ADRD - Agora21

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ADRD - Agora21
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 1
L’ ADRD
2007
et...
travailleurs agricoles
Les travailleurs agricoles souffrent
de forts taux de pauvreté,
d’insécurité alimentaire, de décès,
de blessure et de maladie. En outre,
on leur refuse souvent les droits de
l’homme les plus élémentaires.
Les politiques qui visent à
sécuriser les moyens d’existence
et à améliorer les conditions de
travail des travailleurs agricoles
bénéficieront aux communautés
rurales et à leur économie, mais
aussi à l’économie régionale
et nationale.
Le saviez-vous?
 Il y a 450 millions de travailleurs
agricoles. Ce groupe – qui constitue
déjà plus de 40% de la main d’oeuvre
agricole – connaît une croissance
absolue et relative (représentant une
part croissante des actifs agricoles).
 Dans de nombreux pays, plus de 60%
de travailleurs agricoles vivent dans
la pauvreté.
 L’agriculture fait partie des trois
secteurs économiques les plus
dangereux: 170,000 décès ont été
causés par des accidents sur le lieu
de travail en 1997 et 7 millions de
travailleurs agricoles sont morts du
VIH/SIDA entre 1985 et 2001.
 Moins de 20% des travailleurs
agricoles bénéficient d’une
couverture sociale élémentaire.
 70% des enfants dont le travail nuit
à leur développement et à leur bienêtre travaillent dans l’agriculture.
 20-30% des travailleurs agricoles sont
des femmes: ce groupe est marginalisé
dans la plupart des zones rurales.
Pourquoi faut-il agir? Quels sont les buts
politiques?
 Les travailleurs agricoles font partie

FAO/F.Botts

Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.


des groupes les plus pauvres et les
plus exposés à l’insécurité alimentaire.
Les travailleurs agricoles ont souvent
des occupations dangereuses,
ils subissent l’exploitation et les
conditions de paiement, ont des
contrats précaires avec de fréquentes
périodes de chômage, et n’ont que peu
d’accès à la protection sociale.
Le nombre et l’importance des
travailleurs agricoles augmentent,
car l’agriculture est de plus en plus
commercialisée et la propriété des
exploitations agricoles de plus en plus
concentrée.
La mondialisation et la compétition
accrue au niveau de l’exploitation
agricole et le long de la chaîne ont
engendré un plus fort taux d’emploi
saisonnier dans l’agriculture, ce qui
constitue une menace pour les moyens
d’existence des travailleurs agricoles.
Les travailleurs agricoles et leurs
syndicats jouent un rôle important
dans la réalisation de l’ADRD et leur
contribution devrait être accrue.
 Créer des opportunités d’emplois
décents, stables et productifs dans
l’agriculture incluant des salaires
adéquats.
 Garantir aux travailleurs agricoles la
possibilité de satisfaire leurs besoins
quotidiens ainsi que ceux de leur
famille et d’améliorer leurs moyens
d’existence.
 Respecter les droits de l’homme
élémentaires des travailleurs agricoles.
 Réduire les décès, blessures et
maladies dans l’agriculture, en
assurant des conditions de travail
sans danger.
 Eliminer les formes de travail qui
nuisent au développement et au bienêtre des enfants et particulièrement
les pires formes de travail des enfants.
 Renforcer les organisations de
travailleurs agricoles, y compris leurs
syndicats.
 Engager et responsabiliser les
travailleurs agricoles dans le processus
de développement.
L’ ADRD et...
travailleurs agricoles
Les questions
politiques
propres moyens d’existence ainsi que la
productivité agricole en général.
SIDA et au travail forcé que dans d’autres
secteurs.
Conditions de
santé, de sécurité
et d’environnement
insuffisantes
Des conditions d’emploi
insuffisantes
Les travailleurs agricoles et petits
agriculteurs sont confrontés à différents
types d’inconvénients et d’obstacles à leur
bien-être, comme indiqué ci-dessous.
Les accidents mortels, les blessures et
maladies réduisent le bien-être et les
biens (le travail) des travailleurs agricoles,
la sécurité des moyens d’existence de leur
ménage, ainsi que la productivité agricole
en général.
Pauvreté et insécurité
alimentaire
Négation des droits de
l’homme élémentaires
Il découle de ces conditions d’emploi
insuffisantes: de forts taux de pauvreté,
l’insécurité de l’emploi, l’abus de pouvoir
par les employeurs ou entrepreneurs,
des mouvements de population illégaux,
une faible transparence des rapports
sanitaires et de sécurité, et, en fin de
compte, une faible productivité et un faible
développement économique.
Les travailleurs agricoles comprennent
les personnes qui travaillent dans des
exploitations agricoles et plantations,
ainsi que dans des usines de première
transformation pour la production
d’aliments et de fibres. Ils travaillent
pour être rémunérés en argent ou en
nature, et ne possèdent, ni ne louent la
terre ou l’équipement utilisé pour leur
travail. En font partie: les travailleurs
permanents ou à temps plein, saisonniers,
temporaires ou occasionnels, migrants,
indigènes, ceux qui sont payés à la pièce
(c’est-à-dire par unité de travail) ainsi
que les petits agriculteurs qui souvent
font un travail agricole rémunéré en
complément des revenus de leur propre
exploitation agricole.
Il existe de forts taux de pauvreté
et d’insécurité alimentaire parmi
les travailleurs et leur famille. Cette
situation est essentiellement due aux
bas salaires, à la faiblesse des marchés
du travail et au fort chômage qui sévit
en zones rurales.
La pauvreté et la sous-nutrition diminuent
le bien-être et les capacités de travail
des travailleurs agricoles, ce qui
contribue à réduire la sécurité de leurs
Les travailleurs agricoles souffrent de
forts taux de décès, blessure et maladie.
Les causes en sont: de hauts niveaux
de risque sur le lieu de travail (liés par
exemple à l’utilisation de machines et
de pesticides), de longues journées de
travail, des mesures de sécurité limitées,
de faibles services sanitaires et une
formation insuffisante sur les questions de
santé et de sécurité en zones rurales, une
forte prévalence du VIH/SIDA et de faibles
conditions de vie.
L’opposition politique, la main d’œuvre
disséminée et la forte proportion
d’emplois informels, occasionnels ou
temporaires sont autant de facteurs qui
limitent l’organisation des travailleurs
agricoles en syndicats. Les travailleurs
agricoles se voient donc souvent refuser
un droit de l’homme élémentaire, c’est-àdire la liberté d’association qui permet aux
employés de s’organiser et de négocier
collectivement avec leur employeur. Les
restrictions qui touchent les syndicats
dans le secteur agricole limitent
également l’éventuelle contribution de ces
organisations au développement durable
qui s’appuierait sur les processus de
changements industriels, l’éducation et la
formation des travailleurs et la protection
du lieu de travail (voir l’encadré 1).
2
L’ADRD et... travailleurs agricoles
FAO/F.Botts
La discrimination contre les travailleurs
agricoles compromet également les
droits de l’homme élémentaires. Les
femmes, les migrants et les populations
indigènes travaillant dans l’agriculture
non seulement ont souvent des salaires et
conditions d’emploi inférieurs, mais sont
aussi plus exposés à la pauvreté, au VIH/
Les salaires dans le secteur agricole
sont faibles et ne progressent pas
nécessairement quand la productivité
augmente. La couverture sociale (comme
par exemple l’assurance-maladie et la
protection de l’emploi) est insuffisante et
se détériore du fait du caractère de plus
en plus occasionnel du travail agricole.
Les cadres juridiques, qui déterminent
dans l’agriculture les relations employeuremployé, sont faibles. En outre, il est
difficile de faire appliquer ces cadres
juridiques dans les zones rurales
éloignées.
Forte proportion du travail
des enfants
La forte proportion du travail des enfants
est attribuée à la forte proportion de
pauvreté, de production saisonnière
avec des pics au niveau de la demande
du travail, du manque d’écoles, de la
prévalence des paiements à la pièce
et d’un droit du travail insuffisant. Ces
conditions incitent à recourir au travail des
enfants pour répondre aux besoins de base
du ménage.
Certains types de travaux peuvent nuire au
bien-être et au développement des enfants,
ainsi qu’à leurs futurs moyens d’existence.
Le travail des enfants peut également
compromettre le pouvoir des adultes à
négocier une augmentation des salaires.
Exclusion
Les travailleurs agricoles sont souvent
exclus des processus de prises de
décisions, car ils ne sont pas toujours
reconnus comme un groupe distinct ayant
des besoins et intérêts spécifiques et ils ne
sont pas organisés.
Quelles options
politiques existent?
Sécurité des moyens
d’existence
 Garantir un réel marché du travail
et favoriser la diversification des
emplois ruraux.
 Améliorer les opportunités d’emplois
rémunérateurs pour les femmes en
zones rurales.
 Adopter des mesures de protection
sociale, avec des systèmes d’emploi
comme, par exemple, les travaux
publics d’aide d’urgence ou de
réduction de la pauvreté.
Santé et sécurité sur le lieu
de travail
 Promouvoir l’adoption de pratiques
agricoles qui réduisent les risques
et dangers en termes de santé et
de sécurité pour les travailleurs
(par exemple les pratiques de
gestion intégrée des pesticides
et l’utilisation d’équipements de
protection) et les consommateurs
(notamment les demandes de
sécurité alimentaire). On pourrait y
inclure les programmes d’éducation
et de formation visant à renforcer les
connaissances et compétences des
travailleurs agricoles.
 Réglementer les horaires de travail,
tout en maintenant la flexibilité
nécessaire (à la gestion des
fluctuations saisonnières et au
marché) en termes de demande de
main d’oeuvre agricole (Convention
184 de la BIT).
 Consulter les travailleurs pour
élaborer des politiques qui favorisent
la prévention du VIH/SIDA et des
discriminations rattachées à la
maladie sur le lieu de travail (Code
d’usages sur le VIH/SIDA).
 Autoriser les travailleurs à choisir
leurs propres représentants pour
la sécurité sur le lieu de travail
(Convention 184 de la BIT).
Les travailleurs agricoles contribuent à l’ADRD en:




appliquant des pratiques agricoles durables
maintenant les standards de sûreté alimentaire
maintenant un lieu de travail sûr, sain et respectueux de l’environnement
fournissant du travail au secteur agricole.
Exemples de syndicats contribuant à l’ADRD:
 Insertion de clauses de durabilité et de condition d’emploi dans les conventions
collectives (ex: limitation de la durée d’emploi informel au Kenya)
 Insertion de questions d’ADRD, de sécurité alimentaire et de développement durable
dans les programmes sanitaires et de sécurité sur le lieu de travail (ex: la Labour
Environmental Alliance Society à Vancouver sur l’élimination des toxines sur le lieu de
travail et dans la communauté)
 Réseau de communication pour sensibiliser les travailleurs à l’ADRD (ex: Le syndicat
Transport and General Workers’ Union et la gestion de la ‘maladie de la vache folle’ au
Royaume-Uni)
 Education et formation des travailleurs pour renforcer leurs connaissances et
compétences en matière d’ADRD (ex: Formation sur la protection des pesticides (IPM)
par l’UITA et le Mécanisme mondial IPM)
 Coordination avec les groupes d’ONG et de la société civile, les producteurs et le
secteur privé à toutes les étapes de la chaîne alimentaire (ex: l’UITA, la Coordination
des syndicats de travailleurs de la banane d’Amérique latine et la société
multinationale de la banane, Chiquita, pour le respect des normes de travail)
 Réseaux de coordination et de communication aux niveaux national, régional et
international (ex: l’UITA et International Flower Coordination pour élaborer un code de
conduite international).
FAO/G.Bizzarri
Les travailleurs agricoles doivent participer
aux processus de prises de décisions
qui affectent leur vie, pour obtenir des
résultats positifs pour leur bien-être, tout
en maximisant leurs capacités à contribuer
à l’ADRD.
Conditions de travail et
sécurité sociale
 Garantir que les conditions des
travailleurs agricoles sont cohérentes
avec les normes et législations
nationales et internationales.
 Maintenir la flexibilité du marché du
travail et étendre aux travailleurs
saisonniers / temporaires les
conditions de travail et la couverture
sociale des travailleurs qui ont un
emploi permanent.
 Etablir et veiller à l’application de
salaires minimums pour les travailleurs
agricoles et à l’égalité des salaires
entre hommes et femmes.
 Utiliser les politiques de protection
sociale comme les systèmes de
retraite et d’emploi pour réduire la
pauvreté et la vulnérabilité, tout en
garantissant que les travailleurs
ont une couverture d’assurance les
protégeant en cas de décès, blessure
ou maladie (Convention 184 de la BIT).
 Définir juridiquement de nouvelles
formes de relations employé-employeur
prédominantes dans l’agriculture.
Garantir que les statuts, droits et
obligations des deux parties sont clairs
et fondés sur des contrats, et que
les travailleurs sont protégés contre
l’exploitation.
 Utiliser les codes de conduite, contrats
et conventions collectives pour
améliorer les conditions de travail.
 Etablir un système d’inspection
national pour faire appliquer les lois et
conditions de travail.
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
travailleurs agricoles
Respect des droits de
l’homme élémentaires
 Permettre aux employeurs et
travailleurs d’établir et de rejoindre
leur propre syndicat (Conventions 11,
87 et 98 de la BIT).
 Soutenir les syndicats et autres
institutions qui représentent et aident
les travailleurs agricoles.
 Empêcher toute discrimination sur
le lieu de travail agricole contre les
victimes du VIH/SIDA, les femmes,
les populations indigènes et les
migrants (Conventions 100 et 111
de la BIT), ainsi que tout travail forcé
(Conventions 29 et 105 de la BIT).
Travail des enfants
 Garantir que les enfants qui travaillent
ont atteint l’âge légal minimum pour
le faire (Convention 138 et 182 de
la BIT), que leur santé et sécurité
sont totalement protégées et qu’ils
reçoivent préalablement une formation
appropriée (Convention 184 de la BIT).
Participation
 Reconnaître les travailleurs agricoles
comme un groupe professionnel
distinct ayant des besoins et intérêts
spécifiques.
 Renforcer les capacités des travailleurs
agricoles à produire de façon durable
des aliments et fibres de bonne
qualité, sûrs et abordables.
 Engager des travailleurs à identifier
et gérer l’impact des projets de
développement sur les marchés et les
conditions du travail, ainsi que sur les
travailleurs individuels.
 Faire participer les travailleurs
agricoles et leur syndicat dans les
processus de prises de décisions qui
les concernent.
Etant donné que les inconvénients et
obstacles que subissent les travailleurs
agricoles sont liés les uns aux autres,
une réponse politique globale doit être
apportée qui intègre les éléments de
toutes ces recommandations.
Ces recommandations sont cohérentes
avec les conventions de l’Organisation
Internationale du Travail (BIT), qui sont
identifiées entre parenthèses et détaillées
à la fin du présent document.
4
L’ADRD et... travailleurs agricoles
Guide des Conventions de l’Organisation Internationale
du Travail (BIT)
No. 11 – Convention sur le droit d’association (Agriculture), 1921
No. 29 – Convention sur le travail forcé, 1930
No. 81 – Convention sur l’inspection du travail, 1947
No. 87 – Convention sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948
No. 98 – Convention sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949
No. 100 – Convention sur l’égalité de rémunération, 1951
No. 105 – Convention sur l’abolition du travail forcé, 1957
No. 111 – Convention sur la discrimination (emploi et profession), 1958
No. 129 – Convention sur l’inspection du travail (Agriculture), 1969
No. 138 – Convention sur l’âge minimum, 1973
No. 182 – Convention sur les pires formes du travail des enfants, 1999
No. 184 – Convention sur la sécurité et la santé dans l’agriculture, 2001
Principes et droits fondamentaux au travail
Code d’usages sur le VIH/SIDA
Engagements
internationaux
Les signataires de la Conférence des
Nations Unies pour l’Environnement
et le Développement (1992) se sont
engagés à atteindre l’ADRD (Chapitre
14 de l’Action 21) et à renforcer le rôle
des syndicats de travailleurs agricoles
(Chapitre 29). Ces engagements ont
été re-mis en vigueur par des accords
de suivi, comme le Sommet mondial
pour le développement durable (2002),
le Sommet mondial alimentaire: cinq
ans après (2002) et les Objectifs du
millénaire pour le développement.
L’agriculture et le développement
rural ne peuvent être durables que
si les personnes employées dans
l’agriculture peuvent maintenir des
moyens d’existence durables (c’est-àdire satisfaire leurs besoins quotidiens),
sont traitées de façon équitable et
ont la garantie des droits de l’homme
élémentaires. Les travailleurs agricoles
peuvent également contribuer à l’ADRD
par la mise en œuvre de pratiques
agricoles durables.
Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus
pour encourager et aider les gouvernements à
développer et mettre en œuvre des politiques pour
atteindre l’agriculture et le développement rural
durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
Organisation Internationale du Travail
(BIT)
Peter Hurst
[email protected]
Union internationale des travailleurs
de l’alimentation, de l’agriculture, de
l’hôtellerie-restauration, du tabac et
des branches connexes (UITA)
Sue Longley
[email protected]
Référence complète
Cette brochure a été préparée par Karen
Powell, en collaboration avec Paola
Termine, Jennie Dey De Pryck et autres
(Contacts).
FAO, BIT et UITA 2005. Agricultural
Workers and their Contribution to
Sustainable Agriculture and Rural
Development.
www.fao.org/docrep/008/af164e/
af164e00.htm
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par la
www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 20 2007
L’ ADRD
et...
les bonnes pratiques agricoles (BPA)
Le saviez-vous?
Les bonnes pratiques agricoles
(BPA) sont des principes et des
codes d’usages pour la gestion des
exploitations agricoles qui peuvent
permettre de parvenir à l’agriculture
et au développement rural durables
(ADRD) en améliorant la sécurité
sanitaire et la qualité des aliments,
la durabilité de l’environnement et
le bien-être social. Récemment, une
multitude de codes d’usages BPA
a été développée pour promouvoir
les pratiques agricoles au niveau
de l’exploitation. Si les avantages
des codes d’usages nationaux de la
pratique BPA doivent être complètement
réalisés, les gouvernements devraient
encourager la participation d’un vaste
ensemble de parties prenantes, de
même que surmonter les défis liés aux
capacités nationales en ce qui concerne
la conformité aux pratiques sociales et
environnementales.
 La FAO définit les bonnes pratiques agricoles (BPA) comme des pratiques qui “abordent
la durabilité environnementale, économique et sociale des processus au niveau des
exploitations agricoles et qui se traduisent par des produits agricoles alimentaires et non
alimentaires sains et de qualité ".1
 Le terme “BPA” et de plus en plus employé et on l’utilise généralement pour indiquer des
codes d’usages, des normes et des règlements qui ont été développés par l’industrie
alimentaire, les organisations d’exportateurs, de producteurs, les gouvernements
et les organisations non gouvernementales (ONG) pour conduire les méthodes de
production agricole au niveau de l’exploitation. Ces codes d’usages BPA se concentrent
généralement sur la sécurité sanitaire et la qualité des aliments et définissent des
facteurs tels que les limites maximum de pesticides et la traçabilité de la production.
 Le Brésil, le Mexique, la Malaisie et la Thaïlande sont parmi les pays qui ont déjà
développé des normes nationales BPA. Les BPA nationales au Chili et au Kenya d’un
autre côté, sont privatisées et ont été développées par des associations d’exportateurs.
L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) a lancé l’ANASE-BPA en 2006 pour
harmoniser les normes BPA dans ses dix pays membres.
 Les expériences effectuées en Malaisie, au Viet Nam, en Thaïlande2, en Argentine, au
Costa Rica, au Brésil, au Ghana et au Kenya indiquent que les codes d’usages de la
pratique peuvent aider à améliorer les pratiques de gestion des entreprises, accroître
la productivité et les économies et améliorer l’efficacité ou réduire l’utilisation des
pesticides et des engrais.
 Il existe plus de 400 méthodes courantes dans les secteurs privés dans le monde,3 qui
font du manque d’harmonisation entre les normes privées et publiques une question clé.
Steve Dibblee/istock
Pourquoi faut-il agir?
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
 Dans le développement des BPA
nationales les gouvernements ont un
rôle à jouer très important. Néanmoins,
des BPA privées telles que GLOBALBPA
ainsi que d’autres normes telles que
BRC et ISO sont également importantes
pour orienter les pratiques dans
l’industrie alimentaire.
 De nombreux producteurs continuent à
se lancer dans des pratiques agricoles
qui sont irrationnelles du point de vue
environnemental, social et économique.
Elles causent de graves préjudices à
l’environnement et aux travailleurs euxmêmes.
 Bien que les producteurs agricoles
reconnaissent que la sécurité sanitaire
et la qualité des aliments soient
essentielles pour sauvegarder et
améliorer la réputation du marché et
se protéger face aux responsabilités
juridiques,4 ils subordonnent les normes
environnementales, sociales et du
travail, telles que la sécurité et la santé
au travail (SST), à la sécurité sanitaire
et la qualité des aliments. Les normes
des pesticides, par exemple, insistent
sur les traces résiduelles dans les
produits alimentaires plus que sur les
risques, qui dérivent de l’utilisation
des pesticides, pour la santé des
travailleurs.
 En adoptant des BPA nationales et
publiques, les producteurs aident à
l’amélioration de la sécurité sanitaire et
la qualité des aliments ainsi que celle
d’autres produits agricoles, renforcent
les normes substantielles en association
avec la législation nationale et réduisent
les risques de violation des normes
nationales et internationales de résidus
chimiques de même que d’autres
dangers de contamination.
 Une majeure demande et prise de
conscience du consommateur pour
des marchandises de grande qualité
produites de façon socialement
responsable a mené les détaillants
et l’industrie alimentaire à demander
aux producteurs de se conformer
L’ ADRD et...
les bonnes pratiques agricoles (BPA)
aux normes toujours plus sévères,
augmentant, de ce fait, sensiblement
les investissements des producteurs,
leurs coûts et leurs besoins de mettre à
jour leurs connaissances.
Quels sont les objectifs
des politiques?
 Permettre aux gouvernements, aux
producteurs, à l’industrie alimentaire
et aux travailleurs de satisfaire les
normes nationales et internationales
sur la sécurité sanitaire et la qualité des
aliments.
 Aider les producteurs, les travailleurs
et leurs organisations à s’engager dans
des pratiques agricoles appropriées
et viables qui réduisent les effets sur
l’environnement en utilisant des intrants
et des ressources de façon plus efficace.
 Renforcer le bien-être social, y compris
des groupes les plus pauvres en
améliorant la SST dans le domaine de la
production agricole et en respectant les
normes essentielles du travail.
 Améliorer les revenus nationaux des
exportations agricoles en harmonisant
les codes d’usages nationaux avec
les règlements internationaux
d’exportations.
 Accroître l’information sur les avantages
des BPA, leurs défis et leurs coûts.
Les questions
politiques
Au cours des dernières décennies, les
soucis croissants concernant la sécurité
sanitaire et la qualité des aliments dans
les chaînes de valeur ont mené à la
prolifération dans le monde entier de
pratiques de codes d’usages BPA à la fois
dans le secteur public et dans le secteur
privé. Le commerce et les conditions
gouvernementales de réglementation
liées à l’agriculture sont définis par les
paramètres et les conventions d’organismes
publics et nationaux tels que le Codex
Alimentarius, la Convention internationale
pour la protection des végétaux (CIPV) et
l’Organisation mondiale de la santé animale
(OIE). Les BPA nationales dans les pays en
développement sont souvent passées des
exigences des BPA privées des principaux
marchés à l’exportation aux organisations
de parties prenantes de l’industrie
alimentaire.
2
L’ADRD et... les bonnes pratiques agricoles (BPA)
Pour que les grands et les petits
producteurs adoptent et mettent en oeuvre
les BPA nationales, les capacités nationales
et environnementales, les problèmes
sociaux en matière de production agricole il
convient d’aborder les exigences suivantes.
Concentration de l’intérêt
sur les exportations
plutôt que sur les
préoccupations sociales et
environnementales
En définissant et en mettant en oeuvre
les principes et les normes nationales
des BPA, la plupart des gouvernements,
des industries alimentaires, des ONG
et des organisations de producteurs se
concentre sur le respect des règlements
du commerce international et des
gouvernements importateurs. En général,
les codes d’usages des BPA n’abordent pas
totalement et sont parfois en conflit avec
les exigences de l’agriculture domestique et
de subsistance ainsi que d’autres objectifs
de développement plus vastes comme
les préoccupations environnementales,
les ressources foncières naturelles et les
normes essentiels du travail, y compris
l’exclusion du travail des enfants. C’est
seulement quand la sécurité et la traçabilité
du produit alimentaire final représentent un
problème que la plupart des BPA s’occupent
des problèmes environnementaux ou du
bien-être social.
Défi pour affronter les
questions sociales et
environnementales dans les
BPA nationales
Même si le perfectionnement de la SST
ont démontré d’améliorer la production
agricole à la fois à court terme et à long
terme comme par exemple grâce à la
diminution des jours ouvrables perdus
et des maladies,5 la croyance veut que
les petits agriculteurs dans les pays en
développement soient plus préoccupés
de se procurer de la nourriture que par
l’amélioration de la SST ce qui a entravé
la progression du bien-être social par le
biais des BPA. En outre, l’industrie et les
gouvernements ont même tendance à
sous estimer à long terme les coûts des
risques pour la santé au travail alors qu’ils
surestiment les coûts des investissements
dans la SST. Une prise de conscience
insuffisante et un manque de formation des
petits exploitants et des salariés agricoles
augmentent les risques d’exposition aux
dangers. Dans les petites exploitations
agricoles qui ne sont pas certifiées BPA, les
travailleurs pulvérisent généralement les
pesticides sans équipement de protection
personnelle (EPP), méconnaissent les
périodes qui doivent s’écouler avant de
retourner dans les champs traités après
application des pesticides et boivent l’eau
d’irrigation.6
La diversité des systèmes agricoles et la
taille des exploitations ainsi qu’une prise
de conscience insuffisante de même que
le renforcement des règlementations du
travail existantes qui sont elles-mêmes
souvent dépassées ou inapplicables au
domaine agricole rendent également la SST
difficile à appliquer en utilisant des BPA.
Tandis que de nombreux gouvernements
considèrent que les faibles coûts de
la main-d’œuvre sont un avantage
comparatif et que des normes plus strictes
représentent des obstacles aux marchés
d’exportation, l’acceptation de normes de
travail plus laxistes a de graves implications
sur les droits humains.
Défi pour la mise en œuvre et
le contrôle de la conformité
aux normes sociales et
environnementales, surtout
pour les petits producteurs
Les gouvernements, les producteurs et
les syndicats de travailleurs ainsi que les
autres parties prenantes de l’industrie
alimentaire ont rarement la capacité
nécessaire, les informations et le savoirfaire pour évaluer les possibilités, les
coûts et les stratégies et pour mettre
en œuvre les dimensions sociales et
environnementales dans les BPA nationales
de manière à ce que celles-ci soient
localement appropriées et économiquement
viables. Les syndicats de travailleurs,
les coopératives et les associations de
consommateurs ont besoin d’un meilleur
pouvoir de négociation pour exercer
des pressions sur les gouvernements
et l’industrie alimentaire afin qu’il soit
possible d’adopter les codes d’usages pour
une production socialement responsable.
Des systèmes de certification coûteux
et complexes ainsi que des indicateurs
insuffisamment développés entravent
le contrôle de la conformité et réduisent
les avantages pour les producteurs et les
exportateurs agricoles. La conformité aux
exigences environnementales et sociales
des BPA représente un défi spécifique
Manque d’encouragements
commerciaux
Les producteurs des pays en
développement bénéficient relativement
peu des encouragements commerciaux
pour adopter des BPA sociales et
environnementales plus importantes. Dans
les pays en développement les créneaux
commerciaux et les marchés spécialisés
sont limités parce que les consommateurs
ne sont ni informés ni capables de payer
une prime pour une production alimentaire
responsable qui adhère à la sécurité
nationale et internationale, aux exigences
de la main-d’œuvre ou de l’environnement.
La volatilité des prix agricoles, des petites
marges de bénéfices et l’incertitude
des marchés d’exportation peuvent
décourager les producteurs à réaliser des
investissements dans des améliorations
sociales et environnementales. En outre,
la sévérité des acheteurs qui cherchent
des produits certifiés BPA varie en
fonction de la disponibilité des produits
certifiés, de leur volume, du sérieux des
opérateurs commerciaux et de la stabilité
macroéconomique. Par conséquent,
répondre à des exigences sociales et
environnementales plus élevées en
matière de BPA ne garantit pas toujours
de meilleures occasions de marché à de
meilleurs prix pour les producteurs, même
si quelquefois, ils permettent l’accès à des
marchés nationaux et exportateurs plus
rémunérateurs.
Quelles sont les options
politiques?
Des codes d’usages de BPA appropriés
à l’environnement et à la situation locale
peuvent améliorer la fertilité du sol,
accroître l’efficacité de l’utilisation de
l’eau et la gestion des pesticides ainsi
que la conservation de la biodiversité.
D’un point de vu social, les BPA peuvent
aider à divulguer les compétences des
travailleurs et des agriculteurs, leur pouvoir
de négociation, renforcer les syndicats de
travailleurs et assurer une meilleure SST.
Afin de réaliser pleinement les avantages
potentiels en matière d’adoption de BPA les
gouvernements devraient entreprendre les
actions suivantes.
Élaborer des programmes
nationaux de BPA basés sur
une plus vaste consultation
des parties prenantes
 Engager le gouvernement, l’industrie
alimentaire, les associations de
producteurs et les syndicats de
travailleurs à développer et adopter des
programmes nationaux de BPA, comme
cela se produit déjà dans plusieurs pays.
 Développer un ensemble minimum de
principes volontaires imprescriptibles
pour les BPA nationales et encourager
les travailleurs et les producteurs à
adhérer aux principes des BPA par
le biais de solutions appropriées
aux conditions économiques,
environnementales et sociales locales.
Encourager la mise en œuvre d’une
adhésion aux principes de BPA à la fois
dans le domaine de l’exportation et de
l’agriculture orientée au niveau national.
 Prendre en considération de façon
attentive l’harmonisation des BPA
nationales avec les normes privées
dominantes, qui pourraient porter à des
systèmes de contrôle obligatoires et
représenter des obstacles non tarifaires
au commerce.8
 Prendre en considération l’expansion
des BPA nationales pour aborder l’accès
légal aux ressources naturelles utilisées
dans la production agricole, le respect
des droits de la communauté et les
droits sur les ressources et les effets
à long terme sur le sol et les autres
ressources utilisées.
 Prendre en considération le
développement d’une approche
modulaire ou à plusieurs niveaux
des BPA qui permette aux différents
acteurs de progresser à leur rythme en
développant leurs capacités de façon
progressive afin d’aborder des plans de
BPA plus sophistiqués et qui puissent
être harmonisés avec celles-ci ou avec
Paola Termine/FAO
pour les petits exploitants agricoles, pour
lesquels de coûteux investissements dans
des magasins de produits chimiques,
des latrines ainsi que des infrastructures
et des systèmes de documentation
sont disproportionnés par rapport au
nombre d’employés et à l’importance des
opérations agricoles et des revenus. 7 Même
les petits sous-traitants trouvent qu’il est
difficile de former les travailleurs à la SST, et
d’assurer une correcte utilisation des EPP
ainsi que de fournir un kit d’aide d’urgence
de même que d’autres services de santé
essentiels.6
des équivalents des normes des BPA sur
les marchés internationaux.
Renforcer le bien-être social
dans les BPA nationales
 S’assurer que l’adoption des BPA
renforce l’application des règlements
nationaux et internationaux qui existent,
y compris les normes de travail de l’OIT
sur la liberté d’association, le droit
d’organiser des négociations collectives,
le travail forcé, la discrimination, une
même rémunération pour un travail
identique, l’égalité de traitement et
d’occasions ainsi que le travail des
enfants.
 Ratifier et mettre en œuvre la
Convention n° 184 de l’OIT sur la
sécurité et la santé dans l’agriculture
et par conséquent mettre à jour
la législation nationale et les BPA
nationales.
 Identifier des pratiques SST réalistes,
appropriées et qui soient accessibles
à la majorité des petits propriétaires,
aux agriculteurs de subsistance et aux
petites entreprises.
 Offrir des avantages et encourager la
formation et la prise de conscience pour
développer et utiliser des technologies
agricoles plus sûres et quand on
peut éviter les dangers, s’assurer
de l’utilisation des équipements de
protection.
Renforcer les capacités
 Faire en sorte que les agriculteurs et
les travailleurs soient conscients de
l’importance de la SST, et renforcer
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
les bonnes pratiques agricoles (BPA)
Outils et informations
Engagements internationaux
Codex Alimentarius: http://www.
codexalimentarius.net/web/index_fr.jsp
Convention internationale pour la
protection des végétaux (CIPV):
https://www.ippc.int/IPP/Fr/default_
fr.jsp?language=fr
Organisation mondiale de la santé
animale:
http://www.oie.int/fr/fr_index.htm
Normes internationales du travail:
http://www.ilo.org/public/french/
standards/norm/index.htm
Convention n° 184 sur la sécurité et la
santé dans l’agriculture (OIT):
http://www.ilo.int/ilolex/cgi-lex/convdf.
pl?C184
Normes privées volontaires
GLOBALGAP (connu auparavant sous le
nom d’EUREPGAP):
http://www.globalgap.org/cms/front_
content.php?idcat=9
Organisation internationale de
normalisation:
http://www.iso.org/iso/fr/
British Retail Consortium (BRC):
http://www.brc.org.uk
Autres outils
FAO BPA: http://www.fao.org/prods/
GAP/index_fr.htm
Conférence des Nations Unies sur
le commerce et le développement
(CNUCED) – Commerce et
développement durable:
http://www.unctad.org/trade_env
leurs capacités à participer au dialogue
social, aux prises de décisions politiques
et à la mise en place des normes.
 Renforcer les capacités des producteurs
et des travailleurs par le biais de la
formation de groupes et de l’inclusion
de bonnes pratiques sociales et
environnementales dans les écoles
d’agriculture, la vulgarisation et les
autres formations.
 Faire prendre conscience aux
entreprises, aux consommateurs
et aux citoyens des pratiques qui
conviennent à tout le monde et qui
aboutissent à l’efficacité économique
4
L’ADRD et... les bonnes pratiques agricoles (BPA)
et environnementale et aux avantages
de la SST comme la gestion intégrée de
la production et de la lutte contre les
déprédateurs des cultures (GIPD).
Cibler les petits producteurs
 Identifier et élargir les bonnes pratiques
qui apportent des solutions aux
principes des BPA au niveau local, à la
fois au niveau de la subsistance et de la
haute valeur agricole.
 Pour affronter les contraintes
spécifiques rencontrées par les petits
propriétaires, divulguer les technologies
à bas prix, fournir des formations ciblées
et introduire des mesures de bien
être social appropriées pour les petits
agriculteurs.
 Accroître l’aide aux petits propriétaires
en conformité avec les normes des
BPA nationales en introduisant des
encouragements, 8 des services
d’aide et des plans de certification
pour les petits propriétaires d’autres
mécanismes afin d’économiser.
Encourager l’industrie
alimentaire à adopter des
normes qui favorisent la
responsabilité au niveau de
l’environnement et au niveau
social
 Utiliser les BPA pour minimiser les
risques des dangers de l’environnement
en association avec des technologies
spécifiques comme l’utilisation des
pesticides dans l’agriculture intensive
et les mettre en relation avec des
alternatives environnementales
constructives qui favorisent le bien-être
comme l’agriculture organique.
 Tirer des leçons du développement des
normes des supermarchés privés sur
les marchés nationaux. En Malaisie
et en Thaïlande, cette expérience a
débouché sur la synchronisation entre
les exigences des BPA nationales et les
marchés d’exportation.
Contacts
Conférence des Nations Unies sur le
commerce et le développement
(CNUCED)
Ulrich Hoffmann
[email protected]
Organisation Internationale du Travail (OIT)
Ann Herbert
[email protected]
Union internationale des travailleurs
de l’alimentation, de l’agriculture, de
l’hôtellerie-restauration, du tabac et des
branches connexes (UITA)
Sue Longley
[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Paola Termine,
en collaboration avec S. Casey, A. Poisot,
A. Basilico, P. Liu, P. Santacoloma (FAO) et
d’autres (voir contacts).
FAO. 2003. Comité de l’agriculture,
Elaboration d’un cadre de bonnes pratiques
agricoles. 17ème session, Rome.
2
CNUCED. 2007. Food Safety and
Environmental Requirements in Export
Markets - Friend or Foe for Producers of
Fruit and Vegetables in Asian Developing
Countries? Genève.
3
OMC. 2007. Private standards and the SPS
agreement. G/SPS/GEN/746. Genève.
4
Fulponi, L. 2006. Private voluntary
standards in the food system: The
perspective of major food retailers in OCDE
countries. Politique alimentaire, Vol 31, (1).
5
OIT. 2005. Facts on Safety at Work.
Genève.
http://www.ilo.org/public/french/
protection/safework/index.htm
6
Opondo, M. et Termine, P. n.d. Bridging
the Gap: SARD Good Practices in the
Horticulture and Livestock Sectors in Kenya.
FAO, Rome.
7
PIP Magazine. 2007. n° 12, Nov. 2007.
Disponible sur: http://www.coleacp.org/pip
8
FAO. 2005. Comité sur l’Agriculture et le
développement rural durables (ADRD) et
les bonnes pratiques agricoles (BPA), 19ème
session, Rome.
1
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Pour toute question concernant les
BPA, veuillez contacter: «Forum de
connaissances»
http://www.fao.org/KnowledgeForum/
index_fr.htm
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 21 2007
L’ ADRD
et...
la transposition à
grande échelle des bonnes pratiques
Le saviez-vous?
Les programmes d’agriculture et
de développement rural parfois
n’atteignent qu’un nombre limité de
personnes, ont un impact minimal
sur la pauvreté et sont difficilement
soutenables à long terme.1
 Les communautés rurales, les programmes de développement, les décideurs politiques
tout comme les prestataires de service publics ou privés ont réussi à transposer à plus
grande échelle, reproduire, étendre ou adapter les bonnes pratiques d’ADRD, générant
ainsi des bénéfices pour des millions de personnes rurales. Etendre les bonnes pratiques
peut aider à réduire la pauvreté et à offrir des bénéfices adaptés et durables aux 3 milliards
d’habitants des zones rurales des pays en développement.2,5
 Les agriculteurs ont adopté et adapté les pratiques agricoles de labour zéro sur plus de
11 millions d’hectares au Brésil depuis 1974 et sur plus de 50% des terres arables du
Paraguay depuis 1990. S’il est difficile d’évaluer le total des coûts de reproduction à grande
échelle du labour zéro, les phases initiales furent financées par le secteur privé et de petites
subventions. Les associations d’agriculteurs et le soutien des gouvernements aux services
de recherche et de vulgarisation ont aussi aidé à étendre cet ensemble de pratiques.2
 La gestion intégrée des ravageurs (IPM) a été étendue à plusieurs millions d’agriculteurs
d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et du Moyen-Orient ces 20 dernières années, suite
à un important mouvement centré sur la personne, au soutien d’organisations non
gouvernementales (ONG), d’agences internationales et de gouvernements, mais aussi
d’investissements continus: entre 1989 et 2004, environ 100 millions de dollars EU ont été
consacrés aux projets IPM d’Asie utilisant l’approche d’écoles pratiques d'agriculture, avec
le conseil de la FAO.6,13
Une meilleure identification des
pratiques ayant fait leurs preuves
sur un plan économique, social
et environnemental au niveau
communautaire, combinée à des
politiques et programmes aidant
à étendre ces pratiques, bénéficie
davantage aux populations, économies
et environnements ruraux.
Robert Churchill /istock
Pourquoi faut-il agir?
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
 Les politiques et programmes qui ne
tiennent pas compte des institutions,
capacités, conditions et populations
locales5 sont rarement durables et
risquent de s’avérer non rentables. Par
exemple, les populations rurales ont
abandonné de nombreuses approches
apparemment prometteuses, car elles
n’avaient pas suffisamment accès aux
pièces détachées et les ressources
nécessaires aux achats et à l’entretien
prévus par le projet, ou encore qu’elles
ne pouvaient pas entretenir ou réparer le
matériel.3
 Partout dans le monde, beaucoup
de bonnes pratiques agricoles et de
développement rural demeurent à petite
échelle. Transposer à grande échelle les
bonnes pratiques d’ADRD, notamment
en promouvant l’innovation locale, peut
être une stratégie précieuse et rentable
pour optimiser le travail déjà réalisé et les
investissements, tout en ayant un plus
large impact en termes de réduction de la
pauvreté rurale.8
 Pendant des siècles, les populations
rurales de plusieurs régions du monde
ont réussi à résoudre de graves
problèmes agronomiques, économiques,
institutionnels, environnementaux ou
technologiques, grâce à leurs propres
innovations, ingéniosité et processus
d’apprentissage. Ces succès font partie
du capital national en matière de savoirs.
Reconnus et partagés, ces succès
peuvent inspirer les communautés
d’autres régions du pays ou du monde et
leur permettre de dépasser les contraintes
similaires qu’elles rencontrent.
Transposer à grande échelle
Transposer à grande échelle génère
“des bénéfices supérieurs en termes de
qualité pour davantage de personnes
et sur une plus grande étendue
géographique, de façon plus rapide,
plus équitable et plus durable”. Les
bonnes pratiques peuvent être étendues
tant verticalement qu’horizontalement.
Les processus verticaux supposent une
extension du niveau des organisations
de terrain aux institutions et politiques
nationales. Les processus horizontaux
se réfèrent à une expansion ou
reproduction géographique à un nombre
supérieur de bénéficiaires, de centaines
à des milliers ou des millions de
personnes.1, 2
L’ ADRD et...
la transposition à grande échelle des bonnes pratiques
Bonne pratique d’ADRD
On appelle bonne pratique d’ADRD
toute innovation, technologie, attitude,
organisation ou approche agricole ou de
développement rural qui est cohérente
avec les principes-clés de l’ADRD. En
d’autres termes, cette pratique doit
bénéficier à l’environnement, tout en
étant rentable pour les agriculteurs et
les communautés, adaptée socialement
et culturellement, et s’avérer productive
à long terme.
Les bonnes pratiques tendent à
être effectives, efficaces, faciles à
reproduire par une grande variété
de communautés confrontées à
des contraintes similaires, tout en
répondant à de vrais besoins locaux et
en s’adaptant aux conditions locales
particulières.
Les bonnes pratiques d’ADRD peuvent
concerner production, transformation,
commercialisation, gouvernance
ou autonomisation, et couvrir une
grande panoplie de secteurs, depuis
la récolte d’eau jusqu’à la foresterie
communautaire ou la sécurité de
jouissance des terres.7
Quels sont les objectifs
politiques?
 Promouvoir la saisie des innovations,
méthodologies et bonnes pratiques
d’ADRD en les intégrant dans les
systèmes de recherche, vulgarisation,
éducation et communication, mais aussi
dans les programmes et politiques de
développement rural.
 Permettre aux communautés rurales et
aux organisations de terrain de satisfaire
leurs propres besoins, de mieux utiliser les
ressources disponibles, d’avoir plus accès
aux services tant publics que privés tout
en influant davantage sur ces services, et
ce, de façon effective, efficace et durable.
Les questions
politiques
Vérifier s’il est possible de
transposer à grande échelle
En évaluant la possibilité de reproduire des
succès obtenus jusqu’ici à petit échelle, les
décideurs politiques doivent tenir compte de
l’équilibre entre l’impact social, économique
et environnemental, mais aussi du nombre de
bénéficiaires et du rapport coût/efficacité.2
Pour vérifier si les conditions préalables à la
2
faisabilité sont réunies, on pourra se poser
les questions suivantes par exemple: existe-til, dans la région, les ressources financières,
capacités humaines, infrastructures et
services de vulgarisation adaptés pour
soutenir les processus d’extension des bonnes
pratiques? Les décideurs politiques ont-il
suffisamment conscience des problèmes de
développement susceptibles d’être résolus
par une bonne pratique? Les bénéficiaires et
les acteurs de la mise en oeuvre se sont-ils
déjà engagés à soutenir la bonne pratique et
sa diffusion à grande échelle?
Déterminer si les pratiques
sont “bonnes”
Il n’existe pas de schéma de définition d’une
bonne pratique. Avant d’étendre cette bonne
pratique, le premier défi des acteurs de
développement est d’identifier les bonnes
pratiques d’ADRD susceptibles d’être
reproduites dans des contextes connexes
ou distincts. Impliquer de multiples parties
prenantes ayant des perspectives différentes
pour documenter et systématiser des
expériences réussies est une façon utile de
découvrir et d’identifier d’éventuelles bonnes
pratiques.1
Les bonnes pratiques apparaissent souvent
après un accord de multiples parties
prenantes sur le rapport avantages-coûts
d’une pratique donnée, mais aussi sur
sa durabilité écologique, économique
et sociale, et son impact en termes de
réduction de la pauvreté.15 L’évaluation du
rapport avantages-coûts doit prendre en
considération tant les changements prévus
que ceux involontaires en termes de revenus,
disparités sociales, travail, bénéfices, coûts
directs ou indirects pour le groupe cible et
plus généralement la communauté. Pour
pouvoir étendre les bonnes pratiques, les
parties prenantes doivent passer au crible
les pratiques et les sélectionner si: (i) elles
répondent à un besoin largement partagé
par les populations pauvres rurales, (ii) elles
produisent des résultats rapides et facilement
reconnaissables, et (iii) elles ont déjà été
soigneusement testées et évaluées. Les
pratiques assez flexibles pour être adaptées
à diverses conditions s’avèrent plus faciles
à reproduire. Par exemple, des pratiques
“flexibles en termes de climat” sont viables
dans différents contextes climatiques.2,12 Les
pratiques déjà reproduites spontanément
par les populations pauvres peuvent
souvent atteindre un plus haut niveau et
devraient donc être choisies comme priorités.
L’ADRD et... la transposition à grande échelle des bonnes pratiques
L’adoption de pratiques peut aussi être
déterminée par des facteurs technologiques
et institutionnels. Par exemple, si une pratique
repose sur un savoir indigène ou intègre ce
savoir, ou encore si d’autres agriculteurs,
pêcheurs, bergers ou autres groupes actifs
sont présents dans la région, la pratique aura
plus de chances d’être adoptée.
Adapter les pratiques aux
populations et aux sites
La transposition de bonnes pratiques à
grande échelle vise avant tout à permettre
aux populations rurales pauvres – ayant
des priorités, situations et besoins distincts
– d’avoir accès à des solutions qui répondent
à leurs principaux problèmes, ou encore
d’élaborer ou d’adapter de telles solutions.
Vu cette diversité, les décideurs politiques
doivent identifier des pratiques et des
stratégies de diffusion susceptibles d’être
adaptées à un ensemble de conditions
agroécologiques et socioéconomiques. Même
dans ce cas, des investissements supérieurs
en termes financiers et temporels s’imposent
pour garantir que les populations les plus
pauvres et les plus marginalisées puissent
elles aussi adopter ces bonnes pratiques.2
Les facteurs déterminants au
processus de diffusion
Etendre une pratique de milliers de personnes
à des millions est un défi énorme qui
dépend de plusieurs facteurs. La volonté
et la capacité des éventuels bénéficiaires à
prendre des risques, à tester et adopter de
nouvelles pratiques, la disponibilité d’intrants
fondamentaux comme les semences ou
l’élevage et l’existence d’une demande sont
autant d’éléments qui conditionnent le succès
de diffusion à grande échelle. De même, si
l’agence de développement responsable a
une bonne connaissance technique de la
pratique, mais aussi les fonds et le temps
suffisants pour garantir l’adoption de la bonne
pratique, cela impactera positivement sur les
résultats. Les tentatives de reproduction à
grande échelle ont plus de chances de réussir
lorsque: (i) les gouvernements, le secteur
privé, les organisations de développement et
les communautés sont déjà engagés dans de
réels partenariats ou réseaux, (ii) les groupes
informels sont présents et actifs, ou (iii) les
populations rurales participent aux processus
de prises de décision au niveau local et
national.2,4,8,12,15 L’existence de politiques
propices, de régimes fonciers clairs et garantis,
tout comme des taux d’alphabétisation élevés
sont d’autres facteurs favorables.2
Quelles sont les options
politiques?
Reproduire à grande échelle une bonne
pratique est complexe et il n’existe pas un
processus unique qui serait adapté à toutes
les situations. Selon le contexte, les décideurs
pourront considérer les stratégies pratiques de
diffusion présentées ci-après, qui possèdent
différents avantages et limites en termes d’impact, de coût et de nombre de bénéficiaires.
La diffusion peut s’effectuer en étendant
le succès jusqu’ici obtenu à petite échelle
de façon horizontale ou géographique, ou
par une assimilation verticale de bonnes
pratiques du niveau micro au niveau macro,
c’est-à-dire des institutions et des politiques.
Les processus suivants se sont avérés
particulièrement efficaces pour étendre les
bonnes pratiques d’ADRD.
Les stratégies de
transposition horizontale
 Services de recherche, vulgarisation et
éducation: Les systèmes de vulgarisation
et d’enseignement de type scolaire
jouent un rôle fondamental dans la
transposition à grande échelle des bonnes
pratiques d’ADRD, en les intégrant dans
les institutions existantes.14 Pour rendre
effectifs les services de vulgarisation, il
est indispensable de former le personnel,
d’élargir les mandats techniques
et d’encourager la participation
des agriculteurs dans la recherche,
l’expérimentation et la planification de
bas en haut. Intégrer les bonnes pratiques
dans les programmes d’enseignement
et de vulgarisation, en faire un thème de
recherche universitaire ou de terrain sont
autant de moyens de valider et d’étendre
les pratiques couronnées de succès.
Il est tout aussi essentiel de relier les
systèmes de vulgarisation et de recherche
aux organisations d’agriculteurs,
pour identifier, tester et améliorer les
bonnes pratiques, tout en assurant leur
assimilation et leur diffusion.11,12
 Les écoles pratiques d'agriculture et
autres variantes (écoles pratiques pour
les pêcheurs et les bergers, ou encore
les écoles pratiques et de vie pour
jeunes agriculteurs): Ces processus
d’apprentissage en groupe sous
l’impulsion des agriculteurs mêlent des
concepts et des méthodes empruntés à
l’agroécologie, l’éducation expérientielle,
l’expérimentation participative et
le développement communautaire
durant toute une saison agricole. Bien
qu’elles concernent un nombre limité
de participants (30 en moyenne),
les écoles pratiques d’agriculture et
leurs variantes favorisent souvent un
haut niveau d’apprentissage entre les
participants qui ont un enseignement
de type scolaire minimal, et l’adoption
rapide de bonnes pratiques quand il existe
des avantages économiques visibles.
