Compte Rendu de la réunion de 2009 - MiVEGEC

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Compte Rendu de la réunion de 2009 - MiVEGEC
Compte rendu de la réunion du groupe "Tiques et Maladies à Tiques"
Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon, 26-27 Novembre 2009
Animatrice: Karen D. McCOY
Génétique et Evolution des Maladies Infectieuses (GEMI), UMR 2724 IRD-CNRS, Centre
IRD, 911 Av d'Agropolis, BP 64501, 34394 Montpellier cedex 5.
[email protected]
Résumé:
Le groupe de réflexion "Tiques et Maladies à Tiques" (TMT) s'est réuni à l’Ecole Nationale
Vétérinaire de Lyon cette année. Cette réunion, qui a rassemblé 31 participants, a inclus 18
présentations, dont un atelier sur la distribution mondiale des tiques d’oiseaux marins, une
mise à jour sur les actualités des tiques et les maladies transmises en Alsace (un foyer
important en France), et une présentation plénière de Lise Gern (Directrice de Recherche,
Université de Neûchatel, Suisse) sur l’écologie de la transmission de la Borréliose de Lyme.
En plus des discussions scientifiques enrichissantes et interactives, nous avons profité de notre
réunion pour faire le planning d’une revue bibliographique qui synthétisera nos connaissances
sur la distribution des tiques et les maladies transmises en France. La discussion finale a
permis d’établir les priorités pour notre prochaine rencontre qui aura lieu aux mêmes dates au
Centre IRD à Montpellier. Cette année, le REID avait apporté une subvention de 5000€ qui
nous a permis de couvrir le déplacement de tous les membres et de nos collègues Suisses.
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Compte rendu de la réunion du groupe "Tiques et Maladies à Tiques"
Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon, 26-27 Novembre 2009
INTRODUCTION
Le groupe de réflexion "Tiques et Maladies à Tiques" (TMT) s'est réuni à l’Ecole
Nationale Vétérinaire de Lyon du 26 au 27 Novembre 2009. Cette réunion a été organisée
localement par Lionel ZENNER (ENVL) et Frédéric FLEURY (Université Claude Bernard,
Lyon). Au total, 31 participants ont été rassemblés. La totalité des frais des participants ont pu
être couverts par la subvention attribuée par la REID cette année (5000€) - Voir Annexe I
pour le bilan financier.
Après une introduction brève avec une présentation du Directeur Scientifique de l’ENVL,
le programme de ces deux jours a inclus 1 atelier, 1 rapport d’actualité et 16 communications
scientifiques. Ces interventions ont traité de nombreux thèmes différents concernant les tiques
et les maladies qu’elles transmettent (voir ci-dessous). Nous avons eu l’honneur cette année
d’accueillir parmi nous deux chercheurs Suisses, Lise GERN (Directrice de Recherche,
Université de Neûtchatel) et son thésard Mirko BERGGOETZ. Lise GERN a consacré une
grande partie de sa carrière scientifique à étudier l’écologie de la transmission de la borréliose
de Lyme. Due à ses contributions conséquentes à ce sujet, elle est une experte de renommé
internationale pour cette maladie. Pendant notre réunion, Lise GERN nous a présenté certains
aspects de ses recherches sur ce sujet. Les membres du TMT ont également profité de sa
présence pour obtenir des avis sur leurs propres recherches et pour avancer les collaborations
en cours. Nous espérons organiser une réunion conjointe avec nos collègues Suisses l’année
prochaine. Nous avons également profité de notre séjour à l’ENVL pour rendre visite au
Musée de Sciences Biologiques Docteur Merieux, un lieu dédié à la biologie, au travers de
l’évocation de la vaccinologie et du diagnostic, de la famille Mérieux.
RESUMES DES COMMUNICATIONS PRESENTEES (voir l’Annexe II pour le
programme)
Atelier 1:
Diversité et distribution mondiale des tiques d’oiseaux de mer : Implications pour
l’écologie et l’épidémiologie de pathogènes transmis par les tiques.
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Muriel DIETRICH, Elena GOMEZ-DIAZ & Karen D. McCOY, UMR2724 IRD/CNRS,
Centre IRD, Montpellier.
Aujourd’hui, le rôle des oiseaux dans la dispersion de pathogènes et comme réservoirs hôtes
est bien établi. La majorité des études sur les systèmes oiseaux-tiques porte sur les oiseaux
terrestres (e.g. passereaux) alors que les connaissances sur les systèmes marins restent encore
très limitées. Les oiseaux de mer ont des tailles de populations importantes, une distribution
géographique relativement étendue et des capacités de migration et dispersion élevées. Ils sont
parasités par une grande diversité de tiques dans toutes les régions biogéographiques du
monde. Ces systèmes hébergent également de nombreux pathogènes pour lesquels les effets
potentiels sur les populations d’oiseaux et la santé humaine sont très peu connus. Dans cette
étude, nous rassemblons les connaissances actuelles sur la diversité et la distribution
géographique des tiques associées aux oiseaux de mer, ainsi que les pathogènes actuellement
connus dans ces systèmes. Nous discutons d’aspects écologiques et épidémiologiques qui
caractérisent les interactions oiseaux de mer-tiques-pathogènes, et mettons en avant des voies
de recherches intéressantes et pertinentes pour mieux appréhender ces systèmes et mieux
comprendre les rôle potentiel des oiseaux de mer dans l’épidémiologie de pathogènes
transmis par les tiques.
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Amblyomma loculosum
Ixodes kerguelenensis
Ixodes unicavatus
Ixodes auritulus
Ixodes uriae
Ixodes diomedeae
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Ixodes amersoni
Ixodes a. zealandicus
Ixodes jacksoni
Ixodes signatus
Ixodes laysanensis
Ixodes kohlsi
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Ixodes philipi
Ixodes rothschildi
Ixodes percavatus
Ixodes murreleti
Ixodes eudyptidis
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Figure 1. Distribution connue des tiques dures d’oiseaux marins dans le monde. Ces tiques ont une tendance
d’être associées aux régions tempéré et polaires. Cette carte est complétée par les tiques molles qui semblent
aussi nombreuses et diversifiées.
