Demain, les Causses

Transcription

Demain, les Causses
PATRIMOINES EN RÉGION / Revue d’éducation aux patrimoines en Languedoc-Roussillon / GRATUIT / PRINTEMPS 2010
N°10
Revue d’éducation aux patrimoines
en Languedoc-Roussillon
en région
Demain, les Causses
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
1
2
en région
Sur le site du Rajal del Gorp, entre la Cavalerie et Millau © Fanny Combes
T
Causses toujours !
oute une vie, une poésie, une humanité, se laissent découvrir derrière
les apparences arides du monde des causses : c’est avec beaucoup de
plaisir que l’équipe de Patrimoines en région en a fait l’expérience. Dans
ce numéro, elle a souhaité mettre à l’honneur le Larzac, la Lozère et leurs
habitants. Ils sont nos guides pour ouvrir le grand livre des Causses et ils
nous emmènent très loin, vers le passé et… vers l’avenir.
Comme chacun sait, le calcaire, qui a donné son nom à ces plateaux sans
équivalent élancés vers le ciel, n’est pas un caillou sans vie. Demain, les
Causses auront toujours des choses à dire… Et dès aujourd’hui, ils montrent un grand dynamisme. Au moment où sous le label « Causses et
Cévennes » ces terroirs si riches vont peut-être entrer au patrimoine de
l’humanité, partez donc avec nous dans ce voyage à travers les Causses
dont Max Rouquette ou Adrienne Durand-Tullou, entre autres, avaient
saisi l’âme profonde.
Pierre Plancheron,
Directeur de la publication
Notez bien : en juin arrive votre deuxième numéro de L’Agenda du patrimoine, qui
a connu, grâce à vous, un grand succès pour son lancement en 2009 ! Pour le
recevoir CHEZ VOUS et tout connaître sur les événements de cet été, n’hésitez
pas à vous abonner dès maintenant ! (voir au centre de la revue)
Agenda ........................................................... 4
Dossier ........................................................... 6
Demain, les Causses
Cogito .............................................................. 19
Les Causses, ces espaces écartelés
L’œil de l’artiste - Aude................................. 20
Piet Moget
Zoom - Gard .................................................. 22
Le syndicat mixte pour la gestion et la protection de la
Camargue gardoise
Lire, regarder & écouter ............................... 24
Les caves coopératives, un patrimoine régional souvent méconnu .................................... 25
région
en région
Vie du Carrefour des Patrimoines .............. 26
N°10 - Printemps 2010 - ISSN 1952-3025 - Dépôt légal à parution
ÉDITEUR : Le Passe Muraille association - Homme et Patrimoine
510 A, avenue de Barcelone « Le Jupiter » 34080 Montpellier
Tél. : 04 67 06 96 04 - Fax : 04 67 52 78 44
E-mail : [email protected] - www.lepassemuraille.org
Directeur de la publication : Pierre Plancheron
Comité de direction : Bruno Chichignoud, Grégoire Delforge, Pierre Plancheron
Rédacteur en chef : René Lechon
Conseil scientifique et éducatif : Yann Abonneau, Martine Ambert, Jean-Pierre Besombes-Vailhé, Christine
Butzback, Bruno Chichignoud, Marie-Hélène Coll, Luc David, Véronique Delattre, Grégoire Delforge, JeanDaniel Estève, Véronique Ferhmin, Philippe Hammel, François Icher, Christian Jacquelin, Vincent Larbey,
Pierre Laurence, Elisabeth Le Bris, Bernard Peschot, Pierre Plancheron, Claude Raynaud, Sabine Sutour,
Marie-Odile Valaison, Nelly Viala
Rédaction : René Lechon, Julie Savy
Ont également participé à ce numéro : Martine Ambert, Daniel André, Jean-Luc Bonniol, Valérie
Bousquel, Véronique Delattre, Jean-Daniel Estève, Philippe Galant, Christian Jacquelin, Elisabeth Le Bris,
Laurent Schneider, Michel Wienin, le Club cévenol et le Parc national des Cévennes.
Iconographie : René Lechon, Julie Savy, Guillaume Dessauw
Secrétariat de rédaction : Julie Savy
Publicité : Virginie Vileto
Maquette - Suivi de fabrication : Marie Bazille, Guillaume Dessauw
Impression : LPJ Hippocampe, Montpellier
Contact rédaction : [email protected]
Contact annonceurs : [email protected]
MINISTÈRE DE LA SANTÉ
DE LA JEUNESSE
ET DES SPORTS
PEFC / 10-31-1319
Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement.
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
3
Animations
Sorties
&
La grande foire des floralies et
de la petite agriculture
Le 9 mai à Maureilhan (34)
Depuis 1989, l’association Terres
Vivantes promeut l’emploi en agriculture et le développement local durable. Elle organise avec succès « Les
4 saisons agricoles de l’Hérault ». La
grande foire du printemps regroupe
un marché paysan, des pépiniéristes
(Floralies), des artistes créateurs et
des entreprises environnementales.
L’occasion d’entrer en relation avec
des producteurs locaux et de découvrir des produits du terroir, de qualité,
respectueux de l’environnement et
du consommateur, en privilégiant les
circuits courts de distribution. Mais
aussi de participer aux nombreuses
animations (démonstration de chiens
de troupeau, sculpture, point-conseil
jardinage, pôle conseil éco-construction, jeux traditionnels, etc.).
De 9h à 18h, gratuit.
Au bonheur des Camellias
Les 12 et 13 juin à Alès (30)
Lors de ce week-end « Ivresse
Verte », vous pourrez participer à
des jeux botaniques et découvrir de
nombreuses variétés de camélias
(Camellias). Dans un véritable écrin
de verdure de près de deux hectares, divers ateliers vous seront proposés, notamment sur la symbolique
des couleurs ou sur l’art de la taille.
Tous les secrets et astuces pour
avoir la « main verte » ! Ces animations s’adressent à un public familial
et sont menées de façon ludique.
Gratuit.
Contact : Parc des Camellias de la
Prairie, www.camellia.fr
Contact : 04 67 96 41 05
www.terresvivantes.org
On sort les bottes !
Le 23 mai aux Hermeaux (48)
Dans le cadre de la transhumance,
le Conservatoire départemental des
sites lozériens organise deux sorties
sur le terrain à la découverte des
zones humides et des tourbières de
l’Aubrac (en partenariat avec l’association Aubrac Sud). Rendez-vous
à 13h30 ou 15h30 au col de Bonnecombe pour découvrir une faune et
une flore spécifiques.
Gratuit, sur inscription. Prévoir bottes
ou chaussures de marche imperméables.
Contact :
Anne Rémond, 04 66 49 28 78
www.conservatoire-sites-lozere.org
française et internationale, musiques
actuelles. Les artistes se succèdent
sur dix scènes de la ville dont le
Théâtre antique de la Cité Médiévale
(classée au Patrimoine Mondial). Au
programme cette année Bob Dylan,
Jamiroquaï, Charlie Winston, The
Cranberries, Mika, Jacques Dutronc,
Alain Souchon, Marc Lavoine,
Calogero, -M-, Roberto Alagna, l’Orchestre Philharmonique de Prague,
du cirque avec la Cie Rasposo,
du théâtre avec Francis Huster,
Jean-Louis Trintignant, de la danse
avec MC Pietragalla et Béjart Ballet
Lausanne…
Célébration de l’épicerie ancienne
avec Marie Rouanet, Yves Rouquette et Jean Varela. Sur des textes
de Honoré de Balzac, René Barjavel
ou encore Francis Ponge, les comédiens rendent hommage à l’épicerie
de l’enfance, lieu de toutes les conversations dans le quartier. Épicière
au grand tablier blanc, lait du bidon,
vin au tonneau, olives à la louche
trouée et cornichons à la pince…
Vous avez dit nostalgie ?
Gratuit, réservation conseillée.
Événements
culturels
Le vin, nectar des dieux, génie
des hommes
www.festivaldecarcassonne.fr
Allée des camélias © A.Surelle
Journée du Patrimoine de Pays
Le 20 juin
Cette année, la Journée du Patrimoine de Pays met à l’honneur les
« Dates & Personnages ». Une initiative qui ravira les curieux d’histoire
locale !
Collectivités, associations, offices
de tourisme et propriétaires privés
proposent des animations partout en
France.
Retrouvez le programme de toutes les
activités proposées sur le site
www.journeedupatrimoinedepays.com
Festival de Carcassonne (11)
Du 19 juin au 15 août
Plus de cent spectacles proposés
dont soixante-dix gratuits ! Le
festival de Carcassonne s’impose
comme un événement majeur du
grand sud offrant une belle diversité
culturelle : opéra, danse, théâtre,
cirque, musique classique, variétés
4
Au Festival de Carcassonne 2009 (DR)
La Grenouille rousse
(Rana temporaria)
© CDSL
Le Grand Tour !
Le théâtre sortieOuest programme
hors les murs cette saison pas moins
de neuf spectacles, soit 59 représentations dans 44 communes : c’est
Le Grand Tour ! À découvrir entre
autres, le spectacle
Neuf communes héraultaises accueillent la pièce au mois de mai (dates et horaires sur www.sortieouest.fr)
Contact : sortieOuest, 04 67 28 37 32
Jusqu’au 27 juin à Lattes (34)
Cette exposition, consacrée à
l’histoire du vin dans l’Antiquité et
à la tradition viticole de notre territoire, propose un voyage de l’Orient
jusqu’à Lattes, en passant par la
Grèce, l’Étrurie, le monde romain et
la Gaule. De nombreuses animations
gratuites sont proposées, avec notamment, lors de la Nuit des musées,
le banquet-dégustation de vins et de
plats inspirés de recettes antiques.
