Commerce du bois
Transcription
Commerce du bois
Historique de l'Outaouais • • • • Commerce du bois Dates importantes Les Pionniers de 1800 Premiers Européens Cette section vous fera découvrir l'histoire de notre belle région. Vous y trouverez des renseignements utiles sur les premiers européens tel Champlain, Philémon Wright, etc Vous découvrirez l'importance de l'industrie forestière dans son développement. De plus vous pourrez accéder à l'historique de la ville de Gatineau. Commerce du bois Au 19e siècle, les plus belles forêts de pins de l'Amérique du Nord, situées dans notre région, furent détruites. Des bandes de bûcherons parcouraient l'Outaouais à la recherche des meilleurs pins, rouges ou blancs. Ils étaient coupés, équarris et flottés jusqu'à Québec et chargés sur des bateaux en partance pour l'Angleterre. Des Canadiens français et anglais, des Américains se dirigèrent dans la vallée de l'Outaouais car on y voyait une région inexplorée, couverte presque à l'infini de forêts de pins. Le commerce du bois devint donc un mode de vie pour ces habitants. Source d'emploi pour les travailleurs, revenu d'appoint pour les fermiers et grand profit pour les marchands, le bois ouvrit de grands espaces à la culture. Il est aussi à l'origine de villes animées par le transport et le commerce du bois: Hull, Gatineau, Maniwaki, Aylmer, etc… L'évolution du commerce du bois de 1800-1900 Le bois au Québec avant 1807 Le commerce du bois avant cette date n'intéressait pas grand monde à cause des coûts reliés au transport. Avec l'indépendance américaine, ce fut les provinces de l'atlantique qui en profitèrent le plus. La guerre franco-anglaise Le blocus décrété par Napoléon en 1806-1807 et l'embargo américain forcent la GrandeBretagne à compter davantage sur ses colonies d'Amérique du Nord pour ses approvisionnements en bois nécessaire pour maintenir sa puissance navale. Londres décide d'abolir les droits d'entrée sur les bois coloniaux, ce qui marque le début d'un développement spectaculaire de l'industrie forestière au Canada. Le volume des exportations au port de Québec passaient de 11000 tonneaux en 1803 à plus de 150000 en 1810. Les débuts de l'industrie du bois dans L'Outaouais Avant l'arrivé de Philémon Wright, il faut se rappeler que l'Outaouais n'a été qu'une région de passage pour les coureurs des bois et missionnaires. Lors de l'implantation de la colonie Wright, ce dernier s'aperçoit vite que l'agriculture ne peut pas être rentable faute de marchés accessibles. L'Outaouais était recouverte à cette époque d'une magnifique forêt; on parle de pins blancs d'une hauteur de 50 mètres et d'un diamètre de près de 2 m. Wright entrevoit le salut et le succès de son établissement. Sa détermination viendra à bout des rapides du Long-Sault pourtant réputé comme infranchissables. Le Columbo, premier train de bois Pendant l'hiver 1805-1806 les abords de la rivière Gatineau retentissent des coups de haches des bûcherons. Les grands pins descendent la rivière au printemps ou ils sont unis ensemble pour former le premier train de bois. Le 11 juin 1806, après avoir été baptisé du nom de Columbo, ce premier train descend la rivière des Outaouais en route pour Québec. Les hommes ne possédant aucune expérience dans la navigation de ce genre de train, le voyage entre Hull et Montréal fut donc très difficile. Souvent les radeaux s'échouent et il faut beaucoup de temps et d'énergie pour les remettre à flot. La descente des rapides Long-Sault demande près de 35 jours alors que plus tard, avec un peu d'expérience, on ne mettra que 24 heures. La route était maintenant ouverte et le premier train sera suivi par des milliers d'autres. Les hauts et les bas de l'industrie La demande britannique fluctue (et le prix aussi) selon les besoins de la construction, qu'il s'agisse d'habitations ou de voies de chemin de fer, domaine où la préférence va au bois de pin. Vers 1845, un courant libre-échangiste circule en Angleterre qui réclame l'abolition de tous les tarifs protecteurs, ce qui nuit beaucoup au Canada