PERFORMANCES DU DECODAGE LDPC SUR UN ANNEAU
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PERFORMANCES DU DECODAGE LDPC SUR UN ANNEAU
PERFORMANCES DU DECODAGE LDPC SUR UN ANNEAU OPTIQUE FONCTIONNANT EN MODE PAQUET Damien Fafchamps2, Stéphanie Sahuguède1, Anne Julien-Vergonjanne1, Georges Rodriguez2, Jean-Pierre Cances1, Philippe Gallion2, Jean-Michel Dumas1, 1 Université de Limoges, XLIM Dpt- C²S² UMR CNRS 6172 ENSIL Parc ESTER, BP 6804, 87068 Limoges Cedex, FRANCE 2 Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications – Telecom ParisTech, LTCI, CNRS 46, rue Barrault 75013 Paris Cedex 13, FRANCE [email protected] ; [email protected] RESUME En nous basant sur des simulations de propagation de signaux, nous proposons un modèle statistique exact de type χ², décrivant le canal de transmission du réseau d’accès optique du projet ANR ECOFRAME [1]. Si un modèle de canal AWGN (Additive White Gaussian Noise) est suffisant pour dimensionner un FEC (Forward Error Correction) LDPC (Low Density Parity Check), il est indispensable d’utiliser la statistique χ² pour obtenir des performances optimales avec un décodage soft. MOTS-CLEFS : modèle statistique ; décodage soft ; LDPC 1. INTRODUCTION L’introduction du FTTH, ouvrant la voie à la symétrisation du trafic et à de nouvelles applications en temps réel et à haut débit, nécessite de nouveaux concepts en matière d’architecture du réseau d’accès. Dans ce cadre, le projet ECOFRAME [1] propose un anneau optique fonctionnant en mode paquet pouvant supporter un débit global proche de 400 Gbits/s (40 longueurs d’ondes à 10 Gbits/s chacune). La configuration du réseau et des nœuds associés inclut plusieurs types de composants actifs (VOA, SOA), nécessaires à la transmission mais aussi générateurs de bruit et de non-linéarités altérant les performances. Dans ce contexte, nous étudions une solution de correction d’erreurs (FEC) basée sur des codes LDPC utilisant un algorithme à décodage soft appelé « Belief Propagation » [2,3] afin de garantir un Taux d’Erreur Binaire (TEB) de 10-12. Pour dimensionner les paramètres du FEC, le canal optique est habituellement modélisé par un canal à bruit additif blanc et gaussien (AWGN : Additive White Gaussian Noise). Cependant, la photodétection engendre des battements entre les bruits et le signal. L’hypothèse du canal AWGN n’est plus valable et ne permet donc pas d’implanter une solution optimale de correction d’erreurs. Dans cette étude, nous présentons des résultats de simulations du canal correspondant au réseau ECOFRAME, utilisés pour déterminer la statistique du signal issu de la photodétection. Nous montrons qu’une statistique χ² constitue un modèle fiable du canal, plus adapté qu’un modèle basé sur une statistique AWGN. De plus, notre étude prouve qu’il est indispensable de prendre en compte cette statistique lors du décodage soft du LDPC pour en tirer des performances optimales. 2. SPECIFICATIONS DU RESEAU ET DES TRAMES FEC Le concept du réseau d’accès optique ECOFRAME fonctionnant en mode paquet est présenté dans [1]. Le débit maximal par longueur d’onde est de 10 Gbits/s et la durée d’un paquet de données est fixe (10μs ± 1μs). Chaque paquet est décomposé en un nombre entier α de trames FEC et la longueur totale est maintenue constante en ajoutant des « bits de bourrage » (Fig. 1). Parmi les différentes familles de codes LDPC, nous nous intéressons aux BIBD–LDPC (Balanced Incomplete Block Design) [4], basés sur une construction déterministe. Cette méthode simplifie l’implantation du codeur au prix de certaines contraintes. En effet, le code est caractérisé par les paramètres ns et q (nombre premier) fixant ses dimensions et son rendement R : Nbit trame = q.ns ; Nutile trame = q.(ns - 1) ; R = (ns - 1) / ns. Nbitmax-Nbit Bande de garde Préambule Nbit=α Nbit trame Trame FEC Trame FEC Trame FEC Trame FEC Nbit trame Nbit trame Nbit trame Nbit trame Bits de bourrage Nbit max N Utile trame Bits utiles Bits de redondance FIG. 1 : Spécifications de la trame ECOFRAME. 3. SIMULATIONS PHYSIQUES Nous avons développé un simulateur tenant compte des bruits cumulés engendrés par les amplificateurs optiques en ligne, de la dispersion de la fibre et des phénomènes de non-linéarités. Les diagrammes de l’œil obtenus permettent d’identifier la statistique réelle des signaux optiques se propageant sur le réseau, en effectuant une analyse de données par des méthodes de régression. Des calculs d’erreur quadratique montrent clairement qu’une statistique χ² non centrée décrit plus fidèlement la statistique réelle du photocourant qu’une statistique gaussienne (Fig. 2). Le modèle χ² est obtenu à partir du calcul de la densité de probabilité du photocourant en réception en se basant sur l’expression du champ électromagnétique dans le domaine optique : r r r E = (A + N I + jN Q ) er + N I + jN Q eθ . (1) r ( r θ θ ) où A est l’amplitude du signal et NI et NQ sont les composantes indépendantes en phase et en quadrature du bruit gaussien pour chacune des polarisations. Si nous définissons S, la sensibilité du photodétecteur, le photocourant I est exprimé par : I 2 = (A + N I ) + N Q2 + N I2 + N Q2 . (2) S La densité de probabilité du photocourant I est donc : r pI ( I ) = 1 2a a θ R I δ 1⎛ I ⎞ - ⎜ +δ ⎟ ⎠ e 2⎝ a θ ⎛ I ⎞ δ ⎟⎟ . I1 ⎜⎜ ⎝ a ⎠ (3) avec a = Sσ ² et δ = A² /σ ² et I1(β) fonction de Bessel modifiée de première espèce et d’ordre 1. 