A. Introduction : formule du cours, cours
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A. Introduction : formule du cours, cours
Archéologie des provinces gallo-romaines A. Introduction : formule du cours, cours magistraux, visites musées, travaux étudiants. L’archéologue est comme un historien mais il œuvre à partir d’une source particulière. Quel est le type de question qu’on se pose aujourd’hui sur nos régions ? L’objectif de ce cours est d’y répondre. Grâce aux fouilles préventives et aux nouvelles méthodes, on obtient un nouveau regard sur nos contrées. On commence à appliquer ces nouvelles méthodes de manière plus large. Par exemple : on a compris qu’il y a des sanctuaires urbains et périurbains en occident. Maintenant on transpose cette lecture à l’orient en dehors de la Grèce et ça fonctionne très bien. La première reconstitution d’une histoire de la Gaule du nord a été largement tributaire d’une source littéraire : la Guerre des Gaules de César. Cette reconstruction résulte d’une démarche du 19e siècle qu’on a aussi appliqué par exemple à Troie (avec l’Iliade). Il y a une double tendance contemporaine dans l’exploitation des sources littéraires en archéologie gallo-romaine: - Mettre en perspective le texte de César, trouver ses sources, ses destinataires, pour réévaluer son texte - On utilise d’autres sources en plus de celles de César, des sources qui sont latines, grecques et qui évoquent, outre nos régions, les populations dite celtes (keltoi) par les Grecs et gauloises (galli) par les Romains. Ces sources transmettent des données factuelles (dates et noms de sites, de batailles, des déplacements de population,…) mais surtout une certaine image. Cette image des sociétés gauloises avant et après l’annexion romaine est à décrypter. Il ne faut pas oublier qu’elle est formée à travers le prisme des Grecs et le prisme des Romains. Depuis le 19e, l’objet de la recherche à évolué. On ne veut plus restituer une histoire linéaire, une chronique événementielle, un macro-horizon historique, mais plutôt comprendre l’organisation de ces sociétés, comment elles fonctionnent. On se centre sur des micro-horizons et on essaie de faire le lien avec le macro-horizon. Depuis une trentaine d’années, on voit que cette compréhension des micro-horizons ne peut se concevoir sans l’apport de l’archéologie. C’est une tendance lourde que l’on retrouve ailleurs, notamment en histoire de l’art. L’histoire de la peinture passe désormais par l’analyse « archéologique » de l’œuvre. Nous vivons une tentative d’objectivation après des décades d’utilisation de l’histoire et l’archéologie à des fins nationalistes. Maintenant on se méfie des systèmes et des exploitations nationalistes, on met le doute. Dans les années 60, après les traumatismes de l’exploitation forcenée des sources définissant une certaine identité raciale, on est passé d’une vision historiciste à une histoire des mentalités (cf école des annales, réflexions à l’échelle européenne,…). Cette histoire des mentalités était encore ancrée dans un territoire national (ex : les lieux de mémoires spécifiques à la France), dans les années 60. On a évolué vers une histoire des représentations, càd comment l’homme et ces sociétés se sont vues et conçues, représentées (elles-mêmes et les autres). Il y a bien une forme d’objectivation puisque au moins on essaie plus de définir le passé par rapport au présent. Le passé reste dans le passé. Les grandes avancées proviennent de la rencontre entre une recherche pointue, ponctuelle, indépendante (propre à l’archéologie de terrain), et une confrontation, une synthèse, une mise en 1 Archéologie des provinces gallo-romaines contextualisation. Ici on va montrer comment une certaine conception de l’archéologie a été utilisée pour écrire une certaine histoire et comment une nouvelle conception permet d’écrire une autre histoire. Il s’agit de tenter de retranscrire différentes conceptions et représentations. On crée aujourd’hui une histoire des représentations, une forme d’histoire de la mémoire. À la Gaule Belgique, il aurait fallu adjoindre la Germanie inférieure car la Gallia Belgica connait sous Domitien (vers 80) le détachement de la cité des Tongres et la création de cette province Germanie inférieure, avec Cologne pour capitale. Quand on veut parler de nos régions, il faut donc aussi inclure une partie de la Hollande méridionale car elle en faisait partie avant. Cologne : ville du territoires des Ubiens, tribu germanique alliée à César lors du soulèvement de 54 BC par Ambiorix. Elle doit son nom à Colonia Claudia Ara Agrippinensium. Le titre de colonie est attribué vers 50 BC, sous Claude. Avant elle s’appelait Ara Ubiorum (autel des Ubiens) – reconnaissance du pouvoir romain par des tribus locales. En mettant en place cette colonie, il s’agissait de donner une cohérence aux frontières (ça forme un front, comme un limes). Le Sombre abîme du temps, mémoire et archéologie (La couleur des idées), de Laurent Olivier, Paris, Seuil, 2008. Ouvrage à lire. Idée qu’un objet archéologique appartient autant au présent qu’au passé. B. Celtes et gaulois : une reconstruction en marche. Historiographie : une archéologie nationale au service d’une histoire nationale. Remplois de matériaux de constructions À toutes les époques, on ré-emploie des matériaux. Dans les Chronique de l’abbaye de SaintHubert, Cantatorium, 1065 montre que l’on a ré-utilisé des vestiges antiques pour reconstruire la chapelle. À Bastogne, on a retrouvé des remplois de matériaux antiques. Le site archéologique est une carrière. Récits épiques Jean Lemaire des Belges est née dans le Hainaut et a peut-être été au service de Marguerite d’Autriche. Son récit est un récit épique dans lequel on a pour la première fois eu une mention de wallon. Le récit met en scène un récit épique de l’histoire de la France, il veut prouver qu’il remonte au Troyens. Le récit va jusqu’à Noé et au Déluge. La ville de Paris est fondée par un troyen en souvenir de Paris. La franciade de Roussart en 1572 est une inscription du présent dans un passé mythique ce qui est largement répandu au XVIe. Cela est inscrit dans une pratique biblique de désignation de l’individu par sa filiation. Le nom d’une tribu sont fils de … pratique que l’on retrouve largement dans la bible et le monde sémitique. Erudits locaux Des hommes de la Renaissance ayant produit des mémoires (début XVIIe) tels des gouverneurs locaux des Pays-Bas Espagnols Méridionaux (Luxembourg) dont Pierre -Ernest Mantsfeld qui a une collection d’antiquité locale dans laquelle on retrouve des blocs venant du rempart d’Arlon. Son 2 Archéologie des provinces gallo-romaines secrétaire copie des inscriptions latines qui montrent que les blocs venaient d’un cimetière galloromain remployé au bas-empire pour les remparts. Ses deux fils publient des illustrations qui sont les premières de nos régions aux travers de la collections du gouverneur. Il cartographie aussi la région de Luxembourg et signale les voies romaines. On a le développement d’un passé romain en plus de la conscience romaine. Sources littéraires Belgium Romanum Ecclesiasticum et civile, Aegidius Bucherius Atrebatis, 1655. Les Atrebates sont une population de l’Artois. Cet homme publie un texte qui est la suite de la guerre des Gaules de César jusqu’à Clovis dans un premier volume publié tandis que le deuxième a été retrouvé mais n’était pas publié, il voulait donc aller jusqu’à son époque. Découverte archéologiques et publications La publication de Chifflet sur le Trésor de Childéric en 1655 est considérée comme une des plus anciennes publications archéologiques européenne. Il travaille pour la cours d’Espagne et en mai 1653 fait état de cette découverte lors de travaux d’infrastructure à Tournai. On a pu identifier Childéric par sa bague sigillaire, il est envoyé à Vienne et ensuite offert à Louis XIV puis volé et fondu en 1831. La publication est donc d’autant plus précieuse. On a une méconnaissance de l’usage des objets même si les dessins sont très précis. Des fouilles de l’UCL en 83-86, on permit d’identifier un tumulus avec des chevaux sacrifiés et des fossés. On est fasse à des pratiques proprement celtes. Cartographie (mémoire militaire) Au XVIIe, l’Europe est a feu et à sang par les guerres de Louis XIV. On a des cartes de l’époque qui présente une série de tumulis. On a une première cartographie de vestiges archéologiques locaux. À la même époque, Nicolas Bergier en 1726 publie l’histoire des grands chemins romains où il parle des voies romaines et ré-édite la table de Putinger (réseaux des routes au IIe siècle) qui a été publié en 1598 à Anvers et lui compare un texte qui est les itinéraires Antonins. Il est le premier a s’intéresser à la construction de la route, il publie des bornes miliaires de nos régions. Henry Liébaux en 1726 publie une carte de la Belgique où il contextualise le texte de César en le plaçant sur des cartes. Il essaie de visualiser dans l’espace des récits du passé. Ces cartes sont articulés sur les textes. Les cartes de Ferraris portent sur les Pays-Bas Autrichiens et est divisée en 275 planches où il fait de la topographie pure et cartographie des données strictement antiques. Construction d’une histoire nationale Jan des Roches, linguiste catholique né au Pays-Bas s’installe très jeune à Anvers dans les Pays-Bas Autrichien auquel on attribue une grammaire pour apprendre le flamand, il publie une grammaire néerlandaise et un dictionnaire français-néerlandais. Il entre à la future académie royale et est rapidement en charge de la réforme de l’enseignement dans les Pays-Bas autrichien. Histoire ancienne des Pays-Bas Autrichien, il fait état de l’intérêt des érudits pour l’histoire locale et utilise comme source César, Pline et Thacite. Il se départit de la tradition généalogique. Les régions sont habitées par les Celtes chassés vers le sud par l’arrivée des Belges provenant de Germanie, César parle de la plupart des Belges qui étaient germains et donc on n’a pas tous les Belges. Il y a des populations germaniques et bataves dans le nord (Thacites). Dans le premier volume, il est général et dans le deuxième il commente le texte césarien Maarten Josef de Bast, Il est aussi l’auteur d’une déclaration d’indépendance des comtés de Flande publiée en 1790 à Gand. Il l’a écrit en réaction au manifeste du peuple brabançon et celui des 3 Archéologie des provinces gallo-romaines luxembourgeois dans le cadre de la révolution contre Joseph II. Il est l’auteur d’un Recueil d’Antiquités romaines et gauloises trouvées dans la Flandre proprement dite. But de la préface : il veut prouver que César n’est pas venu en Flandre ! Il veut ainsi démontrer l’indépendance de la Flandre dans l’antiquité, pour dire que la Flande orientale n’a jamais été soumise à la France. Il fait aussi un des premiers inventaires de nos régions des trouvailles site par site, avec quelques planches. On a donc longtemps utilisé les textes à des fins nationalistes, identitaires. Louis-Dieudonné Dewez, Histoire générale de la Belgique depuis la conquête de Jules César, 1805 (7 volumes). Il est conscient de la déformation des données à cause des intérêts nationalistes. Il ajoute d’autres sources à César, tels Lucain. On est à l’époque sous le régime français napoléonien qui est alors vu comme rétablissant de l’ordre après la république. Il inclut Napoléon aux grands empereurs comme Nerva. Il fait un parallèle avec eux car il est aussi constructeur et civilisateur. Il fait plusieurs rééditions jusqu’en 1826-28. => Il ya systématiquement écho entre l’exploitation des sources et l’environnement culturel et politique de l’auteur. Antoine Schayes, La Belgique et les Pays-Bas avant et pensant la domination romaine, 1805 et 1807. Première génération d’historiens belges, sous Léopold Ier. Premier conservateur du musée des armures. Première tentative de répertoire archéologique à l’échelle du nouveau royaume qu’est la Belgique. Histoire générale de la Belgique depuis la conquête de Jules César. Contexte politique spécifique car tout le monde pense que la Belgique ne durera pas et sera divisée entre France et Pays-Bas. L’Europe redoute ensuite l’hégémonie française. On est donc anti-français et l’ouvrage de Schayes, réédité, va dans ce sens et clame la Belgique comme ayant toujours fait partie des peuples Germains. Création de sociétés savantes Cette rechercher identitaire entraine le développement d’un intérêt pour l’histoire locale et apparaissent de nombreuses sociétés archéologiques locales. Ex : 1843, Académie Royale d’Archéologie de Belgique. Constructions d’images nationales On est au milieu du 19e à une époque de construction d’identité nationale. En France c’est Vercingétorix, chef de la coalition gauloise, qui est mis en avant. On l’utilise comme figure mythique sous Napoléon III. Reprise dans les manuels scolaires entre 1870 et la seconde guerre mondiale. On finance ainsi des recherches en se basant sur les textes de César, notamment des fouilles (ex : oppidum des Aduatuques). On recherche les lieux du texte, comme Alésia. En Belgique, deux chefs : Boduognat et Ambiorix Construction d’une histoire nationale au XXe Henri Pirenne, Histoire de Belgique, 1909. Oppose les Germains et les Celtes de façon catégorique et dit que les Belges en sont une synthèse. Cheveux blonds, yeux bleus caractéristiques,…Il renvoie aux théories raciales de l’époque. Franz Cumont, Comment la Belgique fut romanisée, Annales de la Société Royale d’archéologie de Bruxelles, 28, 1914 (à réutiliser pour le travail). Concept de romanisation avec comme arrière-plan idéologique la colonisation du Congo. Idée qu’on était barbares et qu’on a été civilisés par les Romains, comme les Belges civilisent les Congolais. On est là inscrits dans une continuité. Le problème ce sont les nationalismes. 4 Archéologie des provinces gallo-romaines Les sources antiques sont en fait elles-mêmes entachées par des préconceptions, des certains idéologies ou des objectifs plus ou moins consciemment mis en œuvre. Il y a donc nécessité d’une double critique : Il faut restituer le contexte de naissance de la source et son contexte d’utilisation. Evidemment, nous sommes nous-mêmes influencés par notre contexte et une certaine idéologie… Lecture intéressante à faire : L’archéologie comme discipline ? Sous la direction de Philipe Boissinot, Paris, Seuil, 2012. Article intéressant : Gérar Chouqer, « A propos des collecteurs hypertrophiés », p. 113-133. (c’est un archéo-géographe). Il a créé ce concept de collecteur hypertrophié : ce sont des grandes catégories, des clés de lecture qui cadrent assez systématiquement les analyses historiques. Par exemple, la nation, le rural, la ville, la société, le patrimoine (comme des grands cadres de pensée). Il les nomme ainsi car ils opèrent des amplifications par excès de synthèse de réalités diverses qui sont étudiée à une échelle ponctuelle. Il dit qu’on fait des analyses de micro-histoires et on a tendance à coller une étiquette qui rendrait compte de plein de réalités différentes. Pour lui c’est un transfert outrancier de faits de microhistoires vers des catalyseurs explicatifs de macro-histoire. Il s’agit de toute étiquette, toute catégorie censée parler au nom de tout. Et cela gomme la diversité du réel. Cette catégorisation, en droite ligne avec les sciences dures, provient d’une posture qui cherche à dégager une loi universelle qui permet d’expliquer tous les faits. Ex : la constitution de blocs superpuissants au 20e siècle, l’environnement, le développement durable. En plus de cela, on a mis en place des outils d’analyse et des protocoles qu’on a cru objectifs. En particulier lorsque ces instruments découlent des sciences de la nature. On oublie qu’eux aussi appartiennent à une certaine époque. Comment se départir de tout cela ? Chouquer y répond ainsi : On ne peut plus faire d’analyse à ontologie unique et constante (càd à cause unique et constante) Plus personne n’y croit aujourd’hui. Selon lui la seule manière de faire l’histoire est donc de faire des récits parallèles. Il donne comme exemple une histoire du climat, une histoire de l’agriculture,...qui permettraient éventuellement d’atteindre une histoire de l’environnement. Il explique que ces différents récits n’exploitent pas un socle épistémologique commun, mais des ressources, des méthodes, des cadres de savoir différents. C’est ce qui explique qu’on ne peut pas les intégrer dans une macro-histoire. « Nous sommes peut-être condamnés à ne pouvoir rendre compte que de petits récits parallèles ». L’histoire serait la somme de ces récits. Si on tient à élargir l’échelle, l’histoire ne devrait pas être autre chose qu’un ensemble d’hypothèses articulées sur ces récits. Constitution de divers dossiers qui petit à petit permettent de dégager des réalités. Ça peut être une famille, une nécropole, une ville,… Elles ne sont pas applicables à l’échelle de l’empire. Ce qui est applicable à tout l’empire ce sont certaines clés ponctuelles (parfois on essaie de faire une lecture générale avec cette clé et ça marche, mais ce n’est pas systématique – par exemple comparer les enterrements de Pommereoil et ceux d’Ephèse pour voir ce qui diffère ou pas, mais on ne fera pas « mort et enterrement dans l’empire ») . On se retrouve bien là-dedans en tant qu’archéologue car notre discipline est polymorphe. C’est une discipline en évolution permanente et rapide. On aurait donc du mal à vouloir faire une synthèse de tout. On est en train de mettre en place de nouveaux points de vue. Chouquer met en garde et dit de ne pas à nouveau faire « une grosse boîte » où met tout dedans. Certains lui reprochent de promouvoir un morcellement outrancier de la discipline. Pour sa part, il revendique ce morcellement car il permet de réajuster des sous-segments, d’hiérarchiser les priorités. 5 Archéologie des provinces gallo-romaines Il dit que les notions globalisante sont des cathédrales maintenant en vie des paradigmes sclérosants. Les outils de la recherche : bibliographie de base. Photocopie et diapo Perception et représentation de l’Occident : une image antique du Gaulois et de la géographie des Gaules. Une image antique du Gaulois Keltoi, Galli et Galates Retour aux sources antiques. On va voir comment les Grecs et les Romains percevaient les Gaulois. Les Grecs mentionnent les celtes pour la première fois à la fin du 6 e siècle BC (Hécatée de Milet). Le terme keltoi sera ensuite repris par Hérodote vers 430. Pour ce dernier, le Danube prend sa source dans le territoire des celtes. Les mentions à cette époque sont marginales et il n’y a pas de description ethnographique de ces peuples. Mais dès le 6e, il y avait déjà des contacts commerciaux entre la Méditerranée et les peuples intérieurs, via la colonie grecque de Marseille (600). Fin du 5e siècle, époque d’Hérodote, l’Europe est sujette à des migrations importantes de Gaulois, en particulier pour les Italiens à une installation des Gaulois en plaine padane (plaine du Po). Dès cette époque il y a des affrontements avec les Etrusques. Stèle funéraire, grès, fin 5e début 4e, Bologne, Nécropoe de Certosa/La Chartreuse, stèle funéraire : Représentation de lutte entre Etrusques et Gaulois. Des arguments philologiques semblent indiquer que les Celtes occupaient déjà les montagnes du nord de l’Italie au 6e siècle, juste au-dessus de la plaine padane. La fin 5e et le début 4e correspond à la fin des Etrusques dans cette région. Archéologiquement, on voit l’apparition de fibules de tradition laténienne. On suppose qu’il y a déplacement de population, puisque au même moment, en Champagne, on assiste à une disparition des grandes nécropoles laténiennes. Pour Rome, cela est reflété par des sources écrites : Denis d’Halicarnasse et Tite-Live, 387-86 : siège de Rome par les Gaulois. Il ne faut pas lire cela seulement sous l’angle de déplacements des populations. Les aptitudes guerrières des gaulois sont reconnues dans le monde italien et grec. Des combattants gaulois seront enrôlés comme mercenaires par divers pouvoirs dans toute la méditerranée (les Carthaginois, les Etrusques du sud, …) et divers tyrans (par exemple Denys de Syracuse – selon Xénophon, 371). C’est cette proximité-là qui est à l’origine des premières descriptions « ethnographiques » de Gaulois dans les sources Grecs. Par conséquent, ils sont présentés comme un peuple belliqueux et buveurs (Platon), courageux mais peu intelligents (Aristote). Le mouvement de population est plus général, du nord au sud, dans toute l’Europe (en Europe centrale aussi). Ce qui va créer à l’est des contacts conflictuels, par exemple avec le royaume de 6 Archéologie des provinces gallo-romaines Macédoine. Par exemple pillage du sanctuaire de Delphes en 279-8 par des Gaulois (selon Pausanias). Ce mouvement pousse aussi vers l’est, la Thrace, traverse les détroits et donc vers l’Asie Mineure : installation de Galates vers 280 BC en Asie Mineure, d’où des conflits avec les diadoques et ensuite avec le royaume de Pergame. Les sources ethnographiques au sens strict sont perdues. On en trouve quelques échos chez Polybe qui renvoie aux stéréotypes et aussi chez Tite-Live. Image du barbare, belliqueux, sauvage,.. Iconographie hellénistique du Gaulois On trouve écho de cette image dans l’iconographie : --Frise de terre cuite, Civitalba (Marches), Gaulois fuyant après sac d’un sanctuaire, début 2 e siècle BC. --Sculpture, Galate, et son épouse ?, copie de la fin du 1er siècle avant ?, marbre : ce groupe a été retrouvé dans les jardins de Salluste. César a vécu dans le même espace et donc ça fait peut-être aussi référence aux conflits entre Romains et Gaulois. A l’origine il était en bronze, produit à Pergame. Ça renvoie à la bataille vers 237 BC entre les Pergaméniens et les Galates. L’image stéréotypée de la littérature est reproduite dans l’iconographie. --Sculptures de guerriers gaulois blessés, groupe dit des « Petits Galates », groupe postérieur au précédent : L’original a été vu par Pausanias vers 140 AD à Athènes. Il nous dit qu’il a été dédicacé par un des roi Attale sur le mur méridional de l’acropole. Ça serait plus vraisemblablement Attale II, après un second affrontement entre Pergame et les Galates. Probablement une centaine de figures à l’origine. Donc ça devait être très impressionnant. C’est une image de propagande tellement forte qu’elle va déplaire aux Romains : ils vont reconnaitre l’indépendance des Galates, malgré la victoire de Pergame. Pergame devenait trop forte à leurs yeux. On possède diverses copies de ce groupe. --Soldat Gaulois, retrouvée à Délos : Son casque est au sol, il a un trou dans le cuisse droite (trace de flèche). Imitation de l’école pergaménienne mais on est plutôt vers 100 BC. Peut-être commémoration d’une victoire de Marius contre des Germains et des Teutons. Compléments d’infos sur ces images : Les Celtes, de S.Moscati. La Gaule dans les sources littéraires gréco-latine César, Cicéron, Pline l’Ancien et Tacite. Les sources grecques sont soit d’époque républicaine et impériales soit d’époque hellénistiques de Grecs dévoués à la cause de Rome (Polybe, Appien, Dion Cassius,…). Vers un renouvellement de l’exploitation des sources littéraires d’époque républicaine Contexte historique : Cisalpine, transalpine, Hispanic, via Domitia, campagnes de Marius Mise en contexte historique : « Histoire des Gaules », de Christine Delaplace et Jerome France, Paris, 2011. 