A. Introduction : formule du cours, cours

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A. Introduction : formule du cours, cours
Archéologie des provinces gallo-romaines
A. Introduction : formule du cours, cours magistraux, visites musées, travaux
étudiants.
L’archéologue est comme un historien mais il œuvre à partir d’une source particulière.
Quel est le type de question qu’on se pose aujourd’hui sur nos régions ? L’objectif de ce cours est
d’y répondre.
Grâce aux fouilles préventives et aux nouvelles méthodes, on obtient un nouveau regard sur nos
contrées. On commence à appliquer ces nouvelles méthodes de manière plus large. Par exemple : on
a compris qu’il y a des sanctuaires urbains et périurbains en occident. Maintenant on transpose cette
lecture à l’orient en dehors de la Grèce et ça fonctionne très bien.
La première reconstitution d’une histoire de la Gaule du nord a été largement tributaire d’une
source littéraire : la Guerre des Gaules de César. Cette reconstruction résulte d’une démarche du
19e siècle qu’on a aussi appliqué par exemple à Troie (avec l’Iliade).
Il y a une double tendance contemporaine dans l’exploitation des sources littéraires en archéologie
gallo-romaine:
- Mettre en perspective le texte de César, trouver ses sources, ses destinataires, pour
réévaluer son texte
- On utilise d’autres sources en plus de celles de César, des sources qui sont latines,
grecques et qui évoquent, outre nos régions, les populations dite celtes (keltoi) par
les Grecs et gauloises (galli) par les Romains.
Ces sources transmettent des données factuelles (dates et noms de sites, de batailles, des
déplacements de population,…) mais surtout une certaine image. Cette image des sociétés gauloises
avant et après l’annexion romaine est à décrypter. Il ne faut pas oublier qu’elle est formée à travers
le prisme des Grecs et le prisme des Romains.
Depuis le 19e, l’objet de la recherche à évolué. On ne veut plus restituer une histoire linéaire, une
chronique événementielle, un macro-horizon historique, mais plutôt comprendre l’organisation de
ces sociétés, comment elles fonctionnent. On se centre sur des micro-horizons et on essaie de faire
le lien avec le macro-horizon. Depuis une trentaine d’années, on voit que cette compréhension des
micro-horizons ne peut se concevoir sans l’apport de l’archéologie. C’est une tendance lourde que
l’on retrouve ailleurs, notamment en histoire de l’art. L’histoire de la peinture passe désormais par
l’analyse « archéologique » de l’œuvre.
Nous vivons une tentative d’objectivation après des décades d’utilisation de l’histoire et
l’archéologie à des fins nationalistes. Maintenant on se méfie des systèmes et des exploitations
nationalistes, on met le doute.
Dans les années 60, après les traumatismes de l’exploitation forcenée des sources définissant une
certaine identité raciale, on est passé d’une vision historiciste à une histoire des mentalités (cf école
des annales, réflexions à l’échelle européenne,…). Cette histoire des mentalités était encore ancrée
dans un territoire national (ex : les lieux de mémoires spécifiques à la France), dans les années 60.
On a évolué vers une histoire des représentations, càd comment l’homme et ces sociétés se sont
vues et conçues, représentées (elles-mêmes et les autres).
Il y a bien une forme d’objectivation puisque au moins on essaie plus de définir le passé par rapport
au présent. Le passé reste dans le passé.
Les grandes avancées proviennent de la rencontre entre une recherche pointue, ponctuelle,
indépendante (propre à l’archéologie de terrain), et une confrontation, une synthèse, une mise en
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Archéologie des provinces gallo-romaines
contextualisation.
Ici on va montrer comment une certaine conception de l’archéologie a été utilisée pour écrire une
certaine histoire et comment une nouvelle conception permet d’écrire une autre histoire. Il s’agit de
tenter de retranscrire différentes conceptions et représentations. On crée aujourd’hui une histoire
des représentations, une forme d’histoire de la mémoire.
À la Gaule Belgique, il aurait fallu adjoindre la Germanie inférieure car la Gallia Belgica connait
sous Domitien (vers 80) le détachement de la cité des Tongres et la création de cette province
Germanie inférieure, avec Cologne pour capitale. Quand on veut parler de nos régions, il faut donc
aussi inclure une partie de la Hollande méridionale car elle en faisait partie avant.
Cologne : ville du territoires des Ubiens, tribu germanique alliée à César lors du soulèvement de 54
BC par Ambiorix. Elle doit son nom à Colonia Claudia Ara Agrippinensium. Le titre de colonie est
attribué vers 50 BC, sous Claude. Avant elle s’appelait Ara Ubiorum (autel des Ubiens) –
reconnaissance du pouvoir romain par des tribus locales.
En mettant en place cette colonie, il s’agissait de donner une cohérence aux frontières (ça forme un
front, comme un limes).
Le Sombre abîme du temps, mémoire et archéologie (La couleur des idées), de Laurent
Olivier, Paris, Seuil, 2008. Ouvrage à lire. Idée qu’un objet archéologique appartient autant au
présent qu’au passé.
B. Celtes et gaulois : une reconstruction en marche.
Historiographie : une archéologie nationale au service d’une histoire nationale.
Remplois de matériaux de constructions
À toutes les époques, on ré-emploie des matériaux. Dans les Chronique de l’abbaye de SaintHubert, Cantatorium, 1065 montre que l’on a ré-utilisé des vestiges antiques pour reconstruire la
chapelle. À Bastogne, on a retrouvé des remplois de matériaux antiques. Le site archéologique est
une carrière.
Récits épiques
Jean Lemaire des Belges est née dans le Hainaut et a peut-être été au service de Marguerite
d’Autriche. Son récit est un récit épique dans lequel on a pour la première fois eu une mention de
wallon. Le récit met en scène un récit épique de l’histoire de la France, il veut prouver qu’il remonte
au Troyens. Le récit va jusqu’à Noé et au Déluge. La ville de Paris est fondée par un troyen en
souvenir de Paris.
La franciade de Roussart en 1572 est une inscription du présent dans un passé mythique ce qui est
largement répandu au XVIe. Cela est inscrit dans une pratique biblique de désignation de l’individu
par sa filiation. Le nom d’une tribu sont fils de … pratique que l’on retrouve largement dans la bible
et le monde sémitique.
Erudits locaux
Des hommes de la Renaissance ayant produit des mémoires (début XVIIe) tels des gouverneurs
locaux des Pays-Bas Espagnols Méridionaux (Luxembourg) dont Pierre -Ernest Mantsfeld qui a une
collection d’antiquité locale dans laquelle on retrouve des blocs venant du rempart d’Arlon. Son
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Archéologie des provinces gallo-romaines
secrétaire copie des inscriptions latines qui montrent que les blocs venaient d’un cimetière galloromain remployé au bas-empire pour les remparts. Ses deux fils publient des illustrations qui sont
les premières de nos régions aux travers de la collections du gouverneur. Il cartographie aussi la
région de Luxembourg et signale les voies romaines. On a le développement d’un passé romain en
plus de la conscience romaine.
Sources littéraires
Belgium Romanum Ecclesiasticum et civile, Aegidius Bucherius Atrebatis, 1655. Les Atrebates sont
une population de l’Artois. Cet homme publie un texte qui est la suite de la guerre des Gaules de
César jusqu’à Clovis dans un premier volume publié tandis que le deuxième a été retrouvé mais
n’était pas publié, il voulait donc aller jusqu’à son époque.
Découverte archéologiques et publications
La publication de Chifflet sur le Trésor de Childéric en 1655 est considérée comme une des plus
anciennes publications archéologiques européenne.
Il travaille pour la cours d’Espagne et en mai 1653 fait état de cette découverte lors de travaux
d’infrastructure à Tournai. On a pu identifier Childéric par sa bague sigillaire, il est envoyé à Vienne
et ensuite offert à Louis XIV puis volé et fondu en 1831. La publication est donc d’autant plus
précieuse. On a une méconnaissance de l’usage des objets même si les dessins sont très précis. Des
fouilles de l’UCL en 83-86, on permit d’identifier un tumulus avec des chevaux sacrifiés et des
fossés. On est fasse à des pratiques proprement celtes.
Cartographie (mémoire militaire)
Au XVIIe, l’Europe est a feu et à sang par les guerres de Louis XIV. On a des cartes de l’époque qui
présente une série de tumulis. On a une première cartographie de vestiges archéologiques locaux.
À la même époque, Nicolas Bergier en 1726 publie l’histoire des grands chemins romains où il
parle des voies romaines et ré-édite la table de Putinger (réseaux des routes au IIe siècle) qui a été
publié en 1598 à Anvers et lui compare un texte qui est les itinéraires Antonins. Il est le premier a
s’intéresser à la construction de la route, il publie des bornes miliaires de nos régions.
Henry Liébaux en 1726 publie une carte de la Belgique où il contextualise le texte de César en le
plaçant sur des cartes. Il essaie de visualiser dans l’espace des récits du passé. Ces cartes sont
articulés sur les textes.
Les cartes de Ferraris portent sur les Pays-Bas Autrichiens et est divisée en 275 planches où il fait
de la topographie pure et cartographie des données strictement antiques.
Construction d’une histoire nationale
Jan des Roches, linguiste catholique né au Pays-Bas s’installe très jeune à Anvers dans les Pays-Bas
Autrichien auquel on attribue une grammaire pour apprendre le flamand, il publie une grammaire
néerlandaise et un dictionnaire français-néerlandais. Il entre à la future académie royale et est
rapidement en charge de la réforme de l’enseignement dans les Pays-Bas autrichien. Histoire
ancienne des Pays-Bas Autrichien, il fait état de l’intérêt des érudits pour l’histoire locale et utilise
comme source César, Pline et Thacite. Il se départit de la tradition généalogique. Les régions sont
habitées par les Celtes chassés vers le sud par l’arrivée des Belges provenant de Germanie, César
parle de la plupart des Belges qui étaient germains et donc on n’a pas tous les Belges. Il y a des
populations germaniques et bataves dans le nord (Thacites). Dans le premier volume, il est général
et dans le deuxième il commente le texte césarien
Maarten Josef de Bast, Il est aussi l’auteur d’une déclaration d’indépendance des comtés de Flande
publiée en 1790 à Gand. Il l’a écrit en réaction au manifeste du peuple brabançon et celui des
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Archéologie des provinces gallo-romaines
luxembourgeois dans le cadre de la révolution contre Joseph II. Il est l’auteur d’un Recueil
d’Antiquités romaines et gauloises trouvées dans la Flandre proprement dite. But de la préface : il
veut prouver que César n’est pas venu en Flandre ! Il veut ainsi démontrer l’indépendance de la
Flandre dans l’antiquité, pour dire que la Flande orientale n’a jamais été soumise à la France.
Il fait aussi un des premiers inventaires de nos régions des trouvailles site par site, avec quelques
planches.
On a donc longtemps utilisé les textes à des fins nationalistes, identitaires.
Louis-Dieudonné Dewez, Histoire générale de la Belgique depuis la conquête de Jules César, 1805
(7 volumes).
Il est conscient de la déformation des données à cause des intérêts nationalistes. Il ajoute d’autres
sources à César, tels Lucain. On est à l’époque sous le régime français napoléonien qui est alors vu
comme rétablissant de l’ordre après la république. Il inclut Napoléon aux grands empereurs comme
Nerva. Il fait un parallèle avec eux car il est aussi constructeur et civilisateur.
Il fait plusieurs rééditions jusqu’en 1826-28.
=> Il ya systématiquement écho entre l’exploitation des sources et l’environnement culturel et
politique de l’auteur.
Antoine Schayes, La Belgique et les Pays-Bas avant et pensant la domination romaine, 1805 et
1807. Première génération d’historiens belges, sous Léopold Ier. Premier conservateur du musée
des armures. Première tentative de répertoire archéologique à l’échelle du nouveau royaume qu’est
la Belgique. Histoire générale de la Belgique depuis la conquête de Jules César. Contexte politique
spécifique car tout le monde pense que la Belgique ne durera pas et sera divisée entre France et
Pays-Bas. L’Europe redoute ensuite l’hégémonie française. On est donc anti-français et l’ouvrage
de Schayes, réédité, va dans ce sens et clame la Belgique comme ayant toujours fait partie des
peuples Germains.
Création de sociétés savantes
Cette rechercher identitaire entraine le développement d’un intérêt pour l’histoire locale et
apparaissent de nombreuses sociétés archéologiques locales. Ex : 1843, Académie Royale
d’Archéologie de Belgique.
Constructions d’images nationales
On est au milieu du 19e à une époque de construction d’identité nationale. En France c’est
Vercingétorix, chef de la coalition gauloise, qui est mis en avant. On l’utilise comme figure
mythique sous Napoléon III. Reprise dans les manuels scolaires entre 1870 et la seconde guerre
mondiale. On finance ainsi des recherches en se basant sur les textes de César, notamment des
fouilles (ex : oppidum des Aduatuques). On recherche les lieux du texte, comme Alésia.
En Belgique, deux chefs : Boduognat et Ambiorix
Construction d’une histoire nationale au XXe
Henri Pirenne, Histoire de Belgique, 1909.
Oppose les Germains et les Celtes de façon catégorique et dit que les Belges en sont une synthèse.
Cheveux blonds, yeux bleus caractéristiques,…Il renvoie aux théories raciales de l’époque.
Franz Cumont, Comment la Belgique fut romanisée, Annales de la Société Royale d’archéologie de
Bruxelles, 28, 1914 (à réutiliser pour le travail).
Concept de romanisation avec comme arrière-plan idéologique la colonisation du Congo. Idée
qu’on était barbares et qu’on a été civilisés par les Romains, comme les Belges civilisent les
Congolais. On est là inscrits dans une continuité. Le problème ce sont les nationalismes.
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Archéologie des provinces gallo-romaines
Les sources antiques sont en fait elles-mêmes entachées par des préconceptions, des certains
idéologies ou des objectifs plus ou moins consciemment mis en œuvre.
Il y a donc nécessité d’une double critique : Il faut restituer le contexte de naissance de la source et
son contexte d’utilisation.
Evidemment, nous sommes nous-mêmes influencés par notre contexte et une certaine idéologie…
Lecture intéressante à faire : L’archéologie comme discipline ? Sous la direction de Philipe
Boissinot, Paris, Seuil, 2012. Article intéressant : Gérar Chouqer, « A propos des collecteurs
hypertrophiés », p. 113-133. (c’est un archéo-géographe). Il a créé ce concept de collecteur
hypertrophié : ce sont des grandes catégories, des clés de lecture qui cadrent assez
systématiquement les analyses historiques. Par exemple, la nation, le rural, la ville, la société, le
patrimoine (comme des grands cadres de pensée). Il les nomme ainsi car ils opèrent des
amplifications par excès de synthèse de réalités diverses qui sont étudiée à une échelle ponctuelle. Il
dit qu’on fait des analyses de micro-histoires et on a tendance à coller une étiquette qui rendrait
compte de plein de réalités différentes. Pour lui c’est un transfert outrancier de faits de microhistoires vers des catalyseurs explicatifs de macro-histoire. Il s’agit de toute étiquette, toute
catégorie censée parler au nom de tout. Et cela gomme la diversité du réel. Cette catégorisation, en
droite ligne avec les sciences dures, provient d’une posture qui cherche à dégager une loi
universelle qui permet d’expliquer tous les faits. Ex : la constitution de blocs superpuissants au 20e
siècle, l’environnement, le développement durable. En plus de cela, on a mis en place des outils
d’analyse et des protocoles qu’on a cru objectifs. En particulier lorsque ces instruments découlent
des sciences de la nature. On oublie qu’eux aussi appartiennent à une certaine époque.
Comment se départir de tout cela ? Chouquer y répond ainsi :
On ne peut plus faire d’analyse à ontologie unique et constante (càd à cause unique et constante)
Plus personne n’y croit aujourd’hui. Selon lui la seule manière de faire l’histoire est donc de faire
des récits parallèles. Il donne comme exemple une histoire du climat, une histoire de
l’agriculture,...qui permettraient éventuellement d’atteindre une histoire de l’environnement.
Il explique que ces différents récits n’exploitent pas un socle épistémologique commun, mais des
ressources, des méthodes, des cadres de savoir différents. C’est ce qui explique qu’on ne peut pas
les intégrer dans une macro-histoire.
« Nous sommes peut-être condamnés à ne pouvoir rendre compte que de petits récits parallèles ».
L’histoire serait la somme de ces récits.
Si on tient à élargir l’échelle, l’histoire ne devrait pas être autre chose qu’un ensemble d’hypothèses
articulées sur ces récits.
Constitution de divers dossiers qui petit à petit permettent de dégager des réalités. Ça peut être une
famille, une nécropole, une ville,… Elles ne sont pas applicables à l’échelle de l’empire.
Ce qui est applicable à tout l’empire ce sont certaines clés ponctuelles (parfois on essaie de faire
une lecture générale avec cette clé et ça marche, mais ce n’est pas systématique – par exemple
comparer les enterrements de Pommereoil et ceux d’Ephèse pour voir ce qui diffère ou pas, mais on
ne fera pas « mort et enterrement dans l’empire ») .
On se retrouve bien là-dedans en tant qu’archéologue car notre discipline est polymorphe. C’est une
discipline en évolution permanente et rapide. On aurait donc du mal à vouloir faire une synthèse de
tout.
On est en train de mettre en place de nouveaux points de vue. Chouquer met en garde et dit de ne
pas à nouveau faire « une grosse boîte » où met tout dedans.
Certains lui reprochent de promouvoir un morcellement outrancier de la discipline. Pour sa part, il
revendique ce morcellement car il permet de réajuster des sous-segments, d’hiérarchiser les
priorités.
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Archéologie des provinces gallo-romaines
Il dit que les notions globalisante sont des cathédrales maintenant en vie des paradigmes
sclérosants.
Les outils de la recherche : bibliographie de base.
Photocopie et diapo
Perception et représentation de l’Occident : une image antique du Gaulois et de la
géographie des Gaules.
Une image antique du Gaulois
Keltoi, Galli et Galates
Retour aux sources antiques. On va voir comment les Grecs et les Romains percevaient les Gaulois.
Les Grecs mentionnent les celtes pour la première fois à la fin du 6 e siècle BC (Hécatée de Milet).
Le terme keltoi sera ensuite repris par Hérodote vers 430. Pour ce dernier, le Danube prend sa
source dans le territoire des celtes. Les mentions à cette époque sont marginales et il n’y a pas de
description ethnographique de ces peuples.
Mais dès le 6e, il y avait déjà des contacts commerciaux entre la Méditerranée et les peuples
intérieurs, via la colonie grecque de Marseille (600).
Fin du 5e siècle, époque d’Hérodote, l’Europe est sujette à des migrations importantes de Gaulois,
en particulier pour les Italiens à une installation des Gaulois en plaine padane (plaine du Po). Dès
cette époque il y a des affrontements avec les Etrusques.
Stèle funéraire, grès, fin 5e début 4e, Bologne, Nécropoe de Certosa/La Chartreuse, stèle funéraire :
Représentation de lutte entre Etrusques et Gaulois.
Des arguments philologiques semblent indiquer que les Celtes occupaient déjà les montagnes du
nord de l’Italie au 6e siècle, juste au-dessus de la plaine padane.
La fin 5e et le début 4e correspond à la fin des Etrusques dans cette région. Archéologiquement, on
voit l’apparition de fibules de tradition laténienne. On suppose qu’il y a déplacement de population,
puisque au même moment, en Champagne, on assiste à une disparition des grandes nécropoles
laténiennes.
Pour Rome, cela est reflété par des sources écrites : Denis d’Halicarnasse et Tite-Live, 387-86 :
siège de Rome par les Gaulois.
Il ne faut pas lire cela seulement sous l’angle de déplacements des populations.
Les aptitudes guerrières des gaulois sont reconnues dans le monde italien et grec. Des combattants
gaulois seront enrôlés comme mercenaires par divers pouvoirs dans toute la méditerranée (les
Carthaginois, les Etrusques du sud, …) et divers tyrans (par exemple Denys de Syracuse – selon
Xénophon, 371).
C’est cette proximité-là qui est à l’origine des premières descriptions « ethnographiques » de
Gaulois dans les sources Grecs. Par conséquent, ils sont présentés comme un peuple belliqueux et
buveurs (Platon), courageux mais peu intelligents (Aristote).
Le mouvement de population est plus général, du nord au sud, dans toute l’Europe (en Europe
centrale aussi). Ce qui va créer à l’est des contacts conflictuels, par exemple avec le royaume de
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Archéologie des provinces gallo-romaines
Macédoine. Par exemple pillage du sanctuaire de Delphes en 279-8 par des Gaulois (selon
Pausanias).
Ce mouvement pousse aussi vers l’est, la Thrace, traverse les détroits et donc vers l’Asie Mineure :
installation de Galates vers 280 BC en Asie Mineure, d’où des conflits avec les diadoques et ensuite
avec le royaume de Pergame.
Les sources ethnographiques au sens strict sont perdues. On en trouve quelques échos chez Polybe
qui renvoie aux stéréotypes et aussi chez Tite-Live. Image du barbare, belliqueux, sauvage,..
Iconographie hellénistique du Gaulois
On trouve écho de cette image dans l’iconographie :
--Frise de terre cuite, Civitalba (Marches), Gaulois fuyant après sac d’un sanctuaire, début 2 e siècle
BC.
--Sculpture, Galate, et son épouse ?, copie de la fin du 1er siècle avant ?, marbre : ce groupe a été
retrouvé dans les jardins de Salluste. César a vécu dans le même espace et donc ça fait peut-être
aussi référence aux conflits entre Romains et Gaulois. A l’origine il était en bronze, produit à
Pergame. Ça renvoie à la bataille vers 237 BC entre les Pergaméniens et les Galates.
L’image stéréotypée de la littérature est reproduite dans l’iconographie.
--Sculptures de guerriers gaulois blessés, groupe dit des « Petits Galates », groupe postérieur au
précédent :
L’original a été vu par Pausanias vers 140 AD à Athènes. Il nous dit qu’il a été dédicacé par un des
roi Attale sur le mur méridional de l’acropole. Ça serait plus vraisemblablement Attale II, après un
second affrontement entre Pergame et les Galates. Probablement une centaine de figures à l’origine.
Donc ça devait être très impressionnant. C’est une image de propagande tellement forte qu’elle va
déplaire aux Romains : ils vont reconnaitre l’indépendance des Galates, malgré la victoire de
Pergame. Pergame devenait trop forte à leurs yeux.
On possède diverses copies de ce groupe.
--Soldat Gaulois, retrouvée à Délos :
Son casque est au sol, il a un trou dans le cuisse droite (trace de flèche). Imitation de l’école
pergaménienne mais on est plutôt vers 100 BC. Peut-être commémoration d’une victoire de Marius
contre des Germains et des Teutons.
