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AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 1 L’ ADRD 2007 et... travailleurs agricoles Les travailleurs agricoles souffrent de forts taux de pauvreté, d’insécurité alimentaire, de décès, de blessure et de maladie. En outre, on leur refuse souvent les droits de l’homme les plus élémentaires. Les politiques qui visent à sécuriser les moyens d’existence et à améliorer les conditions de travail des travailleurs agricoles bénéficieront aux communautés rurales et à leur économie, mais aussi à l’économie régionale et nationale. Le saviez-vous? Il y a 450 millions de travailleurs agricoles. Ce groupe – qui constitue déjà plus de 40% de la main d’oeuvre agricole – connaît une croissance absolue et relative (représentant une part croissante des actifs agricoles). Dans de nombreux pays, plus de 60% de travailleurs agricoles vivent dans la pauvreté. L’agriculture fait partie des trois secteurs économiques les plus dangereux: 170,000 décès ont été causés par des accidents sur le lieu de travail en 1997 et 7 millions de travailleurs agricoles sont morts du VIH/SIDA entre 1985 et 2001. Moins de 20% des travailleurs agricoles bénéficient d’une couverture sociale élémentaire. 70% des enfants dont le travail nuit à leur développement et à leur bienêtre travaillent dans l’agriculture. 20-30% des travailleurs agricoles sont des femmes: ce groupe est marginalisé dans la plupart des zones rurales. Pourquoi faut-il agir? Quels sont les buts politiques? Les travailleurs agricoles font partie FAO/F.Botts Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. des groupes les plus pauvres et les plus exposés à l’insécurité alimentaire. Les travailleurs agricoles ont souvent des occupations dangereuses, ils subissent l’exploitation et les conditions de paiement, ont des contrats précaires avec de fréquentes périodes de chômage, et n’ont que peu d’accès à la protection sociale. Le nombre et l’importance des travailleurs agricoles augmentent, car l’agriculture est de plus en plus commercialisée et la propriété des exploitations agricoles de plus en plus concentrée. La mondialisation et la compétition accrue au niveau de l’exploitation agricole et le long de la chaîne ont engendré un plus fort taux d’emploi saisonnier dans l’agriculture, ce qui constitue une menace pour les moyens d’existence des travailleurs agricoles. Les travailleurs agricoles et leurs syndicats jouent un rôle important dans la réalisation de l’ADRD et leur contribution devrait être accrue. Créer des opportunités d’emplois décents, stables et productifs dans l’agriculture incluant des salaires adéquats. Garantir aux travailleurs agricoles la possibilité de satisfaire leurs besoins quotidiens ainsi que ceux de leur famille et d’améliorer leurs moyens d’existence. Respecter les droits de l’homme élémentaires des travailleurs agricoles. Réduire les décès, blessures et maladies dans l’agriculture, en assurant des conditions de travail sans danger. Eliminer les formes de travail qui nuisent au développement et au bienêtre des enfants et particulièrement les pires formes de travail des enfants. Renforcer les organisations de travailleurs agricoles, y compris leurs syndicats. Engager et responsabiliser les travailleurs agricoles dans le processus de développement. L’ ADRD et... travailleurs agricoles Les questions politiques propres moyens d’existence ainsi que la productivité agricole en général. SIDA et au travail forcé que dans d’autres secteurs. Conditions de santé, de sécurité et d’environnement insuffisantes Des conditions d’emploi insuffisantes Les travailleurs agricoles et petits agriculteurs sont confrontés à différents types d’inconvénients et d’obstacles à leur bien-être, comme indiqué ci-dessous. Les accidents mortels, les blessures et maladies réduisent le bien-être et les biens (le travail) des travailleurs agricoles, la sécurité des moyens d’existence de leur ménage, ainsi que la productivité agricole en général. Pauvreté et insécurité alimentaire Négation des droits de l’homme élémentaires Il découle de ces conditions d’emploi insuffisantes: de forts taux de pauvreté, l’insécurité de l’emploi, l’abus de pouvoir par les employeurs ou entrepreneurs, des mouvements de population illégaux, une faible transparence des rapports sanitaires et de sécurité, et, en fin de compte, une faible productivité et un faible développement économique. Les travailleurs agricoles comprennent les personnes qui travaillent dans des exploitations agricoles et plantations, ainsi que dans des usines de première transformation pour la production d’aliments et de fibres. Ils travaillent pour être rémunérés en argent ou en nature, et ne possèdent, ni ne louent la terre ou l’équipement utilisé pour leur travail. En font partie: les travailleurs permanents ou à temps plein, saisonniers, temporaires ou occasionnels, migrants, indigènes, ceux qui sont payés à la pièce (c’est-à-dire par unité de travail) ainsi que les petits agriculteurs qui souvent font un travail agricole rémunéré en complément des revenus de leur propre exploitation agricole. Il existe de forts taux de pauvreté et d’insécurité alimentaire parmi les travailleurs et leur famille. Cette situation est essentiellement due aux bas salaires, à la faiblesse des marchés du travail et au fort chômage qui sévit en zones rurales. La pauvreté et la sous-nutrition diminuent le bien-être et les capacités de travail des travailleurs agricoles, ce qui contribue à réduire la sécurité de leurs Les travailleurs agricoles souffrent de forts taux de décès, blessure et maladie. Les causes en sont: de hauts niveaux de risque sur le lieu de travail (liés par exemple à l’utilisation de machines et de pesticides), de longues journées de travail, des mesures de sécurité limitées, de faibles services sanitaires et une formation insuffisante sur les questions de santé et de sécurité en zones rurales, une forte prévalence du VIH/SIDA et de faibles conditions de vie. L’opposition politique, la main d’œuvre disséminée et la forte proportion d’emplois informels, occasionnels ou temporaires sont autant de facteurs qui limitent l’organisation des travailleurs agricoles en syndicats. Les travailleurs agricoles se voient donc souvent refuser un droit de l’homme élémentaire, c’est-àdire la liberté d’association qui permet aux employés de s’organiser et de négocier collectivement avec leur employeur. Les restrictions qui touchent les syndicats dans le secteur agricole limitent également l’éventuelle contribution de ces organisations au développement durable qui s’appuierait sur les processus de changements industriels, l’éducation et la formation des travailleurs et la protection du lieu de travail (voir l’encadré 1). 2 L’ADRD et... travailleurs agricoles FAO/F.Botts La discrimination contre les travailleurs agricoles compromet également les droits de l’homme élémentaires. Les femmes, les migrants et les populations indigènes travaillant dans l’agriculture non seulement ont souvent des salaires et conditions d’emploi inférieurs, mais sont aussi plus exposés à la pauvreté, au VIH/ Les salaires dans le secteur agricole sont faibles et ne progressent pas nécessairement quand la productivité augmente. La couverture sociale (comme par exemple l’assurance-maladie et la protection de l’emploi) est insuffisante et se détériore du fait du caractère de plus en plus occasionnel du travail agricole. Les cadres juridiques, qui déterminent dans l’agriculture les relations employeuremployé, sont faibles. En outre, il est difficile de faire appliquer ces cadres juridiques dans les zones rurales éloignées. Forte proportion du travail des enfants La forte proportion du travail des enfants est attribuée à la forte proportion de pauvreté, de production saisonnière avec des pics au niveau de la demande du travail, du manque d’écoles, de la prévalence des paiements à la pièce et d’un droit du travail insuffisant. Ces conditions incitent à recourir au travail des enfants pour répondre aux besoins de base du ménage. Certains types de travaux peuvent nuire au bien-être et au développement des enfants, ainsi qu’à leurs futurs moyens d’existence. Le travail des enfants peut également compromettre le pouvoir des adultes à négocier une augmentation des salaires. Exclusion Les travailleurs agricoles sont souvent exclus des processus de prises de décisions, car ils ne sont pas toujours reconnus comme un groupe distinct ayant des besoins et intérêts spécifiques et ils ne sont pas organisés. Quelles options politiques existent? Sécurité des moyens d’existence Garantir un réel marché du travail et favoriser la diversification des emplois ruraux. Améliorer les opportunités d’emplois rémunérateurs pour les femmes en zones rurales. Adopter des mesures de protection sociale, avec des systèmes d’emploi comme, par exemple, les travaux publics d’aide d’urgence ou de réduction de la pauvreté. Santé et sécurité sur le lieu de travail Promouvoir l’adoption de pratiques agricoles qui réduisent les risques et dangers en termes de santé et de sécurité pour les travailleurs (par exemple les pratiques de gestion intégrée des pesticides et l’utilisation d’équipements de protection) et les consommateurs (notamment les demandes de sécurité alimentaire). On pourrait y inclure les programmes d’éducation et de formation visant à renforcer les connaissances et compétences des travailleurs agricoles. Réglementer les horaires de travail, tout en maintenant la flexibilité nécessaire (à la gestion des fluctuations saisonnières et au marché) en termes de demande de main d’oeuvre agricole (Convention 184 de la BIT). Consulter les travailleurs pour élaborer des politiques qui favorisent la prévention du VIH/SIDA et des discriminations rattachées à la maladie sur le lieu de travail (Code d’usages sur le VIH/SIDA). Autoriser les travailleurs à choisir leurs propres représentants pour la sécurité sur le lieu de travail (Convention 184 de la BIT). Les travailleurs agricoles contribuent à l’ADRD en: appliquant des pratiques agricoles durables maintenant les standards de sûreté alimentaire maintenant un lieu de travail sûr, sain et respectueux de l’environnement fournissant du travail au secteur agricole. Exemples de syndicats contribuant à l’ADRD: Insertion de clauses de durabilité et de condition d’emploi dans les conventions collectives (ex: limitation de la durée d’emploi informel au Kenya) Insertion de questions d’ADRD, de sécurité alimentaire et de développement durable dans les programmes sanitaires et de sécurité sur le lieu de travail (ex: la Labour Environmental Alliance Society à Vancouver sur l’élimination des toxines sur le lieu de travail et dans la communauté) Réseau de communication pour sensibiliser les travailleurs à l’ADRD (ex: Le syndicat Transport and General Workers’ Union et la gestion de la ‘maladie de la vache folle’ au Royaume-Uni) Education et formation des travailleurs pour renforcer leurs connaissances et compétences en matière d’ADRD (ex: Formation sur la protection des pesticides (IPM) par l’UITA et le Mécanisme mondial IPM) Coordination avec les groupes d’ONG et de la société civile, les producteurs et le secteur privé à toutes les étapes de la chaîne alimentaire (ex: l’UITA, la Coordination des syndicats de travailleurs de la banane d’Amérique latine et la société multinationale de la banane, Chiquita, pour le respect des normes de travail) Réseaux de coordination et de communication aux niveaux national, régional et international (ex: l’UITA et International Flower Coordination pour élaborer un code de conduite international). FAO/G.Bizzarri Les travailleurs agricoles doivent participer aux processus de prises de décisions qui affectent leur vie, pour obtenir des résultats positifs pour leur bien-être, tout en maximisant leurs capacités à contribuer à l’ADRD. Conditions de travail et sécurité sociale Garantir que les conditions des travailleurs agricoles sont cohérentes avec les normes et législations nationales et internationales. Maintenir la flexibilité du marché du travail et étendre aux travailleurs saisonniers / temporaires les conditions de travail et la couverture sociale des travailleurs qui ont un emploi permanent. Etablir et veiller à l’application de salaires minimums pour les travailleurs agricoles et à l’égalité des salaires entre hommes et femmes. Utiliser les politiques de protection sociale comme les systèmes de retraite et d’emploi pour réduire la pauvreté et la vulnérabilité, tout en garantissant que les travailleurs ont une couverture d’assurance les protégeant en cas de décès, blessure ou maladie (Convention 184 de la BIT). Définir juridiquement de nouvelles formes de relations employé-employeur prédominantes dans l’agriculture. Garantir que les statuts, droits et obligations des deux parties sont clairs et fondés sur des contrats, et que les travailleurs sont protégés contre l’exploitation. Utiliser les codes de conduite, contrats et conventions collectives pour améliorer les conditions de travail. Etablir un système d’inspection national pour faire appliquer les lois et conditions de travail. AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... travailleurs agricoles Respect des droits de l’homme élémentaires Permettre aux employeurs et travailleurs d’établir et de rejoindre leur propre syndicat (Conventions 11, 87 et 98 de la BIT). Soutenir les syndicats et autres institutions qui représentent et aident les travailleurs agricoles. Empêcher toute discrimination sur le lieu de travail agricole contre les victimes du VIH/SIDA, les femmes, les populations indigènes et les migrants (Conventions 100 et 111 de la BIT), ainsi que tout travail forcé (Conventions 29 et 105 de la BIT). Travail des enfants Garantir que les enfants qui travaillent ont atteint l’âge légal minimum pour le faire (Convention 138 et 182 de la BIT), que leur santé et sécurité sont totalement protégées et qu’ils reçoivent préalablement une formation appropriée (Convention 184 de la BIT). Participation Reconnaître les travailleurs agricoles comme un groupe professionnel distinct ayant des besoins et intérêts spécifiques. Renforcer les capacités des travailleurs agricoles à produire de façon durable des aliments et fibres de bonne qualité, sûrs et abordables. Engager des travailleurs à identifier et gérer l’impact des projets de développement sur les marchés et les conditions du travail, ainsi que sur les travailleurs individuels. Faire participer les travailleurs agricoles et leur syndicat dans les processus de prises de décisions qui les concernent. Etant donné que les inconvénients et obstacles que subissent les travailleurs agricoles sont liés les uns aux autres, une réponse politique globale doit être apportée qui intègre les éléments de toutes ces recommandations. Ces recommandations sont cohérentes avec les conventions de l’Organisation Internationale du Travail (BIT), qui sont identifiées entre parenthèses et détaillées à la fin du présent document. 4 L’ADRD et... travailleurs agricoles Guide des Conventions de l’Organisation Internationale du Travail (BIT) No. 11 – Convention sur le droit d’association (Agriculture), 1921 No. 29 – Convention sur le travail forcé, 1930 No. 81 – Convention sur l’inspection du travail, 1947 No. 87 – Convention sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948 No. 98 – Convention sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949 No. 100 – Convention sur l’égalité de rémunération, 1951 No. 105 – Convention sur l’abolition du travail forcé, 1957 No. 111 – Convention sur la discrimination (emploi et profession), 1958 No. 129 – Convention sur l’inspection du travail (Agriculture), 1969 No. 138 – Convention sur l’âge minimum, 1973 No. 182 – Convention sur les pires formes du travail des enfants, 1999 No. 184 – Convention sur la sécurité et la santé dans l’agriculture, 2001 Principes et droits fondamentaux au travail Code d’usages sur le VIH/SIDA Engagements internationaux Les signataires de la Conférence des Nations Unies pour l’Environnement et le Développement (1992) se sont engagés à atteindre l’ADRD (Chapitre 14 de l’Action 21) et à renforcer le rôle des syndicats de travailleurs agricoles (Chapitre 29). Ces engagements ont été re-mis en vigueur par des accords de suivi, comme le Sommet mondial pour le développement durable (2002), le Sommet mondial alimentaire: cinq ans après (2002) et les Objectifs du millénaire pour le développement. L’agriculture et le développement rural ne peuvent être durables que si les personnes employées dans l’agriculture peuvent maintenir des moyens d’existence durables (c’est-àdire satisfaire leurs besoins quotidiens), sont traitées de façon équitable et ont la garantie des droits de l’homme élémentaires. Les travailleurs agricoles peuvent également contribuer à l’ADRD par la mise en œuvre de pratiques agricoles durables. Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] Organisation Internationale du Travail (BIT) Peter Hurst [email protected] Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA) Sue Longley [email protected] Référence complète Cette brochure a été préparée par Karen Powell, en collaboration avec Paola Termine, Jennie Dey De Pryck et autres (Contacts). FAO, BIT et UITA 2005. Agricultural Workers and their Contribution to Sustainable Agriculture and Rural Development. www.fao.org/docrep/008/af164e/ af164e00.htm de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 20 2007 L’ ADRD et... les bonnes pratiques agricoles (BPA) Le saviez-vous? Les bonnes pratiques agricoles (BPA) sont des principes et des codes d’usages pour la gestion des exploitations agricoles qui peuvent permettre de parvenir à l’agriculture et au développement rural durables (ADRD) en améliorant la sécurité sanitaire et la qualité des aliments, la durabilité de l’environnement et le bien-être social. Récemment, une multitude de codes d’usages BPA a été développée pour promouvoir les pratiques agricoles au niveau de l’exploitation. Si les avantages des codes d’usages nationaux de la pratique BPA doivent être complètement réalisés, les gouvernements devraient encourager la participation d’un vaste ensemble de parties prenantes, de même que surmonter les défis liés aux capacités nationales en ce qui concerne la conformité aux pratiques sociales et environnementales. La FAO définit les bonnes pratiques agricoles (BPA) comme des pratiques qui “abordent la durabilité environnementale, économique et sociale des processus au niveau des exploitations agricoles et qui se traduisent par des produits agricoles alimentaires et non alimentaires sains et de qualité ".1 Le terme “BPA” et de plus en plus employé et on l’utilise généralement pour indiquer des codes d’usages, des normes et des règlements qui ont été développés par l’industrie alimentaire, les organisations d’exportateurs, de producteurs, les gouvernements et les organisations non gouvernementales (ONG) pour conduire les méthodes de production agricole au niveau de l’exploitation. Ces codes d’usages BPA se concentrent généralement sur la sécurité sanitaire et la qualité des aliments et définissent des facteurs tels que les limites maximum de pesticides et la traçabilité de la production. Le Brésil, le Mexique, la Malaisie et la Thaïlande sont parmi les pays qui ont déjà développé des normes nationales BPA. Les BPA nationales au Chili et au Kenya d’un autre côté, sont privatisées et ont été développées par des associations d’exportateurs. L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) a lancé l’ANASE-BPA en 2006 pour harmoniser les normes BPA dans ses dix pays membres. Les expériences effectuées en Malaisie, au Viet Nam, en Thaïlande2, en Argentine, au Costa Rica, au Brésil, au Ghana et au Kenya indiquent que les codes d’usages de la pratique peuvent aider à améliorer les pratiques de gestion des entreprises, accroître la productivité et les économies et améliorer l’efficacité ou réduire l’utilisation des pesticides et des engrais. Il existe plus de 400 méthodes courantes dans les secteurs privés dans le monde,3 qui font du manque d’harmonisation entre les normes privées et publiques une question clé. Steve Dibblee/istock Pourquoi faut-il agir? Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Dans le développement des BPA nationales les gouvernements ont un rôle à jouer très important. Néanmoins, des BPA privées telles que GLOBALBPA ainsi que d’autres normes telles que BRC et ISO sont également importantes pour orienter les pratiques dans l’industrie alimentaire. De nombreux producteurs continuent à se lancer dans des pratiques agricoles qui sont irrationnelles du point de vue environnemental, social et économique. Elles causent de graves préjudices à l’environnement et aux travailleurs euxmêmes. Bien que les producteurs agricoles reconnaissent que la sécurité sanitaire et la qualité des aliments soient essentielles pour sauvegarder et améliorer la réputation du marché et se protéger face aux responsabilités juridiques,4 ils subordonnent les normes environnementales, sociales et du travail, telles que la sécurité et la santé au travail (SST), à la sécurité sanitaire et la qualité des aliments. Les normes des pesticides, par exemple, insistent sur les traces résiduelles dans les produits alimentaires plus que sur les risques, qui dérivent de l’utilisation des pesticides, pour la santé des travailleurs. En adoptant des BPA nationales et publiques, les producteurs aident à l’amélioration de la sécurité sanitaire et la qualité des aliments ainsi que celle d’autres produits agricoles, renforcent les normes substantielles en association avec la législation nationale et réduisent les risques de violation des normes nationales et internationales de résidus chimiques de même que d’autres dangers de contamination. Une majeure demande et prise de conscience du consommateur pour des marchandises de grande qualité produites de façon socialement responsable a mené les détaillants et l’industrie alimentaire à demander aux producteurs de se conformer L’ ADRD et... les bonnes pratiques agricoles (BPA) aux normes toujours plus sévères, augmentant, de ce fait, sensiblement les investissements des producteurs, leurs coûts et leurs besoins de mettre à jour leurs connaissances. Quels sont les objectifs des politiques? Permettre aux gouvernements, aux producteurs, à l’industrie alimentaire et aux travailleurs de satisfaire les normes nationales et internationales sur la sécurité sanitaire et la qualité des aliments. Aider les producteurs, les travailleurs et leurs organisations à s’engager dans des pratiques agricoles appropriées et viables qui réduisent les effets sur l’environnement en utilisant des intrants et des ressources de façon plus efficace. Renforcer le bien-être social, y compris des groupes les plus pauvres en améliorant la SST dans le domaine de la production agricole et en respectant les normes essentielles du travail. Améliorer les revenus nationaux des exportations agricoles en harmonisant les codes d’usages nationaux avec les règlements internationaux d’exportations. Accroître l’information sur les avantages des BPA, leurs défis et leurs coûts. Les questions politiques Au cours des dernières décennies, les soucis croissants concernant la sécurité sanitaire et la qualité des aliments dans les chaînes de valeur ont mené à la prolifération dans le monde entier de pratiques de codes d’usages BPA à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé. Le commerce et les conditions gouvernementales de réglementation liées à l’agriculture sont définis par les paramètres et les conventions d’organismes publics et nationaux tels que le Codex Alimentarius, la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Les BPA nationales dans les pays en développement sont souvent passées des exigences des BPA privées des principaux marchés à l’exportation aux organisations de parties prenantes de l’industrie alimentaire. 2 L’ADRD et... les bonnes pratiques agricoles (BPA) Pour que les grands et les petits producteurs adoptent et mettent en oeuvre les BPA nationales, les capacités nationales et environnementales, les problèmes sociaux en matière de production agricole il convient d’aborder les exigences suivantes. Concentration de l’intérêt sur les exportations plutôt que sur les préoccupations sociales et environnementales En définissant et en mettant en oeuvre les principes et les normes nationales des BPA, la plupart des gouvernements, des industries alimentaires, des ONG et des organisations de producteurs se concentre sur le respect des règlements du commerce international et des gouvernements importateurs. En général, les codes d’usages des BPA n’abordent pas totalement et sont parfois en conflit avec les exigences de l’agriculture domestique et de subsistance ainsi que d’autres objectifs de développement plus vastes comme les préoccupations environnementales, les ressources foncières naturelles et les normes essentiels du travail, y compris l’exclusion du travail des enfants. C’est seulement quand la sécurité et la traçabilité du produit alimentaire final représentent un problème que la plupart des BPA s’occupent des problèmes environnementaux ou du bien-être social. Défi pour affronter les questions sociales et environnementales dans les BPA nationales Même si le perfectionnement de la SST ont démontré d’améliorer la production agricole à la fois à court terme et à long terme comme par exemple grâce à la diminution des jours ouvrables perdus et des maladies,5 la croyance veut que les petits agriculteurs dans les pays en développement soient plus préoccupés de se procurer de la nourriture que par l’amélioration de la SST ce qui a entravé la progression du bien-être social par le biais des BPA. En outre, l’industrie et les gouvernements ont même tendance à sous estimer à long terme les coûts des risques pour la santé au travail alors qu’ils surestiment les coûts des investissements dans la SST. Une prise de conscience insuffisante et un manque de formation des petits exploitants et des salariés agricoles augmentent les risques d’exposition aux dangers. Dans les petites exploitations agricoles qui ne sont pas certifiées BPA, les travailleurs pulvérisent généralement les pesticides sans équipement de protection personnelle (EPP), méconnaissent les périodes qui doivent s’écouler avant de retourner dans les champs traités après application des pesticides et boivent l’eau d’irrigation.6 La diversité des systèmes agricoles et la taille des exploitations ainsi qu’une prise de conscience insuffisante de même que le renforcement des règlementations du travail existantes qui sont elles-mêmes souvent dépassées ou inapplicables au domaine agricole rendent également la SST difficile à appliquer en utilisant des BPA. Tandis que de nombreux gouvernements considèrent que les faibles coûts de la main-d’œuvre sont un avantage comparatif et que des normes plus strictes représentent des obstacles aux marchés d’exportation, l’acceptation de normes de travail plus laxistes a de graves implications sur les droits humains. Défi pour la mise en œuvre et le contrôle de la conformité aux normes sociales et environnementales, surtout pour les petits producteurs Les gouvernements, les producteurs et les syndicats de travailleurs ainsi que les autres parties prenantes de l’industrie alimentaire ont rarement la capacité nécessaire, les informations et le savoirfaire pour évaluer les possibilités, les coûts et les stratégies et pour mettre en œuvre les dimensions sociales et environnementales dans les BPA nationales de manière à ce que celles-ci soient localement appropriées et économiquement viables. Les syndicats de travailleurs, les coopératives et les associations de consommateurs ont besoin d’un meilleur pouvoir de négociation pour exercer des pressions sur les gouvernements et l’industrie alimentaire afin qu’il soit possible d’adopter les codes d’usages pour une production socialement responsable. Des systèmes de certification coûteux et complexes ainsi que des indicateurs insuffisamment développés entravent le contrôle de la conformité et réduisent les avantages pour les producteurs et les exportateurs agricoles. La conformité aux exigences environnementales et sociales des BPA représente un défi spécifique Manque d’encouragements commerciaux Les producteurs des pays en développement bénéficient relativement peu des encouragements commerciaux pour adopter des BPA sociales et environnementales plus importantes. Dans les pays en développement les créneaux commerciaux et les marchés spécialisés sont limités parce que les consommateurs ne sont ni informés ni capables de payer une prime pour une production alimentaire responsable qui adhère à la sécurité nationale et internationale, aux exigences de la main-d’œuvre ou de l’environnement. La volatilité des prix agricoles, des petites marges de bénéfices et l’incertitude des marchés d’exportation peuvent décourager les producteurs à réaliser des investissements dans des améliorations sociales et environnementales. En outre, la sévérité des acheteurs qui cherchent des produits certifiés BPA varie en fonction de la disponibilité des produits certifiés, de leur volume, du sérieux des opérateurs commerciaux et de la stabilité macroéconomique. Par conséquent, répondre à des exigences sociales et environnementales plus élevées en matière de BPA ne garantit pas toujours de meilleures occasions de marché à de meilleurs prix pour les producteurs, même si quelquefois, ils permettent l’accès à des marchés nationaux et exportateurs plus rémunérateurs. Quelles sont les options politiques? Des codes d’usages de BPA appropriés à l’environnement et à la situation locale peuvent améliorer la fertilité du sol, accroître l’efficacité de l’utilisation de l’eau et la gestion des pesticides ainsi que la conservation de la biodiversité. D’un point de vu social, les BPA peuvent aider à divulguer les compétences des travailleurs et des agriculteurs, leur pouvoir de négociation, renforcer les syndicats de travailleurs et assurer une meilleure SST. Afin de réaliser pleinement les avantages potentiels en matière d’adoption de BPA les gouvernements devraient entreprendre les actions suivantes. Élaborer des programmes nationaux de BPA basés sur une plus vaste consultation des parties prenantes Engager le gouvernement, l’industrie alimentaire, les associations de producteurs et les syndicats de travailleurs à développer et adopter des programmes nationaux de BPA, comme cela se produit déjà dans plusieurs pays. Développer un ensemble minimum de principes volontaires imprescriptibles pour les BPA nationales et encourager les travailleurs et les producteurs à adhérer aux principes des BPA par le biais de solutions appropriées aux conditions économiques, environnementales et sociales locales. Encourager la mise en œuvre d’une adhésion aux principes de BPA à la fois dans le domaine de l’exportation et de l’agriculture orientée au niveau national. Prendre en considération de façon attentive l’harmonisation des BPA nationales avec les normes privées dominantes, qui pourraient porter à des systèmes de contrôle obligatoires et représenter des obstacles non tarifaires au commerce.8 Prendre en considération l’expansion des BPA nationales pour aborder l’accès légal aux ressources naturelles utilisées dans la production agricole, le respect des droits de la communauté et les droits sur les ressources et les effets à long terme sur le sol et les autres ressources utilisées. Prendre en considération le développement d’une approche modulaire ou à plusieurs niveaux des BPA qui permette aux différents acteurs de progresser à leur rythme en développant leurs capacités de façon progressive afin d’aborder des plans de BPA plus sophistiqués et qui puissent être harmonisés avec celles-ci ou avec Paola Termine/FAO pour les petits exploitants agricoles, pour lesquels de coûteux investissements dans des magasins de produits chimiques, des latrines ainsi que des infrastructures et des systèmes de documentation sont disproportionnés par rapport au nombre d’employés et à l’importance des opérations agricoles et des revenus. 7 Même les petits sous-traitants trouvent qu’il est difficile de former les travailleurs à la SST, et d’assurer une correcte utilisation des EPP ainsi que de fournir un kit d’aide d’urgence de même que d’autres services de santé essentiels.6 des équivalents des normes des BPA sur les marchés internationaux. Renforcer le bien-être social dans les BPA nationales S’assurer que l’adoption des BPA renforce l’application des règlements nationaux et internationaux qui existent, y compris les normes de travail de l’OIT sur la liberté d’association, le droit d’organiser des négociations collectives, le travail forcé, la discrimination, une même rémunération pour un travail identique, l’égalité de traitement et d’occasions ainsi que le travail des enfants. Ratifier et mettre en œuvre la Convention n° 184 de l’OIT sur la sécurité et la santé dans l’agriculture et par conséquent mettre à jour la législation nationale et les BPA nationales. Identifier des pratiques SST réalistes, appropriées et qui soient accessibles à la majorité des petits propriétaires, aux agriculteurs de subsistance et aux petites entreprises. Offrir des avantages et encourager la formation et la prise de conscience pour développer et utiliser des technologies agricoles plus sûres et quand on peut éviter les dangers, s’assurer de l’utilisation des équipements de protection. Renforcer les capacités Faire en sorte que les agriculteurs et les travailleurs soient conscients de l’importance de la SST, et renforcer AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... les bonnes pratiques agricoles (BPA) Outils et informations Engagements internationaux Codex Alimentarius: http://www. codexalimentarius.net/web/index_fr.jsp Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV): https://www.ippc.int/IPP/Fr/default_ fr.jsp?language=fr Organisation mondiale de la santé animale: http://www.oie.int/fr/fr_index.htm Normes internationales du travail: http://www.ilo.org/public/french/ standards/norm/index.htm Convention n° 184 sur la sécurité et la santé dans l’agriculture (OIT): http://www.ilo.int/ilolex/cgi-lex/convdf. pl?C184 Normes privées volontaires GLOBALGAP (connu auparavant sous le nom d’EUREPGAP): http://www.globalgap.org/cms/front_ content.php?idcat=9 Organisation internationale de normalisation: http://www.iso.org/iso/fr/ British Retail Consortium (BRC): http://www.brc.org.uk Autres outils FAO BPA: http://www.fao.org/prods/ GAP/index_fr.htm Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) – Commerce et développement durable: http://www.unctad.org/trade_env leurs capacités à participer au dialogue social, aux prises de décisions politiques et à la mise en place des normes. Renforcer les capacités des producteurs et des travailleurs par le biais de la formation de groupes et de l’inclusion de bonnes pratiques sociales et environnementales dans les écoles d’agriculture, la vulgarisation et les autres formations. Faire prendre conscience aux entreprises, aux consommateurs et aux citoyens des pratiques qui conviennent à tout le monde et qui aboutissent à l’efficacité économique 4 L’ADRD et... les bonnes pratiques agricoles (BPA) et environnementale et aux avantages de la SST comme la gestion intégrée de la production et de la lutte contre les déprédateurs des cultures (GIPD). Cibler les petits producteurs Identifier et élargir les bonnes pratiques qui apportent des solutions aux principes des BPA au niveau local, à la fois au niveau de la subsistance et de la haute valeur agricole. Pour affronter les contraintes spécifiques rencontrées par les petits propriétaires, divulguer les technologies à bas prix, fournir des formations ciblées et introduire des mesures de bien être social appropriées pour les petits agriculteurs. Accroître l’aide aux petits propriétaires en conformité avec les normes des BPA nationales en introduisant des encouragements, 8 des services d’aide et des plans de certification pour les petits propriétaires d’autres mécanismes afin d’économiser. Encourager l’industrie alimentaire à adopter des normes qui favorisent la responsabilité au niveau de l’environnement et au niveau social Utiliser les BPA pour minimiser les risques des dangers de l’environnement en association avec des technologies spécifiques comme l’utilisation des pesticides dans l’agriculture intensive et les mettre en relation avec des alternatives environnementales constructives qui favorisent le bien-être comme l’agriculture organique. Tirer des leçons du développement des normes des supermarchés privés sur les marchés nationaux. En Malaisie et en Thaïlande, cette expérience a débouché sur la synchronisation entre les exigences des BPA nationales et les marchés d’exportation. Contacts Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) Ulrich Hoffmann [email protected] Organisation Internationale du Travail (OIT) Ann Herbert [email protected] Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA) Sue Longley [email protected] Références Ce dossier a été préparé par Paola Termine, en collaboration avec S. Casey, A. Poisot, A. Basilico, P. Liu, P. Santacoloma (FAO) et d’autres (voir contacts). FAO. 2003. Comité de l’agriculture, Elaboration d’un cadre de bonnes pratiques agricoles. 17ème session, Rome. 2 CNUCED. 2007. Food Safety and Environmental Requirements in Export Markets - Friend or Foe for Producers of Fruit and Vegetables in Asian Developing Countries? Genève. 3 OMC. 2007. Private standards and the SPS agreement. G/SPS/GEN/746. Genève. 4 Fulponi, L. 2006. Private voluntary standards in the food system: The perspective of major food retailers in OCDE countries. Politique alimentaire, Vol 31, (1). 5 OIT. 2005. Facts on Safety at Work. Genève. http://www.ilo.org/public/french/ protection/safework/index.htm 6 Opondo, M. et Termine, P. n.d. Bridging the Gap: SARD Good Practices in the Horticulture and Livestock Sectors in Kenya. FAO, Rome. 7 PIP Magazine. 2007. n° 12, Nov. 2007. Disponible sur: http://www.coleacp.org/pip 8 FAO. 2005. Comité sur l’Agriculture et le développement rural durables (ADRD) et les bonnes pratiques agricoles (BPA), 19ème session, Rome. 1 Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Pour toute question concernant les BPA, veuillez contacter: «Forum de connaissances» http://www.fao.org/KnowledgeForum/ index_fr.htm Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 21 2007 L’ ADRD et... la transposition à grande échelle des bonnes pratiques Le saviez-vous? Les programmes d’agriculture et de développement rural parfois n’atteignent qu’un nombre limité de personnes, ont un impact minimal sur la pauvreté et sont difficilement soutenables à long terme.1 Les communautés rurales, les programmes de développement, les décideurs politiques tout comme les prestataires de service publics ou privés ont réussi à transposer à plus grande échelle, reproduire, étendre ou adapter les bonnes pratiques d’ADRD, générant ainsi des bénéfices pour des millions de personnes rurales. Etendre les bonnes pratiques peut aider à réduire la pauvreté et à offrir des bénéfices adaptés et durables aux 3 milliards d’habitants des zones rurales des pays en développement.2,5 Les agriculteurs ont adopté et adapté les pratiques agricoles de labour zéro sur plus de 11 millions d’hectares au Brésil depuis 1974 et sur plus de 50% des terres arables du Paraguay depuis 1990. S’il est difficile d’évaluer le total des coûts de reproduction à grande échelle du labour zéro, les phases initiales furent financées par le secteur privé et de petites subventions. Les associations d’agriculteurs et le soutien des gouvernements aux services de recherche et de vulgarisation ont aussi aidé à étendre cet ensemble de pratiques.2 La gestion intégrée des ravageurs (IPM) a été étendue à plusieurs millions d’agriculteurs d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et du Moyen-Orient ces 20 dernières années, suite à un important mouvement centré sur la personne, au soutien d’organisations non gouvernementales (ONG), d’agences internationales et de gouvernements, mais aussi d’investissements continus: entre 1989 et 2004, environ 100 millions de dollars EU ont été consacrés aux projets IPM d’Asie utilisant l’approche d’écoles pratiques d'agriculture, avec le conseil de la FAO.6,13 Une meilleure identification des pratiques ayant fait leurs preuves sur un plan économique, social et environnemental au niveau communautaire, combinée à des politiques et programmes aidant à étendre ces pratiques, bénéficie davantage aux populations, économies et environnements ruraux. Robert Churchill /istock Pourquoi faut-il agir? Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Les politiques et programmes qui ne tiennent pas compte des institutions, capacités, conditions et populations locales5 sont rarement durables et risquent de s’avérer non rentables. Par exemple, les populations rurales ont abandonné de nombreuses approches apparemment prometteuses, car elles n’avaient pas suffisamment accès aux pièces détachées et les ressources nécessaires aux achats et à l’entretien prévus par le projet, ou encore qu’elles ne pouvaient pas entretenir ou réparer le matériel.3 Partout dans le monde, beaucoup de bonnes pratiques agricoles et de développement rural demeurent à petite échelle. Transposer à grande échelle les bonnes pratiques d’ADRD, notamment en promouvant l’innovation locale, peut être une stratégie précieuse et rentable pour optimiser le travail déjà réalisé et les investissements, tout en ayant un plus large impact en termes de réduction de la pauvreté rurale.8 Pendant des siècles, les populations rurales de plusieurs régions du monde ont réussi à résoudre de graves problèmes agronomiques, économiques, institutionnels, environnementaux ou technologiques, grâce à leurs propres innovations, ingéniosité et processus d’apprentissage. Ces succès font partie du capital national en matière de savoirs. Reconnus et partagés, ces succès peuvent inspirer les communautés d’autres régions du pays ou du monde et leur permettre de dépasser les contraintes similaires qu’elles rencontrent. Transposer à grande échelle Transposer à grande échelle génère “des bénéfices supérieurs en termes de qualité pour davantage de personnes et sur une plus grande étendue géographique, de façon plus rapide, plus équitable et plus durable”. Les bonnes pratiques peuvent être étendues tant verticalement qu’horizontalement. Les processus verticaux supposent une extension du niveau des organisations de terrain aux institutions et politiques nationales. Les processus horizontaux se réfèrent à une expansion ou reproduction géographique à un nombre supérieur de bénéficiaires, de centaines à des milliers ou des millions de personnes.1, 2 L’ ADRD et... la transposition à grande échelle des bonnes pratiques Bonne pratique d’ADRD On appelle bonne pratique d’ADRD toute innovation, technologie, attitude, organisation ou approche agricole ou de développement rural qui est cohérente avec les principes-clés de l’ADRD. En d’autres termes, cette pratique doit bénéficier à l’environnement, tout en étant rentable pour les agriculteurs et les communautés, adaptée socialement et culturellement, et s’avérer productive à long terme. Les bonnes pratiques tendent à être effectives, efficaces, faciles à reproduire par une grande variété de communautés confrontées à des contraintes similaires, tout en répondant à de vrais besoins locaux et en s’adaptant aux conditions locales particulières. Les bonnes pratiques d’ADRD peuvent concerner production, transformation, commercialisation, gouvernance ou autonomisation, et couvrir une grande panoplie de secteurs, depuis la récolte d’eau jusqu’à la foresterie communautaire ou la sécurité de jouissance des terres.7 Quels sont les objectifs politiques? Promouvoir la saisie des innovations, méthodologies et bonnes pratiques d’ADRD en les intégrant dans les systèmes de recherche, vulgarisation, éducation et communication, mais aussi dans les programmes et politiques de développement rural. Permettre aux communautés rurales et aux organisations de terrain de satisfaire leurs propres besoins, de mieux utiliser les ressources disponibles, d’avoir plus accès aux services tant publics que privés tout en influant davantage sur ces services, et ce, de façon effective, efficace et durable. Les questions politiques Vérifier s’il est possible de transposer à grande échelle En évaluant la possibilité de reproduire des succès obtenus jusqu’ici à petit échelle, les décideurs politiques doivent tenir compte de l’équilibre entre l’impact social, économique et environnemental, mais aussi du nombre de bénéficiaires et du rapport coût/efficacité.2 Pour vérifier si les conditions préalables à la 2 faisabilité sont réunies, on pourra se poser les questions suivantes par exemple: existe-til, dans la région, les ressources financières, capacités humaines, infrastructures et services de vulgarisation adaptés pour soutenir les processus d’extension des bonnes pratiques? Les décideurs politiques ont-il suffisamment conscience des problèmes de développement susceptibles d’être résolus par une bonne pratique? Les bénéficiaires et les acteurs de la mise en oeuvre se sont-ils déjà engagés à soutenir la bonne pratique et sa diffusion à grande échelle? Déterminer si les pratiques sont “bonnes” Il n’existe pas de schéma de définition d’une bonne pratique. Avant d’étendre cette bonne pratique, le premier défi des acteurs de développement est d’identifier les bonnes pratiques d’ADRD susceptibles d’être reproduites dans des contextes connexes ou distincts. Impliquer de multiples parties prenantes ayant des perspectives différentes pour documenter et systématiser des expériences réussies est une façon utile de découvrir et d’identifier d’éventuelles bonnes pratiques.1 Les bonnes pratiques apparaissent souvent après un accord de multiples parties prenantes sur le rapport avantages-coûts d’une pratique donnée, mais aussi sur sa durabilité écologique, économique et sociale, et son impact en termes de réduction de la pauvreté.15 L’évaluation du rapport avantages-coûts doit prendre en considération tant les changements prévus que ceux involontaires en termes de revenus, disparités sociales, travail, bénéfices, coûts directs ou indirects pour le groupe cible et plus généralement la communauté. Pour pouvoir étendre les bonnes pratiques, les parties prenantes doivent passer au crible les pratiques et les sélectionner si: (i) elles répondent à un besoin largement partagé par les populations pauvres rurales, (ii) elles produisent des résultats rapides et facilement reconnaissables, et (iii) elles ont déjà été soigneusement testées et évaluées. Les pratiques assez flexibles pour être adaptées à diverses conditions s’avèrent plus faciles à reproduire. Par exemple, des pratiques “flexibles en termes de climat” sont viables dans différents contextes climatiques.2,12 Les pratiques déjà reproduites spontanément par les populations pauvres peuvent souvent atteindre un plus haut niveau et devraient donc être choisies comme priorités. L’ADRD et... la transposition à grande échelle des bonnes pratiques L’adoption de pratiques peut aussi être déterminée par des facteurs technologiques et institutionnels. Par exemple, si une pratique repose sur un savoir indigène ou intègre ce savoir, ou encore si d’autres agriculteurs, pêcheurs, bergers ou autres groupes actifs sont présents dans la région, la pratique aura plus de chances d’être adoptée. Adapter les pratiques aux populations et aux sites La transposition de bonnes pratiques à grande échelle vise avant tout à permettre aux populations rurales pauvres – ayant des priorités, situations et besoins distincts – d’avoir accès à des solutions qui répondent à leurs principaux problèmes, ou encore d’élaborer ou d’adapter de telles solutions. Vu cette diversité, les décideurs politiques doivent identifier des pratiques et des stratégies de diffusion susceptibles d’être adaptées à un ensemble de conditions agroécologiques et socioéconomiques. Même dans ce cas, des investissements supérieurs en termes financiers et temporels s’imposent pour garantir que les populations les plus pauvres et les plus marginalisées puissent elles aussi adopter ces bonnes pratiques.2 Les facteurs déterminants au processus de diffusion Etendre une pratique de milliers de personnes à des millions est un défi énorme qui dépend de plusieurs facteurs. La volonté et la capacité des éventuels bénéficiaires à prendre des risques, à tester et adopter de nouvelles pratiques, la disponibilité d’intrants fondamentaux comme les semences ou l’élevage et l’existence d’une demande sont autant d’éléments qui conditionnent le succès de diffusion à grande échelle. De même, si l’agence de développement responsable a une bonne connaissance technique de la pratique, mais aussi les fonds et le temps suffisants pour garantir l’adoption de la bonne pratique, cela impactera positivement sur les résultats. Les tentatives de reproduction à grande échelle ont plus de chances de réussir lorsque: (i) les gouvernements, le secteur privé, les organisations de développement et les communautés sont déjà engagés dans de réels partenariats ou réseaux, (ii) les groupes informels sont présents et actifs, ou (iii) les populations rurales participent aux processus de prises de décision au niveau local et national.2,4,8,12,15 L’existence de politiques propices, de régimes fonciers clairs et garantis, tout comme des taux d’alphabétisation élevés sont d’autres facteurs favorables.2 Quelles sont les options politiques? Reproduire à grande échelle une bonne pratique est complexe et il n’existe pas un processus unique qui serait adapté à toutes les situations. Selon le contexte, les décideurs pourront considérer les stratégies pratiques de diffusion présentées ci-après, qui possèdent différents avantages et limites en termes d’impact, de coût et de nombre de bénéficiaires. La diffusion peut s’effectuer en étendant le succès jusqu’ici obtenu à petite échelle de façon horizontale ou géographique, ou par une assimilation verticale de bonnes pratiques du niveau micro au niveau macro, c’est-à-dire des institutions et des politiques. Les processus suivants se sont avérés particulièrement efficaces pour étendre les bonnes pratiques d’ADRD. Les stratégies de transposition horizontale Services de recherche, vulgarisation et éducation: Les systèmes de vulgarisation et d’enseignement de type scolaire jouent un rôle fondamental dans la transposition à grande échelle des bonnes pratiques d’ADRD, en les intégrant dans les institutions existantes.14 Pour rendre effectifs les services de vulgarisation, il est indispensable de former le personnel, d’élargir les mandats techniques et d’encourager la participation des agriculteurs dans la recherche, l’expérimentation et la planification de bas en haut. Intégrer les bonnes pratiques dans les programmes d’enseignement et de vulgarisation, en faire un thème de recherche universitaire ou de terrain sont autant de moyens de valider et d’étendre les pratiques couronnées de succès. Il est tout aussi essentiel de relier les systèmes de vulgarisation et de recherche aux organisations d’agriculteurs, pour identifier, tester et améliorer les bonnes pratiques, tout en assurant leur assimilation et leur diffusion.11,12 Les écoles pratiques d'agriculture et autres variantes (écoles pratiques pour les pêcheurs et les bergers, ou encore les écoles pratiques et de vie pour jeunes agriculteurs): Ces processus d’apprentissage en groupe sous l’impulsion des agriculteurs mêlent des concepts et des méthodes empruntés à l’agroécologie, l’éducation expérientielle, l’expérimentation participative et le développement communautaire durant toute une saison agricole. Bien qu’elles concernent un nombre limité de participants (30 en moyenne), les écoles pratiques d’agriculture et leurs variantes favorisent souvent un haut niveau d’apprentissage entre les participants qui ont un enseignement de type scolaire minimal, et l’adoption rapide de bonnes pratiques quand il existe des avantages économiques visibles. Les écoles pratiques d’agriculture ont également permis de fortement changer les comportements des participants, en réduisant l’usage d’engrais, tout en renforçant les capacités des agriculteurs, des pêcheurs, des bergers et des jeunes à influencer l’agenda de la recherche traditionnelle, l’autonomisation et la participation des groupes dans les acticités de recherche, formation, marketing et plaidoyer, en dépassant l’objet ou la durée de l’école pratique d’agriculture proprement dite. Echanges communautaires: Grâce aux échanges communautaires, les agriculteurs et les communautés rurales entendent parler de bonnes pratiques. Cette approche peut démontrer l’efficacité d’une pratique donnée, clarifier les conditions favorables invisibles autrement et encourager son adoption par le groupe en raison de certains partages de connaissances ou de la confiance entre pairs. Les processus d’apprentissage d’ordre communautaire fonctionnent mieux quand ils bénéficient du soutien de facilitateurs ou d’interprètes talentueux et quand ils sont intégrés dans des processus d’apprentissage à plus long terme permettant de tester, de recueillir un feedback et d’apprendre de façon itérative. Les échanges d’idées entre pairs qui se déroulent dans les champs agricoles ou ailleurs peuvent également faciliter le partage et l’assimilation de bonnes pratiques parmi les organisations rurales. Communication média: Les stratégies de communication nationales peuvent favoriser une plus large diffusion des bonnes pratiques grâce à différents médias. Les organisations d’agriculteurs peuvent collaborer aux campagnes médiatiques d’ordre gouvernemental, en utilisant leur propre système de communication (notes d’information, lettres d’information, radio ou réunions), pour toucher les agriculteurs locaux. Si elle n’a pas vocation à former ou Le rôle des ‘champions’ locaux Le rôle des ‘champions’ locaux Les individus ou les groupes ayant du charisme, des compétences et une énergie exceptionnelles peuvent s’appuyer sur les succès obtenus à petite échelle pour fortement contribuer à étendre le travail des gouvernements et des acteurs du développement.1 à fournir une information détaillée, la radio rurale atteint un large public, est bon marché et accessible même à ceux qui n’ont pas suivi un enseignement de type scolaire. C’est donc un excellent moyen de sensibiliser l’opinion à de précieuses pratiques ou technologies.9 La vidéo aussi peut s’avérer un moyen de communication efficace, mais elle nécessite des producteurs talentueux, des infrastructures de réparation et d’entretien plus sophistiquées pour produire et visionner, tandis que ses campagnes de diffusion coûtent plus cher. Le matériel de formation bien conçu peut offrir une importante référence à moindre coût aux vulgarisateurs et aux populations rurales capables de lire la langue en question.9 En devenant plus accessibles en zones rurales, les ordinateurs et les réseaux de téléphone portable offrent de nouvelles occasions d’apprentissage interactif grâce à l’Internet, les CD, DVD et autres outils. Les stratégies de transposition verticale Soutenir les politiques et les cadres juridiques: L’engagement et le soutien politiques au niveau national, régional et décentralisé, l’aide financière et les cadres juridiques et règlementaires propices peuvent créer un environnement favorable à la diffusion à grande échelle des bonnes pratiques d’ADRD. Par exemple, les politiques réduisant le coût relatif des intrants agricoles ou les régimes fonciers protégeant les investissements à long terme des agriculteurs peuvent déterminer s’il est possible d’adopter une bonne pratique.12 Présentation et dialogue: Lors de missions de présentation ou de dialogue, les représentants de gouvernements ou de la société civile et les décideurs politiques internationaux viennent d’autres régions pour vivre et travailler dans une famille d’accueil d’une communauté rurale pauvre pour quelques jours. Ce contact AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... la transposition à grande échelle des bonnes pratiques direct augmente la compréhension mutuelle, renforce la confiance en soi des communautés rurales, tout en permettant aux autorités d’élaborer des politiques et des programmes plus efficaces et plus pertinents pour les pauvres. Une organisation déjà connue dans la région qui bénéficie de la confiance de la communauté et joue un rôle de facilitateur, associée à un accueil avant la mission et des séances de réflexion après, sont les éléments-clés qui transformeront une mission d’immersion en une stratégie rentable et réaliste10 de diffusion des bonnes pratiques d’ADRD. Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] Jim Hancock [email protected] Clare O’Farrell [email protected] Sustainet [email protected] Charlotte Haeusler [email protected] World Vision – Asie Helga Stamm-Berg [email protected] Fédération internationale des producteurs agricoles (FIPA) David King [email protected] Centre de recherche de Leibniz sur le paysage agricole (ZALF) Stephan Sieber [email protected] PROmouvoir l’INNOVAtion locale (PROLINNOVA) [email protected] Laurens van Veldhuizen [email protected] Références Ce dossier a été préparé par Elisa Distefano, en collaboration avec F. Perez Trejo (FAO), W. Critchley (PROLINNOVA), L. Elswick (IPSA), K. Sukalac (IAFN), F. Bringe, R. Rutt et bien d’autres (voir la rubrique Contacts). Gonsalves, J. 2001. Going to scale – what we have garnered from recent workshops. Magazine LEISA, octobre 2001: 6−10. 2 Banque mondiale, 2003. Scalingup the impact of good practices in rural development. Rapport no 26031. Washington, DC. 3 FAO. 2005. Agricultural and rural development in the 21st century: lessons 1 4 from the past and policies for the future. Communication de la FAO. Rome. 4 Kwesiga, F., Bohringer, A. & Denning, G. 2001. Scaling up fallow management innovations. Magazine LEISA, octobre 2001: 35−38. 5 Banque mondiale. 2008. Rapport sur le développement dans le monde: l’agriculture u service du développement. Washington, DC. 6 Dilts, R. 2001. From Farmers’ Field Schools to community IPM – scaling up the IPM movement. Magazine LEISA, octobre 2001: 18 −21. 7 Initiative ADRD, FAO. 2006. Guide pour décrire brièvement une bonne pratique d’Agriculture et de Développement Rural Durables (ADRD). Rome. 8 Agriculture durable à faible participation externe (LEISA). 2001. Lessons for scaling up. Magazine LEISA, 4−5 octobre 2001. 9 FAO. 1989. La communication pour le développement rural: instructions et directives à l’intention des planificateurs du développement et des élaborateurs de projet. Rome. 10 IDS. 2004. Immersions for policy and personal change. Dossier politique no 22, juillet 2004. Brighton, Royaume-Uni, Institut sur les études du développement (IDS). 11 FAO. 2005. Moderniser les systèmes nationaux de vulgarisation agricole: guide pratique pour les décideurs politiques des pays en développement. Rome. 12 ZALF. 2005. Sustainable agriculture as an approach for pro-poor growth in developing countries. Leibniz, Allemagne, Centre de recherche de Leibniz sur le paysage agricole (ZALF). 13 Barlett, A. 2005. Farmer Field Schools to promote integrated pest management in Asia: the FAO experience. Atelier pour reproduire les études de cas en agriculture, Manille, Institut international de recherches sur le riz (IRRI). 14 Chesha Wettasinha, C. et al. 2003. Advancing Participatory Technology Development: Case studies on Integration into Agricultural Research, Extension and Education. IIRR, Philippines. 15 Sustainet. n.d. Analysis matrix for evaluating the scaling-up potential of good practices. Disponible sur: http://www. sustainet.org/en/analysis-matrix.htm Esmail, T. 1997. Designing and scaling-up productive natural resource management programs: decentralization and institutions for collective action. Consultation technique sur la décentralisation, 16−18 décembre 1997, Rome, FAO. FAO & GTZ. 2006. Framework on effective rural communication for development. Rome. Gillespie, S. 2004. Scaling up communitydriven development: a synthesis of experience. Communication no 181. Washington DC, Division de la consommation alimentaire et de la nutrition, Institut international de recherche sur les politiques alimentaires. Université Humboldt. 2004. Self-assessing L’ADRD et... la transposition à grande échelle des bonnes pratiques Outils et ressources Base de données des bonnes pratiques de l’Initiative ADRD: http://www.fao.org/sard/fr/ init/1574/2225/1846/index.html Base de données des bonnes pratiques, de la FAO: http://www.fao.org/ bestpractices/index_fr.htm?lang=fr Base de données des bonnes pratiques de Technologie pour l’agriculture (TECA), de la FAO: http://www.fao.org/sd/teca/ index_fr.asp?lang=fr Base de données des bonnes pratiques agricoles de la FAO: http://www.fao.org/ prods/GAP/index_fr.htm Guide de la FAO pour identifier et documenter les bonnes pratiques d’ADRD: ftp://ftp.fao.org/SD/SDA/SDAR/sard/ GP%20Guidelines-french1.doc Portail de recherche et de vulgarisation de la FAO: http://www.fao.org/sd/sdrr/ portal/index_fr.htm Communication pour le développement, FAO: http://www.fao.org/nr/com/com_ fr.htm Centre de ressources et réseau mondial des écoles pratiques d’agriculture: http://www.farmerfieldschool.info/ PROmouvoir l’INNOVAtion locale (PROLINNOVA): http://www.prolinnova.net good practices and scaling-up strategies in sustainable agriculture. Berlin, Université de Humboldt, Centre de formation avancée au développement rural. Groupe de Neuchâtel. 2003. Common framework for supporting pro-poor extension. Lindau, Suisse. WOCAT. 2007. Where the land is greener. Case studies and analysis of soil and water conservation initiatives worldwide. Bern, Suisse, Stampfli AG pour Étude mondiale des approches et des technologies de conservation (WOCAT). ZALF. n.d. Scaling up of good agricultural practices, the operational assessment tool SCAT. Leibniz, Allemagne. Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 18 2007 L’ ADRD et... l’agriculture de conservation en A frique Le saviez-vous? Le taux de croissance de la population d’Afrique sub-saharienne dépasse 2 pour cent par an.1 La production alimentaire devra doubler d’ici 2030 pour évoluer de pair avec la demande. Or, la production alimentaire par habitant a chuté de 13 pour cent lors de ces 35 dernières années.2 Aujourd’hui, 65 pour cent de la population africaine tire ses moyens d’existence de l’agriculture et des ressources naturelles.3 Mais, on enregistre une dégradation d’environ 20 pour cent des terres.4 500 millions d’hectares sont ainsi dégradés à cause de l’érosion par l’eau et le vent.2 En outre, 70 pour cent des sols africains souffrent périodiquement de déficit L’agriculture de conservation peut contribuer à l’agriculture et au développement rural durables (ADRD) en rendant l’utilisation d’intrants plus efficace, en augmentant les revenus agricoles, en maintenant ou accroissant les rendements, tout en protégeant les ressources naturelles. L’agriculture de conservation reconnaît que les agriculteurs doivent réaliser des bénéfices tangibles en termes de moyens d’existence et se caractérise par trois principes interdépendants: labour réduit voire nul, couverture permanente des sols, rotations et associations de plusieurs cultures. Quand ces principes s’appliquent simultanément, l’agriculture de conservation peut contribuer au bien-être social et économique tout en améliorant les services et fonctions de l’écosystème. Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. hydrique.5 La dégradation de la fertilité des sols est considérée comme le principal frein à la sécurité alimentaire en Afrique sub-saharienne.6 L’agriculture de conservation améliore la sécurité alimentaire, en augmentant et stabilisant la productivité, mais aussi l’aménagement durable des terres. Grâce à l’agriculture de conservation, les agriculteurs peuvent produire plus de nourriture et de façon plus fiable, tout en réduisant peu à peu l’utilisation d’engrais et de pesticides (jusqu’à 20 pour cent au Brésil)7 et en travaillant moins (jusqu’à 50 pour cent).8 Une couverture des sols bien gérée peut fortement améliorer la Pourquoi faut-il agir? Une agriculture productive qui préserve les ressources, comme l’agriculture de conservation notamment, peut aider à affronter plusieurs défis majeurs en termes de sécurité alimentaire et de développement rural durable en Afrique. Tirer le meilleur parti de l’eau disponible. L’eau, un facteur contraignant pour la production alimentaire en Afrique, est en partie liée à la variabilité du climat. Les pratiques de rétention hydrique, comme la couverture des sols utilisée dans l’agriculture de conservation, peuvent aider à réduire le ruissellement, à capter, gérer et stocker l’eau de pluie, tirant ainsi le meilleur parti du faible approvisionnement en eau, en stabilisant les rendements et en limitant les risques de catastrophe. Affronter le manque croissant de maind’oeuvre. En Afrique, la majeure partie de l’agriculture dépend de l’homme ou de la traction animale, mais la main-d’oeuvre est souvent insuffisante. L’agriculture de conservation introduit sur le marché des équipements qui réduisent le labour, mais aussi le temps et le travail nécessaires à la préparation des terres dans les systèmes manuels. Une bonne couverture des sols réduit la maind’oeuvre nécessaire au désherbage. Ceci bénéficie surtout aux femmes, aux enfants et aux personnes âgées conservation hydrique (de 30 pour cent)9 et aider à contrôler les inondations. C’est pourquoi de nombreux agriculteurs qui utilisent une agriculture de conservation ont des récoltes même dans les années de sécheresse ou avec une pluviométrie irrégulière. L’agriculture de conservation s’étend dans de nombreuses régions d’Afrique. En s’appuyant sur les savoirs indigènes, sur la science et sur la conception d’équipements novateurs d’Amérique latine, les agriculteurs d’au moins 14 pays pratiquent maintenant une agriculture de conservation. En Zambie seule, c’est le cas de 70 000 à 100 00010 petits agriculteurs. qui sont restés pour travailler la terre face à l’émigration des hommes et des jeunes et à la pandémie du VIH/SIDA. La réduction du travail agricole permet aux agriculteurs de consacrer plus de temps à diversifier leurs moyens d’existence agricoles ou non. S’adapter au changement climatique en améliorant les fonctions écologiques. En restituant au sol vie, matière organique et éléments nutritifs, en captant les pluies et en conservant la biodiversité des sols, l’agriculture de conservation et d’autres approches améliorant les processus écologiques naturels peuvent aider les agriculteurs à s’adapter au changement climatique et contribuer à améliorer les fonctions écologiques dans le monde, et notamment à: fixer le carbone, maintenir le cycle hydrique, lutter biologiquement contre les ravageurs et restaurer la fertilité des sols. Répondre à la demande de chaînes de valeur durables et de produits alimentaires de qualité. La demande croissante des consommateurs pour des produits alimentaires sains et de grande qualité suppose des chaînes de valeur durables et fondées sur une base saine de ressources naturelles. L’agriculture de conservation et d’autres approches qui améliorent les processus écologiques naturels de fertilité et de lutte contre les ravageurs grâce à la gestion de la matière organique et à la rotation des L’ ADRD et... l’agriculture de conservation en A frique J. Kienzle/FAO répondre à la demande alimentaire croissante de l’Afrique, en augmentant la production alimentaire tout en réduisant les effets néfastes à l’environnement; renforcer les capacités des foyers démunis et des entrepreneurs, développer leurs compétences techniques et commerciales, les aider à toujours s’approvisionner en intrants de qualité et à accéder aux marchés; élaborer des technologies adaptées au tissu local et respectueuses des principes de l’agriculture de conservation. Des équipements comme celui de cette planteuse nuisent moins aux sols et réduisent les besoins en main d’oeuvre. cultures peuvent améliorer la sûreté sanitaire et la qualité des aliments. Quels sont les objectifs politiques? Les politiques devraient concerner tous les types d’agriculture, à petite ou grande échelle, de subsistance ou commerciale, locale ou régionale. Pour dépasser les barrières et soutenir le passage à une agriculture de conservation, les politiques et programmes devraient: Les questions politiques Faciliter l’accès aux savoirs et aux ressources Si les agents du changement et les décideurs politiques veulent encourager le passage à une agriculture de conservation, ils doivent aider les agriculteurs à dépasser les contraintes existantes, en les aidant notamment à accéder aux capitaux d’investissement et aux informations qui leur permettront de faire des choix fondés. Pour que les agriculteurs investissent dans l’agriculture de conservation, les droits fonciers doivent être garantis. Les agriculteurs ont également besoin d’accéder en temps opportun aux outils et équipements spéciaux (pour les plantations directes et pour réduire ou éviter le labour), mais aussi à d’autres intrants (semences agricoles de couverture, herbicides et engrais, notamment). L’agriculture de conservation L’agriculture de conservation est une approche holistique et durable qui applique trois principes interdépendants à des processus respectueux de l’écosystème naturel: (i) bouleversement minimum des sols en réduisant voire en renonçant au labour; (ii) couverture organique permanente des sols par des cultures de couverture, du paillis et des résidus; (iii) rotations et associations de cultures diversifiées. Dans ce dossier, l’agriculture de conservation suppose une adhésion simultanée à ces trois principes, tout en insistant sur les ressources naturelles. Le terme d’“agriculture de conservation” s’utilise parfois différemment. Pour susciter intérêt et ventes, des sociétés multinationales désignent ainsi des systèmes de culture sans labour et à grande échelle qui souvent dépendent d’une lutte chimique contre les mauvaises herbes et de semences agricoles résistantes aux herbicides. Toutefois, les petits agriculteurs parviennent à bien pratiquer une agriculture de conservation à partir de variétés traditionnelles, d’outils et d’équipements bon marché, sans herbicides ou avec des variétés tolérantes aux herbicides. S’il est clair que l’agriculture de conservation embrassent des ensembles de pratiques très différentes, elle a une caractéristique: la combinaison de principes qui devront être appliqués de façon nouvelle pour satisfaire les besoins d’agriculteurs démunis d’Afrique. 2 L’ADRD et... l’agriculture de conservation en Afrique Développer une vision commune entre les principales parties prenantes sur l’aménagement durable des terres Toutes les parties prenantes - membres de communautés, agriculteurs, pasteurs, prestataires de service et conseillers notamment – doivent participer à la planification et à la gestion des politiques et programmes d’agriculture de conservation et d’aménagement durable des terres. Certains efforts en matière d’agriculture ont échoué en raison d’une concurrence entre déchets végétaux, combustibles et aliments pour le bétail. Dès lors, les agriculteurs et les gardiens de troupeaux devraient participer à l’élaboration de stratégies gagnantes pour toutes les parties et notamment partager de façon adéquate les déchets agricoles pour la couverture des sols, le fourrage du bétail et les combustibles domestiques. Les fournisseurs d’équipement tant du secteur privé que public doivent aider à répondre à la demande de différents types d’agriculteurs pour des outils adaptés. Recherche et vulgarisation peuvent aider les agriculteurs à moins labourer, à gérer la matière organique et la rotation des cultures pour régénérer les sols, et à adapter les systèmes d’agriculture de conservation à différents contextes. Pour être effectives, les politiques doivent se concentrer sur les priorités et les expériences d’utilisateurs des terres et chercher à étendre les pratiques couronnées de succès. Créer des mesures incitatives et renforcer les capacités Pour encourager les paysans à adopter une agriculture de conservation et pour dépasser la résistance au changement, des mesures financières s’imposent, notamment en subventionnant un équipement d’agriculture de conservation adapté et disponible localement (comme les planteuses, les défonceuses et les semoirs directs). Les conseillers et les fournisseurs en matière d’agriculture de conservation pourront renforcer les capacités des agriculteurs à identifier de nouveaux segments de marché qui ajoutent de la valeur à leurs produits, comme les systèmes de certification des bonnes pratiques agricoles, la rémunération de services environnementaux pour la fixation du carbone et la production de biocombustibles (sans compromettre la sécurité alimentaire et/ou le maintien des résidus en surface pour protéger les sols). Au départ, l’agriculture de conservation fut adoptée par de petits et moyens agriculteurs d’Amérique latine. Plus récemment, elle a été reprise par de plus petits agriculteurs, plus démunis de l’est et du sud de l’Afrique et d’Asie. Intensifier la recherche, les enseignements tirés et les partages d’expériences africaines peut favoriser l’adaptation de l’agriculture de conservation et stimuler un plus large intérêt auprès de différents types de petits agriculteurs. La recherche favorisant l’adaptation dans différentes zones agro-écologiques peut aider à démontrer les bénéfices de l’agriculture de conservation à court terme et à long terme, mais aussi la viabilité pour les millions de petits agriculteurs qui ont moins d’un hectare de terre, tout en quantifiant sa contribution aux moyens d’existence durables et à l’atténuation des risques de catastrophe. Quelles sont les options politiques? Investir davantage dans la santé des sols pour une agriculture durable Pour progresser en Afrique, l’agriculture durable nécessite davantage d’investissements publics et privés pour aider les pratiques et technologies qui maintiennent la base de ressources naturelles et améliorent la productivité économique, tout en réduisant les risques pour les agriculteurs pauvres. L’aide financière à la production agricole doit être compatible avec les aides à la protection et à l’amélioration des ressources du sol, tout en réduisant les risques pour les agriculteurs. Des politiques et cadres réglementaires garantissant les droits fonciers des agriculteurs sur plusieurs saisons sont également une condition préalable aux investissements des agriculteurs dans des ressources en sol qui risquent de produire des résultats après des années seulement. Intensifier la recherche, l’apprentissage et le partage des connaissances La recherche s’impose pour identifier des pratiques et des technologies alternatives et réalistes qui suivent les trois principes de l’agriculture de conservation. Celles-ci doivent être abordables pour les petits agriculteurs qui ont de faibles revenus, un accès limité aux intrants nécessaires et au marché. On pourra également montrer l’intérêt suscité par l’agriculture de conservation grâce à une recherchedéveloppement participative sur l’impact des dimensions socioéconomiques et agro-écologiques (ravageurs, désherbages, matière organique des sols, etc.). Parce que l’agriculture de conservation requiert beaucoup de connaissances, il est particulièrement important d’utiliser des réseaux de partage des savoirs locaux et des méthodes d’apprentissage participatives, comme les écoles pratiques d’agriculture. Diversifier la mécanisation agricole et améliorer l’accès aux intrants Les décideurs politiques souhaitent libérer les petits agriculteurs africains d’une corvée: travailler avec la houe manuelle comme principal outil. Si l’agriculture de conservation offre une alternative importante à l’agriculture basée sur la charrue, son adoption se heurte à un frein: l’approvisionnement irrégulier en équipement pour un labour réduit et le stock de semences pour les cultures de couverture. Des politiques encourageant les entrepreneurs locaux du secteur privé à manufacturer et maintenir l’équipement d’agriculture de conservation, à identifier et à commercialiser un stock de semences polyvalent pour les cultures de couverture sont essentielles, si l’on veut que les petits agriculteurs et les groupes d’agriculteurs aient un meilleur accès à ces technologies ô combien nécessaires. Créer de nouvelles opportunités commerciales Les produits de l’agriculture de conservation peuvent non seulement contribuer à la production alimentaire, mais aussi à facturer davantage dans des niches de marchés émergents et “verts”, en valorisant qualité, sûreté sanitaire et services environnementaux liés au processus de production. Les mécanismes politiques facilitant la commercialisation de la production d’agriculture de conservation − par exemple en certifiant les bonnes pratiques agricoles et les produits organiques, ou encore en compensant les agriculteurs pour les bénéfices en termes de fixation de carbone résultant de ces techniques de production − peuvent J.Kienzle/FAO Ajuster l’agriculture de conservation aux petits agriculteurs et aux différents contextes Un champ de dolique lablab sert de culture de couverture et de source nutritionnelle avant la plantation du maïs. contribuer à accroître la rentabilité de l’agriculture de conservation et encourager les agriculteurs à passer aux pratiques d’agriculture de conservation ou plus généralement d’agriculture durable. Engagements mondiaux L’agriculture de conservation aide à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement Grâce à une meilleure productivité, une rentabilité supérieure et une moindre corvée, les systèmes d’agriculture de conservation contribuent à améliorer la sécurité alimentaire et les moyens d’existence (objectif 1: réduire la faim et la pauvreté), la qualité de vie des femmes8 (objectif 3: égalité des sexes et autonomisation des femmes), la gestion durable des ressources et les services environnementaux (objectif 7: protection de l’environnement). Mise en oeuvre de conventions mondiales En réduisant le labour et en améliorant la couverture et la biodiversité des sols, la conservation hydrique et la fixation du carbone, l’agriculture de conservation est un moyen important de satisfaire la demande alimentaire par l’aménagement durable des terres, tout en servant les objectifs des Conventions des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, sur la diversité biologique et de la Convention cadre sur le changement climatique. AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... l’agriculture de conservation en A frique Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eric Kueneman (Responsable du groupe sur l’agriculture de conservation) [email protected] Eve Crowley [email protected] Josef Kienzle [email protected] Réseau africain pour le labour de conservation (ACT) Tom Apina [email protected] Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) B. Bernard Triomphe [email protected] Centre international d’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT) John Dixon [email protected] Institut de recherche agricole du Kenya (KARI) Barrack Okoba [email protected] Institut Selian de recherche agricole (SARI) – Tanzanie Wilfred Mariki [email protected] Institut de recherche agricole Uyole Tanzanie Saidi Mkomwa [email protected] Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) Steve Twomlow [email protected] Références Ce dossier a été préparé par Constance Neely, en collaboration avec S. Bunning, T. Friedrich (FAO) et B. Sims. Il a bénéficié des commentaires de J. Ashburner, B. Settle (FAO), P. Wall (CIMMYT), A. Bationo (CIAT), R. K. Shula (ACT) et bien d’autres (voir la rubrique Contacts). FNUAP. [n.d] Aperçu général sur l’Afrique sub-saharienne. http://www.unfpa.org/ profile/africa_overview.htm Fonds des Nations Unies pour la population, (FNUAP). 2 CIAT, TSBF, ICRAF. 2002. Soil fertility degradation in sub-Saharan Africa: leveraging lasting solutions to a long-term problem. Conclusions de l’atelier qui s’est tenu à la Fondation Rockefeller, Centre d’étude et de Conférence Bellagio, 4−8 mars 2002. 3 IFPRI. 2006. Agriculture and achieving the Millennium Development Goals. Washington, DC, Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). 4 FAO. 2000. Land resources potential and constraints at regional and national levels. World Soils Report No. 90. Rome. 5 Swift, M.J. et Shepherd, K.D., ed. 2007. Saving Africa’s soils: science and technology for improved soil management in Africa. Nairobi, Centre mondial d’agroforesterie (ICRAF). 6. Verchot, L., Place, F., Shepherd, K. et Jama, B. 2007. Science and technological innovations for improving soil fertility and management in Africa. A report for the New Partnership for Africa’s Development (NEPAD) Science and Technology Forum. Nairobi, document de travail de l’ICRAF. 7 Saturnino, H.M. et Landers, J.N. 2002. The environment and zero tillage. Brasilia, APDCFAO, UDC 504: 631/635, CDD 631.521. 8 FAO, FIDA. 2004. Conservation agriculture as a labour saving practice for vulnerable households. Suitability of reduced tillage and cover crops for households under 1 Outils et ressources Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD): http://agroecologie.cirad.fr/index.php?ru brique=accueil&langue=fr Réseau africain pour le labour de conservation (ACT): http://www.act.org.zw/ Agriculture de conservation à la FAO: http://www.fao.org/ag/ca/fr/index.html Institut international pour la reconstruction rurale (IIRR) et ACT: 2005. Conservation agriculture: A manual for farmers and extension workers in Africa. Nairobi, IIRR et Harare, ACT. Rolf Derpsch: http://www.rolf-derpsch. com/notill.htmRorimovi labour stress in Babati and Karatu Districts, northern Tanzania. Rome. 9 FAO. 2002 Agriculture de conservation: études de cas en Amérique latine et en Afrique. Soils Bulletin No. 78. Rome. 10 RELMA. 2007.Wetting Africa’s appetite. Conservation agriculture is turning rainfall into higher crop yields and catching on. ICRAF, Nairobi. Division des opérations d’urgence et de la réhabilitation, FAO. 2007. Compte-rendu de l’atelier sur l’agriculture de conservation en Afrique australe. Johannesburg. Landers, J. 2007. Tropical crop-livestock systems in conservation agriculture: the Brazilian experience. FAO Integrated Crop Management Series. Rome. Centre international d’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT). 2007. Conservation agriculture: feeding the world without consuming natural resources. Mexico City. Wall, P.C. 2007. Tailoring conservation agriculture to the needs of small farmers in developing countries: an analysis of issues. Journal of Crop Improvement, 19, 137−155. AMCSE. 2008. No-Till Farming Systems. Publication III. Association mondiale de conservation des sols et des eaux (AMCSE). J.Kienzle/FAO Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Hommes travaillant avec des ânes et un semoir direct pour la traction animale fabriqué au Brésil. 4 L’ADRD et... l’agriculture de conservation en Afrique Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 17 2007 L’ ADRD et... l’élevage Le saviez-vous? La production animale fait partie intégrante de l’Agriculture et du développement rural durables (ADRD), car elle joue un rôle fondamental dans la sécurité alimentaire, la nutrition, le revenu et l’épargne des foyers, la conservation des ressources naturelles et de la biodiversité, les moyens d’existence durables en zones rurales notamment pour les populations autochtones et les groupes marginalisés. Environ 70 pour cent de 880 millions de ruraux pauvres vivant avec moins d’un dollar EU par jour dépendent au moins partiellement de l’élevage pour gagner leur vie.1, 2 L’élevage est le principal secteur de l’économie agricole dans la plupart des pays en développement ou en transition. Dans certains pays, l’élevage représente jusqu’à 80 pour cent du produit intérieur brut (PIB) agricole.3 C’est le secteur de l’économie agricole qui connaît la croissance la plus rapide dans la plupart des pays en développement ou en transition. L’élevage constitue la principale source de revenu pour environ 120 millions de pasteurs dans le monde.4 Pour plus de 200 millions de petits exploitants agricoles d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, l’élevage de bovins, buffles, moutons, chèvres et volailles est la première source de revenu.5 Les produits d’élevage sont importants pour la nutrition et représentent plus de 30 pour cent de la consommation des hommes en protéines.5 La consommation des populations des pays en développement comparée à celle des pays développés est d’un tiers pour la viande et d’un cinquième pour le lait.6 L’élevage fournit la force de traction pour plus de 320 millions d’hectares, soit le quart du total des surfaces cultivées de la planète,7 mais aussi le fumier qui contribue à la productivité agricole et à un environnement durable. Une mauvaise gestion ou transformation des produits d’élevage risque de nuire à l’environnement et à la santé des personnes par la pollution due aux déchets animaux, la transmission de maladies et la déforestation. Falk Kienas /istock Pourquoi faut-il agir? Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Partie intégrante des systèmes ruraux en termes social, économique et environnemental, l’élevage fournit revenu, nourriture, fibres, force de traction, engrais, épargne, assurance et statut social à la plupart des populations pauvres rurales dans le monde. Un développement équitable de l’élevage est vital pour réaliser l’objectif no 1 du Millénaire pour le développement, à savoir réduire la faim et la pauvreté. Bien géré, l’élevage fournit des bénéfices environnementaux en termes de fertilité des sols, de gestion des récoltes et de rendements. Sinon, ces bénéfices risquent d’avoir un coût environnemental lié à la pollution par déchets, la déforestation, la dégradation des terres de parcours et la transmission d’épidémies du bétail et de zoonoses. La mondialisation et la croissance de la demande pour des produits d’élevage ont conduit à l’émergence de grandes entreprises agroalimentaires sources de concurrence internationale. Ce facteur présente des défis et des opportunités pour la participation des petits exploitants agricoles dans les chaînes de production, transformation et distribution des produits d’élevage. Quels sont les objectifs politiques? Les politiques d’élevage doivent: permettre aux ménages pauvres qui possèdent un petit élevage - comme les pasteurs, les petits exploitants agricoles et les groupes marginalisés - de maximiser les bénéfices qu’ils tirent des produits d’élevage, tout en réduisant les risques; permettre aux systèmes de production d’offrir des services environnementaux tout en minimisant les coûts pour l’environnement et la santé; créer un environnement favorable de point de vue macroéconomique, institutionnel et de politique agricole L’ ADRD et... l’élevage Les questions politiques Efficacité croissante des marchés, concentration et marginalisation Dans le monde entier, la demande de produits d’élevage, particulièrement de viande et de produits laitiers, est en croissance rapide. Les tendances varient par région et par pays. Au niveau international, la part du PIB agricole dans le PIB total a chuté avec la croissance économique, mais la part de l’élevage dans le PIB agricole a augmenté. Dans les pays industrialisés et dans les marchés de l’élevage en croissance du sud et du sudest de l’Asie, du Moyen-Orient et d’Amérique latine, les producteurs d’élevage doivent être compétitifs pour réaliser des économies d’échelle. Ils tendent à adopter des technologies sophistiquées à faible coefficient de main- d’oeuvre et permettant de réaliser des économies, tout en se redéployant des zones rurales vers les zones périurbaines ou en se rapprochant des marchés et des usines de transformation. L’organisation de la production et de la distribution change fortement avec le passage à une production animale intensifiée, commercialisée, industrialisée, concentrée et orientée 2 L’ADRD et... l’élevage vers l’export. Les grandes sociétés agroalimentaires contrôlent de plus en plus la chaîne de production pour garantir approvisionnement, sécurité sanitaire et qualité. Dans certaines régions, les petits propriétaires se trouvent de plus en plus marginalisés par rapport aux chaînes de production industrielle et de consommation liées aux supermarchés. acides aminés, minéraux, vitamines et oligoéléments nécessaires à un régime complet. Si la santé des hommes et des femmes, la croissance des enfants et le développement cognitif requièrent une consommation raisonnable8, une alimentation trop riche en viande et en graisses risque de générer maladies cardiovasculaires, cancers, obésité ou autres problèmes de santé. Vulnérabilité et risque continus Les animaux risquent de porter des maladies (zoonoses) susceptibles d’être directement transmissibles aux hommes comme la grippe aviaire hautement pathogène, ou encore des maladies capables de “sauter des espèces” pour toucher les personnes. Certaines maladies déciment les animaux et la santé: les récentes infections de grippe aviaire hautement pathogène ont conduit à abattre plus de 140 millions de volailles rien que dans le sud-est asiatique.9 Des maladies animales fortement contagieuses et transfrontalières comme la peste porcine africaine peuvent se propager avec le déplacement des personnes ou des animaux. La taille des foyers infectieux dans les élevages, mais aussi chez les humains grandit avec l’évolution des tendances climatiques et les changements saisonniers. Comme souvent dans le secteur agricole, l’élevage présente plusieurs risques en termes d’hygiène et de sécurité du travail, et le travail des enfants y est courant.10 Bénéfices et risques pour la santé publique Tendances environnementales et avantages réciproques En Afrique sub-saharienne et dans certaines régions d’Asie et d’Amérique latine, où l’agriculture et l’élevage sont les secteurs qui contribuent le plus à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté, le secteur de l’élevage évolue plus lentement et la demande de produits d’élevage par habitant est presque stagnante. Les petits exploitants agricoles et les pasteurs dominent le secteur de l’élevage. Dans certains pays, des régimes fonciers sans garantie, des services de santé animale peu efficaces, un accès limité au crédit et aux intrants empêchent les petits exploitants et les pasteurs de tirer profit de leur élevage et entravent une éventuelle révolution de la productivité.1 Les pasteurs font face à des défis particuliers, puisqu’ils doivent gérer les risques et variations de la propriété d’élevage associés aux maladies et à la traction animales, pour tirer une valeur économique de terres marginales. Les produits alimentaires d’origine animale sont une excellente source de protéines, Vera Bogaerts/istock qui augmente la productivité des propriétaires d’élevage mais aussi leur rendement sur le marché tout en leur offrant des débouchés pour les biens et services liés à l’élevage. Les opérations d’élevage industrialisées et concentrées occupent de faibles superficies de terre, mais souvent se regroupent près de centres urbains et créent d’importantes quantités de déchets, y compris de métaux lourds et de résidus de médicaments. Mal gérées, elles risquent de fortement polluer l’air, l’eau et le sol. Une gestion extensive de l’élevage par de petits propriétaires d’exploitations agricoles ou de ranchs peut causer déforestation, dégradation des terres et perte de la biodiversité. Pourtant simultanément un élevage intégré dans les systèmes d’agriculture de conservation peut contribuer à la restauration de l’environnement, tandis que le fumier fournit aux sols de précieux éléments nutritifs, augmente la productivité et la rétention d’eau et réduit le compactage des sols. Le développement de l’élevage industriel et les préférences des consommateurs risquent de contribuer à réduire la diversité génétique animale, malgré le rôle de la diversité dans l’augmentation de la productivité animale et la résistance aux maladies, vu le changement climatique. Ces tendances combinées à la culture intensive des pâturages réduisent aussi la diversité génétique agricole. Les défis sociaux Quelles sont les options politiques? Un développement durable et équitable du secteur de l’élevage requiert des politiques macroéconomiques, institutionnelles et agricoles, de même que des politiques sectorielles spécifiques. La plupart de ces politiques - qui incluent la garantie d’une inflation faible et prévisible, établissent un système judiciaire efficace et renforcent les systèmes locaux et nationaux de vulgarisation – dépassent largement le contrôle des décideurs politiques en matière d’élevage. Toutefois, les décideurs politiques peuvent contribuer à l’élaboration de politiques d’élevage qui renforcent les capacités des éleveurs à s’adapter au changement, comme indiqué ci-après. Renforcer les capacités des éleveurs à s’adapter au changement et aux chocs Dans les pays où l’économie est fondée sur l’agriculture, les décideurs politiques en matière d’élevage peuvent promouvoir la révolution de la productivité du cheptel, en concevant des politiques qui renforcent les capacités des éleveurs à s’adapter aux catastrophes naturelles ou économiques. Ces politiques devront favoriser le développement de marchés d’assurance de l’élevage et de systèmes d’alerte précoce qui intègrent surveillance et réponse participative des communautés, ainsi que des stratégies d’alimentation d’urgence. Le renforcement de la réglementation Klaas Lingbeek van Kranen /istock Dans de nombreuses cultures, les populations ont une relation particulière avec l’élevage qui constitue une partie intégrante de leurs moyens d’existence. Les rituels de gratitude soulignent les avantages qu’apportent les animaux. Difficiles à quantifier, les importantes valeurs sociales et spirituelles de l’élevage sont souvent négligées par les décideurs politiques. quant aux déplacements des animaux et l’établissement de programmes de réduction et ou d’augmentation des troupeaux permettant aux pauvres de vendre des animaux quand les prix sont encore élevés et d’en acheter après une crise, peuvent également réduire ces risques. Les communautés presque totalement dépendantes de l’élevage ont également besoin de sources de revenus complémentaires et de protections sociales. Réduire les pertes dues aux maladies animales Les politiques de santé animale peuvent améliorer les moyens d’existence en réduisant les pertes dues aux maladies animales. Dans les économies de marché, les gouvernements peuvent soit offrir des services de santé animale, soit contracter des entreprises privées. Pour permettre aux éleveurs pauvres d’accéder aux services véterinaires à un prix abordable, on pourrait adopter des moyens politiques comme: l’institutionalisation de la fonction de spécialiste de la santé animale dans les collectivités; l’apport des connasissances sur les zoonoses; le subventionnement de vétérinaires privés et l’octroi de bons pour les services vétérinaires aux éleveurs. Optimiser l’impact sur l’environnement Les politiques permettant d’atténuer l’impact négatif de certains systèmes d’élevage sur l’environnement et la santé publique sont importantes pour garantir que les coûts environnementaux ne l’emportent pas sur les bénéfices économiques. Ces politiques viseront à: limiter l’expansion de l’élevage dans les écosystèmes naturels; rémunérer les agriculteurs qui rendent des services environnementaux comme l’amélioration de la gestion de l’eau; la répartition des réglementations et systèmes fiscaux pour décourager de larges concentrations commerciales d’éleveurs. Promouvoir la commercialisation de l’élevage Les politiques visant à renforcer la valeur ajoutée de la production animale et de la commercialisation par les pasteurs et petits propriétaires sont tout aussi importantes. Pour augmenter l’efficacité, la sécurité sanitaire et le caractère opportun de la transformation, la commercialisation et la distribution, des investissements s’imposent dans les infrastructures mercantiles, par exemple le marché des produits laitiers et des fibres, ou encore les abattoirs ruraux. Il est tout aussi important de rendre plus abordable l’information sur les prix, de promouvoir les associations de commercialisation, l’élevage participatif et la réglementation de systèmes contractuels entre les petits exploitants et les grandes sociétés de transformation. Les gouvernements peuvent également soutenir AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... l’élevage des stratégies pour intégrer les petits exploitants dans les marchés d’élevage et offrir une sortie à ceux qui ne sont pas compétitifs. Il convient aussi d’adopter les pratiques d’élevage qui contribuent au bienêtre animal, tout en améliorant l’efficacité et la sécurité sanitaire des aliments pour les consommateurs. Soutenir la commercialisation de produits d’élevage et la recherche Pour assurer des bénéfices aux producteurs et aux petits exploitants nationaux, les fonds publics doivent aider la recherche dans les domaines où les fonds privés font défaut. Parmi ces domaines citons: les produits qui font l’objet d’importants échanges commerciaux entre pays; les technologies et produits qui ne demandent pas de déplacement de maind’œuvre et sont importants à la sécurité alimentaire des groupes de producteurs les plus démunis, et moins organisés qui ne suscitent pas une forte demande du marché. Les décideurs politiques devraient soutenir l’élaboration de normes sanitaires et phytosanitaires adaptées pour les produits d’élevage, tant pour le commerce intérieur que pour les marchés à l’export. Une plus forte commercialisation des races résistantes aux maladies animales - comme les trypanosomoses du bétail - est également importante pour soutenir la conservation de la précieuse diversité génétique animale, comme le soulignent le Plan d’action mondial pour les ressources zoogénétiques (2007) et la Déclaration d’Interlaken sur les ressources zoogénétiques.11 Renforcer les processus politiques sur l’élevage Les processus de formulation de politiques d’élevage doivent être participatifs, multidisciplinaires, fondés sur des informations objectives et de solides analyses des moyens d’existence et d’économie politique. Les réseaux internationaux, régionaux ou nationaux, tout comme les groupes et concertations permettent de partager des bonnes pratiques et créer des liens entre les parties prenantes par delà la chaîne de valeur de l’élevage. 