7 Archéologie des provinces gallo-romaines Création des deux provinces d’Hispanie dès 197 BC (Hispanie ultérieure et Hispanie citérieure). Installation ancienne, au 2e siècle, dans la zone côtière de la France. Ensuite ils essaieront d’associer ce deux morceaux => construction de la Via Domitia par Gnaius Domitius Ahenobarbus . D’abord un épisode militaire puis création d’une administration, avec une ou deux générations entre les deux. Pacification par Ahenobarbus au 2 e siècle puis création de cette administration. Ce schéma occupation – administration se retrouve partout (c’est pareil pour la création de la Gaule cisalpine puis transalpine). Cette province transalpine sera appelée Gaule narbonnaise qu’à partir d’Auguste. Demande de Marseille, alliée vers 125 BC de Rome, et fondation d’une colonie en 122 à Aix-enProvence. En 118, fondation de la colonie de Narbonne, ce qui relie la partie espagnole à la partie française (avec la via Domitia). Il existe des contacts militaires antérieurs à Jules César. Il faut signaler une importante campagne de Caius Marius en Gaule. Vers la fin du 2 e siècle, des tribus germaniques, les Cimbres et les Teutons, traversent les Alpes et arrivent en Gaule cisalpine. A l’époque ils ne faisaient pas de différence entre les Germains et les Gaulois. Plutarque nous renseigne dessus. Marius était alors déjà victorieux de Jugurtha (Numidie), et il a mené des campagnes contre Mithridate. Il connait bien la Gaule transalpine puisqu’il y est questeur en 118. Il s’est marié à 18 à Julia Caesaris, tante de Jules César. Poseidonios d’Apamée (135-51) Il a fondé une école de philo à Rhodes vers 95 BC, une sorte d’université fréquentée par l’aristocratie romaine. C’est ainsi que Cicéron, Pompée s’y sont retrouvés par exemple. Il a rédigé une suite aux histoires de Polybe. Fragments et extraits qui seront repris par d’autres auteurs. On y trouve les premières descriptions ethnographiques de Gaulois de Gaule, puisqu’il a visité la Gaule transalpine. Il décrit leur caractère réceptif et courageux, leur audace et leurs certaines manières vaniteuse, leur passion pour les parures, leur obsession des honneurs, leurs habitudes des banquets, leurs croyances outre-terre, leur facile excitabilité, leurs prêtres, leurs bardes qui chantent les exploits des rois et seigneurs en vers improvisés. Importance de l’habitude de conserver comme trophées les crânes des ennemis tués à la société. Hiérarchisation de la société qu’on ne trouvait pas avant. On peut faire une lecture anthropologique de ce commentaire (renvoi à une mémoire orale avec les bardes par exemple). On peut tenter une lecture de la société. Cicéron de son coté rapporte le séjour d’un druide Eduen à Rome, Dividiacos. Il précise qu’il s’est entretenu avec lui => contacts directs entre intellectuels. C. Iulius César (100-44) et les Commentarii de bello Galice Généralités Homme politique avant d’être général, famille de politiciens, grand pontife en 63 BC, consul en 59, rapport très fort avec les militaires à travers des lois agraires permettant aux familles italiennes d’exploiter les terres de l’état et de migrer dans les villes coloniales en Espagne, Afrique du nord et Gaule méridionale. Il est proconsul de l’Illyrie, des Gaules cisalpine et transalpine. Pour démythifier le texte de César il faut le lire. Justification de son action, se veut une présentation 8 Archéologie des provinces gallo-romaines objectivée, texte rhétorique. Pas de description des populations ou de la géographie. Si cela apparait, c’est pour mettre en exergue la clémence, l’intelligence, les qualités de César. Langue extrêmement simple, de terrain. Données brutes à propos de la guerre des Gaules. Sorte de mémoire, compilation de notes, rapports adressés au sénat. Il les a compilés en 52-51 à Bibracte. Le 8e livre a été complété par un de ses proches. Le plus ancien manuscrit que nous possédons date de l’époque carolingienne. Il y a donc un grand décalage par rapport à l’original. Deux moments forts dans le texte : - Campagne conter les Belges et bataille contre les Nerviens en 57 BC - Récit de la révolte de l’arverne Vercingétorix en 52, défaite de Gergovie, victoire Alésia et reddition du chef gaulois Les sources de César : Probablement des rapports internes. Peut-être dette à Poseidonios : pour certains, les digressions ethnographiques proviennent de Poseidonios et alors César est une source secondaire. Pour d’autres, rien de Poseidonios ne transparait chez César… Lecture ethnique : Gaulois et Germains Dans le livre 6, il fait une description comparative des Gaulois et des Germains. Première fois qu’on les sépare dans les sources. Il dit que les Germains sont sous-civilisés et ne pratiquent même pas l’agriculture. Ils sont fondamentalement barbare car très au nord. Cela s’explique par la non nécessité de les intégrer dans le monde romain (ils sont très différents, c’est un autre monde, on s’arrêt là). Pour l’origine des Belges : il y a sur les deux rives du Rhin une population celte et non une frontière ethnique et linguistique claire. Les Belges sont selon lui pour la plupart d’origine germanique et il y a des Germains à l’ouest du Rhin. C’est donc mélange, avec une sorte de zone mixte, côté Luxembourg (Trévires). Lecture religieuse : construction d’un panthéon unitaire Description unificatrice et il génère une interprétation abusive. Livre 6. Il traite des dieux, des druides, et évoque des sacrifices humains. Ces thèmes paraissent empruntés aux sources hellénistiques, mais le passage sur les dieux parait totalement original. Sa description décrit en fait els dieux romains. Elle ne reflète pas la multiplicité du panthéon et des pratiques gauloises. Mais il tient à donner une image unifiée dans l’idée qu’ils sont proches de nous à ce niveau de sorte à ce qu’on puisse facilement les intégrer. Il est illusoire de chercher un dieu gaulois derrière un dieu romain. Il y en a autant qu’il y a de tribus gauloises et de cités. Pour la religion, il vaut mieux se tourner vers Cicéron, 67-69, dans le Pro Flaco : il y a autant de religions que de cités. La représentation de César de la religion gauloise peut être lue comme celle de l’identité germaine (Les Germains sont barbares et éloignés, les Gaulois sont proches et donc intégrables). Lecture sociale : reflet de l’opposition romaine populares/optimales Il évoque assez systématiquement les relations entre la masse et une aristocratie gauloise qu’il décrit comme étant en perte d’autorité. La Gaule est lue à Rome à travers le conflit, à Rome, entre les optimates et les populares (Ils voient tout à travers le filtre de cette lutte). C’est cette opposition qu’il translate dans le monde gaulois. 9 Archéologie des provinces gallo-romaines Par ailleurs, il oppose deux types de Gaulois : ceux qui sont alliés depuis longtemps aux Romains et avec qui ils commercent, et ceux qui s’opposent à cette alliance. Si Rome se retrouve en Gaule, c’est parce qu’elle se retrouve dans un conflit gaulois suite à son alliance avec certains d’entre eux. Lecture anthropologique : segmentarité, définition d’une élite, médiation du religieux Cette lecture est la plus contemporaine. Il existe une nouvelle manière de lire César : Stéphane Verger (cf. pp). Il a tenté de mettre en parallèle la société telle qu’elle est décrite par César et des enquêtes ethnographiques contemporaines sur des sociétés tribales. Dans le livre 6, César décrit : toutes les cités, tous les cantons, et fractions de cantons, même toutes les familles, sont divisées en partis rivaux. Les hommes qui ont le plus de crédit sont à la tête de ces partis. Il décrit donc une société très morcelée avec une autorité à chaque morceaux. => Unités, différents niveaux, qui paraissent fonctionner de la même manière (ce qu’on appelle société segmentaire en anthropologie). Cette société est traversée par des conflits. Des hommes sont à la tête de ces noyaux et dominent les institutions. Oppositions transversales entre ligues rivales. L’honneur individuel et collectif caractérise cette société avant l’annexion. On a des témoignages de la segmentarité dans les nécropoles de la Tène avec des regroupements par famille/tribu. Institutions ? Sans doute des conseils réunissant des hommes d’expériences ayant atteint une forme d’autorité par une spécialisation des domaines de compétence. Il suppose que ces autorités s’expriment à travers des repas communs. César signale l’équivalent d’un sénat et évoque des charges particulières, l’équivalent de magistratures, en particulier chez les Eduens. La structure générale est probablement partagée vu qu’il y a plein d’unités différentes. La détermination des responsabilités se fait en tout cas dans des lieux précis et à des dates fixes. C’est là qu’interviennent les prêtres, chargés de valider les décisions à travers une ritualisation. César évoque par exemple une réunion exceptionnelle entre les cités (Vercingétorix) avec une cérémonie donnant « le plus sacré des liens ». La composition des unités segmentaires évolue dans le temps. Et les groupes se déplacent (cf les Helvètes et Bibracte, ou encore les Eburons qui vont « se confier à des peuples qu’ils ne connaissaient aucunement »). Ces déplacements sont difficiles à appréhender par l’archéologie. Verger tente ensuite de caractériser les élites. Trois aspects : - L’art de l’éloquence, du propos - Une forme de générosité, avec les grands banquets qui instituent un rapport de clientèle et de dépendance - Capacités militaires (logistique, peuvent déployer rapidement des moyens) On retrouve ces aspects partout dans le texte de César et on les retrouve aussi dans l’archéologie. Ces contraintes supposent qu’ils ont des moyens largement au-dessus de la moyenne et des alliances entre eux. Politique matrimoniale. La mobilisation d’une clientèle entraine la présence d’une clientèle rivale. Médiation par le religieux, qui revient aux druides. La médiation ne peut intervenir que par une autorité qui échappent à ce qui constitue la cohérence de cette société, qui soit hors du lot. Le religieux permet de faire ça. César oppose clairement les druides aux grands chefs locaux. 10 Archéologie des provinces gallo-romaines Ils servent de jugent et tranchent dans toutes les affaires, que ce soit entre états ou entre particuliers. Tacite (58-120) et La Germaine (De origine et situ Germanorum) Il écrit un texte à la fois à caractère politique (les germains posent problème à Rome) et à caractère ethnographique. Il oppose l’organisation et les pratiques sociales des germains à celle des romains. Ils montrent comment ils sont différent tant en tant de paix qu’en tant de guerre. C’est à l’occasion d’une discussion sur les germains que Tacite évoque la ville de Tongre, les Tongres sont des germains qui ont traversés le Rhin. Qu’à l’origine le terme désignait seulement une peuplade puis qu’avec le temps c’est devenu la race entière. A l’occasion Tacite se fait archéologue, il évoque une possible présence d’Ulysse en Germanie à travers un site sur le Rhin qui aurait été fondé par Ulysse (étymologie farfelue) car on a retrouvé à Assiburgium un autel à Ulysse et mentionnant son père Laerte. Cela renverrait à une tradition grecque qui veut qu’on place des autels à la limite du monde connu (cfr. Colonne d’Hercule à Gibraltar, mention d’Hercule jusque’à la mer rouge, etc). Il évoque aussi des tumulus avec des inscriptions grecque entre la Germanie et la Rhétie (Bavière). L’alphabet grec est utilisé par les Helvètes et les Etrusques du sud de la Rhétie. De toutes évidences, Tacites utilise des sources écrites qu’on ne peut identifier. D’un point de vue ethnographique, les germains pratiquent l’agriculture et l’élevage ce qui est contraire au témoignage de César. Mais il utilise César (28.4) en parlant des Trévires et des Nerviens qui se revendiquent être germaniques et non gaulois. Représentation mentale des Gaules • Géographie romaine des Gaules Strabon a créé une division romaine. L’océan atlantique se trouve au nord car le monde est rond. Dans l’océan se jette des rivières (Rhin, Loire, Senne, Garonne). On a donc une vision de bloc estouest à l’époque et les rivières définissent des territoires naturels. Et donc les pays traversés par les territoires sont : Au nord : la Belgique Au centre : la Lyonnaise A l’ouest : l’Aquitaine Cette Gaule est celle que l’on se représente avant l’arrivée de César. Pline l’Ancien renouvelle la description de la Gaule. Il nait en 23 et meurt en 79 et participe en 47 à 24 ans à des campagnes militaires romaines contre des peuples des mers baltiques (Chaux ?). Son neveu nous dit qu’il a écrit une histoire des peuples germaniques en 20 livres, qu’on a perdu mais cité par Tacite. Sous Vespasien, il est procurateur (= ministre) de la Gaule Narbonnaise et de l’Hispanie. En 74, il visite la Gaule Belgique. Histoire Naturelle, 4.31 La Gaule est divisée en 3 peuples séparés par les fleuves. La Belgique de l’Escaut à la Seine. De la Seine à la Garonne, la celtique ou la lyonnaise. De la Garonne à la chaîne des Pyrénées, l’Aquitaine, 11 Archéologie des provinces gallo-romaines ancienne armorique. Au delà de la Belgique, on a les Toxandres (divisés en plusieurs peuplades) puis les Ménapiens (Flandres). Ensuite, il énumère les peuples en suivant la côte et ensuite il remonte dans l’intérieur des terres. Il faut se méfier des cartes car elles ne tiennent parfois pas compte des textes. On a certaines cartes oubliant que la Gaule Chevelue correspond à tout, que les Helvètes ne sont pas tous en Gaule Belgique. Certaines cartes peuvent être utiles car elles montrent la topographie ce qui permet de comprendre les divisions entre les peuples en fonction du reliefs. On justifie donc l’occupation du territoire par des populations différentes en fonction de ce même territoire. La capitale de la Gaule Belgique est Reims. Sous Dioclétien, la Gaule Belgique va être divisée en 2. C. Le monde celtique 1. La société celte avant l’annexion : quelques apports de l’archéologie. Amélioration des techniques agricoles On observe à la fin de l’époque laténienne (160-150) une évolution radicale des pratiques agricoles. Les progrès de l’outillage de fer, plus performant que le bronze, à pour conséquence le perfectionnement de l’outillage agricole au 2e-1er siècle de notre aire. Par exemple, on a le socq et on a l’apparition de nouveau outils comme la faut. Les échanges avec la Méditerranée explique sans doute l’apparition de la meule rotative. Au point que des fabriques de meules gauloises apparaissent avec une exportation. Les pallinologues et carpologues identifient des séries d’espèces tant animales que végétales. On a des progrès dans les techniques agricoles comme Pline nous l’évoque : fumure, chaulage, marnage (Histoire Naturelle, 17 : 6-42, 7-43, 8-47). On observe une augmentation proportionnelle des monocultures au détriment de parcelles où sont exploitées plusieurs céréales (on regarde les crottes de chèvres qui donnent l’éventail de ce que la chèvre mange après les moissons). Ceci va de pair avec une augmentation de la population et par conséquent une augmentation des surfaces exploitées ce qui a un impact sur l’alimentation du bétail par le développement des fenaisons (on a suffisamment de foins pour nourrir les animaux pendant l’hiver). On a une augmentation quantitative et qualitative, animaux à plus de chair et muscle donc plus de force, des races ovines et bovines. Les animaux sont des animaux de bas et de transports. On a une augmentation des espaces de stockages avec des silos semi-enterré, et des greniers sur pilotis. On utilise aussi le sel qui est une ressource utilisée dans l’alimentation, le traitement du métal, dans le textile. Au pays des oppidums … À l’augmentation de la population succède entre 130-100 une densification de la population. Cette densification se manifeste à travers l’apparition de grosses fermes entourées de fossés et de palissades qui réunissent des fonction d’habitats, d’artisanats et d’exploitations agricoles. Le sud de la Gaule devient romain et est en échange et interaction culturel et économique avec Rome et évidement les fleuves servent de routes entre le sud et le nord, le long de l’axe Rhône-Sôane qui se prolonge Rhône-Rhin mais aussi vers l’ouest avec la Garonne et la Seine. Les échanges sont plus fort côtés sud que côtés nord avec les autoroutes fluviales traversant ses territoires. 12 Archéologie des provinces gallo-romaines Généralité Un oppidum est tout endroit fortifié. On retrouve ce mot chez Cicéron et chez César. C’est un type d’habitat très caractérisés généralement établis sur un éperon et le témoignage d’un rapport privilégié entre une aristocratie foncière qui possède la terre et une population qui se passe sous sa protection (/!\ Modèle médiéval /!\). C’est en tout cas un espace de représentation politique et identitaire, il s’y passe quelque chose concernant la gestion d’une population/d’un groupe élargit. Se développe des oppidums particulièrement présent en Gaule centrale, on a là un type médian entre la ville romaine au sud et une zone sans oppidum au nord. C’est un espèce de moyen thème entre l’urbanisme méditerranéen et des habitats peut-être structurés autour de chefferie/organisés autour d’unité tribale, c’est ce que César définit comme balus : entité d’habitat dans un territoire qui peutêtre dominé par un groupe. Cfr. oppida.org Il est intéressant de noter que la limite nord des oppidums et la limite nord des importations d’amphores républicaines se superposent presque ce qui fait supposer qu’il y a une relation entre les deux. Autrement dit au laténien récent (120-100bc) on est loin de la forêt sauvage, du monde désorganisé décrit dans les manuels scolaire. Au nord de la Somme (Gaule du Nord), on a retrouvé une cinquantaired’oppidums. Ils sont plus ou moins grand qui vont de quelques ha à 140ha pour celui de Condé chez les Rèmes (Reims). Ona donc une organisation du territoire, un réseau de routes, des défrichement massifs, un commerce fluvial et bien entendu des développement différenciés entre les régions. Ainsi la taille et la distribution des oppidums diffèrent à l’est et à l’ouest de la Gaule du nord. Ils sont plus anciens et plus développés à l’est chez les Trévires, les Rèmes qu’à l’ouest chez les Bélovaques/Ambien/Atrébates. Un exemple chez les Trévires : le Titelberg Cet oppidum se situe à la frontière entre la Belgique et le Luxembourg. Il est occupé à partir de la fin du 2e siècle bc et qui semble transformé en oppidum à partir des années 80-70bc. Il est ensuite transformé en village à l’époque gallo-romaine (schéma fréquent). Il s’agit d’un promontoire d’une cinquantaine d’ha, situé à 400m d’altitudes et domine une vallée d’un affluent de la Meuse. Si on recule un petit peu plus généralement, il est situé à l’intersection de 2 grands axes fluviaux : RhôneSoane et Moselle-Rhin. Par ailleurs, on y retrouve des gisements de minerais de fer largement exploités jusqu’au 20e siècle. Il s’agit d’un espace symbolique dans lequel se reconnait une population. Il existe probablement une hiérarchie des oppidums : certains rallie la population de sous-territoire et certains fonctionnent à une échelle beaucoup plus grande. Il est entouré d’un rempart de 9m de hauteur conservé par endroit et protégé par une levée de terre de 50m de large à sa base. Il comprend 4 ou 5 systèmes de fortifications consécutifs dont 3 remontes au 1er siècle bc. Le site va connaitre un développement au moins économique durant le 1er siècle bc et la présence de minerais n’y est pas étrangère ce dont témoigne des frappes monétaires avant, pendant et après la Guerre des Gaules. Description Le Titelberg se divise en 2 espaces : un grand habitat groupé au nord-ouest et un espace publique au sud-est, tout deux séparés par un fossés. L’habitat est visible par les fosses, trous de poteaux, puits, etc. La division en 2 espaces est contemporaine de la construction d’une forteresse en dur avec 2 accès monumentalisés qui remonte au tout début de l’oppidum (fin 2e siècle bc). Le fossé entre les 2 espaces n’est pas défensif mais surement symbolique. Les prospections géo-magnétiques ont démontré l’absence totale d’habitat dans la zone sud-est. On y voit dont une place pour les 13 Archéologie des provinces gallo-romaines manifestations publiques et religieuses. Dans ce grand espace ouvert, il y a un sanctuaire. On a dans ce sanctuaire la typologie du fanum (temple typique gallo-romain). On a des palissades et d’autres bâtiments. La partie la plus ancienne (gris foncé) date du 1er siècle bc et sont des petits fossés parallèles qui sont la fondation de palissades formant de long couloirs de 5m de large aboutissant au nord. Ces couloirs sont des espaces de votes (on en retrouve à Rome où les citoyens votaient par tribus civique) similaire à ceux du domaine italique. Il semble que ces palissades soient amovibles et l’espace était jonché de millier d’ossements d’animaux piétinés qui seraient des résidus de banquet. On a là un espace d’expression politique dans les années 80-70bc. D’autres oppidums présentent aussi cette structure. Vers le milieu du 1er siècle bc, on a une construction dont les trous de poteaux sont visibles (noirs) qui est une halle en bois à 3 nefs de 15m x 14m. Dans l’axe médian se trouve une fondation de calcaire entourée de foyer dans laquelle on reconnait un autel. À proximité, on a retrouvé 2 colonnades à proximités desquelles, des crânes humains ont été découvert : on pense à des trophées, on a aussi trouvé des fibules, des armes miniaturisées, des fragments d’armes (bouclier). On a pas vraiment une cella mais on a un autel, les foyers témoignent de l’introduction de sacrifice par le feux ce qui n’est pas proprement romain. On a donc un espace ouvert avec des sacrifices publics. Cela fait songer à un plan basilical qui pour le coup parait très italien et républicain. On sait que cette basilique est peut-être un espace commercial dont les ossements d’animaux qui y sont retrouvés sont majoritairement des bovins (80%) sans doute consommé sur place mais aussi quelques animaux exceptionnel (ours, vautour). On a des témoignages d’activités artisanales autour de la peau et de la corde qui montre une exploitation des bovins. La lecture proposée actuellement est l’existence de foires commerciales qui se seraient tenue dans cet espace ouvert combinée à des fêtes saisonnières de nature religieuses (// panhégérie). À saison fixe, on vend