Compléments d’infos sur ces images : Les Celtes, de S.Moscati.
La Gaule dans les sources littéraires gréco-latine
César, Cicéron, Pline l’Ancien et Tacite.
Les sources grecques sont soit d’époque républicaine et impériales soit d’époque hellénistiques de
Grecs dévoués à la cause de Rome (Polybe, Appien, Dion Cassius,…).
Vers un renouvellement de l’exploitation des sources littéraires d’époque républicaine
Contexte historique : Cisalpine, transalpine, Hispanic, via Domitia, campagnes de Marius
Mise en contexte historique : « Histoire des Gaules », de Christine Delaplace et Jerome France,
Paris, 2011.
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Archéologie des provinces gallo-romaines
Création des deux provinces d’Hispanie dès 197 BC (Hispanie ultérieure et Hispanie citérieure).
Installation ancienne, au 2e siècle, dans la zone côtière de la France. Ensuite ils essaieront
d’associer ce deux morceaux => construction de la Via Domitia par Gnaius Domitius Ahenobarbus .
D’abord un épisode militaire puis création d’une administration, avec une ou deux générations entre
les deux. Pacification par Ahenobarbus au 2 e siècle puis création de cette administration.
Ce schéma occupation – administration se retrouve partout (c’est pareil pour la création de la Gaule
cisalpine puis transalpine). Cette province transalpine sera appelée Gaule narbonnaise qu’à partir
d’Auguste.
Demande de Marseille, alliée vers 125 BC de Rome, et fondation d’une colonie en 122 à Aix-enProvence.
En 118, fondation de la colonie de Narbonne, ce qui relie la partie espagnole à la partie française
(avec la via Domitia).
Il existe des contacts militaires antérieurs à Jules César. Il faut signaler une importante campagne de
Caius Marius en Gaule. Vers la fin du 2 e siècle, des tribus germaniques, les Cimbres et les Teutons,
traversent les Alpes et arrivent en Gaule cisalpine. A l’époque ils ne faisaient pas de différence entre
les Germains et les Gaulois. Plutarque nous renseigne dessus.
Marius était alors déjà victorieux de Jugurtha (Numidie), et il a mené des campagnes contre
Mithridate. Il connait bien la Gaule transalpine puisqu’il y est questeur en 118. Il s’est marié à 18 à
Julia Caesaris, tante de Jules César.
Poseidonios d’Apamée (135-51)
Il a fondé une école de philo à Rhodes vers 95 BC, une sorte d’université fréquentée par
l’aristocratie romaine. C’est ainsi que Cicéron, Pompée s’y sont retrouvés par exemple.
Il a rédigé une suite aux histoires de Polybe. Fragments et extraits qui seront repris par d’autres
auteurs.
On y trouve les premières descriptions ethnographiques de Gaulois de Gaule, puisqu’il a visité la
Gaule transalpine. Il décrit leur caractère réceptif et courageux, leur audace et leurs certaines
manières vaniteuse, leur passion pour les parures, leur obsession des honneurs, leurs habitudes des
banquets, leurs croyances outre-terre, leur facile excitabilité, leurs prêtres, leurs bardes qui chantent
les exploits des rois et seigneurs en vers improvisés. Importance de l’habitude de conserver comme
trophées les crânes des ennemis tués à la société. Hiérarchisation de la société qu’on ne trouvait pas
avant.
On peut faire une lecture anthropologique de ce commentaire (renvoi à une mémoire orale avec les
bardes par exemple). On peut tenter une lecture de la société.
Cicéron de son coté rapporte le séjour d’un druide Eduen à Rome, Dividiacos. Il précise qu’il s’est
entretenu avec lui => contacts directs entre intellectuels.
C. Iulius César (100-44) et les Commentarii de bello Galice
Généralités
Homme politique avant d’être général, famille de politiciens, grand pontife en 63 BC, consul en 59,
rapport très fort avec les militaires à travers des lois agraires permettant aux familles italiennes
d’exploiter les terres de l’état et de migrer dans les villes coloniales en Espagne, Afrique du nord et
Gaule méridionale. Il est proconsul de l’Illyrie, des Gaules cisalpine et transalpine.
Pour démythifier le texte de César il faut le lire. Justification de son action, se veut une présentation
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Archéologie des provinces gallo-romaines
objectivée, texte rhétorique. Pas de description des populations ou de la géographie. Si cela
apparait, c’est pour mettre en exergue la clémence, l’intelligence, les qualités de César. Langue
extrêmement simple, de terrain. Données brutes à propos de la guerre des Gaules. Sorte de
mémoire, compilation de notes, rapports adressés au sénat. Il les a compilés en 52-51 à Bibracte. Le
8e livre a été complété par un de ses proches.
Le plus ancien manuscrit que nous possédons date de l’époque carolingienne. Il y a donc un grand
décalage par rapport à l’original.
Deux moments forts dans le texte :
- Campagne conter les Belges et bataille contre les Nerviens en 57 BC
- Récit de la révolte de l’arverne Vercingétorix en 52, défaite de Gergovie, victoire Alésia et
reddition du chef gaulois
Les sources de César :
Probablement des rapports internes. Peut-être dette à Poseidonios : pour certains, les digressions
ethnographiques proviennent de Poseidonios et alors César est une source secondaire. Pour d’autres,
rien de Poseidonios ne transparait chez César…
Lecture ethnique : Gaulois et Germains
Dans le livre 6, il fait une description comparative des Gaulois et des Germains. Première fois qu’on
les sépare dans les sources. Il dit que les Germains sont sous-civilisés et ne pratiquent même pas
l’agriculture. Ils sont fondamentalement barbare car très au nord. Cela s’explique par la non
nécessité de les intégrer dans le monde romain (ils sont très différents, c’est un autre monde, on
s’arrêt là). Pour l’origine des Belges : il y a sur les deux rives du Rhin une population celte et non
une frontière ethnique et linguistique claire. Les Belges sont selon lui pour la plupart d’origine
germanique et il y a des Germains à l’ouest du Rhin. C’est donc mélange, avec une sorte de zone
mixte, côté Luxembourg (Trévires).
Lecture religieuse : construction d’un panthéon unitaire
Description unificatrice et il génère une interprétation abusive. Livre 6. Il traite des dieux, des
druides, et évoque des sacrifices humains. Ces thèmes paraissent empruntés aux sources
hellénistiques, mais le passage sur les dieux parait totalement original.
Sa description décrit en fait els dieux romains. Elle ne reflète pas la multiplicité du panthéon et des
pratiques gauloises. Mais il tient à donner une image unifiée dans l’idée qu’ils sont proches de nous
à ce niveau de sorte à ce qu’on puisse facilement les intégrer.
Il est illusoire de chercher un dieu gaulois derrière un dieu romain. Il y en a autant qu’il y a de tribus
gauloises et de cités.
Pour la religion, il vaut mieux se tourner vers Cicéron, 67-69, dans le Pro Flaco : il y a autant de
religions que de cités.
La représentation de César de la religion gauloise peut être lue comme celle de l’identité germaine
(Les Germains sont barbares et éloignés, les Gaulois sont proches et donc intégrables).
Lecture sociale : reflet de l’opposition romaine populares/optimales
Il évoque assez systématiquement les relations entre la masse et une aristocratie gauloise qu’il décrit
comme étant en perte d’autorité. La Gaule est lue à Rome à travers le conflit, à Rome, entre les
optimates et les populares (Ils voient tout à travers le filtre de cette lutte). C’est cette opposition
qu’il translate dans le monde gaulois.
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Archéologie des provinces gallo-romaines
Par ailleurs, il oppose deux types de Gaulois : ceux qui sont alliés depuis longtemps aux Romains et
avec qui ils commercent, et ceux qui s’opposent à cette alliance. Si Rome se retrouve en Gaule,
c’est parce qu’elle se retrouve dans un conflit gaulois suite à son alliance avec certains d’entre eux.
Lecture anthropologique : segmentarité, définition d’une élite, médiation du religieux
Cette lecture est la plus contemporaine.
Il existe une nouvelle manière de lire César : Stéphane Verger (cf. pp).
Il a tenté de mettre en parallèle la société telle qu’elle est décrite par César et des enquêtes
ethnographiques contemporaines sur des sociétés tribales.
Dans le livre 6, César décrit : toutes les cités, tous les cantons, et fractions de cantons, même toutes
les familles, sont divisées en partis rivaux. Les hommes qui ont le plus de crédit sont à la tête de ces
partis.
Il décrit donc une société très morcelée avec une autorité à chaque morceaux.
=> Unités, différents niveaux, qui paraissent fonctionner de la même manière (ce qu’on appelle
société segmentaire en anthropologie). Cette société est traversée par des conflits. Des hommes sont
à la tête de ces noyaux et dominent les institutions. Oppositions transversales entre ligues rivales.
L’honneur individuel et collectif caractérise cette société avant l’annexion.
On a des témoignages de la segmentarité dans les nécropoles de la Tène avec des regroupements par
famille/tribu.
Institutions ? Sans doute des conseils réunissant des hommes d’expériences ayant atteint une forme
d’autorité par une spécialisation des domaines de compétence.
Il suppose que ces autorités s’expriment à travers des repas communs.
César signale l’équivalent d’un sénat et évoque des charges particulières, l’équivalent de
magistratures, en particulier chez les Eduens.
La structure générale est probablement partagée vu qu’il y a plein d’unités différentes.
La détermination des responsabilités se fait en tout cas dans des lieux précis et à des dates fixes.
C’est là qu’interviennent les prêtres, chargés de valider les décisions à travers une ritualisation.
César évoque par exemple une réunion exceptionnelle entre les cités (Vercingétorix) avec une
cérémonie donnant « le plus sacré des liens ».
La composition des unités segmentaires évolue dans le temps. Et les groupes se déplacent (cf les
Helvètes et Bibracte, ou encore les Eburons qui vont « se confier à des peuples qu’ils ne
connaissaient aucunement »).
Ces déplacements sont difficiles à appréhender par l’archéologie.
Verger tente ensuite de caractériser les élites.
Trois aspects :
- L’art de l’éloquence, du propos
- Une forme de générosité, avec les grands banquets qui instituent un rapport de clientèle et de
dépendance
- Capacités militaires (logistique, peuvent déployer rapidement des moyens)
On retrouve ces aspects partout dans le texte de César et on les retrouve aussi dans l’archéologie.
Ces contraintes supposent qu’ils ont des moyens largement au-dessus de la moyenne et des alliances
entre eux. Politique matrimoniale.
La mobilisation d’une clientèle entraine la présence d’une clientèle rivale.
Médiation par le religieux, qui revient aux druides. La médiation ne peut intervenir que par une
autorité qui échappent à ce qui constitue la cohérence de cette société, qui soit hors du lot. Le
religieux permet de faire ça. César oppose clairement les druides aux grands chefs locaux.
10
Archéologie des provinces gallo-romaines
Ils servent de jugent et tranchent dans toutes les affaires, que ce soit entre états ou entre particuliers.
Tacite (58-120) et La Germaine (De origine et situ Germanorum)
Il écrit un texte à la fois à caractère politique (les germains posent problème à Rome) et à caractère
ethnographique. Il oppose l’organisation et les pratiques sociales des germains à celle des romains.
Ils montrent comment ils sont différent tant en tant de paix qu’en tant de guerre.
C’est à l’occasion d’une discussion sur les germains que Tacite évoque la ville de Tongre, les
Tongres sont des germains qui ont traversés le Rhin. Qu’à l’origine le terme désignait seulement
une peuplade puis qu’avec le temps c’est devenu la race entière.
A l’occasion Tacite se fait archéologue, il évoque une possible présence d’Ulysse en Germanie à
travers un site sur le Rhin qui aurait été fondé par Ulysse (étymologie farfelue) car on a retrouvé à
Assiburgium un autel à Ulysse et mentionnant son père Laerte. Cela renverrait à une tradition
grecque qui veut qu’on place des autels à la limite du monde connu (cfr. Colonne d’Hercule à
Gibraltar, mention d’Hercule jusque’à la mer rouge, etc).
Il évoque aussi des tumulus avec des inscriptions grecque entre la Germanie et la Rhétie (Bavière).
L’alphabet grec est utilisé par les Helvètes et les Etrusques du sud de la Rhétie.
De toutes évidences, Tacites utilise des sources écrites qu’on ne peut identifier.
D’un point de vue ethnographique, les germains pratiquent l’agriculture et l’élevage ce qui est
contraire au témoignage de César. Mais il utilise César (28.4) en parlant des Trévires et des
Nerviens qui se revendiquent être germaniques et non gaulois.
Représentation mentale des Gaules
• Géographie romaine des Gaules
Strabon a créé une division romaine. L’océan atlantique se trouve au nord car le monde est rond.
Dans l’océan se jette des rivières (Rhin, Loire, Senne, Garonne). On a donc une vision de bloc estouest à l’époque et les rivières définissent des territoires naturels. Et donc les pays traversés par les
territoires sont :
Au nord : la Belgique
Au centre : la Lyonnaise
A l’ouest : l’Aquitaine
Cette Gaule est celle que l’on se représente avant l’arrivée de César.
Pline l’Ancien renouvelle la description de la Gaule. Il nait en 23 et meurt en 79 et participe en 47 à
24 ans à des campagnes militaires romaines contre des peuples des mers baltiques (Chaux ?). Son
neveu nous dit qu’il a écrit une histoire des peuples germaniques en 20 livres, qu’on a perdu mais
cité par Tacite. Sous Vespasien, il est procurateur (= ministre) de la Gaule Narbonnaise et de
l’Hispanie. En 74, il visite la Gaule Belgique.
Histoire Naturelle, 4.31
La Gaule est divisée en 3 peuples séparés par les fleuves. La Belgique de l’Escaut à la Seine. De la
Seine à la Garonne, la celtique ou la lyonnaise. De la Garonne à la chaîne des Pyrénées, l’Aquitaine,
11
Archéologie des provinces gallo-romaines
ancienne armorique.
Au delà de la Belgique, on a les Toxandres (divisés en plusieurs peuplades) puis les Ménapiens
(Flandres). Ensuite, il énumère les peuples en suivant la côte et ensuite il remonte dans l’intérieur
des terres.
Il faut se méfier des cartes car elles ne tiennent parfois pas compte des textes. On a certaines
cartes oubliant que la Gaule Chevelue correspond à tout, que les Helvètes ne sont pas tous en Gaule
Belgique.
Certaines cartes peuvent être utiles car elles montrent la topographie ce qui permet de comprendre
les divisions entre les peuples en fonction du reliefs. On justifie donc l’occupation du territoire par
des populations différentes en fonction de ce même territoire.
La capitale de la Gaule Belgique est Reims. Sous Dioclétien, la Gaule Belgique va être divisée en 2.
C. Le monde celtique
1. La société celte avant l’annexion : quelques apports de l’archéologie.
Amélioration des techniques agricoles
On observe à la fin de l’époque laténienne (160-150) une évolution radicale des pratiques agricoles.
Les progrès de l’outillage de fer, plus performant que le bronze, à pour conséquence le
perfectionnement de l’outillage agricole au 2e-1er siècle de notre aire. Par exemple, on a le socq et
on a l’apparition de nouveau outils comme la faut.
Les échanges avec la Méditerranée explique sans doute l’apparition de la meule rotative. Au point
que des fabriques de meules gauloises apparaissent avec une exportation.
Les pallinologues et carpologues identifient des séries d’espèces tant animales que végétales. On a
des progrès dans les techniques agricoles comme Pline nous l’évoque : fumure, chaulage, marnage
(Histoire Naturelle, 17 : 6-42, 7-43, 8-47). On observe une augmentation proportionnelle des
monocultures au détriment de parcelles où sont exploitées plusieurs céréales (on regarde les crottes
de chèvres qui donnent l’éventail de ce que la chèvre mange après les moissons). Ceci va de pair
avec une augmentation de la population et par conséquent une augmentation des surfaces exploitées
ce qui a un impact sur l’alimentation du bétail par le développement des fenaisons (on a
suffisamment de foins pour nourrir les animaux pendant l’hiver).
On a une augmentation quantitative et qualitative, animaux à plus de chair et muscle donc plus de
force, des races ovines et bovines. Les animaux sont des animaux de bas et de transports. On a une
augmentation des espaces de stockages avec des silos semi-enterré, et des greniers sur pilotis. On
utilise aussi le sel qui est une ressource utilisée dans l’alimentation, le traitement du métal, dans le
textile.
Au pays des oppidums …
À l’augmentation de la population succède entre 130-100 une densification de la population. Cette
densification se manifeste à travers l’apparition de grosses fermes entourées de fossés et de
palissades qui réunissent des fonction d’habitats, d’artisanats et d’exploitations agricoles. Le sud de
la Gaule devient romain et est en échange et interaction culturel et économique avec Rome et
évidement les fleuves servent de routes entre le sud et le nord, le long de l’axe Rhône-Sôane qui se
prolonge Rhône-Rhin mais aussi vers l’ouest avec la Garonne et la Seine. Les échanges sont plus
fort côtés sud que côtés nord avec les autoroutes fluviales traversant ses territoires.
12
Archéologie des provinces gallo-romaines
Généralité
Un oppidum est tout endroit fortifié. On retrouve ce mot chez Cicéron et chez César. C’est un type
d’habitat très caractérisés généralement établis sur un éperon et le témoignage d’un rapport
privilégié entre une aristocratie foncière qui possède la terre et une population qui se passe sous sa
protection (/!\ Modèle médiéval /!\). C’est en tout cas un espace de représentation politique et
identitaire, il s’y passe quelque chose concernant la gestion d’une population/d’un groupe élargit.
Se développe des oppidums particulièrement présent en Gaule centrale, on a là un type médian entre
la ville romaine au sud et une zone sans oppidum au nord. C’est un espèce de moyen thème entre
l’urbanisme méditerranéen et des habitats peut-être structurés autour de chefferie/organisés autour
d’unité tribale, c’est ce que César définit comme balus : entité d’habitat dans un territoire qui peutêtre dominé par un groupe. Cfr. oppida.org
Il est intéressant de noter que la limite nord des oppidums et la limite nord des importations
d’amphores républicaines se superposent presque ce qui fait supposer qu’il y a une relation entre les
deux. Autrement dit au laténien récent (120-100bc) on est loin de la forêt sauvage, du monde
désorganisé décrit dans les manuels scolaire.
Au nord de la Somme (Gaule du Nord), on a retrouvé une cinquantaired’oppidums. Ils sont plus ou
moins grand qui vont de quelques ha à 140ha pour celui de Condé chez les Rèmes (Reims). Ona
donc une organisation du territoire, un réseau de routes, des défrichement massifs, un commerce
fluvial et bien entendu des développement différenciés entre les régions. Ainsi la taille et la
distribution des oppidums diffèrent à l’est et à l’ouest de la Gaule du nord. Ils sont plus anciens et
plus développés à l’est chez les Trévires, les Rèmes qu’à l’ouest chez les
Bélovaques/Ambien/Atrébates.
Un exemple chez les Trévires : le Titelberg
Cet oppidum se situe à la frontière entre la Belgique et le Luxembourg. Il est occupé à partir de la
fin du 2e siècle bc et qui semble transformé en oppidum à partir des années 80-70bc. Il est ensuite
transformé en village à l’époque gallo-romaine (schéma fréquent). Il s’agit d’un promontoire d’une
cinquantaine d’ha, situé à 400m d’altitudes et domine une vallée d’un affluent de la Meuse. Si on
recule un petit peu plus généralement, il est situé à l’intersection de 2 grands axes fluviaux : RhôneSoane et Moselle-Rhin. Par ailleurs, on y retrouve des gisements de minerais de fer largement
exploités jusqu’au 20e siècle. Il s’agit d’un espace symbolique dans lequel se reconnait une
population. Il existe probablement une hiérarchie des oppidums : certains rallie la population de
sous-territoire et certains fonctionnent à une échelle beaucoup plus grande.
Il est entouré d’un rempart de 9m de hauteur conservé par endroit et protégé par une levée de terre
de 50m de large à sa base. Il comprend 4 ou 5 systèmes de fortifications consécutifs dont 3
remontes au 1er siècle bc. Le site va connaitre un développement au moins économique durant le
1er siècle bc et la présence de minerais n’y est pas étrangère ce dont témoigne des frappes
monétaires avant, pendant et après la Guerre des Gaules.
Description
Le Titelberg se divise en 2 espaces : un grand habitat groupé au nord-ouest et un espace publique au
sud-est, tout deux séparés par un fossés. L’habitat est visible par les fosses, trous de poteaux, puits,
etc. La division en 2 espaces est contemporaine de la construction d’une forteresse en dur avec 2
accès monumentalisés qui remonte au tout début de l’oppidum (fin 2e siècle bc). Le fossé entre les
2 espaces n’est pas défensif mais surement symbolique. Les prospections géo-magnétiques ont
démontré l’absence totale d’habitat dans la zone sud-est. On y voit dont une place pour les
13
Archéologie des provinces gallo-romaines
manifestations publiques et religieuses.
Dans ce grand espace ouvert, il y a un sanctuaire. On a dans ce sanctuaire la typologie du fanum
(temple typique gallo-romain). On a des palissades et d’autres bâtiments.
La partie la plus ancienne (gris foncé) date du 1er siècle bc et sont des petits fossés parallèles qui
sont la fondation de palissades formant de long couloirs de 5m de large aboutissant au nord. Ces
couloirs sont des espaces de votes (on en retrouve à Rome où les citoyens votaient par tribus
civique) similaire à ceux du domaine italique. Il semble que ces palissades soient amovibles et
l’espace était jonché de millier d’ossements d’animaux piétinés qui seraient des résidus de banquet.
On a là un espace d’expression politique dans les années 80-70bc. D’autres oppidums présentent
aussi cette structure.
Vers le milieu du 1er siècle bc, on a une construction dont les trous de poteaux sont visibles (noirs)
qui est une halle en bois à 3 nefs de 15m x 14m. Dans l’axe médian se trouve une fondation de
calcaire entourée de foyer dans laquelle on reconnait un autel. À proximité, on a retrouvé 2
colonnades à proximités desquelles, des crânes humains ont été découvert : on pense à des trophées,
on a aussi trouvé des fibules, des armes miniaturisées, des fragments d’armes (bouclier). On a pas
vraiment une cella mais on a un autel, les foyers témoignent de l’introduction de sacrifice par le
feux ce qui n’est pas proprement romain. On a donc un espace ouvert avec des sacrifices publics.