4 L’ADRD et... l’élevage Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] Joachim Otte [email protected] Fonds international de développement agricole (FIDA) Antonio Rota [email protected] Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) Joyce Turk [email protected] Références Ont contribué à ce dossier différentes organisations de la société civile ainsi que H. Steinfeld, I. Hoffman, U. P. Ciamarra, C. Batello, P. Termine (FAO) et bien d’autres (voir la rubrique Contacts). Banque mondiale. 2007. Rapport sur le développement dans le monde 2008. L’agriculture au service du développement. Washington DC. 2 LID. 1999. Livestock in poverty-focused development. Crewkerne, Royaume-Uni, Livestock in Development (LID). 3 Banque mondiale. 2007. Les indicateurs de développement dans le monde. Washington DC. 4 ILRI. 2002. Mapping poverty and livestock in the developing world. Nairobi, Institut international de recherches sur l’élevage (ILRI). 5 FAO. 2006. Livestock long shadow: environmental issues and options. Rome. 6 IFPRI. 1999. L’élevage d’ici 2020: la prochaine révolution alimentaire. Washington DC, Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). 7 FAO. 1997. Livestock and the environment: finding a balance. Rome. 8 Bwibo, N., Murphy, SP., et Allen, LH., 2003. Role of animal source foods to improve dietary quality, growth and development of Kenyan schoolers. Journal of Nutrition. 9 FAO. 2006 Grippe aviaire, chronologie d’une maladie, Rome. http://www.fao.org/ avianflu/fr/chronology_fr.html 10 OIT. 2007. Hazardous child labour in agriculture. What poor health and safety means in practice for child labourers in agriculture. Genève, Organisation internationale du travail (OIT). 11 FAO. 2007. Plan d’action mondial pour les ressources zoogénétiques et Déclaration d’Interlaken sur les ressources zoogénétiques. Rome. 1 Outils et ressources Initiative élevage, environnement et développement (LEAD) Outils sur l’élevage et l’environnement: http://www.lead.virtualcentre.org/fr/ dec/toolbox/Index.htm Centre LEAD de recherche virtuelle et de développement: http://www. virtualcentre.org/fr/frame.htm Division de la production et de la santé animales, FAO: Informations sur la production et la santé animales, et les politiques d’élevage. http://www.fao.org/ag/againfo/home/ fr/home.html http://www.fao.org/ag/againfo/ resources/en/papers.html Institut international de recherches sur l’élevage (ILRI): http://www.ilri.org/ Initiative mondiale sur le pastoralisme durable (WISP): http://www.iucn.org/wisp/fr/index.html Système d’information sur la diversité des animaux domestiques (DAD-IS): http://dad.fao.org/ Commission sur les ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture: http://www.fao.org/ag/ cgrfa/French/Default.htm FAO. 2007. l’état des ressources zoogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde. Rome. Commission du développement durable des Nations Unies. 2000. The coming livestock revolution, background paper on current status of global livestock and on future trends. New York. ECOSOC. 2004. An integrated approach to rural development: dialogues at the Economic and Social Council. New York, Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC). Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 16 2007 et... la biodiversité agricole L’ ADRD Le saviez-vous? La conservation et l’utilisation durable de la biodiversité agricole - dans les exploitations agricoles, dans la nature et dans les banques de gènes - sont essentielles à l’avenir de l’agriculture. La biodiversité agricole comprend tous les éléments de la diversité biologique intervenant dans la production agricole, y compris la production alimentaire, les moyens d’existence et la conservation de l’habitat de l’écosystème agricole.4 Ce dossier se focalise sur la diversité des plantes et des animaux qui fournissent notre alimentation. La diversité génétique – la diversité des espèces – permet aux écosystèmes agricoles de s’adapter pour répondre aux catastrophes et aux risques environnementaux comme le changement climatique.3 Elle améliore également la productivité agricole, en offrant aux agriculteurs, aux éleveurs et aux phytogénéticiens de la matière pour sélectionner des variétés plus productives ou améliorer les caractéristiques des cultures et des animaux et ainsi faire face à la sécheresse, aux fortes tempêtes, aux maladies et aux ravageurs.2 Grâce à la biodiversité, l’agriculture fournit une grande variété d’énergies, de protéines, de graisses, de minéraux, de vitamines et d’autres oligo-éléments fondamentaux pour la sécurité alimentaire et la nutrition. Environ deux milliards de personnes dans le monde souffrent de carence en oligoéléments, généralement en vitamine A, iodure, acide folique, fer et zinc. Tous ces oligoéléments peuvent facilement être assimilés par un régime diversifié et équilibré.2 La biodiversité agricole des systèmes de production agricole et d’habitats naturels disparaît à une vitesse sans précédent. Lors des 50 dernières années, un faible nombre de variétés agricoles a remplacé des milliers de variétés locales dans de gigantesques champs de production.2 Plus de 90 pour cent des variétés cultivées ont disparu des champs agricoles lors de ces 100 dernières années,4 et 690 races animales ont disparu.13 Depuis les débuts de l’agriculture il y a 12 000 ans, environ 7 000 espèces végétales et plusieurs milliers d’espèces animales ont été récoltées ou élevées, développées, gérées et utilisées à des fins alimentaires. Aujourd’hui, seulement 15 plantes cultivées et 8 espèces animales domestiques fournissent 90 pour cent des apports alimentaires énergétiques.1 La biodiversité des cultures et des bétails résulte de la sélection et de la domestication par l’homme; sa conservation dépend beaucoup d’une bonne gestion et d’une utilisation durable.1 Rafael I Merchan En soutenant la conservation in situ et ex situ, la valorisation, le partage des bénéfices et le renforcement des capacités, les gouvernements, les organisations internationales et de la société civile peuvent aider les agriculteurs et les populations autochtones à sauvegarder la biodiversité agricole. Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Pourquoi faut-il agir? La biodiversité agricole conditionne la capacité actuelle et future de la planète à nourrir une population croissante et à renforcer la résilience au changement climatique. La biodiversité des cultures et des animaux est le fruit des savoirs traditionnels et des systèmes agricoles. Elle est maintenue par des réseaux sociaux, des institutions locales et la transmission d’une génération à l’autre.2 Les systèmes agricoles et alimentaires traditionnels, adaptés au tissu local et diversifiés, sont précieux pour les communautés autochtones ou locales, et pour l’agriculture en général. Pourtant, ces systèmes sont menacés et seront difficiles à recréer en cas de perte.1 La tendance mondiale à simplifier le régime alimentaire augmente la faim cachée et les maladies chroniques comme les problèmes cardiovasculaires, le cancer et le diabète.2 Manger des aliments diversifiés d’origine végétale et animale est la meilleure façon de parvenir à un régime équilibré et d’inverser cette tendance.1 La préservation et l’utilisation de la biodiversité agricole constituent un moyen important, durable et abordable de parvenir aux objectifs du Millénaire pour le développement, de réduction de la faim et de la pauvreté, fixés par les Nations Unies, tout en assurant un environnement durable.5 L’ ADRD et... la biodiversité agricole Quels sont les objectifs politiques? Les décideurs politiques au niveau national et international devraient viser à: améliorer l’utilisation de la biodiversité agricole par les agriculteurs, les chercheurs, les phytogénéticiens et les éleveurs, pour contribuer à des systèmes de production plus résilients et durables qui améliorent la nutrition et les moyens d’existence des populations pauvres rurales; promouvoir la conservation, la récolte, l’élevage, la consommation et la commercialisation de cultures alimentaires et d’animaux domestiques (particulièrement ceux aujourd’hui négligés ou sous-exploités) et la diversité génétique associée, tout en préservant la diversité culturelle associée à la biodiversité agricole; reconnaître et récompenser la contribution des agriculteurs, des populaires autochtones et des communautés rurales à l’amélioration et à la préservation de la biodiversité agricole; maintenir les savoirs traditionnels de biodiversité; garantir des bénéfices justes et équitables à partir de l’utilisation des ressources génétiques.5 Les instruments politiques La FAO et la Convention sur la diversité biologique sont les principaux forums où la communauté internationale établit des politiques visant à garantir la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité agricole. Le programme de biodiversité agricole de cette convention favorise le renforcement des capacités et la coopération entre parties prenantes dans l’élaboration de politiques. Ce programme, tout comme le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, compte parmi les deux instruments politiques notables qui résultent de ces forums. Les questions politiques La valeur de la biodiversité agricole, y compris les espèces traditionnelles, négligées ou sous-exploitées Beaucoup de cultures et d’animaux domestiques utilisés dans les régimes traditionnels sont plus nutritifs que les espèces introduites ou commerciales. Par exemple, au moins trois des variétés de sorgho sélectionnées par les agriculteurs éthiopiens contiennent environ 30 pour cent de protéines de plus que d’autres variétés.6 Les variétés traditionnelles peuvent demander moins d’intrants, être mieux adaptées aux conditions locales (et parfois marginales), tout en étant plus productives et moins nuisibles à l’environnement. Les femmes sont les principaux bénéficiaires de la conservation des variétés agricoles traditionnelles, dans la mesure où elles sont souvent responsables de leur culture.6 Les systèmes agricoles nationaux devraient s’efforcer de reconnaître la valeur des espèces négligées ou sous-exploitées qui ont été marginalisées parce qu’elles étaient moins compétitives que d’autres espèces agricoles, de moindre valeur mercantile, difficiles à transformer ou considérées démodées ou “rétrogrades”. Par exemple, la céréale chénopode de l’Himalaya (Chenopodium spp.) et la cerise de la Barbade (Malpighia glabra) sont menacées d’érosion génétique et de disparition, malgré leur forte valeur nutritive.2 2 L’ADRD et... la biodiversité agricole FAO, A. Odoul, 1995 Importance des connaissances traditionnelles L’article 9 du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture reconnaît la contribution des agriculteurs et des populations indigènes à la conservation et au développement de variétés dotées de caractéristiques et de qualités particulières. Ce traité rend les gouvernements responsables de l’application des droits des agriculteurs, tout en dressant la liste des mesures à prendre pour protéger et promouvoir ces droits. Toutefois, les droits des agriculteurs ont rarement été respectés. Quelles sont les options politiques? Le développement et la conservation de la biodiversité agricole demandent une combinaison des stratégies suivantes, accompagnée d’un soutien politique, scientifique, technique et financier. Les politiques doivent être revues pour réduire la perte de biodiversité agricole, par exemple en favorisant la culture d’une gamme plus diversifiée de variétés, tout en élaborant et en diffusant des technologies spécialisées sur une plus large gamme de cultures et de bétails. Promouvoir la conservation in situ La conservation in situ correspond au maintien et à l’utilisation de la biodiversité précieuse et/ou menacée qui existe dans les habitats où elle advient naturellement et a évolué avec ou sans une sélection par l’homme. Cette stratégie est fondamentale pour protéger la diversité génétique des animaux et des espèces sauvages apparentées, y compris des anciennes cultures et des cultivars traditionnels ou des variétés agricoles locales. Ces ressources phytogénétiques peuvent servir à améliorer les cultures et avoir une très forte valeur commerciale. Par exemple, trois arachides sauvages ont permis de résister au nématode des racines, permettant aux cultivateurs d’arachide du monde entier d’économiser 100 millions de dollars EU par an. Les espèces sauvages apparentées et les variétés locales constituent d’importantes sources d’alimentation pour les pauvres et des compléments essentiels aux aliments de base en périodes de famine.1 Soutenir la conservation dans l’exploitation agricole Parce que l’environnement évolue et s’adapte, le maintien de la diversité des cultures et de l’élevage dans des systèmes de production dynamiques demande des efforts particuliers de conservation et Qu’entendons-nous par biodiversité agricole?1 La biodiversité agricole est la diversité biologique à l’état domestique ou sauvage en matière d’alimentation et d’agriculture. Elle résulte: (1) de ressources génétiques végétales, animales, microbiennes ou fongiques; (2) d’organismes nécessaires au maintien de fonctions essentielles à l’écosystème agricole, à sa structure et à ses processus, comme la régulation des ravageurs et des maladies, la pollinisation et le cycle des éléments nutritifs; (3) d’interactions entre les facteurs abiotiques, comme les paysages physiques où l’on cultive la terre, et les dimensions socioéconomiques et culturelles tels les savoirs traditionnels et locaux. d’utilisation durable au sein même de l’exploitation agricole. Cela signifie gérer l’ensemble de l’écosystème agricole, en respectant les principes écologiques et en encourageant les systèmes décentralisés et communautaires où les populations maintiennent, sélectionnent, voire échangent les variétés et les savoirs associés. Les banques de semences des communautés, les réseaux informels d’échange de graines, les foires aux semences et les salons de l’élevage qui favorisent les échanges d’informations et de ressources, tout comme la sélection des plantes selon un mode participatif où les agriculteurs, les éleveurs et les autres experts développent ensemble des variétés qui satisfassent les besoins des agriculteurs, sont autant d’interventions institutionnelles précieuses pour la conservation de la biodiversité dans l’exploitation agricole.5 Les décideurs politiques devraient également créer des mesures incitatives en offrant aux agriculteurs un meilleur accès aux semences de qualité pour les variétés rares ou jusqu’ici négligées, tout en reconnaissant que la culture de variétés agricoles rares et diversifiées profite à tous.6 Encourager la conservation ex situ La conservation ex situ suppose de recueillir et de maintenir des matériels divers sur un plan génétique dans des banques de gènes pour garantir leur bonne conservation et un accès aisé par les utilisateurs du matériel génétique, comme les agriculteurs, les éleveurs et les chercheurs. Beaucoup de plantes et d’animaux sont menacés dans leur environnement naturel. Des programmes nationaux doivent établir des stratégies pour s’emparer du matériel génétique menacé et assurer leur bonne conservation dans des banques de gènes où ils pourront être décrits et évalués au profit de l’agriculture. Pour garantir la durabilité à long terme du matériel génétique, les responsables de banques de gènes doivent maintenir des échantillons et décrire les caractéristiques agronomiques et autres du matériel recueilli, tout en établissant un système efficace de distribution des espèces et variétés agricoles aux utilsateurs.2 Créer de la valeur ajoutée Les efforts de conservation de la biodiversité agricole seront durables s’il existe une demande pour les variétés secondaires et produits associés afin que les agriculteurs puissent tirer des revenus de ces variétés. Les systèmes agricoles nationaux et le secteur privé devraient être encouragés à promouvoir de meilleures pratiques après-récolte qui facilitent l’acquisition de technologies adaptées à la transformation et à l’emballage de produits de grande qualité, attractifs, durables et commercialisables. L’agroindustrie joue un rôle important dans le commerce de gros des produits, pour garantir l’approvisionnement des marchés, tout en aidant la consommation urbaine. Des stratégies marketing et des campagnes qui sensibilisent les consommateurs et dépassent les préjugés contre les aliments traditionnels (souvent considérés comme “démodés”) s’imposent pour stimuler la demande et les ventes d’une culture spécifique, tout en créant une source de revenu pour les agriculteurs.10 Des programmes de formation pour les vulgarisateurs agricoles et les conseillers en matière de santé ou de nutrition peuvent rappeler l’importance d’un régime diversifié et les effets bénéfiques d’une consommation alimentaire traditionnelle dans l’augmentation de la productivité et la lutte contre la faim et la pauvreté. Encourager la recherche La recherche qui soutient la conservation de la biodiversité agricole est nécessaire pour: (1) évaluer l’importance et la distribution de la diversité entretenue par les agriculteurs, dans l’espace et dans le temps; (2) relever les facteurs spécifiques, comme la culture alimentaire et les tendances du marché qui influencent les décisions des agriculteurs et les processus de sélection; (3) identifier les caractéristiques précieuses; (4) combler le fossé dans les recueils de banques de gènes. Les responsables des programmes de conservation devraient identifier les sites les plus adaptés à la conservation de la biodiversité agricole, fournir aux agriculteurs les variétés agricoles et animales, mais aussi les pratiques de gestion à préserver (si nécessaire) et élaborer des stratégies pour minimiser les risques d’érosion génétique.11 Les systèmes nationaux de recherche agricole devraient mettre l’accent sur la caractérisation et la documentation des cultures secondaires endémiques et des variétés locales. Partager les bénéfices avec les agriculteurs Les gouvernements et les entités intergouvernementales devraient promouvoir un partage juste et équitable des bénéfices économiques et non monétaires tirés de l’utilisation commerciale d’espèces endémiques ou sélectionnées localement. D’intenses négociations intergouvernementales ont donné naissance au Système multilatéral du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, un mécanisme qui facilite les échanges et l’accès à la diversité génétique, ce qui est importante pour la sécurité alimentaire et l’agriculture durable. En outre, les gouvernements devraient s’assurer que les individus et les communautés pourvus de savoirs traditionnels participent pleinement à la formulation des politiques qui concernent la diversité génétique locale et son emploi. Certains pays ont modifié leur législation en matière de brevets, en demandant aux candidats de dévoiler les sources des matériels utilisés pour les inventions qu’ils souhaitent protéger. Une autre possibilité pour éviter un dépôt immoral de brevet sur des savoirs traditionnels consiste à créer des bases de données qui enregistrent ces savoirs en se concentrant sur leurs applications pratiques et en permettant aux autorités en matière de brevets de les rechercher comme “art précédent”.8 AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... la biodiversité agricole Renforcement des capacités Les systèmes nationaux de recherche agricole et les donateurs devraient être encouragés à soutenir des programmes d’éducation et de formation scientifiques et techniques d’agents de vulgarisation, d’agriculteurs, de populations autochtones et d’éleveurs, sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité agricole. Des programmes scolaires, d’éducation, de nutrition, de vulgarisation et de formation devraient soutenir les savoirs indigènes sur la biodiversité en matière d’alimentation et de nutrition. Engagements mondiaux Convention sur la diversité biologique: Il s’agit de l’instrument international de référence pour la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de ses composants et le partage des bénéfices issus de l’utilisation de ressources génétiques. www.cbd.int/default.shtml Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture: vise à garantir la sécurité alimentaire par la conservation et l’utilisation de ressources phytogénétiques et le partage juste et équitable des bénéfices en résultant. www.planttreaty.org/gbnex_fr.htm Commission des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture: un forum permanent de la FAO où les gouvernements discutent et négocient toutes les questions pertinentes de biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture. La Commission a récemment adopté le Plan d’action mondial pour les ressources zoo génétiques. www.fao.org/ ag/cgrfa/French/Default.htm Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] Linda Collette [email protected] Bioversity International Ehsan Dulloo [email protected] 4 L’ADRD et... la biodiversité agricole Convention sur la diversité biologique (CBD) Jo Mulongoy [email protected] Point focal pour les communautés autochtones ou locales John Scott [email protected] Fonds international de développement agricole (FIDA) Shantanu Mathur [email protected] Fédération internationale des producteurs agricoles (FIPA) Nora Ourabah Haddad [email protected] Références Ce dossier a été préparé par Elisa Distefano en collaboration avec A. Toledo Chavarri, F. Egal (FAO), I. Hoeschle-Zeledon, (Global Facilitation Unit for Underutilized Species), P. Eyzaguirre, B. Sthapit (Bioversity International) et bien d’autres (voir la rubrique Contacts). 1 Convention sur la diversité biologique. Site Internet de la biodiversité agricole: http://www.cbd.int/agro/default.shtml. 2 Bioversity International. Site Internet: http://www.bioversityinternational.org/. 3 IPGRI. 2004. La diversité pour le bienêtre: tirer le meilleur parti de la biodiversité agricole. Maccarese, Rome, et du consentement préalables (IPGRI). 4 CIP-UPWARD. 2003. Conservation et utilisation durable de la biodiversité agricole. En collaboration avec le GTZ, CRDI, l’IPGRI et SEARICE. 5 Bioversity International. 2005. Biodiversité agricole et élimination de la faim et de la pauvreté. Le Programme d’action de Chennai. Maccarese, Rome. 6 Frison, E.A., Smith, I.F., Johns, T., Cherfas, J. & Eyzaguirre, P.B. 2006. Agricultural biodiversity, nutrition, and health: making a difference to hunger and nutrition in the developing world. Food and Nutrition Bulletin, 27(2): 167–179. 7 IPGRI, GFU, MSSRF. 2005. Meeting the Millennium Development Goals with agricultural biodiversity. Maccarese, Rome. 8 IIED. 2006. Protecting indigenous knowledge against biopiracy in the Andes. Sustaining local food systems, agricultural biodiversity and livelihoods. Londres, Institut international pour l’environnement et le développement (IIED). 9 IPGRI. 2004. Why genetic diversity matters. Maccarese, Rome. 10 Thrupp, L.A. 2000. Linking agricultural biodiversity and food security: the valuable role of agrobiodiversity for sustainable agriculture. International Affairs, 76(2): 283–297. Outils et ressources FAO, Diversité biologique dans l’alimentation et l’agriculture: source d’informations utiles avec des définitions, des documents et des liens sur la biodiversité agricole. http://www. fao.org/biodiversity/index.asp?lang=fr Convention sur la diversité biologique, programme de biodiversité agricole: il s’agit de l’instrument international de référence pour la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de ses composants et le partage des bénéfices issus de l’utilisation de ressources génétiques. http://www.cbd. int/agro/default.shtml Bioversity International: un centre du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI), menant des recherches sur l’usage et la conservation de la biodiversité agricole. http://www.bioversityinternational.org/ Global Crop Diversity Trust: une fondation qui cherche à assurer la conservation et la disponibilité de la diversité agricole pour la sécurité alimentaire mondiale. http://www.croptrust.org/main/ 11 IPGRI. 2002. The economics of conserving agricultural biodiversity on-farm. Compterendu d’atelier, Institute for Agrobotany, Gödöllo, Hongrie, 13-16 mai 2002. 12 FAO. 2006. Interactions du genre, de la biodiversité agricole et des savoirs. Manuel de formation. Rome. 13 FAO. 2007. L’Etat des ressources zoo génétiques pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde. Rome. FAO. 2004. Biodiversity for food security. Bangkok, Bureau régional de la FAO pour l’Asie et le Pacifique. FAO. 2007. People and animals. Traditional livestock keepers: guardians of domestic animal diversity. Rome. FAO. 1988. The State of the World’s Food and Agriculture, Rome (prochaine mise à jour prévue en 2009). Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 15 2007 et... les femmes L’ ADRD Le saviez-vous? En 2007, les femmes représentaient 41 pour cent du total des emplois agricoles.1 En Afrique sub-saharienne, les femmes constituaient 60 pour cent du travail au noir, réalisant environ 70 pour cent de tout le travail agricole et produisant environ 90 pour cent de la nourriture.2 Dans le monde, presque les deux tiers des analphabètes sont des femmes, leur proportion varie considérablement selon les régions. Dans de nombreux pays d’Afrique sub-saharienne et d’Amérique latine, le nombre de femmes chefs de ménage va croissant,3 cela est dû en grande partie à la migration masculine, au divorce, aux maladies (en particulier au VIH/SIDA) et aux guerres. Les obstacles au travail des femmes coûtent aux régions de l’Asie et du Pacifique entre 42 et 47 milliards de dollars EU par an. De 16 à 30 milliards de dollars EU supplémentaires par an sont perdus en raison des disparités entre les sexes en matière d’instruction.4 Chaque année, 529 000 femmes meurent de complications liées à la grossesse. Quatre morts en couche sur cinq sont directement dues à des complications obstétriques, en grande partie provoquées par le manque de services adéquats dans le domaine des soins obstétriques d’urgence. Les femmes rurales pauvres sont probablement celles qui reçoivent de loin le moins de soins y compris de soins spécialisés au cours de l’accouchement.5 L’aide à l’agriculture comprend actuellement seulement un dixième de toute l’aide publique au développement (APD) bilatéral. L’aide en faveur de l’égalité entre les sexes représente 8 pour cent de toute l’aide destinée à l’agriculture. 6 L’agriculture et le développement rural durables et la réduction de la pauvreté dépendent des politiques qui renforcent la productivité féminine, leur contribution à la sécurité alimentaire du ménage et au revenu, l’accès aux ressources et aux services, à la responsabilisation et au bien-être économique et social. Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Pourquoi faut-il agir? Partout dans le monde les déséquilibres historiques dans le pouvoir d’élaboration de décisions et l’accès aux ressources, les droits et titres ont créé des inégalités entre les hommes et les femmes. Que ce soit en raison de la législation ou des coutumes, dans de nombreux pays les femmes sont toujours privées de leurs droits fondamentaux. Un accès insuffisant aux services essentiels, aux ressources, aux marchés et aux infrastructures fait peser un lourd fardeau sur la répartition du temps à disposition des femmes rurales et sur leur travail, limitant sérieusement leur participation au développement traditionnel, aux affaires de la communauté et aux prises de décisions publiques. Ces contraintes associées à une majeure sensibilité des femmes aux aléas des revenus, aux prix et à la demande d’emploi,7 font qu’il est plus difficile pour une femme de sortir de la pauvreté. Les activités productives et reproductives des femmes rurales sont souvent passées sous silence, dispersées, non officielles ou insuffisamment prises en compte dans les statistiques nationales. En conséquence, la contribution des femmes à l’économie nationale et à la main-d’œuvre sont difficiles à évaluer. Quels sont les objectifs des politiques? Améliorer l’égalité entre les sexes dans le domaine législatif, les politiques, les programmes et les institutions ainsi que l’accès aux ressources naturelles, financières, physiques, sociales et aux autres ressources, de même qu’aux services et aux institutions. Créer des capacités, des connaissances et des compétences chez les femmes et les jeunes filles par le biais de l’instruction, de la formation, de l’information, de la communication de la mise en réseau et de l’échange d’expériences. Impliquer les femmes à tous les niveaux de développements agricoles, ruraux et politiques, dans les programmes et les prises de décisions et faire en sorte que les hommes prennent part aux efforts d’équité en matière de parité hommesfemmes. Développer les indicateurs et les moyens pour mesurer, contrôler et évaluer la contribution des femmes à l’agriculture et au développement rural, aux effets différentiels des politiques et aux programmes sur la vie des hommes et des femmes et les impacts de l’intégration des considérations de parité sur les femmes et leurs communautés. Les questions politiques Dénégation des droits fondamentaux Dans la plupart des pays en développement, les femmes ont très peu, et/ou, des droits moins importants que les hommes du fait de l’existence de préjugés dans la législation coutumière et officielle ainsi que dans la répartition L’ ADRD et... les femmes du travail, des normes sociales et des valeurs.9 La discrimination fondée sur le genre nie toute protection aux femmes contre la violence, le droit à l’autodétermination et le même salaire pour un travail identique. La dénégation de ces droits ainsi que d’autres droits mine non seulement le pouvoir économique et sociale des femmes rurales et leur bienêtre psychologique mais également leur accès à la terre, aux services financiers, aux technologies, aux intrants, aux services de vulgarisation et de formation ainsi que leur participation aux conseils et aux élections de la communauté. Le droit des femmes rurales à un salaire et des conditions de travail décents, une protection sociale et une représentation syndicale et des négociations collectives – dans les plantations par exemple – ne sont pas souvent pris en considération. Défis du travail productif et reproductif Dans le monde entier, les femmes jouent un rôle important dans l’agriculture mais, dans certaines régions, elles fournissent l’essentiel de la main-d’oeuvre agricole. Elles travaillent également dans l’élevage du bétail, la pêche, la transformation de la nourriture, la commercialisation, les entreprises fondées sur le foyer ainsi que d’autres activités rurales non agricoles. Cependant, le temps limité dont disposent les femmes, la mobilité et l’accès aux biens et aux services, les perceptions culturelles de ce qu’est un travail convenable pour les femmes et les préjugés contre leur indépendance économique, les contraignent à occuper des emplois plus temporaires, dans des petites entreprises ou des entreprises marginales. Les tâches domestiques ou reproductives comme la collecte du bois de chauffe et de l’eau ainsi que les soins destinés aux enfants et aux personnes âgées sont souvent perçus comme «féminines» et bien souvent ne sont pas considérées comme des activités économiques et de ce fait n’ont pas le statut de travail. Les politiques, les programmes et les technologies qui négligent de prendre en considération ces responsabilités peuvent accroître la charge de travail des femmes et réduire le bienêtre du ménage. Les statistiques nationales prennent rarement en compte les données ventilées 2 L’ADRD et... les femmes par genre concernant les emplois ruraux, ce qui rend difficile d’évaluer avec précision la contribution économique des femmes ou les disparités entre hommes et femmes. Éducation médiocre et participation limitée entravent leur responsabilisation Les femmes rurales analphabètes et avec un faible niveau d’instruction, surtout celles qui se trouvent dans des régions éloignées, ont les plus grandes difficultés à accéder aux marchés, aux ressources, aux services et aux institutions et reçoivent souvent un traitement différent quand elles y ont accès. Dans de nombreuses régions, le faible niveau d’instruction des femmes et les responsabilités domestiques disproportionnées associées aux normes culturelles et sociales, limitent leur capacité à s’exprimer en public devant les hommes, de même qu’elles restreignent leur droit à la propriété et à la gestion de la terre et de l’argent et minent leur participation aux emplois productifs, dans les organisations rurales et dans les prises de décisions publiques.10 Par exemple, comme les coopératives agricoles permettent généralement l’adhésion d’un seul membre par ménage, la majorité des adhérents a tendance à être des hommes. 11, 12 Des progrès lents Les progrès pour rendre les femmes autonomes et en faveur de l’égalité entre les sexes ont été lents malgré la Déclaration et le programme d’action de Beijing (1995). La faible capacité du personnel, l’organisation culturelle et comportementale, la résistance face à la notion d’égalité entre les sexes, la simplification par le personnel de la question de parité hommes-femmes et le financement inadéquat ainsi que le manque de visibilité des unités de coordination sur la parité sont souvent responsables de la disparition des politiques d’égalité entre les sexes dans les processus de planification et de mise en œuvre. 13 pour accroître la sécurité alimentaire, la possibilité de faire des investissements économiques et environnementaux à long terme et la réduction des risques d’expulsion. Améliorer l’accès aux services de développement financiers et économiques Améliorer les capacités des femmes rurales à accumuler, gérer et investir dans les actifs financiers ainsi que leur donner l’accès aux services de développement d’affaires financières et non financières. Des conseils économiques pour aider les femmes à accéder aux marchés, associés à des politiques de micro finance, et des programmes qui permettent de réaliser de petites économies et de contracter des emprunts et d’ouvrir des comptes de groupe, d’établir les aptitudes en calcul des femmes et d’offrir des facilités bancaires itinérantes sont fondamentaux pour accroître la capacité financière des femmes rurales pauvres. Accroître l’accès à une éducation de base Augmenter l’inscription et la fréquence des filles dans les écoles rurales en leur offrant un repas scolaire, et en développant des programmes d’enseignement dans les langues locales, en réduisant, ou en abolissant, les frais de scolarité et en fournissant des aides au revenu pour permettre aux ménages ruraux pauvres de réduire leur dépendance au travail des enfants. Accroître l’alphabétisation des femmes adultes et les aptitudes en calcul en créant des écoles itinérantes et des programmes motivants pour les enseignants ruraux. Intégrer les considérations de parité hommes-femmes dans le programme d’enseignement, les politiques et le développement des infrastructures. Développer du matériel didactique et des méthodes pédagogiques qui ont un intérêt concret pour les femmes rurales. Quelles sont les options Améliorer l’accès aux services de santé de politiques? procréation Préserver les droits à la terre et aux ressources naturelles Améliorer la prise de conscience, la sécurité et l’indépendance des femmes rurales sur leurs droits à la terre, à l’eau, à l’élevage ainsi qu’aux autres droits de propriété Améliorer l’accès et l’utilisation des services de planification familiale. Introduire des établissements qui renforcent les soins de santé à la procréation des femmes rurales dans les régions éloignées en organisant des services d’obstétrique d’urgence et en améliorant les transports d’urgence fondés sur la communauté, par exemple. Concepts fondamentaux8 Soutenir les réformes législatives et les campagnes d’information et de communication Il y a égalité entre les sexes quand les femmes ont les mêmes opportunités dans la vie que les hommes, y compris la reconnaissance de leurs capacités à participer à la vie publique. Les réformes législatives sont parfois nécessaires pour favoriser l’égalité entre les sexes. Les capacités des femmes et celles de leurs organisations représentatives ainsi que de leurs syndicats ont besoin d’être renforcées pour à la fois réaliser et négocier leurs droits statutaires et coutumiers. Des améliorations au niveau de la propriété, de la famille, des droits agraires et de succession peuvent renforcer l’accès et le contrôle des biens naturels, financiers et des propriétés physiques des femmes. 14 De nombreux pays ont déjà mis en œuvre une législation progressive. Cependant, l’alphabétisation légale, les services de soutien et de plaidoyers, l’accès aux organisations représentatives et aux syndicats et l’intégration et plus largement les campagnes de prises de conscience sont également nécessaires pour permettre aux femmes rurales de revendiquer leurs droits dans la pratique et aux hommes ruraux et aux employés d’être suffisamment sensibilisés pour leur permettre de le faire. Permettre la participation Les gouvernements et les organisations de développement peuvent encourager la participation des femmes rurales et leur implication dans les affaires civiques à tous les niveaux en: accroissant leur accès à la radio rurale et aux autres moyens de communication en les adaptant pour inclure les questions qui intéressent les femmes rurales et les occasions pour elles de partager leurs opinions et leurs aspirations; établissant et en assurant des quotas pour la représentation des femmes à tous les niveaux gouvernementaux et en les aidant à développer des capacités de gestion et de direction d’institutions existantes de façon plus efficace; les syndicats et les organisations composées seulement de femmes peuvent également être importants dans les contextes où les possibilités pour les femmes de s’exprimer, de participer et de diriger sont limitées; utilisant les femmes comme formateurs et éducateurs en création de capacité, L’équité en matière de parité hommes-femmes nécessite une redistribution du pouvoir et des ressources. On y parvient lorsque les différents besoins et intérêts des hommes et des femmes sont reconnus. L’intégration des considérations de parité hommes-femmes est une stratégie organisationnelle qui témoigne d’un souci d’équité entre les sexes dans tous les aspects des politiques et des programmes d’une institution en créant des capacités et des responsabilités selon le genre. pour l’information et les programmes de vulgarisation et en ajustant les emplois du temps de la formation pour qu’ils soient compatibles avec la disponibilité des femmes en fonction de la saison et des activités quotidiennes; sensibilisant les hommes aux avantages et à l’impératif moral de faire participer les femmes aux prises de décisions, à la mise en place d’institutions, à la gestion, à la planification et aux prises de décisions politiques. Améliorer les données, le suivi et l’évaluation Aider les bureaux nationaux de statistiques et les programmes de développement ruraux et agricoles à améliorer la qualité et la collecte de données ventilées par sexe y compris celles de l’emploi rural fondées sur le travail domestique, le travail non officiel et le travail itinérant. Développer des mécanismes plus solides et plus systématiques pour contrôler et évaluer les impacts de l’intégration des considérations parité hommes-femmes sur l’égalité entre les sexes et s’assurer que les intrants sensibles à la parité hommes-femmes, les indicateurs de performance et de progrès soient intégrés au moment propice du programme de développement rural et agricole et des processus politiques.15 Ventiler le programme d’allocations de budget par sexe et s’assurer que les fonds alloués au suivi et à l’évaluation sont suffisants. Aider à la sensibilisation de la parité hommes-femmes pour vaincre les préjugés et la résistance culturelle en matière de collecte de données et d’analyses. Refaire les mises au point politiques et améliorer les processus de mise en œuvre Pour surmonter la tendance de mettre à l’écart des engagements politiques liés à la parité hommes-femmes dans le domaine de la planification et la mise en œuvre des processus, les décideurs politiques devraient: donner systématiquement la priorité à la mise au point politique sur la parité hommes-femmes et les programmes d’intervention dans les régions rurales; étendre les stratégies de réduction de la pauvreté (PRS) pour englober les stratégies sectorielles qui sont particulièrement avantageuses pour les femmes rurales; s’assurer que les personnels sont qualifiés pour entreprendre une analyse socioéconomique et affrontent les questions de parité hommes-femmes ainsi que les évaluations participatives des besoins; intégrer les considérations parité hommes-femmes par le biais de la gestion du cycle de projet (GCP), comme lorsqu’on utilise des données de références ventilées par sexe; aider le personnel, les programmes de sensibilisation de parité hommesfemmes de la communauté et les employeurs à éliminer les attitudes, les comportements et les pratiques discriminatoires; s’assurer que les programmes de développement soient focalisés sur les questions principales pour les femmes comme la responsabilisation en améliorant par exemple, les services de base et les infrastructures, en accroissant leur participation politique et en réformant la législation familiale, en améliorant la santé sexuelle et la procréation et en mettant fin à la violence contre les femmes; développer des structures et des processus, incluant les organisations représentatives qui établissent la responsabilité pour les besoins des femmes rurales dans le domaine du développement des institutions rurales agricoles. AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... les femmes Outils et ressources Réseau inter agence des Nations Unies sur les femmes et l’égalité entre les sexes: http://www.un.org/womenwatch Programme d’analyse socioéconomique selon le genre (ASEG): http://www.fao.org/sd/SEAGA/ index_fr.htm Fonds international de développement agricole (FIDA): http://www.ifad.org/gender/index.htm Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM): http://www.unifem.org/gender_issues/ Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP): http://www.unfpa. org/gender/index.htm Engagements mondiaux Convention pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDEF): une charte internationale des droits des femmes adoptée en 1979 et ratifiée par 185 pays à partir de septembre 2007.16 Déclaration et programme d’action de Beijing: adoptée par 189 pays en 1995, Beijing +5, reflète un engagement international avec pour objectifs l’égalité, le développement et la paix pour toutes les femmes partout dans le monde. Les leaders mondiaux se sont engagés euxmêmes à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2000. OMD 3, responsabilise les femmes et les hommes, il est reconnu comme essentiel pour parvenir aux sept autres OMD. Conventions et recommandations de l’Organisation internationale du travail (OIT): elles couvrent les principales questions sur l’égalité liées à l’emploi.17 Convention agricole sur la sécurité et la santé n° 184 affronte ce secteur. Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] Yianna Lambrou [email protected] 4 L’ADRD et... les femmes Fonds international de développement agricole (FIDA) Annina Lubbock [email protected] Nations Unies Départment des Affaires Économiques et Sociales (DAES) Carolyn Hannan [email protected] Organisation internationale du travail (OIT) Susan Maybud [email protected] Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) Joanne Sandler [email protected] Karen Judd [email protected] Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) Aminata Toure [email protected] Leyla Sharafi sharafi@unfpa.org Organisation des femmes pour le changement agricole et la gestion des ressources naturelles (WOCAN) Jeannette Gurung [email protected] Jacqueline Ashby [email protected] Références Ce dossier a été préparé par Alessandra Basilico en collaboration avec M. Villarreal, R. Laub, E. Najros (FAO), A. Herbert, E. Lawton (OIT), J. de la Rosa (WOCAN), A. Taka Mgugu (WLWRSA), C. Kabutha (AWLAE) et T. Van Oers (Femmes en Europe pour un future commun – WECF), et bien d’autres (Contacts). OIT. 2007. Global Employment Trends Model (preliminary estimates). Genève. 2 ECA. 2004. The missing link in growth and sustainable development. Banque de développement africain/Commission économique pour l’Afrique (ADB/ECA) Symposium sur le genre, Croissance et développement durable en Ouganda. 3 Secrétariat des Nations Unies. 2001. Rapports nationaux des études de santé démographique. New York, Secrétariat des Nations Unies, Division des statistiques. 4 UNESCAP. 2007. Étude économique et sociale de l’Asie et du Pacifique. Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (NESCAP), Bangkok. 5 FNUAP 2007. Facts about safe motherhood: http://www.unfpa.org/mothers/facts.htm 6 OCDE-DAC Secrétariat. 2005. Aid to support gender equality, 1999−2003. Paris, 1 Organisation pour la coopération économique et le développement. Comité d’assistance au développement (OCDE-DAC). 7 Luttrell, C. et Moser, C. 2004. Gender and social protection. London, Overseas Development Institute (ODI). 8 Reeves, H. et Baden, S. 2000. Gender and development: concepts and definitions. Sussex, UK, BRIDGE/Institut sur les études de développement (IDS). Définitions supplémentaires du FIDA: Gender Plan of Action: http://www.ifad.org/gender/ policy/action_f.htm 9 FAO. 2006. Improving gender equity in access to land. Notes sur la propriété foncière. Rome. 10 FNUAP. 2005. State of world population 2005. Égalité entre les sexes. Fiche d’informations. 11 Birchall, J. 2004. Les coopératives et les objectifs du Millénaire pour le développement. Genève, OIT. 12 FAO. 1996. Cooperatives: has their time come or gone? 13 Moser, C. et Moser, C. 2005. Gender mainstreaming since Beijing: a review of success and limitations in international institutions. Genre et développement, v. 13/2, Oxford, Routledge. 14 FAO. 2002. Gender and law. Women’s rights in agriculture. Rome. 15 Brambilla, P. 2001. Gender and monitoring: a review of practical experiences. Sussex, UK, BRIDGE/IDS. 16 UNIFEM. 2005. Progress of the world’s women 2005: women, work and poverty. New York. 17 OIT. Convention concernant la discrimination (emploi et profession) (n° 111), Convention sur l’égalité de rémunération (n° 100), Convention sur les travailleurs ayant des responsabilités familiales (n° 156) et Convention sur la protection de la maternité (n° 183): http:// www.ilo.org/ilolex/french/convdisp1.htm NORAD. 2006. Lessons from evaluations of women and gender equality in development cooperation. Oslo, Norwegian Agency for Development Cooperation (NORAD). Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 14 2007 et... les populations autochtones L’ ADRD Le saviez-vous? Beaucoup de populations autochtones sont les garants de la diversité bio agricole et leur agriculture est un mode de vie, un héritage et un pacte immémorial avec la nature. Le savoir, les valeurs, les croyances, les rites et les pratiques relatives à l’alimentation et à l’environnement des populations autochtones peut aider l’agriculture à nourrir des populations croissantes6 à maîtriser les changements climatiques et à maintenir les ressources pour les générations futures. L’agriculture et le développement rurale durables (ADRD) et le bien-être des populations autochtones exigent des politiques et des programmes qui renforcent le droit des populations autochtones à l’alimentation, la terre, et aux autres ressources naturelles, qui, garantissent le savoir traditionnel concernant les systèmes agricoles et alimentaires et qui assurent une part équitable des bénéfices issus du développement. Il y a environ 370 millions d’autochtones dans le monde, ce qui représente au minimum 5 000 groupes autochtones différents dans plus de 70 pays. Les deux tiers de ces personnes vivent en Asie. 1 Les populations autochtones constituent environ 5,5 pour cent de la population mondiale et représentent à peu près un tiers des 900 millions de ruraux extrêmement pauvres dans le monde.2 En 2007, 144 pays de l’Assemblée générale des Nations Unies (NU) ont approuvé la Déclaration des droits des populations autochtones.3 En septembre 2007, 19 pays avaient ratifié la Convention des peuples autochtones et tribaux de 1989 de l’Organisation internationale du travail (OIT) (N° 169). Ceci, entre autre exige des Etats qu’ils respectent les terres, les territoires, le droit au contrôle des ressources naturelles des populations autochtones. Environ 75 pour cent de quelque 120 produits pharmaceutiques dérivés des plantes ont été découverts grâce à l’étude de la médecine traditionnelle,4 pour laquelle les populations autochtones sont reconnues. Le bassin de l’Amazone abrite environ 400 groupes autochtones. Bien que ce territoire ne représente que sept pour cent de la surface mondiale, il comprend plus de la moitié de cette biodiversité.2 Une étude récente a montré qu’en mettant fin à la marginalisation économique des populations autochtones, on pourrait augmenter l’économies nationale de la Bolivie, de 37 pour cent, celle du Brésil de 13 pour cent, du Guatemala de 14 pour cent et du Pérou de 5 pour cent.2 istock, Roman Shiyanov Pourquoi faut-il agir? Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Les populations autochtones figurent parmi les populations les plus pauvres et qui souffrent le plus d’insécurité alimentaire au monde. Dans de nombreux cas la pauvreté résulte d’une incapacité à reconnaître le droit des populations autochtones et leur identité culturelle de l’exclusion sociopolitique, des migrations forcées, et de la dépossession de territoires, domaines et ressources traditionnels.1 Dans d’autres cas, les autochtones sont pauvres parce qu’ils vivent dans un environnement marginal de montagnes, de forêts, de zones côtières ou de déserts, où les sols et les ressources en eau sont inadéquates et où l’infrastructure, les services et les marchés sont insuffisants. Les programmes de développement qui ne respectent pas le droit des populations autochtones au libre arbitre au consentement libre et informé peuvent déboucher sur la perte de la biodiversité et saper les connaissances relatives à la production et au ramassage de l’alimentation traditionnelle et des plantes médicinales qui sont essentielles aux moyens d’existence, la culture et l’identité des populations autochtones.5 Beaucoup d’autochtones n’ont pas d’acte de citoyenneté ou de titres fonciers légaux et sont pénalisés quand ils utilisent le bois et d’autres ressources qui leur appartiennent depuis des générations.2 En dépit de l’exploitation commerciale croissante des ressources naturelles de leur territoire, les patentes et autorisations concédées aux sociétés signifient que les populations autochtones ne reçoivent que rarement une part équitable des bénéfices économiques. Il arrive que les populations autochtones soient contraintes de s’intégrer à une culture dominante de changer de langue, de religion, de coutumes, et de traditions culturelles qui assurent les mécanismes par lesquels les écosystèmes et les savoirs traditionnels L’ ADRD et... les populations autochtones se sont maintenus et adaptés à travers les siècles. Il existe un réseau de rapports fondamentaux entre l’alimentation traditionnelle et la médecine, les pratiques culturelles et religieuses, la production, la cueillette et les systèmes de transformation des populations autochtones. Quand disparaît la culture autochtone, ces écosystèmes, cette alimentation traditionnelle et ce savoir peuvent être à jamais perdus. Quels sont les objectifs des politiques? Les politiques de développement agricoles et rurales doivent renforcer les moyens d’existence des populations autochtones en respectant l’environnement, en favorisant l’économie et en se pliant aux conditions socioculturelles afin de respecter le droit des populations au libre arbitre. Il est primordial quelles soient impliquées dans le choix des politiques relatives: à la discrimination et aux obstacles au développement que subissent les populations autochtones, à la protection de leur héritage, leur identité et leurs droits culturels, y compris leurs droits à l’alimentation, au respect des droits légaux collectifs et individuels des populations autochtones à leur territoire traditionnel et aux autres ressources naturelles et au développement des instruments légaux destinés à prévenir la surexploitation Définition des populations autochtones7 “Populations de pays indépendants considérées comme autochtones en raison de leur filiation avec les populations qui habitaient le pays ou une région géographique à laquelle il se rattache à l’époque de la conquête ou de la colonisation ou de l’établissement des frontières d’Etat actuelles et qui, quel que soit leur statut légal, ont conservé en totalité ou en partie leurs propres institutions sociales, économiques, culturelles et politiques. Le fait de se considérer soit même comme autochtone devrait être considéré comme un critère fondamental dans la détermination des groupes auxquels s’appliquent les dispositions de cette Convention.” 2 L’ADRD et... les populations autochtones La souveraineté alimentaire La souveraineté alimentaire est le droit d’un peuple à définir sa propre politique et ses stratégies pour la production durable, la distribution de la nourriture dans le respect de sa propre culture et des systèmes de gestion des ressources naturelles et des zones rurales. La souveraineté alimentaire apparaît comme une condition première à la sécurité alimentaire.8 des ressources dans les territoires des populations autochtones; à la protection de leurs droits de propriété intellectuelle et à l’obligation d’assurer aux populations autochtones une part équitable des bénéfices du développement; à la production et au renforcement de pratique de gestion environnementale qui pourrait participer à l’ensemble des efforts d’adaptation au changement climatique. Les questions politiques L’identité, la spiritualité, et les moyens d’existence exposés aux risques Les rapports des populations autochtones avec leur terroir traditionnel constituent la partie centrale de leur identité et de leur spiritualité et s’enracinent profondément dans leurs cultures, leurs langues et leurs histoires. La terre constitue la base des activités de subsistance d’une population autochtone.6 Quand ils en perdent le contrôle, leur droit à l’alimentation est mis en danger et leur survie en tant que peuple menacée. Cependant, privés du consentement libre et informé des populations autochtones,6 et en contradiction avec la Déclaration des Nations Unies (NU) sur les droits des populations autochtones de 2007, de grandes régions ont été privatisées et risquent de continuer à l’être ou d’être livrées aux entreprises commerciales par le biais de concessions d’exploitation forestière minérale ou pétrolifère, de barrages hydroélectriques, de plantations ou de protection sous forme de parcs nationaux. De nombreux pays, a commencer par ceux d’Amérique latine ont introduit des réformes qui reconnaissent les droits des populations autochtones à protéger et contrôler leurs territoires, leurs ressources naturelles et leurs lois coutumières. L’attribution des titres de propriété foncière est souvent lente et compliquée et les titres attribués à des communautés ne sont pas toujours respectés dans la pratique. 6 L’alimentation traditionnelle indispensable à la sécurité alimentaire, la santé et le bien être des populations autochtones est en voie de disparition La santé globale, le bien être et la tradition culturelle des populations autochtones sont directement liées à leur accès à l’alimentation traditionnelle.8 Cependant, l’exploitation industrielle, la contamination de l’environnement et l’utilisation de semences génétiquement modifié ainsi que la monoculture mettent à malle ces pratiques alimentaires et les valeurs environnementales, spirituelles, culturelles qui y sont attachées ainsi que leur rôle dans le cérémoniale. La mondialisation souvent renforcée par des programmes de développement s’est traduite par le passage de beaucoup de communautés autochtones d’un régime alimentaire traditionnel varié à un nombre limité d’aliments – souvent, hautement transformés et contaminés – vendus dans le commerce. La dépendance envers cette alimentation a appauvrit le statut Comment garantir les droits financiers en Inde et aux Philippines2 Le «Panchayat Extension to Scheduled Areas» en Inde accorde la propriété de tous les produits non forestiers, comme les plantes, les champignons, les plantes aromatiques, les minéraux secondaires et les petits plans d’eau à l’assemblée de village. Il accorde aussi au village le droit de gérer ses propres terres, les eaux et les forêts. L’ «Ancestral Domains Act» aux Philippines admet le concept de terres ancestrales pour la gestion communautaire de la terre, des forêts et des autres ressources naturelles. Ces accords donnent aux populations autochtones le droit exclusif de cultiver les forêts et d’en récolter les produits, d’exploiter les minéraux secondaires et les petits plans d’eau et de se partager les terres selon leurs propres coutumes. Les conflits menacent les modes de vie traditionnels Les populations autochtones des pays où règnent des conflits militaires sont généralement plus vulnérables que les autres citoyens au dépérissement physique, à la perte des moyens d’existence, de la terre et des sites sacrés. De telles situations peuvent aussi menacer leur identité culturelle et leur existence en tant que peuples. Les droits au libre choix au consentement libre et informé et à la souveraineté alimentaire ne sont pas respecté comme il se doit Les savoirs traditionnels et l’héritage génétique des populations autochtones sont souvent exploités sans leur consentement en vue de biens commerciaux tandis qu’ils ne reçoivent que peu ou pas de bénéfices matériels et risquent de voir diminuer leurs ressources et de perdre leur souveraineté alimentaire. La Convention sur la diversité biologique a établi des principes qui gouvernent l’accès aux bénéfices des ressources génétiques et du savoir traditionnel et de leur partage. Des efforts sont faits pour intégrer ces principes au régime international de la propriété intellectuelle. Au premier plan, se place l’exigence d’obtenir des populations autochtones leur consentement libre et informé à l’utilisation de leur savoir traditionnel et/ou leurs ressources génétiques et d’établir des dispositifs permettant le partage des bénéfices afférents.6 Cependant, de nombreux gouvernements et des sociétés privées ne respectent pas ces principes. Les populations autochtones n’ont que rarement les connaissances ou les moyens financiers d’entreprendre des actions légales pour faire respecter leurs droits. Quelles sont les options politiques? Assurer la participation pleine et entière des populations autochtones dans la prise de décision Soutenir les propres efforts des populations autochtones en vue de promouvoir les politiques et les programmes de l’ADRD et d’exercer leurs droits à l’alimentation et à la souveraineté alimentaire8. Offrir la possibilité aux populations autochtones de participer avec les gouvernements et la communauté internationale aux processus de décision. Aligner les lois et les Indicateurs culturels des systèmes alimentaires et agro écologiques des populations autochtones La FAO a travaillé sur ce problème en partenariat avec des organisations de populations autochtones au moyen d’une enquête5 et d’une étude technique 10 qui a été discutée au cours de la deuxième consultation générale sur le droit à l’alimentation coordonnée par le Conseil international des traités indiens (IITC) au Nicaragua en 2006. La consultation a reconnu cinq catégories d’indicateurs:11 Accès à la terre, aux territoires, aux ressources naturelles, aux sites sacrés et aux sites rituels; Abondance, rareté et/ou menaces aux semences traditionnelles aux aliments végétaux et aux plantes médicinales, aux animaux destinés à l’alimentation et les productions qui leurs sont associées; Utilisation et transmission des connaissances, méthodes, langues, cérémonies, danses, prières, récits liés à la tradition alimentaire et aux systèmes agroalimentaires et l’utilisation régulière de nourritures traditionnelles dans le régime alimentaire quotidien; Capacité d’adaptation de résistance et/ou rétablissement, d’utilisation traditionnelle et de production des aliments; Possibilité d’exercer le droit à l’autodétermination et au consentement libre et informé et de défendre la souveraineté et le développement alimentaires. istock, Angel Manuel Herrero nutritionnel des populations autochtones et fait augmenter l’obésité, le diabète la vulnérabilité face aux maladies, les défauts de la croissance chez les enfants et en cela a sapé le droit des populations autochtones à l’alimentation. Bien que les régimes traditionnels soient souvent riches en micro substances nutritives, les programmes de santé et de nutrition les ont souvent négligé. politiques sur la déclaration des droits des populations autochtones des Nations Unies. Faire participer les populations autochtones en tant que partenaires avertis aux efforts en vue de l’adaptation aux changements climatiques et au développement durable. Protéger les droits des populations autochtones aux ressources naturelles Prendre des mesures pour stopper l’aliénation de la terre dans les territoires autochtones en établissant un moratoire sur la vente, l’enregistrement et l’accès à la terre ainsi que d’autres concessions dans les régions autochtones1. Reconnaître et protéger les populations autochtones, leur droit à leur terre, leurs territoires et les ressources naturelles, y compris par le biais d’un enregistrement légal des terres et de l’eau ainsi que d’instruments légaux pour empêcher l’arrachage d’arbres destinés à la construction, de minéraux et de végétaux. Protéger les droits de propriété intellectuelle des populations autochtones par le biais, par exemple, d’accords de licence qui leur permettent de recevoir une part équitable des droits d’auteur. Sauvegarder et développer les moyens d’existence des populations autochtones Aider les communautés à tirer profit des possibilités de marché liées à l’écotourisme, aux plantes médicinales, aux produits agricoles, à l’artisanat et aux évènements culturels. Analyser la vulnérabilité de leur système alimentaire et de leurs moyens d’existence face aux changements climatiques tels que la fonte des glaciers, AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... les populations autochtones l’élévation des température et du niveau des mers. Promouvoir l’alimentation traditionnelle dans les programmes de santé et de nutrition. Faire appel au guide des droits à l’alimentation pour garantir des politiques et des programmes en faveur des systèmes alimentaires des populations autochtones. Garantir de bonnes données pour une prise de décision solide Réunir et analyser les données ventilées fiables sur les caractéristiques et les besoins socioéconomiques des populations autochtones en utilisant chaque fois que possible une approche participative comme condition préalable pour une politique et un plan de développement sains. Mettre en jeu des indicateurs culturels qui permettent aux populations autochtones de déterminer les forces et les limitations de leur écosystème et de leur système alimentaire et entreprendre avec les gouvernements et les agences de développement des négociations bien préparées sur les politiques et programmes qui affectent leur survie culturelle et leurs moyens d’existence. Résolution d’ensemble 2007 – Déclaration des NU sur les droits des populations autochtones (Assemblée générale A/61/L.67) approuvée le 13 septembre 2007. 2000 – Établissement du Forum permanent des NU sur les questions indigènes (UNPFII). 1995−2004 et 2005−2014 – Décennie internationale des populations autochtones du monde. 1994 – Journée internationale des populations autochtones du monde proclamée le 9 août. 1993 – Déclaration de Vienne et programme d’action sur les droits de l’humanité comprenant un engagement à promouvoir le bien-être des populations autochtones. 1992 – Agenda 21 instaure les populations autochtones en tant que groupe important de la société civile et consacre le chapitre 26 à leur situation, la Convention sur la diversité biologique, article 8j concerne la sauvegarde des pratiques des populations autochtones face à la conservation, la biodiversité biologique et l’utilisation durable et leur droit à la propriété 4 L’ADRD et... les populations autochtones intellectuelle. Article 10 garantit l’utilisation coutumière des ressources biologiques selon les pratiques culturelles traditionnelles. 1989 – OIT Convention sur les populations autochtones et tribales n° 169 est adoptée et appliquée en 1991. 1958 – OIT Convention sur la discrimination (dans l’emploi et l’occupation) (No. 111) ratifiée par 165 pays. 1957 – OIT Convention sur les populations autochtones et tribales (No. 107), toujours appliqué au Bangladesh, en Inde, au Pakistan et dans d’autres pays. Outils et ressources Contacts OIT: http://www.ilo.org/public/french/ indigenous/links/index.htm Forum permanent des NU sur les questions indigènes: http://www.un.org/ esa/socdev/unpfii/fr/index.html UNPFII Banque de données de recommandations: http://esa. un.org/dspdEsa/unpfiidata/UNPFII_ Recommendations_Database_list.asp Portail de la pauvreté rurale: http://www. ruralpovertyportal.org/french/index.htm FIDA: http://www.ifad.org/english/ indigenous/index.htm Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] FAO Guide des droits à l’alimentation: http://www.fao.org/docrep/ meeting/009/y9825f/y9825f00.htm Regina Laub [email protected] Conseil international des traités indiens: http://www.treatycouncil.org/ Fonds international de développement agricole (FIDA) Antonella Cordone [email protected] Organisation internationale du travail (OIT) Birgitte Feiring [email protected] Conseil international des traités indiens (IITC) Andrea Carmen [email protected] Bioversity International Pablo Eyzaguirre [email protected] Références Ce dossier a été préparé par Jennie Dey de Pryck en collaboration avec M. Vidar, L. Knuth, C. Dookie, S. Menchinelli et T. Jaramillo (FAO), P. Roy (Christensen Fund), E. Woodley et d’autres (voir Contacts). UNPFII. 2007. Sixth Session, UNPFII, Indigenous Peoples – Lands, Territories and Natural Resource, 25 May 2007. New York. (press release) 2 IFAD. 2007 Indigenous peoples. Rome. http://www.ifad.org/english/indigenous/ index.htm 3 UN General Assembly. 2007. 61st Session Agenda item No. 68, Doc. A/61/L.67, 7 September 2007. 4 Farnsworth, N.R. Akerele, O. Bingel, A.S. Soejarto, D.D. & Z. Guo. 1985. Medicinal plants in therapy. Bulletin of the World Health Organization, 63: 965−981. 5 FAO 2003. Survey on cultural indicators of SARD in indigenous people’s traditional 1 Tebtebba: http://www.tebtebba.org/ Terralingua: http://www.terralingua.org/ foods and culture. Rome. UNPFII. 2007. Sixth Session, UNPFII, Indigenous Peoples – Lands, Territories and Natural Resources. New York. (background information). 7 ILO. ILO Convention (No. 169) concerning Indigenous and Tribal Peoples in Independent Countries, Article 1. Geneva. 8 IITC. 2002. Declaration of Atitlán. Report of the 1st Indigenous Peoples’ Global Consultation on the Right to Food, Sololá, Guatemala, 17−19 April 2002. 9 FAO. 2007. Indigenous peoples’ right to food, by L. Knuth. Rome. 10 FAO. 2006. Cultural indicators of indigenous peoples’ food and agroecological systems, by E. Woodley in collaboration with E. Crowley, C. Dookie and A. Carmen. Rome. 11 IITC. 2006. Report of the 2nd Global Consultation on the Right to Food and Food Security for Indigenous Peoples, Bilwi, Nicaragua, September 2006. 6 Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 13 2007 L’ ADRD et... la migration Le saviez-vous? La pression démographique, le manque de terre, la baisse de productivité agricole et l’impossibilité de gagner un salaire, incitent à la migration des zones rurales vers les zones rurales, des zones rurales vers les zones urbaines, des zones urbaines vers les zones rurales et internationales, mais les facteurs de migration les plus importants sont la recherche d’une vie meilleure. Au cours des 50 dernières années, 800 millions de personnes ont abandonné les campagnes pour les villes;1 quoique le nombre de migrants des campagnes vers les campagnes semble plus élevé.2 Presque la moitié ont migré d’un pays en développement vers un autre; environ 80 pour cent se sont déplacés vers des pays limitrophes.3 On a estimé qu’environ sept fois plus de personnes migrent à I’intérieur du pays (34 millions) qu’à l’extérieur (5 millions).4 En 1965, il y avait 75 millions de migrants internationaux. En 2005, ils étaient 191 millions dont la moitié des femmes; 120,3 millions se trouvaient dans des pays développés et 70,7 millions dans des pays en développement. S’ils étaient tous regroupés dans un même lieu, ce serait le cinquième pays le plus peuplé du monde.5 En 2005, l’Europe a accueilli 34 pour cent des migrants internationaux, l’Asie 28 pour cent, l’Amérique du Nord 23 pour cent, l’Afrique 9 pour cent, l’Amérique latine et les Caraïbes 3 pour cent et l’Océanie 3 pour cent.6 Environ un milliard de personnes tirent des profits de leurs parents migrants grâce aux envois de fonds qu’ils effectuent. 1 Les fonds envoyés par les voies officielles ont augmenté et sont passées de 30 milliards de dollars EU au début des années 90 à 232 milliards en 2005 desquels 70% ont été envoyés dans des pays en développement.7 Quelque 250 milliards de dollars sont envoyés aux pays en développement par des voies non officielles; les envois de fonds étant ainsi plus importants que l’investissement direct étranger, et deux fois plus que l’investissement dérivé de l’assistance au développement d’outre-mer. 8 La migration a des effets à la fois positifs et négatifs sur l’Agriculture et le développement rural durables (ADRD). Les revenus que les migrants envoient à leurs familles rurales sous forme d’envois de fonds peuvent améliorer la sécurité alimentaire, aider à diversifier les moyens d’existence et réduire la vulnérabilité aux chocs. Cependant, la migration loin des foyers ruraux modifie la distribution du travail du ménage, diminue le travail consacré à la production alimentaire et augmente la charge de travail de ceux, hommes ou femmes, qui sont restés sur place. istock, calvinng Pourquoi faut-il agir? Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Bien que certains décideurs politiques considèrent la migration comme un problème politique, ils reconnaissent de plus en plus que la migration fait partie intrinsèque de l’économie mondiale. Le véritable défi c’est de rendre l’expérience aussi bénéfique que possible pour les migrants, leurs lieux d’origine et leur communauté d’accueil. S’ils migrent dans leur propre pays, un pays voisin ou à l’étranger, les migrants peuvent aller dans des régions dont ils ne connaissent pas les coutumes locales ou la législation concernant leurs droits. Le statut légal peut leur faire défaut ou ils peuvent être impréparés pour le travail qu’on leur propose. Ce qui peut les contraindre à accepter des emplois très mal rétribués qui les obligent à travailler avec des employeurs qui les maltraitent ou dans des conditions dangereuses. Tous les migrants qu’ils soient ruraux, urbains ou internationaux peuvent être marginalisés, faire l’objet de discriminations ou être exploités. Pendant ce temps, les familles qu’ils ont laissé sur place doivent faire face à la perte d’un membre productif. Quels ont les objectifs des politiques? Maximiser la contribution de la migration en faveur des moyens d’existence et du bien-être des migrants et des communautés d’origine et de destination. S’assurer que les migrants sont pleinement reconnus et protégés en tant que population active dans le pays où ils travaillent et comme citoyens dans leurs pays d’origine. Encourager des politiques qui permettent aux migrants de choisir la façon de migrer la plus durable la plus efficace et pour eux même, pour leur famille et la communauté ainsi que les pays impliqués. Différents types et motifs de migration La migration interne comprend la migration d’une région rurale vers une autre région rurale, qui généralement nécessite de L’ ADRD et... la migration faibles investissements et implique les plus pauvres et les groupes les moins instruits qui sont destinés à des emplois agricoles temporaires ou faiblement rétribués. Autrement, les migrants des régions rurales vers les régions urbaines qui trouvent des emplois de domestiques ou dans le secteur industriel à plus long terme parce que les possibilités de travail sont généralement plus stables tout au long de l’année. La migration Sud-Sud est en expansion car certains pays en développement connaissent une croissance rapide dans leurs secteurs industriels et se transforment en destination pour les migrants des pays moins développés. Là où, auparavant, de tels migrants auraient cherché du travail dans le secteur de l’industrie agricole ou dans de lointains pays développés, ils préfèrent maintenant le secteur industriel des pays les plus proches afin de développer leurs compétences, gagner de l’argent et l’envoyer chez eux tout en travaillant dans un environnement socioculturel familier. La migration internationale était autrefois une stratégie de ceux qui étaient relativement aisés plutôt que des plus pauvres; de plus en plus de personnes de tous les milieux sont impliquées. Pour réussir, les migrants internationaux ont besoin de compétences, d’instruction, d’accès aux réseaux de migration et de financements pour affronter les frais de déménagement et trouver un emploi dans leur lieu de destination. La migration circulaire peut être interne ou internationale et impliquer un certain degré de mobilité, notamment des allées et venues entre le lieu d’origine et la destination finale. La migration circulaire peut être source de plus grands avantages et avoir une influence moins perturbatrice que la migration permanente à la fois au niveau du lieu d’origine et de celui de destination. 9 La migration involontaire est souvent le résultat de désastres naturels tels que la guerre et les conflits armés et comprend quelque 9,9 millions de réfugiés au niveau mondial et en 2006, un nombre encore plus important de demandeurs d’asile et de personnes déplacées.10 En outre, la circulation des personnes touche à peu près 2,5 millions de personnes, y compris 2 L’ADRD et... la migration les femmes et les enfants qui sont souvent victimes d’exploitation sexuelle et de maind’œuvre. 11 Les tendances démographiques, telles que le faible taux des naissances et le vieillissement de la population ont tendance à favoriser la demande de travailleurs migrants pour faire face au manque de main-d’oeuvre dans les pays développés. Parallèlement, les migrants des pays en développement sont souvent disposés à travailler dans les industries ou à effectuer les travaux en zone rurale que les autochtones ne veulent pas accomplir. Des moyens de communication et de transports plus fiables et plus économiques permettent aux migrants de rester en contact ou de rendre visite à leur famille réduisant ainsi le traumatisme de devoir quitter la maison. Les systèmes bancaires mondiaux fournissent aux migrants de meilleurs moyens pour envoyer leur salaire chez eux. Ainsi, en contribuant à l’agriculture, aux secteurs industriels ou aux emplois de domestique dans leurs lieux de destination, les migrants s’occupent de leur famille et contribuent au développement rural dans leur pays surtout grâce aux envois de fonds. Les questions politiques Le développement rural peut à la fois être dissuasif et encourageant pour la migration Les régions rurales qui offrent de multiples productions, possibilités d’emploi et de meilleurs moyens d’existence pour l’émigration ne correspondent pas toujours aux choix préférés. Cependant, dans les zones rurales, de meilleures possibilités d’instruction, de nouvelles aspirations à la consommation peuvent inciter les résidents à chercher un meilleur emploi ailleurs, encourageant ainsi la migration. Les envois de fonds peuvent aider à réduire la pauvreté mais également contribuer à créer une certaine dépendance et des inégalités Les envois de fonds sont des transferts privés effectués par les travailleurs à destination de leurs familles. Des Des facteurs qui incitent et qui découragent12 Un certain nombre de facteurs découragent et attirent les migrants, influençant les processus de migration. Les facteurs qui découragent comme le manque de travail, le peu de terres, la pression démographique et politique, incitent les migrants à quitter leur région d’origine. Les facteurs qui attirent les migrants dans les régions de destination sont: une meilleure qualité de vie, des services de santé publique, l’instruction, un meilleur salaire. Les améliorations en matière de technologies de télécommunication et les moyens de transport de même que le développement de réseaux favorisent l’importance relative des facteurs d’attraction. estimations effectuées sur 74 pays à faibles revenus ou à revenus moyens laissent entendre que s’il y a une augmentation d’envois de fonds de l’ordre de 10 pour cent, le nombre de personnes qui vivent dans la pauvreté est réduit de 1,2 pour cent.13 Dans de nombreux pays les envois de fonds aident à équilibrer les effets négatifs de la perte de main-d’œuvre et du capital humain au sein du ménage. Quand ils sont utilisés pour l’instruction, les soins de santé ou l’investissement dans des micro entreprises, les envois de fonds peuvent renforcer les revenus potentiels des ménages et stimuler l’économie rurale. Toutefois, les envois de fonds peuvent créer une certaine dépendance chez les bénéficiaires, encourager la migration continue de la main-d’oeuvre disponible et créer des inégalités entre les ménages ruraux qui reçoivent des fonds et ceux qui n’en reçoivent pas. Fuite des cerveaux ou circulation des cerveaux Certains pays développés ont réduit les barrières pour les travailleurs fortement qualifiés et les ont augmenté pour les travailleurs sans qualifications ou peu qualifiés. De telles politiques, attirent cependant les travailleurs les plus qualifiés et contribuent à la fuite de cerveaux des pays en développement, les laissant sans les qualifications nécessaires à leur propre développement. D’un autre coté, les migrants qui retournent chez eux pour de longues ou de courtes périodes, rapportent leurs économies, de nouvelles compétences novatrices et un nouveau savoir-faire qu’ils transmettent à leurs communautés d’origine. En dépit de ces avantages, l’exode rural de travailleurs qualifiés a surtout des coûts significatifs pour les économies des pays en développement. Exclusion sociale et circulation des travailleurs migrants Les employeurs font une différence avec les travailleurs migrants par le biais de bas salaires, de mauvaises conditions de travail, d’une protection sociale insuffisante et du refus de représentation. De plus, les gouvernements et la communauté internationale ont des difficultés à protéger les droits humains des travailleurs qui circulent ainsi que des migrants sans papiers. Une meilleure gestion du processus de migration nécessite une coopération internationale et un consensus autour d’une structure qui garantisse les droits des travailleurs migrants, renforce leur protection et améliore leur contribution au développement. 14 Les migrants non seulement fournissent la main-d’oeuvre mais sont également des consommateurs Par delà la main-d’œuvre qu’ils apportent dans les pays de destination, les migrants sont également des consommateurs. Ils achètent de la nourriture locale de même que des biens d’importation de leurs régions ou de leurs pays d’origine grâce aux «marchés de nostalgie», qui aident les micro entreprises au pays. 15 Les réseaux de migration16 Les réseaux de migration réduisent les coûts et les risques de la migration et sont cependant très importants pour les migrants sans papiers. Ils influencent les décisions du lieu et de la période de migration en fournissant des informations sur la région de destination, son marché du travail, les biens et les passages de frontières. Ces réseaux aident également les nouveaux migrants dans leur processus d’installation. Quelles sont les options politiques? Les migrations internes et externes ont en commun de multiples causes, origines, procédés, impacts, et conséquences mais les choix politiques pour affronter les deux formes sont semblables.18 Les politiques des deux lieux, celui d’origine et de destination doivent prendre en considération tous les groupes touchés que ce soient les migrants ou les populations d’accueil, les pauvres et les riches, les campagnards et les citadins. Les politiques de lieux d’origine Les politiques de gestion nationales et l’exode de migrants internes et externes inclus ceux qui soutiennent l’agriculture et les moyens d’existence des ruraux et encouragent les investissements dans les zones rurales par: Affronter les causes premières de l’exode rural et trouver des solutions viables pour que les personnes restent chez elles; Soutenir la production de l’agriculture améliorée et les capacités ainsi que la formation professionnelle dans les régions rurales; Développer des infrastructures rurales et créer des possibilités d’emplois ruraux, y compris le renforcement du rôle économique des petites villes en matière de développement rural/urbain, de développement de micro entreprises et de fournitures de services; Augmenter la résistance des systèmes agricoles en encourageant une agriculture plus efficace et les technologies au sein du ménage et en accroissant l’accès aux services financiers ruraux. Politiques concernant les lieux de destination Les politiques de gestion nationale de l’afflux interne et international des migrants ont besoin de: Assurer que les droits des travailleurs migrants, y compris ceux admis à des programmes de travail temporaires sont respectés; Réduire la difficulté et la transaction des coûts associés à l’envoi des fonds et encourager le financement de l’alphabétisme parmi les migrants; Aider les migrants à établir des réseaux qui peuvent donner plus de poids à leurs besoins; Affronter les problèmes des populations d’accueil face aux flux migratoires et faciliter leur insertion sociale de manière durable. La migration et le ménage17 La migration internationale devient de plus en plus féminine et est devenue un moyen socialement acceptable pour les femmes d’aider leurs familles. Ces changements sont essentiellement associés à l’affaiblissement des valeurs traditionnelles et de l’autorité ainsi qu’à une plus forte requête de travail au sein du ménage, de soins pour les enfants, et d’emplois industriels dans des régions plus favorisées. Il est plus probable pour les femmes d’envoyer des fonds à la maison que pour les hommes et ces envois de fonds représentent un plus grand pourcentage du revenu des femmes. Coopération intergouvernementale Les pays d’origine et de destination ont besoin de gérer ensemble la migration internationale en: Assurant que les migrants sont protégés selon les accords avec les normes internationales et de travail reconnues; En obtenant et en échangeant des données et en améliorant la documentation sur les flux migratoires internes et internationaux; En créant des organismes pour conseillers les migrants sur leurs droits et leurs obligations; En accordant des doubles droits de citoyenneté; En facilitant les moyens pour envoyer de l’argent au pays de façon plus sure et en construisant et en renforçant des réseaux pour les investissements ruraux grâce aux envois de fonds; En facilitant le processus de délivrance de visas pour rentrer à nouveau dans le pays pour les travailleurs migrants de façon à encourager une migration circulaire plutôt que définitive et en aidant les programmes à faciliter le retour des migrants et leur réintégration dans leurs communautés. Les moyens d’existence des migrants peuvent être améliorés par des investissements dans le développement agricole et rural, l’amélioration des données sur le nombre et le mouvement des personnes et des fonds, une meilleure reconnaissance de leurs conditions et de leurs droits dans les communautés d’accueil ainsi que de leur rôle en tant qu’agents de change. AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... la migration Une meilleure coopération internationale peut aider à réduire les inégalités et la pauvreté qui actuellement influence la migration. On a également besoin de la recherche sur les impacts de la migration interne et internationale temporaire et permanente sur le travail rural et les marchés de l’immobilier, des économies locales et nationales, des règles sociales et culturelles dans les lieux d’origine des migrants. et dans leur lieu de destination. Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] Marcela Villarreal [email protected] Benjamin Davis [email protected] Fonds international de développement agricole (FIDA) Rosemary Vargas Lundius [email protected] Organisation internationale du travail (OIT) Ibrahim Awad [email protected] Azfar Khan [email protected] Organsiation internationale pour les migrations (OIM) Frank Laczko fl[email protected] Références Ce dossier a été préparé par Nancy Hart en collaboration avec P. Termine, E. Distefano, L. Stloukal, J. Munyao, A. Basilico, T. Jaramillo, J. Dey De Pryck, et d’autres (voir Contacts). FAO. 2006. Role of Agriculture (RoA) Programme, Rome. http://www.fao.org/ newsroom/fr/news/2006/1000313/index. html 2 IOM. 2005. Migration, development and poverty reduction in Asia. Geneva. 3 World Bank. 2006. South-South migration and remittances, Development Prospects Group, Washington, DC. 4 IFAD. 2007. Governing Council Roundtable on migration and rural employment report, International Fund for Agricultural Development Governing Council, 13th Session, Rome. 5 UN Economic and Social Affairs. 