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Actualités:
Tiques et maladies transmises en Alsace
Nathalie BOULANGER, Physiopathologie des Interactions hôte-bactéries, EA 3432,
Faculté de Pharmacie de Strasbourg
Les maladies à transmission vectorielle constituent un problème majeur de santé publique.
Elles sont transmises par des arthropodes, insectes ou acariens, qui transmettent le pathogène
via une piqûre hématophage. La région de l’Alsace représente en France un des zones la plus
importantes pour la transmission des maladies à tiques incluant des cas d’anaplasmose
granulocytaire humaine, de la babèsiose, du TIBOLA (Rickettsia slovaca), et de la maladie de
Lyme. Dans cette présentation, Nathalie BOULANGER nous a fait une mise à jour sur la
surveillance de ces pathogènes en Alsace et sur les mesures prises par les organismes locaux
pour la prévention des maladies à tiques.
Communications scientifiques:
Phylogéographie et mécanismes de diversification des tiques des oiseaux marins du
complexe Ornithodoros (A.) capensis
Elena GOMEZ-DIAZ (1), J. GONZALEZ-SOLIS (2) et K. D. McCOY (1)
1 GEMI, UMR CNRS/IRD 2724, 911 Av. Agropolis, 34394 Montpellier, France
2 Dept. Biologia Animal., Univ. de Barcelona., 645 Av. Diagonal, 08028 Barcelona, Spain
Les tiques ont été largement considérées comme parasites généralistes mais plusieurs
études récentes suggèrent le contraire, le processus de spécialisation d’hôte est un mécanisme
de diversification important pour ce groupe. Le complexe d’espèces Ornithodoros capensis
inclut les tiques molles qui exploitent des oiseaux de mer dans les régions tropicaux et
subtropicaux. Ce complexe se compose actuellement de 8 espèces de tiques qui ont été
décrites sur des critères morphologiques et géographiques. Il n’existe pas pour l’instant de
données génétiques pour soutenir le statut taxonomique de ces espèces ni pour nous
renseignons sur les relations génétiques entre les membres du complexe. Dans cette étude,
nous avons investigué la phylogéographie et les mécanismes de divergence (allopatrie vs.
spécialisation d’hôte) chez plusieurs espèces du complexe O. capensis collectées sur des
oiseaux de mer qui nichent sur des iles de l’Atlantique Nord, du Pacifique Sud-Central et de la
Méditerranée. Plus précisément, nous avons analysé ces tiques à deux gènes, un gène
mitochondrial (16S rRNA) et un gène nucléaire (18S rRNA). Les analyses génétiques de ces
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séquences montrent une structuration phylogéographique très marquée et l’existence de 7
clades divergents et bien soutenues. Ces clades ne sont pas concordants avec la distribution
des espèces actuellement décrites. La distance génétique entre certains clades est comparable
à celle des espèces et peuvent donc correspondre à des espèces cryptiques. Dans chaque
localité géographique les tiques apparaissent non-différenciées par rapport à l’hôte, mais la
prévalence semble varier et tous les hôtes présentes sur un site ne sont pas exploités avec la
même intensité. Cette étude souligne la nécessité de réévaluer la systématique et le statut
taxonomique du complexe O. capensis. Nos résultats soutiennent également l’hypothèse que
la biodiversité des tiques est largement sous-estimée, notamment chez les tiques molles, et
que la spéciation cryptique peut être fréquente. Les études à venir focaliseront sur la
structuration des clades divergents au niveau des populations en utilisant des marqueurs
microsatellites.
Etude de la variabilité génétique d’Amblyomma variegatum, tique vectrice d’Ehrlichia
ruminantium. Approche phylogéographique: résultats préliminaires
Karine HUBER, UMR 1309 INRA/CIRAD, Campus International de Baillarguet
Amblyomma variegatum, vecteur d’E. ruminantium, se caractérise par une très large
distribution. En Afrique, son berceau d’origine, elle est présente en zone sub-saharienne du
Sénégal à l’Ethiopie, dans tous les pays d’Afrique de l’ouest et centrale et dans une grande
partie de l’Afrique orientale. Elle a été décrite à Madagascar en 1899 mais son introduction y
est probablement beaucoup plus ancienne, très probablement lors de l’introduction des bovins
dans cette île à partir de l’Afrique. Elle a été décrite plus récemment aux Comores, sur l’île
Maurice ou à la Réunion. A. variegatum a été introduite dans la Caraïbe au milieu du 18eme à
la faveur d’importation de bétail. La Guadeloupe a été la première colonisée avant que la
tique n’envahisse Antigua ainsi que d’autres îles des petites et grandes Antilles. Une étude
phylogéographique a été menée au niveau intra-spécifique dans le but d’avoir un aperçu des
phénomènes historiques, autant au niveau génétique que démographique, qui ont conduit à la
distribution et à la structuration actuelle des populations de cette espèce. Des analyses ont été
menées sur une centaine d’individus provenant d’Afrique (Burkina Faso, Mali et Tchad), des
Caraïbes (Guadeloupe, Marie-galante et Antigua) et de l’Océan Indien (Madagascar, Comores
et Maurice) avec les marqueurs 16S et Cytb. Les premiers résultats suggèrent une introduction
plus ancienne de la tique à Madagascar suivie par un isolement génétique. Les Comores et
Maurice semblent avoir été colonisées plus récemment et avoir peu d’échange génétiques
avec Madagascar. Dans la Caraïbe les introductions semblent avoir été plus nombreuses et
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récentes qu’à Madagascar. Ces résultats préliminaires semblent en accord avec les données
historiques connues sur l’introduction de la tique dans les différentes zones géographiques.
Cependant des échantillons d’Afrique de l’Est nous manquent encore afin de mieux
comprendre les phénomènes d’introduction de la tique dans la zone de l’Océan Indien.
Les tiques dures dans le marais Breton-Vendéen: étude de leur distribution spatiotemporelle et des facteurs influant sur leur présence.