Cela fait songer à un plan basilical qui pour le coup parait très italien et républicain. On sait que
cette basilique est peut-être un espace commercial dont les ossements d’animaux qui y sont
retrouvés sont majoritairement des bovins (80%) sans doute consommé sur place mais aussi
quelques animaux exceptionnel (ours, vautour). On a des témoignages d’activités artisanales autour
de la peau et de la corde qui montre une exploitation des bovins. La lecture proposée actuellement
est l’existence de foires commerciales qui se seraient tenue dans cet espace ouvert combinée à des
fêtes saisonnières de nature religieuses (// panhégérie). À saison fixe, on vend des animaux et on en
profite pour des échanges sociaux et matrimoniaux. On a une phase assez longue d’occupation
suivant les modèles que l’on vient d’évoquer.
Entre 25 et 50, une grande plateforme calcaire remplace la halle avec un espace de crémation.
L’autel serait donc déplacé.
Dans la 2e moitié du 1er siècle, l’autel est remplacé par une halle en dure intégré dans un espace
séparé d’un mur et le fossé séparant la partie publique et habitat est comblé. On a donc une
recréation de l’espace religieux, on restitue le prototype ancien en bois en pierre.
Au début du 2e siècle, l’espace est véritablement transformé en fanum. Le site est détruit vers 260
et survit quelques décennies et est à nouveau détruit.
Culture matérielle
À partir des années 30bc, on observe une importation significative d’ustensiles et de céramiques
méditerranéennes qui mettent fin au production de la Tène et en particulier on voit cette
transformation assez radicale à travers des tombes aristocratiques retrouvées à Gobelange-Nosfeldt.
Ce sont 4 petits tumuli (40cm au moment de la fouille) sur des fosses funéraires. Ce sont
probablement ceux de 4 individus séparés et différents
Les tombes B et D contiennent de longues épées ajourées
Les tombes C et D sont des inhumations ajourées
La tombe A présente un glaive romain proto-augustéenne et un mélange de matériel celte tardif avec
du proto-augustéenne.
Cette transition entre les deux est perceptible dans les fouilles de l’habitat du Titelberg mais
également dans des nécropoles avoisinantes. On a donc du matériel caractéristique de la Tène finale
14
Archéologie des provinces gallo-romaines
et ensuite du matériel romain.
Ce qui est intéressant c’est de comprendre le décalage entre l’arrivée du matériel romain en 30bc et
la transformation des espaces. L’un n’induit pas l’autre, le Titelberg garde sa propre culture, sa
propre organisation pendant un certains temps du points de vue des rituels et l’espace politique
disparait au profit d’une forme romanisée : le fanum
Pour une archéologie des rituels
L’archéologie du rituel intervient soit dans des espaces religieux soit dans des espaces politiques car
les 2 sont liés.
Gournay-sur-Aronde
C’est un sanctuaire de frontières à l’est de Bauvay à mi-distance entre Amiens et Reims. Ce
sanctuaire est l’un des sanctuaire gaulois les plus anciennement fouillés. C’est un site phare pour la
compréhension de la Gaule. On est à l’intersection entre divers peuplement d’époque gauloise ce
qui lui justifie le terme de sanctuaire de frontières.
Vers la fin du 3e siècle bc, on observe une petite installation sur un versant d’une vallée assez basse,
tourbeuse et marécageuse qui n’est pas une fondation ex-nihilo mais émanant d’un petit site fortifié
du second âge du fer situé plus en hauteur. Une partie de la population s’installe plus bas. Associé à
cet oppidum, on a un petit sanctuaire matérialisé par un petit enclos à une divinité locale. Cet enclos
est ré-approprié par de nouveaux habitants. On a donc maintenant un grand enclos quadrangulaire
de 38x45m situé dans une vaste terrasse alluviale. Un enclos est un espace sacré et isolé (//
conception méditerranéenne) échappant au commun. Les sources grecques évoquant les sanctuaires
gaulois parleront de téménos. L’espace est matérialisé par un mur de bois et de torchis flanqué de 2
fossés de part et d’autre. L’espace est orienté et on y accède du côté oriental par un porche et une
passerelle. Ce porche présente 2 états successifs, l’un à 6 pieus et l’autre à 8, on suppose qu’il était
surmonté d’un étage et peut-être d’un toit. Cet assez extraordinaire car on a là un véritable propylon
évoqué par Strabon d’après Poseidonios qui précise qu’on y exhibait des crânes humains (dent
retrouvées en fouilles) de même que des crânes de bovidés ainsi que des armes et des équipements
militaires (// propylée de Pressente du sanctuaire d’Athéna). On a donc dans le domaine gaulois, un
trophée militaire à l’image de ce qui se passe en Méditerranée. L’intérieur de l’enclos est un espace
ouvert partiellement occupé par des arbres et des arbustes (// Latium : description de sanctuaire de
même type avec bois sacré). Le reste de l’espace est vide et permet d’accueillir des dévots dont un
des rituels est sans doute le banquet commun. Au centre de l’enclos, prend place une grande fosse
accompagnées de 9 fosses périphériques (milieu 3e siècle bc = phase 2). Il s’agit d’un autel
archaïque un peu similaire au potros grec qui est un autel en creux/une fosse creusée dans le sol et
donc d’une dévotion au divinité chtonienne : règne animal ou végétal ou protection des morts. Qui
dit autel, dit sacrifice dit donc banquet. Les hommes et les dieux sont associés dans un repas et le
repas est aussi l’espace premier de socialisation. Le repas est le lieu d’échange communautaire par
excellence et donc le banquet est le lieu d’échange du groupe. Il est probable que c’est ce qui
explique les petits foyers autour du potros.
L’autel en creux est dans un premier temps à ciel ouvert et ensuite au début du 2e siècle bc, il est
protégé par un dais soutenus par 11 trous de poteau. On aurait donc un petit bâtiment à toiture à
double pan pour protéger la fosse. Le bâtiment est remplacé par un autre durant la seconde moitié
du 2e siècle et sera détruit vers 125bc.
Ce qui est important c’est que ce sanctuaire se caractérise par l’absence de naos, on n’a pas
d’espace pour la statue de culte car elle n’existe pas. On ne connait pas de représentation de
divinités gauloise avant le 1er siècle bc et forcément elles apparaissent dans le sud. On a retrouvé
15
Archéologie des provinces gallo-romaines
quantités d’armes rituellement détruites et de toutes évidences offertes à la divinité comme on lui
offre les trophées. On en a retrouvées plus de 2000 dont 300 panoplies complètes. Elles étaient
exhibées puis une fois tombées au sol, rituellement détruite puis jetées dans le fossés extérieurs. Par
rapport au sacrifice, on ne sacrifie que les espèces domestiques car les animaux sauvages relèvent
du divin. On retrouve des agneaux et porcelets qui sont consommés dans l’enceinte, on offre sans
les consommés des bovins et peut-être des chevaux que l’on enfuit dans des fosses. Le sanctuaire
aurait été abandonné pour une raison de déplacement de population ou pour la création d’un autre
sanctuaire près de là, on abandonne entre 125 et 50bc.
Entre 50 et 30bc, on construit un véritable temple en matériau partiellement non périssable. On a
une cella dont la base est réalisée en dur et une colonnade périphérique en périssable. On a donc une
logique de pro-naos qui apparait. Il faut attendre le bas empire (4e siècle) pour qu’un fanum soit
construit. Le site est occupé jusqu’au 5e siècle.
C’est la situation dans l’espace à la frontière entre les territoires de plusieurs tribus (Belovaques,
Ambiens, Piromenduens) qui semblent expliquer le sanctuaire. On y voit une marque
d’appropriation du territoire par les Belovaque avec l’exhibition de trophées. Ce cas-ci est un apport
assez spectaculaire de l’apport de l’archéologie au rituel gaulois.
Ribemont-sur-Ancre
Ce site a été repéré dans les années 70 par photographie aérienne, il a ensuite été fouillé et on a
découvert toutes une agglomération, le secteur étudié est le secteur ouest.
Le point de départ pour l’étude des vestiges est l’auteur hélien, grec du 2e-3e siècle ac, compilateur
qui écrit des histoires variées et encyclopédiste. Il utilise des sources multiples et sa citation renvoie
peut-être à Poseidonios d’Apamée.
Il nous apprend que les Celtes érigent des trophées sur le champ de bataille par la construction d’un
monument et c’est ce qu’on retrouve ici.
Sur 1ha (= 100x100), on a un enclos avec une palissade limitée par 1 fossés dans lequel on a
retrouvé des milliers d’armes et des dizaines de milliers de fragments osseux dans divers contexte :
soit errant, soit en tas dont la base est constitué d’os humain ou de chevaux alignés de façon à
s’entrecroiser. Lors de la fouille, on a conclu à des ossuaires mais qui sont des lieux de stockages
temporaires pour des ossements avant débitage, on a retrouvé de véritables aires de débitage. Les
fragments osseux sont brûlés et les cendres sont enfuies. On a donc retrouvé toute la chaine
opératoire sur cet hectare. Tout ceci date de la fin du 3e siècle bc.
On a retrouvé un autre cas de figure en dehors du fossés de l’enclos qui sont des ossements et des
armes en connections ressemblant à des corps abandonnés sur le champ de bataille. On a identifié
plus d’une centaine d’individus qui sont des hommes entre 16 et 40 ans dont on ne dispose jamais
du crâne car ils auraient été décapité à peu de distance (fragments de crânes). La position de chûte
des ossements nous dit qu’ils ont été exhibé décapité et on identifie au moins 500 individus mais il
y en avait probablement beaucoup plus car les gisement épars témoignent seulement des déchets de
tailles. On identifie ici, des rituels successifs : exposition de la victime sans son crâne, offrande du
crâne, traitement, incinération et enfouissement. Il s’agit d’un monument militaire à fonction
honorifique mais c’est là aussi un espace consacré car il y a un enclos limité par un fossés et donc
une partie du butin est consacrée à la divinité. Dans le charnier, on a retrouvé certaines bourses
contenant des monnaies d’or permettant d’identifier les victimes, cette monnaie circulait chez les
Sèglement et les Néburoïs, la conclusion historique suppose que les vainqueurs sont une population
16
Archéologie des provinces gallo-romaines
belge fraichement arrivée dans la région.
Le sanctuaire est entouré de halles aux parois de bois. On n’a retrouvé aucun autel creux et aucune
trace de sacrifices animals avec enfouissement mais seulement quelques offrandes d’armes courant
2e siècle bc. Au 1er siècle bc, un nouvel enclos est construit au sud du premier également limité par
un fossé mais peu fouillé, il a livré des témoignages de banquet (amphore + ossements de porcs) ce
qui laisse supposer à un lieu de réunion politique à côté du lieu sacré.
Le plus surprenant est que l’on a opposé une couche de remblais comprenant des charbons de bois
datable au années 30-40bc corroboré par des monnaies. Cette couche recouvre des vestiges gaulois
de manière volontaire, c’est une fermeture voulue et rituelle du site. Les métaux précieux ont été
récupérés et les bâtiments démontés (ferrures disparues), les bois sont récupérés et brûlés et les
cendres sont répandues sur le site. L’enclos sacrés est nivelés par des apports de terre provenant de
l’enclôt sud, on chamboule l’espace politique. Celui qui est à l’origine de la fermeture est donné par
l’archéologie car on a retrouvé des éléments d’armements de légionnaires romains et de
l’armements indigène ce qui est confirmé par les trouvailles monétaires aillant les mêmes qualités.
On suppose donc que cette fermeture a été effectuée par des gaulois auxiliaire dans l’armée de
César. On rapproche cela d’un évènement de la guerre des Gaules où après le conseil des Gaules de
54, l’armée prend ses quartiers d’hiver, 53, à Amiens (18km). À la suite de ce conseil, César entame
des campagnes contre les Nerviens et les Trévires avec l’appuis de cavalier gaulois. On se demande
donc si ce ne sont pas des auxiliaires locaux revenus au pays après avoir été dans nos régions. Le
trophée gaulois est donc devenu politiquement obsolète et est remplacé par un nouveau lieu de culte
au caractère romain (édifice 15) avec une plateforme, un portique. Les dimensions sont celle de
14x15m. Au centre, on a retrouvé une surface en craie avec 8 négatifs de poutres alignées et
destinées à supporter le plancher de la cella. Ceci est radicalement neuf dans la région et on se
demande si cette technique n’a pas été apportée par les auxiliaires gaulois du sud de la Gaule dans
nos régions.
Au début du 1er siècle ac, l’espace est transformé de manière radicale avec une colonnade de pierre.
Petit à petit l’espace est de plus en plus monumentalisés. Ici, on a une rupture typologique radicale :
on passe de quelque chose sans naos avec quelque chose avec naos.
Interactions commerciales et culturelles entre monde celte et méditerranéen avant
l’annexion. Inversion du paradigme routier.
Marseille est une fondation phocéenne (Phocée se trouve en Turquie). Phocéen est déjà une colonie
qui souhaitent relancer la colonisation vers l’ouest.
Marseille est au 6e siècle un emporium et veut lancer le commerce vers le nord et l’ouest. Elle fait
aussi du commerce de minerais avec l’Espagne, avant l’établissement de Rome lors de la 2e guerre
punique (218-201). Un autre minerais stratégique est l’étain qui provient de Grande-Bretagne. Les
marseillais ont fait des tentatives pour explorer l’Atlantique par Gibraltar (relaté par Pithéas - 480430bc - qui écrit des textes sur des territoires gelès). Strabon le relate et dit qu’il est un affabulateur.
Toutes cette circulation est bloquée par les comptoirs phéniciens qui nécessitent donc la mise en
place de réseaux terrestre : Rhône - Saône - Bourgogne - Seine (ce trajet prend 30 jours de cheval Diodore de Sicile). Rome ensuite essaie de prendre cet axe terrestre à son compte qui est défendu
par les Eduens alliés du peuple romain. L’autre possibilité est de doublé cet axe par un axe passant
par la Garonne, ce que Strabon appelle l’isthme gaulois. L’axe sud fonctionne bien jusqu’au BasEmpire.
17
Archéologie des provinces gallo-romaines
Le commerce massaliote et les alignements monétaire
Qui dit commerce dit monnaie d’échange qui est la dragme d’argent massaliote (5e-4e) qui sera
remplacée à la fin du 3e siècle par des divisions en bronze correspondant à la livre romaine/une
division de la livre romaine. Ce n’est pas banal car cet alignement témoigne de la nécessité de
facilité les transactions entre ces 2 pôles qui sont concurrents au départ et qui petit à petit
deviennent partenaires. La monnaie massaliotes est très utilisées en Gaule Méridionale et imitées
par d’autres populations dans d’autres régions. Cet imitation nous montre que certaines cités
gauloises vont chercher leurs modèles ailleurs comme en Macédoine, à Tharentes (nos régions).
Tout le monde n’a pas spécialement envie de s’aligner sur le modèle massaliotes, on veut montrer
une identité différentes. Au 3e siècle, les monnaies gauloises ne quittent pas le territoire qui les
émets et donc on sait quel est le territoire de chaque cité.
Les monnaies d’or gauloise disparaissent petit à petit et sont remplacées par des monnaies d’argent
s’alignant sur les monnaies méditerranéenne et on a les divisionnaire de bronze qui s’alignent sur la
dragme massaliotes elle-même alignée sur le modèle du denier romains. Cela est particulièrement
vrai pour les Eduens, les Séquanes et … . Cela témoigne des partenariats commerciaux des premiers
siècles avant Jésus-Christ.
Les amphores sont un point de concurrence entre Marseille et Rome vers 150-130bc car les produits
marseillais sont remplacés par des vins italiens dans l’arrière pays de Marseille puis au-delà. De 130
à 30 bc est produite une amphore sur la côte Tyrrhénienne que l’on appelle la Dressel 1 qui a une
forte parenté avec des amphores greco-italique (on est dans le même monde mais avec des origines
différentes). La Gaule est envahie par du vin campaniens, étrusque et … dont les territoires
appartiennent à de grande famille romaines. Ces amphores se retrouvent d’abord dans des habitats
aristocratique mais assez rapidement, elles sont diffusées dans des établissement moins prestigieux
et jusque dans des établissements agricoles. Ce commerce profite à l’élite locale gauloise. En
contrepartie du vin, on donne sans doute du minerais et sans aucun doute des esclaves. Ainsi la
présence de dizaine de milliers d’amphores Dressel 1 à Châlon-sur-Saône prouve que c’est une
plaque commerciale. Les prospections ont révélés une densification de l’habitat rural de l’âge du fer
qui constituent une base pour l’établissement des villas romaines (une tout les 2km). Il s’agit de
ferme réunissant plusieurs bâtiment dans un enclos, la culture tend à devenir par endroit intensive et
permet d’envisager une production de surplus ouvrant par conséquent la campagne sur des marchés
extérieurs qui peuvent être des proto-agglomération. Les progrès dans les cheptel dû
potentiellement à l’importation de nouvelles races … au 2e bc. On a une apparition d’exploitation
liée à l’exploitation du minerais en particulier près des fleuves pour le transport : Rhin, Danube et
aussi en Gaule comme au site de Levroux. Ces sites sont des sites de productions de masses
dépassant largement l’échelle locale qui entretiennent un commerce inter-régionnal
L’inversion du paradigme routier
Cet amélioration des techniques et le développement démographiques inclus le développement
d’agglomération ouvertes qui ne sont pas des oppidums. Au milieu du 2e siècle, on a un phénomène
généralisé, qui consiste en l’établissement sur une colline d’un site fortifié (fondation ex-nihilo ou
reprise d’une ancienne fondation). On a un murus gallicus qui est une agglomération de bois et de
pierre. Ces sites sont en retrait des axes de circulations fluviaux et donc le réseaux est assez denses
avec une hiérarchisation possible entre de petites oppida située à l’intérieur d’un bagus et de
grandes agglomération qui ont un caractère fort au niveau national. On a l’idée toute simple qui
veut qu’à partir d’un moment où on a de grandes agglomération il y a un réseau de routes qui est
déjà existant et donc le réseau romain s’y superposent mais avec un objectif militaire. On a donc 2
18
Archéologie des provinces gallo-romaines
réseaux en parallèle, le réseaux celtique et le réseau romain.
La présence des oppidums signifie qu’il y a un projet collectif, un souhait de gestion de la chose
commune et donc la constitution probable d’une aristocratie terrienne. Cette aristocratie sera le pôle
agissant d’un commerce, elle peut être interrompue par l’annexion ou poursuivie.
Des raisons macro-économiques et démographiques justifient un bouleversement mais de fait, on
observe ce phénomène qui est généralisés en touchant un peu moins nos régions et les régions plus
septentrionales dans lesquelles il y a de plus petits oppidums à l’exception du Tittelberg.
L’organisation en oppidums et les échanges sont moins marqués dans la partie occidentale et
septentrionale de la Gaule. Des peuples sont indifférents à cela, d’autres sont en migration et
d’autres encore sont des alliés de Rome. Les vaisselles locales sont aussi différenciées (à boire, etc)
et accompagnent l’évolution des pratiques.
On observe par rapport aux amphores vers 50bc un effondrement de ce commerce. Au moment de
l’annexion, ce marché s’effondre car les réseaux commerciaux sont perturbés par la guerre, que les
populations sont déplacées (certaines sont rayées de la carte), le rôle des élites locales est supprimés
et la Gaule devait aussi être soumise à une fiscalité changeant la donne. On a la nécessité de
reconstruire autre chose ce qui se fait à partir d’Auguste, on a une période de crise sous César, où on
observe l’apparition d’autres produits témoins d’autres réseaux : vin d’Adriatique, de l’huile d’olive
de Gaule méridionale. Il y a visiblement un changement de pôle à une échelle très large qui est
induit partiellement par un nouveau marché gigantesque qui tiendra pendant 2 siècle et demi qui est
celui des militaires établis sur le Rhin. Il y a un arrière pays, pour nos régions en particulier, qui a
une influence fondamentale. Nos régions servent d’arrière-pays producteur permettant de soutenir
des campagnes et le Limes. On a, par exemple, des témoignages de commerces de sels entre les
Ménapiens (Flandre occidentale) et le Rhin.
D. La « romanisation » : un concept équivoque.
L’utilisation du terme romanisation implique un certains nombre de préjugés. Ce terme recouvre un
processus de transformation de la société désormais placée sous autorité romaine. La démarche
traditionnelle lorsque l’on cherche à comprendre ce processus consiste à chercher des critères pour
comprendre ce phénomène.
Un schéma diffusionniste
Ce terme tend à opposer un centre et une périphérie avec le centre comme centre d’invention, de
progrès, de culture et la périphérie étant barbares, éloignées, plus ou moins inapte à recevoir la
nouveauté. Cette clef fonctionne avec une lecture centrée sur l’histoire de la Méditerranée. Ce qui
entraine des conceptions comme celle du sous-développement, l’idée de modèle exportable depuis
le centre vers la périphérie ce qui induit des réflexions/des points de vues d’analyses dont la logique
est la question de la possibilité d’intégration des différences dans le systèmes. On pose la question
des résistances et des aptitudes. On a un modèle tout fait qui est exporté dans un milieu plus ou
moins apte à le recevoir.
Si on centre son étude sur quelques km , on identifie des processus que l’on peut éventuellement
mettre en parallèle avec d’autres processus et voir s’ils sont similaires ou non. Et on peut identifier
des interférences dans ces processus comme des échanges, des irruptions de choses nouvelles. Le
2
19
Archéologie des provinces gallo-romaines
centre devient la périphérie. On voit des irruptions de matériels, de pratiques alimentaires, de
maladies, de modes communs de gestions politiques, etc. Ceci permet de reconstituer une histoire
différente qui n’est plus centripète mais multi-polaire.
Que faire de ce schéma diffusionniste alors que la réalité qui s’impose est faite non pas d’identité
chrono-culturelle mais de processus; non pas de … macro… mais de …
Le temps
Il faut abandonner que tout les espaces sont soumis à un temps unique car les vitesses sont
différentes. Le territoire et tout les territoires sont morcelés car ils évoluent de manière hétérogène.
L’espace et le temps sont hétérogènes et de la même manière au sein d’un pôle les groupes sont
moins homogènes qu’on ne le croit. Que signifie les élites, l’armée, les indigènes ? On présuppose
que cet homogène mais ce n’est sans doute pas la même chose.
Lecture qualitative
Il faut tenter de se défaire d’une tendance à qualifier les transformations. Mais plutôt les regarder en
terme de processus avec une identification d’une simplification ou avec une diversification
croissante. On a une manière d’analyser qui n’est pas qualifiante. Plutôt que de regarder les
évènement en terme qualificatif, les regarder en terme de processus. On se défait d’une logique
linéaire.
Le témoignage d’une romanisation complète est l’acquisition de la citoyenneté, de la même manière
l’accession de gaulois au classe équestre et sénatoriale témoigne de l’intégration du différent au plus
haut niveau romain. Cela induit une opposition entre ceux qui sont romanisés et ceux qui ne le sont
pas. Cela induit aussi la possibilité d’une résistance à la romanisation. La romanisation serait le lieu
d’une résistance culturelle à cette romanisation.
