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7e Conférence Africaine sur la Population Union pour l’Etude de la Population Africaine (UEPA) Johannesburg (Afrique du Sud), 30 Novembre – 4 décembre 2015 L’influence des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur la sexualité et/ou la maternité précoce des adolescentes au Congo-Brazzaville » Luc-Serge POATY-MOKONDZHY Chercheur au Cercle Panafricain de Réflexion (CEPAR) Tel : (242) 06 675 53 11 / 01 310 80 21 64 Rue Bayas Poto-Poto Brazzaville, République du Congo [email protected] [email protected] Résumé Les technologies de l’information et de la communication (TIC) exercent un effet considérable sur les comportements des adolescents d’aujourd’hui. En effet, elles influent de plus en plus sur leur personnalité de base et sur leurs valeurs ainsi que sur leurs conduites au quotidien. Au Congo, nombreuses sont les adolescentes fréquentant les cybercafés à la quête de quelques informations sur des sites de rencontres fortuites, voire sur des sites pornographiques. Malheureusement, il n’existe aucune loi règlementant la fréquentation des cybercafés et l’accès des mineurs aux sites pornographiques. En outre, les adolescentes congolaises ont une forte propension à la sexualité ; l’âge moyen aux premiers rapports sexuels tourne autour de 13 ans. La plupart de temps, elles s’engagent dans des pratiques sexuelles à risque. Aussi, cette étude vise-t-elle à montrer dans toutes ses dimensions l’impact et le rôle des TIC dans la sexualité et la maternité précoce des adolescentes congolaises. Mots clés : Adolescente, Sexualité et maternité précoces, Technologies de l’Information et de la Communication 2 Introduction Aujourd’hui, aucun pays ne saurait se passer des canaux d’information modernes : la télévision, la radio, les journaux et de plus en plus l’internet et ses corollaires les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram, Viber, etc.). Les technologies de l’Information et de la Communication (TIC) se sont insérées, peu à peu, dans le quotidien des gens et commencent à occuper une place prépondérante dans la vie des acteurs sociaux en général et surtout des adolescents congolais en particulier. Les TIC sont entrées dans les mœurs des Congolais depuis plus ou moins 15 ans, ceci en commençant par une entrée timide avec les téléphones mobiles. Les innovations apportées par les TIC entraînent la jeunesse vers une addiction quotidienne aux gadgets électroniques et appareils informatiques. Cette dépendance aux TIC évolue à une vitesse exponentielle et il est souvent difficile pour la jeunesse de s’y écarter. Les jeunes des zones urbaines et de leurs périphéries en sont totalement immergés En à peine une quinzaine d’année, la République du Congo compte cinq (5) fournisseurs de réseaux téléphoniques (Airtel, Azur, MTN, SOTELCO et Warid) 1 et près de sept (7) à huit (8) fournisseurs d’accès à l’Internet en dehors de compagnies téléphoniques précitées. Ceci pour une population n’excédant pas les 4 millions d’habitants. Selon les résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 2007, publiés en juillet 2011, la population congolaise est essentiellement jeune. Près de 49,5% de celle-ci ont moins de 18 ans. Nombreuses sont les compagnies de télécommunication qui ciblent cette frange de la population en répondant ainsi aux désirs d’une jeunesse en quête des sensations nouvelles. Les outils des TIC sont devenus des véritables gadgets électroniques intégrant ainsi, pour le cas des téléphones portables et des laptops (ordinateurs portatifs) des éléments suivants : carte à puces, carte mémoire ou disque dur externe de grande capacité, une camera photo et vidéo, lecteur audio mp3 ou mp4 et vidéo, etc. Tous ces outils technologiques exercent une réelle fascination sur les jeunes Congolais. L’influence des TIC ne laisse pas indifférents les adolescents congolais qui semblent ne plus pouvoir se passer des gadgets électroniques. Du côté des adolescentes, nombreuses sont celles qui fréquentent les cybercafés. Elles y vont pour rechercher des informations, pour lires leurs emails, pour se faire de nouvelles connaissances, et surtout pour naviguer sur, des sites de rencontres fortuites ou voire, des sites pornographiques. Malheureusement, il n’existe aucune loi, en République du Congo, règlementant la fréquentation des cybers et l’accès des mineurs aux sites pornographiques. Ainsi pour combler les carences familiales en matière de sexualité, les adolescentes ne cessent d’envahir quotidiennement les cybercafés malgré le coût de navigation de l’ordre de 500 FCFA l’heure2 . Le rôle joué par les TIC dans la sexualité des adolescentes congolaises est très important. Les adolescentes congolaises sont caractérisées, entre autres, par une sexualité précoce. L’âge moyen aux premiers rapports sexuels est établi à 13,7 ans (Poaty-Mokondzhy 2007 ; EDSC-II 2011 - 2012). La plupart de temps, elles s’engagent dans des pratiques sexuelles à risque (citer des exemples de pratiques à risques dans les parenthèses). Ainsi, cette étude vise à montrer l’impact et le rôle des TIC dans la sexualité et la maternité précoces des adolescentes 1 Revenu à 4 depuis la fusion de Airtel et Warid, fusion intervenue après la rédaction de cet article. Les deux sociétés jumelées déclarent avoir plus de 2,6 millions d’abonnés pour une population estimée à près de 4 millions d’habitants 2 3 500 FCFA = 1 dollars congolaises. Sa singularité réside sur le fait qu’elle intègre les TIC dans l’explication de la sexualité et la maternité précoces de ces adolescentes. Il existe des études sur la sexualité et/ou la maternité précoce des adolescentes en République du Congo (des auteurs tels que Missié Jean-Pierre, Toudika Achille, Ndinga Hermann, Bowao Rebecca Q., etc. ont écrit sur la sexualité et maternité précoces des adolescentes en républiques du Congo) mais aucune d’entre elles ne fait mention de l’influence des TIC sur le comportement sexuel de ces dernières. Il importe de noter que la sexualité précoce, dans le cadre de ce travail, est prise sous deux angles : le premier angle est celui du comportement et, le second, celui des rapports sexuels ; et que la maternité précoce serait le fait que l’adolescente soit mère avant ses 18 ans (OMS, 2012). En République du Congo, des observations sociologiques montrent que, même à leur majorité, les adolescents vivent encore sous le toit familial. La ville de Brazzaville est notre terrain d’étude. Ce choix se justifie par le fait qu’elle est la capitale de la République du Congo et abrite de nombreux cybercafés. Le choix du 3e arrondissement (Poto-Poto) et son quartier 32, ainsi que du 4 e arrondissement (Moungali) et son quartier 41, s’est imposé du fait que ces zones sont cosmopolites et abritent de nombreux cybercafés. Le fait de ne détenir aucune liste exhaustive des adolescentes fréquentant les cybercafés de nos zones de délimitation. Nous avons réalisé essentiellement des entretiens individuels auprès de 152 répondantes que nous avons rencontrées dans les cybercafés selon leur rythme de fréquentation. Avec ces entretiens, nous avons disposé de données qualitatives