entrainant une réduction de 25% du commerce. On se tourne donc vers le marché américain (Etats-Unis). Le commerce du bois continue à grandir jusqu'à la fin du 19e siècle avec quelques creux (1879 à 1883). Les travailleurs se syndicalisent pendant que les grandes compagnies se fusionnent pour leur tenir tête. C'est la fin des petites industries forestières. La relève sera assurée par l'industrie de la pulpe et du papier. Le bûcheron et les différentes tâches au chantier Dans les chantiers d'autrefois, il y avait différentes tâches accomplies par les travailleurs mais une des plus importantes était celle du bûcheron. Les autres sont: le contremaître, le mesureur, le marqueur, le traceur, les entailleurs... Le contremaître, de par la volonté du bourgeois propriétaire, donne des ordres, tranche et agit selon son bon plaisir. Il ne doit rendre de compte de son administration qu'aux riches propriétaires qui l'emploient. Il était rarement bien vu par ses hommes de là une chanson de la région de Maniwaki: - Mais quand il sera mort - Nous chierons sur son corps - Ca sera pour embaumer - Le jobber de la compagnie. Le commis s'occupe de la tenue des livres et registres de la compagnie. Le mesureur voyageait d'un chantier à l'autre pour vérifier si le diamètre des billots coupés n'était pas inférieur à celui fixé par le Gouvernement. A l'aide d'une règle, il mesure les billots et le soir il fait le calcul du bois mesuré. Le marqueur (maître-forestier) sélectionne les pins à abattre. En général il choisit un arbre au tronc droit, sans branche mesurant 1m de diamètre. Les bûcherons abattent les arbres à l'aide de haches. Une fois abattu, l'arbre est débarrassé des branches qui ornent sa cime puis il est coupé en billots de 12 pieds 6 po. Ils travaillent par équipe de deux (2) et dans une journée ils peuvent couper environ 50 billots de 12 pieds selon la densité de la forêt. Le traceur examine l'arbre pour voir s'il a des défauts et repérer les meilleurs sections à équarrir. Les entailleurs (fendeurs) font des encoches en V tous les 3 ou 4 pieds pour déterminer la profondeur de l'équarrissage. Le doleur aplanit les côtés à l'aide d'une hache très tranchante. Les charretiers devaient se lever dès 4 heures le matin pour nourrir les chevaux et les atteler sur des traîneaux. Ils sont responsables de charger les pièces de bois et de les conduire à la jetée sur le bord d'un lac ou d'une rivière. Il fallait identifier tous les billots à l'aide d'un marqueur au sceau du propriétaire. N'oubliez pas que les billots de différentes compagnies utilisaient le même chemin soit la rivière. Il fallait être capable de les différentier à leur arrivée à l'estacade. Quant aux autres travailleurs du chantier nous retrouvons les éclaireurs pour tracer les chemins d'accès, les portageurs qui transportaient à dos d'homme les provisions (farine, pois, fèves, lard, etc..) quand les chemins ne permettent pas d'utiliser les traîneaux et enfin le cuisinier (ou cook) pour nourrir tout ce monde de "beans", de soupe aux pois et de pain. Le transport du bois: la drave La drave En hiver les billes sont déposées sur la glace des lacs et des rivières; au printemps, elles partiront avec la débâcle. A cause des chutes et des nombreux rapides, les billes s'entrecroisent et s'accrochent aux rochers en formant des enchevêtrements qui ne peuvent être défaits que par une main d'hommes. Des équipes de travailleurs étaient chargées de "conduire" les billots. On les appela "drivers" mot qui est devenu dans le langage populaire "les draveurs"; la tâche de défaire les embâcles fut appelée "la drave". Voici comment un témoin de l'époque nous raconte une scène lorsqu'un embâcle s'était formé sur le pilier du pont Alonzo Wright qui traverse la rivière Gatineau. "Nous apercevons une dizaines d'hommes dans une chaloupe robuste taillée pour sauter les rapides. Les draveurs accostent en haut de l'embâcle et sautent prestement sur le tas de bois. Les uns ont une longue gaffe avec pic de métal au bout; les autres, "le cantouque" (mot anglais