Les écoles pratiques d’agriculture ont
également permis de fortement changer
les comportements des participants,
en réduisant l’usage d’engrais, tout en
renforçant les capacités des agriculteurs,
des pêcheurs, des bergers et des jeunes
à influencer l’agenda de la recherche
traditionnelle, l’autonomisation et la
participation des groupes dans les
acticités de recherche, formation,
marketing et plaidoyer, en dépassant
l’objet ou la durée de l’école pratique
d’agriculture proprement dite.
 Echanges communautaires: Grâce
aux échanges communautaires, les
agriculteurs et les communautés rurales
entendent parler de bonnes pratiques.
Cette approche peut démontrer l’efficacité
d’une pratique donnée, clarifier les
conditions favorables invisibles autrement
et encourager son adoption par le
groupe en raison de certains partages de
connaissances ou de la confiance entre
pairs. Les processus d’apprentissage
d’ordre communautaire fonctionnent
mieux quand ils bénéficient du soutien de
facilitateurs ou d’interprètes talentueux
et quand ils sont intégrés dans des
processus d’apprentissage à plus long
terme permettant de tester, de recueillir un
feedback et d’apprendre de façon itérative.
Les échanges d’idées entre pairs qui
se déroulent dans les champs agricoles
ou ailleurs peuvent également faciliter
le partage et l’assimilation de bonnes
pratiques parmi les organisations rurales.
 Communication média: Les stratégies
de communication nationales peuvent
favoriser une plus large diffusion des
bonnes pratiques grâce à différents
médias. Les organisations d’agriculteurs
peuvent collaborer aux campagnes
médiatiques d’ordre gouvernemental,
en utilisant leur propre système de
communication (notes d’information,
lettres d’information, radio ou réunions),
pour toucher les agriculteurs locaux.
Si elle n’a pas vocation à former ou
Le rôle des ‘champions’
locaux
Le rôle des ‘champions’ locaux
Les individus ou les groupes ayant
du charisme, des compétences et
une énergie exceptionnelles peuvent
s’appuyer sur les succès obtenus à
petite échelle pour fortement contribuer
à étendre le travail des gouvernements
et des acteurs du développement.1
à fournir une information détaillée, la
radio rurale atteint un large public, est
bon marché et accessible même à ceux
qui n’ont pas suivi un enseignement de
type scolaire. C’est donc un excellent
moyen de sensibiliser l’opinion à de
précieuses pratiques ou technologies.9
La vidéo aussi peut s’avérer un moyen
de communication efficace, mais elle
nécessite des producteurs talentueux, des
infrastructures de réparation et d’entretien
plus sophistiquées pour produire et
visionner, tandis que ses campagnes de
diffusion coûtent plus cher. Le matériel
de formation bien conçu peut offrir une
importante référence à moindre coût aux
vulgarisateurs et aux populations rurales
capables de lire la langue en question.9
En devenant plus accessibles en zones
rurales, les ordinateurs et les réseaux de
téléphone portable offrent de nouvelles
occasions d’apprentissage interactif grâce
à l’Internet, les CD, DVD et autres outils.
Les stratégies de
transposition verticale
 Soutenir les politiques et les cadres
juridiques: L’engagement et le soutien
politiques au niveau national, régional
et décentralisé, l’aide financière et les
cadres juridiques et règlementaires
propices peuvent créer un environnement
favorable à la diffusion à grande
échelle des bonnes pratiques d’ADRD.
Par exemple, les politiques réduisant
le coût relatif des intrants agricoles
ou les régimes fonciers protégeant
les investissements à long terme des
agriculteurs peuvent déterminer s’il est
possible d’adopter une bonne pratique.12
 Présentation et dialogue: Lors de missions
de présentation ou de dialogue, les
représentants de gouvernements ou de
la société civile et les décideurs politiques
internationaux viennent d’autres régions
pour vivre et travailler dans une famille
d’accueil d’une communauté rurale
pauvre pour quelques jours. Ce contact
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
la transposition à grande échelle des bonnes pratiques
direct augmente la compréhension
mutuelle, renforce la confiance en soi des
communautés rurales, tout en permettant
aux autorités d’élaborer des politiques
et des programmes plus efficaces
et plus pertinents pour les pauvres.
Une organisation déjà connue dans
la région qui bénéficie de la confiance
de la communauté et joue un rôle de
facilitateur, associée à un accueil avant la
mission et des séances de réflexion après,
sont les éléments-clés qui transformeront
une mission d’immersion en une stratégie
rentable et réaliste10 de diffusion des
bonnes pratiques d’ADRD.
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
Jim Hancock
[email protected]
Clare O’Farrell
[email protected]
Sustainet
[email protected]
Charlotte Haeusler
[email protected]
World Vision – Asie
Helga Stamm-Berg
[email protected]
Fédération internationale des producteurs
agricoles (FIPA)
David King
[email protected]
Centre de recherche de Leibniz sur le
paysage agricole (ZALF)
Stephan Sieber
[email protected]
PROmouvoir l’INNOVAtion locale
(PROLINNOVA)
[email protected]
Laurens van Veldhuizen
[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Elisa Distefano,
en collaboration avec F. Perez Trejo (FAO), W.
Critchley (PROLINNOVA), L. Elswick (IPSA),
K. Sukalac (IAFN), F. Bringe, R. Rutt et bien
d’autres (voir la rubrique Contacts).
Gonsalves, J. 2001. Going to scale – what
we have garnered from recent workshops.
Magazine LEISA, octobre 2001: 6−10.
2
Banque mondiale, 2003. Scalingup the impact of good practices in
rural development. Rapport no 26031.
Washington, DC.
3
FAO. 2005. Agricultural and rural
development in the 21st century: lessons
1
4
from the past and policies for the future.
Communication de la FAO. Rome.
4
Kwesiga, F., Bohringer, A. & Denning,
G. 2001. Scaling up fallow management
innovations. Magazine LEISA, octobre 2001:
35−38.
5
Banque mondiale. 2008. Rapport sur le
développement dans le monde: l’agriculture u
service du développement. Washington, DC.
6
Dilts, R. 2001. From Farmers’ Field Schools
to community IPM – scaling up the IPM
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18 −21.
7
Initiative ADRD, FAO. 2006. Guide pour
décrire brièvement une bonne pratique
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Durables (ADRD). Rome.
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externe (LEISA). 2001. Lessons for scaling up.
Magazine LEISA, 4−5 octobre 2001.
9
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le développement rural: instructions et
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Rome.
10
IDS. 2004. Immersions for policy and
personal change. Dossier politique no 22,
juillet 2004. Brighton, Royaume-Uni, Institut
sur les études du développement (IDS).
11
FAO. 2005. Moderniser les systèmes
nationaux de vulgarisation agricole: guide
pratique pour les décideurs politiques des
pays en développement. Rome.
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ZALF. 2005. Sustainable agriculture as an
approach for pro-poor growth in developing
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13
Barlett, A. 2005. Farmer Field Schools to
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Sustainet. n.d. Analysis matrix for
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Esmail, T. 1997. Designing and scaling-up
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la décentralisation, 16−18 décembre 1997,
Rome, FAO.
FAO & GTZ. 2006. Framework on effective
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Gillespie, S. 2004. Scaling up communitydriven development: a synthesis of
experience. Communication no 181.
Washington DC, Division de la consommation
alimentaire et de la nutrition, Institut
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Université Humboldt. 2004. Self-assessing
L’ADRD et... la transposition à grande échelle des bonnes pratiques
Outils et ressources
Base de données des bonnes pratiques
de l’Initiative ADRD:
http://www.fao.org/sard/fr/
init/1574/2225/1846/index.html
Base de données des bonnes pratiques,
de la FAO: http://www.fao.org/
bestpractices/index_fr.htm?lang=fr
Base de données des bonnes pratiques
de Technologie pour l’agriculture (TECA),
de la FAO: http://www.fao.org/sd/teca/
index_fr.asp?lang=fr
Base de données des bonnes pratiques
agricoles de la FAO: http://www.fao.org/
prods/GAP/index_fr.htm
Guide de la FAO pour identifier et
documenter les bonnes pratiques
d’ADRD:
ftp://ftp.fao.org/SD/SDA/SDAR/sard/
GP%20Guidelines-french1.doc
Portail de recherche et de vulgarisation
de la FAO: http://www.fao.org/sd/sdrr/
portal/index_fr.htm
Communication pour le développement,
FAO: http://www.fao.org/nr/com/com_
fr.htm
Centre de ressources et réseau mondial
des écoles pratiques d’agriculture:
http://www.farmerfieldschool.info/
PROmouvoir l’INNOVAtion locale
(PROLINNOVA):
http://www.prolinnova.net
good practices and scaling-up strategies in
sustainable agriculture. Berlin, Université de
Humboldt, Centre de formation avancée au
développement rural.
Groupe de Neuchâtel. 2003. Common
framework for supporting pro-poor extension.
Lindau, Suisse.
WOCAT. 2007. Where the land is greener.
Case studies and analysis of soil and water
conservation initiatives worldwide. Bern,
Suisse, Stampfli AG pour Étude mondiale
des approches et des technologies de
conservation (WOCAT).
ZALF. n.d. Scaling up of good agricultural
practices, the operational assessment tool
SCAT. Leibniz, Allemagne.
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 18 2007
L’ ADRD
et...
l’agriculture de conservation en A frique
Le saviez-vous?
 Le taux de croissance de la population
d’Afrique sub-saharienne dépasse 2 pour
cent par an.1 La production alimentaire
devra doubler d’ici 2030 pour évoluer de
pair avec la demande. Or, la production
alimentaire par habitant a chuté de 13
pour cent lors de ces 35 dernières années.2
 Aujourd’hui, 65 pour cent de la population
africaine tire ses moyens d’existence de
l’agriculture et des ressources naturelles.3
Mais, on enregistre une dégradation
d’environ 20 pour cent des terres.4 500
millions d’hectares sont ainsi dégradés
à cause de l’érosion par l’eau et le vent.2
En outre, 70 pour cent des sols africains
souffrent périodiquement de déficit
L’agriculture de conservation peut
contribuer à l’agriculture et au
développement rural durables (ADRD) en
rendant l’utilisation d’intrants plus efficace,
en augmentant les revenus agricoles, en
maintenant ou accroissant les rendements,
tout en protégeant les ressources
naturelles. L’agriculture de conservation
reconnaît que les agriculteurs doivent
réaliser des bénéfices tangibles en termes
de moyens d’existence et se caractérise
par trois principes interdépendants: labour
réduit voire nul, couverture permanente
des sols, rotations et associations de
plusieurs cultures. Quand ces principes
s’appliquent simultanément, l’agriculture de
conservation peut contribuer au bien-être
social et économique tout en améliorant les
services et fonctions de l’écosystème.
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
hydrique.5 La dégradation de la fertilité des
sols est considérée comme le principal
frein à la sécurité alimentaire en Afrique
sub-saharienne.6
 L’agriculture de conservation améliore
la sécurité alimentaire, en augmentant
et stabilisant la productivité, mais aussi
l’aménagement durable des terres.
Grâce à l’agriculture de conservation,
les agriculteurs peuvent produire plus de
nourriture et de façon plus fiable, tout en
réduisant peu à peu l’utilisation d’engrais
et de pesticides (jusqu’à 20 pour cent au
Brésil)7 et en travaillant moins (jusqu’à
50 pour cent).8 Une couverture des sols
bien gérée peut fortement améliorer la
Pourquoi faut-il agir?
Une agriculture productive qui préserve
les ressources, comme l’agriculture de
conservation notamment, peut aider à
affronter plusieurs défis majeurs en termes
de sécurité alimentaire et de développement
rural durable en Afrique.
 Tirer le meilleur parti de l’eau disponible.
L’eau, un facteur contraignant pour la
production alimentaire en Afrique, est
en partie liée à la variabilité du climat.
Les pratiques de rétention hydrique,
comme la couverture des sols utilisée
dans l’agriculture de conservation,
peuvent aider à réduire le ruissellement,
à capter, gérer et stocker l’eau de pluie,
tirant ainsi le meilleur parti du faible
approvisionnement en eau, en stabilisant
les rendements et en limitant les risques
de catastrophe.
 Affronter le manque croissant de maind’oeuvre. En Afrique, la majeure partie de
l’agriculture dépend de l’homme ou de la
traction animale, mais la main-d’oeuvre
est souvent insuffisante. L’agriculture
de conservation introduit sur le marché
des équipements qui réduisent le
labour, mais aussi le temps et le travail
nécessaires à la préparation des terres
dans les systèmes manuels. Une bonne
couverture des sols réduit la maind’oeuvre nécessaire au désherbage.
Ceci bénéficie surtout aux femmes,
aux enfants et aux personnes âgées
conservation hydrique (de 30 pour cent)9
et aider à contrôler les inondations. C’est
pourquoi de nombreux agriculteurs qui
utilisent une agriculture de conservation
ont des récoltes même dans les années
de sécheresse ou avec une pluviométrie
irrégulière.
 L’agriculture de conservation s’étend
dans de nombreuses régions d’Afrique.
En s’appuyant sur les savoirs indigènes,
sur la science et sur la conception
d’équipements novateurs d’Amérique
latine, les agriculteurs d’au moins 14 pays
pratiquent maintenant une agriculture de
conservation. En Zambie seule, c’est le cas
de 70 000 à 100 00010 petits agriculteurs.
qui sont restés pour travailler la terre
face à l’émigration des hommes et des
jeunes et à la pandémie du VIH/SIDA. La
réduction du travail agricole permet aux
agriculteurs de consacrer plus de temps
à diversifier leurs moyens d’existence
agricoles ou non.
 S’adapter au changement climatique en
améliorant les fonctions écologiques. En
restituant au sol vie, matière organique
et éléments nutritifs, en captant les
pluies et en conservant la biodiversité
des sols, l’agriculture de conservation
et d’autres approches améliorant les
processus écologiques naturels peuvent
aider les agriculteurs à s’adapter au
changement climatique et contribuer
à améliorer les fonctions écologiques
dans le monde, et notamment à: fixer
le carbone, maintenir le cycle hydrique,
lutter biologiquement contre les
ravageurs et restaurer la fertilité des sols.
 Répondre à la demande de chaînes
de valeur durables et de produits
alimentaires de qualité. La demande
croissante des consommateurs pour des
produits alimentaires sains et de grande
qualité suppose des chaînes de valeur
durables et fondées sur une base saine
de ressources naturelles. L’agriculture
de conservation et d’autres approches
qui améliorent les processus écologiques
naturels de fertilité et de lutte contre
les ravageurs grâce à la gestion de la
matière organique et à la rotation des
L’ ADRD et...
l’agriculture de conservation en A frique
J. Kienzle/FAO
 répondre à la demande alimentaire
croissante de l’Afrique, en augmentant la
production alimentaire tout en réduisant
les effets néfastes à l’environnement;
 renforcer les capacités des foyers
démunis et des entrepreneurs,
développer leurs compétences
techniques et commerciales, les aider à
toujours s’approvisionner en intrants de
qualité et à accéder aux marchés;
 élaborer des technologies adaptées
au tissu local et respectueuses
des principes de l’agriculture de
conservation.
Des équipements comme celui de cette planteuse
nuisent moins aux sols et réduisent les besoins en
main d’oeuvre.
cultures peuvent améliorer la sûreté
sanitaire et la qualité des aliments.
Quels sont les objectifs
politiques?
Les politiques devraient concerner tous
les types d’agriculture, à petite ou grande
échelle, de subsistance ou commerciale,
locale ou régionale. Pour dépasser les
barrières et soutenir le passage à une
agriculture de conservation, les politiques et
programmes devraient:
Les questions
politiques
Faciliter l’accès aux savoirs
et aux ressources
Si les agents du changement et les
décideurs politiques veulent encourager le
passage à une agriculture de conservation,
ils doivent aider les agriculteurs à dépasser
les contraintes existantes, en les aidant
notamment à accéder aux capitaux
d’investissement et aux informations qui
leur permettront de faire des choix fondés.
Pour que les agriculteurs investissent
dans l’agriculture de conservation, les
droits fonciers doivent être garantis.
Les agriculteurs ont également besoin
d’accéder en temps opportun aux outils et
équipements spéciaux (pour les plantations
directes et pour réduire ou éviter le labour),
mais aussi à d’autres intrants (semences
agricoles de couverture, herbicides et
engrais, notamment).
L’agriculture de conservation
L’agriculture de conservation est une approche holistique et durable qui applique
trois principes interdépendants à des processus respectueux de l’écosystème naturel:
(i) bouleversement minimum des sols en réduisant voire en renonçant au labour; (ii)
couverture organique permanente des sols par des cultures de couverture, du paillis
et des résidus; (iii) rotations et associations de cultures diversifiées. Dans ce dossier,
l’agriculture de conservation suppose une adhésion simultanée à ces trois principes,
tout en insistant sur les ressources naturelles.
Le terme d’“agriculture de conservation” s’utilise parfois différemment. Pour susciter
intérêt et ventes, des sociétés multinationales désignent ainsi des systèmes de culture
sans labour et à grande échelle qui souvent dépendent d’une lutte chimique contre
les mauvaises herbes et de semences agricoles résistantes aux herbicides. Toutefois,
les petits agriculteurs parviennent à bien pratiquer une agriculture de conservation
à partir de variétés traditionnelles, d’outils et d’équipements bon marché, sans
herbicides ou avec des variétés tolérantes aux herbicides. S’il est clair que l’agriculture
de conservation embrassent des ensembles de pratiques très différentes, elle a une
caractéristique: la combinaison de principes qui devront être appliqués de façon
nouvelle pour satisfaire les besoins d’agriculteurs démunis d’Afrique.
2
L’ADRD et... l’agriculture de conservation en Afrique
Développer une vision
commune entre les
principales parties prenantes
sur l’aménagement durable
des terres
Toutes les parties prenantes - membres
de communautés, agriculteurs, pasteurs,
prestataires de service et conseillers
notamment – doivent participer à la
planification et à la gestion des politiques et
programmes d’agriculture de conservation et
d’aménagement durable des terres. Certains
efforts en matière d’agriculture ont échoué
en raison d’une concurrence entre déchets
végétaux, combustibles et aliments pour
le bétail. Dès lors, les agriculteurs et les
gardiens de troupeaux devraient participer
à l’élaboration de stratégies gagnantes pour
toutes les parties et notamment partager
de façon adéquate les déchets agricoles
pour la couverture des sols, le fourrage du
bétail et les combustibles domestiques. Les
fournisseurs d’équipement tant du secteur
privé que public doivent aider à répondre à la
demande de différents types d’agriculteurs
pour des outils adaptés. Recherche et
vulgarisation peuvent aider les agriculteurs
à moins labourer, à gérer la matière
organique et la rotation des cultures pour
régénérer les sols, et à adapter les systèmes
d’agriculture de conservation à différents
contextes. Pour être effectives, les politiques
doivent se concentrer sur les priorités et
les expériences d’utilisateurs des terres et
chercher à étendre les pratiques couronnées
de succès.
Créer des mesures incitatives
et renforcer les capacités
Pour encourager les paysans à adopter une
agriculture de conservation et pour dépasser
la résistance au changement, des mesures
financières s’imposent, notamment en
subventionnant un équipement d’agriculture
de conservation adapté et disponible
localement (comme les planteuses, les
défonceuses et les semoirs directs). Les
conseillers et les fournisseurs en matière
d’agriculture de conservation pourront
renforcer les capacités des agriculteurs à
identifier de nouveaux segments de marché
qui ajoutent de la valeur à leurs produits,
comme les systèmes de certification des
bonnes pratiques agricoles, la rémunération
de services environnementaux pour la
fixation du carbone et la production de
biocombustibles (sans compromettre la
sécurité alimentaire et/ou le maintien des
résidus en surface pour protéger les sols).
Au départ, l’agriculture de conservation fut
adoptée par de petits et moyens agriculteurs
d’Amérique latine. Plus récemment, elle a
été reprise par de plus petits agriculteurs,
plus démunis de l’est et du sud de
l’Afrique et d’Asie. Intensifier la recherche,
les enseignements tirés et les partages
d’expériences africaines peut favoriser
l’adaptation de l’agriculture de conservation
et stimuler un plus large intérêt auprès
de différents types de petits agriculteurs.
La recherche favorisant l’adaptation
dans différentes zones agro-écologiques
peut aider à démontrer les bénéfices de
l’agriculture de conservation à court terme et
à long terme, mais aussi la viabilité pour les
millions de petits agriculteurs qui ont moins
d’un hectare de terre, tout en quantifiant
sa contribution aux moyens d’existence
durables et à l’atténuation des risques de
catastrophe.
Quelles sont les options
politiques?
Investir davantage dans la
santé des sols pour une
agriculture durable
Pour progresser en Afrique, l’agriculture
durable nécessite davantage
d’investissements publics et privés pour
aider les pratiques et technologies qui
maintiennent la base de ressources
naturelles et améliorent la productivité
économique, tout en réduisant les risques
pour les agriculteurs pauvres. L’aide
financière à la production agricole doit être
compatible avec les aides à la protection et à
l’amélioration des ressources du sol, tout en
réduisant les risques pour les agriculteurs.
Des politiques et cadres réglementaires
garantissant les droits fonciers des
agriculteurs sur plusieurs saisons sont
également une condition préalable aux
investissements des agriculteurs dans des
ressources en sol qui risquent de produire
des résultats après des années seulement.
Intensifier la recherche,
l’apprentissage et le partage
des connaissances
La recherche s’impose pour identifier des
pratiques et des technologies alternatives
et réalistes qui suivent les trois principes
de l’agriculture de conservation. Celles-ci
doivent être abordables pour les petits
agriculteurs qui ont de faibles revenus,
un accès limité aux intrants nécessaires
et au marché. On pourra également
montrer l’intérêt suscité par l’agriculture
de conservation grâce à une recherchedéveloppement participative sur l’impact
des dimensions socioéconomiques et
agro-écologiques (ravageurs, désherbages,
matière organique des sols, etc.). Parce
que l’agriculture de conservation requiert
beaucoup de connaissances, il est
particulièrement important d’utiliser des
réseaux de partage des savoirs locaux et des
méthodes d’apprentissage participatives,
comme les écoles pratiques d’agriculture.
Diversifier la mécanisation
agricole et améliorer l’accès
aux intrants
Les décideurs politiques souhaitent libérer
les petits agriculteurs africains d’une
corvée: travailler avec la houe manuelle
comme principal outil. Si l’agriculture
de conservation offre une alternative
importante à l’agriculture basée sur la
charrue, son adoption se heurte à un
frein: l’approvisionnement irrégulier en
équipement pour un labour réduit et le
stock de semences pour les cultures de
couverture. Des politiques encourageant
les entrepreneurs locaux du secteur privé
à manufacturer et maintenir l’équipement
d’agriculture de conservation, à identifier
et à commercialiser un stock de semences
polyvalent pour les cultures de couverture
sont essentielles, si l’on veut que les petits
agriculteurs et les groupes d’agriculteurs
aient un meilleur accès à ces technologies ô
combien nécessaires.
Créer de nouvelles
opportunités commerciales
Les produits de l’agriculture de conservation
peuvent non seulement contribuer à la
production alimentaire, mais aussi à
facturer davantage dans des niches de
marchés émergents et “verts”, en valorisant
qualité, sûreté sanitaire et services
environnementaux liés au processus de
production. Les mécanismes politiques
facilitant la commercialisation de la
production d’agriculture de conservation
− par exemple en certifiant les bonnes
pratiques agricoles et les produits
organiques, ou encore en compensant
les agriculteurs pour les bénéfices en
termes de fixation de carbone résultant de
ces techniques de production − peuvent
J.Kienzle/FAO
Ajuster l’agriculture de
conservation aux petits
agriculteurs et aux différents
contextes
Un champ de dolique lablab sert de culture de
couverture et de source nutritionnelle avant la
plantation du maïs.
contribuer à accroître la rentabilité de
l’agriculture de conservation et encourager
les agriculteurs à passer aux pratiques
d’agriculture de conservation ou plus
généralement d’agriculture durable.
Engagements
mondiaux
L’agriculture de conservation
aide à atteindre les objectifs
du Millénaire pour le
développement
Grâce à une meilleure productivité, une
rentabilité supérieure et une moindre corvée,
les systèmes d’agriculture de conservation
contribuent à améliorer la sécurité
alimentaire et les moyens d’existence
(objectif 1: réduire la faim et la pauvreté),
la qualité de vie des femmes8 (objectif 3:
égalité des sexes et autonomisation des
femmes), la gestion durable des ressources
et les services environnementaux (objectif 7:
protection de l’environnement).
Mise en oeuvre de
conventions mondiales
En réduisant le labour et en améliorant
la couverture et la biodiversité des sols,
la conservation hydrique et la fixation du
carbone, l’agriculture de conservation est un
moyen important de satisfaire la demande
alimentaire par l’aménagement durable
des terres, tout en servant les objectifs des
Conventions des Nations Unies sur la lutte
contre la désertification, sur la diversité
biologique et de la Convention cadre sur le
changement climatique.
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
l’agriculture de conservation en A frique
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eric Kueneman
(Responsable du groupe sur l’agriculture de
conservation)
[email protected]
Eve Crowley
[email protected]
Josef Kienzle
[email protected]
Réseau africain pour le labour de
conservation (ACT)
Tom Apina
[email protected]
Centre de coopération internationale
en recherche agronomique pour le
développement (CIRAD)
B. Bernard Triomphe
[email protected]
Centre international d’amélioration du maïs
et du blé (CIMMYT)
John Dixon
[email protected]
Institut de recherche agricole du Kenya
(KARI)
Barrack Okoba
[email protected]
Institut Selian de recherche agricole (SARI)
– Tanzanie
Wilfred Mariki
[email protected]
Institut de recherche agricole Uyole Tanzanie
Saidi Mkomwa
[email protected]
Institut international de recherche sur les
cultures des zones tropicales semi-arides
(ICRISAT)
Steve Twomlow
[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Constance
Neely, en collaboration avec S. Bunning, T.
Friedrich (FAO) et B. Sims. Il a bénéficié des
commentaires de J. Ashburner, B. Settle
(FAO), P. Wall (CIMMYT), A. Bationo (CIAT),
R. K. Shula (ACT) et bien d’autres (voir la
rubrique Contacts).
FNUAP. [n.d] Aperçu général sur l’Afrique
sub-saharienne. http://www.unfpa.org/
profile/africa_overview.htm
Fonds des Nations Unies pour la population,
(FNUAP).
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CIAT, TSBF, ICRAF. 2002. Soil fertility
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leveraging lasting solutions to a long-term
problem. Conclusions de l’atelier qui s’est
tenu à la Fondation Rockefeller, Centre
d’étude et de Conférence Bellagio, 4−8 mars
2002.
3
IFPRI. 2006. Agriculture and achieving the
Millennium Development Goals. Washington,
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les politiques alimentaires (IFPRI).
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Swift, M.J. et Shepherd, K.D., ed. 2007.
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6.
Verchot, L., Place, F., Shepherd, K. et
Jama, B. 2007. Science and technological
innovations for improving soil fertility and
management in Africa. A report for the
New Partnership for Africa’s Development
(NEPAD) Science and Technology Forum.
Nairobi, document de travail de l’ICRAF.
7
Saturnino, H.M. et Landers, J.N. 2002. The
environment and zero tillage. Brasilia, APDCFAO, UDC 504: 631/635, CDD 631.521.
8
FAO, FIDA. 2004. Conservation agriculture
as a labour saving practice for vulnerable
households. Suitability of reduced tillage
and cover crops for households under
1
Outils et ressources
Centre de coopération internationale
en recherche agronomique pour le
développement (CIRAD):
http://agroecologie.cirad.fr/index.php?ru
brique=accueil&langue=fr
Réseau africain pour le labour de
conservation (ACT):
http://www.act.org.zw/
Agriculture de conservation à la FAO:
http://www.fao.org/ag/ca/fr/index.html
Institut international pour la
reconstruction rurale (IIRR) et ACT:
2005. Conservation agriculture:
A manual for farmers and extension
workers in Africa. Nairobi, IIRR et Harare,
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Rolf Derpsch: http://www.rolf-derpsch.
com/notill.htmRorimovi
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northern Tanzania. Rome.
9
FAO. 2002 Agriculture de conservation:
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10
RELMA. 2007.Wetting Africa’s appetite.
Conservation agriculture is turning rainfall
into higher crop yields and catching on.
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Division des opérations d’urgence et de la
réhabilitation, FAO. 2007. Compte-rendu de
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Landers, J. 2007. Tropical crop-livestock
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Brazilian experience. FAO Integrated Crop
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Wall, P.C. 2007. Tailoring conservation
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Publication III. Association mondiale de
conservation des sols et des eaux (AMCSE).
J.Kienzle/FAO
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Hommes travaillant avec des ânes et un semoir direct pour la traction animale fabriqué au Brésil.
4
L’ADRD et... l’agriculture de conservation en Afrique
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 17 2007
L’ ADRD
et...
l’élevage
Le saviez-vous?
La production animale fait partie
intégrante de l’Agriculture et du
développement rural durables (ADRD),
car elle joue un rôle fondamental
dans la sécurité alimentaire, la
nutrition, le revenu et l’épargne des
foyers, la conservation des ressources
naturelles et de la biodiversité,
les moyens d’existence durables
en zones rurales notamment pour
les populations autochtones et les
groupes marginalisés.
 Environ 70 pour cent de 880 millions de ruraux pauvres vivant avec moins d’un dollar
EU par jour dépendent au moins partiellement de l’élevage pour gagner leur vie.1, 2
 L’élevage est le principal secteur de l’économie agricole dans la plupart des pays en
développement ou en transition. Dans certains pays, l’élevage représente jusqu’à
80 pour cent du produit intérieur brut (PIB) agricole.3 C’est le secteur de l’économie
agricole qui connaît la croissance la plus rapide dans la plupart des pays en
développement ou en transition.
 L’élevage constitue la principale source de revenu pour environ 120 millions de pasteurs
dans le monde.4
 Pour plus de 200 millions de petits exploitants agricoles d’Asie, d’Afrique et d’Amérique
latine, l’élevage de bovins, buffles, moutons, chèvres et volailles est la première source
de revenu.5
 Les produits d’élevage sont importants pour la nutrition et représentent plus de 30 pour
cent de la consommation des hommes en protéines.5 La consommation des populations
des pays en développement comparée à celle des pays développés est d’un tiers pour
la viande et d’un cinquième pour le lait.6
 L’élevage fournit la force de traction pour plus de 320 millions d’hectares, soit le quart
du total des surfaces cultivées de la planète,7 mais aussi le fumier qui contribue à la
productivité agricole et à un environnement durable.
 Une mauvaise gestion ou transformation des produits d’élevage risque de nuire à
l’environnement et à la santé des personnes par la pollution due aux déchets animaux,
la transmission de maladies et la déforestation.
Falk Kienas /istock
Pourquoi faut-il agir?
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
 Partie intégrante des systèmes ruraux
en termes social, économique et
environnemental, l’élevage fournit
revenu, nourriture, fibres, force de
traction, engrais, épargne, assurance
et statut social à la plupart des
populations pauvres rurales dans le
monde.
 Un développement équitable de
l’élevage est vital pour réaliser
l’objectif no 1 du Millénaire pour le
développement, à savoir réduire la faim
et la pauvreté.
 Bien géré, l’élevage fournit des
bénéfices environnementaux en termes
de fertilité des sols, de gestion des
récoltes et de rendements. Sinon, ces
bénéfices risquent d’avoir un coût
environnemental lié à la pollution
par déchets, la déforestation, la
dégradation des terres de parcours et
la transmission d’épidémies du bétail et
de zoonoses.
 La mondialisation et la croissance
de la demande pour des produits
d’élevage ont conduit à l’émergence de
grandes entreprises agroalimentaires
sources de concurrence internationale.
Ce facteur présente des défis et des
opportunités pour la participation des
petits exploitants agricoles dans les
chaînes de production, transformation
et distribution des produits d’élevage.
Quels sont les objectifs
politiques?
Les politiques d’élevage doivent:
 permettre aux ménages pauvres qui
possèdent un petit élevage - comme les
pasteurs, les petits exploitants agricoles
et les groupes marginalisés - de
maximiser les bénéfices qu’ils tirent des
produits d’élevage, tout en réduisant les
risques;
 permettre aux systèmes de production
d’offrir des services environnementaux
tout en minimisant les coûts pour
l’environnement et la santé;
 créer un environnement favorable
de point de vue macroéconomique,
institutionnel et de politique agricole
L’ ADRD et...
l’élevage
Les questions
politiques
Efficacité croissante des
marchés, concentration et
marginalisation
Dans le monde entier, la demande de
produits d’élevage, particulièrement
de viande et de produits laitiers, est
en croissance rapide. Les tendances
varient par région et par pays. Au niveau
international, la part du PIB agricole dans
le PIB total a chuté avec la croissance
économique, mais la part de l’élevage
dans le PIB agricole a augmenté. Dans les
pays industrialisés et dans les marchés de
l’élevage en croissance du sud et du sudest de l’Asie, du Moyen-Orient et d’Amérique
latine, les producteurs d’élevage
doivent être compétitifs pour réaliser
des économies d’échelle. Ils tendent à
adopter des technologies sophistiquées
à faible coefficient de main- d’oeuvre et
permettant de réaliser des économies,
tout en se redéployant des zones rurales
vers les zones périurbaines ou en se
rapprochant des marchés et des usines de
transformation.
L’organisation de la production et
de la distribution change fortement
avec le passage à une production
animale intensifiée, commercialisée,
industrialisée, concentrée et orientée
2
L’ADRD et... l’élevage
vers l’export. Les grandes sociétés
agroalimentaires contrôlent de plus en
plus la chaîne de production pour garantir
approvisionnement, sécurité sanitaire et
qualité. Dans certaines régions, les petits
propriétaires se trouvent de plus en plus
marginalisés par rapport aux chaînes de
production industrielle et de consommation
liées aux supermarchés.
acides aminés, minéraux, vitamines et oligoéléments nécessaires à un régime complet.
Si la santé des hommes et des femmes, la
croissance des enfants et le développement
cognitif requièrent une consommation
raisonnable8, une alimentation trop riche
en viande et en graisses risque de générer
maladies cardiovasculaires, cancers,
obésité ou autres problèmes de santé.
Vulnérabilité et risque
continus
Les animaux risquent de porter des
maladies (zoonoses) susceptibles d’être
directement transmissibles aux hommes
comme la grippe aviaire hautement
pathogène, ou encore des maladies
capables de “sauter des espèces” pour
toucher les personnes. Certaines maladies
déciment les animaux et la santé: les
récentes infections de grippe aviaire
hautement pathogène ont conduit à
abattre plus de 140 millions de volailles
rien que dans le sud-est asiatique.9 Des
maladies animales fortement contagieuses
et transfrontalières comme la peste
porcine africaine peuvent se propager
avec le déplacement des personnes ou
des animaux. La taille des foyers infectieux
dans les élevages, mais aussi chez les
humains grandit avec l’évolution des
tendances climatiques et les changements
saisonniers. Comme souvent dans le
secteur agricole, l’élevage présente
plusieurs risques en termes d’hygiène et de
sécurité du travail, et le travail des enfants y
est courant.10
Bénéfices et risques pour la
santé publique
Tendances
environnementales et
avantages réciproques
En Afrique sub-saharienne et dans
certaines régions d’Asie et d’Amérique
latine, où l’agriculture et l’élevage sont
les secteurs qui contribuent le plus à la
croissance économique et à la réduction
de la pauvreté, le secteur de l’élevage
évolue plus lentement et la demande de
produits d’élevage par habitant est presque
stagnante. Les petits exploitants agricoles
et les pasteurs dominent le secteur de
l’élevage. Dans certains pays, des régimes
fonciers sans garantie, des services de
santé animale peu efficaces, un accès
limité au crédit et aux intrants empêchent
les petits exploitants et les pasteurs de
tirer profit de leur élevage et entravent une
éventuelle révolution de la productivité.1 Les
pasteurs font face à des défis particuliers,
puisqu’ils doivent gérer les risques et
variations de la propriété d’élevage
associés aux maladies et à la traction
animales, pour tirer une valeur économique
de terres marginales.
Les produits alimentaires d’origine animale
sont une excellente source de protéines,
Vera Bogaerts/istock
qui augmente la productivité des
propriétaires d’élevage mais aussi leur
rendement sur le marché tout en leur
offrant des débouchés pour les biens et
services liés à l’élevage.
Les opérations d’élevage industrialisées et
concentrées occupent de faibles superficies
de terre, mais souvent se regroupent près
de centres urbains et créent d’importantes
quantités de déchets, y compris de métaux
lourds et de résidus de médicaments. Mal
gérées, elles risquent de fortement polluer
l’air, l’eau et le sol. Une gestion extensive
de l’élevage par de petits propriétaires
d’exploitations agricoles ou de ranchs peut
causer déforestation, dégradation des
terres et perte de la biodiversité. Pourtant
simultanément un élevage intégré dans
les systèmes d’agriculture de conservation
peut contribuer à la restauration de
l’environnement, tandis que le fumier
fournit aux sols de précieux éléments
nutritifs, augmente la productivité et la
rétention d’eau et réduit le compactage
des sols.
Le développement de l’élevage industriel
et les préférences des consommateurs
risquent de contribuer à réduire la diversité
génétique animale, malgré le rôle de
la diversité dans l’augmentation de la
productivité animale et la résistance aux
maladies, vu le changement climatique. Ces
tendances combinées à la culture intensive
des pâturages réduisent aussi la diversité
génétique agricole.
Les défis sociaux
Quelles sont les options
politiques?
Un développement durable et équitable du
secteur de l’élevage requiert des politiques
macroéconomiques, institutionnelles et
agricoles, de même que des politiques
sectorielles spécifiques. La plupart de ces
politiques - qui incluent la garantie d’une
inflation faible et prévisible, établissent un
système judiciaire efficace et renforcent
les systèmes locaux et nationaux de
vulgarisation – dépassent largement
le contrôle des décideurs politiques en
matière d’élevage. Toutefois, les décideurs
politiques peuvent contribuer à l’élaboration
de politiques d’élevage qui renforcent les
capacités des éleveurs à s’adapter au
changement, comme indiqué ci-après.
Renforcer les capacités des
éleveurs à s’adapter au
changement et aux chocs
Dans les pays où l’économie est fondée
sur l’agriculture, les décideurs politiques
en matière d’élevage peuvent promouvoir
la révolution de la productivité du cheptel,
en concevant des politiques qui renforcent
les capacités des éleveurs à s’adapter aux
catastrophes naturelles ou économiques.
Ces politiques devront favoriser le
développement de marchés d’assurance de
l’élevage et de systèmes d’alerte précoce
qui intègrent surveillance et réponse
participative des communautés, ainsi que
des stratégies d’alimentation d’urgence.
Le renforcement de la réglementation
Klaas Lingbeek van Kranen /istock
Dans de nombreuses cultures, les
populations ont une relation particulière
avec l’élevage qui constitue une partie
intégrante de leurs moyens d’existence. Les
rituels de gratitude soulignent les avantages
qu’apportent les animaux. Difficiles à
quantifier, les importantes valeurs sociales
et spirituelles de l’élevage sont souvent
négligées par les décideurs politiques.
quant aux déplacements des animaux
et l’établissement de programmes de
réduction et ou d’augmentation des
troupeaux permettant aux pauvres de
vendre des animaux quand les prix sont
encore élevés et d’en acheter après
une crise, peuvent également réduire
ces risques. Les communautés presque
totalement dépendantes de l’élevage ont
également besoin de sources de revenus
complémentaires et de protections sociales.
Réduire les pertes dues aux
maladies animales
Les politiques de santé animale peuvent
améliorer les moyens d’existence en
réduisant les pertes dues aux maladies
animales. Dans les économies de marché,
les gouvernements peuvent soit offrir des
services de santé animale, soit contracter
des entreprises privées. Pour permettre aux
éleveurs pauvres d’accéder aux services
véterinaires à un prix abordable, on pourrait
adopter des moyens politiques comme:
l’institutionalisation de la fonction de
spécialiste de la santé animale dans les
collectivités; l’apport des connasissances
sur les zoonoses; le subventionnement de
vétérinaires privés et l’octroi de bons pour
les services vétérinaires aux éleveurs.
Optimiser l’impact sur
l’environnement
Les politiques permettant d’atténuer
l’impact négatif de certains systèmes
d’élevage sur l’environnement et la santé
publique sont importantes pour garantir que
les coûts environnementaux ne l’emportent
pas sur les bénéfices économiques. Ces
politiques viseront à: limiter l’expansion de
l’élevage dans les écosystèmes naturels;
rémunérer les agriculteurs qui rendent
des services environnementaux comme
l’amélioration de la gestion de l’eau;
la répartition des réglementations et
systèmes fiscaux pour décourager de larges
concentrations commerciales d’éleveurs.
Promouvoir la
commercialisation de
l’élevage
Les politiques visant à renforcer la valeur
ajoutée de la production animale et de la
commercialisation par les pasteurs et petits
propriétaires sont tout aussi importantes.
Pour augmenter l’efficacité, la sécurité
sanitaire et le caractère opportun de la
transformation, la commercialisation
et la distribution, des investissements
s’imposent dans les infrastructures
mercantiles, par exemple le marché des
produits laitiers et des fibres, ou encore les
abattoirs ruraux. Il est tout aussi important
de rendre plus abordable l’information sur
les prix, de promouvoir les associations de
commercialisation, l’élevage participatif
et la réglementation de systèmes
contractuels entre les petits exploitants et
les grandes sociétés de transformation. Les
gouvernements peuvent également soutenir
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
l’élevage
des stratégies pour intégrer les petits
exploitants dans les marchés d’élevage
et offrir une sortie à ceux qui ne sont pas
compétitifs. Il convient aussi d’adopter les
pratiques d’élevage qui contribuent au bienêtre animal, tout en améliorant l’efficacité
et la sécurité sanitaire des aliments pour
les consommateurs.
Soutenir la commercialisation
de produits d’élevage et la
recherche
Pour assurer des bénéfices aux producteurs
et aux petits exploitants nationaux, les
fonds publics doivent aider la recherche
dans les domaines où les fonds privés
font défaut. Parmi ces domaines citons:
les produits qui font l’objet d’importants
échanges commerciaux entre pays;
les technologies et produits qui ne
demandent pas de déplacement de maind’œuvre et sont importants à la sécurité
alimentaire des groupes de producteurs
les plus démunis, et moins organisés
qui ne suscitent pas une forte demande
du marché. Les décideurs politiques
devraient soutenir l’élaboration de normes
sanitaires et phytosanitaires adaptées
pour les produits d’élevage, tant pour le
commerce intérieur que pour les marchés
à l’export. Une plus forte commercialisation
des races résistantes aux maladies
animales - comme les trypanosomoses
du bétail - est également importante pour
soutenir la conservation de la précieuse
diversité génétique animale, comme le
soulignent le Plan d’action mondial pour
les ressources zoogénétiques (2007) et la
Déclaration d’Interlaken sur les ressources
zoogénétiques.11
Renforcer les processus
politiques sur l’élevage
Les processus de formulation de politiques
d’élevage doivent être participatifs,
multidisciplinaires, fondés sur des
informations objectives et de solides
analyses des moyens d’existence et
d’économie politique. Les réseaux
internationaux, régionaux ou nationaux,
tout comme les groupes et concertations
permettent de partager des bonnes
pratiques et créer des liens entre les parties
prenantes par delà la chaîne de valeur de
l’élevage.
4
L’ADRD et... l’élevage
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
Joachim Otte
[email protected]
Fonds international de développement
agricole (FIDA)
Antonio Rota
[email protected]
Agence des États-Unis pour le
développement international (USAID)
Joyce Turk
[email protected]
Références
Ont contribué à ce dossier différentes
organisations de la société civile ainsi que
H. Steinfeld, I. Hoffman, U. P. Ciamarra, C.
Batello, P. Termine (FAO) et bien d’autres
(voir la rubrique Contacts).
Banque mondiale. 2007. Rapport sur
le développement dans le monde 2008.
L’agriculture au service du développement.
Washington DC.
2
LID. 1999. Livestock in poverty-focused
development. Crewkerne, Royaume-Uni,
Livestock in Development (LID).
3
Banque mondiale. 2007. Les indicateurs
de développement dans le monde.
Washington DC.
4
ILRI. 2002. Mapping poverty and livestock
in the developing world. Nairobi, Institut
international de recherches sur l’élevage
(ILRI).
5
FAO. 2006. Livestock long shadow:
environmental issues and options. Rome.
6
IFPRI. 1999. L’élevage d’ici 2020:
la prochaine révolution alimentaire.
Washington DC, Institut international de
recherche sur les politiques alimentaires
(IFPRI).
7
FAO. 1997. Livestock and the environment:
finding a balance. Rome.
8
Bwibo, N., Murphy, SP., et Allen, LH.,
2003. Role of animal source foods to
improve dietary quality, growth and
development of Kenyan schoolers. Journal
of Nutrition.
9
FAO. 2006 Grippe aviaire, chronologie
d’une maladie, Rome. http://www.fao.org/
avianflu/fr/chronology_fr.html
10
OIT. 2007. Hazardous child labour in
agriculture. What poor health and safety
means in practice for child labourers
in agriculture. Genève, Organisation
internationale du travail (OIT).
11
FAO. 2007. Plan d’action mondial
pour les ressources zoogénétiques et
Déclaration d’Interlaken sur les ressources
zoogénétiques. Rome.
1
Outils et ressources
Initiative élevage, environnement
et développement (LEAD) Outils sur
l’élevage et l’environnement:
http://www.lead.virtualcentre.org/fr/
dec/toolbox/Index.htm
Centre LEAD de recherche virtuelle
et de développement: http://www.
virtualcentre.org/fr/frame.htm
Division de la production et de la santé
animales, FAO: Informations sur la
production et la santé animales, et les
politiques d’élevage.
http://www.fao.org/ag/againfo/home/
fr/home.html
http://www.fao.org/ag/againfo/
resources/en/papers.html
Institut international de recherches sur
l’élevage (ILRI): http://www.ilri.org/
Initiative mondiale sur le pastoralisme
durable (WISP):
http://www.iucn.org/wisp/fr/index.html
Système d’information sur la diversité
des animaux domestiques (DAD-IS):
http://dad.fao.org/
Commission sur les ressources
génétiques pour l’alimentation et
l’agriculture: http://www.fao.org/ag/
cgrfa/French/Default.htm
FAO. 2007. l’état des
ressources zoogénétiques pour
l’alimentation et l’agriculture
dans le monde. Rome.
Commission du développement durable
des Nations Unies. 2000. The coming
livestock revolution, background paper on
current status of global livestock and on
future trends. New York.
ECOSOC. 2004. An integrated approach
to rural development: dialogues at the
Economic and Social Council. New York,
Conseil économique et social des Nations
Unies (ECOSOC).
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 16 2007
et...
la biodiversité agricole
L’ ADRD
Le saviez-vous?
La conservation et l’utilisation durable
de la biodiversité agricole - dans les
exploitations agricoles, dans la nature
et dans les banques de gènes - sont
essentielles à l’avenir de l’agriculture.
 La biodiversité agricole comprend tous les éléments de la diversité biologique intervenant
dans la production agricole, y compris la production alimentaire, les moyens d’existence
et la conservation de l’habitat de l’écosystème agricole.4 Ce dossier se focalise sur la
diversité des plantes et des animaux qui fournissent notre alimentation.
 La diversité génétique – la diversité des espèces – permet aux écosystèmes agricoles de
s’adapter pour répondre aux catastrophes et aux risques environnementaux comme le
changement climatique.3 Elle améliore également la productivité agricole, en offrant aux
agriculteurs, aux éleveurs et aux phytogénéticiens de la matière pour sélectionner des
variétés plus productives ou améliorer les caractéristiques des cultures et des animaux et
ainsi faire face à la sécheresse, aux fortes tempêtes, aux maladies et aux ravageurs.2
 Grâce à la biodiversité, l’agriculture fournit une grande variété d’énergies, de protéines,
de graisses, de minéraux, de vitamines et d’autres oligo-éléments fondamentaux pour la
sécurité alimentaire et la nutrition.
 Environ deux milliards de personnes dans le monde souffrent de carence en oligoéléments, généralement en vitamine A, iodure, acide folique, fer et zinc. Tous ces oligoéléments peuvent facilement être assimilés par un régime diversifié et équilibré.2
 La biodiversité agricole des systèmes de production agricole et d’habitats naturels
disparaît à une vitesse sans précédent. Lors des 50 dernières années, un faible nombre
de variétés agricoles a remplacé des milliers de variétés locales dans de gigantesques
champs de production.2
 Plus de 90 pour cent des variétés cultivées ont disparu des champs agricoles lors de ces
100 dernières années,4 et 690 races animales ont disparu.13
 Depuis les débuts de l’agriculture il y a 12 000 ans, environ 7 000 espèces végétales
et plusieurs milliers d’espèces animales ont été récoltées ou élevées, développées,
gérées et utilisées à des fins alimentaires. Aujourd’hui, seulement 15 plantes cultivées
et 8 espèces animales domestiques fournissent 90 pour cent des apports alimentaires
énergétiques.1
 La biodiversité des cultures et des bétails résulte de la sélection et de la domestication
par l’homme; sa conservation dépend beaucoup d’une bonne gestion et d’une utilisation
durable.1
Rafael I Merchan
En soutenant la conservation in situ
et ex situ, la valorisation, le partage
des bénéfices et le renforcement
des capacités, les gouvernements,
les organisations internationales et
de la société civile peuvent aider
les agriculteurs et les populations
autochtones à sauvegarder la
biodiversité agricole.
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
Pourquoi faut-il agir?
 La biodiversité agricole conditionne la
capacité actuelle et future de la planète
à nourrir une population croissante et à
renforcer la résilience au changement
climatique.
 La biodiversité des cultures et des
animaux est le fruit des savoirs
traditionnels et des systèmes agricoles.
Elle est maintenue par des réseaux
sociaux, des institutions locales et
la transmission d’une génération à
l’autre.2 Les systèmes agricoles et
alimentaires traditionnels, adaptés au
tissu local et diversifiés, sont précieux
pour les communautés autochtones ou
locales, et pour l’agriculture en général.