pour analyser les comportements sexuels des adolescentes congolaises tout en recourant aux données quantitatives provenant de l’Enquête Démographique et Santé II (EDSC-II 20112012). Les variables prises en compte dans le cadre de ce travail sont : l’âge aux premiers rapports sexuels, la fréquentation moyenne hebdomadaire des cybercafés, les sites visités et les différentes recherches effectuées sur le Net. I. Cadre analytique et définition conceptuelle 1.1. Cadre analytique Pour donner à ce travail une dimension globalisante, nous avons jugée plus adaptée la théorie de l’interactionnisme. En effet, le modèle «d’analyse sociologique interactionniste» différenciera cette étude du travail de l’historien, du psychologue, de l’économiste ou de tout autre chercheur en sciences sociales. L’avantage de ce choix repose sur le fait que toutes les théories sociologiques sont interpénétrables et complémentaires. Les interactionnistes placent l’action sociale au centre de leurs analyses. Il est à signaler comme le note Guy Rocher (1969, page ?): qu’« une action sociale est une réalité totale, globale qui engage et influence la personnalité individuelle et qui forme en même temps un tissu social ». La sociologie compréhensive de Max WEBER est notre modèle d’analyse. Pour Max WEBER (cité par Guy Rocher, 1969) : «l’action est sociale dans la mesure où, du fait de la signification subjective que l’individu ou les individus qui agissent s’y attachent, elle tient compte du comportement des autres et en est affectée dans son cours ». L’action est avant tout individuelle et le fruit d’une production psychologique de l’acteur social, car l’auteur de l’action donne une signification à son acte. En d’autres termes, une action devient sociale dès lors que, d’après le sens que lui donne l’auteur, elle produit un effet sur le comportement des autres acteurs sociaux. La finalité de l’action sociale est la transformation de celle-ci en relation sociale, et ceci est vrai si et seulement si les actions sont réciproques orientées de sortes que chaque groupe social agissant se rapporte à l’attitude de l’autre. La 4 société congolaise est à prédominance juvénile (près de 50%) et surtout féminine (52%) (RGPH 2011). Les TIC ont une influence quasi-totale sur les adolescentes qui définissent des attentes vis-à-vis de certain de leurs partenaires sociaux qui essaient de les interpréter à leur tour en décodant les signaux émis par les adolescentes éprises des TIC. En donnant un sens au comportement extériorisé de ces dernières, comportement qui a pris un sens devenu coercitif, influence en modifiant le sens et surtout le comportement des autres acteurs sociaux en devenant une action et de surcroit une relation sociale car il implique l’ensemble de la communauté. 1.2. Définition conceptuelle 1.2.1. Technologies de l’information et de la communication Les notions de technologies de l'information et de la communication (TIC) regroupent les techniques principalement de l'informatique, de l'audiovisuel, du multimédia de l'Internet et des télécommunications qui permettent aux utilisateurs de communiquer, d'accéder aux sources d'information, de stocker, de manipuler, de produire et de transmettre l'information sous toutes les formes: texte, document, musique, son, image, vidéo, et interface graphique et interactive. Les outils considérés comme faisant partie des TIC sont entre autres: le téléphone cellulaire ou portable (mobile), les ordinateurs (portatifs ou de bureau), l’Ipad (tablette), l’Internet, les cameras vidéo, les supports CD-ROM, DVD, Clé USB ou Flash Disk, la radio, etc. 1.2.2. Sexualité précoce Il importe de rappeler que la sexualité, dans le cadre de ce travail, est prise sous deux angles : le premier angle est celui du comportemental et le second celui des rapports sexuels. Selon (Bouchard P., 2004), il faut comprendre par sexualité le fait qu’ont certaines adolescentes d’imiter les aînées dans leurs attitudes ou façon de parler, de s’habiller et voire de s’affirmer sexuellement en ce sens qu’elles se savent doter du pouvoir féminin « girl power». Dans ce cadre, la sexualité peut être appréhendée comme l’ensemble des comportements relatifs à l’instinct, le désir et l’orientation sexuelle. Elle renvoie aux questions d’identité et de genre. Par ailleurs, pour certains adultes la sexualité précoce n’est pas simple à définir. Ce terme est utilisé pour désigner les adolescents qui ont des rapports sexuels, ce qui signifierait que la survenue de relations sexuelles à l’adolescence est toujours précoce. Pour d’autres, compte tenu du fait que l’âge moyen des premiers rapports est de 17 ans, pratiquement identique chez les filles et les garçons, la sexualité précoce est définie par la survenue des premières relations sexuelles avant cet âge (Atéha N. et Olivier C., 2006). Toutefois, selon l’Enquête Démographique et Santé au Congo (EDSC-I, 2005), la sexualité précoce correspond au premier rapport sexuel avant l’âge de 15 ans. Ainsi, cet âge sera pris comme seuil référentiel pour déterminer la précocité sexuelle. 1.2.3. Maternité précoce La maternité précoce est la résultante d’une grossesse précoce. Or, une grossesse est dite précoce quand celle-ci à lieu avec des jeunes filles (mineures) et/ou adolescentes. A la suite du rapport EDSC-I (2005), nous entendrons par précoce toute grossesse et naissance obtenue 5 par une jeune fille avant ses 18 ans. En effet, cette limite d’âge est retenue par les rapports OMS3 (2012), APF 4 (2013), et UNFPA 5 (2013). 1.2.4. L’adolescence D’après l’OMS (2012) et l’UNFPA (2012), l’adolescence est une période pendant laquelle l’être humain passe du stade de la première apparition des caractères sexuels secondaires à celui de la maturité sexuelle ; il acquiert des structures psychologiques et les méthodes d’identification qui transforment l’enfant en adulte; une transition se réalise entre le stade de dépendance sociale et économique totale à celui de l’indépendance relative. Cette identification prend en compte quatre étapes de l’adolescence : l’éveil sexuel vers 13-15 ans ; les premières relations sexuelles vers 14-17 ans ; le rôle sexuel vers 16-19 ans ; le choix d’un rôle déterminant dans la société vers 18-25 ans. Le concept d’adolescence recouvre plusieurs dimensions : biologique, démographique, sociale, psychologique, juridique, économique ; il n’est par conséquent pas étonnant que les définitions utilisées diffèrent selon les chercheurs. L’absence d’une définition univoque de ce concept rend ainsi difficile la détermination d’une période stable de la vie à laquelle s’appliquerait l’adolescence. Dans le cadre de notre étude et pour les besoins de l’analyse, nous convenons de définir l’adolescence sociale comme la période de vie de l’homme allant de 12 à 17 ans. 2. Canaux traditionnels d’informations sur la sexualité Dans la société traditionnelle, le développement des jeunes se fait à l’intérieur de la structure familiale. Toute leur éducation et leur apprentissage à la vie sont assurés par les aînés ou les parents à qui ils doivent respect et obéissance. Le contrôle social est assuré en permanence (Kouton, 1992). Dans les