2006. Trends in total migrant stock: the 2005 1 4 L’ADRD et... la migration Outils et ressources Organisation internationale pour les migrations (OIM): le rôle de cette organisation inter gouvernementale sur la migration encourage une migration humaine méthodique pour le bénéfice de tous par le biais de ses services et de conseils aux gouvernements et aux migrants. http://www.iom.int/jahia/Jahia/cache/offonce/lang/fr/pid/1/ L’Organisation internationale du travail (OIT): cette organisation fondamentale du travail, développe des conventions sur l’emploi et assiste les gouvernements dans une formulation de politiques de migration du travail efficaces, en insistant sur le droit au travail, les normes internationales et en encourageant l’emploi, la protection et le dialogue social. http://www.ilo.org/migrant/ Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR): cet organisme des NU encourage les accords en faveur des réfugiés et contrôle la conformité avec les lois internationales pour garantir aux réfugiés des droits humains fondamentaux. http://www.unhcr.org/home.html Le Programme de migration de la Banque mondiale: le programme et le site Internet fournissent aux équipes du pays et aux spécialistes du développement des lignes directives opérationnelles et des sources de données, des remarques méthodologiques et des produits analytiques pour aider à la compréhension et aux politiques de dialogue sur les questions concernant la migration et les envois de fonds. http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/EXTPOVERTY/EXTMIGDEV/ 0,,menuPK:2838383~pagePK:149018~piPK:149093~theSitePK:2838223,00.html Source d’information sur la migration: ce site fournit les données sur la migration mondiale de nombreux gouvernements et organisations, une analyse mondiale de la migration internationale et de la tendance des réfugiés ainsi que les profiles migratoires dans de nombreux pays. http://www.migrationinformation.org/index.cfm Conférence internationale sur la population et le développement (ICPD) Résumé du programme d’action: http://www.unfpa.org/icpd/summary.htm#chapter10 revision, New York. 6 IOM. 2005. World migration 2005: costs and benefits of international migration, Geneva. 7 World Bank and Ministry of Finance (The Netherlands). 2006. Netherlands-Suriname remittance corridor for workers’ remittances, (authors B. Unger and M. Siegal. Utrecht) The Netherlands. 8 J. Edward Taylor. 2001. Migration: new dimensions and characteristics, causes, consequences and implications for rural poverty, Kostas G. Stamoulis (Ed.) New York, USA and Oxford, UK. Berghahn Books. 9 IMI. 2007. Circular migration: the way forward in global in global policy?, Working Paper 4, International Migration Institute, University of Oxford, UK. 10 UNHCR. 2007. 2006 Global trends: refugees, asylum-seekers, returnees, internally displaced and stateless persons, Geneva. 11 UNODC. 2007. Global initiative to fight human trafficking, UN Office on Drugs and Crime, Vienna. http://www.unodc.org/unodc/ press_release_2007_03_26.html 12 FAO. 2007. Desigualdades pobreza y desafíos futuros en las migraciones internacionales, (in publication) Rome. 13 DFID/World Bank. 2003. Impact of international migration and remittances on poverty, Paper prepared for DFID/World Bank Conference on Migrant Remittances, London. 14 ILO. June 2004. Towards a fair deal for migrant workers, Report VI, 92nd Session of the International Labour Conference, Geneva. 15 FAO. 2003. Can public transfers reduce Mexican migration? A study based on randomized experimental data, ESA Working Paper, No.03-16, Rome. 16 Institute for the Study of Labor (IZA). 2000. What are migration networks? Discussion Paper Series, No. 200, Bonn, Germany. 17 UNFPA. 2006. State of the world population 2006, A passage to hope, women and international migration, New York. 18 SSRC. 2005. Social Science Research Council, Migration and Development Workshop, New York Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 11 2007 L’ ADRD Les technologies agricoles modernes ont contribué à améliorer la production agricole dans le monde. Toutefois, dans plusieurs pays en développement, de nombreux agriculteurs pauvres vivant dans des environnements différents n’ont pas bénéficié de ces technologies. Pour améliorer les moyens d’existence de ces agriculteurs, il est urgent de trouver des approches alternatives qui intensifient la production tout en préservant la base de ressources naturelles,8 la biodiversité et les savoirs traditionnels. L’agroécologie permet une telle approche, en intégrant les bénéfices des technologies modernes aux dimensions écologiques et sociales des systèmes de production traditionnels, pour mieux toucher les petits agriculteurs démunis. et... l’agroécologie Le saviez-vous? Dans les pays en développement, environ 2 milliards d’agriculteurs démunis n’utilisent pas de technologies agricoles modernes.1 La plupart sont de petits exploitants agricoles utilisant différentes méthodes traditionnelles complexes pour cultiver des environnements hétérogènes, surtout pour une agriculture de subsistance.1 Les petits exploitants les plus pauvres, estimés à 1,4 milliards, vivent dans des zones marginales, sur des terres fragiles et à risques, dans un environnement aride, semiaride ou dans des régions de montagne vulnérables.1 Souvent, ils n’ont accès ni à des ressources suffisantes et adaptées - qu’il s’agisse de terres agricoles, de crédit ou autres - ni aux services agricoles et ruraux.1 La production alimentaire mondiale, de riz et de blé notamment, a fortement augmenté suite à la révolution verte qui démarra en 1965.6,7 La croissance de la production résulta de l’utilisation de graines hybrides, d’une irrigation intensive et d’un fort usage d’engrais chimiques et de pesticides. L’utilisation d’engrais, par exemple, a été multipliée par 10 entre 1950 et 1992,6 pour atteindre 161 millions de tonnes en 2005.FAOSTAT Dans plusieurs régions, l’application des technologies de la révolution verte et de l’agriculture industrielle a eu des effets néfastes sur l’environnement. Le remplacement d’une grande variété de cultures traditionnelles par un nombre limité de variétés améliorées a fortement réduit, voire annihilé, l’importante diversité génétique végétale dans les systèmes de production.2,6 24% des terres irriguées dans le monde ont un problème de salinité.7 Chaque année, 25 000 millions de tonnes de terres arables sont perdues en raison d’un labour intensif, tandis que 5 à 7 millions d’hectares de terres agricoles deviennent improductives suite à la dégradation des sols.6 Pour satisfaire la demande alimentaire croissante dans le monde, des alternatives aux méthodes conventionnelles d’intensification agricole, plus durables en terme environnemental, s’imposent. istock, Robert Churchill Pourquoi faut-il agir? Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Dans le passé, la recherche agricole s’est efforcée avant tout d’accroître les rendements de certaines cultures.2,3 Il en découla les variétés de riz, de blé et de maïs à fort rendement de la révolution verte.6 Pour accroître les rendements, les nombreuses variétés de semences hybrides requièrent des conditions optimales de culture, y compris beaucoup d’engrais et d’irrigation.6 De plus, certains écosystèmes agricoles sont simplifiés1 en vastes monocultures dans une optique d’économies d’échelle.6 Il s’ensuit quelquefois une importante perte de la biodiversité à tous les niveaux de l’écosystème, qui engendra la forte apparition de ravageurs et donc le besoin de pesticides chimiques.6 On reconnaît aujourd’hui que l’objectif n’est pas de maximiser la productivité d’une seule culture facilement commercialisable, mais de développer une approche holistique qui augmente la production de l’exploitation sans nuire à l’environnement, aux moyens d’existence ou à la sécurité alimentaire des agriculteurs et en particulier des pauvres.1,3,7 Certaines technologies agricoles de la révolution verte n’étaient pas adaptées et ne bénéficièrent pas aux petits agriculteurs vivant dans des environnements ruraux très divers.1,3,6 A l’inverse, les gros agriculteurs ayant accès à beaucoup de terres, au capital, aux services agricoles et ruraux en furent les principaux bénéficiaires. Il en résulta un accroissement des inégalités en zones rurales.1,6 Pour réduire la pauvreté et la faim en zones rurales, certaines technologies L’ ADRD et... l’agroécologie agricoles doivent mieux cibler les petits agriculteurs pauvres, leurs conditions environnementales et leurs cultures locales.5 Ayant moins accès au crédit et à la terre que les hommes4, les agricultrices sont celles qui ont le moins bénéficié des technologies agricoles intensives. La recherche et les politiques agricoles doivent donc distinguer les genres et cibler les situations et besoins spécifiques des femmes.4 L’émergence de l’agroécologie L’agroécologie désigne l’application des concepts et principes écologiques à la conception et à la gestion d’écosystèmes agricoles durables.1,6 Autrefois, l’agriculture était étudiée essentiellement selon une approche agronomique, et non écologique ou sociale.6 Dans les années 60 et 70, l’analyse écologique de l’agriculture a trouvé une dynamique, puis dans les années 80 les systèmes agricoles traditionnels des pays en développement commencèrent à être reconnus comme d’importants systèmes de gestion des ressources naturelles.6 A partir des années 90, l’agroécologie est apparue comme une discipline scientifique ayant un cadre conceptuel et une méthodologie 6 permettant d’étudier de façon holistique les écosystèmes agricoles, y compris les éléments humains et environnementaux, tout en offrant les principes de conception et de gestion de systèmes agroalimentaires durables.1,6 Quels sont les objectifs des politiques? Accroître la production alimentaire durablement, tout en minimisant les effets néfastes sur l’environnement et les agriculteurs, et notamment sur les producteurs pauvres1,3,6,8 et les femmes. Doter les agriculteurs de savoirs concernant la vaste gamme de choix disponibles afin d’optimiser leurs systèmes de production et d’améliorer leurs moyens d’existence sur des bases durables. Élaborer et améliorer les pratiques et technologies agricoles peu coûteuses qui bénéficient particulièrement aux pauvres et aux petits producteurs dans différents environnements,5,8 en accordant une attention particulière aux besoins 4 des femmes afin qu’elles puissent augmenter la production alimentaire locale.8 Dédier plus de fonds à la recherchedéveloppement agricole répondant aux besoins du terrain en combinant les bénéfices de la science moderne et des savoirs traditionnels.1 Les questions politiques L’intensification de l’agriculture comporte des risques pour le rendement L’agriculture est basée sur des monocultures de variétés agricoles à hauts rendements, l’utilisation excessive d’engrais chimiques et de pesticides, un désherbage et une irrigation intensives 6 ont souvent eu de graves effets néfastes sur l’écosystème, comme indiqué ci-dessous. Les engrais chimiques apportent aux plantes d’importants éléments nutritifs et ils sont mieux appliqués quand ils sont nécessaires et combinés avec 2 L’ADRD et... l’agroécologie des pratiques qui augmentent les oligoéléments dans le sol. L’irrigation intensive aggrave le lessivage d’engrais hors des sols, dans la nappe phréatique, les rivières et l’eau en général, engendrant une eutrophisation 6 qui tue la faune aquatique, y compris les poissons. Les terres fortement irriguées développent souvent une salinité en zones semi-arides ou arides et la saturation en eau des zones humides.7 Les barrages et les lourdes infrastructures risquent d’affecter fortement l’hydrologie, le microclimat et l’écologie des rivières; le pompage excessif de l’eau en sous-sol risque de causer des glissements de terrain,6 un abaissement du niveau des nappes phréatiques et des carences en eau. Le labour intensif ôte au sol sa couverture, accroissant ainsi l’érosion par le vent et l’eau; il déstabilise la structure du sol, en le rendant plus compact 3,6,7 et toxique,7 et réduit ou élimine les peuplements d’organismes essentiels pour les sols. Les monocultures d’une seule variété sont souvent davantage exposées aux ravageurs et aux maladies, car leur uniformité génétique permet une croissance et une prolifération rapides des ravageurs et pathogènes.1,6,7 Les pesticides affectent et tuent les organismes non ciblés, y compris les prédateurs qui sont des ravageurs naturels,3 ce qui favorise le développement et la prolifération de nouveaux ravageurs.3,7 On a alors besoin d’utiliser des doses supérieures de pesticides ou des pesticides plus puissants.6 Bien que l’on ait utilisé davantage de pesticides lors de ces dernières décennies, les pertes agricoles dues aux ravageurs et aux pathogènes sont restées presque constantes, entre 30 et 40% du rendement potentiel.6 Les systèmes agricoles spécialisés dans une seule variété de cultures 7 réduisent fortement la biodiversité si on ne plante pas une vaste gamme d’espèces et de variétés de cultures alimentaires différentes. 2,6 La monoculture en particulier, réduit la capacité des cultures de co-évoluer et de développer une forme de résistance aux ravageurs et aux maladies. Aujourd’hui, il ne reste que 25% de la diversité des plantes qui étaient utilisées il y a un siècle et on continue à perdre des milliers de variétés de plantes de culture qui ont des caractéristiques importantes. 6 L’ agriculture traditionnelle Partout dans les pays en développement, les petits agriculteurs souvent démunis continuent à cultiver des environnements hétérogènes avec des systèmes agricoles traditionnels complexes.1 Ces systèmes ont été créés en s’appuyant sur une expérience passée, un processus intuitif et expérimental 2 et une réelle compréhension de l’écosystème local.1,2,6 L’agriculture traditionnelle dépend davantage des ressources naturelles locales que d’intrants chimiques extérieurs. Elle préserve la biodiversité, en tire profit, tout en la maintenant dans l’espace et le temps. Elle s’appuie sur diverses variétés locales végétales et animales ayant différentes caractéristiques et maintient généralement la productivité à long terme de l’écosystème agricole.1,6 Toutefois, de nombreuses pratiques agricoles traditionnelles pourraient être modifiées ou améliorées en appliquant des connaissances modernes comme l’agroécologie.1,6 L’agriculture durable n’est pas un seul ensemble de pratiques ou de technologies applicable partout dans le monde.3 L’agriculture durable doit être flexible et adaptable 2 aux conditions locales,1 capable de perdurer dans le temps sans compromettre le potentiel de l’environnement en terme de productivité. 6,8 Elle doit également préserver la biodiversité pour permettre à la faune et à la flore de s’adapter aux conditions environnementales locales en perpétuelle évolution. Les systèmes agricoles traditionnels, comme les Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM), offrent une richesse de connaissances, principes, pratiques et biodiversité à laquelle ne pourrait se substituer la science moderne.1,2 Ils représentent une bonne base à laquelle les connaissances scientifiques peuvent s’appliquer pour accroître leur efficacité, leur productivité et leur adaptabilité.1,2,6 Plusieurs approches, y compris la protection intégrée (IPM), l’agriculture de conservation et l’agroécologie, combinent les pratiques agricoles traditionnelles à la science moderne. 2 L’agroécologie offre un ensemble de principes applicables de façon universelle, mais qui doivent être adaptés, par des méthodes de recherche participatives, aux caractéristiques socioéconomiques et écologiques propres au tissu local, afin d’élaborer des technologies agricoles appropriées.1,2 Les autres façons d’accroître la production Les systèmes traditionnels et l’agroécologie sont généralement basés sur les polycultures produisant un rendement par unité agraire de 20 à 60% supérieur à celui des monocultures à gestion égale.1 En outre, les polycultures offrent plusieurs avantages aux agriculteurs, y compris des rendements plus stables tout au long de l’année, des risques inférieurs, un régime varié et nutritif.1 Si la production de la plupart des systèmes agricoles traditionnels est orientée vers la satisfaction des besoins de subsistance des petits exploitants, on pourra obtenir des rendements supérieurs en appliquant la science moderne et les principes d’agroécologie.1,3 L’étude de 286 interventions agroécologiques depuis le début des années 90 dans divers systèmes agricoles traditionnels de 57 pays en développement a révélé que: les Les principes de l’agroécologie Réduire l’utilisation d’intrants artificiels, nuisibles à l’environnement, chers ou rares pour accroître l’usage d’intrants locaux naturels, renforcer les interactions biologiques et promouvoir des processus et des services écologiques. Par exemple, l’usage d’engrais verts (cultures de couverture) fixateurs d'azote ou la rotation des cultures liées par des mycorhizes pour remplacer l’utilisation d’engrais azotés synthétiques; ou encore l’utilisation de la biodiversité et des contrôles biologiques sur le terrain contre les ravageurs, les maladies et les mauvaises herbes et réduire, voire éliminer, l’utilisation de pesticides chimiques.1,6,8 Minimiser les quantités de substances toxiques ou polluantes libérées dans la nature.6 Gérer les éléments nutritifs plus efficacement, en recyclant la biomasse et en ajoutant régulièrement des résidus agricoles, du fumier d’origine animale et des composts, pour accroître l’accumulation de matières organiques dans les sols, mais aussi pour équilibrer et optimiser le cycle nutritif.1,8 Augmenter la couverture par exemple avec du fumier et des engrais verts, tout en réduisant l’importance du désherbage, si possible à zéro, pour minimiser l’érosion des sols, la perte d’eau/d’humidité et de substances nutritionnelles. Ces pratiques, combinées à la récolte d’eau, visent à utiliser l’eau de façon plus efficace.1,8 Promouvoir une activité biologique des sols pour en maintenir et accroître la fertilité.1,6 Maintenir une grande diversité d’espèces et génétique dans l’espace et le temps, ainsi qu’une structure d’écosystème agricole complexe, pour offrir une gamme de services écologiques importants, augmenter la résistance et la résilience de l’écosystème agricole aux changements,1 en s’appuyant par exemple sur les rotations des cultures, les cultures relais, les cultures intercalaires et les polycultures;1,6 ou en incorporant des arbres multifonctionnels, de l’agroforesterie et des combinaisons de cultures et d’élevage;1,6,8 ou encore en intégrant des poissons, des crevettes ou d’autres ressources aquatiques.8 istock, Merijn van der Vliet Adaptation locale des principes de l’agroécologie rendements n’avaient diminué pour aucune d’entre elles; leur productivité a augmenté de 64% en moyenne; les rendements ont doublé pour au moins 25% d’entre elles. Augmentation de la production alimentaire Pour éradiquer la faim et la pauvreté et satisfaire les besoins alimentaires croissants dans le monde, il ne suffit pas d’augmenter le niveau global de l’offre alimentaire en améliorant la productivité de l’agriculture. 8 Malgré la croissance de la production alimentaire mondiale, la faim persiste, voire progresse aujourd’hui. La croissance de la demande alimentaire 8 se combine à une compétition accrue pour l’utilisation des terres agricoles et de cultures alimentaires comme les céréales qui peuvent être consommées directement, transformées en biocarburant ou servir pour l’élevage. La plupart des personnes souffrant de pauvreté absolue et de faim chronique sont des petits agriculteurs de subsistance. 8 Dès lors, s’il est nécessaire d’augmenter la production alimentaire, il est encore plus important d’offrir à ces petits agriculteurs l’accès aux savoirs, technologies et ressources productives dont ils ont besoin pour augmenter leur production alimentaire locale de façon durable.8 Il existe suffisamment de preuves pour penser que les technologies d’agroécologie contribueront à la sécurité alimentaire à bien des niveaux, 1 mais les instituts de recherche agricole n’ont pas accordé suffisamment d’attention à ces technologies. AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... l’agroécologie Outils et ressources Centre d’information et magazine sur l’agriculture durable à faible apport d’intrants (LEISA): http://www.leisa.info/ Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (SIPAM): http://www. fao.org/sd/giahs/index.asp?lang=fr Commission des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture: http://www.fao.org/ag/cgrfa/French/ Default.htm Diversité biologique dans l’alimentation et l’agriculture: http://www.fao.org/ biodiversity/index.asp?lang=fr/ Genre, biodiversité et systèmes de savoirs locaux pour la sécurité alimentaire (LinKS): http://www.fao.org/sd/LINKS/ Bioversity International: http://www.bioversityinternational.org dans les programmes d’enseignement agricole, de formation et de vulgarisation.1 Améliorer les méthodes de recherche agricole La recherche agricole devrait suivre une approche interdisciplinaire 1,2,5 qui intègre l’écologie, la gestion des ressources naturelles et les dimensions sociale, économique 1,3 et culturelle en faisant participer les producteurs locaux, les communautés et les organisations représentatives tout au long du processus de recherche.1,2 Il convient de passer d’une recherche et d’une vulgarisation agricoles de haut en bas à des approches participatives de bas en haut favorisant l’innovation locale 1,2,5 et de cibler les environnements hétérogènes et complexes où vivent les petits agriculteurs pauvres.1 Pour contribuer à une large adoption des pratiques d’agroécologie, il convient de promouvoir les échanges entre agriculteurs et les méthodes de vulgarisation de terrain.1 Quelles sont les options Adoption de l’agroécologie Les gouvernements et les agences de politiques? développement devraient promulguer des Revoir les objectifs de la recherche agricole Pour intensifier la production, des méthodes alternatives, à la fois durables et équitables doivent être trouvées. L’approche holistique 7 des systèmes agricoles 1, 5 est utile pour examiner la production totale par unité agraire, y compris la vaste gamme de produits alimentaires et d’autres produits aussi bien que la capacité productive à long terme de l’écosystème agricole 7. La recherche agricole se concentre sur l’amélioration des cultures locales et de l’élevage que les agriculteurs pauvres utilisent. De telles cultures comprennent le manioc, le millet, le sorgho, les patates douces et les races d’élevages indigènes 3 ; elles peuvent également être un outil valable pour identifier des solutions durables et appropriées du point de vue économique et environnemental 1, 5. Le travail de recherche devrait améliorer les variétés agricoles en termes de résistance à la sécheresse, à la salinité, aux ravageurs et autres contraintes, en gardant à l’esprit les problèmes rencontrés par les agriculteurs pauvres.3 Il convient de consacrer davantage d’informations et de recherches à l’agroécologie et aux systèmes agricoles traditionnels, en dédiant des fonds publics spécifiques et en incorporant l’agroécologie 4 L’ADRD et... l’agroécologie politiques qui encouragent et soutiennent l’application de l’agroécologie ou la conversion à ses principes. Il convient d’offrir aux agriculteurs des connaissances et des informations pertinentes sur les principes de l’agroécologie leur permettant d’adapter et d’appliquer ces principes aux conditions locales.1,3 Se convertir à un système agroécologique totalement opérationnel requiert plusieurs années. Il est donc important d’offrir aux producteurs un soutien à long terme.6 La conversion suppose de: réduire la dépendance à l’égard d’intrants externes artificiels et de les remplacer par des intrants naturels et des processus écologiques;1,6,8 comme pour la gestion des ravageurs, des maladies et des mauvaises herbes plutôt que par des pesticides chimiques. recycler les ressources locales et minimiser les pertes;1,6,8 minimiser ou éliminer le désherbage;6,8 produire plus de biomasse et augmenter le contenu en matière organique des sols;1,8 accroître la biodiversité agricole, végétale, animale, de la faune et de la flore;1,6,8 diversifier la structure de l’exploitation agricole, rétablir et augmenter les relations et processus biologiques naturels.1,6 Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] Parviz Koohafkan [email protected] Université d’Essex Jules Pretty [email protected] Bioversity International Bhuwon Sthapit [email protected] Références Ce dossier a été préparé par Sofia Naranjo en collaboration avec E. Dulloo (Bioversity International), S. Thabet, M. Villarreal (FAO) et d’autres (voir Contacts). PNUE. 2005. Agroecology and the search for a truly sustainable agriculture. Mexico DF, Programme des Nations Unies pou l’Environnement (PNUE). 2 FAO. [n. d.] Local knowledge systems and the management of dryland agro-ecosystems: some principles for an approach. Rome. 3 FAO. 2003. Choix de questions en matière de technologie agricole. Agriculture mondiale: horizon 2015/2030. Rome. 4 FAO. 2005. Interactions du genre, de la biodiversité agricole et des savoirs locaux au service de la sécurité alimentaire: manuel de formation. Rome. 5 FAO. 2005. Comité de la sécurité alimentaire mondiale (31ème session): événement parallèle sur la révolution verte en Afrique. Rome. 6 Gliessman, S. 2007. Agroecology: the ecology of sustainable food systems. Boca Raton, Floride, Etats-Unis, CRC Press. 7 Pingali, P. & Rosegrant, M. 1994. Confronting the environmental consequences of the green revolution in Asia. Washington: Institut international de recherche sur les politiques alimentaires. 8 Pretty, J., Noble, A. D., Bossio, D., Dixon, J., Hine, R. E., Penning de Vries, F. W. T. et Morison, J. I. L. 2006. Resource-conserving agriculture increases yields in developing countries, Environmental Science and Technology, 40(4): 1114−1119. Pretty, J. 2002. Agri-Culture: Reconnecting people, land and nature. Londres, Earthscan. 1 Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 10 2007 L’ ADRD et... la bioénergie Le saviez-vous? Les progrès de la bioénergie comme source de carburant pour le transport, d’électricité et de chauffage présentent tout à la fois des opportunités et d’importants risques pour l’utilisation durable de ressources naturelles, mais aussi pour l’agriculture et le développement rural durables (ADRD) à l’échelle locale, nationale et mondiale. 2,4 milliards de personnes dans le monde dépendent de biocarburants traditionnels pour satisfaire leur demande énergétique. Des centaines de millions de personnes, femmes et enfants surtout, dépensent plusieurs heures par jour à rassembler du bois de chauffe, au détriment du temps consacré à l’éducation et au travail. La bioénergie peut aider à résoudre le problème énergétique des zones rurales: au total 1,6 milliards de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Parmi elles, 4 sur 5 vivent en zones rurales de pays en développement. En Afrique subsaharienne, seulement 8% de la population rurale a accès à l’électricité, contre seulement 30% en Asie du sud.1,2 La bioénergie est à la portée des populations pauvres: la production annuelle d’un jardin de cocotiers de moins de 25 x 40 m2 peut fournir suffisamment d’huile pour subvenir aux besoins énergétiques annuels d’une famille philippine moyenne (de 5,2 personnes).3 Si les biocarburants peuvent satisfaire seulement une faible part de la demande mondiale en énergie, ils peuvent aider à réduire la dépendance vis-à-vis de combustibles fossiles et les dépenses d’importation de pétrole: certains pays pauvres dépensent 6 fois plus d’argent pour l’achat de carburants que pour leur santé. La production mondiale de biocarburant devrait doubler dans les 4 prochaines années, grâce aux politiques élaborées par un nombre croissant de membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de pays en développement pour en accroître la production.3 La bioénergie peut générer des revenus et contribuer au développement rural. Par exemple, la production de bioéthanol au Brésil emploie 1 million de travailleurs peu qualifiés et pauvres en zones rurales, tandis que le programme de biocarburant de la Chine devrait créer jusqu’à 9 260 000 emplois.4 L’objectif de l’Union européenne (UE) est de parvenir à un mélange de biocarburant, pétrole et diesel de 5,75% d’ici 2010 et de 10% d’ici 2020, ce qui suppose de multiplier par 5 la production régionale de biocarburant. L’UE a besoin d’autres pays pour aider à satisfaire cette demande. La demande précède l’offre. Par exemple, l’Indonésie et la Malaisie étendent leurs plantations de palmier à huile pour répondre à la demande mondiale. Selon certains, ceci a engendré un débroussage ultérieur de forêts denses tropicales dans des pays du Sud-est asiatique.5 Janez Habjanic L’impact sur la nature et l’environnement dépendra grandement d’une bonne planification et gestion de la bioénergie, ainsi que de la présence de cadres politiques visant à maximiser les opportunités en matière de développement durable et à minimiser l’impact négatif sur les populations rurales pauvres et sur l’environnement. Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Pourquoi faut-il agir? La bioénergie offre une importante alternative énergétique et des opportunités de développement, même si elle présente des inconvénients et des risques. En augmentant rapidement, la production de cultures énergétiques fera fortement pression sur les ressources mondiales en terres, en forêts et en eau, qui sont d’ores et déjà de plus en plus demandées.3 Etendre la frontière des terres arables énergétiques aux écosystèmes jusqu’ici préservés engendrera une importante perte de la biodiversité, un lessivage des substances nutritives et la diffusion de carbone par les sols et la végétation. La demande accrue de biens agricoles pour l’industrie de biocarburant et le détournement de la terre de sa fonction de production alimentaire contribuent à augmenter le prix des aliments et à réduire la disponibilité alimentaire dans certaines régions, en compromettant l’apport alimentaire quotidien des personnes les plus démunies et en situation d’insécurité alimentaire.6 Les principaux consommateurs de biocarburants devraient être les pays développés, tandis des pays en développement, disposant de terres arables et d’un climat tropical, L’ ADRD et... la bioénergie pourraient devenir des producteurs et exportateurs majeurs.5 Sans la promulgation de politiques et de meilleures pratiques assurant un développement bioénergétique durable et favorable aux pauvres, les dégâts environnementaux et sociaux risquent de dépasser les bénéfices. Quels sont les objectifs politiques? Minimiser le coût environnemental de production et d’utilisation de biocarburants. S’assurer que la production de cultures énergétiques génère des revenus et améliore la qualité de vie des pauvres et des petits agriculteurs, sans compromettre la sécurité et la disponibilité alimentaires locales. Promouvoir une sécurité énergétique nationale dans les zones rurales des pays en développement. Les pays industrialisés devraient analyser l’impact global de leurs politiques intérieures sur la production et la commercialisation nationale de biocarburant. Les pays en développement, eux, devraient identifier des opportunités adaptables de la bioénergie.5 Les questions politiques Si la bioénergie peut aider à satisfaire la demande énergétique de base en zones rurales, elle se heurte à des limites et suscite des questions au niveau national et international, et notamment les problèmes suivants. Questions environnementales La production de cultures énergétiques peut avoir un impact néfaste sur l’environnement, associé aux phénomènes de: remplacement des forêts, monoculture, dégradation des terres, érosion des sols, réduction des ressources hydriques, pollution due aux pesticides et à l’utilisation d’engrais. Pour les biocarburants, le rapport énergétique est favorable si et seulement si le contenu énergétique du biocarburant est supérieur aux intrants énergétiques utilisés pour la production de matière première, la mécanisation 2 L’ADRD et... la bioénergie agricole, le travail agricole et la distribution de combustible. Le remplacement de combustibles fossiles et de charbon par des biocarburants produits selon une approche durable peut aider à réduire les gaz à effet de serre toxiques et à atténuer le changement climatique. Toutefois, les économies en gaz à effet de serre varient fortement et dépendent du changement dans l’utilisation des terres, du type de matière première produite, des pratiques agricoles, de la transformation agroindustrielle et des capacités de conversion et d’utilisation.3 Questions sociales La sécurité alimentaire (en termes de disponibilité et d’accessibilité) des pauvres risque d’être compromise par la demande croissante de cultures énergétiques. La production bioénergétique peut engendrer de mauvaises pratiques professionnelles, en créant des risques sanitaires, en faisant travailler les enfants ou en favorisant le travail forcé. La production de biocarburant à grande échelle risque de bouleverser les communautés rurales et d’accroître le phénomène des sans-terres. Questions commerciales Les barrières commerciales altèrent le commerce de biocarburant et limitent la capacité des pays en développement à tirer profit de la demande mondiale de biocarburant.5 Le manque de classification claire en matière de biocarburant dans le système commercial multilatéral limite l’efficacité des échanges.5 Les réglementations et les normes garantissant la production durable de biocarburant font encore défaut. Questions techniques et de durabilité Il existe un important fossé en termes de connaissances, de technologies et de capacités entre les nations les plus riches et les plus pauvres se lançant dans la production bioénergétique.7 Dès lors, le renforcement des capacités à l’échelle internationale et la coopération technique pour l’acquisition d’expertises techniques dans les premières phases de développement bioénergétique sont critiques. Que signifient biomasse et bioénergie? La biomasse représente la matière d’origine biologique - y compris de plantes, d’animaux vivants et de résidus - à l’exception de la matière organique fossilisée dans les couches géologiques.7 La bioénergie est l’énergie produite, directement ou indirectement, à partir de la biomasse. Parmi les ressources bioénergétiques, citons: la biomasse de bois telle que le bois de chauffe, le charbon de bois, les rémanents et la couverture morte; les cultures énergétiques comme le sucre et les céréales; les produits dérivés de l’agriculture et de l’élevage comme la paille, les feuilles, les tiges, les cosses, les coques, le fumier et le crottin.7 On entend par bioénergie, une énergie renouvelable 8 ayant trois applications principales: générer de l’électricité, chauffer et servir de carburant au transport. La FAO élabore des critères d’évaluation des liens entre la bioénergie et la sécurité alimentaire. Le Partenariat mondial sur les bioénergies s’intéresse particulièrement à la durabilité de la production de biocarburants. La Table ronde sur les biocarburants durables, qui a commencé à annoncer les principes à débattre avec les parties prenantes mondiales, tient une série de rencontres régionales avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Si l’UE définit un ensemble de normes pour caractériser la durabilité de la bioénergie, plusieurs pays instaurent des normes nationales. Quelles sont les options politiques?* Le développement de la bioénergie demande une importante intervention gouvernementale d’ordre intersectoriel, permettant aux décideurs politiques de progresser vers la réalisation de l’ADRD et d’intégrer différents domaines: agriculture, énergie, environnement et politique commerciale. Un cadre réglementaire responsable devrait intégrer la bioénergie dans les stratégies de développement et de réduction de la pauvreté, tout en assurant l’inclusion des populations pauvres et rurales grâce à une bonne gouvernance. Les stratégies ci-dessous sont fondamentales. Evaluer le potentiel de la bioénergie Evaluer les coûts et bénéfices de la bioénergie avant d’intervenir dans le secteur. L’analyse de la capacité d’un pays à établir un programme de développement durable des biocarburants devrait comprendre: l’impact global sur l’environnement, la production agricole actuelle et l’augmentation prévue des cultures énergétiques, la disponibilité et l’utilisation des terres, le potentiel de production dans des zones marginales et dégradées, l’utilisation actuelle des produits dérivés de l’agriculture et des forêts, la disponibilité en eau et autres ressources.3 Par exemple, le Jatropha, jusque-là fréquemment planté à petite échelle, attire maintenant d’énormes investissements. Toutefois, aucune évaluation complète de ces développements à grande échelle n’a été encore menée, alors qu’ils pourraient avoir un grave effet nuisible sur les moyens d’existence locaux et sur l’environnement. Soutenir le développement rural et la sécurité alimentaire Evaluer les synergies entre bioénergie et sécurité alimentaire et les risques associés 2 et définir des stratégies garantissant les quatre dimensions de la sécurité alimentaire: disponibilité, accès, stabilité et utilisation. Par exemple, les cultures de production énergétique peuvent être intégrées en rotation avec les cultures alimentaires pour améliorer la productivité et diversifier les sources de revenu des producteurs.3 Minimiser l’appropriation des terres par de grands producteurs d’énergie en garantissant l’accès aux ressources naturelles et les droits fonciers des petits exploitants agricoles, des populations indigènes et pastorales. Créer et maintenir des emplois agricoles en aidant les PME. Préserver les travailleurs de mauvaises conditions de travail. Saisir l’occasion de la production de bioénergies modernes pour libérer les populations les plus vulnérables, femmes essentiellement, du travail ménager qui prend du temps et des risques (notamment sanitaires) inhérents à la collecte de biomasse traditionnelle et non durable ou à l’inhalation de fumées en intérieur.7 Les biogaz, les gazéificateurs ou les générateurs fonctionnant avec de la biomasse disponible sur place peuvent représenter le mode le plus économique d’offrir des services en énergie dans les zones rurales reculées, pour peu que la fiabilité, la maintenance locale et l’accessibilité des technologies soient garanties.3 Promouvoir la transformation et l’utilisation locale de l’énergie produite. Encourager la conversion de biocarburants dans les pays producteurs plutôt que dans les pays importateurs pour augmenter les revenus potentiels des pays en développement. Renforcer les organisations d’agriculteurs et relier les PME à la chaîne de valeur et au marché des bioénergies. Les aider à réaliser des économies d’échelle en organisant les cultivateurs indépendants en coopératives agricoles pour satisfaire le volume de matières premières et les critères de fiabilité des usines de conversion.3 La coordination des actions souhaitées dépasse les capacités croissantes de nombreux pays. Il est donc essentiel de faciliter la coopération et la participation à la production bioénergétique de différentes institutions publiques et parties prenantes privées comme les propriétaires de terrains forestiers, les agriculteurs, les agro-industries et les organisations non gouvernementales. Préserver l’environnement Sauvegarder les écosystèmes naturels comme les prairies encore vierges et les forêts primaires, en suivant des principes raisonnables de préservation pour limiter les risques de dégradation de l’environnement associés au développement des cultures énergétiques. La déforestation peut contrebalancer les bénéfices en gaz à effet de serre des biocarburants pour plusieurs décennies. Réhabiliter les zones exposées à la déforestation, dégradées ou marginales, en cultivant des plantations de bioénergie, pour limiter l’étendue des terres agricoles, réduire la compétition avec les terres de production alimentaire et combattre la désertification. Promouvoir des technologies et des pratiques agricoles qui respectent l’environnement et investir dans les cultures énergétiques efficaces et les plus adaptées à l’environnement et au climat local. Adhérer à de bonnes pratiques agricoles, éviter la monoculture en prônant la rotation des cultures ou la jachère, tout en réduisant les intrants énergétiques dans la production de bioénergies. Garantir une rétention suffisante sur le terrain pour maintenir, voire améliorer la fertilité des sols en fabriquant de la matière organique par les sols. Investir dans l’agriculture Que signifient bioéthanol et biodiesel? Le bioéthanol est produit à partir de la fermentation du sucre et d’amidon d’origine végétale. La canne à sucre, la betterave à sucre et le sorgho à sucre sont les plantes saccharifères les plus courantes; le maïs et le manioc sont les féculents les plus courants. La deuxième génération de bioéthanol sera produite à partir de matières ligno-cellulosiques comme les produits forestiers et les graminées. Le bioéthanol peut être utilisé sous forme pure ou mélangé à de l’essence. C’est le biocarburant le plus largement utilisé pour le transport. Le biodiesel est produit à partir de graisses animales, d’huile de cuisson recyclée et d’huiles végétales dérivées de colza, de tournesol, de soja, de palme et de noix de coco. Les technologies de deuxième génération permettent d’obtenir une synthèse de biodiesel à partir de bois et de paille. Le biodiesel peut être utilisé pur, mélangé ou avec du diesel de pétrole dans des mélanges de pétrole biodiesel de 5 ou 20%.4 Soutenir une production décentralisée puisque les systèmes à petite échelle sont davantage susceptibles de bénéficier aux ruraux pauvres. Evaluer l’impact des cultures énergétiques à grande échelle, pour s’assurer qu’elles bénéficieront aux pauvres, tout en limitant les effets néfastes de l’expropriation des terres et en favorisant l’utilisation des produit dérivés agricoles existants.9 Investir dans la recherche afin de réduire les coûts de production et d’obtenir une AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... la bioénergie conversion très efficace en énergie avec un meilleur rapport coût/efficacité.7 La recherche de biocarburants de deuxième génération fondés sur la biomasse lignocellulosique (arbres, paille et herbe) peut accroître la production, réduire la demande de terres et d’intrants agricoles, et minimiser la compétition sur les ressources destinées à la production alimentaire lors des 10-15 prochaines années.3 Outils et ressources Plateforme internationale sur la bioénergie (PIBE): établie par la FAO, la PIBE sert de forum pour organiser et faciliter une approche globale de la bioénergie. ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/009/a0469f/a0469f00.pdf Partenariat mondial sur les bioénergies: ce partenariat, qui a son secrétariat au siège de la FAO, coordonne les activités en cours en matière de bioénergie. http://www.globalbioenergy.org/ ONU-Énergie: un mécanisme inter agence qui facilite le développement d’une approche cohérente des énergies durables, notamment dans les pays en développement. http://esa.un.org/un-energy/ Développer des connaissances et des technologies Renforcer les capacités institutionnelles nationales, les connaissances et les compétences technologiques des responsables agroindustriels, des producteurs d’énergie et des vulgarisateurs agricoles, afin qu’ils puissent satisfaire les normes internationales de qualité et d’efficacité. Les services de vulgarisation jouent un rôle important dans la diffusion de bonnes pratiques, d’apprentissage participatif entre agriculteurs et de conseil technique.3 Faciliter l’acquisition d’équipements et d’infrastructures de production, transformation, transport, stockage, distribution et utilisation de bioénergies. Apporter un soutien politique Une fois les mesures de sauvegarde instaurées, offrir des mesures incitatives adaptées à ceux qui se lancent dans les bioénergies. Celles-ci incluent les paiements directs aux producteurs, en particulier aux petits producteurs, ou encore une moindre taxation des biocarburants par rapport aux combustibles traditionnels pour permettre à l’industrie des bioénergies de décoller. Toutefois, ces mesures devront être limitées dans le temps 3 pour ne pas nuire à la compétitivité commerciale des pays en développement.4 Etablir les critères requis pour les mélanges d’éthanol et de biodiesel, mais aussi des infrastructures favorisant la consommation et la production. Définir une stratégie pour contrebalancer l’éventuelle insuffisance de l’offre liée au climat ou à une baisse de la production due aux ravageurs.3 4 L’ADRD et... la bioénergie Initiative Biocarburants de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED): l’initiative favorise une juste évaluation de la capacité des pays en développement à pénétrer le marché des biocarburants. http://r0.unctad.org/ghg/ Programme de bioénergie du PNUE: le programme s’articule autour de 4 axes prioritaires: i) impact sur le développement durable; ii) évaluation des ressources; iii) création de marchés et interventions politiques; iv) développement d’entreprises et finance. http://www.unep.fr/energy/act/bio/index.htm Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] Jeff Tschirley Chef du Groupe de travail interdépartemental sur les bioénergies [email protected] Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) Martina Otto [email protected] Fonds international de développement agricole (FIDA) Philippe Remy [email protected] Références Ce dossier a été préparé par Elisa Distefano en collaboration avec les membres du Groupe de travail de la FAO sur les bioénergies et bien d’autres personnes (voir Contacts). Energie ONU. 2005. The energy challenge for achieving the Millennium Development Goals. New York. framework for decision makers. New York. IIED. 2006. Biofuels production, trade and sustainable development: emerging issues. oLondres, Institut international pour l’environnement et le développement (IIED). 5 IIED. 2007. International trade in biofuels: Good for development? And good for the environment? Environment for the MDGs, Briefing IIED. Londres. 