Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants? Je

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Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants? Je
Éducation et Sociétés Plurilingues n°34-juin 2013
Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
Andrée CHASTEL
L’autrice lavora come insegnante con viaggiatori itineranti dal 1984, è direttrice della
scuola di bambini nomadi creata nel 1980 sul campo d’accoglienza di Orléans. Il
funzionamento di questa scuola si è evoluto basandosi sui documenti ufficiali, con un
progetto di scuola, un lavoro di squadra e alcuni partenariati. È stato necessario agire su
un lungo periodo, perché si tratta non solo dei pochi bambini presenti nelle classi oggi e
degli altri, più numerosi, che non frequentano la scuola, ma anche perché ciò riguarda
famiglie intere, da diverse generazioni. Pur essendo francesi da molti secoli, questi
gruppi minoritari nomadi sfuggono all’istruzione pubblica per tutti.
The author has been teaching traveller children since 1984 and heads the special school
created for them in 1980 on the caravan site of Orléans La Source. Following the
evolution of the legislation, this school’s organization has been constantly readjusted,
with an ongoing school project, team-work and partnerships. It is necessary to make
long-term decisions because the problem does not concern only the children present in
the classes today, or the many others who are not in school, but because whole families
are concerned since several generations. Though they have been French for centuries,
these travelling itinerants still slip through the holes in the public school system.
Je travaille comme enseignante avec des voyageurs itinérants depuis 1984
et je suis directrice de l’école des enfants du voyage créée en 1980 sur
l’aire d’accueil d’Orléans La Source. Le fonctionnement de cette école a
constamment évolué en s’appuyant sur les textes officiels, avec un projet
d’école, un travail d’équipe et des partenariats.
Des projets ont vu le jour, qui ont permis aux élèves de pratiquer d’abord
des activités scolaires en dehors de l’aire d’accueil, ensuite de fréquenter
les écoles du quartier occasionnellement puis à mi-temps. En s’appuyant
sur le Bulletin Officiel spécial n° 10 du 25 avril 2002
(www.education.gouv.fr/bo/2002/special10/default.htm), les classes de
l’école du terrain ont été logiquement fermées en 2006 et les postes
d’enseignants du premier degré sont devenus itinérants sur le département.
Cela signifie que les enseignants interviennent dans les écoles et auprès des
familles lorsque cela est nécessaire pour accompagner les parents dans la
compréhension de la culture de l’école, l’explication des règles, mais aussi
pour rassurer les enfants, et pour apporter une aide pédagogique dans les
écoles; réaliser l’évaluation diagnostique lorsque les élèves arrivent à
l’école sans livret, travail en petit groupe sur des compétences ciblées,
travail dans la classe avec l’enseignant, mise en place d’un suivi
pédagogique. Pour les détails de ce programme, voir casnav.ac-orleanstours.fr/les_enfants_du_voyage/les_dispositifs_departementaux/loiret/.
A. Chastel, Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
Mes diverses expériences en caravane et camion-école, en classes pour
enfants itinérants, et en tant qu’enseignante itinérante, m’ont amenée à
prendre la décision de travailler sur des perspectives à long terme pour
répondre à la question qui mobilise l’équipe départementale du Loiret:
comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
Il y a nécessité d’agir à long terme parce qu’il est question non seulement
des quelques enfants présents dans nos classes aujourd’hui, et des quelques
autres, plus nombreux, qui ne sont pas scolarisés, mais aussi parce que cela
concerne des familles entières et ceci depuis plusieurs générations. Français
depuis plusieurs siècles, ces groupes minoritaires itinérants sont passés et
passent encore entre les mailles de l’instruction publique.
Je ne travaille qu’auprès des familles itinérantes et des écoles primaires qui
sont en difficulté:
• Avec les parents face à la réalité de l’école: les règles, la langue,
les activités hors établissement;
• Avec les enfants face à l’adaptation dont ils doivent faire preuve à
chaque changement d’école;
• Avec les enseignants face à ces élèves qui arrivent et repartent
dans le courant de l’année pour une durée indéterminée et qui
n’ont pas acquis les compétences scolaires de leur âge.
