4 6 - Asspropro

Transcription

4 6 - Asspropro
LES
NUITS
10–21.05.12
1995Fr • ABSYNTHE MINDED Be • AMADOU & MARIAMMali • AMATORSKIBe • ANAÏSFr • BALTHAZARBe
• BAXTER DURYGb • BLOOD RED SHOESGb • BOMBAY BICYCLE CLUB Gb • C2CFr • CAMILLEFr •
CHAPELIER FOUFr • CHARLOTTE GAINSBOURGFr • CHILLY GONZALESCa • CITIZENS!Gb • CLARE
LOUISE Be • CONNAN MOCKASINNz • DAN SANBe • DANIEL DARCFr • DJANGO DJANGO Gb • DEVINUs
• DOMINIQUE A Fr • DOPE D.O.D.Nl • DZ DEATHRAYSAu• ELECTRIC GUESTUs• ELVIS BLACK STARSBe
BOMBAY
10.05
LUB
BICYCLE C
© Jo Mc caughey
• ESMERINECa • EWERT AND THE TWO DRAGONSEe • FANFARLOGb • FRÀNÇOIS & THE ATLAS
MOUNTAINSFr • FRIENDSUs• GAËTAN STREELBe• GENERAL ELEKTRIKSUs • GHOSTPOETGb•
GOOSEBe• GREAT MOUNTAIN FIREBe• GRIMESCa• HIPPOCAMPE FOUFr • HOQUETSBe• HOUSSE
DE RACKETFr • IBRAHIM MAALOUFFr• INTERGALACTIC LOVERSBe • ISBELLSBe • KING KRULEGb•
KISS & DRIVEBe• LA FEMMEFr• LA GRANDE SOPHIE Fr• LAIL ARADGb• LAURA GIBSONUs • LE
MALIBU STACYBe• MARIEE SIOUXUs • MILAGRESUs• MINA TINDLEFr• MIREL WAGNERFi• MOUSE
ON MARSD• NADÉAHFr • OXMO PUCCINO TRIOFr • PERFUME GENIUSUs • PHILCO FICTIONNo •
PIERS FACCINIGb/Fr • PLANNINGTOROCKGb/De • PRINZHOM DANCE SCHOOLGb • REVOLVERFr
UE A
DOMINIQ
11.05
• ROSCOEBe • ROVER Fr • SARAH CARLIERBe • SIMON
DALMAISFr • SISKIYOUCa • SIX ORGANS OF ADMITTANCEUs
• SPAIN PLAYING THE BLUE MOODS OF SPAIN & MOREUs •
SPECTORGb • STAFF BENDA BILILIRdc • STEREO GRANDBe
• THE EXPERIMENTAL TROPIC BLUES BANDBe • THE
RAPTUREUs • THE TING TINGS Gb • U.S. GIRLSUs • V.O.Be •
VEENCE HANAOBe • WILLIS EARL BEALUs • WOODKIDFr/
FANFARLO
15.05
• YACHTUs
WOODKID
17.05
SPAIN
12.05
© Karim Saddle
Us
DURY
BAXTER
17.05
INFO/TICKETS :
02.218.37.32 – WWW
.BOTANIQUE.BE
SBOURG
TE GAIN
CHARLOT 20.05
© Franck Loriiou
YÉTIBe• LIANNE LA HAVASGb • LISA HANNIGANIe• MAGGIE BJÖRKLUNDDk• MAÏA VIDALUs•
dominique A
© Koen Bauters
Isbells
Les gars qui hier encore vendaient des ponchos dans les artères commerçantes ont
revêtu leur panoplie complète d’accoutrement d’indien achetée chez Picard&Fils
(fêtes et cotillons depuis 1910). Des sylphides asiatiques croquées en quelques
traits graciles jaillissent du magasin de BD Brüsel boulevard Anspach et glissent
sur une planche longskate avec peu d’assurance mais style (à moins que ce ne
soit l’inverse). Les Ti Amo commencent à retentir depuis les fenêtres voisines, la
petite du sixième s’est même remise à ses leçons de piano. Les cruches de Mojito
ressurgissent aussi vite sur les tables des terrasses que les clients se pressent
alentour dès l’entame de l’après-midi (déposeront-ils un congé RTT, prétexterontils une épidémie de gastro?) Comment vivent les gens? Dominique A, portant la
quarantaine légère, a le cheveu qui vole au vent en revenant de la boulangerie
Charli où il a acheté un pain de campagne. Poisson d’avril.
Les femmes découvrent leur corps, enfilent des top une taille trop petite, font
pendre à leur cou des colifichets brillants peinturlurés dans des teintes or et
argent. Le public mixte, urbain et mobile des annonçeurs trendy prend des poses
savamment dictées par les magazines de mode à travers moulte campagnes.
De grandes folles passent une heure de plus dans la salle de bain avant de se
rendre en grand apparat de mousseline pour une expédition sandwichs Au Suisse.
Après, elles iront siroter un Coca-Cola au Fontainas. Ereintées par cette journée,
elles rentreront se faire une manucure devant un soap aux dialogues improvisés
entre candidats déchus du trône de la télé-réalité faisant bronzette. Leurs palabres
dureront longtemps. C’est officiel, le printemps est là; avec lui le retour des beaux
jours, la promesse pétaradante de feux d’artifices, de pluies de comètes, d’étoiles
filantes. Vous prenez à droite après La Grande Ours et puis tirez votre plan!
Les familles qui briguent un héritage reprennent la route des visites chez le grandpère claudiquant tout en poussant précipitamment la clim’ de l’Audi. Mais pour qui
sonne le glas? - Ah non, ce sont les roulements d’une canette de Fanta Pomelo
dans la boîte à gant. Certaines jeunes femmes avancent tête couverte poussant
un landeau, le gsm coincé sous le tissu - kit mains libres garanti eco-friendly
dont l’étoffe semble plus légère. Les brigades d’intervention du RAID gardent
elles aussi le port de la cagoule. “Ce vieux désir super qu’on s’rait tous un peu
frères, le soleil donne...”, la limonade de Laurent Voulzy coule sur ondes fm. C’est
quelqu’un qui m’a dit que Sarkozy, parti en campagne, a déclaré «on ne peut pas
mentir» lors d’un meeting à Chassieu. Racusette!
Certaines brigades d’intervention Gare de l’Ouest sont déjà en bras de chemise;
même les rixes et les échauffourées aux abords des stations de métro ont un
je-ne-sais-quoi de printannier. Les pompiers ont moins de chance: suant sous
leurs épaisses carapaces de cuir, ils font chou blanc après un appel bidon.
Poisson d’avril. Les «enculés» et autre noms d’oiseaux rares qui fusent aux feux
de signalisation se pareraient presque d’un accent chantant évoquant le midi. Je
descends à Ma Campagne.
A la rédac’, battant la campagne, on a siroté le cocktail détonant de soul et de
rock’n’roll vintage des Américains d’Alabama Shakes, surkiffé la fresque hip-hop
de Geoff Barrow sous l’étendard Quakers (le cerveau bouillonnant de Portishead
s’est mis en tête de réunir 35 rappeurs (!) pour 41 morceaux qui défilent comme
une bobine). On a été tout ouïe pour Patrick Watson, crooner à effets sonores sur
le chuchotis des touches, piquant une tête en sa piscine miraculeuse. On a tapé la
discute avec Sam Genders, ex-Tunng et façonneur de gemmes chez Diagrams, chef
de troupe d’une radieuse bande cuivrée. On a pris sous notre aile les dix morceaux
poignants comme une blessure ouverte d’Emmett Tinley. Puis on a rencontré Gaëtan
Vandewoude. Sorti de nulle part à l’automne 2009 avec son vrai/faux groupe Isbells,
il a décroché la timbale avec un premier album délicat. A l’heure des retrouvailles,
on avait peur. Et si le charme n’opérait plus ? Avec ‘Stoalin’’, disque d’une finesse
impeccable cheminant aux confins du folk et des traumatismes de son chanteur,
on est rassurés : le printemps sera dépouillé et riche à la fois, à fleur de peau,
profondément humain. Bref, on a fait un RifRaf. Beam me up, Scotty!
179
Texte : Fabrice Delmeire
BOOÏFtBWSJM
Colofon
www.rifraf.be
Année 18 nr. 179
rifraf est une édition de
B.Z.&T. bvba
Adegemstraat 19
2800 mechelen
e.r. mieke deisz
pas en janvier et août
rifraf mai sort le 03 mai
rédaction
fabrice delmeire
tél 0486/31 74 63
[email protected]
insertions publicitaires
Mieke Deisz
Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257
[email protected]
deadline reservation: 18 mai
Agenda
tél 015/42.38.76
[email protected]
deadline:20 avril
collaborateurs
NICOLAS ALSTEEN, LE DARK CHIPS,
JEANBAPTISTE DE CLERFAYT,
PATRICK FOISSAC, DANIEL FRANCO,
LAURENT GRENIER, GERY LEFEBVRE,
ANNELISE REMACLE, ERIC THERER,
FABRICE VANOVERBERG, TOM VEA...
Dessins :
Issara Chitdara
Layout
peggy schillemans
[email protected]
Imprimerie:
Corelio printing, anderlecht
Abonnements
[email protected]
Belgique: 13 euro
France: 25 euro
(une année: 10 nrs)
compte: 320-0133796-06
communication:
RifRaf F + nom + adresse
“Réalisé avec l’aide de la
Communauté française de
Belgique - Direction
générale de la culture Service des Musiques”
Texte : Fabrice Vanoverberg
Texte: Daniel Franco I Photo: www.siliconcarne.be
Hagi Kenaan à l’écoute du visage
On débute ce mois par une bande originale de film – et laquelle, mes aïeux. Tourné par
un certain Eron Sheean à l’Institut Max Planck de Dresde, ‘Errors Of The Human Body’
(Editions Mego) se suffit TRES largement à lui-même pour ses qualités musicales. Jouée
par sept instrumentistes, dont le compositeur australien ANTHONY PANTERAS au piano
(éventuellement préparé), à l’orgue et à l’électronique, l’œuvre développe en vingt et une
transitions une narration mélodique qui fait fi des seuls emplâtres ambient post-Tangerine
Dream. Atteignant parfois le sublime dans sa quête tonale, Panteras et ses acolytes touchent
également au but lorsqu’ils s’épreignent de Morton Feldman – tout en ne négligeant pas
le Tuxedomoon lunaire de ‘A Ghost Opera’ (qu’ils emmènent du côté de György Ligeti).
L’évidence est là, et s’il ne faut guère s’attendre à de grandes envolées expressives, le sens
ultra-raffiné du détail impressionniste vu par l’homme de Down Under - dont c’est la première
collaboration avec son compatriote de réalisateur - vaut des louanges par cents et par mille.
Mais oui, à ce point. +++ Collaborateur de Keith Fullerton Whitman ou Greg Davis, complice
musical de Rhys Chattam, Kevin Drumm, C Spencer Yeh ou Werner Dafeldecker, bourlingueur
de musique concrète, BEN VIDA m’a laissé perplexe sur ‘esstends- esstends- esstends’ (PAN).
Ecrites pour un synthétiseur modulaire contrôlé par ordinateur et un processeur de signal
numérique, les cinq pièces virevoltent dans une abstraction noise spatialisée qui laisse de
marbre. Non que les bizarreries sans la moindre touche mélodique m’effraient, sinon je ne
mettrais pas le sieur Drumm dans mes favoris, mais les expérimentations de Vida tournent à
vide - au-delà de la première demi-surprise écoulée. Et quel que soit le contexte, au casque
dans un café ou sur mes enceintes at home, le résultat demeure identique, une indifférence
agacée. +++ O surprise, voilà le nouveau FRANCISCO LÓPEZ annoncé le mois dernier.
Basé sur les préparations au piano du Hollandais Reinier van Houdt, son ‘Untitled #275’
(Unsounds) traite le début du premier mouvement tel un Wolfgang Voigt, façon ‘Freiland
Klaviermusik’, qui aurait totalement débranché la boîte à beats martiaux. S’ensuit un long
passage en marge du silence, tel le cliquetis d’un diapason au milieu d’une salle de musée
vidée de toute substance, dont finissent par émerger une ou deux notes graves, en écho
d’un carillon bouddhiste dépouillé. Le second mouvement, bien que basé sur la pièce qui le
précède, diffère fondamentalement. Transformés en studio, les sons du piano sont explosés
en un jeu de recomposition inquiétant et industriel - on n’est guère éloigné des Einstürzende
Neubauten des tout débuts, qui seraient toutefois rejoints par l’excellent Gilles Aubry du côté
de Stralau 68, Berlin. Je surkiffe. +++ En ses premiers instants intrigant et mystérieux,
pour ne pas dire opaque et insondable, ‘Generators’, nouveau projet de KEITH FULLERTON
WHITMAN (Editions Mego), gagne très vite en intensité sonore dynamique. Conçue lors d’une
tournée nord-américaine, l’œuvre se présente sous deux aspects fondamentalement différents.
En side A, enregistrée lors d’un festival new-yorkais d’hommage(s) à l’incontournable Eliane
Radigue, le drone macabre des premières minutes cède rapidement le champ électronique
à un tournoiement analogique, quelque part à la rencontre du minimalisme répétitif de
Philip Glass et de la Kosmische du groupe Fabric (sur Spectrum Spools, filiale des, tiens
tiens, Editions Mego). Very nice indeed. De l’autre côté du disque, les secousses orageuses
affrontent une évasion en scierie numérique - là, j’avoue moins accrocher à l’abandon
méthodique de son abstraction. +++ Premier album d’un gars nommé OLIVER BARRETT
(du groupe Bleeding Heart Narrative), ‘Haeligewielle’ (Denovali) s’inscrit dans la - hélas - très
peuplée catégorie des déclinaisons ambient dont les structures s’étirent de longues minutes
avant de réellement démarrer (et cinq minutes à se demander ce qu’on a fait de sa life, c’est
vachement long ). Bref, ça veut jouer dans la même catégorie que Stars of the Lid sans en
avoir les moyens stellaires et ça me les brise menues. +++ Producteur aux innombrables
pseudonymes (NHK, NHKyx, Koyxen...), KOUHEI MATSUNAGA nous offre, le titre est
suffisamment explicite; une sélection très vivace de ses divagations dancefloor. Largement à
l’ouest de ses œuvres noise ou abstraites, notamment les morceaux basés sur Henry Chopin
qu’il avait écrites pour la WDR de Cologne, l’artiste japonais évite, c’est très heureux, le piège
de la monotonie kilométrique en 4/4 sur les onze pistes de ‘Dance Classics Vol. 1’ (PAN) dont plusieurs sont de simples transitions de moins d’une minute. A vrai dire, l’ensemble est
vachement fun, tout en oubliant de nous prendre pour des veaux parqués au Blue Disco Club
de Tamines. Variés et efficaces sans franchir le seuil de la putasserie (think Berlin meets Osaka),
les rythmes syncopés de NHK KOYXEN s’incrustent avec bonheur entre techno dub(step)
et video games experiences, voire électro-pop de traviole où ne manque qu’une ligne vocale
black soul genre Shara Nelson. La bête s’intitulant Volume 1, ne reste plus qu’à espérer un
second volet du même tonneau, celui-ci n’est pas des Danaïdes. +++ En manque de
Stars Of The Lid (bis)? Sous perfusion Tim Hecker? Vous rêvez la nuit de Machinefabriek? Ne
cherche plus, cher lecteur, j’ai la solution à tous tes tourments, elle prend les traits du trio british
THE BOATS et c’est sans nul doute le plus beau disque ambient néo-classique produit ces
derniers temps. On peut même le dire sans beaucoup d’hésitation, ‘Ballads Of The Research
Department’ (12K) sera dans la discographie finale de Andrew Hargreaves, Craig Tattersall et
Danny Norbury leur ‘White Album’, leur ‘Ralf & Florian’. Dans un genre tellement sclérosé par
tant de pratiques échappées dans des cieux dont ils ne retombent jamais, les trois complices
déploient sur quatre titres d’une immense beauté sonore un sens inné de la composition et du
développement harmonique - parfois, j’ai songé à un Radiohead entrepris par Peter Broderick
dans les (nombreux) instants atmosphériques de l’album - notamment ceux où Chris Stewart
entonne une sourde complainte vocale. Entre mille autres idées originales et convaincantes.
J’ai lu tout récemment le premier livre traduit en français du philosophe israélien Hagi Kenaan, intitulé
Visage(s) et sous-titré « une autre éthique du regard après Levinas ». Pour ceux qui ne le sauraient pas,
Emmanuel Levinas fut l’initiateur en France d’une philosophie morale qu’on peut qualifier à bon droit ce qui est somme toute assez rare - de singulière. Je dirais pour résumer très grossièrement qu’il est
parvenu à fonder une morale non en révoquant les apparences sensibles ou en les considérant de très
haut ou de très loin, mais au contraire en consacrant à l’une d’entre elles une attention dont elle n’avait
jusque là sans doute jamais bénéficié. Cette apparence, qui est comme le pavillon que chacun d’entre
nous hisse au sommet de son corps, est celle du visage. Apparence paradoxale d’être, selon le point
de vue qu’on prend sur elle, la plus ouverte ou la plus secrète, c’est-à-dire celle qui s’expose le plus
immédiatement au regard des autres tout en demeurant soustraite au nôtre, les yeux dont toute vision
dépend étant précisément enchâssés dans le visage et par voie de conséquence dans l’incapacité
de le prendre pour objet. De ce que le visage soit ainsi donné en pâture ou en peinture à tous, soi
excepté, Levinas tirera une conséquence radicale, trop radicale peut-être, mais dont il faut bien
convenir que certaines expériences dans la vie tendent à lui conférer une sorte de légalité pratique.
Par analogie avec le visage, propriété mienne par excellence qui n’a pourtant de réalité qu’à travers
ceux qui m’envisagent ou me dévisagent, au point qu’autrui apparaît ici comme celui qui, non content
d’en attester, façonne mon visage ou en un sens littéral et inusité de l’expression, me « fait face »,
Levinas dira que cela que nous avons tendance à nous arroger le plus spontanément du monde, à
savoir notre coefficient d’être assorti d’un droit inaliénable à le perpétuer, est en vérité conditionné
voire subordonné à l’être d’autrui, autrui désignant en l’espèce n’importe qui au monde, moi excepté.
L’être, tout comme le visage, n’aurait dès lors droit de cité qu’en autrui, non en moi, c’est dans cette
dissymétrie que réside selon
Levinas le fondement réel de
l’éthique, fondement qu’en
dépit de l’histoire des hommes
que Goethe comparait à un
fleuve grossissant charriant
de la boue et du sang,
certaines vies et certains
livres tendraient à vérifier.
Lecteur fin, Hagi Kenaan n’a
pas seulement assimilé les
nuances innombrables de la
prose lévinassienne, mais il
a su tirer profit, me semble-til, d’une concession ou d’une
confession que Levinas a
faite dans un entretien avec
la philosophe Catherine
Chalier, à savoir le caractère historiquement déterminé, voire nécessité, de sa doctrine philosophique.
Si arrimée aux principes que se veuille en effet la philosophie et si affranchis de toute chronologie
veuille-t-elle que soient pour ainsi dire ‘par principe’ lesdits principes, une pensée ne contient jamais
en soi-même, dans le pur système de ses énoncés ou ce que l’on pourrait appeler son « plus simple
appareil », les ressources nécessaires à sa pleine et entière intelligibilité. Loin d’ignorer cette propriété
adhésive du temps historique, de sa texture et de ses contextes, Levinas a toujours fait la distinction
entre sa philosophie proprement dite et l’arrière plan - qu’il qualifiait d’expériences pré-philosophiques sur lequel elle se détachait mais comme la forme se détache du fond, « détachement » par conséquent
très relatif et tributaire d’un attachement plus profond à une perspective ou à un cadre communs. Sur
le plan des lectures, Levinas mentionnait invariablement la Bible et - trace de son enfance passée en
Lituanie - les grands romanciers russes. Sur le plan plus général et sans doute plus perturbant de
l’Histoire, Levinas retenait surtout le nazisme, non tant du reste comme une séquence distinctement
bornée par un début et une fin que comme une flaque noire qui sur le buvard du temps se propagerait
simultanément de l’avant et de l’arrière, au point que la vie du philosophe se serait pour ainsi dire
déroulée, selon ses propres termes, « entre l’hitlérisme incessamment pressenti et l’hitlérisme se
refusant à tout oubli », hitlérisme, soit dit en passant, qui s’était employé par un usage méthodique
de la sous-alimentation et des maladies à creuser si profondément les visages des déportés que ces
derniers n’apparaissent plus que comme des trousses mitées d’où les yeux, billes d’un noir intact,
étaient sur le point de rouler par terre. Hagi Kenaan, qui est d’une autre génération, une génération
plus proche de la mienne et sans doute de la vôtre, a au contraire été marqué par l’appropriation
médiatique des visages humains ainsi que leur circulation outrancière ordonnée aux impératifs de
l’industrie du loisir et de la diffusion publicitaire. Les dizaines sinon parfois les centaines de visages qui
quotidiennement submergent nos téléviseurs et nos écrans d’ordinateurs ont, sinon périmé, du moins
considérablement obscurci l’équivalence fréquemment réaffirmée par Levinas entre l’apparition du
visage et l’entrevision du divin. Toujours est-il qu’au lieu d’abandonner Levinas à une époque révolue et
à un langage dont certains pans ont cessé d’être immédiatement déchiffrables, ou une fois déchiffrés,
se révèlent dramatiquement inadéquats, Hagi Kenaan s’est employé à restituer ou à conserver à
Levinas une actualité au prix d’un bouleversement d’autant moins arbitraire que l’œuvre tardive du
maître, marquée par la distinction entre le Dire et le Dit, à bien des égards en avait déjà jeté les bases.
En deux mots : à la singularité du visage, Hagi Kenaan substitue l’unicité de la voix. De même que
le visage, en sus de sa physionomie propre, ouvre à une dimension éthique hétérogène à l’ordre
du visible, les paroles, observe Kenaan, sont chaque fois aussi des occurrences de la voix qui les
prononce, c’est-à-dire qu’à côté des significations que charrient nos actes de paroles, et qui à ce titre
peuvent être abstraites ou considérées indépendamment de celui qui actuellement les assume, la voix
ou ce que j’appellerais volontiers ici le « timbre » de la voix - tout comme les timbres postaux portent
la marque de la contrée d’où nous parviennent lettres et colis - ne laisse pas de rattacher les contenus
langagiers à celui ou à celle qui les profère à notre intention. Cette signature immatérielle, a-signifiante
et cependant inaliénable que nous appliquons sur les produits finis de notre bouche chaque fois que
nous l’ouvrons, m’a semblé de nature à justifier l’introduction des noms d’Emmanuel Levinas et de son
inventif disciple Hagi Kenaan dans les colonnes d’un magazine où il est beaucoup question de ce que
nous font, chaque fois qu’elles se produisent, les voix inouïes de notre présent.
Texte : Le Dark Chips
Texte : Eric Therer
Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment
l’ancienne civilisation avait decidé de soigner l’infâme, le Dark Chips.
Sans relache, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa
cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme
un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le
sauveur. Le Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son
corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait
déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin
irritant, menteur et roux » Aphex Twin.
Un rêve. New-York, près de Ground Zero. Errer dans Manhattan. Une ruelle, une porte dérobée.
Un club bondé de blacks. Ils sont beaux, dansent comme des dieux, inspirés par une house des
plus pénétrantes. Terrifié par l’osmose des corps et du son de ‘Hatched Vol1’, je ne bougeais plus.
C’était juste beau. Sorti du sommeil, encore fébrile, je vérifiais que mon rêve ne m’avait menti
qu’en un seul point. Le label (DIRTYBIRD) est basé à San Francisco. +++ « C’est dans les vieux
pots qu’on fait les meilleures confitures! » dirait Mamie Nova. N’empêche que la géronto revoit
ses recettes savamment à chaque rentrée des classes. ORBITAL devrait s’en inspirer tant leur
‘Wonky’ ne ressemble à rien si ce n’est à la soupe qu’ils nous servent depuis des lustres. Mais
ils en déverseront des marmites et leur resto affiche complet tous les soirs! +++ Sinon, MOUSE
ON MARS au Bota c’est pas complet! Vous branlez quoi ??? +++ DR LEKTROLUV se fend
d’un ‘Live In Brazil’. Une carte postale aurait suffit. +++STEFNY WINTER et PHILIP BADER,
mari et femme devant le Dark et ses disciples. Aucune bague au doigt mais des profils similaires.
Deux djs-producteurs ‘minimaux’ et deux optiques distinctes. Pour elle, ‘Wind Walker’, portfolio
souvenir, parfaitement nombriliste et soutenu (paradoxalement) par une portée. Pour lui, aller de
l’avant, s’ouvrir, s’inspirer de courants, de cartes postales et livrer ‘Wishful Thinking’. Logiquement,
quand elle tire une ligne droite sans prendre de risque, on est sur une autoroute plaisante sans
être ravissante. Lui évitera les péages et préférera les nationales sinueuses. C’est moins lassant,
ça garde éveillé, mais les villes fleuries traversées manquent cruellement de cohérence. Y a deux
écoles. +++ Puristes et collectionneurs, ‘Rapper’s Best Friend 2’ est pour vous. THE ALCHEMIST
exhibe le deuxième volet de son beat-book. Du Hip-Hop Gangsta à nu, pris à la source. Intéressant
mais à part pour se palucher entre fétichistes, quel réel intérêt sans le flow d’un Nas ou d’un Mobb
Depp? Un nouveau SINGSTAR, micro en platine et Hummer non fournis, peut-être. L’ami LICAON
me glissait à l’écoute de ‘The Noise In The Sky’: « Ben tu vois ce truc, je serais incapable de te dire
si c’est terrible ou si c’est à chier ». Là où le duo Ratatat m’aurait armé d’arguments bétons, KRAZY
BALDHEAD, figure intelligisita du label (Edbanger), me laissa sans voix. Ou comment PEDRO
DE LA WINTA se fait occire par une pale d’éolienne. +++ PHOTEK a prévenu sa femme, il
rentrera plus tard ce vendredi. (!K7) organise un pot pour son depart. Avant de devenir department
manager ou conseillère en décoration vintage, Rupert Parkes visite les genres, les ambiances et
les tempi sur un ‘Dj-Kicks’ plutôt hypnotisant. Salut l’artiste. +++ Messieurs de MOTOR. Singer
‘Personal Jesus’ est une chose, devenir Depeche Mode en est une autre. Le soutien généreux de
MARTIN L. GORE n’y changera rien. Que GARY NUMAN aille se perdre dans ce projet infect, cela
peut se comprendre mais si le blondinet cherche tous les moyens imaginables pour repousser
les retrouvailles avec Dave Gahan, on peut toujours lui présenter Soldout! +++ « Londres, ici
Oakland. M’entendez vous? » Un peu qu’ils vous entendent mes gaillards car entre les labels
(Robot Elephant) et (Tundra Dubs), ça glisse. Deux enseignes, que seul l’amour du Do It Yourself
réunit, font compil’ commune avec une cohérence totalement chaotique. Tout y est dégueulasse
et pourtant ça marche, avec une préférence personnelle pour le pachyderme. HUSBAND ouvre
les hostilités alors que I†† donne le coup de grâce, et rien que pour ces extrêmes, le détour est
indispensable! +++ Ne surtout pas confondre Nick Talbot de Gravenhurst avec JOHN TALABOT,
Dj catalan, responsable de ‘fin’, une plaque house soporifique. A Barcelone, on crie au génie!
Tu m’étonnes… +++ Quand Stockholm essaie de se défaire de la Mafia House, c’est CARI
LEKEBUSCH qui joue les incorruptibles et s’impose, tel un Dogma musical, des limites techniques
à la composition de sa techno à sang froid. Rangez les gogo’s, ‘You Are A Hybrid Too’ ne se jouera
que dans les clubs obscurs où le public ne se regarde que très peu dans les yeux. *** Sorti d’un
bosquet danois, KASPER BJØRKE est un renard qui sait s’entourer. ‘Fool’ sert sur sa première face
le magistral JACOB BELLENS et s’approche dangereusement des plates-bandes occupées par
The Whitest Boy Alive. La voix des folkeux de MURDER transcendent pourtant le propos et déjoue
toute tentative de résistance. Une seconde face rappelle que les scandinaves savent se jouer
de l’électro. Un demi disque en somme. +++ Connu sous le nom de HEADHUNTER, Antony
Williams peut se targuer d’avoir rivalisé avec Skream sur la scène Dubstep. Mais rangé des beats
adolescents avant l’heure, c’est sous les lettres de ADDISON GROOVE qu’il a pris du gallon, le titre
‘Footcrab’ comme étendard. ‘Transistor Rhythm’ pue la 808 à plein nez et s’offre le luxe de paraitre
sur (50 Weapons). Une pochette aux allures nauséabondes de French Touch, mais des sillons
chargés au triphasé, toutes syncopes dehors. Tachycardiaques s’abstenir. A bas les faibles! ***
Comme son nom l’indique, la nouvelle compil de (KITSUNEÉ), ‘Parisien II’ , c’est beaucoup de bruit
pour rien et de la resucée à tous les étages. Envie toutefois de sauver la fraîcheur de SLOWDANCE
et ‘Airports’. Avec la balade forestière de MATHIEU LESCOP, « Le retour des JEUNES GENS
MODERNES » s’exclament les radios ‘tendance’. 5 ans pour s’en rendre compte? Trop occupées
à découvrir la Dupstep certainement… +++ Les profs de gym pourront enfin jeter leur disque
de DAVE STEWART & CANDY DULFER, leurs spectacle de pyramides humaines se fera à présent
au son de UNDO et ‘Motas de Polvo’. Vivement la fancy-fair! +++ ‘Notes’ de DARKROOM? Déjà
réservé par la classe de 7ème couture. Leur défilé de fin d’année s’annonce résolument moderne.
+++ ‘Ghost Story’ de BLUE FIELDS : un peu Jazzy, un peu Ambient, un peu Lounge un peu TripHop et surtout très chiant. Au suivant, vraiment?
Rubrique destinée à évoquer un lieu,
une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne
se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais
plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut
nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais
répondra à des envies ou des coups de sonde.
LE VENUSBERG
C’est une grande demeure patricienne, sise à la limite entre Verviers hauteurs
et Heusy, au milieu d’un voisinage qui nous rappelle que la région fut un jour
prospère grâce au commerce de la laine. Une vénérable maison aux hauts
plafonds qui a traversé les âges sans sacrifier aux modes. Les stucs et les
radiateurs sont d’époque. Volontairement, les interrupteurs n’ont jamais été
permutés. Une ancienne cabine de téléphone anglaise orne le jardin. Au contact
du passage de la voiture, le gravier de l’allée entourant la propriété crisse sous
les pneus. Ce soir, nous y sommes conviés à un dîner-concert. Une tenue de
circonstance a été souhaitée : du rouge, de l’orange, du rose et du noir. Le
propriétaire des lieux est ancien bâtonnier. Il accueille ses hôtes choisis avec des
champagnes rares et un sourire rassurant.
Pour l’occasion, la salle à manger a été transformée en scène de spectacle mais
on ne le remarque pas tout de suite. Un simple paravent sur lequel pendent des
combinaisons en satin délimite l’espace entre le salon et la grande table sur
laquelle a été dressé un service de porcelaine antique. A peine les invités sontils attablés que l’atmosphère s’attise. Un commis de salle fait son entrée. Après
avoir posé sur la table un cruchon d’eau dans lequel flottent des morceaux de
concombre, il se lance dans une présentation oratoire sur le Venusberg. L’endroit
est mythique et chimérique. Il tient à la fois au plaisir raffiné et à l’enchantement
primitif. Il est question d’une Allemagne ancienne, une Allemagne romantique,
wagnérienne.
Une femme a fait son entrée. Elle se saisit d’une guitare acoustique. Elle se saisit
de sa voix. Elle est majestueuse. Pour peu, on croirait voir Joanna Newsom. Elle
s’appelle Geneviève Voisin, elle est née en bord de Vesdre. Tandis que les mets
se succèdent : gaspacho de poivron braisé au curcuma, mousse de betterave
au cumin sur un crémeux de chèvre, curry rouge de crevettes au potiron rôti,
saumon façon teriyaki… elle ponctue le repas de chansons, passant de la guitare
au piano et à l’accordéon. Le serveur s’est transformé en crooner alors qu’une
agréable violoniste irlandaise a rejoint la scène. On est proche de Kurt Weill, on
songe à Purcell, on se surprend à établir des comparaisons hasardeuses avec
Leonard Cohen et Olivia Newton John. Ce n’est pas un simple dîner-concert
comme on l’avait d’abord supposé, c’est une sorte de spectacle total où les
aliments interfèrent avec les sons dans une ambiance sensuelle. On passe du
froid au chaud, du mélancolique au burlesque.
Ce soir, le Venusberg joue la partie à trois. Demain, ils seront quatre ou cinq.
Il y a une aisance évidente qui accompagne le jeu de cette petite troupe aux
contours variables. Il y a aussi une joie évidente dans la façon dont ses membres
se donnent à voir et à entendre. Avec peu de moyens, le Venusberg parvient à
meubler une salle à manger mais il pourrait tout aussi bien occuper un théâtre ou
conquérir une arène. Somme toute, même s’il se décline en couleurs, assorties
à celles des tenues des convives, le repas apparaît comme un prétexte à la
musique. De lui, d’elle, nous ne serons repus ce soir et c’est le ventre léger que
nous reprendrons le chemin de la maison.
Un lien : www.venusberg.nu/fr
ON STAGE
Un concert le 13 avril au Théâtre en Ile à Liège
06
T E X T E : L A U R E N T G R E N I E R © KO E N B A U T E R S
Sortis de nulle part à l’automne 2009, Gaëtan Vandewoude et son vrai/faux groupe Isbells ont décroché
la timbale avec un premier album d’une délicatesse et d’une authenticité rares. A l’heure des retrouvailles,
on avait peur. Et si le charme n’opérait plus ? Et si le type avait vendu son âme ? Avec ‘Stoalin’’, il ne faut pas longtemps pour être rassuré.
Ce disque d’une finesse impeccable chemine aux confins du folk et explore les traumatismes de son chanteur. Dépouillé et riche à la fois. Profondément humain. À fleur de peau. Humble, tout simplement.
Il y a deux ans et demi, tu nous accordais ta première interview pour défendre ce nouveau projet Isbells.
Un succès incroyable et des chiffres de vente énormes pour la Belgique (vers les 13.000 exemplaires).
J’imagine que tu ne soulèves plus des caisses de pommes pour vivre.
Gaëtan Vandewoude : « Non. Tous les boulots que j’ai faits avant, je les prenais uniquement pour pouvoir
bouffer et pratiquer ma passion en parallèle. C’est fantastique de pouvoir vivre un rêve. Même si d’un autre
côté, ça n’a pas été évident parce que je n’étais pas préparé à ça. Je n’avais presque jamais donné de concerts
devant de vrais publics. Il y a eu tellement de réactions de toutes parts, de toutes sortes. Ça a été un peu difficile
physiquement et émotionnellement. Au niveau familial, ça n’a pas toujours été simple non plus. J’étais souvent
absent, et quand j’étais à la maison, j’avais parfois du mal à me déconnecter du monde de la musique. Après
deux ans, on s’est dit qu’il fallait qu’on parte, d’abord pour se retrouver entre nous, et puis aussi pour moi, pour
ma santé mentale. Pour respirer, réfléchir. Donc, après le dernier concert de la première tournée, on est parti
deux mois dans le sud de l’Espagne. J’en avais vraiment besoin.»