Albert AGOULON, UMR 1300 INRA /ENVN "BioEpAR", Ecole Nationale Vétérinaire
de Nantes
Cette étude a été menée dans 7 exploitations bovines situées dans le marais Breton-Vendéen
(à l’ouest de la France) dans lesquelles des pâtures (en majorité dans le marais) ont été
sélectionnées. Des prélèvements de tiques par la méthode du drapeau ont été effectués à trois
reprises dans chaque pâture entre avril et juin 2009. Le marais est apparu comme un milieu
favorable à l’implantation de Dermacentor marginatus (1,07 tiques / 100 m2), Ixodes ricinus
(0,81 tiques / 100 m2), et Haemaphysalis punctata (0,29 tiques / 100 m2),. Dermacentor
reticulatus a été collecté plus marginalement (0,06 tiques / 100 m2). Des facteurs susceptibles
d’influer sur la présence des tiques ont été mesurés au niveau du transect (unité de
prélèvement de base), de la pâture et de la journée de prélèvement. Relativement peu de
facteurs sont apparus comme ayant une influence sur les densités de tiques, et cette influence
est faible. Ces facteurs (présence de haies, d’herbes hautes, de ragondins ou de bovins, taille
des canaux, caractère inondable des pâtures) agissent directement ou indirectement sur la
présence des hôtes dans le marais, ce qui conditionne secondairement le développement des
populations de tiques. Les facteurs météorologiques montrent une plus grande sensibilité du
marais à l’assèchement par rapport au bocage, ce qui se traduit par une saisonnalité des tiques
différente entre ces deux milieux : l’activité printanière d’Ixodes ricinus s’interrompt plus vite
dans le marais que dans le bocage.
Identification des agents pathogènes vectorisés par les tiques par séquençage à très haut
débit
Muriel VAYSSIER-TAUSSAT et Lénaïg HALOS, UMR BIPAR Jeune Equipe INRA
Vectotiq –AFSSA, Maisons-Alfort
Le spectre des agents pathogènes transmis par les tiques est en permanente
augmentation. La détection de ces agents, que ce soit dans les tiques, dans les réservoirs
animaux ou chez l’Homme malade est toujours problématique. En outre, un grand nombre
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d’agents potentiellement transmis par les tiques demeurent inconnus. L’utilisation des
nouvelles technologies de séquençage à très haut débit offre de nouvelles perspectives pour
l’analyse métagénomique des communautés microbiennes présentes dans les tiques ou pour la
détection d’agents pathogènes dans des prélèvements issus de patients ayant été mordus par
des tiques et présentant des symptômes dont l’étiologie est inconnue. Ces outils permettront
d’enrichir les connaissances que l’on a sur les tiques et les maladies qu’elles transmettent.
L’interprétation des résultats de telles analyses demeure néanmoins complexe et nécessite
l’association pluridisciplinaire de bio-informaticiens et de biologistes.
Borréliose de Lyme: inflammation cutanée et organotropisme
A. KERN(1), C. MARCHAL(1), E. COLLIN(1), C. BARTHE(1), S. DE MARTINO(1),
B. JAULHAC(1), Nathalie BOULANGER(2)
(1) Institut de Bactériologie, Faculté de Médecine, 3, rue Koeberlé 67000 Strasbourg,
(2) Faculté de Pharmacie, 74 route du Rhin, BP 60024, 67401, Illkirch Cedex.
La borréliose de Lyme est une anthropozoonose transmise à l’Homme par piqûre de
tiques du genre Ixodes. Les agents responsables de cette infection sont des spirochètes du
complexe Borrelia burgdorferi sensu lato, transmises à l’hôte au cours du repas sanguin de
l’arthropode. Dans la plupart des cas cette transmission induit au point de piqûre, une
inflammation cutanée : l’érythème migrant. Après dissémination, les manifestations cliniques
peuvent être de nature neurologique, articulaire ou dermatologique. La modulation de
l’immunité innée semble constituer une stratégie utilisée par la bactérie afin d’échapper à la
réponse immunitaire de l’hôte vertébré.
Afin d’étudier l’inflammation cutanée initiale et son rôle potentiel sur l'organotropisme de la
bactérie, nous avons sélectionné différentes souches de B. burgdorferi sensu lato responsables
chez l'homme de différentes manifestations cliniques appelées pathotypes. Ces souches ont
été inoculées à la seringue à des souris C3H/HeN âgées de 4 semaines. Par PCR et culture des
organes infectés, nous avons comparé la dissémination bactérienne. Puis par RT-PCR
quantitative en temps réel, nous avons analysé la cinétique de l’expression de certains
effecteurs de l’immunité innée au point d’inoculation : le TNF-α, la chimiokine MCP-1, ainsi
que trois peptides antimicrobiens murins : les défensines mBD-3 et mBD-14 et la
cathélicidine CRAMP. Nous mettons en évidence un profil inflammatoire particulier selon le
pathotype. La multiplication initiale au point de piqûre et la réponse inflammatoire spécifique
à chaque souche pourrait expliquer en partie l'organotropisme soulignant ainsi le rôle majeur
7
de l'interface cutanée sur la physiopathologie de la maladie. Reste encore à déterminer, le rôle
de la salive dans l'inflammation cutanée induite par ces différents pathotypes.
Les bactéries symbiotiques des tiques : distribuion et interactions avec les pathogènes
vectorisés
Z. ANNAN, F. FLEURY, et Lionel ZENNER, Laboratoire de Biométrie et Biologie
Evolutive, Université Claude Bernard-Lyon I, Villeurbanne
Le but du projet est la caractérisation de la communauté microbienne intra-tique pour
plusieurs espèces de tiques en France, avec un intérêt particulier accordé à la tique I. ricinus.