des animaux et on en profite pour des échanges sociaux et matrimoniaux. On a une phase assez longue d’occupation suivant les modèles que l’on vient d’évoquer. Entre 25 et 50, une grande plateforme calcaire remplace la halle avec un espace de crémation. L’autel serait donc déplacé. Dans la 2e moitié du 1er siècle, l’autel est remplacé par une halle en dure intégré dans un espace séparé d’un mur et le fossé séparant la partie publique et habitat est comblé. On a donc une recréation de l’espace religieux, on restitue le prototype ancien en bois en pierre. Au début du 2e siècle, l’espace est véritablement transformé en fanum. Le site est détruit vers 260 et survit quelques décennies et est à nouveau détruit. Culture matérielle À partir des années 30bc, on observe une importation significative d’ustensiles et de céramiques méditerranéennes qui mettent fin au production de la Tène et en particulier on voit cette transformation assez radicale à travers des tombes aristocratiques retrouvées à Gobelange-Nosfeldt. Ce sont 4 petits tumuli (40cm au moment de la fouille) sur des fosses funéraires. Ce sont probablement ceux de 4 individus séparés et différents Les tombes B et D contiennent de longues épées ajourées Les tombes C et D sont des inhumations ajourées La tombe A présente un glaive romain proto-augustéenne et un mélange de matériel celte tardif avec du proto-augustéenne. Cette transition entre les deux est perceptible dans les fouilles de l’habitat du Titelberg mais également dans des nécropoles avoisinantes. On a donc du matériel caractéristique de la Tène finale 14 Archéologie des provinces gallo-romaines et ensuite du matériel romain. Ce qui est intéressant c’est de comprendre le décalage entre l’arrivée du matériel romain en 30bc et la transformation des espaces. L’un n’induit pas l’autre, le Titelberg garde sa propre culture, sa propre organisation pendant un certains temps du points de vue des rituels et l’espace politique disparait au profit d’une forme romanisée : le fanum Pour une archéologie des rituels L’archéologie du rituel intervient soit dans des espaces religieux soit dans des espaces politiques car les 2 sont liés. Gournay-sur-Aronde C’est un sanctuaire de frontières à l’est de Bauvay à mi-distance entre Amiens et Reims. Ce sanctuaire est l’un des sanctuaire gaulois les plus anciennement fouillés. C’est un site phare pour la compréhension de la Gaule. On est à l’intersection entre divers peuplement d’époque gauloise ce qui lui justifie le terme de sanctuaire de frontières. Vers la fin du 3e siècle bc, on observe une petite installation sur un versant d’une vallée assez basse, tourbeuse et marécageuse qui n’est pas une fondation ex-nihilo mais émanant d’un petit site fortifié du second âge du fer situé plus en hauteur. Une partie de la population s’installe plus bas. Associé à cet oppidum, on a un petit sanctuaire matérialisé par un petit enclos à une divinité locale. Cet enclos est ré-approprié par de nouveaux habitants. On a donc maintenant un grand enclos quadrangulaire de 38x45m situé dans une vaste terrasse alluviale. Un enclos est un espace sacré et isolé (// conception méditerranéenne) échappant au commun. Les sources grecques évoquant les sanctuaires gaulois parleront de téménos. L’espace est matérialisé par un mur de bois et de torchis flanqué de 2 fossés de part et d’autre. L’espace est orienté et on y accède du côté oriental par un porche et une passerelle. Ce porche présente 2 états successifs, l’un à 6 pieus et l’autre à 8, on suppose qu’il était surmonté d’un étage et peut-être d’un toit. Cet assez extraordinaire car on a là un véritable propylon évoqué par Strabon d’après Poseidonios qui précise qu’on y exhibait des crânes humains (dent retrouvées en fouilles) de même que des crânes de bovidés ainsi que des armes et des équipements militaires (// propylée de Pressente du sanctuaire d’Athéna). On a donc dans le domaine gaulois, un trophée militaire à l’image de ce qui se passe en Méditerranée. L’intérieur de l’enclos est un espace ouvert partiellement occupé par des arbres et des arbustes (// Latium : description de sanctuaire de même type avec bois sacré). Le reste de l’espace est vide et permet d’accueillir des dévots dont un des rituels est sans doute le banquet commun. Au centre de l’enclos, prend place une grande fosse accompagnées de 9 fosses périphériques (milieu 3e siècle bc = phase 2). Il s’agit d’un autel archaïque un peu similaire au potros grec qui est un autel en creux/une fosse creusée dans le sol et donc d’une dévotion au divinité chtonienne : règne animal ou végétal ou protection des morts. Qui dit autel, dit sacrifice dit donc banquet. Les hommes et les dieux sont associés dans un repas et le repas est aussi l’espace premier de socialisation. Le repas est le lieu d’échange communautaire par excellence et donc le banquet est le lieu d’échange du groupe. Il est probable que c’est ce qui explique les petits foyers autour du potros. L’autel en creux est dans un premier temps à ciel ouvert et ensuite au début du 2e siècle bc, il est protégé par un dais soutenus par 11 trous de poteau. On aurait donc un petit bâtiment à toiture à double pan pour protéger la fosse. Le bâtiment est remplacé par un autre durant la seconde moitié du 2e siècle et sera détruit vers 125bc. Ce qui est important c’est que ce sanctuaire se caractérise par l’absence de naos, on n’a pas d’espace pour la statue de culte car elle n’existe pas. On ne connait pas de représentation de divinités gauloise avant le 1er siècle bc et forcément elles apparaissent dans le sud. On a retrouvé 15 Archéologie des provinces gallo-romaines quantités d’armes rituellement détruites et de toutes évidences offertes à la divinité comme on lui offre les trophées. On en a retrouvées plus de 2000 dont 300 panoplies complètes. Elles étaient exhibées puis une fois tombées au sol, rituellement détruite puis jetées dans le fossés extérieurs. Par rapport au sacrifice, on ne sacrifie que les espèces domestiques car les animaux sauvages relèvent du divin. On retrouve des agneaux et porcelets qui sont consommés dans l’enceinte, on offre sans les consommés des bovins et peut-être des chevaux que l’on enfuit dans des fosses. Le sanctuaire aurait été abandonné pour une raison de déplacement de population ou pour la création d’un autre sanctuaire près de là, on abandonne entre 125 et 50bc. Entre 50 et 30bc, on construit un véritable temple en matériau partiellement non périssable. On a une cella dont la base est réalisée en dur et une colonnade périphérique en périssable. On a donc une logique de pro-naos qui apparait. Il faut attendre le bas empire (4e siècle) pour qu’un fanum soit construit. Le site est occupé jusqu’au 5e siècle. C’est la situation dans l’espace à la frontière entre les territoires de plusieurs tribus (Belovaques, Ambiens, Piromenduens) qui semblent expliquer le sanctuaire. On y voit une marque d’appropriation du territoire par les Belovaque avec l’exhibition de trophées. Ce cas-ci est un apport assez spectaculaire de l’apport de l’archéologie au rituel gaulois. Ribemont-sur-Ancre Ce site a été repéré dans les années 70 par photographie aérienne, il a ensuite été fouillé et on a découvert toutes une agglomération, le secteur étudié est le secteur ouest. Le point de départ pour l’étude des vestiges est l’auteur hélien, grec du 2e-3e siècle ac, compilateur qui écrit des histoires variées et encyclopédiste. Il utilise des sources multiples et sa citation renvoie peut-être à Poseidonios d’Apamée. Il nous apprend que les Celtes érigent des trophées sur le champ de bataille par la construction d’un monument et c’est ce qu’on retrouve ici. Sur 1ha (= 100x100), on a un enclos avec une palissade limitée par 1 fossés dans lequel on a retrouvé des milliers d’armes et des dizaines de milliers de fragments osseux dans divers contexte : soit errant, soit en tas dont la base est constitué d’os humain ou de chevaux alignés de façon à s’entrecroiser. Lors de la fouille, on a conclu à des ossuaires mais qui sont des lieux de stockages temporaires pour des ossements avant débitage, on a retrouvé de véritables aires de débitage. Les fragments osseux sont brûlés et les cendres sont enfuies. On a donc retrouvé toute la chaine opératoire sur cet hectare. Tout ceci date de la fin du 3e siècle bc. On a retrouvé un autre cas de figure en dehors du fossés de l’enclos qui sont des ossements et des armes en connections ressemblant à des corps abandonnés sur le champ de bataille. On a identifié plus d’une centaine d’individus qui sont des hommes entre 16 et 40 ans dont on ne dispose jamais du crâne car ils auraient été décapité à peu de distance (fragments de crânes). La position de chûte des ossements nous dit qu’ils ont été exhibé décapité et on identifie au moins 500 individus mais il y en avait probablement beaucoup plus car les gisement épars témoignent seulement des déchets de tailles. On identifie ici, des rituels successifs : exposition de la victime sans son crâne, offrande du crâne, traitement, incinération et enfouissement. Il s’agit d’un monument militaire à fonction honorifique mais c’est là aussi un espace consacré car il y a un enclos limité par un fossés et donc une partie du butin est consacrée à la divinité. Dans le charnier, on a retrouvé certaines bourses contenant des monnaies d’or permettant d’identifier les victimes, cette monnaie circulait chez les Sèglement et les Néburoïs, la conclusion historique suppose que les vainqueurs sont une population 16 Archéologie des provinces gallo-romaines belge fraichement arrivée dans la région. Le sanctuaire est entouré de halles aux parois de bois. On n’a retrouvé aucun autel creux et aucune trace de sacrifices animals avec enfouissement mais seulement quelques offrandes d’armes courant 2e siècle bc. Au 1er siècle bc, un nouvel enclos est construit au sud du premier également limité par un fossé mais peu fouillé, il a livré des témoignages de banquet (amphore + ossements de porcs) ce qui laisse supposer à un lieu de réunion politique à côté du lieu sacré. Le plus surprenant est que l’on a opposé une couche de remblais comprenant des charbons de bois datable au années 30-40bc corroboré par des monnaies. Cette couche recouvre des vestiges gaulois de manière volontaire, c’est une fermeture voulue et rituelle du site. Les métaux précieux ont été récupérés et les bâtiments démontés (ferrures disparues), les bois sont récupérés et brûlés et les cendres sont répandues sur le site. L’enclos sacrés est nivelés par des apports de terre provenant de l’enclôt sud, on chamboule l’espace politique. Celui qui est à l’origine de la fermeture est donné par l’archéologie car on a retrouvé des éléments d’armements de légionnaires romains et de l’armements indigène ce qui est confirmé par les trouvailles monétaires aillant les mêmes qualités. On suppose donc que cette fermeture a été effectuée par des gaulois auxiliaire dans l’armée de César. On rapproche cela d’un évènement de la guerre des Gaules où après le conseil des Gaules de 54, l’armée prend ses quartiers d’hiver, 53, à Amiens (18km). À la suite de ce conseil, César entame des campagnes contre les Nerviens et les Trévires avec l’appuis de cavalier gaulois. On se demande donc si ce ne sont pas des auxiliaires locaux revenus au pays après avoir été dans nos régions. Le trophée gaulois est donc devenu politiquement obsolète et est remplacé par un nouveau lieu de culte au caractère romain (édifice 15) avec une plateforme, un portique. Les dimensions sont celle de 14x15m. Au centre, on a retrouvé une surface en craie avec 8 négatifs de poutres alignées et destinées à supporter le plancher de la cella. Ceci est radicalement neuf dans la région et on se demande si cette technique n’a pas été apportée par les auxiliaires gaulois du sud de la Gaule dans nos régions. Au début du 1er siècle ac, l’espace est transformé de manière radicale avec une colonnade de pierre. Petit à petit l’espace est de plus en plus monumentalisés. Ici, on a une rupture typologique radicale : on passe de quelque chose sans naos avec quelque chose avec naos. Interactions commerciales et culturelles entre monde celte et méditerranéen avant l’annexion. Inversion du paradigme routier. Marseille est une fondation phocéenne (Phocée se trouve en Turquie). Phocéen est déjà une colonie qui souhaitent relancer la colonisation vers l’ouest. Marseille est au 6e siècle un emporium et veut lancer le commerce vers le nord et l’ouest. Elle fait aussi du commerce de minerais avec l’Espagne, avant l’établissement de Rome lors de la 2e guerre punique (218-201). Un autre minerais stratégique est l’étain qui provient de Grande-Bretagne. Les marseillais ont fait des tentatives pour explorer l’Atlantique par Gibraltar (relaté par Pithéas - 480430bc - qui écrit des textes sur des territoires gelès). Strabon le relate et dit qu’il est un affabulateur. Toutes cette circulation est bloquée par les comptoirs phéniciens qui nécessitent donc la mise en place de réseaux terrestre : Rhône - Saône - Bourgogne - Seine (ce trajet prend 30 jours de cheval Diodore de Sicile). Rome ensuite essaie de prendre cet axe terrestre à son compte qui est défendu par les Eduens alliés du peuple romain. L’autre possibilité est de doublé cet axe par un axe passant par la Garonne, ce que Strabon appelle l’isthme gaulois. L’axe sud fonctionne bien jusqu’au BasEmpire. 17 Archéologie des provinces gallo-romaines Le commerce massaliote et les alignements monétaire Qui dit commerce dit monnaie d’échange qui est la dragme d’argent massaliote (5e-4e) qui sera remplacée à la fin du 3e siècle par des divisions en bronze correspondant à la livre romaine/une division de la livre romaine. Ce n’est pas banal car cet alignement témoigne de la nécessité de facilité les transactions entre ces 2 pôles qui sont concurrents au départ et qui petit à petit deviennent partenaires. La monnaie massaliotes est très utilisées en Gaule Méridionale et imitées par d’autres populations dans d’autres régions. Cet imitation nous montre que certaines cités gauloises vont chercher leurs modèles ailleurs comme en Macédoine, à Tharentes (nos régions). Tout le monde n’a pas spécialement envie de s’aligner sur le modèle massaliotes, on veut montrer une identité différentes. Au 3e siècle, les monnaies gauloises ne quittent pas le territoire qui les émets et donc on sait quel est le territoire de chaque cité. Les monnaies d’or gauloise disparaissent petit à petit et sont remplacées par des monnaies d’argent s’alignant sur les monnaies méditerranéenne et on a les divisionnaire de bronze qui s’alignent sur la dragme massaliotes elle-même alignée sur le modèle du denier romains. Cela est particulièrement vrai pour les Eduens, les Séquanes et … . Cela témoigne des partenariats commerciaux des premiers siècles avant Jésus-Christ. Les amphores sont un point de concurrence entre Marseille et Rome vers 150-130bc car les produits marseillais sont remplacés par des vins italiens dans l’arrière pays de Marseille puis au-delà. De 130 à 30 bc est produite une amphore sur la côte Tyrrhénienne que l’on appelle la Dressel 1 qui a une forte parenté avec des amphores greco-italique (on est dans le même monde mais avec des origines différentes). La Gaule est envahie par du vin campaniens, étrusque et … dont les territoires appartiennent à de grande famille romaines. Ces amphores se retrouvent d’abord dans des habitats aristocratique mais assez rapidement, elles sont diffusées dans des établissement moins prestigieux et jusque dans des établissements agricoles. Ce commerce profite à l’élite locale gauloise. En contrepartie du vin, on donne sans doute du minerais et sans aucun doute des esclaves. Ainsi la présence de dizaine de milliers d’amphores Dressel 1 à Châlon-sur-Saône prouve que c’est une plaque commerciale. Les prospections ont révélés une densification de l’habitat rural de l’âge du fer qui constituent une base pour l’établissement des villas romaines (une tout les 2km). Il s’agit de ferme réunissant plusieurs bâtiment dans un enclos, la culture tend à devenir par endroit intensive et permet d’envisager une production de surplus ouvrant par conséquent la campagne sur des marchés extérieurs qui peuvent être des proto-agglomération. Les progrès dans les cheptel dû potentiellement à l’importation de nouvelles races … au 2e bc. On a une apparition d’exploitation liée à l’exploitation du minerais en particulier près des fleuves pour le transport : Rhin, Danube et aussi en Gaule comme au site de Levroux. Ces sites sont des sites de productions de masses dépassant largement l’échelle locale qui entretiennent un commerce inter-régionnal L’inversion du paradigme routier Cet amélioration des techniques et le développement démographiques inclus le développement d’agglomération ouvertes qui ne sont pas des oppidums. Au milieu du 2e siècle, on a un phénomène généralisé, qui consiste en l’établissement sur une colline d’un site fortifié (fondation ex-nihilo ou reprise d’une ancienne fondation). On a un murus gallicus qui est une agglomération de bois et de pierre. Ces sites sont en retrait des axes de circulations fluviaux et donc le réseaux est assez denses avec une hiérarchisation possible entre de petites oppida située à l’intérieur d’un bagus et de grandes agglomération qui ont un caractère fort au niveau national. On a l’idée toute simple qui veut qu’à partir d’un moment où on a de grandes agglomération il y a un réseau de routes qui est déjà existant et donc le réseau romain s’y superposent mais avec un objectif militaire. On a donc 2 18 Archéologie des provinces gallo-romaines réseaux en parallèle, le réseaux celtique et le réseau romain. La présence des oppidums signifie qu’il y a un projet collectif, un souhait de gestion de la chose commune et donc la constitution probable d’une aristocratie terrienne. Cette aristocratie sera le pôle agissant d’un commerce, elle peut être interrompue par l’annexion ou poursuivie. Des raisons macro-économiques et démographiques justifient un bouleversement mais de fait, on observe ce phénomène qui est généralisés en touchant un peu moins nos régions et les régions plus septentrionales dans lesquelles il y a de plus petits oppidums à l’exception du Tittelberg. L’organisation en oppidums et les échanges sont moins marqués dans la partie occidentale et septentrionale de la Gaule. Des peuples sont indifférents à cela, d’autres sont en migration et d’autres encore sont des alliés de Rome. Les vaisselles locales sont aussi différenciées (à boire, etc) et accompagnent l’évolution des pratiques. On observe par rapport aux amphores vers 50bc un effondrement de ce commerce. Au moment de l’annexion, ce marché s’effondre car les réseaux commerciaux sont perturbés par la guerre, que les populations sont déplacées (certaines sont rayées de la carte), le rôle des élites locales est supprimés et la Gaule devait aussi être soumise à une fiscalité changeant la donne. On a la nécessité de reconstruire autre chose ce qui se fait à partir d’Auguste, on a une période de crise sous César, où on observe l’apparition d’autres produits témoins d’autres réseaux : vin d’Adriatique, de l’huile d’olive de Gaule méridionale. Il y a visiblement un changement de pôle à une échelle très large qui est induit partiellement par un nouveau marché gigantesque qui tiendra pendant 2 siècle et demi qui est celui des militaires établis sur le Rhin. Il y a un arrière pays, pour nos régions en particulier, qui a une influence fondamentale. Nos régions servent d’arrière-pays producteur permettant de soutenir des campagnes et le Limes. On a, par exemple, des témoignages de commerces de sels entre les Ménapiens (Flandre occidentale) et le Rhin. D. La « romanisation » : un concept équivoque. L’utilisation du terme romanisation implique un certains nombre de préjugés. Ce terme recouvre un processus de transformation de la société désormais placée sous autorité romaine. La démarche traditionnelle lorsque l’on cherche à comprendre ce processus consiste à chercher des critères pour comprendre ce phénomène. Un schéma diffusionniste Ce terme tend à opposer un centre et une périphérie avec le centre comme centre d’invention, de progrès, de culture et la périphérie étant barbares, éloignées, plus ou moins inapte à recevoir la nouveauté. Cette clef fonctionne avec une lecture centrée sur l’histoire de la Méditerranée. Ce qui entraine des conceptions comme celle du sous-développement, l’idée de modèle exportable depuis le centre vers la périphérie ce qui induit des réflexions/des points de vues d’analyses dont la logique est la question de la possibilité d’intégration des différences dans le systèmes. On pose la question des résistances et des aptitudes. On a un modèle tout fait qui est exporté dans un milieu plus ou moins apte à le recevoir. Si on centre son étude sur quelques km , on identifie des processus que l’on peut éventuellement mettre en parallèle avec d’autres processus et voir s’ils sont similaires ou non. Et on peut identifier des interférences dans ces processus comme des échanges, des irruptions de choses nouvelles. Le 2 19 Archéologie des provinces gallo-romaines centre devient la périphérie. On voit des irruptions de matériels, de pratiques alimentaires, de maladies, de modes communs de gestions politiques, etc. Ceci permet de reconstituer une histoire différente qui n’est plus centripète mais multi-polaire. Que faire de ce schéma diffusionniste alors que la réalité qui s’impose est faite non pas d’identité chrono-culturelle mais de processus; non pas de … macro… mais de … Le temps Il faut abandonner que tout les espaces sont soumis à un temps unique car les vitesses sont différentes. Le territoire et tout les territoires sont morcelés car ils évoluent de manière hétérogène. L’espace et le temps sont hétérogènes et de la même manière au sein d’un pôle les groupes sont moins homogènes qu’on ne le croit. Que signifie les élites, l’armée, les indigènes ? On présuppose que cet homogène mais ce n’est sans doute pas la même chose. Lecture qualitative Il faut tenter de se défaire d’une tendance à qualifier les transformations. Mais plutôt les regarder en terme de processus avec une identification d’une simplification ou avec une diversification croissante. On a une manière d’analyser qui n’est pas qualifiante. Plutôt que de regarder les évènement en terme qualificatif, les regarder en terme de processus. On se défait d’une logique linéaire. Le témoignage d’une romanisation complète est l’acquisition de la citoyenneté, de la même manière l’accession de gaulois au classe équestre et sénatoriale témoigne de l’intégration du différent au plus haut niveau romain. Cela induit une opposition entre ceux qui sont romanisés et ceux qui ne le sont pas. Cela induit aussi la possibilité d’une résistance à la romanisation. La romanisation serait le lieu d’une résistance culturelle à cette romanisation. C’est oublier 2 points essentiels : la culture romaine est un meeting-pote avec ses strates latine, italiote, une ouverture fascinée à la culture grecque. Rome est donc déjà multiculturelle et son armée l’est au premier chef. Le processus de romanisation est intrinsèque à la culture romaine. La conquête de la Gaule suit un schéma éprouvé, il existe des peuples alliées et des peuples qui en vertu des alliances deviennent des adversaires. Dans le sud de la Gaule, on installe des colonies tandis que le nord n’est pas “colonisés” ne bénéficiant donc pas du droit latin ou romain mais d’un droit propre. Rome n’est pas seule à la barre et une dynamique s’installe entre Rome et des interlocuteurs nombreux et variés mettant en oeuvre des stratégies dont une partie de la population à charge de l’autorité négocie la rencontre en fonction de ses intérêts. La romanisation est une négociation des intérêts de chacun. La culture romaine connaît un changement avec le vieux système républicains des généraux et des traités d’alliances qui est remplacés par un système impérial. Le système romain est donc lui-même en mouvement et en recherche de solutions. Le développement du tours qui peut être lent et qui devient de plus en plus rapide. Ensuite, on se rend compte qu’il y a un grand avantage à tourner dans des moules. La Gaule met en place des ateliers de sigillée à l’imitation des grands ateliers de sigillée italienne; on a une standardisation formidable car il faut maitriser seulement une partie du processus et non toute la chaine opératoire. On a donc un développement d’atelier avec une économie de production capitaliste avec des investisseurs (soit proche soit éloignés de l’espace de production). On a une élite urbaine qui dans le cas italien est clairement attestée et sont des familles sénatoriales puis la famille impériale possédant les grandes fabriques de briques et de tuiles, par exemple. C’est la même chose en Gaule. Autrement dit sur le terrain, on n’a pas une opposition romain-gaulois mais des tas de gens (les gaulois) intégrant plus ou moins vite des réseaux économique, politique nouveaux. 