Bien sûr il y a des familles itinérantes qui scolarisent sans difficultés leurs
enfants régulièrement. Mais parmi les voyageurs rencontrés, nombreux
encore sont ceux qui ne sont pas allés ou très peu à l’école. Encore
aujourd’hui, un trop grand nombre d’enfants itinérants ne sait ni lire, ni
écrire, ni compter, à 10 ans. Notre équipe départementale cherche donc à
mettre en place des actions pérennes qui permettront de prendre en compte
au sein de l’école ce flagrant décalage qui existe avec la population
sédentaire.
Les textes officiels (voir à la fin de l’article)
La circulaire d’avril 2002 est abrogée et remplacée par celle d’Octobre
(casnav.ac-orleans-tours.fr/les_enfants_du_voyage/les_textes_officiels/)
rappelle les bases d’égalité des droits de 2002 et apporte le cadre national,
académique, département et local qui manquaient.
Une équipe départementale
Dans le département du Loiret, nous avons fait le choix d’explorer des
pratiques qui prennent en compte la famille et son rapport à l’école, la
scolarité fragmentée des élèves, les équipes pédagogiques et éducatives, les
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A. Chastel, Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
élèves sédentaires, dans le souci d’une amélioration des apprentissages de
tous les élèves et de l’apprentissage de la vie en commun.
En prenant appui sur le Bulletin Officiel spécial n° 10, puis sur le n°37 du
11 octobre 2012, un cadre départemental et des missions précises pour les
enseignants définissent le travail de l’équipe départementale. Cette équipe
est composée d’une Inspectrice de l’Education Nationale, chargée de la
mission pour la scolarisation des enfants du voyage auprès de l’Inspecteur
d’Académie, d’une directrice-coordinatrice, de quatre enseignantes
itinérantes.
Les enseignantes itinérantes (seulement des femmes cette année encore)
interviennent dans les écoles à la demande des enseignants ou des familles
et sont en contact régulier avec les familles sur les aires d’accueil.
Des approches diversifiées
Les enseignants créent un pont entre les familles qui n’ont pas d’habitudes
scolaires et les enseignants des écoles qui n’ont pas l’habitude d’enseigner
à des élèves qui fréquentent l’école irrégulièrement. L’enseignant itinérant
doit avoir du recul. Face aux parents, aux enfants ou aux enseignants, il
doit écouter, interroger, donner de l’information, dégager le temps
nécessaire pour l’intégration et la restitution de cette information.
Il faut du temps pour apprendre, s’adapter et s’habituer. Nous ne pouvons
pas prendre des habitudes sous la contrainte, même si parfois, l’injonction
peut être utile (application de la loi). Enseignant ou parents, chacun a le
sentiment de faire un gros effort et pense que l’autre n’en fait qu’un petit.
C’est une épreuve de patience et d’empathie pour l’enseignant itinérant.
Difficile parfois mais très enrichissante car nous partageons nos aventures,
difficultés, découragements, enthousiasmes, et ainsi la réflexion fait son
chemin.
L’équipe pédagogique itinérante travaille avec les partenaires sociaux,
éducatifs et institutionnels. Pour être efficace, dans le respect des rythmes
de vie des uns et des rythmes d’apprentissage des autres, il faut se
comprendre, se sentir en sécurité et reconnu. Enseignants, familles et
enfants doivent agir dans la même direction et ajuster leur curseur respectif
pour se rencontrer.
L’accompagnement de la scolarisation des enfants du voyage est pris en
compte dans le 1er axe du projet académique Orléans-Tours 2007-2011. Les
cadres locaux sont réfléchis, écrits, appliqués avec les partenaires des
écoles concernées par chaque aire d’accueil. Nous avons dégagé une
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A. Chastel, Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
méthode de travail et des outils que nous essayons d’y mettre en place avec
nos partenaires:
• une réunion partenariale annuelle (Education Nationale, associations,
collectivités territoriales, directeurs d’école, enseignants itinérants)
pour définir l’organisation de la scolarisation et l’évaluation du
dispositif;
• un tableau récapitulatif des rôles de chacun;
• une plaquette de scolarisation, distribuée et expliquée aux familles
lorsqu’elles arrivent sur une aire d’accueil (http://casnav.tice.acorleans-tours.fr/eva/spip.php?rubrique65);
• un contrôle des inscriptions à l’école des enfants stationnant sur les
aires d’accueil (coordinatrice);
• un accueil des parents et des enfants par les personnels de la mairie,
les personnels de direction, les enseignants, les élèves, les autres
parents, avec si nécessaire l’accompagnement d’une enseignante
itinérante;
• des visites hebdomadaires sur les lieux de stationnement des familles
par l’enseignante itinérante pour écouter, comprendre, expliquer,
rassurer, inciter, rappeler les droits de l’enfant, et rappeler la loi;
• une autorisation des gestionnaires à stationner plus de trois mois si
les enfants sont inscrits et fréquentent un établissement;
• un signalement au Directeur des Services Départementaux de
l’Education Nationale (DSDEN) en cas de non-inscription ou de
persistance de l’absentéisme après de nombreuses stratégies
d’accompagnement (courrier et convocation)
Le partenariat est engagé également avec l’ADAGV (Association
Départementale Action pour les Gens du Voyage) sur des projets de
prévention et de lutte contre l’illettrisme («Quand l’oral rencontre l’écrit»
http://www.anlci.gouv.fr/fileadmin/FPP/FPP3/Documents_divers/Synthese
_des_25__kits_du_praticien_v2.pdf, p. 9); afin de mettre en place des
actions pédagogiques auprès des enfants avec les enseignants et leurs
parents.