En utilisant les techniques de PCR spécifiques suivies de séquençage, les différents
pathogènes infectant les tiques et les bactéries symbiotiques mises en évidence jusqu’à
présent chez les acariens et les insectes sont caractérisées au sein des tiques provenant de deux
collections réalisées l’une sur animaux domestiques en cliniques vétérinaires (Ixodes ricinus,
Dermacentor reticulatus, Rhipicephalus sanguineus), et l‘autre au drapeau longitudinalement
pendant un an sur 15 sites en France (I. ricinus). Les prévalences et les patrons d’associations
(co-occurrence) des différents taxons microbiens sont estimés par des méthodes d’analyse
mise au point pour l’étude de l’écologie des communautés d'espèces. Les effets des symbiotes
sur leur hôte arthropode et les interactions mises en place au sein des tiques entre ces espèces
bactériennes et les pathogènes vectorisés sont encore très peu connues malgré l’importance
cruciale de leurs conséquences éventuelles sur l’épidémiologie des maladies à tiques.
SPL ET MALADIES A TIQUES AUTRES QUE LYME
Jean-Claude GEORGE, Médecin Généraliste, Souilly
Le dixième anniversaire du lancement de www.maladies-a-tiques.com est l’occasion
de faire le point sur l’activité du site. Plus de 90 % des 300 000 connexions de 2009
proviennent de France. Elles suscitent une dizaine de messages d’intérêt épidémiologique par
mois, qui émanent à plus de 90 % de malades, et pour le reste de médecins traitants et de
quelques étudiants. Pour l’essentiel ces messages concernent des pathologies mal identifiées,
souvent étiquetées «Syndrome de Lyme Chronique» ou «neuro-borréliose». L’utilisation et
l’interprétation des sérologies font l’objet de fréquentes questions. Le reste des mails est
motivé par des pathologies inexpliquées plus ou moins associées à la morsure de tiques. À
l’exception des membres d’associations de malades de Lyme, l’existence de maladies
vectorielles à tiques (MVT) autres que Lyme (MAL) semble ignorée des français, y compris
du corps médical.
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INFORMATIONS RECUEILLIES
1) Nébuleuse Lyme. Généralement le diagnostic de Lyme Chronique ne repose sur
aucun élément tangible. Habituellement, aucune recherche de production intrathécale
d’anticorps et aucun diagnostic différentiel des MVT n’ont été réalisés. Quoi qu’il en soit, le
terme de Syndrome Post Lyme serait plus adapté car la persistance de B. burgdorferi n’est pas
établie. Le diagnostic différentiel de ce syndrome est particulièrement complexe. HM Feder a
récemment tenté d’y mettre de l’ordre avec un classement en 4 catégories selon le degré de
vraisemblance du SPL, il néglige malheureusement l’intrication avec de possibles MAL.
L’amoxicilline majoritairement utilisée en première intention en France ne couvre pas le
risque, nombre d’arboviroses, bactérioses ou parasitoses peuvent simuler ce tableau clinique.
2) Certaines MAL sont facilement identifiables, sous réserve d’y penser. D’autres ne
peuvent qu’être suspectées, en l’absence de confirmation biologique possible en France (R.
helvetica, arboviroses, parasitoses). En tout état de cause, le diagnostic de certitude de BL
n’exclut aucunement l’éventualité d’une co-infection.
3) Épidémiologie. Les messages reçus sur le site éclairent la répartition géographique
et la saisonnalité des MVT. Ils manifestent la demande de formation des professionnels de
santé, les difficultés à remonter les informations, la sous déclaration des pathologies et ses
conséquences en termes d’évaluation du risque.
APPORTS DU SITE
Circulation de l’information. Le site descend des informations vers les professionnels
de santé et le grand public, il évolue en fonction des attentes d’informations des internautes. Il
remonte les informations recueillies vers les autorités de santé et les chercheurs. Il permet le
pilotage en ligne des professionnels de santé qui le souhaitent. Quelques exemples concrets.
L’aide du site est régulièrement sollicitée pour interpréter des sérologies et des photos (ECM,
TIBOLA). Ce pilotage a conduit, entre autres, à la découverte d’un cas de neurobartonellose
dans les Vosges, d’un cas de TBEV dans la Drôme, de plusieurs dizaines de cas groupés de
coxiellose dans le Finistère.
CONFRONTATION AUX DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES
Confrontées aux données épidémiologiques, les informations recueillies accusent une
nette sous évaluation officielle des MVT. Les informations recueillies plaident une fois de
plus en faveur de la réalisation d’un inventaire des pathogènes transmis par les tiques à
l’homme.
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Portage d’Anaplasma phagocytophilum et d’autres agents pathogènes, par Dermacentor
marginatus chez les bovins. Et par les autres tiques sympatriques, en 2009.
Guy JONCOUR, SNGTV, Callac
L’Ehrlichiose granulocytaire bovine à Anaplasma phagocytophilum (EGB),
pathologie vectorielle à tiques, essentiellement Ixodes ricinus est toujours une maladie sousdiagnostiquée. Très largement présente, y compris dans des zones où le vecteur principal
semble absent, elle est identifiée dans 81 départements (62 à foyers bovins et plus de 1 000
exploitations, 12 à équins, 4 à chevreuil, 1 à isard et 2 à cas humains au 1er juillet 2009).
Notre étude, effectuée en collaboration avec plusieurs équipes françaises et étrangères, a été
décidé par le Comité scientifique de pilotage à la suite de divers tests sur des échantillons de
tiques. Par exemple, 208 tiques de Dermacentor marginatus, soit 69 mâles et 139 femelles,
gorgées ou en cours de gorgement, ont été récoltés sur les bovins de trois zones de pacage
d’altitude à l’automne 2007(38). Sur ces échantillons 66 purifications d’ADN et PCRs ont été
réalisées. Un pourcentage d'infection très significatif de ces ectoparasites par A.
phagocytophilum apparaît: % d’infection (positivité) des femelles de 7,91 à 30,94 et celui des
mâles de 7,25 à 24,64. Suite à l’enquête SNGTV-2008, 57 adultes tiques à jeun ont pu être
récoltés en Meuse (55) à l’automne 2008 (24 mâles-33 femelles). 1 mâle et 3 femelles sont
positifs, soit une prévalence d’infection de plus de 7%. Pour I. ricinus, une tique considérée
comme le vecteur principal d’Anaplasma phagocytophilum, le % d’infection va de 2 à 4% (J.
Liz, comm. pers.).