Pourtant, ces systèmes sont menacés
et seront difficiles à recréer en cas de
perte.1
 La tendance mondiale à simplifier le
régime alimentaire augmente la faim
cachée et les maladies chroniques
comme les problèmes cardiovasculaires,
le cancer et le diabète.2 Manger des
aliments diversifiés d’origine végétale
et animale est la meilleure façon
de parvenir à un régime équilibré et
d’inverser cette tendance.1
 La préservation et l’utilisation de la
biodiversité agricole constituent un
moyen important, durable et abordable
de parvenir aux objectifs du Millénaire
pour le développement, de réduction
de la faim et de la pauvreté, fixés par
les Nations Unies, tout en assurant un
environnement durable.5
L’ ADRD et...
la biodiversité agricole
Quels sont les objectifs
politiques?
Les décideurs politiques au niveau national
et international devraient viser à:
 améliorer l’utilisation de la biodiversité
agricole par les agriculteurs, les
chercheurs, les phytogénéticiens et
les éleveurs, pour contribuer à des
systèmes de production plus résilients
et durables qui améliorent la nutrition et
les moyens d’existence des populations
pauvres rurales;
 promouvoir la conservation, la
récolte, l’élevage, la consommation
et la commercialisation de cultures
alimentaires et d’animaux domestiques
(particulièrement ceux aujourd’hui
négligés ou sous-exploités) et la
diversité génétique associée, tout
en préservant la diversité culturelle
associée à la biodiversité agricole;
 reconnaître et récompenser la
contribution des agriculteurs, des
populaires autochtones et des
communautés rurales à l’amélioration
et à la préservation de la biodiversité
agricole; maintenir les savoirs
traditionnels de biodiversité; garantir
des bénéfices justes et équitables à
partir de l’utilisation des ressources
génétiques.5
Les instruments
politiques
La FAO et la Convention sur la diversité
biologique sont les principaux forums où
la communauté internationale établit des
politiques visant à garantir la conservation
et l’utilisation durable de la biodiversité
agricole. Le programme de biodiversité
agricole de cette convention favorise
le renforcement des capacités et la
coopération entre parties prenantes dans
l’élaboration de politiques. Ce programme,
tout comme le Traité international sur
les ressources phytogénétiques pour
l’alimentation et l’agriculture, compte parmi
les deux instruments politiques notables qui
résultent de ces forums.
Les questions
politiques
La valeur de la biodiversité
agricole, y compris les
espèces traditionnelles,
négligées ou sous-exploitées
Beaucoup de cultures et d’animaux
domestiques utilisés dans les régimes
traditionnels sont plus nutritifs que les
espèces introduites ou commerciales. Par
exemple, au moins trois des variétés de
sorgho sélectionnées par les agriculteurs
éthiopiens contiennent environ 30 pour
cent de protéines de plus que d’autres
variétés.6 Les variétés traditionnelles
peuvent demander moins d’intrants, être
mieux adaptées aux conditions locales
(et parfois marginales), tout en étant
plus productives et moins nuisibles à
l’environnement. Les femmes sont les
principaux bénéficiaires de la conservation
des variétés agricoles traditionnelles,
dans la mesure où elles sont souvent
responsables de leur culture.6 Les systèmes
agricoles nationaux devraient s’efforcer
de reconnaître la valeur des espèces
négligées ou sous-exploitées qui ont été
marginalisées parce qu’elles étaient
moins compétitives que d’autres espèces
agricoles, de moindre valeur mercantile,
difficiles à transformer ou considérées
démodées ou “rétrogrades”. Par exemple,
la céréale chénopode de l’Himalaya
(Chenopodium spp.) et la cerise de la
Barbade (Malpighia glabra) sont menacées
d’érosion génétique et de disparition,
malgré leur forte valeur nutritive.2
2
L’ADRD et... la biodiversité agricole
FAO, A. Odoul, 1995
Importance des
connaissances
traditionnelles
L’article 9 du Traité international sur
les ressources phytogénétiques pour
l’alimentation et l’agriculture reconnaît
la contribution des agriculteurs et des
populations indigènes à la conservation et
au développement de variétés dotées de
caractéristiques et de qualités particulières.
Ce traité rend les gouvernements
responsables de l’application des droits
des agriculteurs, tout en dressant la liste
des mesures à prendre pour protéger
et promouvoir ces droits. Toutefois, les
droits des agriculteurs ont rarement été
respectés.
Quelles sont les options
politiques?
Le développement et la conservation de
la biodiversité agricole demandent une
combinaison des stratégies suivantes,
accompagnée d’un soutien politique,
scientifique, technique et financier. Les
politiques doivent être revues pour réduire
la perte de biodiversité agricole, par
exemple en favorisant la culture d’une
gamme plus diversifiée de variétés, tout en
élaborant et en diffusant des technologies
spécialisées sur une plus large gamme de
cultures et de bétails.
Promouvoir la conservation
in situ
La conservation in situ correspond au
maintien et à l’utilisation de la biodiversité
précieuse et/ou menacée qui existe dans
les habitats où elle advient naturellement
et a évolué avec ou sans une sélection par
l’homme. Cette stratégie est fondamentale
pour protéger la diversité génétique
des animaux et des espèces sauvages
apparentées, y compris des anciennes
cultures et des cultivars traditionnels
ou des variétés agricoles locales. Ces
ressources phytogénétiques peuvent servir
à améliorer les cultures et avoir une très
forte valeur commerciale. Par exemple, trois
arachides sauvages ont permis de résister
au nématode des racines, permettant aux
cultivateurs d’arachide du monde entier
d’économiser 100 millions de dollars EU
par an. Les espèces sauvages apparentées
et les variétés locales constituent
d’importantes sources d’alimentation pour
les pauvres et des compléments essentiels
aux aliments de base en périodes de
famine.1
Soutenir la conservation
dans l’exploitation agricole
Parce que l’environnement évolue et
s’adapte, le maintien de la diversité des
cultures et de l’élevage dans des systèmes
de production dynamiques demande des
efforts particuliers de conservation et
Qu’entendons-nous par
biodiversité agricole?1
La biodiversité agricole est la diversité
biologique à l’état domestique ou
sauvage en matière d’alimentation
et d’agriculture. Elle résulte: (1) de
ressources génétiques végétales,
animales, microbiennes ou fongiques;
(2) d’organismes nécessaires au
maintien de fonctions essentielles
à l’écosystème agricole, à sa
structure et à ses processus, comme
la régulation des ravageurs et
des maladies, la pollinisation et
le cycle des éléments nutritifs; (3)
d’interactions entre les facteurs
abiotiques, comme les paysages
physiques où l’on cultive la terre, et
les dimensions socioéconomiques et
culturelles tels les savoirs traditionnels
et locaux.
d’utilisation durable au sein même de
l’exploitation agricole. Cela signifie gérer
l’ensemble de l’écosystème agricole, en
respectant les principes écologiques et en
encourageant les systèmes décentralisés
et communautaires où les populations
maintiennent, sélectionnent, voire
échangent les variétés et les savoirs
associés. Les banques de semences des
communautés, les réseaux informels
d’échange de graines, les foires aux
semences et les salons de l’élevage qui
favorisent les échanges d’informations et
de ressources, tout comme la sélection
des plantes selon un mode participatif
où les agriculteurs, les éleveurs et les
autres experts développent ensemble des
variétés qui satisfassent les besoins des
agriculteurs, sont autant d’interventions
institutionnelles précieuses pour la
conservation de la biodiversité dans
l’exploitation agricole.5 Les décideurs
politiques devraient également créer
des mesures incitatives en offrant aux
agriculteurs un meilleur accès aux
semences de qualité pour les variétés
rares ou jusqu’ici négligées, tout en
reconnaissant que la culture de variétés
agricoles rares et diversifiées profite à tous.6
Encourager la conservation
ex situ
La conservation ex situ suppose de
recueillir et de maintenir des matériels
divers sur un plan génétique dans des
banques de gènes pour garantir leur
bonne conservation et un accès aisé par
les utilisateurs du matériel génétique,
comme les agriculteurs, les éleveurs et
les chercheurs. Beaucoup de plantes
et d’animaux sont menacés dans leur
environnement naturel. Des programmes
nationaux doivent établir des stratégies
pour s’emparer du matériel génétique
menacé et assurer leur bonne conservation
dans des banques de gènes où ils
pourront être décrits et évalués au profit
de l’agriculture. Pour garantir la durabilité
à long terme du matériel génétique, les
responsables de banques de gènes doivent
maintenir des échantillons et décrire les
caractéristiques agronomiques et autres
du matériel recueilli, tout en établissant
un système efficace de distribution
des espèces et variétés agricoles aux
utilsateurs.2
Créer de la valeur ajoutée
Les efforts de conservation de la
biodiversité agricole seront durables s’il
existe une demande pour les variétés
secondaires et produits associés afin que
les agriculteurs puissent tirer des revenus
de ces variétés. Les systèmes agricoles
nationaux et le secteur privé devraient être
encouragés à promouvoir de meilleures
pratiques après-récolte qui facilitent
l’acquisition de technologies adaptées
à la transformation et à l’emballage de
produits de grande qualité, attractifs,
durables et commercialisables. L’agroindustrie joue un rôle important dans le
commerce de gros des produits, pour
garantir l’approvisionnement des marchés,
tout en aidant la consommation urbaine.
Des stratégies marketing et des campagnes
qui sensibilisent les consommateurs
et dépassent les préjugés contre les
aliments traditionnels (souvent considérés
comme “démodés”) s’imposent pour
stimuler la demande et les ventes d’une
culture spécifique, tout en créant une
source de revenu pour les agriculteurs.10
Des programmes de formation pour les
vulgarisateurs agricoles et les conseillers
en matière de santé ou de nutrition
peuvent rappeler l’importance d’un régime
diversifié et les effets bénéfiques d’une
consommation alimentaire traditionnelle
dans l’augmentation de la productivité et la
lutte contre la faim et la pauvreté.
Encourager la recherche
La recherche qui soutient la conservation
de la biodiversité agricole est nécessaire
pour: (1) évaluer l’importance et la
distribution de la diversité entretenue
par les agriculteurs, dans l’espace et
dans le temps; (2) relever les facteurs
spécifiques, comme la culture alimentaire
et les tendances du marché qui influencent
les décisions des agriculteurs et les
processus de sélection; (3) identifier les
caractéristiques précieuses; (4) combler
le fossé dans les recueils de banques de
gènes. Les responsables des programmes
de conservation devraient identifier les sites
les plus adaptés à la conservation de la
biodiversité agricole, fournir aux agriculteurs
les variétés agricoles et animales, mais
aussi les pratiques de gestion à préserver
(si nécessaire) et élaborer des stratégies
pour minimiser les risques d’érosion
génétique.11 Les systèmes nationaux de
recherche agricole devraient mettre l’accent
sur la caractérisation et la documentation
des cultures secondaires endémiques et
des variétés locales.
Partager les bénéfices avec
les agriculteurs
Les gouvernements et les entités
intergouvernementales devraient
promouvoir un partage juste et
équitable des bénéfices économiques
et non monétaires tirés de l’utilisation
commerciale d’espèces endémiques ou
sélectionnées localement. D’intenses
négociations intergouvernementales ont
donné naissance au Système multilatéral
du Traité international sur les ressources
phytogénétiques pour l’alimentation et
l’agriculture, un mécanisme qui facilite
les échanges et l’accès à la diversité
génétique, ce qui est importante pour
la sécurité alimentaire et l’agriculture
durable. En outre, les gouvernements
devraient s’assurer que les individus et
les communautés pourvus de savoirs
traditionnels participent pleinement à la
formulation des politiques qui concernent
la diversité génétique locale et son emploi.
Certains pays ont modifié leur législation
en matière de brevets, en demandant
aux candidats de dévoiler les sources des
matériels utilisés pour les inventions qu’ils
souhaitent protéger. Une autre possibilité
pour éviter un dépôt immoral de brevet sur
des savoirs traditionnels consiste à créer
des bases de données qui enregistrent
ces savoirs en se concentrant sur leurs
applications pratiques et en permettant
aux autorités en matière de brevets de les
rechercher comme “art précédent”.8
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
la biodiversité agricole
Renforcement des capacités
Les systèmes nationaux de recherche
agricole et les donateurs devraient être
encouragés à soutenir des programmes
d’éducation et de formation scientifiques
et techniques d’agents de vulgarisation,
d’agriculteurs, de populations autochtones
et d’éleveurs, sur la conservation et
l’utilisation durable de la biodiversité
agricole. Des programmes scolaires,
d’éducation, de nutrition, de vulgarisation et
de formation devraient soutenir les savoirs
indigènes sur la biodiversité en matière
d’alimentation et de nutrition.
Engagements
mondiaux
Convention sur la diversité biologique:
Il s’agit de l’instrument international de
référence pour la conservation de la
diversité biologique, l’utilisation durable de
ses composants et le partage des bénéfices
issus de l’utilisation de ressources
génétiques.
www.cbd.int/default.shtml
Traité international sur les ressources
phytogénétiques pour l’alimentation et
l’agriculture: vise à garantir la sécurité
alimentaire par la conservation et
l’utilisation de ressources phytogénétiques
et le partage juste et équitable des
bénéfices en résultant.
www.planttreaty.org/gbnex_fr.htm
Commission des ressources génétiques
pour l’alimentation et l’agriculture:
un forum permanent de la FAO où les
gouvernements discutent et négocient
toutes les questions pertinentes de
biodiversité pour l’alimentation et
l’agriculture. La Commission a récemment
adopté le Plan d’action mondial pour les
ressources zoo génétiques. www.fao.org/
ag/cgrfa/French/Default.htm
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
Linda Collette
[email protected]
Bioversity International
Ehsan Dulloo
[email protected]
4
L’ADRD et... la biodiversité agricole
Convention sur la diversité biologique
(CBD)
Jo Mulongoy
[email protected]
Point focal pour les communautés
autochtones ou locales
John Scott
[email protected]
Fonds international de développement
agricole (FIDA)
Shantanu Mathur
[email protected]
Fédération internationale des producteurs
agricoles (FIPA)
Nora Ourabah Haddad
[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Elisa
Distefano en collaboration avec A. Toledo
Chavarri, F. Egal (FAO), I. Hoeschle-Zeledon,
(Global Facilitation Unit for Underutilized
Species), P. Eyzaguirre, B. Sthapit (Bioversity
International) et bien d’autres (voir la
rubrique Contacts).
1
Convention sur la diversité biologique. Site
Internet de la biodiversité agricole:
http://www.cbd.int/agro/default.shtml.
2
Bioversity International. Site Internet:
http://www.bioversityinternational.org/.
3
IPGRI. 2004. La diversité pour le bienêtre: tirer le meilleur parti de la biodiversité
agricole. Maccarese, Rome, et du
consentement préalables (IPGRI).
4
CIP-UPWARD. 2003. Conservation et
utilisation durable de la biodiversité agricole.
En collaboration avec le GTZ, CRDI, l’IPGRI et
SEARICE.
5
Bioversity International. 2005. Biodiversité
agricole et élimination de la faim et de
la pauvreté. Le Programme d’action de
Chennai. Maccarese, Rome.
6
Frison, E.A., Smith, I.F., Johns, T., Cherfas,
J. & Eyzaguirre, P.B. 2006. Agricultural
biodiversity, nutrition, and health: making
a difference to hunger and nutrition in
the developing world. Food and Nutrition
Bulletin, 27(2): 167–179.
7
IPGRI, GFU, MSSRF. 2005. Meeting
the Millennium Development Goals with
agricultural biodiversity. Maccarese, Rome.
8
IIED. 2006. Protecting indigenous
knowledge against biopiracy in the Andes.
Sustaining local food systems, agricultural
biodiversity and livelihoods. Londres, Institut
international pour l’environnement et le
développement (IIED).
9
IPGRI. 2004. Why genetic diversity matters.
Maccarese, Rome.
10
Thrupp, L.A. 2000. Linking agricultural
biodiversity and food security: the valuable
role of agrobiodiversity for sustainable
agriculture. International Affairs, 76(2):
283–297.
Outils et ressources
FAO, Diversité biologique dans
l’alimentation et l’agriculture:
source d’informations utiles avec des
définitions, des documents et des liens
sur la biodiversité agricole. http://www.
fao.org/biodiversity/index.asp?lang=fr
Convention sur la diversité biologique,
programme de biodiversité agricole: il
s’agit de l’instrument international de
référence pour la conservation de la
diversité biologique, l’utilisation durable
de ses composants et le partage des
bénéfices issus de l’utilisation de
ressources génétiques. http://www.cbd.
int/agro/default.shtml
Bioversity International: un centre du
Groupe consultatif pour la recherche
agricole internationale (GCRAI), menant
des recherches sur l’usage et la
conservation de la biodiversité agricole.
http://www.bioversityinternational.org/
Global Crop Diversity Trust: une
fondation qui cherche à assurer la
conservation et la disponibilité de
la diversité agricole pour la sécurité
alimentaire mondiale.
http://www.croptrust.org/main/
11
IPGRI. 2002. The economics of conserving
agricultural biodiversity on-farm. Compterendu d’atelier, Institute for Agrobotany,
Gödöllo, Hongrie, 13-16 mai 2002.
12
FAO. 2006. Interactions du genre, de la
biodiversité agricole et des savoirs. Manuel
de formation. Rome.
13
FAO. 2007. L’Etat des ressources
zoo génétiques pour l’alimentation et
l’agriculture dans le monde. Rome.
FAO. 2004. Biodiversity for food security.
Bangkok, Bureau régional de la FAO pour
l’Asie et le Pacifique.
FAO. 2007. People and animals. Traditional
livestock keepers: guardians of domestic
animal diversity. Rome.
FAO. 1988. The State of the World’s Food
and Agriculture, Rome (prochaine mise à jour
prévue en 2009).
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 15 2007
et...
les femmes
L’ ADRD
Le saviez-vous?
 En 2007, les femmes représentaient 41 pour cent du total des emplois agricoles.1
 En Afrique sub-saharienne, les femmes constituaient 60 pour cent du travail au noir,
réalisant environ 70 pour cent de tout le travail agricole et produisant environ 90
pour cent de la nourriture.2
 Dans le monde, presque les deux tiers des analphabètes sont des femmes, leur
proportion varie considérablement selon les régions.
 Dans de nombreux pays d’Afrique sub-saharienne et d’Amérique latine, le nombre de
femmes chefs de ménage va croissant,3 cela est dû en grande partie à la migration
masculine, au divorce, aux maladies (en particulier au VIH/SIDA) et aux guerres.
 Les obstacles au travail des femmes coûtent aux régions de l’Asie et du Pacifique
entre 42 et 47 milliards de dollars EU par an. De 16 à 30 milliards de dollars EU
supplémentaires par an sont perdus en raison des disparités entre les sexes en
matière d’instruction.4
 Chaque année, 529 000 femmes meurent de complications liées à la grossesse.
Quatre morts en couche sur cinq sont directement dues à des complications
obstétriques, en grande partie provoquées par le manque de services adéquats
dans le domaine des soins obstétriques d’urgence. Les femmes rurales pauvres
sont probablement celles qui reçoivent de loin le moins de soins y compris de soins
spécialisés au cours de l’accouchement.5
 L’aide à l’agriculture comprend actuellement seulement un dixième de toute l’aide
publique au développement (APD) bilatéral. L’aide en faveur de l’égalité entre les
sexes représente 8 pour cent de toute l’aide destinée à l’agriculture. 6
L’agriculture et le développement
rural durables et la réduction de la
pauvreté dépendent des politiques qui
renforcent la productivité féminine,
leur contribution à la sécurité
alimentaire du ménage et au revenu,
l’accès aux ressources et aux services,
à la responsabilisation et au bien-être
économique et social.
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
Pourquoi faut-il agir?
 Partout dans le monde les déséquilibres
historiques dans le pouvoir d’élaboration
de décisions et l’accès aux ressources,
les droits et titres ont créé des inégalités
entre les hommes et les femmes. Que
ce soit en raison de la législation ou des
coutumes, dans de nombreux pays les
femmes sont toujours privées de leurs
droits fondamentaux.
 Un accès insuffisant aux services
essentiels, aux ressources, aux marchés
et aux infrastructures fait peser un lourd
fardeau sur la répartition du temps
à disposition des femmes rurales et
sur leur travail, limitant sérieusement
leur participation au développement
traditionnel, aux affaires de la
communauté et aux prises de décisions
publiques. Ces contraintes associées
à une majeure sensibilité des femmes
aux aléas des revenus, aux prix et à la
demande d’emploi,7 font qu’il est plus
difficile pour une femme de sortir de la
pauvreté.
 Les activités productives et
reproductives des femmes rurales
sont souvent passées sous silence,
dispersées, non officielles ou
insuffisamment prises en compte
dans les statistiques nationales. En
conséquence, la contribution des
femmes à l’économie nationale et à la
main-d’œuvre sont difficiles à évaluer.
Quels sont les objectifs
des politiques?
 Améliorer l’égalité entre les sexes dans
le domaine législatif, les politiques, les
programmes et les institutions ainsi
que l’accès aux ressources naturelles,
financières, physiques, sociales et aux
autres ressources, de même qu’aux
services et aux institutions.
 Créer des capacités, des connaissances
et des compétences chez les femmes
et les jeunes filles par le biais de
l’instruction, de la formation, de
l’information, de la communication
de la mise en réseau et de l’échange
d’expériences.
 Impliquer les femmes à tous les niveaux
de développements agricoles, ruraux et
politiques, dans les programmes et les
prises de décisions et faire en sorte que
les hommes prennent part aux efforts
d’équité en matière de parité hommesfemmes.
 Développer les indicateurs et les
moyens pour mesurer, contrôler et
évaluer la contribution des femmes à
l’agriculture et au développement rural,
aux effets différentiels des politiques
et aux programmes sur la vie des
hommes et des femmes et les impacts
de l’intégration des considérations
de parité sur les femmes et leurs
communautés.
Les questions
politiques
Dénégation des droits
fondamentaux
Dans la plupart des pays en
développement, les femmes ont très
peu, et/ou, des droits moins importants
que les hommes du fait de l’existence de
préjugés dans la législation coutumière
et officielle ainsi que dans la répartition
L’ ADRD et...
les femmes
du travail, des normes sociales et des
valeurs.9 La discrimination fondée
sur le genre nie toute protection aux
femmes contre la violence, le droit à
l’autodétermination et le même salaire
pour un travail identique. La dénégation de
ces droits ainsi que d’autres droits mine
non seulement le pouvoir économique et
sociale des femmes rurales et leur bienêtre psychologique mais également leur
accès à la terre, aux services financiers, aux
technologies, aux intrants, aux services de
vulgarisation et de formation ainsi que leur
participation aux conseils et aux élections
de la communauté. Le droit des femmes
rurales à un salaire et des conditions de
travail décents, une protection sociale
et une représentation syndicale et des
négociations collectives – dans les
plantations par exemple – ne sont pas
souvent pris en considération.
Défis du travail productif et
reproductif
Dans le monde entier, les femmes jouent
un rôle important dans l’agriculture mais,
dans certaines régions, elles fournissent
l’essentiel de la main-d’oeuvre agricole.
Elles travaillent également dans l’élevage
du bétail, la pêche, la transformation de
la nourriture, la commercialisation, les
entreprises fondées sur le foyer ainsi que
d’autres activités rurales non agricoles.
Cependant, le temps limité dont disposent
les femmes, la mobilité et l’accès aux biens
et aux services, les perceptions culturelles
de ce qu’est un travail convenable
pour les femmes et les préjugés contre
leur indépendance économique, les
contraignent à occuper des emplois plus
temporaires, dans des petites entreprises
ou des entreprises marginales.
Les tâches domestiques ou reproductives
comme la collecte du bois de chauffe et
de l’eau ainsi que les soins destinés aux
enfants et aux personnes âgées sont
souvent perçus comme «féminines» et bien
souvent ne sont pas considérées comme
des activités économiques et de ce fait
n’ont pas le statut de travail. Les politiques,
les programmes et les technologies qui
négligent de prendre en considération ces
responsabilités peuvent accroître la charge
de travail des femmes et réduire le bienêtre du ménage.
Les statistiques nationales prennent
rarement en compte les données ventilées
2
L’ADRD et... les femmes
par genre concernant les emplois ruraux,
ce qui rend difficile d’évaluer avec précision
la contribution économique des femmes ou
les disparités entre hommes et femmes.
Éducation médiocre
et participation
limitée entravent leur
responsabilisation
Les femmes rurales analphabètes et avec
un faible niveau d’instruction, surtout
celles qui se trouvent dans des régions
éloignées, ont les plus grandes difficultés
à accéder aux marchés, aux ressources,
aux services et aux institutions et reçoivent
souvent un traitement différent quand
elles y ont accès. Dans de nombreuses
régions, le faible niveau d’instruction des
femmes et les responsabilités domestiques
disproportionnées associées aux normes
culturelles et sociales, limitent leur capacité
à s’exprimer en public devant les hommes,
de même qu’elles restreignent leur droit
à la propriété et à la gestion de la terre et
de l’argent et minent leur participation aux
emplois productifs, dans les organisations
rurales et dans les prises de décisions
publiques.10 Par exemple, comme les
coopératives agricoles permettent
généralement l’adhésion d’un seul membre
par ménage, la majorité des adhérents a
tendance à être des hommes. 11, 12
Des progrès lents
Les progrès pour rendre les femmes
autonomes et en faveur de l’égalité entre les
sexes ont été lents malgré la Déclaration et
le programme d’action de Beijing (1995). La
faible capacité du personnel, l’organisation
culturelle et comportementale, la résistance
face à la notion d’égalité entre les sexes, la
simplification par le personnel de la question
de parité hommes-femmes et le financement
inadéquat ainsi que le manque de visibilité
des unités de coordination sur la parité sont
souvent responsables de la disparition des
politiques d’égalité entre les sexes dans les
processus de planification et de mise en
œuvre. 13
pour accroître la sécurité alimentaire, la
possibilité de faire des investissements
économiques et environnementaux à
long terme et la réduction des risques
d’expulsion.
Améliorer l’accès aux
services de développement
financiers et économiques
Améliorer les capacités des femmes
rurales à accumuler, gérer et investir dans
les actifs financiers ainsi que leur donner
l’accès aux services de développement
d’affaires financières et non financières.
Des conseils économiques pour aider les
femmes à accéder aux marchés, associés
à des politiques de micro finance, et des
programmes qui permettent de réaliser
de petites économies et de contracter
des emprunts et d’ouvrir des comptes de
groupe, d’établir les aptitudes en calcul des
femmes et d’offrir des facilités bancaires
itinérantes sont fondamentaux pour
accroître la capacité financière des femmes
rurales pauvres.
Accroître l’accès à une
éducation de base
Augmenter l’inscription et la fréquence
des filles dans les écoles rurales en leur
offrant un repas scolaire, et en développant
des programmes d’enseignement dans
les langues locales, en réduisant, ou en
abolissant, les frais de scolarité et en
fournissant des aides au revenu pour
permettre aux ménages ruraux pauvres
de réduire leur dépendance au travail
des enfants. Accroître l’alphabétisation
des femmes adultes et les aptitudes en
calcul en créant des écoles itinérantes
et des programmes motivants pour
les enseignants ruraux. Intégrer les
considérations de parité hommes-femmes
dans le programme d’enseignement,
les politiques et le développement des
infrastructures. Développer du matériel
didactique et des méthodes pédagogiques
qui ont un intérêt concret pour les femmes
rurales.
Quelles sont les options Améliorer l’accès aux
services de santé de
politiques?
procréation
Préserver les droits à la terre
et aux ressources naturelles
Améliorer la prise de conscience, la sécurité
et l’indépendance des femmes rurales sur
leurs droits à la terre, à l’eau, à l’élevage
ainsi qu’aux autres droits de propriété
Améliorer l’accès et l’utilisation des services
de planification familiale. Introduire des
établissements qui renforcent les soins de
santé à la procréation des femmes rurales
dans les régions éloignées en organisant
des services d’obstétrique d’urgence et en
améliorant les transports d’urgence fondés
sur la communauté, par exemple.
Concepts fondamentaux8
Soutenir les réformes
législatives et les campagnes
d’information et de
communication
Il y a égalité entre les sexes quand les
femmes ont les mêmes opportunités
dans la vie que les hommes, y
compris la reconnaissance de
leurs capacités à participer à la vie
publique.
Les réformes législatives sont parfois
nécessaires pour favoriser l’égalité entre les
sexes. Les capacités des femmes et celles
de leurs organisations représentatives
ainsi que de leurs syndicats ont besoin
d’être renforcées pour à la fois réaliser
et négocier leurs droits statutaires et
coutumiers. Des améliorations au niveau
de la propriété, de la famille, des droits
agraires et de succession peuvent renforcer
l’accès et le contrôle des biens naturels,
financiers et des propriétés physiques des
femmes. 14 De nombreux pays ont déjà
mis en œuvre une législation progressive.
Cependant, l’alphabétisation légale, les
services de soutien et de plaidoyers, l’accès
aux organisations représentatives et aux
syndicats et l’intégration et plus largement
les campagnes de prises de conscience
sont également nécessaires pour permettre
aux femmes rurales de revendiquer leurs
droits dans la pratique et aux hommes
ruraux et aux employés d’être suffisamment
sensibilisés pour leur permettre de le faire.
Permettre la participation
Les gouvernements et les organisations
de développement peuvent encourager la
participation des femmes rurales et leur
implication dans les affaires civiques à tous
les niveaux en:
 accroissant leur accès à la radio rurale
et aux autres moyens de communication
en les adaptant pour inclure les
questions qui intéressent les femmes
rurales et les occasions pour elles
de partager leurs opinions et leurs
aspirations;
 établissant et en assurant des quotas
pour la représentation des femmes à
tous les niveaux gouvernementaux et en
les aidant à développer des capacités
de gestion et de direction d’institutions
existantes de façon plus efficace;
les syndicats et les organisations
composées seulement de femmes
peuvent également être importants
dans les contextes où les possibilités
pour les femmes de s’exprimer, de
participer et de diriger sont limitées;
 utilisant les femmes comme formateurs
et éducateurs en création de capacité,
L’équité en matière de parité
hommes-femmes nécessite une
redistribution du pouvoir et des
ressources. On y parvient lorsque
les différents besoins et intérêts
des hommes et des femmes sont
reconnus.
L’intégration des considérations
de parité hommes-femmes est
une stratégie organisationnelle qui
témoigne d’un souci d’équité entre
les sexes dans tous les aspects des
politiques et des programmes d’une
institution en créant des capacités et
des responsabilités selon le genre.
pour l’information et les programmes de
vulgarisation et en ajustant les emplois
du temps de la formation pour qu’ils
soient compatibles avec la disponibilité
des femmes en fonction de la saison et
des activités quotidiennes;
 sensibilisant les hommes aux avantages
et à l’impératif moral de faire participer
les femmes aux prises de décisions,
à la mise en place d’institutions, à la
gestion, à la planification et aux prises
de décisions politiques.
Améliorer les données, le
suivi et l’évaluation
Aider les bureaux nationaux de statistiques
et les programmes de développement
ruraux et agricoles à améliorer la qualité et
la collecte de données ventilées par sexe
y compris celles de l’emploi rural fondées
sur le travail domestique, le travail non
officiel et le travail itinérant. Développer
des mécanismes plus solides et plus
systématiques pour contrôler et évaluer les
impacts de l’intégration des considérations
parité hommes-femmes sur l’égalité entre les
sexes et s’assurer que les intrants sensibles
à la parité hommes-femmes, les indicateurs
de performance et de progrès soient
intégrés au moment propice du programme
de développement rural et agricole et
des processus politiques.15 Ventiler le
programme d’allocations de budget par sexe
et s’assurer que les fonds alloués au suivi
et à l’évaluation sont suffisants. Aider à la
sensibilisation de la parité hommes-femmes
pour vaincre les préjugés et la résistance
culturelle en matière de collecte de données
et d’analyses.
Refaire les mises au point
politiques et améliorer les
processus de mise en œuvre
Pour surmonter la tendance de mettre à
l’écart des engagements politiques liés à la
parité hommes-femmes dans le domaine
de la planification et la mise en œuvre
des processus, les décideurs politiques
devraient:
 donner systématiquement la priorité à
la mise au point politique sur la parité
hommes-femmes et les programmes
d’intervention dans les régions rurales;
 étendre les stratégies de réduction
de la pauvreté (PRS) pour englober
les stratégies sectorielles qui sont
particulièrement avantageuses pour les
femmes rurales;
 s’assurer que les personnels sont
qualifiés pour entreprendre une analyse
socioéconomique et affrontent les
questions de parité hommes-femmes
ainsi que les évaluations participatives
des besoins;
 intégrer les considérations parité
hommes-femmes par le biais de la
gestion du cycle de projet (GCP), comme
lorsqu’on utilise des données de
références ventilées par sexe;
 aider le personnel, les programmes
de sensibilisation de parité hommesfemmes de la communauté et les
employeurs à éliminer les attitudes,
les comportements et les pratiques
discriminatoires;
 s’assurer que les programmes de
développement soient focalisés sur
les questions principales pour les
femmes comme la responsabilisation
en améliorant par exemple, les services
de base et les infrastructures, en
accroissant leur participation politique
et en réformant la législation familiale,
en améliorant la santé sexuelle et
la procréation et en mettant fin à la
violence contre les femmes;
 développer des structures et des
processus, incluant les organisations
représentatives qui établissent la
responsabilité pour les besoins des
femmes rurales dans le domaine du
développement des institutions rurales
agricoles.
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
les femmes
Outils et ressources
Réseau inter agence des Nations Unies
sur les femmes et l’égalité entre les
sexes: http://www.un.org/womenwatch
Programme d’analyse
socioéconomique selon le genre
(ASEG): http://www.fao.org/sd/SEAGA/
index_fr.htm
Fonds international de développement
agricole (FIDA):
http://www.ifad.org/gender/index.htm
Fonds de développement des Nations
Unies pour la femme (UNIFEM):
http://www.unifem.org/gender_issues/
Fonds des Nations Unies pour la
population (FNUAP): http://www.unfpa.
org/gender/index.htm
Engagements
mondiaux
Convention pour l’élimination de la
discrimination à l’égard des femmes
(CEDEF): une charte internationale des
droits des femmes adoptée en 1979 et
ratifiée par 185 pays à partir de septembre
2007.16
Déclaration et programme d’action
de Beijing: adoptée par 189 pays en
1995, Beijing +5, reflète un engagement
international avec pour objectifs l’égalité,
le développement et la paix pour toutes les
femmes partout dans le monde.
Les leaders mondiaux se sont engagés euxmêmes à réaliser les Objectifs du Millénaire
pour le développement (OMD) en 2000.
OMD 3, responsabilise les femmes et les
hommes, il est reconnu comme essentiel
pour parvenir aux sept autres OMD.
Conventions et recommandations de
l’Organisation internationale du travail
(OIT): elles couvrent les principales
questions sur l’égalité liées à l’emploi.17
Convention agricole sur la sécurité et la
santé n° 184 affronte ce secteur.
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
Yianna Lambrou
[email protected]
4
L’ADRD et... les femmes
Fonds international de développement
agricole (FIDA)
Annina Lubbock
[email protected]
Nations Unies Départment des Affaires
Économiques et Sociales (DAES)
Carolyn Hannan
[email protected]
Organisation internationale du travail (OIT)
Susan Maybud
[email protected]
Fonds de développement des Nations Unies
pour la femme (UNIFEM)
Joanne Sandler
[email protected]
Karen Judd
[email protected]
Fonds des Nations Unies pour la population
(FNUAP)
Aminata Toure
[email protected]
Leyla Sharafi
sharafi@unfpa.org
Organisation des femmes pour le
changement agricole et la gestion des
ressources naturelles (WOCAN)
Jeannette Gurung
[email protected]
Jacqueline Ashby
[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Alessandra
Basilico en collaboration avec M. Villarreal, R.
Laub, E. Najros (FAO), A. Herbert, E. Lawton
(OIT), J. de la Rosa (WOCAN), A. Taka Mgugu
(WLWRSA), C. Kabutha (AWLAE) et T. Van Oers
(Femmes en Europe pour un future commun
– WECF), et bien d’autres (Contacts).
OIT. 2007. Global Employment Trends Model
(preliminary estimates). Genève.
2
ECA. 2004. The missing link in growth
and sustainable development. Banque
de développement africain/Commission
économique pour l’Afrique (ADB/ECA)
Symposium sur le genre, Croissance et
développement durable en Ouganda.
3
Secrétariat des Nations Unies. 2001.
Rapports nationaux des études de santé
démographique. New York, Secrétariat des
Nations Unies, Division des statistiques.
4
UNESCAP. 2007. Étude économique et
sociale de l’Asie et du Pacifique. Commission
économique et sociale des Nations Unies
pour l’Asie et le Pacifique (NESCAP), Bangkok.
5
FNUAP 2007. Facts about safe motherhood:
http://www.unfpa.org/mothers/facts.htm
6
OCDE-DAC Secrétariat. 2005. Aid to
support gender equality, 1999−2003. Paris,
1
Organisation pour la coopération économique
et le développement. Comité d’assistance au
développement (OCDE-DAC).
7
Luttrell, C. et Moser, C. 2004. Gender
and social protection. London, Overseas
Development Institute (ODI).
8
Reeves, H. et Baden, S. 2000.
Gender and development: concepts and
definitions. Sussex, UK, BRIDGE/Institut
sur les études de développement (IDS).
Définitions supplémentaires du FIDA: Gender
Plan of Action: http://www.ifad.org/gender/
policy/action_f.htm
9
FAO. 2006. Improving gender equity in
access to land. Notes sur la propriété
foncière. Rome.
10
FNUAP. 2005. State of world population
2005. Égalité entre les sexes. Fiche
d’informations.
11
Birchall, J. 2004. Les coopératives
et les objectifs du Millénaire pour le
développement. Genève, OIT.
12
FAO. 1996. Cooperatives: has their time
come or gone?
13
Moser, C. et Moser, C. 2005. Gender
mainstreaming since Beijing: a review of
success and limitations in international
institutions. Genre et développement, v.
13/2, Oxford, Routledge.
14
FAO. 2002. Gender and law. Women’s
rights in agriculture. Rome.
15
Brambilla, P. 2001. Gender and monitoring:
a review of practical experiences. Sussex, UK,
BRIDGE/IDS.
16
UNIFEM. 2005. Progress of the world’s
women 2005: women, work and poverty. New
York.
17
OIT. Convention concernant la
discrimination (emploi et profession)
(n° 111), Convention sur l’égalité de
rémunération (n° 100), Convention sur
les travailleurs ayant des responsabilités
familiales (n° 156) et Convention sur la
protection de la maternité (n° 183): http://
www.ilo.org/ilolex/french/convdisp1.htm
NORAD. 2006. Lessons from evaluations of
women and gender equality in development
cooperation. Oslo, Norwegian Agency for
Development Cooperation (NORAD).
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 14 2007
et...
les populations autochtones
L’ ADRD
Le saviez-vous?
Beaucoup de populations autochtones sont
les garants de la diversité bio agricole et leur
agriculture est un mode de vie, un héritage
et un pacte immémorial avec la nature. Le
savoir, les valeurs, les croyances, les rites
et les pratiques relatives à l’alimentation
et à l’environnement des populations
autochtones peut aider l’agriculture à nourrir
des populations croissantes6 à maîtriser les
changements climatiques et à maintenir
les ressources pour les générations
futures. L’agriculture et le développement
rurale durables (ADRD) et le bien-être
des populations autochtones exigent des
politiques et des programmes qui renforcent
le droit des populations autochtones
à l’alimentation, la terre, et aux autres
ressources naturelles, qui, garantissent le
savoir traditionnel concernant les systèmes
agricoles et alimentaires et qui assurent
une part équitable des bénéfices issus du
développement.






Il y a environ 370 millions d’autochtones dans le monde, ce qui représente au
minimum 5 000 groupes autochtones différents dans plus de 70 pays. Les deux tiers
de ces personnes vivent en Asie. 1
Les populations autochtones constituent environ 5,5 pour cent de la population
mondiale et représentent à peu près un tiers des 900 millions de ruraux extrêmement
pauvres dans le monde.2
En 2007, 144 pays de l’Assemblée générale des Nations Unies (NU) ont approuvé
la Déclaration des droits des populations autochtones.3 En septembre 2007, 19
pays avaient ratifié la Convention des peuples autochtones et tribaux de 1989 de
l’Organisation internationale du travail (OIT) (N° 169). Ceci, entre autre exige des
Etats qu’ils respectent les terres, les territoires, le droit au contrôle des ressources
naturelles des populations autochtones.
Environ 75 pour cent de quelque 120 produits pharmaceutiques dérivés des plantes
ont été découverts grâce à l’étude de la médecine traditionnelle,4 pour laquelle les
populations autochtones sont reconnues.
Le bassin de l’Amazone abrite environ 400 groupes autochtones. Bien que ce territoire
ne représente que sept pour cent de la surface mondiale, il comprend plus de la
moitié de cette biodiversité.2
Une étude récente a montré qu’en mettant fin à la marginalisation économique des
populations autochtones, on pourrait augmenter l’économies nationale de la Bolivie,
de 37 pour cent, celle du Brésil de 13 pour cent, du Guatemala de 14 pour cent et du
Pérou de 5 pour cent.2
istock, Roman Shiyanov
Pourquoi faut-il agir?
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural sont
durables lorsqu’ils respectent l’environnement,
sont économiquement viables, socialement
justes, culturellement appropriés, humains et
fondés sur une approche scientifique globale.
Les politiques de développement rural
doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels
et autres besoins humains des générations
actuelles et futures, maintenir – voire si
possible accroître – les capacités de la base
de ressources naturelles à produire et à se
régénérer. Ces politiques doivent également offrir
un emploi durable à ces générations, réduire leur
vulnérabilité et renforcer leur autonomie.
 Les populations autochtones figurent
parmi les populations les plus pauvres
et qui souffrent le plus d’insécurité
alimentaire au monde.
 Dans de nombreux cas la pauvreté
résulte d’une incapacité à reconnaître
le droit des populations autochtones
et leur identité culturelle de l’exclusion
sociopolitique, des migrations forcées,
et de la dépossession de territoires,
domaines et ressources traditionnels.1
 Dans d’autres cas, les autochtones
sont pauvres parce qu’ils vivent
dans un environnement marginal
de montagnes, de forêts, de zones
côtières ou de déserts, où les sols et
les ressources en eau sont inadéquates
et où l’infrastructure, les services et
les marchés sont insuffisants. Les
programmes de développement qui ne
respectent pas le droit des populations
autochtones au libre arbitre au
consentement libre et informé peuvent
déboucher sur la perte de la biodiversité
et saper les connaissances relatives
à la production et au ramassage
de l’alimentation traditionnelle et
des plantes médicinales qui sont
essentielles aux moyens d’existence,
la culture et l’identité des populations
autochtones.5
 Beaucoup d’autochtones n’ont pas
d’acte de citoyenneté ou de titres
fonciers légaux et sont pénalisés
quand ils utilisent le bois et d’autres
ressources qui leur appartiennent
depuis des générations.2 En dépit de
l’exploitation commerciale croissante
des ressources naturelles de leur
territoire, les patentes et autorisations
concédées aux sociétés signifient
que les populations autochtones
ne reçoivent que rarement une part
équitable des bénéfices économiques.
 Il arrive que les populations autochtones
soient contraintes de s’intégrer à une
culture dominante de changer de
langue, de religion, de coutumes, et
de traditions culturelles qui assurent
les mécanismes par lesquels les
écosystèmes et les savoirs traditionnels
L’ ADRD et...
les populations autochtones
se sont maintenus et adaptés à
travers les siècles. Il existe un réseau
de rapports fondamentaux entre
l’alimentation traditionnelle et la
médecine, les pratiques culturelles et
religieuses, la production, la cueillette
et les systèmes de transformation
des populations autochtones. Quand
disparaît la culture autochtone, ces
écosystèmes, cette alimentation
traditionnelle et ce savoir peuvent être à
jamais perdus.
Quels sont les objectifs
des politiques?
Les politiques de développement agricoles
et rurales doivent renforcer les moyens
d’existence des populations autochtones en
respectant l’environnement, en favorisant
l’économie et en se pliant aux conditions
socioculturelles afin de respecter le droit
des populations au libre arbitre. Il est
primordial quelles soient impliquées dans le
choix des politiques relatives:
 à la discrimination et aux obstacles
au développement que subissent les
populations autochtones, à la protection
de leur héritage, leur identité et leurs
droits culturels, y compris leurs droits à
l’alimentation,
 au respect des droits légaux collectifs et
individuels des populations autochtones
à leur territoire traditionnel et aux
autres ressources naturelles et au
développement des instruments légaux
destinés à prévenir la surexploitation
Définition des populations
autochtones7
“Populations de pays indépendants
considérées comme autochtones
en raison de leur filiation avec les
populations qui habitaient le pays ou
une région géographique à laquelle il se
rattache à l’époque de la conquête ou
de la colonisation ou de l’établissement
des frontières d’Etat actuelles et qui, quel
que soit leur statut légal, ont conservé
en totalité ou en partie leurs propres
institutions sociales, économiques,
culturelles et politiques. Le fait de se
considérer soit même comme autochtone
devrait être considéré comme un critère
fondamental dans la détermination
des groupes auxquels s’appliquent les
dispositions de cette Convention.”
2
L’ADRD et... les populations autochtones
La souveraineté alimentaire
La souveraineté alimentaire est le droit
d’un peuple à définir sa propre politique
et ses stratégies pour la production
durable, la distribution de la nourriture
dans le respect de sa propre culture et
des systèmes de gestion des ressources
naturelles et des zones rurales. La
souveraineté alimentaire apparaît comme
une condition première à la sécurité
alimentaire.8
des ressources dans les territoires des
populations autochtones;
 à la protection de leurs droits de
propriété intellectuelle et à l’obligation
d’assurer aux populations autochtones
une part équitable des bénéfices du
développement; à la production et au
renforcement de pratique de gestion
environnementale qui pourrait participer
à l’ensemble des efforts d’adaptation au
changement climatique.
Les questions
politiques
L’identité, la spiritualité,
et les moyens d’existence
exposés aux risques
Les rapports des populations autochtones
avec leur terroir traditionnel constituent la
partie centrale de leur identité et de leur
spiritualité et s’enracinent profondément
dans leurs cultures, leurs langues et leurs
histoires. La terre constitue la base des
activités de subsistance d’une population
autochtone.6 Quand ils en perdent le
contrôle, leur droit à l’alimentation est mis
en danger et leur survie en tant que peuple
menacée.
Cependant, privés du consentement libre
et informé des populations autochtones,6
et en contradiction avec la Déclaration
des Nations Unies (NU) sur les droits des
populations autochtones de 2007, de
grandes régions ont été privatisées et
risquent de continuer à l’être ou d’être
livrées aux entreprises commerciales par
le biais de concessions d’exploitation
forestière minérale ou pétrolifère, de
barrages hydroélectriques, de plantations
ou de protection sous forme de parcs
nationaux. De nombreux pays, a commencer
par ceux d’Amérique latine ont introduit
des réformes qui reconnaissent les droits
des populations autochtones à protéger et
contrôler leurs territoires, leurs ressources
naturelles et leurs lois coutumières.
L’attribution des titres de propriété foncière
est souvent lente et compliquée et les titres
attribués à des communautés ne sont pas
toujours respectés dans la pratique. 6
L’alimentation traditionnelle
indispensable à la sécurité
alimentaire, la santé et le
bien être des populations
autochtones est en voie de
disparition
La santé globale, le bien être et la
tradition culturelle des populations
autochtones sont directement liées à leur
accès à l’alimentation traditionnelle.8
Cependant, l’exploitation industrielle,
la contamination de l’environnement et
l’utilisation de semences génétiquement
modifié ainsi que la monoculture mettent
à malle ces pratiques alimentaires et les
valeurs environnementales, spirituelles,
culturelles qui y sont attachées ainsi
que leur rôle dans le cérémoniale. La
mondialisation souvent renforcée par
des programmes de développement s’est
traduite par le passage de beaucoup de
communautés autochtones d’un régime
alimentaire traditionnel varié à un nombre
limité d’aliments – souvent, hautement
transformés et contaminés – vendus
dans le commerce. La dépendance envers
cette alimentation a appauvrit le statut
Comment garantir les droits
financiers en Inde et aux
Philippines2
Le «Panchayat Extension to Scheduled
Areas» en Inde accorde la propriété de
tous les produits non forestiers, comme
les plantes, les champignons, les plantes
aromatiques, les minéraux secondaires
et les petits plans d’eau à l’assemblée
de village. Il accorde aussi au village
le droit de gérer ses propres terres, les
eaux et les forêts. L’ «Ancestral Domains
Act» aux Philippines admet le concept
de terres ancestrales pour la gestion
communautaire de la terre, des forêts
et des autres ressources naturelles.
Ces accords donnent aux populations
autochtones le droit exclusif de cultiver
les forêts et d’en récolter les produits,
d’exploiter les minéraux secondaires et
les petits plans d’eau et de se partager
les terres selon leurs propres coutumes.
Les conflits menacent les
modes de vie traditionnels
Les populations autochtones des pays
où règnent des conflits militaires sont
généralement plus vulnérables que les
autres citoyens au dépérissement physique,
à la perte des moyens d’existence, de
la terre et des sites sacrés. De telles
situations peuvent aussi menacer leur
identité culturelle et leur existence en tant
que peuples.
Les droits au libre choix
au consentement libre et
informé et à la souveraineté
alimentaire ne sont pas
respecté comme il se doit
Les savoirs traditionnels et l’héritage
génétique des populations autochtones
sont souvent exploités sans leur
consentement en vue de biens
commerciaux tandis qu’ils ne reçoivent
que peu ou pas de bénéfices matériels et
risquent de voir diminuer leurs ressources
et de perdre leur souveraineté alimentaire.
La Convention sur la diversité biologique
a établi des principes qui gouvernent
l’accès aux bénéfices des ressources
génétiques et du savoir traditionnel et
de leur partage. Des efforts sont faits
pour intégrer ces principes au régime
international de la propriété intellectuelle.
Au premier plan, se place l’exigence
d’obtenir des populations autochtones
leur consentement libre et informé à
l’utilisation de leur savoir traditionnel et/ou
leurs ressources génétiques et d’établir
des dispositifs permettant le partage
des bénéfices afférents.6 Cependant, de
nombreux gouvernements et des sociétés
privées ne respectent pas ces principes.