C’est oublier 2 points essentiels : la culture romaine est un meeting-pote avec ses strates latine,
italiote, une ouverture fascinée à la culture grecque. Rome est donc déjà multiculturelle et son
armée l’est au premier chef. Le processus de romanisation est intrinsèque à la culture romaine. La
conquête de la Gaule suit un schéma éprouvé, il existe des peuples alliées et des peuples qui en
vertu des alliances deviennent des adversaires. Dans le sud de la Gaule, on installe des colonies
tandis que le nord n’est pas “colonisés” ne bénéficiant donc pas du droit latin ou romain mais d’un
droit propre. Rome n’est pas seule à la barre et une dynamique s’installe entre Rome et des
interlocuteurs nombreux et variés mettant en oeuvre des stratégies dont une partie de la population à
charge de l’autorité négocie la rencontre en fonction de ses intérêts. La romanisation est une
négociation des intérêts de chacun. La culture romaine connaît un changement avec le vieux
système républicains des généraux et des traités d’alliances qui est remplacés par un système
impérial. Le système romain est donc lui-même en mouvement et en recherche de solutions.
Le développement du tours qui peut être lent et qui devient de plus en plus rapide. Ensuite, on se
rend compte qu’il y a un grand avantage à tourner dans des moules. La Gaule met en place des
ateliers de sigillée à l’imitation des grands ateliers de sigillée italienne; on a une standardisation
formidable car il faut maitriser seulement une partie du processus et non toute la chaine opératoire.
On a donc un développement d’atelier avec une économie de production capitaliste avec des
investisseurs (soit proche soit éloignés de l’espace de production). On a une élite urbaine qui dans le
cas italien est clairement attestée et sont des familles sénatoriales puis la famille impériale
possédant les grandes fabriques de briques et de tuiles, par exemple. C’est la même chose en Gaule.
Autrement dit sur le terrain, on n’a pas une opposition romain-gaulois mais des tas de gens (les
gaulois) intégrant plus ou moins vite des réseaux économique, politique nouveaux.
20
Archéologie des provinces gallo-romaines
Il faudrait donc étudier non ce qui permet de dire comment on devient romain mais plutôt ce qui fait
qu’on contribue à la construction de quelque chose de nouveau et de mixte dans la mesure ou le
monde gaulois et le monde romain évolue. On veut plutôt comprendre ce que représente cette chose
neuve qui puise au deux sources et qui est difficile à appréhender car aucune source ne nous livre
cette “nouvelle culture métissée”. C’est sur ce terreau qu’on trouve des éléments méditerranéen
comme l’apparition de la tuile, de la brique, du sol de brique, etc. On a une transformation des
habitudes comme la baisse de la consommation du chien, le développement de la culture des arbres
fruitiers, l’apparition d’une vaisselle nouvelle (de table, de cuisson). On a l’apparition d’une
politique des pouvoirs public, de construction d’infrastructures urbaines (thermes, aqueduc, théâtre,
forum, etc). Il faut poser la question de la raison d’être de ses infrastructures. Autrement dit ces
lieux, c’est le cas des espaces religieux, doivent être lu comme des espaces identitaires mixtes.
E. Petit retour sur la géographie de nos régions
Tout le nord-ouest de la Belgique est sablonneux et donc les productions agricoles ne seront pas les
mêmes qu’en Ardenne, dans le sillon Sambre-Meuse, le Condroz. La Gaume est dans un “autre
monde”. L’explication de la frontière sud de la Germanie Inférieure est l’Ardenne.
On a une distribution en cité du réseau avec des chefs lieux et une capitale de province : Reims. On
a des vicii, en plus. /!\ carte du Créa /!\
L’empreinte géographique du territoire peut se faire par la distribution monétaire. On le voit avec le
territoires des Eburons et de leur distribution du statère en or.
F. Histoire politique en Gaule Belgique : points de repère.
Dans nos régions, César connait une défaite majeur contre les Verveines en 57 et une révolte en 54
par Ambiorix (Eburons). Ambiorix anéantit 15 cohortes (1 cohortes = 600 hommes et 1 légion = 10
cohortes). Cela se traduit par une contre-offensive extrêmement violente de César contre les
Trévires, les Eburons, une déportation de population germanique y compris dans le territoire des
Nerviens. En 53 à lieu le concile des Gaules chez les Rèmes à Reims où on décide de laisser 11
légions en Gaule dont 2 en Belgique chez les Trévires. Le traumatisme de la conquête se marque
dans les frappes gauloises qui ont tendance à diminuer à cette époque. Dans l’armée de César, on a
des gaulois de Cisalpine.
Toutes notre région est sans doute régie par une loi martiale. 3 colonies sont fondées sur la
frontières orientale peu après la mort de César à Lyon, à Nihon (lac Léman) et à Augst (près de
Bâle) visant à protéger les relations entre la transalpine et cisalpine. À la mort de César se sont
succédés divers gouverneur puis interviennent divers épisodes de voyage d’Octave en 38 qui
nomme Agrippa. On a des campagnes en Aquitaine. En 27-26-25, on a une nouvelle guerre
d’Espagne et Agrippa redevient gouverneur des Gaules. Le jeune Tibère est présent en Gaule entre
16-13, en 8-7, en 7-6, en 9-11. Il est donc tout le temps sur le front germain et donc il y a une
familiarité avec le 2e empereur. Tout ceci en 12bc se solde par une offensive majeure contre la
Germanie et donc divers membre important de la maison juléo-claudienne sont appelés à exercés
des commandements. Drusius effectue une campagne à Nimègue où on a retrouvé un pilier avec la
représentation de Tibère-César officiant sur un autel et se faisant couronné par une petite victoire,
daté au alentours de l’extrême fin du 1er siècle bc voir peut-être après son accession à l’empire.
21
Archéologie des provinces gallo-romaines
D’un point de vue iconographique, c’est l’image la plus septentrionale trouvée d’un empereur. Sur
les autres faces, on a des divinités tels Diane, Apollon, Triptolème (?). Une autre inscription,
détruite par les bombardements de 1944 à Douai, découverte à Bavay est une dédicace d’un citoyen
romain nous dit : A Tibère César, fils d’Auguste, Petis-fils du Divin, à l’occasion de son arrivée ce
-à consacré- monument sacré … Ce monument daterait du moment où Tibère possédait un
imperium en Germanie car Bavay serait lié à un pôle militaire à l’est.
On a une proximité entre des individus gaulois et ces grands généraux qui explique la dédicace
assez exceptionnelle retrouvée à Reims. Cette dédicace est un monument funéraire à la mémoire des
2 fils d’Auguste appelé à devenir empereur (meurent en 2 et 4 ac).
Slide : nord de la Gaule à l’époque augustéenne.
On a une série de camp militaire à l’époque augustéenne dans nos régions ce qui peut s’exprimer
uniquement par des fosses appartenant à des horizons. On défini un horizon par les camps rhénans
et c’est un assemblage caractéristique de matériel d’une époque qui peut être très précise.
L’assemblage est monétaire ou céramique avec des attestations monétaires. La monnaie et les textes
permettent de définir précisément des horizons.
Horizons de Nimègue : 30 - 15bc
Horizon d’Oberaden : 15bc
Horizon de Haltem : 5bc - 10
Quatrième horizon : transition Auguste-Tibère
Les villes sont des îlots de romanités quasiment caricaturaux. Auguste siège à Lyon durant 3 ans ce
qui modifie le cadre de la ville. Lyon est un centre administratif important et un centre de taxation
important. Dès le lendemain de la mort de César, 2 de ses généraux (Lépides et Plancus) veulent
rapidement rejoindre le camp des vengeurs de César. Le Sénat leur suggère d’aller fonder des
colonies (Dion Cassius, Histoire romaine 47-50) pour les vétérans de César. Une colonie c’est une
ville mais c’est surtout une centuriation. Cette ville devient rapidement le siège des gouverneurs de
la Gaule Chevelue. Plancus est celui qui soumet au Sénat romain de donner le titre d’Auguste en
27bc. Sa famille vient de Tibure et il est enterré à Gaeta dans un mausolée (15bc) tout à fait
caractéristique. Son épitaphe nous explique entre autre chose qu’il était epulon (confrérie religieuse
importante de Rome), qu’il a créé des colonies en Gaules (Lyon et Aoste). La mentalité romaine
veut qu’une colonie qui est fondée est en fait un morceau de Rome que l’on retire (deduxit) et que
l’on déplace autre part.
Juste au dessus du théâtre, en raison de la présence de tablettes dans les niveaux d’époque
augustéenne, on aurait le prétoir. Auguste y séjourne entre 16-13bc. Lyon est une ville très
importante et extrêmement prestigieuse.
En 12 bc, un sanctuaire appelé autel des 3 Gaules est fondé sur les pans de la Croix-Rousse à la
confluence entre le Rhône et la Saône. Il est inauguré par Drusus l’Ancien, frère de Tibère, qui
meurt en 9bc et qui a été gouverneur. L’autel est fondé après une année de recensement qui avait
créé des tensions au seins des gaulois. Cet autel est un véritablement monument au culte impérial
auquel les cités envoient un ambassadeur qui les représente aux conseils. Strabon nous décrit le
monument en nous disant qu’il y a la représentation des 60 cités de la Gaule. L’autel est sur plan
central entouré de colonnes. On a retrouvé les colonnes dans la basilique Saint-Martin car on y a
retrouvé des colonnes en granit d’Assouan ce qui est tout un symbole car on venait de conquérir
l’Egypte.
C’est de Lyon que part le réseau des voies vers le Rhin, l’Atlantique, la Manche et la Méditerranée.
22
Archéologie des provinces gallo-romaines
Ces voies sont un des actes de la mise en place d’une structure nouvelle. La construction
d’infrastructure routière se fait sous la dynastie judéo-claudienne par exemple la via Agrippa
construite par Agrippa et terminée par Claude (41-54).
À Buzenol, on a retrouvé une milière signalant que la voies Bavay-Cologne est terminée sous la
période de Claude. Un autre milière retrouvé à Péronnes-les-Binche datant de l’époque d’Antonin le
Pieu nous renseigne qu’on est à 22 mille pas depuis Bavay des Nerviens. Lors des fouilles, on
retrouve les miliaires signalant la construction mais aussi des groupes de miliaire de réfection de la
route. À partir de l’époque impériale, ce sont les cités qui doivent entretenir les voies et donc avec
les indications de distance on peut déduire les limites des cités.
Claude, à Lyon, réalise une évolution majeure en terme d’intégration et de confiance dans la
structure politique romaine. Tacite nous rapporte un discours de Claude de 48 dans lequel Claude
propose l’accès de poste à responsabilités à des citoyens venant des Gaules. Ce discours a été
retranscrit sur une plaque de bronze retrouvée au sanctuaire des 3 Gaules et donc symbolisent une
réponse de la Gaule à l’empereur. Ce discours constitue donc une requête du conseil des 3 Gaules
de Lyon demandant d’ouvrir les magistratures au gaulois. Parmi les gaulois, on a des alliés comme
les Eduens qui obtiennent ce droit en premier lieu. Sur l’inscription, on a 24 des représentants sur
les 60 et on a un représentant de la cité des Nerviens.
On a une articulation amphithéâtre-sanctuaire, on connait des inscriptions qui montrent que des
places sont réservées à certaines personnes, ce qui est intéressant car l’amphithéâtre est totalement
romain et complètement lié au pouvoir militaire. On a donc un lien physique/géographique entre
l’autel symbole de soumission gauloise et l’amphithéâtre symbole de pouvoir militaire.
Augusta Raurica limite des structures presque caricaturales du monde romain avec une articulation
entre l’amphithéâtre et le sanctuaire principal. On retrouve le schéma de la fin du 2e siècle bc à
Rome et qu’on retrouve en Gaule à la fin du 1er siècle bc. Le bloc forum est associé à un temple
puis on a une grande esplanade, une basilique. On a donc une transposition de modèle romain.
G. Archéologie en Gallia Belgica.
Archéologie d’un vicus : Namur.
Ce site est éloigné de la voie Bavay-Cologne et des autres grandes voies romaines. Malgré cet
éloignement, il se situe au confluent de la Sambre et de la Meuse; on est au coeur d’un territoire
présentant des ressources naturelles très importantes (limons de la Hesbaye, calcaire de la Meuse,
minerais, bois, argiles alluviaux). On oppose un secteur haut et un secteur bas. Au pied du secteur
haut se trouve un port et donc le vicus est limité par un bras fossiles de la Sambre et il existe un
possible gué à proximité du Musée archéologique, c’est dans ce secteur qu’on a retrouvé plusieurs
millier de monnaies tant gauloises que romaines. On y a également retrouvé de nombreux objets en
bronze. À la confluence s’installe le château des comptes, au 10e siècle, sur des vestiges du basempire et donc on a quantité de remplois avec entre autre des inscriptions funéraires. On a donc cru
qu’il fallait y chercher l’oppidum des aduatiques mentionnés dans la Guerre des Gaules.
Du vicus de Namur parte une série de voies secondaires permettant d’atteindre les voies principales
et on retrouve des nécropoles le long de ces voies. On retrouve des tumulus à Friset, à Champion et
des nécropoles périurbaines jalonnent les routes y compris le long de la Meuse.
Le site est occupé à partir de l’époque augustéenne (fin 1er siècle bc jusqu’à la fin du 5e siècle ad)
23
Archéologie des provinces gallo-romaines
avec un replis du bâtis dans les années 275-300 vers la confluence là où se trouve le quartier
artisanal et avec l’abandon de la rive gauche. Les connaissances de Namur sont basées sur des
découvertes fortuites et des fouilles dans les années 60 puis des programmes de fouilles préventives
depuis les années 90.
Chronologie
La première mention de la cité apparait sur des monnaies mérovingiennes (6e-7e siècle) avec
comme mention in vico namuco. On connait une petite occupation à l’époque augusto-tibérienne
avec des monnaies dans la Sambre, de la sigillée Arétine (Arezo), une tombe à tumulus sans
matériel de cette époque. Une voirie a été fouillée et elle semble orientée vers le passage à gué sous
Tibère. Un bâtiment de bois empiète sur cette voie dès le milieu du 1er siècle ad (céramique). On a
donc bien un foyer augusto-tibérien sur la rive gauche de la Sambre et on a découvert des fours
datant de cette époque sur la berge.
Le vicus du haut empire est mieux connu et est limité au nord par une nécropole dans laquelle on
pratiquait l’inhumation à côté de l’incinération. Ces nécropoles sont attestées durant le courant du
2e siècle, on a 1 pic de richesse de matériels durant les années 170-230 et par après on a un
tarissement des nécropoles dans le courants du 3e siècle. On pratique donc de moins en moins
l’incinération jusqu’au début du 4e où on a un changement radical de pratique funéraire. On a
quelques terminus ante-quem pour un certains nombre de tombes de la motte le compte qui sont de
bonnes indications de la fin du vicus : tombe 11 qui comprend 7 monnaies d’argent de l’impératrice
Salonnier épouse de Galiens (253-268) et la tombe 10 où on a des assemblages de matériels datés
des années 280-330. Ce qui est intéressant car on a des jalons chronologiques pour dater du matériel
de cette époque de transition.
et son arrière-pays : Anthée, Champion, exploitations agricoles en Condroz.
Anthée
On est à 6km de Dinant dans la cité des Tongres. C’est une découvertes ancienne : 19e siècle,
fouillée entre 1863-1872 par le chanoine Grosjean et ensuite les fouilles sont reprises par
Demarmolle entre 1877-1881.
Cette villa a un impact considérable dans les conceptions de l’agriculture dans nos régions. Elle a
très tôt été considérée comme le modèle type d’une grosse villa agricole tant au 19e qu’au 20e
siècle. En réalité, c’est un bâtiment plutôt exceptionnel qui ne peut certainement pas caractérisé
l’ensemble des espaces agricoles de nos régions.
Le matériel retrouvé nous dit qu’on est dans un monument occupé à partir du règne de Vespasion
(69-79) et également au 4e siècle. Le bâtiment est situé sur un plateau à proximité de 2 sources
importantes. Le plan est celui de l’extension maximale de la villa. L’espace couvert par
l’exploitation est de 13ha, on a 3 espaces : villa, exploitation (séparé par un mur) et une
excroissance sur le nord qui n’a pas été fouillée. La longueur est de 650m. Cette villa est le résultat
de 2 siècles de développement et l’ensemble est parfaitement orienté à l’est. Le corps de logis est
tout à fait exceptionnel (114 pièces) : deux avant corps enserrant une cours et une arrière cours, des
massifs latéraux/arrières dont au sud un complexe thermal d’existence certaine.
Le matériel retrouvé est composé d’opus sectile, de céramiques, de statues en ronde bosse
(exceptionnel), des bronze, de l’outillage en quantité.
À côté du corps de logis, on a 24 bâtiments annexe en série parallèle, on y accède par des voies
24
Archéologie des provinces gallo-romaines
empierrées. On a longtemps considérés qu’il s’agissait de bâtiment de service mais d’autres ne
rentrent pas dans ces catégories et en particulier un qui a reçu des parements en mosaïques, des
hippocaustes (gauche de la villa). En réalité, 4 des 24 bâtiments possèdent des témoignages
d’installations thermales et 8 voire 9 possèdent une cave ce qui oriente vers du domestique que la
pseudo-maison du contre-maitre. Dans 4 bâtiments, on a retrouvé des traces de travail
métallurgique : fer, plomb, cuivre. Il ne faut pas considérer que tout ceci est contemporain car les
fouilles sont anciennes.
À proximité de la villa (200m au sud) se trouve un petit édifice orienté et entouré d’une vingtaine de
sépultures mérovingiennes, ça serait un cimetière construit autour d’un fanum du Bas-Empire. Ce
sanctuaire daterait peut-être d’après l’abandon de la villa transformé en chapelle chrétienne au 6e
siècle, ce qui nous indique qu’une communauté de villageois qui auraient survécu après la
destruction de la villa. La ruine attire et à une valeur, on peut en vendre des morceaux. En revanche,
avant l’époque mérovingienne, on n’a pas identifié de nécropole.
Champion
Champion se trouve au sud-est de Namur, entre Namur et une voie majeure reliant Arlon et Tongres.
Sur cette voie se trouvait l’agglomération de Clavier-Vervos. On a à 30km de Namur, au nord-est de
Ciney, on est sur la commune de Emptinne.
Elle a été découverte en 1856 mais fouillée entre 1983-2000. C’est un plateau située entre 235250m d’altitude. César nous dit que l’espace est habité par des condruziens qui sont des clients des
Trévires (population du Luxembourg actuel). On ne connait pas grand chose des condruziens, ils ne
frappent pas monnaies et rentrent dans la cité des Tongres sous Auguste. Autrement dit, les
condruziens constitueront encore à l’époque romaine un pagus (= une région) qui a une identité. Le
pagus est connu par une inscription de Birens (ville en Ecosse) au IIIe siècle de notre ère.
Le Condroz est beaucoup moins riche que la Hesbaye. Le territoire est situé à l’écart de la voie
Bavay-Cologne et dont le développement peut peut-être s’articuler sur la voie Tongres-Arlon. On
est aussi face à une villa d’importance avec des vestiges les plus précoces datant de l’époque de
Claude-Néron (40-50-60). Le Condroz gallo-romain est essentiellement agricole et rural et on y a
repéré un très grand nombre d’exploitations agricoles dès le 19e. Notre connaissance est limité à
l’architecture des villas qui se distribuent entre quelques grandes villas (développement de façade :
100m) et une majorité de villas moyennes lesquelles sont parfois dotées de bains froid (caldarium).
En Condroz, on a une très bonne typologie de la partie villa mais pas pour les parties agricoles. Pour
connaitre l’extension agricole, on peut étudier les parcellaires, pour les dater, on peut les fouiller ou
les mettre en parallèle avec une voie romaine. Quelques un ont été identifiés dans le secteur mais ils
restent à être étudié.
On identifie systématiquement une phase de construction en bois y compris dans les corps de logis
avant le développement en dur qui n’intervient pas avant le 2e siècle et l’occupation des villas
s’arrête aux alentours de 260 sauf dans un nombres réduis de villa qui présentent du matériel du 4e.
Le plan représente l’ensemble des bâtiments, on a des trous de poteaux relevant de phases
différentes. Les plus anciens témoignages sont de la Tène III (1er siècle bc) ce qui suggère un
établissement plus récent à la construction de la villa. On n’est donc pas face à une création exnihilo. Ensuite, on a plusieurs bâtiments en pierre et des bâtiments en bois disposés dans un vaste
enclos quadrangulaire délimité par un fossé. Le complexe n’est pas parfaitement orienté mais suit
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Archéologie des provinces gallo-romaines
l’orientation de la Meuse. Le matériel le plus ancien retrouvé dans ses fossés date du milieu du 1er
siècle (Claude, Néron ou Domitien). On est dans une des grandes villas de la région.
Phase 1
Le corps de logis domine l’espace et on a 8 autres corps. On a 2 phases essentielles : 1 (jaune) est
composée de bâtiment pavillonnaire avec des pièces en enfilades avec une galerie et un retour (=
plan en L) auquel s’adjoint un complexe thermal dans une deuxième phase. Le point de départ est
une typologie en L qui est connue en Bretagne romaine pour l’époque de Claude et dans le nordouest de la Gaule, on a des bâtiments sans symétrie. La galerie entourant le logis pourrait être un
portique mais aussi résulter d’une tradition indigène d’auvent protégeant les maison (âge du fer)
Phase 2
Le corps de logis est donc construit un peu après le milieu du 1er siècle après JC et un peu après, on
construit une unité thermale au nord-ouest qui connait une activité jusqu’au 3e siècle. C’est un des
complexe thermale de Belgique des plus complexe en terme d’espace privé. On a 2 chaufferie et au
moins 2 piscine
Bâtiment O’ - O
Ils font 18m avec un certains nombres de nefs et des travées. Ce n’est pas parce qu’on a des
bâtiments en trous de poteaux et torchis qu’on est dans une phase ancienne, on est au 2-3e siècle de
notre ère. La manière de tailler et présenter les poteaux est caractéristique du monde romain. On
peut avoir soit véritablement la définition d’une travée au sol avec un toit à double pente.
Bâtiment I
On serait face à un grenier car on a beaucoup de trous de poteaux qui sous-entende une élévation.
Ce type de bâtiment est très fréquent dans les premier temps de la romanisation, la tradition
indigène se poursuit mais qu’on connait en dehors de la Gaule jusqu’au 4e siècle.
Bâtiment C’-C (2-3e siècle)
On a un bâtiment de pierre C sur un bâtiment de bois C’. On est dans 11x30m, situé entre le logis et
le grenier. Ça serait un espace de stockage : grange-fenil. On pouvait aussi y abriter les gerbes après
la moisson pour le séchage avant le battage.
Mare
Les berges en sont protégées.