Un complément d’étude est donc nécessaire pour connaître la place épidémiologique
de D. marginatum par rapport à d’autres espèces de tiques concernant la transmission de
l’EGB, dans un premier temps, et le portage d’autres pathogènes (Babesia sp., Coxiella sp., B.
burgdorferi, Bartonella sp., Francisella et A. marginale).
Au printemps et à l’automne 2009, nous avons effectué une campagne de collecte au
drapeau, de tiques dans 36 sites de foyers à ehrlichiose, fièvre Q, babésiose ou/et maladie de
Lyme sur bovins (et ovins, pour un site). 387 D. marginatus (239 femelles et 148 mâles) dans
18 exploitations et foyers, 91 D. reticulatus (47 femelles et 44 mâles) et 48 I. ricinus (35
femelles et 13 mâles) ont été récolté. Nous testerons donc 513 ADN purifiés, dont 300 PCR
pour D. marginatus avec la sonde Adiagène-AES Anaplasma phagocytophilum (LASAT79.
Niort / DMV P. Nicollet).
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Ecologie de la transmission de la Borréliose de Lyme
Lise GERN, Institut de Biologie, Laboratoire d’Eco-Epidémiologie des Parasites,
Université de Neuchâtel, Neuchâtel, Suisse
Borrelia burgdorferi sensu lato (sl) est un complexe de plusieurs espèces de Borrelia
dont 7 sont actuellement décrites dans Ixodes ricinus. I. ricinus est une tique qui est très
sensible à l’humidité et qui lorsqu’elle est en quête sur la végétation est exposée à des
conditions qui lui sont souvent défavorables. Régulièrement, elle quitte son lieu de quête pour
aller se réapprovisionner en eau au sol. En période de sécheresse, les tiques quêtent moins
longtemps, se déplacent davantage diminuant ainsi leur chance d’entrer en contact avec des
hôtes et épuisent rapidement leur réserve d’énergie. Ainsi, si la période de sécheresse
correspond au moment où l’activité de quête des tiques est la plus forte, les populations de
tiques sont menacées. En Europe, divers vertébrés (rongeurs, oiseaux, lézards, hérissons)
constituent des hôtes réservoirs pour B. burgdorferi sl et des associations spécifiques entre
espèces de Borrelia et hôtes ont été décrites. Ces associations semblent être régies par le
système complément de l’hôte. Si certaines associations sont clairement établies (oiseaux et B.
garinii et B. valaisiana, et rongeurs et B. afzelii et B. burgdorferi sensu stricto), certaines
associations semblent moins strictes. En effet, ces différentes espèces de Borrelia ont
également été décrites associées à d’autres hôtes. La transmission de Borrelia par I. ricinus se
produit au plus tôt après 17h de fixation dans la peau et le succès de transmission augmente
avec le temps de fixation. B. afzelii est transmis plus efficacement et plus tôt que B.
burgdorferi ss.
Infections expérimentales de tiques Ixodes ricinus par Babesia divergens : différence
entre statut infecté et pouvoir infectant.
Claire A.M. BECKER, F. ARMAND, A. BOUJU-ALBERT, M. JOUGLIN, L.
MALANDRIN, UMR 1300 INRA /ENVN "BioEpAR", Ecole Nationale Vétérinaire de
Nantes
Dans le cadre de ma thèse Claire Becker, pour l’étude des stades de transmission de B.
divergens chez I. ricinus, de nombreuses infections expérimentales de tiques par le parasite
ont d’abord été réalisées, à la fois in vitro grâce au système de gorgement de tiques sur
membrane et in vivo en utilisant les différents hôtes de B. divergens (gerbille, mouton, vache).
Les analyses par PCR des tiques après leur gorgement et leur mue ont prouvé que les tiques
avaient bien acquis le parasite, quelle que soit la méthode d’infection employée. Nous avons
alors élaboré deux types d’approches pour étudier la transmission du parasite du vecteur au
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vertébré. Soit la retransmission directe par les tiques a été étudiée lors d’un gorgement, avec
évaluation du développement parasitaire dans le sang (expériences réalisées soit sur le
système de gorgement artificiel, soit sur animaux). Soit nous avons recherché directement les
sporozoïtes in situ, par analyse des glandes salivaires au microscope, par leur mise en culture
et par détection d’ADN parasitaire par PCR. Malgré les nombreux essais réalisés, les
sporozoïtes de B. divergens n’ont jamais été observés dans les tiques pourtant infectées. Les
méthodes de mise en évidence des parasites dans les glandes salivaires de tiques ont toutefois
été validées, par l’analyse de tiques récoltées sur le terrain et la mise en évidence de B. sp.
EU1 dans les glandes salivaires d’I. ricinus .
Distribution d’Ixodes ricinus sur le territoire français basée sur la cartographie de la
végétation.
Brigitte DEGEILH, Faculté de Médecine, Rennes
Un programme de recherche INSERM initié par le Dr B. GILOT a eu pour objectif de
cartographier les populations sylvicoles d’Ixodes ricinus en tenant compte de la grande
diversité écologique de notre pays. Pour obtenir à court terme obtenir une vision d’ensemble
de la distribution de cette tique en France il a été élaboré une méthode d’échantillonnage
basée sur le rôle de l’indicateur végétal et sur l’utilisation de la cartographie de la végétation à
1/200 000 du territoire français (cartes du CNRS-Toulouse). Le « zonage » a pris en compte le
découpage en 54 entités phyto-écologiques définies par l’écologue de l’équipe. Ces entités
couvrant de 1 000 à 10 000km2 le nombre de sites à échantillonner est fonction de la surface
et de la diversité écologiques des milieux représentés dans chaque zone. Le territoire français
a été délimité en 3 secteurs, Nord-ouest, Sud-ouest et Sud-est, chacun ayant été confié à une
équipe régionale pour la collecte. Compte tenu de l’étendue des territoires à prospecter
l’échantillonnage a été limité aux massifs forestiers et fixé arbitrairement à 310. Le nombre de
sites à l’intérieur des entités phyto-écologiques varie de 1 à 15. L’échantillonnage des tiques a
été effectué par la technique du « drapeau » pendant une heure.