Les populations autochtones n’ont que
rarement les connaissances ou les moyens
financiers d’entreprendre des actions
légales pour faire respecter leurs droits.
Quelles sont les options
politiques?
Assurer la participation
pleine et entière des
populations autochtones
dans la prise de décision
Soutenir les propres efforts des populations
autochtones en vue de promouvoir les
politiques et les programmes de l’ADRD
et d’exercer leurs droits à l’alimentation
et à la souveraineté alimentaire8. Offrir la
possibilité aux populations autochtones
de participer avec les gouvernements et la
communauté internationale aux processus
de décision. Aligner les lois et les
Indicateurs culturels des systèmes alimentaires et agro
écologiques des populations autochtones
La FAO a travaillé sur ce problème en partenariat avec des organisations de populations
autochtones au moyen d’une enquête5 et d’une étude technique 10 qui a été discutée au
cours de la deuxième consultation générale sur le droit à l’alimentation coordonnée par
le Conseil international des traités indiens (IITC) au Nicaragua en 2006. La consultation a
reconnu cinq catégories d’indicateurs:11
 Accès à la terre, aux territoires, aux ressources naturelles, aux sites sacrés et aux sites
rituels;
 Abondance, rareté et/ou menaces aux semences traditionnelles aux aliments
végétaux et aux plantes médicinales, aux animaux destinés à l’alimentation et les
productions qui leurs sont associées;
 Utilisation et transmission des connaissances, méthodes, langues, cérémonies,
danses, prières, récits liés à la tradition alimentaire et aux systèmes agroalimentaires
et l’utilisation régulière de nourritures traditionnelles dans le régime alimentaire
quotidien;
 Capacité d’adaptation de résistance et/ou rétablissement, d’utilisation traditionnelle
et de production des aliments;
 Possibilité d’exercer le droit à l’autodétermination et au consentement libre et informé
et de défendre la souveraineté et le développement alimentaires.
istock, Angel Manuel Herrero
nutritionnel des populations autochtones
et fait augmenter l’obésité, le diabète la
vulnérabilité face aux maladies, les défauts
de la croissance chez les enfants et en cela
a sapé le droit des populations autochtones
à l’alimentation. Bien que les régimes
traditionnels soient souvent riches en micro
substances nutritives, les programmes de
santé et de nutrition les ont souvent négligé.
politiques sur la déclaration des droits des
populations autochtones des Nations Unies.
Faire participer les populations autochtones
en tant que partenaires avertis aux efforts
en vue de l’adaptation aux changements
climatiques et au développement durable.
Protéger les droits des
populations autochtones aux
ressources naturelles
Prendre des mesures pour stopper
l’aliénation de la terre dans les territoires
autochtones en établissant un moratoire
sur la vente, l’enregistrement et l’accès
à la terre ainsi que d’autres concessions
dans les régions autochtones1. Reconnaître
et protéger les populations autochtones,
leur droit à leur terre, leurs territoires et les
ressources naturelles, y compris par le biais
d’un enregistrement légal des terres et de
l’eau ainsi que d’instruments légaux pour
empêcher l’arrachage d’arbres destinés à la
construction, de minéraux et de végétaux.
Protéger les droits de propriété intellectuelle
des populations autochtones par le biais,
par exemple, d’accords de licence qui leur
permettent de recevoir une part équitable
des droits d’auteur.
Sauvegarder et développer
les moyens d’existence des
populations autochtones
Aider les communautés à tirer profit des
possibilités de marché liées à l’écotourisme,
aux plantes médicinales, aux produits
agricoles, à l’artisanat et aux évènements
culturels. Analyser la vulnérabilité de leur
système alimentaire et de leurs moyens
d’existence face aux changements
climatiques tels que la fonte des glaciers,
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
les populations autochtones
l’élévation des température et du niveau
des mers. Promouvoir l’alimentation
traditionnelle dans les programmes de
santé et de nutrition. Faire appel au guide
des droits à l’alimentation pour garantir des
politiques et des programmes en faveur
des systèmes alimentaires des populations
autochtones.
Garantir de bonnes données
pour une prise de décision
solide
Réunir et analyser les données ventilées
fiables sur les caractéristiques et les
besoins socioéconomiques des populations
autochtones en utilisant chaque fois
que possible une approche participative
comme condition préalable pour une
politique et un plan de développement
sains. Mettre en jeu des indicateurs
culturels qui permettent aux populations
autochtones de déterminer les forces et
les limitations de leur écosystème et de
leur système alimentaire et entreprendre
avec les gouvernements et les agences
de développement des négociations bien
préparées sur les politiques et programmes
qui affectent leur survie culturelle et leurs
moyens d’existence.
Résolution d’ensemble
2007 – Déclaration des NU sur les droits
des populations autochtones (Assemblée
générale A/61/L.67) approuvée le 13
septembre 2007.
2000 – Établissement du Forum
permanent des NU sur les questions
indigènes (UNPFII).
1995−2004 et 2005−2014 – Décennie
internationale des populations autochtones
du monde.
1994 – Journée internationale des
populations autochtones du monde
proclamée le 9 août.
1993 – Déclaration de Vienne et
programme d’action sur les droits de
l’humanité comprenant un engagement à
promouvoir le bien-être des populations
autochtones.
1992 – Agenda 21 instaure les populations
autochtones en tant que groupe important
de la société civile et consacre le chapitre
26 à leur situation, la Convention sur la
diversité biologique, article 8j concerne la
sauvegarde des pratiques des populations
autochtones face à la conservation, la
biodiversité biologique et l’utilisation
durable et leur droit à la propriété
4
L’ADRD et... les populations autochtones
intellectuelle.
Article 10 garantit l’utilisation coutumière
des ressources biologiques selon les
pratiques culturelles traditionnelles.
1989 – OIT Convention sur les populations
autochtones et tribales n° 169 est adoptée
et appliquée en 1991.
1958 – OIT Convention sur la discrimination
(dans l’emploi et l’occupation) (No. 111)
ratifiée par 165 pays.
1957 – OIT Convention sur les populations
autochtones et tribales (No. 107), toujours
appliqué au Bangladesh, en Inde, au
Pakistan et dans d’autres pays.
Outils et ressources
Contacts
OIT: http://www.ilo.org/public/french/
indigenous/links/index.htm
Forum permanent des NU sur les
questions indigènes: http://www.un.org/
esa/socdev/unpfii/fr/index.html
UNPFII Banque de données de
recommandations: http://esa.
un.org/dspdEsa/unpfiidata/UNPFII_
Recommendations_Database_list.asp
Portail de la pauvreté rurale: http://www.
ruralpovertyportal.org/french/index.htm
FIDA: http://www.ifad.org/english/
indigenous/index.htm
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
FAO Guide des droits à l’alimentation:
http://www.fao.org/docrep/
meeting/009/y9825f/y9825f00.htm
Regina Laub
[email protected]
Conseil international des traités indiens:
http://www.treatycouncil.org/
Fonds international de développement
agricole (FIDA)
Antonella Cordone
[email protected]
Organisation internationale du travail (OIT)
Birgitte Feiring
[email protected]
Conseil international des traités indiens
(IITC)
Andrea Carmen
[email protected]
Bioversity International
Pablo Eyzaguirre
[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Jennie Dey
de Pryck en collaboration avec M. Vidar,
L. Knuth, C. Dookie, S. Menchinelli et T.
Jaramillo (FAO), P. Roy (Christensen Fund),
E. Woodley et d’autres (voir Contacts).
UNPFII. 2007. Sixth Session, UNPFII,
Indigenous Peoples – Lands, Territories and
Natural Resource, 25 May 2007. New York.
(press release)
2
IFAD. 2007 Indigenous peoples. Rome.
http://www.ifad.org/english/indigenous/
index.htm
3
UN General Assembly. 2007. 61st Session
Agenda item No. 68, Doc. A/61/L.67, 7
September 2007.
4
Farnsworth, N.R. Akerele, O. Bingel, A.S.
Soejarto, D.D. & Z. Guo. 1985. Medicinal
plants in therapy. Bulletin of the World
Health Organization, 63: 965−981.
5
FAO 2003. Survey on cultural indicators
of SARD in indigenous people’s traditional
1
Tebtebba: http://www.tebtebba.org/
Terralingua: http://www.terralingua.org/
foods and culture. Rome.
UNPFII. 2007. Sixth Session, UNPFII,
Indigenous Peoples – Lands, Territories and
Natural Resources. New York. (background
information).
7
ILO. ILO Convention (No. 169) concerning
Indigenous and Tribal Peoples in
Independent Countries, Article 1. Geneva.
8
IITC. 2002. Declaration of Atitlán. Report
of the 1st Indigenous Peoples’ Global
Consultation on the Right to Food, Sololá,
Guatemala, 17−19 April 2002.
9
FAO. 2007. Indigenous peoples’ right to
food, by L. Knuth. Rome.
10
FAO. 2006. Cultural indicators of
indigenous peoples’ food and agroecological systems, by E. Woodley in
collaboration with E. Crowley, C. Dookie and
A. Carmen. Rome.
11
IITC. 2006. Report of the 2nd Global
Consultation on the Right to Food and Food
Security for Indigenous Peoples, Bilwi,
Nicaragua, September 2006.
6
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 13 2007
L’ ADRD
et...
la migration
Le saviez-vous?
La pression démographique, le manque
de terre, la baisse de productivité
agricole et l’impossibilité de gagner un
salaire, incitent à la migration des zones
rurales vers les zones rurales, des zones
rurales vers les zones urbaines, des
zones urbaines vers les zones rurales
et internationales, mais les facteurs de
migration les plus importants sont la
recherche d’une vie meilleure.
 Au cours des 50 dernières années, 800 millions de personnes ont abandonné les
campagnes pour les villes;1 quoique le nombre de migrants des campagnes vers les
campagnes semble plus élevé.2
 Presque la moitié ont migré d’un pays en développement vers un autre; environ 80 pour
cent se sont déplacés vers des pays limitrophes.3 On a estimé qu’environ sept fois plus de
personnes migrent à I’intérieur du pays (34 millions) qu’à l’extérieur (5 millions).4
 En 1965, il y avait 75 millions de migrants internationaux. En 2005, ils étaient 191 millions
dont la moitié des femmes; 120,3 millions se trouvaient dans des pays développés et 70,7
millions dans des pays en développement. S’ils étaient tous regroupés dans un même lieu,
ce serait le cinquième pays le plus peuplé du monde.5
 En 2005, l’Europe a accueilli 34 pour cent des migrants internationaux, l’Asie 28 pour cent,
l’Amérique du Nord 23 pour cent, l’Afrique 9 pour cent, l’Amérique latine et les Caraïbes 3
pour cent et l’Océanie 3 pour cent.6
 Environ un milliard de personnes tirent des profits de leurs parents migrants grâce aux envois
de fonds qu’ils effectuent. 1
 Les fonds envoyés par les voies officielles ont augmenté et sont passées de 30 milliards de
dollars EU au début des années 90 à 232 milliards en 2005 desquels 70% ont été envoyés
dans des pays en développement.7
 Quelque 250 milliards de dollars sont envoyés aux pays en développement par des voies
non officielles; les envois de fonds étant ainsi plus importants que l’investissement direct
étranger, et deux fois plus que l’investissement dérivé de l’assistance au développement
d’outre-mer. 8
La migration a des effets à la fois
positifs et négatifs sur l’Agriculture et le
développement rural durables (ADRD).
Les revenus que les migrants envoient
à leurs familles rurales sous forme
d’envois de fonds peuvent améliorer la
sécurité alimentaire, aider à diversifier
les moyens d’existence et réduire la
vulnérabilité aux chocs. Cependant,
la migration loin des foyers ruraux
modifie la distribution du travail du
ménage, diminue le travail consacré à
la production alimentaire et augmente
la charge de travail de ceux, hommes ou
femmes, qui sont restés sur place.
istock, calvinng
Pourquoi faut-il agir?
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
 Bien que certains décideurs politiques
considèrent la migration comme un
problème politique, ils reconnaissent
de plus en plus que la migration fait
partie intrinsèque de l’économie
mondiale. Le véritable défi c’est de
rendre l’expérience aussi bénéfique que
possible pour les migrants, leurs lieux
d’origine et leur communauté d’accueil.
 S’ils migrent dans leur propre pays,
un pays voisin ou à l’étranger, les
migrants peuvent aller dans des
régions dont ils ne connaissent pas
les coutumes locales ou la législation
concernant leurs droits. Le statut
légal peut leur faire défaut ou ils
peuvent être impréparés pour le travail
qu’on leur propose. Ce qui peut les
contraindre à accepter des emplois
très mal rétribués qui les obligent à
travailler avec des employeurs qui les
maltraitent ou dans des conditions
dangereuses. Tous les migrants qu’ils
soient ruraux, urbains ou internationaux
peuvent être marginalisés, faire l’objet
de discriminations ou être exploités.
Pendant ce temps, les familles qu’ils ont
laissé sur place doivent faire face à la
perte d’un membre productif.
Quels ont les objectifs
des politiques?
 Maximiser la contribution de la
migration en faveur des moyens
d’existence et du bien-être des migrants
et des communautés d’origine et de
destination.
 S’assurer que les migrants sont
pleinement reconnus et protégés en
tant que population active dans le pays
où ils travaillent et comme citoyens dans
leurs pays d’origine.
 Encourager des politiques qui
permettent aux migrants de choisir la
façon de migrer la plus durable la plus
efficace et pour eux même, pour leur
famille et la communauté ainsi que les
pays impliqués.
Différents types et
motifs de migration
La migration interne comprend la migration
d’une région rurale vers une autre région
rurale, qui généralement nécessite de
L’ ADRD et...
la migration
faibles investissements et implique les plus
pauvres et les groupes les moins instruits
qui sont destinés à des emplois agricoles
temporaires ou faiblement rétribués.
Autrement, les migrants des régions rurales
vers les régions urbaines qui trouvent des
emplois de domestiques ou dans le secteur
industriel à plus long terme parce que les
possibilités de travail sont généralement
plus stables tout au long de l’année.
La migration Sud-Sud est en expansion
car certains pays en développement
connaissent une croissance rapide dans
leurs secteurs industriels et se transforment
en destination pour les migrants des pays
moins développés. Là où, auparavant, de
tels migrants auraient cherché du travail
dans le secteur de l’industrie agricole
ou dans de lointains pays développés,
ils préfèrent maintenant le secteur
industriel des pays les plus proches afin
de développer leurs compétences, gagner
de l’argent et l’envoyer chez eux tout
en travaillant dans un environnement
socioculturel familier.
La migration internationale était autrefois
une stratégie de ceux qui étaient
relativement aisés plutôt que des plus
pauvres; de plus en plus de personnes
de tous les milieux sont impliquées. Pour
réussir, les migrants internationaux ont
besoin de compétences, d’instruction,
d’accès aux réseaux de migration et de
financements pour affronter les frais de
déménagement et trouver un emploi dans
leur lieu de destination.
La migration circulaire peut être interne
ou internationale et impliquer un certain
degré de mobilité, notamment des allées
et venues entre le lieu d’origine et la
destination finale. La migration circulaire
peut être source de plus grands avantages
et avoir une influence moins perturbatrice
que la migration permanente à la fois
au niveau du lieu d’origine et de celui de
destination. 9
La migration involontaire est souvent le
résultat de désastres naturels tels que la
guerre et les conflits armés et comprend
quelque 9,9 millions de réfugiés au niveau
mondial et en 2006, un nombre encore
plus important de demandeurs d’asile et
de personnes déplacées.10 En outre, la
circulation des personnes touche à peu
près 2,5 millions de personnes, y compris
2
L’ADRD et... la migration
les femmes et les enfants qui sont souvent
victimes d’exploitation sexuelle et de maind’œuvre. 11
Les tendances démographiques, telles
que le faible taux des naissances et le
vieillissement de la population ont tendance
à favoriser la demande de travailleurs
migrants pour faire face au manque de
main-d’oeuvre dans les pays développés.
Parallèlement, les migrants des pays en
développement sont souvent disposés
à travailler dans les industries ou à
effectuer les travaux en zone rurale que les
autochtones ne veulent pas accomplir.
Des moyens de communication et de
transports plus fiables et plus économiques
permettent aux migrants de rester en
contact ou de rendre visite à leur famille
réduisant ainsi le traumatisme de devoir
quitter la maison.
Les systèmes bancaires mondiaux
fournissent aux migrants de meilleurs
moyens pour envoyer leur salaire chez eux.
Ainsi, en contribuant à l’agriculture, aux
secteurs industriels ou aux emplois de
domestique dans leurs lieux de destination,
les migrants s’occupent de leur famille et
contribuent au développement rural dans
leur pays surtout grâce aux envois de fonds.
Les questions
politiques
Le développement rural
peut à la fois être dissuasif
et encourageant pour la
migration
Les régions rurales qui offrent de multiples
productions, possibilités d’emploi et
de meilleurs moyens d’existence pour
l’émigration ne correspondent pas toujours
aux choix préférés. Cependant, dans les
zones rurales, de meilleures possibilités
d’instruction, de nouvelles aspirations à la
consommation peuvent inciter les résidents
à chercher un meilleur emploi ailleurs,
encourageant ainsi la migration.
Les envois de fonds peuvent
aider à réduire la pauvreté
mais également contribuer
à créer une certaine
dépendance et des inégalités
Les envois de fonds sont des transferts
privés effectués par les travailleurs
à destination de leurs familles. Des
Des facteurs qui incitent et
qui découragent12
Un certain nombre de facteurs
découragent et attirent les migrants,
influençant les processus de migration.
Les facteurs qui découragent comme le
manque de travail, le peu de terres, la
pression démographique et politique,
incitent les migrants à quitter leur
région d’origine. Les facteurs qui
attirent les migrants dans les régions de
destination sont: une meilleure qualité
de vie, des services de santé publique,
l’instruction, un meilleur salaire. Les
améliorations en matière de technologies
de télécommunication et les moyens de
transport de même que le développement
de réseaux favorisent l’importance
relative des facteurs d’attraction.
estimations effectuées sur 74 pays à faibles
revenus ou à revenus moyens laissent
entendre que s’il y a une augmentation
d’envois de fonds de l’ordre de 10 pour
cent, le nombre de personnes qui vivent
dans la pauvreté est réduit de 1,2 pour
cent.13 Dans de nombreux pays les envois
de fonds aident à équilibrer les effets
négatifs de la perte de main-d’œuvre et
du capital humain au sein du ménage.
Quand ils sont utilisés pour l’instruction,
les soins de santé ou l’investissement dans
des micro entreprises, les envois de fonds
peuvent renforcer les revenus potentiels
des ménages et stimuler l’économie rurale.
Toutefois, les envois de fonds peuvent
créer une certaine dépendance chez les
bénéficiaires, encourager la migration
continue de la main-d’oeuvre disponible
et créer des inégalités entre les ménages
ruraux qui reçoivent des fonds et ceux qui
n’en reçoivent pas.
Fuite des cerveaux ou
circulation des cerveaux
Certains pays développés ont réduit les
barrières pour les travailleurs fortement
qualifiés et les ont augmenté pour les
travailleurs sans qualifications ou peu
qualifiés. De telles politiques, attirent
cependant les travailleurs les plus qualifiés
et contribuent à la fuite de cerveaux des
pays en développement, les laissant sans
les qualifications nécessaires à leur propre
développement. D’un autre coté, les
migrants qui retournent chez eux pour de
longues ou de courtes périodes, rapportent
leurs économies, de nouvelles compétences
novatrices et un nouveau savoir-faire
qu’ils transmettent à leurs communautés
d’origine. En dépit de ces avantages, l’exode
rural de travailleurs qualifiés a surtout des
coûts significatifs pour les économies des
pays en développement.
Exclusion sociale et
circulation des travailleurs
migrants
Les employeurs font une différence avec
les travailleurs migrants par le biais de
bas salaires, de mauvaises conditions de
travail, d’une protection sociale insuffisante
et du refus de représentation. De plus,
les gouvernements et la communauté
internationale ont des difficultés à protéger
les droits humains des travailleurs qui
circulent ainsi que des migrants sans
papiers. Une meilleure gestion du
processus de migration nécessite une
coopération internationale et un consensus
autour d’une structure qui garantisse les
droits des travailleurs migrants, renforce
leur protection et améliore leur contribution
au développement. 14
Les migrants non seulement
fournissent la main-d’oeuvre
mais sont également des
consommateurs
Par delà la main-d’œuvre qu’ils apportent
dans les pays de destination, les migrants
sont également des consommateurs. Ils
achètent de la nourriture locale de même
que des biens d’importation de leurs
régions ou de leurs pays d’origine grâce aux
«marchés de nostalgie», qui aident les micro
entreprises au pays. 15
Les réseaux de migration16
Les réseaux de migration réduisent les
coûts et les risques de la migration et
sont cependant très importants pour les
migrants sans papiers. Ils influencent
les décisions du lieu et de la période de
migration en fournissant des informations
sur la région de destination, son marché
du travail, les biens et les passages de
frontières. Ces réseaux aident également
les nouveaux migrants dans leur processus
d’installation.
Quelles sont les options
politiques?
Les migrations internes et externes ont en
commun de multiples causes, origines,
procédés, impacts, et conséquences
mais les choix politiques pour affronter
les deux formes sont semblables.18 Les
politiques des deux lieux, celui d’origine
et de destination doivent prendre en
considération tous les groupes touchés que
ce soient les migrants ou les populations
d’accueil, les pauvres et les riches, les
campagnards et les citadins.
Les politiques de lieux
d’origine
Les politiques de gestion nationales et
l’exode de migrants internes et externes
inclus ceux qui soutiennent l’agriculture
et les moyens d’existence des ruraux et
encouragent les investissements dans les
zones rurales par:
 Affronter les causes premières de
l’exode rural et trouver des solutions
viables pour que les personnes restent
chez elles;
 Soutenir la production de l’agriculture
améliorée et les capacités ainsi que
la formation professionnelle dans les
régions rurales;
 Développer des infrastructures rurales
et créer des possibilités d’emplois
ruraux, y compris le renforcement du
rôle économique des petites villes en
matière de développement rural/urbain,
de développement de micro entreprises
et de fournitures de services;
 Augmenter la résistance des
systèmes agricoles en encourageant
une agriculture plus efficace et les
technologies au sein du ménage et
en accroissant l’accès aux services
financiers ruraux.
Politiques concernant les
lieux de destination
Les politiques de gestion nationale de
l’afflux interne et international des migrants
ont besoin de:
 Assurer que les droits des travailleurs
migrants, y compris ceux admis à des
programmes de travail temporaires sont
respectés;
 Réduire la difficulté et la transaction
des coûts associés à l’envoi des fonds
et encourager le financement de
l’alphabétisme parmi les migrants;
 Aider les migrants à établir des réseaux
qui peuvent donner plus de poids à
leurs besoins;
 Affronter les problèmes des populations
d’accueil face aux flux migratoires
et faciliter leur insertion sociale de
manière durable.
La migration et le ménage17
La migration internationale devient de
plus en plus féminine et est devenue
un moyen socialement acceptable pour
les femmes d’aider leurs familles. Ces
changements sont essentiellement
associés à l’affaiblissement des valeurs
traditionnelles et de l’autorité ainsi qu’à
une plus forte requête de travail au sein
du ménage, de soins pour les enfants, et
d’emplois industriels dans des régions
plus favorisées. Il est plus probable pour
les femmes d’envoyer des fonds à la
maison que pour les hommes et ces envois
de fonds représentent un plus grand
pourcentage du revenu des femmes.
Coopération
intergouvernementale
Les pays d’origine et de destination ont
besoin de gérer ensemble la migration
internationale en:
 Assurant que les migrants sont protégés
selon les accords avec les normes
internationales et de travail reconnues;
 En obtenant et en échangeant
des données et en améliorant la
documentation sur les flux migratoires
internes et internationaux;
 En créant des organismes pour
conseillers les migrants sur leurs droits
et leurs obligations;
 En accordant des doubles droits de
citoyenneté;
 En facilitant les moyens pour envoyer
de l’argent au pays de façon plus sure
et en construisant et en renforçant des
réseaux pour les investissements ruraux
grâce aux envois de fonds;
 En facilitant le processus de délivrance
de visas pour rentrer à nouveau dans
le pays pour les travailleurs migrants
de façon à encourager une migration
circulaire plutôt que définitive et en
aidant les programmes à faciliter le
retour des migrants et leur réintégration
dans leurs communautés.
Les moyens d’existence des migrants
peuvent être améliorés par des
investissements dans le développement
agricole et rural, l’amélioration des
données sur le nombre et le mouvement
des personnes et des fonds, une meilleure
reconnaissance de leurs conditions et
de leurs droits dans les communautés
d’accueil ainsi que de leur rôle en tant
qu’agents de change.
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
la migration
Une meilleure coopération internationale
peut aider à réduire les inégalités et la
pauvreté qui actuellement influence la
migration. On a également besoin de la
recherche sur les impacts de la migration
interne et internationale temporaire et
permanente sur le travail rural et les
marchés de l’immobilier, des économies
locales et nationales, des règles sociales
et culturelles dans les lieux d’origine des
migrants. et dans leur lieu de destination.
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
Marcela Villarreal
[email protected]
Benjamin Davis
[email protected]
Fonds international de développement
agricole (FIDA)
Rosemary Vargas Lundius
[email protected]
Organisation internationale du travail
(OIT)
Ibrahim Awad
[email protected]
Azfar Khan
[email protected]
Organsiation internationale pour les
migrations (OIM)
Frank Laczko
fl[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Nancy Hart en
collaboration avec P. Termine, E. Distefano, L.
Stloukal, J. Munyao, A. Basilico, T. Jaramillo, J.
Dey De Pryck, et d’autres (voir Contacts).
FAO. 2006. Role of Agriculture (RoA)
Programme, Rome. http://www.fao.org/
newsroom/fr/news/2006/1000313/index.
html
2
IOM. 2005. Migration, development and
poverty reduction in Asia. Geneva.
3
World Bank. 2006. South-South migration
and remittances, Development Prospects
Group, Washington, DC.
4
IFAD. 2007. Governing Council Roundtable
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report, International Fund for Agricultural
Development Governing Council, 13th
Session, Rome.
5
UN Economic and Social Affairs. 2006.
Trends in total migrant stock: the 2005
1
4
L’ADRD et... la migration
Outils et ressources
Organisation internationale pour les migrations (OIM): le rôle de cette organisation inter
gouvernementale sur la migration encourage une migration humaine méthodique pour
le bénéfice de tous par le biais de ses services et de conseils aux gouvernements et aux
migrants. http://www.iom.int/jahia/Jahia/cache/offonce/lang/fr/pid/1/
L’Organisation internationale du travail (OIT): cette organisation fondamentale du travail,
développe des conventions sur l’emploi et assiste les gouvernements dans une formulation
de politiques de migration du travail efficaces, en insistant sur le droit au travail, les normes
internationales et en encourageant l’emploi, la protection et le dialogue social.
http://www.ilo.org/migrant/
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR): cet organisme des
NU encourage les accords en faveur des réfugiés et contrôle la conformité avec les lois
internationales pour garantir aux réfugiés des droits humains fondamentaux.
http://www.unhcr.org/home.html
Le Programme de migration de la Banque mondiale: le programme et le site Internet
fournissent aux équipes du pays et aux spécialistes du développement des lignes directives
opérationnelles et des sources de données, des remarques méthodologiques et des
produits analytiques pour aider à la compréhension et aux politiques de dialogue sur les
questions concernant la migration et les envois de fonds.
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/EXTPOVERTY/EXTMIGDEV/
0,,menuPK:2838383~pagePK:149018~piPK:149093~theSitePK:2838223,00.html
Source d’information sur la migration: ce site fournit les données sur la migration mondiale
de nombreux gouvernements et organisations, une analyse mondiale de la migration
internationale et de la tendance des réfugiés ainsi que les profiles migratoires dans de
nombreux pays. http://www.migrationinformation.org/index.cfm
Conférence internationale sur la population et le développement (ICPD) Résumé du
programme d’action: http://www.unfpa.org/icpd/summary.htm#chapter10
revision, New York.
6
IOM. 2005. World migration 2005: costs
and benefits of international migration,
Geneva.
7
World Bank and Ministry of Finance (The
Netherlands). 2006. Netherlands-Suriname
remittance corridor for workers’ remittances,
(authors B. Unger and M. Siegal. Utrecht) The
Netherlands.
8
J. Edward Taylor. 2001. Migration: new
dimensions and characteristics, causes,
consequences and implications for rural
poverty, Kostas G. Stamoulis (Ed.) New York,
USA and Oxford, UK. Berghahn Books.
9
IMI. 2007. Circular migration: the way
forward in global in global policy?, Working
Paper 4, International Migration Institute,
University of Oxford, UK.
10
UNHCR. 2007. 2006 Global trends:
refugees, asylum-seekers, returnees,
internally displaced and stateless persons,
Geneva.
11
UNODC. 2007. Global initiative to fight
human trafficking, UN Office on Drugs and
Crime, Vienna. http://www.unodc.org/unodc/
press_release_2007_03_26.html
12
FAO. 2007. Desigualdades pobreza
y desafíos futuros en las migraciones
internacionales, (in publication) Rome.
13
DFID/World Bank. 2003. Impact of
international migration and remittances on
poverty, Paper prepared for DFID/World Bank
Conference on Migrant Remittances, London.
14
ILO. June 2004. Towards a fair deal for
migrant workers, Report VI, 92nd Session of
the International Labour Conference, Geneva.
15
FAO. 2003. Can public transfers reduce
Mexican migration? A study based on
randomized experimental data, ESA Working
Paper, No.03-16, Rome.
16
Institute for the Study of Labor (IZA). 2000.
What are migration networks? Discussion
Paper Series, No. 200, Bonn, Germany.
17
UNFPA. 2006. State of the world population
2006, A passage to hope, women and
international migration, New York.
18
SSRC. 2005. Social Science Research
Council, Migration and Development
Workshop, New York
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 11 2007
L’ ADRD
Les technologies agricoles modernes
ont contribué à améliorer la
production agricole dans le monde.
Toutefois, dans plusieurs pays
en développement, de nombreux
agriculteurs pauvres vivant dans des
environnements différents n’ont pas
bénéficié de ces technologies. Pour
améliorer les moyens d’existence
de ces agriculteurs, il est urgent de
trouver des approches alternatives
qui intensifient la production tout en
préservant la base de ressources
naturelles,8 la biodiversité et les
savoirs traditionnels. L’agroécologie
permet une telle approche,
en intégrant les bénéfices des
technologies modernes aux
dimensions écologiques et sociales
des systèmes de production
traditionnels, pour mieux toucher les
petits agriculteurs démunis.
et...
l’agroécologie
Le saviez-vous?
 Dans les pays en développement, environ 2 milliards d’agriculteurs démunis n’utilisent
pas de technologies agricoles modernes.1 La plupart sont de petits exploitants
agricoles utilisant différentes méthodes traditionnelles complexes pour cultiver des
environnements hétérogènes, surtout pour une agriculture de subsistance.1
 Les petits exploitants les plus pauvres, estimés à 1,4 milliards, vivent dans des zones
marginales, sur des terres fragiles et à risques, dans un environnement aride, semiaride ou dans des régions de montagne vulnérables.1 Souvent, ils n’ont accès ni à des
ressources suffisantes et adaptées - qu’il s’agisse de terres agricoles, de crédit ou
autres - ni aux services agricoles et ruraux.1
 La production alimentaire mondiale, de riz et de blé notamment, a fortement augmenté
suite à la révolution verte qui démarra en 1965.6,7 La croissance de la production
résulta de l’utilisation de graines hybrides, d’une irrigation intensive et d’un fort
usage d’engrais chimiques et de pesticides. L’utilisation d’engrais, par exemple, a
été multipliée par 10 entre 1950 et 1992,6 pour atteindre 161 millions de tonnes
en 2005.FAOSTAT
 Dans plusieurs régions, l’application des technologies de la révolution verte et de
l’agriculture industrielle a eu des effets néfastes sur l’environnement. Le remplacement
d’une grande variété de cultures traditionnelles par un nombre limité de variétés
améliorées a fortement réduit, voire annihilé, l’importante diversité génétique végétale
dans les systèmes de production.2,6
 24% des terres irriguées dans le monde ont un problème de salinité.7 Chaque année,
25 000 millions de tonnes de terres arables sont perdues en raison d’un labour intensif,
tandis que 5 à 7 millions d’hectares de terres agricoles deviennent improductives suite
à la dégradation des sols.6
 Pour satisfaire la demande alimentaire croissante dans le monde, des alternatives
aux méthodes conventionnelles d’intensification agricole, plus durables en terme
environnemental, s’imposent.
istock, Robert Churchill
Pourquoi faut-il agir?
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
 Dans le passé, la recherche agricole
s’est efforcée avant tout d’accroître les
rendements de certaines cultures.2,3
Il en découla les variétés de riz, de
blé et de maïs à fort rendement de la
révolution verte.6 Pour accroître les
rendements, les nombreuses variétés
de semences hybrides requièrent
des conditions optimales de culture,
y compris beaucoup d’engrais
et d’irrigation.6 De plus, certains
écosystèmes agricoles sont simplifiés1
en vastes monocultures dans une
optique d’économies d’échelle.6 Il
s’ensuit quelquefois une importante
perte de la biodiversité à tous les
niveaux de l’écosystème, qui engendra
la forte apparition de ravageurs et donc
le besoin de pesticides chimiques.6
On reconnaît aujourd’hui que l’objectif
n’est pas de maximiser la productivité
d’une seule culture facilement
commercialisable, mais de développer
une approche holistique qui augmente
la production de l’exploitation sans
nuire à l’environnement, aux moyens
d’existence ou à la sécurité alimentaire
des agriculteurs et en particulier des
pauvres.1,3,7
 Certaines technologies agricoles
de la révolution verte n’étaient pas
adaptées et ne bénéficièrent pas aux
petits agriculteurs vivant dans des
environnements ruraux très divers.1,3,6
A l’inverse, les gros agriculteurs ayant
accès à beaucoup de terres, au capital,
aux services agricoles et ruraux en
furent les principaux bénéficiaires.
Il en résulta un accroissement des
inégalités en zones rurales.1,6 Pour
réduire la pauvreté et la faim en
zones rurales, certaines technologies
L’ ADRD et...
l’agroécologie
agricoles doivent mieux cibler les petits
agriculteurs pauvres, leurs conditions
environnementales et leurs cultures
locales.5
 Ayant moins accès au crédit et à la
terre que les hommes4, les agricultrices
sont celles qui ont le moins bénéficié
des technologies agricoles intensives.
La recherche et les politiques agricoles
doivent donc distinguer les genres
et cibler les situations et besoins
spécifiques des femmes.4
L’émergence de l’agroécologie
L’agroécologie désigne l’application des concepts et principes écologiques à la conception
et à la gestion d’écosystèmes agricoles durables.1,6
Autrefois, l’agriculture était étudiée essentiellement selon une approche agronomique, et
non écologique ou sociale.6 Dans les années 60 et 70, l’analyse écologique de l’agriculture
a trouvé une dynamique, puis dans les années 80 les systèmes agricoles traditionnels des
pays en développement commencèrent à être reconnus comme d’importants systèmes
de gestion des ressources naturelles.6 A partir des années 90, l’agroécologie est apparue
comme une discipline scientifique ayant un cadre conceptuel et une méthodologie 6
permettant d’étudier de façon holistique les écosystèmes agricoles, y compris les éléments
humains et environnementaux, tout en offrant les principes de conception et de gestion de
systèmes agroalimentaires durables.1,6
Quels sont les objectifs
des politiques?
 Accroître la production alimentaire
durablement, tout en minimisant les
effets néfastes sur l’environnement et
les agriculteurs, et notamment sur les
producteurs pauvres1,3,6,8 et les femmes.
 Doter les agriculteurs de savoirs
concernant la vaste gamme de choix
disponibles afin d’optimiser leurs
systèmes de production et d’améliorer
leurs moyens d’existence sur des bases
durables.
 Élaborer et améliorer les pratiques et
technologies agricoles peu coûteuses
qui bénéficient particulièrement aux
pauvres et aux petits producteurs
dans différents environnements,5,8 en
accordant une attention particulière
aux besoins 4 des femmes afin qu’elles
puissent augmenter la production
alimentaire locale.8
 Dédier plus de fonds à la recherchedéveloppement agricole répondant aux
besoins du terrain en combinant les
bénéfices de la science moderne et des
savoirs traditionnels.1
Les questions
politiques
L’intensification de
l’agriculture comporte des
risques pour le rendement
L’agriculture est basée sur des
monocultures de variétés agricoles à hauts
rendements, l’utilisation excessive d’engrais
chimiques et de pesticides, un désherbage
et une irrigation intensives 6 ont souvent eu
de graves effets néfastes sur l’écosystème,
comme indiqué ci-dessous.
 Les engrais chimiques apportent aux
plantes d’importants éléments nutritifs
et ils sont mieux appliqués quand ils
sont nécessaires et combinés avec
2
L’ADRD et... l’agroécologie




des pratiques qui augmentent les
oligoéléments dans le sol. L’irrigation
intensive aggrave le lessivage d’engrais
hors des sols, dans la nappe phréatique,
les rivières et l’eau en général,
engendrant une eutrophisation 6 qui
tue la faune aquatique, y compris les
poissons.
Les terres fortement irriguées
développent souvent une salinité
en zones semi-arides ou arides
et la saturation en eau des zones
humides.7 Les barrages et les lourdes
infrastructures risquent d’affecter
fortement l’hydrologie, le microclimat
et l’écologie des rivières; le pompage
excessif de l’eau en sous-sol risque de
causer des glissements de terrain,6 un
abaissement du niveau des nappes
phréatiques et des carences en eau.
Le labour intensif ôte au sol sa
couverture, accroissant ainsi l’érosion
par le vent et l’eau; il déstabilise la
structure du sol, en le rendant plus
compact 3,6,7 et toxique,7 et réduit ou
élimine les peuplements d’organismes
essentiels pour les sols.
Les monocultures d’une seule variété
sont souvent davantage exposées
aux ravageurs et aux maladies, car
leur uniformité génétique permet une
croissance et une prolifération rapides
des ravageurs et pathogènes.1,6,7
Les pesticides affectent et tuent
les organismes non ciblés, y
compris les prédateurs qui sont des
ravageurs naturels,3 ce qui favorise
le développement et la prolifération
de nouveaux ravageurs.3,7 On a alors
besoin d’utiliser des doses supérieures
de pesticides ou des pesticides plus
puissants.6 Bien que l’on ait utilisé
davantage de pesticides lors de
ces dernières décennies, les pertes
agricoles dues aux ravageurs et aux
pathogènes sont restées presque
constantes, entre 30 et 40% du
rendement potentiel.6
 Les systèmes agricoles spécialisés dans
une seule variété de cultures 7 réduisent
fortement la biodiversité si on ne plante
pas une vaste gamme d’espèces et
de variétés de cultures alimentaires
différentes. 2,6 La monoculture en
particulier, réduit la capacité des
cultures de co-évoluer et de développer
une forme de résistance aux ravageurs
et aux maladies. Aujourd’hui, il ne reste
que 25% de la diversité des plantes
qui étaient utilisées il y a un siècle et
on continue à perdre des milliers de
variétés de plantes de culture qui ont
des caractéristiques importantes. 6
L’ agriculture traditionnelle
Partout dans les pays en développement,
les petits agriculteurs souvent démunis
continuent à cultiver des environnements
hétérogènes avec des systèmes agricoles
traditionnels complexes.1 Ces systèmes
ont été créés en s’appuyant sur une
expérience passée, un processus intuitif et
expérimental 2 et une réelle compréhension
de l’écosystème local.1,2,6 L’agriculture
traditionnelle dépend davantage des
ressources naturelles locales que d’intrants
chimiques extérieurs. Elle préserve la
biodiversité, en tire profit, tout en la
maintenant dans l’espace et le temps.
Elle s’appuie sur diverses variétés locales
végétales et animales ayant différentes
caractéristiques et maintient généralement
la productivité à long terme de l’écosystème
agricole.1,6 Toutefois, de nombreuses
pratiques agricoles traditionnelles
pourraient être modifiées ou améliorées en
appliquant des connaissances modernes
comme l’agroécologie.1,6
L’agriculture durable n’est pas un
seul ensemble de pratiques ou de
technologies applicable partout dans le
monde.3 L’agriculture durable doit être
flexible et adaptable 2 aux conditions
locales,1 capable de perdurer dans le
temps sans compromettre le potentiel de
l’environnement en terme de productivité.
6,8
Elle doit également préserver la
biodiversité pour permettre à la faune
et à la flore de s’adapter aux conditions
environnementales locales en perpétuelle
évolution. Les systèmes agricoles
traditionnels, comme les Systèmes
ingénieux du patrimoine agricole
mondial (SIPAM), offrent une richesse
de connaissances, principes, pratiques
et biodiversité à laquelle ne pourrait
se substituer la science moderne.1,2 Ils
représentent une bonne base à laquelle
les connaissances scientifiques peuvent
s’appliquer pour accroître leur efficacité,
leur productivité et leur adaptabilité.1,2,6
Plusieurs approches, y compris la
protection intégrée (IPM), l’agriculture de
conservation et l’agroécologie, combinent
les pratiques agricoles traditionnelles à la
science moderne. 2 L’agroécologie offre
un ensemble de principes applicables de
façon universelle, mais qui doivent être
adaptés, par des méthodes de recherche
participatives, aux caractéristiques
socioéconomiques et écologiques
propres au tissu local, afin d’élaborer des
technologies agricoles appropriées.1,2
Les autres façons d’accroître
la production
Les systèmes traditionnels et l’agroécologie
sont généralement basés sur les
polycultures produisant un rendement
par unité agraire de 20 à 60% supérieur à
celui des monocultures à gestion égale.1
En outre, les polycultures offrent plusieurs
avantages aux agriculteurs, y compris des
rendements plus stables tout au long de
l’année, des risques inférieurs, un régime
varié et nutritif.1 Si la production de la
plupart des systèmes agricoles traditionnels
est orientée vers la satisfaction des besoins
de subsistance des petits exploitants, on
pourra obtenir des rendements supérieurs
en appliquant la science moderne et les
principes d’agroécologie.1,3 L’étude de
286 interventions agroécologiques depuis
le début des années 90 dans divers
systèmes agricoles traditionnels de 57
pays en développement a révélé que: les
Les principes de l’agroécologie
 Réduire l’utilisation d’intrants artificiels, nuisibles à l’environnement, chers ou rares
pour accroître l’usage d’intrants locaux naturels, renforcer les interactions biologiques
et promouvoir des processus et des services écologiques. Par exemple, l’usage
d’engrais verts (cultures de couverture) fixateurs d'azote ou la rotation des cultures
liées par des mycorhizes pour remplacer l’utilisation d’engrais azotés synthétiques;
ou encore l’utilisation de la biodiversité et des contrôles biologiques sur le terrain
contre les ravageurs, les maladies et les mauvaises herbes et réduire, voire éliminer,
l’utilisation de pesticides chimiques.1,6,8
 Minimiser les quantités de substances toxiques ou polluantes libérées dans la nature.6
 Gérer les éléments nutritifs plus efficacement, en recyclant la biomasse et en ajoutant
régulièrement des résidus agricoles, du fumier d’origine animale et des composts,
pour accroître l’accumulation de matières organiques dans les sols, mais aussi pour
équilibrer et optimiser le cycle nutritif.1,8
 Augmenter la couverture par exemple avec du fumier et des engrais verts, tout en
réduisant l’importance du désherbage, si possible à zéro, pour minimiser l’érosion
des sols, la perte d’eau/d’humidité et de substances nutritionnelles. Ces pratiques,
combinées à la récolte d’eau, visent à utiliser l’eau de façon plus efficace.1,8
 Promouvoir une activité biologique des sols pour en maintenir et accroître la fertilité.1,6
 Maintenir une grande diversité d’espèces et génétique dans l’espace et le temps, ainsi
qu’une structure d’écosystème agricole complexe, pour offrir une gamme de services
écologiques importants, augmenter la résistance et la résilience de l’écosystème
agricole aux changements,1 en s’appuyant par exemple sur les rotations des cultures,
les cultures relais, les cultures intercalaires et les polycultures;1,6 ou en incorporant
des arbres multifonctionnels, de l’agroforesterie et des combinaisons de cultures
et d’élevage;1,6,8 ou encore en intégrant des poissons, des crevettes ou d’autres
ressources aquatiques.8
istock, Merijn van der Vliet
Adaptation locale des
principes de l’agroécologie
rendements n’avaient diminué pour aucune
d’entre elles; leur productivité a augmenté
de 64% en moyenne; les rendements ont
doublé pour au moins 25% d’entre elles.
Augmentation de la
production alimentaire
Pour éradiquer la faim et la pauvreté
et satisfaire les besoins alimentaires
croissants dans le monde, il ne suffit pas
d’augmenter le niveau global de l’offre
alimentaire en améliorant la productivité
de l’agriculture. 8 Malgré la croissance
de la production alimentaire mondiale, la
faim persiste, voire progresse aujourd’hui.
La croissance de la demande alimentaire
8
se combine à une compétition accrue
pour l’utilisation des terres agricoles et de
cultures alimentaires comme les céréales
qui peuvent être consommées directement,
transformées en biocarburant ou servir
pour l’élevage. La plupart des personnes
souffrant de pauvreté absolue et de faim
chronique sont des petits agriculteurs de
subsistance. 8 Dès lors, s’il est nécessaire
d’augmenter la production alimentaire,
il est encore plus important d’offrir à ces
petits agriculteurs l’accès aux savoirs,
technologies et ressources productives
dont ils ont besoin pour augmenter leur
production alimentaire locale de façon
durable.8 Il existe suffisamment de
preuves pour penser que les technologies
d’agroécologie contribueront à la sécurité
alimentaire à bien des niveaux, 1 mais les
instituts de recherche agricole n’ont pas
accordé suffisamment d’attention à ces
technologies.
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
l’agroécologie
Outils et ressources
Centre d’information et magazine sur
l’agriculture durable à faible apport
d’intrants (LEISA): http://www.leisa.info/
Systèmes Ingénieux du Patrimoine
Agricole Mondial (SIPAM): http://www.
fao.org/sd/giahs/index.asp?lang=fr
Commission des ressources génétiques
pour l’alimentation et l’agriculture:
http://www.fao.org/ag/cgrfa/French/
Default.htm
Diversité biologique dans l’alimentation
et l’agriculture: http://www.fao.org/
biodiversity/index.asp?lang=fr/
Genre, biodiversité et systèmes
de savoirs locaux pour la sécurité
alimentaire (LinKS):
http://www.fao.org/sd/LINKS/
Bioversity International:
http://www.bioversityinternational.org
dans les programmes d’enseignement
agricole, de formation et de vulgarisation.1
Améliorer les méthodes de
recherche agricole
La recherche agricole devrait suivre
une approche interdisciplinaire 1,2,5
qui intègre l’écologie, la gestion des
ressources naturelles et les dimensions
sociale, économique 1,3 et culturelle en
faisant participer les producteurs locaux,
les communautés et les organisations
représentatives tout au long du processus
de recherche.1,2 Il convient de passer d’une
recherche et d’une vulgarisation agricoles de
haut en bas à des approches participatives
de bas en haut favorisant l’innovation
locale 1,2,5 et de cibler les environnements
hétérogènes et complexes où vivent les
petits agriculteurs pauvres.1 Pour contribuer
à une large adoption des pratiques
d’agroécologie, il convient de promouvoir les
échanges entre agriculteurs et les méthodes
de vulgarisation de terrain.1
Quelles sont les options Adoption de l’agroécologie
Les gouvernements et les agences de
politiques?
développement devraient promulguer des
Revoir les objectifs de la
recherche agricole
Pour intensifier la production, des méthodes
alternatives, à la fois durables et équitables
doivent être trouvées. L’approche holistique
7
des systèmes agricoles 1, 5 est utile pour
examiner la production totale par unité
agraire, y compris la vaste gamme de
produits alimentaires et d’autres produits
aussi bien que la capacité productive à
long terme de l’écosystème agricole 7.
La recherche agricole se concentre sur
l’amélioration des cultures locales et de
l’élevage que les agriculteurs pauvres
utilisent. De telles cultures comprennent
le manioc, le millet, le sorgho, les patates
douces et les races d’élevages indigènes 3 ;
elles peuvent également être un outil
valable pour identifier des solutions
durables et appropriées du point de vue
économique et environnemental 1, 5. Le
travail de recherche devrait améliorer les
variétés agricoles en termes de résistance à
la sécheresse, à la salinité, aux ravageurs et
autres contraintes, en gardant à l’esprit les
problèmes rencontrés par les agriculteurs
pauvres.3 Il convient de consacrer
davantage d’informations et de recherches
à l’agroécologie et aux systèmes agricoles
traditionnels, en dédiant des fonds publics
spécifiques et en incorporant l’agroécologie
4
L’ADRD et... l’agroécologie
politiques qui encouragent et soutiennent
l’application de l’agroécologie ou la
conversion à ses principes. Il convient d’offrir
aux agriculteurs des connaissances et des
informations pertinentes sur les principes
de l’agroécologie leur permettant d’adapter
et d’appliquer ces principes aux conditions
locales.1,3 Se convertir à un système
agroécologique totalement opérationnel
requiert plusieurs années. Il est donc
important d’offrir aux producteurs un soutien
à long terme.6 La conversion suppose de:
 réduire la dépendance à l’égard
d’intrants externes artificiels et de les
remplacer par des intrants naturels et
des processus écologiques;1,6,8 comme
pour la gestion des ravageurs, des
maladies et des mauvaises herbes plutôt
que par des pesticides chimiques.
 recycler les ressources locales et
minimiser les pertes;1,6,8
 minimiser ou éliminer le désherbage;6,8
 produire plus de biomasse et augmenter le
contenu en matière organique des sols;1,8
 accroître la biodiversité agricole,
végétale, animale, de la faune et de
la flore;1,6,8
 diversifier la structure de l’exploitation
agricole, rétablir et augmenter les
relations et processus biologiques
naturels.1,6
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
Parviz Koohafkan
[email protected]
Université d’Essex
Jules Pretty
[email protected]
Bioversity International
Bhuwon Sthapit
[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Sofia Naranjo
en collaboration avec E. Dulloo (Bioversity
International), S. Thabet, M. Villarreal (FAO) et
d’autres (voir Contacts).