20 Archéologie des provinces gallo-romaines Il faudrait donc étudier non ce qui permet de dire comment on devient romain mais plutôt ce qui fait qu’on contribue à la construction de quelque chose de nouveau et de mixte dans la mesure ou le monde gaulois et le monde romain évolue. On veut plutôt comprendre ce que représente cette chose neuve qui puise au deux sources et qui est difficile à appréhender car aucune source ne nous livre cette “nouvelle culture métissée”. C’est sur ce terreau qu’on trouve des éléments méditerranéen comme l’apparition de la tuile, de la brique, du sol de brique, etc. On a une transformation des habitudes comme la baisse de la consommation du chien, le développement de la culture des arbres fruitiers, l’apparition d’une vaisselle nouvelle (de table, de cuisson). On a l’apparition d’une politique des pouvoirs public, de construction d’infrastructures urbaines (thermes, aqueduc, théâtre, forum, etc). Il faut poser la question de la raison d’être de ses infrastructures. Autrement dit ces lieux, c’est le cas des espaces religieux, doivent être lu comme des espaces identitaires mixtes. E. Petit retour sur la géographie de nos régions Tout le nord-ouest de la Belgique est sablonneux et donc les productions agricoles ne seront pas les mêmes qu’en Ardenne, dans le sillon Sambre-Meuse, le Condroz. La Gaume est dans un “autre monde”. L’explication de la frontière sud de la Germanie Inférieure est l’Ardenne. On a une distribution en cité du réseau avec des chefs lieux et une capitale de province : Reims. On a des vicii, en plus. /!\ carte du Créa /!\ L’empreinte géographique du territoire peut se faire par la distribution monétaire. On le voit avec le territoires des Eburons et de leur distribution du statère en or. F. Histoire politique en Gaule Belgique : points de repère. Dans nos régions, César connait une défaite majeur contre les Verveines en 57 et une révolte en 54 par Ambiorix (Eburons). Ambiorix anéantit 15 cohortes (1 cohortes = 600 hommes et 1 légion = 10 cohortes). Cela se traduit par une contre-offensive extrêmement violente de César contre les Trévires, les Eburons, une déportation de population germanique y compris dans le territoire des Nerviens. En 53 à lieu le concile des Gaules chez les Rèmes à Reims où on décide de laisser 11 légions en Gaule dont 2 en Belgique chez les Trévires. Le traumatisme de la conquête se marque dans les frappes gauloises qui ont tendance à diminuer à cette époque. Dans l’armée de César, on a des gaulois de Cisalpine. Toutes notre région est sans doute régie par une loi martiale. 3 colonies sont fondées sur la frontières orientale peu après la mort de César à Lyon, à Nihon (lac Léman) et à Augst (près de Bâle) visant à protéger les relations entre la transalpine et cisalpine. À la mort de César se sont succédés divers gouverneur puis interviennent divers épisodes de voyage d’Octave en 38 qui nomme Agrippa. On a des campagnes en Aquitaine. En 27-26-25, on a une nouvelle guerre d’Espagne et Agrippa redevient gouverneur des Gaules. Le jeune Tibère est présent en Gaule entre 16-13, en 8-7, en 7-6, en 9-11. Il est donc tout le temps sur le front germain et donc il y a une familiarité avec le 2e empereur. Tout ceci en 12bc se solde par une offensive majeure contre la Germanie et donc divers membre important de la maison juléo-claudienne sont appelés à exercés des commandements. Drusius effectue une campagne à Nimègue où on a retrouvé un pilier avec la représentation de Tibère-César officiant sur un autel et se faisant couronné par une petite victoire, daté au alentours de l’extrême fin du 1er siècle bc voir peut-être après son accession à l’empire. 21 Archéologie des provinces gallo-romaines D’un point de vue iconographique, c’est l’image la plus septentrionale trouvée d’un empereur. Sur les autres faces, on a des divinités tels Diane, Apollon, Triptolème (?). Une autre inscription, détruite par les bombardements de 1944 à Douai, découverte à Bavay est une dédicace d’un citoyen romain nous dit : A Tibère César, fils d’Auguste, Petis-fils du Divin, à l’occasion de son arrivée ce -à consacré- monument sacré … Ce monument daterait du moment où Tibère possédait un imperium en Germanie car Bavay serait lié à un pôle militaire à l’est. On a une proximité entre des individus gaulois et ces grands généraux qui explique la dédicace assez exceptionnelle retrouvée à Reims. Cette dédicace est un monument funéraire à la mémoire des 2 fils d’Auguste appelé à devenir empereur (meurent en 2 et 4 ac). Slide : nord de la Gaule à l’époque augustéenne. On a une série de camp militaire à l’époque augustéenne dans nos régions ce qui peut s’exprimer uniquement par des fosses appartenant à des horizons. On défini un horizon par les camps rhénans et c’est un assemblage caractéristique de matériel d’une époque qui peut être très précise. L’assemblage est monétaire ou céramique avec des attestations monétaires. La monnaie et les textes permettent de définir précisément des horizons. Horizons de Nimègue : 30 - 15bc Horizon d’Oberaden : 15bc Horizon de Haltem : 5bc - 10 Quatrième horizon : transition Auguste-Tibère Les villes sont des îlots de romanités quasiment caricaturaux. Auguste siège à Lyon durant 3 ans ce qui modifie le cadre de la ville. Lyon est un centre administratif important et un centre de taxation important. Dès le lendemain de la mort de César, 2 de ses généraux (Lépides et Plancus) veulent rapidement rejoindre le camp des vengeurs de César. Le Sénat leur suggère d’aller fonder des colonies (Dion Cassius, Histoire romaine 47-50) pour les vétérans de César. Une colonie c’est une ville mais c’est surtout une centuriation. Cette ville devient rapidement le siège des gouverneurs de la Gaule Chevelue. Plancus est celui qui soumet au Sénat romain de donner le titre d’Auguste en 27bc. Sa famille vient de Tibure et il est enterré à Gaeta dans un mausolée (15bc) tout à fait caractéristique. Son épitaphe nous explique entre autre chose qu’il était epulon (confrérie religieuse importante de Rome), qu’il a créé des colonies en Gaules (Lyon et Aoste). La mentalité romaine veut qu’une colonie qui est fondée est en fait un morceau de Rome que l’on retire (deduxit) et que l’on déplace autre part. Juste au dessus du théâtre, en raison de la présence de tablettes dans les niveaux d’époque augustéenne, on aurait le prétoir. Auguste y séjourne entre 16-13bc. Lyon est une ville très importante et extrêmement prestigieuse. En 12 bc, un sanctuaire appelé autel des 3 Gaules est fondé sur les pans de la Croix-Rousse à la confluence entre le Rhône et la Saône. Il est inauguré par Drusus l’Ancien, frère de Tibère, qui meurt en 9bc et qui a été gouverneur. L’autel est fondé après une année de recensement qui avait créé des tensions au seins des gaulois. Cet autel est un véritablement monument au culte impérial auquel les cités envoient un ambassadeur qui les représente aux conseils. Strabon nous décrit le monument en nous disant qu’il y a la représentation des 60 cités de la Gaule. L’autel est sur plan central entouré de colonnes. On a retrouvé les colonnes dans la basilique Saint-Martin car on y a retrouvé des colonnes en granit d’Assouan ce qui est tout un symbole car on venait de conquérir l’Egypte. C’est de Lyon que part le réseau des voies vers le Rhin, l’Atlantique, la Manche et la Méditerranée. 22 Archéologie des provinces gallo-romaines Ces voies sont un des actes de la mise en place d’une structure nouvelle. La construction d’infrastructure routière se fait sous la dynastie judéo-claudienne par exemple la via Agrippa construite par Agrippa et terminée par Claude (41-54). À Buzenol, on a retrouvé une milière signalant que la voies Bavay-Cologne est terminée sous la période de Claude. Un autre milière retrouvé à Péronnes-les-Binche datant de l’époque d’Antonin le Pieu nous renseigne qu’on est à 22 mille pas depuis Bavay des Nerviens. Lors des fouilles, on retrouve les miliaires signalant la construction mais aussi des groupes de miliaire de réfection de la route. À partir de l’époque impériale, ce sont les cités qui doivent entretenir les voies et donc avec les indications de distance on peut déduire les limites des cités. Claude, à Lyon, réalise une évolution majeure en terme d’intégration et de confiance dans la structure politique romaine. Tacite nous rapporte un discours de Claude de 48 dans lequel Claude propose l’accès de poste à responsabilités à des citoyens venant des Gaules. Ce discours a été retranscrit sur une plaque de bronze retrouvée au sanctuaire des 3 Gaules et donc symbolisent une réponse de la Gaule à l’empereur. Ce discours constitue donc une requête du conseil des 3 Gaules de Lyon demandant d’ouvrir les magistratures au gaulois. Parmi les gaulois, on a des alliés comme les Eduens qui obtiennent ce droit en premier lieu. Sur l’inscription, on a 24 des représentants sur les 60 et on a un représentant de la cité des Nerviens. On a une articulation amphithéâtre-sanctuaire, on connait des inscriptions qui montrent que des places sont réservées à certaines personnes, ce qui est intéressant car l’amphithéâtre est totalement romain et complètement lié au pouvoir militaire. On a donc un lien physique/géographique entre l’autel symbole de soumission gauloise et l’amphithéâtre symbole de pouvoir militaire. Augusta Raurica limite des structures presque caricaturales du monde romain avec une articulation entre l’amphithéâtre et le sanctuaire principal. On retrouve le schéma de la fin du 2e siècle bc à Rome et qu’on retrouve en Gaule à la fin du 1er siècle bc. Le bloc forum est associé à un temple puis on a une grande esplanade, une basilique. On a donc une transposition de modèle romain. G. Archéologie en Gallia Belgica. Archéologie d’un vicus : Namur. Ce site est éloigné de la voie Bavay-Cologne et des autres grandes voies romaines. Malgré cet éloignement, il se situe au confluent de la Sambre et de la Meuse; on est au coeur d’un territoire présentant des ressources naturelles très importantes (limons de la Hesbaye, calcaire de la Meuse, minerais, bois, argiles alluviaux). On oppose un secteur haut et un secteur bas. Au pied du secteur haut se trouve un port et donc le vicus est limité par un bras fossiles de la Sambre et il existe un possible gué à proximité du Musée archéologique, c’est dans ce secteur qu’on a retrouvé plusieurs millier de monnaies tant gauloises que romaines. On y a également retrouvé de nombreux objets en bronze. À la confluence s’installe le château des comptes, au 10e siècle, sur des vestiges du basempire et donc on a quantité de remplois avec entre autre des inscriptions funéraires. On a donc cru qu’il fallait y chercher l’oppidum des aduatiques mentionnés dans la Guerre des Gaules. Du vicus de Namur parte une série de voies secondaires permettant d’atteindre les voies principales et on retrouve des nécropoles le long de ces voies. On retrouve des tumulus à Friset, à Champion et des nécropoles périurbaines jalonnent les routes y compris le long de la Meuse. Le site est occupé à partir de l’époque augustéenne (fin 1er siècle bc jusqu’à la fin du 5e siècle ad) 23 Archéologie des provinces gallo-romaines avec un replis du bâtis dans les années 275-300 vers la confluence là où se trouve le quartier artisanal et avec l’abandon de la rive gauche. Les connaissances de Namur sont basées sur des découvertes fortuites et des fouilles dans les années 60 puis des programmes de fouilles préventives depuis les années 90. Chronologie La première mention de la cité apparait sur des monnaies mérovingiennes (6e-7e siècle) avec comme mention in vico namuco. On connait une petite occupation à l’époque augusto-tibérienne avec des monnaies dans la Sambre, de la sigillée Arétine (Arezo), une tombe à tumulus sans matériel de cette époque. Une voirie a été fouillée et elle semble orientée vers le passage à gué sous Tibère. Un bâtiment de bois empiète sur cette voie dès le milieu du 1er siècle ad (céramique). On a donc bien un foyer augusto-tibérien sur la rive gauche de la Sambre et on a découvert des fours datant de cette époque sur la berge. Le vicus du haut empire est mieux connu et est limité au nord par une nécropole dans laquelle on pratiquait l’inhumation à côté de l’incinération. Ces nécropoles sont attestées durant le courant du 2e siècle, on a 1 pic de richesse de matériels durant les années 170-230 et par après on a un tarissement des nécropoles dans le courants du 3e siècle. On pratique donc de moins en moins l’incinération jusqu’au début du 4e où on a un changement radical de pratique funéraire. On a quelques terminus ante-quem pour un certains nombre de tombes de la motte le compte qui sont de bonnes indications de la fin du vicus : tombe 11 qui comprend 7 monnaies d’argent de l’impératrice Salonnier épouse de Galiens (253-268) et la tombe 10 où on a des assemblages de matériels datés des années 280-330. Ce qui est intéressant car on a des jalons chronologiques pour dater du matériel de cette époque de transition. et son arrière-pays : Anthée, Champion, exploitations agricoles en Condroz. Anthée On est à 6km de Dinant dans la cité des Tongres. C’est une découvertes ancienne : 19e siècle, fouillée entre 1863-1872 par le chanoine Grosjean et ensuite les fouilles sont reprises par Demarmolle entre 1877-1881. Cette villa a un impact considérable dans les conceptions de l’agriculture dans nos régions. Elle a très tôt été considérée comme le modèle type d’une grosse villa agricole tant au 19e qu’au 20e siècle. En réalité, c’est un bâtiment plutôt exceptionnel qui ne peut certainement pas caractérisé l’ensemble des espaces agricoles de nos régions. Le matériel retrouvé nous dit qu’on est dans un monument occupé à partir du règne de Vespasion (69-79) et également au 4e siècle. Le bâtiment est situé sur un plateau à proximité de 2 sources importantes. Le plan est celui de l’extension maximale de la villa. L’espace couvert par l’exploitation est de 13ha, on a 3 espaces : villa, exploitation (séparé par un mur) et une excroissance sur le nord qui n’a pas été fouillée. La longueur est de 650m. Cette villa est le résultat de 2 siècles de développement et l’ensemble est parfaitement orienté à l’est. Le corps de logis est tout à fait exceptionnel (114 pièces) : deux avant corps enserrant une cours et une arrière cours, des massifs latéraux/arrières dont au sud un complexe thermal d’existence certaine. Le matériel retrouvé est composé d’opus sectile, de céramiques, de statues en ronde bosse (exceptionnel), des bronze, de l’outillage en quantité. À côté du corps de logis, on a 24 bâtiments annexe en série parallèle, on y accède par des voies 24 Archéologie des provinces gallo-romaines empierrées. On a longtemps considérés qu’il s’agissait de bâtiment de service mais d’autres ne rentrent pas dans ces catégories et en particulier un qui a reçu des parements en mosaïques, des hippocaustes (gauche de la villa). En réalité, 4 des 24 bâtiments possèdent des témoignages d’installations thermales et 8 voire 9 possèdent une cave ce qui oriente vers du domestique que la pseudo-maison du contre-maitre. Dans 4 bâtiments, on a retrouvé des traces de travail métallurgique : fer, plomb, cuivre. Il ne faut pas considérer que tout ceci est contemporain car les fouilles sont anciennes. À proximité de la villa (200m au sud) se trouve un petit édifice orienté et entouré d’une vingtaine de sépultures mérovingiennes, ça serait un cimetière construit autour d’un fanum du Bas-Empire. Ce sanctuaire daterait peut-être d’après l’abandon de la villa transformé en chapelle chrétienne au 6e siècle, ce qui nous indique qu’une communauté de villageois qui auraient survécu après la destruction de la villa. La ruine attire et à une valeur, on peut en vendre des morceaux. En revanche, avant l’époque mérovingienne, on n’a pas identifié de nécropole. Champion Champion se trouve au sud-est de Namur, entre Namur et une voie majeure reliant Arlon et Tongres. Sur cette voie se trouvait l’agglomération de Clavier-Vervos. On a à 30km de Namur, au nord-est de Ciney, on est sur la commune de Emptinne. Elle a été découverte en 1856 mais fouillée entre 1983-2000. C’est un plateau située entre 235250m d’altitude. César nous dit que l’espace est habité par des condruziens qui sont des clients des Trévires (population du Luxembourg actuel). On ne connait pas grand chose des condruziens, ils ne frappent pas monnaies et rentrent dans la cité des Tongres sous Auguste. Autrement dit, les condruziens constitueront encore à l’époque romaine un pagus (= une région) qui a une identité. Le pagus est connu par une inscription de Birens (ville en Ecosse) au IIIe siècle de notre ère. Le Condroz est beaucoup moins riche que la Hesbaye. Le territoire est situé à l’écart de la voie Bavay-Cologne et dont le développement peut peut-être s’articuler sur la voie Tongres-Arlon. On est aussi face à une villa d’importance avec des vestiges les plus précoces datant de l’époque de Claude-Néron (40-50-60). Le Condroz gallo-romain est essentiellement agricole et rural et on y a repéré un très grand nombre d’exploitations agricoles dès le 19e. Notre connaissance est limité à l’architecture des villas qui se distribuent entre quelques grandes villas (développement de façade : 100m) et une majorité de villas moyennes lesquelles sont parfois dotées de bains froid (caldarium). En Condroz, on a une très bonne typologie de la partie villa mais pas pour les parties agricoles. Pour connaitre l’extension agricole, on peut étudier les parcellaires, pour les dater, on peut les fouiller ou les mettre en parallèle avec une voie romaine. Quelques un ont été identifiés dans le secteur mais ils restent à être étudié. On identifie systématiquement une phase de construction en bois y compris dans les corps de logis avant le développement en dur qui n’intervient pas avant le 2e siècle et l’occupation des villas s’arrête aux alentours de 260 sauf dans un nombres réduis de villa qui présentent du matériel du 4e. Le plan représente l’ensemble des bâtiments, on a des trous de poteaux relevant de phases différentes. Les plus anciens témoignages sont de la Tène III (1er siècle bc) ce qui suggère un établissement plus récent à la construction de la villa. On n’est donc pas face à une création exnihilo. Ensuite, on a plusieurs bâtiments en pierre et des bâtiments en bois disposés dans un vaste enclos quadrangulaire délimité par un fossé. Le complexe n’est pas parfaitement orienté mais suit 25 Archéologie des provinces gallo-romaines l’orientation de la Meuse. Le matériel le plus ancien retrouvé dans ses fossés date du milieu du 1er siècle (Claude, Néron ou Domitien). On est dans une des grandes villas de la région. Phase 1 Le corps de logis domine l’espace et on a 8 autres corps. On a 2 phases essentielles : 1 (jaune) est composée de bâtiment pavillonnaire avec des pièces en enfilades avec une galerie et un retour (= plan en L) auquel s’adjoint un complexe thermal dans une deuxième phase. Le point de départ est une typologie en L qui est connue en Bretagne romaine pour l’époque de Claude et dans le nordouest de la Gaule, on a des bâtiments sans symétrie. La galerie entourant le logis pourrait être un portique mais aussi résulter d’une tradition indigène d’auvent protégeant les maison (âge du fer) Phase 2 Le corps de logis est donc construit un peu après le milieu du 1er siècle après JC et un peu après, on construit une unité thermale au nord-ouest qui connait une activité jusqu’au 3e siècle. C’est un des complexe thermale de Belgique des plus complexe en terme d’espace privé. On a 2 chaufferie et au moins 2 piscine Bâtiment O’ - O Ils font 18m avec un certains nombres de nefs et des travées. Ce n’est pas parce qu’on a des bâtiments en trous de poteaux et torchis qu’on est dans une phase ancienne, on est au 2-3e siècle de notre ère. La manière de tailler et présenter les poteaux est caractéristique du monde romain. On peut avoir soit véritablement la définition d’une travée au sol avec un toit à double pente. Bâtiment I On serait face à un grenier car on a beaucoup de trous de poteaux qui sous-entende une élévation. Ce type de bâtiment est très fréquent dans les premier temps de la romanisation, la tradition indigène se poursuit mais qu’on connait en dehors de la Gaule jusqu’au 4e siècle. Bâtiment C’-C (2-3e siècle) On a un bâtiment de pierre C sur un bâtiment de bois C’. On est dans 11x30m, situé entre le logis et le grenier. Ça serait un espace de stockage : grange-fenil. On pouvait aussi y abriter les gerbes après la moisson pour le séchage avant le battage. Mare Les berges en sont protégées. Au niveau du matériel, on a retrouvé des outils de fers, des lames de faux, des fourches, des couperets. À l’inversée d’Athée on n’a pas de caves ou de thermes, on a une zone d’activité au sud qui pourrait être un