6 FAO. 2007. Note de synthèse sur la sécurité alimentaire. Première Consultation technique de la FAO sur la bioénergie et la sécurité alimentaire, 16-18 avril 2007, Rome. 7 FAO. 2006. Présentation de la Plateforme Internationale sur la Bioénergie (PIBE) Rome. 8 FAO. 2004. Unified bioenergy terminology. Rome. 9 IFPRI. 2006. Bioenergy and agriculture: promises and challenges. Brief No. 11, Bioenergy and the Poor. Washington DC, Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). 4 *Ces options politiques ont été rassemblées à partir de la documentation existante. Il ne s’agit pas de recommandations politiques 1 FAO. 2006. La bioénergie: Option de développement pour l’agriculture et la foresterie dans la région Asie Pacifique. 28ème Conférence régionale de la FAO pour l’Asie et le Pacifique, Jakarta, Indonésie. 3 Energie ONU. 2007. Sustainable energy: a 2 Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) Document sur les politiques 9 2007 L’ ADRD et... les droits de propriété rurale Le saviez-vous? n La distribution des terres et la sécurité de jouissance influent directement sur les 900 millions de pauvres vivant en zones rurales,1 mais aussi sur les 2,5 milliards de personnes rurales dont les moyens d’existence reposent sur l’agriculture et les ressources naturelles.2 n 25% des foyers agricoles à petite échelle d’Ethiopie, du Kenya, du Rwanda, du Mozambique et de Zambie sont presque sans terres; les foyers les plus démunis en terres sont les plus pauvres.7 n Les femmes, qui constituent la majorité de la population rurale et 70% de la main-d’oeuvre agricole dans le monde, possèdent moins de 10% de la propriété et accèdent à la terre seulement par l’intermédiaire d’hommes de la famille.3 n La saisie de propriétés de veuves est très répandue, surtout dans les zones touchées par le VIH/SIDA. A Lusaka, en Zambie, chaque année, environ 900 veuves déclarent avoir été dessaisies de leurs biens à la police.4 En Namibie, 52% des veuves interviewées ont perdu leur élevage bovin, 30% leur petit élevage et 39% leur équipement agricole.5 n En Afrique subsaharienne, un très faible pourcentage des transactions agraires est enregistré, et ce surtout en zones urbaines. En Afrique, les procédures d’enregistrement des terres coûtent 11,6% de la valeur de la propriété et prennent 110 jours en moyenne. En Asie du sud, cela coûte 5,3% des biens et requiert 119 jours en moyenne.6 L’accès aux ressources naturelles comme la terre, leur contrôle et leur gestion sont des facteurs déterminants en termes de revenu, de pouvoir, de statut et de moyen d’existence rural. La reconnaissance juridique des droits coutumiers et les autres politiques visant à renforcer la sécurité de jouissance des groupes vulnérables peuvent réduire la pauvreté, la vulnérabilité, l’insécurité alimentaire et les conflits. Une meilleure sécurité de jouissance des terres peut créer des opportunités et inciter à investir dans l’agriculture et le développement rural durables, y compris dans une gestion et une utilisation des terres, de l’eau, des forêts et des pêches qui soient efficaces et durables sur un plan environnemental et écologiquement sûres. Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Pourquoi faut-il agir? n L’accès non sécurisé à la terre et aux autres ressources naturelles entretient le cycle de la pauvreté en réduisant les sources de revenu, le statut social et la résilience aux catastrophes. A l’inverse, la sécurité de jouissance peut réduire l’impact du changement climatique, de la sécheresse, des pandémies, des conflits et des variations du marché mondial qui affectent avant tout les pauvres. La sécurité de jouissance diminue le nombre de conflits déclarés et stimule les investissements contre la dégradation de l’environnement, tout en permettant à ceux qui exploitent la terre ou utilisent des ressources d’en tirer le meilleur profit.3 n La gouvernance et les réformes de gestion des ressources naturelles lors des périodes coloniales et postcoloniales ont affaibli les institutions et les systèmes coutumiers, créant ainsi, au niveau local, un fossé source de conflits.8 Ces réformes ont également favorisé la formalisation des droits et l’enregistrement de titres pour stimuler les investissements et les marchés agraires. Souvent, ces politiques n’ont pas produit les effets escomptés, surtout pour les pauvres.1 Mais, il n’existe pas d’autres politiques agraires objets de consensus. n De nombreux programmes, politiques et services publics privilégient des systèmes agricoles sédentaires et des droits à la terre individuels, exclusifs, aliénables et enregistrés juridiquement aux systèmes coutumiers, flexibles, diversifiés et décentralisés de mise en commun des terres et des ressources naturelles qui pourtant offrirent aux pasteurs, aux populations indigènes et autres groupes vulnérables une chance historique. n Les “injustices historiques” d’expropriation des terres, de réinstallation et de saisie continuent à réduire les chances des pauvres en termes économique, social et politique. 8 n Dans de nombreux pays, tant les systèmes fonciers que statutaires sont défavorables aux femmes. n En redistribuant les terres rurales et l’eau à l’agriculture commerciale et aux centres urbains en développement, on réduit les ressources des pauvres. Quels sont les objectifs politiques? L’agriculture, les pêches, les forêts et le développement rural durables supposent des politiques et des législations qui garantissent – aux producteurs ruraux et particulièrement aux pauvres - des droits à la terre et aux ressources naturelles, clairs, sûrs et applicables. Les politiques doivent aborder simultanément les dimensions juridiques, économiques, institutionnelles et sociales des droits de propriété, pour optimiser l’utilisation des ressources, en promouvoir une distribution équitable, en empêcher la dégradation et en assurer la durabilité économique. Les politiques devraient viser à: n protéger et améliorer les droits des groupes vulnérables aux ressources naturelles, y compris leurs droits secondaires; n offrir aux groupes vulnérables la possibilité de contribuer à la définition des législations et des politiques de réforme agraire, mais aussi du mode de faire-valoir et de gestion des terres et des ressources naturelles; L’ ADRD et... les droits de propriété rurale Que signifient les droits de propriété rurale? Les systèmes de propriété des ressources naturelles définissent beaucoup de droits, y compris les droits de passage, d’utilisation, d’extraction, de gestion et de transfert. Il existe un large éventail de droits, en fonction notamment du degré de pouvoir pour finalement définir les bénéfices tirés par les différents utilisateurs d’une ressource donnée. Les droits d’exclusion, de gestion et de transfert des terres prévalent sur les droits de passage et d’extraction et souvent s’y opposent. Ces derniers, appelés droits secondaires ou dérivés, ne sont pas réservés aux seuls propriétaires principaux. Dynamiques, les droits de propriété définissent l’accès à différentes ressources situées dans un même espace et aux différentes utilisations d’un seul espace dans le temps. Si leur autorité provient de plusieurs sources comme l’Etat, les systèmes coutumiers, réglementaires ou religieux -, ces droits ont plusieurs caractéristiques: sécurité, durabilité, transmissibilité, divisibilité et applicabilité. La sécurité des régimes fonciers dans le temps garantit que les droits primaires ou secondaires soient reconnus par d’autres et soient protégés face à d’éventuelles revendications. renforcer les capacités des administrations à mettre en vigueur la législation et à faciliter la résolution de disputes en temps opportun et au bénéfice des pauvres; promouvoir l’utilisation et la gestion durables des terres, de l’eau et des ressources naturelles. Les questions politiques Réglementation par des autorités en concurrence (pluralisme juridique) Souvent, les régimes fonciers coutumiers et les lois statutaires se recoupent et se contredisent. En outre, leurs forces relatives varient en zones urbaines et rurales. Les systèmes coutumiers tendent à être mieux connus et mis en vigueur en zones rurales; les lois statutaires sont plus importantes en zones urbaines et là où les systèmes coutumiers ne permettent pas une définition claire. Exclusion des groupes vulnérables Les régimes fonciers se caractérisent par des droits individuels ou collectifs, multiples et souvent contradictoires, sur différentes ressources dans des espaces communs sur différentes périodes. Ceux qui jouissent de droits secondaires - comme les personnes qui ramassent du bois de chauffe et les pasteurs transhumants – sont souvent négligés dans la formulation des droits de propriété rurale. Les titres de propriété et autres reconnaissances juridiques tendent à réduire ces droits à la propriété individuelle, en excluant les droits périodiques des autres à les utiliser, les traverser, y accéder ou à en extraire des ressources. L’accès 2 L’ADRD et... les droits de propriété rurale financier, social et physique aux procédures d’enregistrement et aux institutions varie également au sein des groupes sociaux, selon les types de droits susceptibles d’être formalisés. Les procédures de formalisation des droits de propriété sont souvent trop coûteuses, l’information est indisponible ou difficilement compréhensible, tandis que les services juridiques et para-juridiques sont, eux, inaccessibles ou trop chers. Enfin, les droits d’accès et d’utilisation, qui ont un impact sur les moyens d’existence des groupes vulnérables, souvent ne sont pas enregistrés. Subdivision et fragmentation des terres La fragmentation des terres et la subdivision d’une propriété commune en exploitations individuelles peuvent nuire à l’utilisation durable des terres et d’autres ressources, sur un plan économique et environnemental. Les moyens d’existence des pasteurs transhumants sont généralement plus durables sous un régime de propriété commune. Le contraire est vrai pour les agriculteurs, même si les très petites exploitations et l’extrême fragmentation des terres peuvent limiter les investissements économiques et environnementaux (comme la plantation d’arbres, l’irrigation et le terrassement). Les conditions agroécologiques influencent également la taille optimale d’une exploitation agricole.7 Dans certaines régions, la fragmentation des terres est une façon pour les pauvres de diversifier leurs stratégies de moyen d’existence. C’est notamment le cas au Rwanda. Marchés agraires Le bon fonctionnement des marchés agraires requiert des droits fonciers sûrs et reconnus. La sécurité du régime foncier incite à investir dans la production agricole et peut être une condition d’accès au crédit et à d’autres services ruraux. Lorsque les titres officiels ne sont pas disponibles, les recours en matière de propriété peuvent être garantis en investissant dans la terre et dans les ressources naturelles, en les utilisant ou en les occupant. Par exemple, la plantation d’arbres peut prolonger la durée des droits à la terre. L’égalité des sexes Dans le monde entier, les femmes jouissent de droits de propriété moins nombreux et moins sûrs que les hommes. Dans certains pays, tant la loi statutaire que coutumière empêche aux femmes de posséder la terre ou ne leur accorde que des droits de propriété secondaires et dérivés: les droits d’utilisation temporaire s’obtiennent par le mariage, les enfants ou les autres hommes de la famille. Cela limite la capacité des femmes à gérer la terre comme elles le souhaitent et à définir, liquider, vendre ou faire appliquer leurs droits à la terre, surtout lorsqu’elles perdent l’homme qui leur sert de lien. Dans de telles circonstances, les autorités masculines, les élites locales et les administrations agraires coutumières ou nationales peuvent empêcher aux femmes d’obtenir des droits directs et défendables plus clairs et plus sûrs. Saisie de propriété de veuves et d’orphelins du SIDA Ce problème est probablement sous-estimé, vu sa complexité et son caractère sensible. Pourtant, il s’intensifie. Les veuves du SIDA sont susceptibles de perdre leurs droits bien plus jeunes. Mais ces tendances démographiques peuvent justement offrir une chance de changement social, en s’opposant au fondement d’une politique de discrimination contre les femmes en matière de droits de propriété, dans la mesure où moins de foyers comptent ce lien masculin qui permettrait d’accéder aux ressources naturelles. Signification pour la culture traditionnelle La terre et les autres ressources naturelles ont souvent une importance sociale, culturelle, religieuse et spirituelle qui dépasse leur valeur financière. Souvent les systèmes statutaires et les droits officiels ne parviennent pas à reconnaître et protéger ces valeurs, et négligent le rôle du Participation communautaire à la gestion des terres: le cas du Mozambique9 Bien que la terre appartienne à l’Etat depuis 1975, la Loi agraire du Mozambique (1997) reconnaît le régime foncier coutumier, tout en encourageant un investissement et une utilisation des terres durables et équitables par des droits sûrs et applicables dans une économie de marché. Cette loi est novatrice dans la mesure où elle: englobe tous les droits de jouissance des terres dans la catégorie des droits d’utilisation et d’appropriation des terres (DUAT − direito de uso e aproveitamento da terra); reconnaît et protège, même sans enregistrement, les droits obtenus par l’occupation sous le système coutumier et “de bonne foi”; offre une approche flexible pour prouver et définir les DUAT; établit les droits et obligations des populations locales à participer aux processus d’allocation des terres. Pour doter les populations de pouvoirs juridiques et garantir la reconnaissance des institutions et des droits coutumiers existants par les investisseurs, la Loi permet de déposer verbalement pour prouver les DUAT existants ou de délimiter les frontières de terrains de communautés, selon une approche participative. La pression qui pèse sur la terre, la croissance économique et les investissements privés dans l’agriculture et le tourisme font acquérir des DUAT par l’occupation, ce qui est particulièrement favorable aux pauvres relativement ignorés et vulnérables aux expropriations. Grâce à cette approche flexible et participative de formalisation, l’enregistrement devient partie intégrante d’un vaste ensemble de stratégies qui offre aux pauvres un régime foncier plus sûr et renforce les actions collectives de gestion des terres du Mozambique. partage des ressources dans la cohésion sociale et la gestion durable des ressources naturelles.10 Quelles sont les options politiques? Garantir une volonté politique et des engagements financiers L’engagement des gouvernements, des donateurs et de la communauté internationale, mais aussi le large soutien de différents groupes sociaux et en particulier des plus puissants sont fondamentaux pour permettre aux pauvres de bénéficier de la politique agraire. Réforme politique et redistribution des terres sont des questions éminemment politiques, dans la mesure où elles affectent profondément la distribution des pouvoirs et des richesses. Etant donné la diversité des systèmes agroécologiques et aquatiques, mais aussi des contextes sociaux, historiques et politiques, on ne peut pas imaginer un modèle unique qui conviendrait à toutes les situations. Les lois et réglementations nationales doivent reconnaître la multiplicité des droits et la coexistence de régimes fonciers statutaires et coutumiers, s’adapter et s’appuyer sur des normes coutumières pour permettre des variations selon les régions. Dans certains cas, il ne sera pas du tout nécessaire d’enregistrer la terre: il sera plus urgent de clarifier les droits sur la terre ou autres ressources disputées en zones périurbaines ou à fort potentiel, quand les parties prenantes ne sont pas totalement couvertes par les systèmes coutumiers. Consulter les parties prenantes (autorités traditionnelles, propriétaires terriens, femmes, fermiers, métayers, travailleurs ruraux, sans-terres, pasteurs, pêcheurs et populations forestières) à des étapes clés du processus de réforme peut rendre les différents systèmes plus cohérents entre eux, permettre aux pauvres de mieux bénéficier des réformes, tout en garantissant un sens d’appartenance et de légitimité politique. Viser les plus pauvres et les plus marginalisés Promouvoir des accords sur le mode de faire-valoir des terres et des ressources naturelles, y compris les systèmes de propriété commune, qui reconnaissent et protègent les droits des populations indigènes, des pasteurs et d’autres groupes démunis. Soutenir les mécanismes et les législations garantissant les droits primaires et secondaires qui s’avèrent fondamentaux pour les plus pauvres et les plus marginalisés. Créer, revoir et faire appliquer des lois qui garantissent la propriété des femmes et les droits d’héritage, tout en encourageant des changements d’attitude favorisant un accès aux ressources plus équitable entre les sexes pour réduire la discrimination en termes d’accès à la terre, d’occupation, d’utilisation et de transaction. Encourager la durabilité économique et le bon fonctionnement des marchés Même quand les droits sont garantis, un environnement institutionnel favorable s’impose pour s’assurer que les propriétaires terriens et les utilisateurs puissent accéder aux intrants agricoles, aux services, aux marchés de produits finis, aux mécanismes et services de transformation, de stockage et de transport permettant de tirer un profit économique des ressources naturelles. Sans ces profits, les utilisateurs de ressources risquent de perdre leurs droits par la vente ou l’empiètement. Partager les bénéfices des ressources naturelles d’Etat avec les communautés locales Compenser les communautés - habitant autour de parcs, de réserves sauvages, de pêche ou de forêts - d’expropriations, de pertes ou d’endommagements de cultures dues à la faune et à la flore sauvages. Faire participer les communautés locales au maintien de l’ordre et à la surveillance pour garantir un suivi efficace des forêts, des réserves côtières et d’autres zones, et offrir des mesures incitatives pour s’assurer que les autorités concernées agissent contre les infractions. Là où cela est possible et viable en terme environnemental, permettre aux communautés locales de bénéficier de droits sélectifs d’accès, de récolte et de passage à travers des zones multiusages pour les inciter à préserver leurs ressources. Simplifier les systèmes juridiques pour favoriser une administration plus efficace et des pouvoirs juridiques Les politiques et les systèmes juridiques devraient garantir des droits clairs et applicables d’utilisation, de propriété et d’accès aux ressources naturelles. Promouvoir des interventions qui non seulement assurent des normes et des réglementations cohérentes, mais aussi garantissent aux pauvres un accès aux systèmes et aux procédures juridiques, comme au Mozambique,9 par des approches de développement territorial AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... les droits de propriété rurale participatif et négocié. Promouvoir la cohérence du système statutaire et rationaliser les différentes sources et entités règlementaires en termes de gestion et d’accès aux ressources naturelles Rendre les services juridiques ou para-juridiques et les tribunaux locaux plus accessibles et abordables Oter ou réduire les contraintes d’accès aux services juridiques (comme la distance, la bureaucratie apparente ou réelle) et le coût financier. Rendre le système juridique plus fiable, notamment en renforçant les capacités des communautés à réclamer, défendre et optimiser leurs droits à la terre et aux ressources naturelles. Garantir des systèmes de résolution des disputes rapides, responsables, réactifs et applicables. Renforcer les mécanismes de résolution des disputes coutumiers ou alternatifs, comme une façon de protéger les droits des plus démunis. Renforcer le suivi et les capacités de l’administration chargée de mettre en vigueur les lois Renforcer les capacités administratives en matière de cadastre, d’enregistrement des terres, d’institutions et de services agraires coutumiers. Garantir la viabilité administrative des réformes, mettre de côté les ressources financières nécessaires et suivre leur mise en oeuvre. Montrer ce qui est mieux géré sous les régimes coutumiers et réduire le rôle des administrations nationales surchargées et en sous-effectifs aux tâches indispensables ne pouvant être conduites par un régime coutumier. Sensibiliser les médias, les radios rurales, les écoles et la société civile, leur offrir formations et informations pour orienter l’opinion publique, les comportements, les normes et les attitudes envers les droits des populations pauvres, mais aussi sur la responsabilité des prestataires de service public à faire valoir ces droits. Publier et diffuser les modalités en langues locales, en collaboration avec l’administration locale responsable de la mise en oeuvre. Engagements internationaux Lors de la Conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural (CIRADR) de 2006, 92 gouvernements ont 4 L’ADRD et... les droits de propriété rurale convenu de soutenir la réforme agraire et le développement rural pour favoriser cohésion sociale, sécurité alimentaire, croissance économique et réhabilitation de l’environnement, tout en réduisant les conflits et la pauvreté (www.icarrd.org). L’Article 14 de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes (1979) affirme que les Etats assureront le droit des femmes des zones rurales à une égalité de traitement dans la réforme foncière et agraire. (www.un.org/womenwatch/daw/ cedaw/). La Commission pour l’habilitation juridique des pauvres vise à étendre à tous le droit à la protection juridique et aux opportunités économiques, y compris les droits de propriété sur les ressources naturelles, et ce d’ici 2008. (http://legalempowerment. undp.org). Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] Paul Munro-Faure [email protected] Rebecca Metzner [email protected] Fonds international de développement agricole (FIDA) Harold Liversage [email protected] Resource Conflict Institute (RECONCILE) Michael Ochieng Odhiambo [email protected] Références Ce dossier a été préparé par Paola Termine en collaboration avec R. J. de la Rosa, D. Palmer, V. Mosoti, V. Evtimov, E. Distefano et bien d’autres (voir Contacts). FAO. 2004. La situation des marchés des produits agricoles 2004. Rome. 2 DFID. 2005. Growth and poverty reduction: the role of agriculture, Dossier politique de DFID. DFID, UK. 3 FIDA. 2001. Rapport sur la pauvreté rurale. Rome, Fonds international de développement agricole (FIDA). 4 FAO. 2006. Reclaiming our lives – HIV and AIDS, women’s land and property rights and livelihoods in southern and eastern Africa de 1 Outils et ressources FAO Régimes fonciers et gestion: http://www.landtenure.info/forestry/ site/32751/fr/ FAOLEX: http://faolex.fao.org/faolex_fra/ index.htm Reseau global des outils pour la terre: http://www.gltn.net/ Initiative pour l’action collective et les droits de propriété: http://www.capri.cgiar.org/ Institut international pour l’environnement et le développement: http://www.iied.org/ Coalition internationale pour l’accès à la terre: http://www.landcoalition.org/ FAO Régimes fonciers publications: http://www.fao.org/nr/lten/lten_pub_ fr.htm Izumi, K. Rome. 5 AIMS. 2003. The impacts of HIV/AIDS on the agricultural sector and rural livelihoods in northern Namibia. Rome, Africa Institutional Management Services (AIMS) et FAO. 6 Banque mondiale. 2007. Doing business. Etude disponible sur: http://francais. doingbusiness.org/ExploreTopics/ RegisteringProperty/ 7 Jayne, T.S., T. Yamano, M. Weber, D. Tschirley, R. Benfica, A. Chapoto, B. Zulu. 2003. Smallholder income and land distribution in Africa: implications for poverty reduction strategies. Food Policy, 28: 253– 275. 8 FAO. 2006. Improving tenure security for the poor in Africa, de McAuslan, P. Rome. 9 FAO. 2007. Improving tenure security for the rural poor. Mozambique country case study, de Norfolk, S., Tanner, C. Rome. 10 FAO. 2007. Cultural indicators of indigenous people’s food and agro-ecological systems, food security and sustainable agriculture and rural development (SARD), de Woodley, E. Crowley, E. Carmen, A. Dookie, C. Rome. 11 FAO. 2007. The allocation of fishing rights: an evolving issue. State of World Fisheries and Aquaculture 2006. Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 8 2007 et... les enfants et les jeunes L’ ADRD Le saviez-vous? Le futur de l’agriculture et des zones rurales des pays en développement dépend des enfants et des jeunes ruraux d’aujourd’hui. Il convient d’accorder à ces jeunes générations l’attention nécessaire et de leur donner l’occasion de se développer et de contribuer au bien-être, à l’économie, à leur communauté et à leur nation. Les jeunes sont des partenaires fondamentaux et précieux dans le processus de développement. Leurs opinions et leurs besoins doivent être intégrés dans la politique de développement agricole, sur un plan national et international. Dans les pays en développement, les enfants et les jeunes âgés de moins de 25 ans constituent plus de la moitié de la population totale.7 Les jeunes de 15 à 24 ans représentent 18% de la population mondiale.6 Plus de la moitié des jeunes du monde entier vivent dans les zones rurales de pays en développement.1 En Afrique subsaharienne et en Asie du sud, jusqu’à 70% des jeunes vivent en zones rurales et la moitié des jeunes qui commencent à travailler font partie de la main-d’œuvre agricole.1 En 2004, près de la moitié des jeunes du monde entier vivaient, probablement comme personnes à charge, avec moins de 2 dollars EU par jour; 6,7 20% vivaient dans une situation de pauvreté absolue avec moins de 1 dollar EU par jour. 7 Chaque année, 11 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent de maladies qu’il serait souvent possible d’empêcher. 7 La plupart de ces enfants vivent en zones rurales où les taux de pauvreté sont très supérieurs aux zones urbaines. 6,7 Les enfants sont plus sujets que les adultes aux accidents, aux maladies et aux handicaps lorsqu’ils sont exposés aux outils dangereux, aux produits chimiques et aux températures excessives qui caractérisent l’agriculture. Entre 130 et 140 millions de jeunes sont illettrés. 7 Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), 93% des travaux proposés aux jeunes des pays en développement font partie de l’économie informelle où les revenus sont inférieurs, les conditions de travail plus risquées et l’accès à une protection sociale réduite voire inexistante.6 istock, Richard Churchill Pourquoi faut-il agir? Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Bien que le futur leur appartienne, les jeunes d’aujourd’hui ne captent pas l’attention nécessaire dans les politiques de développement nationales et internationales,1,3 notamment celles concernant les zones rurales et l’agriculture. Par exemple, les chapitres consacrés à ces thèmes dans les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté traitent rarement des questions de jeunes,1 notamment de pauvreté,1, 6 et leurs suggestions pour l’emploi des jeunes se concentrent surtout sur les jeunes urbains.1 Les points de vue et les besoins des enfants et des jeunes doivent être intégrés 1,2,4 et leur participation accrue dans la conception et la mise en oeuvre de politiques et de programmes agricoles et de développement rural. Partout dans le monde, de très nombreux jeunes quittent les communautés rurales. Les zones rurales perdent ainsi la jeune main-d’oeuvre productive 3, 4 qui serait essentielle au développement durable. Il est urgent d’offrir une éducation et une formation adaptées et des opportunités professionnelles permettant aux jeunes 2 de rester, travailler et prospérer en zones rurales, voire de développer des moyens d’existence en zones rurales et urbaines.1,2 La proportion d’enfants, de filles en particulier, qui suivent ou complètent une éducation de base est inférieure en zones rurales qu’en zones urbaines. 6 Quand les enfants des zones rurales vont à l’école, leur programme est rarement adapté au contexte et aux besoins spécifiques. Il est souvent peu question d’agriculture, tandis que les professions et les modes de vie urbains sont encouragés.1,4 L’enseignement de type scolaire en zones rurales doit viser à apporter aux enfants les compétences et connaissances nécessaires aux moyens d’existence ruraux et à l’agriculture.1,4,7 Les décideurs politiques, les agents de développement et la société en général ont souvent des idées préconçus sur les jeunes, les considérant problématiques et non fiables.4,6,7 Les multiples qualités des jeunes − créativité, énergie, L’ ADRD et... les enfants et les jeunes adaptabilité, capacité et envie d’étudier 2,3,4 − devraient être reconnues. Les jeunes sont des agents de changement efficaces, une source d’idées et une solution pour le développement durable. 2,3,4,6 Quels sont les objectifs politiques? Intégrer les enfants et les jeunes comme des groupes prioritaires nécessitant une attention particulière avec des politiques et des programmes de développement ciblés. S’assurer que tous les principaux programmes, politiques et investissements en matière de développement sont planifiés en consultant les jeunes et en tenant parfaitement compte de leurs opinions, de leurs besoins et de l’impact possible des programmes sur eux. Faire participer les jeunes (hommes et femmes) à l’élaboration de politiques et à la prise de décisions rurales et agricoles au niveau communautaire, national et international. Offrir aux enfants et aux jeunes ruraux des programmes éducatifs, de formation parascolaire ou de volontariat adaptés valorisant l’agriculture et la vie rurale, tout en permettant aux jeunes de développer des moyens d’existence ruraux et urbains. Faciliter l’accès des jeunes - y compris s’il leur manque un enseignement de type scolaire - aux emplois formels en offrant des postes d’apprenti et des programmes de formation. Offrir aux jeunes ruraux, en particulier aux femmes, l’accès à la terre et aux services financiers accessibles aux adultes. Les jeunes: définitions et statistiques Dans les pays en développement, la population totale d’enfants et de jeunes de moins de 25 ans atteignait 2,7 milliards en 2005. Parmi eux, un peu plus d’1 milliard seulement sont considérés comme “jeunes” selon la définition officielle des Nations Unies qui comprend les personnes de 15 à 24 ans.7 On compte 1,3 milliard de jeunes susceptibles d’être scolarisés, âgés de 5 à 18 ans, et un peu plus de 500 millions d’enfants de moins de 5 ans.8 2 L’ADRD et... les enfants et les jeunes Les questions politiques Les jeunes ne sont pas écoutés Bien que les jeunes travaillent et contribuent au foyer et à la communauté, 2,3 leurs opinions et besoins sont souvent ignorés.1,4 Les adultes, hommes en particulier, qui ont davantage accès aux principaux services agricoles et financiers,3 tendent à contrôler les ressources 4 et à dominer la prise de décisions 1 au sein du foyer, de la coopérative et plus généralement de la communauté. 4 Avec l’âge, le rôle et l’accès d’un jeune homme aux ressources socioéconomiques s’accroît, tandis que ceux des femmes habituellement diminue.1 La plupart des efforts menés en faveur du développement agricole et de la réduction de la pauvreté ont visé les chefs de familles hommes. Si les femmes adultes sont de plus en plus intégrées, les jeunes et surtout les filles sont encore écartés. 4 Des opportunités professionnelles inégales et limitées Si les jeunes représentent un quart de la population mondiale en âge de travailler,6 leur taux de chômage est supérieur à celui des adultes dans la plupart des pays,3 souvent en raison d’une expérience professionnelle et d’une éducation limitées, voire de discrimination.6,7 88 à 96 millions de jeunes sont sans emploi,6,7 représentant la moitié du nombre total de chômeurs dans le monde.6 Les jeunes n’ont pas un accès adapté aux emplois formels et leurs stratégies de gagne-pain dans une économie informelle sont souvent temporaires, à court terme, contraignantes et risquées.4,6 Dans les zones rurales de pays en développement, les jeunes participent à une grande variété d’activités agricoles ou non.1 Leur principal problème est le chômage, car ces activités sont souvent peu rémunératrices1 et les jeunes ayant un bon niveau d’instruction souvent n’ont pas l’occasion de mettre à profit leurs compétences en zones rurales. 4 Moyens d’existence ruraux ou urbains, et migrations Les jeunes ruraux élaborent de plus en plus des stratégies de moyens d’existence ruraux et urbains, ce qui cause de longs trajets quotidiens, voire un exode rural ou une émigration temporaires ou permanents1,2,3,4,6. La migration des jeunes et des adultes présente des aspects positifs et négatifs. Une grande majorité des migrants ruraux s’installent dans les bidonvilles surpeuplés de grandes villes,6 alors que les communautés rurales perdent leur capital humain vital.3,4 La perte de jeunes travailleurs productifs engendre le vieillissement des zones rurales.2 Si les migrations offrent souvent aux jeunes de nouvelles opportunités,2 cela leur permet d’envoyer des remises à leur famille en zones rurales et améliorera les conditions de vie là-bas.1,6 La décision de migrer dépend d’un ensemble de facteurs internes et externes. Il est important de souligner que les migrations ne sont pas toujours le choix privilégié des jeunes; 2 beaucoup préféreraient continuer à vivre et à cultiver la terre dans leur communauté rurale.4 Il est donc essentiel d’accroître les investissements en zones rurales et dans l’agriculture pour créer davantage d’opportunités professionnelles pour les jeunes. Les conditions rencontrées par les jeunes filles et femmes rurales Les jeunes filles des zones rurales connaissent une situation particulièrement difficile. Les familles pauvres qui ne peuvent pas se permettre d’envoyer tous leurs enfants à l’école n’y envoient souvent que leurs fils.4 Dès lors, les filles sont 2 fois plus susceptibles que les garçons de ne pas terminer leur scolarité voire de ne pas aller à l’école.3 En outre, les filles des zones rurales se marient et ont des enfants souvent très jeunes.1,8 46% des femmes rurales des pays en développement qui ont aujourd’hui entre 20 et 24 ans se sont mariées encore enfants, avant l’âge de 18 ans.8 En 2004, 14 millions des naissances enregistrées dans les pays en développement (17% du total) reviennent à de jeunes mères ayant de 15 à 19 ans.7 L’incidence du VIH est toujours supérieure chez les jeunes femmes que chez les jeunes hommes7 en raison notamment d’un moindre pouvoir de négociation. En Afrique subsaharienne, 76% des 6,2 millions de jeunes vivant avant le VIH sont des femmes.7 VIH, SIDA et orphelins Sur environ 5 millions de nouvelles infections par le VIH chaque année dans le monde, la moitié touche les jeunes.3,7 Pourtant, hormis dans quelques pays à fort taux de prévalence, l’incidence du VIH demeure faible chez les jeunes ruraux.1 L’Afrique subsaharienne est la région la plus affectée par le VIH/SIDA, avec environ 12 millions d’enfants de moins de 18 ans qui ont perdu leurs 2 parents de cette maladie.7,8 Le VIH/SIDA force les enfants à quitter l’école et à travailler pour s’occuper de leurs parents malades et porter de l’argent à la famille. Orphelins, ces enfants deviennent chefs de famille, vivant souvent dans des conditions misérables,2 de stigmatisation et de discrimination. Quelles sont les options politiques? Plus d’accès à l’éducation de base Les enfants des zones rurales de pays en développement, en particulier ceux de familles pauvres, doivent prendre sur eux des tâches et responsabilités d’adulte et commencer à travailler plus jeunes.1,2,4 Ainsi, une forte proportion des enfants ruraux, en particulier les filles, ne finissent pas leur scolarité, voire ne vont jamais à l’école.6 Il est essentiel que tous les enfants aient accès à une éducation de base et puissent terminer ce cycle pour savoir lire, écrire et compter.1,4 Différentes actions peuvent accroître la scolarisation en zones rurales, particulièrement celle des enfants pauvres. Parmi les méthodes efficaces, citons les programmes d’alimentation scolaire, les aides financières aux familles pauvres et l’ajustement de la journée scolaire pour permettre aux enfants d’effectuer d’autres tâches. Une éducation et une formation pour développer des compétences adaptées Il est essentiel non seulement d’apporter aux enfants les compétences qui leur serviront à développer des moyens d’existence urbains, mais aussi de s’assurer que les programmes d’enseignement de type scolaire ou non 9 et les services culturels des zones rurales valorisent les professions agricoles et rendent les moyens d’existence ruraux attractifs pour les jeunes.1,2,4,6,7 Les champs agricoles peuvent servir de salles de classe supplémentaires,4,6 pour enseigner non seulement l’écologie, la gestion des ressources naturelles et l’environnement, Une éducation novatrice pour les zones rurales L’approche couronnée de succès des écoles pratiques d'agriculture, fondée sur un apprentissage sur le tas dans les champs agricoles, sur les propres connaissances des agriculteurs et sur l’observation directe a été adaptée aux enfants et aux jeunes sous la forme d’école pratique d'agriculture et de vie pour jeunes agriculteurs. Dans 7 pays africains, ces écoles aident les jeunes de moins de 18 ans orphelins du SIDA qui ne peuvent plus recevoir les connaissances et compétences agricoles de leurs parents. Les enfants apprennent la gestion des sols, de l’eau et des éléments nutritifs, l’élevage et la transformation de biens agricoles, mais aussi l’égalité des sexes, la prévention et la réduction du VIH/SIDA. En zones rurales où l’enseignement de type scolaire est limité et où une grande proportion de la population est illettrée, la radio locale peut être un moyen efficace d’éducation, de communication et de développement. Plusieurs projets ont formé des jeunes aux technologies de l’information et au maniement de stations de radio, avant de les encourager à eux-mêmes rechercher et produire des émissions radiophoniques.4 Les jeunes choisissent des thèmes qui les intéressent, interviewent des habitants locaux et apprennent une série de compétences importantes allant de l’informatique à la prise de parole en public.4 mais aussi les mathématiques, le recueil et l’analyse de données ou encore les thèmes de santé ou de société.4 Les formations sur le tas, agricoles ou professionnelles sont particulièrement efficaces, permettant aux jeunes ruraux de développer les compétences et connaissances dont ils ont besoin pour l’agriculture ou autres activités rurales.4 Intégrer l’apprentissage agricole à un enseignement de type scolaire ou mener les deux en parallèle constituent également des moyens efficaces de renforcer les liens entre les jeunes générations, les ménages et les communautés rurales ou urbaines,4,6,10 tout en transmettant des connaissances, des informations et de nouvelles techniques par les enfants aux générations plus âgées.2,4 L’accès aux ressources productives Afin que les jeunes puissent se débrouiller seuls, davantage d’éducation et de formation s’imposent.1 Il est tout aussi essentiel de rendre des ressources comme la terre et les services financiers disponibles et accessibles aux jeunes, en particulier aux jeunes femmes.1,2,3,4,5,7 Généralement, les instituts financiers officiels ne font pas confiance aux jeunes, leur demandant le nantissement qui fait défaut à la plupart.2,6 Ces pratiques doivent changer et l’offre de micro-crédit, de bourses et de prêts doit être étendue aux jeunes1,2,6,7 de façon flexible pour leur permettre de choisir comment utiliser ces fonds: pour l’éducation, la santé, le logement et/ou l’investissement dans des entreprises ou des activités productives.6 Le manque d’accès des jeunes à la terre est un facteur critique qui risque de les empêcher de développer des moyens d’existence agricoles.5 Hériter est souvent la seule façon pour eux d’avoir accès à la terre, mais beaucoup de filles en particulier héritent de très peu de terres, voire d’aucune et deviennent alors des sansterres.1 Face à cette situation, une réforme agraire prenant en compte la situation et les besoins des jeunes pourra s’avérer nécessaire.5 Des subventions, prêts de terres ou baux pourraient être offerts à des associations de jeunes 3 pour une agriculture en coopérative. Des partenariats peuvent être créés entre les agriculteurs qui possèdent des terres mais manquent de main-d’œuvre et les jeunes ruraux sans accès à la terre.4 Les politiques pour les jeunes Le Programme d’action mondial pour la jeunesse présente plusieurs propositions intéressantes pour tous les gouvernements qui souhaitent soutenir la jeunesse rurale. Au niveau national, le développement des jeunes requiert une approche intersectorielle faisant participer différents départements et ministères.6 Pour aider à coordonner les politiques, une agence chef de file ou des points focaux devraient être établis dans différents ministères.6 Les jeunes formant un groupe hétérogène, les politiques les concernant doivent reconnaître leurs besoins différents selon le sexe, l’âge (âge d’être scolarisé ou plus) et les caractéristiques socio-économiques.1,2,6 AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... les enfants et les jeunes Organisation et représentation de jeunes Outils et ressources Programme des Nations Unies pour la jeunesse: http://www.un.org/esa/ socdev/unyin/french/index.html On doit écouter les opinions et besoins des jeunes et les prendre en compte tout au long du processus politique. Pour cela, les jeunes doivent être aidés à former et renforcer des organisations représentatives 1,6 Les gouvernements et les agences de développement doivent reconnaître la contribution vitale des jeunes et les encourager à participer à l’identification de problèmes politiques et à la proposition de solutions. En outre, des partenariats avec des organisations de jeunes doivent être créés pour mettre en œuvre des programmes agricoles et de développement rural.4 Plateforme des jeunes professionnels de recherche agricole pour le développement: http://www.ypard.org/ Education pour les populations rurales, FAO: http://www.fao.org/sd/erp/index_fr.htm Ecoles pratiques d’agriculture et de vie pour jeunes agriculteurs, FAO: http://www.fao.org/bestpractices/ content/11/11_04_fr.htm?lang=fr Réseau mondial des écoles pratiques d’agriculture et centre de ressources: http://www.farmerfieldschool.info/ Faciliter l’entrée dans l’économie formelle Il convient d’offrir davantage d’occasions aux jeunes d’accéder à un travail officiel, et ce, en créant des postes de stagiaire ou d’apprenti avec des sociétés et des entrepreneurs locaux 6 et en offrant des cours de formation professionnelle après l’école 1 permettant d’intégrer les jeunes un peu plus âgés, ceux qui n’ont pas terminé un enseignement de type scolaire ou qui n’ont pas été à l’école. 6 Il convient également de reconnaître et de valider davantage les connaissances et compétences acquises lors d’un apprentissage non scolaire sur le tas et professionnel.6 Capitaliser sur les jeunes ruraux instruits L’économie des pays en développement peut s’améliorer grâce aux industries de transformation agricole et à leur commercialisation au sein de marchés urbains et régionaux prospères. Problème commun, les compétences et l’éducation nécessaires à la gestion de telles activités font défaut aux adultes des zones rurales.2 Une “occasion en or” s’offre: lier les programmes d’éducation et de formation des jeunes aux entreprises de production rurales afin qu’ils puissent appliquer localement leurs nouvelles compétences et ne soient plus forcés de migrer en zone urbaine.2 Les gouvernements et les agences de développement doivent donc investir davantage dans les entreprises de production, les industries, les coopératives, les groupes de distribution et de commercialisation ruraux. 4 L’ADRD et... les enfants et les jeunes BIT Réseau d’emploi des jeunes: http://www.ilo.org/yen/ Mouvement International de la Jeunesse Agricole et Rurale Catholique (MIJARC/ IMCARY): http://www.mijarc.org/index. php?id=9&L=2 Réseau Global Action Jeunesse (GYAN): http://www.youthlink.org/gyanv5/fr/ Coalition mondiale des jeunes contre le VIH/SIDA (GYCA): http://www.youthaidscoalition.org/ Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies Point focal Programme des Nations Unies pour la jeunesse Patience W Stephens [email protected] Références Ce dossier a été préparé par Sofia Naranjo en collaboration avec M. Villarreal (FAO), P. Hurst (OIT), J. Larsen (Programme des Nations Unies pour la jeunesse, Département des affaires économiques et social) et d’autres (voir Contacts). FIDA. 2007. Promoting livelihood opportunities for rural youth, knowledge and skills for development. Rome, Fonds 1 international de développement agricole (FIDA). 2 FAO. 1995. Comparative international analysis of rural youth policy in developing countries: Coping with diversity and change. In Consultation d’experts sur les programmes de vulgarisation en faveur de la jeunesse rurale et du développement durable. J. Cook, ed. Rome. 3 FAO. 1999. Les jeunes contre la faim: Journée mondiale de l’alimentation et TeleFood 1999 soulignant les contributions et le potentiel des jeunes. Rome. 4 Information Centre for Low-External-Input and Sustainable Agriculture (ILEIA). 2004. A new generation of farmers. Low-External Input Sustainable Agriculture (LEISA), 20(2). 5 Mouvement International de la Jeunesse Agricole et Rurale Catholique (MIJARC). 2006. Rapport annuel 2006. Belgique. 6 Nations Unies. 2006. Guide to the implementation of the World Programme of Action for Youth. New York, Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies. 7 Nations Unies. 2005. Rapport mondial sur la jeunesse 2005: les jeunes aujourd’hui et en 2015. New York, Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies. 8 UNICEF. 2007. La situation des enfants dans le monde. New York, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). 9 Nations Unies. Assemblée Générale du Conseil économique et social, 62ème session, 2006. Rapport du Secrétaire général sur la mise en oeuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse à l’horizon 2000 et au-delà “Goals and targets for monitoring the progress of youth in the global economy”. Assemblée Générale du Conseil économique et social, 2007 Addendum au rapport du Secrétaire Général. 