Au niveau du matériel, on a retrouvé des outils de fers, des lames de faux, des fourches, des
couperets. À l’inversée d’Athée on n’a pas de caves ou de thermes, on a une zone d’activité au sud
qui pourrait être un potager.
Au niveau de l’évolution chronologique générale, on peut suivre entre le milieu du 1er siècle bc au
2-3e siècle AD (=> voir slides). On est donc dans une exploitation de taille moyenne qui tire sa
richesse de la céréaliculture autant que de l’élevage (grands espace rectangulaire au nord - 20
animaux par bâtiment). On a une économie mixte, de taille moyenne plus vers le haut que le bas.
Cette villa nuance l’image caricaturale qui veut qu’en Flandre on s’occupe de l’élevage et en
Wallonie de l’agriculture. On est surpris de ne pas trouver d’industrie de transformation, on a
l’impression qu’on produit puis qu’on exporte ensuite sauf pour la métallurgie. Un certains nombre
de denrées sont stockées sur place et d’autres choses sont exportées. La villa témoigne d’une
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Archéologie des provinces gallo-romaines
évolution progressive des techniques de constructions, on a la survivance des traditions
architecturales indigènes à l’exception marquantes du complexe thermal très développé pour le
milieu rural (usage seul du propriétaire ou technologie accessible à un plus grand nombre). On n’a
pas de grandes variations des bâtiments associés à la production. Ces stabilité sur presque 2 siècles
induit des réflexion relatives à de possibles amélioration de rendement ou des réflexions relative au
domaine exploité. On peut se demander si tout simplement le bénéfice de l’exploitation est tel qu’on
peut se permettre d’apporter des améliorations considérée comme normale.
La ferme de Hody
On est à 5km de Champion, identifiée dès le 19e. Les thermes sont fouillés en 1968, la villa est
fouillée entre 1976-1980 et entre 1996-2001. On est au milieu d’un plateau d’une cinquantaine
d’hectare. On a un fossé qui délimite un espace de 3ha environ avec une première originalité qui est
qu’il n’y a pas de séparation nette entre l’espace urbain et l’espace de production. On n’a donc pas
de hiérarchisation spatiale nette entre les deux.
Le bâtiment résidentiel est en pierre (32m de large) et fait suite à 2 bâtisses en bois dont une au
moins semble être à 2 nefs. Le logis comprend une grande cave de la fin du 1er et début du 2e
siècle, vers la fin, on adjoint un bâtiment sanitaire thermal. Dans le dernier état, on a 52m de larges.
On a divers bâtiment agricole en dur (traits noirs) et d’autres en matériaux périssables. On a sans
doute une grange à nef centrale face au logis ce qui semble être un bâtiment plus important (petit
contrefort qui devaient servir à résister à la pression des céréales). On a à droite, une pièce
extrêmement allongée supposée être une étable/une bergerie. Dans l’angle sud-ouest, on a une forge
avec un foyer interne et deux externe. Tout ceci est déterminant en terme de fonction des activités
d’agriculture céréalière, de l’élevage avec l’étable et de l’artisanat avec la forge mais pas d’espace à
proprement artisanal. On a des bâtiments dont la fonction nous échappe. S’y ajoute divers
construction en matériaux léger, des bâtiments plus ancien à 2 nefs. De plus, on a un petit étang, une
marre et un puits.
La ferme est fondée au 1er siècle mais dans ses développement en dur, on se situe plus tard. Seraitce une émanation d’une villa plus grande située à proximité. On pourrait être face à un phénomène
de sédentarisation. La ferme disparait au 3e siècle, ce cas de figure est plus moyen. Au final, on a le
sentiment que mis à part dans l’adoption généralisée du bloc thermal, les traditions indigènes se
poursuivent et évoluent.
Typologie des établissements agricoles du Condroz
Généralités
Le terme villa renvoie à un prototype méditerranéen n’existant pas et donc on parle d’établissement
agricole. Le corps de logis est dans ses substructures en dur mais tout n’est donc pas en dur. Les
étages sont en bois. En revanche comme l’introduction des thermes, on a une introduction claire des
tuiles dans la pars Urbana.
La pars Urbana correspond souvent à la pétrification d’un bâtiment en bois plus ancien qui sont
souvent de petites dimensions et à deux nefs. Ce noyau peut être ensuite complété par diverses
extensions. De manière générale lorsque l’on regarde les séries, le corps de logis présente une
galerie de façade orientée au sud ce qui permet d’unifier les circulations entre les diverses pièces
qui est périphérique. Rien ne permet d’affirmer que ces galeries étaient toujours ouverte, il s’agit
certainement dans certains cas de couloirs fermés.
27
Archéologie des provinces gallo-romaines
2 grandes catégories
On a des grands logis et de logis de taille réduite (30m) qui sont organisés autour d’une grande salle
principale et par ailleurs les logis de taille moyenne à grande compte un certain nombre de pièce en
enfilade. Dans les logis à taille réduite, on accède par le centre ce qui n’est plus le cas dans les
grands développement. La grande pièce est souvent pourvue d’un foyer en son centre d’où un vieux
débat relatif à une ouverture centrale mais il n’y a pas lieu à renvoyer à l’atrium romain. Une salle
commune donc autour de laquelle se distribue des pièces à caractère plus privatifs ou au fonction
plus déterminée. La façade est durant son développement flanquée de massif d’angles parfois même
sur sa façade arrière, parfois relié par une galerie ce qui marque une volonté de monumentalisation
évidente. C’est souvent dans ces extensions qu’on trouve les apports technologiques les plus
récents : caves, hypocaustes, petits bains.
Les grands logis en enfilade sont caractéristique de nos régions, ils peuvent mesurer jusque’à 100m
de large et sont constitués de plusieurs salles. Il est malaisé d’identifier une salle majeure qui serait
le centre, on n’a pas de massif d’angle mais se développe en massif qui font retour. De manière
assez surprenante, les caves sont rares dans ses bâtiments à grands développement qui sont plus
associées aux premières phases. On reconnait des modules architecturaux dans certaines de ces
grandes villas d’où l’idée que ces développement résulte de développement unitaire. Les bains sont
correctement isolés des logis à cause des risques de nuisances. En Condroz, les grands
établissement sont les témoins d’un enrichissement. On a des indices de matériels exogènes ce qui
pourrait indiquer des populations différentes mais c’est assez obsolètes.
Les cours
Le logis semble assez systématiquement dominer par rapport à la cours qui est bien souvent limitée
par deux rangées de bâtiments connexe qu’elle soit axiale ou longitudinale. On a des caractères
régionaux marqués car le cas d’axialité est majoritaire dans la Somme et minoritaire en Condroz.
Cela s’explique pour le Condroz en fonction de l’orientation des plateaux. On a une diversité
régionale avec de grandes villas en France et des petites en Allemagne et Grande-Bretagne, on est
dans un entre deux pour nos régions.
Les cours ont des dimensions de 2ha avec des bâtiments dont on ne connait pas l’espace qui leur
était octroyé. Leurs fonctions pouvaient être de stockage, d’entreposage et aussi d’étable. On n’a
pas les seuils des bâtiments et donc on ne sait pas comment ils s’orientaient. On a des greniers sur
pilotis puis des granges normalisées qui se développent au 2-4e siècle parfois avec des petites salles
annexes (= contrefort) ce qui indique des réserves à grains. Les structures allongées sont souvent
interprétées comme des espaces de stabulation encore que les sols et rigoles caractéristiques ne sont
pas observées.
Activité artisanale
On a des traces de métallurgie qui permettent d’interpréter les modules restant comme étant lié à
des ateliers.
Chronologie
Les bâtiments à 2 nefs paraissent le plus anciens ce qui ne signifient pas leurs disparitions mais sont
remplacés par des bâtiments à 1 seule nef parfois en dur et donc certains architecte libère l’espace
central en déplaçant le support vers l’extérieur. Ce type de bâtiment est construit durant le 2e siècle.
Disparités régionales : exploitations agricoles chez les Ménapiens.
L’idée de base est que le terrain sablonneux des Ménapiens ne se prête pas aux agricultures
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Archéologie des provinces gallo-romaines
extensives comme en Hesbaye malgré cela, les territoires sont intégrés aux réseaux économique
romains.
Le type d’habitat le plus répandu est la maison-ferme qui est une maison abritant l’habitat et le
bétail. Le bétail est composé d’ovin et de cochons. C’est une maison soit à une nef sur entrée soit la
maison à trois nefs. On a donc de petits bâtiments de bois enfermés sur des enclos. On n’a pas de
bâtiment en dur et c’est donc un complexe agricole présentant une organisation similaire à celle
rencontrée à l’âge du fer (ex. Bruge : vert). Chaque bâtiment possède son puits et son grenier ce qui
refléterait une organisation sociale moins hiérarchisée ou non hiérarchisée qui serait composée
d’une famille ou d’un clan. La similarité formelle durant toute la période semble indiquer une
continuité dans la formule mais en revanche on a un accroissement à partirdes flavines. Ces deux
types de maisons sont connues en dehors du territoires des Ménapiens comme dans tout le nordouest de la Gaule, en Germanie Inférieure (Maastricht), les bâtiments à trois nefs sont retrouvés
chez les Nerviens( Enghiens-Tubize) en Germanie (Trèves).
Parallèlement à ceci, on étudie de plus en plus attentivement les céramiques et en particulier les
productions locales ce qui permet d’identifier des identités régionales fortes. On a donc connu des
développements intéressant ces dernières années en fouillant des établissements agricoles indigènes.
On a là un type se développant et se poursuivant du 1er au 3e siècle. Le modèle de la villa romaine
est mis à mal dans ce secteur. On peut par ailleurs superposer d’autres lectures
La céramique locales se maintient et remonte sur certains sites.
Paul Van Ossel, “La romanisation des campagnes de la Gaule septentrionale : retour sur le sens
d’une mutation
Il part depuis la fin où on a un modèle qui disparait petit à petit comme les mosaïques, les décors
peints,etc. Les technologies comme l’hypocauste, l’énergie au bois semble disparaitre au profit
d’instituer regroupée sur des espaces plus réduit sans ordination des plans et la subdivision de
l’espace n’est pas réalisée. On réunit l’habitat et l’élevage. L’économie ne disparait pas mais on
conserve un renouvellement/une transformation des réseaux et systèmes économiques. Au 4e et 5e
siècle, on a des établissements ruraux qui emprunte à l’architecture vernaculaire qui a toujours
existé. On diminue les investissement sur ce qui ne relève pas de l’indispensable; il faut se défaire
d’un modèle conceptuelle dans lequel la villa est civilisatrice, menée par une noblesse romanisée et
ayant une main d’oeuvre stérile. Derrière les avancées technologique, on a toutes des évolutions qui
se réalisent et se frottent à de nouveaux réseaux économique et culturel. Les traditions sont
indigènes et on a quelques imports romains. Le territoire est densément exploités dès le dernier âge
du fer, la présence dans certains corps de logis de traces antérieures à la pars Urbana est
prépondérant. On n’oppose plus aujourd’hui de villa romaine aux fermes romaines car les deux
traditions si elles existent sont imbriquées. La tradition indigène se poursuit pendant l’époque
romaine et connait des évolution propre avec des aspect romanisé.
Pour le territoire, on a très peu d’information et donc on ne peut pas vérifier certaines affirmations
ou hypothèses. Tout les établissements agricoles participent aux échanges à des degrés divers. La
Gaule n’est pas le grenier de Rome comme la Turquie ou l’Egypte. Ce n’est pas parce qu’on crée
une province qu’on exploite massivement pour Rome. Le métissage parait être la meilleure clef de
lecture, les phénomènes sont engagés avant la romanisation et se poursuivent au 4e-5e siècle. Il faut
garder en mémoire qu’il existe des hétérogénéité au niveau des matériaux, des pratiques, etc qui ne
peuvent être résolus uniformément.
Cette région économiquement parlant, on a des ressources stratégiques comme le minerais, le
29
Archéologie des provinces gallo-romaines
marbre, etc qui sont propriétés impériales. On a une géographie impériale qui est morcelée et par
exemple, l’activité des sauniers (sel marins) est encadrée par l’autorité impériale.
Le vicus de Liberchies
On est sur une autoroute de l’administration romaine qui est largement fréquentée par l’armée et des
administratifs. On a 2 établissements distant de 600m avec une première bourgade établie dès le
haut empire et l’autre 600m à l’ouest à Brunehaut est une fortification du bas empire postérieur à
l’abandon de l’agglomération.
La table de Putinger a conservé le tracé de Bavay à Tongres et nous indique que le vicus de
Liberchies est appelé geminico Vico. On a eu une fouille programmée qui a durée 40 ans et menée
par des associations puis par l’UCL. On installe une étape à cette endroit là car on est à proximité
d’un ruisseau traversé par la voie avec une source pérenne vers le sud. Dans la ville, on a 2 phases
majeures avec dans un premier temps, un village-rue (= des bâtiments en matériaux
périssablesautour de la voie de manière longitudinale qui se développe dès l’époque augustéenne) et
dans un deuxième temps, des bâtiments se développant de manière transverse avec des bâtiments
public. Ce site est abandonné durant le 3e siècle.
Pour la phase la plus ancienne, on a un matériel très précoce avec des sigillées longtemps
considérée comme italique, 350 monnaies gauloises (nerviens, éburons et énormément de trévire).
L’horizon chronologique est celui de -7 à 9 (// à Haltem) avec un peu de matériel antérieur mais ne
correspondant pas à l’horizon d’Auberhaegen. On est face à un site tardo-augustiéen.
En terme d’occupation, on a un puits avec un cuvelage de bois, des fosses et au moins un bâtiment
sur pieux remontant à l’époque augusto-tibérine. Les voies faisaient 8 à 10m de larges et était
protégée par 2 fossés de drainages et 2 autres fossés à 15m environ. C’est à cet endroit qu’on
installe les parcelles et que le premier vicus s’établit et que la première agglomération se développe
à l’époque flavienne. On a de longues bâtisses de bois et d’argile serrées mais pas mitoyenne
témoignant de l’existence d’un parcellaire. Pour la moitié nord on a 4 bâtiments dont le plus grand
fait 30x40m. On a parfois un portique de façade. Du côté sud, certaines maisons possèdent des
celliers au parois protégée par du bois. On a l’apparition de maison en dure.
Dans le courant du 2e-3e siècle, on a une urbanisation réelle car les petites voies transversales sont
empierrées. Elles font 5m de large et on observe une densification de l’habitat, des maisons en dur
de type rectangulaire avec galerie de façade, des subdivisions internes souvent à l’arrière de la
maison, il est rare d’avoir des subdivisions partout. En dur, signifie que les sous bassements sont
maçonnés et supportent une ossature en bois et torchis avec un toit en tuile. On a des traces de
peintures murales internes, du verres à vitres. Les maisons possèdent généralement leurs caves et
leurs puits mais désormais à cuvelages en pierre.
En 1970, on a trouvé un trésor monétaire de 368 monnaies d’or avec des monnaies frappées entre
Néron et Marc Aurèle, la plus récente datant de 66 notre ère. On a un petit complexe thermal
publique et des activités artisanales en périphérie sud à proximité de la source ainsi que des fours de
potiers qui sont situés sur les hauteurs, à l’écart de l’agglomération pour les raisons qu’il y a
beaucoup de fumées. Les thermes ont été retrouvé au nord de la chaussée et font de 400 à 600m2 en
fonction des phases. On y retrouve un chauffage par hypocauste avec un caldarium, un tepidarium,
des latrines, etc. Ce vicus est donc un relais routier.
30
Archéologie des provinces gallo-romaines
Côté sud, la source est aménagé et un culte y est attesté. Ce culte est dédié à Apollon. À noter aussi
un petit temple. La source sert aussi aux activités artisanales avec captages et drainages d’eau. On a
à proximité un bâtiment de 25m de long avec des cuves à l’intérieur. Les ossements d’animaux
étudiés ont permis d’identifier une chaîne opératoire avec divers corps de métiers : équarrisseur,
tanneur, foulons, teinturier, cordonnier et par ailleurs on a retrouvé de l’outillage associé au travail
de l’os, de la corde, de la fourrure, des cuirs et une probable production de colle qui est utilisée pour
le calfatage. Le tout est transformé en dépotoir au 3e siècle et donc cet espace a été utilisé pendant 1
siècle - 1 siècle et demi. Un autre espace est situé à l’ouest et témoigne d’une industrie
métallurgique extrêmement précoce datant de Tibère-Néron avec des fours, des scorilles, des
soufflets et par ailleurs de l’artisanat du verre avec des creusets destinés à fabriquer des intailles de
verres. Ce dernier artisanat se développe au 3e siècle. Au sud-est de l’agglomération, on a un atelier
de potier dont 5 fours ont été fouillés. Ils sont isolés ou en batterie entourés parfois par un muret qui
définit sans doute une zone de fabrication ou de séchage (fin 2e - début 3e).
Vers 250-260, on a une période de troubles confirmée par les textes et donc toutes nos régions
connaissent des troubles et des destructions radicales à cette époque là. On construit donc une petite
forteresse à proximité du vicus, sur la voie. Elle ne vit pas longtemps et ses matériaux sont
remployés au 4e siècle lors de la construction du castellum plus à l’ouest. Ce n’est pas un
phénomène isolé mais ça appartient à une politique constantinienne. Ce castellum est de 2ha sur une
butte naturelle et protégé par des marécages. On a au centre une fortification quadrangulaire de
45x45 avec des tours rondes aux angles, une porte défensive et une enceinte avec un large fossés
parfois double. Dans cette enceinte, on trouve des bâtiments annexes, des thermes et des baraques
en bois. Ce site sera occupé jusqu’au 5e siècle.
On sait qu’il y a une nécropole mais elle n’a pas été fouillée. On a retrouvé un coin pour frapper
monnaie ici. Il a servi à frapper des aurei d’époque augustéenne. Il pèse 165gr pour une pièce de
3,4cm de diamètres est en alliage cuivre et étain. Son iconographie est reconnaissable et on a un
aureus frappé en Espagne avec une datation de 18-19.
Infrastructures de chefs-lieux et d’une capitale : Bavay / Tongres / Reims.
Reims
C’est une ville qu’on commence à bien connaitre grâce à des fouilles de sauvetage. Le nom ancien
est Durocortorum et Reims est la capitale de la Gaule Belgique qui est composée d’un certains
nombre de cité dont Bavay ou encore Trèves. On est à 200km de Bruxelles et dans cette ville siège
le gouverneur de la province dès la ré-organisation … c’est en remerciement de service rendus sous
César, Auguste que les Rèmes obtiennent le droit de fonder la cité suite à une foedus (= traité).
Évidemment, il … La ville se dote d’un rempart enserrant 550ha. La première phase est le fossé
d’époque celtique, ensuite on a un grand développement avec l’enceinte de l’époque romaine et un
resserrement au Bas-Empire. Reims reste capitale de la Gaule Belgique malgré la réforme de
Dioclétien en 294 mais deviens celle de la Gaule Belgique Seconde tandis que Trèves est la capitale
de la Gaule Belgique Première.
On a un oppidum qui a été identifié à travers le fossé qui fait entre 5 et 12 m de profondeur et peut
aller jusque’à 35 m de large. Ce talus enserre environ 90ha. Sous le rempart, on a des traces
d’habitats (fouille 94) ce qui signifie qu’il y a 2 phases : (1) une ville avec un habitat ouvert (2)
durant le 2e quart du 1er siècle bc, on crée le rempart avec une séparation de l’habitat urbain. À
l’époque du Haut-Empire, on a un fossé de 9km de long et le rempart intègre des vestiges au nord
31
Archéologie des provinces gallo-romaines
dont un sanctuaire péri-urbain. Les axes sont parfois un peut perturbés par le fossés de l’époque de
la Tènes mais on peut identifier un cardeau de part et d’autres d’un forum central faisant 2.5km de
long. Le cardeau ferait 17m de large portique compris et tout ce programme est daté de la 2e époque
augustéenne (5bc-14ad). Le centre monumental est défini par 4 arcs installés sur les “cardodécumanus” et ensuite, on a une série de structure datant du Haut-Empire et de l’époque impériale
(2e-3e siècle ad). Dans les rues, à la fin du 1er siècle, on observe la construction de portique qui ne
résulte pas d’un programme prédéfinis et constitue une extension de la maison sur la rue. Le
portique est un outils urbain. Il faut construire le portique du bâtiment pour qu’il s’articule avec la
rue, on se rend compte qu’il faut 1 à 2 siècle pour que les portiques soient construits. Le seul fait
pour lequel, on peut avoir une cohérence dans les portiques c’est lorsqu’il y a une catastrophe
naturelle.
L’habitat
Une autre évolution est que les jardins à l’arrière des maisons sont progressivement remplacés par
des ateliers artisanaux puis des habitations. On a donc une densification de la population urbaine
avec les maisons ancienne sur la rue et nouvelle à l’arrière. On a le développement d’école locale
dans les grandes villas urbaines. On a des grandes maisons avec thermes et parfois des mosaïques et
des habitats plus restreints.
Le forum
On n’en connait qu’1/3 et le plus spectaculaire c’est le cryptoportique (= grand couloirs voûtés
servant de sub-structure au forum). Le forum est un énorme téménos voué au culte impérial. Ce
portique est double et appelé portiques triplex (2 nefs). Il daterait de la fin du 2e début du 3e siècle.
On a retrouvé environ 500 blocs architecturaux dont 2 puits dans le secteur et la stylistique de ce
blocs orientent vers le 2e siècle et donc on a peut-être des blocs provenant du sanctuaire.
On aurait aussi un sanctuaire périphérique présentant un portique d’un grand espace téménos dont le
toit a brûlé. C’est probablement un temple aux divinités indigènes ce qui correspond au schéma de
temple périphérique pour les divinités indigènes et un temple à culte impérial pour le forum. On a
une continuité dans le culte indigène. Il est détruit après 260 ce qui correspond aux invasions
germaniques.
La ville du bas empire
Elle est complètement réduite, y compris par rapport à l’oppidum celtique. On ré-utilise les arcs
comme porte et on les relie par un mur. Elle se trouve sous la cathédrale et dans ses environ. On a
des termes publics, une église du 5e siècle, etc.
L’arc est un des plus grand du monde romain en général et de nos régions. La porte de Mars est la
mieux conservées des 4 et l’état date de la fin du 2e - début 3e. C’est un monument qui était très
célèbre et est un jalon important de la re-découverte de l’antiquité au 17e.
Statuaire
Près de la porte de Mars, dans la cave d’une maison, on a retrouvé le portrait d’un jeune gaulois
découvert en 1929. On est dans un style post-Adrien. Cela peut renvoyer au stéréotype du gaulois,
138 ad : mort d’Adrien et “adoption”. Le jeune gaulois porte une toge à cotabulacio qui à partir de
Septime Sévère recouvre les 2 épaules. On aurait donc plutôt qu’un portrait gaulois, un portrait d’un
membre de la famille impériale ou d’un très haut aristocrate.