À ne rater sous aucun prétexte ! Un
intéressant cycle de conférences
est également programmé jusqu’à
fin juin. Quant aux centres aérés
et groupes scolaires, ils pourront
participer aux ateliers pédagogiques
d’initiation aux décors peints, mosaïque romaine ou encore reproduction
d’amphores. Le programme est donc
riche et éclectique… à retrouver en
intégralité sur le site www.montpellier-agglo.com/museearcheo.
Tarifs expo : 3,5 €/3€/2€ ; animations
et conférences gratuites.
Contact : Musée archéologique Lattara, 04 67 99 77 20
terprétation
centre d’in
Ouverture duera
Casa de l’Alb
Pour que l’orgue résonne
À Saint-Gervais-sur-Mare (34)
La Maison cévenole organise deux
concerts en l’église de Saint-Gervais
les samedis 10 et 24 juillet à 21h
avec ensembles vocaux et instrumentaux. Si les représentations sont
gratuites, les spectateurs soucieux
de la sauvegarde du patrimoine de la
commune pourront verser une libre
participation au profit de l’orgue de
Saint-Gervais.
Contact : Maison cévenole,
04 67 23 68 88
La terre vernissée,
une tradition revisitée
Jusqu’au 31 octobre à Saint-Quentin-la-Poterie (30)
Le Musée de la Poterie Méditerranéenne accueille l’exposition de
Geneviève Von Fritschen consacrée
à la terre vernissée. Plus
de quatre-vingts pièces
utilitaires sont ici présentées (bols, plats,
théières, saladiers,
etc.), décorées
de personnages
joyeux et d’animaux espiègles
qui empruntent
volontiers à l’imagerie populaire et
naïve de la poterie
traditionnelle de Saint-Quentin-laPoterie.
3€/2,3€/gratuit pour les moins de
12 ans.
Contact : 04 66 03 65 86
www.musee-poterie-mediterranee.com
Le Temps des Jardins en
Languedoc-Roussillon
Du 1er mai au 31 octobre
Pour sa seizième édition, Le
Temps des Jardins réunit plus
de quatre-vingts jardins privés
et publics qui proposent visites
guidées, expositions, spectacles
de musique, danse, théâtre,
ateliers de découverte de la nature,
conférences, lectures, bourses aux
plantes… Une brochure détaillée
éditée à 30 000 exemplaires est
disponible dans les offices de
tourisme ou sur demande en
contactant l’association des parcs
et jardins du Languedoc-Roussillon.
Temps fort de la manifestation, les
« Rendez-vous aux jardins » se
déroulent les 4, 5 et 6 juin avec pour
thème cette année « Les outils du
jardinier ».
Contact : Association des parcs et
jardins du L-R, 04 99 52 66 39
www.jardinslanguedoc.com
&Conférences
Débats
Les dinosaures dans les vignes
Le 17 avril à Capestang (34)
Suite à la projection du film documentaire réalisé par le CNRS en
2009, le paléontologue Éric Buffetaut revient sur les travaux de son
équipe, en étroite collaboration avec
l’ACAP (association d’archéologues
et paléontologues), autour des
fouilles d’un gisement d’ossements
de dinosaures à Cruzy, dans l’Hérault.
À la Maison cantonnière à 18h30.
Gratuit, réservation conseillée.
À Argelès-sur-Mer (66)
L’Albera est un petit massif situé à 30 km au sud de Perpignan. Véritable
trait d’union entre les Pyrénées et la mer Méditerranée, il marque la frontière
naturelle entre la France et l’Espagne.
En 2005, la ville d’Argelès-sur-Mer décide d’agrandir et de moderniser
le musée municipal pour créer un centre d’interprétation transfrontalier du
patrimoine de l’Albera. Après deux ans de travaux, la Casa de l’Albera,
labellisée « Pôle d’excellence rurale », ouvre ses portes en avril 2010. Le
centre d’interprétation de l’Albera souhaite sensibiliser tous les publics
aux patrimoines ethnologique, historique et naturel du massif. Il comprend
une exposition permanente (espaces scénographiques sur la géologie et
l’histoire, présentation de savoir-faire, films…) et des expositions temporaires
(la première portant sur la fabrication d’objets traditionnels en terre cuite).
Un espace pédagogique/centre de ressources est aménagé, par ailleurs,
pour l’accueil des groupes scolaires.
Côté visites guidées, la Casa de l’Albera propose les circuits « Argelès,
ancienne cité royale », « Raconte-moi la plage », et fait partie du parcours
sonore MP3 sur les sentiers de l’Albera.
3€, gratuit pour les enfants de moins de 13 ans.
Contact :
Casa de l’Albera, 4 place des Castellans à Argelès-sur-Mer
Tél. : 04 68 81 42 74
Contact : Communauté de communes
Canal-Lirou, 04 67 37 85 29
L’Hérault dans l’histoire
André Ferran est ancien bâtonnier
du barreau de Montpellier où il a
exercé durant quarante ans. Diplômé
de sciences criminelles et de législation viticole, il présente aujourd’hui
les ouvrages Les grandes affaires
criminelles de l’Hérault et L’État face
à la révolte de 1907 dans le réseau
des bibliothèques départementales
de l’Hérault. Retrouvez-le en conférence le 8 avril à 18h à la bibliothèque de Ganges (04 67 73 84 24), le
30 avril à 18h à la bibliothèque du
Caylar (04 67 96 20 42) et le 4 mai à
20h30 à la bibliothèque de Gignac
(04 67 57 04 50).
Gratuit, réservation conseillée.
&Emplois
Formations
Encadrant technique
L’association Le Passe Muraille
recherche pour ses chantiers de
jeunes bénévoles un encadrant
technique pierre sèche/taille de
pierre (poste basé dans l’Hérault).
Si vous aimez le travail technique
de qualité et possédez le goût de la
retransmission, venez partager vos
connaissances et vos expériences !
Contact : Association Le Passe Muraille, [email protected]
(DR)
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
5
Demain, les Causses
Dossier réalisé par René Lechon
obèrt Lafont)
Dessús un Causse (R
Dessús un Causse plantats
Ont de signes d’òmes rite
Fan una semblança deutada-lo paire es la pèira sa me passege.
m’arriba que de nuech
Sur un Causse
s planttéésés
Où des signes humain rite
Ont une apparence de utééee--le pèrree est la pierre sa ener la nuit.
il m’arrive de me prom
6
M
éjean, Aven Armand, Larzac, Gorges du
Tarn, ces noms évocateurs montent sponta-
nément aux lèvres. Mais nous commençons
à nous mélanger les pinceaux dès qu’il s’agit
de donner une localisation à ces territoires :
Causses Méridionaux, Grands Causses, Sauveterre, Causse Noir... Jean-Luc Bonniol, anthropologue, auteur de l’ouvrage de référence
Dire les Causses et natif de ces terres, a pointé
deux moments au moins où s’est exprimée
l’unité de ces lieux géologiques qui a peiné
à s’affirmer : d’abord, à la fin du XIXe siècle,
quand le mot s’habille de majuscule, « Causse », « c’est le premier signal d’une région
déterminée et identifiée de l’espace.» Puis, «
cette image commence aussi à pénétrer les esprits des habitants eux-mêmes, à qui est révélée la beauté de leurs paysages familiers et qui
vont dès lors s’investir en ceux-ci.» Ce qu’on
avait définitivement rangé dans la catégorie
des déserts, ou des lieux d’épouvante, s’est
transmué aussi avec l’évolution du regard venu
de l’extérieur. Aujourd’hui, les bouddhistes qui
se sont installés sur les collines de l’Escandorgue recherchent précisément le « désert ».
Mais, en 2010, chaque jour, des hommes, des
femmes, des enfants, veulent habiter sur le
Causse, y travailler, y inventer encore un art
de vivre. Sans renier un héritage millénaire, ils
souhaitent découvrir de nouveaux modes de
résistance dans la lignée des combats du Larzac des années 1970 ou d’un Lanza del Vasto
refusant un progrès aliénant. Ils espèrent une
autre mise en valeur d’une histoire séculaire,
une sorte de bonheur d’être en ce lieu, pour
eux à nul autre pareil. Les bornes Michelin indiquaient à merveille, au XIXe siècle, les grottes
et les curiosités de cette région dont les guides
du même nom lanceront une forme de tourisme
à la recherche des « hauts-lieux ». Il semble
qu’au XXIe siècle, de nouveaux défis attendent
la région des Causses. Au moins dans deux
directions. Côté tourisme, comme le souligne
encore Jean-Luc Bonniol, si ses « nouvelles
activités ne sont pas parfaitement organisées,
elles peuvent fragiliser le milieu et augmenter
ainsi le risque de disparition » d’une certaine
biodiversité. Côté élevage ensuite : l’avenir
de ce territoire est donc bien lié « à l’évolution
du pastoralisme qui en maintenant le milieu
ouvert va permettre la survie de nombreuses
espèces.» Cette dernière partie constituerait à
elle seule le sujet d’un nouveau dossier. Nous
l’avons volontairement délaissée cette fois-ci,
sans ignorer combien la brebis -et non le mouton- est consubstantielle à ces plateaux. Nous
y reviendrons dans un prochain numéro…
Panoramique du Causse de Blandas - Es lo Larzac, la tèrra abandonada (Max Rouquette) © Fanny Combes
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
7
L’identité caussenarde
est avant tout paysagère
L
orsqu’on veut bien interroger aujourd’hui les habitants du
Causse sur l’attachement qu’ils portent à leur pays, on est frappé
par l’importance qu’ils donnent à toute une série d’éléments (les
gorges, les « falaises », les grottes…) qui dessinent une palette de
la sauvagerie, ce qui n’est peut-être que la face positive et moderne
des anciennes épouvantes nées de ces territoires de la peur…
Cet attachement recoupe en fait étroitement un cadre géologique
et géographique (Adrienne Durand-Tullou1 accordait par exemple
beaucoup d’importance au fait de « vivre sur du calcaire ») : on
peut dire par là que l’identité caussenarde est avant tout paysagère,
impliquant une forte affectivité, dans la mesure où l’impression
visuelle va souvent de pair avec le sentiment, voire l’émotion qui
submerge les natifs lorsqu’ils retrouvent, après une absence, la forme
caractéristique des plateaux, avec leur couronne de falaises...