10 Nations Unies. Supplément au Programme d’action mondial pour la jeunesse à l’horizon 2000 et au-delà, Assemblée Générale du Conseil économique et social, 2007. Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 7 L’ ADRD 2007 et... le changement climatique Le saviez-vous? Depuis le milieu du 18ème siècle, l’homme est responsable de l’accroissement de la concentration des principaux gaz à effet de serre dans le monde, modifiant ainsi l’équilibre des énergies qui pénètrent et quittent notre système atmosphérique. Le dioxyde de carbone (CO2) a augmenté de 35% depuis l’ère préindustrielle, le méthane (CH4) de 148% et l’oxyde nitreux (N2O) de 18%. Lors des 100 dernières années (1906-2005), la température moyenne sur la planète a augmenté d’environ 0,74ºC. Les 50 dernières années représentent le demi-siècle le plus chaud des 1 300 dernières années.1 L’augmentation de la concentration de CO2 à l’échelle de la planète est surtout due à l’utilisation de combustibles fossiles et au changement de mode d’utilisation des terres. La déforestation, notamment, est responsable de 17,4% des émissions de CO2,2 tandis que l’augmentation de CH4 et N2O est principalement imputable à l’agriculture. En 2005, l’agriculture était responsable de 10 à 12% des émissions de CO2 dans le monde.2 L’élevage joue également un rôle majeur: 37% de la quantité de CH4 et 65% du N2O produits par l’homme lui sont imputables.3 L’agriculture et les forêts contribuent aussi à atténuer le changement climatique, en retenant le CO2. Par exemple, remettre en état 2 000 millions d’hectares de terres dégradées pourrait compenser 3% du carbone émis chaque année dans le monde (estimé à 3 000 millions de tonnes par an).4 Le changement climatique affecte l’agriculture: on prévoit que 11% des terres arables non irriguées dans le monde seront perdues et 65 pays en développement pourraient perdre environ 280 millions de tonnes de production céréalière d’ici 20855. Le changement climatique serait responsable de nombreuses crises de ravageurs forestiers, du dépérissement des forêts, mais aussi de plus longues périodes d’incendies et de l’altération de la variété des espèces forestières. L’agriculture et le changement climatique ont une influence mutuelle. Il est urgent de mettre en œuvre une gestion des ressources naturelles et des politiques d’ADRD qui atténuent le changement climatique et permettent aux petits producteurs agricoles, aux forestiers et aux pêcheurs de s’adapter à ses effets néfastes. Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Pourquoi faut-il agir? Avec le Protocole de Kyoto, les pays développés se sont engagés à réduire, entre 2008 et 2012, leurs émissions de gaz à effet de serre de 5% par rapport au niveau de 1990. Mais des réductions d’émissions bien supérieures (60% pour le CO2, 15 à 20% pour le CH4, 70 à 80% pour le N2O) sont nécessaires pour stabiliser la concentration de gaz à effet de serre au niveau actuel6. Bien que les pays développés soient responsables de la plupart des émissions de gaz à effet de serre, les nations subtropicales plus pauvres risquent d’être les plus touchées. Elles sont plus vulnérables car elles ont moins de ressources à investir pour renforcer les capacités qui leur permettraient de s’adapter. Ces dernières décennies, la variabilité du climat et le changement climatique sont devenus lourds de conséquences.7 A faible latitude, le changement climatique – qui impacte sur la disponibilité, l’utilisation, la stabilité de la nourriture et sur son accès – exposera davantage de personnes à la faim. Les tendances du commerce alimentaire en seront bouleversées: les rendements agricoles devraient s’accroître dans les zones tempérées avec un réchauffement de 1 à 3ºC, tandis que dans les pays en développement, l’augmentation globale des températures combinée aux catastrophes (sécheresses, lourdes précipitations et cyclones tropicaux de forte intensité) réduiront la productivité agricole et accélèreront la reproduction et la prolifération des ravageurs et pathogènes, provoquant ainsi l’émergence de maladies parmi les cultures et l’élevage5,8 (Figure 1). Les effets indirects de la variabilité et du changement climatiques sur l’agriculture et les ressources forestières sont les suivantes: plus forte réduction de la biodiversité, modifications des zones agro-écologiques en termes de latitude et d’altitude, réduction des services d’écosystème, dégradation des terres, immersion de bonnes terres agricoles en zones côtières suite à l’augmentation du niveau de la mer et l’eau salée (sachant qu’une augmentation du niveau de la mer d’un mètre transformerait 56 millions d’habitants de 84 pays en développement en réfugiés environnementaux).6, 8, 9 Quels sont les objectifs politiques? De nouvelles réformes politiques s’imposent dans le secteur agricole et forestier pour: Atténuer - réduire les émissions de gaz à effet de serre, remplacer les combustibles fossiles par des énergies renouvelables et retenir le carbone dans les terres agricoles et les forêts; faciliter l’adoption de systèmes de financement novateurs (prévoyant des taxes pour compenser l’émission de carbone) pour remettre en état les terres dégradées et promouvoir une gestion durable des terres tout en augmentant la retenue de carbone dans les sols et la biomasse; L’ ADRD et... le changement climatique Adapter - protéger et étendre les services d’écosystème (pour purifier l’eau ou prévenir l’érosion); accroître la résilience des ressources naturelles; promouvoir des stratégies de réponse pour la production agricole et l’élevage; aider les populations rurales (surtout les plus vulnérables) à sécuriser et diversifier leurs moyens d’existence et renforcer leurs capacités à s’adapter au réchauffement de la planète. Les questions politiques Promulguer les conventions internationales La première phase du Protocole de Kyoto (2008-2012) oblige seulement les pays développés à réduire les émissions de gaz à effet de serre – avec une exception majeure, celle du mécanisme pour un développement propre. Ce système flexible a été créé par les négociateurs du Protocole pour minimiser le coût de réduction des émissions. Il permet à des entités publiques ou privées de respecter les obligations du Protocole, en investissant dans des projets de mécanisme pour un développement propre dans les pays en développement. Dès lors, de tels projets peuvent non seulement réduire les émissions, mais aussi promouvoir un développement durable dans le pays où le projet est mis en œuvre. Grâce au mécanisme pour un développement propre, les zones rurales des pays en développement peuvent attirer des investissements supplémentaires, en générant des réductions certifiées d’émissions commercialisables en bioénergie, en agriculture et en forêts. Jusqu’ici, environ un tiers de ces réductions sont liées à la bioénergie, 9% à des projets agricoles visant à réduire le méthane dans la gestion des déchets animaux et dans les agro-industries,12 tandis que les forêts (afforestation et reforestation) qui en représentent seulement 1%13 aujourd’hui ont un potentiel bien supérieur. Une série de contraintes au mécanisme pour un développement propre limite encore les investissements en faveur des pauvres: par exemple, les coûts de transaction par unité d’émission réduite sont supérieurs pour les projets réalisés par plusieurs petits exploitants agricoles. Certifier et vérifier La certification et la vérification des réductions de gaz à effet de serre s’imposent tant pour évaluer l’impact des efforts de maîtrise et de respect du Protocole de Kyoto, que pour mettre Impact actuel et à venir de la variabilité et du changement climatique sur l’agriculture Impact actuel – Les effets nuisibles du réchauffement de la planète sur les agriculteurs ont déjà été enregistrés. Plus de 11 millions de personnes en Ethiopie, à Djibouti, en Somalie et au Kenya risquent d’être affamées, suite aux récentes sécheresses. Les pluies sporadiques lors de la saison des pluies de 2004-2005 ont causé de sérieuses pénuries en eau dans les récoltes céréalières du Zimbabwe, du Malawi, d’Angola et du Mozambique. Au moins 5 millions de personnes au Malawi furent menacées de faim en 2005, année qui a connu la pire sécheresse de la décennie. Les pluies inférieures à la normale saisonnière qui ont débuté en décembre 2004 ont causé de graves sécheresses dans les régions méridionales du Brésil, qui ont fortement nui aux cultures du maïs et de graines de soja. L’état le plus au sud du Rio Grande do Sul, l’un des plus prolifiques du pays en termes agricoles, a été le plus touché.7 Impact potentiel – Les agriculteurs de subsistance dans les zones exposées aux sécheresses ou aux inondations et dans les zones marginales font partie des groupes les plus vulnérables.6 Les moyens d’existence quotidiens de 70% de la population africaine reposent sur des terres sèches ou sub-humides.10 Pour eux, la perte de la biodiversité des terres arides menacerait les ressources diversifiées dont ils dépendent. Les femmes des zones rurales, particulièrement celles qui vont chercher l’eau et gardent les troupeaux, paieront un lourd tribut, car une érosion des ressources risque de réduire les revenus, d’accroître leur charge de travail et de réduire le temps dont elles disposent pour des activités rémunératrices agricoles ou non.11 2 L’ADRD et... le changement climatique en oeuvre de réels programmes de réglementation ou de subvention adaptés au marché.14 La Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et d’autres organisations ont établi des fonds de soutien aux gouvernements des pays en développement pour inventorier les émissions de gaz à effet de serre, mesurer et certifier les actions visant à compenser de tels gaz, pour faciliter les investissements en mécanisme pour un développement propre dans les projets d’atténuation. La FAO aide à contrôler la retenue de carbone dans les sols agricoles et en forêt, grâce à l’Initiative sur l’observation du carbone terrestre (www.fao.org/gtos/TCO.html), au Système mondial d’observation terrestre (www.fao.org/gtos/) et à l’Évaluation des ressources forestières mondiales (www.fao. org/forestry/site/1191/fr/). Renforcer les capacités institutionnelles Il conviendrait de renforcer les capacités nationales pour l’observation systématique du climat, l’évaluation de la vulnérabilité, les systèmes d’alerte rapide, la gestion du risque de catastrophes, la formulation et la mise en œuvre de projets de mécanisme pour un développement propre. L’adaptation au climat et les stratégies palliatives devraient être transformées en réels programmes de développement rural national et de gestion des ressources naturelles, s’appuyant sur les expériences acquises dans le monde du développement. Il est tout aussi important de garantir l’égalité des sexes, de définir des interventions selon un processus participatif centré sur la personne et de tenir compte du savoir traditionnel, de l’accès aux ressources et de la capacité des populations locales à gérer les tensions et les catastrophes dues au climat. Sensibiliser Les décideurs devraient informer les vulgarisateurs, forestiers, pêcheurs, agriculteurs et éleveurs sur: les implications du changement climatique, les mesures pratiques et technologies d’adaptation, les possibilités d’améliorer la retenue du carbone, les méthodes pour mesurer et vérifier les résultats des efforts de gestion des terres, les opportunités économiques du commerce de réductions certifiées d’émissions avec les pays industrialisés. Ces informations devraient viser différents types de cible et leurs responsabilités respectives. Figure 1: Changement de pluviométries dans le monde. Changements disproportionnés en précipitations lourdes (95% fractile) ou très lourdes (99% fractile) dans différentes régions, GIEC (2007) Quelles sont les options politiques? Atténuer le changement agricole et climatique Il est essentiel de contrôler et de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour minimiser la gravité du changement climatique et son impact. La CCNUCC reconnaît le réel potentiel des terres agricoles, des herbages et des forêts dans la retenue du carbone. Les gouvernements devraient introduire des politiques et règlementations qui encouragent l’adoption de pratiques durables en matière agricole et forestière, susceptibles d’accroître la retenue du carbone dans les sols et la végétation, tout en améliorant la productivité agricole, la sécurité alimentaire et la durabilité de l’environnement. Certaines pratiques agricoles ou de gestion des terres contribuent à l’ADRD en améliorant la fertilité des sols et la productivité des terres, tout en aidant à fortement atténuer le changement climatique grâce à la retenue et au stockage du carbone. Citons notamment: la remise en état des terres dégradées, la conversion de terres à faible potentiel en herbages et prairies, le remplacement de la culture itinérante en agroforesterie, l’agriculture de conservation, la rotation des cultures, la gestion des terres en jachère, la préservation des étendues de forêts actuelles, la prévention et le contrôle des incendies de forêts, la meilleure utilisation du bois, la reforestation et l’afforestation, les cultures pour remplacer les combustibles et éviter le surpaturage.4 Toute pratique doit être évaluée pour chaque système agricole, dans la mesure où il n’existe pas de solution applicable unique ou universelle.2 Mesures politiques suggérées pour atténuer le changement climatique dans le secteur agricole Conseiller sur les possibilités de réduire ou d’optimiser la consommation énergétique dans l’agriculture et la foresterie, tout en encourageant des alternatives rentables aux combustibles fossiles. Offrir des lignes directrices pour accroître la retenue du carbone, notamment dans le cadre de la gestion des terres, par des mesures financières. Créer un lien direct entre les subventions et les mesures de conservation des sols (les sols constituant le plus grand réservoir dans le cycle du carbone terrestre), en adaptant les taux pour les terres gravement ou très gravement dégradées. Réduire les émissions en évitant la déforestation et en éliminant les crédits aux cultures de terres qui ont été privées de leurs forêts. Revoir la législation fiscale existante sur les terres et accroître les taxes sur les modes de production non durables.4 Des politiques devraient être appliquées pour encourager l’adoption de stratégies pour pallier les conditions climatiques adverses actuelles et à venir, tout en réduisant la vulnérabilité de communautés rurales dépendantes de l’agriculture de subsistance forte consommatrice de main d’oeuvre, des forêts et de la pêche. Mesures d’adaptation pour le secteur agricole Agriculture et adaptation au changement climatique L’impact du réchauffement de la planète existe déjà et devrait s’intensifier, même si le réchauffement était vraiment atténué. Il est d’autant plus crucial de s’y adapter pour atteindre l’ADRD. Les populations rurales pauvres sont particulièrement vulnérables aux conditions climatiques extrêmes, car elles ont de faibles capacités à s’adapter à de tels chocs et leurs moyens d’existence dépendent de produits et services d’écosystème. Bâtir des institutions locales et offrir des services ruraux répondant à une demande. Renforcer la résilience des agriculteurs en réduisant la pauvreté et en diversifiant les moyens d’existence. Impliquer les pauvres, et en particulier les femmes, dans la gouvernance des ressources naturelles. Améliorer la gestion des terres grâce à la réhabilitation des forêts et des palétuviers, à la reforestation, aux pratiques de sylviculture pour protéger des inondations, des tempêtes, des glissements de terrain, arrêter la désertification et régler le niveau de la nappe phréatique. Améliorer la gestion des eaux en creusant des étangs et des canaux, tout en construisant des réserves d’eau et des systèmes d’irrigation pour mieux récolter, rendre disponible et utiliser l’eau. S’adapter aux variations saisonnières en changeant les dates de semence et le rythme des autres opérations agricoles. Utiliser différentes variétés ou espèces agricoles résistantes ou tolérantes à la sécheresse et autres tensions biotiques; distribuer de nouvelles variétés cultivées adaptées aux conditions locales; mettre en œuvre AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... le changement climatique des programmes phytogénétiques; sélectionner des espèces animales pour augmenter la productivité.15,16, 17 Engagements internationaux La CCNUCC est une convention qui soutient les efforts intergouvernementaux pour affronter les défis liés au changement climatique. Les signataires des pays industrialisés de cette convention doivent dresser un inventaire précis et régulièrement mis à jour des émissions de gaz à effet de serre par source et des retraits par puits de carbone. Entré en vigueur le 16 février 2005, le Protocole de Kyoto a jusqu’ici était ratifié par 174 pays. La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et la Convention sur la diversité biologique s’intéressent au changement climatique, vu son impact prévu sur la biodiversité et la sécheresse. Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Eve Crowley [email protected] Wulf Killmann, Président du Groupe de travail interdépartemental sur le changement climatique [email protected] Fonds international de développement agricole (FIDA), Division des politiques Atiqur Rahman [email protected] Références Ce dossier a été préparé par Elisa Di Stefano en collaboration avec S. Baas, S. Braatz, Y. Lambrou, S. Nelson, M. Villarreal, H. Von Luepke (FAO), P. Remy (FIDA), les membres du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), le Centre Risoe pour l’énergie, le climat et le développement durable, et biens d’autres (voir Contacts). GIEC. 2007. Changement climatique 2007: le fondement en science physique. Contribution du Groupe de travail I au 4ème rapport d’évaluation du GIEC. Cambridge University Press, Cambridge, Royaume-Uni et New York, Etats-Unis. 2 GIEC. 2007. Le changement climatique 2007: mesures d’atténuation. Contribution 1 4 L’ADRD et... le changement climatique Outils et ressources Le portail Internet de la FAO sur le changement climatique: relate les événements, publications, nouvelles, données, cartes et activités récentes de la FAO liés au réchauffement de la planète. http://www.fao.org/clim/ FAOLEX: est une base de données juridique complète qui fait l’inventaire des lois et réglementations nationales en réponse au changement climatique. http://faolex.fao.org/faolex_fra/index.htm Le site Internet du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC): diffuse des données pour analyser l’impact et le climat, mais aussi des méthodes d’inventaire national des gaz à effet de serre, tout en évaluant l’état des connaissances sur le changement climatique. http://www.ipcc.ch/ Le site Internet de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC): présente les dernières communications nationales, les données sur les émissions de gaz à effet de serre, une base de données sur les stratégies d’adaptation locale, des lignes directrices techniques pour mesurer le potentiel de puits de carbone et des informations sur les mécanismes financiers de la Convention. http://unfccc.int/portal_francophone/items/3072.php Ecosystem Marketplace: est une plateforme d’information environnementale à but non lucratif sur les marchés émergeants et les mécanismes de rémunération des services d’écosystème, ayant trait au carbone notamment. http://ecosystemmarketplace.com/index.php du Groupe de travail II au 4ème rapport d’évaluation du GIEC. Cambridge University Press, Cambridge, Royaume-Uni et New York, Etats-Unis. 3 FAO. 2006. Livestock’s long shadow. FAO, Rome. 4 FAO. 2000. Deux essais sur le changement climatique et l’agriculture, perspective d’un pays en développement. Communication sur le développement économique et social. FAO, Rome. 5 FAO. 2005. Impact du changement climatique, des ravageurs et des maladies sur la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. 31ème session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, 23-26 mai 2005. FAO, Rome. 6 FAO. 2003. La FAO et le changement climatique, Environnement et ressources naturelles. Document de travail no12, FAO, Rome. 7 OMM. 2005. Statement on the status of the global climate in 2005. Genève. Organisation météorologique mondiale. 8 GIEC. 2007. Changement climatique 2007: impacts, adaptation et vulnérabilité. Contribution du Groupe de travail II au 4ème rapport d’évaluation du GIEC. Cambridge University Press, Cambridge, Royaume-Uni. 9 Banque mondiale. 2007. L’impact de la hausse du niveau de la mer sur les pays en voie de développement : une analyse comparative. Document de travail de la Banque mondiale, Etats-Unis. 10 CDB/PNUE/IUCN. 2007. La biodiversité et le changement climatique. Montréal. 11 FAO. 2006. Gender: The missing component of the response to climate change. FAO, Rome. Banque mondiale. 2007. State and Trends of the Carbon Market. Washington, D.C. 13 PNUE Risoe. 2007. Overview of the CDM pipeline. 14 FAO. 2004. Climate Change and the Forestry Sector: Possible Legislative Responses for National and Subnational Governments. FAO Legal Papers Online, Rome. 15 FAO. 2005. Unasylva, les forêts, le climat et Kyoto. Revue internationale des forêts et des industries forestières, no 56, 222, 2005/03, FAO, Rome. 16 FAO et Centre asiatique de prévention des catastrophes (Asian Disaster Preparedness Center). 2006. Adaptation des moyens d’existence à la variabilité et au changement climatique dans les zones du Bangladesh sujettes à la sécheresse. Etude de cas d’institutions de développement rural, FAO, Rome. 17 FAO. 2007. Adaptation au changement climatique dans les secteurs de l’agriculture, des forêts et de la pêche. Contexte, cadre et priorités. Groupe de travail interdépartemental sur le changement climatique, FAO, Rome. 12 Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 6 L’ ADRD 2007 et... les entreprises rurales Le saviez-vous? On considère de plus en plus les entreprises rurales et la diversification des activités, répondant à une demande du marché et créatrices de revenus, comme un moyen d’améliorer les moyens d’existence et la sécurité alimentaire. La question n’est pas de savoir si oui ou non participer à une économie de marché, mais plutôt comment y participer de façon à générer une croissance des revenus durable et équitable et des emplois décents. Le développement d’entreprises, sous forme de coopératives ou autres, peut attirer tous les acteurs du développement rural, car la croissance économique locale génère davantage de capitaux. 900 millions, soit les trois-quarts des personnes souffrant de la pauvreté et de la faim dans le monde, vivent en zones rurales où le manque de travail est souvent très pénalisant.1 Les agriculteurs qui mènent de front une agriculture conventionnelle et une entreprise rurale novatrice jouissent de revenus plus élevés et de moyens d’existence plus sûrs que ceux qui s’en remettent à une agriculture conventionnelle et/ou à un travail salarié uniquement.2 Le développement d’entreprises familiales est une stratégie de FAO/G.Bizzarri Pourquoi faut-il agir? Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Un grand nombre de ruraux vivent dans une pauvreté absolue, malgré une économie mondiale de plus en plus intégrée et un potentiel de croissance économique locale. Les entreprises rurales peuvent avoir un effet positif sur le revenu, l’emploi, l’innovation, les capacités, le transfert de technologies, la durabilité économique et les capitaux. Dans de nombreux pays en développement, les femmes contrôlent ou possèdent un fort pourcentage des petites entreprises qui pourvoient aux besoins locaux; investir dans ces entreprises peut améliorer le statut de la femme, ce qui constitue le premier facteur de réduction de la malnutrition.5 Participer à différents types de marchés et d’activités économiques rend les pauvres moins vulnérables et les aide à diversifier le risque. Les entreprises rurales encouragent l’esprit d’entreprise local et responsabilisent les femmes comme les hommes pour les rendre acteurs de leur développement. Le développement d’entreprises contribue à la cohésion sociale en régénérant l’économie rurale, tout en réduction de la pauvreté rurale très prometteuse pour assurer une croissance du revenu équitable et des conditions de travail décentes dans tous les systèmes agricoles.3 Les petites et très petites entreprises constituent la première source d’emploi dans les pays en développement. Les revenus non-agricoles représentent 40 à 45% des revenus des ménages ruraux en Afrique et 32% en Asie.2 Entre la moitié et les trois-quarts des personnes qui augmentent leurs revenus en travaillant dans des petites ou des très petites entreprises sont des femmes.4 réduisant les migrations pour cause professionnelle et la pression pesant sur les zones urbaines. Quels sont les objectifs politiques? Créer un environnement propice qui favorise les affaires et les investissements en zones rurales, notamment la promotion de services de microfinance et l’amélioration de la réglementation commerciale. Relier les agriculteurs au marché en les encourageant à produire ce que le marché réclame, tout en leur offrant un meilleur accès aux informations de marché. Soutenir les services de développement en faveur des entreprises rurales par des initiatives qui renforcent les compétences commerciales, tout en introduisant des technologies nouvelles et adaptées. Aider les femmes et les hommes des milieux ruraux à développer et entretenir un portefeuille de stratégies de moyens d’existence diversifié, pour réduire la pauvreté, l’insécurité alimentaire, la vulnérabilité et l’inégalité en zones rurales. L’ ADRD et... les entreprises rurales Aider les industries durables capables d’être compétitives dans un marché mondialisé et auxquelles peuvent participer de nombreuses entreprises rurales, pour répondre aux besoins économiques, environnementaux, sociaux et culturels des communautés rurales d’aujourd’hui et de demain. Les questions politiques Caractéristiques des entreprises rurales Parce les entreprises rurales ont des compétences et des ressources limitées en termes de main d’oeuvre et de capitaux, il leur est difficile de satisfaire les normes commerciales requises à l’échelle locale, régionale ou mondiale. Ce manque de ressources les empêche également de prospérer et d’intégrer des marchés à plus forte valeur ajoutée comme fournisseurs directs ou comme fournisseurs de grosses sociétés. Il est tout aussi difficile de remédier aux dysfonctionnements des marchés où travaillent ceux qui souffrent d’extrême pauvreté. Les coûts de transaction avec les entreprises rurales sont élevés car ces entreprises sont petites, éparpillées et éloignées. Par exemple, il faut davantage de temps pour négocier avec de nombreuses entreprises individuelles ou encore pour collecter des produits sur des sites dispersés et éloignés les uns des autres. De nombreuses petites entreprises rurales doivent elles-mêmes prendre en charge ces coûts dus à l’isolement. Les entreprises rurales sont confrontées à des risques commerciaux comme les autres sociétés. Pour une entreprise rurale, ces risques sont souvent liés à un rapport de force favorable aux grosses sociétés et aux acheteurs qui peuvent influer sur les conditions et les normes requises. Pour de petites entreprises rurales, la sous-traitance peut être source d’exploitation. Dans des zones rurales comme les terres arides et les sites fragiles et éloignés, c’est souvent l’accès à l’eau et à la terre qui permet aux entreprises rurales de se diversifier. L’organisation et la gestion des ressources naturelles devront donc promouvoir un développement durable 2 L’ADRD et... les entreprises rurales des ressources naturelles en termes écologique et économique. Les entreprises rurales ont un accès limité aux informations de marché précises et opportunes. Leurs infrastructures de transport et de communication sont insuffisantes. Il leur est donc très difficile d’accéder aux marchés à plus forte valeur ajoutée. Diversification Promouvoir les entreprises rurales, c’est encourager les ménages ruraux à diversifier leur système agricole, en introduisant de nouvelles activités agricoles ou non, tout en accroissant leur valeur ajoutée. Cette approche permet de diversifier le risque, de mieux résister et de compenser le caractère saisonnier de l’agriculture. Cela pourrait accroître les coûts de production, nuire à l’environnement et/ou aux relations d’un couple rural. Les rôles de l’homme et de la femme rejaillissent souvent dans les petites et très petites entreprises, lorsque la division des tâches est claire. Souvent, la femme consacre du temps aux activités ménagères au détriment de l’entreprise. Une entreprise rurale peut générer plus de revenus qu’un travail salarié, mais requiert davantage d’investissement en capitaux, de risque et de travail. Mesures incitatives et subventions Face aux imperfections des marchés en milieu rural, des mesures incitatives et des subventions s’imposent pour relancer le développement. Mais on doit aussi concevoir des stratégies adaptées à la situation locale pour en maximiser l’impact et promouvoir le développement durable. Les subventions devront soutenir le renforcement des capacités, les économies d’échelle et un mode de commercialisation efficace, générer plus de revenus et permettre d’amortir les investissements. Ces aides devront être transparentes et viser à minimiser temporairement les dysfonctionnements du marché. Les subventions devront être supprimées à mesure que le marché se développe. Les politiques incitatives, elles, devront viser à réduire les subventions de façon progressive et durable, tout en renforçant l’autonomie. Les entreprises rurales et les questions de parité Souvent, les femmes n’ont pas accès à la création d’entreprise, pour des raisons culturelles, juridiques ou éducatives, ou encore parce qu’elles manquent de temps et de pouvoir de décision. Offrir aux femmes un meilleur accès aux opportunités offertes par l’entreprise pourra accroître les revenus des ménages, tout en améliorant leur bienêtre et leur nutrition. Les opportunités offertes par la création d’entreprise peuvent rendre les femmes plus autonomes, plus indépendantes et plus respectées, tout en les dotant d’un meilleur statut social. Cette évolution peut générer une plus forte participation à la prise de décision au niveau communautaire. Standards professionnels Les entreprises rurales doivent être capables de payer des salaires adéquats, tout en offrant un travail décent et des conditions de travail adaptées aux normes nationales et internationales, en éliminant notamment le travail des enfants et les travaux forcés. Quels sont les choix politiques? Ce chapitre met en exergue des recommandations politiques pour soutenir le développement durable des entreprises rurales. Ces recommandations devront être adaptées aux différents contextes. Accès aux ressources Ressources naturelles S’assurer que les ruraux – notamment les pauvres, les femmes, les sans-terres et les jeunes – aient des droits de propriété bien définis et garantir l’accès à la terre, à l’eau, aux arbres et aux forêts pour aider les entreprises basées sur ces ressources. Mettre en vigueur une loi permettant aux entreprises rurales d’utiliser la base de ressources naturelles de façon durable, en générant des revenus et des bénéfices tout en protégeant l’environnement et en minimisant les effets négatifs (comme la pollution). Ressources financières Ressources sociales Fournir les investissements et fonds de roulement nécessaires à la création d’entreprises, par des aides ou des prêts adaptés, en fonction du risque lié au développement d’entreprises rurales. Faciliter la création de groupes d’épargne pour générer des capitaux et aider les communautés et les ménages vulnérables à devenir plus autonomes. Trouver les moyens de promouvoir et de mobiliser les investissements privés (par exemple par des aides fiscales). Encourager la collaboration avec les banques commerciales, les institutions de microfinance et les sociétés de micro-crédit, pour garantir l’accès des entreprises rurales (notamment celles gérées par les pauvres) à des services financiers appropriés.6 Encourager la création d’un capital social par des groupes formels ou informels (groupes d’entraide, organisations communautaires, groupes de microfinance, coopératives, associations d’agriculteurs et écoles d’agriculture de terrain) pour créer des économies d’échelle, réduire les coûts des services d’aide à l’entreprise, tout en permettant aux entrepreneurs d’avoir accès à des crédits d’investissement à plus long terme.6 Inciter les femmes à s’appuyer sur les mécanismes de solidarité traditionnels fondés sur le groupe, en organisant des activités de groupe. Ressources physiques Développer les infrastructures rurales, telles que les routes, les systèmes d’approvisionnement en eau et en électricité et les réseaux de communication, pour soutenir le développement d’entreprises rurales. Libérer les femmes des tâches ménagères qui prennent du temps, pour leur permettre de gérer leur propre entreprise. Ressources humaines Former, pour développer les compétences d’entrepreneur et de gestionnaire. La formation devra être pratique, s’appuyer sur l’expérience et répondre aux problèmes existants, tout en simulant des situations réelles. Elle devra être spécialement conçue pour les entrepreneurs. Elle sera également adaptée aux différentes phases de développement d’entreprise et aux besoins des ménages pauvres en traitant de sujets techniques. Les programmes de formation devront faire participer les prestataires de service locaux, intégrer les savoirs indigènes et répondre à une demande réelle, pour permettre d’amortir une partie des investissements. La formation répondra également aux besoins et aux contraintes spécifiques en termes professionnels et temporels, et aux attentes des femmes chefs d’entreprise en matière de leadership. S’assurer que les entreprises aient accès à des services d’aide comme le conseil d’entreprise, l’aide à la préparation de business plans, le soutien aux start-up en termes de secrétariat et d’administration, les services de commercialisation et d’information (par exemple des informations sur les prix et des évaluations régulières des marchés).6 Fournir des structures et soutenir l’offre en matière de services d’aide aux entreprises pour encourager les organisations non gouvernementales ou communautaires ainsi que le secteur privé (plutôt que le gouvernement) à offrir ces services. Cibler ces services afin qu’ils répondent aux besoins de diverses parties prenantes tout au long de la chaîne de valeur (par exemple des négociants et des entreprises de transformation agricole à l’échelle locale ou encore des producteurs ruraux), mais aussi des groupes vulnérables comme les femmes et les pauvres. Promouvoir la recherche-développement pour réduire les coûts, accroître l’efficacité, offrir des produits différents et accroître la compétitivité des entreprises rurales. Garantir que l’offre de services financiers soit séparée de façon institutionnelle de l’aide non financière aux entreprises. En effet, fournir une aide financière pourrait être incompatible avec l’offre de conseil en entreprise. FAO/B.Seiffert Services d’aide aux entreprises Développement et accès au marché Identifier et soutenir les chaînes de valeur capables de répondre à la demande du marché et aux opportunités commerciales, d’être compétitives à l’échelle mondiale et d’améliorer les revenus des pauvres. Promouvoir la compétition tout au long de la chaîne de valeur pour renforcer la performance et la capacité de résistance, en s’assurant que chaque fonction de la chaîne de valeur est menée par la personne la plus efficace pour cette tâche. Offrir un meilleur accès au marché local, intérieur ou international, en s’appuyant sur des traités commerciaux, des infrastructures de communication et de transport, mais aussi en fournissant des renseignements précis et opportuns sur les marchés. Promouvoir des termes commerciaux équitables entre les pays en développement et les pays développés, tout en garantissant la satisfaction des exigences de qualité et de sécurité sanitaire des aliments. Identifier des marchés de niche (tels que le commerce équitable, les labels d’origine et les produits biologiques) et développer des chaînes de valeur pour les agriculteurs ou les entreprises qui ne peuvent être compétitifs AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... les entreprises rurales Outils et ressources Les petites entreprises communautaires de produits forestiers: analyse et développement des marchés. http://www.fao.org/DOCREP/005/X7452F/X7452F00.HTM Kit de ressources de la FAO sur la diversification des moyens d’existence et le développement d’entreprises: Disponible sur CD auprès de Siobhan Kelly ([email protected]) Portail des publications de la Division des infrastructures rurales et des agro-industries (AGS) de la FAO, http://www.fao.org/ag/ags/publications/fr/index.html Guide de la BIT pour l’analyse et l’amélioration de la chaîne de valeur: www.ilo.org/dyn/empent/empent.portal Développer votre entreprise, par la BIT, http://www.ilo-eyb-africa.org/index.html Le développement de l’entreprenariat chez les femmes et l’égalité des genres, par la BIT: http://www.ilo.org/dyn/empent/empent.portal?p_prog=S&p_subprog=WE&p_lang=EN Le guide de la Banque mondiale pour développer la commercialisation et les entreprises agricoles: http://go.worldbank.org/1DBLU3WAQ0 dans des marchés dominés par les gros intervenants. Réseaux, alliances et partenariats Encourager les partenariats et le travail en réseau réunissant toutes les parties prenantes, y compris les entrepreneurs, les coopératives, les prestataires de service, les instituts de formation et les gouvernements pour favoriser le développement d’entreprises rurales. Stimuler les relations entre les entreprises rurales ou urbaines et les agriculteurs, y compris les organisations de producteurs et les coopératives, pour garantir l’accès des entreprises rurales à une variété de biens et de services dans un marché compétitif. Etablir des réseaux d’entrepreneurs pour stimuler des échanges transparents et compétitifs entre les entreprises, les intermédiaires et les autres acteurs tout au long de la chaîne de valeur. Encourager des partenariats entre les secteurs public et privé pour faire face aux contraintes en termes de ressources et accéder à une grande variété d’expertises. Durabilité et expansion Promouvoir une approche du développement d’entreprise interdisciplinaire, pour traiter les aspects sociaux, économiques culturels et environnementaux des moyens d’existence. Elaborer des stratégies de sortie pour réduire progressivement les mesures 4 L’ADRD et... les entreprises rurales incitatives et les subventions une fois les entreprises rurales devenues viables et compétitives. Encourager l’expansion des entreprises couronnées de succès en garantissant une demande au produit ou au service, tout en stimulant l’offre durable de services d’aide. Promouvoir une politique macroéconomique qui stabilise les fluctuations monétaires, maintienne l’inflation au plus bas, gère le déficit public, tout en promouvant des taux d’intérêt réels positifs pour créer un environnement propice au développement d’entreprises. Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) David Kahan [email protected] Eve Crowley [email protected] Fonds international de développement agricole (FIDA) Shantanu Mathur [email protected] Organisation Internationale du Travail (BIT) Département de la création d’emplois et du développement de l’entreprise (EMP/ ENTERPRISE) Téléphone: +41 227996920 Fax: +41 227997978 www.ilo.org/empent References Ce document a été préparé par Karen Powell Mab, en collaboration avec Doyle Baker, Siobhan Kelly, Paola Termine, Jennie Dey De Pryck, Wim Polman, les membres des Divisions du conseil technique et des politiques du FIDA et bien d’autres (contacts). 1 FIDA 2001. Rural poverty report 2001: the challenge of ending rural poverty, Oxford University Press, Oxford, http://www.ifad.org/poverty/. 2 Warren, P. 2002. Livelihoods diversification and enterprise development: an initial exploration of concepts and issues, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, Rome, http://www.fao.org/docrep/008/j2816e/ j2816e00.htm 3 Dixon, J., Gulliver, A. et Gibbon, D. 2001. Systèmes de production agricole et pauvreté: améliorer les moyens d’existence des agriculteurs dans un monde en changement, FAO et Banque mondiale, Rome et Washington. Albu, M. et Scott, A. 2001. Understanding livelihoods that involve micro-enterprise: markets and technological capabilities in the SL framework (draft), Intermediate Technology Development Group, Warwickshire, www.itdg.org. 4 FAO 2005. La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2005, Rome: Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. 5 FIDA 2004. Rural enterprise policy, Rome http://www.ifad.org/pub/policy/RE-eng.pdf 6 Petrin, T. et Gannon, A. 1997. Rural development through entrepreneurship, REU Technical Series 41, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, Rome, http://www.fao.org/ DOCREP/W6882e/W6882e00.htm De nombreux messages-clés présentés dans ce document se fondent sur un apprentissage de terrain dans le cadre de mini projets financés par les sousprogrammes de diversification des moyens d’existence et de développement d’entreprises du Programme d’appui aux moyens d’existence de la FAO. http://www.fao.org/sd/dim_pe4/pe4_ 040501_fr.htm. Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 5 L’ ADRD 2007 et... le commerce agricole Le saviez-vous? Dans les pays en développement, les politiques de commerce agricole affectent les moyens d’existence de millions de producteurs agricoles et de ruraux. Dans ces pays, l’agriculture, qui génère une partie importante des revenus, est le premier employeur en zones rurales. En effet, 49% de la population des pays en développement dépend de l’agriculture en termes de travail et de moyens d’existence3. Les pays développés sont les premiers exportateurs de produits agricoles au monde. Ensemble, l’Union Européenne et les Etats-Unis totalisaient 53% des exportations agricoles mondiales en 20058. La part des pays en développement dans les exportations agricoles mondiales a baissé de 40% à 30% lors de ces 40 dernières années3. Les pays en développement, y compris les pays les moins avancés, qui étaient globalement des exportateurs agricoles sont devenus des importateurs nets de produits agricoles après les années 804. Dès 2002, les importations de produits agricoles par les pays les moins avancés étaient plus de deux fois supérieures en valeur à leurs exportations agricoles4. Aujourd’hui, Des politiques de commerce agricole adaptées peuvent aider à lutter contre la pauvreté et la faim, tout en dotant les pays en développement de moyens d’existence et de sécurité alimentaire, en offrant plus d’opportunités d’emploi et de revenus dans la production, la transformation et le commerce de produits agricoles. ©iStockphoto.com/John Gyovai Pourquoi faut-il agir? Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Pour la majorité des pays en développement, le développement agricole constitue un préalable au développement en général. Les politiques de commerce agricole doivent donc permettre au secteur agricole des pays en développement de progresser, mais aussi de fournir des emplois et des revenus supérieurs. 37 pays en développement dépendent de denrées agricoles non transformées pour couvrir plus de 50% de leurs exportations totales4. Le prix de plusieurs de ces denrées (notamment café, cacao, thé, sucre et coton) sur le marché mondial a baissé en valeur réelle de plus de 54% depuis les années 802. La progression en flèche des tarifs douaniers et des barrières non tarifaires par les pays développés empêche aux pays en développement d’exporter des produits agricoles transformés et de créer de la valeur ajoutée. les importations agricoles représentent environ 25% des importations totales des pays les moins avancés3. En 1994, les signataires de l’Accord sur l’agriculture du Cycle d’Uruguay s’engageaient à réduire les subventions et les tarifs douaniers. Pourtant, les pays développés ont augmenté le total des aides à l’agriculture entre 1995 et 2004, selon l’estimation du soutien total: avec une croissance nette de 5% pour l’Union Européenne et de 60% pour les Etats-Unis6. Le commerce agricole entre pays en développement a fortement progressé lors des années 90. Les pays en développement offrent rapidement les meilleurs débouchés à leurs propres produits agricoles3. Les pays en développement ont besoin d’aide pour diversifier et développer les agro-industries, et ainsi créer de la valeur ajoutée tout en augmentant leurs revenus. Dans la plupart des pays de l’OCDE, les mesures d’aide à la production encouragent une agriculture intensive, bénéficient aux gros exploitants agricoles, génèrent une surproduction et altèrent le commerce. En 2004, 74% des 279 milliards de dollars E.U. dépensés par l’OCDE pour subventionner la production récompensaient l’utilisation d’intrants ou les niveaux de production d’une agriculture intensive destructrice de l’environnement, tout en encourageant les excédents de production5. 