PNUE. 2005. Agroecology and the search
for a truly sustainable agriculture. Mexico
DF, Programme des Nations Unies pou
l’Environnement (PNUE).
2
FAO. [n. d.] Local knowledge systems and
the management of dryland agro-ecosystems:
some principles for an approach. Rome.
3
FAO. 2003. Choix de questions en matière
de technologie agricole. Agriculture mondiale:
horizon 2015/2030. Rome.
4
FAO. 2005. Interactions du genre, de la
biodiversité agricole et des savoirs locaux au
service de la sécurité alimentaire: manuel de
formation. Rome.
5
FAO. 2005. Comité de la sécurité
alimentaire mondiale (31ème session):
événement parallèle sur la révolution verte
en Afrique. Rome.
6
Gliessman, S. 2007. Agroecology: the
ecology of sustainable food systems. Boca
Raton, Floride, Etats-Unis, CRC Press.
7
Pingali, P. & Rosegrant, M. 1994.
Confronting the environmental consequences
of the green revolution in Asia. Washington:
Institut international de recherche sur les
politiques alimentaires.
8
Pretty, J., Noble, A. D., Bossio, D., Dixon,
J., Hine, R. E., Penning de Vries, F. W. T. et
Morison, J. I. L. 2006. Resource-conserving
agriculture increases yields in developing
countries, Environmental Science and
Technology, 40(4): 1114−1119.
Pretty, J. 2002. Agri-Culture: Reconnecting
people, land and nature. Londres, Earthscan.
1
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 10 2007
L’ ADRD
et...
la bioénergie
Le saviez-vous?
Les progrès de la bioénergie
comme source de carburant pour
le transport, d’électricité et de
chauffage présentent tout à la fois
des opportunités et d’importants
risques pour l’utilisation durable de
ressources naturelles, mais aussi
pour l’agriculture et le développement
rural durables (ADRD) à l’échelle
locale, nationale et mondiale.
 2,4 milliards de personnes dans le monde dépendent de biocarburants traditionnels
pour satisfaire leur demande énergétique. Des centaines de millions de personnes,
femmes et enfants surtout, dépensent plusieurs heures par jour à rassembler du bois de
chauffe, au détriment du temps consacré à l’éducation et au travail.
 La bioénergie peut aider à résoudre le problème énergétique des zones rurales: au total
1,6 milliards de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Parmi elles, 4 sur 5 vivent en
zones rurales de pays en développement. En Afrique subsaharienne, seulement 8% de la
population rurale a accès à l’électricité, contre seulement 30% en Asie du sud.1,2
 La bioénergie est à la portée des populations pauvres: la production annuelle d’un jardin
de cocotiers de moins de 25 x 40 m2 peut fournir suffisamment d’huile pour subvenir
aux besoins énergétiques annuels d’une famille philippine moyenne (de 5,2 personnes).3
 Si les biocarburants peuvent satisfaire seulement une faible part de la demande
mondiale en énergie, ils peuvent aider à réduire la dépendance vis-à-vis de combustibles
fossiles et les dépenses d’importation de pétrole: certains pays pauvres dépensent 6 fois
plus d’argent pour l’achat de carburants que pour leur santé.
 La production mondiale de biocarburant devrait doubler dans les 4 prochaines années,
grâce aux politiques élaborées par un nombre croissant de membres de l’Organisation
de coopération et de développement économiques (OCDE) et de pays en développement
pour en accroître la production.3
 La bioénergie peut générer des revenus et contribuer au développement rural. Par
exemple, la production de bioéthanol au Brésil emploie 1 million de travailleurs peu
qualifiés et pauvres en zones rurales, tandis que le programme de biocarburant de la
Chine devrait créer jusqu’à 9 260 000 emplois.4
 L’objectif de l’Union européenne (UE) est de parvenir à un mélange de biocarburant,
pétrole et diesel de 5,75% d’ici 2010 et de 10% d’ici 2020, ce qui suppose de multiplier
par 5 la production régionale de biocarburant. L’UE a besoin d’autres pays pour aider à
satisfaire cette demande.
 La demande précède l’offre. Par exemple, l’Indonésie et la Malaisie étendent leurs
plantations de palmier à huile pour répondre à la demande mondiale. Selon certains,
ceci a engendré un débroussage ultérieur de forêts denses tropicales dans des pays du
Sud-est asiatique.5
Janez Habjanic
L’impact sur la nature et
l’environnement dépendra
grandement d’une bonne planification
et gestion de la bioénergie, ainsi que
de la présence de cadres politiques
visant à maximiser les opportunités
en matière de développement
durable et à minimiser l’impact
négatif sur les populations rurales
pauvres et sur l’environnement.
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
Pourquoi faut-il agir?
La bioénergie offre une importante
alternative énergétique et des
opportunités de développement, même
si elle présente des inconvénients et des
risques.
 En augmentant rapidement, la
production de cultures énergétiques fera
fortement pression sur les ressources
mondiales en terres, en forêts et en eau,
qui sont d’ores et déjà de plus en plus
demandées.3
 Etendre la frontière des terres arables
énergétiques aux écosystèmes jusqu’ici
préservés engendrera une importante
perte de la biodiversité, un lessivage
des substances nutritives et la diffusion
de carbone par les sols et la végétation.
 La demande accrue de biens agricoles
pour l’industrie de biocarburant et le
détournement de la terre de sa fonction
de production alimentaire contribuent
à augmenter le prix des aliments et à
réduire la disponibilité alimentaire dans
certaines régions, en compromettant
l’apport alimentaire quotidien des
personnes les plus démunies et en
situation d’insécurité alimentaire.6
 Les principaux consommateurs de
biocarburants devraient être les
pays développés, tandis des pays
en développement, disposant de
terres arables et d’un climat tropical,
L’ ADRD et...
la bioénergie
pourraient devenir des producteurs et
exportateurs majeurs.5
 Sans la promulgation de politiques et
de meilleures pratiques assurant un
développement bioénergétique durable
et favorable aux pauvres, les dégâts
environnementaux et sociaux risquent
de dépasser les bénéfices.
Quels sont les objectifs
politiques?
 Minimiser le coût environnemental
de production et d’utilisation de
biocarburants.
 S’assurer que la production de cultures
énergétiques génère des revenus
et améliore la qualité de vie des
pauvres et des petits agriculteurs,
sans compromettre la sécurité et la
disponibilité alimentaires locales.
 Promouvoir une sécurité énergétique
nationale dans les zones rurales des
pays en développement.
Les pays industrialisés devraient
analyser l’impact global de leurs
politiques intérieures sur la production
et la commercialisation nationale de
biocarburant. Les pays en développement,
eux, devraient identifier des opportunités
adaptables de la bioénergie.5
Les questions
politiques
Si la bioénergie peut aider à satisfaire la
demande énergétique de base en zones
rurales, elle se heurte à des limites et
suscite des questions au niveau national et
international, et notamment les problèmes
suivants.
Questions
environnementales
 La production de cultures énergétiques
peut avoir un impact néfaste sur
l’environnement, associé aux
phénomènes de: remplacement des
forêts, monoculture, dégradation des
terres, érosion des sols, réduction des
ressources hydriques, pollution due aux
pesticides et à l’utilisation d’engrais.
 Pour les biocarburants, le rapport
énergétique est favorable si et
seulement si le contenu énergétique du
biocarburant est supérieur aux intrants
énergétiques utilisés pour la production
de matière première, la mécanisation
2
L’ADRD et... la bioénergie
agricole, le travail agricole et la
distribution de combustible.
 Le remplacement de combustibles
fossiles et de charbon par des
biocarburants produits selon une
approche durable peut aider à réduire
les gaz à effet de serre toxiques et à
atténuer le changement climatique.
Toutefois, les économies en gaz à effet
de serre varient fortement et dépendent
du changement dans l’utilisation des
terres, du type de matière première
produite, des pratiques agricoles, de la
transformation agroindustrielle et des
capacités de conversion et d’utilisation.3
Questions sociales
 La sécurité alimentaire (en termes de
disponibilité et d’accessibilité) des
pauvres risque d’être compromise par
la demande croissante de cultures
énergétiques.
 La production bioénergétique peut
engendrer de mauvaises pratiques
professionnelles, en créant des risques
sanitaires, en faisant travailler les
enfants ou en favorisant le travail forcé.
 La production de biocarburant à grande
échelle risque de bouleverser les
communautés rurales et d’accroître le
phénomène des sans-terres.
Questions commerciales
 Les barrières commerciales altèrent le
commerce de biocarburant et limitent la
capacité des pays en développement à
tirer profit de la demande mondiale de
biocarburant.5
 Le manque de classification claire
en matière de biocarburant dans le
système commercial multilatéral limite
l’efficacité des échanges.5
 Les réglementations et les normes
garantissant la production durable de
biocarburant font encore défaut.
Questions techniques et de
durabilité
Il existe un important fossé en termes
de connaissances, de technologies et
de capacités entre les nations les plus
riches et les plus pauvres se lançant
dans la production bioénergétique.7 Dès
lors, le renforcement des capacités à
l’échelle internationale et la coopération
technique pour l’acquisition d’expertises
techniques dans les premières phases
de développement bioénergétique sont
critiques.
Que signifient biomasse et
bioénergie?
La biomasse représente la matière
d’origine biologique - y compris de
plantes, d’animaux vivants et de
résidus - à l’exception de la matière
organique fossilisée dans les couches
géologiques.7
La bioénergie est l’énergie produite,
directement ou indirectement, à partir
de la biomasse. Parmi les ressources
bioénergétiques, citons: la biomasse
de bois telle que le bois de chauffe,
le charbon de bois, les rémanents
et la couverture morte; les cultures
énergétiques comme le sucre et les
céréales; les produits dérivés de
l’agriculture et de l’élevage comme la
paille, les feuilles, les tiges, les cosses,
les coques, le fumier et le crottin.7 On
entend par bioénergie, une énergie
renouvelable 8 ayant trois applications
principales: générer de l’électricité,
chauffer et servir de carburant au
transport.
La FAO élabore des critères d’évaluation
des liens entre la bioénergie et la sécurité
alimentaire. Le Partenariat mondial sur les
bioénergies s’intéresse particulièrement
à la durabilité de la production de
biocarburants. La Table ronde sur les
biocarburants durables, qui a commencé
à annoncer les principes à débattre avec
les parties prenantes mondiales, tient
une série de rencontres régionales avec
le Programme des Nations Unies pour
l’Environnement (PNUE). Si l’UE définit un
ensemble de normes pour caractériser la
durabilité de la bioénergie, plusieurs pays
instaurent des normes nationales.
Quelles sont les options
politiques?*
Le développement de la bioénergie
demande une importante intervention
gouvernementale d’ordre intersectoriel,
permettant aux décideurs politiques de
progresser vers la réalisation de l’ADRD et
d’intégrer différents domaines: agriculture,
énergie, environnement et politique
commerciale. Un cadre réglementaire
responsable devrait intégrer la bioénergie
dans les stratégies de développement et de
réduction de la pauvreté, tout en assurant
l’inclusion des populations pauvres et
rurales grâce à une bonne gouvernance.
Les stratégies ci-dessous sont
fondamentales.
Evaluer le potentiel de la
bioénergie
Evaluer les coûts et bénéfices de la
bioénergie avant d’intervenir dans
le secteur. L’analyse de la capacité
d’un pays à établir un programme de
développement durable des biocarburants
devrait comprendre: l’impact global sur
l’environnement, la production agricole
actuelle et l’augmentation prévue des
cultures énergétiques, la disponibilité
et l’utilisation des terres, le potentiel de
production dans des zones marginales et
dégradées, l’utilisation actuelle des produits
dérivés de l’agriculture et des forêts, la
disponibilité en eau et autres ressources.3
Par exemple, le Jatropha, jusque-là
fréquemment planté à petite échelle, attire
maintenant d’énormes investissements.
Toutefois, aucune évaluation complète de
ces développements à grande échelle n’a
été encore menée, alors qu’ils pourraient
avoir un grave effet nuisible sur les moyens
d’existence locaux et sur l’environnement.
Soutenir le développement
rural et la sécurité
alimentaire
Evaluer les synergies entre bioénergie et
sécurité alimentaire et les risques associés
2
et définir des stratégies garantissant
les quatre dimensions de la sécurité
alimentaire: disponibilité, accès, stabilité
et utilisation. Par exemple, les cultures
de production énergétique peuvent être
intégrées en rotation avec les cultures
alimentaires pour améliorer la productivité
et diversifier les sources de revenu des
producteurs.3
Minimiser l’appropriation des terres
par de grands producteurs d’énergie
en garantissant l’accès aux ressources
naturelles et les droits fonciers des petits
exploitants agricoles, des populations
indigènes et pastorales.
Créer et maintenir des emplois agricoles en
aidant les PME. Préserver les travailleurs de
mauvaises conditions de travail.
Saisir l’occasion de la production de
bioénergies modernes pour libérer les
populations les plus vulnérables, femmes
essentiellement, du travail ménager qui
prend du temps et des risques (notamment
sanitaires) inhérents à la collecte de
biomasse traditionnelle et non durable ou
à l’inhalation de fumées en intérieur.7 Les
biogaz, les gazéificateurs ou les générateurs
fonctionnant avec de la biomasse
disponible sur place peuvent représenter
le mode le plus économique d’offrir des
services en énergie dans les zones rurales
reculées, pour peu que la fiabilité, la
maintenance locale et l’accessibilité des
technologies soient garanties.3
Promouvoir la transformation et l’utilisation
locale de l’énergie produite. Encourager
la conversion de biocarburants dans les
pays producteurs plutôt que dans les pays
importateurs pour augmenter les revenus
potentiels des pays en développement.
Renforcer les organisations d’agriculteurs
et relier les PME à la chaîne de valeur et au
marché des bioénergies. Les aider à réaliser
des économies d’échelle en organisant les
cultivateurs indépendants en coopératives
agricoles pour satisfaire le volume de
matières premières et les critères de
fiabilité des usines de conversion.3
La coordination des actions souhaitées
dépasse les capacités croissantes de
nombreux pays. Il est donc essentiel de
faciliter la coopération et la participation à
la production bioénergétique de différentes
institutions publiques et parties prenantes
privées comme les propriétaires de
terrains forestiers, les agriculteurs, les
agro-industries et les organisations non
gouvernementales.
Préserver l’environnement
Sauvegarder les écosystèmes naturels
comme les prairies encore vierges et les
forêts primaires, en suivant des principes
raisonnables de préservation pour limiter les
risques de dégradation de l’environnement
associés au développement des cultures
énergétiques. La déforestation peut
contrebalancer les bénéfices en gaz à effet
de serre des biocarburants pour plusieurs
décennies.
Réhabiliter les zones exposées à la
déforestation, dégradées ou marginales, en
cultivant des plantations de bioénergie, pour
limiter l’étendue des terres agricoles, réduire
la compétition avec les terres de production
alimentaire et combattre la désertification.
Promouvoir des technologies et des
pratiques agricoles qui respectent
l’environnement et investir dans les cultures
énergétiques efficaces et les plus adaptées
à l’environnement et au climat local. Adhérer
à de bonnes pratiques agricoles, éviter la
monoculture en prônant la rotation des
cultures ou la jachère, tout en réduisant les
intrants énergétiques dans la production
de bioénergies. Garantir une rétention
suffisante sur le terrain pour maintenir, voire
améliorer la fertilité des sols en fabriquant
de la matière organique par les sols.
Investir dans l’agriculture
Que signifient bioéthanol et biodiesel?
Le bioéthanol est produit à partir de la fermentation du sucre et d’amidon d’origine
végétale. La canne à sucre, la betterave à sucre et le sorgho à sucre sont les plantes
saccharifères les plus courantes; le maïs et le manioc sont les féculents les plus
courants. La deuxième génération de bioéthanol sera produite à partir de matières
ligno-cellulosiques comme les produits forestiers et les graminées. Le bioéthanol peut
être utilisé sous forme pure ou mélangé à de l’essence. C’est le biocarburant le plus
largement utilisé pour le transport.
Le biodiesel est produit à partir de graisses animales, d’huile de cuisson recyclée et
d’huiles végétales dérivées de colza, de tournesol, de soja, de palme et de noix de
coco. Les technologies de deuxième génération permettent d’obtenir une synthèse de
biodiesel à partir de bois et de paille. Le biodiesel peut être utilisé pur, mélangé ou avec
du diesel de pétrole dans des mélanges de pétrole biodiesel de 5 ou 20%.4
Soutenir une production décentralisée
puisque les systèmes à petite échelle
sont davantage susceptibles de bénéficier
aux ruraux pauvres. Evaluer l’impact des
cultures énergétiques à grande échelle,
pour s’assurer qu’elles bénéficieront aux
pauvres, tout en limitant les effets néfastes
de l’expropriation des terres et en favorisant
l’utilisation des produit dérivés agricoles
existants.9
Investir dans la recherche afin de réduire
les coûts de production et d’obtenir une
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
la bioénergie
conversion très efficace en énergie avec
un meilleur rapport coût/efficacité.7 La
recherche de biocarburants de deuxième
génération fondés sur la biomasse lignocellulosique (arbres, paille et herbe) peut
accroître la production, réduire la demande
de terres et d’intrants agricoles, et
minimiser la compétition sur les ressources
destinées à la production alimentaire lors
des 10-15 prochaines années.3
Outils et ressources
Plateforme internationale sur la bioénergie (PIBE): établie par la FAO, la PIBE sert de forum
pour organiser et faciliter une approche globale de la bioénergie.
ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/009/a0469f/a0469f00.pdf
Partenariat mondial sur les bioénergies: ce partenariat, qui a son secrétariat au siège de la
FAO, coordonne les activités en cours en matière de bioénergie.
http://www.globalbioenergy.org/
ONU-Énergie: un mécanisme inter agence qui facilite le développement d’une approche
cohérente des énergies durables, notamment dans les pays en développement.
http://esa.un.org/un-energy/
Développer des
connaissances et des
technologies
Renforcer les capacités institutionnelles
nationales, les connaissances et les compétences technologiques des responsables
agroindustriels, des producteurs d’énergie
et des vulgarisateurs agricoles, afin qu’ils
puissent satisfaire les normes internationales de qualité et d’efficacité. Les services de
vulgarisation jouent un rôle important dans
la diffusion de bonnes pratiques, d’apprentissage participatif entre agriculteurs et de
conseil technique.3
Faciliter l’acquisition d’équipements
et d’infrastructures de production,
transformation, transport, stockage,
distribution et utilisation de bioénergies.
Apporter un soutien
politique
Une fois les mesures de sauvegarde
instaurées, offrir des mesures incitatives
adaptées à ceux qui se lancent dans
les bioénergies. Celles-ci incluent les
paiements directs aux producteurs,
en particulier aux petits producteurs,
ou encore une moindre taxation des
biocarburants par rapport aux combustibles
traditionnels pour permettre à l’industrie
des bioénergies de décoller. Toutefois,
ces mesures devront être limitées dans le
temps 3 pour ne pas nuire à la compétitivité
commerciale des pays en développement.4
Etablir les critères requis pour les mélanges
d’éthanol et de biodiesel, mais aussi des
infrastructures favorisant la consommation
et la production. Définir une stratégie pour
contrebalancer l’éventuelle insuffisance de
l’offre liée au climat ou à une baisse de la
production due aux ravageurs.3
4
L’ADRD et... la bioénergie
Initiative Biocarburants de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le
développement (CNUCED): l’initiative favorise une juste évaluation de la capacité des pays
en développement à pénétrer le marché des biocarburants.
http://r0.unctad.org/ghg/
Programme de bioénergie du PNUE: le programme s’articule autour de 4 axes prioritaires: i)
impact sur le développement durable; ii) évaluation des ressources; iii) création de marchés
et interventions politiques; iv) développement d’entreprises et finance.
http://www.unep.fr/energy/act/bio/index.htm
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
Jeff Tschirley
Chef du Groupe de travail
interdépartemental sur les bioénergies
[email protected]
Programme des Nations Unies pour
l’environnement (PNUE)
Martina Otto
[email protected]
Fonds international de développement
agricole (FIDA)
Philippe Remy
[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Elisa Distefano
en collaboration avec les membres du Groupe
de travail de la FAO sur les bioénergies et bien
d’autres personnes (voir Contacts).
Energie ONU. 2005. The energy challenge
for achieving the Millennium Development
Goals. New York.
framework for decision makers. New York.
IIED. 2006. Biofuels production, trade
and sustainable development: emerging
issues. oLondres, Institut international pour
l’environnement et le développement (IIED).
5
IIED. 2007. International trade in biofuels:
Good for development? And good for the
environment? Environment for the MDGs,
Briefing IIED. Londres.
6
FAO. 2007. Note de synthèse sur la sécurité
alimentaire. Première Consultation technique
de la FAO sur la bioénergie et la sécurité
alimentaire, 16-18 avril 2007, Rome.
7
FAO. 2006. Présentation de la Plateforme
Internationale sur la Bioénergie (PIBE) Rome.
8
FAO. 2004. Unified bioenergy terminology.
Rome.
9
IFPRI. 2006. Bioenergy and agriculture:
promises and challenges. Brief No. 11,
Bioenergy and the Poor. Washington DC,
Institut international de recherche sur les
politiques alimentaires (IFPRI).
4
*Ces options politiques ont été rassemblées
à partir de la documentation existante. Il ne
s’agit pas de recommandations politiques
1
FAO. 2006. La bioénergie: Option de
développement pour l’agriculture et la
foresterie dans la région Asie Pacifique.
28ème Conférence régionale de la FAO pour
l’Asie et le Pacifique, Jakarta, Indonésie.
3
Energie ONU. 2007. Sustainable energy: a
2
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) Document sur les politiques 9 2007
L’ ADRD
et...
les droits de propriété rurale
Le saviez-vous?
n La distribution des terres et la sécurité de jouissance influent directement sur les 900
millions de pauvres vivant en zones rurales,1 mais aussi sur les 2,5 milliards de personnes
rurales dont les moyens d’existence reposent sur l’agriculture et les ressources naturelles.2
n 25% des foyers agricoles à petite échelle d’Ethiopie, du Kenya, du Rwanda, du
Mozambique et de Zambie sont presque sans terres; les foyers les plus démunis en terres
sont les plus pauvres.7
n Les femmes, qui constituent la majorité de la population rurale et 70% de la main-d’oeuvre
agricole dans le monde, possèdent moins de 10% de la propriété et accèdent à la terre
seulement par l’intermédiaire d’hommes de la famille.3
n La saisie de propriétés de veuves est très répandue, surtout dans les zones touchées par
le VIH/SIDA. A Lusaka, en Zambie, chaque année, environ 900 veuves déclarent avoir été
dessaisies de leurs biens à la police.4 En Namibie, 52% des veuves interviewées ont perdu
leur élevage bovin, 30% leur petit élevage et 39% leur équipement agricole.5
n En Afrique subsaharienne, un très faible pourcentage des transactions agraires est
enregistré, et ce surtout en zones urbaines. En Afrique, les procédures d’enregistrement
des terres coûtent 11,6% de la valeur de la propriété et prennent 110 jours en moyenne.
En Asie du sud, cela coûte 5,3% des biens et requiert 119 jours en moyenne.6
L’accès aux ressources naturelles comme la
terre, leur contrôle et leur gestion sont des
facteurs déterminants en termes de revenu,
de pouvoir, de statut et de moyen d’existence
rural. La reconnaissance juridique des
droits coutumiers et les autres politiques
visant à renforcer la sécurité de jouissance
des groupes vulnérables peuvent réduire
la pauvreté, la vulnérabilité, l’insécurité
alimentaire et les conflits. Une meilleure
sécurité de jouissance des terres peut créer
des opportunités et inciter à investir dans
l’agriculture et le développement rural
durables, y compris dans une gestion et
une utilisation des terres, de l’eau, des
forêts et des pêches qui soient efficaces et
durables sur un plan environnemental et
écologiquement sûres.
Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural sont
durables lorsqu’ils respectent l’environnement,
sont économiquement viables, socialement
justes, culturellement appropriés, humains et
fondés sur une approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités de
la base de ressources naturelles à produire et à
se régénérer. Ces politiques doivent également
offrir un emploi durable à ces générations,
réduire leur vulnérabilité et renforcer
leur autonomie.
Pourquoi faut-il agir?
n L’accès non sécurisé à la terre et aux
autres ressources naturelles entretient
le cycle de la pauvreté en réduisant les
sources de revenu, le statut social et la
résilience aux catastrophes. A l’inverse,
la sécurité de jouissance peut réduire
l’impact du changement climatique,
de la sécheresse, des pandémies, des
conflits et des variations du marché
mondial qui affectent avant tout les
pauvres. La sécurité de jouissance
diminue le nombre de conflits déclarés
et stimule les investissements contre la
dégradation de l’environnement, tout en
permettant à ceux qui exploitent la terre
ou utilisent des ressources d’en tirer le
meilleur profit.3
n La gouvernance et les réformes de
gestion des ressources naturelles
lors des périodes coloniales et postcoloniales ont affaibli les institutions et
les systèmes coutumiers, créant ainsi,
au niveau local, un fossé source de
conflits.8 Ces réformes ont également
favorisé la formalisation des droits et
l’enregistrement de titres pour stimuler
les investissements et les marchés
agraires. Souvent, ces politiques n’ont
pas produit les effets escomptés,
surtout pour les pauvres.1 Mais, il
n’existe pas d’autres politiques agraires
objets de consensus.
n De nombreux programmes, politiques
et services publics privilégient des
systèmes agricoles sédentaires et des
droits à la terre individuels, exclusifs,
aliénables et enregistrés juridiquement
aux systèmes coutumiers, flexibles,
diversifiés et décentralisés de mise en
commun des terres et des ressources
naturelles qui pourtant offrirent aux pasteurs, aux populations indigènes et
autres groupes vulnérables une chance
historique.
n Les “injustices historiques”
d’expropriation des terres, de
réinstallation et de saisie continuent
à réduire les chances des pauvres en
termes économique, social et politique. 8
n Dans de nombreux pays, tant les
systèmes fonciers que statutaires sont
défavorables aux femmes. n En redistribuant les terres rurales et
l’eau à l’agriculture commerciale et aux
centres urbains en développement, on
réduit les ressources des pauvres.
Quels sont les objectifs
politiques?
L’agriculture, les pêches, les forêts et le
développement rural durables supposent
des politiques et des législations qui
garantissent – aux producteurs ruraux et
particulièrement aux pauvres - des droits à
la terre et aux ressources naturelles, clairs,
sûrs et applicables. Les politiques doivent
aborder simultanément les dimensions
juridiques, économiques, institutionnelles
et sociales des droits de propriété, pour
optimiser l’utilisation des ressources, en
promouvoir une distribution équitable, en
empêcher la dégradation et en assurer
la durabilité économique. Les politiques
devraient viser à:
n protéger et améliorer les droits des
groupes vulnérables aux ressources
naturelles, y compris leurs droits
secondaires;
n offrir aux groupes vulnérables la
possibilité de contribuer à la définition
des législations et des politiques de
réforme agraire, mais aussi du mode de
faire-valoir et de gestion des terres et
des ressources naturelles;
L’ ADRD et...
les droits de propriété rurale
Que signifient les droits de propriété rurale?
Les systèmes de propriété des ressources naturelles définissent beaucoup de droits, y
compris les droits de passage, d’utilisation, d’extraction, de gestion et de transfert. Il existe
un large éventail de droits, en fonction notamment du degré de pouvoir pour finalement
définir les bénéfices tirés par les différents utilisateurs d’une ressource donnée. Les droits
d’exclusion, de gestion et de transfert des terres prévalent sur les droits de passage et
d’extraction et souvent s’y opposent. Ces derniers, appelés droits secondaires ou dérivés,
ne sont pas réservés aux seuls propriétaires principaux. Dynamiques, les droits de propriété
définissent l’accès à différentes ressources situées dans un même espace et aux différentes
utilisations d’un seul espace dans le temps. Si leur autorité provient de plusieurs sources comme l’Etat, les systèmes coutumiers, réglementaires ou religieux -, ces droits ont plusieurs
caractéristiques: sécurité, durabilité, transmissibilité, divisibilité et applicabilité. La sécurité
des régimes fonciers dans le temps garantit que les droits primaires ou secondaires soient
reconnus par d’autres et soient protégés face à d’éventuelles revendications.
 renforcer les capacités des
administrations à mettre en vigueur
la législation et à faciliter la résolution
de disputes en temps opportun et au
bénéfice des pauvres;
 promouvoir l’utilisation et la gestion
durables des terres, de l’eau et des
ressources naturelles.
Les questions
politiques
Réglementation par des
autorités en concurrence
(pluralisme juridique)
Souvent, les régimes fonciers coutumiers
et les lois statutaires se recoupent et se
contredisent. En outre, leurs forces relatives
varient en zones urbaines et rurales. Les
systèmes coutumiers tendent à être mieux
connus et mis en vigueur en zones rurales;
les lois statutaires sont plus importantes
en zones urbaines et là où les systèmes
coutumiers ne permettent pas une
définition claire.
Exclusion des groupes
vulnérables
Les régimes fonciers se caractérisent par
des droits individuels ou collectifs, multiples
et souvent contradictoires, sur différentes
ressources dans des espaces communs sur
différentes périodes. Ceux qui jouissent de
droits secondaires - comme les personnes
qui ramassent du bois de chauffe et les
pasteurs transhumants – sont souvent
négligés dans la formulation des droits de
propriété rurale. Les titres de propriété et
autres reconnaissances juridiques tendent à
réduire ces droits à la propriété individuelle,
en excluant les droits périodiques des
autres à les utiliser, les traverser, y accéder
ou à en extraire des ressources. L’accès
2
L’ADRD et... les droits de propriété rurale
financier, social et physique aux procédures
d’enregistrement et aux institutions varie
également au sein des groupes sociaux,
selon les types de droits susceptibles d’être
formalisés. Les procédures de formalisation
des droits de propriété sont souvent trop
coûteuses, l’information est indisponible ou
difficilement compréhensible, tandis que
les services juridiques et para-juridiques
sont, eux, inaccessibles ou trop chers. Enfin,
les droits d’accès et d’utilisation, qui ont
un impact sur les moyens d’existence des
groupes vulnérables, souvent ne sont pas
enregistrés.
Subdivision et fragmentation
des terres
La fragmentation des terres et la
subdivision d’une propriété commune en
exploitations individuelles peuvent nuire à
l’utilisation durable des terres et d’autres
ressources, sur un plan économique et
environnemental. Les moyens d’existence
des pasteurs transhumants sont
généralement plus durables sous un
régime de propriété commune. Le contraire
est vrai pour les agriculteurs, même si
les très petites exploitations et l’extrême
fragmentation des terres peuvent limiter
les investissements économiques et
environnementaux (comme la plantation
d’arbres, l’irrigation et le terrassement).
Les conditions agroécologiques influencent
également la taille optimale d’une
exploitation agricole.7 Dans certaines
régions, la fragmentation des terres est
une façon pour les pauvres de diversifier
leurs stratégies de moyen d’existence. C’est
notamment le cas au Rwanda.
Marchés agraires
Le bon fonctionnement des marchés
agraires requiert des droits fonciers sûrs
et reconnus. La sécurité du régime foncier
incite à investir dans la production agricole
et peut être une condition d’accès au crédit
et à d’autres services ruraux. Lorsque les
titres officiels ne sont pas disponibles, les
recours en matière de propriété peuvent
être garantis en investissant dans la terre
et dans les ressources naturelles, en les
utilisant ou en les occupant. Par exemple, la
plantation d’arbres peut prolonger la durée
des droits à la terre.
L’égalité des sexes
Dans le monde entier, les femmes jouissent
de droits de propriété moins nombreux et
moins sûrs que les hommes. Dans certains
pays, tant la loi statutaire que coutumière
empêche aux femmes de posséder la
terre ou ne leur accorde que des droits de
propriété secondaires et dérivés: les droits
d’utilisation temporaire s’obtiennent par le
mariage, les enfants ou les autres hommes
de la famille. Cela limite la capacité des
femmes à gérer la terre comme elles le
souhaitent et à définir, liquider, vendre ou
faire appliquer leurs droits à la terre, surtout
lorsqu’elles perdent l’homme qui leur sert
de lien. Dans de telles circonstances, les
autorités masculines, les élites locales et
les administrations agraires coutumières ou
nationales peuvent empêcher aux femmes
d’obtenir des droits directs et défendables
plus clairs et plus sûrs.
Saisie de propriété de veuves
et d’orphelins du SIDA
Ce problème est probablement sous-estimé,
vu sa complexité et son caractère sensible.
Pourtant, il s’intensifie. Les veuves du SIDA
sont susceptibles de perdre leurs droits
bien plus jeunes. Mais ces tendances
démographiques peuvent justement offrir
une chance de changement social, en
s’opposant au fondement d’une politique
de discrimination contre les femmes en
matière de droits de propriété, dans la
mesure où moins de foyers comptent ce
lien masculin qui permettrait d’accéder aux
ressources naturelles.
Signification pour la culture
traditionnelle
La terre et les autres ressources naturelles
ont souvent une importance sociale,
culturelle, religieuse et spirituelle qui
dépasse leur valeur financière. Souvent les
systèmes statutaires et les droits officiels
ne parviennent pas à reconnaître et
protéger ces valeurs, et négligent le rôle du
Participation communautaire à la gestion des terres: le cas du
Mozambique9
Bien que la terre appartienne à l’Etat depuis 1975, la Loi agraire du Mozambique (1997)
reconnaît le régime foncier coutumier, tout en encourageant un investissement et une
utilisation des terres durables et équitables par des droits sûrs et applicables dans une
économie de marché. Cette loi est novatrice dans la mesure où elle:
 englobe tous les droits de jouissance des terres dans la catégorie des droits d’utilisation
et d’appropriation des terres (DUAT − direito de uso e aproveitamento da terra);
 reconnaît et protège, même sans enregistrement, les droits obtenus par l’occupation
sous le système coutumier et “de bonne foi”;
 offre une approche flexible pour prouver et définir les DUAT;
 établit les droits et obligations des populations locales à participer aux processus
d’allocation des terres.
Pour doter les populations de pouvoirs juridiques et garantir la reconnaissance des
institutions et des droits coutumiers existants par les investisseurs, la Loi permet de
déposer verbalement pour prouver les DUAT existants ou de délimiter les frontières de
terrains de communautés, selon une approche participative. La pression qui pèse sur
la terre, la croissance économique et les investissements privés dans l’agriculture et le
tourisme font acquérir des DUAT par l’occupation, ce qui est particulièrement favorable aux
pauvres relativement ignorés et vulnérables aux expropriations. Grâce à cette approche
flexible et participative de formalisation, l’enregistrement devient partie intégrante d’un
vaste ensemble de stratégies qui offre aux pauvres un régime foncier plus sûr et renforce
les actions collectives de gestion des terres du Mozambique.
partage des ressources dans la cohésion
sociale et la gestion durable des ressources
naturelles.10
Quelles sont les options
politiques?
Garantir une volonté
politique et des engagements
financiers
L’engagement des gouvernements,
des donateurs et de la communauté
internationale, mais aussi le large
soutien de différents groupes sociaux
et en particulier des plus puissants sont
fondamentaux pour permettre aux pauvres
de bénéficier de la politique agraire.
Réforme politique et redistribution des
terres sont des questions éminemment
politiques, dans la mesure où elles
affectent profondément la distribution des
pouvoirs et des richesses. Etant donné la
diversité des systèmes agroécologiques
et aquatiques, mais aussi des contextes
sociaux, historiques et politiques, on ne
peut pas imaginer un modèle unique qui
conviendrait à toutes les situations. Les
lois et réglementations nationales doivent
reconnaître la multiplicité des droits
et la coexistence de régimes fonciers
statutaires et coutumiers, s’adapter et
s’appuyer sur des normes coutumières
pour permettre des variations selon les
régions. Dans certains cas, il ne sera pas
du tout nécessaire d’enregistrer la terre: il
sera plus urgent de clarifier les droits sur
la terre ou autres ressources disputées
en zones périurbaines ou à fort potentiel,
quand les parties prenantes ne sont pas
totalement couvertes par les systèmes
coutumiers. Consulter les parties prenantes
(autorités traditionnelles, propriétaires
terriens, femmes, fermiers, métayers,
travailleurs ruraux, sans-terres, pasteurs,
pêcheurs et populations forestières) à
des étapes clés du processus de réforme
peut rendre les différents systèmes plus
cohérents entre eux, permettre aux pauvres
de mieux bénéficier des réformes, tout en
garantissant un sens d’appartenance et de
légitimité politique.
Viser les plus pauvres et les
plus marginalisés
Promouvoir des accords sur le mode de
faire-valoir des terres et des ressources
naturelles, y compris les systèmes de
propriété commune, qui reconnaissent
et protègent les droits des populations
indigènes, des pasteurs et d’autres groupes
démunis. Soutenir les mécanismes et les
législations garantissant les droits primaires
et secondaires qui s’avèrent fondamentaux
pour les plus pauvres et les plus
marginalisés. Créer, revoir et faire appliquer
des lois qui garantissent la propriété des
femmes et les droits d’héritage, tout en
encourageant des changements d’attitude
favorisant un accès aux ressources plus
équitable entre les sexes pour réduire la
discrimination en termes d’accès à la terre,
d’occupation, d’utilisation et de transaction.
Encourager la durabilité
économique et le bon
fonctionnement des marchés
Même quand les droits sont garantis, un
environnement institutionnel favorable
s’impose pour s’assurer que les
propriétaires terriens et les utilisateurs
puissent accéder aux intrants agricoles, aux
services, aux marchés de produits finis, aux
mécanismes et services de transformation,
de stockage et de transport permettant de
tirer un profit économique des ressources
naturelles. Sans ces profits, les utilisateurs
de ressources risquent de perdre leurs
droits par la vente ou l’empiètement.
Partager les bénéfices des
ressources naturelles d’Etat
avec les communautés
locales
Compenser les communautés - habitant
autour de parcs, de réserves sauvages, de
pêche ou de forêts - d’expropriations, de
pertes ou d’endommagements de cultures
dues à la faune et à la flore sauvages. Faire
participer les communautés locales au
maintien de l’ordre et à la surveillance pour
garantir un suivi efficace des forêts, des
réserves côtières et d’autres zones, et offrir
des mesures incitatives pour s’assurer que
les autorités concernées agissent contre
les infractions. Là où cela est possible et
viable en terme environnemental, permettre
aux communautés locales de bénéficier
de droits sélectifs d’accès, de récolte et
de passage à travers des zones multiusages pour les inciter à préserver leurs
ressources.
Simplifier les systèmes
juridiques pour favoriser une
administration plus efficace
et des pouvoirs juridiques
Les politiques et les systèmes juridiques
devraient garantir des droits clairs et
applicables d’utilisation, de propriété
et d’accès aux ressources naturelles.
Promouvoir des interventions qui non
seulement assurent des normes et des
réglementations cohérentes, mais aussi
garantissent aux pauvres un accès aux
systèmes et aux procédures juridiques,
comme au Mozambique,9 par des
approches de développement territorial
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
les droits de propriété rurale
participatif et négocié. Promouvoir la
cohérence du système statutaire et
rationaliser les différentes sources et
entités règlementaires en termes de gestion
et d’accès aux ressources naturelles
Rendre les services
juridiques ou para-juridiques
et les tribunaux locaux plus
accessibles et abordables
Oter ou réduire les contraintes d’accès aux
services juridiques (comme la distance,
la bureaucratie apparente ou réelle) et le
coût financier. Rendre le système juridique
plus fiable, notamment en renforçant les
capacités des communautés à réclamer,
défendre et optimiser leurs droits à
la terre et aux ressources naturelles.
Garantir des systèmes de résolution des
disputes rapides, responsables, réactifs
et applicables. Renforcer les mécanismes
de résolution des disputes coutumiers ou
alternatifs, comme une façon de protéger
les droits des plus démunis.
Renforcer le suivi et les
capacités de l’administration
chargée de mettre en vigueur
les lois
Renforcer les capacités administratives
en matière de cadastre, d’enregistrement
des terres, d’institutions et de services
agraires coutumiers. Garantir la viabilité
administrative des réformes, mettre de côté
les ressources financières nécessaires et
suivre leur mise en oeuvre. Montrer ce qui
est mieux géré sous les régimes coutumiers
et réduire le rôle des administrations
nationales surchargées et en sous-effectifs
aux tâches indispensables ne pouvant
être conduites par un régime coutumier.
Sensibiliser les médias, les radios rurales,
les écoles et la société civile, leur offrir
formations et informations pour orienter
l’opinion publique, les comportements, les
normes et les attitudes envers les droits
des populations pauvres, mais aussi sur la
responsabilité des prestataires de service
public à faire valoir ces droits. Publier et
diffuser les modalités en langues locales,
en collaboration avec l’administration locale
responsable de la mise en oeuvre.
Engagements
internationaux
Lors de la Conférence internationale sur la
réforme agraire et le développement rural
(CIRADR) de 2006, 92 gouvernements ont
4
L’ADRD et... les droits de propriété rurale
convenu de soutenir la réforme agraire
et le développement rural pour favoriser
cohésion sociale, sécurité alimentaire,
croissance économique et réhabilitation
de l’environnement, tout en réduisant les
conflits et la pauvreté (www.icarrd.org).
L’Article 14 de la Convention pour
l’élimination de toutes les formes de
discrimination contre les femmes (1979)
affirme que les Etats assureront le droit des
femmes des zones rurales à une égalité
de traitement dans la réforme foncière et
agraire. (www.un.org/womenwatch/daw/
cedaw/).
La Commission pour l’habilitation juridique
des pauvres vise à étendre à tous le droit à
la protection juridique et aux opportunités
économiques, y compris les droits de
propriété sur les ressources naturelles, et
ce d’ici 2008. (http://legalempowerment.
undp.org).
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
Paul Munro-Faure
[email protected]
Rebecca Metzner
[email protected]
Fonds international de développement
agricole (FIDA)
Harold Liversage
[email protected]
Resource Conflict Institute (RECONCILE)
Michael Ochieng Odhiambo
[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Paola Termine en
collaboration avec R. J. de la Rosa, D. Palmer,
V. Mosoti, V. Evtimov, E. Distefano et bien
d’autres (voir Contacts).
FAO. 2004. La situation
des marchés des produits agricoles 2004.
Rome.
2
DFID. 2005. Growth and poverty reduction:
the role of agriculture, Dossier politique de
DFID. DFID, UK.
3
FIDA. 2001. Rapport sur la pauvreté rurale.
Rome, Fonds international de développement
agricole (FIDA).
4
FAO. 2006. Reclaiming our lives – HIV and
AIDS, women’s land and property rights and
livelihoods in southern and eastern Africa de
1
Outils et ressources
FAO Régimes fonciers et gestion:
http://www.landtenure.info/forestry/
site/32751/fr/
FAOLEX: http://faolex.fao.org/faolex_fra/
index.htm
Reseau global des outils pour la terre:
http://www.gltn.net/
Initiative pour l’action collective et les
droits de propriété:
http://www.capri.cgiar.org/
Institut international pour
l’environnement et le développement:
http://www.iied.org/
Coalition internationale pour l’accès à la
terre: http://www.landcoalition.org/
FAO Régimes fonciers publications:
http://www.fao.org/nr/lten/lten_pub_
fr.htm
Izumi, K. Rome.
5
AIMS. 2003. The impacts of HIV/AIDS on
the agricultural sector and rural livelihoods in
northern Namibia. Rome, Africa Institutional
Management Services (AIMS) et FAO.
6
Banque mondiale. 2007. Doing business.
Etude disponible sur: http://francais.
doingbusiness.org/ExploreTopics/
RegisteringProperty/
7
Jayne, T.S., T. Yamano, M. Weber, D.
Tschirley, R. Benfica, A. Chapoto, B. Zulu.
2003. Smallholder income and land
distribution in Africa: implications for poverty
reduction strategies. Food Policy, 28: 253–
275.
8
FAO. 2006. Improving tenure security for the
poor in Africa, de McAuslan, P. Rome.
9
FAO. 2007. Improving tenure security for the
rural poor. Mozambique country case study,
de Norfolk, S., Tanner, C. Rome.
10
FAO. 2007. Cultural indicators of
indigenous people’s food and agro-ecological
systems, food security and sustainable
agriculture and rural development (SARD), de
Woodley, E. Crowley, E. Carmen, A. Dookie, C.
Rome.
11
FAO. 2007. The allocation of fishing rights:
an evolving issue. State of World Fisheries
and Aquaculture 2006.
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 8
2007
et...
les enfants et les jeunes
L’ ADRD
Le saviez-vous?
Le futur de l’agriculture et des zones
rurales des pays en développement
dépend des enfants et des jeunes
ruraux d’aujourd’hui. Il convient
d’accorder à ces jeunes générations
l’attention nécessaire et de leur
donner l’occasion de se développer
et de contribuer au bien-être, à
l’économie, à leur communauté
et à leur nation. Les jeunes sont
des partenaires fondamentaux
et précieux dans le processus de
développement. Leurs opinions et
leurs besoins doivent être intégrés
dans la politique de développement
agricole, sur un plan national et
international.
 Dans les pays en développement, les enfants et les jeunes âgés de moins de 25
ans constituent plus de la moitié de la population totale.7 Les jeunes de 15 à 24 ans
représentent 18% de la population mondiale.6
 Plus de la moitié des jeunes du monde entier vivent dans les zones rurales de pays en
développement.1 En Afrique subsaharienne et en Asie du sud, jusqu’à 70% des jeunes
vivent en zones rurales et la moitié des jeunes qui commencent à travailler font partie
de la main-d’œuvre agricole.1
 En 2004, près de la moitié des jeunes du monde entier vivaient, probablement comme
personnes à charge, avec moins de 2 dollars EU par jour; 6,7 20% vivaient dans une
situation de pauvreté absolue avec moins de 1 dollar EU par jour. 7
 Chaque année, 11 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent de maladies qu’il
serait souvent possible d’empêcher. 7 La plupart de ces enfants vivent en zones rurales
où les taux de pauvreté sont très supérieurs aux zones urbaines. 6,7
 Les enfants sont plus sujets que les adultes aux accidents, aux maladies et aux
handicaps lorsqu’ils sont exposés aux outils dangereux, aux produits chimiques et aux
températures excessives qui caractérisent l’agriculture.
 Entre 130 et 140 millions de jeunes sont illettrés. 7
 Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), 93% des travaux proposés aux
jeunes des pays en développement font partie de l’économie informelle où les revenus
sont inférieurs, les conditions de travail plus risquées et l’accès à une protection sociale
réduite voire inexistante.6
istock, Richard Churchill
Pourquoi faut-il agir?
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
 Bien que le futur leur appartienne,
les jeunes d’aujourd’hui ne captent
pas l’attention nécessaire dans les
politiques de développement nationales
et internationales,1,3 notamment
celles concernant les zones rurales
et l’agriculture. Par exemple, les
chapitres consacrés à ces thèmes
dans les documents de stratégie
pour la réduction de la pauvreté
traitent rarement des questions de
jeunes,1 notamment de pauvreté,1,
6
et leurs suggestions pour l’emploi
des jeunes se concentrent surtout
sur les jeunes urbains.1 Les points de
vue et les besoins des enfants et des
jeunes doivent être intégrés 1,2,4 et leur
participation accrue dans la conception
et la mise en oeuvre de politiques
et de programmes agricoles et de
développement rural.
 Partout dans le monde, de très
nombreux jeunes quittent les
communautés rurales. Les zones rurales
perdent ainsi la jeune main-d’oeuvre
productive 3, 4 qui serait essentielle
au développement durable. Il est
urgent d’offrir une éducation et une
formation adaptées et des opportunités
professionnelles permettant aux jeunes
2
de rester, travailler et prospérer en
zones rurales, voire de développer des
moyens d’existence en zones rurales et
urbaines.1,2
 La proportion d’enfants, de filles en
particulier, qui suivent ou complètent
une éducation de base est inférieure
en zones rurales qu’en zones urbaines.
6
Quand les enfants des zones rurales
vont à l’école, leur programme est
rarement adapté au contexte et aux
besoins spécifiques. Il est souvent peu
question d’agriculture, tandis que les
professions et les modes de vie urbains
sont encouragés.1,4 L’enseignement de
type scolaire en zones rurales doit viser
à apporter aux enfants les compétences
et connaissances nécessaires aux
moyens d’existence ruraux et à
l’agriculture.1,4,7
 Les décideurs politiques, les agents de
développement et la société en général
ont souvent des idées préconçus sur les
jeunes, les considérant problématiques
et non fiables.4,6,7 Les multiples qualités
des jeunes − créativité, énergie,
L’ ADRD et...
les enfants et les jeunes
adaptabilité, capacité et envie d’étudier
2,3,4
− devraient être reconnues. Les
jeunes sont des agents de changement
efficaces, une source d’idées et une
solution pour le développement
durable. 2,3,4,6
Quels sont les objectifs
politiques?
 Intégrer les enfants et les jeunes
comme des groupes prioritaires
nécessitant une attention particulière
avec des politiques et des programmes
de développement ciblés.
 S’assurer que tous les principaux
programmes, politiques et
investissements en matière de
développement sont planifiés en
consultant les jeunes et en tenant
parfaitement compte de leurs opinions,
de leurs besoins et de l’impact possible
des programmes sur eux.
 Faire participer les jeunes (hommes et
femmes) à l’élaboration de politiques
et à la prise de décisions rurales et
agricoles au niveau communautaire,
national et international.
 Offrir aux enfants et aux jeunes ruraux
des programmes éducatifs, de formation
parascolaire ou de volontariat adaptés
valorisant l’agriculture et la vie rurale,
tout en permettant aux jeunes de
développer des moyens d’existence
ruraux et urbains.
 Faciliter l’accès des jeunes - y compris
s’il leur manque un enseignement de
type scolaire - aux emplois formels en
offrant des postes d’apprenti et des
programmes de formation.
 Offrir aux jeunes ruraux, en particulier
aux femmes, l’accès à la terre et aux
services financiers accessibles aux
adultes.