potager. Au niveau de l’évolution chronologique générale, on peut suivre entre le milieu du 1er siècle bc au 2-3e siècle AD (=> voir slides). On est donc dans une exploitation de taille moyenne qui tire sa richesse de la céréaliculture autant que de l’élevage (grands espace rectangulaire au nord - 20 animaux par bâtiment). On a une économie mixte, de taille moyenne plus vers le haut que le bas. Cette villa nuance l’image caricaturale qui veut qu’en Flandre on s’occupe de l’élevage et en Wallonie de l’agriculture. On est surpris de ne pas trouver d’industrie de transformation, on a l’impression qu’on produit puis qu’on exporte ensuite sauf pour la métallurgie. Un certains nombre de denrées sont stockées sur place et d’autres choses sont exportées. La villa témoigne d’une 26 Archéologie des provinces gallo-romaines évolution progressive des techniques de constructions, on a la survivance des traditions architecturales indigènes à l’exception marquantes du complexe thermal très développé pour le milieu rural (usage seul du propriétaire ou technologie accessible à un plus grand nombre). On n’a pas de grandes variations des bâtiments associés à la production. Ces stabilité sur presque 2 siècles induit des réflexion relatives à de possibles amélioration de rendement ou des réflexions relative au domaine exploité. On peut se demander si tout simplement le bénéfice de l’exploitation est tel qu’on peut se permettre d’apporter des améliorations considérée comme normale. La ferme de Hody On est à 5km de Champion, identifiée dès le 19e. Les thermes sont fouillés en 1968, la villa est fouillée entre 1976-1980 et entre 1996-2001. On est au milieu d’un plateau d’une cinquantaine d’hectare. On a un fossé qui délimite un espace de 3ha environ avec une première originalité qui est qu’il n’y a pas de séparation nette entre l’espace urbain et l’espace de production. On n’a donc pas de hiérarchisation spatiale nette entre les deux. Le bâtiment résidentiel est en pierre (32m de large) et fait suite à 2 bâtisses en bois dont une au moins semble être à 2 nefs. Le logis comprend une grande cave de la fin du 1er et début du 2e siècle, vers la fin, on adjoint un bâtiment sanitaire thermal. Dans le dernier état, on a 52m de larges. On a divers bâtiment agricole en dur (traits noirs) et d’autres en matériaux périssables. On a sans doute une grange à nef centrale face au logis ce qui semble être un bâtiment plus important (petit contrefort qui devaient servir à résister à la pression des céréales). On a à droite, une pièce extrêmement allongée supposée être une étable/une bergerie. Dans l’angle sud-ouest, on a une forge avec un foyer interne et deux externe. Tout ceci est déterminant en terme de fonction des activités d’agriculture céréalière, de l’élevage avec l’étable et de l’artisanat avec la forge mais pas d’espace à proprement artisanal. On a des bâtiments dont la fonction nous échappe. S’y ajoute divers construction en matériaux léger, des bâtiments plus ancien à 2 nefs. De plus, on a un petit étang, une marre et un puits. La ferme est fondée au 1er siècle mais dans ses développement en dur, on se situe plus tard. Seraitce une émanation d’une villa plus grande située à proximité. On pourrait être face à un phénomène de sédentarisation. La ferme disparait au 3e siècle, ce cas de figure est plus moyen. Au final, on a le sentiment que mis à part dans l’adoption généralisée du bloc thermal, les traditions indigènes se poursuivent et évoluent. Typologie des établissements agricoles du Condroz Généralités Le terme villa renvoie à un prototype méditerranéen n’existant pas et donc on parle d’établissement agricole. Le corps de logis est dans ses substructures en dur mais tout n’est donc pas en dur. Les étages sont en bois. En revanche comme l’introduction des thermes, on a une introduction claire des tuiles dans la pars Urbana. La pars Urbana correspond souvent à la pétrification d’un bâtiment en bois plus ancien qui sont souvent de petites dimensions et à deux nefs. Ce noyau peut être ensuite complété par diverses extensions. De manière générale lorsque l’on regarde les séries, le corps de logis présente une galerie de façade orientée au sud ce qui permet d’unifier les circulations entre les diverses pièces qui est périphérique. Rien ne permet d’affirmer que ces galeries étaient toujours ouverte, il s’agit certainement dans certains cas de couloirs fermés. 27 Archéologie des provinces gallo-romaines 2 grandes catégories On a des grands logis et de logis de taille réduite (30m) qui sont organisés autour d’une grande salle principale et par ailleurs les logis de taille moyenne à grande compte un certain nombre de pièce en enfilade. Dans les logis à taille réduite, on accède par le centre ce qui n’est plus le cas dans les grands développement. La grande pièce est souvent pourvue d’un foyer en son centre d’où un vieux débat relatif à une ouverture centrale mais il n’y a pas lieu à renvoyer à l’atrium romain. Une salle commune donc autour de laquelle se distribue des pièces à caractère plus privatifs ou au fonction plus déterminée. La façade est durant son développement flanquée de massif d’angles parfois même sur sa façade arrière, parfois relié par une galerie ce qui marque une volonté de monumentalisation évidente. C’est souvent dans ces extensions qu’on trouve les apports technologiques les plus récents : caves, hypocaustes, petits bains. Les grands logis en enfilade sont caractéristique de nos régions, ils peuvent mesurer jusque’à 100m de large et sont constitués de plusieurs salles. Il est malaisé d’identifier une salle majeure qui serait le centre, on n’a pas de massif d’angle mais se développe en massif qui font retour. De manière assez surprenante, les caves sont rares dans ses bâtiments à grands développement qui sont plus associées aux premières phases. On reconnait des modules architecturaux dans certaines de ces grandes villas d’où l’idée que ces développement résulte de développement unitaire. Les bains sont correctement isolés des logis à cause des risques de nuisances. En Condroz, les grands établissement sont les témoins d’un enrichissement. On a des indices de matériels exogènes ce qui pourrait indiquer des populations différentes mais c’est assez obsolètes. Les cours Le logis semble assez systématiquement dominer par rapport à la cours qui est bien souvent limitée par deux rangées de bâtiments connexe qu’elle soit axiale ou longitudinale. On a des caractères régionaux marqués car le cas d’axialité est majoritaire dans la Somme et minoritaire en Condroz. Cela s’explique pour le Condroz en fonction de l’orientation des plateaux. On a une diversité régionale avec de grandes villas en France et des petites en Allemagne et Grande-Bretagne, on est dans un entre deux pour nos régions. Les cours ont des dimensions de 2ha avec des bâtiments dont on ne connait pas l’espace qui leur était octroyé. Leurs fonctions pouvaient être de stockage, d’entreposage et aussi d’étable. On n’a pas les seuils des bâtiments et donc on ne sait pas comment ils s’orientaient. On a des greniers sur pilotis puis des granges normalisées qui se développent au 2-4e siècle parfois avec des petites salles annexes (= contrefort) ce qui indique des réserves à grains. Les structures allongées sont souvent interprétées comme des espaces de stabulation encore que les sols et rigoles caractéristiques ne sont pas observées. Activité artisanale On a des traces de métallurgie qui permettent d’interpréter les modules restant comme étant lié à des ateliers. Chronologie Les bâtiments à 2 nefs paraissent le plus anciens ce qui ne signifient pas leurs disparitions mais sont remplacés par des bâtiments à 1 seule nef parfois en dur et donc certains architecte libère l’espace central en déplaçant le support vers l’extérieur. Ce type de bâtiment est construit durant le 2e siècle. Disparités régionales : exploitations agricoles chez les Ménapiens. L’idée de base est que le terrain sablonneux des Ménapiens ne se prête pas aux agricultures 28 Archéologie des provinces gallo-romaines extensives comme en Hesbaye malgré cela, les territoires sont intégrés aux réseaux économique romains. Le type d’habitat le plus répandu est la maison-ferme qui est une maison abritant l’habitat et le bétail. Le bétail est composé d’ovin et de cochons. C’est une maison soit à une nef sur entrée soit la maison à trois nefs. On a donc de petits bâtiments de bois enfermés sur des enclos. On n’a pas de bâtiment en dur et c’est donc un complexe agricole présentant une organisation similaire à celle rencontrée à l’âge du fer (ex. Bruge : vert). Chaque bâtiment possède son puits et son grenier ce qui refléterait une organisation sociale moins hiérarchisée ou non hiérarchisée qui serait composée d’une famille ou d’un clan. La similarité formelle durant toute la période semble indiquer une continuité dans la formule mais en revanche on a un accroissement à partirdes flavines. Ces deux types de maisons sont connues en dehors du territoires des Ménapiens comme dans tout le nordouest de la Gaule, en Germanie Inférieure (Maastricht), les bâtiments à trois nefs sont retrouvés chez les Nerviens( Enghiens-Tubize) en Germanie (Trèves). Parallèlement à ceci, on étudie de plus en plus attentivement les céramiques et en particulier les productions locales ce qui permet d’identifier des identités régionales fortes. On a donc connu des développements intéressant ces dernières années en fouillant des établissements agricoles indigènes. On a là un type se développant et se poursuivant du 1er au 3e siècle. Le modèle de la villa romaine est mis à mal dans ce secteur. On peut par ailleurs superposer d’autres lectures La céramique locales se maintient et remonte sur certains sites. Paul Van Ossel, “La romanisation des campagnes de la Gaule septentrionale : retour sur le sens d’une mutation Il part depuis la fin où on a un modèle qui disparait petit à petit comme les mosaïques, les décors peints,etc. Les technologies comme l’hypocauste, l’énergie au bois semble disparaitre au profit d’instituer regroupée sur des espaces plus réduit sans ordination des plans et la subdivision de l’espace n’est pas réalisée. On réunit l’habitat et l’élevage. L’économie ne disparait pas mais on conserve un renouvellement/une transformation des réseaux et systèmes économiques. Au 4e et 5e siècle, on a des établissements ruraux qui emprunte à l’architecture vernaculaire qui a toujours existé. On diminue les investissement sur ce qui ne relève pas de l’indispensable; il faut se défaire d’un modèle conceptuelle dans lequel la villa est civilisatrice, menée par une noblesse romanisée et ayant une main d’oeuvre stérile. Derrière les avancées technologique, on a toutes des évolutions qui se réalisent et se frottent à de nouveaux réseaux économique et culturel. Les traditions sont indigènes et on a quelques imports romains. Le territoire est densément exploités dès le dernier âge du fer, la présence dans certains corps de logis de traces antérieures à la pars Urbana est prépondérant. On n’oppose plus aujourd’hui de villa romaine aux fermes romaines car les deux traditions si elles existent sont imbriquées. La tradition indigène se poursuit pendant l’époque romaine et connait des évolution propre avec des aspect romanisé. Pour le territoire, on a très peu d’information et donc on ne peut pas vérifier certaines affirmations ou hypothèses. Tout les établissements agricoles participent aux échanges à des degrés divers. La Gaule n’est pas le grenier de Rome comme la Turquie ou l’Egypte. Ce n’est pas parce qu’on crée une province qu’on exploite massivement pour Rome. Le métissage parait être la meilleure clef de lecture, les phénomènes sont engagés avant la romanisation et se poursuivent au 4e-5e siècle. Il faut garder en mémoire qu’il existe des hétérogénéité au niveau des matériaux, des pratiques, etc qui ne peuvent être résolus uniformément. Cette région économiquement parlant, on a des ressources stratégiques comme le minerais, le 29 Archéologie des provinces gallo-romaines marbre, etc qui sont propriétés impériales. On a une géographie impériale qui est morcelée et par exemple, l’activité des sauniers (sel marins) est encadrée par l’autorité impériale. Le vicus de Liberchies On est sur une autoroute de l’administration romaine qui est largement fréquentée par l’armée et des administratifs. On a 2 établissements distant de 600m avec une première bourgade établie dès le haut empire et l’autre 600m à l’ouest à Brunehaut est une fortification du bas empire postérieur à l’abandon de l’agglomération. La table de Putinger a conservé le tracé de Bavay à Tongres et nous indique que le vicus de Liberchies est appelé geminico Vico. On a eu une fouille programmée qui a durée 40 ans et menée par des associations puis par l’UCL. On installe une étape à cette endroit là car on est à proximité d’un ruisseau traversé par la voie avec une source pérenne vers le sud. Dans la ville, on a 2 phases majeures avec dans un premier temps, un village-rue (= des bâtiments en matériaux périssablesautour de la voie de manière longitudinale qui se développe dès l’époque augustéenne) et dans un deuxième temps, des bâtiments se développant de manière transverse avec des bâtiments public. Ce site est abandonné durant le 3e siècle. Pour la phase la plus ancienne, on a un matériel très précoce avec des sigillées longtemps considérée comme italique, 350 monnaies gauloises (nerviens, éburons et énormément de trévire). L’horizon chronologique est celui de -7 à 9 (// à Haltem) avec un peu de matériel antérieur mais ne correspondant pas à l’horizon d’Auberhaegen. On est face à un site tardo-augustiéen. En terme d’occupation, on a un puits avec un cuvelage de bois, des fosses et au moins un bâtiment sur pieux remontant à l’époque augusto-tibérine. Les voies faisaient 8 à 10m de larges et était protégée par 2 fossés de drainages et 2 autres fossés à 15m environ. C’est à cet endroit qu’on installe les parcelles et que le premier vicus s’établit et que la première agglomération se développe à l’époque flavienne. On a de longues bâtisses de bois et d’argile serrées mais pas mitoyenne témoignant de l’existence d’un parcellaire. Pour la moitié nord on a 4 bâtiments dont le plus grand fait 30x40m. On a parfois un portique de façade. Du côté sud, certaines maisons possèdent des celliers au parois protégée par du bois. On a l’apparition de maison en dure. Dans le courant du 2e-3e siècle, on a une urbanisation réelle car les petites voies transversales sont empierrées. Elles font 5m de large et on observe une densification de l’habitat, des maisons en dur de type rectangulaire avec galerie de façade, des subdivisions internes souvent à l’arrière de la maison, il est rare d’avoir des subdivisions partout. En dur, signifie que les sous bassements sont maçonnés et supportent une ossature en bois et torchis avec un toit en tuile. On a des traces de peintures murales internes, du verres à vitres. Les maisons possèdent généralement leurs caves et leurs puits mais désormais à cuvelages en pierre. En 1970, on a trouvé un trésor monétaire de 368 monnaies d’or avec des monnaies frappées entre Néron et Marc Aurèle, la plus récente datant de 66 notre ère. On a un petit complexe thermal publique et des activités artisanales en périphérie sud à proximité de la source ainsi que des fours de potiers qui sont situés sur les hauteurs, à l’écart de l’agglomération pour les raisons qu’il y a beaucoup de fumées. Les thermes ont été retrouvé au nord de la chaussée et font de 400 à 600m2 en fonction des phases. On y retrouve un chauffage par hypocauste avec un caldarium, un tepidarium, des latrines, etc. Ce vicus est donc un relais routier. 30 Archéologie des provinces gallo-romaines Côté sud, la source est aménagé et un culte y est attesté. Ce culte est dédié à Apollon. À noter aussi un petit temple. La source sert aussi aux activités artisanales avec captages et drainages d’eau. On a à proximité un bâtiment de 25m de long avec des cuves à l’intérieur. Les ossements d’animaux étudiés ont permis d’identifier une chaîne opératoire avec divers corps de métiers : équarrisseur, tanneur, foulons, teinturier, cordonnier et par ailleurs on a retrouvé de l’outillage associé au travail de l’os, de la corde, de la fourrure, des cuirs et une probable production de colle qui est utilisée pour le calfatage. Le tout est transformé en dépotoir au 3e siècle et donc cet espace a été utilisé pendant 1 siècle - 1 siècle et demi. Un autre espace est situé à l’ouest et témoigne d’une industrie métallurgique extrêmement précoce datant de Tibère-Néron avec des fours, des scorilles, des soufflets et par ailleurs de l’artisanat du verre avec des creusets destinés à fabriquer des intailles de verres. Ce dernier artisanat se développe au 3e siècle. Au sud-est de l’agglomération, on a un atelier de potier dont 5 fours ont été fouillés. Ils sont isolés ou en batterie entourés parfois par un muret qui définit sans doute une zone de fabrication ou de séchage (fin 2e - début 3e). Vers 250-260, on a une période de troubles confirmée par les textes et donc toutes nos régions connaissent des troubles et des destructions radicales à cette époque là. On construit donc une petite forteresse à proximité du vicus, sur la voie. Elle ne vit pas longtemps et ses matériaux sont remployés au 4e siècle lors de la construction du castellum plus à l’ouest. Ce n’est pas un phénomène isolé mais ça appartient à une politique constantinienne. Ce castellum est de 2ha sur une butte naturelle et protégé par des marécages. On a au centre une fortification quadrangulaire de 45x45 avec des tours rondes aux angles, une porte défensive et une enceinte avec un large fossés parfois double. Dans cette enceinte, on trouve des bâtiments annexes, des thermes et des baraques en bois. Ce site sera occupé jusqu’au 5e siècle. On sait qu’il y a une nécropole mais elle n’a pas été fouillée. On a retrouvé un coin pour frapper monnaie ici. Il a servi à frapper des aurei d’époque augustéenne. Il pèse 165gr pour une pièce de 3,4cm de diamètres est en alliage cuivre et étain. Son iconographie est reconnaissable et on a un aureus frappé en Espagne avec une datation de 18-19. Infrastructures de chefs-lieux et d’une capitale : Bavay / Tongres / Reims. Reims C’est une ville qu’on commence à bien connaitre grâce à des fouilles de sauvetage. Le nom ancien est Durocortorum et Reims est la capitale de la Gaule Belgique qui est composée d’un certains nombre de cité dont Bavay ou encore Trèves. On est à 200km de Bruxelles et dans cette ville siège le gouverneur de la province dès la ré-organisation … c’est en remerciement de service rendus sous César, Auguste que les Rèmes obtiennent le droit de fonder la cité suite à une foedus (= traité). Évidemment, il … La ville se dote d’un rempart enserrant 550ha. La première phase est le fossé d’époque celtique, ensuite on a un grand développement avec l’enceinte de l’époque romaine et un resserrement au Bas-Empire. Reims reste capitale de la Gaule Belgique malgré la réforme de Dioclétien en 294 mais deviens celle de la Gaule Belgique Seconde tandis que Trèves est la capitale de la Gaule Belgique Première. On a un oppidum qui a été identifié à travers le fossé qui fait entre 5 et 12 m de profondeur et peut aller jusque’à 35 m de large. Ce talus enserre environ 90ha. Sous le rempart, on a des traces d’habitats (fouille 94) ce qui signifie qu’il y a 2 phases : (1) une ville avec un habitat ouvert (2) durant le 2e quart du 1er siècle bc, on crée le rempart avec une séparation de l’habitat urbain. À l’époque du Haut-Empire, on a un fossé de 9km de long et le rempart intègre des vestiges au nord 31 Archéologie des provinces gallo-romaines dont un sanctuaire péri-urbain. Les axes sont parfois un peut perturbés par le fossés de l’époque de la Tènes mais on peut identifier un cardeau de part et d’autres d’un forum central faisant 2.5km de long. Le cardeau ferait 17m de large portique compris et tout ce programme est daté de la 2e époque augustéenne (5bc-14ad). Le centre monumental est défini par 4 arcs installés sur les “cardodécumanus” et ensuite, on a une série de structure datant du Haut-Empire et de l’époque impériale (2e-3e siècle ad). Dans les rues, à la fin du 1er siècle, on observe la construction de portique qui ne résulte pas d’un programme prédéfinis et constitue une extension de la maison sur la rue. Le portique est un outils urbain. Il faut construire le portique du bâtiment pour qu’il s’articule avec la rue, on se rend compte qu’il faut 1 à 2 siècle pour que les portiques soient construits. Le seul fait pour lequel, on peut avoir une cohérence dans les portiques c’est lorsqu’il y a une catastrophe naturelle. L’habitat Une autre évolution est que les jardins à l’arrière des maisons sont progressivement remplacés par des ateliers artisanaux puis des habitations. On a donc une densification de la population urbaine avec les maisons ancienne sur la rue et nouvelle à l’arrière. On a le développement d’école locale dans les grandes villas urbaines. On a des grandes maisons avec thermes et parfois des mosaïques et des habitats plus restreints. Le forum On n’en connait qu’1/3 et le plus spectaculaire c’est le cryptoportique (= grand couloirs voûtés servant de sub-structure au forum). Le forum est un énorme téménos voué au culte impérial. Ce portique est double et appelé portiques triplex (2 nefs). Il daterait de la fin du 2e début du 3e siècle. On a retrouvé environ 500 blocs architecturaux dont 2 puits dans le secteur et la stylistique de ce blocs orientent vers le 2e siècle et donc on a peut-être des blocs provenant du sanctuaire. On aurait aussi un sanctuaire périphérique présentant un portique d’un grand espace téménos dont le toit a brûlé. C’est probablement un temple aux divinités indigènes ce qui correspond au schéma de temple périphérique pour les divinités indigènes et un temple à culte impérial pour le forum. On a une continuité dans le culte indigène. Il est détruit après 260 ce qui correspond aux invasions germaniques. La ville du bas empire Elle est complètement réduite, y compris par rapport à l’oppidum celtique. On ré-utilise les arcs comme porte et on les relie par un mur. Elle se trouve sous la cathédrale et dans ses environ. On a des termes publics, une église du 5e siècle, etc. L’arc est un des plus grand du monde romain en général et de nos régions. La porte de Mars est la mieux conservées des 4 et l’état date de la fin du 2e - début 3e. C’est un monument qui était très célèbre et est un jalon important de la re-découverte de l’antiquité au 17e. Statuaire Près de la porte de Mars, dans la cave d’une maison, on a retrouvé le portrait d’un jeune gaulois découvert en 1929. On est dans un style post-Adrien. Cela peut renvoyer au stéréotype du gaulois, 138 ad : mort d’Adrien et “adoption”. Le jeune gaulois porte une toge à cotabulacio qui à partir de Septime Sévère