d’ici à au
moins un an ».
Conçu pour et par des professionnels
La situation est identique à Marseille où le MIN des Arnavaux est
suspendu aux décisions concernant la future déviation de la métropole provençale (la L2) qui devrait l’amputer d’une partie de sa
superficie. « Nous sommes dans une position d’attentisme. J’espère
seulement que la solution sera intelligente et que nous pourrons
apporter notre point de vue afin qu’il soit le meilleur possible pour
notre marché ... », mentionne Fatima Makbloul Barriol, chargée de
communication. Bien que long et délicat, le déménagement peut
être l’occasion d’une nouvelle dynamique. Construit en 2009, celui
de Lyon-Corbas est aujourd’hui un des marchés de gros les plus
modernes. C’est à cette occasion qu’il est passé de statut de MIN à
celui de marché de gros privé. Le marché est équipé de quais différents pour le déchargement et le chargement, la marche en avant
des produits et l’optimisation du travail, mais aussi de carreaux
modulables équipés en quasi totalité d’une aire de vente climatisée
et de frigos en froid dirigé (150 000 m3 de froid) et des volumes
aérés. Environ 90% des entreprises sont équipées d’un système informatique pour leurs ventes, permettant ainsi de mieux gérer leur
activité économique. « Ce marché a entièrement été conçu pour
et par des professionnels de la filière. Grâce aux différents aménagements mis en place et à notre système économique singulier,
ce sont aujourd’hui des délégations du monde entier qui viennent
nous visiter (Angleterre, Russie, Mongolie, Chine, Inde, NouvelleCalédonie, Roumanie) pour mieux comprendre notre outil », précise Nathalie Charbonel, directrice du marché de gros. ■