La théorie de l’évolution
Tu n’as pas surfé sur la hype et sorti une redite du premier album dans la foulée de celui-ci.
On sent dans ‘Stoalin’’ une réelle évolution, une envie de défricher ailleurs.
Gaëtan Vandewoude : « Pendant les deux années qui ont suivi ‘Isbells’ (2009, ndr), beaucoup de personnes
m’ont demandé si j’avais déjà des trucs de prêts et quand j’allais sortir le deuxième album. Je n’étais pas dans
cet état d’esprit. Je me posais même parfois la question de savoir ce que je voulais faire vraiment. La seule
chose dont j’étais certain, c’est que je voulais évoluer en tant qu’artiste et personne. C’est seulement en Espagne
que j’ai su que j’allais sortir un deuxième album et que j’ai commencé à entrevoir des pistes à suivre. Là-bas,
j’ai vraiment eu le temps de penser à ce que j’étais devenu, à la musique, à la famille. J’ai eu le courage de
reconnaître certains aspects de moi-même. Je crois donc que l’album est surtout le reflet de ma personnalité à
un moment donné et qu’elle n’est pas la même aujourd’hui qu’il y a trois ans.»
T’as commencé à écrire là-bas ?
Gaëtan Vandewoude : « Je ne suis pas parti là-bas pour ça mais je ne pars pas deux mois sans ma guitare.
Donc, j’avais pris mon ordinateur et de quoi enregistrer. J’ai laissé les choses se passer et au final, je pense que
les trois-quarts de l’album sont nés là-bas. ‘Stoalin’’, le premier morceau du disque est aussi le premier que j’ai
écrit. Sa thématique - qui est un peu toute celle de l’album d’ailleurs, c’est le questionnement personnel.»
Si cet album repose tant sur l’introspection, je suppose qu’Isbells est toujours, comme tu nous le disais
en 2009, essentiellement toi.
Gaëtan Vandewoude : « La musique c’est mon enfant. Personne ne peut me dire comment elle doit sonner
mais je suis bien sûr ouvert aux suggestions des autres. J’ai la chance de pouvoir jouer de plusieurs instruments,
je ne suis pas dépendant d’autres musiciens. D’un autre côté, Isbells en live, c’est un vrai groupe, c’est une
famille. Tout le monde a les mêmes objectifs et beaucoup de respect l’un pour l’autre. Je suis certain que sans
eux, sans leur soutien et leur amour, je n’aurais pas pu terminer ce deuxième album.»
Ces autres membres, on les retrouve sur le disque ?
Gaëtan Vandewoude : « Ils font des chœurs sur plusieurs morceaux. Sur ‘Falling In And Out’, il y un banjo. J’en
joue un peu mais pas assez bien. Sur ‘Illusion’, il y a une guitare électrique qui n’est pas de moi. Sur ‘One Day’, un
ukulélé. On fonctionne à l’envie. Si les gars ont envie de passer, on essaye quelques trucs et on puis on fait le tri.»
Il y a beaucoup de déchets ?
Gaëtan Vandewoude : « Au départ, j’avais une quarantaine de démos, parfois simplement des idées de trente
secondes, toujours de la musique, jamais de texte. Au final, je travaille sur une douzaine de morceaux dont les
atmosphères générales me semblent former un truc cohérent. Il arrive aussi que je retombe sur des choses dont
j’avais oublié l’existence : ‘Letting Go’ est une chanson que j’avais écrite et enregistrée peu de temps après le
premier album. En retombant dessus, j’ai vraiment été ému par la pureté et l’intensité de l’enregistrement. Les
autres me poussaient à en faire quelque chose. Je n’avais plus que le morceau fini, les tracks avaient été effacés.
Du coup, je pouvais à peine la retoucher au mixage. C’est seulement la dernière semaine avant le mastering
qu’elle a trouvé sa place définitive.»
Tu aurais pu la réenregistrer pour qu’elle ait la sonorité que tu souhaitais.
Gaëtan Vandewoude : « Oui, mais ça aurait été un morceau différent. Peut-être moins
émouvant. Parfois, il faut vraiment garder le premier jet. Si tu prends ‘Stoalin’’, il a été
enregistré en Espagne et j’ai juste posé un texte dessus, en rentrant ici. D’ailleurs,
à la fin de la chanson, tu peux entendre au loin les chiens d’un berger qui aboient.
Au départ, ça ne devait aussi être qu’une démo. Puis, elle a été utilisée dans un court
métrage telle quelle. En voyant le film, ça m’a paru évident que ce morceau ne devait
pas être réenregistré.»
Tu utilises des effets pour faire sonner ‘Stoalin’’ de cette manière ?
Gaëtan Vandewoude : « Oui, j’utilise ce dont j’ai besoin. Là, c’était surtout des
Ebow (archet électronique, ndr).»
Tu as de nouveau enregistré dans ta grange?
Gaëtan Vandewoude : « Exactement. C’est ce que je voulais faire au départ.
Sauf que c’était l’hiver et que c’était très difficile de chauffer correctement. J’avais
un petit chauffage électrique que j’étais obligé de couper dès que je commençais
à enregistrer. Ma guitare supportait mal le froid, mes doigts et mes orteils gelaient.
Donc, après quinze jours, je me suis installé dans mon living mais je ne pouvais
enregistrer qu’en journée quand les enfants n’étaient pas là, ou après onze heures
quand ils dormaient. Malgré tout, je faisais encore trop de bruit la nuit et c’était
devenu difficile de travailler plus de trois heures par jour, donc j’ai déménagé tout
mon matériel dans le salon de ma mère.»
Est-ce que depuis le premier album, tu as découvert des disques qui auraient
pu influencer l’évolution du tien ?
Gaëtan Vandewoude : « J’ai appris beaucoup de nouveaux groupes. On a tourné
avec plein de personnes que je ne connaissais pas. Beach House, par exemple :
‘Teen Dream’ est fantastique; ou The Low Anthem avec qui on a partagé l’affiche à
l’AB pour les dix ans de Duyster, l’émission de Studio Brussel. J’adore leur chanson
‘Charlie Darwin’. Ils passaient après nous et leur concert m’a retourné. C’était
magique. Je n’avais jamais vu un groupe jouer sur scène avec une telle présence
et une telle intensité. On sentait qu’ils vivaient vraiment le moment comme quelque
chose d’unique. J’ai aussi écouté Alexi Murdoch. Ces musiques m’ont certainement
influencé mais pas de manière consciente. Probablement comme la plupart des
trucs que j’ai écouté depuis mes quatorze ans.»
Parmi ces signes d’évolution, il y a le crescendo final et cuivré du dernier morceau.
Gaëtan Vandewoude : « J’ai eu cette idée juste avec ma guitare. Le titre n’était pas
encore abouti, je n’avais aucune parole mais j’avais la cadence du morceau et je
sentais une tension que j’ai soudain eu envie de faire exploser. Après, j’ai pris une
batterie, des trompettes.»
Autre changement, sur ‘Elation’ il y a des chœurs d’enfants…
Gaëtan Vandewoude : « Oui, c’est ma fille. Cette chanson est particulière parce
qu’elle parle de joie. Il y a un an, je n’aurais jamais pu chanter un tel morceau et je
me suis vraiment demandé s’il avait vraiment sa place sur ce disque dominé par la
mélancolie. Oser le mettre sur le disque a été véritablement libératoire.»
Cette mélancolie, précisément... Es-tu quelqu’un de nostalgique ?
Gaëtan Vandewoude : « Non, pas vraiment. Je ne me souviens pas énormément
de mon enfance. Mes premiers vrais souvenirs, c’est l’école secondaire. Après,
comme tout le monde, j’ai vécu des choses dont je me rends compte aujourd’hui
qu’elles m’ont peut-être plus marqué que je ne le croyais. Le divorce de mes
parents, par exemple. Ça a été une des premières choses auxquelles j’ai réfléchi
avant de commencer le disque. L’enfant qui court au dos de la pochette me
symbolise. Pour cet album, j’ai essayé d’aller rechercher dans l’enfance les
traumatismes mais aussi les joies. Et surtout la manière dont l’enfant peut vivre cette
joie, pleinement, sans avoir conscience du monde qui l’entoure.»
Sur ‘Falling In And Out’, il y a ce vers : « And return to Shangri-la ». Ça renvoie
à quoi?
Gaetan Vandewoude : « Juste au paradis. Etre là avec quelqu’un que tu aimes.
C’est une manière étrange de dire à ma femme que je l’aime beaucoup. Tu le sais,
dans une relation, tu as toujours des hauts et des bas. Lorsque tu as eu un passage
vraiment difficile, proche de la rupture, si tu en sors, il y a un moment vraiment très
intense. C’est de ça que je veux parler. Je me souviens avoir joué ce morceau à ma
femme et elle n’aimait vraiment pas le texte. Elle me demandait pourquoi tu chantes
« i’m looking for to break your heart ». Moi, je trouvais ça très romantique. Je crois
qu’elle a compris maintenant mais elle n’aime toujours pas le texte.»
J’imagine qu’un succès comme Isbells, ça change la vie d’un label artisanal
comme Zeal.
Gaëtan Vandewoude : « C’est une structure très familiale, très chouette. La plupart
des groupes qui y rentrent le font parce qu’ils connaissent un membre d’un groupe
qui y est déjà. Je pense qu’Isbells a sans doute permis à Geert (Mets, patron du label)
de signer plus de groupes. Par passion, pas par mercantilisme. Même si un label plus
gros, comme Pias par exemple, me contactait, me proposait plus d’argent, davantage
encore d’exposition, je suis certain de ma réponse : je n’ai pas besoin de ça.»
Un disque : ‘Stoalin’’ (Zeal Records)
ON STAGE
3 avril, De Centrale, Ghent
7 avril, MOD, Hasselt
9 avril, Cactus, Brugge
20 avril, 4ad, Diksmuide
30 avril, Rataplan, Anvers
5 mai, Putrock, Beringen
15 mai, Nuits Botanique,
Bruxelles
TEXTE : LAURENT GRENIER
07
Dès ses débuts en 1992, Dominique A chantait les habitudes qui se perdent. S’il en est pourtant une qu’il n’est
pas près d’abandonner, c’est celle de sortir à intervalles réguliers d’excellents albums, la plupart du temps en rupture totale avec
le précédent. Ainsi, après l’autarcique, branlant et terrifiant de beauté ‘La Musique / La Matière’, il revient aux affaires avec un ouvrage bourré
de vents dont l’envergure déstabilise à la première écoute avant de plonger dans la lumière, dans la félicité, aux (nombreuses) suivantes. ‘Vers
Les Lueurs’ est donc l’occasion rêvée de revenir sur ce parcours sans faille, sur les lieux qui l’ont façonné et sur sa suite, littéraire peut-être.
Les deux premiers vers de ce neuvième disque sont : « Oublie la ville / Oublie la vitesse ».
Dans le morceau suivant, on peut entendre : « Le monde était si beau / Et nous l’avons
gâché ». La pochette est très bucolique. Et puis, il y a tous ces instruments à vent.
Dominique A a-t-il viré écolo ? Est-ce qu’il y a une prise de conscience ?
Dominique A : « Prise de conscience, non, il ne faut pas exagérer. L’envie de chanter la
nature, d’être dans un cadre moins urbain, oui. Je me laisse guider par ce qui vient. Au bout
d’un moment, il y a soit des thèmes, soit des envies qui se dessinent et là, il s’est avéré
qu’effectivement plein de chansons faisaient référence à la lumière, à la nature. Ouvrir un disque
avec « Oublie la ville » n’est pas anodin, mais c’est aussi une adresse à moi-même : allez, ne parle
pas de la rue, de l’appartement. Jusqu’à présent, quand je faisais ça, je partais à l’autre bout
du monde, au Groenland. C’était une façon de fuir vraiment et d’aller vers les grands espaces
désertiques. Là, le principe c’est de resserrer le cadre, de dire que la nature n’est pas à dix mille
Mehr Licht !
kilomètres. Qu’elle est à l’orée de la ville, aussi. C’est également retrouver des sensations, des
couleurs d’enfance qui me sont chères et qui, pour moi, ont été primordiales, déterminantes, par
rapport à mon évolution musicale. Il y a beaucoup de choses chez moi qui sont de l’ordre de la
sensation visuelle. L’idée était d’injecter ça dans la musique. Et c’est vrai que les vents y aident
foutrement. En même temps, j’étais en train d’écrire un petit bouquin autobiographique et ça se
recoupait dans la mesure où il y avait aussi ce questionnement par rapport à un cadre qui n’est
pas strictement urbain et où j’envisageais la nature sous un aspect soit inquiétant, soit rassurant.»
A l’époque de ‘La Musique’ (2009), tu avais un peu maladroitement qualifié cet album de
« ‘Fossette’ version Red Bull ». Cet album renvoi-t-il plus à ‘L’Horizon’ (2006) ou à ‘Tout Sera
Comme Avant’ (2004) ?
Dominique A : « Qu’est ce je pourrais dire, un ‘Tout Sera Comme Avant’ version Biomarché (rires).
Pour moi, il n’est pas si éloigné de ‘L’Horizon’, avec le côté monochrome en moins. Ici, on a une
plus grande variété d’ambiances. Après, sans oser vraiment me l’avouer et surtout pour ne pas
effrayer les gens autour de moi, il y avait un petit désir de revenir sur des ambiances à la ‘Tout Sera
Comme Avant’ mais sans le côté dépossession de l’époque, où je jouais juste un peu de guitare
quand on me laissait faire. Ici, c’était davantage une question de dialogue avec David Euverte,
entre ses propositions d’arrangeur vis-à-vis de musiciens issus du classique et ce que moi j’avais
envie d’entendre. Je ne voulais pas perdre le contrôle, parce que même si ça n’était pas un
orchestre de 43 bulgares - il y avait 5 vents, on aurait pu risquer de rentrer dans un truc à nouveau
trop maximaliste et qui aurait souffert de son ambition. Même sur le plan de l’écriture, je visais
moins haut. Dès que j’avais une bonne chanson, je la soumettais à David, je lui demandais si ça
l’inspirait et il me répondait oui ou non. Je voulais vraiment que ça soit du collectif.»
A quand remonte l’idée de ce projet ?
Dominique A : « Le premier morceau, qui n’est pas le plus représentatif, ‘Parfois J’Entends Des
Cris’, date d’octobre 2010. Mais le gros de l’écriture, c’est printemps, été 2011. En tout, j’avais une
vingtaine de chansons. Il n’y pas eu de gros tri.»
Ça fera des inédits pour tes rééditions futures…
Dominique A : « Non, il n’y a aura pas d’inédit car il n’y a pas eu de maquette. Les morceaux que
je proposais à David étaient des guitare-voix. Je ne voulais surtout pas l’influencer et amener mon
grain de sel. D’ailleurs, et ça a amené quelques crispations parce qu’il y avait du pognon en jeu,
la maison de disques française n’a rien entendu avant longtemps. Je refusais de leur faire écouter
quoi que ce soit puisque ça n’existait pas. Ça a existé à partir du moment où on a commencé
à répéter avec les vents, vers la mi-décembre. Jusque-là, je savais à quoi ressembleraient les
arrangements de David mais j’ignorais totalement comment ça allait sonner.»
En même temps, dès la mi-janvier, tu présentais tous ces morceaux sur scène.
Dominique A : « Au départ, ça devait être capté live. On devait répéter en décembre et enregistrer
lors de concerts en Bretagne et à Paris. Le fait d’enregistrer en studio a été une dénaturation du
projet initial. Mais une dénaturation pour la bonne cause. Tout le monde sauf moi s’était mis à
flipper. Il pouvait y avoir des problèmes d’accordage entre les instruments pour l’enregistrement
live, des problèmes de prise de son entre les instruments acoustiques et électriques. Du coup,
in extremis, on a calé une semaine en studio, pour enregistrer en conditions live. L’idée, c’était
vraiment que le travail des dix musiciens soit le disque. Ce qui fait qu’en terme de production, ça
n’est pas du tout un album trituré.»
Donc, j’imagine que le mixage de Dominique Brusson a eu moins d’impact que sur ‘La Musique’…
Dominique A : « Il a fait du super boulot mais effectivement, alors que sur ‘La Musique’, on avait fait
péter le budget effets, ici il a quasiment joué sans. Juste un peu sur la voix et une chambre d’écho à
l’ancienne pour tout ce qui est réverb’ sur les instruments. C’était trouver l’équilibre entre les musiciens
qui importait, entre la délicatesse des vents et la puissance de feu, parfois, de Thomas Poli.»
Essentiel sur le dernier Miossec. T’as rien dit que Christophe t’ait piqué ton groupe ?
Dominique A : « Je ne suis pas comme Adamo, je ne leur donne pas une rente annuelle avec un
contrat d’exclusivité. J’ai tiré un peu la gueule parce qu’au départ, ils ont fait ça un peu en douce.
Je crois qu’ils n’osaient pas m’en parler, tout simplement. Ça me faisait chier dans le sens où le
groupe, tel quel, il était au début constitué par rapport à moi. Après, Christophe m’a appelé et on
a dégonflé l’affaire. J’ai laissé les gars choisir. Je voulais simplement éviter le cas de figure où on
se retrouve à tourner en même temps avec le même groupe. Là, c’est au-delà de la caricature,
c’est de l’art contemporain.»
Ces jeunes loups nous rappellent que tu fêtes tes 20 ans de carrière. Qu’est-ce qui continue
à te faire avancer ?
Dominique A : « Un grand sentiment d’inutilité lorsque je n’écris pas. Et puis, surtout, dès que j’ai
l’illusion que je tiens un truc qui va casser la baraque ou que je ramène un machin que personne
n’a jamais entendu, je fonce. Le moteur ici, c’était d’utiliser une méthode que je n’avais jamais
expérimentée. Et aussi, d’être entouré de gens qui me poussent au cul. Seul, je pense que je
n’aurais pas la même énergie. Je n’ai pas l’impression d’être arrivé à quoi que ce soit. J’ai fait des
bonnes choses mais j’espère aller plus loin.»
Parmi ces bonnes choses, il y a ces morceaux à la puissance narrative très forte comme
‘Bowling’, ‘Manset’, ‘Pour La Peau’ ou ‘Valparaiso’. Ici, des titres comme ‘Ce Geste Absent’,
ou ‘Parce Que Tu Etais Là’ fonctionnent sur le même principe. Comment est-ce que tu
analyses ton écriture ?
Dominique A : « Je n’analyse rien. Ça fait partie des morceaux où il y a effectivement un souci
de clarté, de volonté de poser un cadre. Souvent c’est une histoire d’amour dévasté entre deux
personnes. Ces morceaux-là sont presque parfois des exercices de style dans la mesure où j’ai
envie d’écrire des trucs qui soient le plus limpides possible pour compenser cette débauche
métaphorique qui caractérisent mes autres textes. Les gens s’y rattachent et j’y tiens. Ça permet
aussi de faire passer des choses beaucoup plus absconses. ‘Le Convoi’, je ne sais pas trop de
quoi ça parle. Il y a des choses qui viennent et se posent par erreur. Je me laisse déborder.»
Précisément, ‘Le Convoi’ a-t-il été inspiré par le roman de Akira Yoshimura, ‘Le Convoi De L’Eau’ ?
Dominique A : « Oui. C’est un copain éclairagiste passionné de littérature asiatique qui m’a
conseillé ça. Je trouvais que le convoi était un beau mot, ça me renvoyait aussi au ‘Commerce
De L’Eau’. Après, ça n’est pas en rapport direct avec le livre qui parle de tout autre chose, mais
ça peut le rejoindre sur l’idée de personnages non identifiés, d’un groupe de villageois un peu
menaçants, d’ombres qui courent, d’êtres ni vivants, ni morts.»
Ton amour pour la littérature va se traduire par ce qui est annoncé comme ton premier
roman en mai, ‘Y Revenir’.
Dominique A : « Ce n’est pas un roman. C’est un bouquin de souvenirs qui a pour sujet, je crois,
le rapport à un lieu de détestation qui, en même temps, m’a formé. Voir dans quelle mesure le
décor fait écho à ce que je suis devenu. C’est aussi une manière d’analyser comment la mémoire
peut être conditionnée par l’écriture. Comment la mémoire change à partir du moment où on
décide d’écrire. Des ponts sont établis avec deux chansons autobiographiques,‘Rue Des Marais’
et ‘Les Terres Brunes’. L’enfance, la multiplicité des sensations, le fait de devoir tout assimiler avec
une violence extrême parce que tout ce qui se passe te déboule dans la gueule sont des sujets
inépuisables et qu’on peut aborder de pleins de façons. L’essentiel pour moi là-dedans, ça n’est
pas de raconter ma vie, c’est plutôt de la mythifier. C’est aussi une entrée en littérature, si je peux
dire, dans la mesure où je tourne autour depuis pas mal de temps.»
Il y avait un côté cathartique ?
Dominique A : « Oui, ce bouquin étant fait, je n’aurai plus besoin d’y revenir. Et je pense que
tu échapperas, et d’autres avec toi, à de nouvelles chansons qui auraient trait à Provins et à la
Seine-et-Marne. C’était une manière de se défaire du pouvoir de nuisance du lieu.»
Un disque : ‘Vers Les Lueurs’ (Cinq 7/Pias)
ON STAGE
11 mai, Cirque Royal - Nuits Botanique, Bruxelles
Dominique y jouera La Fossette en trio, puis Vers les lueurs.
08
T E X T E : S A S H A V A N D E R S P E E T E N I T R A D & A D A P T : FA B R I C E V A N O V E R B E R G © S E A N T H O M A S
La rencontre avec Santi White a lieu dans une suite king size du Landmark Hotel de Londres, près de
Regent’s Park. La chanteuse new-yorkaise déambule dans une tenue bling bling flashy (« achetée à Hong Kong! ») et un
grand sourire. Contrairement à ses soulmates M.I.A. (trop sérieuse et parano) et Uffie (trop gentille), Santi donne l’impression d’une femme
sûre d’elle et de belle composition. Rendez-vous le 23 avril sur ‘Master Of My Make-Believe’, le second et futé album de Mademoiselle Santigold.
Sur la couverture de ton nouveau disque, on trouve des tas de références aux chevaux et
on te voit même en cavalière. Je croyais que tu étais allergique aux chevaux…
Santi White : « En fait, je le suis (rires), je suis même un traitement en ce moment. Mais j’aime
les chevaux! L’allergie a commencé quand j’avais quinze ans. Je vais te faire une confidence :
j’ai même acheté un énorme dogue allemand parce que je ne peux pas m’offrir de cheval.
Ce chien est celui qui ressemble le plus à un cheval (rires). J’ai même une statue de cheval
dans ma maison et je porte parfois des anneaux en forme de cheval. »
Le cri de la best
‘Master Of My Make Believe’ trahit un lien complexe avec la pop music. Un rapport
d’amour-haine?
SW : « En tournant le clip de ‘Big Mouth’, tout le monde pensait que je détestais la pop, genre
Lady Gaga ou Katy Perry. D’ailleurs, la pop n’est pas un genre en soi. On y trouve de la country,
du hip hop, du r&b, du rock, de l’electro et plein d’autres choses. J’ai vu une affiche où Diplo
et Skrillex posent ensemble tels deux frères. Eux aussi font de la pop. D’un autre côté, l’état
actuel de la pop me déprime. C’est dingue comme les trucs mainstream manquent de variété.
Quand j’écoute la radio, j’entends d’ici les mecs du marketing se pointer avec leur liste de trucs
paramétrés : le morceau doit faire trois minutes, le rythme doit être comme ça, ça doit démarrer
après x secondes, la progression des accords doit suivre une certaine règle pour devenir un tube
et blablabla. D’où nous viennent ces règles ? Pourquoi ne pas laisser un ordinateur composer
les futurs hits, dans ce cas ? La pop n’a plus rien à voir avec l’art. Avant, c’était différent.
Nous sommes passés à l’époque du super-producteur. Une seule et même personne a presque
tous les morceaux des charts à son actif. Quelle misère! »
Chez beaucoup d’artistes pop, il manque cette mise en danger, leur son est très lisse…
SW : « Je vois bien ce que tu veux dire. Où sont passés tous ces groupes mystérieux ? Et les
réseaux sociaux enlèvent tout mystère, tout le monde tweete, les rebelles n’ont plus voix au
chapitre et la pop a perdu l’impact qu’elle pouvait avoir. L’inspiration est à la rue et, même si les
kids risquent de ne pas être d’accord, c’est parce qu’ils n’ont pas eu l’occasion de comparer.
Quand j’allume la télé, je ne vois plus que des tronches de monstres en plastoc. Et dire que
des jeunes filles crient she’s so pretty. Allez, quoi ! (rires). »
On raconte que tes nouveaux morceaux s’inspirent d’un certain mécontentement face au
monde actuel. Les révolutions arabes et les manifs à Wall Street ont-elles un lien avec ta
musique ?
SW : « La plupart des titres étaient déjà écrits au moment où ces actions ont démarré. Ce ne
sont pas les émeutes et les manifs qui m’ont nourrie mais nous partageons la même énergie.
Je pense que nous avons tous ressenti cette indignation. Cette inquiétude a secoué le monde et
dans mon cas, cette insatisfaction s’exprimait déjà à l’époque de la catastrophe pétrolière dans
le Golfe du Mexique, causée par l’irresponsabilité crasse de BP. Regarde le tremblement de terre
et le désastre nucléaire au Japon. Je n’avais aucune envie d’attendre la mort avant d’avoir réalisé
quelque chose d’essentiel. C’est cette frustration qui est à la base de mon deuxième album. »
En Jamaïque avec Diplo
Une partie du disque a été réalisée en Jamaïque en compagnie de Diplo et Switch qui
bossaient de leur côté sur le premier album de Major Lazer. Quand j’en ai parlé à Diplo,
il était euphorique sur les soirées Passa Passa, sur le carnaval de Trinidad et les toutes
les soirées là-bas.
SW : « Yup, il parlait des deux premières vacances en Jamaïque quand Major Lazer en était au
stade embryonnaire. Nous avons séjourné à Kingston et on a fait quelques sauts aux studios
Geejam de Jon Baker pour y enregistrer deux-trois trucs. Tu sais, je ne bois pas d’alcool,
contrairement à Diplo et Switch (rires évocateurs). Je me souviens d’une soirée passée à bien
manger où nous avions papoté jusqu’à deux heures du mat’. Diplo et Switch en tenaient une
solide. Je voulais aller au pieu mais les mecs voulaient encore sortir. Ouais, ok, mais la seule
chose à ne pas faire quand tu es un Occidental à Kingston, c’est d’aller sans escorte dans un club
inconnu. Mais ils insistaient : on veut aller en boîte. Je leur ai demandé : avec qui ? Leur réponse :
on prend un taxi et on se fait conduire. Incroyable ! N’importe quoi, les mecs, je me suis dit. »
Ils ont malgré tout remporté le jackpot ?
SW : « Oui ! A vrai dire, je m’en veux d’avoir loupé cette soirée. Switch et Diplo sont entrés dans
ma piaule à sept heures du mat’, encore bien bourrés mais aussi super excités: Oh! My! God!
You just missed it! You missed the craziest shit I’ve ever seen! Je pouvais juste faire semblant
de leur donner tort: Yeah right, get out of my room. »
Tu as raté quoi ?
SW : « Apparemment, ils sont allés à une fête de rue où les gens dansaient sur les bagnoles et
des acrobates sautaient au-dessus des voitures. Ca avait l’air assez sauvage. Ils ont dû atterrir
dans une de ces soirées Passa Passa qui démarrent à six heures du mat’. Les gens y vont en
tenue de travail avant d’aller au taf. Ces fêtes n’ont aucune infrastructure et ont donc lieu dans la
rue. Les navetteurs passent par là et finissent par la force des choses à y participer. Merde, j’ai
encore raté quelque chose. »
As-tu vécu des expériences dangereuses ?
SW : « Lors du second séjour, nous logions à Hellshire, près de la plage. Bon, Hellshire, ce n’est
pas non plus le coin super safe pour les Occidentaux, c’est pour ça qu’il y avait des barreaux aux
fenêtres de notre maison. Une nuit, j’ai entendu Pan ! Pan ! Pan ! devant notre porte et Diplo est
allé voir. Je vois encore le concierge de notre maison regarder à travers les barreaux. Le seul truc
que Diplo m’a dit était : C’est rien, juste un mec qui jouait avec des pétards. Par sécurité, j’étais
allée chercher un couteau dans la cuisine et je l’avais déposé sous mon oreiller. Ce n’est que trois
semaines plus tard que j’ai appris que deux dealers haïtiens avaient été abattus dans notre rue.
Le jour d’après, leurs cadavres ont été rejetés sur la plage, juste derrière notre maison. »
Chicken on your ass
Je ne te voyais pas si sage, je t’imaginais plutôt en party animal.
SW : « J’aime bien m’amuser aussi, hein. J’aime l’aventure. Ok, les drogues et l’alcool, c’est pas
mon truc et je ne sors pas beaucoup. J’aime rester à la maison. En fait, j’aime faire un tas de trucs
la journée. Je serais la première pour sauter d’une falaise dans une rivière. Ou bien pour aller sur
une attraction de fous dans un parc. Je n’ai peur de rien. C’est ce genre d’énergie qu’on entend
dans ‘Look At These Hoes’ et ‘Big Mouth’, ce sont mes chansons-mantra. »
Crois-tu qu’il y a des gens qui ne perçoivent pas l’humour dans ta musique ?
SW : (rires) « Possible même si je ne comprends pas très bien comment on peut passer au-dessus.
Je suis dingue de comédie. Dans ‘GO!’, je chante Grande chicken on your ass, oh no! (elle ricane).
Tu ne penses tout de même pas qu’on me prend au sérieux ? Je le dis, tu es un idiot, you’re a punk.
C’est comme quand Mohammed Ali gueule : I’m the greatest. Je trouve ça cool de hurler I’m the best. »
Quand je t’ai vu jouer au Pukkelpop, tu étais la seule sur scène à afficher un grand sourire.
Tous tes danseurs et musiciens avaient l’air renfermé et apathique. C’était flippant.
SW: (rires) « Tu as trouvé ? Je leur avais interdit de rire. L’inspiration du concert venait de S1W
(Security Of The First World), les gardes du corps du groupe hip hop Public Enemy qui, dans les
années 1980, défilaient sur le podium. Je trouvais ça vachement cool. Au niveau visuel, j’aime la
symétrie. Mes cinéastes préférés, par exemple Stanley Kubrick et Wes Anderson, ont beaucoup
expérimenté dans ce domaine. Cette attitude rigide, je la transpose dans mes lignes de chant. Je
suis influencée par l’esthétique de Devo et The Cure. Morrissey est un de mes chanteurs favoris :
il est à la fois mélodieux et monotone. Notre chorégraphie scénique respire la même discipline, un
mélange de danses africaines et de mouvements saccadés des gosses de la rue. Ça aura toujours
un air particulier et organisé. Je suis une control freak, yeah. »
Un disque : ‘Master Of My Make-Believe’ (Warner). Sortie : 23 avril.
2012
28 | 29 AVRIL
GABY MORENO
EEFJE DE VISSER › STOOMBOOT
SALLIE FORD AND
THE SOUND OUTSIDE
GEPPETTO AND
THE WHALES
INTERGALACTIC LOVERS
› LES TRUTTES
SCHOOL IS COOL
AND HER
LADY LINN MAGNIFICENT
BIGBAND
BROTH.
SCALA & KOLACNY
JEF NEVE
TRIO
VAN
RAYMOND HET GROENEWOUD
IMAGINARY
ROAD TOUR
!
ARSENAL
AND
MANY
OTHERS
FINALE CONCOURS DRANOUTERRALLY
ANIMATIONS GRATUITES & MARCHÉ FESTIVALIER
ESPLANADE DE PANNE
PRÉ-VENTE
SUR PLACE
35/JOUR 40/JOUR -
55/WEEKEND
65/WEEKEND
Office du Tourisme De Panne
070/25.20.20
t. 058 / 42 18 18 - f. 058 / 42 16 17
[email protected]
W W W. F E S T I VA L A A N Z E E . B E
EEN FESTIVAL DRANOUTER PROJECT
10
T E X T E : L A U R E N T G R E N I E R © S O KO
EMMETT
SOKO
Ce qu’elle aime par-dessus tout Soko, c’est être seule au volant de sa
bagnole, dans le désert de LA, avec un bon album folk (Bright Eyes, par exemple)
ou une mixtape de son cru. Des trucs où la performance brute l’emporte sur toute
autre supercherie de producteur. La vérité, c’est que nos oreilles de maniaco-dépressifs
notoires n’avaient plus rien entendu d’aussi franc, direct, authentique et, comment dire
sans tomber dans le mélo, bouleversant depuis des lustres. Dead Man’s Bones peut-être.
Le ‘Crève-Cœur’ de Daniel Darc sans doute. Ou plus loin encore, les premiers enregistrements de Daniel Johnston. Oui, c’est bien cela, bouleversant. Ce disque suinte par tous
ses pores le vécu, la douleur, la mélancolie. Rencontre du troisième type.
Etre complètement irresponsable
Ce matin (le 23 février, ndr), tu postais sur ton Facebook ‘Winning
A Battle, Losing The War’ des Kings Of Convenience. Quelle
bataille? Quelle guerre?
Soko : « Je n’ai pas pensé à ça en postant la chanson. C’est juste un
morceau que j’adore. Je ne sais pas si j’ai l’impression de gagner une
bataille, j’ai plutôt l’impression de perdre tout le temps. Je ne sais pas
quel combat je mène, dans quel camp je suis. »
Tout de même, ces cinq années entre ton Ep inaugural et ce premier
album, tes annonces de départ à la retraite et des retours dans le
milieu, laissent supposer que tu luttes contre quelque chose.
Soko : « J’essaye de me battre pour pouvoir m’enfermer et me cacher le
plus possible, ne pas avoir à faire d’interviews, me concentrer au maximum
sur la musique. J’ai mis cinq ans parce que tout prend du temps et ça ne
sert à rien de brusquer les choses. Tu ne peux passer ton bac à 12 ans. Tu
dois passer par toutes les classes avant. C’est pareil ici. »
Il y avait des peurs qui justifiaient le report de ce passage à
l’album ?
Soko : « Plein. Je n’ai que ça, des peurs. Mais j’avais aussi besoin de
faire mon apprentissage, d’apprendre à jouer les instruments que je
voulais vraiment utiliser, d’apprendre à écrire sur les sujets dont je voulais
vraiment parler et qui étaient vachement importants pour moi. J’avais
besoin de faire le tri, d’enlever tous les trucs de jeunesse un peu naïfs. »
Ta bio parle, de fait, d’une centaine de chansons. Quels ont été
les critères pour retenir ces quinze-ci ?
Soko : « Je ne sais pas du tout. J’ai encore deux albums finis, que j’ai
juste à mixer. Ce sont aussi mes premiers albums parce que j’ai tout
enregistré en même temps. Mon ex-amoureux m’a aidé. Il en a choisi 20
et au final, j’en ai gardé 15 pour sortir un premier truc un peu cohérent. »
Ton ex-amoureux, c’est Alex Ebert, le leader d’Edward Sharpe &
The Magnetic Zeros. Quelle a été son influence ?
Soko : « C’est quelqu’un de tellement positif. Il m’a vraiment forcée
à écrire et à enregistrer ces chansons. Quand je me prenais la tête
sur des arrangements ou des trucs qui ne sonnaient pas comme je le
voulais, il me disait, ta musique, ce n’est que toi à la guitare ou que
toi à la batterie ou que toi au clavier, il n’y a que les performances qui
comptent, le son on s’en fout. Ça m’a permis de prendre du recul,
de m’enlever vachement de pression et de me rappeler que moi,
ce qui me touche dans la musique, c’est les trucs bruts, directs, où
on entend les gens souffrir, où tu sens toutes leurs blessures. Où
l’émotion et la sincérité dominent la production. En même temps, la
production est un truc qui me fascine. J’ai passé tellement de temps à
produire cet album. »
Précisément, comment est-ce qu’on fait pour marier production et
lo-fi, pour ne pas dénaturer la sincérité des morceaux ?