recouvre les 2 épaules. On aurait donc plutôt qu’un portrait gaulois, un portrait d’un membre de la famille impériale ou d’un très haut aristocrate. Analyse de son territoire 32 Archéologie des provinces gallo-romaines L’axe majeure va de Reims à Boulogne, un autre passe par Metz-Trèves et Cologne et encore un autre qui va de Boulogne à Cologne. L’intérêt c’est de quantifier le nombre d’inscription retrouvées soit dans la ville soit sur le territoire. Cela donne une idée de la diffusion des inscriptions latine sur le territoire. La latinisation des territoires est beaucoup plus forte à l’est qu’à l’ouest ce qui reflète l’aspect militaire des populations de l’est. L’armée sert donc de moteur de diffusion de la latinité dans ses villes malgré le fait que ces villes reste des garnisons sur le Rhin et l’acquisition de la citoyenneté romaine par les vétérans. Bavay - Bacacum On est à 80km de Bruxelles environ et on a une fondation ex-nihilo. On est pas dans le même type de population que dans une ville fondée sur base d’un oppidum. Cette fondation date de 20 à 15bc. On est au coeur du noeud routier de la limite nord du réseau routier romain. Cet endroit est stratégique de l’axe Boulogne-Cologne. Boulogne est un port militaire et Cologne est aussi un pôle militaire majeure. Ce noeud routier va aussi vers d’autres villes comme Aras, Cambrai, Amiens, Cassels et Reims. Cette fondation obtient le statut de chef lieu d’une cité (= division administrative d’une province) nervienne. Ils sont battus par César entre 57bc, décalage de 30 entre la défaite et la fondation. Le réseau routier est terminé sous Claude et la ville se développe sous Néron et avec la fameuse crise du pouvoir en 68-69 qui est résolue par l’arrivée de Vespasien. La ville ayant été bombardée en 1940, la mairie va pouvoir fouiller de manière extensive et donc dégager le forum. Un document du 2e siècle AD est intéressant car il signale un citoyen nerviens. Ce document est un petit autel adressé aux matrones des Mopates. L’individu est un marchand de grain et cette inscription a été trouvée à Nimègues (fondation augustéenne sur la confluence de la Meuse et du Rhin). L’intérêt est double car on sait qu’on a un citoyen nerviens et qu’il est marchand de grain et donc il est en contact avec les camps de Nimègues. C’est un bon témoignage d’une des ressources possibles pour les Nerviens et c’est un intérêt géographique car pour aller à Nimègues, on remonte/descend la Sambre. Le forum Il fait 230x200m de superficie pour une agglomération qui est petite. Le forum devait être enserré dans une enceinte du bas empire (fin 3e - début 4e) avec des bastions pleins. On a un cantonnement militaire puis un temple et à l’opposé une basilique. Cette reconstitution ne montre pas une contraction de l’agglomération mais un camp militaire dans le forum et autour, on retrouve des habitations autour. Il y a 3 phases successives qui ont pu être repérées dans le forum. On a 2 pôle avec 3 blocs : 1 pôle religieux et 1 pôle judiciaire. Ce forum est une sorte de téménos mais est plus large qu’un téménos. À l’ouest, on a 1 pôle religieux avec un temple à la romaine et à l’est, une basilique. L’archéologie nous apprend qu’il existe dans cet espace, une occupation romaine précoce à travers des creuset de métallurgie retrouvé dans des fosses et donc on suppose un premier forum en bois. Il en existe d’autre comme en Roumanie qui ont démontré la présence d’un forum en bois. Il ne faut pas négliger les premières structures en bois sur les sites militaires. Pour l’état monumental, on connait 3 états successifs nommé en fonction de la couleurs du mortiers utilisés : (1) Jaune : cette phase est construite sur une terrasse artificielle et dans cette terrasse artificielle (potentiellement un décaissement d’un côté) on a retrouvé de la céramique d’époque flavienne et 33 Archéologie des provinces gallo-romaines donc la céramique est au plus tard daté des années 70. On a 2 bonnes générations ayant vécu avec quelque choses d’ignorés. On date donc la phase 1 du 3e quart du 1er siècle. L’ensemble du forum devait déjà existé à cette époque. Les recherches les plus récentes portent sur la basilique avec nef centrale, périptère et se terminant par une abside. Elle est construite sur un cryptoportique. On a conservé le massif du temple 32x22m tandis que le monument derrière le temple est de nature inconnue pour l’instant. On flanque l’abside de la basilique de 2 … où on voit la curie. On possède des parallèles en Angleterre où les absides sont largement ouvertes. On a de l’opus sectile polychrome. (2) Rose : on reconstruit une nouvelle basilique en arasant la précédente au 2e siècle. Le changment est d’installer des pièces au bout des nefs latérales. Après 150, on observe des reprises sur le forum en général et en particulier sur la basilique. Le cryptoportique présente 2 états tandis que le temple parait démonté car le dallage passe sur les fondations du 1er état du temple d’où la nécessité de trouver un autre endroit pour le temple pour cet époque là. On aurait là une phase extrêmement courte suivie d’une période d’insécurité (on trouve de nombreux trésors monétaires sous Marc-Aurèle allant jusque 180). Ce forum parait inachevé et semble détruit dans les années 160 et reconstruit au début du 3e siècle. On a à nouveau des instabilités politiques en 193 et puis on a un nouveau moment d’instabilité politique dans les années 235 puis les invasions germaniques en 275. (3) Tricolore : Bavay perd son statut de civitas, sans doute sous Dioclétien, au profit de Cambrais. C’est à ce moment là qu’arrive la fortification du forum. On a des termes associés à un aqueduc, une nécropole vers l’est de la ville à proximité de la voie Bavay-Cologne publiée en 2009. La nécropole Elle n’est pas située directement sur la voie mais avec un retrait de 6 à 10m et on y retrouve 170 tombes. On est au haut empire (milieu 1er siècle jusqu’au début du 3e siècle). On a plusieurs structures dont les vestiges d’un petit bâtiment avec un pavage de carreaux en terre cuite sur le centre qui correspond à une salle de banquet (couché) ce qui est extrêmement important car c’est une pratique romaine importante. À côté de ça, on a peu de vestige de marqueurs de tombe. On constate que le matériel est essentiellement céramique, on a peu de métal, très peu de matériel en os. Les tombes sont à incinération et non inhumation. Les céramiques sont en sigillées et surtout, on a de la céramique en réduction. On constate surtout une évolution quantitative car plus on avance dans le temps, plus on a de matériel (période ancienne : 10 éléments >< période récente : 30 éléments) et on a une augmentation de la céramique miniature d’une qualité médiocre. Une partie de la céramique est donc clairement funéraire. Il y a très très peu de céramique qui portent des traces de feu lié à l’incinération et donc on a majoritairement de la céramique secondaire. Tongres - Atuatuca Tungrorum Chef lieu des Aduatiques (originaire de l’entre Sambre-Meuse) installé plus au nord après la dissolution des armées des Eburons qui avait offert une très grande résistance (56-54bc). On est aussi dans le cadre d’une fondation ex-nihilo et les premières traces remontent à l’époque augustéenne (10/15bc). La meilleure manière d’identifier l’occupation celtique ancienne est de regarder la diffusion des monnaies de tel ou tel peuples et donc à Tongres on retrouve des statures Eburons, Nerviens, Trévires et Veliocasses. Une inscription sur un autel est très importante, on l’a retrouvé en 1999 et il mesure 50cm de haut. Cet autel est dédicacé à Jupiter Optimus et au Génie du Municipe des Tongres par Catius Drousus producteur de sels et salaisons, venant des ménapiens et avec une formule votive. On a une référence à de l’économie/des échanges économiques intéressant car à Bavay, on avait un nervien et maintenant un ménapien. L’intérêt, mis en lumière par MarieThérèse Charlier, est qu’un grand nombre de citoyen de la région de Tongres ont accédé à des 34 Archéologie des provinces gallo-romaines charges municipales romaines ce qui implique que cette cité à un moment reçu le droit latin. Le fait est qu’on peut avoir une convergence entre un statut particulier (municipe) et l'octroi du droit latin mais cela ne doit pas avoir nécessairement lieu en même temps. En revanche ce qui est intéressant c’est qu’on a le constat qu’il n’y a pas de municipe en Gaule. Mais qu’en revanche il existe en Germanie Supérieure et Inférieure 2 colonies avec 1 statut de municipe et donc cela montre que la cité des Tongres appartenait à la Germanie Inférieure et non à la Gaule Belgique On a 1 fossés, des enceintes du 2e et 4e siècle, une nécropole, 1 temple et 1 forum. Le temple est périurbain (// Reims) avec une polarisation entre le pôle très officiel et un temple périurbain dédié aux divinités “indigènes”. Au sud ouest, comme à Reims, l’enceinte enserre une rivière et donc une zone sera de manière privilégiée marécageuse mais aussi industrielle. L’habitat résidentiel se trouve sur une légère pente, le temple périurbain se trouvant sur un “promontoire”. Les dépôts alluvionnaires sont de 3-4m et donc ont préservés les niveaux romains. L’enceinte fait 4,5km et date de la seconde moitié du 2e siècle (monnaie de 156) et ont est tenté d’associé la construction du rempart avec l’obtention du statut de municipe. Les constructions de ces remparts sont tardives. Il existe une première phase monumentale antérieure à la construction du rempart car on connait un aqueduc daté de la 1er moitié du 1er siècle qui a été reconnu sur 6km. Séquence chronologique On a 4 grandes phases d’occupations avant un évènement destructeur daté de 69-70 AD qui est une révolte des peuples Bataves (Nimègues). Les structures les plus anciennes datent de l’horizon d’Auberhagen avec de la céramique Arétine. Tout cela a été retrouvé dans des fosses et des fossés en v associé à des traces de baraquements. On a là des maisons étables qui sont des bâtiments en matériaux périssable avec une colonnade axiale. Dans le courant du siècle, on a des transformations de cet espace et on a l’apparition à l’époque claudienne (31-54) de décors peints. Entre 50 et 70, on a l’apparition de premier bâtiments en dur qui est une transformation tout à fait visible sous Néron et ensuite l’incendie par les Bataves. Ensuite la ville continue de s’accroître. Les remparts sont partiellement construit sur pilotis et présente des tours circulaire et des fossés. On a encore des destructions radicales, l’une en 170-175 et l’autre aux alentours du 3e siècle. La ville ne se développe en dur qu’à partir du 2e siècle. On a à nouveau un resserrement de l’urbanisme au bas empire mais pas uniquement dans le forum mais dans une ville rétrécie. Ceci interviendrait plutôt sous Constantin que sous Dioclétien. On a la construction d’un nouveau mur de 2,7km. Le temple périurbain Le temple du centre-ville est méconnus et on a identifié le forum. On connait par contre très bien le temple périurbain. Topographiquement, il est intégré dans la 2e enceinte et donc on a une utilisation continue. Le secteur a été sondé par Jean Mertens dans les années 60. Le temple domine et tourne le dos à un valons, il est construit sur une grande terrasse artificielle limité par un mur de périobole contenant du matériel antérieur aux années 170-175. Le temple doit sans doute recouvrir un lieu de culte indigène antérieur. Le téménos fait 130x70m et est strictement orienté sur la grille urbaine qui elle remonte à l’époque de Claude. Derrière le temple, du côté nord, il y a des bâtiments qui s’adossent à la substructure dans lequel on imagine qu’on organisait des réceptions. On reconnait 2 phases dans le bâtiment avec durant la phase 1, un bâtiment imposant (25x30m), précédé d’un pronaos avec un escalier centré et une cella carrée. J. Mertens proposait d’y voir un bâtiment qui puisqu’il est aligné sur la grille urbaine qu’il remontait au 1er siècle mais il faudrait peut être revoir cette proposition. Dans la 2e phase, le mur de soubassement de la façade est dédoublé et le secteur 35 Archéologie des provinces gallo-romaines est réaménagé et J. Mertens propose l’époque d’Adrien. Ce qui est difficile à comprendre c’est pourquoi les datations du temples sont indépendantes de celles de la terrasse. Au final, d’un point de vue typologique c’est qu’on a un mixte entre une logique de fanum et le temple type romain sur podium avec accès privilégié et pro-naos. La 2e phase doit plutôt daté de l’époque de la municipalisation, de la création de la terrasse, de l’enceinte, de la pétrification du bâtis, etc. Dans la zone périurbaine, on a retrouvé à proximité de l'aboutissement de la voie bava-Tongres; un grand bâtiment de 200m de long comprenant 2 séries de chambres adossées qui avait sans doute une fonction agricole et de ventes. Ce bâtiment se superpose à un autre bâtiment de même nature datant de l’époque flavienne en matériaux légers. On a une lecture très orientée de la région à cause de ce bâtiment car on a considéré Tongres comme ayant un rôle centralisateur pour la production agricoles. Nécropole Les nécropoles sont occupées entre le 1er et le 4e siècle et suivies sans discontinuer par des nécropoles chrétiennes dès le milieu du 4e siècle; elles comprennent un certains nombres de mausolées avec des épitaphes, on a une école de sculptures et on retrouve 150 tombes dans la nécropoles du nord-ouest. La nécropoles du sud-ouest compte 370 sépultures qui permet de montrer l’évolution des pratiques funéraires avec dans le courant du 2e siècle l’inhumation qui supplante l’incinération. La céramique gallo-romaine I. Introduction Terminologie Céramique fine : ce qu’on pose sur la table Céramique commune : préparation culinaire, stockage et transport des aliments. Mode de cuisson A : cuisson d’abord réductrice puis alimentation du four en oxygène pendant le refroidissement. Mode de cuisson B : cuisson et refroidissement en réduction Mode de cuisson C : cuisson et refroidissement en oxydation Engobe : solution d’argile qu’on badigeonne sur le pot qui donne une couverture au-dessus de la pâte. L’engobe grésé est une engobe qui a commencé à vitrifier avec la cuisson. La glaçure s’effectue avec du sable et donne un aspect brillant au pot. Céramique fine La céramique sigillée La pâte est rougeâtre et le vernis grésé. Le répertoire morphologique est varié et elle apparaisse aux Ier siècle BC jusqu'au IeV siècle AD. Le centre de production initial est Arezzo mais après on a une production qui s’étend dans le sud de la Gaule, le centre de la Gaule, l’est de la Gaule. 1. Sigillée du Haut Empire 36 Archéologie des provinces gallo-romaines Le Graufesenque : sud Gaule Elles sont reconnaissable à leur pâte rouge et leur surface brun-rouge et sont attestée de 10-20 après au 2e siècle de notre ère . Cette production se retrouve un peu partout. Lezoux : centre Gaule La pâte est beige et le couvert est rouge-brun. On la connait depuis la période augustéenne jusqu’au bas-empire. On la retrouve en Gaule, Bretagne, Autriche. Argonne : nord Gaule La pâte est orangée et la surface est rouge. On les connait du début du 2e siècle jusqu’au 4e siècle. Ce sont des céramiques moulées avec le pied et le col qui sont tournés. La diffusion est surtout dans les territoire de Gaule Belgique. 2. Sigillée tardive Les productions perdurent et les ateliers argonnais ont le monopole. Ils sont caractérisés par le décors à la molettes. Elles sont caractérisées par une pâte orange. On retrouve aussi des décors à la barbotine et en guillochis. La différence entre la peinture et la barbotine est que la barbotine est un mélange d’argile et d’eau alors que la peinture est une solution de couleurs minérales. 3. Dérivées de sigillées Ils sont de qualités moindres avec une pâte plus claire et un engobe qui n’a pas résisté au temps. Ils sont connus au 4e-5e siècle avec plusieurs grands centre de productions: Paris, Nargonne, et Bavay qui fait exception car elle apparait dès le 2e siècle. La céramique à glaçure plombifère On pense que la glaçure provient d’Asie mineure et a été introduite en 20AD. La technique consiste à une première cuisson à 1000° puis on enduit d’un enduit de plomb et de silice et une dernière cuisson en mode A à une température de 700°. La technique connait un essort entre 40 et 80 mais on la retrouve encore jusqu’au milieu du IIe siècle. On retrouve les mêmes techniques que pour la sigillée comme la barbotine, etc mais aussi les décors d’argile en relief. Il semblerait que seul les productions du centre Gaule ai été diffusé jusqu’au nord de la Gaule. L’usage était pour les boissons. En région Rhénane, on en retrouve au bas-empire Les parois fine Elles sont caractérisées par leur parois fine et une cuisson en mode A. Elles appartiennent au service de boisson et sont caractéristique à la période augustéenne, on les retrouve surtout dans le Limes. On les connait dès le 2e siècle BC en Etruria plus tard apparait un atelier à Lyon et cette production reste rare en Gaule du nord. On suppose que celles retrouvées en Gaule du nord résulte nt d’importation. La céramique engobée Elles prennent le relais des parois fine en élargissant le répertoire typologique. On est à la fois dans le service à boire et dans le service des aliments. Par engobée, on entend une céramique recouverte d’un enduit argileux qui n’est pas grésés et donc on n’a pas de vitrification. Typologiquement, on fait de nouveau appel au publication des sites du Limès. Elle est cuite en mode A et présente un décors variable: barbotine, métalescent, sablage. On connait plusieurs zones de productions: Sud de la Gaule qui en produit jusqu’au 2e siècle, Lezoux dans le centre produit jusque dans le 2e siècle et 37 Archéologie des provinces gallo-romaines dans le nord de la Gaule à Argonne. La céramique engobée d’Argonne est surtout attestée au 2e siècle et a un répertoire typologique de 2 formes. On a également la céramique engobée de Trèves qui a une pâte beaucoup plus rouilles et aussi limitée à 2 typologie, la pâte est siliceuse allant de l’orange ou brun. La différence avec l’Argonne c’est que le décors est beaucoup plus diversifié. La céramique engobée de Cologne est reconnaissable à ses décors de chasse. La céramique à décors moulé d’Argonne Elle est limitée à la forme Hees 2 et est surtout connue pour ses scènes de chasses, de cirque, de gladiateur, etc et ce qui la caractérise c’est une frise délimitant le décors. Elles sont connues pour une fourchette chronologique de la deuxième moitié du 2e siècle. La céramique métallescente La pâte est de couleurs variable avec un répertoire brillant. On les connait de la deuxième moitié du 2e siècle au 4e siècle. À Lezoux, on a une pâte orange-brun avec une engobe très très très foncée. La production est datée seulement de la deuxième moitié du 2e siècle. À Argonne, la pâte est plus grise et l’engobe est grise aussi. On y retrouve essentiellement des Niederbieber 33. À Trèves, on a les métallescentes les plus abouties. Elles sont caractérisées par un pâte rouge avec un engobe foncé. La production s’étend entre 255-355AD. Le répertoire est plus varié que celui d’Argonne. Dans le nord de la Gaule, on a une pâte blanche et une surface à reflets gris-bleu. On y retrouve des Niederbieber 33 et Arensburg 35. Aux Bas-empire, la production continue avec une qualité moindre et deux sites de productions: Argonne (pâte et surface grise avec un répertoire typologique élargit) et à Trèves (pâte orange à brun ocre et un engobe brun-noir, la qualité est régressive). À leur disparition, elles sont remplacée par les terra nigra tardive. Terra ruera et terra nigra On les retrouve dans les anciennes publications sous le nom de céramique belge. Elle sont étudiée et déterminée en 3 faciès: région septentrionale, méridionale, ouest de la Gaule Belgique. On a pensé que ça s’arrêtait au 2e siècle mais on en a des survivances fin 3e-4e siècle avec une ressemblance à la céramique sombre avec de la vaisselle plus fine. Céramique commune On a des productions qui sont très localisées avec une diffusion très larges comme les productions de la vallée du Rhône, des ateliers de Lyon mais à côté de ça, on a des production régionales et locales (pas plus loin que 30km). Les mortiers Les mortiers servent à malaxer, à écraser, à mélanger et ils sont aussi le signe d’un changement dans les habitudes alimentaires (X. Deru - G. Florent). La céramique à vernis rouge pompéien On la retrouve dès le 3e siècle BC jusqu’au Ier siècle AD. On a une régionalisation dans le nord de la Gaule à partir du 2e siècle AD. La typologie est limitée à des plats et pour la fonction on pense que c’était des fours à galette. La céramique de l’Eifel Cette production provient de la région située entre le Rhin, la Moselle et l’Eifel. Elle est connue dès 38 Archéologie des provinces gallo-romaines le 2e siècle mais dans nos région surtout au 4e siècle. On la reconnait grâce à ses inclusions volcaniques qui donnent un aspect rugueux à la céramique ainsi que des lèvres en gouttières. La céramique commune claire et la commune sombre Les communes claires ont une couleur beige et les communes sombres ont des couleurs grisées mais certaines communes claires sont fumées. Une autre distinction est que la commune claire est utilisée dans le service à boisson et la commune sombre sont des casseroles. On les retrouve dès le 2e siècle AD jusqu’au 4e siècle AD et étant donné que ce sont des productions régionales, on n’a pas étudié les pâtes et donc il n’y a pas de distinction d’atelier. La céramique craquelée bleutée On la définit comme une production particulière ayant une surface à l’aspect craquelé bleuté mais de plus en plus on l’englobe dans les céramiques communes sombres car on retrouve les mêmes fonctions. On la caractérise par une pâte claire mais on connait des productions largement diffusées: atelier de la Villeneuve-le-château (1er siècle), Reims (2e siècle) et une seconde diffusion beaucoup plus tardive pour lesquelles on n’a pas défini les ateliers. Les amphores et les cruches-amphores La différence se fait au niveau de la contenance mais aussi au niveau de la pâte qui est plus grossière pour l’amphore. Leurs fonctions est de transporter les denrées liquides mais aussi au transport de fruits confits, sec ou d’alun. Les cruches Leurs pâtes est savonneuse (kwartz tellement fin avec un effet de craie sur les mains) et claires. On a une standardisation du répertoire typologique à partir du 2e siècle. Les dolia Ce sont des grandes jarres à fond plat avec très peu d’évolution morphologique, on les connait du 1er au 3e siècle. La céramique non tournée On l’a appelée céramique indigène, modelée. On la nomme non tournée car il n’y a aucune intervention de tours, au niveau des techniques on a celle des colombins mais il y en a 47 autres. La pâte est dégraissée à la calcite dans nos régions, on se trouve souvent dans un répertoire à