30 Résultats simulés fitting Chi² fitting gaussien -2 10 -3 10 20 TEB Densité de probabilité (x 1e3) 25 15 -4 10 -5 10 10 5 10 -6 0 0 -7 0,02 0,04 0,06 0,08 Photocourant (mA) 0,1 FIG. 2 : Régression gaussienne et χ². 0,12 10 5 canal AWGN non codé canal AWGN - LDPC(6176,5983) canal Chi² - non codé canal Chi² - LDPC(6176,5983) LLR Chi² canal Chi² - LDPC(6176,5983) LLR AWGN 6 7 8 9 Q (dB) 10 11 12 FIG. 3 : TEB pour le LDPC(6176,5983). 13 4. DIMENSIONNEMENT DU FEC LDPC Dans le cadre du projet ECOFRAME, nous avons recherché le code LDPC optimal permettant de réduire un TEB sans codage de 10-5 à 10-12 avec codage. Sur un canal AWGN, cela correspond à un gain de codage minimum de 4,5dB. Les simulations montrent que tous les codes tels que ns ≤ 46 (R ≤ 0,98) conduisent par extrapolation à un gain de codage à 10-12 de 6,5 dB soit 2 dB de plus que la valeur requise. A chaque valeur de ns correspond un débit utile D=Nutile trame α/dopt, où dopt est la durée optimale du paquet définie par dopt=DLmax/Nbit max. Parmi les codes tels que ns≤46, le LDPC(12742,12465) est celui qui maximise le débit utile (9,78Gbit/s). Si, pour faciliter l’implantation, la taille de la trame FEC doit rester inférieure à 10000, le LDPC(6176,5983) obtenu pour ns=32 est plus adapté (D=9,69Gbit/s). Pour évaluer l’impact du canal sur le dimensionnement du FEC, nous avons déterminé par simulation le TEB sans FEC sur canal χ², en fonction du rapport signal à bruit Q. Les résultats obtenus avec le seuil de décision optimal sont comparés à ceux obtenus pour le modèle AWGN (Fig.3). La courbe obtenue dans le cas χ² est décalée selon l’axe Q par rapport au cas AWGN, ce qui implique que les gains de codage minimaux requis sont identiques (4,5dB). Afin de conclure sur le dimensionnement du FEC adapté, les performances des LDPC sont évaluées sur canal χ². 5. PERFORMANCES DES LDPC SUR CANAL χ² La première étape de l’algorithme de décodage LDPC est le calcul du Logarithmic Likelihood Ratio (LLR) [2,3] pour chaque symbole reçu y, exprimé en fonction du symbole émis x : LLR = ln[ p( x = 1 y ) p( x = 0 y )] . (4) Pour un canal AWGN de variance σ ², l’expression des LLR se résume à : LLR = 2y / σ ² [3]. Si on considère maintenant une distribution χ² où A = 0 pour un ‘0’ émis et A = A1 pour un ‘1’, on a : LLR = A1 2σ 2 + ln 2 ( y A1 2 [2σ I ( 2 1 )]) y A1 σ 2 . 2 (5) Afin d’évaluer l’impact de la statistique χ² sur les performances, on reporte sur la figure 3 les TEB obtenus avec un FEC LDPC(6176,5983) sur canal χ² (traits pointillés) et sur canal AWGN (traits pleins). Lorsqu’on tient compte de la statistique χ² (courbes marquées par les cercles), on remarque que la courbe du TEB sur canal χ² est parallèle à celle obtenue sur canal AWGN. Le gain de codage reste donc inchangé et le dimensionnement du code LDPC effectué sur canal AWGN est utilisable. Cependant, lorsque le décodeur ne prend pas en compte cette spécificité et considère que le canal est de nature gaussienne (courbe marquée par les carrés) pour le calcul des LLR, les performances sur canal χ² sont fortement dégradées. Ainsi, même si la recherche du code optimal peut être réalisée en supposant que le canal est AWGN, il est indispensable, lors de l’implantation, que l’algorithme de décodage prenne en considération la statistique réelle du canal. CONCLUSION Dans le contexte d’un réseau optique mode paquet, nous avons montré que le modèle χ² décrit plus précisément la statistique du canal que le modèle AWGN. Même si le modèle AWGN peut être utilisé lors de la phase de dimensionnement d’un FEC LDPC, nous avons également montré qu’il est impératif de prendre en compte la statistique χ² dans le processus de décodage soft afin d’obtenir les meilleures performances possibles. RÉFÉRENCES [1] D. Chiaroni et al, “Cascadability issues in a Multi-Services Optical Packet Ring Network” Photonics in Switching 2007, pp 25-26 [2] D. MacKay, Information Theory, Inference and Learning Algorithms, Cambridge University Press 2003 [3] J. L. Fan, Constrained Coding and Soft Iterative Decoding, Kluwer Academic Publishers, 2001 [4] B. Ammar et al, “ Construction of low density parity check codes based on balanced incomplete block designs ”, IEEE Trans. on IT, vol 50, no. 6, pp 1257-1268, 2004