modes de vie des lycéens - Espace Educatif
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modes de vie des lycéens - Espace Educatif
Compte rendu d’une enquête expérimentale menée sur les modes de vie des lycéens ou Y a–t-il un lien entre l’absentéisme perlé des lycéens et le travail rémunéré qu’ils effectuent pendant l’année scolaire ? Pourquoi une telle enquête ? Chaque année, au cours du groupe de travail sur le BOP « vie de l’élève » (budget opérationnel de programme), nous examinons tous les indicateurs se rapportant aux objectifs du programme. L’un d’eux concerne l’absentéisme des élèves. Un enseignant, membre du groupe de travail, fait part de ses observations. Dans le lycée où il enseigne, plus qu’un absentéisme lourd, on observe des formes d’absentéisme perlé, plus prégnant certaines demi-journées ou certains moments de la semaine. Quelle en est la raison ? Les hypothèses avancées sont nombreuses : désintérêt pour certains cours ? Travail extérieur ? Fatigue ? Choix stratégique ? Suite aux échanges, le groupe souhaite approfondir le lien possible entre un travail extérieur mené pendant la période scolaire et cet absentéisme. L’idée d’une enquête auprès de quelques lycées est née. La constitution d’un petit panel d’établissements témoins 5 lycées qui se sont déjà penchés sur le problème de l’absentéisme et sur une politique de remédiation à ce problème sont sollicités : 1 à BREST, 2 à SAINT-BRIEUC, 1 à RENNES, 1 à VANNES (2 LGT avec LP ; 3 LP). Proviseurs et CPE sont réunis et réfléchissent à l’élaboration d’un questionnaire qui se veut simple, et qui porte sur le mode de vie des lycéens. L’objectif du questionnaire est clair : connaître un peu mieux les conditions de vie des lycéens. Exercent-ils ou non une activité rémunérée pendant l’année scolaire, y compris les petites vacances et cela a-t-il des répercussions sur leur scolarité ? Le questionnaire est joint à cette présentation. La passation de l’enquête Ce sont les CPE et les professeurs principaux qui sont chargés du déroulement des questionnaires fin mai 2007. Les élèves y répondent anonymement pendant 15 minutes maximum. La date est peu propice à ce genre d’enquête, la période d’examen étant entamée. Néanmoins, Les professeurs et les CPE se disent surpris devant l’attitude des lycéens qui se prêtent volontiers au questionnaire en précisant : « on s’intéresse à nous, à notre vie de jeune ». Ils seront 2592 sur 3797, soit plus de 70% à répondre à l’enquête. Enquête « modes de vie des lycéens » auprès de 6 lycées et 3800 lycéens bretons - juin 2007 1 Le traitement des réponses Chaque lycée fait une synthèse de son enquête, selon une grille de lecture travaillée entre les CPE et les proviseurs des EPLE concernés. (Nous tenons à remercier les équipes de vie scolaire qui se sont complètement investies dans ce travail). Les synthèses de chaque établissement sont transmises au proviseur vie scolaire qui rédige une synthèse globale soumise ensuite, pour analyse et commentaires, aux équipes CPE/ Proviseurs des lycées concernés. Une dernière réunion de travail entre les équipes des 5 lycées permet de dégager les enseignements principaux et de réfléchir aux prolongements possibles au sein de chaque lycée concerné. Enfin, le groupe de travail du BOP « vie de l’élève » est informé de cette enquête et de ses principaux enseignements. Très intéressé par cette étude, il émet le souhait : - d’une mise en ligne de ce questionnaire pour une utilisation possible de l’enquête aux lycées qui le souhaitent. - Du bilan/synthèse de cette étude expérimentale. QUELS ENSEIGNEMENTS PEUT-ON RETENIR DE CETTE ENQUETE ? 1/ Elle s’est voulue simplement expérimentale. 2/ Elle est déclarative et donc repose sur la sincérité non vérifiable des participants. 3/ Elle n’est pas forcément représentative de l’ensemble des lycées ; elle ne concerne que 6 lycées sur 103. 4/ Néanmoins, on peut en tirer quelques conclusions : - Les lycéens adhèrent à des projets qui les concernent globalement en tant qu’individus et pas seulement en tant qu’élèves. (Désir d’une responsabilisation plus importante?) - Le regard des enseignants et des équipes éducatives qui ont fait passer ce questionnaire a été modifié; tous se sont rendu compte de façon précise que nombre de jeunes s’impliquent pleinement dans la vie active et se prennent en charge. - Certes, le questionnaire est imparfait et laissait place à des erreurs de compréhension. Il y aurait besoin se retravailler des précisions concernant les temps de travail, les types de travaux effectués ; cependant voici l’essentiel de ce que l’on peut retenir malgré ces imperfections. Sur 2 592 élèves qui ont répondu, 797 disent travailler à l’extérieur pendant l’année scolaire, soit 31% des élèves ayant répondu ( soit environ le tiers de élèves ayant répondu au questionnaire). La plupart des travaux sont occasionnels. Cependant 31% de ces 797 élèves disent avoir un emploi régulier, ce qui représente environ 10% de la population ayant répondu au questionnaire. (249/2 592). Le temps de travail est dans l’ordre décroissant : 10 heures, 5heures, 15heures hebdomadaires. Il se déroule principalement le week-end (d’abord le samedi, ensuite le dimanche, le vendredi et enfin le mercredi) .On note également un nombre important de réponses concernant le travail de nuit (358 : baby-sitting occasionnel ?) Enquête « modes de vie des lycéens » auprès de 6 lycées et 3800 lycéens bretons - juin 2007 2 Le plus grand nombre d’élèves qui ont un travail extérieur rémunéré disent le faire depuis 1 an ou moins d’un an. Le pourcentage de filles qui ont un emploi rémunéré est toujours supérieur à celui des garçons quelle que soit la tranche d’âge. - Les élèves travaillent pour des raisons diverses : principalement pour s’acheter des biens dont ils ont envie et qu’ils considèrent comme faisant partie intégrante du mode de vie actuel; - 55 élèves sur les 2592 déclarent travailler pour des raisons de subsistance (besoin d’argent pour vivre), soit 2% de la population qui a répondu. Cette activité rémunérée menée à l’extérieur de l’établissement engendre des absences pour environ 10% des élèves concernés et de la fatigue pour tous. D’autres raisons à l’absentéisme constaté sont invoquées. Quels prolongements ont pu être mis en œuvre suite à cette enquête ? On peut noter que les établissements qui ont expérimenté cette enquête l’ont utilisée à la prérentrée suivante pour sensibiliser les équipes aux conditions de vie des lycéens et pour voir ce qu’il était possible de faire pour « accompagner » les lycéens. Une connaissance approfondie des situations sociales difficiles a été menée concernant les élèves qui avaient déclaré travailler pour vivre ( même si l’anonymat a été respecté, des recoupements ont pu être faits notamment grâce à la parfaite connaissance des CPE , des ASEN et des professeurs principaux qui ont croisé leurs regards). Les enseignants et les équipes de vie scolaire ont pu ainsi enrichir leur connaissance des jeunes dont ils s’occupaient (regard plus global). En ce sens, les équipes ont bien entendu le message fort des lycéens « s’intéresser à eux en tant qu’individus à part entière et non pas seulement en tant qu’élèves ». Et encore… - Des cours d’E.C.J.S.ont pu être menés sur, sur les valeurs, sur le thème de la consommation, avec des débats entre élèves et adultes de la communauté éducative, sur les choix de vie, sans que soit asséné un jugement mais dans un objectif de développement de l’esprit d’analyse et l’esprit critique des élèves. - Des débats similaires ont été poursuivis par des ASEN et les CPE. Des réflexions ont été menées par les équipes enseignantes sur la façon de rendre davantage les élèves acteurs et responsables de la construction de leur savoir et des compétences attendues d’eux. Ponctuellement, des aménagements d’emploi du temps ont pu être réalisés au coup par coup dans des situations extrêmes, lorsque le travail rémunéré s’avérait indispensable et qu’il entravait le bon déroulement des études des élèves concernés - et cela sans toutefois perdre de vue l’exigence scolaire. Les situations très difficiles ont été mieux prises en main (utilisation des fonds sociaux par exemple). Enquête « modes de vie des lycéens » auprès de 6 lycées et 3800 lycéens bretons - juin 2007 3 Conclusion Ce travail s’est voulu expérimental. Il n’est pas forcément représentatif de l’ensemble des lycéens. Il n’a pas le caractère scientifique attendu pour une étude sur l’ensemble de la population lycéenne. D’autre part, c’est une enquête déclarative, avec tous les aléas d’un tel type d’enquête. On ne doit pas en tirer des conclusions hâtives sur le mode de vie des lycéens aujourd’hui. L’enquête n’avait pas la prétention de tout connaître sur le mode de vie des lycéens ; elle souhaitait savoir si l’on pouvait affirmer qu’il y avait un lien entre l’absentéisme perlé des lycéens. En l’occurrence, on peut à partir de ces 2 592 réponses : - que le travail rémunéré à l’extérieur pendant l’année scolaire est bien une réalité. - qu’il est cause d’absentéisme pour 10% de la population lycéenne qui vit cette situation. Il a eu par ailleurs le mérite - de mettre l’accent sur le comportement responsable d’un grand nombre de lycéens dans leur vie quotidienne, - de permettre aux équipes d’établissement de réfléchir ensemble aux réponses à apporter en terme d’accompagnement des lycéens tant dans leur vie de citoyenne que dans leur vie d’élève. Cela rejoint les objectifs du projet académique qui affiche la volonté de développer chez les élèves un comportement responsable tant dans leurs apprentissages que dans leur vie sociale. En cela, ces réflexions -qui se sont traduites par des actions- favorisent les réussites des élèves. Le questionnaire est mis en ligne pour les EPLE qui souhaitent l’exploiter pour mieux connaître le mode de vie de leurs élèves, dans un objectif d’accompagnement « au plus près » des leurs élèves. Avec nos remerciements renouvelés aux équipes qui se sont engagées dans cette enquête. Joëlle CARLAC’H, PVS . Enquête « modes de vie des lycéens » auprès de 6 lycées et 3800 lycéens bretons - juin 2007 4