cuisson réductrice mais on peut trouver de l’oxydante. La production continue jusqu’au 4e siècle. La fonction est culinaire, de stockage, cultuelle, de contenant de liquide. Réflexion méthodologique La classification qui se base sur des plans différents ne permet pas de comprendre la fonction d’une céramique retrouvée dans un site. Le problème est qu’on n’envisage pas les différentes céramiques avec le même angle de vue. Artéfacts métalliques dans la provinces romaines occidentales Métaux et alliages à l’époque romaine On a un phénomène de généralisation du métal à l’époque romaine par le contrôle de l’empire ce qui n’était pas le cas à l’époque celtique où on ne retrouvait les métaux que dans les grandes 39 Archéologie des provinces gallo-romaines agglomérations. Le travail de l’or et de l’argent, en raison de leur température de fusion, n’est pas donné à tout le monde. On retrouve aussi le cuivre (moins présent) et le fer. Le cuivre est une exploitation minière diffusée par l’empire et essentiellement en suivant les chemins de l’armée. Le fer a une température de fusion très élevée ce qui fait qu’il n’est pas coulé dans l’antiquité. On retrouve aussi l’étain, le zinc et le plomb qui sont rarement utilisé pour eux-mêmes. L’étain et le zinc sont additionnés au cuivres et le plomb peut être ajouté au cuivre pour faciliter la coulée mais aussi seul car il est très malléable. L’argent et le plomb sont liés car c’est le même minerais qui fournit les deux métaux. Les métaux circules sous la forme de lingots et monnaies pour faciliter leurs circulations. On peut réaliser les objets à partir de lingot mais aussi on peut récupérer les monnaies pour réaliser des objets et il faut prendre en compte le phénomène du recyclage. Les principaux alliages sont le bronze (cuivre + étain: 3%) et le laiton (cuivre + zinc: 8%). Justement parce qu’on a 2 types d’alliages en cuivre, lorsque la corrosion est verdâtre, on n’a pas forcément du bronze mais un alliage cuivreux. Le laiton rouge composé de cuivre, d’étain et de zinc est aussi un alliage cuivreux. L’ajout de plomb permet une meilleure fluidité de l’alliage. D’autre alliage sont à bases de fer comme l’acier (fer + carbone: améliore la dureté mais rend plus cassant). Plusieurs critères entre en compte pour le choix d’un métal: le critère esthétique, technologique; fonctionnelle, économique, sociologique. Corrosion des artefacts métallique Un alliage cuivreux à généralement une patine verdâtre qui peut être aussi noire, rouge, etc. Le métal sain est en-dessous recouvert d’une couche de cuprite puis une couche carbonatée. Un alliage ferreux présente une gangue ferreuse avec généralement plus de métal sain à l’intérieur. Techniques de mises en formes et de décorations Technique de moulage s’effectue à la cire perdue, à la fonte au sable. On peut aussi forger (= déformation plastique) le fer mais aussi les alliage cuivreux (ex. Fibule à ressort). On peut mouler à froid comme pour l’estampage sur une feuille métallique. Technique de décoration L’incision consiste à enlever la matière tandis que le repoussé consiste à ciseler la matière pour donner un relief. On peut étamé ce qui consiste à appliqué une couche d’étain sur l’objet soit pour la couleur, pour la résistance à la corrosion, éviter le goût du cuivre. L’émail est une incrustation de matière colorée vitreuse connue dès l’époque celte et généralisée au 1er siècle. La dorure qui se généralise à l’époque romaine, elle s’effectue au mercure ou à la feuille. L’initiale qui est l’incrustation de pâte précieuse. Aperçu de l’instrumentum métallique romain L’instrumentum est l’ensemble du petit mobilier de la vie quotidienne sauf la vaisselle et les monnaies. Plusieurs catégories peuvent être reliées à l’instrumentum; voyage et transport (sandales, pièces de char, arnachement, etc), commerce et économie (balance, poids, lingots), outillage et artisanat (principalement en alliage ferreux plus résistants et moins cher), écriture et communication (stylet, encrier, boite à sceaux, tablette), intérieur et ameublement (poignée, pied de meuble, applique, lampe, clé, briquet), ustensile de cuisine et vaisselle (couteaux, cruche, plat, chaudrons, 40 Archéologie des provinces gallo-romaines set de banquet), parure toilette et divertissement (fibule, bracelet, boucle d’oreille, miroir, épingle, dés, bagues), médecine et hygiène (strigile, cure-ongle, scalpels, pincette, sonde), rites et cultes (statuettes, dodécaèdre, clochette, amulette, ex-voto, urne) Quelques études de cas Organisation de la production artisanale métallique en Gaule Il faut distinguer deux grands types de productions: production de première nécessité et de maintenance à diffusion locale. Le bâtiment est petit avec une différentiation des différentes espaces de travail. Dans une villa, on voit qu’on n’utilise la forge que lorsqu’on en a besoin. production de diffusion Lorsque l’on regarde le quartier artisanal d’Autain, on a un quartier pour chaque corps et c’est extrêmement hiérarchisé à l’intérieur des quartiers. On retrouve des moules qui permettent donc d’avoir une diffusion beaucoup plus larges. On remarque qu’à partir du 3e-4e siècle, on a une diminution des ateliers dans les villes et une augmentation dans les sites ruraux ce qui était l’inverse auparavant. Evolution des alliages cuivreux à l’époque romaine Au point de vue chronologique, l’évolution des alliages nous montre 3 tendances: l’importance du laiton au 1er siècle On se tourne vers des alliages faciles au 2ème siècle le développement des alliages au plomb à partir du 2ème siècle On choisit les techniques de productions les plus optimales. augmentation du gunmetal à partir du 2ème siècle Cet alliage n’est pas volontaire, il résulte de recyclage des alliages au laiton du 1er siècle. Selon les contextes, on remarque une utilisation équilibrée du laiton dans les zones d’habitats rurals. Comme il est trop présent, il devait y avoir du commerce avant la conquête romaine par contre il n’est pas présent dans les sites funéraires, rituels et militaires indigènes. Plumbum germanicum - lingot de Tongres estampillé Contexte La technologie du plomb et sa production renvoie à l’histoire économique qui a un bagage historiographique extrêmement lourd. Elle a été encombrée par une polémique immense sur l’existence même d’une économie productive durant l’antiquité, immense débat du primitivisme et modernisme. À la suite d’un certains nombre de propositions dans les années 1920 sur la nonexistence du transport routier et relayés dans les années 1960 par un courant marxisant, il a été défendu un point de vue considérant que l’économie active et productive et marginale. Cette idée considère que l’économie est d’abord l’autarcie du domaine rural: on produit ce qu’on consomme et s’il y a surplus de production, il est consommé directement dans l’agglomération la plus proche ce qui sous-tend un marché complètement fermé. Le second point dans cette manière de voir, est qu’il n’y a pas d’investissement dans l’économie, on se contente de consommer un surplus de production et on ne cherche pas à optimiser les rendements. Comme le transport routier est bloqué par l’incapacité de transporté un poids et une charge d’une certaine importance car dans les années 1920-1931, un commandant de cavalerie française à considérer que l’iconographie reflétait la réalité 41 Archéologie des provinces gallo-romaines car on ne voyait que de petites charges car le cheval transportant est étranglé par une sangle. Cette iconographie était déficiente dans le type de lecture et erronée dans l’interprétation de la figure ellemême car le cheval dans l’antiquité n’existe pas en terme économique. Le tractionneur lourd par excellence est le boeuf qui tire par un joug double. Le nord de la Gaule à l’époque d’Auguste est complètement stabilisé. La prise en charge des régions conquises par César est lente et se fait d’autant plus lentement en région du Rhin car les combats césariens ont été extrêmement brutaux et dur ce qui a bouleversé une politique qui commençait à se mettre en place lors du voyage d’Agrippa et qui sera prolongée dans la politique augustéenne qui consiste à se concilier les ethnies pour qu’elles adhèrent à la politique romaine. La stabilité et l’organisation des cités (subdivisions internes des provinces) se fait sur une base ethnique assez cohérente. On essaie de faire en sorte que les anciennes élites indigènes adhèrent le plus vite possible au système qui est décentralisé. Cela fonctionne bien à la nuance près qu’entre Meuse, Moselle et Rhin la brutalité de la conquête a été telle qu’il n’y a plus d’élite disponible. Agrippa et Auguste recompose les élites. On a une ambition de conquêtes au-delà du Rhin et donc il faut boucler et verrouiller le Rhin côté rive gauche avec des camps. En Hollande, on crée la cité des bataves, à Cologne on crée la cité des ubiens. Les trévires sont d’anciens alliés donc il n’y a pas de problèmes et on en fait une cité. C’est la civitas des tongres qui n’existe pas et donc on a une fabrication d’une civitas avec ce qui reste d’ethnie et un déplacement humain. C’est dans le cadre de la création de la province de germanie qu’on a une exploitation massive du plomb. Lingot de Tongres On lit sur l’estampille: impartirons Tibre CAESERIS AUG plumbum Germanium TEC. Il faut restituer le plumbum. Le cartouche est très clair et la pureté du lingot est telle qu’on ne peut que difficilement faire mieux en terme de qualité du plomb. On se trouve à Tongres qui est le chef lieu de la cité des Tongres, constituées par Auguste et aura une pérennité civique jusqu’à la fin de l’époque romaine. L’inscription GERM pose des questions car jusque dans les années 2000, on pense que l’Espagne fournit l’essentiel de la production en plomb de Rome. Car l’Espagne est très riche en minerais. Le plomb dont on fait une utilisation immense provient d’Espagne. Que faire quand on a retrouvé des estampilles avec GERM, ils se sont trouvés face à un obstacle épistémologique car ça ne colle pas avec la doctrine. Puisque tout les lingots proviennent d’Espagne comment interpréter GERM qui peut aussi signifier de bonne qualité ce qui permet de résoudre le problème de la provenance. À partir du moment où on trouve un certains nombre de GERM dans la Germanie Libre avec des estampilles sous tutelles impériales on se rend compte qu’on n’est pas forcément dans la bonne interprétation. Les épigraphistes se mettent à cogiter car on rouvre un dossier et on conteste le monopole de la production du plomb par l’Espagne. On retrouve au musée d’Istres un lingot provenant de Fos-surMer avec la même estampille que celui de Tongres. Cela signifie que le GERM et le renvoi à la Germanie bouscule les flux de productions qui jusqu’ici était un flux Méditerranée vers le reste et on se rend compte qu’il faut peut-être inversé les données. On retrouve en Corse, une estampille ressemblant mais ici, on ne parle pas de Tibère et après le TEC, on a un F qui signifie fecit. Le trou signifie qu’on a enlevé l’identification de l’empereur par damnatio memoriae cet empereur était Caligula. On a une série de cachet qui renvoie vers la Germanie et e parallèle, on a une série d’archéologuearchéométriste qui trouve qu’on peut mettre une autre méthodologie en place pour s’assurer que les 42 Archéologie des provinces gallo-romaines épigraphiste et historiens ne sont pas entrain de créer un axe de lecture. Le plomb se retrouve partout à l’époque romaine ce qui a même donné lieu à un pic-plomb dans les calottes glacières. La production est certifiée par une méthode isotopique. En 9 de notre ère, on a une défaite de romaine en Germanie et donc la production en rive droite est liée à une présence romaine active qui n’a durée que de 9BC à 9AD. La production Sainte-Marie-de-la-Mer est un lieu économique où on a une densité énorme d’épave car on est à la jonction entre la Méditerranée et le Rhône et les passes maritimes sont très difficile. On y retrouve un tas de lingots plus ou moins grands, l’estampille comporte un nom, le plumb, le germ. L’isotope montre que c’est bien la production germanique du nord. Le nom nous amène à un autre cas de figure où un particulier à quelque chose à avoir avec la production de lingot. C’est la mise en série épigraphique qui permettra de comprendre. Ce veruclae peut apparaitre sur d’autre estampille comme sur des estampilles latérales, il est donc parfois principal mais peut aussi être latéral. À Fossur-Mer dans une marque coulée on retrouve l’estampille sociorum qui renvoie aux producteurs associés. Tout doucement se met en place un système de production et de gestion. Clairement lorsque nous avons à faire à des lingots plumbum germanium d’époque augustéenne, la propriété et la gestion relève directement de l’empire. Cela est possible car la conquête romaine implique la prise de possession de territoire nouveau et en principe tout ce qui n’est pas restitué aux propriétaires indigènes devient propriété du patrimoine impérial. Ce qui n’est pas propriété privée/collective indigène relève du patrimoine de l’empereur ce qui comprend beaucoup de chose mais surtout les domaines réservés car l’empereur se réserve certains type de propriété qu’il juge vitales pour l’empire dont les mines font parties de cette propriété. Dans ce cas de figure là, une mine devient quand même par expropriation, propriété de l’empereur. Tout ce qui est production du sel rentre dans le patrimoine impériale non seulement parce qu’il est vital mais aussi car sa transportation, etc est conditionnée par une taxation immense qui rapporte beaucoup à l’empire. Les lingots que l’on peut suivre vont vite du producteur au consommateur. On a d’autres formes de gestion ce qui explique le veruclae et le sociorum. La gestion indirecte peut se faire à plusieurs niveaux. Dans beaucoup de cas, l’empereur et le fisc impérial (pouvoir fiscal et de production) gère mais on peut mettre en concession le fermage d’une mine. À ce moment là, il y a une mise en adjudication d’une ferme et donc les procuratores en second transforment en ferme la mine et donc le propriétaire est le fermier. Le lingot lors de son voyage se fait contrôler et à donc des estampilles latérales qui peuvent être nominale (fonctionnaire responsable du contrôle lors du passage) ou l’estampille de contrôle de la cargaison. En Belgique, l’Eifel est le coeur de l’affleurement du plomb mais on a aussi à Dinant, dans la zone du Viroin, etc on retrouve des productions de plomb. La zone entre la Rourh et la Vesdre a été exploitée pendant 2000 ans. Testais est rapporté à un certains nombres de site dans l’antiquité qui le porte dans leur nom et donc on est tenté de faire le rapprochement. Au niveau des cultes, on a des sanctuaires dédiés au matrone avec une concentration particulière que l’on ne retrouve pas ailleurs et donc certaines portent le nom de tectumeae qui suggère une piste intéressante à creuser entre les matrones et la concentration de leur sanctuaire et les cité tout ça avec une concentration entre la Rourh et la Vesdre. Problème de la constitution et la réalité de la province de Germanie 43 Archéologie des provinces gallo-romaines Elle est créée par Auguste à partir du moment où la partie droite du Rhin est conquise jusque’à l’Elbe. On met en place les civettes, etc mais ça ne dure pas car en 9, défaite légionnaire et création du Limes. L’argument fort c’est le commerce car on ne peut concevoir une gestion si réglementée soit en gestion directe par l’empereur ou en adjudication par des procuratores sans la création d’une province. Approches archéologiques du fait religieux. John Scheid est au collège de France et est un grand connaisseur des sanctuaires. Plutarque a écrit les questions romaines qui est un traité sur la vie quotidienne avec des questions et réponses. Grâce à cela, on connait des domaines que l’on n’aurait pu aborder autrement par contre, on n’a jamais compris quel était le lien entre ces différentes question et Scheid y a répondu en disant que Plutarque c’est baladé sur le forum avec des gens et notait les questions posées face à tel faits. La Gaule est un paysage morcelé dans lequel se trouvent et vivent de multiples groupes qui sous une apparente unicité présente une diversité institutionnelle et aucune unité religieuse. D’innombrables traditions locales ont disparus ou ont été altérée par la mise en place du nouveau cadre romain. Des traditions survivent à travers ou en parallèle du système religieux romains. Ce phénomène est général et Rome le connait depuis des siècles. On a tendance à considérer que dans une région, il y a communauté de pratiques alors que dès qu’on regarde le domaine funéraire on se rend compte que les pratiques sont diverses. Toutes les cités ont des institutions différentes, on connait le versant romanisé du cadre institutionnel religieux mais une partie nous échappe. La première clef de lecture à mettre en oeuvre est de distinguer le culte public du culte privé. Les cultes public dans le monde romain est de manière générale célébré par la cité et donc avec des représentants, des magistrats, des délégués officiels pour mettre en oeuvre ses cultes. Ils sont régis par un droit sacré public : on a un calendrier religieux local propre à chacune des cités. Les cultes sont célébrés au nom de la cité et au frais de la cité. On leur oppose des cultes privés ce qui signifie que c’est tout ce qui n’est pas public et donc toutes sortes de communautés; ces cultes sont célébrés par une communauté quelle quelle soit et qui tombe sous le droit privé. Ils sont célébrés par des représentants de la communauté et au frais de la communauté. Les communautés sont la famille, le quartier d’une ville, une association professionnelle ou fonctionnelle, une unité militaire ou administrative : elles sont le coeur de la vie sociale. Les membres d’un vicus peuvent se constituer en communauté privée (exemple les pagus). Un vicus c’est en fait statutairement un morceau de la cité, c’est un quartier séparé de la cité, un morceau de ville détaché du chef lieu, une excroissance de la ville hors du territoire urbain. L’espace et la communauté des vicani appartiennent à la res Urbana de la civitas d’ou la difficulté d’interprétation des manifestations religieuses privées dans ces petites subdivisions. Par ailleurs, les vicani peuvent se rassembler et honorer des divinités dans le cadre privé. Un autre impératif du cadre romain est l’espace du sanctuaire qui appartient à la divinité, il est consacré donc il est retiré du monde des mortels et est limité. On l’inaugure après la prise des auspices réalisées par les augures/aruspices. Cela signifie que si c’est inauguré, on aura un pérybole (= mur délimitant l’espace) et un téménos (= espace). Un sanctuaire est un binôme : temple + autel ce qui est un cas de figure particulier car ce qui est essentiel c’est l’autel. Cet espace est très particulier donc il engendre une série d’interdits d’ordre rituels en terme d’actions de comportements, d’accessibilité. On y intègre des structures d’accueils comme des puits, des thermes, des salles de banquets, etc. 44 Archéologie des provinces gallo-romaines Les empereurs, en particulier les empereurs divinisés qui sont normalement sauf exceptions sont mort, peuvent être présent dans le sanctuaire : de leur vivant, on a leur génie et lors de leurs morts s’ils sont divinisés par le Sénat. On retrouve leur statue dans les temples car ils sont le lien entre l’homme et les dieux et garantissent l’ordre universel. Les hommes vénèrent les dieux et leurs demandent d’assurer la protection des empereurs. Les principes énoncés valent pour les colonies latines et romaines et pour les cités ayant obtenu ces statuts. Les cités pérégrines ont subi une évolution et contamination des rituels et des cadres mais on ne doit pas généraliser l’apport romain aux cités pérégrines. On a un vocabulaire latin pour désigner le temple et le sanctuaire (= paedes et templum). Le deuxième relève du domaine public tandis que le premier relève du domaine privé. Ce qui permet par conséquent d’identifier un lieu de culte est la typologie des lieux de cultes qui peuvent être évident ou moins (bois, sources, etc). Certains lieux de cultes échappent aussi car ils échappent à l’approche typologique, un grand nombre de portique de Rome sont des lieux de cultes et on pourrait être extrême et dire que tout lieu public ou privé peut servir de cadre à un culte pour peu qu’on y place un petit autel portatif. L’épigraphie contient parfois des informations suffisamment précise qui assure le culte à tel magistrat ou tel divinité mais souvent les inscriptions sont extrêmement laconiques et donc on ne peut déterminer si le culte est privé ou public. On a le même problème pour les offrandes matérielles car elles sont souvent déposées dans les tombes et donc relèvent du privé. L’archéologie des restes animaux et de végétaux permets de restituer des éléments du matériels. On doit recourir à des sources multiples et des indices recoupés pour créé un cadre. Typologie : le fanum Cette désignation de fanum est passé dans l’usage courant mais ne correspond pas à la désignation originale latine. Chez Varon, le mot fanum désigne tout espace consacré selon des règles augurales différentes du templum. C’est à l’origine un terme générique qui petit à petit, fin de l’époque républicaine, désigne une petite construction cultuelle dont le sens est proche du sacellum et dans un cas au moins, Cicéron utilise le mot pour désigner un sanctuaire étranger à l’architecture classique. Vitruve désigne le fanum comme la scène cultuelle en opposition à l’espace consacré. Autrement dit, l’utilisation du mot fanum pour désigner les monuments religieux de la Gaule est arbitraire. La caractéristique principale n’est pas d’être carré mais de présenter un plan centré. La plupart du temps, on a un polygone entouré d’une galerie. On a repéré 800 de ces monuments en Europe du Nord (Gaule - Germanie - Bretagne) dont la moitié ont été fouillé. Ils apparaissent en contexte urbain ou rural, isolé ou en groupe. Certains de ces monuments ont été bâti avant la conquête romaine et ils font référence à des sanctuaires de traditions pré-romaines. Ils apparaissent en très grand nombre à l’époque Césaro-Augustéenne et se développe essentiellement à la fin du 1er siècle - début 2e siècle. À cette date la majorité des monuments sont construits dans des matériaux périssable. On est dans la continuité celtique avec un phénomène de monumentalisation au tournant du 1er et 2e siècle qui se généralise. À Nanteuil-sur-Aisnes, on s’est rendu compte qu’on avait un sanctuaire celtique datant du 2e siècle BC auquel succède 2 sanctuaires de notre ère. Le fanum peut-être monumental. Dans la cité des Nerviens, on a retrouvé un vase avec 2 représentations sur 2 faces d’un fanum au center duquel on a une statue de culte avec un Mercure. Les portiques latéraux sont