Jean-Luc Bonniol,
Professeur d’anthropologie - Université Paul-Cézanne (Aix-Marseille III).
Ethnologies comparées N°8 (printemps 2005)
« L’invention d’un territoire et sa confrontation aux limites administratives : Le cas des
Grands Causses. »
(1) Adrienne Durand-Tullou, toute sa vie durant, s’est consacrée au Causse de Blandas,
tant dans l’éducation des enfants (elle fut institutrice à Rogues) que dans sa description
savante. Le pays des asphodèles (Payot) l’a fait connaître du grand public. Sa thèse
« Un milieu de civilisation traditionnelle : le causse de Blandas » vient d’être rééditée.
Sur le causse de Campestre - Une palette de la « sauvagerie »... © Fanny Combes
8
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
Sur le Causse de Blandas
Un « urbanisme » cinq fois millénaire
C
inq mille ans que les premières populations se sont installées
sur ce plateau ! Par leurs pratiques agricoles, culture des céréales
et élevage de moutons, elles ont marqué ce milieu à la spécificité
géologique liée à la roche calcaire.
L’absence d’eau en surface a entraîné les premiers caussenards à
explorer le sous-sol. Cette spéléologie naissante leur a permis de
récupérer et stocker le précieux liquide. Ces grottes citernes constituaient des réserves suffisantes pour traverser les périodes sèches.
C’est autour de ces points d’eau, véritable richesse dans un milieu
aride, qu’ils ont installé leur habitat. Seuls quelques bâtiments, construits en pierres et couverts de lauzes, étaient destinés à la vie d’une
famille et de son troupeau. Autour des constructions, de nombreux
aménagements étaient liés à la vie quotidienne. Plusieurs de ces sites ont été étudiés, certifiant ce modèle de l’occupation du sol.
Ces premières pratiques économiques ont perduré tout au long de
l’Histoire donnant sa particularité au domaine caussenard. On constate que les groupes humains y ont toujours été soumis aux contraintes du milieu calcaire : l’érosion des sols.
C’est donc naturellement dans les mêmes conditions et sur le même
modèle, que se sont développées les fermes protohistoriques, romaines et médiévales. Les puits et citernes ont remplacé les grottes,
mais l’habitat est toujours proche des points d’eau. Les fermes sont
restées isolées au sein d’un terroir partagé. L’organisation politique
du Moyen Âge a entraîné l’apparition des villages à partir des hameaux les plus importants. À partir du XIIIe siècle, le développement
de l’industrie minière va progressivement modifier les modes de vie.
L’apogée de la culture industrielle des XIXe et XXe siècles supplantera les activités agro-pastorales amoindries. La forte érosion des terrains, épuisés par 2500 ans d’une intense exploitation, a lourdement
marqué le paysage du Causse.
L’exode rural du XXe siècle, la déprise industrielle, la crise agricole
croissante, rendent progressivement les terrains abandonnés à la
nature. Si quelques exploitations subsistent, le Causse se modifie
lentement. L’habitat pavillonnaire s’étend autour des villages au détriment des terres agricoles. Sous couvert d’un modernisme quelque
peu démesuré, ce territoire perd ses valeurs qui en font pourtant sa
richesse historique et culturelle.
Philippe Galant
Direction Régionale des Affaires Culturelles du Languedoc-Roussillon,
service de l’Archéologie.
Ce menhir témoigne de 5000 ans d’histoire d’un territoire marqué d’une forte érosion induite par l’action de l’homme.
© Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC-LR / SRA / PhG)
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
9
Au Parc National des Cévennes
Une antenne « Causses-Gorges »
au service de la biodiversité
Rencontre avec Luc Fruitet, technicien de l’environnement, chef de l’antenne « Causses-Gorges »
au Parc national des Cévennes.
L
e Parc national des Cévennes comporte une antenne
Causses-Gorges. Quelle est sa raison d’être ?
Notre équipe intervient sur les secteurs des Causses Méjean et Sauveterre, et des Gorges du Tarn et de la Jonte. Nous y effectuons de la
surveillance, du suivi de la faune, de la flore et des milieux, ainsi que
des actions de sensibilisation à l’environnement. Nous représentons
l’établissement public du Parc national sur ces secteurs.
Comment intégrez-vous cette dimension du « causse » dans
l’ouverture au public et aussi aux éventuels chercheurs ?
Les Causses sont des milieux très rares au niveau européen et dotés
d’une richesse naturelle exceptionnelle ; ils attirent donc énormément
de public.
Nous avons comme projets de mettre en place un point d’information
du public sur le Causse Méjean et de redynamiser l’écomusée des
Causses. Nous proposons également un programme d’animations à
destination du grand public, dans le cadre du Festival nature, en partenariat avec les offices du tourisme.
Pour ce qui est de la recherche, nous travaillons en collaboration
avec des organismes tels que le Muséum national d’histoire naturelle
ou SUPAGRO Montpellier, ainsi qu’avec les autres établissements
publics en charge du suivi de la faune et de la flore, et avec des
associations.
lité pour les communes d’intégrer les projets du Parc dans le cadre de
la future charte, et la coïncidence de l’aire optimale d’adhésion avec
la réserve de biosphère des Cévennes sont autant de chances et de
signes de reconnaissance internationale du patrimoine exceptionnel
des Causses.
La faune et la flore du Causse sont prises en compte dans les
activités du Parc…
Les Causses sont en effet associés aux grands rapaces, Aigle royal,
Grand-Duc, ainsi qu’aux Vautours fauve et moine.
Pour ce qui est de la flore, ce sont les orchidées et la végétation steppique qui donnent aux Causses un attrait si important.
Le Parc est-il en ce sens un lieu d’expérimentation ?
Je parlerais plutôt d’un territoire sur lequel nous travaillons à la préservation d’enjeux majeurs : en ce sens, c’est un territoire où s’expérimente une prise en compte maximale de la biodiversité dans la vie
économique et sociale. D’autre part, le Parc y soutient des projets tels
que la ferme expérimentale de Cros-Garnon.
La récente modification de la réglementation qui s’exerce dans
le Parc est-elle également une chance pour les Causses ?
Le nouveau décret du Parc offre de belles opportunités aux Causses : le classement de certains territoires en cœur de Parc, la possibi-
10
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
Vautours fauves et vautour moine © Jean-Pierre Malafosse
Orchidée Sabot de Vénus © Yves Maccagno
Cardabelle et Adonis...
L
a combinaison de l’altitude et des caractéristiques des sols
calcaires a permis la constitution d’un riche patrimoine floristique,
diversifié et unique, mêlant plantes méditerranéennes, montagnardes et endémiques, au sein duquel on trouve les espèces
emblématiques des Causses : Adonis de printemps aux bouquets
jaune brillant au milieu des pelouses sèches, stipe pennée (cheveux d’ange) aux plumets argentés ondulant au vent et donnant
au plateau, à la fin du mois de juin, des reflets métalliques, orchidées aujourd’hui protégées, carline à feuille d’acanthe (cardabelle), déployant au ras du sol ses feuilles épineuses autour de
son soleil central… L’unité visuelle est assurée par la présence
généralisée de la pelouse sèche, à base de graminées, tout au
long des immensités piquetées de buis et parsemées de genévriers ou d’amélanchiers, les arbres (pins sylvestres et chênes
pubescents) ne se rencontrant que dans les zones à forte pente
(comme sur les flancs des gorges) ou accidentées (comme dans
les anfractuosités des reliefs dolomitiques).
Jean-Luc Bonniol,
Professeur d’anthropologie - Université Paul-Cézanne (Aix-Marseille III).
À lire...
Les ouvrages de Christian Bernard, botaniste renommé spécialiste de la flore des Causses, parmi lesquels Fleurs et paysages
des Causses aux éditions du Rouergue (32 €).
Cévennes, la revue du Parc National des Cévennes
Tous les numéros sont disponibles à l’unité sur la boutique en
ligne du PNC. Le N°55/56 s’intitule Guide des Causses et des
Gorges (12 €).
Au rayon « Livres », le coup de cœur de la rédaction va à l’ouvrage Les Gorges du Tarn et le Pays des Grands Causses (33 € ;
Éditions Grand Sud : 05 63 43 20 97) >> Voir page 14.
www.cevennes-parcnational.fr
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
11
Les CPIE des Causses Méridionaux
L
Une gestion durable du territoire
es Causses Méridionaux sont composés
de cinq entités (Causse Noir, Causse Bégon,
Causses de Blandas et de Campestre dans
le département du Gard et Causse du Larzac
méridional dans le département de l’Hérault).