sociétés traditionnelles africaines, la transmission des valeurs sociales se fait d’une manière verticale et l’on note une solidarité de type mécanique le sens durkheimien du terme. Par contre, de nos jours la transmission des valeurs sociales se fait d’une manière verticale et les sociétés sont de type organique, ceci est le résultat de la modernisation de sociétés africaines. Dans les sociétés traditionnelles africaines, les parents n’estiment s’être acquittés de leur devoir vis-à-vis de leurs fils qu’après leur avoir donné des parcelles pour l’implantation de leurs maisons, et après leur avoir trouvé une épouse. Pour les filles, les parents visent le mariage. Dans ce contexte de contrôle social serré, l’individu est géré par la communauté qui lui dicte jusqu’à ses conduites individuelles et interindividuelles. L’adolescent n’a pas le pouvoir de décision. Ce sont les parents qui concluent les unions entre fils et filles de la communauté, sans la moindre référence à leurs sentiments. De cette façon, l’activité sexuelle, même si elle est précoce est dirigée par les aînés. Aux jeunes filles pubères, il est enseigné les astuces pour tenir un mari et faire honneur à son époux. Les valeurs telles que la virginité 3 OMS : Organisation Mondiale de la Santé APF : Assemblée Parlementaire vde la Francophonie 5 UNFPA : Fonds des Nations Unies pour la Population 4 6 prénuptiale, la chasteté, la soumission au mari sont enseignées aux jeunes filles (exemple le Tchikumbi des Vili)6 . Pour les garçons, l’accent est mis sur le sens des responsabilités et sur les rôles qui leur sont dévolus par la société (essentiellement comme pourvoyeurs de ressources). Dans le passé, l’existence de différents rituels d’initiation aux mœurs permettait aux jeunes filles et garçons de passer de l’adolescence à l’âge adulte. Le rite de circoncision pour les garçons et le tchikumbi, par exemple, sont les moyens traditionnels mis en place pour le contrôle de la sexualité des cadets par les aînés. L’avènement des TIC vient, sans doute, bouleverser l’ordre établi dans les sociétés traditionnelles africaines. Le monde étant devenu un grand village planétaire avec une modernisation accrue des grandes agglomérations urbaines, il se crée une différentiation des valeurs socioculturelles entre les valeurs traditionnelles et les valeurs modernes. Actuellement, la ville présente des caractéristiques particulières qui font d’elle un important centre de diffusion de la culture occidentale. Les villes du Tiers-monde en particulier connaissent une croissance très rapide. Cette augmentation rapide de la population sur un espace réduit engendre une certaine promiscuité. Par ailleurs, certaines catégories de populations des villes ont un niveau de vie assez élevé7 pour s’offrir les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Si les TIC peuvent permettre aux jeunes d’accroître leur connaissance et favoriser une sexualité saine, ils peuvent en même temps être à l’origine des dérives comportementales sur le plan sexuel. En effet, certains médias audiovisuels occidentaux, en raison de la mondialisation, "inondent" le continent africain d’images indécentes. Ces chaînes "pornographiques" qui font l’apologie de l’activité sexuelle pré-maritale poussent les jeunes à s’engager dans l’activité sexuelle. C’est sans doute l’influence des TIC qui est à l’origine de la modification de la signification de l’acte sexuel chez les jeunes. La recherche du plaisir est devenue la raison principale des rapports sexuels. Ainsi les jeunes sont de plus en plus exposés aux images des télévisions étrangères qui n’ont pas toutes à cœur de préserver les mœurs de ceux qui les regardent. Dans les grands centres urbains où la modernité prime sur la tradition : «Les adolescents se délectent plutôt de ce que leur offrent les films de nombreux ciné vidéoclubs. La sélection des films donne priorité aux films pornographiques qui sont consommés par les adolescents. Des romans du même type sont vendus aux adolescents dans les librairies de la rue et les librairies du « poteau », commercialisant de vieux livres d’occasion à vil prix sur les trottoirs des places publiques très fréquentées. » (Béat-Songué, 1998, 185). Dans la plupart de cas, l’accès à ces différents hauts lieux de perversité et de violence n’est conditionné que par le paiement d’une modique somme de 25 à 100 francs CFA. Ce qui est è la portée de a plupart des jeunes. Par ailleurs, l’imitation des modèles proposés par ces films 6 Rituel traditionnel de préparation de la jeune fille dont l’âge varie entre 12 et 16 pour le mariage chez les vili et certains peuples au sud de la République du Congo. 7 On assiste à une nouvelle classe émergente dans les villes africaines de nos jours. Cette émergente se caractérise par une classe intermédiaire entre les riches et les pa uvres 7 en matière de sexualité s’ensuit, et ceci est réalisé en compagnie d’autres adolescents. L’expérimentation de la sexualité ainsi que sa pratique et son expression sont de plus en plus influencés chez les adolescents par ce qu’ils reçoivent de ces médias nouveaux. Nombreux sont des auteurs qui ont constaté que les médias étaient un facteur déterminant de la primo-nuptialité, en tant qu’ils favorisent le relâchement des mœurs (Rwenge 1995, Ilinigumugabo 1996). L'exposition des jeunes à ces médias étrangers est suivie d’un mimétisme presque complet. Il n’est pas rare de constater que dans les sociétés africaines actuelles au recul des valeurs traditionnelles qui ont jadis gouverné les attitudes et les comportements des parents dans leur jeunesse. Ceux-ci sont désormais les témoins impuissants de nouveaux comportements que les jeunes affichent parfois avec ostentation. Les jeunes ont une nouvelle perception de l’activité sexuelle dont le rôle essentiellement procréateur est de plus en plus ignoré. Beaucoup d’auteurs considèrent cette baisse du contrôle social comme responsable de la recrudescence de l’activité sexuelle précoce chez les jeunes. Gage et Meekers illustrent cette situation en présentant les résultats d’une étude réalisée au Kenya où 60 % des jeunes interrogées ne pensent pas que les normes traditionnelles restrictives pour les relations sexuelles pré-maritales et extra-maritales puissent encore être applicables dans la société contemporaine. La virginité avant le mariage n’est plus d’une grande importance. Ces propos relevés par Calvès au cours d’une discussion de groupe auprès de filles à Yaoundé en est une illustration : « les filles ne peuvent pas se permettre d’arriver la nuit de noce toute bête, ne sachant rien ». En somme l’influence de la diffusion des modes de vie occidentale, notamment sur le plan de la sexualité, est un facteur primordial d’incitation à l’engagement dans les rapports sexuels chez les jeunes dans un contexte où le contrôle des parents et des aînés perd de son importance. 