cant-hook). C'est une sorte de gros levier en bois muni d'une pointe ferrée et d'un crochet mobile qui permet de rouler les billes. Le travail commence. On cherche dans cet amas avec les gaffes les pièces mobiles mais rien ne bouge. Tout à coup, deux draveurs s'attaquent à un gros billots qui semble soutenir l'ensemble. Avec leur "cantouque", ils réussissent grâce à leur force à faire tourner la bille. On dirait deux lutteurs. Rapidement ils regagnent l'embarcation car grâce aux billes ainsi libérées, l'embâcle risque de s'écrouler d'un instant à l'autre. Jamais on ne devinerait tant de souplesse dans le corps de ces hommes vêtus grossièrement et dans des jambes aussi lourdement bottées." Obstacle de taille: les chutes Chaudières Arrivée dans la rivière des Outaouais, il fallait faire le triage des billes des différentes compagnies. Grâce à la marque qu'elles portent, les billes sont poussées dans les "compartiments" d'une estacade pour former : cribes ( Un "cribe" (brelle en français) était fait de vingt (20) billes équarries d'à peu près la même longeur. Les billes étaient rassemblées dans un cadre de flotte tenues par des traverses. Les cribes sont construits de façon à ce qu'ils puissent passer dans les glissoirs; c'est pour cela que leur largeur ne dépasse pas 8 m (26 pieds). La longueur des cribes n'a de limite que celle des billes qui la composent.) , cages (Une "cage" (le nom français serait allingue) est formée de plusieurs cribes placés côte à côte et alignés les uns à la suite des autres. On les lie ensemble avec de longs bâtons et de fortes cordes dont chaque train de bois est amplement pourvu. Une cage contient souvent 100 cribes et plus. Ces cages ou radeaux sont conduits par un nombre d'hommes pouvant aller jusqu'à 30 et plus selon la longueur du train. Sur ces cribes, on retrouve différents objets nécessaires au voyage : câbles, chaînes, ancres, provisions... Ordinairement il y a des cabanes construites pour deux hommes (2m par 1m de haut). Elles sont faites d'écorces de bouleaux ou de planches minces fixées à une légère charpente. Un cribe se distingue des autres; c'est celui qui porte la cambuse, la cuisine. N'oublions pas que ces hommes devaient vivre sur ces radeaux pendant des semaines et le "voyage" est soumis à plusieurs contraintes. ) et radeaux. Les chutes Chaudière causent d'énormes pertes de temps et d'argent. Il en va de même pour tous les obstacles majeurs que rencontrent les trains de bois dans leur voyage vers Québec. Rendus entre un îlot et la Chaudière, les voyageurs abandonnent à leur sort les radeaux qui sont disloqués par la puissante masse d'eau de la cataracte. Au pied de la chute, une estacade arrête le bois qui est reformé en radeaux pour continuer son voyage. John By écrivait en 1828 qu'une bonne moitié des billes qui descendaient la Chaudière devaient être coupées en deux bouts car elles étaient trop endommagées par les chocs entre elles et les rochers. On fit construire par Philémon Wright deux digues pour augmenter le niveau de l'eau dans le chenal et permettre à un radeau de descendre même en été. Cette amélioration rendit de nombreux services mais malgré tout, les radeaux devaient être disloqués et refaits au pied du chenal. En 1829, Wright se pencha sur ce problème et inventa le "glissoir" (Suite à un voyage qu'il fit en Norvège, Wright imagina un plan incliné, en bois, sur lequel coulerait de l'eau et ayant une largeur suffisante pour faire glisser un radeau entier. Son invention ingénieuse permit de sauver du temps et d'éviter les pertes de bois puisqu'on n'avait plus besoin de défaire et refaire les radeaux au pied de la chute. Il fit construire un chenal dans le roc et y installa son glissoir. Il charge un droit de passage d'un dollar par radeau. Bientôt des glissoires du même genre se multiplient dans la région: - aux chutes des Chats; - à Arnprior(Ont.) : le glissoir d'Arnprior - près de l'île Calumet : le glissoir Calumet - aux rapides Joachim : le glissoir des Joachim ) qui permit de franchir les chutes sans difficultés.