Soko : « En enregistrant aucune démo. C’est vraiment un truc
compulsif où je suis obligée d’enregistrer le premier jet. J’enregistre
sur Garageband ou bien le matin, je me réveille et je sonne à un pote
en lui demandant si je peux passer deux heures à son studio pour
enregistrer un morceau. »
Il y a quand même un mixage après ?
Soko : « Ça dépend. Parfois, les rough mix conviennent. Parfois,
je rajoute des toms ou d’autres trucs, mais je laisse toujours la
chanson se poser avant de me demander s’il y a vraiment besoin de
ces arrangements ou pas. Ce qui compte, c’est que la performance
principale ait été saisie. »
La performance principale, elle tient ici du désenchantement.
TEXTE: ANNE-LISE REMACLE © BART
Soko : « Il n’y a pas un truc dans ce disque qui ne soit pas moi. J’ai
passé des années à pleurer sur mes morceaux. Evidemment, il y a
une forte mélancolie. Je crois que je n’arrive pas à écrire quand je
ne vais pas mal. »
S’il y a tellement de toi dans ces titres, ça doit être une épreuve
de monter sur scène.
Soko : « Bizarrement, c’est facile de jouer ces morceaux sur scène.
Parce que, je ne sais pas, il y a un truc qui fait que sur scène j’ai peur
de rien mais, dès que j’en sors, je suis pétrifiée et je peux pleurer trois
heures toute seule dans mon dressing room ou ma chambre d’hôtel.
En même temps, ça me pétrifie encore plus que des gens écoutent
l’album. Sur scène, je me dis qu’il y a un truc qui se passe et qu’ils
peuvent être indulgents. »
Pourtant, cet album est bouleversant par cette espèce de
candeur adolescente qui s’en dégage…
Soko : « Je crois juste que j’ai pas eu d’adolescence et que j’ai
très mal vécu mon enfance. Je crois que j’ai voulu être adulte trop
vite. Maintenant que je fais de la musique, j’ai eu un gros switch en
me disant que j’ai tout raté. Je veux voyager partout avec juste ma
valise et ma guitare. Ne pas avoir de maison. Etre complètement
irresponsable, pas au sens de faire des conneries, parce que je suis
végane, je ne prends pas de drogue, je ne bois pas d’alcool, mais
être comme un enfant à qui tu demandes s’il veut jouer, s’il veut aller
là ou là et qui te répond toujours oui. Retrouver cet espèce de goût
de l’aventure, avoir envie de tout faire, de tout voir. J’ai envie de voir
la vie avec des yeux d’enfant où tout doit être nouveau tout le temps.
Pour découvrir et apprendre, sinon c’est chiant, on s’emmerde. »
Dans une de tes chansons, tu renvois quelqu’un à ses « théories
hippies ».
Soko : « Oui, c’est un mode de vie que j’aime bien. Partager des
choses. Ne pas être coincée dans un mode de vie qui fait qu’on ne
voit plus les gens. Maintenant, le seul moyen de communiquer, c’est
Internet, c’est un peu flippant. J’ai l’impression qu’on oublie les vrais
rapports directs avec les gens. »
En même temps, tu te définis comme « control freak ».
Soko : « Dans ma musique, oui, j’ai tendance à vouloir tout
contrôler. C’est pour ça que j’ai fait mon artwork toute seule,
mes vidéos toute seule avec mon iPhone. J’ai envie que ça me
ressemble, pas que quelqu’un prenne le contrôle. Faire des vidéos,
c’est comme dire à un enfant, « est-ce que, aujourd’hui, tu veux
venir faire un tour dans la forêt, on va grimper aux arbres et faire une
cabane ? ». Faire des vidéos, c’est construire des cabanes. »
Sur le net, on peut te voir reprendre ‘Duncan’ de Paul Simon.
Pourquoi cette chanson ?
Soko : « C’est une de mes chansons préférées. C’est juste que ça
parle un peu de lui, de sa vie de vagabond, de comment il a grandi.
J’adore cette phrase où il dit « Thanking the lord for my fingers » (elle
se met à chanter, ndr). C’est moi, comment je me vois, jouant de la
guitare sous les étoiles et tellement contente de pouvoir le faire. »
Tu es à l’affiche de ‘Bye Bye Blondie’ de Virginie Despentes. ..
Soko : « Virgnie, je l’adore, cette fille est géniale et fascinante, une
putain de féministe qui te fait faire un 360 degrés sur la manière de
voir la vie et d’aborder les choses. C’était ouf de travailler avec elle.
Voilà, c’est tout. »
Un disque : ‘I Thought I Was An Alien’ (Because/Warner)
TINLEY
Parfois, notre radar s’affole pour
des presqu’inconnus au bataillon
de l’industrie musicale, des
hommes aux semelles de vent, des
cowboys solitaires. Emmett Tinley est de
cette lignée, du genre à planter dans les
années 90 les prémices d’un attachement
durable en Irlande avec son groupe The
Prayer Boat, puis à tenter le rêve américain souvent illusoire sans toutefois
renoncer à son intégrité à fleur de peau.
Trois petits tours de ‘Polichinelle’, un éclatement de son groupe et un premier album solo
(‘Attic Faith’) plus tard, le voici arrimé à un
label néerlandais, entouré de danois et fécond
d’une collection particulière de dix morceaux
poignants comme une blessure ouverte.
Mystère Lonely
Quelle a été la genèse de ce nouvel album solo ?
Emmett Tinley : « Fondamentalement, l’idée c’était de retourner
dans mes fonds de tiroir, de reprendre ces morceaux que je n’avais
pas été en mesure d’enregistrer jusque là, ou qui ne fonctionnaient
pas avec la tonalité des albums précédents. Cette fois, je voulais
faire un album solo seulement acoustique. Mais à mesure que
l’enregistrement avançait, j’ai ressenti le besoin d’écrire également
quelques nouveaux morceaux. Je me sentais inspiré. »
L’album est très cohérent au point de vue des mélodies et des
sujets abordés, la solitude et le désespoir sont très présents.
Ma question va peut-être te paraître étrange, mais est-ce que
tu crois malgré tout aux fins heureuses?
Emmett Tinley : « En effet ces sujets-là sont présents. Mais il y
a des tas d’autres artistes qui s’en préoccupent. C’est sur quoi
j’aime me concentrer. C’est ce qui me semble le plus intéressant,
si je dois me montrer honnête. »
Dans ‘Floating Out’, tu chantes « we were born for tragedy »,
est-ce que tu crois en la véracité de ton propos pour toi-même,
ou est-ce le lot de seulement quelques personnes ?
Emmett Tinley : « Tu sais, mes chansons ne sont pas
nécessairement biographiques. Elles incorporent pas mal d’histoires
différentes. Et cette phrase est propre à cette chanson en particulier,
à cet univers clos. Ce n’est pas une vérité générale pour l’ensemble
des gens, c’est juste valable pour le personnage du morceau. »
C’est vrai que ça serait assez terrible, en effet. Mais ce sentiment
de perte, de dégringolade on le ressent très fort, notamment
quand tu dis « nothing fails like success » ou dans ‘Sooner Or
Later’ « Empires and kingdoms / Rise and fall ». Est-ce que tu
aurais peur de ce que peut t’apporter ta carrière musicale ou estce que c’est juste une construction narrative ?
Emmett Tinley : « A nouveau, je ne fais pas vraiment de transfert
de ma vie ou de ma carrière musicale, « Empires and kingdoms »,
ce sont des propos globaux sur le monde dans lequel nous vivons,
en train de changer, ceux qui ont du pouvoir dans cet univers-là et
ceux qui n’en ont pas. Dans ‘Nothing in Between’, « nothing fails
like success » parle d’une relation personnelle et du bonheur que
nous voulons peut-être obtenir ou que nous pensons avoir au sein
de cette relation, tu vois ? Et le fait de voir cette relation devenir
confortable, satisfaisante sans chercher à ce qu’elle soit parfaite. »
Donc d’une certaine façon tu considères ton album comme un
journal intime mais qui tendrait à l’universel ?
Emmett Tinley : « Cela prend du temps aux morceaux d’arriver là
où je les considère comme prêts à être enregistrés, je rassemble
des émotions, des sentiments et j’aime bien chercher des formes
de réponses, des directions à prendre, pas juste du désespoir ou
que sais-je ! Donc mes chansons sont effectivement universelles
parce que j’aime les laisser vivre longuement avant de les terminer.
Tout le monde a eu le cœur brisé à un certain degré, en fait. Et tout
VAN MEELE
11
TEXTE : GERY LEFEBVRE
GAËTAN
Y
ce qu’on serait capables de faire à ce moment-là c’est de s’assoir
et de chanter à propos de ce cœur brisé au moment-même où il
l’est. Il n’y a pas grand-chose qui ressort de cet instant à part de la
tristesse. A ma manière, je cherche un moyen d’en sortir. »
Dans ton album, on perçoit effectivement une forme d’espoir qui
vient du fond du cœur et la pureté de ton timbre de voix éclaircit
les paroles plus désespérées. Comme les arrangements sont
sobres, ça donne l’impression d’une personne qui dialogue
intérieurement avec une autre, finalement…
Emmett Tinley : « J’aime bien ta description. Je suis heureux que
cet aspect-là fonctionne, en tout cas. »
Comment envisages-tu ta relation très particulière au public
quand tu joues ces morceaux sur scène?
Emmett Tinley : « En fait, je n’ai pas encore eu l’occasion de
faire beaucoup de concerts avec ce nouvel album, jusque là
dix ou quinze. Je ne cherche pas nécessairement à retraduire
exactement ce qu’il y a sur le disque. Je n’ai pas encore tout
testé. Nous voulions commencer par un peu réfléchir, peutêtre intégrer le piano. On ne peut pas se contenter de jouer
seulement les nouveaux morceaux et abandonner les anciens
que le public veut entendre. Pour en revenir à ta question, avec
ce nouveau disque, c’est moins un disque de groupe, mais on va
peut-être jouer de façon un peu plus énergique sur scène, mais
sur certains morceaux seulement.»
Il y a un contraste dans la tonalité de tes morceaux. Certains
semblent plus uptempo, d’autres plus jazzy, certains sont
très sobres, notamment ‘Sooner or Later’ avec juste cette
trompette…
Emmett Tinley : « ‘Takes a Long Time To Heal’ et celle dont tu
parles font partie des nouvelles chansons. C’était le concept
original de l’album, que ça soit aussi simple que ça : un, peutêtre deux instruments et juste la voix. »
ON STAGE
19 avril, AB (Bruxelles) avec FINK
Emmett Tinley
‘s/t’
Mass Market Recordings/V2
Vous le connaissez. C’est votre voisin de
palier aux mains moites qui rougit quand
il vient vous demander du sucre. C’est
votre ami d’enfance dont les sentiments ont finalement pris la voie
interdite. C’est ce garçon un peu gauche dans votre tram que
vous ne remarquiez pas avant qu’il ose vous déployer sa Carte du
Tendre chiffonnée, recousue à points serrés. Il a le cœur agrafé
à sa chemise et le moral en tessons et malgré vos premières
réticences face à ce qui ressemble à s’y méprendre à un cul-desac émotionnel, vous ne pouvez vous empêcher d’être remué(e),
d’envisager de panser les stigmates. C’est que l’ampleur du terrain
à conquérir ne semble plus lui faire peur, Emmett, maintenant que
le mal est fait. Sous ses dehors d’aède pop ultra-fragile, il connait
admirablement son sujet. Là où ‘Takes a Long Time to Heal’ tisse
une toile fine de violoncelle propice à capturer ses états d’âme haut
perchés, et ‘In My Life’ (« Me against the world / With nothing to
lose ») et surtout ‘Nothing in between’ (« Nothing fails like success /
So you better find somebody else/ To love you right ») jouent la carte
d’une certaine bravade faussement enjouée, d’autres morceaux
nous révèlent plus vivement l’étendue de sa palette de vocaliste et
d’amoureux désenchanté : ‘Sooner or Later’ sans aucune emphase
superflue sur fond de trompette en berne, ‘Marvelous Day’ qui prend
le temps nécessaire pour installer son spleen déchirant de plage
et de quais déserts. On ne sait pas au juste si vous succomberez à
Emmett Tinley, si sa sincérité transie aura gain de cause, s’il y aura
un happy end. Nous, en tout cas, on a un soupirant de plus avec qui
noyer avec ferveur notre vague à l’âme. (alr)
Suivez le guide : http://emmetttinley.com/
STREEL
Baron de la scène musicale liégeoise, metteur en son avant d’être
metteur en scène, Gaëtan Streel revient à ses premières amours musicales et
sort son premier long métrage sans craindre de mettre enfin son nom en haut
de l’affiche. Voyage en bande original, road movie d’une vie consacrée à la musique, ‘One
Day At A Time’ n’est jamais à bout de souffle malgré les chevauchées fantastiques. Aussi
lumineux qu’attachant, ce premier album prouve encore, si besoin était, que c’est dans les
mers calmes qu’on fait les plus belles tempêtes.
Monsieur Cinéma
Comment est né ce disque et où le situes-tu par rapport à tes
projets précédents ?
Gaëtan Streel : «C’est moins un album de tripes qu’un album
de cœur. Ce que je fais dans Me and My Machines, là c’est
davantage une musique de tripes. Ici c’est plus réfléchi, ça décrit
davantage mes états d’âme, des tranches de vie. Y’a pas un seul
morceau sur le disque qui soit fantasmé ! A partir du moment où
j’ai commencé à l’enregistrer jusqu’à ce qu’il soit bouclé, il ne
s’est pas passé beaucoup de temps. J’ai fait ça l’année dernière
entre mars et juillet quand j’avais un peu de temps. Mais par
contre les morceaux datent d’il y a beaucoup plus longtemps !
A part un ou deux morceaux plus récents, y’en a qui ont des
années ! J’ai d’ailleurs encore une myriade de morceaux dans
mes cartons que j’ai dû écarter, pas tellement au niveau qualitatif,
mais plutôt pour garder une cohérence sur le disque. Mais
c’est un répertoire que j’ai beaucoup moins mis en avant que
d’autres projets depuis que je fais de la musique un peu plus
professionnellement. Et pourtant, ces chansons avec à la base
une guitare et une voix, c’est ce que je joue et que je porte depuis
le plus longtemps. On me demande souvent d’où vient cette
musique parce que ça surprend pour un premier album mais je
n’ai pas commencé à faire de la musique hier ou avant-hier. C’est
juste que je n’avais pas voulu la mettre en avant initialement pour
des raisons liées au hasard…ou à la nécessité !».
Est-ce aussi parce que ce sont des chansons qui ont peutêtre une sensibilité plus personnelle, notamment au niveau
des textes ?
Gaëtan : « C’est vrai qu’elles sont plus personnelles mais ça n’est
pas la raison principale qui expliquerait ce décalage temporel
entre leur création et la sortie du disque. C’est vraiment un hasard
et c’est seulement maintenant que j’en prends conscience et que
j’aurais peut-être dû commencer par ça. Mais on ne choisit pas
toujours les moments où on aurait des choses à dire ! Je me suis
beaucoup investi pour d’autres, que ça soit en tant que musicien
ou ingénieur du son et ma musique personnelle a pris du retard. Et
quand j’ai commencé avec des projets plus personnels, je suis allé
vers la musique électro parce que j’étais là-dedans à ce momentlà. Mais je me doute que lorsque je sortirai le prochain album, qui
sera un album en français, je sais que beaucoup me diront, et me
le disent déjà, que j’ai pris beaucoup de temps et de détours pour
en arriver là et que j’aurais dû commencer par là ! Mais c’est à
nouveau un hasard d’agenda car finalement les gens auraient dû
être davantage surpris de m’entendre faire de la musique électro…
Cela dit, je ne m’étais pas travesti non plus pour faire cette
musique-là ! Mais je reconnais volontiers que c’est assez flagrant
comme différence entre le mur électro et les chansons folk qui sont
peut-être plus naturelles pour moi. Et pour l’anecdote, je me suis
aussi rendu compte que l’année dernière j’ai écouté beaucoup
de musique électro alors que paradoxalement j’étais en plein
enregistrement de cet album acoustique ! »
Précisément, quelles sont tes influences revendiquées ou
plus subliminales ?
Gaëtan : « C’est très difficile à dire pour moi. Pour chaque
morceau j’ai en tête quelques trucs qui m’ont influencé, mais audelà de ça…c’est difficile. Mais par exemple pour ‘Go And See
The Lights’, j’ai clairement pensé à la musique de deux films.
‘Dead Man’ de Jim Jarmusch pour la musique composée par Neil
Young, ce côté musique d’illustration qui tient sur un seul accord
et sur lequel il fait tourner une rythmique qui évoque la marche et
la démarche du personnage. Et aussi le petit gimmick de guitares et
le côté général un petit peu vieux blues me sont venus d’une scène
de ‘O’ Brother, Where Art Thou’ des Frères Coen. Ce sont donc des
influences plus cinématographiques que purement musicales. »
C’est ce qui explique donc l’étiquette ‘folk cinématographique’ que
tu mets en avant et le côté résolument pictural de ta musique ?
Gaëtan : « Oui tout à fait. D’ailleurs si tu me demandes de citer des
disques qui m’ont marqué, je te citerais plus volontiers des musiques
de film, même les BO qui ont des allures de compile. Par exemple j’ai
beaucoup écouté la BO de ‘Tueurs Nés’qui passe de Nine Inch Nails
à Léonard Cohen en passant par des trucs dont on ne connaît pas
les noms ! Ou alors ‘Il Était Une Fois LaRévolution’, j’adore la musique
d’Ennio Morricone et spécialement sur ce film !»
Tu chantes en anglais. Est-ce une forme de protection que tu
t’imposes délibérément ou bien as-tu l’impression de t’exposer
à des contraintes mélodiques ou rythmiques si tu chantais en
français ?
Gaëtan : «Ca n’est pas vraiment une façon de me protéger. J’écris en
français, je n’ai pas de problème avec ça. Mais j’envisage les choses
différemment, je n’écris pas de la même façon que ça soit la musique
ou les textes. C’est pour ça que je ne mélange pas trop les genres.
A la base, je voulais faire un double album qui se serait appelé ‘One
Day At A Time/Un Jour A La Fois’mais je me suis rendu compte que
c’était difficile à gérer, surtout pour la scène. Pour le moment j’ai
envie de faire tout un spectacle en anglais et d’aller au bout de cette
logique. Et puis ces musiques-là appellent de toute façon dans mon
oreille des chants en anglais. En règle générale, c’est d’ailleurs très
rare que j’écrive le texte avant la musique. C’est peut-être arrivé deux
fois ! Sur cet album-ci j’ai travaillé en parallèle, j’avais un accord ou
deux de guitare, un petit gimmick, une ligne de chant, une petite idée
et à partir du moment où j’ai quelques notes, j’ai l’idée de quelques
mots qui iraient dessus et qui sont souvent dirigés par ce que je vis
à ce moment-là. J’ai juste besoin de cette amorce, quelques notes,
quelques mots et puis après j’écris le texte et à partir de là je remplis
la musique par rapport à ce dont j’ai besoin au vu du texte. Ce qui ne
m’arrive jamais et ça m’a d’ailleurs fort choqué dans les techniques
de composition de certains que j’ai pu observer, c’est de chanter
quelque chose en yaourt et après d’écrire un texte juste parce qu’il
faut bien. Je n’ai aucune prétention quant à mon écriture en anglais
mais je ne m’offre pas plus de facilité que lorsque j’écris en français.
Les mots ne sont pas là pour pouvoir les chanter parce qu’ils sonnent
bien ! Il y a une vraie démarche d’expression et de communication.
J’ai recalé beaucoup de morceaux parce que le texte ne sonnait pas
bien, pas uniquement pour des raisons musicales. »
Et donc dans quelle mesure ta musique sera-t-elle différente
quand tu chanteras en français ?
Gaëtan : «Il faudrait que je te fasse écouter des extraits. Le débit
n’est pas du tout le même et la voix est beaucoup moins utilisée
comme instrument. Un truc récurrent que j’ai beaucoup utilisé sur
l’album, c’est l’utilisation des chœurs, des longues notes. Je le fais
instinctivement moins quand c’est en français, c’est donc beaucoup
moins lyrique en fait. C’est même carrément plus parlé ou déclamé
sur certains morceaux.»
Un disque : ‘One Day At A Time’ (Jaune Orange/PIAS)
ON STAGE
1er avril, Ar’tival, Liège
5 mai, Aralunaires, Arlon
17 mai, Nuits Botanique, Bruxelles
12
TEXTE : NICOLAS ALSTEEN © DAVID A SMITH
T E X T E : A N N E - L I S E R E M A C L E © PA U L H E
ALABAMA
SHAKES
Avec leur cocktail détonant de soul et de rock’n’roll vintage, les
Américains d’Alabama Shakes ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Sous
le charme, ce bon vieux Jack White (The White Stripes, The Raconteurs, The Dead
Weather) a pris le quatuor sous son aile et produit un premier single. La force du
groupe, son véritable moteur, c’est la voix chaude et habitée de Brittany Howard, chanteuse
imposante - au propre comme au figuré. Baptisé ‘Boys & Girls’, leur album se chauffe à
l’ancienne : guitares électriques, refrains brûlants et mélodies fiévreuses. L’été sera soul.
Hey Boys Hey Girls
Auparavant, le groupe se présentait simplement sous le nom
de The Shakes. Pourquoi avoir allongé votre homonyme ?
Heath Fogg (guitare) : « A force de jouer des concerts et de
tourner de plus en plus loin, on s’est rendu compte que ce nom
était fort répandu. On a discuté de ça entre nous. Un jour on
a tapé « The Shakes » dans la barre de recherche Google et
c’était la débandade : des Shakes partout dans le monde. On
a finalement décidé de changer de nom le jour où un groupe
baptisé The Shakes est venu jouer dans un festival organisé dans
le bled juste derrière chez nous. Avec Alabama Shakes, on a
choisi de jouer sur la localisation géographique. L’idée nous plaît.
Elle colle à une esthétique rock’n’roll qu’on retrouve par ailleurs
dans l’histoire chez les New York Dolls ou The Detroit Cobras,
par exemple. »
Vous semblez vraiment attachés à votre région. C’est
comment chez vous ?
Heath Fogg : « Athens, Alabama, c’est un petit village paisible :
une belle alternative au brouhaha des grandes villes. Pour jouer
des concerts, par contre, on est obligé de se déplacer vers
les grandes agglomérations. Il y a très peu de salles dans les
environs... Mais la qualité de vie est indéniable. Tu peux voir des
fermes, des prairies, des vaches, des chevaux, des rivières et des
forêts. L’ambiance est amicale : comme c’est petit, tout le monde
se connaît. Notre musique n’interagit pas spécialement avec
notre environnement. Je pense qu’on pourrait venir de n’importe
où dans le monde et revendiquer les mêmes influences. »
Mais pour jouer de la musique, ça reste un bon endroit ?
Heath Fogg : « Non, c’est presque le pire endroit ! (Sourire)
Quand tu vis à New York, par exemple, et que tu joues de
l’afrobeat, tu peux trouver des musiciens qui partagent la même
passion que toi et tourner dans des salles sensibles à ce style.
Mais si tu joues de l’afrobeat en Alabama, tu risques bien de
rester enfermé tout seul dans ton salon ! Pour ça, on est béni : on
a la chance de s’être rencontré et de jouer une musique qu’on
aime. Chez nous, à Athens, t’as plutôt intérêt à aimer le jazz, la
country, le blues et le gospel. (Sourire) »
Quand les premières chansons d’Alabama Shakes ont filtré
sur le web, certains internautes ont plébiscité leur côté
« vintage ». Êtes-vous des « revivalistes » ?
Heath Fogg : « Le terme « revival » me renvoie systématique à la
soul rétro. Or, c’est exactement l’inverse de ce qu’on cherche à
faire. Quand tu joues de la musique rétro, tu essaies d’être fidèle
à un style, de coller au plus près d’un genre. Ce n’est pas ce
qu’on recherche. »
Une autre figure qui semble vous coller aux basques, c’est
celle de Janis Joplin... Pour vous, c’est un rapprochement
douteux ou une comparaison élogieuse ?
Brittany Howard (guitare, voix) : « En fait, ça m’énerve au plus
haut point. Ça me donne juste envie de grogner. Je respecte
son œuvre, j’aime certaines de ses chansons, mais ce n’est
pas ma chanteuse préférée. Loin de là. Je n’ai jamais cherché
à modéliser ma voix ou à coller à une esthétique. Janis Joplin
était une grande voix du rock. Elle savait emmener son public et
susciter l’intérêt des médias. Cette référence systématique est
agaçante. Les gens auraient tout aussi bien pu pointer les noms
de Tina Turner ou de Bon Scott. Mais non, il fallait qu’ils tirent sur
la ficelle Janis Joplin. C’est un peu trop facile, non ? »
‘Boys & Girls’ débarque chez nous sous le sceau du label
anglais Rough Trade (The Strokes, The Detroit Cobras,
Belle & Sebastian). C’est une des plus grosses structures
indépendantes en Europe. Vous ressentez une certaine
pression à l’heure de la sortie de votre album ?
Heath Fogg : « On est assez excité, en fait. Mais ce sentiment
est mêlé de curiosité et d’anxiété. Aux Etats-Unis, une vieille
légende raconte que les Européens sont passionnés par les
racines de la musique américaine. (Sourire) D’ailleurs, j’ai parfois
l’impression que la sortie de notre album suscite davantage
d’excitation en Europe que dans notre propre pays… »
Votre musique puise ses influences dans de nombreux
domaines. La soul, notamment, revient systématiquement
dans vos chansons. Si on vous demandait de trancher
entre Stax et Motown, quel serait votre choix ?
Heath Fogg : « Aïe, ça, c’est un choix difficile. Tellement de
bons groupes sont passés par ces deux maisons de disques.
Si je devais trancher sur base de mes propres goûts, mon choix
se porterait certainement sur Motown. Les artistes de ce label
m’inspirent énormément. Maintenant, si on posait la même
question à Zack (Cockrell, ndr), notre bassiste, il répondrait
Stax sans hésiter. La richesse des productions de cette époque
constitue un point de référence. Les orchestrations étaient super
exigeantes, mais les mélodies touchaient à la simplicité. C’était
toujours très pop. Un autre truc incroyable avec les artistes de
ces deux labels, c’est cette volonté absolue d’être au top. Quand
ces gens composaient un morceau, ils envisageaient toujours
de s’emparer de la première place du hit parade. Être deuxième
ou troisième, ça pouvait être perçu comme un échec. C’est
dingue… Aujourd’hui, les artistes ont perdu cette ambition, cette
envie d’être les meilleurs. Avec Alabama Shakes, on n’a même
pas envisagé cette question… Sans doute à raison. Désormais,
le jeu des hits parade est biaisé. Les téléchargements illégaux
sont venus changer la donne. Et on ne va pas changer le
monde… »
Votre premier album s’intitule ‘Boys & Girls’. C’est aussi le
titre d’une chanson. C’est celle qui résume le mieux l’esprit
du disque ?
Brittany Howard : « Ce titre, c’est un peu une métaphore
sur le passage à l’âge adulte. Quand passe-t-on de la fille à
la femme ? En général, tu deviens adulte à l’encontre de ta
volonté. A un moment, la vie appelle les individus à prendre
leurs responsabilités, à endosser un costume d’adulte. Le titre
de l’album parle de ça, de cette transition invisible. Quand tu
es gosse, tu nourris des rêves incroyables. Tu te dis toujours :
« Plus tard, je serai… » Sauf qu’à un moment, la vie te rattrape
et t’impose de prendre une place dans la société. On voulait
mettre l’accent là-dessus. Tout en insistant sur le fait que, dans
un coin de notre tête, on reste finalement des enfants. »
Un disque : ‘Boys & Girls’ (Rough Trade/Konkurrent)
Suivez le guide : www.alabamashakes.com
ON STAGE
30 avril, Ancienne Belgique, Bruxelles
(complet)
Sam Genders fait partie de ces
façonniers mélodiques dont on était
chagrinés d’avoir perdu la trace,
certains qu’à part quelques cailloux semés
chez les autres, il nous faudrait définitivement faire le deuil de ses interventions
inventives, nous consolant un peu avec celles
de Mike Lindsay, son ancien comparse laissé
seul à la barre de Tunng. Heureusement pour
la pop, cet honnête homme est de la veine des
phœnix aux plumes polychromes, et des cendres
de cette précédente aventure avortée nous parvient
‘Black Light’, gemme irisée qui réconcilie les rats
de bibliothèques et les divas du dancing. Rencontre
avec le chef de troupe d’une radieuse bande cuivrée
avant leur concert au club de l’Ancienne Belgique.
La tête, les jambes et
Diagrams constitue un point de départ tout neuf après Tunng, et
quel résultat! De quoi était faite ta vie pendant ces quatre années
pendant lesquelles on était plus ou moins sans nouvelles de toi à
l’exception de ta collaboration avec Soy un Caballo sur ‘Robin’ ?
Sam Genders : « Neuf mois avant que je quitte définitivement Tunng, j’ai
commencé à travailler dans une école pas loin de chez moi, j’étais un
peu à cours d’argent pour la maison, et c’était un job intéressant mais
un véritable challenge en même temps. On m’avait communiqué toutes
les dates de tournée pour Tunng, et c’était réellement pratique, j’avais
la possibilité de rester là un certain temps et de m’organiser. C’était une
expérience enrichissante, qui s’est prolongée quelques années quand
j’ai décidé de quitter le groupe définitivement. Je faisais toujours un peu
de songwriting pour d’autres gens (ndlr : entre autres pour Cibelle) mais
à vrai dire, j’étais surtout concentré sur mon boulot. Ensuite m’est venue
l’idée de ce qui au départ devait être un projet solo. J’ai commencé à
écrire des morceaux, et j’ai rencontré Mark Brydon, le producteur avec
qui les idées ont pris forme et puis c’est devenu bien plus construit qu’un
projet à assumer seul quand j’ai pris contact avec les musiciens. »
Est-ce que le groupe qui t’accompagne sur scène est un lineup définitivement fixé ou est-ce que les gens vont et viennent en
fonction des besoins?
Sam Genders : «En fait, on s’efforce que ça soit aussi fixe que
possible, même si tous les musiciens ont d’autres projets de leur côté.
Ils font partie de collectifs, parfois le line-up change donc un peu à
l’intérieur de ces mêmes cercles. »
Il existe une vidéo de votre concert au festival End of the Road
(festival anglais qui a lieu dans le Dorset, le dernier weekend d’août)
et l’ambiance a l’air radieuse, très détendue. Vous plaisantez pas mal
avec le public, et il semble réceptif.
Sam Genders : «Oh, en fait, à End of The Road, c’était notre tout
premier concert, et une des journées les plus agréables de l’été.
Vraiment incroyable ! »
Cet aspect ludique communicatif est aussi une des premières
choses qui vient à l’esprit en écoutant ‘Black Light’. Pourtant, tu
as choisi consciemment un oxymore comme titre, il y a donc des
faces sombres au-delà de la joie, tu peux nous en dire plus ?
Sam Genders : «Je trouvais l’idée intéressante, on voit la noirceur et
la lumière comme toujours unilatérales, très séparées, alors qu’à un
moment très obscur peut succéder aussitôt un moment très heureux.
Et pour ce qui est des paroles, j’aime beaucoup les mots ou les
expressions qui peuvent être interprétés de multiples manières, ici, ça
s’intégrait bien. »
Ce qui me semble aussi au cœur de Diagrams, c’est qu’il s’agit de pop
instinctive qui parle au corps mais aussi à l’intellect. Il y a vraiment
une touche cérébrale, qui provient sans doute de la construction en
couches multiples, en facettes…comment avez-vous travaillé sur cet
aspect-là ?
EARTFIELD + CHRISSIE ABBOTT
TEXTE: JANA POPPELAAR S I TRAD&ADAPT : PATR ICK FOIS SAC
13
CREATURE WITH
THE ATOM BRAIN
© Steve Gullick
Sam Genders : «Mark Brydon est vraiment un excellent producteur.
Généralement, quand tu emmènes un morceau en studio, tu
commences par enregistrer les guitares, les voix, puis toutes les
différentes prises. Là, Mark a passé énormément de temps à mixer,
à juste essayer de jouer sur les niveaux. Au bout d’un moment, ça
nous surprenait même de constater à quel point un seul instrument
pouvait avoir un gros impact sur le reste du morceau. Cette partie
du processus nous a beaucoup occupés. Pour ce type de travail, tu
dois vraiment avoir quelqu’un de balèze, ça demande beaucoup de
dextérité pour que ça se fasse vite, tout en gardant de la créativité et
de l’intuition. C’est en ça qu’il est brillant : il garde à l’esprit une idée
et la réalise rapidement. »
Au-delà de cette production léchée, ça reste un travail très
sincère, pas du tout faussé, pas seulement une collection
de tubes faits pour fonctionner…
Sam Genders : « Merci, je devrais enregistrer ce que tu es en
train de dire, là ! (rires) »
J’avoue qu’on a assez immédiatement envie de chanter tes
morceaux en même temps que toi… tu penses que ça fait partie
t la géométrie
des caractéristiques d’une bonne chanson, de pouvoir être
entonnée dans la foulée par l’auditeur? Pour ‘Black Light’,
l’aspect répétitif des paroles va dans ce sens…
Sam Genders : « Oh bien sûr, chanter en chœur, et la répétition,
c’est surtout chouette en situation de concert, il se passe quelque
chose entre les gens… j’ai inclus ce type d’éléments parce que
j’adore ça, en fait, mais je ne dirais pas pour autant que tu en as
absolument besoin pour obtenir une bonne chanson ! »
Et tu aurais un exemple d’un morceau de ce type qui te fait
cet effet-là, à toi ?
Sam Genders : « Oh, j’aime bien ‘You Can Call Me All’ de Paul
Simon. trouve que c’est un super morceau pop, avec de chouettes
chœurs, et c’est une très bonne base pour intégrer l’auditeur. Dans
notre album, la musique et la mélodie existaient avant les paroles.
Est-ce que ça répond à ta question ? »
Oui, tout à fait (rires). Dans ton dossier de presse, et dans les
articles sur Diagrams en général, un des noms auxquels on
vous associe souvent, c’est Hot Chip. Pour ma part, à cause
de ton passage au préalable dans Tunng, de cette origine folk,
je vous rapprocherais plutôt de The Whitest Boy Alive pour
le côté lumineux, ou du nouveau Sufjan Stevens en termes
d’évolution, de construction de morceaux… Est-ce que ça te
paraît pertinent ?
Sam Genders : «Tu sais, je deviens vraiment très nerveux quand on
me compare à Sufjan Stevens. C’est un génie. Je suis certainement
inspiré par ce type de musique, par les gens qui utilisent des
mélanges. La majeure partie de la musique que j’aime vraiment
est une fusion d’électronique et d’acoustique, d’instrumentations
variées, de couches. Mais je n’ai pas sa voix incroyable, c’est un
grand performer. Pour ce que je fais moi, qui est assez simple,
c’est bien d’avoir beaucoup de nappes pour étoffer. »
Une autre part importante de ce nouveau projet, c’est la
cohésion esthétique entre la pochette de l’album, les singles,
le clip, le site internet… comment s’est construite votre
image ?