3. La jeunesse congolaise et les TIC Le monde est devenu un grand village planétaire et nombreux sont des connexions partagées à la vitesse de la lumière (ou grand V) ou au bout d’un clic. Ces liens sont les résultats des technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Le Congo n’est pas resté en marge de cette innovation technologique, car sous peu il sera arrimé à la fibre optique, ce qui constitue une avancée technologique irréfutable. Depuis plus ou moins une quinzaine d’années, les TIC sont entrées dans les mœurs des populations congolaises. Courant cette période, elles ont réussi à être au cœur du quotidien de la majorité des Congolais et particulièrement de celui de la jeunesse. De nos jours, pour un jeune, une journée « normale » est marquée par l’utilisation des outils suivants : la télévision, la radio, le téléphone mobile, l’internet, etc. Ce qui entraine une accoutumance obligatoire aux appareils et gadgets électroniques et informatiques. Les jeunes des zones urbaines et de leurs périphéries en sont deviennent des consommateurs assidus, voire ses « esclaves ». Au regard de la croissance rapide des TIC dans le milieu des adolescents, il est nécessaire de marquer un temps d’arrêt et de faire une évaluation « qualitative » sur l’utilisation TIC par les jeunes n’ayant pas encore atteint l’âge de la majorité. Malheureusement, ni les pouvoirs publics, ni les entreprises promotrices de ces technologies, ni les organisations spécialisées n’ont jusqu’à ce jour mis sur pied des initiatives de contrôle et d’évaluation qualitative de l’utilisation des TIC par ces jeunes. On passe la plupart du temps à se féliciter de l’utilisation de plus en plus croissante (quantitativement parlant), en réfléchissant et en mettant sur pied des politiques d’accélération, sans toutefois se soucier du sort de ceux qui sont déjà « noyés » dans ces technologies. 8 Il est très difficile pour l’adulte et surtout pour les parents ordinaires de se rendre compte de l’impact réel des TIC sur leurs enfants, vu qu’ils sont eux-mêmes, des utilisateurs très limités ou maladroits de ces technologies dont ils ont du mal à suivre le rythme. Alors que les jeunes se retrouvent presque naturellement dans ses technologies qui s’accordent de plus en plus à leur penchant pour la facilité et la rapidité. Chez les adolescents, le constat fait est que nombreux sont ceux qui utilisent Internet pour les messageries (l’envoie des mails), le chat, la recherche dans le cadre de leurs cours, la fréquentation des réseaux sociaux, les recherches de correspondances et informations diverses, et mais surtout pour visionner des vidéos pornographiques. La majorité des jeunes utilisent les cellulaires portables pour communiquer et s’envoyer des SMS, des MMS, effectuer des téléchargements, également partager des fichiers via Bluetooth, etc. 3.1. L’influence des TIC sur la sexualité précoce des adolescentes 3.1.1. Incidence de l’Internet sur l’éducation sexuelle des adolescents Au Congo, de nombreux sujets sont tabous dans de nombreuses familles et ceci par rapport à l’héritage culturel acquis. Parmi ces sujets, il y a le sexe et la sexualité. Ces sujets étant tabous, les adolescentes en quête d’informations sont livrées à elles-mêmes. Pour compenser ce gap, les TIC sont devenus en un peu plus de 15 ans de véritables instruments d’éducation sur la sexualité et le sexe pour adolescentes congolaises. Il est à noter que les TIC remplacent ce cadre familial défaillant en fournissant des informations essentielles ou non en la matière jouant ainsi le rôle que devait échoir aux parents. Il n’est pas rare de voir certaines adolescentes, dans la capitale congolaise ou les grandes agglomérations du pays, fréquenter les cybercafés à la recherche des informations sur leur sexualité et ceci d’une manière presque coutumière. Nombreuses sont des adolescentes qui développent une addiction aux sites de rencontres en ligne et/ou de recherche de la mode, parfois même des sites pornographiques. Elles naviguent à longueur de journée dans ces différents sites à la recherche d’informations qu’elles ne disposent pas au niveau de la cellule familiale ou amicale. Le monde des média et des TIC ont une population cible : la caste des adolescentes qui a une sous culture. L’interprétation des messages captés est que ces dernières veulent rendre et surtout reproduire le fruit de leur consommation. Etant une caste à part et ayant besoin d’affirmer leur sexualité, « elles interprètent ce qu’elles voient dans les medias comme le fait que c’est important de séduire, c’est important d’être hot : il faut être habillée sexy et faire des trucs sexuels » (Duquet F., 2003). Par ailleurs, l’utilisation positive des TIC permet de toucher un large public et surtout de briser certains tabous. Au Congo, une chaîne de Radio et de Télévision (DVS+) en collaboration avec une ONG dénommée « Azur Développement » ont mis en place, depuis 2004, une émission qui traite de la sexualité en combinant deux outils des TIC: la radio et le téléphone mobile. Il s’agit d’une émission interactive basée sur les appels téléphoniques et les SMS des auditeurs. L’un des objectifs de cette émission radio est de briser le tabou sexuel dans le respect de la diversité culturelle pour donner une éducation sexuelle efficace aux jeunes et aux adultes. Cette émission informe autant qu’elle éduque comme l’affirme, le présentateur « nous voulons lutter contre le VIH/SIDA, les violences sexuelles, les grossesses indésirables, les avortements provoqués, la frigidité, l’éjaculation précoce et d’autres maux 9 sexuels que connaissent les jeunes et la population congolaise en général ». 8 Cette émission reçoit au minimum plus de 250 SMS et 50 appels téléphoniques. Les messages SMS sont envoyés par des hommes, des femmes, des jeunes garçons ou des jeunes filles. Les filles ont tendance à envoyer des SMS soulevant des questions sur la virginité, l’amour, le cycle menstruel, les grossesses, la frigidité, l’orgasme, le mariage et les questions liées au VIH/SIDA. Il est perceptible dans leurs SMS qu’elles ignorent beaucoup sur le VIH/SIDA. Quant aux femmes plus âgées, elles abordent les questions du mariage, de la frigidité, de l’orgasme, de la jalousie, de l’infidélité des hommes, de la conception, de la stérilité, des rapports sexuels et du VIH/SIDA. Selon le présentateur de cette émission, des efforts doivent être fournis, en particulier sur la sensibilisation sur le VIH/SIDA. « Les femmes entendent parler du VIH/SIDA, mais ne prennent pas les choses en main ; elles subissent l’influence des hommes au niveau sexuel ». Cette combinaison des TIC permet aux auditeurs et auditrices de parler de la sexualité en toute confiance car ils ou elles peuvent tout en gardant leur anonymat, trouver des réponses à leurs questions. 