Les jeunes: définitions et
statistiques
Dans les pays en développement, la
population totale d’enfants et de jeunes de
moins de 25 ans atteignait 2,7 milliards
en 2005. Parmi eux, un peu plus d’1
milliard seulement sont considérés comme
“jeunes” selon la définition officielle des
Nations Unies qui comprend les personnes
de 15 à 24 ans.7 On compte 1,3 milliard
de jeunes susceptibles d’être scolarisés,
âgés de 5 à 18 ans, et un peu plus de 500
millions d’enfants de moins de 5 ans.8
2
L’ADRD et... les enfants et les jeunes
Les questions
politiques
Les jeunes ne sont pas
écoutés
Bien que les jeunes travaillent et
contribuent au foyer et à la communauté,
2,3
leurs opinions et besoins sont souvent
ignorés.1,4 Les adultes, hommes en
particulier, qui ont davantage accès aux
principaux services agricoles et financiers,3
tendent à contrôler les ressources 4 et
à dominer la prise de décisions 1 au
sein du foyer, de la coopérative et plus
généralement de la communauté. 4
Avec l’âge, le rôle et l’accès d’un jeune
homme aux ressources socioéconomiques
s’accroît, tandis que ceux des femmes
habituellement diminue.1 La plupart des
efforts menés en faveur du développement
agricole et de la réduction de la pauvreté
ont visé les chefs de familles hommes. Si
les femmes adultes sont de plus en plus
intégrées, les jeunes et surtout les filles
sont encore écartés. 4
Des opportunités
professionnelles inégales et
limitées
Si les jeunes représentent un quart de la
population mondiale en âge de travailler,6
leur taux de chômage est supérieur à
celui des adultes dans la plupart des
pays,3 souvent en raison d’une expérience
professionnelle et d’une éducation
limitées, voire de discrimination.6,7 88 à
96 millions de jeunes sont sans emploi,6,7
représentant la moitié du nombre total
de chômeurs dans le monde.6 Les jeunes
n’ont pas un accès adapté aux emplois
formels et leurs stratégies de gagne-pain
dans une économie informelle sont souvent
temporaires, à court terme, contraignantes
et risquées.4,6 Dans les zones rurales
de pays en développement, les jeunes
participent à une grande variété d’activités
agricoles ou non.1 Leur principal problème
est le chômage, car ces activités sont
souvent peu rémunératrices1 et les jeunes
ayant un bon niveau d’instruction souvent
n’ont pas l’occasion de mettre à profit leurs
compétences en zones rurales. 4
Moyens d’existence ruraux
ou urbains, et migrations
Les jeunes ruraux élaborent de plus en
plus des stratégies de moyens d’existence
ruraux et urbains, ce qui cause de
longs trajets quotidiens, voire un exode
rural ou une émigration temporaires ou
permanents1,2,3,4,6. La migration des jeunes
et des adultes présente des aspects
positifs et négatifs. Une grande majorité
des migrants ruraux s’installent dans les
bidonvilles surpeuplés de grandes villes,6
alors que les communautés rurales perdent
leur capital humain vital.3,4 La perte de
jeunes travailleurs productifs engendre
le vieillissement des zones rurales.2 Si
les migrations offrent souvent aux jeunes
de nouvelles opportunités,2 cela leur
permet d’envoyer des remises à leur
famille en zones rurales et améliorera les
conditions de vie là-bas.1,6 La décision de
migrer dépend d’un ensemble de facteurs
internes et externes. Il est important de
souligner que les migrations ne sont pas
toujours le choix privilégié des jeunes; 2
beaucoup préféreraient continuer à vivre
et à cultiver la terre dans leur communauté
rurale.4 Il est donc essentiel d’accroître
les investissements en zones rurales et
dans l’agriculture pour créer davantage
d’opportunités professionnelles pour les
jeunes.
Les conditions rencontrées
par les jeunes filles et
femmes rurales
Les jeunes filles des zones rurales
connaissent une situation particulièrement
difficile. Les familles pauvres qui ne
peuvent pas se permettre d’envoyer tous
leurs enfants à l’école n’y envoient souvent
que leurs fils.4 Dès lors, les filles sont 2
fois plus susceptibles que les garçons de
ne pas terminer leur scolarité voire de ne
pas aller à l’école.3 En outre, les filles des
zones rurales se marient et ont des enfants
souvent très jeunes.1,8 46% des femmes
rurales des pays en développement qui
ont aujourd’hui entre 20 et 24 ans se
sont mariées encore enfants, avant l’âge
de 18 ans.8 En 2004, 14 millions des
naissances enregistrées dans les pays en
développement (17% du total) reviennent
à de jeunes mères ayant de 15 à 19 ans.7
L’incidence du VIH est toujours supérieure
chez les jeunes femmes que chez les
jeunes hommes7 en raison notamment d’un
moindre pouvoir de négociation. En Afrique
subsaharienne, 76% des 6,2 millions
de jeunes vivant avant le VIH sont des
femmes.7
VIH, SIDA et orphelins
Sur environ 5 millions de nouvelles
infections par le VIH chaque année dans
le monde, la moitié touche les jeunes.3,7
Pourtant, hormis dans quelques pays à
fort taux de prévalence, l’incidence du VIH
demeure faible chez les jeunes ruraux.1
L’Afrique subsaharienne est la région la
plus affectée par le VIH/SIDA, avec environ
12 millions d’enfants de moins de 18 ans
qui ont perdu leurs 2 parents de cette
maladie.7,8 Le VIH/SIDA force les enfants à
quitter l’école et à travailler pour s’occuper
de leurs parents malades et porter de
l’argent à la famille. Orphelins, ces enfants
deviennent chefs de famille, vivant souvent
dans des conditions misérables,2 de
stigmatisation et de discrimination.
Quelles sont les options
politiques?
Plus d’accès à l’éducation
de base
Les enfants des zones rurales de pays en
développement, en particulier ceux de
familles pauvres, doivent prendre sur eux
des tâches et responsabilités d’adulte et
commencer à travailler plus jeunes.1,2,4
Ainsi, une forte proportion des enfants
ruraux, en particulier les filles, ne finissent
pas leur scolarité, voire ne vont jamais à
l’école.6 Il est essentiel que tous les enfants
aient accès à une éducation de base et
puissent terminer ce cycle pour savoir lire,
écrire et compter.1,4 Différentes actions
peuvent accroître la scolarisation en zones
rurales, particulièrement celle des enfants
pauvres. Parmi les méthodes efficaces,
citons les programmes d’alimentation
scolaire, les aides financières aux familles
pauvres et l’ajustement de la journée
scolaire pour permettre aux enfants
d’effectuer d’autres tâches.
Une éducation et une
formation pour développer
des compétences adaptées
Il est essentiel non seulement d’apporter
aux enfants les compétences qui leur
serviront à développer des moyens
d’existence urbains, mais aussi de s’assurer
que les programmes d’enseignement
de type scolaire ou non 9 et les services
culturels des zones rurales valorisent
les professions agricoles et rendent les
moyens d’existence ruraux attractifs pour
les jeunes.1,2,4,6,7 Les champs agricoles
peuvent servir de salles de classe
supplémentaires,4,6 pour enseigner non
seulement l’écologie, la gestion des
ressources naturelles et l’environnement,
Une éducation novatrice pour les zones rurales


L’approche couronnée de succès des écoles pratiques d'agriculture, fondée sur un
apprentissage sur le tas dans les champs agricoles, sur les propres connaissances
des agriculteurs et sur l’observation directe a été adaptée aux enfants et aux jeunes
sous la forme d’école pratique d'agriculture et de vie pour jeunes agriculteurs. Dans
7 pays africains, ces écoles aident les jeunes de moins de 18 ans orphelins du
SIDA qui ne peuvent plus recevoir les connaissances et compétences agricoles de
leurs parents. Les enfants apprennent la gestion des sols, de l’eau et des éléments
nutritifs, l’élevage et la transformation de biens agricoles, mais aussi l’égalité des
sexes, la prévention et la réduction du VIH/SIDA.
En zones rurales où l’enseignement de type scolaire est limité et où une grande
proportion de la population est illettrée, la radio locale peut être un moyen efficace
d’éducation, de communication et de développement. Plusieurs projets ont formé
des jeunes aux technologies de l’information et au maniement de stations de
radio, avant de les encourager à eux-mêmes rechercher et produire des émissions
radiophoniques.4 Les jeunes choisissent des thèmes qui les intéressent, interviewent
des habitants locaux et apprennent une série de compétences importantes allant de
l’informatique à la prise de parole en public.4
mais aussi les mathématiques, le recueil et
l’analyse de données ou encore les thèmes
de santé ou de société.4 Les formations
sur le tas, agricoles ou professionnelles
sont particulièrement efficaces, permettant
aux jeunes ruraux de développer les
compétences et connaissances dont ils ont
besoin pour l’agriculture ou autres activités
rurales.4 Intégrer l’apprentissage agricole à
un enseignement de type scolaire ou mener
les deux en parallèle constituent également
des moyens efficaces de renforcer les
liens entre les jeunes générations, les
ménages et les communautés rurales ou
urbaines,4,6,10 tout en transmettant des
connaissances, des informations et de
nouvelles techniques par les enfants aux
générations plus âgées.2,4
L’accès aux ressources
productives
Afin que les jeunes puissent se débrouiller
seuls, davantage d’éducation et de
formation s’imposent.1 Il est tout aussi
essentiel de rendre des ressources
comme la terre et les services financiers
disponibles et accessibles aux jeunes,
en particulier aux jeunes femmes.1,2,3,4,5,7
Généralement, les instituts financiers
officiels ne font pas confiance aux jeunes,
leur demandant le nantissement qui
fait défaut à la plupart.2,6 Ces pratiques
doivent changer et l’offre de micro-crédit,
de bourses et de prêts doit être étendue
aux jeunes1,2,6,7 de façon flexible pour leur
permettre de choisir comment utiliser
ces fonds: pour l’éducation, la santé, le
logement et/ou l’investissement dans des
entreprises ou des activités productives.6
Le manque d’accès des jeunes à la terre
est un facteur critique qui risque de les
empêcher de développer des moyens
d’existence agricoles.5 Hériter est souvent
la seule façon pour eux d’avoir accès à la
terre, mais beaucoup de filles en particulier
héritent de très peu de terres, voire
d’aucune et deviennent alors des sansterres.1 Face à cette situation, une réforme
agraire prenant en compte la situation et
les besoins des jeunes pourra s’avérer
nécessaire.5 Des subventions, prêts de
terres ou baux pourraient être offerts à
des associations de jeunes 3 pour une
agriculture en coopérative. Des partenariats
peuvent être créés entre les agriculteurs
qui possèdent des terres mais manquent
de main-d’œuvre et les jeunes ruraux sans
accès à la terre.4
Les politiques pour les
jeunes
Le Programme d’action mondial pour la
jeunesse présente plusieurs propositions
intéressantes pour tous les gouvernements
qui souhaitent soutenir la jeunesse rurale.
Au niveau national, le développement
des jeunes requiert une approche
intersectorielle faisant participer différents
départements et ministères.6 Pour aider
à coordonner les politiques, une agence
chef de file ou des points focaux devraient
être établis dans différents ministères.6
Les jeunes formant un groupe hétérogène,
les politiques les concernant doivent
reconnaître leurs besoins différents selon le
sexe, l’âge (âge d’être scolarisé ou plus) et
les caractéristiques socio-économiques.1,2,6
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
les enfants et les jeunes
Organisation et
représentation de jeunes
Outils et ressources
Programme des Nations Unies pour
la jeunesse: http://www.un.org/esa/
socdev/unyin/french/index.html
On doit écouter les opinions et besoins
des jeunes et les prendre en compte
tout au long du processus politique.
Pour cela, les jeunes doivent être aidés
à former et renforcer des organisations
représentatives 1,6 Les gouvernements et
les agences de développement doivent
reconnaître la contribution vitale des
jeunes et les encourager à participer à
l’identification de problèmes politiques
et à la proposition de solutions. En outre,
des partenariats avec des organisations
de jeunes doivent être créés pour mettre
en œuvre des programmes agricoles et de
développement rural.4
Plateforme des jeunes professionnels
de recherche agricole pour le
développement: http://www.ypard.org/
Education pour les populations
rurales, FAO:
http://www.fao.org/sd/erp/index_fr.htm
Ecoles pratiques d’agriculture et de vie
pour jeunes agriculteurs, FAO:
http://www.fao.org/bestpractices/
content/11/11_04_fr.htm?lang=fr
Réseau mondial des écoles pratiques
d’agriculture et centre de ressources:
http://www.farmerfieldschool.info/
Faciliter l’entrée dans
l’économie formelle
Il convient d’offrir davantage d’occasions
aux jeunes d’accéder à un travail officiel,
et ce, en créant des postes de stagiaire
ou d’apprenti avec des sociétés et des
entrepreneurs locaux 6 et en offrant
des cours de formation professionnelle
après l’école 1 permettant d’intégrer les
jeunes un peu plus âgés, ceux qui n’ont
pas terminé un enseignement de type
scolaire ou qui n’ont pas été à l’école. 6
Il convient également de reconnaître et
de valider davantage les connaissances
et compétences acquises lors d’un
apprentissage non scolaire sur le tas et
professionnel.6
Capitaliser sur les jeunes
ruraux instruits
L’économie des pays en développement
peut s’améliorer grâce aux industries
de transformation agricole et à leur
commercialisation au sein de marchés
urbains et régionaux prospères. Problème
commun, les compétences et l’éducation
nécessaires à la gestion de telles activités
font défaut aux adultes des zones rurales.2
Une “occasion en or” s’offre: lier les
programmes d’éducation et de formation
des jeunes aux entreprises de production
rurales afin qu’ils puissent appliquer
localement leurs nouvelles compétences
et ne soient plus forcés de migrer en
zone urbaine.2 Les gouvernements et les
agences de développement doivent donc
investir davantage dans les entreprises de
production, les industries, les coopératives,
les groupes de distribution et de
commercialisation ruraux.
4
L’ADRD et... les enfants et les jeunes
BIT Réseau d’emploi des jeunes:
http://www.ilo.org/yen/
Mouvement International de la Jeunesse
Agricole et Rurale Catholique (MIJARC/
IMCARY): http://www.mijarc.org/index.
php?id=9&L=2
Réseau Global Action Jeunesse (GYAN):
http://www.youthlink.org/gyanv5/fr/
Coalition mondiale des jeunes contre le
VIH/SIDA (GYCA):
http://www.youthaidscoalition.org/
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
Département des affaires économiques
et sociales des Nations Unies
Point focal Programme des Nations Unies
pour la jeunesse
Patience W Stephens
[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Sofia Naranjo en
collaboration avec M. Villarreal (FAO), P. Hurst
(OIT), J. Larsen (Programme des Nations
Unies pour la jeunesse, Département des
affaires économiques et social) et d’autres
(voir Contacts).
FIDA. 2007. Promoting livelihood
opportunities for rural youth, knowledge
and skills for development. Rome, Fonds
1
international de développement agricole
(FIDA).
2
FAO. 1995. Comparative international
analysis of rural youth policy in developing
countries: Coping with diversity and change.
In Consultation d’experts sur les programmes
de vulgarisation en faveur de la jeunesse
rurale et du développement durable. J. Cook,
ed. Rome.
3
FAO. 1999. Les jeunes contre la faim:
Journée mondiale de l’alimentation et
TeleFood 1999 soulignant les contributions
et le potentiel des jeunes. Rome.
4
Information Centre for Low-External-Input
and Sustainable Agriculture (ILEIA). 2004.
A new generation of farmers. Low-External
Input Sustainable Agriculture (LEISA), 20(2).
5
Mouvement International de la Jeunesse
Agricole et Rurale Catholique (MIJARC).
2006. Rapport annuel 2006. Belgique.
6
Nations Unies. 2006. Guide to the
implementation of the World Programme of
Action for Youth. New York, Département des
affaires économiques et sociales des Nations
Unies.
7
Nations Unies. 2005. Rapport mondial sur
la jeunesse 2005: les jeunes aujourd’hui et
en 2015. New York, Département des affaires
économiques et sociales des Nations Unies.
8
UNICEF. 2007. La situation des enfants
dans le monde. New York, Fonds des Nations
Unies pour l’enfance (UNICEF).
9
Nations Unies. Assemblée Générale du
Conseil économique et social, 62ème session,
2006. Rapport du Secrétaire général sur
la mise en oeuvre du Programme d’action
mondial pour la jeunesse à l’horizon 2000
et au-delà “Goals and targets for monitoring
the progress of youth in the global economy”.
Assemblée Générale du Conseil économique
et social, 2007 Addendum au rapport du
Secrétaire Général.
10
Nations Unies. Supplément au Programme
d’action mondial pour la jeunesse à l’horizon
2000 et au-delà, Assemblée Générale du
Conseil économique et social, 2007.
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 7
L’ ADRD
2007
et...
le changement climatique
Le saviez-vous?
 Depuis le milieu du 18ème siècle, l’homme est responsable de l’accroissement de
la concentration des principaux gaz à effet de serre dans le monde, modifiant ainsi
l’équilibre des énergies qui pénètrent et quittent notre système atmosphérique. Le
dioxyde de carbone (CO2) a augmenté de 35% depuis l’ère préindustrielle, le méthane
(CH4) de 148% et l’oxyde nitreux (N2O) de 18%.
 Lors des 100 dernières années (1906-2005), la température moyenne sur la planète a
augmenté d’environ 0,74ºC. Les 50 dernières années représentent le demi-siècle le plus
chaud des 1 300 dernières années.1
 L’augmentation de la concentration de CO2 à l’échelle de la planète est surtout due à
l’utilisation de combustibles fossiles et au changement de mode d’utilisation des terres.
La déforestation, notamment, est responsable de 17,4% des émissions de CO2,2 tandis
que l’augmentation de CH4 et N2O est principalement imputable à l’agriculture.
 En 2005, l’agriculture était responsable de 10 à 12% des émissions de CO2 dans le
monde.2 L’élevage joue également un rôle majeur: 37% de la quantité de CH4 et 65% du
N2O produits par l’homme lui sont imputables.3
 L’agriculture et les forêts contribuent aussi à atténuer le changement climatique, en
retenant le CO2. Par exemple, remettre en état 2 000 millions d’hectares de terres
dégradées pourrait compenser 3% du carbone émis chaque année dans le monde
(estimé à 3 000 millions de tonnes par an).4
 Le changement climatique affecte l’agriculture: on prévoit que 11% des terres arables
non irriguées dans le monde seront perdues et 65 pays en développement pourraient
perdre environ 280 millions de tonnes de production céréalière d’ici 20855.
 Le changement climatique serait responsable de nombreuses crises de ravageurs
forestiers, du dépérissement des forêts, mais aussi de plus longues périodes d’incendies
et de l’altération de la variété des espèces forestières.
L’agriculture et le changement climatique
ont une influence mutuelle. Il est urgent de
mettre en œuvre une gestion des ressources
naturelles et des politiques d’ADRD qui
atténuent le changement climatique et
permettent aux petits producteurs agricoles,
aux forestiers et aux pêcheurs de s’adapter à
ses effets néfastes.
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural sont
durables lorsqu’ils respectent l’environnement,
sont économiquement viables, socialement
justes, culturellement appropriés, humains et
fondés sur une approche scientifique globale.
Les politiques de développement rural
doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels
et autres besoins humains des générations
actuelles et futures, maintenir – voire si
possible accroître – les capacités de la base
de ressources naturelles à produire et à se
régénérer. Ces politiques doivent également offrir
un emploi durable à ces générations, réduire leur
vulnérabilité et renforcer leur autonomie.
Pourquoi faut-il agir?
 Avec le Protocole de Kyoto, les pays
développés se sont engagés à réduire,
entre 2008 et 2012, leurs émissions de
gaz à effet de serre de 5% par rapport
au niveau de 1990. Mais des réductions
d’émissions bien supérieures (60%
pour le CO2, 15 à 20% pour le CH4, 70 à
80% pour le N2O) sont nécessaires pour
stabiliser la concentration de gaz à effet
de serre au niveau actuel6.
 Bien que les pays développés soient
responsables de la plupart des
émissions de gaz à effet de serre, les
nations subtropicales plus pauvres
risquent d’être les plus touchées.
Elles sont plus vulnérables car elles
ont moins de ressources à investir
pour renforcer les capacités qui leur
permettraient de s’adapter.
 Ces dernières décennies, la
variabilité du climat et le changement
climatique sont devenus lourds de
conséquences.7 A faible latitude, le
changement climatique – qui impacte
sur la disponibilité, l’utilisation, la
stabilité de la nourriture et sur son
accès – exposera davantage de
personnes à la faim. Les tendances
du commerce alimentaire en seront
bouleversées: les rendements agricoles
devraient s’accroître dans les zones
tempérées avec un réchauffement
de 1 à 3ºC, tandis que dans les pays
en développement, l’augmentation
globale des températures combinée
aux catastrophes (sécheresses,
lourdes précipitations et cyclones
tropicaux de forte intensité) réduiront
la productivité agricole et accélèreront
la reproduction et la prolifération des
ravageurs et pathogènes, provoquant
ainsi l’émergence de maladies parmi les
cultures et l’élevage5,8 (Figure 1).
 Les effets indirects de la variabilité
et du changement climatiques sur
l’agriculture et les ressources forestières
sont les suivantes: plus forte réduction
de la biodiversité, modifications des
zones agro-écologiques en termes de
latitude et d’altitude, réduction des
services d’écosystème, dégradation
des terres, immersion de bonnes
terres agricoles en zones côtières
suite à l’augmentation du niveau
de la mer et l’eau salée (sachant
qu’une augmentation du niveau de
la mer d’un mètre transformerait
56 millions d’habitants de 84 pays
en développement en réfugiés
environnementaux).6, 8, 9
Quels sont les objectifs
politiques?
De nouvelles réformes politiques s’imposent
dans le secteur agricole et forestier pour:
 Atténuer - réduire les émissions de
gaz à effet de serre, remplacer les
combustibles fossiles par des énergies
renouvelables et retenir le carbone dans
les terres agricoles et les forêts; faciliter
l’adoption de systèmes de financement
novateurs (prévoyant des taxes pour
compenser l’émission de carbone) pour
remettre en état les terres dégradées
et promouvoir une gestion durable des
terres tout en augmentant la retenue de
carbone dans les sols et la biomasse;
L’ ADRD et...
le changement climatique
 Adapter - protéger et étendre les
services d’écosystème (pour purifier
l’eau ou prévenir l’érosion); accroître la
résilience des ressources naturelles;
promouvoir des stratégies de
réponse pour la production agricole
et l’élevage; aider les populations
rurales (surtout les plus vulnérables)
à sécuriser et diversifier leurs moyens
d’existence et renforcer leurs capacités
à s’adapter au réchauffement de la
planète.
Les questions politiques
Promulguer les conventions
internationales
La première phase du Protocole de Kyoto
(2008-2012) oblige seulement les pays
développés à réduire les émissions de
gaz à effet de serre – avec une exception
majeure, celle du mécanisme pour un
développement propre. Ce système flexible
a été créé par les négociateurs du Protocole
pour minimiser le coût de réduction des
émissions. Il permet à des entités publiques
ou privées de respecter les obligations du
Protocole, en investissant dans des projets
de mécanisme pour un développement
propre dans les pays en développement.
Dès lors, de tels projets peuvent non
seulement réduire les émissions, mais
aussi promouvoir un développement
durable dans le pays où le projet est mis
en œuvre. Grâce au mécanisme pour un
développement propre, les zones rurales
des pays en développement peuvent attirer
des investissements supplémentaires,
en générant des réductions certifiées
d’émissions commercialisables en
bioénergie, en agriculture et en forêts.
Jusqu’ici, environ un tiers de ces réductions
sont liées à la bioénergie, 9% à des projets
agricoles visant à réduire le méthane dans
la gestion des déchets animaux et dans
les agro-industries,12 tandis que les forêts
(afforestation et reforestation) qui en
représentent seulement 1%13 aujourd’hui
ont un potentiel bien supérieur. Une série
de contraintes au mécanisme pour un
développement propre limite encore les
investissements en faveur des pauvres:
par exemple, les coûts de transaction par
unité d’émission réduite sont supérieurs
pour les projets réalisés par plusieurs petits
exploitants agricoles.
Certifier et vérifier
La certification et la vérification des
réductions de gaz à effet de serre
s’imposent tant pour évaluer l’impact
des efforts de maîtrise et de respect
du Protocole de Kyoto, que pour mettre
Impact actuel et à venir de la variabilité et du changement
climatique sur l’agriculture
Impact actuel – Les effets nuisibles du réchauffement de la planète sur les agriculteurs ont
déjà été enregistrés.
 Plus de 11 millions de personnes en Ethiopie, à Djibouti, en Somalie et au Kenya
risquent d’être affamées, suite aux récentes sécheresses.
 Les pluies sporadiques lors de la saison des pluies de 2004-2005 ont causé de
sérieuses pénuries en eau dans les récoltes céréalières du Zimbabwe, du Malawi,
d’Angola et du Mozambique.
 Au moins 5 millions de personnes au Malawi furent menacées de faim en 2005, année
qui a connu la pire sécheresse de la décennie.
 Les pluies inférieures à la normale saisonnière qui ont débuté en décembre 2004 ont
causé de graves sécheresses dans les régions méridionales du Brésil, qui ont fortement
nui aux cultures du maïs et de graines de soja. L’état le plus au sud du Rio Grande do
Sul, l’un des plus prolifiques du pays en termes agricoles, a été le plus touché.7
Impact potentiel – Les agriculteurs de subsistance dans les zones exposées aux
sécheresses ou aux inondations et dans les zones marginales font partie des groupes les
plus vulnérables.6
 Les moyens d’existence quotidiens de 70% de la population africaine reposent sur des
terres sèches ou sub-humides.10 Pour eux, la perte de la biodiversité des terres arides
menacerait les ressources diversifiées dont ils dépendent.
 Les femmes des zones rurales, particulièrement celles qui vont chercher l’eau et gardent
les troupeaux, paieront un lourd tribut, car une érosion des ressources risque de réduire
les revenus, d’accroître leur charge de travail et de réduire le temps dont elles disposent
pour des activités rémunératrices agricoles ou non.11
2
L’ADRD et... le changement climatique
en oeuvre de réels programmes de
réglementation ou de subvention adaptés au
marché.14 La Convention cadre des Nations
Unies sur les changements climatiques
(CCNUCC) et d’autres organisations ont établi
des fonds de soutien aux gouvernements des
pays en développement pour inventorier les
émissions de gaz à effet de serre, mesurer
et certifier les actions visant à compenser de
tels gaz, pour faciliter les investissements en
mécanisme pour un développement propre
dans les projets d’atténuation.
La FAO aide à contrôler la retenue de carbone
dans les sols agricoles et en forêt, grâce
à l’Initiative sur l’observation du carbone
terrestre (www.fao.org/gtos/TCO.html), au
Système mondial d’observation terrestre
(www.fao.org/gtos/) et à l’Évaluation des
ressources forestières mondiales (www.fao.
org/forestry/site/1191/fr/).
Renforcer les capacités
institutionnelles
Il conviendrait de renforcer les capacités
nationales pour l’observation systématique
du climat, l’évaluation de la vulnérabilité, les
systèmes d’alerte rapide, la gestion du risque
de catastrophes, la formulation et la mise
en œuvre de projets de mécanisme pour
un développement propre. L’adaptation au
climat et les stratégies palliatives devraient
être transformées en réels programmes de
développement rural national et de gestion
des ressources naturelles, s’appuyant sur
les expériences acquises dans le monde du
développement. Il est tout aussi important
de garantir l’égalité des sexes, de définir des
interventions selon un processus participatif
centré sur la personne et de tenir compte du
savoir traditionnel, de l’accès aux ressources
et de la capacité des populations locales à
gérer les tensions et les catastrophes dues
au climat.
Sensibiliser
Les décideurs devraient informer les
vulgarisateurs, forestiers, pêcheurs,
agriculteurs et éleveurs sur: les implications
du changement climatique, les mesures
pratiques et technologies d’adaptation,
les possibilités d’améliorer la retenue du
carbone, les méthodes pour mesurer et
vérifier les résultats des efforts de gestion
des terres, les opportunités économiques
du commerce de réductions certifiées
d’émissions avec les pays industrialisés. Ces
informations devraient viser différents types
de cible et leurs responsabilités respectives.
Figure 1: Changement de
pluviométries dans le monde.
Changements disproportionnés
en précipitations lourdes (95%
fractile) ou très lourdes (99%
fractile) dans différentes régions,
GIEC (2007)
Quelles sont les options
politiques?
Atténuer le changement agricole
et climatique
Il est essentiel de contrôler et de réduire
les émissions de gaz à effet de serre
pour minimiser la gravité du changement
climatique et son impact. La CCNUCC
reconnaît le réel potentiel des terres
agricoles, des herbages et des forêts dans
la retenue du carbone. Les gouvernements
devraient introduire des politiques et
règlementations qui encouragent l’adoption
de pratiques durables en matière agricole
et forestière, susceptibles d’accroître
la retenue du carbone dans les sols
et la végétation, tout en améliorant la
productivité agricole, la sécurité alimentaire
et la durabilité de l’environnement.
Certaines pratiques agricoles ou de
gestion des terres contribuent à l’ADRD
en améliorant la fertilité des sols et la
productivité des terres, tout en aidant
à fortement atténuer le changement
climatique grâce à la retenue et au
stockage du carbone. Citons notamment:
la remise en état des terres dégradées,
la conversion de terres à faible potentiel
en herbages et prairies, le remplacement
de la culture itinérante en agroforesterie,
l’agriculture de conservation, la rotation
des cultures, la gestion des terres en
jachère, la préservation des étendues de
forêts actuelles, la prévention et le contrôle
des incendies de forêts, la meilleure
utilisation du bois, la reforestation et
l’afforestation, les cultures pour remplacer
les combustibles et éviter le surpaturage.4
Toute pratique doit être évaluée pour
chaque système agricole, dans la mesure
où il n’existe pas de solution applicable
unique ou universelle.2
Mesures politiques suggérées
pour atténuer le changement
climatique dans le secteur agricole





Conseiller sur les possibilités
de réduire ou d’optimiser la
consommation énergétique dans
l’agriculture et la foresterie, tout
en encourageant des alternatives
rentables aux combustibles fossiles.
Offrir des lignes directrices pour
accroître la retenue du carbone,
notamment dans le cadre de la
gestion des terres, par des mesures
financières.
Créer un lien direct entre les
subventions et les mesures de
conservation des sols (les sols
constituant le plus grand réservoir
dans le cycle du carbone terrestre),
en adaptant les taux pour les terres
gravement ou très gravement
dégradées.
Réduire les émissions en évitant
la déforestation et en éliminant les
crédits aux cultures de terres qui ont
été privées de leurs forêts.
Revoir la législation fiscale existante
sur les terres et accroître les taxes
sur les modes de production non
durables.4
Des politiques devraient être appliquées
pour encourager l’adoption de stratégies
pour pallier les conditions climatiques
adverses actuelles et à venir, tout en
réduisant la vulnérabilité de communautés
rurales dépendantes de l’agriculture de
subsistance forte consommatrice de main
d’oeuvre, des forêts et de la pêche.
Mesures d’adaptation pour le
secteur agricole





Agriculture et adaptation au
changement climatique
L’impact du réchauffement de la planète
existe déjà et devrait s’intensifier, même si
le réchauffement était vraiment atténué. Il
est d’autant plus crucial de s’y adapter pour
atteindre l’ADRD. Les populations rurales
pauvres sont particulièrement vulnérables
aux conditions climatiques extrêmes, car
elles ont de faibles capacités à s’adapter à
de tels chocs et leurs moyens d’existence
dépendent de produits et services
d’écosystème.


Bâtir des institutions locales et offrir
des services ruraux répondant à une
demande.
Renforcer la résilience des agriculteurs
en réduisant la pauvreté et en
diversifiant les moyens d’existence.
Impliquer les pauvres, et en particulier
les femmes, dans la gouvernance des
ressources naturelles.
Améliorer la gestion des terres grâce
à la réhabilitation des forêts et des
palétuviers, à la reforestation, aux
pratiques de sylviculture pour protéger
des inondations, des tempêtes, des
glissements de terrain, arrêter la
désertification et régler le niveau de la
nappe phréatique.
Améliorer la gestion des eaux en
creusant des étangs et des canaux,
tout en construisant des réserves
d’eau et des systèmes d’irrigation pour
mieux récolter, rendre disponible et
utiliser l’eau.
S’adapter aux variations saisonnières
en changeant les dates de semence
et le rythme des autres opérations
agricoles.
Utiliser différentes variétés ou espèces
agricoles résistantes ou tolérantes
à la sécheresse et autres tensions
biotiques; distribuer de nouvelles
variétés cultivées adaptées aux
conditions locales; mettre en œuvre
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
le changement climatique
des programmes phytogénétiques;
sélectionner des espèces animales
pour augmenter la productivité.15,16, 17
Engagements
internationaux
La CCNUCC est une convention qui soutient
les efforts intergouvernementaux pour
affronter les défis liés au changement
climatique. Les signataires des pays
industrialisés de cette convention
doivent dresser un inventaire précis et
régulièrement mis à jour des émissions
de gaz à effet de serre par source et des
retraits par puits de carbone.
Entré en vigueur le 16 février 2005, le
Protocole de Kyoto a jusqu’ici était ratifié
par 174 pays.
La Convention des Nations Unies sur la lutte
contre la désertification et la Convention
sur la diversité biologique s’intéressent
au changement climatique, vu son impact
prévu sur la biodiversité et la sécheresse.
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Eve Crowley
[email protected]
Wulf Killmann,
Président du Groupe de travail
interdépartemental sur le changement
climatique
[email protected]
Fonds international de développement
agricole (FIDA), Division des politiques
Atiqur Rahman
[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Elisa Di Stefano
en collaboration avec S. Baas, S. Braatz,
Y. Lambrou, S. Nelson, M. Villarreal, H. Von
Luepke (FAO), P. Remy (FIDA), les membres
du Programme des Nations Unies pour
l’Environnement (PNUE), le Centre Risoe
pour l’énergie, le climat et le développement
durable, et biens d’autres (voir Contacts).
GIEC. 2007. Changement climatique
2007: le fondement en science physique.
Contribution du Groupe de travail I au 4ème
rapport d’évaluation du GIEC. Cambridge
University Press, Cambridge, Royaume-Uni et
New York, Etats-Unis.
2
GIEC. 2007. Le changement climatique
2007: mesures d’atténuation. Contribution
1
4
L’ADRD et... le changement climatique
Outils et ressources
Le portail Internet de la FAO sur le changement climatique: relate les événements, publications,
nouvelles, données, cartes et activités récentes de la FAO liés au réchauffement de la planète.
http://www.fao.org/clim/
FAOLEX: est une base de données juridique complète qui fait l’inventaire des lois et
réglementations nationales en réponse au changement climatique.
http://faolex.fao.org/faolex_fra/index.htm
Le site Internet du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC): diffuse
des données pour analyser l’impact et le climat, mais aussi des méthodes d’inventaire national
des gaz à effet de serre, tout en évaluant l’état des connaissances sur le changement climatique.
http://www.ipcc.ch/
Le site Internet de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
(CCNUCC): présente les dernières communications nationales, les données sur les émissions
de gaz à effet de serre, une base de données sur les stratégies d’adaptation locale, des lignes
directrices techniques pour mesurer le potentiel de puits de carbone et des informations sur les
mécanismes financiers de la Convention. http://unfccc.int/portal_francophone/items/3072.php
Ecosystem Marketplace: est une plateforme d’information environnementale à but non lucratif sur
les marchés émergeants et les mécanismes de rémunération des services d’écosystème, ayant
trait au carbone notamment. http://ecosystemmarketplace.com/index.php
du Groupe de travail II au 4ème rapport
d’évaluation du GIEC. Cambridge University
Press, Cambridge, Royaume-Uni et New York,
Etats-Unis.
3
FAO. 2006. Livestock’s long shadow. FAO,
Rome.
4
FAO. 2000. Deux essais sur le changement
climatique et l’agriculture, perspective d’un
pays en développement. Communication sur
le développement économique et social. FAO,
Rome.
5
FAO. 2005. Impact du changement
climatique, des ravageurs et des maladies
sur la sécurité alimentaire et la réduction de
la pauvreté. 31ème session du Comité de
la sécurité alimentaire mondiale, 23-26 mai
2005. FAO, Rome.
6
FAO. 2003. La FAO et le changement
climatique, Environnement et ressources
naturelles. Document de travail no12, FAO,
Rome.
7
OMM. 2005. Statement on the status of the
global climate in 2005. Genève. Organisation
météorologique mondiale.
8
GIEC. 2007. Changement climatique
2007: impacts, adaptation et vulnérabilité.
Contribution du Groupe de travail II au 4ème
rapport d’évaluation du GIEC. Cambridge
University Press, Cambridge, Royaume-Uni.
9
Banque mondiale. 2007. L’impact de la
hausse du niveau de la mer sur les pays
en voie de développement : une analyse
comparative. Document de travail de la
Banque mondiale, Etats-Unis.
10
CDB/PNUE/IUCN. 2007. La biodiversité et le
changement climatique. Montréal.
11
FAO. 2006. Gender: The missing component
of the response to climate change. FAO,
Rome.
Banque mondiale. 2007. State and Trends
of the Carbon Market. Washington, D.C.
13
PNUE Risoe. 2007. Overview of the CDM
pipeline.
14
FAO. 2004. Climate Change and the
Forestry Sector: Possible Legislative
Responses for National and Subnational
Governments. FAO Legal Papers Online,
Rome.
15
FAO. 2005. Unasylva, les forêts, le climat et
Kyoto. Revue internationale des forêts et des
industries forestières, no 56, 222, 2005/03,
FAO, Rome.
16
FAO et Centre asiatique de prévention des
catastrophes (Asian Disaster Preparedness
Center). 2006. Adaptation des moyens
d’existence à la variabilité et au changement
climatique dans les zones du Bangladesh
sujettes à la sécheresse. Etude de cas
d’institutions de développement rural, FAO,
Rome.
17
FAO. 2007. Adaptation au changement
climatique dans les secteurs de l’agriculture,
des forêts et de la pêche. Contexte, cadre et
priorités. Groupe de travail interdépartemental
sur le changement climatique, FAO, Rome.
12
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en œuvre
des politiques pour atteindre l’agriculture et le
développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par la
www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 6
L’ ADRD
2007
et...
les entreprises rurales
Le saviez-vous?
On considère de plus en plus
les entreprises rurales et la
diversification des activités,
répondant à une demande du
marché et créatrices de revenus,
comme un moyen d’améliorer
les moyens d’existence et la
sécurité alimentaire. La question
n’est pas de savoir si oui ou non
participer à une économie de
marché, mais plutôt comment y
participer de façon à générer une
croissance des revenus durable et
équitable et des emplois décents.
Le développement d’entreprises,
sous forme de coopératives
ou autres, peut attirer tous les
acteurs du développement rural,
car la croissance économique
locale génère davantage
de capitaux.
 900 millions, soit les trois-quarts des
personnes souffrant de la pauvreté et
de la faim dans le monde, vivent en
zones rurales où le manque de travail
est souvent très pénalisant.1
 Les agriculteurs qui mènent de front
une agriculture conventionnelle et une
entreprise rurale novatrice jouissent
de revenus plus élevés et de moyens
d’existence plus sûrs que ceux qui
s’en remettent à une agriculture
conventionnelle et/ou à un travail
salarié uniquement.2
 Le développement d’entreprises
familiales est une stratégie de
FAO/G.Bizzarri
Pourquoi faut-il agir?
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
 Un grand nombre de ruraux vivent dans
une pauvreté absolue, malgré une
économie mondiale de plus en plus
intégrée et un potentiel de croissance
économique locale.
 Les entreprises rurales peuvent
avoir un effet positif sur le revenu,
l’emploi, l’innovation, les capacités, le
transfert de technologies, la durabilité
économique et les capitaux.
 Dans de nombreux pays en
développement, les femmes contrôlent
ou possèdent un fort pourcentage
des petites entreprises qui pourvoient
aux besoins locaux; investir dans ces
entreprises peut améliorer le statut de
la femme, ce qui constitue le premier
facteur de réduction de la malnutrition.5
 Participer à différents types de marchés
et d’activités économiques rend les
pauvres moins vulnérables et les aide à
diversifier le risque.
 Les entreprises rurales encouragent
l’esprit d’entreprise local et
responsabilisent les femmes comme les
hommes pour les rendre acteurs de leur
développement.
 Le développement d’entreprises
contribue à la cohésion sociale en
régénérant l’économie rurale, tout en
réduction de la pauvreté rurale
très prometteuse pour assurer une
croissance du revenu équitable et des
conditions de travail décentes dans
tous les systèmes agricoles.3
 Les petites et très petites entreprises
constituent la première source d’emploi
dans les pays en développement.
 Les revenus non-agricoles représentent
40 à 45% des revenus des ménages
ruraux en Afrique et 32% en Asie.2
 Entre la moitié et les trois-quarts des
personnes qui augmentent leurs revenus
en travaillant dans des petites ou des très
petites entreprises sont des femmes.4
réduisant les migrations pour cause
professionnelle et la pression pesant sur
les zones urbaines.
Quels sont les objectifs
politiques?
 Créer un environnement propice
qui favorise les affaires et les
investissements en zones rurales,
notamment la promotion de services
de microfinance et l’amélioration de la
réglementation commerciale.
 Relier les agriculteurs au marché en
les encourageant à produire ce que le
marché réclame, tout en leur offrant
un meilleur accès aux informations
de marché.
 Soutenir les services de développement
en faveur des entreprises rurales
par des initiatives qui renforcent les
compétences commerciales, tout en
introduisant des technologies nouvelles
et adaptées.
 Aider les femmes et les hommes des
milieux ruraux à développer et entretenir
un portefeuille de stratégies de moyens
d’existence diversifié, pour réduire
la pauvreté, l’insécurité alimentaire,
la vulnérabilité et l’inégalité en
zones rurales.
L’ ADRD et...
les entreprises rurales
 Aider les industries durables capables
d’être compétitives dans un marché
mondialisé et auxquelles peuvent
participer de nombreuses entreprises
rurales, pour répondre aux besoins
économiques, environnementaux,
sociaux et culturels des communautés
rurales d’aujourd’hui et de demain.
Les questions
politiques
Caractéristiques des
entreprises rurales
 Parce les entreprises rurales ont des
compétences et des ressources limitées
en termes de main d’oeuvre et de
capitaux, il leur est difficile de satisfaire
les normes commerciales requises à
l’échelle locale, régionale ou mondiale.
Ce manque de ressources les empêche
également de prospérer et d’intégrer
des marchés à plus forte valeur ajoutée
comme fournisseurs directs ou comme
fournisseurs de grosses sociétés. Il
est tout aussi difficile de remédier
aux dysfonctionnements des marchés
où travaillent ceux qui souffrent
d’extrême pauvreté.
 Les coûts de transaction avec les
entreprises rurales sont élevés car ces
entreprises sont petites, éparpillées
et éloignées. Par exemple, il faut
davantage de temps pour négocier avec
de nombreuses entreprises individuelles
ou encore pour collecter des produits
sur des sites dispersés et éloignés les
uns des autres. De nombreuses petites
entreprises rurales doivent elles-mêmes
prendre en charge ces coûts dus à
l’isolement.
 Les entreprises rurales sont confrontées
à des risques commerciaux comme les
autres sociétés. Pour une entreprise
rurale, ces risques sont souvent liés à un
rapport de force favorable aux grosses
sociétés et aux acheteurs qui peuvent
influer sur les conditions et les normes
requises. Pour de petites entreprises
rurales, la sous-traitance peut être
source d’exploitation.
 Dans des zones rurales comme les terres
arides et les sites fragiles et éloignés,
c’est souvent l’accès à l’eau et à la terre
qui permet aux entreprises rurales de
se diversifier. L’organisation et la gestion
des ressources naturelles devront donc
promouvoir un développement durable
2
L’ADRD et... les entreprises rurales
des ressources naturelles en termes
écologique et économique.
 Les entreprises rurales ont un accès
limité aux informations de marché
précises et opportunes. Leurs
infrastructures de transport et de
communication sont insuffisantes. Il
leur est donc très difficile d’accéder aux
marchés à plus forte valeur ajoutée.
Diversification
 Promouvoir les entreprises rurales,
c’est encourager les ménages ruraux
à diversifier leur système agricole, en
introduisant de nouvelles activités
agricoles ou non, tout en accroissant
leur valeur ajoutée. Cette approche
permet de diversifier le risque, de mieux
résister et de compenser le caractère
saisonnier de l’agriculture.
 Cela pourrait accroître les coûts de
production, nuire à l’environnement
et/ou aux relations d’un couple rural.
Les rôles de l’homme et de la femme
rejaillissent souvent dans les petites
et très petites entreprises, lorsque la
division des tâches est claire. Souvent, la
femme consacre du temps aux activités
ménagères au détriment de l’entreprise.
 Une entreprise rurale peut générer plus
de revenus qu’un travail salarié, mais
requiert davantage d’investissement en
capitaux, de risque et de travail.
Mesures incitatives et
subventions
 Face aux imperfections des marchés
en milieu rural, des mesures incitatives
et des subventions s’imposent pour
relancer le développement. Mais on
doit aussi concevoir des stratégies
adaptées à la situation locale pour en
maximiser l’impact et promouvoir le
développement durable.
 Les subventions devront soutenir
le renforcement des capacités, les
économies d’échelle et un mode de
commercialisation efficace, générer
plus de revenus et permettre d’amortir
les investissements. Ces aides devront
être transparentes et viser à minimiser
temporairement les dysfonctionnements
du marché.
 Les subventions devront être
supprimées à mesure que le marché
se développe. Les politiques incitatives,
elles, devront viser à réduire les
subventions de façon progressive et
durable, tout en renforçant l’autonomie.
Les entreprises rurales et les
questions de parité
 Souvent, les femmes n’ont pas accès
à la création d’entreprise, pour des
raisons culturelles, juridiques ou
éducatives, ou encore parce qu’elles
manquent de temps et de pouvoir
de décision.
 Offrir aux femmes un meilleur accès aux
opportunités offertes par l’entreprise
pourra accroître les revenus des
ménages, tout en améliorant leur bienêtre et leur nutrition.
 Les opportunités offertes par la création
d’entreprise peuvent rendre les femmes
plus autonomes, plus indépendantes et
plus respectées, tout en les dotant d’un
meilleur statut social. Cette évolution
peut générer une plus forte participation
à la prise de décision au niveau
communautaire.
Standards professionnels
 Les entreprises rurales doivent
être capables de payer des salaires
adéquats, tout en offrant un travail
décent et des conditions de travail
adaptées aux normes nationales
et internationales, en éliminant
notamment le travail des enfants et les
travaux forcés.
Quels sont les choix
politiques?
Ce chapitre met en exergue des
recommandations politiques pour soutenir
le développement durable des entreprises
rurales. Ces recommandations devront être
adaptées aux différents contextes.
Accès aux ressources
Ressources naturelles
 S’assurer que les ruraux – notamment
les pauvres, les femmes, les sans-terres
et les jeunes – aient des droits de
propriété bien définis et garantir l’accès
à la terre, à l’eau, aux arbres et aux
forêts pour aider les entreprises basées
sur ces ressources.
 Mettre en vigueur une loi permettant
aux entreprises rurales d’utiliser la
base de ressources naturelles de façon
durable, en générant des revenus
et des bénéfices tout en protégeant
l’environnement et en minimisant les
effets négatifs (comme la pollution).
Ressources financières
Ressources sociales
 Fournir les investissements et fonds
de roulement nécessaires à la création
d’entreprises, par des aides ou des
prêts adaptés, en fonction du risque lié
au développement d’entreprises rurales.
 Faciliter la création de groupes
d’épargne pour générer des capitaux et
aider les communautés et les ménages
vulnérables à devenir plus autonomes.
 Trouver les moyens de promouvoir et de
mobiliser les investissements privés (par
exemple par des aides fiscales).
 Encourager la collaboration avec les
banques commerciales, les institutions
de microfinance et les sociétés de
micro-crédit, pour garantir l’accès des
entreprises rurales (notamment celles
gérées par les pauvres) à des services
financiers appropriés.6
 Encourager la création d’un capital
social par des groupes formels
ou informels (groupes d’entraide,
organisations communautaires,
groupes de microfinance, coopératives,
associations d’agriculteurs et écoles
d’agriculture de terrain) pour créer des
économies d’échelle, réduire les coûts
des services d’aide à l’entreprise, tout
en permettant aux entrepreneurs d’avoir
accès à des crédits d’investissement à
plus long terme.6
 Inciter les femmes à s’appuyer sur les
mécanismes de solidarité traditionnels
fondés sur le groupe, en organisant des
activités de groupe.
Ressources physiques
 Développer les infrastructures
rurales, telles que les routes, les
systèmes d’approvisionnement en
eau et en électricité et les réseaux
de communication, pour soutenir le
développement d’entreprises rurales.
 Libérer les femmes des tâches
ménagères qui prennent du temps,
pour leur permettre de gérer leur propre
entreprise.
Ressources humaines
 Former, pour développer les
compétences d’entrepreneur et de
gestionnaire. La formation devra être
pratique, s’appuyer sur l’expérience
et répondre aux problèmes existants,
tout en simulant des situations réelles.
Elle devra être spécialement conçue
pour les entrepreneurs. Elle sera
également adaptée aux différentes
phases de développement d’entreprise
et aux besoins des ménages pauvres
en traitant de sujets techniques. Les
programmes de formation devront faire
participer les prestataires de service
locaux, intégrer les savoirs indigènes
et répondre à une demande réelle,
pour permettre d’amortir une partie
des investissements. La formation
répondra également aux besoins et
aux contraintes spécifiques en termes
professionnels et temporels, et aux
attentes des femmes chefs d’entreprise
en matière de leadership.
 S’assurer que les entreprises aient accès
à des services d’aide comme le conseil
d’entreprise, l’aide à la préparation de
business plans, le soutien aux start-up en
termes de secrétariat et d’administration,
les services de commercialisation
et d’information (par exemple des
informations sur les prix et des
évaluations régulières des marchés).6
 Fournir des structures et soutenir
l’offre en matière de services d’aide
aux entreprises pour encourager les
organisations non gouvernementales
ou communautaires ainsi que le secteur
privé (plutôt que le gouvernement) à offrir
ces services.
 Cibler ces services afin qu’ils répondent
aux besoins de diverses parties
prenantes tout au long de la chaîne de
valeur (par exemple des négociants
et des entreprises de transformation
agricole à l’échelle locale ou encore des
producteurs ruraux), mais aussi des
groupes vulnérables comme les femmes
et les pauvres.
 Promouvoir la recherche-développement
pour réduire les coûts, accroître
l’efficacité, offrir des produits différents
et accroître la compétitivité des
entreprises rurales.