Sam Genders : « J’avais déjà vu des pièces de Chrissie Abbott il
y a quelques années dans la presse et c’était tout à fait le genre
d’univers que j’aurais aimé pour mes disques. J’ai essayé d’entrer
en contact avec elle, mais je n’y suis pas parvenu, j’avais oublié
son nom. Quand mon label m’a fait des suggestions d’artistes, la
troisième du lot, c’était elle, waw, incroyable! Elle est parvenue à
obtenir un résultat équilibré entre nature et science, entre le côté
géométrique et l’imagerie folk. Ca collait parfaitement à ce que je
voulais. »
Un disque : ‘Black Light (Full Time Hobby/PIAS).
Suivez le guide : http://www.diagramsmusic.co.uk/
Le troisième album de Creature vient de sortir et il s’intitule
‘The Birds Fly Low’. Leur desert rock lancinant et raffiné est plus travaillé
que par le passé et dégage une impression on ne peut plus agréable, bien
laidback. Aldo est toujours accompagné par Jan Wygers (basse) et Michiel Van
Cleuvenbergen (guitare), alors que Jean-Philippe De Gheest a pris la place de Dave
Schroyen en tant que batteur. A noter la présence d’invités prestigieux tels que
Mario Goossens et l’immense Mark Lanegan. Nous avons rencontré Aldo et Jan alors
qu’ils venaient de se produire en première partie de Mark Lanegan.
One happy family
Vous avez enregistré votre album dans la salle du Luchtbal à
Anvers. J’imagine que disposer d’ un espace aussi vaste a dû
être on ne peut plus plaisant.
Aldo : « Vu que la salle a été fermée en été, on nous a proposer
de l’utiliser pendant quelques semaines. C’est l’avantage quand
tu habites Anvers et que tu y connais quelques personnes. Nous
répétons au Trix et le fait de pouvoir enregistrer sur un podium
totalement acoustique est une chance forcément extraordinaire.
Nous avons bénéficié de l’aide de Bart van Immerseel, notre
ingé son, tout en pouvant utiliser du matériel de Triggerfinger.
J’avais vraiment envie d’enregistrer un album sonnant bien
clean cette fois-ci, un peu dans l’esprit de Pink Floyd. Quasi
pas de distorsion, un bon son de basse et un enregistrement
bien fignolé. »
Vous avez désormais un nouveau batteur: Jean-Philippe
De Gheest, qui a joué au sein de Lyenn. Comment vous
a-t-il rejoint?
Aldo : « Quand nous avons commencé les enregistrements,
Jan a eu un nouveau boulot et Michiel a commencé à donner
des cours. De plus, Dave était impliqué dans d’autres groupes,
comme Birds That Change Color, Prospects et Buffoon. Cela
devenait donc de plus en plus dur de trouver des moments où
nous étions tous libres. Auparavant, on travaillait tous ensemble
à nos morceaux, mais vu les circonstances, on a été contraints
de travailler chacun de notre coté. C’est ainsi que j’ai utilisé des
samples de disques africains et turcs dont les intros reposent
souvent sur des percus. Au moment d’entrer en studio, Dave a eu
la malchance de se casser le pied. Il n’est malheureusement pas
encore rétabli à 100%, ce qui réduit ses capacités en tant
que batteur et le contraint à se limiter à des projets plus calmes.
Nous devions malgré tout aller de l’avant vu que nous disposions
du Luchtbal pour bosser. J’ai pris contacts avec d’autres
batteurs : Younes de The Hickey Underworld, Mario Goossens
et Mark Bonne. C’était stressant, vu qu’ils ne disposaient
généralement que d’une journée à nous consacrer et qu’ils ne
pouvaient donc jouer que sur un seul morceau. La situation est
donc paradoxale, puisque nous avons eu la malchance de perdre
Dave tout en ayant eu la chance de voir notre musique enrichie
par l’influence d’autres batteurs. »
On trouve également une multitude d’autres artistes sur
l’album.
Aldo : « C’est moi qui me suis chargé des claviers chez moi,
mais j’ai fait appel à Hans De Prins (Broken Glass Heroes) pour
me donner un coup de main. Son apport a été super car il
trouve toujours plein de bonnes idées. En ce qui concerne les
parties vocales, on a dû aller assez vite et j’ai eu l’idée d’aller
les enregistrer chez Pascal Deweze. J’ai également demandé
à Tim Vanhamel de nous rejoindre. Ils ont chanté ensemble les
harmonies du très cowboy/morriconien ‘Hit The Sky. Ils n’ont pas
beaucoup chanté sur l’album, mais ils ont apporté ce qu’il fallait
là où il le fallait. Je trouve ça chouette d’avoir des invités sur un
album, cela ajoute invariablement un plus. »
Comment avez-vous réussi à faire produire et masteriser
l’album par Greg Gordon et Howie Weinberg?
Aldo : « Jan avait déjà eu l’occasion de travailler avec Greg
Gordon à l’époque de ‘Songs From A Bad Hat’ de Mauro.
C’est un homme extraordinaire, un vrai hippie et quelqu’un de
très serviable. C’est tout simplement l’un des meilleurs mixeurs
au monde, ce qui apparaît clairement quand on parcourt la liste
des gens avec qui il a bossé. On lui a envoyé deux morceaux
et il a réagi de façon extrêmement positive. Il y a consacré
beaucoup de temps et de travail, vu que ce n’était pas simple de
communiquer à distance via Skype. Quand à Howie Weinberg,
il nous a été recommandé par Greg. C’est quelqu’un qui a
travaillé avec des groupes comme Slayer et The Beastie Boys,
ce qui en impose ! On est d’ailleurs ravi du résultat, l’album
sonne super bien! »
Vous avez un jour déclaré écouter essentiellement de la vieille
musique. Y a-t-il toutefois des sorties récentes qui ont su vous
toucher ?
Aldo : « J’aime vraiment beaucoup Wolf People. Et le nouveau Mark
Lanegan est plutôt pas mal, lui aussi. (rires). Je suis également un
fan absolu de The Hickey Underworld. »
Jan : (en montrant son t-shirt) « Graveyard! J’adore également
Dungen, un groupe suédois que Mars Volta a présenté comme
étant son groupe favori dans MOJO. Parmi mes favoris, je citerais
également Uncle Acid et The Dead Beats. Ces derniers constituent
d’ailleurs un véritable mystère. On ne sait rien à leur sujet, si ce
n’est que c’est un groupe récent. Leur musique rappelle un peu
celle de Black Sabbath et fait vraiment figure de révélation. Ils ont
juste sorti un CD à 100 exemplaires et un LP à 300 exemplaires.
Le vinyle est tellement recherché qu’il coûte 500 euros sur ebay.
Assez frustrant. J’ai pu acheter un t-shirt, quand même. J’imagine
que tout cela est le fruit d’une stratégie purement marketing.
Le fait que j’en parle depuis 5 minutes le prouve d’ailleurs
largement ! »
Aldo : « Cela se produit assez souvent. Cela a été le cas pour le
projet réunissant le chanteur de The Mars Volta et Mike Watts. Le
single sort et deux jours après, il t’en coûte 300 dollars pour te le
procurer. On devrait fait la même chose. Ca nous rendrait riches ! »
J’imagine que vous vous réjouissez à l’idée de partir en tournée
avec Mark Lanegan.
Aldo : « Cela a déjà commencé, puisqu’on a déjà donné 6 concerts
pour lui. Au début, c’était assez chaud puisqu’on jouait tous
les soirs et qu’il fallait prendre l’avion quasi tous les jours. Cela
impliquait de ranger le matériel, de beaucoup attendre, de faire les
soundchecks, de jouer pour ensuite tout remballer en attendant le
prochain vol. Au début, c’est stressant, car tu te demandes si tout
va bien se passer. Jean-Philippe, notre extraordinaire batteur, a dû
apprendre à jouer 100 titres de Lanegan, sans compter les nôtres.
On a beaucoup travaillé, beaucoup répété avant de donner notre
premier concert. Ceci dit, tout est désormais bien en place et on
peut envisager la suite avec beaucoup d’espoir et de motivation. »
Jan : « Ce qui est génial, surtout, c’est que les relations au sein du
groupe sont fantastiques et qu’on s’entend également bien avec
le groupe qui accompagne Lanegan (Jean-Phillipe De Geest, Fred
Lyenn Jacques, Steven Janssens). On pourrait parler de One happy
family, c’est vraiment génial. »
Un disque : ‘The Birds Fly Low’ (Waste My Records/Munich)
14
EARTEAM
The Asteroids
Galaxy Tour
Gang Colours
‘Out Of Frequency’
‘The Keychain Collection’
Rough Trade/BMG
Brownswood Recordings
J’adore la publicité, les slogans, les gueules de
benêt arborées par les acteurs, et cette capacité
qu’ont les publicitaires de rarement se réinventer, en fait non pas du tout, ce que j’adore dans
la pub c’est le choix des musiques. Cette foisci, dans ma pile de bons disques, j’ai eu droit
à The Asteroids Galaxy Tour, groupe qui s’est
fait connaitre par les pubs Heineken et Apple,
merde on avait dit pas de marques, sorry patron.
Ce qui les a sans doute aussi un peu aidés à se
produire en première partie d’Amy Winehouse,
merde on avait dit pas les morts, sorry patron.
Bon, globalement ‘Out Of Frequency’ passe
bien, d’une ambiance majoritairement funky,
je doute que les plus coincés de vos potes refusent de se laisser entraîner on the dancefloor. Ne vous réjouissez pas trop non plus, ça
swinge, ça funk, ça pop et parfois ça blues-rock
donc, en gros, l’album souffre d’une multitude
de couleurs musicales parfois déroutante. (tv)
Balkan Beat Box
‘Give’
Strictly Confidential/Crammed
Balkan Beat Box est un groupe fondé par 3
Israéliens basés à New-York qui ont décidé de
réécrire les rythmes traditionnels du ProcheOrient et des Balkans (leurs cultures d’origine)
à la sauce électro. Ce qui aurait pu sembler un
exercice bien tarte à la crème sur le papier se révèle à l’écoute franchement intéressant, car le
groupe ne se contente pas de repomper des
rythmes et des boucles d’instruments traditionnels pour y coller du gros beat par-dessus, mais
au contraire reprend l’esprit originel des musiques folks qu’ils triturent joyeusement. Avec
des sons souvent très modernes, ils retricotent
une musique où l’on sent une recherche de
transe, de mélancolie parfois, et d’invitation à la
fête souvent - bref, tout ce qui fait l’essence de la
musique traditionnelle de leurs ancêtres. Un putain de bel hommage. (jbdc)
Bikini Machine
‘Let’s PartyWith’
Platinum Records
Bikini Machine est un quintet français rétro-futuriste féru de culture pop 60s. Véritablement incollables dans tous les styles, les membres du
groupe puisent leur inspiration aussi bien dans
la variété française que dans le jerk, le twist, la
soul ou les musiques de films. Leurs compositions sont de véritables ovnis sonnant comme
la bande son des ‘Tontons flingueurs’ si Michel
Magne avait été rejoint par Henri Mancini et
Pierre Henry sous acide et ayant trouvé des instruments électros du troisième millénaire ayant
atterri en 1963 par on ne sait quel phénomène
spacio-temporel. Délirante, la musique de cet album, érudite mais non pédante, est à la fois très
pop et audacieuse, dansante et recherchée, à
l’instar de l’extraordinaire ‘Où vont les cons ?’,
du psyché jerk de ‘The Simpletons’, de l’étonnant et insaisissable ‘Bikini theme’. Jubilatoire !
(pf)
Birth of Joy
‘Life in Babalou’
Suburban Records/Music Shock
Hard Coming Love
‘Hard Coming Love’
Dense
Aux Pays-Bas, trois gars poussent les portes de
la perception et gravissent dare-dare les escaliers qui montent au grenier des musiques psychés. Obnubilé par les sons sixties et seventies,
Birth of Joy capte le son d’une époque révolue
et régurgite le tout dans l’urgence. Le trio catapulte ses feux d’artifice psychédéliques sous le
dôme d’un rock’n’roll sensuel, théâtral et exalté. Orgue, guitare, basse, batterie embrassent
l’électricité pour servir la voix d’étalon de Kevin
Stunnenberg, l’homme qui à vu l’homme qui
à vu Jim Morrison. Sur le tout chaud ‘Life in
Babalou’, les Bataves tirent un trait d’union entre
The Doors et Kasabian. Fonceur et grandiloquent, cet album irréprochable a les moyens
pour retourner le petit cœur des rockeurs.
Dans ce grand glissement de terrain où l’Amé-
Gilles Peterson - dont la raison de vivre est d’être constamment
“in search for the perfect beat”- est un peu le John Peel électro
des temps modernes. Et via son label Brownswood Recordings
qui passe au tamis les rivières et les torrents charriant leurs
flots de son actuel, il a récemment mis la main sur une nouvelle pépite. Gang Colours (alias Will Ozanne pour l’état civil britannique) est d’ailleurs rapidement devenu la dernière marotte
en date de Thom Yorke. Il y a bien pire comme contempteur doit se dire le gaillard dans ses
rêves éveillés. Car de rêve et de rave il va être question ici. De dubstep aussi puisqu’il faut bien
mettre une étiquette qui s’avère vite réductrice en l’occurrence. Dans le genre, Gang Colours
emboîte le pas de James Blake mais en adoptant une posture et un son plus underground.
Flottant dans un océan d’ambigüité, le groove subtilement syncopé et la voix lointaine de Will
Ozanne naviguent au large des paysages oniriques, vaporeux et interlopes de nos états d’âme
qu’il fait danser au ralenti. Sublimes échantillons de cette fragrance vénéneuse, ‘Forgive Me’
entre electronica et breakbeat échouant sur un piano spectral ou ‘Fancy Restaurant’ à la ligne
de basse renversante. Soundtrack de nos fins de soirées au milieu d’un dancefloor déserté,
nos rêves étaient stroboscopiques et les raves finiront à coup sûr désenchantées. Mylène ne
s’en est pas encore remise. Nous non plus. (gle)
rique semble s’épancher sur le continent européen, on s’arrête quelques minutes en Suisse.
La Confédération helvétique, ses alpages, la
drogue, ses montagnes, la tête qui tourne. Et
l’envie de dévaler les pentes de ski un soir d’été
en slip léopard. A l’écoute des couches hallucinogènes empilées par Hard Coming Love sur
son album éponyme, on se dit que la Suisse a
quand même ses bons côtés, plutôt localisés
sur les sillons de Spacemen 3, Psychic Ills, Black
Rebel Motorcycle Club ou des Black Angels.
Toute la richesse suisse est ici exposée : les
joies de la poudreuse et les effets revigorants de
la biodiversité. (na)
Blood Red Shoes
‘In Time To Voices’
V2
En direct depuis Brighton, les Blood Red Shoes
nous livrent leur troisième album. Accrochezvous bien, derrière cette très mauvaise balance de bruits à vous refiler une migraine illico
presto se cache, selon les confessions de LauraMary Carter et de Steve Ansel, un album ambitieux. Ambitieux, d’accord, mais en quoi ? Enfin
je veux dire, dans le cas présent on a pile poil
ce qu’il ne faut pas faire : des voix passant trop
souvent derrière les instruments, cachées par
un feutre, les rendant dés lors difficilement perceptibles. Pour tout vous avouer, après la première écoute, j’ai directement téléphoné à mon
oto-rhino-laryngologiste croyant dur comme fer
que mes tympans percés allaient se mettre à vomir du sang. Si cet album ne restera pas dans
les annales, certains morceaux comme ‘Cold’ ou
‘Lost Kids’ sont entrainants et bien ficelés, malheureusement, deux pistes sur onze, c’est un
peu faible et c’est avec une impression d’album
bâclé et bruyant que l’on repart. (tv)
La Boutique Fantastique
Ky topia/Rough Trade.
Les deux producteurs
rotterdamois Maurits
Goossens et Tijmen
Bergman conduisent une
petite troupe d’hurluberlus qui jouent des cuivres,
des cordes et de percussions. On pénètre dans ce
disque comme dans la Rue des boutiques
obscures de Modiano. Quelques indices, des
traces, des pistes et puis tirez votre plan. Assez
vite pourtant les choses se mettent en place.
C’est à l’Est qu’on se dirige. Vers le Danube,
vers les Balkans. Au fur et à mesure que le
disque progresse, la mesure se perd dans
d’agréables méandres, les contours se
brouillent. Un accordéon donne la parade à une
platine. Un faux crooner se joue d’un numéro.
Des percussions orientales dont une authentique darbouka tapissent les murs. Portishead
télescope Goran Bregovi . Plus loin, c’est une
impression non feinte de mélancolie qui nous
gagne. On cherche désespérément à épingler
un style à ce qui nous est donné à entendre. En
vain. Cette musique est à l’image de la
représentation de la photographie usée ornant la
pochette : une ritournelle, une ronde, une
chaconne dont on ne sait si elle fut joyeuse ou
nostalgique. (et)
Bowerbirds
‘The Clearing’
Dead Oceans/Konkurrent
Un pied dans la prairie,
l’autre dans une forêt de
conifères centenaires, la
musique de Bowerbirds se
joue des genres et des
humeurs. Troisième épisode
des aventures du trio
américain, ‘The
Clearing’campe en plein air entre une pop
bucolique, lumineuse et épique, et un freak folk
nostalgique et chagriné. En leur compagnie, on a
parfois l’impression qu’Arcade Fire a engagé
Devendra Banhart pour ratisser le jardin et
entretenir le verger. Pourtant, Bowerbirds n’écrit
plus exclusivement des mélodies à siffler au coin
du feu. ‘The Clearing’marque un tournant, léger et
sensiblement plus rock, où les voix amoureuses
de Beth Tacular et Phil Moore se répondent à
travers des dialogues mélancoliques et toujours
très chics. La mue de Bowerbirds est lente, mais
on peut prendre le temps de l’observer. Et
l’apprécier à sa juste valeur. (na)
Busdriver
‘Beaus $ Eros’
Fake Four Inc
Le rappeur au flow overspeedé ralenti méchamment la cadence. Sur son nouvel album, il rétrograde et s’arrête brusquement dans un champ
synthétique pour cueillir d’étranges pâquerettes
psychédéliques. Le MC plane, ses mots flottent. Avec ‘Beaus $ Eros’, la figure de proue de
l’abstract hip hop ne cherche plus forcément à
cogner, mais à séduire. Busdriver change une
nouvelle fois de cap pour mieux se renouveler. Mais l’essai ‘Beaus $ Eros’s’apparente à une
voie sans issue. En fin de parcours, l’artiste tente
même un duo en compagnie de Sierra Cassidy
(moitié de CocoRosie). Venant de Busdriver, ça
fait presque peur. (na)
Caravan Palace
‘Panic’
Wargram Music
Mesdames et Messieurs: bonsoir et bienvenue! Installez-vous confortablement, mettez
votre ceinture car je peux vous le promettre, ce
que vous allez entendre va décoiffer vos postiches proprets, remettre en place le dernier
de vos épis, défriser vos moustaches, vous allez en un instant être plaqués dans le fond de
votre rocking-chair et prendre un bon crochet
du gauche en pleine tronche. Faites place, mettez vos plus beaux costumes du dimanche, les
Caravan Palace débarquent en ville! En écoutant leur swing électronique, vous allez immédiatement être projetés en pleine prohibition américaine où, pour s’abreuver de leurs délicieux tordboyaux habituels, les neveux de l’Oncle Sam se
retrouvaient dans des bars clandestins. Là, en
toute impunité, l’alcool coulait à flot et à prix d’or.
En fait, c’est ça, avec ‘Panic’, aux sons swinguant entre le jazz manouche et l’électro, les
français de Caravan Palace ont réussi à produire
un album nous projetant dans une réalité parallèle où on à l’impression que tout est possible.
Croyez moi, c’est vachement bon. Que la fête
commence. (tv)
Ceremony
‘Zoo’
Matador
Originaire de Californie,
terre du punk ricain s’il en
est, Ceremony connaît
assurément ses classiques
et nous assène un album
imparable qui mêle avec
brio énergie punk/hardcore
old school façon Dead
Kennedys, sens du groove et veine mélodique
post punk, le tout avec des inflexions psychobilly
que n’auraient pas renié les Cramps. Pareille
posture fait de Ceremony une formation qui sort
assurément du lot des productions punk trop
souvent prévisibles. Le groupe a un son, une
attitude, un style qui lui sont propres et fait
mouche avec chaque titre, ne donnant jamais
l’impression de se répéter. Avec le bien hardcore
‘Hysteria’, le rockab de ‘Community service’, le
très PIL ‘Repeating the circle’, le stoogien
‘Quarantine’, le pistolien ‘Ordinary people’ ou
encore le post punk ‘Video’, ce sont quelquesunes des plus belles pages du rock que
Ceremony se réapproprie avec inventivité et
maestria. Un excellent album ! (pf)
Chairlift
‘Something’
Kanine Records/Sony Music
J’avais juré qu’on ne m’y prendrait plus à lorgner sur le rayon synthétique. Je suis dorénavant
nourrie au grand air des Rocheuses et de la poutine pour trappeurs, moi, monsieur. Je ne porte
de justaucorps de gym en lycra que sous la torture, mes jambières sont remisées à l’époque
où j’avais l’ingénuité de croire qu’Irene Carra serait présidente des États-Unis et qu’on se déplacerait en patins à roulettes à lacets dorés. À présent, je suis devenue maniaque sur le dancefloor, tu ne me verras sur la piste que pour ‘Heart
of Glass’ (Blondie), et encore. Caroline Polachek
n’est pas Debbie Harry, mais question sex-appeal, les brunes ne comptant tout de même pas
pour des prunes, le piège était tendu. Il n’a fallu
que quelques vocaux acidulés et insidieux faisant
mouche, de beats presqu’abusifs sur ‘Sidewalk
Safari’ et la messe était dite : ce disque, j’étais
prête à lui trouver des vertus inconscientes. Bien
entendu, il salit les dents à force de lipstick, il
transpire le stupre forcé (halètements tout sauf
feints sur ‘Ghost Tonight’, « You know I’m guilty
as charged / Go on punished me » en fermeture)
et le clavier recyclé, mais c’est parfois exquis de
s’accorder la cerise sur un gâteau dont le glaçage
dégouline. (alr)
Christy & Emily
‘Tic-Tac-Toe’
Klangbad
Ce duo pop féminin de Brooklyn parfois rêche
parfois tendre est loin d’en être à son coup d’essai avec ce désormais quatrième. Ni tout à fait désagréable, ni tout à fait épatant, un poil longuet et
peuplé de voix qui me laissent plus ou moins indifférente, je peine à lui trouver un point d’accroche
sur lequel gratter. Je placerais bien quelques espoirs en ‘Gueen’s Head’ qui loope à la perfection et
atteint quelques rafraîchissantes hauteurs ou dans
la ballade fuyante au piano ‘Green Lady’ mais ça
ferait une bien maigre moisson en regard de dix
autres morceaux dont je peine à goûter la substantifique moelle. Ce grand philosophe de la musique
contemporaine qu’est Jean-Louis Aubert célébrait
les vertus d’un ‘Idéal Standard’, je crois qu’on en
devine ici les contours. (alr)
The Civil Wars
‘Barton Hollow’
Sony
Ces deux-là se sont rencontrés à Nashville en
2008 et se collent aux basques depuis. Sur la
pochette, elle, regard détourné, devant une
coupe de champagne, lui, sorte de Julien Doré
en noir et blanc tient un bourbon et semble sûr
de son coup. Avec raison. ‘Barton Hollow’ vient
d’être couronné de deux Grammy Awards. Ceux
du « Best Country Duo/Group Performance »
et du « Best Folk Album ». Au nez et à la barbe
(épaisse, lol) des Fleet Foxes et de Steve Earle.
A vrai dire, c’est assez justifié et ce disque s’ap-
EARTEAM
précie comme si l’on se retrouvait soudainement
au fond d’un bar du Tennessee, juste à côté
d’Isobel Campbell et Mark Lanegan, torchés au
Jack Daniel’s, en train de reprendre l’intégrale
d’Emily Jane White. Entre le déchirement étouffé d’une chanson comme ‘Girl With The Red
Balloon’, dont le violon semble être joué du bout
des doigts, et la hargne fiévreuse du morceau
éponyme, il n’y a pas grand-chose à faire sinon
se laisser séduire. Cette édition contient son lot
de bonus alléchants. Trois reprises superbes
dont un ‘Billie Jean’ transfiguré et un ‘Dance Me
To The End Of Love’ qui renvoie l’‘Hallelujah’ de
Buckley à ce qu’il est vraiment : une reprise peu
inspirée de Leonard Cohen. (lg)
Clark
‘Iradelphic’
Warp/V2
Enregistré entre Berlin, Bruxelles, les
Cornouailles, le Pays de Galles et l’Australie, ‘Iradelphic’ traverse une multitude de paysages musicaux - mais, en début d’album, il a
bien du mal à planter fermement sa tente dans
le sol. Entre morceaux folk à la guitare et promenades krautrock tendance kosmische, Chris Clark
semble d’abord hésiter sur la marche à suivre.
Heureusement, bien vite, une ou deux échappées
expérimentales non loin d’Aphex Twin valent très
franchement le détour, sans même parler des divagations brumeuses à la Tim Hecker en toute fin
d’album (car il est extrêmement réussi, ce ‘Broken
Kite Footage’ !). Le Clark anno 2012 vaut toujours
son pesant de pépites vénéneuses, à commencer par la délicieuse Martina Topley-Bird convoquée dans trois featurings rappelant à la fois Four
Tet et Leila - chez qui elle est déjà venue prendre
le micro. Mieux encore, passés les deux ou trois
morceaux poussifs du début de cordée, franchissant chaque palier tel un alpiniste qui aurait délaissé les premiers flancs trop faciles, le sieur
Chris prouve qu’il est encore capable de grandes
choses dès qu’il endosse le bon équipement. On
vérifiera tout cela le 30 avril au Bozar. (fv)
Common
‘The Dreamer/The Believer’
Warner
Chaque album de l’increvable Common vaut le
déplacement : il y a toujours quelque chose de
bon à prendre chez ce justicier masqué - depuis Chicago, le poseur de mots fracasse régulièrement les méchants tenants du gansta
rap. Aussi, son nouveau ‘The Dreamer/The
Believer’ est-il une déclaration d’intention, un
acte engagé où l’on cause éthique, morale sociale et conscience politique. Pas de bagouzes
bling-bling et de dollars factices sous les chansons addictives de notre homme. Juste un
flow focalisé sur son sujet : un concentré de
samples soul, r’n’b et jazzy. Pas de grand déballage médiatique ou de collaborations boursouflées pour pousser la sortie de ce disque.
Là encore, Common se concentre sur l’essentiel, sa voix et quelques invités. On croise la
chanteuse Maya Angelou sur la plage d’ouverture (‘The Dreamer’), le timbre bienveillant de
John Legend (‘The Believer’) et le flow dévastateur de Nas sur ‘Ghetto Dreams’, morceau
phare et faramineux de ce disque protéiforme.
On trouve bien quelques erreurs de parcours
ici et là (le mauvais ‘Blue Sky’), mais si on s’en
tient à l’ensemble et à la force de frappe du binôme Nas-Common (les rumeurs d’un album
écrit par le duo hante actuellement les coulisses du showbiz), ‘The Dreamer/The Believer’
a fière allure. (na)
Deer Tick
‘Divine Providence’
Loose Music
Oh, le truc de cochons ! Vraiment, on se demande comment il est possible de saloper
son disque de telle manière quand on a le potentiel des gars de Providence, Rhode Island.
L’entrée en matière est proprement hallucinante. Avec ‘The Bump’, on pensait déjà tenir
le disque de rock barré du mois, voire du se-
mestre. En réalité, il faudra replacer ce morceau dans une mixtape et balancer le reste
aux ordures ménagères. Résumons : ce titre,
dont la furie va crescendo tout au long de ses
trois minutes trente, convoque les esprits les
plus déglingués de ces quarante dernières années, des Cramps aux Jim Jones Revue. Avec
‘Funny Word’, qui suit, on déchante déjà mais
un bon gros boogie à la Rolling Stones des
seventies, pourquoi pas. ‘Let’s All Go To The
Bar’, piste trois, ramène sur le tapis le crétinisme des Ramones, c’est cool. A l’exception
de ‘Something To Brag About’ qui renvoie au
rock des pionniers si chers à l’Experimental
Tropic Blues Band, le reste de l’album est aussi excitant que Johnny Halliday chantant du
Jean-Jacques Goldman. (lg)
De La Soul’s Plug1 &
Plug2
‘First Serve’
Jesgrew Records/Pias
Deux De La Soul s’échappent en compagnie
d’un duo de beatmakers français: entrevue délirante à défaut d’être mémorable. Jamais fatigués, les légendaires agitateurs du hip hop newyorkais s’impliquent dans cet album concept
agencé autour de l’histoire fascinante de deux
paumés du Queens qui rêvent de briller au firmament du hip hop. Pour s’ouvrir les portes
d’un succès interplanétaire, le duo a la bonne
idée de s’entourer des idées géniales d’un ancien dealer de coke. Ce bon plan, garanti sans
accroc, est mis en musique sous le ciel étoilé de
Paris. Où DJ Khalid et DJ Chokolate bricolent du
beat old school et bien funky pour Posdnuos et
Trugoy, vétérans d’un hip hop mutant et toujours
indépendant. Les deux De La Soul agitent leurs
flows dans une ambiance rigolarde et « cartoonesque ». Un univers qui n’est pas sans rappeler
les dernières incursions de De La Soul dans la
constellation Gorillaz. Entre sketches tordants et
idées tordues, le projet s’essouffle malheureusement sur la longueur. (na)
15
DJ Format
‘Statement Of Intent’
Project Blue Book
Issu de Southampthon, ville portuaire du Sud
de l’Angleterre, Matt Ford (alias DJ Format) s’est
fait connaître sur la scène hip-hop branchée
grâce à ses amitiés avec Jurassic 5 et une première partie de DJ Shadow plutôt remarquée
il y a quelques années. A l’heure de son troisième album, DJ Format enfonce le clou question sons roots et délicieusement vintage. Ça
sent le B-Boy d’antan, le mélange subtil d’instruments live, de scratches moulés avec amour
sur des rythmes intelligents et recherchés façon A Tribe Called Quest, The Roots ou encore
Main Source. Chaque track se veut comme un
trip archéologique tantôt dans le Harlem 80’s,
tantôt la Blacksploitation, tantôt le funk - le tout
avec la même intention (réussie) de bien faire.
DJ Format est un fan de toutes ces époques
et tente de les explorer en y mettant sa touche
électro qui part facilement en vrille. Bref, on
aime. (jbdc)
Dr Dog
‘Be The Void’
ANTI-
Surfant dans les eaux pas toujours limpides du
blues-pop-rock-psychédélique franchement vintage, le sextet de Philadelphie trace sa route
depuis près dix ans sans jamais se mordre la
queue. Dr Dog et ses boys ont pris la bonne habitude de nous servir leur cocktail à base de
Budweiser, d’inspiration 60’s et d’hymnes fédérateurs. ‘Be The Void’ fait suite à ‘Shame, Shame’
sorti en 2010 (co-produit par le Rob Schnapf d’Elliot Smith, Beck et Guided By Voices) et qui était
peut-être leur disque le moins sale et le moins lofi. Sur ce nouvel opus, les cabotins prouvent une
fois encore qu’ils maîtrisent à merveille l’art des
compositions à l’ancienne sans que ça ne sente
le rassis ou le chien mouillé. En choisissant d’être
à nouveau seul aux manettes, le groupe permet à
16
EARTEAM
‘Be The Void’ de tendre vers davantage de spontanéité et de crudité que sur la précédente production. Le son et les mélodies retrouvent illico
un caractère aussi brut qu’efficace. Les guitares
crissent comme les freins de la vieille Pontiac.
Plus que de longs discours, le dylano-beatlesien
et follement immédiat ‘Do The Tricks’ porte la mélancolie d’un Brian Wilson qui pleurerait la disparation de sa planche de surf. Ou l’infaillible ‘How
Long Must I Wait’ dont le refrain vous mordra la
jambe du pantalon pendant le reste de la journée.
Rafraîchissant, mordant et jubilatoire. (gle)
Jacques Duvall
‘Comme La Romaine’
Freaksville Records
« (…) C’est simplement l’expression la plus parfaite, la plus achevée de ce que sera un jour la
chanson française, quand les autres auront pigé,
d’ici quelques années. » C’est en ces termes élogieux que le premier album de Jacques Duvall
avait été salué par le Vif l’Express en 1983.