3.1.2. L’impact de l’internet sur la sexualité des adolescentes De nos jours, aucune société ne vit en vase clos. Il en est ainsi pour la société congolaise qui est traversée par des différents canaux d’information modernes. Cette extension se fait souvent au détriment des valeurs traditionnelles africaines en général et congolaises en particulier. De toutes les TIC, l’internet est devenu l’outil favori pour la recherche d’informations. Mais ce qui marque le plus l’adolescence, c’est la fascination devant tout ce qui permet l’instantanéité (temps et distance abolis), la permanence (quand je veux) et l’universalité. Grâce à l’Internet, « je peux savoir tout sur tout, j’accède à un savoir facile, sans barrières ni méthodes ». Tout cela modifie non seulement leur être social, mais aussi leur psychologie. Il y a bien là une fracture générationnelle ; on voit apparaître parfois de véritables phénomènes d’addiction. La prolifération des cybercafés à Brazzaville montre que la demande en matière de technologie est de plus en plus croissante. Cette prolifération montre l’intérêt de la société congolaise vis-à-vis des TIC. En observant les nombreux clients des cybercafés, un constat revient souvent : les adolescentes et les adolescents vont rarement pour faire des recherches d’ordre scolaire ou intellectuel. Ils sont très portés vers des sites comme : Skype, Facebook, Tchatche, 123 Love, Lovecharismatique, Eonline, Twoo, etc. Pour ceux et celles possédant un smartphone, un Ipad, une tablette ou BlackBerry, ce sont les mêmes sites qui sont visités avec en plus des BBM (BlackBerry Messenger), Viber, WhatsApp, Instagram, etc. Les adolescents ne s’arrêtent pas qu’à visiter les sites précités. Ils naviguent sur des sites à caractère pornographique tels qu’adoporno.com, I23love.com, lovecharismatigue.com, etc. Comme canal d’information sur la sexualité des adolescentes, l’Internet remplace le cadre familial. Il supplante ainsi les canaux habituels d’apprentissage des questions sur l’éducation sexuelle. Dans la société traditionnelle congolaise, bien que le sexe soit tabou, certains rituels permettant le passage de la jeune fille de l’adolescence à l’âge adulte tels que « le tchikumbi chez les Vilis » existaient. Mais avec l’Internet, ce rituel se trouve être déclassé. Au regard de différents signaux que renvoie l’internet, son rôle peut être qualifié de négatif auprès des adolescentes car elles s’en servent pour faires des recherches sur les sites pornographiques. Cette facilité et surtout la liberté d’accès à ces différents sites peut conduire ces dernières vers 8 Davy Hermann Malanda, Présentateur de l’émission « Vérité en plus » sur la chaîne de radio DVS+. 10 une débauche et/ou une inconduite sur le plan sexuel ; et les adolescents s’approprient ces scènes sexuelles comme si c’était une obligation; puisque le comportement existe, il faut le faire (Poaty-Mokondzhy 2007 ; Duquet F., 2003). Les adolescents représentant une clientèle assidue, le fait de visiter des sites pornographiques ne gêne guère les propriétaires de cybercafés plus préoccupés par leur recette journalière. Si un client s’en offusque, il se fait souvent répondre : « vous n’avez qu’à ne plus lorgner sur des postes des autres clients, cela vous apprendra à être moins curieux »9 . Un fait nouveau fait son apparition en République du Congo. C’est celui « cyberprostitution » des jeunes filles. Ce fait atteint son paroxysme. Il suffit de s’inscrire sur un site de tchatche et de se faire passer pour un expatrié, immédiatement on est inondé par une avalanche de questions venant de filles qui ne rêvent que de quitter le pays à tout prix. Cette « cyberprostitution » fait le bonheur des propriétaires des cybercafés qui ne lésinent plus sur les moyens pour mettre aux petits soins leurs poules aux œufs d’or: casques, webcam, box aménagé etc. La consultation des sites pornographiques, les téléchargements des images et vidéos pornographiques dans les clés USB qui finiront plus tard dans leur téléphone et ensuite dans ceux de leurs amis constituent souvent le passe temps des adolescents dans les cyberscafés. 3.1.3. Erotisation abusive de l’image corporelle des jeunes filles L’impact de la mondialisation ne se fait pas seulement dans le domaine économique, toutes les sphères de la vie y sont affectées et surtout sur le plan socioculturel. Cette consommation ultra rapide des informations est rendue possible par les TIC. L’érotisation abusive de l’image corporelle de la jeune femme y est fréquemment utilisée et celle-ci se présente souvent sous des formes frisant l’impudicité et l’obscénité. Il faut noter que la mode, la musique, les magazines de jeunesse et le cinéma continuent de cibler les adolescentes comme consommatrices. La banalisation médiatique de la sexualité, la complaisance des téléréalités (Loft story, Occupation double, etc.), la mode vestimentaire provocante et hyper sexualisée qu'on leur propose, les magazines qui leurs sont destinés et qui exacerbent leur désir de consommation, les vedettes des vidéo-clips à la gestuelle calquée sur du porno et auxquelles les filles s'identifient, l'accès facile aux sites pornographiques d'Internet, tout concourt à rendre les filles sexuellement disponibles et surtout soucieuses de leur apparence physique et ceci dès le plus jeune âge. Toutefois, il faut noter que toute cette campagne médiatique leur donne confiance en elle et leur permet d’acquérir une force de séduction telle qu’elles sont conscientes de la séduction qu'elles peuvent déployer aux yeux de la gent masculine. « Un problème téléguidé par les médias, la publicité, la société de consommation qui risque, de devenir gros si on ne prend pas les moyens de freiner son expansion » (Bouchard Pierrette, 2004a). Pendant la période pubertaire, les adolescentes ont tendance à bâtir leurs identités, leurs valeurs personnelles et leurs intérêts. Le message que leur renvoient la télé, la publicité et les magazines, est qu’elles se doivent d’être belles, séduisantes et sexy. Cette approche de la l’érotisation abusive de l’image corporelle de l’adolescente est soutenue par : Duquet 9 Entretien avec gérant de cybercafé, lieu et date. 11 Francine (2003a ; 2003b), Galipeau Sylvia (2003) Bouchard Pierrette (2004a ; 2004b) Bouchard Natasha (2004) ; Boily Isabelle (2004), et bien d’autres. 3.1.4. L’impact des téléphones portables sur la sexualité des adolescentes La vulgarisation de la téléphonie mobile et d’Internet a entraîné la prolifération de sociétés de vente d’appareils et de gadgets informatiques et électroniques. Il s’agit d’un marché où la vente des produits de contrefaçon et d’occasion sert à cibler une catégorie de clientèle donnée : la jeunesse. Dans les grandes artères des villes congolaises, il n’est pas rare de croiser des commerçants congolais ou ouest-africains pour la plupart, des Pakistanais, Indiens vendant uniquement des téléphones portables, des clés USB, des cartes mémoires, des modems, etc. Les téléphones portables sont devenus d’un côté des véritables gadgets et de l’autre côté, les jeunes ont découvert avec beaucoup de plaisir le côté caché de l’Internet et du high-tech des gadgets électroniques. Les caméras vidéo et les portables permettent de produire et de distribuer sous le manteau des films pornos amateurs qui se retrouvent parfois sur le Net (Campaoré 2009). Combien de fois a-t-on suivi dans nos quartiers, dans nos campus, dans nos lycées et collèges, l’histoire de jeunes garçons qui filment des scènes de leurs ébats sexuels avec des jeunes filles dans la majorité des cas à leur insu ? Ces scènes sont filmées grâce aux téléphones ou aux ordinateurs portables ayant une caméra intégrée et ensuite distribuées via le Net ou la technologie Bluetooth ! Les images de