représentés et occupés par des effigies qui sont probablement les statues de/des empereur/s. Un autre exemple, est celui de la stèle-aedicula du Titelberg qui 45 Archéologie des provinces gallo-romaines serait plus une porte qu’un fanum. Il y a effectivement un certains nombres d’évolutions sensibles dans le fanum. Les Bons-Villers, situé sur la voie Bavay-Cologne près de Liberchies, présentent une transformation retrouvée ailleurs avec deux phases principales : un petit édicule avec comme dimensions 6x7m et une seconda phase beaucoup plus grande 17x20m avec l’adjonction d’un pronaos. On a un emprunt à Rome sans emprunter le podium. On possède une monnaie républicaine dans le premier temple et le second date du milieu du 2e siècle. En terme de taille, on a quelque chose d’un peu grand pour un sanctuaire rural et de part sa proximité avec Liberchies (2km) on pourrait avoir un sanctuaire dépendant de Liberchie mais aussi comme il est à la frontière entre la cité des Tongres et des Ménapiens, il pourrait dépendre du chef lieu de la cité des Tongres. On connait toutes sortes de variations dont un sanctuaire double à Castellains où on a 2 temples joints et un troisième temple à petite distance. Cet espace est repéré par photo aérienne, fouillé deux fois et publié dans les années 90. Les temples font 9x4,5m, remonte à Domitien et sont utilisés jusqu’aux 4e siècle. Ils prennent places sur un sanctuaire gaulois dont on ne connait que peu de chose en dehors des monnaies offertes. On a un autre petit sanctuaire avec un culte à Esculape, on a suggéré par la présence d’Esculape de voir dans l’une des deux cella un culte à Apollon Médicus. Blicquy-Auberchies est un site situé sur 2 voies : Bavay-Velzègue et vers une voie montant à la cité des Ménapiens. On est à la frontière entre la cité des Ménapiens et des Nerviens, une grande zone cultuelle associe un grand sanctuaire, un théâtre, des thermes, des bâtiments de fonctions inconnues et une petite agglomération. Si on se tourne vers le sanctuaire on a 2 phases principales : la première est délimitée par un fossé et on lui associe plus de 1100 trous de poteau dans lesquels on pourrait voir un bois sacré. Dans une deuxième phase, on a un bâtiment de type fanum avec des infrastructures : portique, téménos, propylée, un grand hémicycle centré avec effet de monumentalisation évident. Il date du la première moitié du 1er siècle de notre ère - 2e siècle. En parallèle, on a un théâtre datant de Domitien réalisé majoritairement en bois avec les bâtiments de scènes et les murs arrière de la cavea en dur. On a un immense sanctuaire (50ha), loin d’une agglomération et un sanctuaire intégrant de grands thermes, des bâtiments de services, etc. On explique un tel sanctuaire ici car on a retrouvé des éléments de bronze du 1er siècle BC et on imagine qu’en raison de ses nombreuses structures d’accueils, c’est un sanctuaires de la cité des Nerviens. Il est un des plus importants de la Gaule Belgique et de la Gaule du Nord. Épigraphie Une première catégorie facile à identifier sont les prêtres qui sont des magistrats recevant une charge publique comme le sévir (= charge du culte impérial). On a deux catégories de cultes impériaux se superposant : il en existe un provincial relevant de la Province et un culte impérial émanant de la cité. Généralement le culte provincial est mis en oeuvre dans la capitale de la province et chacune des cités envoie un représentant pour le culte provincial. En parallèle, on a les cultes impériaux dans les cités qui se passent dans le chef lieu de la cité. Un autre exemple à Trèves on a un militaire recevant la magistrature d’être prêtre de Rome et d’Auguste. À Bavay, un autel consacré à Jupiter et au génie d’Auguste, un autre est dédié à Apollon, autre cas de figures au matronnes, au génie de la cité et à Bornem on a un autel avec l’inscription où on sait que quelqu’un s’est acquitté de son devoir. Dans la cité des Trévires, on a un flamine qui est à la fois celui d’Auguste et celui d’une divinité locale : Lenus-Mars. À Trèves, on a le sanctuaire local dans la ville et le sanctuaire au culte local à l’extérieur. On retrouve des dédicaces à Jupiter à Tongres ou à Liberchies sur des stèles ou encore sur des rouelles de Matagne. Un petit autel mentionne la maison des Augustes. 46 Archéologie des provinces gallo-romaines Dans les divinités locales, on retrouve à Strée dans le Condroz, une dédicace à Viradechtis retrouvée aussi en Ecosse émanant du pagus des condruziens. Dans le Condroz, on a une divinité particulière associée au pagus. Un autre type de divinité sont les matrones du Condroz qui sont honorées n’ont pas sur le territoire des Tongres mais sur celui des Nerviens. On a retrouvé des iarae à Liberchies qui sont associées probablement à des matrones de types germaniques. Sur le pilier des Nautes retrouvé à Lutèce, on a une dédicace à Tibères. Iconographie Le pilier des Nautes présente une série de divinité avec leurs noms inscrit au-dessus. Par exemple, Esus est représenté entrain de couper un arbre. Pendant longtemps, on a essayé de le rattacher aux textes celtiques postérieurs et aux représentations de l’âge du bronze. On au aussi Taros Triaganus, Cernunos (probablement dieu de l’abondance) que l’on retrouve chez les Rhèmes entouré de Mercure et Apollon renvoyant au panthéon romain. À Tongres et classiquement chez nous, on retrouve un Jupiter à l’anguipède (= divinité cuirassée à cheval terrassant le mal) avec toutes sortes de lectures possibles. C’est le marqueur essentiel et on le retrouve dans certains sites de frontières d’où les nombreuses dédicaces à Jupiter. À Blicquy, on a retrouvé un Mars local comme un autre appelé Interagus dans la cité des Trévires. Les semainiers présentent les divinités associés à chacun des jours de la semaine. À Bavay, on a découvert 2 Mercures de la même époque avec une facture extrêmement différente, l’un est romain et l’autre gaulois. À Bonsin, près de Durbuy, on a une représentation classique de Diane. Un exvoto en bronze de forme d’orteils. Cultes « orientaux » L’armée brasse énormément de gens et beaucoup se retrouvent loin de leurs terres d’origines. On a une importation de culte dit orientaux, on en a des témoignages mais cela ne signifie pas que le cule oriental est forcément pratiqué par des étrangers. À Tongres, on a un Jupiter Dolichenus qui provient du Comagènes qui est à l’est de la Turquie actuelle. Le culte à Jupiter Dolichenus est un culte à mystère. Au musée d’Arlon, on a un Sabazios qui est un culte provenant de Phrygie au centre de l’Asie Mineure. À Vervoz/Clavier, on a un attis funéraire qui est aussi un culte phrygien largement diffusé. Attis est le fils et amant de Cibèle. À Theux, des dédicaces à Mithra sont retrouvées dès le 16e siècle. On a retrouvé à Angleur, l’atelier d’un bronzier avec des appliques représentant les signes du zodiaques et sans doutes destinées à un mithraeum. Le culte à Mithra est largement diffusé comme à Liberchies où on a retrouvé une tessère mithriaque qui est moulée et coulée et serait une médaille commémorative. Ce n’est pas un jeton car pour un certains nombres de cultes, on connait des jetons d’accès au banquet en l’honneur de telles ou telles divinités. On a fouillé un mithreum à Tirlemont dans lequel on a retrouvé une petite plaquette de bronze sur lequel l’inscription est en point et une dédicace. Archéologie des rituels Cfr. Archéologie du sacrifice animal en Gaule romaine rituel et pratique alimentaire, Sébastien Lepetz et William Van Andringa, 2008. => articles sur Blicky 47 Archéologie des provinces gallo-romaines Ils sont respectivement archéo-zoologues et archéologues et leurs intérêts est d’avoir ré-orienter la recherche dans le cadre des sanctuaires comme pour la cuisine, les fosses, les sacrifices, etc. On peut essayer d’identifier l’âge des animaux sacrifiés. L’autre aspect en milieu urbain extrêmement intéressant est la relation entre la proximité topographique entre le sanctuaire et le machelum. On sacrifie et on consomme une partie mais on vend aussi. Approches archéologiques de l’espace funéraire. Lorsque l’on étudie une nécropole, on étudie 2 populations : celle qui est morte mais aussi celle qui est vivante avec son rapport aux morts. Typologie : tumulus Pour exemple, le lion de Waterloo est un marqueur d’une tombe qui sert à être spectaculaire. Son but est d’être vu. Le tumulus peut être isolé ou en groupes (dépend des régions : par exemple, chez les Bataves, en Hollande, on a de petits tumulus groupé). Les tumulus sont caractéristiques de nos régions à l’époque romaine. Après l’annexion, on voit nos paysages se couvrir de tertres locales ce qui est une survivance ancienne. On en retrouve un peu chez les Trévires, beaucoup chez les Tongres mais très peu chez les Nerviens ou les Ménapiens. À priori, il semble effectivement concentré dans le coeur de la région des Tongres qui est une reconstitution d’une population après les destructions massives, cette population est au moins partiellement germanique (ce qui pourrait être l’explication de la présence en masse des tumulus). Une explication plus pratique pourrait être que pour faire un tumulus, il faut une terre argileuse et donc les Ménapiens avec du sable ne pouvaient en faire. Chez nous, les tumulus sont plutôt isolés contrairement aux Bataves, on peut expliquer cela par une norme chez les deuxième tandis que ça serait un phénomène lié à l’élite chez nous. En terme de distribution, une autre chose intéressante est qu’il y en a un peu partout et ne sont pas spécialement associé à une population. Les tumulus sont disposés un peu comme les villas et donc on peut imaginer qu’ils seraient le témoins de gens ayant les moyens voulant exhiber leurs moyens. Les tumulus disparaissent à partir de la deuxième moitié du 3e siècle - début du 4e siècle ce qui peut s’expliquer par des destructions radicales et comme les temps sont au troubles, il n’est pas question d’exhiber l’autorité et les avoirs. Ce qui est intéressant est de saisir qu’un peu comme dans les exploitations agricole, on a une continuité culturelle en dépits de l’évolution du mobilier. Dans les fouilles récentes, on a pu observer le bucher funéraire à proximité du tertre parfois accompagnés d’autres foyers destinés à l’offrande du sacrifice soit à la préparation du repas. On distingue le matériel offert au défunt du matériel de cérémonie qui est assez systématiquement brisés en petits fragments et répandus. S’agissant du vaisseliers, on peut parler d’évolution puisque les offrandes présentent une évolution, on passe d’un vaisseliers essentiellement céramique dans lesquels dominent les récipients pour aliments (début 2e siècle) et puis on observe un accroissement dans le courant du 2e siècle, de la quantité de vaisselle de verres petit à petit accompagnées de vaisselles de métal. Par ailleurs, le vaisseliers évolue à nouveau car le vaisseliers dominant est au départ de cuisson et service de table et devient petit à petit un service à boisson et à toilettes au point qu’à la fin du 2e et dans le courant du 3e siècle, le service de vin domine les autres services. 48 Archéologie des provinces gallo-romaines Statistiques : Pommerœul Pommerœul se trouve près de Mons à côté de Bernissart. Ici, on étudie une population décédée à côté des rituels mis en oeuvre par les populations vivantes. On peut avoir un déplacement de la nécropole en fonction des époques et même avoir des superpositions. On y a retrouvé, depuis 1975, 118 tombes dans des conditions pas toujours excellentes. Sur ces 118 tombes, 70 ont fournis du matériels datant. L’immense majorité des tombes/fosses présentent des résidus de crémation dans une fosse et ces résidus sont la plupart du temps éparpillés dans la fosse et dans 10 cas seulement ils sont déposés dans une urne. On ne sait pas dire si le corps a été brûlé dans la tombe ou déposés et brûlés ensuite dans la fosse. L’empierrement serait l’ustrinum qui sert de bûcher, on aura un enfouissement secondaire. La majorité des cas ne présentent pas de coffrages sauf certains qui en ont il est en bois et parfois en tuile au nord ouest. Au milieu de tout ça, on a une tombe à inhumation. Les tombes sont antérieures à 250, 3 tombes présentent du matériels du milieu du 2e siècle tandis que 3 tombes présentent du matériel qui ne peut dater du 3e siècle, 14 tombes ont du matériel du 2e mais qui peut se prolonger au 3e et la majorité de ces tombes datent de 160-200, 5 tombes datent de la 1er moitié du 3e siècle et 2 tombes présentent du matériels postérieurs à 250. La plus récentes des tombes contient une monnaie de Valérien (257-258) ce qui donne un terminus post-quem. Epigraphie : Namur Parfois, on retrouve les marqueurs de tombes mais ce n’est pas une généralité de l’époque. Parfois on a le marqueur de tombe sans la tombe et on retrouve rarement la tombe et le marqueur. À Namur, on est dans le secteurs fluvial au confluent Sambre-Meuse (secteurs du port) et dans les fondations du château des Comptes (13e) réutilisant des pierres ré-utilisées au bas-empire. Dans les fondations du château, on trouve des blocs utilisés dans les monuments du bas-empire qui re-utilisent des pierres utilisées pour les épitaphes auparavant. À Namur, on a retrouvé 10 inscriptions ce qui en fait le 2e site en terme de nombres d’inscriptions latines après Tongres. Cela permet d’étudier l’onomastique (nom des gens enterrés) à défaut d’avoir leurs tombes. En 1986, on y a retrouvé 6 inscriptions et 4 nouvelles en 1997. Ces épitaphes proviennent d’un cimetière dont la localisation est inconnue. On a une stèle qui évoque des individus portant très clairement un nom italien : Sicinius flavianus et sa famille. Ce n’est pas courant comme nom dans nos régions et on suggère qu’un local aurait reçu la citoyenneté romaine d’un italien. Une tombe est érigée par un ou plusieurs individu en l’honneur de leur père; le cas de figure est tout à fait classique avec TPI qui ordonne dans son testament la réalisation de son tombeau. Une autre stèle épitaphe est celle d’un Braruco et d’une Lifthina qui sont un couple dont la stèle a été réalisée du vivant des individus à la demande du couple. Il s’agit sans doute de pérégrins (indigènes) qui habite dans l’empire mais ne sont pas citoyens. Ces noms sont probablement d’origines germaniques et témoigneraient des apports de populations pour combler les vides de la conquêtes. Une troisième stèle est celle d’un couple ayant réalisé leur tombe à l’avance qui s’appelaient Placidinus et son épouse Partena. C’est Paterna qui a réalisé la tombe pour son mari. On n’a pas des citoyens mais sans doute des indigènes ayant latinisés leurs noms. Ici, on peut évoquer une latinisation de la population. Sur la stèle on a réservé une petite herminette (= ascia) qui est un symbole funéraire en particulier dans la région de Lyon et de Trèves et c’est le seul témoignage pour la cité des Tongres. 3 autres exemples nous montrent que les noms sont nettement latinisés. Iconographie : Arlon Il y a une véritable école de sculpture à Arlon, sans doute la plus impressionnantes de Belgique. Des stèles ont été importées à Tongres. On est au-delà de l’Ardenne dans la Lorraine qui est totalement isolé de la vallée de la Meuse et donc rattaché à quelque chose de différent. On est en périphérie de 49 Archéologie des provinces gallo-romaines la cité des trévires. Cette agglomération est situé au croisement de deux routes importantes : ReimsTrèves et Metz-Tongres. Par ailleurs, se trouve là les sources de la Semois et c’est un site qui trouve place en contre-bas d’une éminence. C’est sur cette butte que s’édifie un castrum au bas-empire protégé par des remparts. La ville du haut-empire est connue par des fouilles nombreuses ces dernières années. On connait 3 nécropoles pour Arlon et comme elles se trouvent en périphérie, on connait l’extension du vicus original. Elles sont à incinérations avec une au nord contenant 163 tombes dont le matériel est extrêmement riche, une au sud-est avec une cinquantaine de tombes dont le matériel date du 2e, la troisième au sud-sud-ouest a été fouillée au 19e et donc présente peu d’information. On a fouillé un établissement thermal en 1907 à l’occasion de travaux lié à la gare et au tracé du chemin de fer, peut-être un temple et un portique à la fin du 19e. On a reconnu des secteurs de quartiers artisanaux et d’habitats. Arlon devient un site de référence en particulier car on y a retrouvé du matériel de bois en raison des sources de la Semois. On a un vicus dont le nom est connu par l’itinéraire Antatonin (= orolono vicus) et par une inscription qui est une dédicace des habitants d’Arlon en l’honneur d’Apollon et de la maison impériale. Une autre inscription atteste l’existence d’un pagus dont le nom est perdu, à travers l’offrande d’un monument au génius du pagus. Le pagus est une sub-région d’une cité, un morceau dont on ne sait pas très bien à quoi il correspond administrativement. Un inscription funéraire présente un attelage et une borne milliaire et on a retrouvé à Sesselich des hipo-sandales qui est un fer englobant le sabot du cheval lorsque celui-ci est blessé, on en a retrouvé aussi pour les caprins. Les principales zones de fouilles récentes se trouvent en partie basse. Les fouilles à la rue de la Meuse date de 2006 qui ont permis de donner des témoignages d’activités artisanales : teintureries, foulages, travail du bois, de l’os, refonte de verre, dinanderie (= chaudron réalisé au repoussé), orfèvrerie et aussi de la cordonnerie. Ici, on est au sud sud-ouest de la gare avec une cinquantaine de mètre de voirie, des bâtiments, une portion du vicus présentant une image traditionnelle avec une rue et les bâtiments présentant le petit côté à front de rue. Les bâtiments sont de plan rectangulaire allongé perpendiculaire à la voirie sur la voie Tongres-Metz. Il remonte au 2e siècle. Une quarantaine de foyer de forges ont été retrouvés, un grand nombre de raté de cuisson de gobelet (Niederbiber 33 produit à Arlon au 3e siècle). Ces gobelets ont été utilisé jusqu’au 4e. Une autre zone, qui correspond aux fouilles d’urgences de 8384, qui a mis en évidence des caves et des coffrages quadrangulaires probablement un puits et des citernes dans lesquels on a du matériel daté exclusivement du 1er siècle (L). Au pied de la butte, on a une occupation plus ancienne et puis un développement du vicus vers le sud. Les termes de la Semois (J) ont été découvert en 1907, présentent 4 pièces dont la grande pièce est à hypocauste. En P, on a une petite piscine et des latrines. On les date au plus tôt du 3e siècle. Les fouilles de 2005 ont révélés des vestiges de parcellaires antiques avec des champs délimités par des fossés dont le comblement contient la poterie du 2e siècle. Dans ces fosses, on a retrouvé des déchets de cuir et donc un artisanat de cordonnerie. Dans le secteur sud (fouillé le plus récemment), on a retrouvé une foulerie qui est donc un atelier de foulon (= nettoyer la laine préalablement au tissus). Le travail de la laine se fait d’abord par un nettoyage pour retirer les graisses et impuretés avec de l’urine et ensuite on foule la laine pour la nettoyer une deuxième fois. Le bâtiment fait 27x20m avec des ères de travail sur plancher de bois avec des bacs de bois et de pière. Sont associés des systèmes d’adduction d’eau. On a analysé des vestiges de laines, il y a des cuves de teinturiers et diverses couleurs sont attestées à Arlon (blanc, noir, rouge, brun, bleu). Deux grandes phases sont attestées, l’atelier semble construit vers 150 comme les maisons du secteurs sud et l’ensemble est détruit à la fin du 3e. Le vicus du haut-empire n’est pas protégé par des murailles. À Arlon, la colline qui domine la Semois est entourée d’une muraille avec une quinzaine de tours semi-défensive semicirculaire ou circulaire pleine datant de la fin du 3e, début du 4e siècle. La largeur du rempart est de presque 4m et le diamètre des tours est de 8 à 9 mètres et leurs hauteurs est évaluée de 9 à 10 mètres et la longueur est de 900m. La topographie et le parcellaire moderne respecte le tracé du castrum, le 50 Archéologie des provinces gallo-romaines secteur est perturbé par les constructions postérieures dont le château fort du 10e siècle et la citadelle du 17e. On suppose que ces espaces restent à peu près vide et sont des espaces refuges. Pierre Mertens renvoie à Osonius, rhéteur ayant vécu à Bordeaux durant le 4e siècle, qui cite les bâtiments de défense qui dans une phase plus sereine sont transformés en greniers. Généralement, il y a une ou 2 portes. Les marqueurs de tombe peuvent être le support d’une iconographie provenant d’une école de sculpture. Une stèle ou un autel (coussinet) funéraire retrouvée à Arlon. Une autre catégorie de marqueurs de tombe est le cipe qui est un couvercle de monument dont on peut placer une inscription sur leur petit côté. Les cipes peuvent être cylindriques ou pyramidaux. Tout ceci renvoie à une logique de pilier funéraire qui peuvent être modeste ou bien recevoir de la sculpture qui est une tradition bien connue chez les Trévires. Ceci renvoie au pilier d’Igel (milieu 3e siècle) qui est. Il y a des reliefs curieux, il s’agirait d’un entablement avec un trophée (accumulation d’armes) représentés. On possède un certains nombre de blocs qui sont des stèles sculptées sur les faces avant et latérales comme par exemple celle du marchand de drap, on ne sait pas dans quoi elles s’intègrent. La stèle dite au satyre présente 2 couples avec peut-être une apothéose et des schémas renvoyant à des schémas étranger. On a aussi bien entendu des reliefs ne provenant pas des cimetières mais renvoyant au domaine religieux qui sont des piliers à 4 faces représentant diverses divinités, ils sont souvent la base d’une colonne supportant une statue. Les divinités sont représentées dans des registres séparés. Ces piliers ont l’intérêt d’associer des divinités et donc même s’il n’y a pas de panthéons, on a une organisation reconnue par groupes, on n’a pas un panthéon commun mais des petits panthéons pour chacune des cités dont les piliers y renvoient. CONCLUSION On ne peut considérer un avant et par!s annexion ce qui serait réducteur. Tout les champs que l’on peut explorés qu’ils soit typologique, épigraphiques on perçoit et on recherche aujourd’hui presque autant sinon plus les continuités que les ruptures; c’est à travers ces continuités qu’on lit un formalisme romain qui vient transformer les choses petit à petit et fondre la culture. Le phénomène est sans doute plus large et qu’il peut et doit être identifié partout à deux niveaux : déjà dans Rome à l’époque républicaine (la culture romaine est une mosaïque intégrant les cultures éparses de l’Italie) et à l’extérieur dans l’ensemble des provinces telle l’Asie Mineure, la Grèce, l’Afrique du Nord. Il faut quitter le point de vue romain pour lire l’autre chose qui était occulté auparavant par le romain. 51