De toutes ces actions, celles qui me paraissent les plus pertinentes sur le
long terme sont celles qui permettent à l’enfant itinérant de se sentir à l’aise
dans la classe.
Vers une action d’intervention conjointe: témoignages
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A. Chastel, Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
Nous avons la même attitude envers les enseignants et les familles: être
présents sur leur territoire pour comprendre, gagner de la confiance, mettre
en place des actions variées et singulières. Nous souhaitons développer un
travail avec l’enseignant à partir d’une évaluation diagnostique de l’enfant
itinérant ou des informations données dans son livret scolaire de suivi, ainsi
que de l’observation en classe.
N.B.: Un enfant du voyage qui met un enseignant en difficulté induit la
mise en place de nouvelles organisations de classe ou de nouvelles
pratiques pédagogiques, comme tous les enfants à besoins particuliers, ce
qui est finalement bénéfique à tous les enfants et à l’enseignant.
Un premier réflexe est de rassembler les élèves itinérants. Mais nous
observons que la posture d’élève s’acquiert rapidement dans une classe
mixte et très difficilement dans une classe de regroupement ethnique. En
groupe mixte, même si une différenciation est nécessaire, l’enfant itinérant
puise dans la culture scolaire qu’il a sous les yeux.
Dans la classe, le travail de l’enseignant itinérant avec le maître de la classe
s’organise suivant les différentes situations et personnes en présence. Cela
permet:
• aux enseignants de prendre du recul, de ne plus être isolés dans leurs
réflexions, de s’appuyer sur tous les apprentissages des enfants;
• aux élèves habituels de la classe de bénéficier de plus
d’accompagnement dans leur travail;
• aux enfants itinérants de trouver des repères, de prendre leurs
marques dans l’espace et le groupe;
• à tous, de se sentir dans un groupe familier sécurisant.
Charlotte le dit d’ailleurs très bien: «A l’école, je voudrais que les autres
aient l’habitude de moi comme si j’étais là tout le temps».
Je souhaite que l’action de l’enseignant itinérant se concentre sur un travail
dans la classe, plus que sur un dispositif dédié des groupes spécifiques de
soutien. En mettant les élèves à part, on prend toujours le risque de les
enfermer dans cette prise en charge particulière, en les marginalisant.
Témoignages
Un directeur d’école me demande de venir aider l’équipe car un élève
d’âge CM2 vient d’arriver, il ne sait pas lire et son comportement est tel
qu’aucun enseignant ne le supporte en classe. Il a été décidé de le faire
changer de classe toutes les semaines.
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A. Chastel, Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
Je fais une évaluation de Tino seule avec lui dans une salle isolée. Il est
calme. Il m’explique qu’il vient à l’école pour apprendre à lire, qu’il
n’aime pas l’école, que les enseignants sont méchants, et qu’il ne connaît
personne.
Je décide avec l’accord des collègues de venir une heure par jour pour lui
apprendre à lire. Tino progresse bien et vite.
Trois semaines s’écoulent et son père vient me voir. Il m’explique qu’il est
très content que son fils fasse des progrès. Il constate qu’il ne travaille que
dans l’atelier avec moi et qu’il ne veut plus aller en classe. Il me propose
de me payer pour lui donner des cours à domicile: ainsi Tino n’aura pas à
venir à l’école.