Bien évidemment, les autres n’ont jamais pigé
et notre ami Jacques de demeurer aussi confidentiel en tant que chanteur-compositeur qu’il
est célébré en qualité de parolier. Pas sûr pour
autant que cela lui déplaise, d’autant que pareille posture ne pouvait que nourrir son goût
pour le désenchantement et titiller sa veine créative. C’est en tout cas une excellente idée qu’a
eue Freaksville d’exhumer ‘Comme La Romaine’
près de trente ans après sa sortie. On y retrouve
un Duvall en forme olympique troussant des
textes emprunts de piques ironiques et désabusées du plus bel effet que notre homme délivre
avec un détachement à la Gainsbourg terriblement classieux. Sur le plan musical, on vogue
dans des eaux pop jazzy (‘Gigolo’), voire bossa
(‘Comme la romaine’), et parfois même avec un
petit côté country (‘Mona Lisa’). Et puis il y aussi deux reprises magistrales. L’une, hilarante de
cruauté cynique, sublime cette vieille scie qu’est
‘Ti amo’ de Umberto Tozzi sous forme d’un ‘Je te
hais’ jouissif. Quant à sa version de ‘Le sud’, de
Nino Ferrer, elle est encore plus désespérée que
l’original, ce qui n’est pas rien! (pf)
Dwellers
‘Good Morning Harakiri’
Small Stone Records
‘Good Morning Harakiri’ est un album tout bonnement monstrueux. Evoluant dans un registre stoner, limite sludge, ce trio américain dégage une
puissance titanesque qu’il n’hésite pas à développer sur des compositions particulièrement longues, à l’instar du dantesque ‘Vultures’. Pour sûr,
Dwellers n’invente rien, mais il faudrait vraiment
être de mauvaise foi pour ne pas adhérer à la musique d’un groupe qui pond des titres venant des
tripes comme ‘Secret revival ‘ ou le spécialement
virulent ‘Lightening ritual’. Histoire de démontrer
qu’ils ne sont pas que des brutes épaisses, ils
nous assènent également une superbe ballade
post grunge sous forme d’un ‘Ode to inversion
layer’ ou encore l’hypnotique ‘Old honey’, franche
réussite dans un registre stoner psyché désespéré évoquant la traversée d’un désert brûlant. Si
le simple fait d’évoquer les noms de Kyuss ou de
Clutch vous donne la chair de poule, vous savez
ce qu’il vous reste à faire. (pf)
Electricity In Our Homes
‘Dear Shareholder’
Fierce Panda
Il faudrait ne jamais calibrer les petits pois. Dans
le meilleur des mondes possibles, il faudrait les
laisser craquer sous la dent, révéler leur acidité,
ne pas brider leur nature. Dans cet univers idéal
où manger / écouter diversifié serait un leitmotiv,
il y aurait très certainement une place laissée à ce
trio londonien qui sous ses airs narquois et son
tempérament naturellement lo-fi parvient à nous
interpeller. Morceau-étendard de ce premier album, ‘Appletree’ déroule à l’envi son obsédante
litanie percussive qui colle aux semelles, et sur
base des inflexions mi-charnelles mi-synthétiques
de Bonnie Carr façon Laetitia Sadier, on n’hésiterait pas à leur concéder un tour de garde pour
le chien et des pique-niques dans n’importe quel
terrain vague, à défaut d’une présentation officielle à nos parents. On ne manquerait pas alors,
échevelés et pieds nickelés, d’entonner quelques
autres hymnes de leur cru, plus foutraques, pas
moins exquis : ‘Buddy Lemonade’ et sa morgue
de slackers, ‘Aching, Breaking Shaking For You’
et son mesclun de voix gémi-susurré. Garçon,
Hooded Fang
‘Tosta Mista’
Fulltime Hobby/Pias
Les Canadiens de Hooded Fang sortent leur premier album,
et toutes les oreilles influentes en Angleterre sont déjà à genoux. Faut dire qu’il y a de quoi: avec un son typique des 60’s
(à grands coups de guitares surf dégoulinantes de réverb’ et
de riffs qui claquent) mais mouliné dans une ambiance psychédélique et titubante, on en prend pour son grade à chaque
écoute. On croirait être plongé dans une ambiance de fête
d’étudiants tout gentille, au bord de la piscine de papa, dans un pavillon de banlieue petitebourgeoise sous un soleil estival déclinant - et pourtant, malgré cette ambiance bon enfant, on
se sent complètement défoncé, l’esprit partant en vrille. Une impression délicieuse. La hype
n’a pas toujours raison, on est d’accord, mais le buzz qui est en train de se cristalliser autour
des Canadiens est ici amplement justifié tant le groupe arrive à recréer des émotions toutes
nouvelles à partir d’un matériel musical ancien et plutôt éculé. Une performance à écouter
d’urgence et à suivre de près. (jbdc)
je voudrais une salade niçoise avec beaucoup
d’olives piquantes! (alr)
Elfin Saddle
‘Devastates’
Constellation
Le souvenir touchant de leur précédent ‘Ringing
For The Begin Again’ encore en tête trois ans
après les faits, c’est avec joie que nous retrouvons Elfin Saddle et ses échos folk japonisants
à la A&E. Toujours de la partie, la vocaliste Emi
Honda transmet le bon mot orientaliste à ses camarades nord-américains, qui ont le bon goût de
plonger leur encre dans un bain d’Evangelista vs
Ben Chasny - oui quoi, on est sur Constellation,
les enfants. Globalement plus secoué qu’en
2009 (rock, si vous voulez), voire plus expressionniste, l’univers de Jordan McKenzie & co demeure toutefois en équilibre instable - ce qui
lui rend un charme idoine sans fausse pudeur
mais avec une vraie modestie. Multipliant les interventions instrumentales, entre éternelles guitares et percussions on se réjouit d’entendre un
accordéon, une contrebasse, un tuba ou des
cloches, le quatuor ne perd toutefois jamais le fil
de ses idées. Rappelant même, c’est étonnant
et convaincant, l’ascèse obscurée d’Alasdair
Roberts, preuve qu’ils maitrisent également l’intériorité modeste, les Elfin Saddle livrent un objet
à la fois inspiré et argumenté. (fv)
Everlast
‘Songs of the Ungrateful Living’
Long Branch/SPV/Suburban
Au début des années ’90, je sautais sur les fauteuils des parents comme une grenouille sous
psychotropes en criant « Jump Around » !Ce titre
de House of Pain laissait gentiment entrer le hip
hop à la maison... Mon père débarquait dans
le salon en me lançant une de ses pensées affectueuses dont il a le secret : « C’est quoi cette
merde ? »; House of Pain, paaaaaaaaa, le groupe
d’Everlast, c’est coooool. Peu de temps après,
le patron de la formation est parti astiquer le
manche de sa guitare en solo. A l’époque, je me
souviens d’avoir essayé de draguer sur quelques
tubes bluesy et vaguement crooner : ‘What It’s
Like’, ‘Black Jesus’ ou ‘Black Coffe’. C’était un
peu la honte, mais l’acné constituait alors une excuse de premier plan. Et puis, les années se sont
écoulées et toutes ces mélodies se sont domiciliées à l’écart, n’étant plus heureuses sur ma
vieille chaine : trop naïves, trop juvéniles. J’étais
passé à autre chose. Mais pas Everlast. Lui, il
s’est bien accroché. La voix graveleuse d’Everlast
escalade toujours des chansons révoltées et des
envies d’amour (‘I’ll Be There For You, Babe’). Cet
album, c’est un peu le remake d’une époque révolue. Pour une raison étrange, on songe à Jim
Carrey, à Gondry et son film ‘Eternal Sunshine of
the Spotless Mind’. « L’éclat éternel de l’esprit immaculé » : bien dit, ça, Michel ! (na)
Ewert and The Two Dragons
‘Good Man Down’
Talitres
J’avoue avoir parfois des
raisons personnelles
d’aimer un album qui
paraîtraient à d’aucuns
infinitésimales ou saugrenues. Primo : présence
avérée de lapins ou de
pandas, ou des deux. Tout autre animal mignon
est un bonus. Secundo : présence observée
d’un instrument à cordes circulaire appelé banjo.
Tertio : présence constatée de voix masculines
en nombre. Combinées, ces caractéristiques
constitueraient une sorte de dahu optimal et me
transformeraient en un être dénué d’un zeste
d’objectivité au moment de l’écoute. Ce disque
existe bel et bien, et excentricité de plus, il est le
fait de quatre gars d’Estonie, une patrie jusque
là pas encore épinglée de façon assurée sur ma
carte du folk. À l’autopsie, cherchons tout de
même à ne pas nous égarer : l’ouverture est
enjouée à souhait depuis les Oooouu-Oouuu
sous pulsation de ‘(In The End) There’s Only
Love’ jusqu’à la petite ligne mélodique
bigrement joueuse de ‘Good Man Down’ qui
débouche sur une fantastique volée de voix à
l’unisson, d’ores et déjà un faîte dans son genre.
D’aérienne impulsion vocale, il est également
question pour ‘Sailor Man’, touchante ballade
sans mièvrerie. ‘The Rabbit’ est une pièce de
résistance comme on les affectionne : notre
fameux banjo au cœur du morceau et un
démarrage plein de rugosité bourrue qui n’est
pas sans nous rappeler notre cher Matt Bauer,
mais avec une construction évolutive entrecoupée de vrais instants de lévitation onirique.
Quelques coups de mou deci delà et un brin de
classicisme mélodique ne viennent pas trop
entacher la vision d’une franche tablée de
séduisants bûcherons. (alr)
La Femme à deux têtes
‘s/t’
Topsy Tur v y Records
Autant le dire sans ambages : je suis globalement mauvaise cliente pour les projets qui
flirtent avec le cabaret, Thomas Fersen et Emily
Loizeau exceptés. J’ai une tendance militante
pour l’épure, ou en tout cas pour éviter autant
que possible les emphases et les acrobaties démonstratrices. Or, ce genre musical si particulier
veut que la gouaille soit invitée de marque, les
tours de passe-passe rimés des intermèdes surprise, sans oublier l’accordéon, pilier de toutes
les fêtes. Tous ces ingrédients sont présents
dans ce projet bicéphale (Jean-Michel Distexhe
/ Perrine Delers), le spectre de nuances vocales
de la demoiselle passant comme il se doit par
Edith Piaf (‘Hypocrisie’) ou de façon plus marquée encore Olivia Ruiz (‘L’Esquive’, ‘Sous mon
crâne’). Les textes ne sont pas trop mal esquissés mais témoins d’un savoir-faire que les moins
de cinquante ans ne veulent pas connaître.
Pour être franche, on a souvent du mal à s’extraire de la naphtaline, à l’exception peut-être de
‘Sans Lunettes’, duo espiègle mitonné en mots
par Carl. (alr)
Lee Fields
‘Faithful Man’
Truth & Soul/V2
Le nom de Lee Fields appartient à l’histoire de
la soul. Pourtant, il s’est toujours conjugué au
présent. Frère caché de James Brown, cousin
éloigné de Charles Bradley, l’homme est resté dans l’ombre des seventies. Après, il a séjourné quelques décennies dans l’obscurième
té. Puis, le 21
siècle est venu frapper à sa
porte. Sa voix d’or réveillée, le vieil oncle de la
soul a participé au grand jeu de l’époque : la
« Retromania ». Ou comment la culture pop est
devenue accro à son propre passé. Revenu des
morts et du coffre à souvenirs, Lee Fields a tou-
ché la grâce en 2009 avec ‘My World’, un album grandiose à écouter sueur au front et paillettes sur le veston. Du grand art. Trois ans plus
tard, Lee Fields revient hanter le présent avec un
disque élégant, mais un brin moins envoûtant.
‘Faithful Man’ jouit d’un incomparable savoir-faire
et d’une authenticité légendaire. Pourtant, les
chansons n’ont pas la force de persuasion de
son précédent essai. Mais peu importe. Ça reste
assez classe et puis, on avance confiant. Avec
lui, le meilleur est toujours à venir. (na)
John Foxx And The
Maths
‘The Shape Of Things’
Metamatic Records
Légende new wave
vénérée par une multitude
d’artistes Foxx a posé les
jalons d’une multitude de
styles musicaux dès la fin
des années 70 (avec
Ultravox ou en solo). Voici
peu, il s’est associé à Ben
Edwards pour perpétuer la bonne parole
électro. Ayant exclusivement recours à des
instruments vintage, le duo génère un univers
certes rétro sur le plan sonore, mais également
futuriste et visionnaire dans la mesure où il
n’hésite pas à se lancer dans des expérimentations audacieuses, principalement sur des
petites vignettes instrumentales, mais aussi sur
un titre comme le fascinant ‘Talk’, où Foxx
déclame un texte d’une voix monocorde sur
fond d’électro dark. Souvent, une certaine
mélancolie cold wave s’empare des compos,
mais toujours avec un sens du pathos, lequel
est en grande partie dû à la voix de Foxx, sorte
de croisement cold wave entre Bowie pour les
intonations (écoutez donc ‘The shadow of his
former self’) et Bryan Ferry pour la pose
crooner. En même temps, le duo peut se
montrer très pop, comme avec le délicieusement léger ‘Rear-view mirror’ ou le très beau
‘September song’ qui n’est pas sans rappeler
Kraftwerk. A noter la présence de Matthew Dear
sur un remix hypno dance de ‘Talk’ et de Tara
Busch sur l’entêtant ‘Where you end and I
begin’ qui clôt l’album. Passionnant. (pf)
Erik Friedlander
‘Bonebridge’
Skipstone/Dense
Nous avions déjà évoqué le nom d’Erik
Friedlander dans nos pages pour dire tout le
bien que nous pensions de ce violoncelliste
new-yorkais, collaborateur à ses heures de John
Zorn et, accessoirement, de Laurie Anderson et
d’Alanis Morisette. ‘Bonebridge’ le voit retourner aux sources de la bluegrass américaine et
confronter son instrument à la langue de ce style
bien particulier. Friedlander aborde le défi en recourant à quelques techniques originales qu’il a
perfectionnées dont celle consistant à utiliser le
violoncelle avec un slide ou à en jouer en pizzicato avec un finger-picking adroit et inspiré. Le
guitariste Doug Wamble, une pointure du blues de Memphis, apporte beaucoup à la réussite de cette combinaison et confère à la sonorité générale de l’album une amplitude authentique. Mi-americana, mi-jazz contemporain inspiré, ‘Bonebridge’ apparaît comme un album intelligent qui jette des ponts entre langages et techniques différents. (et)
Froggy
‘Destination Grooveland’
Cool ya
Deuxième album des Belges de Froggy. Plutôt
habitués à être considérés comme un groupe
funk-rock, on entend vite que cette étiquette est
un peu trop étroite pour eux. On y goûte, à mon
sens, plutôt du rock garage façon Sud américain: un peu bourrin, basé sur des riffs répétitifs
taillés à la machette mais qui sonnent rudement
efficaces et virils. Le décor et l’ambiance enfumée sont posés dès les premières mesures. En
creusant un peu, on découvre que leurs touches
funky (influencées par Bad Brains, PPz30 ou encore Red Hot Chili Peppers) placées sur certains tracks plus low-tempo apportent une nouvelle approche - comme un routier fatigué du
Michigan qui viendrait écluser sa lassitude à
coup de bourbon dans un resto-route vétuste
posé près d’une Interstate au milieu du désert
texan. Un univers riche et dense. (jbdc)
07.04 | JOSÉ JAMES
YESTERDAY I HAD THE BLUES:
THE MUSIC OF BILLIE HOLIDAY
17.05 I HAUSCHKA + JÓHANN JÓHANNSSON
+ DUSTIN O’HALLORAN
130701 TRANSCENDENTALISTS EUROPEAN TOUR 2012
31.05 I A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN
CHAMBER ORCHESTRA + NILS FRAHM
01.04 I WALLIS BIRD + AIDAN
02.04 I A NIGHT WITH… PRIMUS
02.04 I ANIMALS AS LEADERS
03.04 I THERAPY?
03.04 I THE STRANGE BOYS + JACUZZI BOYS
04.04 I OM
06.04 I ANGELS & AIRWAVES + LE BLORR
09.04 I RIVAL SONS
10.04 I IMANY + NEVADA FELLOW
10.04 I BLACK BOX REVELATION
11.04 I BLACK BOX REVELATION
11.04 I MICHAEL HURLEY + PAPER WINGS
+ SCREENING OF ‘SNOCK ‘N ROLL: ADVENTURES WITH MICHAEL HURLEY’
12.04 I ORBITAL + THE JAPANESE POPSTARS
13.04 I GUIDO BELCANTO
14.04 I LIZZ WRIGHT
14.04 I BARN OWL + BLANCK MASS (= ½ FUCK BUTTONS)
+ ENSEMBLE ECONOMIQUE
16.04 I BEN HOWARD + EMMY THE GREAT
17.04 I RAYMOND VAN HET GROENEWOUD ‘DE ALLERLAATSTE RIT’
17.04 I MARLON ROUDETTE
18.04 I SOAP&SKIN (WITH ENSEMBLE) + A THOUSAND FUEGOS
19.04 I FINK + EMMETT FINLEY
20.04 I JOOLS HOLLAND & HIS RHYTHM & BLUES ORCHESTRA
20.04 I SARAH FERRI
21.04 I MINNEAPOLIS, MON AMOUR: DARK DARK DARK + WE WERE EVERGREEN
22.04 I MADELEINE PEYROUX & BAND
23.04 I THE ANTLERS + I AM OAK
24.04 I TUUR FLORIZOONE
24.04 I BROOKE FRASER
25.04 I GROUNDATION + BROUSSAÏ
25.04 I OF MONSTERS AND MEN
26.04 I ROBERTO FONSECA ‘YO’
26.04 I WALLACE VANBORN + KAPITAN KORSAKOV
27.04 I THE DANDY WARHOLS
27.04 I RACHAEL YAMAGATA
28.04 I KYTEMAN ORCHESTRA
28.04 I 16.00 A BRAND ‘GRAMMAR’
28.04 I 20.00 A BRAND ‘GRAMMAR’
18
EARTEAM
Gemma Ray
Beth Jeans Houghton
& The Hooves Of Destiny
‘Island Fire’
Bronze Rat
Gemma Ray ne manque pas de caractère, elle
qui dans son fourreau rose perle, tout en roulant les airs avec conviction (‘Troup De Loup’)
et choop-choopant plus que de raison (‘Put
Your Brain In Gear’), tente de concilier soul,
pop et rock. Pour être francs, on ne serait pas
étonnés qu’elle ait suivi avec assiduité le séminaire « Amy Winehouse partim 2 : smokeyeye » avec option fanfare retro de croisière et
qu’elle porte des gants en satin les jours de semaine. Malgré notre faible avéré pour ‘This Town
Ain’t Big Enough For The Two of Us’ (Sparks) on
n’échangerait pas un baril de Nancy Sinatra et
Lee Hazlewood contre deux barils de la jeune
anglaise, fût-elle épaulée par Ron et Russel Mael
dont elle reprend ici deux morceaux (‘How Do I
Get To Carnegie Hall ?’ et ‘Eaten By The Monster
Of Love’). Se choisir un pygmalion satisfaisant
reviendrait donc à opter pour des bottes adéquates pour marcher, et celles-ci sont trop pailletées. On restera fairplay en suggérant qu’elle
trouverait acquéreur du côté des aficionados de
Lady Linn ou d’Adele désireux d’une sensation
plus acidulée. (alr)
Get The Blessing
‘OC CD’
Naim Jazz/Rough Trade
Quartet originaire de Bristol, Get The Blessing
oscille entre un jazz bon teint heureux et une
sorte de funk rock instrumental chambré. Une
rythmique huilée, une basse débridée et des
cuivres (sax et trompette) astiqués en constituent les caractéristiques essentielles. Il n’est
pas sans intérêt de souligner que la section rythmique a collaboré avec Portishead tandis que
Clive Deamer, le batteur, a récemment été recruté par Radiohead pour ses tournées. En revanche, figurent ici en invités Adrian Utley - guitariste de Portishead - et Robert Wyatt dans une
courte mais vive apparition en chorale. Malgré
un manque de relief à certains endroits, ‘OC DC’
se laisse écouter d’une traite. (et)
Great Lake Swimmers
‘New Wild Everywhere’
Net t werk
Voici un album qui porte bien mal son étendard.
La sauvagerie, ce n’est pas vraiment la botte secrète de ces Canadiens qui, avec ce cinquième
essai, cherchent encore et toujours à apprivoiser dans son habitat reculé l’americana, cet animal placide et curieux comme un tapir à franges.
On leur connait plutôt des filets à papillon à
cordes, des voix qui n’hésitent pas à user d’indolence plus ou moins rauque et des guitares
qui frisent à loisir la léthargie. À ce tarif-là, autant
en profiter pour participer à une partie de pêche
sur le lac de l’Eau d’Heure à guetter le gardon :
chaque remous uptempo (‘Changes With the
Winds’, ‘Easy Come Easy Go’) y serait célébré
comme une victoire inouïe et mériterait amplement une petite danse avec force harmonica autour de la glacière. La prochaine fois, c’est promis, on vit dangereusement et on affrète un van
pour Nashville. (alr)
Grimes
‘Visions’
4AD/Beggars
Il n’y a pas meilleure pub pour la sortie de ‘Titanic’
en 3D que la société Costa Concordia, c’est à
vous faire peur de voyager, comme lors des étés
meurtriers où plusieurs coucous se plantent en
plein vol, mais là, avec les bâteaux, c’est à vous
donner un putain de mal de mer. Pour toute personne voyageant régulièrement, la cinétose
n’est qu’une vieille habitude à laquelle on s’est
faite, mais pour les personnes ancrées à leur petit lopin de mégapole, comme moi, cette sensation est désagréable. Nausées, maux de tête,
perte d’équilibre sont toutes les sensations que
m’évoque ‘Visions’, troisième album de la jeune
canadienne Claire Boucher aka Grimes. Un tour
du monde orchestré par des rythmiques ou des
ambiances tantôt asiatiques (‘Genesis’) tantôt plus apaisantes (‘Know The Way’) parfois ultra américaines (‘Vowels = Space and Time’ aux
vieux relents électroniques). En plus de ce mélange dénué d’unité, la chanteuse n’en finit pas
de nous agacer avec une voix stridente, chantant
des paroles trop souvent inaudibles. (tv)
‘Yours Truly, Cellophane Nose’
Mute
Je ne sais pas vous, mais moi quelques notes de trompette,
des harmonies vocales en ouh ouh et des airs printaniers qui
me rappellent Belle & Sebastian ou Camera Obscura, ça suffit pour m’égayer la journée. Aujourd’hui il a fait beau, même
pas besoin d’une musique guillerette pour me donner du peps
et malgré tout, ‘Yours Truly, Cellophane Nose’ (quel sens du
titre !) m’a foutu une sacrée banane. Ne croyez toutefois pas que nous avons affaire à une
énième déclinaison de Stuart Murdoch et Tracyanne Campbell - on en est même assez loin, finalement. En points communs, on trouve avant tout la grande qualité du songwriting de Beth
Jeans Houghton, jeune Anglaise de 22 ans à la voix tout aussi angélique que mûre - c’est surprenant sur les titres davantage retenus à quel point elle se rapproche de Joni Mitchell, mais
aussi de My Brightest Diamond. Là s’arrête la comparaison, toutefois, tant la demoiselle et sa
bande vont pêcher across the Atlantic des influences totalement assimilées, notamment des
rythmes échappés de Talking Heads ou Dirty Projectors sur le très central titre ‘Atlas’. Et même
si on sent par instants que le combo britannique au nom interminable cherche encore une
grammaire propre, en ce qui me concerne, il fait déjà figure de révélation 2012. (fv)
The Inspector Cluzo
‘The 2 Mousquetaires’
Fuck thebassplayerrecords/Suburban
C’est vrai qu’ils attirent la sympathie, nos deux
mousquetaires gascons. Proche des « indignés »
et s’insurgeant contre les excès du capitalisme
et de la culture bling bling, ils revendiquent fièrement leurs racines tout en s’ouvrant aux autres
cultures. La musique est fortement influencée
par l’héritage de Curtis Mayfield, référence ouvertement revendiquée, ainsi que par le hard old
school et un goût pour le second degré potache.
Pour être franc, le versant plus heavy ne convainc
pas vraiment, vu qu’on songerait à une parodie
de AC/DC (ce qui est d’ailleurs peut-être le but).
Lorsqu’il se la joue funky, par contre, l’inspecteur démontre qu’il a un furieux sens du groove et
nous balance quelques franches réussites, à l’instar de ‘Wild and free: ‘The “indignés” song’,‘Move
on up’ ou encore Téléfoot’. (pf)
Islands
‘A Sleep & A Forgetting’
Grinderman
‘Grinderman 2 RMX’
Mute
Le gang burné à moustaches a déserté l’arène
après deux brûlots au court-bouillant (pragmatiquement ‘Grinderman’ et ‘Grinderman 2’),
et on se souviendra longtemps du son sulfureux des allumettes en concert. Pour faire patienter les grands consumés jusqu’au prochain
Nick Cave, voici un essai(m) mordant de réinterprétations, collaborations et remixes de leur second album dopé au facteur XY, jugez plutôt:
rien moins que Nick Zinner (guitariste des Yeah
Yeah Yeahs), Robert Fripp (King Crimson), Unkle
ou encore A Place to Bury Strangers pour faire
monter la (bru)noise après passage au shaker
du tracklisting original. Sans jouer les vierges du
temple, il est cependant épineux de marquer de
son sceau des morceaux habités par une des
plus discernables signatures vocales et un son
gargantuesque. Si on devait toutefois distribuer
des gommettes rouges ou vertes, là où on a du
mal à accueillir de façon bienveillante (doux euphémisme) la version d’Andrew Weatherall d’
‘Heathen Child’ (une bouillie innommable), on
saluera par contre la tentative de Josh Homme
(Queen of The Stone Age) de disséquer le cri
du chef de meute en stéréo sur ‘Mickey Bloody
Mouse’ et de le rendre plus primal encore revenu à une certaine sobriété. Le reste s’appréciera
on the rocks. (alr)
Helder
‘The Rythm Of Change’
Jarko
Le gantois Helder Deploige reste un artiste inconnu dans nos contrées où le sirop de Liège
et la tarte al d’jote tendent à devenir les derniers
fleurons industriels. Et on ne peut que le regretter tant le côté authentique qu’attachant de
ses productions mériterait que la Belgique entière (au moins) y prête une oreille plus attentive.
Point final d’un triptyque entamé en 2003 avec
‘The King Lost His Crown’ et poursuivi en 2006
par le très intimiste ‘The Ceiling Is Not The Sky‘,
ce nouvel album viendra à nouveau démentir le
préjugé selon lequel il n’y a que les Amazones
et leurs congénères qui savent faire plusieurs
choses simultanément. Multi-instrumentiste,
Helder se multiplie aux quatre coins de la galette
pour assurer sur chacun des instruments, banjo et Dobro y compris. Dans son registre poprock teinté de folk, il fera inévitablement penser à
Andrew Bird, grâce notamment à son indéniable
habileté à trousser des mélodies futées et qui refusent la monotonie. (gle)
The Hickey Underworld
‘I’m Under The House, I’m Dying’
PIAS
Attention hype méchante. Le panneau est placé
bien en vue sur l’autoroute de la mer et d’Anvers.
Car c’est avec l’étiquette de groupe rock belge
le plus intéressant du moment que les anversois
sortent ce deuxième album sobrement baptisé
‘I’m Under The House, I’m Dying’. Bien à l’image
d’un groupe qui ne lésine pas sur l’esthétique du
parfait petit branleur licencié es jeu de massacre.
Encore et toujours produit par Das Pop, le quatuor régurgite depuis ses débuts en 2009 les bi-
berons rock, hardcore et grunge engloutis à toute
vitesse dans leur jeunesse finalement pas si lointaine. Et sur le bavoir la mixture donne un rock revêche, abrasif, puissant et sale avec quelques remugles oldies. Le tout soutenu par une batterie
féroce et emmené par un chanteur dont les hurlements possédés sont directement connectés
à une rageuse folie. Le mur du son est régulièrement franchi dans une allégresse rafraîchissante.
On regrettera peut-être que les aspérités du premier album aient été gommées au profit d’un son
nettement moins cru et de « mélodies » toujours
dissonantes mais plus pop. (gle)
Marc Houle
‘Undercover’
Item & Things/Rough Trade
Ou quand la tech nous pousse irrémédiablement vers le récif. Houle : ensemble de vagues
enclenchées sur des dizaines voire des centaines de kilomètres. Elle est définie par sa direction et sa hauteur. Pourtant tracé par une
ligne nous menant droit vers un dance floor
en fonds marins, le chemin dessiné par Marc
Houle ne cesse de donner le mal de mer sans
jamais imposer la nausée. Quant à sa hauteur, elle se veut digne d’un disciple de Richie
Hawtin dont Houle s’éloigne pourtant de l’héritage pour oser un premier album sur son propre
label Items and Things. Libéré des dogmes de
Minus, 8 titres qui affichent au grand jour les marottes du producteur canadien et son amour de
la broderie old-school. ‘Hearing’nous plonge
dans une hypnotisante réminiscence des eighties. ‘Undercover’ ‘Juno 6660’ envie de revisiter Detroit Grand Pubahs sans artifice comique,
la preuve par ‘Very Bad’. Et il y a ces plages de sable gros - qui ne cessent de groover, mais
en bas fond, loin des phares, ‘Mooder’. ‘Under
The Neath’tape dur mais on ne refuse pas la fessée. Paradoxalement, sur un album porté par la
nostalgie, seul ‘Am Am Am’semble faire de l’oeil
au rétroviseur. Marc Houle s’est libéré et ne respecte que ses propres règles. La loi selon Item
and Things. (dark)
Ill
‘Gotten Gains’
Glassville Records/Ber tus
Originaire de Géorgie, ce trio américain fondé en
2005 a dès le départ affiché un énorme potentiel, ce qui lui a valu un contrat chez Universal.
Bien vite, toutefois, le groupe devait se rendre
compte que cet environnement basé sur le profit ne pourrait que brider sa créativité. Bien lui en
prit de s’enfuir à toute vitesse, puisque ce départ
lui a permis de préserver son intégrité musicale.
Il faut dire que Ill cultive le goût pour un rock
couillu, sans concession, revendiquant fièrement ses identités blues rock, stoner et grunge,
le tout avec la volonté de produire un son puissant comme crédo. Des titres comme ‘One
time’,‘Finches’ ou‘There are worse things than
being alone’ sont des merveilles de rock stoner sudiste à la Queens of the Stone Age, tandis
que ‘Christine’ est une admirable ballade post
grunge hantée par un piano mélancolique.‘Gold
and opal’ dégage une beauté sublime sur laquelle Ryan Waters, dont la voix est généralement l’épitomé de la puissance brute, se mue en
un falsetto particulièrement déchirant. (pf)
ANTI-
Groupe à géométrie
(entendez line-up) variable,
Islands est d’abord et avant
tout le projet de sa tête
chercheuse et pensante
Nick Thorburn, seul résident
permanent de cette île qui a
déjà fourni moults trésors.
Mais pour le coup, le beau pirate a perdu de sa
superbe et se retrouve tel un Robinson seul
comme un plouc sur son île. Non pas que ses
musiciens l’aient débarqué mais c’est plutôt sa
chère et tendre qui a jeté ses malles sur le trottoir.
Oubliées les orchestrations un peu foutraques et
la kitsch-pop multi-instrumentale aux allures de
fanfare de carnaval. La poilade est finie. Place à
un véritable concept album autour des affres de
la séparation. Un déménagement, un piano et
quinze jours, voilà donc apparemment la recette
miracle pour accoucher d’un disque somptueux
qui ne confond jamais confession et impudeur.
Trempée dans la plaie béante de son désastre
amoureux, la plume n’est pourtant jamais
dépressive. On n’a jamais l’impression d’écouter
son meilleur ami pleurnicher au téléphone.
Musicalement, les arrangements sont en satin.
Thorburn excelle dans le registre de la nonchalance classieuse griffée délicatement par un son
très 50-60’s aux guitares surannées et qui lorgne
régulièrement vers le doo-wop (‘Never Go Solo’
ou ‘Can’t Feel My Face’ avec son orgue à la ’96
Tears’). ‘A Sleep & A Forgetting’. Une sieste et
c’est reparti comme en 40. Ah si ça pouvait être si
simple… (gle)
Jesus Is My Son
‘1914-1918’
FF HHH/Mandaï
Fondateur du micro-label FF HHH et membre
éminent de l’excellent trio K-Branding, Grégory
Duby fait partie de ces héros discrets de la musique. Sous son pseudonyme Jesus Is My Son,
le guitariste bruxellois explore une voie médiane
entre impressionnisme cinématique et expérimentations folk du plus bel effet, notamment sur
le morceau introductif ‘Héroïsme et Désespoir’
(4’51 de bonheur total). Même si un ou deux
morceaux incitent davantage à la réflexion dubitative - sans jeu de mots pourrave - faute de réel
point d’accroche, la majorité des compositions
de notre homme s’inscrivent dans un discours
certes sombre mais d’une grande cohérence
stylistique. Tel un narrateur d’un épisode tragique de notre histoire, mais elle est vue à hauteur d’homme les deux pieds dans la boue des
tranchées, ‘1914-1918’ transmet le tragique de la
situation sans éviter la sinistrose déconfite. C’est
lent, profond et très beau. (fv)
Joy as a Toy /
Germanotta Youth
Cheap Satanism Records/Mandai
Histoire de fêter dignement ses deux ans,
Cheap Satanism Records renoue avec la tradition du split single. Sur le vinyle 10 pouces,
Joy as a Toy se charge de la face A. Nous offrant dans un premier temps une lecture inspirée et virtuose de ‘Profondo rosso’, titre psyché prog composé par les remarquables Goblin
pour le film d’horreur du même nom signé Dario
Argento, le groupe propose ensuite un titre free
présente
OZARK HENRY
THOMAS DUTRONC
PSY4 DE LA RIME
COEUR DE PIRATE
JOSHUA // BRIGITTE
YOUSSOUPHA // 1995 // DAAN
MANI // JALI // SEFYU
PIERPOLJAK // SHAMEBOY
THE EXPERIMENTAL TROPIC BLUES BAND
4 > 6 MAI | INCOURT
WWW.INCROCKFESTIVAL.BE
visu.indd 1
PARTY HARDERS // NEG’MARRONS
CLAIRE DENAMUR // SCYLLA
SARAH CARLIER // JAMES DEANO
KILL THE YOUNG // PEAS PROJECT
THE SLACKERS // AND MANY MORE...
15/03/2012 23:20:40
20
EARTEAM
électro dissonant mais étrangement addictif.
Encore plus fou, Germanotta Youth nous convie
en face B à deux de ses compos faisant dans
le déluge électro grindcore apocalyptique avant
de se fendre d’une reprise particulièrement brutale de ‘Halloween’, bande son du film de John
Carpenter. Aussi terrifiant cela puisse-t-il paraître,
cette version est encore plus flippante que l’original. Ames sensibles s’abstenir ! (pf)
The Kabeedies
‘Soap’
Fierce Panda
Il semble que dans la déferlante d’imitateurs qui
suivit le tsunami Vampire Weekend (2008), on
soit passé à côté du premier LP des Kabeedies.
Cette savonnette bien p(r)op est l’occasion de
se rattraper et de rappeler ceci : on n’a jamais
vraiment réécouté le deuxième opus des VW et
seul Fool’s Gold, parmi les suiveurs, a réussi à
nous enthousiasmer (et encore, sur son premier
album). En pédalant à la remorque des deux
groupes précités, les Kabeedies ne sont pas
prêts à changer la donne. ‘Soap’ est donc un
bon petit disque, sans prétention, qui marie les
guitares afropop aux cuivres des Dexys Midnight
Runners, avec parfois, un gros riff hard, un xylophone manchot, ou un bon break bien poussif.
Agréable. (lg)
Sven Kacirek
‘Scarlet Pitch Dreams’
Pingipung/Dense
A vouloir trop astiquer les lustres, on finit par les
décrocher. Ainsi Sven Kacirek, à force de se lancer dans d’interminables démonstrations avec
son set de percussions, en bois, en verre, en papier même, finit-il par lasser l’auditeur le plus indulgent. Et ce d’autant qu’on n’aperçoit pas bien
la justification d’une telle effusion. Au début, ça
le fait. Par la suite, ça le fait un peu trop. A la fin,
ça le fait plus. Ce hambourgeois est visiblement
un musicien doué et possède un bagage de
poids. Trop souvent cependant, il se perd en fioritures et s’égare en parant à satiété des compositions qui finissent par étouffer sous le poids de
leurs ornements. (et)
Killing Joke
‘MMXII’
Spinefarm Records
Connaissant le goût pour
l’occulte qu’a toujours
cultivé Jaz Coleman - il s’est
enfui en Islande au début
des années 80 car sentant la
fin du monde imminente !,
l’année 2012 et ses
prévisions apocalyptiques
ne pouvaient que constituer une source
d’inspiration sans limite. Ceci dit, l’âge lui a
conféré une certaine sérénité qui lui fait voir la
possibilité d’un monde meilleur et c’est donc
dans le sens d’une société moins cupide et plus
soucieuse de l’environnement que le groupe
envisage le changement de cap. Cela nous vaut
un album inspiré et engagé qui se distancie
quelque peu de l’approche métal des dernières
sorties. ‘Fema camp’, qui traite de l’emprisonnement arbitraire et inhumain développé aux
Etats-Unis, aurait facilement pu figurer sur le
premier album du groupe avec son côté lent,
lancinant et tendu, alors que ‘Primobile’, un
superbe titre à la fois dark et mélodieux, renvoie à
l’époque bénie de ‘Love like blood’. ‘Rapture’, titre
incantatoire hypnotique, associe riffs tendus et
beats électros pour un joli résultat. ‘Corporate
elect’, diatribe anti capitaliste, est lui aussi jouissif.