Résultats : Pour le quadrat nord-ouest les 16 zones phytoécologiques et 81% des forêts
prospectées recèlent la tique, dans le quadrat sud-ouest 15 sur 17 zones et 42% des forêts
hébergent la tique et dans le quadrat Est, 19 sur 21 zones et 56% des forêts sont positives.
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Variabilité génétique des populations de la tique Ixodes ricinus basée sur des gènes
nucléaires et mitochondriaux."
Rim NOUREDDINE, Olivier PLANTARD, et Alain CHAUVIN, UMR 1300 INRA
/ENVN "BioEpAR", Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes
Les tiques sont considérées comme les vecteurs de maladies infectieuses les plus
importants dans le monde, juste après les moustiques. En Europe, la tique la plus commune
Ixodes ricinus peut transmettre plusieurs agents pathogènes comme la bactérie Borrelia
burgdorferi (responsable de la maladie de Lyme), les protozoaires Babesia spp (responsable
de babésioses) et le virus TBE (responsable de l’encéphalite à tique). Afin de développer des
méthodes de lutte efficaces contre ces maladies, une meilleure compréhension des interactions
tiques-agents pathogènes et en particulier la variabilité génétique des vecteurs est essentielle.
Dans ce but, nous avons séquencé six gènes, deux mitochondriaux (16S et COI) et quatre
nucléaires (EF1-α, 18S, TROSPA et Defensine), pour 60 individus issus de trois échelles
géographiques différentes (échelle locale, régionale et de l’aire de distribution - Europe,
Afrique du Nord et Iran -). Le niveau global de diversité nucléotidique observé est faible
(2.63% de sites variables), et la différence entre les échelles locale et régionale est non
significative indiquant d’importants flux de gènes. L’échelle de l’aire de distribution montre
plus de variabilité (π = 0.00643) en raison de l’inclusion des populations d’Afrique du Nord
qui augmentent la diversité de près de 50%. L’arbre phylogénétique basé sur l’ensemble des
gènes indique une forte différentiation génétique des populations nord-africaines qui forment
un clade distinct. L’analyse de la distribution du nombre de différences nucléotidiques entre
séquences prises deux à deux confirme cette divergence et montre que les populations
Européennes d’I. ricinus seraient en expansion démographique et spatiale. Ces résultats seront
discutés ainsi que leurs conséquences sur l’épidémiologie des maladies vectorisées par les
tiques.
Apport de la génétique des populations pour déterminer le rôle respectif des
mammifères et des oiseaux dans la dispersion de la tique Ixodes ricinus
Olivier PLANTARD, Agnès BOUJU, Axelle HERMOUET, Albert AGOULON, Rim
NOUREDDINE, UMR 1300 INRA /ENVN "BioEpAR", Ecole Nationale Vétérinaire de
Nantes
Afin de mettre en place des méthodes de lutte contre I. ricinus, il est important
d'estimer précisément ses capacités de dispersion. Or celles ci sont surtout dépendantes des
déplacements réalisés par ses hôtes qui sont très divers (micromammifères, oiseaux,
13
chevreuils...) et dont les capacités de dispersion sont très différentes. Pour estimer le rôle
respectif des oiseaux par rapport aux mammifères dans la dispersion des tiques, nous avons
échantillonné des "quartets" de populations de tiques situées à égales distances l'une de l'autre
(20 km) et de part et d'autres de grands fleuves qui constituent des barrières importantes à la
dispersion pour les mammifères mais pas pour les oiseaux. Nous avons ensuite génotypé à
l'aide de 6 marqueurs microsatellites 30 individus par population dans chacun des 4 quartets
échantillonnés. L'analyse de la différenciation génétique entre les paires de populations au
sein d'un quartet montre une forte variabilité suivant les paires considérées mais en moyenne
la différenciation n'est pas plus grande entre populations situées de part et d'autres des fleuves.
Ces résultats suggèrent donc qu'ils ne constituent pas une barrière à la dispersion pour les
tiques et que les oiseaux jouent un rôle majeur dans leur dispersion.
Tiques et pathogènes associés de la faune sauvage au Free State, Afrique du Sud
Mirko BERGGOETZ (1), N. TONETTI (1), C. RUHLE (1), A.M. PRETORIUS (2), L.
GERN (1).
(1)Institut de Biologie, Laboratoire d’Eco-Epidémiologie des Parasites, Université de
Neuchâtel, Neuchâtel, Suisse
(2)National Health Laboratory Service, Department of Medical Microbiology and
Virology, School of Medicine, Faculty of Health Sciences, University of the Free State,
Bloemfontein, South Africa
En Afrique, le rôle de la faune sauvage est encore mal connu en ce qui concerne la
circulation des pathogènes transmis par les tiques. Les objectifs de cette étude étaient
d’obtenir plus d’informations sur les relations hôtes-vecteurs-pathogènes, ainsi que sur la
distribution géographique des tiques et de leurs pathogènes (Babesia, Theileria, Anaplasma et
Ehrlichia) dans la province du Free State en Afrique du Sud. Cette étude a été menée de mars
à juin 2006 sur cinq terrains d’études : Quatre réserves et une ferme privée. Huit espèces de
tiques ainsi que des biopsies ont été récoltées sur dix espèces sauvages. Ce matériel a été
analysé par PCR, Reverse Line Blot et séquençage afin de détecter les pathogènes.
Globalement, 37/569 tiques appartenant à 3/8 espèces ainsi que 11/114 biopsies appartenant à
3/10 espèces hôtes se révélèrent infectées par au moins une espèce de pathogène. Anaplasma
bovis, A. marginale, Theileria separata et Theileria sp « Malelane sable antelope » ont été
identifiés. De nouvelles relations hôte-pathogène ou tique-pathogène ont été observées pour A.
marginale, A. bovis, T. separata and Theileria sp. “Malelane sable antelope”. Rhipicephalus
(Boophilus) microplus a été récolté dans une région où cette espèce n’avait jamais été décrite.