Dans ce cadre, il est évident que l’enseignante itinérante a réussi avec cet
enfant, dans une certaine mesure, puisque l’apprentissage du déchiffrage
progresse – mais c’est une réussite à court terme. Sur un temps plus long, la
famille ainsi que l’enfant rejettent maintenant une scolarisation en milieu
ordinaire. Des deux côtés (famille et Education Nationale), aucune
réflexion n’a été mise en œuvre dans le projet de scolarisation: la famille ne
pouvant imaginer d’autres apports qu’une prise en charge individuelle en
marge du groupe classe et l’établissement d’accueil acceptant, demandant
même la poursuite de cette action.
Pour éviter cette ségrégation, nous devons axer nos interventions sur un
accompagnement des enseignants. Malgré leurs difficultés (classes
chargées, niveaux hétérogènes,….), ils doivent pouvoir profiter de notre
présence et de notre expertise d’enseignant itinérant pour ouvrir leur classe,
leur établissement, pour innover, pour prendre en compte la difficulté
scolaire…. Cela permettra une prise en charge de tous les élèves en les
faisant bénéficier de tous les dispositifs ordinaires de soutien présents dans
l’école
(accompagnement
individualisé,
décloisonnement,
aide
personnalisée, aides aux devoirs,..).
Le cas de Kelly est à prendre en compte dans cette perspective:
Kelly arrive en CP en janvier et n’a pas fréquenté l’école depuis le mois de
juin. Elle a un niveau de fin de grande section. L’enseignante se sent
démunie, elle demande de l’aide et souhaite que je prenne Kelly en dehors
de la classe pour lui faire rattraper son retard en lecture. Je propose de
venir dans la classe.
Je reste à côté de l’enfant et l’aide à prendre ses marques dans cette
nouvelle classe lorsque c’est nécessaire. Il s’agit surtout de repérer le
rangement du matériel, l’affichage, les espaces spécifiques, les couleurs
des cahiers mais aussi de l’aider à s’impliquer dans le travail oral car elle
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A. Chastel, Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
ne connaît pas les personnages de la méthode de lecture ni la situation. Au
moment du travail écrit, je lui prépare des exercices adaptés à son niveau.
En une semaine, l’enfant est devenue une élève de la classe. Dans le
courant de la semaine suivante, l’enseignante me dit qu’elle n’a plus
besoin de moi, elle sait mettre en œuvre la différenciation pédagogique.
Autre situation, celle de Jean, non lecteur en CM2. Il est décidé que sur
mon temps de présence le groupe classe sera partagé en deux pour
travailler la production d’écrit.
Après le départ de Jean, quelques mois plus tard, l’enseignant de la classe
observe:
«Je n’ai rien fait pour lui, je l’ai immergé dans le groupe pour toutes les
activités orales et je lui ai donné des fiches de lecture fournies par la
collègue de CP puisqu’il n’a pas supporté d’intégrer le CP pour ces
apprentissages. Il est petit lecteur maintenant mais il parle comme tous les
enfants de la classe».
Autre expérience en maternelle: Après un travail partenarial auprès de ses
parents, Ewan est inscrit en Moyenne Section pour 4 mois. L’arrivée à
l’école est difficile: Ewan ne peut pas se séparer de son père ou de sa
mère. Il est décidé que je serais présente tous les matins à l’accueil pour
tenter de faciliter la séparation et aider Ewan à prendre ses marques dans
cette classe qu’il intègre en cours d’année. Ewan ne vient pas
régulièrement mais il faut que je sois présente les matins où il vient, le plus
souvent pour rassurer les parents et les aider à quitter l’école. Ewan fait de
très grosses colères mais il est très intéressé par les activités scolaires dès
qu’il est calme. Ses parents arriveront à le scolariser sans difficultés
l’année suivante. Cependant, pour obtenir une fréquentation régulière,
l’action de l’enseignante itinérante auprès des parents sera complétée par
celle des partenaires gestionnaires et sociaux.
Cette présence quotidienne à l’école permet à l’enseignant itinérant de
s’intégrer dans l’équipe, de connaître les autres enfants et de participer à la
vie de la classe. Il observe que le travail mis en place en phonologie –
domaine que beaucoup d’enfants itinérants doivent particulièrement
travailler – pourrait être renforcé par la pratique d’une méthode structurée.