Analyse de son territoire
32
Archéologie des provinces gallo-romaines
L’axe majeure va de Reims à Boulogne, un autre passe par Metz-Trèves et Cologne et encore un
autre qui va de Boulogne à Cologne. L’intérêt c’est de quantifier le nombre d’inscription retrouvées
soit dans la ville soit sur le territoire. Cela donne une idée de la diffusion des inscriptions latine sur
le territoire. La latinisation des territoires est beaucoup plus forte à l’est qu’à l’ouest ce qui reflète
l’aspect militaire des populations de l’est. L’armée sert donc de moteur de diffusion de la latinité
dans ses villes malgré le fait que ces villes reste des garnisons sur le Rhin et l’acquisition de la
citoyenneté romaine par les vétérans.
Bavay - Bacacum
On est à 80km de Bruxelles environ et on a une fondation ex-nihilo. On est pas dans le même type
de population que dans une ville fondée sur base d’un oppidum. Cette fondation date de 20 à 15bc.
On est au coeur du noeud routier de la limite nord du réseau routier romain. Cet endroit est
stratégique de l’axe Boulogne-Cologne. Boulogne est un port militaire et Cologne est aussi un pôle
militaire majeure. Ce noeud routier va aussi vers d’autres villes comme Aras, Cambrai, Amiens,
Cassels et Reims. Cette fondation obtient le statut de chef lieu d’une cité (= division administrative
d’une province) nervienne. Ils sont battus par César entre 57bc, décalage de 30 entre la défaite et la
fondation. Le réseau routier est terminé sous Claude et la ville se développe sous Néron et avec la
fameuse crise du pouvoir en 68-69 qui est résolue par l’arrivée de Vespasien.
La ville ayant été bombardée en 1940, la mairie va pouvoir fouiller de manière extensive et donc
dégager le forum. Un document du 2e siècle AD est intéressant car il signale un citoyen nerviens.
Ce document est un petit autel adressé aux matrones des Mopates. L’individu est un marchand de
grain et cette inscription a été trouvée à Nimègues (fondation augustéenne sur la confluence de la
Meuse et du Rhin). L’intérêt est double car on sait qu’on a un citoyen nerviens et qu’il est marchand
de grain et donc il est en contact avec les camps de Nimègues. C’est un bon témoignage d’une des
ressources possibles pour les Nerviens et c’est un intérêt géographique car pour aller à Nimègues,
on remonte/descend la Sambre.
Le forum
Il fait 230x200m de superficie pour une agglomération qui est petite. Le forum devait être enserré
dans une enceinte du bas empire (fin 3e - début 4e) avec des bastions pleins. On a un cantonnement
militaire puis un temple et à l’opposé une basilique. Cette reconstitution ne montre pas une
contraction de l’agglomération mais un camp militaire dans le forum et autour, on retrouve des
habitations autour.
Il y a 3 phases successives qui ont pu être repérées dans le forum. On a 2 pôle avec 3 blocs : 1 pôle
religieux et 1 pôle judiciaire. Ce forum est une sorte de téménos mais est plus large qu’un téménos.
À l’ouest, on a 1 pôle religieux avec un temple à la romaine et à l’est, une basilique. L’archéologie
nous apprend qu’il existe dans cet espace, une occupation romaine précoce à travers des creuset de
métallurgie retrouvé dans des fosses et donc on suppose un premier forum en bois. Il en existe
d’autre comme en Roumanie qui ont démontré la présence d’un forum en bois. Il ne faut pas
négliger les premières structures en bois sur les sites militaires.
Pour l’état monumental, on connait 3 états successifs nommé en fonction de la couleurs du mortiers
utilisés :
(1) Jaune : cette phase est construite sur une terrasse artificielle et dans cette terrasse artificielle
(potentiellement un décaissement d’un côté) on a retrouvé de la céramique d’époque flavienne et
33
Archéologie des provinces gallo-romaines
donc la céramique est au plus tard daté des années 70. On a 2 bonnes générations ayant vécu avec
quelque choses d’ignorés. On date donc la phase 1 du 3e quart du 1er siècle. L’ensemble du forum
devait déjà existé à cette époque. Les recherches les plus récentes portent sur la basilique avec nef
centrale, périptère et se terminant par une abside. Elle est construite sur un cryptoportique. On a
conservé le massif du temple 32x22m tandis que le monument derrière le temple est de nature
inconnue pour l’instant. On flanque l’abside de la basilique de 2 … où on voit la curie. On possède
des parallèles en Angleterre où les absides sont largement ouvertes. On a de l’opus sectile
polychrome. (2) Rose : on reconstruit une nouvelle basilique en arasant la précédente au 2e siècle.
Le changment est d’installer des pièces au bout des nefs latérales. Après 150, on observe des
reprises sur le forum en général et en particulier sur la basilique. Le cryptoportique présente 2 états
tandis que le temple parait démonté car le dallage passe sur les fondations du 1er état du temple
d’où la nécessité de trouver un autre endroit pour le temple pour cet époque là. On aurait là une
phase extrêmement courte suivie d’une période d’insécurité (on trouve de nombreux trésors
monétaires sous Marc-Aurèle allant jusque 180). Ce forum parait inachevé et semble détruit dans
les années 160 et reconstruit au début du 3e siècle. On a à nouveau des instabilités politiques en 193
et puis on a un nouveau moment d’instabilité politique dans les années 235 puis les invasions
germaniques en 275. (3) Tricolore : Bavay perd son statut de civitas, sans doute sous Dioclétien, au
profit de Cambrais. C’est à ce moment là qu’arrive la fortification du forum. On a des termes
associés à un aqueduc, une nécropole vers l’est de la ville à proximité de la voie Bavay-Cologne
publiée en 2009.
La nécropole
Elle n’est pas située directement sur la voie mais avec un retrait de 6 à 10m et on y retrouve 170
tombes. On est au haut empire (milieu 1er siècle jusqu’au début du 3e siècle). On a plusieurs
structures dont les vestiges d’un petit bâtiment avec un pavage de carreaux en terre cuite sur le
centre qui correspond à une salle de banquet (couché) ce qui est extrêmement important car c’est
une pratique romaine importante.
À côté de ça, on a peu de vestige de marqueurs de tombe. On constate que le matériel est
essentiellement céramique, on a peu de métal, très peu de matériel en os. Les tombes sont à
incinération et non inhumation. Les céramiques sont en sigillées et surtout, on a de la céramique en
réduction. On constate surtout une évolution quantitative car plus on avance dans le temps, plus on
a de matériel (période ancienne : 10 éléments >< période récente : 30 éléments) et on a une
augmentation de la céramique miniature d’une qualité médiocre. Une partie de la céramique est
donc clairement funéraire. Il y a très très peu de céramique qui portent des traces de feu lié à
l’incinération et donc on a majoritairement de la céramique secondaire.
Tongres - Atuatuca Tungrorum
Chef lieu des Aduatiques (originaire de l’entre Sambre-Meuse) installé plus au nord après la
dissolution des armées des Eburons qui avait offert une très grande résistance (56-54bc).
On est aussi dans le cadre d’une fondation ex-nihilo et les premières traces remontent à l’époque
augustéenne (10/15bc). La meilleure manière d’identifier l’occupation celtique ancienne est de
regarder la diffusion des monnaies de tel ou tel peuples et donc à Tongres on retrouve des statures
Eburons, Nerviens, Trévires et Veliocasses. Une inscription sur un autel est très importante, on l’a
retrouvé en 1999 et il mesure 50cm de haut. Cet autel est dédicacé à Jupiter Optimus et au Génie du
Municipe des Tongres par Catius Drousus producteur de sels et salaisons, venant des ménapiens et
avec une formule votive. On a une référence à de l’économie/des échanges économiques intéressant
car à Bavay, on avait un nervien et maintenant un ménapien. L’intérêt, mis en lumière par MarieThérèse Charlier, est qu’un grand nombre de citoyen de la région de Tongres ont accédé à des
34
Archéologie des provinces gallo-romaines
charges municipales romaines ce qui implique que cette cité à un moment reçu le droit latin. Le fait
est qu’on peut avoir une convergence entre un statut particulier (municipe) et l'octroi du droit latin
mais cela ne doit pas avoir nécessairement lieu en même temps. En revanche ce qui est intéressant
c’est qu’on a le constat qu’il n’y a pas de municipe en Gaule. Mais qu’en revanche il existe en
Germanie Supérieure et Inférieure 2 colonies avec 1 statut de municipe et donc cela montre que la
cité des Tongres appartenait à la Germanie Inférieure et non à la Gaule Belgique
On a 1 fossés, des enceintes du 2e et 4e siècle, une nécropole, 1 temple et 1 forum. Le temple est
périurbain (// Reims) avec une polarisation entre le pôle très officiel et un temple périurbain dédié
aux divinités “indigènes”. Au sud ouest, comme à Reims, l’enceinte enserre une rivière et donc une
zone sera de manière privilégiée marécageuse mais aussi industrielle. L’habitat résidentiel se trouve
sur une légère pente, le temple périurbain se trouvant sur un “promontoire”. Les dépôts
alluvionnaires sont de 3-4m et donc ont préservés les niveaux romains. L’enceinte fait 4,5km et date
de la seconde moitié du 2e siècle (monnaie de 156) et ont est tenté d’associé la construction du
rempart avec l’obtention du statut de municipe. Les constructions de ces remparts sont tardives. Il
existe une première phase monumentale antérieure à la construction du rempart car on connait un
aqueduc daté de la 1er moitié du 1er siècle qui a été reconnu sur 6km.
Séquence chronologique
On a 4 grandes phases d’occupations avant un évènement destructeur daté de 69-70 AD qui est une
révolte des peuples Bataves (Nimègues). Les structures les plus anciennes datent de l’horizon
d’Auberhagen avec de la céramique Arétine. Tout cela a été retrouvé dans des fosses et des fossés
en v associé à des traces de baraquements. On a là des maisons étables qui sont des bâtiments en
matériaux périssable avec une colonnade axiale. Dans le courant du siècle, on a des transformations
de cet espace et on a l’apparition à l’époque claudienne (31-54) de décors peints. Entre 50 et 70, on
a l’apparition de premier bâtiments en dur qui est une transformation tout à fait visible sous Néron
et ensuite l’incendie par les Bataves.
Ensuite la ville continue de s’accroître. Les remparts sont partiellement construit sur pilotis et
présente des tours circulaire et des fossés. On a encore des destructions radicales, l’une en 170-175
et l’autre aux alentours du 3e siècle. La ville ne se développe en dur qu’à partir du 2e siècle. On a à
nouveau un resserrement de l’urbanisme au bas empire mais pas uniquement dans le forum mais
dans une ville rétrécie. Ceci interviendrait plutôt sous Constantin que sous Dioclétien. On a la
construction d’un nouveau mur de 2,7km.
Le temple périurbain
Le temple du centre-ville est méconnus et on a identifié le forum. On connait par contre très bien le
temple périurbain. Topographiquement, il est intégré dans la 2e enceinte et donc on a une utilisation
continue. Le secteur a été sondé par Jean Mertens dans les années 60. Le temple domine et tourne le
dos à un valons, il est construit sur une grande terrasse artificielle limité par un mur de périobole
contenant du matériel antérieur aux années 170-175. Le temple doit sans doute recouvrir un lieu de
culte indigène antérieur. Le téménos fait 130x70m et est strictement orienté sur la grille urbaine qui
elle remonte à l’époque de Claude. Derrière le temple, du côté nord, il y a des bâtiments qui
s’adossent à la substructure dans lequel on imagine qu’on organisait des réceptions. On reconnait 2
phases dans le bâtiment avec durant la phase 1, un bâtiment imposant (25x30m), précédé d’un pronaos avec un escalier centré et une cella carrée. J. Mertens proposait d’y voir un bâtiment qui
puisqu’il est aligné sur la grille urbaine qu’il remontait au 1er siècle mais il faudrait peut être revoir
cette proposition. Dans la 2e phase, le mur de soubassement de la façade est dédoublé et le secteur
35
Archéologie des provinces gallo-romaines
est réaménagé et J. Mertens propose l’époque d’Adrien. Ce qui est difficile à comprendre c’est
pourquoi les datations du temples sont indépendantes de celles de la terrasse. Au final, d’un point de
vue typologique c’est qu’on a un mixte entre une logique de fanum et le temple type romain sur
podium avec accès privilégié et pro-naos. La 2e phase doit plutôt daté de l’époque de la
municipalisation, de la création de la terrasse, de l’enceinte, de la pétrification du bâtis, etc.
Dans la zone périurbaine, on a retrouvé à proximité de l'aboutissement de la voie bava-Tongres; un
grand bâtiment de 200m de long comprenant 2 séries de chambres adossées qui avait sans doute une
fonction agricole et de ventes. Ce bâtiment se superpose à un autre bâtiment de même nature datant
de l’époque flavienne en matériaux légers. On a une lecture très orientée de la région à cause de ce
bâtiment car on a considéré Tongres comme ayant un rôle centralisateur pour la production
agricoles.
Nécropole
Les nécropoles sont occupées entre le 1er et le 4e siècle et suivies sans discontinuer par des
nécropoles chrétiennes dès le milieu du 4e siècle; elles comprennent un certains nombres de
mausolées avec des épitaphes, on a une école de sculptures et on retrouve 150 tombes dans la
nécropoles du nord-ouest. La nécropoles du sud-ouest compte 370 sépultures qui permet de montrer
l’évolution des pratiques funéraires avec dans le courant du 2e siècle l’inhumation qui supplante
l’incinération.
La céramique gallo-romaine
I. Introduction
Terminologie
Céramique fine : ce qu’on pose sur la table
Céramique commune : préparation culinaire, stockage et transport des aliments.
Mode de cuisson A : cuisson d’abord réductrice puis alimentation du four en oxygène pendant le
refroidissement.
Mode de cuisson B : cuisson et refroidissement en réduction
Mode de cuisson C : cuisson et refroidissement en oxydation
Engobe : solution d’argile qu’on badigeonne sur le pot qui donne une couverture au-dessus de la
pâte. L’engobe grésé est une engobe qui a commencé à vitrifier avec la cuisson. La glaçure
s’effectue avec du sable et donne un aspect brillant au pot.
Céramique fine
La céramique sigillée
La pâte est rougeâtre et le vernis grésé. Le répertoire morphologique est varié et elle apparaisse aux
Ier siècle BC jusqu'au IeV siècle AD.
Le centre de production initial est Arezzo mais après on a une production qui s’étend dans le sud de
la Gaule, le centre de la Gaule, l’est de la Gaule.
1. Sigillée du Haut Empire
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Archéologie des provinces gallo-romaines
Le Graufesenque : sud Gaule
Elles sont reconnaissable à leur pâte rouge et leur surface brun-rouge et sont attestée de 10-20 après
au 2e siècle de notre ère . Cette production se retrouve un peu partout.
Lezoux : centre Gaule
La pâte est beige et le couvert est rouge-brun. On la connait depuis la période augustéenne jusqu’au
bas-empire. On la retrouve en Gaule, Bretagne, Autriche.
Argonne : nord Gaule
La pâte est orangée et la surface est rouge. On les connait du début du 2e siècle jusqu’au 4e siècle.
Ce sont des céramiques moulées avec le pied et le col qui sont tournés. La diffusion est surtout dans
les territoire de Gaule Belgique.
2. Sigillée tardive
Les productions perdurent et les ateliers argonnais ont le monopole. Ils sont caractérisés par le
décors à la molettes. Elles sont caractérisées par une pâte orange.
On retrouve aussi des décors à la barbotine et en guillochis. La différence entre la peinture et la
barbotine est que la barbotine est un mélange d’argile et d’eau alors que la peinture est une solution
de couleurs minérales.
3. Dérivées de sigillées
Ils sont de qualités moindres avec une pâte plus claire et un engobe qui n’a pas résisté au temps. Ils
sont connus au 4e-5e siècle avec plusieurs grands centre de productions: Paris, Nargonne, et Bavay
qui fait exception car elle apparait dès le 2e siècle.
La céramique à glaçure plombifère
On pense que la glaçure provient d’Asie mineure et a été introduite en 20AD. La technique consiste
à une première cuisson à 1000° puis on enduit d’un enduit de plomb et de silice et une dernière
cuisson en mode A à une température de 700°. La technique connait un essort entre 40 et 80 mais on
la retrouve encore jusqu’au milieu du IIe siècle.
On retrouve les mêmes techniques que pour la sigillée comme la barbotine, etc mais aussi les décors
d’argile en relief. Il semblerait que seul les productions du centre Gaule ai été diffusé jusqu’au nord
de la Gaule. L’usage était pour les boissons. En région Rhénane, on en retrouve au bas-empire
Les parois fine
Elles sont caractérisées par leur parois fine et une cuisson en mode A. Elles appartiennent au service
de boisson et sont caractéristique à la période augustéenne, on les retrouve surtout dans le Limes.
On les connait dès le 2e siècle BC en Etruria plus tard apparait un atelier à Lyon et cette production
reste rare en Gaule du nord. On suppose que celles retrouvées en Gaule du nord résulte nt
d’importation.
La céramique engobée
Elles prennent le relais des parois fine en élargissant le répertoire typologique. On est à la fois dans
le service à boire et dans le service des aliments. Par engobée, on entend une céramique recouverte
d’un enduit argileux qui n’est pas grésés et donc on n’a pas de vitrification. Typologiquement, on
fait de nouveau appel au publication des sites du Limès. Elle est cuite en mode A et présente un
décors variable: barbotine, métalescent, sablage. On connait plusieurs zones de productions: Sud de
la Gaule qui en produit jusqu’au 2e siècle, Lezoux dans le centre produit jusque dans le 2e siècle et
37
Archéologie des provinces gallo-romaines
dans le nord de la Gaule à Argonne. La céramique engobée d’Argonne est surtout attestée au 2e
siècle et a un répertoire typologique de 2 formes. On a également la céramique engobée de Trèves
qui a une pâte beaucoup plus rouilles et aussi limitée à 2 typologie, la pâte est siliceuse allant de
l’orange ou brun. La différence avec l’Argonne c’est que le décors est beaucoup plus diversifié. La
céramique engobée de Cologne est reconnaissable à ses décors de chasse.
La céramique à décors moulé d’Argonne
Elle est limitée à la forme Hees 2 et est surtout connue pour ses scènes de chasses, de cirque, de
gladiateur, etc et ce qui la caractérise c’est une frise délimitant le décors. Elles sont connues pour
une fourchette chronologique de la deuxième moitié du 2e siècle.
La céramique métallescente
La pâte est de couleurs variable avec un répertoire brillant. On les connait de la deuxième moitié du
2e siècle au 4e siècle. À Lezoux, on a une pâte orange-brun avec une engobe très très très foncée.
La production est datée seulement de la deuxième moitié du 2e siècle. À Argonne, la pâte est plus
grise et l’engobe est grise aussi. On y retrouve essentiellement des Niederbieber 33. À Trèves, on a
les métallescentes les plus abouties. Elles sont caractérisées par un pâte rouge avec un engobe
foncé. La production s’étend entre 255-355AD. Le répertoire est plus varié que celui d’Argonne.
Dans le nord de la Gaule, on a une pâte blanche et une surface à reflets gris-bleu. On y retrouve des
Niederbieber 33 et Arensburg 35.
Aux Bas-empire, la production continue avec une qualité moindre et deux sites de productions:
Argonne (pâte et surface grise avec un répertoire typologique élargit) et à Trèves (pâte orange à
brun ocre et un engobe brun-noir, la qualité est régressive).
À leur disparition, elles sont remplacée par les terra nigra tardive.
Terra ruera et terra nigra
On les retrouve dans les anciennes publications sous le nom de céramique belge. Elle sont étudiée
et déterminée en 3 faciès: région septentrionale, méridionale, ouest de la Gaule Belgique. On a
pensé que ça s’arrêtait au 2e siècle mais on en a des survivances fin 3e-4e siècle avec une
ressemblance à la céramique sombre avec de la vaisselle plus fine.
Céramique commune
On a des productions qui sont très localisées avec une diffusion très larges comme les productions
de la vallée du Rhône, des ateliers de Lyon mais à côté de ça, on a des production régionales et
locales (pas plus loin que 30km).
Les mortiers
Les mortiers servent à malaxer, à écraser, à mélanger et ils sont aussi le signe d’un changement dans
les habitudes alimentaires (X. Deru - G. Florent).
La céramique à vernis rouge pompéien
On la retrouve dès le 3e siècle BC jusqu’au Ier siècle AD. On a une régionalisation dans le nord de
la Gaule à partir du 2e siècle AD. La typologie est limitée à des plats et pour la fonction on pense
que c’était des fours à galette.
La céramique de l’Eifel
Cette production provient de la région située entre le Rhin, la Moselle et l’Eifel. Elle est connue dès
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Archéologie des provinces gallo-romaines
le 2e siècle mais dans nos région surtout au 4e siècle. On la reconnait grâce à ses inclusions
volcaniques qui donnent un aspect rugueux à la céramique ainsi que des lèvres en gouttières.
La céramique commune claire et la commune sombre
Les communes claires ont une couleur beige et les communes sombres ont des couleurs grisées
mais certaines communes claires sont fumées. Une autre distinction est que la commune claire est
utilisée dans le service à boisson et la commune sombre sont des casseroles.
On les retrouve dès le 2e siècle AD jusqu’au 4e siècle AD et étant donné que ce sont des
productions régionales, on n’a pas étudié les pâtes et donc il n’y a pas de distinction d’atelier.
La céramique craquelée bleutée
On la définit comme une production particulière ayant une surface à l’aspect craquelé bleuté mais
de plus en plus on l’englobe dans les céramiques communes sombres car on retrouve les mêmes
fonctions. On la caractérise par une pâte claire mais on connait des productions largement diffusées:
atelier de la Villeneuve-le-château (1er siècle), Reims (2e siècle) et une seconde diffusion beaucoup
plus tardive pour lesquelles on n’a pas défini les ateliers.
Les amphores et les cruches-amphores
La différence se fait au niveau de la contenance mais aussi au niveau de la pâte qui est plus
grossière pour l’amphore. Leurs fonctions est de transporter les denrées liquides mais aussi au
transport de fruits confits, sec ou d’alun.
Les cruches
Leurs pâtes est savonneuse (kwartz tellement fin avec un effet de craie sur les mains) et claires. On
a une standardisation du répertoire typologique à partir du 2e siècle.
Les dolia
Ce sont des grandes jarres à fond plat avec très peu d’évolution morphologique, on les connait du
1er au 3e siècle.