 Garantir que l’offre de services
financiers soit séparée de façon
institutionnelle de l’aide non financière
aux entreprises. En effet, fournir
une aide financière pourrait être
incompatible avec l’offre de conseil
en entreprise.
FAO/B.Seiffert
Services d’aide aux
entreprises
Développement et accès au
marché
 Identifier et soutenir les chaînes
de valeur capables de répondre
à la demande du marché et aux
opportunités commerciales, d’être
compétitives à l’échelle mondiale et
d’améliorer les revenus des pauvres.
Promouvoir la compétition tout au long
de la chaîne de valeur pour renforcer
la performance et la capacité de
résistance, en s’assurant que chaque
fonction de la chaîne de valeur est
menée par la personne la plus efficace
pour cette tâche.
 Offrir un meilleur accès au marché local,
intérieur ou international, en s’appuyant
sur des traités commerciaux, des
infrastructures de communication et de
transport, mais aussi en fournissant des
renseignements précis et opportuns sur
les marchés.
 Promouvoir des termes commerciaux
équitables entre les pays en
développement et les pays développés,
tout en garantissant la satisfaction
des exigences de qualité et de sécurité
sanitaire des aliments.
 Identifier des marchés de niche (tels
que le commerce équitable, les labels
d’origine et les produits biologiques)
et développer des chaînes de valeur
pour les agriculteurs ou les entreprises
qui ne peuvent être compétitifs
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
les entreprises rurales
Outils et ressources
Les petites entreprises communautaires de produits forestiers: analyse et développement
des marchés. http://www.fao.org/DOCREP/005/X7452F/X7452F00.HTM
Kit de ressources de la FAO sur la diversification des moyens d’existence et le développement
d’entreprises: Disponible sur CD auprès de Siobhan Kelly ([email protected])
Portail des publications de la Division des infrastructures rurales et des agro-industries
(AGS) de la FAO, http://www.fao.org/ag/ags/publications/fr/index.html
Guide de la BIT pour l’analyse et l’amélioration de la chaîne de valeur:
www.ilo.org/dyn/empent/empent.portal
Développer votre entreprise, par la BIT, http://www.ilo-eyb-africa.org/index.html
Le développement de l’entreprenariat chez les femmes et l’égalité des genres, par la BIT:
http://www.ilo.org/dyn/empent/empent.portal?p_prog=S&p_subprog=WE&p_lang=EN
Le guide de la Banque mondiale pour développer la commercialisation et les
entreprises agricoles: http://go.worldbank.org/1DBLU3WAQ0
dans des marchés dominés par les
gros intervenants.
Réseaux, alliances et
partenariats
 Encourager les partenariats et le travail
en réseau réunissant toutes les parties
prenantes, y compris les entrepreneurs,
les coopératives, les prestataires de
service, les instituts de formation et
les gouvernements pour favoriser le
développement d’entreprises rurales.
 Stimuler les relations entre les
entreprises rurales ou urbaines et les
agriculteurs, y compris les organisations
de producteurs et les coopératives, pour
garantir l’accès des entreprises rurales
à une variété de biens et de services
dans un marché compétitif.
 Etablir des réseaux d’entrepreneurs
pour stimuler des échanges
transparents et compétitifs entre les
entreprises, les intermédiaires et les
autres acteurs tout au long de la chaîne
de valeur.
 Encourager des partenariats entre les
secteurs public et privé pour faire face
aux contraintes en termes de ressources
et accéder à une grande variété
d’expertises.
Durabilité et expansion
 Promouvoir une approche du
développement d’entreprise
interdisciplinaire, pour traiter les
aspects sociaux, économiques culturels
et environnementaux des moyens
d’existence.
 Elaborer des stratégies de sortie pour
réduire progressivement les mesures
4
L’ADRD et... les entreprises rurales
incitatives et les subventions une fois
les entreprises rurales devenues viables
et compétitives.
 Encourager l’expansion des entreprises
couronnées de succès en garantissant
une demande au produit ou au service,
tout en stimulant l’offre durable de
services d’aide.
 Promouvoir une politique
macroéconomique qui stabilise les
fluctuations monétaires, maintienne
l’inflation au plus bas, gère le déficit
public, tout en promouvant des
taux d’intérêt réels positifs pour
créer un environnement propice au
développement d’entreprises.
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
David Kahan
[email protected]
Eve Crowley
[email protected]
Fonds international de développement
agricole (FIDA)
Shantanu Mathur
[email protected]
Organisation Internationale du Travail (BIT)
Département de la création d’emplois et
du développement de l’entreprise (EMP/
ENTERPRISE)
Téléphone: +41 227996920
Fax: +41 227997978
www.ilo.org/empent
References
Ce document a été préparé par Karen
Powell Mab, en collaboration avec Doyle
Baker, Siobhan Kelly, Paola Termine, Jennie
Dey De Pryck, Wim Polman, les membres
des Divisions du conseil technique et
des politiques du FIDA et bien d’autres
(contacts).
1
FIDA 2001. Rural poverty report 2001: the
challenge of ending rural poverty, Oxford
University Press, Oxford,
http://www.ifad.org/poverty/.
2
Warren, P. 2002. Livelihoods diversification
and enterprise development: an initial
exploration of concepts and issues,
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture, Rome,
http://www.fao.org/docrep/008/j2816e/
j2816e00.htm
3
Dixon, J., Gulliver, A. et Gibbon, D. 2001.
Systèmes de production agricole et
pauvreté: améliorer les moyens d’existence
des agriculteurs dans un monde en
changement, FAO et Banque mondiale,
Rome et Washington.
Albu, M. et Scott, A. 2001. Understanding
livelihoods that involve micro-enterprise:
markets and technological capabilities
in the SL framework (draft), Intermediate
Technology Development Group,
Warwickshire, www.itdg.org.
4
FAO 2005. La situation mondiale de
l’alimentation et de l’agriculture 2005,
Rome: Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture.
5
FIDA 2004. Rural enterprise policy, Rome
http://www.ifad.org/pub/policy/RE-eng.pdf
6
Petrin, T. et Gannon, A. 1997. Rural
development through entrepreneurship,
REU Technical Series 41, Organisation
des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture, Rome, http://www.fao.org/
DOCREP/W6882e/W6882e00.htm
De nombreux messages-clés présentés
dans ce document se fondent sur un
apprentissage de terrain dans le cadre
de mini projets financés par les sousprogrammes de diversification des
moyens d’existence et de développement
d’entreprises du Programme d’appui aux
moyens d’existence de la FAO.
http://www.fao.org/sd/dim_pe4/pe4_
040501_fr.htm.
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 5
L’ ADRD
2007
et...
le commerce agricole
Le saviez-vous?
Dans les pays en développement,
les politiques de commerce agricole
affectent les moyens d’existence de
millions de producteurs agricoles
et de ruraux. Dans ces pays,
l’agriculture, qui génère une partie
importante des revenus, est le
premier employeur en zones rurales.
En effet, 49% de la population des
pays en développement dépend de
l’agriculture en termes de travail et
de moyens d’existence3.
 Les pays développés sont les premiers
exportateurs de produits agricoles au
monde. Ensemble, l’Union Européenne
et les Etats-Unis totalisaient 53% des
exportations agricoles mondiales
en 20058. La part des pays en
développement dans les exportations
agricoles mondiales a baissé de 40% à
30% lors de ces 40 dernières années3.
 Les pays en développement, y compris
les pays les moins avancés, qui étaient
globalement des exportateurs agricoles
sont devenus des importateurs nets
de produits agricoles après les années
804. Dès 2002, les importations de
produits agricoles par les pays les
moins avancés étaient plus de deux
fois supérieures en valeur à leurs
exportations agricoles4. Aujourd’hui,
Des politiques de commerce agricole
adaptées peuvent aider à lutter
contre la pauvreté et la faim, tout en
dotant les pays en développement
de moyens d’existence et de
sécurité alimentaire, en offrant
plus d’opportunités d’emploi et
de revenus dans la production, la
transformation et le commerce de
produits agricoles.
©iStockphoto.com/John Gyovai
Pourquoi faut-il agir?
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
 Pour la majorité des pays en
développement, le développement
agricole constitue un préalable au
développement en général. Les
politiques de commerce agricole
doivent donc permettre au secteur
agricole des pays en développement de
progresser, mais aussi de fournir des
emplois et des revenus supérieurs.
 37 pays en développement dépendent
de denrées agricoles non transformées
pour couvrir plus de 50% de leurs
exportations totales4. Le prix de
plusieurs de ces denrées (notamment
café, cacao, thé, sucre et coton) sur
le marché mondial a baissé en valeur
réelle de plus de 54% depuis les
années 802.
 La progression en flèche des tarifs
douaniers et des barrières non
tarifaires par les pays développés
empêche aux pays en développement
d’exporter des produits agricoles
transformés et de créer de la
valeur ajoutée.
les importations agricoles représentent
environ 25% des importations totales
des pays les moins avancés3.
 En 1994, les signataires de l’Accord
sur l’agriculture du Cycle d’Uruguay
s’engageaient à réduire les subventions
et les tarifs douaniers. Pourtant, les
pays développés ont augmenté le total
des aides à l’agriculture entre 1995
et 2004, selon l’estimation du soutien
total: avec une croissance nette de 5%
pour l’Union Européenne et de 60%
pour les Etats-Unis6.
 Le commerce agricole entre pays en
développement a fortement progressé
lors des années 90. Les pays en
développement offrent rapidement les
meilleurs débouchés à leurs propres
produits agricoles3.
 Les pays en développement ont besoin
d’aide pour diversifier et développer
les agro-industries, et ainsi créer de
la valeur ajoutée tout en augmentant
leurs revenus.
 Dans la plupart des pays de l’OCDE,
les mesures d’aide à la production
encouragent une agriculture
intensive, bénéficient aux gros
exploitants agricoles, génèrent une
surproduction et altèrent le commerce.
En 2004, 74% des 279 milliards de
dollars E.U. dépensés par l’OCDE
pour subventionner la production
récompensaient l’utilisation d’intrants
ou les niveaux de production d’une
agriculture intensive destructrice de
l’environnement, tout en encourageant
les excédents de production5. 80%
des subventions européennes à la
production ont été reçues par 20% des
plus grosses exploitations agricoles
en 20051.
 Les marchés agricoles mondiaux les
plus altérés par les politiques d’aide à
l’agriculture pratiquées par la plupart
des pays développés portent justement
sur d’importants aliments de base pour
L’ ADRD et...
le commerce agricole
les pays en développement, à savoir:
les céréales (blé, maïs, riz), les produits
laitiers, la viande et les oléagineux.
En 2004, les Etats-Unis contribuaient
à 35% des exportations mondiales
de céréales, 42% pour ce qui est
des oléagineux et 22% de la viande2.
L’Union Européenne contribuait à 28%
des exportations mondiales de lait2.
Quels sont les objectifs
politiques?
Les politiques commerciales doivent
garantir que les populations rurales, et en
particulier les pauvres ruraux, puissent
trouver des moyens d’existence adaptés
dans la production, la transformation et le
commerce de produits agricoles au niveau
local, national et international. Pour cela,
les réformes politiques doivent offrir plus
d’opportunités commerciales aux pays
en développement, tout en revoyant les
priorités de développement agricole pour
permettre aux pays en développement de
participer au commerce agricole et d’en
bénéficier. Ces politiques doivent donc:
 mettre un terme aux aides à
l’agriculture de l’OCDE qui nuisent aux
pays en développement, c’est-à-dire
éliminer les subventions à l’exportation
et les subventions à la production pour
éviter les excédents de production
 valoriser la coopération sud-sud
dans les investissements et le
commerce agricoles
 promouvoir et financer le
développement d’agro-industries dans
les pays en développement
 permettre aux produits agricoles
transformés des pays en
développement d’accéder aux
marchés, en retirant les tarifs
douaniers et autres barrières aux
importations en forte progression.
Les questions politiques
Un commerce dénaturé par les
pays développés
Les marchés mondiaux de produits agricoles
demeurent fortement dénaturés, surtout
en raison des aides à l’agriculture des
pays développés. Ces aides comprennent
une palette de mesures telles que les
subventions directes à la production,
les subventions aux exportations et les
barrières aux importations (tarifs douaniers
et barrières non tarifaires). En additionnant
toutes ces mesures, on obtient une
estimation du soutien total. En 2004,
l’estimation du soutien total à l’agriculture
était de: 378 milliards de dollars E.U. pour
les pays de l’OCDE; 143 milliards de dollars
E.U. pour l’Union Européenne; 109 milliards
de dollars E.U. pour les Etats-Unis6. En
2004, l’OCDE consacrait 74% de l’estimation
du soutien total à soutenir la production
(équivalent à la subvention à la production)6.
Grâce à ces subventions, les pays
développés parviennent à exporter leurs
produits agricoles à un prix inférieur au
coût total de production. Ces opérations
sont communément appelées ‘dumping’. Si
d’autres facteurs entrent en ligne de compte,
le ‘dumping’ contribue largement à la baisse
des prix sur les marchés mondiaux des
aliments de base (blé, riz, maïs, lait, boeuf)
et autres denrées (coton et sucre). Entre
1980 et 2005, le prix du maïs a baissé de
55% en valeur réelle, le riz de 50%, le blé de
46%, le coton de 60% et le sucre de 54%2.
Quelques informations sur la libéralisation
A partir des années 80, les pays en développement ont libéralisé leurs marchés agricoles, en
les stabilisant tout en contractant des arrangements commerciaux régionaux. Ces politiques
comprenaient:
 le contrôle de l’inflation et la réduction du déficit fiscal, en coupant dans les dépenses
publiques
 la fin du contrôle des prix intérieurs, l’allègement ou la suppression des tarifs douaniers,
le remplacement de quotas d’importation quantitatifs par des tarifs douaniers qui seront
supprimés au fur et à mesure, la suppression des taxes sur les exportations, des quotas
et des permis
 le retrait de l’Etat pour permettre au secteur privé de jouer un rôle plus déterminant,
en privatisant les services et entreprises agricoles d’Etat, y compris les offices de
commercialisation
 le remplacement d’un objectif d’autosuffisance par celui de sécurité alimentaire, en
s’appuyant sur le marché
 la promotion des exportations de produits agricoles de base.
2
L’ADRD et... le commerce agricole
Impact des importations de
produits alimentaires vendus en
deçà des coûts de production
Les produits alimentaires importés
vendus à des prix inférieurs aux coûts de
production d’un pays en développement
forcent les producteurs locaux à baisser
leurs prix à un niveau qui ne leur permet
plus de vivre de l’agriculture. Dès lors, ils
réduisent leur production à un niveau de
subsistance et le niveau de production
alimentaire du pays chute d’autant. Les
pays en développement deviennent donc
plus dépendants des importations pour
satisfaire leurs besoins alimentaires.
Dépendance accrue à l’égard
des importations de produits
alimentaires
Depuis les années 70, les pays en
développement ont accru leurs
importations de produits alimentaires.
Mais, dans ces années-là, ils exportaient
encore davantage de produits alimentaires
qu’ils n’en importaient, pour dégager
un excédent commercial de produits
alimentaires de 1 milliard de dollars EU.
Dans les années 80, suite à d’importants
changements politiques comme la
libéralisation des marchés agricoles, les
pays en développement augmentèrent
leurs importations de produits
alimentaires, tandis que les revenus de
leurs exportations diminuaient. Dès les
années 90, les pays en développement
avaient, globalement, un déficit commercial
de produits alimentaires de 1 milliard de
dollars E.U., déficit qui pourrait atteindre
plus de 50 milliards de dollars E.U. d’ici
20304. Pour les pays en développement,
augmenter les importations alimentaires
sans pour autant gagner davantage sur les
exportations, devient un moyen onéreux de
satisfaire leurs besoins alimentaires.
Le commerce entre pays en
développement
A l’avenir, les plus grands marchés
agricoles se situeront dans les pays en
développement. Le pourcentage des
exportations des pays en développement
vers d’autres pays en développement a
augmenté de 33% en 1980 à 40% en
20023. De même, la part des importations
des pays en développement à partir d’autres
pays en développement a augmenté de 38%
en 1980 à 45% en 20023. L’Asie de l’Ouest
et l’Asie du Sud-est ont toutes les deux
accru la part de leur commerce agricole
Chaînes de valeur
Le commerce agricole s’effectue de
plus en plus dans le cadre de chaînes
de valeur contrôlées par de puissantes
multinationales, qu’il s’agisse de sociétés
transnationales ou de supermarchés. Le
marché des sociétés agricoles est très
concentré en termes de production (en
raison de la sous-traitance), transformation,
commerce et vente au détail de diverses
denrées agricoles traditionnelles, de base
ou à forte valeur ajoutée. Les exportations
de produits agricoles transformés, qui
sont en progression rapide, représentent
actuellement 50% du commerce agricole
mondial3. L’expansion des chaînes de
supermarché des pays développés vers
les pays en développement contribue à
cette croissance.
le commerce de produits agricoles
transformés entre pays en développement.
Les changements politiques doivent donc
encourager et valoriser le commerce
sud-sud, en luttant contre les barrières
et autres contraintes existantes, tout en
encourageant le commerce de produits
agricoles, si possible transformés.
Lutter contre la concentration
du marché
Des réglementations internationale
s’imposent pour lutter contre la
concentration du marché aux mains
des sociétés commerciales et des
supermarchés dans le négoce de produits
agricoles de base ou transformés. Il
convient de restaurer un équilibre et une
compétition équitables, tout en offrant
aux pays producteurs plus de pouvoir de
négociation pour leur permettre de tirer
davantage profit du commerce agricole.
Quelles options
politiques s’offrent pour
Quelles options
politiques s’offrent pour renforcer les capacités
accroître les perspectives commerciales?
Inverser le phénomène de
commerciales?
dépendance vis-à-vis des
Faire davantage pression sur
les pays développés
pour les amener à éliminer toutes
les subventions directes et indirectes
aux exportations, tout en réformant
les subventions à la production pour
décourager l’agriculture intensive et éviter
les excédents de production. Les mesures
d’aide adaptées aux producteurs devraient
promouvoir les pratiques agricoles sûres
pour l’environnement et bénéficier d’abord
aux petits agriculteurs.
Encourager la coopération
et le commerce sud-sud
On s’accorde sur le fait que la libéralisation
du commerce agricole ne profite pas
à tous les pays. Les arrangements
commerciaux régionaux entre pays en
développement pourront donc permettre
à ces pays de bénéficier des avantages
de la libéralisation sans trop s’exposer
aux inconvénients d’une totale intégration
à l’économie mondiale. Aujourd’hui, il
convient encore d’en traiter plusieurs
questions techniques, mais si les
arrangements commerciaux régionaux sont
bien appliqués, ils pourront augmenter
Organic Consumers Association (OCA)
réalisée avec des pays en développement,
tandis que l’Amérique latine et l’Afrique
sont encore fort dépendantes du commerce
effectué avec les pays développés.
importations alimentaires
Théoriquement, les pays en développement
et les consommateurs pauvres devraient
bénéficier des aliments bon marché.
Toutefois, nous devons comprendre que,
dans de nombreux pays en développement,
le secteur agricole constitue le premier
employeur et le moyen d’existence de
la majorité de la population. Quand la
nourriture peut être produite localement, la
production locale devrait être encouragée
et protégée des importations alimentaires,
en particulier de celles vendues en deçà
du coût de production local. Pour réduire
la dépendance vis-à-vis des importations
et promouvoir le développement agricole,
les politiques et projets en matière de
commerce sur les marchés intérieurs, sousrégionaux ou régionaux devraient accorder
la priorité à la production alimentaire locale,
en particulier celle des petits agriculteurs
qui suivent des pratiques agricoles durables.
Dans le cadre des négociations agricoles de
l’OMC en cours, les pays en développement
doivent pouvoir appliquer des mesures
qui protègent leurs marchés intérieurs des
produits agricoles vendus en deçà des
coûts de production, en désignant euxmêmes et en n’exemptant pas totalement
des tarifs douaniers les produits spéciaux
essentiels à leur sécurité alimentaire, à
la sécurité de leurs moyens d’existence
et au développement rural. Les pays en
développement devraient également
avoir accès au mécanisme spécial de
sauvegarde, un tarif douanier qui protège les
marchés intérieurs des altérations dues aux
fortes hausses des importations de denrées
agricoles importantes, mais aussi de la
volatilité des prix sur les marchés mondiaux.
Promouvoir et faciliter la
transformation des produits
agricoles
Les investissements des secteurs public
et privé, tout comme l’aide publique
au développement, devraient soutenir
le développement d’industries de
Des industries de transformation
agricole en déclin
Depuis les années 1980, les industries
de transformation agricole des pays en
développement se sont effondrées et
leurs exportations ont chuté.
 Les exportations de produits
transformés des pays les moins
avancés, exprimées en pourcentage
du total de leurs exportations
agricoles, ont été divisées par 2,
passant de 15% au début des années
80 à 7,5% à la fin des années 907.
 Les 10ers exportateurs de café
au monde, tous des pays en
développement, transformaient euxmêmes leur café en le torréfiant et
représentaient 8,5% des exportations
mondiales de café torréfié entre 1975
et 1980, mais ce pourcentage a chuté
à moins de 2% entre 1998 et 20024.
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
le commerce agricole
transformation agricole dans les pays en
développement pour leur permettre de se
diversifier et de produire autre chose que
des produits de base, de créer de la valeur
ajoutée et de générer des opportunités
d’emplois divers, bien rémunérés et nonagricoles en zones rurales.
Augmenter les aides aux petits
agriculteurs
Aider les petits agriculteurs constitue un
moyen efficace de réduire la pauvreté,
d’augmenter le montant et la variété de la
production alimentaire sur le marché local,
tout en permettant aux agriculteurs et aux
agricultrices pauvres d’être actifs sur un
marché dont ils seraient exclus sinon. Il
est essentiel que les agriculteurs petits ou
pauvres puissent accéder au crédit et aux
services financiers. L’accès aux intrants
fondamentaux – aux semences, à la terre
et à l’eau notamment – doit être élargi.
L’accès aux technologies, aux canaux de
distribution, aux services d’information et
de communication adaptés doit également
être renforcé. Une aide doit être apportée
aux associations de petits agriculteurs et
aux coopératives pour leur permettre de
s’organiser et de négocier collectivement
l’approvisionnement en intrants, de
manipuler, transformer et commercialiser
des produits agricoles, tout en négociant
des prix plus justes, d’autant que le
secteur privé ne ciblera vraisemblablement
ni les pauvres, ni les petits agriculteurs.
Augmenter les investissements
dans le secteur agricole
Les secteurs public et privé doivent
accroître leurs investissements dans
l’agriculture. L’aide extérieure à l’agriculture
a été divisée par 2 en valeur réelle dans
les années 80, avant de stagner dans les
années 903. Les pays qui en auraient le
plus besoin sont paradoxalement ceux
qui reçoivent le moins d’aide extérieure
à l’agriculture. Les pays développés
devraient augmenter leur aide extérieure à
l’agriculture. Les gouvernements des pays
en développement devraient également
accroître leurs allocations budgétaires
à l’agriculture, superviser et gérer les
investissements privés pour s’assurer qu’ils
n’excluent pas les agriculteurs pauvres
ou petits. Les investissements dans
l’agriculture devraient cibler la production
de récoltes locales et nutritives, mais aussi
la commercialisation et la transformation de
produits alimentaires.
4
L’ADRD et... le commerce agricole
Outils et ressources
Division des produits de base et du commerce, de la FAO: conseil aux pays en
développement sur les politiques commerciales et de produits de base, les arrangements
commerciaux régionaux, les chaînes de valeur, les négociations de l’OMC et autres questions
ayant trait au commerce. http://www.fao.org/es/esc/fr/21972/index.html
Site sur le commerce des produits de l’agriculture, des pêches et des forêts, de la FAO:
informations, analyses et conseil technique sur le commerce et le renforcement des
capacités pour les négociations de l’OMC. http://www.fao.org/trade/index_fr.asp
Dossiers de politique commerciale de la FAO: plusieurs dossiers utiles sur d’importantes
questions commerciales. http://www.fao.org/ES/esc/fr/41470/89284/index.html
Division des systèmes de soutien à l’agriculture, de la FAO: aide à l’élaboration de politiques
et de stratégies pour les services agricoles, les techniques de production et de post-production
dans les secteurs agricole et alimentaire. http://www.fao.org/ag/ags/index_fr.html
Augmenter la recherchedéveloppement
La recherche devrait viser à développer
des technologies adaptées aux différents
agriculteurs, avec une attention
particulière aux petits agriculteurs qui
disposent de peu de ressources. La
recherche devrait être participative,
impulsée de bas en haut, et répondre à
une demande. Les technologies devront si
possible être peu onéreuses et nécessiter
peu ou pas d’achats d’intrants. Les
technologies doivent être appropriées,
écologiquement sûres et adaptées au
contexte local. Puisque la recherche sera
probablement effectuée par des entités
publiques plutôt que privées, la recherche
agricole publique devra être financée en
conséquence et développée de façon
volontariste aux côtés de la recherche
privée. Les gouvernements doivent
s’assurer que la technologie promue par
le secteur privé n’obéisse pas uniquement
aux intérêts privés et ne soit pas la seule
option possible pour les agriculteurs.
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
David Hallam
[email protected]
Jamie Morrison
[email protected]
Eve Crowley
[email protected]
Fonds international de
développement agricole (FIDA)
Shantanu Mathur
[email protected]
Références
Ce document a été préparé par Sofia
Naranjo, en collaboration avec Ramesh
Sharma, Terri Raney, Jennie Dey de Pryck,
Paola Termine, les membres des Divisions
du conseil technique et des politiques du
FIDA et bien d’autres (contacts).
BBC News 2005. Questions–réponses sur
la Politique Agricole Commune [disponibles
enligne].
1
2
FAO 2006. La situation des marchés des
produits agricoles, Rome.
FAO 2005. La situation mondiale de
l’alimentation et de l’agriculture 2005,
Rome.
3
4
FAO 2004. La situation des marchés des
produits agricoles, Rome.
OCDE 2005. Les politiques agricoles des
pays de l’OCDE: Suivi et évaluation 2005:
Principales conclusions, Organisation
de coopération et de développement
économiques.
5
OCDE 2004. Producer and Consumer
Support Estimates, Base de données
1986–2004 de l’OCDE, Organisation
de coopération et de développement
économiques.
6
7
CNUCED 2002. Les pays les moins
avancés, rapport 2002. Échapper au
piège de la pauvreté, Genève: Conférence
des Nations Unies sur le commerce et le
développement.
8
OMC 2006. Statistiques du commerce
international 2006, Organisation mondiale
du commerce.
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en œuvre
des politiques pour atteindre l’agriculture et le
développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par la
www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
Agriculture et DéveloPPement rurAl DurAbles (ADrD) Document sur les Politiques 4
2007
L’ ADRD et... le rôle de l’agriculture
dans la réduction de la pauvreté
L’agriculturedurableconstitue
une stratégie efficace de
réductiondelapauvreté
lorsqu’elleestassortiede
stratégiesdedéveloppement
ruraltraitantlesproblèmes
économiques,sociauxet
politiquesauxquelssont
confrontéslespauvres.
le saviez-vous?
n Environ2,5milliardsdepersonnesdans
lespaysendéveloppementdépendentde
l’agriculturecommemoyend’existence.2
n 900millions(soit75%)despersonnesles
pluspauvresaumondeviventenzones
ruraleset,malgrél’exoderural,plusde
60%yvivrontencoreen2025.1
n 60%des450millionsdetravailleurs
agricolesdanslemondeviventdans
lapauvreté.4
n Dansdenombreuxpaysen
développement,lesfemmesqui
produisentpourtant60à80%de
l’alimentationpossèdentmoinsde2%des
terres5,ontaccèsà5%desressources
devulgarisation5,à10%descrédits6et
toutaussimarginalementauxintrants
agricoles,àlaprisededécisions,àla
rechercheetàlatechnologie.
L’agriculturedurablepeut
accroîtrelesrevenusetla
productionalimentaireau
niveaudesménages,tout
enoffrantunealimentation
meilleurmarché,plus
d’opportunitésd’emploietde
revenus,autantdefacteursde
réductiondelapauvreté.
n Lespauvresrurauxdépendentégalement
desrevenusnon-agricolesquireprésentent
30à45%desrevenusduménage.3
n Enmoyenne,1%decroissanceagricole
contribue2,2foisplusàréduirela
pauvretéque1%decroissancedansles
secteursnon-agricoles.7DansleChilides
années90,chaque1%decroissance
agricoleréduisaitlapauvretéde1,7%,
tandisquelacroissanceglobalenela
réduisaitquede0,8à1,0%.8
n Silesaidesaudéveloppementagricole
ontchutédeprèsdesdeuxtiersentre
1987et1998,puislorsdeladernière
décennie,laréductiondelapauvretéest
enpertedevitesseelleaussi.1
n Presquetouslespaysquisontparvenusà
réduirelapauvretéavaientpréalablement
accruleurproductivitéagricole.2
©iStockphoto.com/KlaasLingbeek-vanKranen
Pourquoi faut-il agir? quels sont les
n Lamajoritédespauvresvivent
objectifs politiques?
enzonesruralesetdépendent
Agriculture et Développement rural
Durables (ADrD)
L’agricultureetledéveloppementrural
sontdurableslorsqu’ilsrespectent
l’environnement,sontéconomiquement
viables,socialementjustes,culturellement
appropriés,humainsetfondéssurune
approche scientifique globale.
Lespolitiquesdedéveloppement
ruraldoiventviseràsatisfairelesbesoins
nutritionnelsetautresbesoinshumainsdes
générationsactuellesetfutures,maintenir
–voiresipossibleaccroître–lescapacités
delabasederessourcesnaturellesà
produireetàserégénérer.Cespolitiques
doiventégalementoffrirunemploidurableà
cesgénérations,réduireleurvulnérabilitéet
renforcerleurautonomie.
n
n
n
n
n
del’agriculturecommemoyen
d’existence.
Lespauvressouffrentdavantage
delafaim,demalnutrition,de
maladie(commeVIH/SIDA)et
d’analphabétisme.Touscesfacteurs
renforcentlapauvreté.
Lesfemmesethommespauvresont
peudechanceetdecapacitésde
vaincre la pauvreté. Ils ne bénéficient
pasforcémentdesfruitsdela
croissance.
Unengagementinternationalprévoitde
diviserpardeuxlapauvretéd’ici2015.
Letauxderéductiondelapauvreté
entre1990et1998étaitde
moinsd’untiersdesprévisionsqui
permettraientd’atteindrecetobjectif.1
Lesstratégiesetlesoutilspouraffronter
lapauvretéexistent,maisnesontpas
misenoeuvreparmanquedevolonté
politique,deressourcesadaptéeset
disponiblesentempsopportun.
n Promouvoirl’agricultureetle
développementruraldurables,réduire
lapauvretéetl’insécuritéalimentaire,
toutenaméliorantlesmoyens
d’existenceruraux.
n Garantirauxpauvresl’accèsauxfruits
delacroissance.
n Promouvoirl’égalitédessexeset
garantirauxpauvreslesmêmes
opportunitésentermesd’accès
auxressourcesnaturellesouautres
richesses,auxinfrastructures,au
marchéetauxservicessociaux
(commel’éducationetlasanté)et
financiers (tel le crédit).
n Rendrelesfemmesetleshommes
pauvresplusautonomes,leur
permettredeparticiperauxprocessus
deprisededécisionsetrenforcer
lescapacitésdesinstitutions,des
décideursetdesprofessionnelsdu
développementàcollaboreravecles
femmesetleshommespauvres.
L’ ADRD et...
le rôle de l’agriculture dans la réduction de la pauvreté
les questions
politiques
Lafaim,lesfaiblesperspectivesd’avenir
etlemoindreaccèsauxressourcessont
sourcesdepauvreté.Unefortevolonté
politiqueet,danscertainscas,une
redistributionfondamentaledesrichesses
s’imposentpourcorrigercedéséquilibre.
Lesdimensionspauvretéet
ADRD
n Lespauvressontdépossédésàbien
destitres.Ilsontunmoindreaccèsà
l’alimentation,auxsoinssanitairesetà
l’éducation,tandisqueleursressources
etleuraccèsauxrichessessontlimités.
Ilssouffrentd’unmoindrestatutausein
deleurcommunauté,d’unmanque
de confiance en eux et d’influence
politique.Danscettesituation,quiest
àlafoislacauseetlaconséquencede
la pauvreté, il leur est très difficile de
vaincrelapauvreté.Parexemple,lafaim
etlamaladieréduisentlaproductivité
d’unindividuetsacapacitéàétudier.3
n Cettesituationestencoreaggravée
enzonesrurales,oùlesconditionsde
viedespauvresetl’incidencedela
pauvretésontexacerbées.
n L’agricultureetledéveloppement
ruraldurablescherchentà
satisfairelesbesoinséconomiques,
environnementaux,sociauxetculturels
desgénérationsprésentesetfutures.
Dèslors,l’ADRDpeuttraiterles
différentesdimensionsdelapauvreté.
L’expansiondel’agriculture
etledéveloppementrural
n Ledéveloppementagricoleaunimpact
surlapauvreté,carlamajoritédes
pauvresviventenzonesruraleset
dépendentdel’agriculturecomme
moyend’existence.3
n L’augmentationdelaproductivité
agricolepeutaccroîtrelesrevenus
desménages,toutenaméliorantla
sécuritéalimentaireetleurcapacitéà
faireface.Ledéveloppementagricole
accroîtnonseulementlessalairesen
zonesrurales,maisilaugmenteaussi
indirectementlessalairesdespauvres
et des travailleurs non qualifiés en
zonesurbaines.8
n Avecl’augmentationdelaproductivité
agricole,lesconsommateurspauvres
des zones urbaines en bénéficient,
2
enachetantleurnourrituremeilleur
marché.Celareprésented’importantes
économies,carlespauvresconsacrent
unegrandepartiedeleursrevenusà
l’alimentation.
n L’agricultureestfortementliéeaux
autressecteurséconomiques.Deplus
importantsrevenusetépargnesliés
audéveloppementagricolegénèrent
uneplusfortedemandedeproduitset
servicesnonagricoles.Cettesituation
créeàsontourdesopportunités
d’emploipourlessans-terresetles
salariésdusecteurindustriel.
n Bienquelapartdel’agriculture
danslePIBsoitenbaisseenraison
del’évolutionéconomiqueetde
l’industrialisation,l’agriculture
constitueencoreunimportantfacteur
decroissance.
nLapauvreté,ledéveloppement
agricoleetladégradationdes
ressources1sontliés.Lespratiques
agricolesinadaptées,lasurpopulation
etlatransformationdeterresagricoles
à d’autres fins contribuent à la
dégradationdesressourcesnaturelles.
Ilenrésulteunebaissedela
productivitéagricole,delaproduction
alimentaireetdesrevenus,quigénère
àsontourdavantagedepauvreté.
Cettedégradationpourras’aggraver
silespauvressontcontraintsà
intensifier la production, à s’étendre
surdesterresàfaiblerendementet
àsurexploiterlavégétation,autant
d’actionscontrairesàladurabilité.12
Stratégiesdedéveloppement
enfaveurdespauvres
nDesstratégiescibléestraitanttoutes
lesinégalitésdontsontvictimesles
pauvres,etnotammentlesfemmes,
s’imposentsil’onveutquelespauvres
bénéficient du développement agricole
etrural(voirl’encadré1).
nUnecroissancefavorableauxpauvres
présupposeledéveloppementdes
secteursagricoleetnon-agricole,car
lespluspauvresdépendentsouvent
derevenusrurauxmaisnon-agricoles
gagnésdansunmarchélimitéet
local.Lademandedumarchéet
donclesrevenusdespauvresne
progresserontqu’avecl’augmentation
desrevenusagricoles.3
nLesstratégiesfavorablesauxpauvres
devrontégalementprotégercette
populationdéjàvulnérabledesrisques
etdescrisesnaturellesouprovoquées
parl’homme.
nInvestirdansl’éducation,la
recherche,lesressourceshumaines
etlesinfrastructuresestrentable
etcontribueàréduirelapauvreté.
EnAsie,pourchaqueannée
supplémentaired’éducationformelle,
laproductivitéagricoleaugmentede
4%enmoyenne.10
nIlconvientdebiengérerlerôle
traiter les inégalités pour réduire la pauvreté3
AuxPhilippines,entre1965et1980,plusieursorientationséconomiquesetsociales
auraientpuréduirelapauvreté.Citonsnotamment:
n unecroissancedelaproductionagricole(de5,2%)serépartissantenproportionségales
entrelerizetlesculturesd’exportationsnontraditionnelles
n unecroissancedelaproductiond’élevage(de6,4%)
n desinvestissementsgouvernementauxmultipliéspar7dansl’agriculture,dont50%
pourlesinfrastructuresd’irrigation(contre2%pourlesroutesrurales)
n defortsinvestissementsenressourceshumaines,setraduisantparunforttaux
d’alphabétisation,unefaiblemortalitéinfantileetuneespérancedevieélevée.
Malgrécesorientationsetleforttauxdecroissanceagricole,lapauvretén’apasété
réduitelorsdecettepériode,car:
n seulement18%desterrescultivablesfurentirriguées
n seuleslesgrandesfamilles,ayantdéjàunmeilleuraccèsauxinfrastructures,
bénéficièrent de subventions en matière de crédit et d’engrais
n lesgrosagriculteursjouirentégalementdesubventionsimplicites(sousformedetaux
dechange,detarifsdouaniersetdetauxd’intérêtfavorables)surlesimportationsde
machinesagricolesquiremplacèrentlestravailleursagricolessans-terres.
Suiteàcesinégalités,l’accroissementdesrevenusgénéréparledéveloppementagricole
bénéficia essentiellement aux riches, tandis que la pauvreté augmentait.
L’ADRDet...lerôledel’agriculturedanslaréductiondelapauvreté
quelles sont les
options politiques?
Cechapitreprésentedes
recommandationspouraméliorer
ladurabilitédel’agricultureetdu
développementrural,etenparticulier
pourréduirelapauvreté.
Servicessociaux
nGarantirauxpauvresetauxpersonnes
vulnérablesunniveauderevenu
minimumetunesécuritésociale.
nGarantirauxpauvresl’accèséquitable
auxservicessociaux,notamment
l’éducationetlasanté.
noffrirunsystèmedeprotectionpour
minimiserl’impactdescatastrophes
naturellesoucauséesparl’homme,
toutenaidantlespauvresàse
remettredecescrises.
nRenforcerlescompétencesetles
capacitésdespauvresàaméliorerla
productivitéagricole.
Ressourcesnaturelles
nRechercheretélaborerdespratiques
favorablesauxpauvresetdurables,
pouraccroîtrelaproductivité
agricoleetgarantirlacontribution
etlaparticipationdespauvresà
cetterecherche.
noffrirdesprogrammesde
vulgarisationetd’éducation,tout
enaidantlespauvresàpromouvoir
l’adoptiondepratiquesagricoles
durablesquiprotègentetpréservent
l’environnement.Cesprogrammes
doiventprendreenconsidération
de faibles ressources financières et
responsabilités,lemoindreaccèsà
l’éducationouàlaformationetlaplus
fortevulnérabilitédespauvres.
nGarantirauxpauvresetauxgroupes
marginalisés,commelesfemmeset
lessans-terres,l’accèsàlaterre,à
l’eau,auxarbres,auxforêtsetaux
autresressourcesnaturelles,par
desloiscoutumièresetstatutaires.
L’accèsinéquitableauxressources
empêchederéduirelapauvreté
mêmequandl’agricultureprospère.
Lapréservationdesressources
naturellessupposequeles
agriculteursvoientleursdroitsde
propriétégarantis.
n Promouvoirdesprocessusderéforme
agraireprévoyantparticipationet
redistribution,pourrendrelesterres
accessiblesauxsans-terresouà
ceuxquiensontpresquedémunis,
tout en distribuant les bénéfices du
développementagricoleauxpauvres.
nRéduirelescoûtsdestransactions
commercialesetdesbaux,pouroffrir
auxagriculteurspauvresunmeilleur
accèsàlaterreetauxressources
naturelles.
nGarantirauxpauvresl’accèsàune
productionénergétiquesûreetàun
prixabordable,toutenencourageant
l’utilisationdebiocarburantsà
faibleémissiondecarbone,capable
d’empêcherl’érosion,d’accroître
laproductionalimentaireetla
biodiversité.9
Services financiers
nGarantirauxpauvresunaccès
équitableàunegrandevariétéde
services financiers, de produits
d’épargne,decréditetd’assurance.
nEnvisager des avantages fiscaux,
uneassurance-crédit,desgroupes
d’épargneetd’autresmesurespour
réduirelesrisquesetlescoûtsde
transactionsurl’offredeservices
financiers aux pauvres.
Accèsauxactifsetaux
infrastructures
nAméliorerlesinfrastructuresde
transport,decommunication,
d’alimentationeneauetenélectricité,
carlesinfrastructuresruralessontune
conditionpréalableàl’augmentation
delaproductivitéagricole.
nGarantirauxpauvresl’accèsauxoutils
etéquipementsdontilsontbesoin
pourtravailler.4
Commerceagricoleet
politiquesdemarché
nS’assurerquelesfemmesetles
hommespauvresdeszonesrurales
puissenttrouverdesmoyens
d’existenceadaptésdansla
FAo/DjibrilSy
complémentairedessecteurspublic
etprivédansledéveloppementrural.
onassistecesdernièresannées
àunebaissedesinvestissements
publicsdansl’agricultureenfaveur
dudéveloppementrural,tandisquele
secteurprivéneparvientpastoujours
à combler ce déficit.
production,latransformationetle
commercedeproduitsagricolesau
niveaulocal,nationaletinternational.
nElaboreretmettreenœuvre,
danslespaysendéveloppement,
despolitiquesquiréduisentla
dépendancevis-à-visdesimportations
alimentaires,encouragentetfacilitent
latransformationnationaledela
productionagricole,augmentent
lesaidesauxpetitsagriculteurs,
permettentdemieuxparticiperau
commerce agricole et d’en bénéficier.
nRendrelemarchéplusaccessible
auxpauvresenaméliorantles
infrastructures(parexemple
lesroutes),lessystèmesde
communication,lalégislation,
ladisponibilitéetl’utilisation
d’informationssurlesmarchés.
Elaborationparticipativedes
politiques
nDoterlespauvresdeszonesrurales
de plus de responsabilités afin qu’ils
influencent les processus de prise de
décisions,dontilssontjusqu’iciexclus.
nMettreenœuvredesprocessus
d’élaborationdepolitiquesqui
impliquentlespauvresdansles
processusdeprisededécisionsquiles
affectent,pourrenforcerlacohésion
socialeetl’équité.
Institutions
nRenforcerlesorganisationsrurales
(tellesquelesorganisations
d’agriculteursetlessyndicats)pour
AGRICULTUREETDéVELoPPEMEnTRURALDURABLES(ADRD)DoCUMEnTSURLESPoLITIqUES
3
L’ ADRD et...
le rôle de l’agriculture dans la réduction de la pauvreté
offrirauxagriculteurspauvresdes
économiesd’échelleetuneproductivité
supérieures,leurpermettred’exercer
unleadershipetdévelopperdes
capacitésdenégociationenmatière
detransactionscommercialeset
deprocessuspolitiques11,touten
instaurantunelégislationpermettant
auxproducteursetauxtravailleursde
s’organiseretdesefédérer.
nRenforcerlescapacités
institutionnellesetprofessionnelles
pourinclurelespauvresdansles
institutionsetdanslesprocessusde
prisededécisionsquilesconcernent.
nRenforcerlesliensentrelessecteurs
publicetprivé,entreleszonesrurales
eturbainespourpromouvoirles
marchésetlaformationdechaînesde
valeur,toutenaugmentantlesservices
enzonesrurales.
Ciblerlesfemmesetles
pauvres
nInvestirparticulièrementdansles
femmes,lespauvresetlesgroupes
marginalisésquireprésententune
grandepartiedelamaind’œuvre
agricole.Renforcerlesservices
rurauxpourrépondreàleurs
besoins spécifiques en matière
d’information,derecherche,d’intrants,
de technologies, de finance et de
ressourcesnaturelles.
engagements
internationaux
DessignatairesdelaConférencedes
nationsUniespourl’Environnementetle
Développement(en1992)enfaveurde
l’ADRD(Chapitre14).Cesengagements
ontétéréitérésdanslecadreduSommet
mondialpourledéveloppementdurable
(en2002)[www.worldsummit2002.org],
duSommetmondialpourl’alimentation:
cinqansaprès(en2002)etdesobjectifs
dedéveloppementdumillénaire[www.
un.org/millenniumgoals].
Silesobjectifsdedéveloppementdu
millénairecomprennentunobjectif
spécifique visant à réduire de moitié la
pauvretéetlafaimd’ici2015,atteindre
cet objectif constitue un réel défi face
àlamondialisation.Satisfairecet
4
engagementinternationalderéductionde
lapauvretérequiert:
nlalibéralisationducommerce
combinéeàdespolitiquesetdes
investissementspermettantaux
pauvres de bénéficier d’opportunités
demarché,toutenlesprotégeantde
crisescommerciales.
ndespolitiquesetdesmécanismesde
mobilisationdesressourcesprivées
etpubliquesàplusgrandeéchelle,
pourluttercontrelapauvretéet
lafaimgrâceàl’agricultureetau
développementrural.
nuneaidepluseffective,maîtriséepar
lespays,alignéeetharmonisée.
contacts
organisation des nations unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAo):
Kostas stamoulis
[email protected]
margarita Flores
[email protected]
neela gangadharan
[email protected]
eve crowley
[email protected]
Fonds international de développement
agricole (FiDA)
rudolph cleveringa
[email protected]
références
CedocumentaétépréparéparKaren
Powell,encollaborationavecJennieDey
dePryck,PaolaTermine,olivierDubois,
David Palmer, Sofia Naranjo, les membres
desDivisionsduconseiltechniqueet
despolitiquesduFIDAetbiend’autres
(contacts).
FiDA 2001. Ruralpovertyreport2001:
thechallengeofendingruralpoverty,
oxfordUniversityPress,oxford,
http://www.ifad.org/poverty/.
1
2
DFiD 2005. Growthandpoverty
reduction:theroleofagriculture,ADFID
policypaper,DFID,Royaume-Uni.
unité des études prospectives
globales de la FAo, 2003.“Agriculture
inpovertyalleviationandeconomic
development”,Chapitre8deAgriculture
mondialehorizon20152030,FAoet
Earthscan,Rome.
3
4
Hurst, P., termine, P. et Karl, m., 2005.
Agriculturalworkersandtheircontribution
tosustainableagricultureandrural
development,FAo,BITetUITA.
L’ADRDet...lerôledel’agriculturedanslaréductiondelapauvreté
outils et ressources
Documents du FiDA, 2006,
de stratégie pour la réduction
de la pauvreté: portailsurla
pauvretérurale,http://www.
ruralpovertyportal.org/french/index.
htm
Dixon, J., gulliver, A. et gibbon,
D. 2001. Systèmesdeproduction
agricoleetpauvreté:améliorerles
moyensd’existencedesagriculteurs
dansunmondeenchangement,
FAoetBanquemondiale,Romeet
Washington.
FAo 2002.Women’sRighttoLand:A
HumanRight.8mars.
5
PnuD 1995.Rapportsurle
développementhumain.newYork:oxford
UniversityPress
6
7
christiaensen, l., Demery, l. et Kuhl, J.
2006.Theroleofagricultureinpoverty
reduction:anempiricalperspective,
document4013delaBanquemondiale
derecherchesurlespolitiques,Banque
mondiale,Washington,
http://econ.worldbank.org.
8
lopez, r. and Anriquez, g. 2003.Poverty
moduleChile,Rolesofagricultureproject
internationalconference,october2003,
FAo,Rome.
comité de l’agriculture de la FAo,
2005. Bioénergie,point7duprogramme
provisoire,13-16avril2005,Rome.
9
10
byerlee, D., Diao, X. et Jackson, c. 2005.
Agriculture,ruraldevelopmentandpropoorgrowth:countryexperiencesinthe
post-reformera,documentdediscussion
21surl’agricultureetledéveloppement
rural,Banquemondiale,Washington.
crowley e. et al. 2005.Organizations
ofthepoor:conditionsforsuccess,
FAo,Rome.
11
12Programme des nations unies pour
le développement, 2004.Thepoverty-
environmentnexus,Draftpracticenote,
www.undp.org
Lesdocumentspolitiques“ADRDet…”
sontconçuspourencourageretaiderles
gouvernementsàdévelopperetmettreen
œuvredespolitiquespouratteindrel’agriculture
etledéveloppementruraldurables.
Cettesérieestproduiteparl’InitiativeADRD,
uncadremultipartiteétabliensoutien
delatransitionversuneagricultureetun
développementruraldurablescentréssurla
personne.L’initiativeestmenéeparlasociété
civile,soutenueparlesgouvernementset
agencesintergouvernementalesetaniméepar
lawww.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3
L’ ADRD
2007
et...
l’agriculture biologique
L’agriculture biologique nourrit
la planète autant qu’un autre
mode de production agricole.
L’agriculture biologique offre, à
toute la chaîne de production
des aliments et des fibres, une
approche de l’agriculture, de
l’aquaculture et de la cueillette
sauvage respectueuse de
l’environnement et de la société.
Elle allie la science moderne
au savoir traditionnel, permet
aux agriculteurs de transformer
des exploitations agricoles
à faible apport d’intrants ou
de subsistance en systèmes
plus productifs, tout en tirant
davantage profit des ressources
locales disponibles.
En utilisant bien les ressources
naturelles et la biodiversité,
en recyclant les ressources
renouvelables, l’agriculture
biologique permet aux
agriculteurs, aux pasteurs et
aux pêcheurs de prospérer sans
intrants agricoles extérieurs.
Le marché biologique offre des
opportunités d’emploi et de
revenu en zones rurales. Des
politiques sont nécessaires pour
rendre l‘agriculture biologique
plus accessible et favoriser
ainsi l’agriculture durable, le
développement rural et la sécurité
alimentaire.
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes,
culturellement appropriés, humains et
fondés sur une approche scientifique
globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les
besoins nutritionnels et autres besoins
humains des générations actuelles et
futures, maintenir – voire si possible
accroître – les capacités de la base
de ressources naturelles à produire et
à se régénérer. Ces politiques doivent
également offrir un emploi durable à ces
générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
Le saviez-vous?