On aime également le bien nommé ‘Trance’ et
son côté ultra dansant - on dirait du disco punk
gothique ! - ou encore le superbe ‘On all hallow’s
eve’ et sa tension entre couplets post punk
apaisés, aériens et majestueux et le côté
volcanique des refrains. A la différence de moult
vétérans qui ont perdu toute crédibilité, Killing
Joke a gardé passion, verve et inspiration. (pf)
Kill The Young
‘Thicker Than Water’
Sunny Weeks Production/Team4Action
On commençait à croire que les trois frangins ne reviendraient plus sur les devants de la
scène, leur dernier, et très bon album de surcroît, datant de 2007, ne résonnait plus trop
dans nos oreilles. Les jeunes anglais ont dû
Lost In The Trees
‘A Church That Fits Our Needs’
Anti/WMG
Certains disques vous font vaciller, c’est irrémédiable. Vous
n’aviez pas nécessairement l’intention de céder du terrain,
d’ailleurs vous ne connaissiez même pas ce groupe originaire de Caroline du Nord. L’ouverture s’illustre en dissonance,
quelques notes de pianos jetées dans l’oubli, une machine à
écrire, et ‘Neither Here Or There’ qui laisse encore croire à une
percée vers le grand jour. Et puis arrive ‘Red’ et le séisme est
à la hauteur des barricades. Cette voix féminine sous-jacente qui s’insinue dans vos pores à
vous rendre dément, c’est celle de « Lady in the Radiator » dans ‘Eraserhead’, c’est la prise de
conscience brutale que notre effritement est inévitable, une plongée symphonique d’une ampleur déchirante dans des couloirs labyrinthiques hantés par des êtres qu’on a jadis chéris. Le
ton est donné : dans ‘A Church That Fits Our Needs’, le deuil que cherche à faire Ari Picker de
sa mère disparue volontairement (cette femme opalescente telle une muse pré-raphaélite sur
la couverture) ronge amplement l’espace sonore, les cendres sont disséminées jusque dans
les passages les plus éthérés. Le disque n’en est pas exclusivement dépressif pour autant : on
y goûte par endroits une sérénité admirable mais fragile (‘This dead bird is beautiful’ et cette introduction d’une réelle grâce), aidés en ça par des compositions mélodiques au cordeau, servies par des musiciens rompus à l’exigence du classique, mais pas dénués de sentiment. On
pardonnera les quelques scories maniéristes que dissémine parfois Lost In The Trees, tant il
fait naître d’images qu’on envisagerait parfaitement sur grand écran. Embarquez sans tarder
pour une bouleversante traversée intime qui vous terrassera ou vous mettra à nu ! (alr)
passer une des épreuves les plus douloureuses: la mort de leur père. Ca ne nous regarde pas mais ce drame marque un tournant
énorme dans ‘Thicker Than Water’. Tout d’abord
l’artwork de l’album et son livret rassemblant
les clichés familiaux, ensuite le choix des morceaux, leurs thèmes, leurs places sur la plaque.
L’album commence par un joyau folk d’une intimité lourde et pesante allant crescendo comme
‘I Don’t Want To Fight With You Anymore’, déclaration d’amour des frangins pour leur mère. Les
riffs plus rock typiquement british reprennent
avec ‘One And Only’ et ‘You’ve Got To Promise
Me’ préparant un tapis rouge à ‘Darwin Smiles’
premier single et vrai O.V.N.I. de l’album, ses
choeurs russes en témoignent. La suite de
l’album est plus mélodique et laisse place à
des textes encore plus personnels : ‘Will You
Change For Me?’ clôturant l’album en est l’ultime exemple. ‘Thicker Than Water’ dévoile le
chemin parcouru par les frères Gorman tant
au niveau harmonique que dans leur songwriting. (tv)
Felix Kubin
‘TXRF’
It’s
Homme de tous les dadaïsmes, qu’ils soient
en solo expérimental - tendance funny robots
- ou en collaboration électro-poppy (je songe
plus particulièrement au génialement décalé
‘Detached from All Objects’ avec Pia Burnette),
Felix Kubin enrobe la première description pour
son nouvel opus ‘TXRF’ (pour Total Reflection
X-Ray Florescence). Méthode utilisée pour “analyser la surface des matériaux en les bombardant de rayons X extrêmement plats” (ne m’en
demandez pas plus), le double vinyle explore
sans la moindre once de monotonie la théorie sur des synthétiseurs et séquenceurs divers (MS20, SQ10...). Au-delà de l’apparente
sécheresse de la démarche, le producteur de
Hambourg s’est une nouvelle fois fait grand plaisir à chipoter les touches et boutons dans tous
les sens. Cosmique sans tomber dans la facilité étoilée de nombre de ses compatriotes; Kubin
imprime toujours un second degré cher à mes
oreilles. Et parfois on se marre jusqu’à l’os, façon Radioaktivität vs Conrad Schnitzler. (fv)
Lianne La Havas
‘Lost & Found EP’
Labour & Love
Totale hype au rayon songwriting féminin, Lianne
La Havas mérite - à peu près - la tonne d’éloges
recueillis pour ses deux premiers EP (dont voici le premier). D’une douceur qui n’oublie pas
une subtile dose de râpe, la splendide (oui, oui)
voix de la musicienne londonienne (aux origines grecques et jamaïcaines) franchit en souplesse le palier qui sépare la folk de la soul.
Accompagnée de Willy Mason - on a connu pire
parrain - sur le premier des cinq titres (‘No Room
For Doubt’), la jeune demoiselle aux vingt-trois
printemps inclut ça et là une dosette jazzy à son
univers, qui n’est pas sans rappeler Liz Green ou
Martina Topley-Bird. Un chuia trop sage. (fv)
Little Trouble Kids
‘Adventureland’
PIAS
Sévissant jusque dans un passé pas si lointain
sous le patronyme de Boston Tea Party, Little
Trouble Kids est un duo mixte résolument noisepop originaire de la région gantoise. Couple à la
ville comme à la scène, Eline Adam et Thomas
Werbrouck nous convient à leur pendaison de
crémaillère. A peine passé le pas de la porte,
nos hôtes assènent un uppercut ‘Left Right Left’
qui nous cueille à froid et nous en met plein la
tronche. Pas de round d’observation donc et on
se retrouve très vite dans la peau d’un adepte du
Marquis de Sade arrivé par méprise sur un ring
de boxe et qui finirait par adorer se prendre des
bourre-pifs au point d’en redemander. Les guitares sont grasses et vous poussent sans cesse
dans les cordes. Les mélodies sont lubriques
tout au long des douze rounds menés tambours
battants et percutants. Et sans qu’on s’explique
vraiment pourquoi, la voix d’Eline nous empêche
de jeter le gant. On n’en sort pas KO mais le
pervers en nous jubile. Furieux, addictif et sans
échappatoire. (gle)
Lockerbie
‘Olgusjor’
Kapitän Plat te/Cargo Records
Ils nous le disent d’entrée de jeu, c’est un album entre amis, «Best friends making music
together». Ce genre d’expérience transpire
toujours une saveur particulière. Prenez par
exemple ‘Let It Be’ des Beatles, chaque chanson
est fabuleuse mais le disque dans sa globalité
pue le malaise et le manque de connivence, tout
l’inverse de ce qu’auraient pu être les Fab Four.
Avec ‘Olgusjor’ on est loin de tout ça, on sourit,
on comprend, on part en totale confiance partout où ils veulent bien nous emmener, sans vraiment rechigner. Mais je me dois d’être honnête,
je ne pense pas pouvoir être très objectif sur cet
album pour la simple et bonne raison que dès
sa plage introductive ‘Laut’, on plonge dans l’incroyable ‘með suð í eyrum við spilum endalaust’
un des meilleurs albums de Sigur Ros. L’indie
rock proposé par Lockerbie ne se démarque
de leurs pairs Islandais que le temps de deux
trop courtes chansons. Les cuivres, les choeurs,
clochettes et autres instruments à vent ne font
qu’amplifier cette sensation de déjà entendu.
Mais contrairement à Sigur Ros, les Lockerbie
chantent en islandais; je dois bien l’avouer, ce
côté catalogue Ikea passé en reverse donne un
petit cachet non négligeable. (tv)
Manu & Les
Coundouristes
‘Notes & Observations’
Elabeth
On devine derrière ‘Notes & Observations’ une
vraie bonne foi et la profonde envie du gars de
partager son talent. Reste que - et c’est un amer
constat d’échec que les écoutes répétées ne changeront plus - rien ne se passe. Des morceaux
chantés en français vaguement hypnotiques (était-
ce leur but ?), très très peu de guitares saturées
(‘Le Bruit’), un chouia de funk blanc (l’incompréhensible ‘Pas Perdu’) et des titres qui feraient passer Samir Barris pour l’Eric Clapton de la bossanova (‘Les Etoiles’). En forçant le trait, on pourrait écrire que l’univers de Manu Coundouris et de
ses Clodettes ressemble à s’y méprendre au pays
merveilleux d’Henri Dès. (lg)
Katie Melua
‘Secret Symphony’
Dramatico
Je dois faire gaffe à ce que je vais dire, ma mère
me tuerait si j’avais le malheur de critiquer Katie
Melua. Dès ‘Gold In The Hills’, cover de Ron
Sexsmith et chanson d’ouverture, mon scepticisme est en émoi, nous voilà livré à un mélange entre une chanson typique de Noël et un
classique de Disney, j’en viens à me demander si Katie Melua n’a pas trop de mal à évoluer ou vieillir surfant sur la bonne vague du
temps. Peut-être ai-je juste un peu de mal avec
sa musique en général et ne suis-je pas la personne adéquate pour chroniquer son album?
L’album est composé de quatre reprises; en
plus de la première précédemment citée, vous
trouverez : ‘All Over The World‘ de Françoise
Hardy, ‘Nobody Knows You’ de Jimmy Cox et
‘Moonshine’ de Fran Healy. Pour le reste, la
géorgienne est revenue à ses premiers amours
en s’associant avec Mike Batt, son producteurmanager. Je reste dubitatif mais, encore une
fois, ce n’est pas du tout ma came. (tv)
Minny Pops
‘Standstill To Motion’
LTM Recordings
Leur nom ne vous dira sans doute rien, mais les
Minny Pops ont malgré tout fait partie de l’écurie Factory de la grande époque. Ceci dit, à la différence d’un groupe comme Joy Division, ce
groupe hollandais n’a jamais composé l’ombre
d’un titre susceptible de marcher. Et puis, comme
le confirme l’écoute de ce live enregistré en 1981
au Melkweg, sa musique était quand même vachement dark et expérimentale, même en vertu des critères pourtant ouverts de l’époque. Il y a
d’abord la voix du chanteur, davantage gothique
que post punk, qui semble lancer un appel depuis l’enfer. Musicalement parlant, l’ensemble est
assez exigeant, avec son côté brut et abrasif. Riffs
dissonants, motifs monolithiques des claviers,
rien ne flatte l’oreille de l’auditeur. Sur la longueur,
pourtant, ce live se révèle hypnotique et obsédant; les Minny Pops, à défaut de cartonner, auraient mérité de jouir d’un statut de groupe culte
et visionnaire. Avis aux amateurs.(pf)
Moonman & The Unlikely
Orchestra
‘Mascarade Labyrinthe’
Greed Recordings
Alors que le troisième album de Stuck In The
Sound déçoit, le deuxième long format de ce trio
parisien impressionne et rappelle les heures glorieuses de ce qui était à l’époque qualifié d’indie : la pop borderline de Sebadoh (ce ‘Soul And
Fire’, toujours imparable vingt ans après), la déglingue crasseuse de Sonic Youth, la fureur de
Fugazi. L’affaire est pliée en 43 minutes et c’est
recta qu’on y revient, le vit au garde-à-vous.
Certes, tous les morceaux se ressemblent mais
quasiment chacun d’eux possède son changement de climat à mi-parcours, si bien qu’une
chanson n’est jamais celle qu’on croit. Là où on
s’attend à une banale resucée des Pixies, on finit dans un déluge instrumental de guitares passées aux pédales d’effet. ‘Mascarade Labyrinthe’
se termine en apothéose. ‘Bubble Boy’ joue
d’abord la carte sentimentale, ballade un peu
niaise, avant de la boucler et de se transformer
en longue suite hypnotique. Du beau boulot. (lg)
Morning Parade
‘Morning Parade’
Parlophone/EMI
Ah les fameux disques « en rab’ » de notre estimé rédacteur en chef! Bonne pioche : ‘Morning
Parade’ balance un rock alternatif à l’accent british fort énergique. Ils sont présentés comme le
prochain gros succès made in Britain, et ce n’est
pas pour rien. Pour son premier LP, la bande originaire du Essex est arrivée à rassembler les recettes qui marchent : un rock efficace, puissant,
02.04
03.04
11.04
12.04
12.04
14.04
14.04
16.04
16.04
17.04
18.04
21.04
21.04
22.04
23.04
24.04
25.04
26.04
27.04
OTHER LIVES Us/DEER TICK Us + THE MAGNETIC NORTH Ca
LOS CAMPESINOS! Gb + TAIL SHIPS Gb
BRETON Gb
DIONYSOS Fr • SOLD OUT
! THE CAST OF CHEERS Gb
JALI Be • coprod. Nada • Cirque Royal
THE ASTEROÏDS GALAXY TOUR Dk
GREAT LAKE SWIMMERS Ca + BARZIN Ca • SOLD OUT
ISLET Gb
XIU XIU Us
PONY PONY RUN RUN Fr • coprod. Live Nation
OF MONTREAL Us + RECORDERS Be
SEA OF BEES Us
MAPS & ATLASES Us
BOY & BEAR Aus
MAJOR LAZER Us/Gb
PERRY ROSE Be new album
1060 Be + JAZZILAN Be
CHARLES BRADLEY & HIS EXTRAORDINAIRES Us
27.04 MAKYzard Be • new album - coprod. Lezarts Urbains
!
= new talents, cool prices ! (Bota’Carte 5) -
…ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA
02.218.37.32 – WWW.BOTANIQUE.BE
BO
ZAR
30.04.2012
BOZAR
NIGHT
20:00 > 04:00
PARTY
Clark - Daedelus with Archimedes
Lazer Sword ft Michael Titze visuals
Oneohtrix Point Never - Goldffinch
Dj Sofa - & others...
EXHIBITIONS
Per Kirkeby
Retrospective
CY Twombly
Photographs
€ 13,00 (door) - € 10,00 (pre-sale)
€ 6,00 (- 26 with BOZARSTART)
Rue Ravensteinstraat 23
1000 Brussel | Bruxelles
18 & 19 MAI 2012
22
EARTEAM
des choeurs, une batterie et une basse à juste
niveau, pour un résultat plus que satisfaisant.
Si les comparaisons avec Keane, Two Doors
Cinema Club ou encore Snow Patrol sont évidentes, je pense que le jeune groupe arrivera à
se tailler sa part du gâteau. (tv)
Kjetil Møster
‘Blow Job’
+3dB
Malgré son titre ironique,
qui fait référence au souffle
nécessaire à la maîtrise du
saxophone - en témoignent
les trois premières minutes
de l’inaugural morceau-titre
où l’on entend que le
souffle de Kjetil Møster ‘Blow Job’ est une œuvre totalement prenante
dans l’interstice fragile qui sépare le free jazz de
la musique contemporaine sur l’excellent label
norvégien +3dB. Telle une déclinaison solo - du
sax, du sax et encore du sax - penchée sur le
Lemur Quartet et R.S.Gjertsen, deux compagnons d’étage et ce n’est pas un hasard, les six
pièces jouées lorgnent avec (ré)jouissance sur
les multiples champs ouverts par Marshall Allen.
D’une pertinence parfois réconciliée avec une
mélodie qui aurait trainé en Inde ou à Harlem,
sans pour autant négliger sa nordique attitude
entre détachement et profondeur, le jazzman
norvégien fait une entrée fracassante dans mon
univers. Qui en redemande déjà. (fv)
The Mount Fuji Doomjazz
Corporation’
‘Egor’
Denovali Records/Sonic
Sous l’appellation smart The Mount Fuji
Doomjazz Corporation se cachent en réalité des
membres du combo The Kilimanjaro Darkjazz
Ensemble qui entendent mener un projet parallèle mais fort proche musicalement, privilégiant ici davantage la scène et l’improvisation.
Ce disque a d’ailleurs été enregistré live dans un
théâtre moscovite. Un jazz ambient sombre et
ouaté aux atmosphères lynchéennes et à l’humeur antalgique. Sur une structure rythmique
basse/guitare/batterie se greffent un violon, un
trombone, un peu d’électronique et, de temps
à autre, une voix. C’est tout naturellement que
le disque paraît sur Denovali, un label qui a su
créer en peu de temps un catalogue éclectique
en donnant un habillage esthétique élégant à
ses productions. Le musique de The Mount Fuji
Doomjazz Corporation n’est d’ailleurs pas sans
rappeler celle des collègues du label que sont
Povarovo et le Dale Cooper Quartet. Plus familièrement, elle évoque également les climats chers
à Bohren & der Club Of Gore. (et)
Mull Historical Society
‘City Awakenings’
Xtra Mile Recordings
Ce disque est l’exemple type du genre d’albums à
écouter histoire d’accompagner les premiers jours
du printemps. Avec ses ritournelles pop un rien désuètes, ses guitares primesautières et la voix juvénile du chanteur Colin MacIntyre, l’ensemble se
laisserait facilement fredonner. Toutes proportions
gardées, on pourrait comparer ‘City Awakenings’
aux morceaux des Lightning Seeds ou aux premiers albums de James, en moins percutant et en
plus convenu, certes, mais affichant une telle candeur qu’on ne peut qu’être bienveillant. (pf)
Simi Nah
‘5’
Sonic Angel/Universal
Elle aime la mode et s’est installée à Paris pour
ça, de son propre aveu, y a découvert un autre
monde, la musique, elle roule sa bosse en tant que
bassiste avec Praga Khan, elle se lance en solo,
en résumé voilà le CV de Simi Nah. Hey Danny
Mommens, aurais-tu lancé une mode avec ta charmante comparse Els Pynoo? En effet, ‘5’ nous fait
vraiment penser aux gantois de Vive La Fête... en
moins fin, tapissé de rides et couvert de tâches de
vieillesse. Par contre, elle tient son thème musique
et mode avec des titres comme ‘Coco ChaRnel’,
‘R&B (Rubis & Bikini)’ ou encore ‘Requiem Pour
Un Chiffon’. Dany Mommens, si tu nous lis, envoienous la recette pour faire de bons morceaux, nous
transmettrons à l’intéressée. Merci. (tv)
Quakers
‘Quakers’
Stones Throw/V2
Fantastique voyage sonique et onirique au pays d’un hip hop
multiple, ‘Quakers’ se présente comme le projet cinglé orchestré par l’inusable Geoff Barrow. Le cerveau bouillonnant de
Portishead s’est mis en tête de réunir ses MC’s préférés autour d’une bande son sinueuse et ondoyante. Si on est heureux
d’apprendre qu’il kiffe grave les bons mots d’Aloe Blacc et les
flows azimutés de Dead Prez, Prince Po, Guilty Simpson, Booty
Brown (The Pharcyde) et M.E.D, on se réjouit surtout de rencontrer une tripotée de nouveaux
copains. C’est bien simple : sur les 35 rappeurs (!) invités à esquisser cette toile sans fond, on
ne connaît quasiment personne. L’occasion de se familiariser avec les noms de glorieux clandestins du hip hop alternatif (King Magnetic, Raydar Ellis, Quite Nyce, Coin Locker Kid, Estee
Nack, etc.). Initialement lancé pour habiller le film de Banksy (l’excellent ‘Exit Through The Gift
Shop’), ce projet faramineux n’a rien abandonné de ses origines cinématographiques. Les 41
morceaux de l’album défilent en effet comme une bobine : les pellicules s’enchainent sans discontinuer. Sur papier, l’info est assez dingue. Dans l’oreille, c’est une pure merveille. Bref, si on
vous propose un ‘Quakers’, n’hésitez pas : plongez goulûment dessus. Tout y est. Le goût, le
son, le flow. C’est toujours un succès. (na)
New Bleeders
‘New Bleeders’
A ses débuts, ce quatuor s’appelait Vegas, nom
sous lequel il avait connu un joli succès d’estime. Vu la confusion possible avec un autre
groupe belge du même nom, il a décidé de se
rebaptiser New Bleeders et propose un album
qui n’a pas grand chose à voir avec les productions belges actuelles. Il est en effet ici question de punk assez doom et rageur, emprunt autant d’une noirceur gothique que d’un côté garage/psychobilly, le tout avec un goût pour l’expérimentation qui rend l’ensemble foncièrement original. On aime en particulier le percutant ‘Crimson times’, le mantra dérangé et bruitiste de ‘Words to the wise’, ainsi que le tendu et
scandé ‘Horses’ qui fait limite post punk, sans
oublier le complètement barré ‘Reality ripper’,
soit l’étrange rencontre entre le free jazz le plus
dissonant, le garage bruitiste et une bande son
de Tarantino. Ces mecs sont fous! (pf)
No One Can Ever Know
‘The Twilight sad’
Fat Cat Records
Une excellente surprise! No
one can ever know propose
un rock fortement influencé
par le post punk qui se
révèle particulièrement
addictif et subtil au niveau
des constructions et des
textures. Assez dark et
tendus, comme traversés par une combustion
interne, les titres associent un côté radical et
désespéré façon Joy Division à la dimension
épique affichée de The Editors, mais sans le
côté un peu bancal de ces derniers qui ont
quand même tendance à abuser un peu trop de
synthés. Ici, la noirceur se fait sobre et de bon
goût. Des titres comme‘Dead city’,‘Sick’, ‘Don’t
look at me’ ou encore‘Nil’ en sont l’exemple
parfait. Si le groupe opte à l’une ou l’autre
reprise pour une approche plus pêchue avec un
degré élevé de réussite, notamment sur le plus
new wave ‘Another bed’, c’est cependant dans
son registre le plus downtempo qu’il atteint
vraiment les cimes (le majestueusement
sépulcral ’Not sleeping’). Superbe! (pf)
Nothing But Noise
‘Not Bleeding Red’
Future Noise Music
Sous cette appellation en forme de devise se profile le projet de deux membres fondateurs de Front
242, Daniel Daniel B Prothèse et Dirk Bergen.
Nothing But Noise figurait au Body Farm Festival
au Bota en octobre dernier aux côtés de ses coreligionnaires que sont Dive et Parade Ground et ce
n’est pas un hasard tant est vive actuellement la
tentative de revival de l’electronic body music de la
fin des années 80. Pour sa part, Nothing But Noise
privilégie le son à la musique. Chaque son est affiné, peaufiné, sculpté, à grand renfort d’un équipement perfectionné que le groupe se plaît à afficher sur son site. Au final, il n’y a pourtant rien de
foncièrement novateur dans ce défilé sonore aimable. Tangerine Dream a fait peu ou prou la
même chose il y a quarante ans. A la lumière de ce
constat évident, ce disque apparaît d’autant plus
long qu’il s’agit d’un double cd. (et)
Kim Novak
‘The Golden Mean’
Sunny Weeks
La petite histoire veut que
Kim Novak ait refusé le rôle
principal de ‘Breakfast At
Tiffany’s’ (1961), laissant à
Audrey Hepburn les fastes
de la postérité. Des
parallèles sont faciles à
tracer: en choisissant un tel
patronyme, le groupe caennais entend bien
tracer sa route telle qu’il l’entend, ne pas se la
laisser raconter. Et tant pis si dans 50 piges, on a
complètement oublié qui ils furent. Un groupe
signé chez Talitres (!) le temps d’un sombre
premier album aux influences post-new-wave
(Interpol, The National) qui retourne aujourd’hui
sa veste côté couleur. Côté pop. De fait, ‘The
Golden Mean’ est un kaléidoscope de sucreries,
un bubbelgum acidulé qui pique et qui claque.
Un barnum nostalgique qui replonge dans les
sixties dorées. Ballades valsées (‘Falling Apart’)
qui emportent les cœurs les plus résistants vers
les crescendos furieux de l’Arcade Fire juvénile,
ritournelles endiablées (‘Merry-Go-Round’, ‘Not
So Sure’) qui renvoient aux catalogues de Sub
Pop (les énormes Mister Heavenly) et de Fortuna
Pop! En France, l’album est sorti à l’automne
dernier. Chez nous, il annonce le printemps. ‘Will
You Marry Me ?’. For sure. (lg)
Papier Tigre
‘Recreation’
Africantape/Mandaï
Rares sont les groupes hexagonaux, voire anglosaxons, capables d’affronter les mêmes eaux
que Shellac ou Fugazi sans risquer la noyade au
bout de trois secondes. Rien de tout ça avec les
Nantais, en dépit d’un anglais quelquefois approximatif - mais bon, celui de Nico n’était pas
exactement pur jus non plus. Sans (trop) chercher à piquer les idées de leurs glorieux ainés
américains, le trio varie subtilement les tempos,
sans jamais surjouer ni risquer la crise cardiaque
pour cause de bourrage de crâne intempestif.
Une des forces de leur musique tient non seulement en sa force percussive, pourtant jouée en
finesse, mais aussi en l’inclusion d’éléments dub
rock qui m’ont fait penser, ô immense bonheur,
aux meilleurs instants du Dub Trio. Non seulement la batterie la basse et la guitare s’envolent
à l’unisson punk dans des morceaux admirablement écrits, mais en prime on a droit à du vrai
avant rock avec de vrais musicos dedans. Que
demande le peuple ? (fv)
Pond
‘Beard, Wives, Denim’
Coming March/NEWS
Du art-rock comme on aime, avec une bonne
grosse louche de psychédélisme et de punk-rock
à l’ancienne qui relèvent la sauce. Voilà comment
on pourrait décrire ce quatrième album de Pond,
projet parallèle des Australiens de Tame Impala.
Dans un trip façon kaléidoscope, le groupe envoie le bois dans toutes les couleurs de l’arc-en-
ciel. Ces jeunes gens partent de petits diamants
pop bien foutus, de mélodies simples et accrocheuses, pour ensuite foutre leurs petites créations délicates dans un mixeur d’influences les
plus déglinguées. On pense parfois à Can, aux
Flaming Lips ou à Pavement tant les Australiens
tirent dans tous les sens. On se réjouit de les entendre partir loin dans les expérimentations les
plus étranges et hors-piste tout en n’oubliant pas
le fil conducteur de leur pensée. Secoués dans
tous les sens, on ne peut que demander du rab’
une fois le disque fini. (jbdc)
Pony Pony Run Run
‘Pony Pony / Run Run’
Wagram
Amis de la french touch bonjour! Oubliez les
Guetta ou autres midinettes du dancefloor mixant
les mains en l’air. Non, je vous parle de ce son si
particulier que l’on retrouve chez Phoenix, Tahiti
80, les Hushpuppies ou autre Daft Punk; force est
de constater que la France est bonne quand ses
artistes chantent en anglais. Après un premier album imposé grâce à un tubesque ‘Hey You’ les
propulsant en haut des charts, autant vous dire
que pour leur deuxième album les trois nantais étaient plus qu’attendus. Au final, s’il n’y pas
de grosses déceptions, on est loin d’être rassasié. Composé et écrit entre les concerts, l’album
manque de cette pincée de magie qui le rendrait
indéniablement immanquable. Sans pour autant passer complètement à côté de leur sujet, les
Pony Pony Run Run nous avaient présenté une
bien meilleure première copie, néanmoins ils s’en
tirent avec la moyenne. (tv)
Poor Moon
‘Illusion’
Bella Union/V2
Warning : certains pourraient s’exciter. Dans le réflexe pavlovien qui déclenche la bave chez les aficionados des Fleet Foxes, ceux-ci risquent de
s’en mettre partout dès les premières notes d’‘Illusion’, magnifique chanson folk dont les arpèges se
fondent dans des échos resplendissants et cristallins. Ils remueront alors la queue d’apprendre que
deux des membres de Poor Moon se sont en réalité échappé de leur groupe préféré le temps de cet
Ep. Christian Wargo et Casey Wescott sont pour le
coup rejoints par les frères Murray (des moins médiatisés, hum, The Christmas Cards). Ils dévoilent
cinq jolis titres prometteurs et aventureux, dépouillés (‘Illusion’, ‘Widow’), faussement groovy (‘Once
Before’) ou plus richement pop et orchestrés
(‘People In Her Mind’). A suivre. (lg)
The Popes
‘New Church’
ST T Recordings/Ber tus
Pour rappel, The Popes est le groupe qu’avait
formé Shane McGowan dans les années 90
après la fin des Pogues. Après avoir sorti deux
albums et un live, Shane est retourné à ses
aventures solo - et au bistrot, diront les mauvaises langues. Cela n’a pas empêché le groupe
de poursuivre l’aventure avec dignité et un joli
degré de réussite. ‘New Church’, le petit dernier, est à ce titre représentatif de l’identité du
groupe. Un journaliste a un jour écrit à juste titre
que le groupe ressemblait à ce qu’aurait pu donner les Waterboys si Mike Scott avait un peu forcé sur le whiskey. Si les racines celtiques et folk
sont bien présentes, notamment sur les très
belles ballades que sont le titre éponyme, l’ultra sobre ‘Alice (reprise)’ et le déchirant et très
Springsteen ‘Hanging up my guns’ , le groupe affiche aussi des penchants punk (‘Storming heaven’) et un goût pour les ballades rauques façon
Tom Waits (‘Queen of Manhattan’); le tout, invariablement, avec beaucoup d’humanité et de générosité. Un album qui fait du bien. (pf)
Quantic & Alice Russel
‘Look Around The Corner’
Tru Thoughts/Rough Trade
Deux émissaires de la scène musicale de
Brighton se retrouvent sous le soleil colombien pour signer un disque de soul authentique
et chaloupé. Chez eux, en Angleterre, le grand
manège médiatique qui accompagne le succès des resucées soul semble avoir zappé le
timbre délicieux d’Alice Russel. Pourtant, la patine de sa voix vaut bien celle d’Adele ou d’Amy
Winehouse. En compagnie de son ami et producteur Will Holland, alias Quantic, elle imagine
C
M
Y
CM
MY
CY
CMY
K
24
EARTEAM
un effort transversal où la soul s’accommode
des rythmes paradisiaques de l’Amérique du
Sud. Sous les palmiers, sa voix chaleureuse est
soutenue par les harmonies du Combo Barbaro,
orchestre fantastique monté par Quantic au pays
de la poudre blanche. Cumbia, tango, boléro,
rumba : tous les genres du coin se déhanchent
sur les rythmes haletants de ‘Look Around The
Corner’, album estival ébauché entre cordes,
cuivres, rhums, mojitos, percussions et sombreros. Un bon dépaysement. (na)
Renée
‘Extending Playground’
Zealrecords/Konkurrent
Elles sont finalement rares les demoiselles qui,
munies de leur brin de voix et de trois bouts de
ficelle en guise d’arrangements, parviennent à
m’émouvoir. De belle sobriété et d’univers jazzy,
il est question dans ce premier album de Renée,
mais on ne lui connait pas les mêmes fêlures
que Martina Topley-Bird ou le goût du jeu de
Hanne Hukkelberg. Si ‘Extending Playground’
me caresse souvent dans le doux sens du poil
(le désuet tintinnabulement de la boîte musicale en ouverture de ‘The Fear’, le timbre chaud
de ‘Little Soldier’, ‘Ferdinand’ qui n’est pas
sans nous rappeler Hooverphonic), l’ensemble
manque encore sans doute un peu d’étoffe ou
de prise de risque pour me contenter jusqu’à
plus soif. Je ne doute pas cependant qu’il y aura
quantité d’oreilles ravies de se prélasser longuement sur son terrain de jeu molletonné. (alr)
Josh Ritter
‘Bringing In the Darlings EP’
Essential/Ber tus
15 juin 1961, 19h08. Bal de promo à Belle Plaine
Senior High School, Iowa. Ton cavalier de second choix est en retard, et tu frémis déjà de
le voir arriver chez tes parents, engoncé dans
son costume turquoise une taille trop petite,
même pas capable de se souvenir que ta vaporeuse robe qu’il a bien l’intention de saccager à
l’arrière de sa Corvette sera pêche, et qu’il aurait été courtois de t’apporter des fleurs assorties. Il te reste un plan b. Le comité des fêtes a
fait appel à Josh Ritter pour l’ambiance musicale, très sobre sans son Royal City Band : on
n’est qu’en province, et on ne peut pas se payer
les Everly Brothers. On sait tous que tu aurais
préféré Matt Ward, il a toujours eu plus de caractère. Mais imagine le tableau : un verre de
punch, deux slows de rigueur avec le plancton
de service et puis sous les yeux ébahis de tes
copines consumées de jalousie, tu t’enfuis au
bras d’un songwriter un rien blanc-bec, mais capable d’entonner six ballades romantiques pour
obtenir un baiser volant de pas de porte. Avoue
que tu as les yeux qui brillent, non ? Par contre,
si tu comptais quand même sur la robe déchirée
ce soir, tu vas déchanter…avec les gentlemen,
‘Love Is Making Its Way Back Home’. (alr)
Roscoe
‘Cracks’
Pias
Alors que My Little Cheap Dictaphone serait en
train travailler à la suite du remarquable et remarqué ‘The Tragic Tale Of A Genius’ (2010), ce
bon vieux Redboy s’offre avec son pote Raphael
Wynands une chevauchée bucolique à la lisière
du post-rock. Enfin, c’est l’esprit du projet. Dix
titres qui soignent les climax, entre contemplation
et exaltation. Dix titres portés par un single dont
Pure Fm a déjà assuré à ses auteurs des lendemains qui chantent en terme de royalties. En
soi, la rotation lourde d’‘Ennemies’ est plutôt une
bonne chose. La chanson est impeccable. Le clip
est de toute beauté. Là où ça coince, c’est que le
reste du disque est beaucoup moins accrocheur.
La tension et les guitares teigneuses de ‘Hey ! You
Got Things To Solve !’ ou la douceur sans faille de
‘Lowlands’ devraient, d’après la bio, évoquer « le
cœur des volcans et l’eau pure de Norvège ». Un
feu de paille et un verre d’eau du robinet, ouais.
Ce qui n’est déjà pas si mal. (lg)
Daniel Rossen
‘Silent Hour/Golden Mile’
Warp/V2
C’est une voix chevrotante, sensible et terriblement humaine. C’est celle de Daniel Rossen, architecte discret des constructions monumentales
M. Ward
‘A Wasteland Companion’
Bella Union/Cooperative Music/V2
M. Ward poursuit son sans faute. Fine plume du paysage
contemporain, guitariste d’exception, l’artiste retrace l’histoire
éternelle des musiques américaines. Blues, country, pop, folk :
tout cet héritage national traverse invariablement sa discographie. Et le récent ‘A Wasteland Companion’ ne fait pas exception à la règle. Depuis Portland, M. Ward colorise des vignettes
sépia et recycle des cartes postales de l’Amérique rurale. Après
quelques précieuses collaborations (l’aventure She & Him avec l’actrice Zooey Deschanel ou
le projet Monsters of Folk aux côtés de Conor Oberst, Jim James et Mike Mogis), le paysagiste
de l’Oregon arpente les décors de son sixième album studio. Intitulé ‘A Wasteland Companion’,
ce disque convie du beau monde aux agapes. On notera, notamment, les présences
d’Howe Gelb (Giant Sand) au piano, Mike Mogis (Brigt Eyes) à l’orgue, la batterie de Steve
Shelley (Sonic Youth), John Parish aux percussions, les cordes sensibles de Tom Hagerman
(Devotchka) et les chœurs amoureux de Zooey Deschanel. Ami des stars, héros des musiciens, M. Ward se promène d’une ritournelle à l’autre avec l’aisance d’une hirondelle. Looping,
vol plané, atterrissage, tout ça, il sait faire. Partagé entre les notes d’un piano et sa guitare, M.