Il propose à l’équipe de profiter de sa présence pour mettre en place des
ateliers de phonologie qui seront bénéfiques pour tous les enfants de
moyenne et grande section. Ainsi, pendant une période, tous les enfants des
deux classes ont pu bénéficier de ce travail. L’équipe décide de mettre cette
action dans son projet d’école. Le but étant de mettre en place une
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A. Chastel, Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
organisation qui pourra fonctionner à long terme sans la présence de
l’enseignant itinérant.
Ces situations reflètent ce que je souhaite mettre en place dans le
département du Loiret: une réelle prise en charge de ces enfants par les
enseignants de la classe ou de l’ensemble de l’établissement scolaire, même
quand les difficultés paraissent trop importantes par rapport au niveau
d’inscription (dans la classe d’âge).
Le chemin est long dans cette direction. Les enseignants avec qui nous
avons l’habitude de travailler se sont maintenant adaptés aux arrivées et
aux départs imprévus en cours d’année. Si les enfants fréquentent
régulièrement l’école pendant ces périodes, ils font partie des élèves de
l’école, ils se sentent dans leur école. Mais si la fréquentation est
irrégulière, personne ne peut s’investir et nous n’avons plus de prise pour
progresser. L’enseignant itinérant et ses partenaires ont un travail difficile
car l’un entraînant l’autre, l’enseignant se décourage et s’agace si l’enfant
n’est pas régulier. Il s’ensuit un désinvestissement dans l’accueil, dans les
apprentissages; l’enfant se démotive quand il fréquente l’école
occasionnellement, les parents ne sont pas satisfaits parce que l’enfant n’a
pas de plaisir et n’apprend pas.
C’est là toute la complexité du travail de l’enseignant itinérant; mais le
travail en équipe partenariale, beaucoup de ténacité et de conviction
permettent d’obtenir des résultats.
Perspectives
Dans l’immédiat, notre présence auprès des familles et dans les écoles est
indispensable. Je souhaite que dans quelques années il n’y ait plus besoin
d’enseignants spécifiques pour ce public particulier. En espérant qu’au fil
du temps, à l’aide de ce dispositif départemental, encadré par une politique
nationale et académique, soutenu par des formations initiales et continues
des enseignants et de leurs partenaires éducatifs, les familles itinérantes et
les écoles auront appris à travailler ensemble, dans l’objectif d’une réussite
pédagogique et citoyenne. La scolarisation sera alors un véritable vecteur
d’intégration scolaire et sociale à travers un partage de codes communs.
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A. Chastel, Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
ANNEXE
Dispositif départemental de scolarisation des enfants du voyage dans le
Loiret
http://casnav.tice.ac-orleans-tours.fr/eva/spip.php?rubrique65
http://school.chez-alice.fr
1980
• Le SIVOM (Syndicat intercommunal à vocation multiple qui devient
par le suite AgglO Orléans Val de Loire) crée et finance une école de
quartier à La Source sur l’aire d’accueil des gens du voyage gérée
par l’ADAGV (Association Départementale Action pour les Gens du
Voyage).
• L’Education Nationale crée trois postes d’enseignants classiques.
• Le rôle de l’école du terrain est de scolariser les enfants du voyage
de 6 à12 ans.
1985
• L’Education Nationale change le statut de l’école. Elle devient:
"Ecole d'adaptation Scolaire Pré élémentaire et Elémentaire de 1er
niveau".
• Le rôle de l’école du terrain est d'adapter les enfants du voyage à la
vie scolaire.
1989
• L’Education Nationale met l’accent sur l’intégration des enfants
handicapés physique, intellectuels et sociaux; Loi Jospin
(http://daniel.calin.free.fr/textoff/loi_1989.html)
• Le rôle de l’école du terrain est d’intégrer les enfants dans les écoles
de secteur.
1991
Le SIVOM crée un poste d’ATSEM (Assistant Territorial Spécialisé des
écoles maternelles), améliore le financement de l’école.
L’ADAGV est un partenaire privilégié qui:
• contribue à la création de la classe collège,
• assure le transport des enfants dans les écoles de secteur,
• s’investit avec l’école dans des projets d’envergure qui ouvrent
l’ensemble du terrain sur l’extérieur et le droit commun.