Au-delà de leurs « frontières » administratives, ces causses offrent les mêmes richesses patrimoniales, les mêmes problématiques et les mêmes enjeux. Aux prémices de
la mise en œuvre de Natura 2000, en 1994,
les acteurs locaux des cinq causses méridionaux se sont réunis et ont décidé de créer
une structure associative (l’Association des
Causses Méridionaux) pour gérer ce territoire
de façon partenariale, concertée et durable.
C’est donc à travers trois collèges (élus, représentants de l’agriculture et de la forêt et
associations de chasse, de protection de la
nature et d’éducation à l’environnement) que
sont menées les réflexions, élaborés des programmes et des plans de gestion et mises en
œuvre des actions.
Dans un premier temps, le travail a porté
sur un état des lieux très précis du territoire,
l’identification des problématiques et l’apprentissage du travail en commun. Ainsi, de
1996 à 2000, grâce à la participation des
éleveurs, de nombreuses actions d’ouverture
des milieux (débroussaillages mécaniques et
manuels) ont pu être réalisées pour reconquérir les terres ou accompagner le pâturage
déjà existant. En 2002, l’association a mis en
place un pôle éducation à l’environnement,
un centre de ressources sur l’agriculture et
l’environnement et obtenu le label CPIE. Elle
tire son nom « CPIE des Causses Méridionaux » de cette époque. Puis progressivement, son territoire d’intervention s’est étendu
Frédéric Roig se dit « caussenard ». Il est conseiller
général du canton du Caylar,
vice-président de la commission du développement économique, de l’insertion et de
l’économie des besoins. Son
canton se situe sur le Larzac
pour les deux-tiers de sa superficie.
12
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
Valérie Bousquel, CPIE des Causses Méridionaux
Contact : 04 67 44 75 79, www.cpie-causses.org
À leur façon, les brebis participent à la reconquête des terres (DR)
Un élu sur le Causse
© René Lechon
au Lodévois et aux Gorges de la Vis et de la
Virenque.
Aujourd’hui, l’ensemble de l’équipe œuvre
pour maintenir les activités agro-sylvopastorales garantes de biodiversité et faire connaître les richesses patrimoniales de son
territoire.
> Voir également présentation de l’ouvrage
Éleveurs des Causses Méridionaux en p. 24.
D
ans la propre histoire de Frédéric Roig,
deux traditions de lutte se rejoignent : celle
du pays catalan, par son grand-père, arrivé
en France en 1936 pour fuir la dictature franquiste et celle du Larzac, terre de résistance
s’il en fut, par sa mère et sa grand-mère. Fautil y voir les raisons de l’engagement politique,
en des temps plus paisibles certes, de celui
qui est maire de Pégairolles-de-l’Escalette,
depuis 1995 et conseiller général du canton
du Caylar depuis 2004 ? Comme dans sa
mission départementale centrée sur le développement économique, il est partant quand il
s’agit de valoriser les espaces des Causses et
des Cévennes, en œuvrant en particulier dans
Pendant une balade découverte à la recherche d’orchidées (DR)
Le tourisme vert en pleine expansion
G
randes étendues d’herbes et de buis, rochers aux formes étranges, panoramas grandioses… les paysages caussenards constituent une zone de tourisme vert très attractive
sur les thèmes du repos, de la découverte de
la nature, de l’authenticité et des loisirs de pleine nature. Randonnées pédestres, équestres,
à VTT ; balades, spéléologie… sont autant
d’activités auxquelles peuvent s’adonner les
passionnés ou les curieux. Depuis de nom-
breuses années, les acteurs locaux privés ou
publics des Causses Méridionaux ont engagé
des démarches pour développer l’offre touristique, principalement dans deux directions.
Tout d’abord, la promotion grâce à la publication de randofiches et cartoguides, la participation à des salons régionaux ou internationaux,
l’organisation d’événementiels…
Ensuite, la structuration à travers la professionnalisation des acteurs du tourisme, le re-
groupement de diverses animations dans un
calendrier commun, la labellisation de circuits
de randonnée et de structures d’hébergement,
l’utilisation de produits du terroir dans la restauration locale, le développement de l’agritourisme…
Et c’est précisément au titre des « paysages
culturels, vivants et évolutifs » que le territoire
des Causses et des Cévennes est candidat au
patrimoine mondial de l’UNESCO (voir p.16).
l’association éponyme : « Le Larzac, pour moi,
c’est une terre qui se mérite, un territoire qui
fut souvent lieu de luttes, déjà pour les templiers, ou de passage, du Nord vers le Sud. Et
les routes y sont présentes, depuis longtemps,
voyez plutôt : Compostelle, la légendaire route
du sel, le “pas” de l’Escalette qui porte bien
son nom. Ici, c’est une terre d’échange, un
territoire à la fois humanisé et sauvage. Il y a
toujours eu de l’activité. »
relier les hommes entre eux, sur cette terre
enclavée, un nouveau moyen de communication s’est inscrit depuis quelques années dans
le paysage, l’A75, dénommée la Méridienne.
« L’A75 est une véritable atout… à maîtriser.
Un nouveau quartier s’est créé avec des commerces, en bordure de l’autoroute, on capte
ainsi des flux, des personnes sont génératrices d’économie. » Du viaduc de Millau à
l’Escalette, l’activité s’est organisée autour de
l’agro-tourisme, de l’économie d’entreprise, de
l’agriculture et de l’élevage. « Et surtout, renchérit Frédéric Roig, n’oublions pas que nous
sommes dans l’aire du roquefort. Plus près,
ici, dans l’Hérault, nous avons l’AOC pélardon,
les filières ovins-viande, bovins-viande et les
caprins, bien évidemment. » Au lieu-dit de La
Chapelle Saint-Vincent, au droit du tunnel de
l’Escalette où souffle le fameux taral, il aime se
promener et scruter le paysage jusqu’à la mer.
Le conseiller général y forge l’une de ses convictions les plus fortes : « Une tradition d’identité au territoire aide forcément à dépasser les
difficultés financières. Avec le Conseil général,
nous avons acquis 800 ha sur une parcelle de
1700, non loin de Navacelles pour y maintenir… trois agriculteurs.»
La Méridienne
Aujourd’hui, l’action de l’élu s’appuie sur un
développement à l’échelle du plateau. Pour
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
13
La spéléologie dans les Grands Causses
En bien d’autres lieux de France, des hommes sont très tôt allés sous terre pour y étudier
des cavernes, souvent à des fins paléontologiques ou archéologiques. Cependant, c’est
dans les Grands Causses qu’est née en 1888 la spéléologie, sous l’impulsion d’EdouardAlfred Martel (1859-1938).
P
our le profane, la spéléologie est restreinte aux seules cavités
touristiques ; leur visite est nécessaire pour se faire une idée sur cette « obscure » activité que quelques centaines d’adeptes pratiquent
dans ce territoire riche des grottes de la Clamouse, de Bramabiau,
de Dargilan, de Labeil et de l’Aven Armand. Ces cavités-là ont concouru très largement à la prospérité de la région, en y apportant une
nouvelle activité économique : le tourisme. Mais ce ne sont pas les
seules !
La réputation de « terrain caverneux » des Grands Causses y a attiré
un très grand nombre de spéléologues qui, se succédant au terme de
plus d’un siècle d’intense pratique, y ont en effet révélé un fabuleux
patrimoine caverneux.
La « spéléologie », c’est tout simplement la « science des cavernes »,
néologisme forgé en 1890 par le préhistorien Émile Rivière (18351922) à partir du grec « speleos » (caverne) et « logos » (science).
Martel l’employa dès 1893 ; le mot est largement passé dans l’usage
public, même à l’étranger (espeologia, speleology).
La plupart des nombreux adeptes actuels de cette activité n’y voient
qu’un simple sport de plein air, à risques et original puisqu’il se déroule sous terre et souvent sur agrès dans des vides parfois impressionnants (comparable à l’alpinisme).
La spéléologie, la « géographie souterraine », si elle n’est pas à elle
seule une science, touche à beaucoup de disciplines qui nécessitent
de la part de ses adeptes ne voulant pas restreindre leur passion
à une banale activité physique, des efforts de documentation en de
nombreux domaines : géologie, géomorphologie, karstologie, hydrogéologie, paléontologie, préhistoire, archéologie, histoire, etc.
Un vrai spéléologue est une personne qui vit sa passion comme
une activité intellectuelle découlant de l’exploration et de l’étude des
phénomènes naturels liés au cavernement ; cette personne étudie et
publie ses résultats.
Dans les Grands Causses, les spéléologues ont permis la découverte
d’un très riche patrimoine souterrain naturel, fort de plus de six mille
grottes et avens, dont la plus profonde est de l’ordre des 400 m, et la
plus longue de dix-sept kilomètres.
Treize cavités atteignent les 300 m de dénivelé, et dix autres dépassent les dix kilomètres de longueur. Les spéléos caussenards ont
rendu service à l’humanité en révélant de nombreux sites archéologiques en grottes, en réalisant des études pour la réalisation de
captages en eau potable et en luttant contre la pollution (traçage à la
fluorescéine), etc.
Beaucoup de cavités qu’ils ont révélées, très riches en concrétions,
attirent de nombreux spéléologues de toute l’Europe.
La plus belle grotte française à concrétions fait partie du Causse
Noir : c’est l’aven Noir (Nant, Aveyron).