pornos vidéos amateurs tournés soit à Kintélé ou Djiri (quartiers nord de Brazzaville) soit aux Cataractes du Djoué (quartier sud de Brazzaville) sont distribuées de téléphone portable en téléphone portable via Bluetooth ou par carte mémoire ou clé USB. Outre le fait de servir de cameras amateurs, les téléphones portables ou ordinateurs portatifs servent également d’éléments de vulgarisation et de partages des fichiers à caractère pornographique téléchargés sur Internet et transmis par le biais de Bluetooth ou de cartes mémoires, voire des clés USB dans les cours de recréation, exposant ainsi des jeunes enfants à des scènes obscènes. Dans cette perspective, les TIC contribuent à la propagation et à la banalisation du sexe exposant les catégories sociales vulnérables (jeunes et femmes) aux abus. A cause de l’exposition continuelle à des images érotiques, les jeunes garçons sont incités à la pratique sexuelle précoce avec leurs petites amies. Il n’est pas surprenant que l’âge moyen aux premiers rapports sexuels chez les adolescentes, en République du Congo, soit de 13,7 ans et que près de 23,5% des jeunes filles âgées entre 15 et 19 ans aient déjà eu leur premier rapport sexuel avant leur quinzième anniversaire (Poaty-Mokondzhy 2007 ; EDSC-II 2012). Le téléphone portable ne sert pas seulement de moyen de diffusion des images et/ou des films pornographiques, il sert aussi d’instrument encourageant la prostitution. Chez l’adolescente, il est souvent utilisé dans le but d’entretenir des relations avec un éventuel partenaire sexuel. Le téléphone portable est utilisé comme un outil de contact par les racoleuses dans les hôtels de la place. Nombreuses sont des adolescentes dont les numéros de téléphone et les cartes photos sont entre les mains des gérants des hôtels. Ces filles sont prêtes à répondre aux moindres coups de fil et s’y présenter dans les délais les plus brefs, répondant ainsi aux attentes d’une quelconque clientèle.10 10 Données relevant des observations empiriques et des conversations avec certains tenanciers des hô tels à Brazzaville 12 3.1.5. L’impact de la télévision et des magazines sur la sexualité des adolescentes L’univers des adolescents est totalement bouleversé par l’irruption des TIC qui favorisent le déclin de la transmission verticale des valeurs coutumières sociétales au bénéfice de la transmission horizontale. De même, le poids de l’univers marchand pèse très lourd touchant l’habillement, les outils culturels (Ipod, Ipad, portable, micro-ordinateur, etc.). Ces deux influences majeures génèrent une culture jeune spécifique, close, tyrannique et coûteuse. Il faut noter une différenciation assez nette des comportements masculins et féminins. Les centres d’intérêt des garçons sont massivement tournés vers le sport, parfois la violence, mais ceux-ci démontrent aussi une grande maîtrise des TIC et un certain goût pour la culture de la virilité. Chez les filles se développe ce que l’on appelle la culture girly : vêtements sexy, maquillage précoce, paillettes, etc. Cette culture girly a sa musique propre, ses clips, sa littérature rose, ses séries TV, ses spectacles, favorisant un repli entre filles, sans doute en réaction à la brutalité masculine, mais ce repli ne s’accompagne pas d’un sentiment d’infériorité comme les filles pouvaient le ressentir autrefois (Bouchard and al., 2004). Celles-ci connaissent leur supériorité dans le domaine des sentiments et prennent conscience que, de fait, ce sont elles qui mènent le jeu. Actuellement au Congo comme partout dans le monde, le marché de la mode, de la musique, des magazines et du cinéma cible les adolescentes comme consommatrices préférées et assidues. On assiste à une sexualisation indue de l’image corporelle des adolescentes qui ne rêvent que de devenir comme leurs idoles de la chanson ou du cinéma, voire des magazines de jeunesse, en reproduisant des attitudes et des comportements de femme sexy. Pendant la période pubertaire, les adolescentes ont tendance à bâtir leurs identités, leurs valeurs personnelles et leurs intérêts. Le message que leur renvoient la télé, la publicité et les magazines, est que les adolescentes se doivent d’être belles, séduisantes et sexy (Boily 2003 ; Poaty-Mokondzhy 2007). Ce groupe d’âge fait l’objet d’innombrables études de marché et les magazines spécialisés destinés à cette jeune clientèle font la promotion des articles. Ceci est vrai pour plus de 65% d’entre eux (Caron, C ; 2001). Le principal message délivré aux jeunes lectrices est : « il faut charmer, plaire et séduire, être une vraie girly » (Bouchard, P ; 2003b). C’est un message dangereux à un âge où l’on n’a pas encore d’identité propre et où la pression à la conformité est grande. Toutes les modes procèdent de la sorte. Le très jeune âge du groupe constitue une cible idéale et surtout le but à atteindre est sa naïveté et sa vulnérabilité. La transformation des petites filles en femmes sexuées entraîne le marché de la mode à focaliser son attention sur la fidélisation de cette clientèle prise à un âge vulnérable aux messages publicitaires et qui sont susceptible d’adopter des habitudes de leurs idoles de jeunesse (Poaty-Mokondzhy 2007). La télévision est devenue l’éducatrice préférée des jeunes, les parents sont très occupés par la quête du pain quotidien alors les enfants, grâce au câble qui leur apporte des réalités étrangères façonnées par un marketing très élaboré, embrassent et épousent des mœurs et des comportements dont ils ne connaissent pas les conséquences. Les séries télévisées actuelles incitent les jeunes filles à mettre en exergue la girl power et à s’identifier aux différentes idoles de la télé. 13 À l’âge où l’adolescente est à la recherche d’une identité, être comme les filles des séries télévisées Shake it up, Austin et Ally, Violetta, ou Jessy 11 , est aperçu comme un idéal ; outre cela, le fait de s’habiller comme Shakira, Beyoncé ou Rihanna12 prouve que l’on est à la page ou à la mode. Le fait de s’identifier aux différentes stars de la télé ou de la chanson, expose les adolescentes à une sexualité précoce et peut les conduire vers une prostitution primaire ou sous-jacente (Poaty-Mokondzhy 2007, Oloruntimehin 2003). Nombreuses sont ces adolescentes qui, sans être vénales, multiplient les partenaires sexuels dans le but d’acquérir des biens que leurs parents ne pourraient être en mesure de leur procurer en raison de leurs faibles moyens financiers. 