La céramique non tournée
On l’a appelée céramique indigène, modelée. On la nomme non tournée car il n’y a aucune
intervention de tours, au niveau des techniques on a celle des colombins mais il y en a 47 autres. La
pâte est dégraissée à la calcite dans nos régions, on se trouve souvent dans un répertoire à cuisson
réductrice mais on peut trouver de l’oxydante. La production continue jusqu’au 4e siècle. La
fonction est culinaire, de stockage, cultuelle, de contenant de liquide.
Réflexion méthodologique
La classification qui se base sur des plans différents ne permet pas de comprendre la fonction d’une
céramique retrouvée dans un site. Le problème est qu’on n’envisage pas les différentes céramiques
avec le même angle de vue.
Artéfacts métalliques dans la provinces romaines occidentales
Métaux et alliages à l’époque romaine
On a un phénomène de généralisation du métal à l’époque romaine par le contrôle de l’empire ce
qui n’était pas le cas à l’époque celtique où on ne retrouvait les métaux que dans les grandes
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Archéologie des provinces gallo-romaines
agglomérations.
Le travail de l’or et de l’argent, en raison de leur température de fusion, n’est pas donné à tout le
monde. On retrouve aussi le cuivre (moins présent) et le fer. Le cuivre est une exploitation minière
diffusée par l’empire et essentiellement en suivant les chemins de l’armée. Le fer a une température
de fusion très élevée ce qui fait qu’il n’est pas coulé dans l’antiquité. On retrouve aussi l’étain, le
zinc et le plomb qui sont rarement utilisé pour eux-mêmes. L’étain et le zinc sont additionnés au
cuivres et le plomb peut être ajouté au cuivre pour faciliter la coulée mais aussi seul car il est très
malléable. L’argent et le plomb sont liés car c’est le même minerais qui fournit les deux métaux.
Les métaux circules sous la forme de lingots et monnaies pour faciliter leurs circulations. On peut
réaliser les objets à partir de lingot mais aussi on peut récupérer les monnaies pour réaliser des
objets et il faut prendre en compte le phénomène du recyclage.
Les principaux alliages sont le bronze (cuivre + étain: 3%) et le laiton (cuivre + zinc: 8%).
Justement parce qu’on a 2 types d’alliages en cuivre, lorsque la corrosion est verdâtre, on n’a pas
forcément du bronze mais un alliage cuivreux. Le laiton rouge composé de cuivre, d’étain et de zinc
est aussi un alliage cuivreux. L’ajout de plomb permet une meilleure fluidité de l’alliage.
D’autre alliage sont à bases de fer comme l’acier (fer + carbone: améliore la dureté mais rend plus
cassant).
Plusieurs critères entre en compte pour le choix d’un métal: le critère esthétique, technologique;
fonctionnelle, économique, sociologique.
Corrosion des artefacts métallique
Un alliage cuivreux à généralement une patine verdâtre qui peut être aussi noire, rouge, etc. Le
métal sain est en-dessous recouvert d’une couche de cuprite puis une couche carbonatée.
Un alliage ferreux présente une gangue ferreuse avec généralement plus de métal sain à l’intérieur.
Techniques de mises en formes et de décorations
Technique de moulage s’effectue à la cire perdue, à la fonte au sable. On peut aussi forger (=
déformation plastique) le fer mais aussi les alliage cuivreux (ex. Fibule à ressort). On peut mouler à
froid comme pour l’estampage sur une feuille métallique.
Technique de décoration
L’incision consiste à enlever la matière tandis que le repoussé consiste à ciseler la matière pour
donner un relief. On peut étamé ce qui consiste à appliqué une couche d’étain sur l’objet soit pour la
couleur, pour la résistance à la corrosion, éviter le goût du cuivre. L’émail est une incrustation de
matière colorée vitreuse connue dès l’époque celte et généralisée au 1er siècle. La dorure qui se
généralise à l’époque romaine, elle s’effectue au mercure ou à la feuille. L’initiale qui est
l’incrustation de pâte précieuse.
Aperçu de l’instrumentum métallique romain
L’instrumentum est l’ensemble du petit mobilier de la vie quotidienne sauf la vaisselle et les
monnaies. Plusieurs catégories peuvent être reliées à l’instrumentum; voyage et transport (sandales,
pièces de char, arnachement, etc), commerce et économie (balance, poids, lingots), outillage et
artisanat (principalement en alliage ferreux plus résistants et moins cher), écriture et communication
(stylet, encrier, boite à sceaux, tablette), intérieur et ameublement (poignée, pied de meuble,
applique, lampe, clé, briquet), ustensile de cuisine et vaisselle (couteaux, cruche, plat, chaudrons,
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Archéologie des provinces gallo-romaines
set de banquet), parure toilette et divertissement (fibule, bracelet, boucle d’oreille, miroir, épingle,
dés, bagues), médecine et hygiène (strigile, cure-ongle, scalpels, pincette, sonde), rites et cultes
(statuettes, dodécaèdre, clochette, amulette, ex-voto, urne)
Quelques études de cas
Organisation de la production artisanale métallique en Gaule
Il faut distinguer deux grands types de productions:
production de première nécessité et de maintenance à diffusion locale. Le bâtiment est petit avec
une différentiation des différentes espaces de travail.
Dans une villa, on voit qu’on n’utilise la forge que lorsqu’on en a besoin.
production de diffusion
Lorsque l’on regarde le quartier artisanal d’Autain, on a un quartier pour chaque corps et c’est
extrêmement hiérarchisé à l’intérieur des quartiers. On retrouve des moules qui permettent donc
d’avoir une diffusion beaucoup plus larges.
On remarque qu’à partir du 3e-4e siècle, on a une diminution des ateliers dans les villes et une
augmentation dans les sites ruraux ce qui était l’inverse auparavant.
Evolution des alliages cuivreux à l’époque romaine
Au point de vue chronologique, l’évolution des alliages nous montre 3 tendances:
l’importance du laiton au 1er siècle
On se tourne vers des alliages faciles au 2ème siècle
le développement des alliages au plomb à partir du 2ème siècle
On choisit les techniques de productions les plus optimales.
augmentation du gunmetal à partir du 2ème siècle
Cet alliage n’est pas volontaire, il résulte de recyclage des alliages au laiton du 1er siècle.
Selon les contextes, on remarque une utilisation équilibrée du laiton dans les zones d’habitats rurals.
Comme il est trop présent, il devait y avoir du commerce avant la conquête romaine par contre il
n’est pas présent dans les sites funéraires, rituels et militaires indigènes.
Plumbum germanicum - lingot de Tongres estampillé
Contexte
La technologie du plomb et sa production renvoie à l’histoire économique qui a un bagage
historiographique extrêmement lourd. Elle a été encombrée par une polémique immense sur
l’existence même d’une économie productive durant l’antiquité, immense débat du primitivisme et
modernisme. À la suite d’un certains nombre de propositions dans les années 1920 sur la nonexistence du transport routier et relayés dans les années 1960 par un courant marxisant, il a été
défendu un point de vue considérant que l’économie active et productive et marginale. Cette idée
considère que l’économie est d’abord l’autarcie du domaine rural: on produit ce qu’on consomme et
s’il y a surplus de production, il est consommé directement dans l’agglomération la plus proche ce
qui sous-tend un marché complètement fermé. Le second point dans cette manière de voir, est qu’il
n’y a pas d’investissement dans l’économie, on se contente de consommer un surplus de production
et on ne cherche pas à optimiser les rendements. Comme le transport routier est bloqué par
l’incapacité de transporté un poids et une charge d’une certaine importance car dans les années
1920-1931, un commandant de cavalerie française à considérer que l’iconographie reflétait la réalité
41
Archéologie des provinces gallo-romaines
car on ne voyait que de petites charges car le cheval transportant est étranglé par une sangle. Cette
iconographie était déficiente dans le type de lecture et erronée dans l’interprétation de la figure ellemême car le cheval dans l’antiquité n’existe pas en terme économique. Le tractionneur lourd par
excellence est le boeuf qui tire par un joug double.
Le nord de la Gaule à l’époque d’Auguste est complètement stabilisé. La prise en charge des
régions conquises par César est lente et se fait d’autant plus lentement en région du Rhin car les
combats césariens ont été extrêmement brutaux et dur ce qui a bouleversé une politique qui
commençait à se mettre en place lors du voyage d’Agrippa et qui sera prolongée dans la politique
augustéenne qui consiste à se concilier les ethnies pour qu’elles adhèrent à la politique romaine. La
stabilité et l’organisation des cités (subdivisions internes des provinces) se fait sur une base
ethnique assez cohérente. On essaie de faire en sorte que les anciennes élites indigènes adhèrent le
plus vite possible au système qui est décentralisé. Cela fonctionne bien à la nuance près qu’entre
Meuse, Moselle et Rhin la brutalité de la conquête a été telle qu’il n’y a plus d’élite disponible.
Agrippa et Auguste recompose les élites. On a une ambition de conquêtes au-delà du Rhin et donc il
faut boucler et verrouiller le Rhin côté rive gauche avec des camps. En Hollande, on crée la cité des
bataves, à Cologne on crée la cité des ubiens. Les trévires sont d’anciens alliés donc il n’y a pas de
problèmes et on en fait une cité. C’est la civitas des tongres qui n’existe pas et donc on a une
fabrication d’une civitas avec ce qui reste d’ethnie et un déplacement humain. C’est dans le cadre
de la création de la province de germanie qu’on a une exploitation massive du plomb.
Lingot de Tongres
On lit sur l’estampille: impartirons Tibre CAESERIS AUG plumbum Germanium TEC. Il faut
restituer le plumbum. Le cartouche est très clair et la pureté du lingot est telle qu’on ne peut que
difficilement faire mieux en terme de qualité du plomb. On se trouve à Tongres qui est le chef lieu
de la cité des Tongres, constituées par Auguste et aura une pérennité civique jusqu’à la fin de
l’époque romaine.
L’inscription GERM pose des questions car jusque dans les années 2000, on pense que l’Espagne
fournit l’essentiel de la production en plomb de Rome. Car l’Espagne est très riche en minerais. Le
plomb dont on fait une utilisation immense provient d’Espagne. Que faire quand on a retrouvé des
estampilles avec GERM, ils se sont trouvés face à un obstacle épistémologique car ça ne colle pas
avec la doctrine. Puisque tout les lingots proviennent d’Espagne comment interpréter GERM qui
peut aussi signifier de bonne qualité ce qui permet de résoudre le problème de la provenance. À
partir du moment où on trouve un certains nombre de GERM dans la Germanie Libre avec des
estampilles sous tutelles impériales on se rend compte qu’on n’est pas forcément dans la bonne
interprétation.
Les épigraphistes se mettent à cogiter car on rouvre un dossier et on conteste le monopole de la
production du plomb par l’Espagne. On retrouve au musée d’Istres un lingot provenant de Fos-surMer avec la même estampille que celui de Tongres. Cela signifie que le GERM et le renvoi à la
Germanie bouscule les flux de productions qui jusqu’ici était un flux Méditerranée vers le reste et
on se rend compte qu’il faut peut-être inversé les données. On retrouve en Corse, une estampille
ressemblant mais ici, on ne parle pas de Tibère et après le TEC, on a un F qui signifie fecit. Le trou
signifie qu’on a enlevé l’identification de l’empereur par damnatio memoriae cet empereur était
Caligula.
On a une série de cachet qui renvoie vers la Germanie et e parallèle, on a une série d’archéologuearchéométriste qui trouve qu’on peut mettre une autre méthodologie en place pour s’assurer que les
42
Archéologie des provinces gallo-romaines
épigraphiste et historiens ne sont pas entrain de créer un axe de lecture. Le plomb se retrouve
partout à l’époque romaine ce qui a même donné lieu à un pic-plomb dans les calottes glacières. La
production est certifiée par une méthode isotopique. En 9 de notre ère, on a une défaite de romaine
en Germanie et donc la production en rive droite est liée à une présence romaine active qui n’a
durée que de 9BC à 9AD.
La production
Sainte-Marie-de-la-Mer est un lieu économique où on a une densité énorme d’épave car on est à la
jonction entre la Méditerranée et le Rhône et les passes maritimes sont très difficile. On y retrouve
un tas de lingots plus ou moins grands, l’estampille comporte un nom, le plumb, le germ. L’isotope
montre que c’est bien la production germanique du nord. Le nom nous amène à un autre cas de
figure où un particulier à quelque chose à avoir avec la production de lingot. C’est la mise en série
épigraphique qui permettra de comprendre. Ce veruclae peut apparaitre sur d’autre estampille
comme sur des estampilles latérales, il est donc parfois principal mais peut aussi être latéral. À Fossur-Mer dans une marque coulée on retrouve l’estampille sociorum qui renvoie aux producteurs
associés. Tout doucement se met en place un système de production et de gestion.
Clairement lorsque nous avons à faire à des lingots plumbum germanium d’époque augustéenne, la
propriété et la gestion relève directement de l’empire. Cela est possible car la conquête romaine
implique la prise de possession de territoire nouveau et en principe tout ce qui n’est pas restitué aux
propriétaires indigènes devient propriété du patrimoine impérial. Ce qui n’est pas propriété
privée/collective indigène relève du patrimoine de l’empereur ce qui comprend beaucoup de chose
mais surtout les domaines réservés car l’empereur se réserve certains type de propriété qu’il juge
vitales pour l’empire dont les mines font parties de cette propriété. Dans ce cas de figure là, une
mine devient quand même par expropriation, propriété de l’empereur. Tout ce qui est production du
sel rentre dans le patrimoine impériale non seulement parce qu’il est vital mais aussi car sa
transportation, etc est conditionnée par une taxation immense qui rapporte beaucoup à l’empire. Les
lingots que l’on peut suivre vont vite du producteur au consommateur.
On a d’autres formes de gestion ce qui explique le veruclae et le sociorum. La gestion indirecte peut
se faire à plusieurs niveaux. Dans beaucoup de cas, l’empereur et le fisc impérial (pouvoir fiscal et
de production) gère mais on peut mettre en concession le fermage d’une mine. À ce moment là, il y
a une mise en adjudication d’une ferme et donc les procuratores en second transforment en ferme la
mine et donc le propriétaire est le fermier.
Le lingot lors de son voyage se fait contrôler et à donc des estampilles latérales qui peuvent être
nominale (fonctionnaire responsable du contrôle lors du passage) ou l’estampille de contrôle de la
cargaison.
En Belgique, l’Eifel est le coeur de l’affleurement du plomb mais on a aussi à Dinant, dans la zone
du Viroin, etc on retrouve des productions de plomb. La zone entre la Rourh et la Vesdre a été
exploitée pendant 2000 ans.
Testais est rapporté à un certains nombres de site dans l’antiquité qui le porte dans leur nom et donc
on est tenté de faire le rapprochement. Au niveau des cultes, on a des sanctuaires dédiés au matrone
avec une concentration particulière que l’on ne retrouve pas ailleurs et donc certaines portent le
nom de tectumeae qui suggère une piste intéressante à creuser entre les matrones et la concentration
de leur sanctuaire et les cité tout ça avec une concentration entre la Rourh et la Vesdre.
Problème de la constitution et la réalité de la province de Germanie
43
Archéologie des provinces gallo-romaines
Elle est créée par Auguste à partir du moment où la partie droite du Rhin est conquise jusque’à
l’Elbe. On met en place les civettes, etc mais ça ne dure pas car en 9, défaite légionnaire et création
du Limes. L’argument fort c’est le commerce car on ne peut concevoir une gestion si réglementée
soit en gestion directe par l’empereur ou en adjudication par des procuratores sans la création d’une
province.
Approches archéologiques du fait religieux.
John Scheid est au collège de France et est un grand connaisseur des sanctuaires. Plutarque a écrit
les questions romaines qui est un traité sur la vie quotidienne avec des questions et réponses. Grâce
à cela, on connait des domaines que l’on n’aurait pu aborder autrement par contre, on n’a jamais
compris quel était le lien entre ces différentes question et Scheid y a répondu en disant que
Plutarque c’est baladé sur le forum avec des gens et notait les questions posées face à tel faits.
La Gaule est un paysage morcelé dans lequel se trouvent et vivent de multiples groupes qui sous
une apparente unicité présente une diversité institutionnelle et aucune unité religieuse.
D’innombrables traditions locales ont disparus ou ont été altérée par la mise en place du nouveau
cadre romain. Des traditions survivent à travers ou en parallèle du système religieux romains. Ce
phénomène est général et Rome le connait depuis des siècles. On a tendance à considérer que dans
une région, il y a communauté de pratiques alors que dès qu’on regarde le domaine funéraire on se
rend compte que les pratiques sont diverses. Toutes les cités ont des institutions différentes, on
connait le versant romanisé du cadre institutionnel religieux mais une partie nous échappe. La
première clef de lecture à mettre en oeuvre est de distinguer le culte public du culte privé.
Les cultes public dans le monde romain est de manière générale célébré par la cité et donc avec des
représentants, des magistrats, des délégués officiels pour mettre en oeuvre ses cultes. Ils sont régis
par un droit sacré public : on a un calendrier religieux local propre à chacune des cités. Les cultes
sont célébrés au nom de la cité et au frais de la cité. On leur oppose des cultes privés ce qui signifie
que c’est tout ce qui n’est pas public et donc toutes sortes de communautés; ces cultes sont célébrés
par une communauté quelle quelle soit et qui tombe sous le droit privé. Ils sont célébrés par des
représentants de la communauté et au frais de la communauté. Les communautés sont la famille, le
quartier d’une ville, une association professionnelle ou fonctionnelle, une unité militaire ou
administrative : elles sont le coeur de la vie sociale. Les membres d’un vicus peuvent se constituer
en communauté privée (exemple les pagus). Un vicus c’est en fait statutairement un morceau de la
cité, c’est un quartier séparé de la cité, un morceau de ville détaché du chef lieu, une excroissance
de la ville hors du territoire urbain. L’espace et la communauté des vicani appartiennent à la res
Urbana de la civitas d’ou la difficulté d’interprétation des manifestations religieuses privées dans
ces petites subdivisions. Par ailleurs, les vicani peuvent se rassembler et honorer des divinités dans
le cadre privé.
Un autre impératif du cadre romain est l’espace du sanctuaire qui appartient à la divinité, il est
consacré donc il est retiré du monde des mortels et est limité. On l’inaugure après la prise des
auspices réalisées par les augures/aruspices. Cela signifie que si c’est inauguré, on aura un pérybole
(= mur délimitant l’espace) et un téménos (= espace). Un sanctuaire est un binôme : temple + autel
ce qui est un cas de figure particulier car ce qui est essentiel c’est l’autel. Cet espace est très
particulier donc il engendre une série d’interdits d’ordre rituels en terme d’actions de
comportements, d’accessibilité. On y intègre des structures d’accueils comme des puits, des
thermes, des salles de banquets, etc.
44
Archéologie des provinces gallo-romaines
Les empereurs, en particulier les empereurs divinisés qui sont normalement sauf exceptions sont
mort, peuvent être présent dans le sanctuaire : de leur vivant, on a leur génie et lors de leurs morts
s’ils sont divinisés par le Sénat. On retrouve leur statue dans les temples car ils sont le lien entre
l’homme et les dieux et garantissent l’ordre universel. Les hommes vénèrent les dieux et leurs
demandent d’assurer la protection des empereurs.
Les principes énoncés valent pour les colonies latines et romaines et pour les cités ayant obtenu ces
statuts. Les cités pérégrines ont subi une évolution et contamination des rituels et des cadres mais
on ne doit pas généraliser l’apport romain aux cités pérégrines. On a un vocabulaire latin pour
désigner le temple et le sanctuaire (= paedes et templum). Le deuxième relève du domaine public
tandis que le premier relève du domaine privé. Ce qui permet par conséquent d’identifier un lieu de
culte est la typologie des lieux de cultes qui peuvent être évident ou moins (bois, sources, etc).
Certains lieux de cultes échappent aussi car ils échappent à l’approche typologique, un grand
nombre de portique de Rome sont des lieux de cultes et on pourrait être extrême et dire que tout lieu
public ou privé peut servir de cadre à un culte pour peu qu’on y place un petit autel portatif.
L’épigraphie contient parfois des informations suffisamment précise qui assure le culte à tel
magistrat ou tel divinité mais souvent les inscriptions sont extrêmement laconiques et donc on ne
peut déterminer si le culte est privé ou public. On a le même problème pour les offrandes
matérielles car elles sont souvent déposées dans les tombes et donc relèvent du privé. L’archéologie
des restes animaux et de végétaux permets de restituer des éléments du matériels. On doit recourir à
des sources multiples et des indices recoupés pour créé un cadre.
Typologie : le fanum
Cette désignation de fanum est passé dans l’usage courant mais ne correspond pas à la désignation
originale latine. Chez Varon, le mot fanum désigne tout espace consacré selon des règles augurales
différentes du templum. C’est à l’origine un terme générique qui petit à petit, fin de l’époque
républicaine, désigne une petite construction cultuelle dont le sens est proche du sacellum et dans
un cas au moins, Cicéron utilise le mot pour désigner un sanctuaire étranger à l’architecture
classique. Vitruve désigne le fanum comme la scène cultuelle en opposition à l’espace consacré.
Autrement dit, l’utilisation du mot fanum pour désigner les monuments religieux de la Gaule est
arbitraire.
La caractéristique principale n’est pas d’être carré mais de présenter un plan centré. La plupart du
temps, on a un polygone entouré d’une galerie. On a repéré 800 de ces monuments en Europe du
Nord (Gaule - Germanie - Bretagne) dont la moitié ont été fouillé. Ils apparaissent en contexte
urbain ou rural, isolé ou en groupe. Certains de ces monuments ont été bâti avant la conquête
romaine et ils font référence à des sanctuaires de traditions pré-romaines. Ils apparaissent en très
grand nombre à l’époque Césaro-Augustéenne et se développe essentiellement à la fin du 1er siècle
- début 2e siècle. À cette date la majorité des monuments sont construits dans des matériaux
périssable. On est dans la continuité celtique avec un phénomène de monumentalisation au tournant
du 1er et 2e siècle qui se généralise. À Nanteuil-sur-Aisnes, on s’est rendu compte qu’on avait
un sanctuaire celtique datant du 2e siècle BC auquel succède 2 sanctuaires de notre ère. Le fanum
peut-être monumental. Dans la cité des Nerviens, on a retrouvé un vase avec 2
représentations sur 2 faces d’un fanum au center duquel on a une statue de culte avec un
Mercure. Les portiques latéraux sont représentés et occupés par des effigies qui sont probablement
les statues de/des empereur/s. Un autre exemple, est celui de la stèle-aedicula du Titelberg qui
45
Archéologie des provinces gallo-romaines
serait plus une porte qu’un fanum. Il y a effectivement un certains nombres d’évolutions sensibles
dans le fanum. Les Bons-Villers, situé sur la voie Bavay-Cologne près de Liberchies, présentent
une transformation retrouvée ailleurs avec deux phases principales : un petit édicule avec comme
dimensions 6x7m et une seconda phase beaucoup plus grande 17x20m avec l’adjonction d’un
pronaos. On a un emprunt à Rome sans emprunter le podium. On possède une monnaie républicaine
dans le premier temple et le second date du milieu du 2e siècle. En terme de taille, on a quelque
chose d’un peu grand pour un sanctuaire rural et de part sa proximité avec Liberchies (2km) on
pourrait avoir un sanctuaire dépendant de Liberchie mais aussi comme il est à la frontière entre la
cité des Tongres et des Ménapiens, il pourrait dépendre du chef lieu de la cité des Tongres. On
connait toutes sortes de variations dont un sanctuaire double à Castellains où on a 2 temples joints
et un troisième temple à petite distance. Cet espace est repéré par photo aérienne, fouillé deux fois
et publié dans les années 90. Les temples font 9x4,5m, remonte à Domitien et sont utilisés
jusqu’aux 4e siècle. Ils prennent places sur un sanctuaire gaulois dont on ne connait que peu de
chose en dehors des monnaies offertes. On a un autre petit sanctuaire avec un culte à Esculape, on a
suggéré par la présence d’Esculape de voir dans l’une des deux cella un culte à Apollon Médicus.