14
Cette étude a aussi montré que des pathogènes connus chez les ruminants domestiques (T.
separata, A. marginale, A. bovis) s’observent également chez les ruminants sauvages et/ou
leurs tiques. Ceci suggère que les ruminants sauvages jouent un rôle de réservoirs pour ces
pathogènes. La difficulté de contrôler ces maladies chez le bétail se trouve ainsi augmentée.
Ces pathogènes compromettent également la gestion de la faune sauvage, ce qui est
particulièrement inquiétant en ce qui concerne les projets visant à la sauvegarde d’espèces.
Les Fièvres récurrentes et Ornithodoros en Afrique du Nord et Madagascar
M’HAMMED, S.(1), A. BOUATTOUR(2), J. RATOVONJATO(3), M. GARNIER(4), N.
SERTOUR(4), N. BOUDEBOUCH(1), Y. M’GHIRBI(2), M. CORNET(4), L. GERN(5),
D. POSTIC(4), Elisabeth FERQUEL(4).
(1)Unité des maladies vectorielles, Institut Pasteur de Casablanca, Casablanca, Maroc
(2)Service d’Entomologie Médicale, Institut Pasteur de Tunis, Tunis, Tunisie
(3)Unité d’Entomologie Médicale, Institut Pasteur de Madagascar, Madagascar
(4)Centre National de référence des Borrelia, Institut Pasteur, Paris, France
(5)Laboratoire d'Eco-Epidémiologie des parasites, Institut de Biologie, Université de
Neuchâtel, Suisse
Les fièvres récurrentes (FR) à tiques sont des infections bactériennes liées à des
Borrelia sp. différentes de celles du complexe B. burgdorferi sensu lato. Elles sont transmises
par des tiques molles de la famille des Argasidae et du genre Ornithodoros. Elles sont
endémiques dans les régions tropicales et subtropicales d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud
et du Moyen Orient mais également dans les régions tempérées d’Amérique du Nord. La
présentation clinique est dominée par des accès fébriles à répétition avec parfois des
complications neurologiques, oculaires ou périnatales. Du fait, d’une part, d’un manque de
sensibilité du diagnostic qui repose sur l’examen microscopique d’un échantillon de sang
prélevé au moment d’un épisode fébrile, et d’une symptomatologie clinique souvent attribuée
à un paludisme ou une arbovirose, d’autre part, l’incidence des FR est largement méconnue et
sous-estimée. En collaboration avec les Instituts Pasteur de Casablanca, de Tunis et l’Institut
de Biologie de Neuchâtel, nous avons mené des études prospectives cliniques et écologiques.
Au Maroc et en Tunisie, nous avons mis en place une surveillance active des cas
humains de FR, et recherché des Ornithodores. Nous avons utilisé des méthodes moléculaires
ciblées sur le gène rRNA 16S et l’IGS pour détecter les Borrelia dans les prélèvements
humains et dans les tiques. Au Nord-Ouest du Maroc, 20 % (26/127) des patients présentant
une fièvre inexpliquée avait une FR à B. hispanica. Aucun Ornithodore n’a pu être retrouvé
15
dans ce pays. Inversement, en Tunisie, 358 tiques ont été collectées, O. erraticus (petite
forme) (n=190) et O. normandi (n=168). B. crocidurae a été détectée dans 15 % des O.
erraticus dans le sud de la Tunisie. Aucun cas humain n’a pu être diagnostiqué en Tunisie.
Nous avons montré également que l’analyse des séquences nucléotidiques du locus IGS
permettait de confirmer l’identification des espèces africaines B. hispanica et B. crocidurae.
La distinction entre ces deux espèces est parfois délicate sur l’analyse de la seule séquence du
gène rRNA 16S qui est très conservé. Ces deux études ont permis d’objectiver le risque non
négligeable de transmission des fièvres récurrentes au Maroc et en Tunisie.
A Madagascar, la présence d’O. moubata porcinus est rapportée et des cas humains de
FR ont été décrits jusque dans les années 1970. Nous présentons les résultats préliminaires de
l’étude écologique qui est menée actuellement dans ce pays en collaboration avec l’Institut
Pasteur de Madagascar.
DISCUSSION GENERALE
De nombreux points ont été soulevés lors de cette discussion:
1) Mise en place d’un revue bibliographique au sein du groupe de réflexion
Suite à nos discussions de l’année dernière et des manques de connaissances soulignées lors
d’une réunion du groupe de travail de l’Haut Conseil de la Santé Publique sur les maladies à
tique (dont plusieurs membres du groupe TMT font parti), nous avons décidé de faire un point
sur nos connaissances actuelles de la distribution des tiques et des différents pathogènes
transmises en France. Ces informations seront synthétisées et préparées à soumettre pour
publication dans une revue scientifique internationale. Cette revue va souligner les trous dans
nos connaissances, et les priorités de recherche à l’avenir. Lors de la réunion, nous avons
discuté un planning potentiel pour ce travail et une date tentative pour rendre les informations
de chaque équipe. Nous allons notamment construire une bibliothèque des documents
associés à ces questions et, dans la mesure du possible, mettre ces informations sur notre site
pour un accès libre aux membres. La synthèse finale des informations avant soumission sera
faite par Karen McCoy.
2) Rappel sur le fonctionnement du groupe de réflexion
Pour simplifier la préparation des demandes de financement et la planification de nos réunions
annuelles, Karen McCoy a fait un rappel sur les informations qu’il faut lui envoyer et
16
notamment : les titres et les résumés en français des communications proposées, les
productions scientifiques des membres (avec reconnaissance du REID), et les projets en cours
ou en préparation entre membres.
3) Réunion TMT 2010
Karen McCOY et Karine HUBER ont proposé d’organiser la prochaine réunion au
Centre IRD à Montpellier en novembre/décembre 2010. La prochaine réunion prendra le
même format que les précédentes, un format relativement informel qui favorise les
discussions. Nous espérons également d’avoir la participation à nouveau de nos collègues
Suisses.