3.2. Influence des TIC sur la maternité précoce des adolescentes La société congolaise s’inscrit dans un contexte mondial d’ouverture, de mutations contemporaines avec des influences culturelles qui lui sont étrangères. Les différents échanges, surtout d’ordre technologiques, agissent les comportements des adolescents et adolescents en les modifiant, créant ainsi une addiction vis-à-vis des TIC. Dans un environnement dominé par les TIC, la famille africaine particulièrement congolaise, subit diverses formes d’influences qui affaiblissent son emprise sur les enfants dont elle la charge d’encadrement Le cadre familial, au départ était le lieu idéal pour l’apprentissage de divers comportements sociaux et que la transmission des informations se faisait d’une manière verticale. Les TIC viennent, en quelque sorte, anéantir les canaux officiels de transmission en apportant des éléments nouveaux qui dépassent, dans la majorité des cas, la compréhension parentale. L’apport des TIC n’est pas toujours positif car l’accès aux sites et images à caractère pornographiques n’est pas prohibé. La recherche d’informations sur la sexualité amène des adolescentes à l’apprentissage très tôt de la sexualité et surtout à sa mise en pratique. Les messages véhiculés leur donnent conscience de leur pouvoir girly, or ceci les pousse à avoir des rapports sexuels précocement et surtout à risque qui les entraînent vers une maternité précoce. Ainsi, il s’en suit une exacerbation de comportements, notamment des enfants dans le domaine sexuel qui débouche sur une espèce de désacralisation du corps en général et du sexe de la jeune fille en particulier. Devant la faiblesse des lois et de l’autorité parentale, l’adolescente bénéficie comme d’une liberté totale et absolue dans le choix de ses relations. Elle a donc, les possibilités d’avoir des rencontres non conseillées sans qu’aucune censure n’intervienne. En visitant des sites pornographiques et se sachant dotée de girl power, l’adolescente se croit tout permis, ceci peut aller jusqu’à avoir des relations sexuelles à risque. Le message véhiculé par des TIC la prédispose à être sexuellement prête et ceci à tout moment. A peine initiées à la vie sexuelle, les filles se forgent déjà une idée de la sexualité et de l'amour centrés sur la consommation. Tout les prédispose à devenir un pur instrument sexuel. Dans un tel contexte, on peut se préoccuper de l'incidence néfaste que la sexualisation précoce peut avoir sur les rapports filles/garçons. On peut appréhender un retour des comportements de soumission, d'effacement, de dépendance. D'autant plus que les jeunes filles étant sollicitées plus tôt sexuellement que les garçons de leur âge, c'est souvent avec des garçons 11 12 Vedettes des séries télévisées américaines et sud américaines Vedettes de la chanson R’n’B 14 beaucoup plus âgés qu'elles vivent leurs premières relations. Le fait de se savoir sexuellement désirables et surtout disponibles, les adolescentes sont poussées vers des tentatives d’expérience sexuelle à risque. Elles savent à peine, dans la plupart des cas, calculer leur cycle menstruel. (Poaty-Mokondzhy, 2007) Le fait d’avoir des rapports sexuels précocement et avec plusieurs partenaires (habituels ou occasionnels) les entraine soit vers une maternité précoce ou des interruptions volontaires de grossesse (avortement). En République du Congo, d’une manière générale, il ressort que les taux de fécondité présentent un profil proche de ceux observés dans les pays à forte fécondité, on note également une fécondité précoce élevée qui est de l’ordre de 147 pour mille chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans (EDSC-II, 2011-2012). Dans cette même lancée, le comportement sexuel à risque prédispose les adolescentes à une contamination facile au VIH/SIDA. D’après l’ESISC (2009), le taux de séroprévalence au Congo serait de 3,2. Par rapport à l’ensemble de la population, les adolescentes dont sont les plus affectées, avec un taux avoisinant les 4,1, contre 2,1 chez les garçons dont l’âge est compris entre 15–25 ans. 4. Les facteurs explicatifs des TIC sur la sexualité et la maternité précoce des adolescentes 4.1. L’âge aux premiers rapports sexuels A peine sorties de l’enfance et entrées dans l’adolescence, les jeunes filles sont conscientes de la de fascination et surtout de la séduction qu'elles exercent sur le sexe opposé. Elles savent que les hommes les trouvent belles, mais il s'agit d’une demande affective. Elles veulent être aimées, regardées, rassurées sur leur valeur, car elles se trouvent être dans l’ère du sexe and city (Pelletier 2003). Les adolescentes sont exposées à une double illusion, l’immédiateté et la facilité, qui induit cette génération à envisager la relation humaine comme une consommation, ceci à commencer par la sexualité et surtout le sexe. À peine initiées à la vie sexuelle, les filles se forgent déjà une idée, sur la sexualité et sur l'amour, centrée sur la consommation. Tout les prédispose à devenir un pur instrument sexuel. Dans un tel contexte, on peut se préoccuper de l'incidence néfaste que la sexualisation précoce peut avoir sur les rapports filles/garçons. On peut appréhender un retour des comportements de soumission, d'effacement, de dépendance. D'autant plus que les jeunes filles étant sollicitées plus tôt sexuellement que les garçons de leur âge, c'est souvent avec des garçons beaucoup plus âgés qu'elles vivent leurs premières relations. Au Congo, même si le mariage peut être considéré comme le cadre privilégié des rapports sexuels, il n’en constitue pas moins le cadre exclusif. Les relations sexuelles avant le mariage sont fréquentes et relativement précoces. L’âge moyen aux premiers rapports sexuels est établi à 13,7 ans. (cf fig 1). 15 Figure 1 : l’âge aux premiers rapports sexuels Source : figure réalisée par l’auteur en 2007 De cette figure l’on peut retenir que des adolescentes congolaises sont sexuellement très précoces. Sur les 40 filles enquêtées : 16 filles sur 40, soit 40%, déclarent avoir eu leur premiers rapports sexuels à l’âge de 13 ans; 14 filles sur 40, soit 35%, à 14 ans ; 6 filles sur 40, soit 15%, à 15ans et 4 filles sur 40, soit 10% déclarent avoir eu leur premier rapport à l’âge de 17ans. 4.2. La fréquentation moyenne hebdomadaire des cybers L’accès de l’internet à domicile n’est pas chose évidente, car le coût d’accès personnel reste et demeure élevé. Pour palier à ce déficit il existe de nombreux cybercafés dans la ville de Brazzaville. Rien qu’en visitant la zone de délimitation des deux (2) arrondissements à savoir les quartiers 32 pour le premier et 41 pour le second, nous avons compté près de 19 cybercafés. L’existence des cybers résout le problème du non accès à domicile en facilitant l’accès pour les petites bourses car le coût moyen d’une navigation est fixé à 500 FCFA/heure. Certains cybers offrent même des abonnements de 15 heures au coût moyen de 5000 FCFA. 16 Figure 2 : Fréquence de fréquentation hebdomadaire des cybers café par adolescentes Source : figure réalisée par l’auteur Au vu des résultats de cette figure, le constat qui s’impose celui de savoir que le pic le plus élevé est celui des adolescentes ayant une fréquentation hebdomadaire au moins 5 fois un cyber café, ce qui représente 39 adolescentes sur 152, soit 25,65%. Le second pic est celui des adolescentes fréquentant au moins 6 fois un cyber café, soit un taux de avec 27 adolescentes sur 52, soit 17,76. Au regard de cette fréquentation, l’on peut être amené à dire que les adolescentes congolaises fréquentent beaucoup les cybers et ceci soit, à la recherche de certaines informations, soit pour des informations sur leur sexualité. Le faible taux est celui des adolescentes fréquentant au-moins 1 fois un cybercafé, avec 10 adolescentes sur 152, soit 06,58%. La fréquentation peut être réduite par le fait que certaines compagnies de téléphonie mobile offre des forfaits journaliers à des coûts concurrençant ceux des cybercafés. 