L’Education Nationale:
• met en place un projet départemental de scolarisation
• accorde une demi-décharge de direction
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A. Chastel, Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
• ouvre une classe collège
1995
• Projet partenarial financé par l’ADAGV
• Le Journal Télévisé des Voyageurs
• Projet d’action éducative financé par l’Education Nationale et
l’AgglO: La fête au niglo
L’association produira Mon joli livre réalisé par les ateliers adultes d’ACM
Formation
1997
L’Education Nationale scolarise les enfants du voyage installés à Nevoy
pendant deux mois.
Projet européen Relation Ecole Famille auprès des Minorités Ethniques
avec l’Espagne et la Roumanie.
2000
L’AgglO Orléans Val de Loire assure la gestion de l’aire d’accueil.
L’ADAGV assure les actions sociales et éducatives.
L’Education Nationale met en place:
• un dispositif départemental de scolarisation avec des enseignants
itinérants.
• un livret de suivi
http://casnav.ac-orleanstours.fr/les_enfants_du_voyage/le_suivi_pedagogique/
2001
L’Education Nationale crée un poste gens du voyage à l’école de Dordives.
En partenariat avec l’ADAGV, réalisation du roman-photo Trois poissons,
trois vœux, trois amis
2002
La circulaire d’avril 2002 est un guide national qui donne des objectifs de
scolarisation et de suivi des enfants itinérants dans les écoles et collèges de
secteur
(http://www.education.gouv.fr/botexte/sp10020425/MENE0201120C.htm)
L’Education Nationale:
• nomme un coordonateur départemental qui assume la direction de
l’école avec une décharge complète et est partenaire du CASNAV
(Centre Académique pour la Scolarisation des Primo Arrivants et
Enfants du Voyage)
http://casnav.tice.ac-orleans-tours.fr/eva/
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A. Chastel, Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
• Participe avec l’AgglO et l’ADAGV à la réflexion puis la mise en
place des aires d’accueil de l’AgglO puis des aires d’accueil du
département en partenariat avec les collectivités territoriales et
associations locales.
http://casnav.ac-orleanstours.fr/les_enfants_du_voyage/les_dispositifs_departementaux/loiret/
2004
• En partenariat avec le CLIVE (Centre de Liaison et d’information Voyage
Ecole http://clive-asso.fr) l’école participa à un projet européen
DROMESQERE et produira un matériel de formation télématique (le
chemin de l’école http://dromesqere.net).
• Création d’un poste d’enseignant itinérant sur le montargois.
2005
En partenariat avec l’ADAGV, réalisation du film Les Kaltz en famille
2007
• La Source: Scolarisation de tous les enfants d’âge primaire dans les
écoles de secteur.
• Les 4 postes rattachés à l’école d’Orléans ne sont plus spécialisés.
• Les postes d’enseignants du premier degré sont transformés en poste
itinérants (BDIAGV, Brigade départementale Inspection
Académique Gens du Voyage)
• Le partenariat avec l’AgglO et l’ADAGV s’oriente vers une
amélioration de la scolarisation en particulier la recherche d’actions
d’accompagnement des familles pour que tous les enfants de 3 à 16
ans soient inscrits dans les écoles et collège du secteur et les
fréquentent régulièrement.
• Le règlement intérieur du terrain rappelle le droit à la scolarisation
des enfants et l’obligation de fréquentation régulière de l’école. Les
familles qui scolarisent leurs enfants sont autorisées à leur demande
à rester sur l’aire d’accueil plus de trois mois.
• Dordives: le poste d’enseignant enfant du voyage est transformé en
poste itinérant.
2008
• La Source: Scolarisation de tous les enfants d’âge collège dans les
trois collèges du poly secteur.
• Le poste d’enseignant de la classe collège est transformé en poste
itinérant.
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A. Chastel, Comment améliorer la scolarisation des enfants itinérants?
2011
Transformation des cinq postes BDIAGV gens du voyage en poste
d’enseignants itinérants.
2012
En septembre, fermeture d’un poste d’enseignant itinérant.
Organisation:
• 1 Inspecteur de l’Education Nationale (IEN) chargé de mission
départementale
• 1 directrice d’école avec les missions de coordinatrice
départementale (voir circulaire d’avril 2002 et site CASNAV):
• 4 postes d’enseignants itinérants: 2 rattachés à l’école des enfants du
voyage, 1 rattaché à l’école des grands Villemandeur et Gien, 1
rattaché à l’école de Dordives, à l’école du Lancy à Chalette sur
Loing et à Amilly.
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