 Lors de ces dix dernières années,
l’agriculture biologique a progressé
d’une situation de niche à un réel
marché. Ce qui montre bien son
potentiel pour les entreprises.
 L’agriculture biologique est le secteur
alimentaire qui connaît la croissance
la plus rapide, avec une progression
soutenue de 10% par an depuis plus
de 10 ans.
 Avec un chiffre d’affaires annuel de
30 milliards de dollars E.U. en 2005,
les aliments et boissons biologiques
atteignaient une part de marché de 1 à
4% dans les pays industrialisés.
 En Chine, les ventes de détail de
produits biologiques atteignent 150
millions de dollars E.U. par an, tandis
que le marché intérieur de plusieurs
pays en développement est en
plein essor.
 Dans le monde, plus de 50 millions
d’hectares sont certifiés comme
terres biologiques, dont 31 millions
d’hectares de cultures et de pâturages
et 19 millions d’hectares de forêts. Le
Brésil et de nombreux pays de l’Union
Européenne prévoient que 20% de leurs
terres agricoles seront gérées de façon
biologique d’ici 2010.
Pourquoi faut-il agir?
L’agriculture biologique
contribue au
développement rural
Des politiques d’agriculture biologique
mûrement réfléchies constituent une
réponse aux différents problèmes
économiques, sociaux, politiques et
environnementaux qui pèsent sur les
communautés rurales. Elles peuvent avoir
un impact très positif sur les revenus, la
sécurité alimentaire, la responsabilisation
des communautés, la préservation des
ressources naturelles, le développement
rural et l’environnement.
Des politiques respectueuses de
l’agriculture, capables de générer
davantage de nourriture et de revenus
en zones rurales, peuvent contribuer
à vaincre la faim et la pauvreté. Mais,
sans le soutien des gouvernements,
sans politiques adaptées, cela ne se
produira pas.




 Les technologies à fort coefficient
d’intrants et l’offre de crédit ne
peuvent satisfaire les besoins des
pauvres. La hausse du coût des
intrants combinée à la baisse des prix
à la production constitue d’ores et déjà
une pression très forte pour la plupart
des agriculteurs, en particulier pour
ceux incapables d’investir vraiment.
Les politiques et les actions
gouvernementales en faveur du
développement de l’agriculture
biologique se référent essentiellement
à une concurrence commerciale
équitable et aux effets positifs sur
l’environnement, sans vraiment
intégrer les questions d’agriculture
biologique dans les objectifs des
politiques rurales.
Les aides gouvernementales pour
une recherche-développement qui
adapte la production aux différents
écosystèmes et traditions culturelles
demeurent encore limitées.
Les pratiques de l’agriculture
biologique améliorent la gestion et la
performance de l’écosystème agricole.
Là où le marché existe, les produits
biologiques certifiés offrent de réels
débouchés à l’export.
L’agriculture biologique peut inverser
le phénomène d’exode rural, en
rémunérant mieux le travail des
familles d’agriculteurs tout en offrant
des opportunités d’emploi aux
travailleurs locaux jusqu’ici sousemployés.
L’ ADRD et...
l’agriculture biologique
Ethique de l’agriculture
biologique
L’agriculture biologique au programme
des ONG
La Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM)
est une communauté composée de plus de 750 organisations membres dans
108 pays.
Les partisans de l’agriculture
biologique luttent pour la plus haute
forme d’éthique, fondée sur les 4
principes élaborés par l’IFOAM. Ces
principes valent pour l’agriculture
au sens large, y compris la façon
de traiter les sols, l’eau, la faune et
la flore, pour produire, préparer et
distribuer des biens. Cela comprend
tant la manière de se comporter
avec les autres et d’interagir avec
les paysages vivants, que l’héritage
légué aux générations futures.
des gouvernements
70 pays ont une réglementation sur les questions biologiques, à différentes
phases d’application, couvrant les exigences en matière de production,
transformation, certification, étiquetage et commercialisation des produits
biologiques.
du secteur privé
Quelque 400 entités s’occupent des questions de certification biologique. En
outre, les principaux négociants et détaillants de produits alimentaires dans le
monde offrent maintenant des produits biologiques à leurs clients.
L’agriculture biologique
protège l’environnement
Les dégâts causés par l’agriculture
industrielle sur l’environnement et sur les
communautés rurales sont solidement
documentés. Parmi ces dégâts, citons: les
émissions de gaz contribuant à l’effet de
serre, la pollution des eaux, la disparition
de la biodiversité, la dégradation des
terres et la forte résistance des mauvaises
herbes et des ravageurs aux herbicides et
pesticides chimiques.
Dans les pays de l’OCDE, le coût de
l’agriculture sur l’environnement et la
santé est en moyenne de 200 dollars E.U.
par hectare et par an. On peut éviter ces
dommages en faisant payer les produits
biologiques au prix fort et, effectivement,
les consommateurs choisissent ces
produits pour pallier les échecs des
politiques d’agriculture conventionnelle.
Quels sont les objectifs
politiques?
Les politiques actuelles visant à
améliorer les performances agricoles sur
l’environnement prévoient: l’interdiction
d’utiliser certains pesticides, des amendes
en cas de pollution des eaux, des mesures
financières incitatives pour bonifier des
terres à faible rendement ou encore le
financement de technologies permettant
de minimiser les dégâts. Toutefois, ces
instruments politiques sont souvent mal
appliqués. Il leur manque le soutien qui
permettrait d’étendre la gestion biologique
holistique, capable d’empêcher les
problèmes environnementaux.
Les 4 principes de l’agriculture
biologique
Santé – L’agriculture biologique
devrait soutenir et améliorer la santé
des sols, des plantes, des animaux
et des hommes considérés comme
un tout.
Ecologie – L’agriculture biologique
devrait se fonder sur les systèmes et
les cycles de la faune et de la flore,
produire en harmonie avec eux, les
imiter et aider à les maintenir.
Equité – L’agriculture biologique
devrait se fonder sur des
relations équitables en matière
d’environnement et de perspectives
d’avenir.
Soin – L’agriculture biologique
devrait être gérée avec précaution
et responsabilité pour protéger
l’environnement, la santé et le
bien-être des générations présentes
et futures.
Des politiques d’agriculture biologique
bien conçues peuvent aborder trois
aspects fondamentaux du développement
agricole durable:
IFOAM
 l’hygiène de l’environnement
– mediante la conservación y el uso
sostenible de recursos naturales
dentro y fuera del agroecosistema;
 le développement rural – mediante
el empleo y el empoderamiento de la
comunidad;
 la création de revenus – grâce à la
diversification, la création de valeur
ajoutée, la commercialisation et
le négoce.
2
L’ADRD et... l’agriculture biologique
Pour réussir, ces politiques devront être
intégrées, ou au moins harmonisées, aux
politiques de préservation de la nature,
de développement rural et de production
alimentaire.
Cela suppose d’étendre le concept
d’agriculture biologique, car il ne
s’agit pas d’une simple mesure agroenvironnementale mais bien d’un moyen
favorisant des stratégies de moyens
d’existence durables en zones rurales. Les
synergies entre l’agriculture biologique,
l’agrotourisme et la préservation de
l’environnement en résultant offriraient
aux entreprises rurales dynamiques des
opportunités viables.
Quels sont les choix
politiques?
L’agriculture biologique offre des
solutions en matière de: préservation
des ressources naturelles, rentabilité
agricole et bonne santé des terres,
des écosystèmes et des populations.
Cependant, si les agriculteurs n’ont pas
accès à des ressources comme la terre
ou l’eau et si l’agriculture est trop taxée,
ils seront peu motivés par la gestion
biologique. En outre, rappelons que
l’agriculture biologique répond davantage
à une demande du marché que d’autres
secteurs alimentaires. Dès lors, les
politiques doivent reconnaître les besoins
des consommateurs et des producteurs.
 promouvoir un développement
commercial et éduquer les
consommateurs;
 concevoir et mettre en place des
activités pertinentes de recherche,
formation et vulgarisation, notamment
en encourageant les réseaux à
échanger des informations sur la
recherche, la formation et le conseil
entre agriculteurs.
Dans l’Union Européenne, c’est sur la
réglementation du commerce de produits
biologiques que se fondent les aides
directes aux agriculteurs biologiques
sous l’égide des programmes agroenvironnementaux de la Politique Agricole
Commune.
Promulguer une politique
volontariste en matière
d’agriculture biologique
De réelles mesures politiques en faveur
de l’agriculture biologique requièrent
la suppression des obstacles et des
freins à l’agriculture biologique. Cela
comprend notamment les mesures ayant
un effet dissuasif comme les subventions
gouvernementales sur les engrais
chimiques, tandis que la production
biologique ne peut être commercialisée
comme telle en raison de l’éventuelle
contamination par des organismes
génétiquement modifiés (OGM).
Les objectifs varient d’un
pays à un autre
Les politiques d’agriculture
biologique varient d’une région à
l’autre et d’un pays à l’autre. Au
Chili, les politiques se concentrent
sur la création de revenus liés aux
exportations. La Malaisie voit dans
l’agriculture biologique un moyen
de soutenir le marché intérieur
et de réduire les importations.
Les politiques sont axées sur la
protection de l’environnement au
Danemark, sur le développement
rural en Afrique du sud, sur le
renforcement de la compétitivité des
petits exploitants en Inde, ou encore
sur une stratégie commerciale qui
fonde la compétition sur la qualité
et non plus sur la quantité dans les
petits Etats insulaires.
Pour aller de l’avant, il convient de
dédier des fonds spécifiques à la
recherche biologique et de concevoir
des programmes en collaboration avec
les agriculteurs pour s’appuyer sur leurs
connaissances traditionnelles. Des
mesures volontaristes supposent que
l’on intègre l’agriculture biologique dans
les services d’enseignement général
et de vulgarisation, en promouvant le
développement de technologies comme
les techniques améliorées de compostage,
Elaborer et appliquer une politique propice
avec des objectifs clairs constitue, selon
toute logique, un premier pas en faveur de
l’agriculture biologique. Les interventions,
souvent définies dans un plan d’action,
doivent cibler les éléments de la chaîne
alimentaire liés à l’offre et à la demande,
en particulier:
IFOAM
 établir le cadre juridique et
institutionnel, en définissant
notamment des normes adaptées
à tous les niveaux de la chaîne de
production biologique, depuis la
production jusqu’à la transformation,
la certification et l’étiquetage
des produits;
 offrir des mesures incitatives, mais
aussi un savoir-faire technique et
organisationnel aux producteurs,
avec notamment des aides aux
revenus grâce à des programmes
agro-environnementaux et de
développement rural;
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
l’agriculture biologique
la sélection et les essais de semences
biologiques.
Ces programmes peuvent soutenir
l’innovation dans les techniques
de production, la transformation, la
commercialisation et le commerce de
détail de produits alimentaires.
©iStockphoto.com/Bela Tibor Kozma
Tout comme les autres aliments, les
produits biologiques sont soumis à
des contrôles sanitaires et d’hygiène.
L’agriculture biologique répond aux
préoccupations des consommateurs en
matière d’hormones, d’antibiotiques et de
résidus de pesticides dans la nourriture,
mais aussi aux craintes des travailleurs
et des agriculteurs quant aux conditions
de travail, en offrant un environnement
professionnel plus sain et plus sûr
dans l’exploitation agricole, grâce au
moindre usage de produits chimiques. En
outre, l’agriculture biologique contribue
à développer le marché alimentaire
local et régional grâce à la chaîne de
production directe entre le producteur
et le consommateur, encourageant ainsi
les populations à se nourrir d’aliments
locaux. Les grandes industries alimentaires
et les détaillants ont pénétré le secteur
biologique, signe que le marché mondial
reconnaît désormais la préférence des
consommateurs pour des produits de
grande qualité.
4
L’ADRD et... l’agriculture biologique
FAO/J. Boethling
L’agriculture biologique
et la sécurité sanitaire du
consommateur
Comment intervenir:
promouvoir l’agriculture
biologique
Suite à l’industrialisation de l’agriculture,
le consommateur et le producteur
alimentaire sont dorénavant très éloignés
l’un de l’autre. L’agriculture biologique
rétablit un lien en commercialisant des
produits traditionnels résistants, tout
en permettant une agriculture fiable
utilisant moins d’intrants chimiques et en
établissant des systèmes alimentaires
de qualité. Les autorités locales peuvent
créer les conditions de développement
des marchés locaux en:
 organisant un marché d’agriculteur
quotidien ou hebdomadaire dans les
grandes villes;
 offrant des aliments biologiques
locaux dans les cantines publiques,
notamment dans les écoles et dans les
hôpitaux;
 promouvant un agrotourisme
écologique;
 montrant aux jeunes que les habitudes
alimentaires, l’agriculture et l’écologie
sont interdépendantes.
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Nadia Scialabba
[email protected]
Eve Crowley
[email protected]
Paola Termine
[email protected]
Fédération internationale des
mouvements d’agriculture biologique
(IFOAM)
Cristina Grandi
[email protected]
Références
Ce document a été préparé par Nancy
Hart, en collaboration avec Jenny Dey de
Pryck, Paola Termine, Louise Luttikholt et
bien d’autres (Contacts).
El-Hage Scialabba et Hattam 2002.
L’agriculture biologique, l’environnement
et la sécurité alimentaire. Rome: FAO.
Willer et Yussefi 2006. The World of
Organic Agriculture: Statistics and
Emerging Trends. IFOAM/FiBL.
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AgRicultuRe et DéveloPPement RuRAl DuRAbles (ADRD) Document suR les Politiques 2
L’ ADRD
2007
et...
le
travail
des
enfants
le travail des enfants
Il peut sembler moins tragique
de voir un enfant mener un
troupeau, aider ses parents à
cueillir des fruits ou encore pêcher
qu’un enfant travaillant en usine.
Pourtant, 10 millions d’enfants
sont confrontés à des situations
dangereuses, voire parfois
mortelles, dans l’agriculture.
S’il n’existe pas de frontières
claires entre la notion d’enfants
“travaillant” dans l’agriculture
et de “travail des enfants”
dans l’agriculture, il existe une
différence énorme entre un
enfant scolarisé donnant un coup
de main à l’exploitation agricole
parentale et un enfant travaillant
40 à 60 heures par semaine,
souvent dans un emploi risqué
et pénible.
Eliminer le travail des enfants
dans le secteur de l’agriculture
constitue un défi de taille, car les
enfants y représentent le tiers de
la main d’oeuvre. Les politiques,
qui visent à éliminer le travail
des enfants dans l’agriculture,
entendent réduire les risques
sanitaires et d’insécurité dans
l’agriculture, les forêts et la pêche,
tout en stimulant et en offrant
un meilleur accès à l’éducation.
Mais ces politiques doivent s’en
prendre avant tout à la racine du
mal: la pauvreté.
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement
rural doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains
des générations actuelles et futures,
maintenir – voire si possible accroître
– les capacités de la base de ressources
naturelles à produire et à se régénérer.
Ces politiques doivent également offrir
un emploi durable à ces générations,
réduire leur vulnérabilité et renforcer
leur autonomie.
le saviez-vous?
DAns le monDe
n 318 millions d’enfants de moins de
18 ans travaillent dans une activité
productive quelle qu’elle soit.
n 218 millions d’enfants participent à ce
que l’on appelle le travail des enfants.
n 126 millions des enfants astreints au
travail ont une activité dangereuse.
DAns le secteuR De l’AgRicultuRe
n 70% des enfants astreints au travail, soit
plus de 132 millions d’enfants, travaillent
dans l’agriculture.
n L’agriculture fait partie des trois activités
professionnelles les plus dangereuses,
au même titre que l’activité minière et le
bâtiment.
n Le travail des enfants est en progression
dans les activités de transformation après
récolte, le transport, le commerce et les
industries agricoles.
Pourquoi faut-il agir?
Des RAisons D’oPtimisme, mAis Aussi
Des Défis
n Entre 2000 et 2004, le nombre d’enfants
astreints au travail a diminué de 11% dans
son ensemble, et de 26% (soit la plus forte
réduction) dans les activités dangereuses.
• L’Amérique latine et les Caraïbes ont
joui de la plus forte diminution – la
proportion passant de 16,1% à 5,1%.
• L’Asie aussi a connu une réduction,
mais à un rythme inférieur aux
prévisions – la proportion passant de
19,4% à 18,8%.
• L’Afrique, qui est confrontée à une
croissance démographique et à
d’énormes pertes de travailleurs
agricoles dues à des maladies comme
le SIDA, a connu une légère croissance
– avec un taux passant de 26,4%
à 28,8%.
n C’est dans le secteur de l’agriculture que
la réduction du travail des enfants a été la
plus faible.
n Les filles assument souvent les
responsabilités du ménage en plus de
n Le travail des enfants dans l’agriculture
leur travail agricole pour libérer leur
renforce le cycle de la pauvreté rurale.
mère de ces tâches et leur permettre
Les enfants travaillent dans l’exploitation
ainsi de prendre un emploi rémunéré
agricole familiale ou comme employés
ou de travailler dans l’exploitation
pour compléter les maigres revenus
agricole familiale. Dès lors, souvent
de parents qui ne gagnent pas
elles n’ont pas le temps d’aller à
suffisamment pour faire vivre la famille
l’école ou, si elles y vont, elles sont
ou pour les envoyer à l’école.
trop fatiguées pour étudier.
n Les salaires des enfants sont inférieurs
n
Les garçons sont souvent engagés
à ceux des adultes. En fournissant
dans des tâches plus lourdes et
un travail bon marché, ils placent
plus dangereuses que les filles, par
les travailleurs agricoles adultes en
exemple pour couper la canne à sucre
situation difficile: il leur sera plus
ou pêcher sur des petits bateaux en
difficile de négocier des salaires justes
pleine mer.
et décents.
n Refuser une éducation aux enfants des
n Outre la menace immédiate de
zones rurales et les mettre dans une
machines dangereuses, d’outils
situation professionnelle qui nuit à leur
tranchants et de poids trop lourds pour
santé, à leur développement physique
eux, les enfants exposés aux produits
et mental, les empêche de se former à
agricoles chimiques, à la poussière ou
un travail plus qualifié (agricole ou non)
aux fibres sont davantage susceptibles
et réduit leurs capacités économiques
d’attraper des maladies qui ne se
futures.
révèleront peut-être qu’à l’âge adulte.
L’ ADRD et...
le travail des enfants
Participer à l’exploitation agricole ou aux autres activités du ménage, notamment
dans une agriculture de subsistance, permet aux enfants de développer les
compétences dont ils auront besoin pour réussir en tant qu’agriculteurs. Cela
leur donne également un sens d’appartenance à la communauté qui forge un
sentiment d’amour-propre et de bien-être en société. Cette participation devient
problématique lorsque les activités agricoles interfèrent avec l’école, lorsque le
travail agricole de la famille est dangereux ou lorsque les enfants doivent, pour
aider financièrement la famille, prendre des emplois rémunérés dangereux pour
lesquels ils ne sont ni assez forts, ni assez mûrs.
les travailleurs enfants
dans l’agriculture: qui
sont-ils?
L’emploi des enfants dans l’agriculture,
les forêts ou la pêche est souvent sousestimé dans les statistiques du travail: le
nombre total demeure inconnu encore
aujourd’hui. Pourtant, dans presque
toutes les communautés pauvres
agricoles, pastorales ou de pêcheurs
du monde entier, les enfants doivent
contribuer aux activités de l’exploitation
agricole familiale, en travaillant pendant
de longues heures et aussi dur que leurs
parents à chaque niveau du système de
production. Dans l’exploitation agricole
familiale, les enfants travaillent aux côtés
de leurs parents. Dans les plantations,
les enfants – qu’ils travaillent de façon
permanente, saisonnière ou comme
travailleurs immigrés – ne sont souvent
pas considérés comme employés, même
s’ils contribuent au salaire de leurs
parents. Dans les plantations, les grandes
exploitations agricoles à caractère
commercial et les industries agricoles,
un enfant perçoit pour son labeur moins
qu’un adulte, bien qu’il ait les mêmes
responsabilités et soit confronté à autant
de risques, si ce n’est davantage.
On ne connaît pas non plus la répartition
par genre du travail des enfants dans
l’agriculture. Toutefois, on sait que dans
le secteur des pêches où les enfants
représentent jusqu’à 5% de la main
d’œuvre, plus de 85% d’entre eux sont
des garçons travaillant directement sur un
bateau ou dans la transformation, tandis
que les filles aident à nettoyer le bateau
et à la transformation. Dans la plupart
des ménages d’agriculteurs, les filles
s’occupent plus souvent du jardin potager,
2
L’ADRD et... le travail des enfants
du petit élevage, d’aller chercher l’eau et
le combustible, tandis que les garçons
travaillent aux champs et s’occupent du
gros élevage.
quels sont les objectifs
politiques?
Les politiques qui favorisent
l’augmentation de la production et de la
productivité agricoles, l’amélioration des
mesures de sécurité sur le lieu de travail
et des services de santé, une éducation
de qualité pour les enfants ou encore des
emplois meilleurs et en plus grand nombre
pour les parents contribuent à l’essor de
l’ADRD. Lorsque les adultes ont accès à
un emploi décent, stable et productif, la
survie de la famille ne dépend plus du
revenu des enfants.
Au niveau macroéconomique, la stabilité
économique crée un environnement
propice à la croissance. La croissance
économique nationale peut contribuer
à résoudre le problème du travail des
enfants, si les pauvres bénéficient des
fruits de la croissance, grâce à des
mesures complémentaires comme:
n une politique nationale sur les
questions sociales et professionnelles,
promulguant des lois qui favorisent
l’élimination du travail des enfants,
assurent la santé et la sécurité sur le
lieu de travail, tout en établissant des
mécanismes pour veiller à l’application
de ces lois;
n l’éducation et la formation, en offrant
un accès abordable à une éducation
pertinente et de qualité;
n une mobilisation sociale, recherchant
la participation des communautés et
l’aide des médias pour mieux faire
connaître le problème du travail des
enfants;
n une protection sociale, avec des
politiques et des interventions qui
aident les pauvres (et ceux qui
pourraient le devenir) à réduire les
risques de crises, atténuer leur
impact et réagir aux dommages,
afin que les familles vulnérables ne
doivent pas retirer leurs enfants de
l’école pour les envoyer travailler
dans un emploi où ils seront
exploités.
stratégies pour
éliminer et empêcher
le travail des enfants,
en réduisant la
pauvreté
Investir dans la prévention est l’approche
la plus efficace à long terme pour mettre
FAO/G.Torsello
il y a une différence entre les tâches du ménage et le travail
des enfants
activité économique
la plupart des travaux effectués
par des enfants, pour le marché
du travail ou non, payé ou non,
à l’heure ou à temps plein,
occasionnel ou régulier, légal
ou illégal. Ne comprend pas les
tâches effectuées au foyer ou
à l’école.
travail des enfants
travail qui nuit aux enfants, les
maltraite, les exploite ou les prive
d’une éducation. Se réfère aux
enfants qui travaillent au dessous
de l’âge minimum requis pour
travailler dans un pays donné.
pires formes de travail des enfants
sans condition – travail qui
soumet les enfants à des
activités comme la prostitution, la
pornographie, le trafic, le travail
forcé, les enfants soldats.
dangereux – travail qui nuit à la
sécurité, la santé et la moralité
des enfants, notamment par des
normes ou des conditions de
travail insuffisantes en matière de
sécurité et de santé.
fin au travail des enfants. La prévention
suppose, avant tout, de reconnaître que
la pauvreté est la première cause sousjacente du travail des enfants. Les familles
ont besoin d’une sécurité de revenus et
d’avantages sociaux (comme l’accès aux
soins de santé), pour survivre à des crises
à court ou long terme sans dépendre du
travail ou des revenus supplémentaires
fournis par les enfants.
Les organisations d’employeurs et
d’employés ont également une part de
responsabilité dans la recherche de
solutions. De même, les systèmes majeurs
en matière de développement et de
droits de l’homme, comme les Objectifs
de Développement du Millénaire et les
stratégies de réduction de la pauvreté,
doivent aborder le problème du travail
des enfants.
nRéduction de la pauvreté: améliore
la situation économique des
ménages, par exemple en améliorant
l’accès à la terre et la productivité
agricole, en diversifiant les
possibilités économiques ou encore
en augmentant les salaires et les
rendements.
nMesure incitative en faveur de
l’éducation: apporte une aide sous
forme de repas scolaires gratuits ou
abolit les frais de scolarité notamment
à l’école primaire pour stimuler
la scolarisation. Les programmes
gouvernementaux (ou d’organisations
travaillant avec les gouvernements)
offrent de l’argent ou de la nourriture
aux familles dans le besoin pour les
inciter à envoyer leurs enfants à l’école
et ainsi réduire leur dépendance
vis-à-vis du salaire des enfants. Plus
important encore, ces programmes
rendront plus fortes les générations
futures, en offrant une éducation aux
enfants d’aujourd’hui. Alors, peut-être
ces générations à leur tour n’enverront
pas leurs enfants travailler.
nRéforme de l’éducation: organise le
calendrier scolaire en fonction des
saisons agricoles afin que les élèves
soient libres lorsqu’on a le plus besoin
d’eux aux champs. Conçoit des cours
techniques et professionnels adaptés
aux besoins spécifiques des jeunes
agriculteurs, les encourage et les
prépare à un avenir.
nSystème de prévention et pour forger
des capacités de récupération: stimule
les systèmes de micro-assurance
protégeant les petits agriculteurs en
cas de perte des récoltes. Ce système
peut recevoir l’aide du gouvernement
ou d’agences non gouvernementales
et être lié à de plus grosses structures
comme des banques ou des systèmes
de crédit. Les gouvernements peuvent
apporter une aide sous forme de
capital initial, de contributions et de
lois favorables aux petits agriculteurs.
nConvention collective: accroît le
pouvoir de négociation des syndicats
agricoles pour améliorer les salaires
des adultes et sensibiliser aux
problèmes des enfants, afin qu’ils
incluent une clause sur le travail des
enfants dans leurs contrats.
nGroupe d’entraide: soutient les
groupes, la gestion et l’épargne, en
s’appuyant sur des coopératives ou
des sociétés d’entraide qui renforcent
les moyens d’existence des ménages
et leurs capacités à rebondir.
fAo/A.conti
Définitions
nTechnologie agricole: introduit une
technologie à faible coefficient de main
d’oeuvre pour réduire les corvées et le
temps passé à des tâches agricoles,
domestiques et rurales, pour ainsi faire
moins travailler les enfants.
nSanté et sécurité: sensibilise et forme
au bon usage de l’équipement agricole
et des produits agrochimiques.
nSoins aux enfants: crée des structures
où les parents qui travaillent peuvent
laisser leurs enfants en toute
tranquillité.
Avancer grâce à des
initiatives spécifiques
nLancer une recherche sur les
questions de genre: évaluer les
problèmes particuliers auxquels
sont confrontées les petites filles
qui travaillent, pour concevoir des
programmes d’aide adaptés.
nEtudier l’efficacité des programmes
en faveur de l’éducation: parmi les
programmes en faveur de l’éducation,
identifier ceux qui ont le plus d’impact
et qui réduisent davantage le travail
des enfants (par exemple en ciblant les
garçons et/ou les filles, l’enseignement
secondaire, etc.).
AgRicultuRe et DéveloPPement RuRAl DuRAbles (ADRD) Document suR les Politiques 2
3
L’ ADRD et...
le travail des enfants
nSensibiliser et former les
employeurs et les parents: réunir les
gouvernements, les agences et les
familles pour aborder ensemble les
causes du problème et rechercher des
solutions en remplacement du travail
des enfants.
nEtablir localement une règlementation
pertinente sur l’emploi des enfants et
pour améliorer les normes de santé
et de sécurité: former à la gestion
intégrée de la production et des
ravageurs, pour être moins dépendants
des pesticides et autres produits
agricoles chimiques particulièrement
nuisibles aux enfants.
nRendre l’enseignement pertinent
pour les enfants ruraux: contribuer
au développement d’écoles pratiques
d’agriculture et de vie qui apportent
aux enfants des connaissances vitales,
tout en adaptant le calendrier scolaire
aux saisons agricoles.
nIntégrer le problème du travail
des enfants dans les activités
existantes: tirer profit des programmes
de développement qui existent
dans les pays en développement
(des programmes de terrain aux
programmes gouvernementaux),
pour aborder les problèmes du travail
dangereux des enfants.
nSoutenir le développement d’une
technologie à faible coefficient de
main d’oeuvre: réduire le poids qui
pèse sur les familles, notamment sur
celles qui ont perdu certains membres
valides de la famille de maladies
comme le SIDA.
les conventions du bit sur le travail des enfants
Convention no138 du BIT sur l’âge minimum
Convention no182 du BIT sur les pires formes de travail des enfants
Convention no184 du BIT sur la sécurité et la santé dans l’agriculture
En sensibilisant l’opinion mondiale aux effets possibles d’un travail dur et souvent
dangereux sur le développement, la santé et l’éducation des enfants, 156 nations
avaient ratifié en 2006 la Convention 182. Suite à la réduction de 11% du travail
des enfants dans le monde entre 2002 et 2006, le BIT a maintenant fixé l’objectif
d’éliminer toutes les pires formes de travail des enfants d’ici 2016, dans le cadre de
son Plan d’action mondial sur l’élimination du travail des enfants. Cet objectif a été
bien accueilli par les membres du BIT, à savoir les gouvernements, les fédérations
patronales et les syndicats de travailleurs.
contacts
Programme alimentaire mondial (PAm)
nicholas crawford
[email protected]
organisation des nations unies pour
l’alimentation et l’agriculture (fAo)
eve crowley
[email protected]
Ari gudmundsson
[email protected]
fédération internationale des producteurs
agricoles (fiPA)
mercy Karanja
[email protected]
fonds international de développement
agricole (fiDA)
Atiqur Rahman
[email protected]
maria Hartl
[email protected]
union internationale des travailleurs
de l’alimentation, de l’agriculture, de
l’hôtellerie-restauration, du tabac et des
branches connexes (uitA)
sue longley
[email protected]
organisation internationale du travail (bit)
Programme international pour
l’élimination du travail des enfants
[email protected]
institut international de recherche sur les
politiques alimentaires (ifPRi)
Akhter Ahmed
[email protected]
Références
Ce document a été préparé par Nancy
Hart, en collaboration avec Paola Termine,
Jennie Dey de Pryck, Peter Hurst et bien
d’autres personnes (contacts).
fAo 2007. “Children working in fisheries:
policies to eliminate child labor and
support livelihoods”, New directions in
fisheries – a series of policy briefs on
development issues. Rome. www.sflp.
or/briefs/eng/policybriefs.html
bit 2006. Tackling hazardous child labour
in agriculture. Guidance on policy and
practice. Genève.
bit 2006. La fin du travail des enfants: un
objectif à notre portée. Genève.
L’ADRD et... le travail des enfants
FAO/M.Bleich
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 19 2007
et...
les régions de montagne
L’ ADRD
Le saviez-vous?
1
Bien que les populations de montagne
soient plus exposeés à la pauvreté,
la faim, la marginalisation sociale ou
politique et aux conflits que les autres, les
politiques actuelles pour une agriculture
et un développement rural durables
(ADRD) n’abordent pas les besoins ou
potentialités de ces populations.
L’ADRD en régions de montagne
est également importante pour les
basses terres car elle assure un
approvisionnement adéquat en eau, la
stabilité environnementale, la préservation
de la biodiversité, de l’équilibre ruralurbain de la population, des sources
de produits agricoles de valeur et la
sauvegarde de l’héritage culturel.
 Quelques 720 millions de
personnes, 12 pour cent de la
population mondiale vivent dans des
régions de montagne.
 Parmi elles, 80 pour cent vivent au
dessous du seuil de pauvreté: 270
millions sont victimes de l’insécurité
alimentaire et environ 135 millions
souffrent de façon chronique de la
faim.
 Les montagnes sont le lieu
d’habitation de nombreuses
populations indigènes parmi
lesquelles la pauvreté est très
répandue.
 Les montagnes couvrent 22 pour
cent de la surface des terres du
globe.
 Les régions montagneuses
fournissent de l’eau douce à la
moitié de la population mondiale.
Pourquoi faut-il agir?
produits et services. Il aide également
à prévenir les désastres naturels tels
que l’ensablement, les inondations et la
pénurie d’eau grâce à des pratiques de
gestion durable des terres.
 Les grandes tendances mondiales
comme le changement climatique, la
perte de la biodiversité, la migration
et la mondialisation ont un impact fort
sur les montagnes et nécessitent de
meilleurs processus associant tous
les acteurs pour définir les actions
appropriées pour des gouvernements et
de la société civile.
A. Odoul, 1995/FAO
 Les populations les plus pauvres et qui
Agriculture et Développement Rural
Durables (ADRD)
L’agriculture et le développement rural
sont durables lorsqu’ils respectent
l’environnement, sont économiquement
viables, socialement justes, culturellement
appropriés, humains et fondés sur une
approche scientifique globale.
Les politiques de développement rural
doivent viser à satisfaire les besoins
nutritionnels et autres besoins humains des
générations actuelles et futures, maintenir
– voire si possible accroître – les capacités
de la base de ressources naturelles à
produire et à se régénérer. Ces politiques
doivent également offrir un emploi durable à
ces générations, réduire leur vulnérabilité et
renforcer leur autonomie.
souffrent le plus de la faim habitent
souvent dans les montagnes.
 Les montagnes sont fondamentales
pour la vie humaine. Elles fournissent de
l’eau douce à la moitié de la population;
elles recèlent une diversité génétique
et fournissent des produits alimentaires
de base qui aident à nourrir la
planète. Cependant, les écosystèmes
fragiles des montagnes sont menacés
par le changement climatique, la
mondialisation et la dynamique des
populations qui peuvent mener à la
surexploitation ou à l’abandon de
terres ainsi qu’à la dégradation de
l’environnement.
 Rendre l’agriculture durable dans les
régions de montagne est une condition
préalable pour protéger l’environnement
montagneux, favoriser l’économie
rurale et les moyens d’existence
des populations de montagne et
assurer la fourniture de services
environnementaux au reste de la
planète.
 Un développement durable des
régions de montagne est profitable
pour les régions de basse altitude:
économiquement, en fournissant
denrées et produits, socialement par la
sauvegarde du patrimoine culturel et du
paysage; pour l’environnement en tant
que fournisseur d’eau, de biodiversité,
de régulation du climat et autres
Quelles sont les options
politiques?
Pour aborder ces questions complexes, il
est nécessaire d’améliorer les processus
politiques et institutionnels afin de:
 s’assurer que les contraintes, la
diversité, les potentiels et les autres
spécificités2 des régions de montagne
sont intégrés dans les politiques et les
stratégies de l’ADRD;
 faire prendre conscience des
spécificités des régions de montagne,
des interactions en amont et en aval et
de l’importance des montagnes pour le
bien-être régional, national et mondial;
 soutenir les infrastructures et la valeur
ajoutée de la production ainsi que les
services dans les régions de montagne
dans la mesure où ceux-ci sont essentiels
au développement et aux moyens
d’existence durable en montagne;
L’ ADRD et...
les régions de montagne
 mettre sur pied des dispositifs
institutionnels pour coordonner les
principales institutions aux niveaux
national et transnational;
 favoriser la gestion des savoirs,
l’échange d’informations et la mise
en réseau de tout ce qui concerne les
montagnes.
Les questions
politiques
Les régions de montagne ont tendance à
être inaccessibles, fragiles et marginales
et à devoir faire face à une grande
diversité d’autres contraintes pour leur
développement. Cependant, la diversité
de leurs cultures, les conditions de
l’environnement et de leurs ressources
constituent un potentiel pour que les
produits et les services des régions de
montagne présentent des avantages
comparatifs par rapport à ceux des autres
régions.
Des politiques pour la
production de valeur ajoutée
et de services
Les politiques qui encouragent la
diversification et l’intégration d’activités
économiques comme l’écotourisme, les
produits de qualité de montagne ainsi que
d’autres productions de valeur ajoutée
sont essentielles pour le développement
durable des montagnes. Les politiques
existantes abordent rarement la diversité
des moyens d’existence et la vulnérabilité
des populations de montagne, ce qui se
traduit par des communautés de montagne
et des groupes vulnérables ayant des
accès inégaux aux opportunités. En fait, les
décideurs politiques ont une connaissance
limitée de l’importance des régions de
montagne et de leur population. Par
ailleurs, les peuples des montagnes, la
société civile et les preneurs de décisions
ne sont généralement pas conscients des
politiques qui existent et qui concernent les
ressources des montagnes.
La fourniture de biens et de
services par les régions de
montagne: les externalités
positives
Les montagnes fournissent une vaste
gamme de biens et de services qui sont
essentiels pour le reste de la société, créant
ainsi une interdépendance entre les régions
de hautes terres et de basses terres.
2
L’ADRD et... les régions de montagne
Cependant, les marchés, les structures
politiques et institutionnelles nationales
pour le développement agricole ignorent
souvent la dépendance des basses terres
envers et les liens avec les régions de
montagne. En conséquence, la diversité
culturelle et les moyens d’existence des
communautés rurales, les ressources
naturelles qu’elles gèrent et les biens
publics qu’elles fournissent sont sousévalués et pourraient diminuer de façon
graduelle.
Migration rurale urbaine
La migration peut aider à soulager la
pression exercée sur les terres et les
ressources des montagnes et offrir des
possibilités de gagner un revenu grâce
à un emploi dans les régions urbaines
et des envois de fonds. La migration
met également la pression sur les
infrastructures et les services urbains
et contribue à la pauvreté urbaine et au
chômage. Comme ce sont souvent les
hommes jeunes en âge de travailler qui
migrent, les femmes, les enfants et les
personnes âgées ont tendance à être
laissés pour compte. Ce qui se traduit par
une «féminisation de l’agriculture» et un
démantèlement des communautés rurales.
Parité hommes-femmes et
questions d’équité
Les populations de montagne ont tendance
à avoir des moyens plus faibles pour
s’engager dans le développement et
des processus politiques et sont parfois,
volontairement ou involontairement exclues,
ce qui crée des injustices, ou les renforce. En
particulier, peu de politiques sont sensibles
aux questions de genre, même si les femmes
jouent un rôle significatif dans les sociétés
de montagne en s’occupant des familles,
des terres et des moyens d’existence.
Patrimoine culturel
Les populations de montagne ont leurs
propres connaissances et leur patrimoine
culturel qui sont inhérents à leurs
manières de vivre ainsi qu’aux systèmes
et aux pratiques qui ont évolués et se sont
adaptés aux environnements de montagne.
Ils peuvent tirer profit de leur patrimoine
culturel pour parvenir à un Agriculture et un
Développement Rural Durables en réalisant
des produits artisanaux, en assurant
l’entretien des sites et des paysages
dignes d’intérêt et en profitant d’autres
valeurs économiques issues des biens et
des services créés à partir des traditions
culturelles.
Quelles sont les options
politiques?
Les régions de montagnes présentent
des variations considérables parmi et
au sein des zones écologiques. Il existe
également une certaine diversité dans la
vie économique, sociale et culturelle des
régions de montagne.
Afin de prendre en compte les différents
besoins des populations et régions de
montagne, des politiques et combinaisons
intégrées de politiques, institutions et
processus favorisant l’ADRD dans les
régions de montagne sont nécessaires
comme expliqué ci-dessous.
Les politiques
Développer des stratégies
pour le développement
durable dans les régions de
montagne
 Les politiques pour les environnements
fragiles des montagnes nécessitent une
vision à long terme et une approche
Le projet ADRD-M3 et le groupe d’Adelboden
Le projet multi-acteurs dans le domaine de l’agriculture et du développement rural
durables dans les régions de montagne (ADRD-M) a pour objectif de soutenir les
moyens d’existence des ruraux des régions de montagne en facilitant la réalisation,
la révision, la mise en œuvre et l’évaluation de politiques d’ensemble et de
processus institutionnels qui soutiennent l’ADRD dans les régions de montagne aux
niveaux mondial, régional et national. Le projet a bénéficié des conseils du groupe
d’Adelboden, une plate-forme multi-acteurs pour la discussion de politiques et de
moyens d’action, d’échanges d’expériences et de préparation d’initiatives pour le
développement durable dans les régions de montagne. Le groupe d’Adelboden a fait
une recommandation4 en 2007 (dont les thèmes et les conseils sont présentés dans
ce document) et les membres se sont engagés à promouvoir l’approche de l’ADRD-M
pour le développement des montagnes.
holistique qui cherche à équilibrer
les piliers économiques, sociaux et
environnementaux du développement
durable.
 Même quand les structures politiques
pour le développement durable ou
l’ADRD existent, des stratégies ou
des approches spécifiques doivent
être développées pour les régions de
montagne.
Prendre conscience des
spécificités des régions de
montagne
 Les spécificités des régions de
montagne doivent être prises en
considération dans l’élaboration et la
mise en œuvre de politiques nationales
car celles élaborées pour les régions
des basses terres ne sont pas forcément
compatibles.
 Les décideurs politiques doivent voir s’il
faut élaborer une politique spécifique
pour les montagnes dans leur pays ou
si des choix importants pour les régions
des montagnes doivent être intégrés
dans l’agriculture présente et future et
dans le développement rural en général.
Quoique l’on utilise les deux approches,
la tendance est d’intégrer les questions
des montagnes dans les politiques
nationales.
Soutenir la production de
la valeur ajoutée et les
services dans les régions de
montagne
Les régions de hautes terres ont
généralement un accès difficile aux
marchés des basses terres dans les
régions urbaines. Les décideurs politiques
devraient travailler pour améliorer l’accès
des populations de montagne aux basses
terres et aux marchés et services urbains.
Ils devraient également encourager le
partenariat public-privé pour améliorer
les conditions socioéconomiques des
populations des montagnes.
Les institutions
Créer des capacités
institutionnelles pour faciliter
la formulation de façon
participative d’une politique,
sa mise en œuvre, son suivi
et son évaluation
Comme dans les régions de montagne
les institutions ont tendance à être
isolées et marginalisées par rapport
et au processus de développement et
aux politiques nationales, la formation
du personnel du gouvernement et des
acteurs locaux doit être renforcée pour
mettre en oeuvre les programmes de
façon efficace. Le renforcement des
capacités et la prise de conscience sont
nécessaires en développant et utilisant des
méthodes et outils participatifs appropriés
afin de renforcer la prise en compte des
besoins des populations de montagne,
de suivre et évaluer les politiques et les
programmes destinés à la montagne et de
soutenir la décentralisation ainsi que le
développement local.
Établir des dispositifs
institutionnels appropriés
pour faciliter la coordination
et la coopération parmi les
institutions
 Au niveau national: pour dépasser
les différences entre les politiques
sectorielles, on a besoin d’un cadre
institutionnel coordonné entre
divers secteurs afin d’assurer la
complémentarité et la cohérence entre
politiques ainsi qu’une application
appropriée de ces politiques dans les
régions de montagne.
 Au niveau transnational: les montagnes
font souvent office de frontières
naturelles. Les régions de montagne
peuvent également représenter dans un
pays une source supplémentaire, par
exemple d’eau, pour un autre pays situé
plus en aval. Des politiques régionales
et structures institutionnelles, y compris
des conventions, sont nécessaires pour
prendre en compte ces relations de
façon efficace et équitable. De telles
politiques devraient assurer qu’une
attention correcte et des ressources
soient allouées pour le développement
d’institutions responsables de la
coordination transnationale des zones
de montagne et des ressources.
Processus
Promouvoir la gestion
des savoirs, de l’échange
d’informations et de la mise
en réseau
 Les politiques et les programmes
devraient inclure la recherche afin de
combler le manque d’informations
de base et de données sur les
régions des montagnes. Les données
socioéconomiques au niveau national
ne sont pas souvent désagrégées
pour les zones de montagne, ce qui
empèche les décideurs politiques de
prendre en compte les particularités
des montagnes dans leurs politiques.
Une meilleure information et recherche
sur la montagne peut également aider
à prendre conscience des questions
auxquelles font face les populations
des montagne et faciliter les actions
de plaidoyer de la société civile.
Les décideurs politiques devraient
soutenir les programmes qui aident à
développer et mettre à jour les bases
de données concernant les savoirs
locaux autochtones, le potentiel des
régions de montagne, les inventaires
Qu’est-ce que les externalités positives?
Les externalités positives correspondent aux biens et aux services qui sont fournis
par la montagne et qui ne sont pas pris en compte sur le marché. Les politiques
et de nouveaux mécanismes de marché qui soutiennent la rémunération des
communautés de montagne en ce qui concerne les biens précieux et les services
qu’ils fournissent aux régions de basses terres peuvent contribuer à assurer la survie
non seulement des communautés de montagne mais également de ces biens et des
services.
Biens et services des montagnes
(externalités positives)
Mécanismes pour la rémunération
des communautés de montagne
Qualité de l’eau, protection du sol
Paiements pour le reboisement et les
pratiques de l’agriculture durable
Risque naturel, prévention et protection
Paiements pour la plantation d’arbres
Sauvegarde de l’héritage culturel
Tourisme, agrotourisme, vente de
produits de qualité
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES
3
L’ ADRD et...
les régions de montagne
des institutions locales en rapport
avec les questions des montagnes, les
politiques, les programmes et les projets
qui doivent être mis en œuvre ainsi
que la situation des familles rurales de
montagne.
 Pour faciliter les échanges de politiques,
de connaissances et d’expériences liées
à l’agriculture et au développement
rural dans les régions de montagne,
les décideurs politiques devraient
également encourager l’échange
d’informations et la mise en réseau au
sein et entre les pays par le biais de
plateformes nationales et régionales.
Encourager la participation
dans la formulation des
politiques
Pour s’assurer que les politiques d’ADRD
sont adaptées aux spécificités des régions
de montagne, les processus politiques
doivent être développés afin d’encourager
la participation des communautés de
montagne et des principales parties
prenantes à tous les niveaux. Comme bien
souvent les populations des montagnes
ne sont pas conscientes de leurs droits
et, d’un point de vue historique, n’ont pas
été exposées aux processus politiques,
il conviendra de mettre en œuvre des
programmes et des ressources pour
développer leurs capacités et leurs
compétences pour le lobbying et la
participation dans la formulation des
politiques.
Suivre et évaluer les
politiques
Les politiques à la fois générales et
spécifiques de l’ADRD doivent être
contrôlées et leurs impacts évalués. Les
politiques qui sont peu adaptées aux
conditions biophysiques des régions
de montagne peuvent avoir des effets
fortement négatifs sur l’environnement et
les moyens d’existence des populations des
montagnes.
Contacts
Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Marcela Villarreal
[email protected]
Eve Crowley
[email protected]
Douglas McGuire
[email protected]
4
L’ADRD et... les régions de montagne
Groupe consultatif pour la recherche
agricole internationale (GCRAI)
– Programme mondial de la montagne
(GMP)
Peter Trutmann
[email protected]
Euromontana
Kristiina Urpalainen
[email protected]
Centre international de hautes études
agronomiques méditerranéennes –Institut
d’études agronomiques méditerranéennes
de Bari (CIHEAM-IAMB)
Lamberto Lamberti
[email protected]
Centre international de mise en valeur
intégrée des montagnes (ICIMOD)
Kamal Banskota
[email protected]
Programme pour l’agriculture durable sur
les terres en pente d’Amérique centrale
(PASOLAC)
Manuel Martinez
[email protected]
Programme des Nations Unies pour
l’Environnement - Secrétariat Intérimaire
de la Convention des Carpates
Harald Egerer
[email protected]
Groupe d’Adelboden
Hans-Jörg Lehmann
[email protected]
Références
Ce dossier a été préparé par Takashi
Takahatake, en collaboration avec, entre
autres, S. Kelly, A. Rottger (FAO), G. Viatte
(voir contacts).
1
FAO. 2004. Pour une meilleure prise en
charge du développement des montagnes,
28 avril 2004. Rome.
2
FAO et ICIMOD. 2006. Evaluation des
politiques ADRD-M dans l’Hindu Kush
Himalaya : Synthèse. Rome, Projet ADRD-M.
3
FAO. Projet pour l’Agriculture et le
développement rural durables en régions
de montagne (ADRD-M), GCP/GLO/136/
MUL, financé par la Suisse, la France et le
Japon, 2005-2009.
4
Groupe Adelboden. 2007.
Recommandation du groupe Adelboden
sur l’agriculture et le développement rural
durables en régions de montagne (ADRDM). Rome, 3 octobre 2007.
FAO. 2007. Analyse interrégionale des
forces et faiblesses des politiques,
institutions et processus d’ADRD en régions
de montagne. Rome, Projet ADRD-M.
FAO. 2005−2007. Les évaluations des
politiques du projet ADRD-M.
Outils et ressources
FAO-EUROMONTANA. 2007. Externalités
positives des régions de montagne:
valorisation par les politiques et les
marchés. Rome, Projet ADRD-M:
http://www.fao.org/sard/fr/sardm/
Communi/2900/index.html
FAO. 2007. Cadre pour une évaluation
rapide des politiques, institutions et
processus de l’ADRD en régions de
montagne: guide pratique. Rome, Projet
ADRD-M:
http://www.fao.org/sard/fr/sardm/
Communi/2666/index.html
FAO. 1997. Directives pour l’intégration
de l’agriculture et du développement
rural durables dans les politiques
agricoles. FAO, Document sur la
Politique agricole et le développement
économique, No. 4. Rome:
http://www.fao.org/docrep/w7541E/
w7541e00.htm
OCDE-CAD. 2001. Directives CAD:
stratégies de développement durable.
Paris, Organisation de coopération et de
développement économiques; Comité
d’aide au développement (OCDE-CAD):
http://www.oecd.org/document/40/
0,3343,fr_2649_201185_2670319_1_
1_1_1,00.html
UNDESA. 2002. Directives pour
la préparation d’une stratégie
nationale de développement: gestion
du développement durable dans
le nouveau millénaire. Document
d’information no 13 (DESA/DSD/PC2/
BP13). Nations Unies, Département
des affaires sociales et économiques
(UNDESA):
http://www.un.org/esa/sustdev/
publications/nsds_guidance.pdf
Les documents politiques “ADRD et…”
sont conçus pour encourager et aider les
gouvernements à développer et mettre en
œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture
et le développement rural durables.
Cette série est produite par l’Initiative ADRD,
un cadre multipartite établi en soutien
de la transition vers une agriculture et un
développement rural durables centrés sur la
personne. L’initiative est menée par la société
civile, soutenue par les gouvernements et
agences intergouvernementales et animée par
la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html