Daniel André,
Spéléologue
À lire...
ans de lutz
D’aicí mil
eta)
(Max Roqu
t.
on paíís desèr callèèron.
m
,
s,
ís
í
a
p
n
o
M
na per una se
Las bocas u ssan dins lo vent
De voses pa raulas estrangièras.
Amb de pa
rtt..
on pays déésseer
.
Mon pays, m, une à une, se sont tues
es
ch
u
vent
Les bo
ssent dans le
Des voix paaroles éétrangères.
Avec des p
14
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
Les Gorges du Tarn et le Pays des
Grands Causses, Jean-Paul Azam, Édi-
tions Grand Sud, 33 €.
La quatrième de couverture donne le ton
avec cette citation d’Ella Maillart : « Je me
disais : lire, lire, lire, ça ne vaut rien, il faut
aller voir. » Ce conseil, l’auteur l’a suivi
en faisant la part belle à la photographie.
Quelques textes et documents d’archive
émaillent l’ouvrage, mais ce sont bien les
paysages intenses des gorges (Tarn, Jonte,
Dourbie) et des Causses qui cueillent le
lecteur à chaque page. Villages, rivières,
sites ruiniformes et grottes vous donneront
certainement l’envie d’arpenter à votre tour
ces terres mystérieuses.
Dans la rivière
souterraine de la
grotte de Malaval
(Lozère).
© Daniel Langlois,
Association Malaval
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
15
Causses et Cévennes
S
Pourquoi postuler au patrimoine
mondial de l’UNESCO ?
i on a la chance de survoler la France du Sud, on ne peut qu’être
frappé par le contraste qui s’impose, lorsque succèdent à la marquèterie des parcelles du Sud-Ouest aquitain des étendues sur lesquelles
la trace de l’homme se fait légère, que ces espaces soient dénudés
ou boisés… Pièce maîtresse de cette sauvagerie persistante : la qualité des eaux des rivières, dont la transparence et les couleurs, si elles
ne sont pas sans équivalent en Europe, sont parmi les plus belles…
Cette sauvagerie, qui joue sur les codes du sublime et du grandiose
(gorges calcaires ou schisteuses, grottes et avens, labyrinthes ruiniformes, plateaux déroulant leurs croupes à l’infini ou enchevêtrement
des serres jusqu’aux lointains) a été en quelque sorte « rehaussée »
par le travail des hommes : sculpture des pentes par les terrasses
en pierres sèches, monticules d’épierrement sur les plateaux (clapas) ; maîtrise de l’eau par les beals, les toits-citernes, ou les dépressions circulaires tapissées de dalles calcaires pour recueillir l’eau de
pluie (lavognes) ; dénudation des plateaux dans la longue durée de
l’agro-pastoralisme, au profit d’une pelouse sèche ouvrant l’espace
en grand à la manière d’une steppe ; châtaigneraie à l’image d’une
forêt jardinée… Et l’habitat, qui s’affirme dans la splendeur d’une
architecture rurale sans pareille, se situe dans le prolongement de
cet environnement, tant dans ses matières premières que dans ses
volumes.
« Bascule » patrimoniale
De ces terres émane enfin un patrimoine immatériel toujours actif,
au sein duquel les valeurs de résistance et de solidarité, portées par
une mémoire vive, affleurent au premier plan, des Camisards aux
paysans du Larzac, ou comme l’illustre au moment où ces lignes sont
écrites, la conduite exemplaire des habitants de Lasalle, accueillant
sans rechigner les réfugiés afghans... Car la « bascule » patrimoniale, à savoir le transfert d’une ancienne valeur d’usage à une nouvelle valeur symbolique (fondée sur d’autres critères, comme celui de
l’authenticité ou de l’esthétique…), ne saurait signifier une quelconque muséification de l’espace. Pas de fascination pour la « beauté du
mort » ou pour l’agonisant : l’enjeu est bien que ces espaces soient
préservés dans leur exceptionnalité, tout en restant vivants.
C’est sans doute cette association rare de magnificence naturelle
et de lustre culturel qui peut permettre aux Causses et aux Cévennes, en jouant de leur continuité spatiale, de rivaliser, même si ce ne
sont que de « moyennes montagnes », avec d’autres candidatures.
Car la concurrence est rude, et la France, pour ne citer qu’elle, doit
prendre en compte l’émergence de nombreuses demandes : portion
préservée de haute montagne comme le Mercantour, île tropicale aux
hauteurs prodigieuses comme la Réunion… Les griefs portés par les
experts du Comité du patrimoine mondial sont évidemment toujours
fondés, car il ne paraît guère possible de changer la réalité de dégradations irréversibles : l’effort doit donc porter sur l’argumentaire de
la candidature, et sur sa force de persuasion. Si la demande devait
trouver une issue positive, nous aurions en main un nouvel outil pour
freiner les altérations d’un bien dont nous avons hérité, et que nous
devrions transmettre dans son intégrité.
En savoir plus : www.causses-et-cevennes.com
Jean-Luc Bonniol,
Professeur d’anthropologie - Université Paul-Cézanne (Aix-Marseille III).
Extrait de la revue Causses et Cévennes >> Voir page 24.
Une lavogne sur le Larzac (Le Cros) - Sur le causse, le travail de l’homme est toujours présent. © Fanny Combes
16
Entre Méjean et Sauveterre
O
La forteresse mérovingienne
de La Malène
n connaissait la légende de Sainte-Enimie, sœur du bon roi
Dagobert mais l’on ignorait tout à vrai dire de l’histoire des Gorges du
Tarn à l’époque des premiers rois mérovingiens…
Or voilà qu’une équipe du CNRS dirigée par Laurent Schneider a
réalisé des découvertes archéologiques exceptionnelles.
Sur le sommet de l’éperon rocheux qui domine le village de La
Malène, les archéologues ont identifié les traces monumentales
d’un ancien palais fortifié, occupé entre les années 475 et 700 par
de grands aristocrates méridionaux. Saint-Hilaire, l’un des premiers
évêques du Gévaudan, y aurait lui même trouvé refuge lorsque les
descendants de Clovis étirèrent le royaume des Francs en direction
des terres méridionales.
Dans ce lieu improbable, les archéologues ont mis au jour une tourbastion, une citerne de 190 m3, une résidence luxueuse dotée d’une
colonnade d’étage, un puissant rempart mais aussi des thermes
disposant de salles chauffées…
Initié par le CNRS en 2000 et dirigé depuis par Laurent Schneider
(Laboratoire d’Archéologie Médiévale Méditerranéenne CNRSUniversité d’Aix-Marseille), ce programme bénéficie du soutien de la
DRAC Languedoc-Roussillon et du Service Régional de l’Archéologie
du Languedoc-Roussillon. Le projet vient de faire l’objet d’une
présentation dans le numéro 106 (février-mars 2010) de la revue
L’archéologue (www.larcheologue.com).
Entre Causses et Aubrac
La découverte de plusieurs amphores du VIIe s. provenant des
anciennes provinces romaines d’Afrique (Tunisie actuelle) et d’Orient
(Gaza) prouve quant à elle la survivance d’un grand commerce
international irriguant jusqu’au cœur des causses alors que la théorie
affirmait le contraire.
Forteresse de villégiature, le site découvert à La Malène est un
témoignage exceptionnel de ces temps troublés où plusieurs nations
(Francs, Wisigoths…) s’affrontaient sur le sol de l’ancienne Gaule.
La forteresse devait contrôler un carrefour, une position frontalière et
jouait sans doute aussi un rôle de douane car l’on est ici au VIIe s. sur
la frontière de la Septimanie wisigothique. On doit dès lors la mettre
en relation avec l’importance politique, stratégique et économique
que prirent à partir du règne de Dagobert les terres situées entre
Causses et Aubrac dans le monde franc.
Soutenues par le Conseil général de la Lozère, les fouilles de La
Malène s’inscrivent dans le cadre d’un programme scientifique
consacré à l’étude archéologique des « Oppida et castra de l’Antiquité
tardive et du haut Moyen Âge en Gaule méridionale ».
© Nicolas Clément
Paraulas per lo ve
nt (Max Roqueta)
Ò vent, quand sera
A l’aflat de son pei pas qu’una clòsca que rròda
Que te’n sovenga de s sus la dura argela que nos beu,
Quand ven suls sèr la doçoorr de l’aureta de mar
E que se perd amonrrreess dels grands Causses
t au grand escur de
las selvas
Ô vent, quand je ne
Au gré de son po serai plus qu’un crânnee qui roule
Qu’il t’en souviennids, sur la dure argile qui nous boit,
Quand elle vient sue de la douceur de la brise de mer
Et qu’elle se perd, r les montagnes des grands Causses
llàà-haut, dans la gr
ande ombre des for
êêts
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
17
La barque dans les Gorges
L’
�����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������
Ci-dessus :
Peinture sur bois.
Bateliers de la
Malène dans les
Gorges du Tarn au
début du XXe s.
(Collection particulière)
histoire au secours… de la géographie. C’est pour s’enfoncer dans les Gorges
du Tarn et leur relief tourment
tourmenté que sont nés
barques et bateliers. Dès
D le XIVe siècle, la
barque est le principal moyen pour se déplacer
d
dans le canyon. On voit apparaître des barques en bois de formes
différentes dans chaque village. Elles sont utilisées comme moyen
de transport pour relier les hameaux entre eux. Elles servent aussi
pour le travail de la vigne et même pour la pêche au filet ou à l’épervier. À la fin du XIXe siècle, la nouvelle ligne de chemin de fer ParisBéziers amène les premiers touristes-explorateurs dans les Gorges
du Tarn. On voit s’ouvrir des hôtels dans les villages. Les premières
descentes touristiques apparaissent. Mais au début, rien n’est prévu
pour la nouvelle épopée, les barques ne sont pas encore adaptées au
tourisme et les photos de l’époque montrent des dames en grandes
tenues assises dans les embarcations sur des chaises de cuisine...