4.3. Les sites les plus visités par les adolescentes La gamme des produits offerte par les compagnies téléphoniques en République du Congo est variée. Cette gamme va des coûts réduits des appels téléphoniques aux SMS gratuits en passant par les différents coûts d’accès à l’Internet. Le passage au 3G+a permis aux différents fournisseurs de la téléphonie mobile d’améliorer leurs prestations en proposant des connexions Internet à des coûts réduits. De cette concurrence entre les compagnies de téléphonie mobile est née toute une série d’offres promotionnelles allant du rabais des prix aux forfaits. Ainsi pour montrer les performances informatiques et surtout la facilité de 17 connexion à l’Internet, certains sites de réseaux sociaux ont été libérés aux publics13 . Le but de cette campagne marketing est de pouvoir atteindre une certaine couche de la population accroc aux TIC, celle de jeunesse. Nombreuses sont ces adolescentes aimant naviguer soit sur les téléphones portables rendus faciles par les forfaits attribués par les différentes maisons de téléphonie mobile, et ceci à partir de 1000 FCFA/jour. La compagnie de téléphonie MTN a récemment lancé une campagne de navigation gratuite entre 4 heures et 7 heures du matin. Nombreux sont les adolescentes et adolescents qui se réveil tard dans la nuit pour se mettre à pianoter sur les claviers de leurs téléphones portables. Le but de cette manœuvre est d’effectuer des téléchargements ou de communiquer avec des amis sur différents réseaux sociaux gratuit à cette heure de la nuit. Les autres compagnies n’ont pas tardé à réagir. Au niveau de Airtel et Warid, avec 300 Frs, on peut bénéficier d’un forfait de navigation gratuite pour certains sites. Il ressort lors des interviews, que les sites les plus visités par les adolescentes sont les suivants : (Cf. Tableau n°1) Tableau n°1 : Les sites les plus visités par les adolescentes Site Visité Nombre de fois Effectifs Pourcentage Facebook 152 152 100% Twoo Meetic Gmail 140 97 112 152 152 152 92,10% 63,81% 73,68% Yahoo mail Love 123 Ado.porno.com 145 122 97 152 152 152 95,39% 80,26% 63,81% Google Yahoo Tchatche 139 150 134 152 152 152 91,44% 98,68% 88,16% I tunes You Tubes You porn 97 125 98 152 152 152 63,81% 82,23% 64,47% Skype 72 152 47,37% Source : Enquête réalisée par l’auteur Lors de l’enquête de terrain, aucune des filles ne dit visionner des images ou des sites à caractères pornographiques. Or, lors des diverses inspections des cybers, les mêmes personnes déclarant ne pas visiter ont été surprises plus d’une fois visitant les mêmes sites à caractère pornographiques. Parler sexe étant un des tabous de la société congolaise et pour ne pas être stigmatisées en tant que fille facile, elles se sont murées derrière cette contrainte sociale. Mais certaines d’entre elles, avouent visiter souvent les sites pornographiques sur leurs téléphones 13 Les différentes sociétés de téléphonies mobiles ont proclamé gratuit certains sites de réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter, etcI 18 portables, à l’instar de ado.porno.com (63,81%), You porn (47,37%), etc. Toutes les filles interviewées sont accros aux réseaux sociaux tels Facebook (100%) qu’elles avouent consulter une fois connectées. Viennent ensuite Yahoo (98,68%) et Google (91,44%) qui servent de cheval pour céder d’une part à leurs boîtes électroniques (Yahoo mail : 95,39% ; Gmail : 73,68%) et d’autre part à la recherche des informations peoples. A noter aussi les sites de rencontres on line tels que Twoo (92,10%) et Meetic (63,81%) sont visités par les adolescentes. Visiter les sites pornographiques ne se fait pas seulement dans les Cybers café, les téléchargements se font également sur des téléphones portables via internet. Près de 137 adolescentes sur 152, soit 90%, avouent posséder des images ou des films à caractères pornographiques dans leurs téléphones. Détenir des images ou des films à caractère pornographiques est chose facile à Brazzaville de nos jours. Le prix de vente d’un DVD pornographique est de 500 FCFA bien qu’il soit marqué, et ceci quelques fois, d’un avertissement « interdit au moins de 18 ans ». La prise en compte de l’âge de l’acheteur ne préoccupe guère les vendeurs qui ne se contentent que de sa recette journalière. Nombreux sont des choix qu’offrent les vendeurs aux acheteurs allant de la gravure d’un DVD au transfert (téléchargement) sur un support USB ou carte mémoire. A un vendeur des films pornographiques, baptisé pour des raisons d’anonymat Mr X, de déclarer : « si ce n’est moi, c’est l’autre qui le fera, alors autant mieux que ça sois moi qui le fasse, car je veux être gagnant et non perdant »14 . Le relâchement de la cellule familial en matière de sexualité, et surtout sur le sexe, facilite ce genre de commerçants qui, souvent en quête des ventes, font fi de la mention interdisant ce genre d’images au moins de 18 ans et pourtant une législation existe en la matière 15 . Conclusion Cela fait plus de quinze (15) ans que les TIC sont entrées dans les mœurs et le quotidien des congolais. L’appropriation des TIC est une bonne chose pour l’ensemble de la société congolaise, mais l’usage personnel des TIC ne dépend que de son utilisateur. Si les TIC peuvent permettre aux jeunes, les adolescentes en particulier, d’accroître leur connaissance et favoriser une sexualité saine, elles peuvent également être à l’origine de dérives comportementales sur le plan sexuel. En effet certaines TIC, en raison de la mondialisation, "inondent" l’Afrique d’images indécentes. Les différentes images "pornographiques" qui font l’apologie de l’activité sexuelle pré-maritale incitent les jeunes à s’engager dans l’activité sexuelle. Sur ce, les TIC jouent une influencent négative sur les adolescentes congolaises. Souvent ces dernières sont à la recherche des informations sur leur sexualité, mais elles tombent la plus part des cas sur des sites à caractères pornographiques attisant ainsi leur sexualité et les entraînant vers une sexualité et/ou une maternité précoce. En grande partie les TIC sont négativement utilisées par les jeunes car, au lieu de servir de sources d’informations éducatives, les adolescentes congolaises en usent pour des cas personnels e affutant leur sexualité, souvent précoce, qui peut les conduire vers une maternité précoce avec ses corolaires des risques et conséquences. 14 Propos recueilli par l’auteur auprès d’un vendeur de CD ans la Rue Makotopoko à Moungali, 4 Arrondissement de Brazzaville. 15 Décret n°60-94 du 03 mars 1960, règlement la fréquentation des salles de cinéma et de spectacle par des enfants de moins de 16 ans, et interdiction formelle de projeter des films à caractères pornographiques au mineurs. 19 e Bibliographie - - - - - - - - - - 20 Assemblée Parlementaire de la Francophonie, 2013, La problématique des grossesses non-désirées et situation des filles mères en Afrique et dans le monde Projet de rapport, Document n° 16, Abidjan (Côte d’Ivoire) 9-12 juillet 2013. 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