Ward façonne des chansons artisanales, des mélodies savoureuses et épaisses qui tentent le
grand écart dès que l’occasion se présente. On passe ainsi de la réverb’ à la distorsion pour
atterrir dans un lit de cordes en nylon. Confortable, réconfortant et passionnant, ce nouvel album impose l’artiste comme un incontournable de son temps. (na)
de Grizzly Bear. Entre une
tournée marathon et la préparation d’un nouvel album
en groupe, le New Yorkais
s’est décidé à lâcher prise,
à coller à ses envies comme
pour mieux s’éloigner des
visions orchestrales du
gros ourson. Le guitariste a écouté son cœur. Il
s’est abandonné en solitaire sur cinq morceaux :
bribes intemporelles de sa relation personnelle
avec la pop. Ce type est un génie, l’âme musicale
de son instrument, le prolongement enchanté de
ses sentiments. Maître d’œuvre d’une discographie parallèle avec Department of Eagles (deux
trésors cachés à se procurer les yeux bandés),
Daniel Rossen mérite mieux que ce statut d’artiste
de l’ombre. Les cinq chansons déposées dans
la soie de ‘Silent Hour/Golden Mile’attestent d’un
savoir-faire appelé à passer à postérité. Quelque
part entre Van Dyke Parks et Paul McCartney,
Daniel Rossen touche à la grâce et se pose sur
un nuage. Au-dessus de la mêlée, au-delà des attentes. (na)
R.Wan
‘Peau Rouge’
Wagram
Alors bien sûr, enquiller de telles références à la
suite peut refiler fissa la varicelle, l’herpès génital et la lèpre aux lecteurs assidus. Renaud, Lama,
Benabar, Wampas et Mc Solaar. Ben ouais. Le
pire, on avait prévenu, c’est que ça fini par être
contagieux. Enfin, surtout deux morceaux en début d’album. Après, ça mollit sérieusement du genou. R.Wan, donc. Un mec revenu des dreadlocks
(Sense Lion) et des petits boulots minables pour
finir dans Java, groupe de rap musette. Today,
‘Peau Rouge’ tente de faire le grand écart entre
chanson française païenne et loufouque et hip-hop
funky. Partout, la grosse section de cuivres en fait
des tonnes. Parfois, à retaper sur le clou des jeux
de mots éculés, certains textes finissent par devenir (abs)cons. Par deux fois (sur dix), c’est tout
de même bingo. ‘Le CRS Mélomane’, cabaret tubesque grâce à ses paroles débiles : « je suis un
crs mélomane / un amoureux de John Coltrane /
c’est pas parce que je joue du gourdin / que je suis
le dernier des bourrins ». ‘Mélodie En Sous-Sol’,
rap cuivré, joliment envoyé. (lg)
Sexion d’Assaut
‘L’apogée’
Wati B/ Sony
Toi aussi t’as une casquette. Ton frère a une capuche et ton pote un bonnet. Sur la pochette,
vous avez des beaux anoraks noirs. Trop cool.
Des gourmettes pendent à votre cou et de
grosses lunettes noires de soleil ornent vos faciès. Vous remplissez Bercy. Votre site vend en
ligne tout l’attirail du petit rappeur, conforme à
l’image qu’on lui a fabriquée. Votre rap n’a jamais valu tripette et vous ânonnez les sempiternelles ritournelles entendues mille fois avec une
complaisance crasse. A votre France métissée
malgré elle, à votre chienlit geignarde, je préfère
la vraie souffrance d’un Drieu La Rochelle ou la
révolte réelle d’un Malcom X ou des Last Poets.
Apogée d’ta mère. (et)
Shaking Godspeed
‘Hoera’
Suburban
Les Néerlandais de Shaking
Godspeed semblent avoir la
barraca. Après un EP et un
premier album plutôt bien
remarqués, ils remettent le
couvert en tirant les bonne
leçons. Si on appréciait leur
énergie brute et leur
créativité en friche, ils ont décidé de rendre leur
musique plus efficace en la moulant dans un bel
écrin de morceaux pop, à la structure plus stricte
mais imparable. On pourrait croire que ce
recadrage aurait figé leur musique, c’est pile poil
l’inverse : les fous hollandais semblent encore
plus barrés, tant il y a une touche de méthode et
d’organisation dans leur délire. Pop-rock
mélodique aux riffs torturés, guitares qui
déraillent, vocalises qui tombent juste à côté,
gros son qui tâche et sent un peu le graillon - le
tout ficelé dans une énergie en crue et un
je-m’en-foutisme adolescent plein de vie: on en
redemande! (jbdc)
Ed Sheran
‘+’
Asylum/Atlantic
Pardonnez-moi Seigneur, j’étais dans le doute
le plus total, je ne savais pas, aujourd’hui le dire
: c’est officiel les roux peuvent réussir dans la
vie. Je pensais que Paul Scholes était le seul
exemple de réussite malgré un départ peu évident, ce que mère nature peut être vache! Allez,
trêve de galéjades, l’adolescent ne les mérite en
aucun point; pour son premier album, le jeune
anglais nous transporte dans un univers pop folk
rempli de ballades pures, douces et efficaces,
avec quelques morceaux un peu plus sophistiqués. Ce qui frappe dès la première chanson,
c’est la douceur qui se dégage. Mais ne croyez
pas que le jeune Edward débarque de nulle part,
c’est depuis ses 14 ans que le jeune homme
roule sa bosse et balade sa musique sur scène.
Pour les plus sceptiques (ce serait dommage de
l’être) foncez écouter des perles, aux sons plus
éclectiques, comme ‘The City’ ou les tubesques
‘Lego House’ ou ‘You Need Me, I Don’t Need
You’. Laissez-vous aller ce ne sont que des moments agréables. (tv)
Simian Ghost
‘Youth’
Playground Music
Je signe à deux mains un
accord intime avec la
Scandinavie, pas uniquement pour l’esthétique de
rêve des quelques ephèbes
imberbes descendant tout
droit de leur drakkar,
incarnant nonchalamment
ce lifestyle que l’on voudrait vivre pour tout l’or du
monde, les pieds bétonnés à notre continent
vieillissant. Non, il n’y a pas que ça, il y a surtout
cette musique habitée d’une cohérence et d’une
ambiance inégalable. Aucune musique n’est
vraiment similaire, mais toutes se touchent, se
côtoient, sans jamais s’éloigner l’une de l’autre.
Les Simian Ghost, après ‘Infinite Trafic
Everywhere’ et ‘Lovelorn’, reviennent avec ‘Youth’,
une pop se baladant entre folk et riffs électriques
sautillants. Si un lien de parenté avec les Phoenix
et Tahiti 80 est flagrant, j’ai néanmoins l’impression que contrairement à leurs voisins français,
Simian Ghost est emprunt d’une atmosphère
typiquement nordique. Avec ‘Youth’ les Suédois
nous apaisent et, tout en douceur, avec classe et
bon goût, nous entrainent en toute liberté sans
jamais vraiment nous lâcher. (tv)
Mariee Sioux
‘Gift For The End’
Almost Musique
Dans une autre vie, j’aurais bien fait M. Mariee
Sioux. On se serait installés dans une maison en
bois du côté de sa base de Nevada City, chaque
jour elle m’aurait chanté ses nouvelles chansons,
ou celle de sa grande copine Alela Diane, petit cœur comme je suis, j’aurais chialé comme
une madeleine à la vingtième écoute de ‘Buried
In Teeth’ ou ‘Bundles’, deux des plus beaux titres
de son précédent opus ‘Faces In The Rocks’ .
Et dire que ça faisait quatre ans que ma petite
chérie ne m’avait plus envoyé de missive, pourtant je croyais encore en notre amour. Alors vous
pensez bien que mes pulsations ont fait un sacré bond le jour de la grande nouvelle - et, c’était
écrit, j’ai été quelque peu déçu du contenu de la
missive à sa première lecture - euh, écoute; ne
dit-on pas qu’il ne faut jamais revenir sur les lieux
du crime, fut-il passionnel. Tout me semblait devenu lisse, comme si jamais rien de fort n’avait existé entre nous. Et puis, entre les lignes, j’ai compris que si rien ne serait plus exactement comme
avant, je serais toujours heureux d’entendre ma
petite Mariee prendre sa guitare et chanter ses
histoires de romance naturaliste dans la prairie,
rien que pour moi. Ou presque. (fv)
Speech Debelle
‘Freedom Of Speech’
Big Dada
Corynne Elliott est une rappeuse britannique signée chez Big Dada, la section hip-hop de Ninja
Tune. Très remarquée et récompensée par la critique lors de son premier album en 2009, l’artiste
a pourtant été pas mal boudée par le public. On
espère que ce deuxième essai marquera plus les
esprits, tant la jeune femme y met ses tripes. Avec
un flow précis, sobre mais rudement addictif, elle
pose ses galères et ses états d’âme sans misérabilisme. Bien que maitrisant tous les codes du
genre, Speech Debelle nous raconte sa vie sans
aucune pose ou show-off (exercice tellement rare
dans le hip-hop). Mieux: elle ne s’amuse pas non
plus à jouer la séduction à deux balles, ni à miser
sur des minauderies sexy. Non, elle fait juste son
truc avec beaucoup de sincérité et de franchise,
rappelant parfois les meilleures chanteuses folk
US. D’autant plus que sa voix est posée sur une
production bien sentie, chaude et pop mais sans
tomber dans la facilité, on se plait à passer du
temps avec l’Anglaise. (jbdc)
The Stranglers
‘Giants’
Ear Music/Edel Records
The Stranglers est clairement l’un des groupes
issus de la scène punk que j’adule le plus. Entre
1976 et 1983, ces vétérans du punk ont produit
une demi douzaine d’albums essentiels, d’abord
dans un registre punk, avec ‘Rattus Norvegicus’
et ‘No more heroes’ comme points d’orgue.
Punk, les Stranglers l’étaient tant au niveau de
l’attitude que de la musique, bien brute et crasse
et qui devait beaucoup aux lignes de basse démoniaques de Jean-Jacques Burnel. En même
temps, le groupe affichait aussi une évidente
veine mélodique, un goût pour les textes sublimes de rage et de cynisme, tandis que l’apport de claviers et d’orgue ajoutaient une dimension psyché à un ensemble qui allait se faire
plus pop et new wave à l’entame des années 80.
A partir de là, le groupe allait donner naissance
à des merveilles de pop baroque et fin de siècle.
Depuis le départ du chanteur Hugh Cornwell en
1990, le groupe a perdu tout son sens.‘Giants’
est à ce titre représentatif et à vrai dire foncièrement triste. On y trouve non seulement rien de
convaincant, mais même en grattant bien, on ne
décèle pas la moindre inspiration. (pf)
april
mei
april
2
W
30
21:00
pop / folk / indie
Stealing Sheep
Simian ghost
S.H.O.W.
W
beursschouwburg
05/04 cool soul festival #2
THE DUSTAPHONICS
+ BOB & LISA + WRAYGUNN
+ MAMA ROISIN + LEWIS
FLOYD HENRY + BARRENCE
WHITHFIELD & THE SAVAGEs
06/04 DJ KRUSH + GHOSTPOET
21:00
electronic / shoegaze
STAL
S.H.O.W.
mei
20:30
post punk / noise rock
Ping Pong Tactics
Rape Blossoms
S.H.O.W. ism STOEMP
april
D
21:00
film / documentaire
The Luxury of Empire
feat. Eugene Robinson
(Oxbow)
S.H.O.W.
16
W
19
20:30
jazz
Toine Thys Organ Trio
JazzLabSeries
20:30
experimenteel
Andrea Parkins
Glück
Q-O2 Concert
21:00
rock
W
Horse Antlers
EP Release at RITS cafe
S.H.O.W ism STOEMP
W
Z
18
25
great live music in lille / rijsel - france
april
20:30
soul / r&b / funk
Allen Stone
ZZ Ward
Midnight Magic
DJ Jean-Biche
V
april
W
20:30
math rock / noise
Pneu
Ed Wood Jr
DJ Huukes
SoundBits
mei
11
21:00
punkjazz / hiphop
Frown-I-Brown
Luanda Casella
VJ Visual Kitchen
Album Release Night
‘Hard Nouveau’
S.H.O.W.
6
april
april
21:00
punk / hardcore
Refused Party Program
We’rewolves
S.H.O.W.
W
7
concerts
beursschouwburg.be
4
+ THEESATISFACTION
07/04 THE COUP
08/04 KORPIKLAANI
+ TROLLFEST
12/04 BLOOD RED SHOES
+ WALLACE VANBORN
15/04 A WINGED VICTORY
FOR THE SULLEN
+ CHELSEA WOLFE
17/04 AIRNADETTE,
LA COMÉDIE MUSICULTE
22/04 SCOTT KELLY
+ BLOOD, SWEAT & VINYL :
DIY IN THE 21ST CENTURY
27/04 SPORTO KANTES
28/04 DUM DUM BOYS
+ DIRTY PRIMITIVES
29/04 TINARIWEN
les spectacles sans gravité. licences n° 1025050 /1025051/1025052
www.AERONEF-SPECTACLES.COM
26
EARTEAM
Tanlines
‘Mixed Emotions’
Patrick Watson
True Panther Sounds /Matador
‘Adventures In Your Own Backyard’
Sorti de l’ombre en 2008, ce duo new-yorkais
s’est depuis lors fait un nom et suscité l’intérêt
de divers labels grâce à une poignée de titres
orientés dance. A la faveur d’une tournée européenne, Eric et Jesse se sont gavés de groupes
aux sonorités 80s, ce qui se ressent clairement
sur cet album résolument pop. Faisant la part
belle aux claviers, le duo propose douze mignardises. Si l’on retrouve l’un ou l’autre titres plutôt
guillerets comme le sautillant ‘All of me’ ou ‘Lost
somewhere’, l’ensemble fait plutôt dans la retenue, ce qui est généralement gage de bon goût.
Là où bon nombre de groupes truffent leurs
compos de synthés putassiers, Tanlines n’hésite
pas à laisser parler une certaine mélancolie pour
mieux nous toucher. ‘Abby’, l’obsédant ‘Not the
same’ ou ‘Laughing’ se révèlent touchants, surtout ce dernier, lequel met en avant des guitares
renvoyant au rock plus indie qui constitue également une influence majeure. Accrocheur et en
même temps raffiné. (pf)
Domino/Munich
Sony
C’est avec une paire d’oreilles gorgée de préjugés débiles qu’on s’attaque à ‘Sounds From
Nowheresville’. A vrai dire, s’en défaire est difficile. Et le titre de l’album est sans doute la
plus belle chose que le duo de Manchester ait
à offrir de cet album poussif qui collectionne
les poncifs electro-pop. Au commencement
(‘Silence’), il faut donc se souvenir du dernier album de Vive La Fête. Penser à ce ‘Petit Colibri’
dont les synthés surexcités s’empilaient les uns
sur les autres au fur et à mesure que le morceau avançait. Mais là où le groupe flamand récitait Apollinaire, Jules de Martino et Katie White
donnent l’impression de rapper sur du Maurice
Carème. ‘Hit Me Down Sonny’ aguiche le dancefloor à grands renforts de cloches et de bidons
et résume bien malgré lui l’affaire : les bidons, ça
sonne creux. Le reste se déroule comme une litanie de morceaux sans âme, pas même désagréables, juste superfétatoires. (lg)
Vadoinmessico
‘Archaeology Of The Future’
Outcaste/Pias
Les cinq membres du groupe se sont peut-être
(déjà) trouvé le nom le plus ridicule de l’année, il
n’empêche, liker ce combo sur Facebook est une
chose assez fun à faire. Ce simple pouce levé
donne en effet accès à l’écoute intégrale de l’album en streaming. Pour un si petit investissement, c’est Byzance. Et, pour qui aime ce genre
de pop-folk-indie bien débridée, c’est parti pour
une quarantaine de minutes où il sera fort difficile
de contenir sa bonne humeur. Au bout de deux
écoutes, ces chansons ne nous lâchent plus.
Qu’elles évoquent les ballades aquatiques du
Syd Matters de l’inusable ‘Brotherocean’ (le morceau éponyme), un tropicalisme low cost (‘Pepita,
Queen Of The Animals’), les percussions à moitié cinglées des Dodos (‘In Spain’, on en rêve), la
torpeur d’Atlas Sound (‘Me, Desert’) ou les merveilleux Grizzly Bear (‘Fleur Le Tue’). Toutefois,
à l’image des (maîtres) Flamands de School Is
Cool, il manque à cet opus le supplément de
sincérité et d’authenticité qu’ont toutes les références précitées. D’excellents tricheurs. (lg)
The Wave Pictures
‘Long Black Cars’
moshi moshi Records
Certains groupes ne s’encombrent pas avec les
questions d’héritage : ils les affichent d’entrée de
jeu, des fois qu’on songerait à leur chercher des
poux. Ce que David Tattersall doit aux frères Düne
(et surtout à André « Stanley Brinks ») avec qui il a
collaboré de multiples fois, il l’expose sans gêne:
‘Stay Here And Take Care Of The Chickens’ pourrait être une face b de ‘Not on top’. Tout ce qu’on
a un jour estimé voire adulé chez la bande de
barbus transpire ici: le western urbain à guitares
nerveuses, le phrasé mi-mou mi-épique (l’accent anglais marqué en sus), la tranche de vie lofi, les petits soli de ponctuation, les chœurs finaux
dignes de Soggy Bottom Brothers (‘O’Brother
Where Are Thou ?’) punkoïdes. Il ne faudrait pas
non plus oublier que si dans la scène antifolk, la
nonchalance a souvent remplacé la fièvre des
épingles à nourrice, il y a malgré tout quantité
de points communs entre les deux tribus : un je
m’en-foutisme de bon aloi, un goût pour les sujets en marge, notamment. (alr)
Mike Wexler
‘Dispossession’
Mexican Summer
‘ Dispossession’ fait partie
de ces galettes qu’on
pourrait juger un peu à
l’emporte-pièce. Parce que
ses fulgurances sont
incertaines. Parce qu’on n’a
pas encore décodé toutes
ses subtilités à la quatrième
écoute. De fait, ‘Dispossession’ impose la nuit, la
solitude, les alcools forts. Là, aux petites heures,
au bout d’un nième cognac, c’est la délivrance,
les portes de la perception, le paradis. Ces sept
morceaux plus ou moins longs n’en font plus
qu’un seul. Ils confrontent leurs beautés troubles
dans un intense combat sans bruit. Le constat
sans appel se dresse dans les vapes : très grand
disque. Il est question d’un songwriter de
New-York. Un type un peu triste qui en serait à
son deuxième album. Un type que le minimalisme synthétique d’Eliane Radigue aurait
profondément marqué. Un type dont l’économie
de moyens n’est pas sans rappeler le sens du
dépouillement fondamental d’un certain Josh T
Pearson. ‘Spectrum’ aux percussions orientalisantes dérive au ralenti comme un long
Young Magic
‘Melt’
Je peux vous l’avouer, je crois à nouveau aux lendemains qui
chantent. Je n’avais jusque là jeté qu’une oreille distraite mais
bienveillante aux variations pop du montréalais, parce que vous
comprenez, ma chère Lucette, il est ardu de courir trop de jolis lièvres à la fois. Il aurait été toutefois impossible de ne pas accorder d’attention à un songwriter qui vous emmène ‘Where the
Wild Things Are’ et enfile avec candeur son costume de loup-petit
garçon. Galvanisée par cette attrayante invitation à une escapade, je laisse cette fois ‘Lighthouse’
m’ouvrir la voie royale, quelque part dans des crêtes noyées sous un ciel dégagé, et je n’hésite plus à valser - tournoyer avec le ‘Blackwind’ qui ne peut s’empêcher de se la jouer crooner
à effets sonores. ‘Step Out For A While ‘, c’est le chuchotis des touches, essentiel avant la déferlante ‘Into Giants’ : difficile d’imaginer bouffée plus contagieuse. Allergiques aux chœurs envahissants, fuyez, ça vous emmènerait à jamais du côté éblouissant de la vie, ces notes-là. Toute tentative d’enchaîner sur pareil hymne à la joie s’apparenterait d’ailleurs à un vieux fond de gueule
de bois, et ‘The Quiet Crowd’ a la bouche pâteuse, le travelling las sur la piste désertée du musichall. L’inquiétante remontée progresse jusqu’à l’instrumental ‘Words In The Fire’ dans un grenier
tissé d’ombres chinoises. Volte-face et il est temps d’apprivoiser l’extatique frénésie de ‘Strange
Crooked Road’, et de se perdre dans les échos denses de ‘Noisy Sunday’. Je vous laisse explorer seuls jusqu’au croisement, j’ai cru discerner une piscine miraculeuse au bout du chemin. J’ai
laissé Patrick Watson m’y plonger entièrement, on dirait que ça a fait effet. (alr)
The Ting Tings
‘Sounds From Nowheresville’
assumée ? Au pays de l’Oncle Sam, la question
se pose-t-elle vraiment ? (gle)
morceau drogué. Il nous revient ce titre sans fin
des Woods sorti l’été dernier, ‘Sol Y Sombra’.
‘The Trace’ exhale des arpèges de guitare
cristallins. ‘Glyph’ s’étire sous des cordes
étiques. Mais c’est avec ‘Liminal’, ce jazz
indicible, que Wexler touche au sublime.
Foutrement addictif. (lg)
Rachael Yamagata
‘Chesapeake’
Frankenfish Records/V2
Rachael Yamagata s’est révélée en 2003 dans
un rayon où les têtes de gondole se nommaient
déjà Fiona Apple et Tori Amos. Au service d’une
pop folk sans trop de prétention, sa voix « soulrauque » et ses mélodies pianotées incitaient
tantôt à chanter sous sa douche tantôt à rester
sous la couette avec son (sa) chéri(e). Le problème aujourd’hui, c’est que la douce moitié est
partie et qu’on se retrouve tout seul comme un
con dans son plumard. Peu inspirées, malgré
quelques mélodies enlevées, les chansons de
ce troisième album se contentent d’empiler les
clichés. Sucreries de cordes, production mainstream qui bouffe l’authenticité, on ne fait pas que
frôler l’indigestion. Comme le rimmel, le lyrisme
coule à flot et le tout finit par se noyer dans l’eau
de rose. L’album semble taillé sur mesure pour
offrir ses plages aux BO des séries américaines
lacrymogènes. Juste pour le moment où Tom
le charmant anesthésiste annoncera à Miranda
qu’il la quitte pour sa collègue proctologue.
Alors, énorme gâchis ou ambition commerciale
Carpark Records/Konkurrent
Petit plaisir coupable du
moment, le disque de Young
Magic bénéficie de la
fraîcheur de l’instant. Sans
rénover son petit monde,
‘Melt’ s’incruste en
technicolor sur la toile de la
pop moderne. Le trio de
Brooklyn prend du bon temps sur les sentiers
balisés par ses aînés - Animal Collective avec
‘Merriweather Post Pavilion’ ou Yeasayer avec ‘All
Hour Cymbals’. Pour notre part, on se promène
sur cet album comme des dauphins en
écholocalisation dans l’océan Pacifique : un petit
son par-ci, un petit son par-là et des échos
en-veux-tu-en-voilà. On suit le courant, en
longeant ces rythmiques africaines, ces chœurs
sixties et ces refrains nébuleux qui flottent tout
autour. Si le beat se décline parfois sur un mode
tribal, il n’abandonne jamais sa légèreté. Album
éthéré, ‘Melt’ emprunte quelques codes afférents
à la chillwave (Washed Out, Toro Y Moi) en tissant
des carpettes synthétiques en surfilage psychédélique. Parfois, c’est tellement bien fait qu’on
partagerait bien une tige de bambou avec Panda
Bear. La bonne idée de Young Magic, c’est
surtout d’ouvrir la danse (de la pluie) avec trois
morceaux dont la force de persuasion n’est
même pas à détailler. Il suffit d’écouter ‘Sparkly’,
‘Slip Time’ et ‘You With Air’ pour s’envoler. (na)
Yppah
‘Eighty One’
Ninja Tune
Le parcours de l’Américain Joe Corrales Jr. est
plutôt curieux. Ayant d’abord usé ses doigts à
jouer de la guitare dans pas mal de groupes
shoegaze, il s’est converti au travail des platines et s’est mis à concocter des mash-ups.
A l’écoute de ce troisième album, on sent l’influence de son passé ressurgir à chaque coin
de track. Embarqués dans une ambiance électro aérienne, down-tempo, suave et psyché, on
sent que l’Américain se plait à bricoler ses sons
avec un soin tout particulier. Il aime utiliser la répétition et les boucles pour bercer l’esprit de
l’auditeur, mais sait les utiliser avec subtilité pour
ne jamais l’endormir ou l’abrutir. Au fur et à mesure, des couches de sons apparaissent puis
disparaissent, dans une chorégraphie naturelle
et sans à-coup. Une sorte de contemplation rafraîchissante se dégage de cet album. On reste
émerveillé, l’esprit serein et transporté dans une
douceur moelleuse et délicieuse. (jbdc)
43
43
43
THE STRANGE BOYS
THE STRANGE BOYS
THE STRANGE BOYS
03/04/12 AB – Bruxelles
03/04/12 AB – Brussel
DARK DARK DARK
DARK DARK DARK
DARK DARK DARK
03/04/12 Vooruit – Gand
21/04/12 AB – Bruxelles
03/04/12 Vooruit – Gent
21/04/12 AB – Brussel
AU
AU
AU
03/04/12 Homeplugged - Bruxelles
17/04/12 Café Video - Gand
18/04/12 Le Fiacre – Liège
03/04/12 Homeplugged - Brussel
17/04/12 Café Video - Gent
18/04/12 Le Fiacre – Liège
MEMORYHOUSE
MEMORYHOUSE
MEMORYHOUSE
04/04/12 Charlatan – Gand
04/04/12 Charlatan – Gent
THIS WILL DESTROY YOU
THIS WILL DESTROY YOU
THIS WILL DESTROY YOU
06/04/12 Dunk!festival – Zottegem
06/04/12 Dunk!festival – Zottegem
VESSELS
VESSELS
VESSELS
07/04/12 Dunk!festival – Zottegem
07/04/12 Dunk!festival – Zottegem
OSAK A MONAURAIL
OSAK A MONAURAIL
OSAK A MONAURAIL
12/04/12 De Kreun – Kortrijk
12/04/12 De Kreun – Kortrijk
CHELSEA WOLFE
CHELSEA WOLFE
CHELSEA WOLFE
13/04/12 Magasin 4 – Bruxelles
14/04/12 4AD – Diksmuide
13/04/12 Magasin 4 – Brussel
14/04/12 4AD – Diksmuide
LOVE LIKE BIRDS
LOVE LIKE BIRDS
LOVE LIKE BIRDS
13/04/12 Cactus Club – Bruges
14/04/12 Joc Ieper – Ypres
10/05/12 De Boesdaalhoeve – Rhode St-Gen
15/05/12 Stoemp! - Bruxelles
24/05/12 Nijdrop – Opwijk
13/04/12 Cactus Club – Brugge
14/04/12 Joc Ieper – Ieper
10/05/12 De Boesdaalhoeve – St-Gen.-Rode
15/05/12 Stoemp! - Brussel
24/05/12 Nijdrop – Opwijk
A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN
A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN
A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN
14/04/12 C-Mine Jazz Festival – Genk
31/05/12 AB – Bruxelles *
* + NILS FRAHM
14/04/12 C-Mine Jazz Festival – Genk
31/05/12 AB – Brussel *
* + NILS FRAHM
ARBOURETUM
ARBOURETUM
ARBOURETUM
15/04/12 Trix – Anvers *
* + LUKE ROBERTS
15/04/12 Trix – Antwerpen *
* + LUKE ROBERTS
G R E AT L A K E S W I M M E R S
G R E AT L A K E S W I M M E R S
G R E AT L A K E S W I M M E R S
16/04/12 Botanique – Bruxelles *
17/04/12 4AD – Diksmuide *
27/04/12 Warande – Turnhout *
* + BARZIN
16/04/12 Botanique – Brussel *
17/04/12 4AD – Diksmuide *
27/04/12 Warande – Turnhout *
* + BARZIN
XIU XIU
XIU XIU
XIU XIU
17/04/12 Botanique - Bruxelles
18/04/12 Vooruit - Gand
17/04/12 Botanique - Brussel
18/04/12 Vooruit - Gent
M A P S A N D AT L A S E S
M A P S A N D AT L A S E S
M A P S A N D AT L A S E S
22/04/12 Botanique – Bruxelles
22/04/12 Botanique – Brussel
ALEXANDER TUCKER
ALEXANDER TUCKER
ALEXANDER TUCKER
24/04/12 Stuk - Louvain
24/04/12 Stuk - Leuven
SX
SX
SX
30/04/12 Volta @ Vooruit – Gand
05/05/12 Putrock – Beringen
30/04/12 Volta @ Vooruit – Gent
05/05/12 Putrock – Beringen
U.S. GIRLS
U.S. GIRLS
U.S. GIRLS
30/04/12 DOKKantine – Gand
12/05/12 Les Nuits Botanique - Bruxelles
30/04/12 DOKKantine – Gent
12/05/12 Les Nuits Botanique - Brussel
SIC ALPS
SIC ALPS
SIC ALPS
04/05/12 De Zwerver - Leffinge
05/05/12 Trix - Anvers
06/05/12 Le Palais - Arlon
04/05/12 De Zwerver - Leffinge
05/05/12 Trix - Antwerpen
06/05/12 Le Palais - Arlon
KISS THE ANUS OF A BLACK CAT
KISS THE ANUS OF A BLACK CAT
KISS THE ANUS OF A BLACK CAT
05/05/12 Petrol - Anvers
05/05/12 Petrol - Antwerpen
AUCAN
AUCAN
AUCAN
05/05/12 Centur y Rock – Mouscron
05/05/12 Centur y Rock – Mouscron
JAMES LEG
JAMES LEG
JAMES LEG
09/05/12 De Zwerver - Leffinge
09/05/12 De Zwerver - Leffinge
LOWER DENS
LOWER DENS
LOWER DENS
10/05/12 L a Chocolaterie - Bruxelles
12/05/12 DOK Arena - Gand
10/05/12 L a Chocolaterie - Brussel
12/05/12 DOK Arena - Gent
YA C H T +
PL ANNINGTOROCK
PRINZHORN DANCE SCHOOL
YA C H T +
PL ANNINGTOROCK
PRINZHORN DANCE SCHOOL
YA C H T +
PL ANNINGTOROCK +
PRINZHORN DANCE SCHOOL
15/05/12 Les Nuits Botanique – Bruxelles
15/05/12 Les Nuits Botanique – Brussel
RAPE BLOSSOMS
RAPE BLOSSOMS
RAPE BLOSSOMS
16/05/12 Beursschouwburg – Bruxelles *
17/05/12 The Cellar Bar - Gand
* + PING PONG TACTICS
16/05/12 Beursschouwburg – Brussel *
17/05/12 The Cellar Bar - Gent
* + PING PONG TACTICS
MIREL WAGNER
MIREL WAGNER
MIREL WAGNER
16/05/12 Vooruit – Gand
18/05 Les Nuits Botanique - Bruxelles
16/05/12 Vooruit – Gent
18/05 Les Nuits Botanique - Brussel
JOHANN JOHANNSSON +
DUSTIN O’HALLORAN +
HAUSCHK A
JOHANN JOHANNSSON +
DUSTIN O’HALLORAN +
HAUSCHK A
JOHANN JOHANNSSON +
DUSTIN O’HALLORAN +
HAUSCHK A
03/04/12 AB – Bruxelles
03/04/12 Vooruit – Gent
21/04/12 AB – Bruxelles
03/04/12 Homeplugged - Bruxelles
17/04/12 Café Video - Gent
18/04/12 Le Fiacre – Liège
04/04/12 Charlatan – Gent
06/04/12 Dunk!festival – Zottegem
07/04/12 Dunk!festival – Zottegem
12/04/12 De Kreun – Kortrijk
13/04/12 Magasin 4 – Bruxelles
14/04/12 4AD – Diksmuide
13/04/12 Cactus Club – Brugge
14/04/12 Joc Ieper – Ieper
10/05/12 De Boesdaalhoeve – St-Gen.-Rode
15/05/12 Stoemp! - Bruxelles
24/05/12 Nijdrop – Opwijk
14/04/12 C-Mine Jazz Festival – Genk
31/05/12 AB – Bruxelles *
* + NILS FRAHM
15/04/12 Trix – Antwerpen *
* + LUKE ROBERTS
16/04/12 Botanique – Bruxelles *
17/04/12 4AD – Diksmuide *
27/04/12 Warande – Turnhout *
* + BARZIN
17/04/12 Botanique - Bruxelles
18/04/12 Vooruit - Gent
22/04/12 Botanique – Bruxelles
24/04/12 Stuk - Leuven
30/04/12 Volta @ Vooruit – Gent
05/05/12 Putrock – Beringen
30/04/12 DOKKantine – Gent
12/05/12 Les Nuits Botanique - Bruxelles
04/05/12 De Zwerver - Leffinge
05/05/12 Trix - Antwerpen
06/05/12 Le Palais - Arlon
05/05/12 Petrol - Antwerpen
05/05/12 Centur y Rock – Mouscron
09/05/12 De Zwerver - Leffinge
10/05/12 L a Chocolaterie - Bruxelles
12/05/12 DOK Arena - Gent
15/05/12 Les Nuits Botanique – Bruxelles
16/05/12 Beursschouwburg – Bruxelles *
17/05/12 The Cellar Bar - Gent
* + PING PONG TACTICS
16/05/12 Vooruit – Gent
18/05 Les Nuits Botanique - Bruxelles
for more concerts : www.toutpartout.be
Independent since 1994
Toutpartout agency
Labelman
Lazarijstraat 87
3500 Hasselt - Belgium
Phone: +32 (0) 11 25 60 36
Fax: +32 (0) 11 25 30 21
[email protected]
http: www.toutpartout.be
for more concerts : www.toutpartout.be
17/05/12 AB – Brussel
for more concerts : www.toutpartout.be
Independent since 1994
Toutpartout agency
Labelman
Independent since 1994
Toutpartout agency
Labelman
Lazarijstraat 87
3500 Hasselt - Belgium
Phone: +32 (0) 11 25 60 36
Fax: +32 (0) 11 25 30 21
[email protected]
http: www.toutpartout.be
Lazarijstraat 87
3500 Hasselt - Belgium
Phone: +32 (0) 11 25 60 36
Fax: +32 (0) 11 25 30 21
[email protected]
http: www.toutpartout.be
28
Hoquets + Les Terrils
6 avril
Nova, Bruxelles
vendredi 30 mars
The Subs present Bitcvltvre ft Villa, Arnaud Rebotini, Tai,
Mixhell, Hammerang, Partyharders; BaBa ZuLa @ AB, Bruxelles,
Disappears, Justice Yeldham, Bruital Orgasme @ Les Ateliers
Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com
Beth Jeans Houghton @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Rue Des Pêcheries, Supertanker @ Magasin4, Bruxelles
Cloud Boat, Slugabed, Raffertie, Phaeleh, Kingstux @ Recyclart,
Bruxelles, recyclart.be
Rene Innemee & The Revival Band @ Spirit Of 66, Verviers
Scarred, Dwail, Suicide Demons @ Taverne du Theâtre, La
Louvière, centerock.be
Napalm Death, Black Breath, Victims, Tormented, Kadavrik @
Trix, Antwerpen, trixonline.be
Obsucra, Gorod, Spawn Of Possession, Exivious @ 4 Ecluses,
Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
Primus @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
Project 54, Porn Queen, Thoughts Of The 4 @ Rockhal, Esch/
Alzette, Lu, rockhal.lu
samedi 31 mars
Pour fêter ses 10 ans, le label Matamore organise 3
soirées d’anniversaire en 2012. Les festivités débutent
dès ce 6 avril au Nova avec nos héros nationaux les
Hoquets accompagnés par Les Terrils. La suite des
réjouissances prendra place le 23 juin aux Ateliers
Claus (avec Jean Mikili, JoieJoieJoie et V.O.) et le 7
décembre à la Maison des Musiques (avec Castus et
Patton). Maxime Lê Hung, Pdg et DA de la multinationale
Matamore est formel: viendez les gens, ce sera top
moumoute!