Le percement d’une route à travers les Gorges en 1905 va sonner le
glas de la batellerie traditionnelle. À partir de 1940, seul le village de
la Malène propose encore un départ pour la promenade touristique.
Les Bateliers de la Malène se regroupent en 1952 en coopérative
(Scop). Avec quelques adaptations, l’entreprise fonctionne aujourd’hui
encore sous forme de Scop.
Contact : Les Bateliers des Gorges du Tarn, 04 66 48 51 10
© Patrick Barois
ur
e
h
n
o
b
Le
!
t
n
o
p
est au
18
Grand site de france®
Cogito
Les Causses, ces espaces écartelés
Par Jean-Luc Bonniol,
Professeur d’anthropologie - Université Paul-Cézanne (Aix-Marseille III).
L
e terme « causse » est d’abord un
simple nom commun, dérivé du latin calx
(chaux), qui désigne un plateau calcaire… Il
définit donc une simple forme topographique,
conjuguée à une certaine nature du sol, mais
ne renvoie pas à une région déterminée.
Ces espaces caussenards n’ont donc pas
constitué, pendant la majeure part de leur
histoire, un socle pour l’émergence d’une
identité commune : jusqu’au XIXe siècle, ils
sont immergés dans les vieilles provinces,
Languedoc, Gévaudan et Rouergue, puis
dans les départements qui leur ont succédé.
Leurs caractéristiques mêmes ont longtemps
révulsé les visiteurs, qui parlent à leur propos
de « contrées épouvantables », de « spectacle lugubre », de « désert stérile »…
C’est dans la seconde moitié du XIXe
siècle que ce terme, écrit désormais avec
une majuscule - les Causses -, va servir à
identifier un lieu déterminé, souvent doté d’un
qualificatif destiné à mieux le circonscrire :
Causses majeurs, précise le père de la
spéléologie Edouard-Alfred Martel ; Grands
Causses, nuance au début du XXe siècle
le grand géographe montpelliérain Paul
Marres. Cette singularisation s’est opérée
par la grâce d’une révélation, largement liée
au regard extérieur qui s’est alors posé sur
eux… Tout change en effet au travers des
mutations des sensibilités esthétiques face
au paysage qui émergent dès la fin du XVIIIe
et s’affirment avec force dans la deuxième
moitié du XIXe siècle avec le développement
du tourisme. C’est Martel qui, par son activité
inlassable, d’abord sous terre, mais aussi
en surface, a véritablement « inventé »
les Causses à travers ses articles et ses
ouvrages. L’image des Gorges du Tarn et
des merveilles souterraines caussenardes
commence à s’imposer sur le plan national,
voire européen, sous le signe du grandiose
et du sublime.
Sainte-Énimie dans les Gorges du Tarn
(DR)
Les Causses ont toujours entretenu des liens
étroits avec le bas-pays languedocien et,
au-delà, avec la Méditerranée. Depuis l’Antiquité, les Grands Causses semblent intégrés
dans des flux de direction essentiellement
nord-sud, orientés vers le bas-pays. Mouvements de transhumance, échanges, migration des hommes vers la plaine, saisonnières
puis définitives…
Politique spatiale
Toute la constitution du réseau routier, depuis les drailles immémoriales et les voies
romaines jusqu’à l’autoroute A 75, en passant par les routes royales puis nationales,
a obéi à cette direction principale. Le réseau
ferré s’est lui aussi inscrit dans cette logique,
avec l’axe Béziers-Paris. Le chemin de fer
va en outre individualiser le comportement
migratoire du Caussenard : alors que les originaires du nord de la Lozère et de l’Aveyron
migrent désormais vers Paris, il continue à
« descendre » vers le Midi. L’exode définitif,
en vidant les Causses au profit du Bas Pays,
a renforcé leur orientation vers le Languedoc
méditerranéen, établissant entre les deux
zones de nombreux liens familiaux, ponctués
souvent de retours estivaux.
Mais les Causses, malgré leur remarquable homogénéité paysagère, qui s’impose
au regard et la forte valeur esthétique qui y
est attachée, restent des espaces écartelés, entre départements, mais surtout entre
deux régions : Languedoc-Roussillon et
Midi-Pyrénées… Trouver des solutions à ce
morcellement, sans doute nuisible à la promotion d’un tourisme maîtrisé, pourrait être
un objectif premier de politiques spatiales à
venir, soucieuses de respecter le sens, tout à
la fois naturel et humain, des territoires (d’où
l’importance que revêtirait le classement de
l’ensemble Causses et Cévennes, sur la liste
du patrimoine mondial de l’UNESCO…).
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
19
Aude
Piet Moget,
peintre luministe
L’artiste dans son cabanon des Montilles © René Lechon
« Je cherche l’insaisissable... »
«V
enez, le temps est gris, ce sera mieux pour vous parler de ma peinture ! » Drôle d’invitation de la part d’un peintre :
c’est celle que m’adresse Piet Moget en cette fin d’hiver à la météo
agitée. À Port-la-Nouvelle, dans l’Aude, je le retrouve dans son
cabanon des Montilles, grand ouvert sur les étangs et la mer. Il
capte la lumière, ici, dans cette nature méditerranéenne qu’il a
adoptée voilà plus de cinquante ans. Ou sur les quais où il installe
son camion : le canal, la digue, la mer, l’espace sont ses motifs de
prédilection.
De façon générale, il peint sur le motif, ne peut pas travailler en
chambre. Il s’est un moment amusé à changer d’horizon, adoptant
celui des réservoirs de gaz, ces boules d’acier qui évoquent la frénésie de l’homme moderne et cette révolution industrielle qu’un artiste ne peut ignorer : « les sphères mangent la lumière au sommet
et gardent l’ombre à la base »… Il s’en est éloigné après l’accident
d’un ouvrier qu’il avait connu et qui est mort asphyxié en glissant
dans le réservoir lors d’un nettoyage de la cuve.
Au service de l’art contemporain
Mais qu’est donc venu faire dans le Sud de la France ce Hollandais,
admirateur de Geer Van Velde ? « Pourquoi ici, parce c’est plat,
et aussi pour la lumière », dit-il. Plat comme dans son pays du
Nord, mais avec une autre lumière, quand même… Il se dit dans
le sillage d’un de ses concitoyens luministes (1), Piet Mondrian. Le
matin, quand il ouvre sa fenêtre, c’est le premier choc, il sait « si
la lumière sera bonne ou pas ». Aujourd’hui, Piet Moget apprécie
le travail d’un Claude Lévêque, d’un Viallat ou encore d’un Fred
Sandbach, exposé au Lac (2), lieu d’art contemporain, à Sigean.
Car le peintre est aussi expert, on le consulte toujours. Il est
surtout le véritable architecte d’une présence de l’art contemporain
en région : il collabore également à la création de pôles d’art
contemporain à Sérignan, à Béziers (exposition de Jacques Villon,
Joan Miro), au Château de Jau, au Musée Fabre de Montpellier,
au Musée Rigaud de Perpignan.
À 82 ans, l’artiste rencontre souvent de jeunes peintres : il tente de
les décourager de devenir « ces fabricants d’art qui donnent dans
l’esthétisme, cherchant à séduire ». Lui se bat quotidiennement,
là, tout seul, devant son chevalet : « Je cherche quelque chose
que je ne peux pas saisir, mais c’est long : puis ça vient, ça finit par
vous échapper, alors c’est bon, vous y êtes ! Pour l’esquisse, ça va
très bien, mais ça ne suffit pas, la suite est plus dure. »
(1)
(2)
Le luminisme se revendique d’un néo-impressionnisme - certains le disent
plus proche du fauvisme - consacrant une grande attention aux effets de
lumière et utilisant une grande gamme de couleurs.
Lieu d’art contemporain, Hameau du Lac à Sigean.
Tél. : 04 68 48 83 62.
Page de droite : Huile sur toile © David Huguenin
Dans des gammes chromatiques différentes, il se laisse parfois
tenter par des couleurs à l’énergie chaleureuse.
20
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
21
Zoom
Gard
Dans la héronnière du Scamandre © SMCG - Simon Baudouin Exploration du marais au Centre du Scamandre © SMCG
Le syndicat mixte pour la gestion et la protection de la
Camargue gardoise
Éduquer les petits… et les grands
L
e syndicat mixte, établissement public, a été créé en 1993
autour d’une charte d’environnement. Il associe le Conseil général du Gard aux huit communes de la Camargue gardoise.
Dans ce numéro, nous nous attardons particulièrement sur
l’un des cinq objectifs qu’il s’est donné, celui de l’éducation à
l’environnement (1).
« Dans le marais, nous allons prélever, à l’aide d’épuisettes,
des insectes aquatiques avant de les identifier. Après exploration, les petites bêtes seront relâchées.» C’est ce type d’invitation qu’adressent aux scolaires les services du centre de
découverte du Scamandre, créé par le syndicat, à Gallician
(Gard).
Dès 1995, le site ouvre ses portes aux scolaires, vocation
pédagogique et scientifique oblige. Une éducation à l’environnement de la maternelle au lycée.