Blicquy-Auberchies est un site situé sur 2 voies : Bavay-Velzègue et vers une voie montant à la
cité des Ménapiens. On est à la frontière entre la cité des Ménapiens et des Nerviens, une grande
zone cultuelle associe un grand sanctuaire, un théâtre, des thermes, des bâtiments de fonctions
inconnues et une petite agglomération. Si on se tourne vers le sanctuaire on a 2 phases principales :
la première est délimitée par un fossé et on lui associe plus de 1100 trous de poteau dans lesquels on
pourrait voir un bois sacré. Dans une deuxième phase, on a un bâtiment de type fanum avec des
infrastructures : portique, téménos, propylée, un grand hémicycle centré avec effet de
monumentalisation évident. Il date du la première moitié du 1er siècle de notre ère - 2e siècle. En
parallèle, on a un théâtre datant de Domitien réalisé majoritairement en bois avec les bâtiments de
scènes et les murs arrière de la cavea en dur. On a un immense sanctuaire (50ha), loin d’une
agglomération et un sanctuaire intégrant de grands thermes, des bâtiments de services, etc. On
explique un tel sanctuaire ici car on a retrouvé des éléments de bronze du 1er siècle BC et on
imagine qu’en raison de ses nombreuses structures d’accueils, c’est un sanctuaires de la cité des
Nerviens. Il est un des plus importants de la Gaule Belgique et de la Gaule du Nord.
Épigraphie
Une première catégorie facile à identifier sont les prêtres qui sont des magistrats recevant une
charge publique comme le sévir (= charge du culte impérial). On a deux catégories de cultes
impériaux se superposant : il en existe un provincial relevant de la Province et un culte impérial
émanant de la cité. Généralement le culte provincial est mis en oeuvre dans la capitale de la
province et chacune des cités envoie un représentant pour le culte provincial. En parallèle, on a les
cultes impériaux dans les cités qui se passent dans le chef lieu de la cité. Un autre exemple à
Trèves on a un militaire recevant la magistrature d’être prêtre de Rome et d’Auguste. À Bavay, un
autel consacré à Jupiter et au génie d’Auguste, un autre est dédié à Apollon, autre cas de figures au
matronnes, au génie de la cité et à Bornem on a un autel avec l’inscription où on sait que quelqu’un
s’est acquitté de son devoir. Dans la cité des Trévires, on a un flamine qui est à la fois celui
d’Auguste et celui d’une divinité locale : Lenus-Mars. À Trèves, on a le sanctuaire local dans la
ville et le sanctuaire au culte local à l’extérieur. On retrouve des dédicaces à Jupiter à Tongres ou à
Liberchies sur des stèles ou encore sur des rouelles de Matagne. Un petit autel mentionne la
maison des Augustes.
46
Archéologie des provinces gallo-romaines
Dans les divinités locales, on retrouve à Strée dans le Condroz, une dédicace à Viradechtis
retrouvée aussi en Ecosse émanant du pagus des condruziens. Dans le Condroz, on a une divinité
particulière associée au pagus. Un autre type de divinité sont les matrones du Condroz qui sont
honorées n’ont pas sur le territoire des Tongres mais sur celui des Nerviens. On a retrouvé des iarae
à Liberchies qui sont associées probablement à des matrones de types germaniques. Sur le pilier
des Nautes retrouvé à Lutèce, on a une dédicace à Tibères.
Iconographie
Le pilier des Nautes présente une série de divinité avec leurs noms inscrit au-dessus. Par
exemple, Esus est représenté entrain de couper un arbre. Pendant longtemps, on a essayé de le
rattacher aux textes celtiques postérieurs et aux représentations de l’âge du bronze. On au aussi
Taros Triaganus, Cernunos (probablement dieu de l’abondance) que l’on retrouve chez les
Rhèmes entouré de Mercure et Apollon renvoyant au panthéon romain. À Tongres et
classiquement chez nous, on retrouve un Jupiter à l’anguipède (= divinité cuirassée à cheval
terrassant le mal) avec toutes sortes de lectures possibles. C’est le marqueur essentiel et on le
retrouve dans certains sites de frontières d’où les nombreuses dédicaces à Jupiter. À Blicquy, on a
retrouvé un Mars local comme un autre appelé Interagus dans la cité des Trévires. Les
semainiers présentent les divinités associés à chacun des jours de la semaine. À Bavay, on a
découvert 2 Mercures de la même époque avec une facture extrêmement différente, l’un est romain
et l’autre gaulois. À Bonsin, près de Durbuy, on a une représentation classique de Diane. Un exvoto en bronze de forme d’orteils.
Cultes « orientaux »
L’armée brasse énormément de gens et beaucoup se retrouvent loin de leurs terres d’origines. On a
une importation de culte dit orientaux, on en a des témoignages mais cela ne signifie pas que le cule
oriental est forcément pratiqué par des étrangers. À Tongres, on a un Jupiter Dolichenus qui
provient du Comagènes qui est à l’est de la Turquie actuelle. Le culte à Jupiter Dolichenus est un
culte à mystère. Au musée d’Arlon, on a un Sabazios qui est un culte provenant de Phrygie au
centre de l’Asie Mineure. À Vervoz/Clavier, on a un attis funéraire qui est aussi un culte
phrygien largement diffusé. Attis est le fils et amant de Cibèle. À Theux, des dédicaces à Mithra
sont retrouvées dès le 16e siècle. On a retrouvé à Angleur, l’atelier d’un bronzier avec des
appliques représentant les signes du zodiaques et sans doutes destinées à un mithraeum. Le culte à
Mithra est largement diffusé comme à Liberchies où on a retrouvé une tessère mithriaque qui
est moulée et coulée et serait une médaille commémorative. Ce n’est pas un jeton car pour un
certains nombres de cultes, on connait des jetons d’accès au banquet en l’honneur de telles ou telles
divinités. On a fouillé un mithreum à Tirlemont dans lequel on a retrouvé une petite plaquette
de bronze sur lequel l’inscription est en point et une dédicace.
Archéologie des rituels
Cfr. Archéologie du sacrifice animal en Gaule romaine rituel et pratique alimentaire, Sébastien
Lepetz et William Van Andringa, 2008. => articles sur Blicky
47
Archéologie des provinces gallo-romaines
Ils sont respectivement archéo-zoologues et archéologues et leurs intérêts est d’avoir ré-orienter la
recherche dans le cadre des sanctuaires comme pour la cuisine, les fosses, les sacrifices, etc. On
peut essayer d’identifier l’âge des animaux sacrifiés. L’autre aspect en milieu urbain extrêmement
intéressant est la relation entre la proximité topographique entre le sanctuaire et le machelum. On
sacrifie et on consomme une partie mais on vend aussi.
Approches archéologiques de l’espace funéraire.
Lorsque l’on étudie une nécropole, on étudie 2 populations : celle qui est morte mais aussi celle qui
est vivante avec son rapport aux morts.
Typologie : tumulus
Pour exemple, le lion de Waterloo est un marqueur d’une tombe qui sert à être spectaculaire. Son
but est d’être vu. Le tumulus peut être isolé ou en groupes (dépend des régions : par exemple, chez
les Bataves, en Hollande, on a de petits tumulus groupé). Les tumulus sont caractéristiques de nos
régions à l’époque romaine. Après l’annexion, on voit nos paysages se couvrir de tertres locales ce
qui est une survivance ancienne. On en retrouve un peu chez les Trévires, beaucoup chez les
Tongres mais très peu chez les Nerviens ou les Ménapiens. À priori, il semble effectivement
concentré dans le coeur de la région des Tongres qui est une reconstitution d’une population après
les destructions massives, cette population est au moins partiellement germanique (ce qui pourrait
être l’explication de la présence en masse des tumulus). Une explication plus pratique pourrait être
que pour faire un tumulus, il faut une terre argileuse et donc les Ménapiens avec du sable ne
pouvaient en faire. Chez nous, les tumulus sont plutôt isolés contrairement aux Bataves, on peut
expliquer cela par une norme chez les deuxième tandis que ça serait un phénomène lié à l’élite chez
nous. En terme de distribution, une autre chose intéressante est qu’il y en a un peu partout et ne sont
pas spécialement associé à une population. Les tumulus sont disposés un peu comme les villas et
donc on peut imaginer qu’ils seraient le témoins de gens ayant les moyens voulant exhiber leurs
moyens. Les tumulus disparaissent à partir de la deuxième moitié du 3e siècle - début du 4e siècle
ce qui peut s’expliquer par des destructions radicales et comme les temps sont au troubles, il n’est
pas question d’exhiber l’autorité et les avoirs. Ce qui est intéressant est de saisir qu’un peu comme
dans les exploitations agricole, on a une continuité culturelle en dépits de l’évolution du mobilier.
Dans les fouilles récentes, on a pu observer le bucher funéraire à proximité du tertre parfois
accompagnés d’autres foyers destinés à l’offrande du sacrifice soit à la préparation du repas. On
distingue le matériel offert au défunt du matériel de cérémonie qui est assez systématiquement
brisés en petits fragments et répandus. S’agissant du vaisseliers, on peut parler d’évolution puisque
les offrandes présentent une évolution, on passe d’un vaisseliers essentiellement céramique dans
lesquels dominent les récipients pour aliments (début 2e siècle) et puis on observe un accroissement
dans le courant du 2e siècle, de la quantité de vaisselle de verres petit à petit accompagnées de
vaisselles de métal. Par ailleurs, le vaisseliers évolue à nouveau car le vaisseliers dominant est au
départ de cuisson et service de table et devient petit à petit un service à boisson et à toilettes au
point qu’à la fin du 2e et dans le courant du 3e siècle, le service de vin domine les autres services.
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Archéologie des provinces gallo-romaines
Statistiques : Pommerœul
Pommerœul se trouve près de Mons à côté de Bernissart. Ici, on étudie une population décédée à
côté des rituels mis en oeuvre par les populations vivantes. On peut avoir un déplacement de la
nécropole en fonction des époques et même avoir des superpositions. On y a retrouvé, depuis 1975,
118 tombes dans des conditions pas toujours excellentes. Sur ces 118 tombes, 70 ont fournis du
matériels datant. L’immense majorité des tombes/fosses présentent des résidus de crémation dans
une fosse et ces résidus sont la plupart du temps éparpillés dans la fosse et dans 10 cas seulement ils
sont déposés dans une urne. On ne sait pas dire si le corps a été brûlé dans la tombe ou déposés et
brûlés ensuite dans la fosse. L’empierrement serait l’ustrinum qui sert de bûcher, on aura un
enfouissement secondaire. La majorité des cas ne présentent pas de coffrages sauf certains qui en
ont il est en bois et parfois en tuile au nord ouest. Au milieu de tout ça, on a une tombe à
inhumation. Les tombes sont antérieures à 250, 3 tombes présentent du matériels du milieu du 2e
siècle tandis que 3 tombes présentent du matériel qui ne peut dater du 3e siècle, 14 tombes ont du
matériel du 2e mais qui peut se prolonger au 3e et la majorité de ces tombes datent de 160-200, 5
tombes datent de la 1er moitié du 3e siècle et 2 tombes présentent du matériels postérieurs à 250. La
plus récentes des tombes contient une monnaie de Valérien (257-258) ce qui donne un terminus
post-quem.
Epigraphie : Namur
Parfois, on retrouve les marqueurs de tombes mais ce n’est pas une généralité de l’époque. Parfois
on a le marqueur de tombe sans la tombe et on retrouve rarement la tombe et le marqueur. À Namur,
on est dans le secteurs fluvial au confluent Sambre-Meuse (secteurs du port) et dans les fondations
du château des Comptes (13e) réutilisant des pierres ré-utilisées au bas-empire. Dans les fondations
du château, on trouve des blocs utilisés dans les monuments du bas-empire qui re-utilisent des
pierres utilisées pour les épitaphes auparavant. À Namur, on a retrouvé 10 inscriptions ce qui en fait
le 2e site en terme de nombres d’inscriptions latines après Tongres. Cela permet d’étudier
l’onomastique (nom des gens enterrés) à défaut d’avoir leurs tombes. En 1986, on y a retrouvé 6
inscriptions et 4 nouvelles en 1997. Ces épitaphes proviennent d’un cimetière dont la localisation
est inconnue. On a une stèle qui évoque des individus portant très clairement un nom italien :
Sicinius flavianus et sa famille. Ce n’est pas courant comme nom dans nos régions et on suggère
qu’un local aurait reçu la citoyenneté romaine d’un italien. Une tombe est érigée par un ou plusieurs
individu en l’honneur de leur père; le cas de figure est tout à fait classique avec TPI qui ordonne
dans son testament la réalisation de son tombeau. Une autre stèle épitaphe est celle d’un Braruco et
d’une Lifthina qui sont un couple dont la stèle a été réalisée du vivant des individus à la demande du
couple. Il s’agit sans doute de pérégrins (indigènes) qui habite dans l’empire mais ne sont pas
citoyens. Ces noms sont probablement d’origines germaniques et témoigneraient des apports de
populations pour combler les vides de la conquêtes. Une troisième stèle est celle d’un couple ayant
réalisé leur tombe à l’avance qui s’appelaient Placidinus et son épouse Partena. C’est Paterna qui a
réalisé la tombe pour son mari. On n’a pas des citoyens mais sans doute des indigènes ayant
latinisés leurs noms. Ici, on peut évoquer une latinisation de la population. Sur la stèle on a réservé
une petite herminette (= ascia) qui est un symbole funéraire en particulier dans la région de Lyon et
de Trèves et c’est le seul témoignage pour la cité des Tongres. 3 autres exemples nous montrent que
les noms sont nettement latinisés.
Iconographie : Arlon
Il y a une véritable école de sculpture à Arlon, sans doute la plus impressionnantes de Belgique. Des
stèles ont été importées à Tongres. On est au-delà de l’Ardenne dans la Lorraine qui est totalement
isolé de la vallée de la Meuse et donc rattaché à quelque chose de différent. On est en périphérie de
49
Archéologie des provinces gallo-romaines
la cité des trévires. Cette agglomération est situé au croisement de deux routes importantes : ReimsTrèves et Metz-Tongres. Par ailleurs, se trouve là les sources de la Semois et c’est un site qui trouve
place en contre-bas d’une éminence. C’est sur cette butte que s’édifie un castrum au bas-empire
protégé par des remparts. La ville du haut-empire est connue par des fouilles nombreuses ces
dernières années. On connait 3 nécropoles pour Arlon et comme elles se trouvent en périphérie, on
connait l’extension du vicus original. Elles sont à incinérations avec une au nord contenant 163
tombes dont le matériel est extrêmement riche, une au sud-est avec une cinquantaine de tombes
dont le matériel date du 2e, la troisième au sud-sud-ouest a été fouillée au 19e et donc présente peu
d’information. On a fouillé un établissement thermal en 1907 à l’occasion de travaux lié à la gare et
au tracé du chemin de fer, peut-être un temple et un portique à la fin du 19e. On a reconnu des
secteurs de quartiers artisanaux et d’habitats. Arlon devient un site de référence en particulier car on
y a retrouvé du matériel de bois en raison des sources de la Semois. On a un vicus dont le nom est
connu par l’itinéraire Antatonin (= orolono vicus) et par une inscription qui est une dédicace des
habitants d’Arlon en l’honneur d’Apollon et de la maison impériale. Une autre inscription atteste
l’existence d’un pagus dont le nom est perdu, à travers l’offrande d’un monument au génius du
pagus. Le pagus est une sub-région d’une cité, un morceau dont on ne sait pas très bien à quoi il
correspond administrativement. Un inscription funéraire présente un attelage et une borne milliaire
et on a retrouvé à Sesselich des hipo-sandales qui est un fer englobant le sabot du cheval lorsque
celui-ci est blessé, on en a retrouvé aussi pour les caprins. Les principales zones de fouilles récentes
se trouvent en partie basse. Les fouilles à la rue de la Meuse date de 2006 qui ont permis de donner
des témoignages d’activités artisanales : teintureries, foulages, travail du bois, de l’os, refonte de
verre, dinanderie (= chaudron réalisé au repoussé), orfèvrerie et aussi de la cordonnerie. Ici, on est
au sud sud-ouest de la gare avec une cinquantaine de mètre de voirie, des bâtiments, une portion du
vicus présentant une image traditionnelle avec une rue et les bâtiments présentant le petit côté à
front de rue. Les bâtiments sont de plan rectangulaire allongé perpendiculaire à la voirie sur la voie
Tongres-Metz. Il remonte au 2e siècle. Une quarantaine de foyer de forges ont été retrouvés, un
grand nombre de raté de cuisson de gobelet (Niederbiber 33 produit à Arlon au 3e siècle). Ces
gobelets ont été utilisé jusqu’au 4e. Une autre zone, qui correspond aux fouilles d’urgences de 8384, qui a mis en évidence des caves et des coffrages quadrangulaires probablement un puits et des
citernes dans lesquels on a du matériel daté exclusivement du 1er siècle (L). Au pied de la butte, on
a une occupation plus ancienne et puis un développement du vicus vers le sud. Les termes de la
Semois (J) ont été découvert en 1907, présentent 4 pièces dont la grande pièce est à hypocauste. En
P, on a une petite piscine et des latrines. On les date au plus tôt du 3e siècle. Les fouilles de 2005
ont révélés des vestiges de parcellaires antiques avec des champs délimités par des fossés dont le
comblement contient la poterie du 2e siècle. Dans ces fosses, on a retrouvé des déchets de cuir et
donc un artisanat de cordonnerie. Dans le secteur sud (fouillé le plus récemment), on a retrouvé une
foulerie qui est donc un atelier de foulon (= nettoyer la laine préalablement au tissus). Le travail de
la laine se fait d’abord par un nettoyage pour retirer les graisses et impuretés avec de l’urine et
ensuite on foule la laine pour la nettoyer une deuxième fois. Le bâtiment fait 27x20m avec des ères
de travail sur plancher de bois avec des bacs de bois et de pière. Sont associés des systèmes
d’adduction d’eau. On a analysé des vestiges de laines, il y a des cuves de teinturiers et diverses
couleurs sont attestées à Arlon (blanc, noir, rouge, brun, bleu). Deux grandes phases sont attestées,
l’atelier semble construit vers 150 comme les maisons du secteurs sud et l’ensemble est détruit à la
fin du 3e. Le vicus du haut-empire n’est pas protégé par des murailles. À Arlon, la colline qui
domine la Semois est entourée d’une muraille avec une quinzaine de tours semi-défensive semicirculaire ou circulaire pleine datant de la fin du 3e, début du 4e siècle. La largeur du rempart est de
presque 4m et le diamètre des tours est de 8 à 9 mètres et leurs hauteurs est évaluée de 9 à 10 mètres
et la longueur est de 900m. La topographie et le parcellaire moderne respecte le tracé du castrum, le
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Archéologie des provinces gallo-romaines
secteur est perturbé par les constructions postérieures dont le château fort du 10e siècle et la
citadelle du 17e. On suppose que ces espaces restent à peu près vide et sont des espaces refuges.
Pierre Mertens renvoie à Osonius, rhéteur ayant vécu à Bordeaux durant le 4e siècle, qui cite les
bâtiments de défense qui dans une phase plus sereine sont transformés en greniers. Généralement, il
y a une ou 2 portes.
Les marqueurs de tombe peuvent être le support d’une iconographie provenant d’une école de
sculpture. Une stèle ou un autel (coussinet) funéraire retrouvée à Arlon. Une autre catégorie de
marqueurs de tombe est le cipe qui est un couvercle de monument dont on peut placer une
inscription sur leur petit côté. Les cipes peuvent être cylindriques ou pyramidaux. Tout ceci renvoie
à une logique de pilier funéraire qui peuvent être modeste ou bien recevoir de la sculpture qui est
une tradition bien connue chez les Trévires. Ceci renvoie au pilier d’Igel (milieu 3e siècle) qui est. Il
y a des reliefs curieux, il s’agirait d’un entablement avec un trophée (accumulation d’armes)
représentés. On possède un certains nombre de blocs qui sont des stèles sculptées sur les faces avant
et latérales comme par exemple celle du marchand de drap, on ne sait pas dans quoi elles
s’intègrent. La stèle dite au satyre présente 2 couples avec peut-être une apothéose et des schémas
renvoyant à des schémas étranger. On a aussi bien entendu des reliefs ne provenant pas des
cimetières mais renvoyant au domaine religieux qui sont des piliers à 4 faces représentant diverses
divinités, ils sont souvent la base d’une colonne supportant une statue. Les divinités sont
représentées dans des registres séparés. Ces piliers ont l’intérêt d’associer des divinités et donc
même s’il n’y a pas de panthéons, on a une organisation reconnue par groupes, on n’a pas un
panthéon commun mais des petits panthéons pour chacune des cités dont les piliers y renvoient.
CONCLUSION
On ne peut considérer un avant et par!s annexion ce qui serait réducteur. Tout les champs que l’on
peut explorés qu’ils soit typologique, épigraphiques on perçoit et on recherche aujourd’hui presque
autant sinon plus les continuités que les ruptures; c’est à travers ces continuités qu’on lit un
formalisme romain qui vient transformer les choses petit à petit et fondre la culture. Le phénomène
est sans doute plus large et qu’il peut et doit être identifié partout à deux niveaux : déjà dans Rome à
l’époque républicaine (la culture romaine est une mosaïque intégrant les cultures éparses de l’Italie)
et à l’extérieur dans l’ensemble des provinces telle l’Asie Mineure, la Grèce, l’Afrique du Nord. Il
faut quitter le point de vue romain pour lire l’autre chose qui était occulté auparavant par le romain.
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