C-Mine Jazz
13-14 avril
Gand
Mulatu Astatke
Up! Festival: Rotterdam Ska Jazz Foundation @ Liège
Pokey Lafarge and The South City Three @ AB, Bruxelles
The Stranglers, Horses On Fire @ CC René Magritte, Lessines
Nina Kraviz, Pierre, Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be
Black Breath, Victims, Tormented @ De Kreun, Kortrijk
Dead Elvis & His One Man Grave, Hola Ghost, Black Magic Six
@ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be
DJ Vincent Cayeux @ Maison Folie, Mons, lemanege-mons.be
Kozmic Blue @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Cali @ Le Splendide, La Louvière, ccrc.be
Nina Attal, The Headshakers @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr
OOTC:The Redneck Manifesto, Mount Stealth, les Klub Des
Loosers, Adebisi Shank, Breton, Aucan, Rumble In Rhodos,
Sun Glitters, Cyclorama @ Kulturfabrik, Lu
Rea Garvey @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu
Spleen @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu
dimanche 01 avril
Jonathan Jeremiah; Wallis Bird, Aidan @ AB, Bruxelles
Action Beat, Pulpo, Don Zero And The Autonomous Zone, Duke
Of Zuke, Bad Body, Tape Deck Orchestra, Hired Muscle @
Magasin4, Bruxelles, magasin4.be
Gazpacho @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
lundi 02 avril
Animals As Leaders @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Other Lives, Deer Tick, The Magnetic North @ Botanique, Brxl
Emeli Sandé @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be
Inner Terrestrials @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be
Matt Schofield Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Lee Field & The Expressions @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
Asaf Avidan @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
mardi 03 avril
Si on croise rarement les têtes d’affiche du C-Mine Jazz
dans ces pages - elles ont pour noms Monty Alexander,
Lizz Wright, Miroslav Vitous Solo ou Tania Maria,
l’équipe RifRaf épingle surtout deux légendes vivantes
bien connues de nos services : Daniel Johnston et
Mulatu Astatké. Mais l’envie de surprendre et de fureter
ne s’arrête pas là. Sur une affiche plus éclectique qu’il
n’y paraît, on appréciera la présence de Sam Amidon.
Aussi à l aise au banjo qu au violon, à la guitare ou
au chant, Amidon évite de tomber dans le piège de
la contre-façon folk. Sam Amidon ira loin. A base
de tripatouillages de guitares folk, banjos, pianos et
violoncelles, à mi-chemin entre l’indie-folk et le postrock, les Flamands de Yuko diffusent quant à eux
leur présence délicate et subtile comme des volutes
d’encens. www-cminejazz.com
Xiu Xiu
17 avril
Botanique, Bruxelles
Xiu Xiu est ce projet électro-pop où ça se tourmente
sévère sous le casque. Dix-huit mois après un très bon
concert à l’Orangerie qui ne m’avait pas rassuré sur
leur santé mentale, les Californiens explorent un volet
davantage “dansant” de leur art. Le plus souvent, ça
passe ou ça casse. Soit c’est réellement excellent d’un
positivisme nearly poppy soit ça vire dans un délire
incontrôlé en sous-electro clash nauséeux. En route
pour les auto-tamponneuses! (fv)
Therapy?, Raketkanon; The Strange Boys, Jacuzzi Boys @ AB,
Bruxelles, abconcerts.be
Ursula Bogner, Pimmon, Rafael Anton Irisarri @ Les Ateliers
Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com
Los Campesinos!, Tail Ships @ Botanique, Bruxelles
AU @ Homeplugged, Bruxelles
Encuendo Cordial @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Dark Dark Dark, Matt Elliott @ Vooruit, Gent, vooruit.be
mercredi 04 avril
OM @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Chloé Martens @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be
Refused Party Program, We’re Wolves @ Beursschouwburg, Bxl
Made J. @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Catheter, Streetwalker @ Taverne du Theâtre, La Louvière
Frank Turner @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu
Boy @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu
jeudi 05 avril
Admiral Freebee solo @ KVS, Bruxelles
Neptune, Rorcal, Jason Van Gulick @ Magasin4, Bruxelles
Barrence Whitfield and The Savages, Wraygunn, The
Dustaphonics, Bob & Lisa, Mama Rosin, Lewis Floyd Henry @
l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
Shearwater, Julie Doiron @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
K.I.Z., WassBass @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu
vendredi 06 avril
Dunk!festival: Pelican, This Will Destroy You, Omega Massif,
Mosquito, Stories From The Lost @ Bevegemse Vijvers,
Zottegem, dunkfestival.be
PPM Fest: Rhapsody Of Fire, Korpiklaani, Septic Flesh, Trollfest,
Odd Dimension, Methusalem, Goliath @ Lotto Mons Expo, Mons
Angels & Airwaves, Le Blorr @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Allen Stone, Midnight Magic, ZZ Ward, DJ Jean-Biche @
Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be
Drum Eyes, Petula Clark, Siamese Queens @ Magasin4, Bxl
Alain Pierre & Barbara Wiernik Duo @ Péniche l’Ex-Cale, Liège
Les Roches En Fusion: Orfeo @ Rochefort
Blaze Bayley @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Internationals, 44 Rave @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
DJ Krust, Ghostpoet, Theesatisfaction @ l’Aéronef, Lille, Fr
Pony Pony Run Run @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu
GIGS&
PARTIES
AVRIL
12
samedi 07 avril
Dunk!festival: Steak Number Eight, If These Trees Could Talk,
Beware Of Safety, Vessels, The Allstar Project, Lento, Kasan,
Alright The Captain, The Beauty The World Makes Us Hope For
@ Bevegemse Vijvers, Zottegem, dunkfestival.be
Karma Hotel: Caspa, The Dø, ‘t Hof Van Commerce, Camo &
Krooked, School Is Cool, BRNS, Shindu, Aks live, Vicelord, The
Hickey Underworld, Jakwob, Yamo, Syndaesia, Kavinsky, Bram
Willems, Kapitan Korsakov, Iron, Raving George, The Magician,
Mickey Moonlight @ Kursaal, Oostende, karmahotel.be
PPM Fest: Accept, Sonata Arctica, Evergrey, Finntroll, Hell,
Andromeda, Eden’s Curse, Pathfinder, Evidence, Fury UK,
Nightqueen, Azylya, No Fatality @ Lotto Mons Expo, Mons
José James @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Big Sir, Noon @ Belvédére, Namur, belvedere-namur.be
Pneu, Ed Wood Jr., DJ Huukes @ Beursschouwburg, Bruxelles
Tony Joe White @ CC René Magritte, Lessines, ccrenemagritte.be
Peter Kernel, Berline 0.33, Thee Marvin Gays @ El Bar, Mouscron
Loreena McKennitt @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be
Nerco Deathmorth, Umberto, Germanotta Youth, Joy As Toy,
Desicobra @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be
Purpendicular @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Corrosion Of Conformity, Black Cobra, Zoroaster @ Trix,
Antwerpen, trixonline.be
F*ckin’ Beat ft Downlink @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be
Drake @ Forest National, Bruxelles, livenation.be
Black Bomb A, A Fallen Devotion @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr
The Coup @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
The Wankin’ Noodles, Ace Out, Franky Fingers @ Grand Mix,
Tourcoing, Fr, legrandmix.com
dimanche 08 avril
Dunk!festival: 65Daysofstatic, Sleepmakeswaves, Atlantis, The
Samuel Jackson Five, Late Night Venture, Sky Architects,
Terraformer, My Empty Phantom, San Diablo @ Bevegemse
Vijvers, Zottegem, dunkfestival.be
PPM Fest: Blind Guardian, Epica, Freak Kitchen, Powerwolf,
Mystic Prophecy, Storm Warrior, Powerquest, Manigance,
Lonewolf, Beyond The Labyrinth, Stone Goats, Nereids @ Lotto
Mons Expo, Mons, ppmfest.com
Acosse Festival: Machine Gun @ Le Petit Tonneau, Acosse
Brul #10: Noise Guitar Big Band, … @ Les Ateliers Claus, Bxl
Peter Kernel, BRNS, Berline 0.33 @ Magasin4, Bruxelles
The Anomalys, C74, Miss Tetanos und Sri.fa ft Stephen
O’Maltine @ Rockerill, Marchienne au Pont, vwspringsessions.be
Pete Philly @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
Korpiklaani, Trollfest @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
Little Barrie, The Marvin Gays @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
lundi 09 avril
Rival Sons @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Hype Williams, BRNS @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be
Absu, Impiety, Necronomicon @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
Steve Aoki, Dimitri Vegas, Like Mike @ Vooruit, Gent
Peter Doherty @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu
mardi 10 avril
Jad Fair & Gilles Rieder @ Cinema Nova, Bruxelles
Child Abuse, Staer, Stuntman @ Magasin4, Bruxelles
mercredi 11 avril
Michael Hurley, Paper Wings, Kraak DJ’s @ AB, Bruxelles
Frown-I-Brown, Luanda Casella, Sébastien Van Hoey, VJ Visual
Kitchen @ Beursschowuburg, Bruxelles
Breton @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Michael Gira, Kristof Hahn @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be
Valient Thorr, Christian Mistress, Electric)Noise(Machine @
Magasin4, Bruxelles, magasin4.be
Focus @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Puppet Mastaz, Dynamic DJ set @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be
Dope DOD, IconAclass @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
jeudi 12 avril
Balkan Traffic: Band Of Gypsies ft Taraf de Haidouks & Kocani
Orkestar, Ivo Papasov Balkan Project, Amsterdam Klezmer
Band, Kirika, Orchestre National du Vetex, Brass Band Duel,
Remebtiko Kafe ft Michel Hatzi & guests, Zongora, … @ 12 t/m
15/04-Bozar, Bruxelles, balkantraffic.be
The Cast Of Cheers @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Sinéad O’ Connor @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be
Osaka Monaurail, South Of The Border @ De Kreun, Kortrijk
Tagada Jones, Les Slugs @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be
Gill & Lowdo, Bear Bones Lay Low, Lucrecia @ Recyclart, Bxl
Tony Joe White @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
‘t Hof Van Commerce, Merdan Taplak @ Trix, Antwerpen
Emilie Autumn @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be
Blood Red Shoes, Wallace Vanborn @ l’Aéronef, Lille, Fr
For A Minor Reflection, Tang @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr
Orelsan @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu
vendredi 13 avril
Guido Belcanto @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Folk Metal festival @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be
Lilee & Swan, The Narcotic Daffodils @ Café Des Arts, La Louvière
Chelsea Wolfe, Cercueil, Unison, Cha!selektor @ Magasin4, Bxl
Machine Gun @ Onair Studio, Mons, intersection.be
Deportivo, Odyl, Summerslam @ Le Palais, Arlon
Big Noice @ Péniche l’Ex-Cale, Liège
Gill, Wasted Matter, Lowdjo, Candie Hank @ Recyclart, Bruxelles
Proyecto Cubano @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Flying Horseman @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
Jucifer, Bastard Of The Skies, Ultraphallus, Goat Vomit @ La
Zone, Liège, lazone.be
Sinéad O’Connor @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu
samedi 14 avril
Bear Rock Indoor: Sweek, BRNS, La Otracina, The Mash, Pirato
Ketchup, Organic, Ze Middle Klass, Steven Seagal (et la fourmi)
Surf Poney Club @ Andenne, bear-rock.org
Barn Owl, Blanck Mass, Ensemble Economique; Liz Wright @
AB, Bruxelles, abconcerts.be
Puta Madre Brothers @ Ateliers Claus, Bruxelles
Roy Neary, Who’s Your Daddy @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be
Big Moustache Bandits, Kaptain K, Sexy Project @ Belvédére, Namur
The Asteroids Galaxy Tour; Jali @ Botanique, Bruxelles
Machine Gun @ Garcia Lorca, Bruxelles
Gazzomind, Daytona @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be
Farflung, Black Rainbows, Tangled Horns @ Magasin4, Bxl
Cre Tonnerre @ Le Palais, Arlon, entrepotarlon.be
Eigen Makelij, K.Lino, Kod, 6000 Attitude, 43 Contestataires,
Santi, Phaze Armee Koellectif, Xat, …; Dopplereffekt, Rude 66,
Polaroïd, Sébastien Rien, Solar Skeletons, Nibis, Tzii, J.Error,
… @ Rockerill, Marchienne au Pont, vwspringsessions.be
Italian Dire Straits @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Revolver, John Grape @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
Elektro Guzzi, Monophona @ Carré Rotonde, Luxembourg, GDL
dimanche 15 avril
Walls, Blanck Mass @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be
Parabellum, René Binamé @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be
RPWL @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Arbouretum, Luke Roberts; Sick Of Sarah @ Trix, Antwerpen
Chelsea Wolfe, A Winged Victory For The Sullen @ l’Aéronef,
Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
Alamo Race Track, Moss @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
Anti-Flag @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu
lundi 16 avril
Keith Fullerton Whitman, Nate Young, Floris Vanhoof @ Les
Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com
Islet @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Chris Slade Steel Circle @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Les Paradis Artificiels: Puppetmastaz, Unno @ Grand Mix,
Tourcoing, Fr, legrandmix.com; Thomas Dutronc, Barcella @
Théàtre Sébastopol, Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr
mardi 17 avril
Marlon Roudette @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Xiu Xiu @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Luc Van Acker & Friends @ Kafka, Bruxelles, poppunt.be
Hogjaw @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Andrew W.K., … @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
Airnadette @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
Les Paradis Artificiels: Baxter Dury, Rover, Rebecca Mayes @
Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
Kofi Baker @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Off The Radar: David Rodigan, Blame, Fred V & Grafix, Crystal
Clear, TLP, Civalizee, Murdock @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
Mr Scruff, Keep It Unreal, 5H Set @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be
Barn Owl, Idiot Saint Crazy, Persian Rabbit @ 4 Ecluses,
Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
Dark Dark Dark, Bobik ou Sacha @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
Les Paradis Artificiels: Method Man, Nneka, Chinese Man, KyMani Marley, Le Peuple de L’Herbe, Hollie Cook @ Le Zénith;
Mathieu Bogaerts @ La Péniche; Da Silva, Corbel @ Le Splendid,
Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr
dimanche 22 avril
Madeleine Peyroux & Band @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Double Sens, Catherine Van Portal, Matthieu Safatly, Charlotte
Marchand, Frédéric Penelle, Nico Gitto, Grégory Duby,
Delacoste @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com
Maps & Atlases @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Drums Are For Parades & guests @ Caserne Fonck, Liège
Rise Of The Nothstar @ DNA, Bruxelles, intersection.be
Hayvanlar Alemi, Pinkunoizu @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be
Russian Circles, Deafheaven, Odonis Odonis @ Magasin4, Bxl
The Watch @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Scott Kelly, Blood Sweat & Vinyl: DIY in de 21st Century @
l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
Sleep Party People; International Record Fair @ Rockhal, Esch/
Alzette, Lu, rockhal.lu
lundi 23 avril
The Antlers @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Reena Riot @ Archipel, Bruxelles, poppunt.be
Boy & Bear @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Melingo @ Flagey, Bruxelles, vwspringsessions.be
Ahleuchatistas, Sleep Party People, Skiv Trio @ Magasin4, Bxl
The Brew @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Les Paradis Artificiels: Roots Manuva, Ben Sharpa & 4DLS
@ Grand Mix, Tourcoing; Black Box Revelation, The Minutes
Citizens! @ Spledid; Dillon @ La Péniche, Lille, Fr, legrandmix.com
Russian Circles, Deafheaven @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu
mardi 24 avril
Brooke Frasier; Tuur Florizoone @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Major Lazer @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Scott Kelly, Oldseed @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be
Parlor Snakes @ Le Magick, Namur
The Convertibles ft Ralf Haas @ Spirit Of 66, Verviers
Silverstein, We Are The Ocean, Closure In Moscow, The Elijah
@ Trix, Antwerpen, trixonline.be
Les Paradis Artificiels: Daniel Darc, Greenshape @ Grand Mix,
Tourcoing; Botibol, Pharaohs @ La Péniche, Lille, Fr
Hiromi: The Trio Project @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu
mercredi 18 avril
mercredi 25 avril
Groundation; Of Monsters And Men @ AB, Bruxelles
Perry Rose @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Horse Antlers @ Rits Café, Bruxelles, poppunt.be
Radio Moscow @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be
Les Paradis Artificiels: Matthew Dear, Balthazar @ Grand Mix,
Tourcoing, Russian Red @ Hermitage Gantois; King Charles @ La
Péniche; 1995, C2C, Beat Assailant @ L’Aéronef, Lille, Fr
Charlie Winston @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu
Fink @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Toine Thys Organ Trio @ Beursschouwburg, Bruxelles
David Bartholomé, Liesa Van Der Aa @ Ferme du Biéreau,
Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be
Chick Corea & Gary Burton @ Flagey, Bruxelles
Bartaba @ La Porte Noire, Bruxelles
Carl Palmer @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Tannhauser, The Dead Colour, Gottland @ Trix, Antwerpen
Les Paradis Artificiels: Pinkunoizu @ La Péniche; Peter Von Poehl
@ Eglise Saint André, Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr
Shigeto, Selfsays @ Carré Rotonde, Luxembourg, GDL
Soap&Skin
(with ensemble)
18 avril
AB, Bruxelles
samedi 21 avril
Durbuy Rock Festival: The Jack’s Songs Fight, Humatronic,
Exuviated, Malrun, Suicide Of Demons, Emil Bulls, Rise Of The
Northstar, Smash Hit Combo, Black Bomb A, Komah, La Phaze,
Fishbone, No One Is Innocent, Die Apokalyptischen Reiter,
Lofofora @ Hall Sassin, Bomal-Sur-Ourthe, durbuyrock.be
Method Man; Dark Dark Dark @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Of Montreal, Recorders; Sea Of Bees, Cold Specks @
Botanique, Bruxelles, botanique.be
Romano Nervoso @ La Tôle Errante, Braine-le-Comte
Savor @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Manic Street Preachers @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
Tombs, Hierophant @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be
Les Paradis Artificiels: Simple Plan, Pony Pony Run Run, Stuck
In The Sound, Kid Bombardos @ Le Zénith, We The Kings @ La
Péniche; Orbital, Digitalism, Slagsmalsklub @ L’Aéronef, Lille, Fr
Nightwish, Eklipse @ Rockhal, Esch-sur-Alzette, Lu, atelier.lu
Soap & Skin @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Andrea Garkins, Glück, docu ‘The Luxury Of Empire’ ft Eugene
Robinson, … @ Beursschouwburg, Bruxelles
Pony Pony Run Run @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
AU @ Le Fiacre, Liège
The Herfsts @ Rits Café, Bruxelles, poppunt.be
Les Paradis Artificiels: Elephant @ La Péniche; Batlle Puissance 4
@ Peek A Boo, Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr
Punk’d Royal, Squares @ Le Rouge, Lille, Fr
jeudi 19 avril
29
jeudi 26 avril
Roberto Fonseca; Wallace Vanborn, Kapitan Korsakov @ AB, Bxl
1060, Jazzilan @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Manorexia @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be
Skrillex @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be
Ufomammut, Incoming Cerebral Overdrive @ Magasin4, Bxl
Laurent Blondiau & guests @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be
David Bartholomé @ Le Splendide, La Louvière, ccrc.be
Dan Mangann, Zeus @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
La Octracina, In Zaïre, WMFU’s Brian Turner DJ set @ Le
Vecteur, Charleroi, vecteur.be
Ben Howard, Emmy The Great @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
Iam Oak @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu
vendredi 20 avril
vendredi 27 avril
Durbuy Rock Festival: Goliath, Wolves Scream, The K., Doyle,
Headcharger, Caliban, Red, Eths, Dagoba, Machine Gun @ Hall
Sassin, Bomal-Sur-Ourthe, durbuyrock.be
Jools Holland; Sarah Ferri @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Tremplin Uckerock: Hudson, Whylanders, Crumble Pistoo’s, BeSides, Meridians @ Espace 1180, Uccle, uccle.be
The Dandy Warhols; Rachael Yamagata @ AB, Bruxelles
Vintage Punk Party @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be
© Evelyn Plasch
Encensée telle une enfant prodige, aucun mot n’est de
trop, à la sortie de son incroyable ‘Lovetune For Vacuum’
en 2009, véritable landmark d’un songwriting pianistique
qui renvoyait Tori Amos à ses chères études, Soap&Skin
était attendue au tournant. Anja Plaschg a franchi le cap
de la vingtaine et son deuxième essai est un nouveau
coup de maître. Au-delà de la fascination entre larmes et
orgasme que sa voix toujours sombre entretient au fil des
écoutes, la profondeur de champ dégagée par Soap&Skin
sublime l’instant banal en escapade céleste. (fv)
Motorpsycho & Ståle
Storløkken playing
(not just «Motorpsycho»)
27 avril
De Kreun, Courtrai
Bombardant leur public à coup de basse de plomb et de
riffs de guitares vicieux, les norvégiens de Motorpsycho
nous ont habitués à un rock psyché et progressif sur 10
ou 20 minutes, soit assez de temps pour créer un mur
du son assez impressionnant. Hardrock, psychédélisme
et expérimentations forment toujours la base de leur
son. Ils présenteront ce mois leur dernier projet paru sur
Rune Grammophon. Pssssst : si vous vous inscrivez à
la newsletter De Kreun avant le 20 avril, vous aurez une
chance de gagner une sélection maison (‘le Choix de De
Kreun’ en 15 cd’s ou vinyles). dekreun.be
Bozar Night
30 avril
Palais des Beaux-Arts, Bruxelles
Clark © Diane McLeod
Les notes électroniques de Clark, Daedalus et Lazer
Sword mettront le feu au Palais des Beaux-Arts! Une
cinquième édition toujours avide de découvertes - les
projets expérimentaux d’Oneothrix Point Never et
Goodiepal, combinant à la fois son et image; ainsi que
les expos Per Kirkeby et Cy Twombly également ouvertes
pour une visite nocturne. Le Clark anno 2012 vaut toujours
son pesant de pépites vénéneuses. Franchissant chaque
palier tel un alpiniste qui aurait délaissé les premiers flancs
trop faciles, le sieur Chris prouve ce mois sur ‘Iradelphic’
qu’il est encore capable de grandes choses dès qu’il
endosse le bon équipement. Alleï, toi aussi, tu peux mettre
ton beau chapeau! www.bozar.be
Aralunaires
Du 28 avril au 6 mai
Arlon
Fort de son leitmotiev « Arlon est une scène », le
festival musical urbain investira une nouvelle fois
quantité de lieux plus ou moins prestigieux, voire
insolites ou impromptus (églises, synagogue,
commerces, bâtiments publics). Soit un évènement
qui met toute la ville en fête durant une grosse
semaine et qui prend soin de choyer tous les publics.
Ainsi, pêle-mêle, on y croisera Daniel Darc, The
Twilight Sad, Jali, Peter von Poehl, Maia Vidal, Leaf
House, Trigger Finger, An Pierlé, Zombie Zombie,
San Severino, MichelCloup, Compuphonic, The
Experimental Tropic Blues Band, Taliesyn, Gaëtan
Streel, Miam Monster Miam, Snow Patrol, Sammy
Decoster. L’affiche complète et toutes infos pratiques
: nuits.losange.net
Roots & Roses
1er mai
Lessines
The Jon Spencer Blues Explosion
Machine Gun @ AR Thomas Edison, Mouscron, intersection.be
The Twilight Sad; MAKYzard, Daniel Hélin, Rival, Maïa
Chauvier, Manza, Metissa; Charles Bradley & His
Extraordinaires @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Motorpsycho @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be
La Otracina, In Zaire @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be
The Tailors Of Panama @ Maison de la Culture, Namur
Kaptain K @ MJ Tamines
DJ Cheeba, DJ Cardopusher, VJ Zero, DJ Redrum, Richard
Colvaen, Baby Kruger, DJ Brekbit @ Recyclart, Bruxelles
Anathema, Amplifier @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
Sporto Kantes @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
Liz Green, Monogrenade @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
The Afro Cuban All Stars @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu
Lemonheads @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu
samedi 28 avril
Les Aralunaires: Daniel Darc, The Twilight Sad @ Le Palais, Arlon
Festival Aan Zee: Arsenal, Jef Neve Trio, School Is Cool,
Intergalactic Lovers, Scala, Lady Linn and Her Magnificent
Bigband, Geppetto And The Whales, Gaby Moreno, Raymond Van
Het Groenewoud, Sallie Ford And The Sound Outside, Eefje De
Visser, Stoomboot, Les Truttes, The Fortunate Few @ De Panne
Woodywoodstock Festival: Von Durden, Silly Snails, Hudson,
Les Fils de l’Autre, Super Like You, Ripcode, Manacoustic, The
Epicureans, Whylanders, Zappeur Palace @ Parking du Mont StRoch, Nivelles, woodywoodstock.be
Kyteman Orchestra; *A Brand @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Dark Fest VI @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be
Dan San, He Died While Hunting @ Belvédére, Namur
The Cribs @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Warriorz vs Dub-Up, Pinch, Killawatt, Biome @ De Kreun,
Kortrijk, dekreun.be
Experimental Tropic Blues Band, Serious Kids, Goudrona
Superstar, Dirty Primitives, Curver vs Wood Boy @ Rockerill,
Marchienne au Pont, rockerill.com
Soul Jazz Records Sound System @ VK*, Bruxelles
Dum Dum Boys, Dirty Primitives @ l’Aéronef, Lille, Fr
Martin Solveig; Ed Banger Party ft Busy P, Breakbot,
Mickey Moonlight, Krazy Baldhead, Victor Aime; 24 Heures
Electroniques: Squareroot, Jonny Miller, Vwaz, Loose Body
Parts, In Circles, D-Lusion @ Rockhal, Esch-sur-Alzette, Lu
Ben Howard @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu
dimanche 29 avril
Les Aralunaires: Jali, Oran Etkin, Seydou Sanou @ Le Palais, Arlon
Marcus Miller @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Patrick Watson @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
B.J.Scott, Sirius Plan @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Lemonheads @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
Tinariwen @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
Troisième édition pour le Roots & Roses. Outre El
Fish, on pêche sur l’affiche quelques beaux poissons.
Entre rock old school détourné, garage bubble gum
et pastiche punk, les ‘Italian Stallions’ de Romano
Nervoso convient à un exercice de déconnade rock
assez jouissif. Originaire de Nashville, The Legendary
Shack Shakers brasse un cocktail de blues, country
et rockabilly dans un esprit résolument punk. Le
groupe est ausi à l’aise dans la country doom (!) que
dans la ballade blues crépusculaire. L’Américain Dan
Sartain (ayant tourné avec The Hives et The White
Stripes) plonge le blues et le rockabilly dans une
ambiance punk. The Experimental Tropic Blues
band, groupe le plus barré de Belgique, est revenu
aux affaires avec un disque enfin à la hauteur de ses
strip-teases scéniques. Crasseux, libre, adolescent.
Pour la sauvagerie et le coup de poing final dans
l’estomac, c’est Jon Spencer Blues Explosion qui
régale. www.rootsandroses.be
Inc’rock
lundi 30 avril
Les Aralunaires: The Rabble, Trigger Effectn Jonah Matranga,
Street Criminals; Peter Von Poehl, Maia Vidal, Leaf House;
Dolls Of Pain, IC434, K-Bereit, Ethan Fawkes; Daniel Copus
Quartet, Nicolas Gaul @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be
Bozar Night: Clark, Daedelus & Archimedes, Lazer Sword ft
Michael Titze visuals, Oneohtrix Point Never, Goldffinch, DJ
Sofa, Flora Hubot @ Bozar, Bruxelles, bozar.be
White Rabbits @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
Verone @ CC, Mouscron, intersection.be
Savoy Brown @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
The Dandy Warhols @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu
mardi 01 mai
Les Aralunaires: An Pierlé; Joffroi @ Le Palais, Arlon
Roots & Roses Festival: Mama Rosin, Romano Nervoso, Lewis
Floyd Henry, Ben Caplan & The Casual Smokers, Bob &
Lisa, The Legendary Shakers, Dan Sartain, The Fleshtones,
Barrence Whitfield & The Savages, The Experimental Tropic
Blues Band, El Fish, The Jon Spencer Blues Explosion @ CC
Le Crédit Mutuel donne le
Du 4 au 6 mai
Incourt
Scène
de musiques
actuelles
Ils sont partout et ça n’est pas volé: The Experimental
Topic Blues Band rejoint l’affiche drôlement bigarée
de l’Inc’Rock. Où il y en aura décidément pour tous
les goûts : le grand public (qui a toujours raison)
applaudira à tout rompre un fils de star qui mêle
variété et jazz manouche, la très populaire Coeur de
Pirate (sans ses photos de charme, puisqu’on vous le
dit), les très hype Brigitte et leurs fanfreluches. Chic!
Les défenseurs du terroir, bien gâtés, seront cajolés
par Ozark Henry, Joshua, Daan, Claire Denamur
et Jali, entre autres. A noter que l’Inc’rock entérinne
son ouverture d’esprit en proposant un large plateau
dédidé aux musiques urbaines. Puisqu’on vous dit
qu’il y en aura pour tous les goûts! Comptez 20 euros
pour un jour, 30 pour deux, 40 pour la totale (en
prévente). www.incrockfestival.be
TOURCOING
AVRIL
2012
+33(0)3 20 70 10 00
www.legrandmix.com
5,)5$)LQGG
René Magritte, Lessines, rootsandroses.be
Matthew Dear @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Bowerbirds @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
mercredi 02 mai
Les Aralunaires: Piers Faccini, Ian Kelly; Zombie Zombie,
Cheveu @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be
STAL @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be
Ryan Adams @ Koningin Elisabethzaal, Antwerpen, livenation.be
Phoenix Project @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Matt The Electrician, Ben Caplan & The Casual Smokers @ Trix,
Antwerpen, trixonline.be
jeudi 03 mai
Les Aralunaires: Bernard Orchestar; Sanseverino & Legnini;
Michel Cloup, Del Cielo @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be
Band Of Skulls @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Russian Circles, Deafheaven, DJ BartBehave @ De Kreun,
Kortrijk, dekreun.be
Hamilton Loomis @ Nekkersdal, Bruxelles, vkconcerts.be
The Fouck Brothers, Globul, Fabrice Lig, Dirty Monitors @
Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com
JD McPherson, Mark Sultan, DJ Sniffer Piet @ Trix, Antwerpen
Douglas Firs @ Walvis, Bruxelles, poppunt.be
Paradise Lost @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu
vendredi 04 mai
Les Aralunaires: Adam Burnage; Suarez, Trio Brady Winterstein,
Kolombo, Compuphonic, Fusty Delights, Marie Madeleine,
Ralitt @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be
Century Festival: Highbloo, Partyharders, Bad Dancer, Max Le
Daron @ Mouscron, centuryfestival.be
Inc’Rock Festival: Ozark Henry, Daan, Shameboy, Kill The
Young, Gentlemen & Assassins, Super Like You, Joshua, The
Experimental Tropic Blues Band, Party Harders, Mani, Roscoe,
Concept Fytra @ Site, Incourt, incrockfestival.be
Birdy Nam Nam @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
Noirs @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be
Demon Hunter, Deadlock, Nightrage, Insense @ Magasin4, Brxl
Driving Dead Girl @ Maison du Peuple, Bruxelles, intersection.be
Von Durden, Vegas, E411, Iris, … @ La Récré des Décibles,
Frasnes-Les-Gosselies, recredesdecibels.be
The Vibrators, 164Speedpunk @ Salle Excelsior, Bruxelles
A Place To Bury Strangers @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
The Upsessions, The Moon Invaders @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr
Mutiny On The Bounty @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu
samedi 05 mai
Les Aralunaires: The Experimental Tropic Blues Band, reverend
Beatman, The K, Sutja Gutierrez ; cover festival; Station 17,
Providence Band @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be
Century Festival: Aucan, BRNS, Ten Volt Shock, Zucchini
Drive, The Arteries, Le Singe Blanc, Attagirl, Dirty Bees,
Heautontimoroumenos, Alnico For Kids, Ankh’s Trouble @
Moeskroen, Mouscron, centuryfestival.be
Inc’Rock Festival: Thomas Dutronc, Amandine Bourgeois, Claire
Denamur, Kiss & Drive, The Slackers, Cedric Gervy, Adam
Burnage, Billions Of Comrades, Maycad, Coeur De Pirate,
Brigitte, Jali, Antwerp Gipsy Ska Orchestra, Stereo Grand,
Sarah Carlier, Arnomatic, Monotype C, Pure FM After Party,
Concours Air Guitar @ Site, Incourt, incrockfestival.be
A Wild Night Out: Kabul Golf Club, Vandal X, MannGold, Sic
Alps, Vermin Twins, The Rott Childs, Fence, Little Trouble Kids,
Kapitan Korsakov, Mauron, DJ Rock Steward @ Trix, Antwerpen
A Place To Bury Strangers @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be
Milann & Laloy @ Maison de la Culture, Namur, ticketnet.be
Driving Dead Girl, Tangerines @ Maison du Peuple, St-Gilles
Véronique Kappler, Nicolas Donnay @ Péniche l’Ex-Cale, Liège
Orfeo @ Salle des Fêtes de Droixhe, Liège, intersection.be
Black Thunder Ladies @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Kill The Young, The Dancers @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr
04.04 Shearwater + Julie Doiron
(Gratis 4x4 Card)
07.04 Teenage Party #4 : The Wankin' Noodles
+ Ace Out + Franky Fingers
08.04 Little Barrie + Thee Marvin Gays à 18h
11.04 Dope DOD + IconAclass
14.04 Revolver + John Grape (fair:letour)
15.04 Alamo Race Track + Moss à 18h
16.04 Puppetmastaz + Unno
(Les Paradis Artificiels)
17.04 Baxter Dury + Rover + Rebecca Mayes
(Les Paradis Artificiels)
20.04 Dark Dark Dark + Bobik ou Sacha
23.04 Roots Manuva + Ben Sharpa & 4 DLS
(Les Paradis Artificiels)
24.04 Daniel Darc + Greenshape
(Les Paradis Artificiels)
25.04 Matthew Dear + Balthazar
(Les Paradis Artificiels)
26.04 Ben Howard + Emmy The Great
27.04 Liz Green + Monogrenade
Les produits de l'épicerie
30
28
june
THE CURE
29
june
ƫ
30
june
1
july
ƫđƫġāĉĂƫđƫ
ƫđƫƫ
ƫđƫƫƫđƫƫđƫƫ
ƫċƫƫƫđƫƫƫđƫƫƫ
ƫƫđƫƫġƫ
ƫđƫƫƫđƫƫ
more to be announced
dƫđƫ
ƫƫđƫĆƫđƫ
ƫđƫƫƫƫđƫƫƫđƫƫ
ƫđƫƫƫƫđƫ
ƫƫpresentsƫĥ
ƫƫƫđƫ
ƫđƫƫƫđƫƫđƫ
more to be announced
ƫƫđƫƫĒƫƫđƫƫĒƫ
ƫđƫƫđƫƫƫđƫ
ƫƫ
ƫđƫƫƫƫđƫƫĒƫ
ƫƫđƫƫƫƫƫđƫƫƫđƫĉăƫđƫ
ƫƫƫđƫmore to be announced
ƫƫƫ
ƫƫđƫƫŐƫƫ
ƫĚƫƫƫƫđƫƫđƫƫ
ƫƫđƫƫƫđƫƫ
ƫƫđƫƫƫđƫƫƫ
ƫƫđƫƫƫđƫČƫƫĒƫƫđƫƫ
more to be announced
Scan with your smartphone for latest festival updates.