Deux mille cinq cents enfants sont désormais accueillis chaque année, au printemps et à l’automne, avec une attention
22
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
Le sentier du Butor © SMCG
particulière pour le public des huit communes composant la
Camargue gardoise. Peu à peu, le site est aménagé pour accueillir aussi le grand public grâce à un parcours en platelage,
prolongé encore tout récemment.
L’innovation rencontre un vrai succès : douze mille personnes
viennent ici, au printemps. « Préserver sans ouvrir pour faire
connaître, c’est inimaginable » explique Serge Colombaud,
responsable de l’accueil.
Les hommes du territoire
Récemment, une manifestation a convié chasseurs, ornithologues, Camarguais et néo-Camarguais pour une journée scandée de contes et légendes sans oublier l’énoncé d’une recette
de gibier de Gallician : « Un vrai brassage en toute convivialité, se souvient Serge Colombaud, animateur ce jour-là, avec
une réelle volonté d’associer à ce patrimoine les habitants des
huit communes de la Camargue gardoise et pour fil conducteur des messages, la nécessité de bien mettre en exergue
la place de l’homme dans cet environnement, l’éveil à une
responsabilité à travers les récoltes et gestes traditionnels. »
Ainsi, un week-end de pêche intitulé, avec poésie, « retour au
pays des étanguilles » a-t-il rassemblé poètes, écrivains avec
l’intervention d’un pêcheur et… une dégustation d’anguilles !
De même, dans la semaine dédiée aux zones humides, « la
charrette du sagneur » (le cueilleur de roseaux) tirée par un
cheval de travail, a emmené des visiteurs, assis sur des bot-
tes de paille, à travers la réserve. Les commentaires étaient
ceux du charretier, spécialiste de la traction animale.
Les élus aussi
Les élus ne sont pas en reste et viennent à leur tour, s’éduquer
à l’environnement... Au syndicat mixte, le Conseil général du
Gard décentralise parfois ses réunions. Il a accompagné à
une autre occasion une délégation roumaine. Des formations,
en direction des élus toujours, ont eu lieu ici, à plusieurs reprises : un cursus dynamique sur les zones humides, en lien
avec le CNFPT (Centre National de la Fonction Publique Territoriale), la visite de formateurs du Greta ou encore de différentes chambres d’agriculture du département. « Notre président
délégué lui-même, Jean Denat, reprend Serge Colombaud,
est parfois mis à contribution pour expliquer à des stagiaires
comment s’adresser précisément… à une collectivité pour lui
raconter l’environnement.»
(1) Les quatre autres objectifs : la maîtrise de l’espace, la mise en valeur
du patrimoine naturel et culturel, l’amélioration de la gestion de l’eau et la
promotion d’une économie favorisant un développement durable.
Un site : www.camarguegardoise.com
Visiter le Centre du Scamandre :
Route des Iscles à Gallician, 30600 Vauvert
Tél. : 04 66 73 52 05
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
23
Lire, regarder & écouter
Jardins d’exception en Languedoc-Roussillon, Caroline
Lemaître, Le Papillon Rouge Éditeur, 25 €.
Le Languedoc-Roussillon abrite de
nombreux jardins qui offrent une
vraie diversité (potagers médiévaux,
jardins exotiques ou méditerranéens, arboretum…). Cet ouvrage
nous promène dans les allées de
cinquante jardins régionaux, où se succèdent
figures incontournables (Jardin des Plantes de
Montpellier, Jardins de la Fontaine à Nîmes,
Bambouseraie d’Anduze) et jardins plus atypiques ou confidentiels (Cactuseraie d’Escaïrefigue, Jardins du Redounel, Jardin de la Noria).
Certains sites allient avec bonheur découvertes
botaniques et patrimoine bâti, comme par
exemple l’Abbaye de Valmagne avec son jardin
médiéval ou encore le château de Flaugergues
avec son jardin « à la française », ses vignes et
son parc paysager… De quoi papillonner joyeusement tout au long du printemps et de l’été.
www.papillon-rouge.com
Éleveurs des Causses Méridionaux, regards sur une
profession et témoignages
de vie, Pascal Biston, Études &
Communication Éditions, 19,50€.
D’abord un regard sur la profession, celui de Pascal Biston qui,
saison après saison, a suivi et
photographié les éleveurs caussenards. Des témoignages de vie ensuite, ceux
de ces hommes et ces femmes qui disent leur
attachement aux Causses et leur passion pour
le métier. Voilà le contenu de ce bel ouvrage
qui embrasse le Larzac méridional, les Causses
de Campestre, de Blandas, Bégon et Noir. Loin
des clichés sur le monde rural, il nous révèle la
relation homme-animal-territoire et les réalités
économiques d’aujourd’hui. Réalisé en partenariat avec le CPIE des Causses Méridionaux, les
conseils généraux de l’Hérault et du Gard et la
Direction Régionale des Affaires Culturelles du
Languedoc-Roussillon.
http://lesziconofages.free.fr
Le Centre Permanent de la Photographie de
Fournels (48) expose les photos de cet ouvrage
du 28 août au 2 octobre 2010
(www.fournels.fr).
Causses et Cévennes,
la revue du Club
cévenol
Cette revue trimestrielle
régionale de documentation et de recherches historiques, géographiques et
économiques, concerne les
régions caussenarde et cévenole. Elle est disponible
par abonnement et dans
24
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
quelques points de vente.
Déjà paru : numéro spécial sur la candidature des
Causses et Cévennes au Patrimoine mondial de
l’UNESCO (février 2010).
À paraître : numéro botanique « La flore sur les
Causses et en Cévennes » (août 2010).
www.club-cevenol.org
Pour commander les anciens numéros :
M. Christian Rebotier - La Perrière Nouvelle,
30270 St-Jean du Gard - Tél. : 04 66 85 17 01
[email protected]
Châteaux
Médiévaux
en Cévennes
Isabelle Darnas,
ASFP Éditions,
30 €.
Forte du succès
des ses éditions
précédentes
(Itinéraire roman
en Cévennes et
Circuit roman
cévenol), l’association des Amis de Saint-Flour du Pompidou
publie ce nouvel ouvrage consacré à vingt et un
châteaux médiévaux situés dans les hautes vallées des Gardons. L’auteure, docteur en histoire
et archéologie médiévale, confère à l’ouvrage
une approche érudite, basée sur des recherches
historiques et une démarche avant tout scientifique. Un descriptif fouillé est proposé pour
chaque site, des proto-châteaux (autour de l’an
mil) aux châteaux résidentiels et maisons fortes
(XIVe-XVIe siècles), en passant par les châteaux
féodaux (XIe-XIIIe siècles). Tous les châteaux
présentés étant des propriétés privées, le légendage permet de distinguer les sites ouverts de
ceux fermés au public.
Pour accompagner agréablement la lecture, le
livre comprend un CD d’œuvres de Jean-Sébastien Bach, interprétées par le violoniste Frédéric
Pélassy (enregistrement réalisé dans l’ancienne
église de Saint-Flour du Pompidou).
www.saintflourdupompidou.fr
La Fille du fil. La
soie, une histoire de
femmes cévenoles
Karine Bergami, Nouvelles
Presses du Languedoc,
19,50 €.
À travers le témoignage
d’une fileuse, ce livre nous
conte le quotidien d’une
profession à la fois pénible
et fascinante. Des témoignages d’époque (coupures de presse, extraits de publicités des filatures, chants et poésies) se mêlent au style poétique de l’auteure. Les photographies d’Aurore Le
Maître valorisent ce qu’il reste des magnaneries
et filatures des Cévennes.
www.npl-editeur.fr
Focus
La sélection de François Icher, chargé de
mission patrimoine et mémoire, Rectorat de
l’Académie de Montpellier
Le Patrimoine mondial de l’Unesco
coédition Ouest-France/UNESCO, 35 €.
Ce volumineux ouvrage de 832 pages se
veut « le guide complet des lieux les plus
extraordinaires ». Le lecteur appréciera en
effet cet inventaire des 878 sites culturels
ou naturels ayant une valeur exceptionnelle
pour l’humanité, en vue de leur protection
et de leur préservation. Ce livre présente
l’intégralité de ces sites avec, pour chacun,
les critères précis d’inscription et une carte de
localisation. Entre la Cité de Carcassonne et
le Canal du Midi, on s’attardera naturellement
sur les fiches relatives à notre « Patrimoine
en région ». Un regret toutefois : une
iconographie qui, parfois, date de plusieurs
années. Vraiment dommage pour cet ouvrage
au demeurant fort utile.
Splendeurs et Éternités des civilisations
de Méditerranée, Égypte, Étrurie,
Grèce, Rome, Laurent Deguara, Société
archéologique de Montpellier, 30 €.
Ce livre accompagne l’exposition du même
titre présentée au Musée Languedocien
jusqu’au 5 décembre 2010 (7 rue Jacques
Cœur à Montpellier). En 304 pages illustrées
par près de 500 photographies, cartes et
croquis, ce catalogue est l’outil indispensable
pour prolonger et approfondir ce voyage à
travers quatre civilisations qui ont rayonné
autour de la Méditerranée dans l’Antiquité.
Et aussi...
Les Marbres de l’Aude et de l’Hérault,
Dossier Marbres 2, Arts et traditions rurales
(édition 2009).