17
Annexe I: BILAN FINANCIER du TMT 2009
CREDITS*
DEPENSES
SOLDE
€5000 (REID)
€4989,89
+€10.2
Nom et prénom
Voyage
Agoulon Albert
131
Bailly Xavier
0
Bernard Jennifier
66
Becker Claire
0
Berggoetz Mirko
101
Beugnet Frédéric
0
Bonnet Sarah
119
Boulanger Nathalie
105
Buffet Jean-Philippe
119
Chene Jeanne
0
Chevillon Christine
37
Cotte Violaine
108
Degeilh Brigitte
144
Dietrich Muriel
82
Durr Anne-Lise
0
Ferquel Elizabeth
108
Fleury Frédéric
0
Georges Jean-Claude
298,12
Gern Lise
101
Gomez-Diaz Elena
0
Halos Lénaig
119
Huber Karine
0
Joncour Guy
308
Marsot Maud
31
McCoy Karen60
Noureddine Rim
131
Plantard Olivier
131
Sertour Natacha
108
Vayssier-Taussat Muriel
109
Vourc’h Gwenaël
0
Zenner Lionel
0
TOTAL
Hotel Pause Dej1
61,68
2,9 15,42
0
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
0
2,9
0
61,68
2,9 15,42
0
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
61,68
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
0
2,9 15,42
61,68
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
61,68
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
0
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
0
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
61,68
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
0
2,9 15,42
120,76
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
61,68
2,9 15,42
61,68
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
30,84
2,9 15,42
0
2,9 15,42
0
2,9 15,42
2516,1 1015,12
Dej2 Diner Musée
15,42 12,87
4
0 12,87
0
15,42 12,87
4
15,42 12,87
0
15,42 12,87
0
15,42 12,87
0
15,42 12,87
0
15,42 12,87
0
15,42 12,87
4
15,42 12,87
0
15,42 12,87
4
15,42 12,87
4
15,42 12,87
4
15,42 12,87
0
15,42 12,87
0
15,42 12,87
4
15,42 12,87
0
15,42 12,87
4
15,42 12,87
0
15,42 12,87
0
15,42 12,87
0
15,42 12,87
4
15,42 12,87
4
15,42 12,87
4
15,42 12,87
4
15,42 12,87
4
15,42 12,87
4
15,42 12,87
4
15,42 12,87
0
0 12,87
0
15,42 12,87
0
89,9 462,6 447,18 398,97
Total
243,29
31,19
147,45
31,19
209,29
46,61
196,45
213,29
200,45
46,61
149,29
189,45
256,29
159,45
46,61
189,45
46,61
379,57
209,29
77,45
196,45
50,61
479,37
112,45
141,45
243,29
243,29
189,45
186,45
31,19
46,61
60 4989,89
18
Annexe II :
LA 6EME REUNION DU GROUPE DE TRAVAIL
»TIQUES ET MALADIES A TIQUES »
Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon, Marcy-Etoile, 26-27 novembre 2009
Programme Scientifique :
jeudi 26 novembre :
9h30h-10h00
Accueil des participants
10h00-10h20
Introduction
10h20-11h20
Atelier
11h20-11h40
Communication
11h40-12h00
Communication
12h00-14h00
Déjeuner
14h00-14h20
Communication
14h20-14h40
Communication
14h40-15h00
Communication
15h00-15h30
Revue bibliographique
15h30-16h00
Pause
16h00-16h20
Communication
Interactions symbiontes-tiques (L. Zenner)
16h20-16h40
Communication
16h40-17h00
Communication
17h00-18h00
Projet revue
SPL et maladies à tiques autres que Lymes (J.C. George)
Le portage d’Anaplasma phagocytophilum et d’autres agents pathogènes,
par Dermacentor marginatus chez les bovins. Et par les autres tiques
sympatriques, en 2009 (G. Joncour)
Mise en place de la revue biblio – division des taches et squelette du
manuscrit
18H00-19H30
Musée
vendredi 27 novembre:
9h00-10h00
Plenary
10h00-10h20
Communication
10h20-10h50
Pause
10h50-11h20
Communication
11h20-11h40
Communication
11h40-12h00
Communication
12h00-14h00
Déjeuner
14h00-14h20
Communication
14h20-15h10
Communication
15h10-16h30
Communication
Déroulement et Bienvenu du directeur de l’ENVL
Distribution mondiale des tiques d’oiseaux marins et leurs rôle dans la
transmission des pathogènes (M.Dietrich)
Structuration génétique des populations et spécialisation d´hôte chez les
tiques molles du genre Ornithodoros, parasites d’oiseaux marins dans les
régions tempérées et tropicales (E. Gomez-Diaz)
Etude de la variabilité génétique d’Amblyomma variegatum, tique vectrice
d’Ehrlichia ruminantium. Approche phylogéographique : résultats
préliminaires (K. Huber)
Les tiques dures dans le marais Breton-Vendéen : étude de leur distribution
spatio-temporelle et des facteurs influant sur leur présence. (A. Agoulon)
Identification des agents pathogènes transmis par les tiques par séquençage à
haut débit (M. Vayssier-Taussat).
Borréliose de Lyme : inflammation cutanée et organotropisme (N.
Boulanger)
Les dernières publications sur la maladie de Lyme : interaction arthropodesvecteurs (N. Boulanger)
Visite Musée de Sciences Biologiques Docteur Merieux
Ecologie de la transmission de la Borréliose de Lyme (L. Gern)
Infections expérimentales de tiques Ixodes ricinus par Babesia divergens :
différence entre statut infecté et pouvoir infectant (C. Becker)
Distribution d’Ixodes ricinus sur le territoire français basée sur la
cartographie de la végétation (B. Degeilh)
Variabilité génétique des populations de la tique Ixodes ricinus basée sur des
gènes nucléaires et mitochondriaux (R. Nourredine)
Apport de la génétique des populations pour déterminer le rôle respectif des
mammifères et des oiseaux dans la dispersion de la tique Ixodes ricinus (O.
Plantard)
Tiques et pathogènes associés de la faune sauvage au Free State, Afrique du
Sud (M. Berggoetz)
Les Fièvres récurrentes et Ornithodoros en Afrique du nord et Madagascar
(E. Ferquel)
Sujets spécifiques, planification de la prochaine réunion, projets communs
19