L’ouvrage reprend les actes de la Journée
Marbre de Cessenon (9 avril 2005) et
d’Aspiran (12 décembre 2009). Disponible en
édition papier (45 €) ou en CD-Rom (20 €).
www.artstraditionsrurales.fr
L’arrivée des Pieds-Noirs en Roussillon en
1962, Philippe Bouba, Éditions Trabucaire,
15€.
L’auteur retrace, à la lecture de la presse
locale, l’ampleur du phénomène et le
recontextualise grâce à des témoignages.
Il évoque l’accueil, les associations
humanitaires et la naissance du concept de
« Pieds-Noirs ».
Les caves coopératives
Un patrimoine régional
souvent méconnu
Michel WIENIN
Service du Patrimoine Régional
Conseil régional du Languedoc-Roussillon
C
© M. Kérignard, Région Languedoc-Roussillon Inventaire général, 2009
L’architecture de prestige de la Coopérative de Gignac (Hérault)
inq cent quatre vingt deux ! Le Service du
Patrimoine Régional a recensé cinq cent quatre
vingt deux caves du Rhône aux Pyrénées, produisant une grande variété de vins, du « gros
rouge » au mousseux (Blanquette de Limoux) en
passant par les A.O.C. et les vins doux naturels
(grenache, muscat…) dont le Languedoc-Roussillon est le premier producteur national.
La « coopé », c’est ce bâtiment majestueux qui
trône à la périphérie de la plupart de nos villages. Les caves sont nées au début du XXe siècle,
époque de crises viticoles qui culminent avec la
révolte de 1907, mais aussi de la création de
nombreuses structures de solidarité (syndicats,
coopératives, caisses de secours…). Témoins
d’une région demeurée fondamentalement rurale
mais aussi tournée vers la modernité technique
et sociale, leur diversité se manifeste dans leur
architecture.
Les caves de Mudaison et des Vignerons Libres
de Maraussan (Hérault), réalisées en 1905,
ont été les plus anciennes caves coopératives
françaises. L’étude réalisée a montré que ces
bâtiments fonctionnels, généralement construits
entre 1905 et 1965, présentent une riche variété
de formes et que la recherche architecturale y
côtoie souvent l’innovation technologique.
Cette diversité s’exprime par l’organisation générale et la façade principale. La cave est une usine
avec sa salle des machines autour de laquelle les
cuves peuvent former un fer à cheval, souvent
sur deux niveaux, ou, au contraire, s’aligner en
rangées accolées vers l’arrière ou sur les côtés.
Avant 1914, les caves reprennent l’architecture
IIIe République des chais privés : arcs en briques
et chaînages harpés dès les premières caves de
P. Paul.
Les bâtiments suivants sont de type industriel,
complétés à partir de 1930 par un avant-corps
qui abrite la réception et bénéficie d’un traitement
architectural soigné.
Les techniques modernes de construction se
généralisent vers 1937 avec l’emploi du béton
armé pour les murs et la charpente. Les influences régionalistes, liées au développement des
appellations de terroir, deviennent importantes :
décrochement des volumes, toit à faible pente en
tuile creuse ou grand porche de réception puis
murs en pierre de pays.
De nos jours, la consommation de vin diminue et
de nombreuses caves sont fermées ou détruites.
Il est temps de se pencher sur un patrimoine récent toujours fortement inscrit dans l’identité et
les paysages du Languedoc-Roussillon.
Pour en savoir plus
Caves Coopératives en LanguedocRoussillon, ouvrage collectif du Service Patrimoine Régional du Conseil
Régional du Languedoc-Roussillon
(textes de G. Gavignaud-Fontaine,
J.-L. Vayssettes, J.-M. Sauget, M.
Wienin, S. Normand, L. Rodriguez,
J.-M. Touzard, photographies de M.
Kérignard, cartographie de V. MarzoMarill), éditions Lieux Dits, Lyon, février 2010, format 24 x 29 cm, 256
pages, 316 illustrations, 45 €.
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
25
Vie du Carrefour des Patrimoines
L’Agenda du patrimoine 2010
Le compte rendu complet de la Journée est consultable sur le site de
GRAINE LR : www.grainelr.org
/ GRATUIT / ÉTÉ 2009
été nature et culture en Languedoc-Roussillon
Le 4 mars dernier, à la Maison des Jeunes et de la Culture
de Gruissan (Aude), plus de quarante personnes étaient
réunies pour partager savoirs et savoir-faire autour du
thème « Du patrimoine aux projets éducatifs ».
Venus de toute la région (de Collioure à Florac), travaillant
pour certains dans des centres de loisirs, pour d’autres
dans des structures d’éducation à l’environnement, tous
étaient là dans une volonté d’échange et de mutualisation.
L’enjeu était de travailler à partir de problèmes rencontrés
par la MJC dans le cadre de certaines de ses activités. Les
participants ont passé la matinée sur les lieux d’animation
de la MJC et se sont retrouvés en atelier l’après-midi.
L’atelier « jardin » s’est penché sur les difficultés liées au
nombre élevé d’enfants participant à cette activité et leur
venue irrégulière ainsi que sur la nécessité de maintenir
l’activité de façon pérenne.
L’atelier « rénovation de bétous » s’est concentré sur les
difficultés liées à la participation irrégulière des jeunes, à
l’imposibilité de mettre à l’eau les bétous une fois réparés
pour des raisons de sécurité.
Un troisième atelier avait pour thème « Construire des projets éducatifs de territoire dans un cadre de partenariat ».
La MJC nous a présenté le cadre de ses partenariats,
permettant aux participants de réagir et d’échanger leurs
expériences et questionnements, souvent liés aux finances…
L’Agenda du patrimoine / Un
Pour échanger
et mutualiser
ÉTÉ 2009
Journée de rencontre
350 événements au
jour le jour
vivant //
concerts et spectacle
Balades et visites //
traditions // expositions...
fêtes, gastronomie et
Toute l’équipe de rédaction travaille à la réalisation de L’Agenda du patrimoine 2010 qui sortira
au mois de juin. Comme l’an passé, vous pourrez retrouver les événements « patrimoine » de
l’été en Languedoc-Roussillon : balades, visites
et jardins, concerts et spectacle vivant, fêtes,
gastronomie et traditions, expositions…
L’Agenda du patrimoine sera disponible gratuitement dans les
offices de tourisme de la région et dans certains sites patrimoniaux. Pour en recevoir un exemplaire à domicile, il vous
suffit de vous abonner à Patrimoines en région ! Voir bulletin
d’abonnement au centre de la revue.
Contact : Le Passe Muraille, 04 67 06 96 04
sur le site du
Carrefour des Patrimoines ?
Quoi de neuf
Nous accueillons deux nouveaux inscrits :
Association de l’Etangdart (Bages, 11)
Dédiée à la médiation culturelle en art contemporain, cette
structure a créé un lieu d’exposition sur la commune de
Bages, une maison d’édition et une artothèque à disposition des collectivités, des entreprises et du grand public.
Elle organise des manifestations culturelles et développe
un programme pédagogique en direction des scolaires
(découverte des patrimoines à travers le dessin et le land
art).
Le Parc du Cosmos (Les Angles, 30)
Implanté depuis plus de 25 ans aux portes d’Avignon sur
trois hectares de garrigue, le Parc du Cosmos propose de
nombreuses activités autour de l’astronomie, dont une visite guidée du circuit « Découvertes astro », un planétarium
numérique et des ateliers pédagogiques thématiques pour
les enfants.
Aujourd’hui, 285 structures régionales sont présentées sur
le site du Carrefour.
Si vous souhaitez référencer gratuitement votre association, rendez-vous sur le site
www.carrefour-des-patrimoines.net (inscription en ligne).
Contact : CEMEA, Ariane Sirota et Elisabeth Le Bris
Tél. : 04 67 93 72 07
[email protected] ; [email protected]
(DR)
26
Centre d’Interprétation de
l’Architecture et du Patrimoine
Pézenas
Val Hérault
d’
Printemps 2010
Escapades du terroir
17 et 22 avril
Sentiers de randonnées
Visites guidées thématiques
Exposition permanente
9,16,23 avril - 22 mai - 12,19, 25 juin
Visites audio-guidées
Jeu de piste familial
Pézenas
Entrée libre
www.ciap-pezenas.com
Hôtel de Peyrat - Place des Etats du Languedoc
34120 PEZENAS - 04 67 98 36 40
28 avril
Molière
SCENOVISION
Renseignements et réservations
Office de Tourisme Pézenas Val d’Hérault
Place des Etats du Languedoc - 34120 PEZENAS - Tél : 04 67 98 36 40
www.pezenas-tourisme.fr
PATRIMOINES EN RÉGION / 10 / PRINTEMPS 2010
27
Sortez au
Vous avez découvert en septembre 2009 « la collection d’hiver » du domaine d’O.
Avec le printemps 2010, le domaine d’O vous présente ses festivals,
de mai à septembre. Vous êtes chanceux, toutes les cultures vous attendent,
choisissez ce qui vous plait…
Saperlipopette,
voilà enfantillages !
Festival jeune public
Du 8 au 30 mai
Printemps
des comédiens
La route tsigane
Du 3 au 27 juin
Arabesques
Rencontres des arts
du monde arabe
21, 22, 23 mai
Folies d’O
opérette et comédie
musicale sous les étoiles
La vie parisienne
7, 9, 10 juillet
Nuits d’O
cinéma et musique
en plein air
Du 19 au 28 août
Domaine d’O — 178 rue de la Carrièrasse — 34 090 Montpellier — herault.fr — domaine-do-34.eu
28