80% des subventions européennes à la production ont été reçues par 20% des plus grosses exploitations agricoles en 20051. Les marchés agricoles mondiaux les plus altérés par les politiques d’aide à l’agriculture pratiquées par la plupart des pays développés portent justement sur d’importants aliments de base pour L’ ADRD et... le commerce agricole les pays en développement, à savoir: les céréales (blé, maïs, riz), les produits laitiers, la viande et les oléagineux. En 2004, les Etats-Unis contribuaient à 35% des exportations mondiales de céréales, 42% pour ce qui est des oléagineux et 22% de la viande2. L’Union Européenne contribuait à 28% des exportations mondiales de lait2. Quels sont les objectifs politiques? Les politiques commerciales doivent garantir que les populations rurales, et en particulier les pauvres ruraux, puissent trouver des moyens d’existence adaptés dans la production, la transformation et le commerce de produits agricoles au niveau local, national et international. Pour cela, les réformes politiques doivent offrir plus d’opportunités commerciales aux pays en développement, tout en revoyant les priorités de développement agricole pour permettre aux pays en développement de participer au commerce agricole et d’en bénéficier. Ces politiques doivent donc: mettre un terme aux aides à l’agriculture de l’OCDE qui nuisent aux pays en développement, c’est-à-dire éliminer les subventions à l’exportation et les subventions à la production pour éviter les excédents de production valoriser la coopération sud-sud dans les investissements et le commerce agricoles promouvoir et financer le développement d’agro-industries dans les pays en développement permettre aux produits agricoles transformés des pays en développement d’accéder aux marchés, en retirant les tarifs douaniers et autres barrières aux importations en forte progression. Les questions politiques Un commerce dénaturé par les pays développés Les marchés mondiaux de produits agricoles demeurent fortement dénaturés, surtout en raison des aides à l’agriculture des pays développés. Ces aides comprennent une palette de mesures telles que les subventions directes à la production, les subventions aux exportations et les barrières aux importations (tarifs douaniers et barrières non tarifaires). En additionnant toutes ces mesures, on obtient une estimation du soutien total. En 2004, l’estimation du soutien total à l’agriculture était de: 378 milliards de dollars E.U. pour les pays de l’OCDE; 143 milliards de dollars E.U. pour l’Union Européenne; 109 milliards de dollars E.U. pour les Etats-Unis6. En 2004, l’OCDE consacrait 74% de l’estimation du soutien total à soutenir la production (équivalent à la subvention à la production)6. Grâce à ces subventions, les pays développés parviennent à exporter leurs produits agricoles à un prix inférieur au coût total de production. Ces opérations sont communément appelées ‘dumping’. Si d’autres facteurs entrent en ligne de compte, le ‘dumping’ contribue largement à la baisse des prix sur les marchés mondiaux des aliments de base (blé, riz, maïs, lait, boeuf) et autres denrées (coton et sucre). Entre 1980 et 2005, le prix du maïs a baissé de 55% en valeur réelle, le riz de 50%, le blé de 46%, le coton de 60% et le sucre de 54%2. Quelques informations sur la libéralisation A partir des années 80, les pays en développement ont libéralisé leurs marchés agricoles, en les stabilisant tout en contractant des arrangements commerciaux régionaux. Ces politiques comprenaient: le contrôle de l’inflation et la réduction du déficit fiscal, en coupant dans les dépenses publiques la fin du contrôle des prix intérieurs, l’allègement ou la suppression des tarifs douaniers, le remplacement de quotas d’importation quantitatifs par des tarifs douaniers qui seront supprimés au fur et à mesure, la suppression des taxes sur les exportations, des quotas et des permis le retrait de l’Etat pour permettre au secteur privé de jouer un rôle plus déterminant, en privatisant les services et entreprises agricoles d’Etat, y compris les offices de commercialisation le remplacement d’un objectif d’autosuffisance par celui de sécurité alimentaire, en s’appuyant sur le marché la promotion des exportations de produits agricoles de base. 2 L’ADRD et... le commerce agricole Impact des importations de produits alimentaires vendus en deçà des coûts de production Les produits alimentaires importés vendus à des prix inférieurs aux coûts de production d’un pays en développement forcent les producteurs locaux à baisser leurs prix à un niveau qui ne leur permet plus de vivre de l’agriculture. Dès lors, ils réduisent leur production à un niveau de subsistance et le niveau de production alimentaire du pays chute d’autant. Les pays en développement deviennent donc plus dépendants des importations pour satisfaire leurs besoins alimentaires. Dépendance accrue à l’égard des importations de produits alimentaires Depuis les années 70, les pays en développement ont accru leurs importations de produits alimentaires. Mais, dans ces années-là, ils exportaient encore davantage de produits alimentaires qu’ils n’en importaient, pour dégager un excédent commercial de produits alimentaires de 1 milliard de dollars EU. Dans les années 80, suite à d’importants changements politiques comme la libéralisation des marchés agricoles, les pays en développement augmentèrent leurs importations de produits alimentaires, tandis que les revenus de leurs exportations diminuaient. Dès les années 90, les pays en développement avaient, globalement, un déficit commercial de produits alimentaires de 1 milliard de dollars E.U., déficit qui pourrait atteindre plus de 50 milliards de dollars E.U. d’ici 20304. Pour les pays en développement, augmenter les importations alimentaires sans pour autant gagner davantage sur les exportations, devient un moyen onéreux de satisfaire leurs besoins alimentaires. Le commerce entre pays en développement A l’avenir, les plus grands marchés agricoles se situeront dans les pays en développement. Le pourcentage des exportations des pays en développement vers d’autres pays en développement a augmenté de 33% en 1980 à 40% en 20023. De même, la part des importations des pays en développement à partir d’autres pays en développement a augmenté de 38% en 1980 à 45% en 20023. L’Asie de l’Ouest et l’Asie du Sud-est ont toutes les deux accru la part de leur commerce agricole Chaînes de valeur Le commerce agricole s’effectue de plus en plus dans le cadre de chaînes de valeur contrôlées par de puissantes multinationales, qu’il s’agisse de sociétés transnationales ou de supermarchés. Le marché des sociétés agricoles est très concentré en termes de production (en raison de la sous-traitance), transformation, commerce et vente au détail de diverses denrées agricoles traditionnelles, de base ou à forte valeur ajoutée. Les exportations de produits agricoles transformés, qui sont en progression rapide, représentent actuellement 50% du commerce agricole mondial3. L’expansion des chaînes de supermarché des pays développés vers les pays en développement contribue à cette croissance. le commerce de produits agricoles transformés entre pays en développement. Les changements politiques doivent donc encourager et valoriser le commerce sud-sud, en luttant contre les barrières et autres contraintes existantes, tout en encourageant le commerce de produits agricoles, si possible transformés. Lutter contre la concentration du marché Des réglementations internationale s’imposent pour lutter contre la concentration du marché aux mains des sociétés commerciales et des supermarchés dans le négoce de produits agricoles de base ou transformés. Il convient de restaurer un équilibre et une compétition équitables, tout en offrant aux pays producteurs plus de pouvoir de négociation pour leur permettre de tirer davantage profit du commerce agricole. Quelles options politiques s’offrent pour Quelles options politiques s’offrent pour renforcer les capacités accroître les perspectives commerciales? Inverser le phénomène de commerciales? dépendance vis-à-vis des Faire davantage pression sur les pays développés pour les amener à éliminer toutes les subventions directes et indirectes aux exportations, tout en réformant les subventions à la production pour décourager l’agriculture intensive et éviter les excédents de production. Les mesures d’aide adaptées aux producteurs devraient promouvoir les pratiques agricoles sûres pour l’environnement et bénéficier d’abord aux petits agriculteurs. Encourager la coopération et le commerce sud-sud On s’accorde sur le fait que la libéralisation du commerce agricole ne profite pas à tous les pays. Les arrangements commerciaux régionaux entre pays en développement pourront donc permettre à ces pays de bénéficier des avantages de la libéralisation sans trop s’exposer aux inconvénients d’une totale intégration à l’économie mondiale. Aujourd’hui, il convient encore d’en traiter plusieurs questions techniques, mais si les arrangements commerciaux régionaux sont bien appliqués, ils pourront augmenter Organic Consumers Association (OCA) réalisée avec des pays en développement, tandis que l’Amérique latine et l’Afrique sont encore fort dépendantes du commerce effectué avec les pays développés. importations alimentaires Théoriquement, les pays en développement et les consommateurs pauvres devraient bénéficier des aliments bon marché. Toutefois, nous devons comprendre que, dans de nombreux pays en développement, le secteur agricole constitue le premier employeur et le moyen d’existence de la majorité de la population. Quand la nourriture peut être produite localement, la production locale devrait être encouragée et protégée des importations alimentaires, en particulier de celles vendues en deçà du coût de production local. Pour réduire la dépendance vis-à-vis des importations et promouvoir le développement agricole, les politiques et projets en matière de commerce sur les marchés intérieurs, sousrégionaux ou régionaux devraient accorder la priorité à la production alimentaire locale, en particulier celle des petits agriculteurs qui suivent des pratiques agricoles durables. Dans le cadre des négociations agricoles de l’OMC en cours, les pays en développement doivent pouvoir appliquer des mesures qui protègent leurs marchés intérieurs des produits agricoles vendus en deçà des coûts de production, en désignant euxmêmes et en n’exemptant pas totalement des tarifs douaniers les produits spéciaux essentiels à leur sécurité alimentaire, à la sécurité de leurs moyens d’existence et au développement rural. Les pays en développement devraient également avoir accès au mécanisme spécial de sauvegarde, un tarif douanier qui protège les marchés intérieurs des altérations dues aux fortes hausses des importations de denrées agricoles importantes, mais aussi de la volatilité des prix sur les marchés mondiaux. Promouvoir et faciliter la transformation des produits agricoles Les investissements des secteurs public et privé, tout comme l’aide publique au développement, devraient soutenir le développement d’industries de Des industries de transformation agricole en déclin Depuis les années 1980, les industries de transformation agricole des pays en développement se sont effondrées et leurs exportations ont chuté. Les exportations de produits transformés des pays les moins avancés, exprimées en pourcentage du total de leurs exportations agricoles, ont été divisées par 2, passant de 15% au début des années 80 à 7,5% à la fin des années 907. Les 10ers exportateurs de café au monde, tous des pays en développement, transformaient euxmêmes leur café en le torréfiant et représentaient 8,5% des exportations mondiales de café torréfié entre 1975 et 1980, mais ce pourcentage a chuté à moins de 2% entre 1998 et 20024. AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... le commerce agricole transformation agricole dans les pays en développement pour leur permettre de se diversifier et de produire autre chose que des produits de base, de créer de la valeur ajoutée et de générer des opportunités d’emplois divers, bien rémunérés et nonagricoles en zones rurales. Augmenter les aides aux petits agriculteurs Aider les petits agriculteurs constitue un moyen efficace de réduire la pauvreté, d’augmenter le montant et la variété de la production alimentaire sur le marché local, tout en permettant aux agriculteurs et aux agricultrices pauvres d’être actifs sur un marché dont ils seraient exclus sinon. Il est essentiel que les agriculteurs petits ou pauvres puissent accéder au crédit et aux services financiers. L’accès aux intrants fondamentaux – aux semences, à la terre et à l’eau notamment – doit être élargi. L’accès aux technologies, aux canaux de distribution, aux services d’information et de communication adaptés doit également être renforcé. Une aide doit être apportée aux associations de petits agriculteurs et aux coopératives pour leur permettre de s’organiser et de négocier collectivement l’approvisionnement en intrants, de manipuler, transformer et commercialiser des produits agricoles, tout en négociant des prix plus justes, d’autant que le secteur privé ne ciblera vraisemblablement ni les pauvres, ni les petits agriculteurs. Augmenter les investissements dans le secteur agricole Les secteurs public et privé doivent accroître leurs investissements dans l’agriculture. L’aide extérieure à l’agriculture a été divisée par 2 en valeur réelle dans les années 80, avant de stagner dans les années 903. Les pays qui en auraient le plus besoin sont paradoxalement ceux qui reçoivent le moins d’aide extérieure à l’agriculture. Les pays développés devraient augmenter leur aide extérieure à l’agriculture. Les gouvernements des pays en développement devraient également accroître leurs allocations budgétaires à l’agriculture, superviser et gérer les investissements privés pour s’assurer qu’ils n’excluent pas les agriculteurs pauvres ou petits. Les investissements dans l’agriculture devraient cibler la production de récoltes locales et nutritives, mais aussi la commercialisation et la transformation de produits alimentaires. 4 L’ADRD et... le commerce agricole Outils et ressources Division des produits de base et du commerce, de la FAO: conseil aux pays en développement sur les politiques commerciales et de produits de base, les arrangements commerciaux régionaux, les chaînes de valeur, les négociations de l’OMC et autres questions ayant trait au commerce. http://www.fao.org/es/esc/fr/21972/index.html Site sur le commerce des produits de l’agriculture, des pêches et des forêts, de la FAO: informations, analyses et conseil technique sur le commerce et le renforcement des capacités pour les négociations de l’OMC. http://www.fao.org/trade/index_fr.asp Dossiers de politique commerciale de la FAO: plusieurs dossiers utiles sur d’importantes questions commerciales. http://www.fao.org/ES/esc/fr/41470/89284/index.html Division des systèmes de soutien à l’agriculture, de la FAO: aide à l’élaboration de politiques et de stratégies pour les services agricoles, les techniques de production et de post-production dans les secteurs agricole et alimentaire. http://www.fao.org/ag/ags/index_fr.html Augmenter la recherchedéveloppement La recherche devrait viser à développer des technologies adaptées aux différents agriculteurs, avec une attention particulière aux petits agriculteurs qui disposent de peu de ressources. La recherche devrait être participative, impulsée de bas en haut, et répondre à une demande. Les technologies devront si possible être peu onéreuses et nécessiter peu ou pas d’achats d’intrants. Les technologies doivent être appropriées, écologiquement sûres et adaptées au contexte local. Puisque la recherche sera probablement effectuée par des entités publiques plutôt que privées, la recherche agricole publique devra être financée en conséquence et développée de façon volontariste aux côtés de la recherche privée. Les gouvernements doivent s’assurer que la technologie promue par le secteur privé n’obéisse pas uniquement aux intérêts privés et ne soit pas la seule option possible pour les agriculteurs. Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) David Hallam [email protected] Jamie Morrison [email protected] Eve Crowley [email protected] Fonds international de développement agricole (FIDA) Shantanu Mathur [email protected] Références Ce document a été préparé par Sofia Naranjo, en collaboration avec Ramesh Sharma, Terri Raney, Jennie Dey de Pryck, Paola Termine, les membres des Divisions du conseil technique et des politiques du FIDA et bien d’autres (contacts). BBC News 2005. Questions–réponses sur la Politique Agricole Commune [disponibles enligne]. 1 2 FAO 2006. La situation des marchés des produits agricoles, Rome. FAO 2005. La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2005, Rome. 3 4 FAO 2004. La situation des marchés des produits agricoles, Rome. OCDE 2005. Les politiques agricoles des pays de l’OCDE: Suivi et évaluation 2005: Principales conclusions, Organisation de coopération et de développement économiques. 5 OCDE 2004. Producer and Consumer Support Estimates, Base de données 1986–2004 de l’OCDE, Organisation de coopération et de développement économiques. 6 7 CNUCED 2002. Les pays les moins avancés, rapport 2002. Échapper au piège de la pauvreté, Genève: Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. 8 OMC 2006. Statistiques du commerce international 2006, Organisation mondiale du commerce. Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html Agriculture et DéveloPPement rurAl DurAbles (ADrD) Document sur les Politiques 4 2007 L’ ADRD et... le rôle de l’agriculture dans la réduction de la pauvreté L’agriculturedurableconstitue une stratégie efficace de réductiondelapauvreté lorsqu’elleestassortiede stratégiesdedéveloppement ruraltraitantlesproblèmes économiques,sociauxet politiquesauxquelssont confrontéslespauvres. le saviez-vous? n Environ2,5milliardsdepersonnesdans lespaysendéveloppementdépendentde l’agriculturecommemoyend’existence.2 n 900millions(soit75%)despersonnesles pluspauvresaumondeviventenzones ruraleset,malgrél’exoderural,plusde 60%yvivrontencoreen2025.1 n 60%des450millionsdetravailleurs agricolesdanslemondeviventdans lapauvreté.4 n Dansdenombreuxpaysen développement,lesfemmesqui produisentpourtant60à80%de l’alimentationpossèdentmoinsde2%des terres5,ontaccèsà5%desressources devulgarisation5,à10%descrédits6et toutaussimarginalementauxintrants agricoles,àlaprisededécisions,àla rechercheetàlatechnologie. L’agriculturedurablepeut accroîtrelesrevenusetla productionalimentaireau niveaudesménages,tout enoffrantunealimentation meilleurmarché,plus d’opportunitésd’emploietde revenus,autantdefacteursde réductiondelapauvreté. n Lespauvresrurauxdépendentégalement desrevenusnon-agricolesquireprésentent 30à45%desrevenusduménage.3 n Enmoyenne,1%decroissanceagricole contribue2,2foisplusàréduirela pauvretéque1%decroissancedansles secteursnon-agricoles.7DansleChilides années90,chaque1%decroissance agricoleréduisaitlapauvretéde1,7%, tandisquelacroissanceglobalenela réduisaitquede0,8à1,0%.8 n Silesaidesaudéveloppementagricole ontchutédeprèsdesdeuxtiersentre 1987et1998,puislorsdeladernière décennie,laréductiondelapauvretéest enpertedevitesseelleaussi.1 n Presquetouslespaysquisontparvenusà réduirelapauvretéavaientpréalablement accruleurproductivitéagricole.2 ©iStockphoto.com/KlaasLingbeek-vanKranen Pourquoi faut-il agir? quels sont les n Lamajoritédespauvresvivent objectifs politiques? enzonesruralesetdépendent Agriculture et Développement rural Durables (ADrD) L’agricultureetledéveloppementrural sontdurableslorsqu’ilsrespectent l’environnement,sontéconomiquement viables,socialementjustes,culturellement appropriés,humainsetfondéssurune approche scientifique globale. Lespolitiquesdedéveloppement ruraldoiventviseràsatisfairelesbesoins nutritionnelsetautresbesoinshumainsdes générationsactuellesetfutures,maintenir –voiresipossibleaccroître–lescapacités delabasederessourcesnaturellesà produireetàserégénérer.Cespolitiques doiventégalementoffrirunemploidurableà cesgénérations,réduireleurvulnérabilitéet renforcerleurautonomie. n n n n n del’agriculturecommemoyen d’existence. Lespauvressouffrentdavantage delafaim,demalnutrition,de maladie(commeVIH/SIDA)et d’analphabétisme.Touscesfacteurs renforcentlapauvreté. Lesfemmesethommespauvresont peudechanceetdecapacitésde vaincre la pauvreté. Ils ne bénéficient pasforcémentdesfruitsdela croissance. Unengagementinternationalprévoitde diviserpardeuxlapauvretéd’ici2015. Letauxderéductiondelapauvreté entre1990et1998étaitde moinsd’untiersdesprévisionsqui permettraientd’atteindrecetobjectif.1 Lesstratégiesetlesoutilspouraffronter lapauvretéexistent,maisnesontpas misenoeuvreparmanquedevolonté politique,deressourcesadaptéeset disponiblesentempsopportun. n Promouvoirl’agricultureetle développementruraldurables,réduire lapauvretéetl’insécuritéalimentaire, toutenaméliorantlesmoyens d’existenceruraux. n Garantirauxpauvresl’accèsauxfruits delacroissance. n Promouvoirl’égalitédessexeset garantirauxpauvreslesmêmes opportunitésentermesd’accès auxressourcesnaturellesouautres richesses,auxinfrastructures,au marchéetauxservicessociaux (commel’éducationetlasanté)et financiers (tel le crédit). n Rendrelesfemmesetleshommes pauvresplusautonomes,leur permettredeparticiperauxprocessus deprisededécisionsetrenforcer lescapacitésdesinstitutions,des décideursetdesprofessionnelsdu développementàcollaboreravecles femmesetleshommespauvres. L’ ADRD et... le rôle de l’agriculture dans la réduction de la pauvreté les questions politiques Lafaim,lesfaiblesperspectivesd’avenir etlemoindreaccèsauxressourcessont sourcesdepauvreté.Unefortevolonté politiqueet,danscertainscas,une redistributionfondamentaledesrichesses s’imposentpourcorrigercedéséquilibre. Lesdimensionspauvretéet ADRD n Lespauvressontdépossédésàbien destitres.Ilsontunmoindreaccèsà l’alimentation,auxsoinssanitairesetà l’éducation,tandisqueleursressources etleuraccèsauxrichessessontlimités. Ilssouffrentd’unmoindrestatutausein deleurcommunauté,d’unmanque de confiance en eux et d’influence politique.Danscettesituation,quiest àlafoislacauseetlaconséquencede la pauvreté, il leur est très difficile de vaincrelapauvreté.Parexemple,lafaim etlamaladieréduisentlaproductivité d’unindividuetsacapacitéàétudier.3 n Cettesituationestencoreaggravée enzonesrurales,oùlesconditionsde viedespauvresetl’incidencedela pauvretésontexacerbées. n L’agricultureetledéveloppement ruraldurablescherchentà satisfairelesbesoinséconomiques, environnementaux,sociauxetculturels desgénérationsprésentesetfutures. Dèslors,l’ADRDpeuttraiterles différentesdimensionsdelapauvreté. L’expansiondel’agriculture etledéveloppementrural n Ledéveloppementagricoleaunimpact surlapauvreté,carlamajoritédes pauvresviventenzonesruraleset dépendentdel’agriculturecomme moyend’existence.3 n L’augmentationdelaproductivité agricolepeutaccroîtrelesrevenus desménages,toutenaméliorantla sécuritéalimentaireetleurcapacitéà faireface.Ledéveloppementagricole accroîtnonseulementlessalairesen zonesrurales,maisilaugmenteaussi indirectementlessalairesdespauvres et des travailleurs non qualifiés en zonesurbaines.8 n Avecl’augmentationdelaproductivité agricole,lesconsommateurspauvres des zones urbaines en bénéficient, 2 enachetantleurnourrituremeilleur marché.Celareprésented’importantes économies,carlespauvresconsacrent unegrandepartiedeleursrevenusà l’alimentation. n L’agricultureestfortementliéeaux autressecteurséconomiques.Deplus importantsrevenusetépargnesliés audéveloppementagricolegénèrent uneplusfortedemandedeproduitset servicesnonagricoles.Cettesituation créeàsontourdesopportunités d’emploipourlessans-terresetles salariésdusecteurindustriel. n Bienquelapartdel’agriculture danslePIBsoitenbaisseenraison del’évolutionéconomiqueetde l’industrialisation,l’agriculture constitueencoreunimportantfacteur decroissance. nLapauvreté,ledéveloppement agricoleetladégradationdes ressources1sontliés.Lespratiques agricolesinadaptées,lasurpopulation etlatransformationdeterresagricoles à d’autres fins contribuent à la dégradationdesressourcesnaturelles. Ilenrésulteunebaissedela productivitéagricole,delaproduction alimentaireetdesrevenus,quigénère àsontourdavantagedepauvreté. Cettedégradationpourras’aggraver silespauvressontcontraintsà intensifier la production, à s’étendre surdesterresàfaiblerendementet àsurexploiterlavégétation,autant d’actionscontrairesàladurabilité.12 Stratégiesdedéveloppement enfaveurdespauvres nDesstratégiescibléestraitanttoutes lesinégalitésdontsontvictimesles pauvres,etnotammentlesfemmes, s’imposentsil’onveutquelespauvres bénéficient du développement agricole etrural(voirl’encadré1). nUnecroissancefavorableauxpauvres présupposeledéveloppementdes secteursagricoleetnon-agricole,car lespluspauvresdépendentsouvent derevenusrurauxmaisnon-agricoles gagnésdansunmarchélimitéet local.Lademandedumarchéet donclesrevenusdespauvresne progresserontqu’avecl’augmentation desrevenusagricoles.3 nLesstratégiesfavorablesauxpauvres devrontégalementprotégercette populationdéjàvulnérabledesrisques etdescrisesnaturellesouprovoquées parl’homme. nInvestirdansl’éducation,la recherche,lesressourceshumaines etlesinfrastructuresestrentable etcontribueàréduirelapauvreté. EnAsie,pourchaqueannée supplémentaired’éducationformelle, laproductivitéagricoleaugmentede 4%enmoyenne.10 nIlconvientdebiengérerlerôle traiter les inégalités pour réduire la pauvreté3 AuxPhilippines,entre1965et1980,plusieursorientationséconomiquesetsociales auraientpuréduirelapauvreté.Citonsnotamment: n unecroissancedelaproductionagricole(de5,2%)serépartissantenproportionségales entrelerizetlesculturesd’exportationsnontraditionnelles n unecroissancedelaproductiond’élevage(de6,4%) n desinvestissementsgouvernementauxmultipliéspar7dansl’agriculture,dont50% pourlesinfrastructuresd’irrigation(contre2%pourlesroutesrurales) n defortsinvestissementsenressourceshumaines,setraduisantparunforttaux d’alphabétisation,unefaiblemortalitéinfantileetuneespérancedevieélevée. Malgrécesorientationsetleforttauxdecroissanceagricole,lapauvretén’apasété réduitelorsdecettepériode,car: n seulement18%desterrescultivablesfurentirriguées n seuleslesgrandesfamilles,ayantdéjàunmeilleuraccèsauxinfrastructures, bénéficièrent de subventions en matière de crédit et d’engrais n lesgrosagriculteursjouirentégalementdesubventionsimplicites(sousformedetaux dechange,detarifsdouaniersetdetauxd’intérêtfavorables)surlesimportationsde machinesagricolesquiremplacèrentlestravailleursagricolessans-terres. Suiteàcesinégalités,l’accroissementdesrevenusgénéréparledéveloppementagricole bénéficia essentiellement aux riches, tandis que la pauvreté augmentait. L’ADRDet...lerôledel’agriculturedanslaréductiondelapauvreté quelles sont les options politiques? Cechapitreprésentedes recommandationspouraméliorer ladurabilitédel’agricultureetdu développementrural,etenparticulier pourréduirelapauvreté. Servicessociaux nGarantirauxpauvresetauxpersonnes vulnérablesunniveauderevenu minimumetunesécuritésociale. nGarantirauxpauvresl’accèséquitable auxservicessociaux,notamment l’éducationetlasanté. noffrirunsystèmedeprotectionpour minimiserl’impactdescatastrophes naturellesoucauséesparl’homme, toutenaidantlespauvresàse remettredecescrises. nRenforcerlescompétencesetles capacitésdespauvresàaméliorerla productivitéagricole. Ressourcesnaturelles nRechercheretélaborerdespratiques favorablesauxpauvresetdurables, pouraccroîtrelaproductivité agricoleetgarantirlacontribution etlaparticipationdespauvresà cetterecherche. noffrirdesprogrammesde vulgarisationetd’éducation,tout enaidantlespauvresàpromouvoir l’adoptiondepratiquesagricoles durablesquiprotègentetpréservent l’environnement.Cesprogrammes doiventprendreenconsidération de faibles ressources financières et responsabilités,lemoindreaccèsà l’éducationouàlaformationetlaplus fortevulnérabilitédespauvres. nGarantirauxpauvresetauxgroupes marginalisés,commelesfemmeset lessans-terres,l’accèsàlaterre,à l’eau,auxarbres,auxforêtsetaux autresressourcesnaturelles,par desloiscoutumièresetstatutaires. L’accèsinéquitableauxressources empêchederéduirelapauvreté mêmequandl’agricultureprospère. Lapréservationdesressources naturellessupposequeles agriculteursvoientleursdroitsde propriétégarantis. n Promouvoirdesprocessusderéforme agraireprévoyantparticipationet redistribution,pourrendrelesterres accessiblesauxsans-terresouà ceuxquiensontpresquedémunis, tout en distribuant les bénéfices du développementagricoleauxpauvres. nRéduirelescoûtsdestransactions commercialesetdesbaux,pouroffrir auxagriculteurspauvresunmeilleur accèsàlaterreetauxressources naturelles. nGarantirauxpauvresl’accèsàune productionénergétiquesûreetàun prixabordable,toutenencourageant l’utilisationdebiocarburantsà faibleémissiondecarbone,capable d’empêcherl’érosion,d’accroître laproductionalimentaireetla biodiversité.9 Services financiers nGarantirauxpauvresunaccès équitableàunegrandevariétéde services financiers, de produits d’épargne,decréditetd’assurance. nEnvisager des avantages fiscaux, uneassurance-crédit,desgroupes d’épargneetd’autresmesurespour réduirelesrisquesetlescoûtsde transactionsurl’offredeservices financiers aux pauvres. Accèsauxactifsetaux infrastructures nAméliorerlesinfrastructuresde transport,decommunication, d’alimentationeneauetenélectricité, carlesinfrastructuresruralessontune conditionpréalableàl’augmentation delaproductivitéagricole. nGarantirauxpauvresl’accèsauxoutils etéquipementsdontilsontbesoin pourtravailler.4 Commerceagricoleet politiquesdemarché nS’assurerquelesfemmesetles hommespauvresdeszonesrurales puissenttrouverdesmoyens d’existenceadaptésdansla FAo/DjibrilSy complémentairedessecteurspublic etprivédansledéveloppementrural. onassistecesdernièresannées àunebaissedesinvestissements publicsdansl’agricultureenfaveur dudéveloppementrural,tandisquele secteurprivéneparvientpastoujours à combler ce déficit. production,latransformationetle commercedeproduitsagricolesau niveaulocal,nationaletinternational. nElaboreretmettreenœuvre, danslespaysendéveloppement, despolitiquesquiréduisentla dépendancevis-à-visdesimportations alimentaires,encouragentetfacilitent latransformationnationaledela productionagricole,augmentent lesaidesauxpetitsagriculteurs, permettentdemieuxparticiperau commerce agricole et d’en bénéficier. nRendrelemarchéplusaccessible auxpauvresenaméliorantles infrastructures(parexemple lesroutes),lessystèmesde communication,lalégislation, ladisponibilitéetl’utilisation d’informationssurlesmarchés. Elaborationparticipativedes politiques nDoterlespauvresdeszonesrurales de plus de responsabilités afin qu’ils influencent les processus de prise de décisions,dontilssontjusqu’iciexclus. nMettreenœuvredesprocessus d’élaborationdepolitiquesqui impliquentlespauvresdansles processusdeprisededécisionsquiles affectent,pourrenforcerlacohésion socialeetl’équité. Institutions nRenforcerlesorganisationsrurales (tellesquelesorganisations d’agriculteursetlessyndicats)pour AGRICULTUREETDéVELoPPEMEnTRURALDURABLES(ADRD)DoCUMEnTSURLESPoLITIqUES 3 L’ ADRD et... le rôle de l’agriculture dans la réduction de la pauvreté offrirauxagriculteurspauvresdes économiesd’échelleetuneproductivité supérieures,leurpermettred’exercer unleadershipetdévelopperdes capacitésdenégociationenmatière detransactionscommercialeset deprocessuspolitiques11,touten instaurantunelégislationpermettant auxproducteursetauxtravailleursde s’organiseretdesefédérer. nRenforcerlescapacités institutionnellesetprofessionnelles pourinclurelespauvresdansles institutionsetdanslesprocessusde prisededécisionsquilesconcernent. nRenforcerlesliensentrelessecteurs publicetprivé,entreleszonesrurales eturbainespourpromouvoirles marchésetlaformationdechaînesde valeur,toutenaugmentantlesservices enzonesrurales. Ciblerlesfemmesetles pauvres nInvestirparticulièrementdansles femmes,lespauvresetlesgroupes marginalisésquireprésententune grandepartiedelamaind’œuvre agricole.Renforcerlesservices rurauxpourrépondreàleurs besoins spécifiques en matière d’information,derecherche,d’intrants, de technologies, de finance et de ressourcesnaturelles. engagements internationaux DessignatairesdelaConférencedes nationsUniespourl’Environnementetle Développement(en1992)enfaveurde l’ADRD(Chapitre14).Cesengagements ontétéréitérésdanslecadreduSommet mondialpourledéveloppementdurable (en2002)[www.worldsummit2002.org], duSommetmondialpourl’alimentation: cinqansaprès(en2002)etdesobjectifs dedéveloppementdumillénaire[www. un.org/millenniumgoals]. Silesobjectifsdedéveloppementdu millénairecomprennentunobjectif spécifique visant à réduire de moitié la pauvretéetlafaimd’ici2015,atteindre cet objectif constitue un réel défi face àlamondialisation.Satisfairecet 4 engagementinternationalderéductionde lapauvretérequiert: nlalibéralisationducommerce combinéeàdespolitiquesetdes investissementspermettantaux pauvres de bénéficier d’opportunités demarché,toutenlesprotégeantde crisescommerciales. ndespolitiquesetdesmécanismesde mobilisationdesressourcesprivées etpubliquesàplusgrandeéchelle, pourluttercontrelapauvretéet lafaimgrâceàl’agricultureetau développementrural. nuneaidepluseffective,maîtriséepar lespays,alignéeetharmonisée. contacts organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAo): Kostas stamoulis [email protected] margarita Flores [email protected] neela gangadharan [email protected] eve crowley [email protected] Fonds international de développement agricole (FiDA) rudolph cleveringa [email protected] références CedocumentaétépréparéparKaren Powell,encollaborationavecJennieDey dePryck,PaolaTermine,olivierDubois, David Palmer, Sofia Naranjo, les membres desDivisionsduconseiltechniqueet despolitiquesduFIDAetbiend’autres (contacts). FiDA 2001. Ruralpovertyreport2001: thechallengeofendingruralpoverty, oxfordUniversityPress,oxford, http://www.ifad.org/poverty/. 1 2 DFiD 2005. Growthandpoverty reduction:theroleofagriculture,ADFID policypaper,DFID,Royaume-Uni. unité des études prospectives globales de la FAo, 2003.“Agriculture inpovertyalleviationandeconomic development”,Chapitre8deAgriculture mondialehorizon20152030,FAoet Earthscan,Rome. 3 4 Hurst, P., termine, P. et Karl, m., 2005. Agriculturalworkersandtheircontribution tosustainableagricultureandrural development,FAo,BITetUITA. L’ADRDet...lerôledel’agriculturedanslaréductiondelapauvreté outils et ressources Documents du FiDA, 2006, de stratégie pour la réduction de la pauvreté: portailsurla pauvretérurale,http://www. ruralpovertyportal.org/french/index. htm Dixon, J., gulliver, A. et gibbon, D. 2001. Systèmesdeproduction agricoleetpauvreté:améliorerles moyensd’existencedesagriculteurs dansunmondeenchangement, FAoetBanquemondiale,Romeet Washington. FAo 2002.Women’sRighttoLand:A HumanRight.8mars. 5 PnuD 1995.Rapportsurle développementhumain.newYork:oxford UniversityPress 6 7 christiaensen, l., Demery, l. et Kuhl, J. 2006.Theroleofagricultureinpoverty reduction:anempiricalperspective, document4013delaBanquemondiale derecherchesurlespolitiques,Banque mondiale,Washington, http://econ.worldbank.org. 8 lopez, r. and Anriquez, g. 2003.Poverty moduleChile,Rolesofagricultureproject internationalconference,october2003, FAo,Rome. comité de l’agriculture de la FAo, 2005. Bioénergie,point7duprogramme provisoire,13-16avril2005,Rome. 9 10 byerlee, D., Diao, X. et Jackson, c. 2005. Agriculture,ruraldevelopmentandpropoorgrowth:countryexperiencesinthe post-reformera,documentdediscussion 21surl’agricultureetledéveloppement rural,Banquemondiale,Washington. crowley e. et al. 2005.Organizations ofthepoor:conditionsforsuccess, FAo,Rome. 11 12Programme des nations unies pour le développement, 2004.Thepoverty- environmentnexus,Draftpracticenote, www.undp.org Lesdocumentspolitiques“ADRDet…” sontconçuspourencourageretaiderles gouvernementsàdévelopperetmettreen œuvredespolitiquespouratteindrel’agriculture etledéveloppementruraldurables. Cettesérieestproduiteparl’InitiativeADRD, uncadremultipartiteétabliensoutien delatransitionversuneagricultureetun développementruraldurablescentréssurla personne.L’initiativeestmenéeparlasociété civile,soutenueparlesgouvernementset agencesintergouvernementalesetaniméepar lawww.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD 2007 et... l’agriculture biologique L’agriculture biologique nourrit la planète autant qu’un autre mode de production agricole. L’agriculture biologique offre, à toute la chaîne de production des aliments et des fibres, une approche de l’agriculture, de l’aquaculture et de la cueillette sauvage respectueuse de l’environnement et de la société. Elle allie la science moderne au savoir traditionnel, permet aux agriculteurs de transformer des exploitations agricoles à faible apport d’intrants ou de subsistance en systèmes plus productifs, tout en tirant davantage profit des ressources locales disponibles. En utilisant bien les ressources naturelles et la biodiversité, en recyclant les ressources renouvelables, l’agriculture biologique permet aux agriculteurs, aux pasteurs et aux pêcheurs de prospérer sans intrants agricoles extérieurs. Le marché biologique offre des opportunités d’emploi et de revenu en zones rurales. Des politiques sont nécessaires pour rendre l‘agriculture biologique plus accessible et favoriser ainsi l’agriculture durable, le développement rural et la sécurité alimentaire. Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. Le saviez-vous? Lors de ces dix dernières années, l’agriculture biologique a progressé d’une situation de niche à un réel marché. Ce qui montre bien son potentiel pour les entreprises. L’agriculture biologique est le secteur alimentaire qui connaît la croissance la plus rapide, avec une progression soutenue de 10% par an depuis plus de 10 ans. Avec un chiffre d’affaires annuel de 30 milliards de dollars E.U. en 2005, les aliments et boissons biologiques atteignaient une part de marché de 1 à 4% dans les pays industrialisés. En Chine, les ventes de détail de produits biologiques atteignent 150 millions de dollars E.U. par an, tandis que le marché intérieur de plusieurs pays en développement est en plein essor. Dans le monde, plus de 50 millions d’hectares sont certifiés comme terres biologiques, dont 31 millions d’hectares de cultures et de pâturages et 19 millions d’hectares de forêts. Le Brésil et de nombreux pays de l’Union Européenne prévoient que 20% de leurs terres agricoles seront gérées de façon biologique d’ici 2010. Pourquoi faut-il agir? L’agriculture biologique contribue au développement rural Des politiques d’agriculture biologique mûrement réfléchies constituent une réponse aux différents problèmes économiques, sociaux, politiques et environnementaux qui pèsent sur les communautés rurales. Elles peuvent avoir un impact très positif sur les revenus, la sécurité alimentaire, la responsabilisation des communautés, la préservation des ressources naturelles, le développement rural et l’environnement. Des politiques respectueuses de l’agriculture, capables de générer davantage de nourriture et de revenus en zones rurales, peuvent contribuer à vaincre la faim et la pauvreté. Mais, sans le soutien des gouvernements, sans politiques adaptées, cela ne se produira pas. Les technologies à fort coefficient d’intrants et l’offre de crédit ne peuvent satisfaire les besoins des pauvres. La hausse du coût des intrants combinée à la baisse des prix à la production constitue d’ores et déjà une pression très forte pour la plupart des agriculteurs, en particulier pour ceux incapables d’investir vraiment. Les politiques et les actions gouvernementales en faveur du développement de l’agriculture biologique se référent essentiellement à une concurrence commerciale équitable et aux effets positifs sur l’environnement, sans vraiment intégrer les questions d’agriculture biologique dans les objectifs des politiques rurales. Les aides gouvernementales pour une recherche-développement qui adapte la production aux différents écosystèmes et traditions culturelles demeurent encore limitées. Les pratiques de l’agriculture biologique améliorent la gestion et la performance de l’écosystème agricole. Là où le marché existe, les produits biologiques certifiés offrent de réels débouchés à l’export. L’agriculture biologique peut inverser le phénomène d’exode rural, en rémunérant mieux le travail des familles d’agriculteurs tout en offrant des opportunités d’emploi aux travailleurs locaux jusqu’ici sousemployés. L’ ADRD et... l’agriculture biologique Ethique de l’agriculture biologique L’agriculture biologique au programme des ONG La Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM) est une communauté composée de plus de 750 organisations membres dans 108 pays. Les partisans de l’agriculture biologique luttent pour la plus haute forme d’éthique, fondée sur les 4 principes élaborés par l’IFOAM. Ces principes valent pour l’agriculture au sens large, y compris la façon de traiter les sols, l’eau, la faune et la flore, pour produire, préparer et distribuer des biens. Cela comprend tant la manière de se comporter avec les autres et d’interagir avec les paysages vivants, que l’héritage légué aux générations futures. des gouvernements 70 pays ont une réglementation sur les questions biologiques, à différentes phases d’application, couvrant les exigences en matière de production, transformation, certification, étiquetage et commercialisation des produits biologiques. du secteur privé Quelque 400 entités s’occupent des questions de certification biologique. En outre, les principaux négociants et détaillants de produits alimentaires dans le monde offrent maintenant des produits biologiques à leurs clients. L’agriculture biologique protège l’environnement Les dégâts causés par l’agriculture industrielle sur l’environnement et sur les communautés rurales sont solidement documentés. Parmi ces dégâts, citons: les émissions de gaz contribuant à l’effet de serre, la pollution des eaux, la disparition de la biodiversité, la dégradation des terres et la forte résistance des mauvaises herbes et des ravageurs aux herbicides et pesticides chimiques. Dans les pays de l’OCDE, le coût de l’agriculture sur l’environnement et la santé est en moyenne de 200 dollars E.U. par hectare et par an. On peut éviter ces dommages en faisant payer les produits biologiques au prix fort et, effectivement, les consommateurs choisissent ces produits pour pallier les échecs des politiques d’agriculture conventionnelle. Quels sont les objectifs politiques? Les politiques actuelles visant à améliorer les performances agricoles sur l’environnement prévoient: l’interdiction d’utiliser certains pesticides, des amendes en cas de pollution des eaux, des mesures financières incitatives pour bonifier des terres à faible rendement ou encore le financement de technologies permettant de minimiser les dégâts. Toutefois, ces instruments politiques sont souvent mal appliqués. Il leur manque le soutien qui permettrait d’étendre la gestion biologique holistique, capable d’empêcher les problèmes environnementaux. Les 4 principes de l’agriculture biologique Santé – L’agriculture biologique devrait soutenir et améliorer la santé des sols, des plantes, des animaux et des hommes considérés comme un tout. Ecologie – L’agriculture biologique devrait se fonder sur les systèmes et les cycles de la faune et de la flore, produire en harmonie avec eux, les imiter et aider à les maintenir. Equité – L’agriculture biologique devrait se fonder sur des relations équitables en matière d’environnement et de perspectives d’avenir. Soin – L’agriculture biologique devrait être gérée avec précaution et responsabilité pour protéger l’environnement, la santé et le bien-être des générations présentes et futures. Des politiques d’agriculture biologique bien conçues peuvent aborder trois aspects fondamentaux du développement agricole durable: IFOAM l’hygiène de l’environnement – mediante la conservación y el uso sostenible de recursos naturales dentro y fuera del agroecosistema; le développement rural – mediante el empleo y el empoderamiento de la comunidad; la création de revenus – grâce à la diversification, la création de valeur ajoutée, la commercialisation et le négoce. 2 L’ADRD et... l’agriculture biologique Pour réussir, ces politiques devront être intégrées, ou au moins harmonisées, aux politiques de préservation de la nature, de développement rural et de production alimentaire. Cela suppose d’étendre le concept d’agriculture biologique, car il ne s’agit pas d’une simple mesure agroenvironnementale mais bien d’un moyen favorisant des stratégies de moyens d’existence durables en zones rurales. Les synergies entre l’agriculture biologique, l’agrotourisme et la préservation de l’environnement en résultant offriraient aux entreprises rurales dynamiques des opportunités viables. Quels sont les choix politiques? L’agriculture biologique offre des solutions en matière de: préservation des ressources naturelles, rentabilité agricole et bonne santé des terres, des écosystèmes et des populations. Cependant, si les agriculteurs n’ont pas accès à des ressources comme la terre ou l’eau et si l’agriculture est trop taxée, ils seront peu motivés par la gestion biologique. En outre, rappelons que l’agriculture biologique répond davantage à une demande du marché que d’autres secteurs alimentaires. Dès lors, les politiques doivent reconnaître les besoins des consommateurs et des producteurs. promouvoir un développement commercial et éduquer les consommateurs; concevoir et mettre en place des activités pertinentes de recherche, formation et vulgarisation, notamment en encourageant les réseaux à échanger des informations sur la recherche, la formation et le conseil entre agriculteurs. Dans l’Union Européenne, c’est sur la réglementation du commerce de produits biologiques que se fondent les aides directes aux agriculteurs biologiques sous l’égide des programmes agroenvironnementaux de la Politique Agricole Commune. Promulguer une politique volontariste en matière d’agriculture biologique De réelles mesures politiques en faveur de l’agriculture biologique requièrent la suppression des obstacles et des freins à l’agriculture biologique. Cela comprend notamment les mesures ayant un effet dissuasif comme les subventions gouvernementales sur les engrais chimiques, tandis que la production biologique ne peut être commercialisée comme telle en raison de l’éventuelle contamination par des organismes génétiquement modifiés (OGM). Les objectifs varient d’un pays à un autre Les politiques d’agriculture biologique varient d’une région à l’autre et d’un pays à l’autre. Au Chili, les politiques se concentrent sur la création de revenus liés aux exportations. La Malaisie voit dans l’agriculture biologique un moyen de soutenir le marché intérieur et de réduire les importations. Les politiques sont axées sur la protection de l’environnement au Danemark, sur le développement rural en Afrique du sud, sur le renforcement de la compétitivité des petits exploitants en Inde, ou encore sur une stratégie commerciale qui fonde la compétition sur la qualité et non plus sur la quantité dans les petits Etats insulaires. Pour aller de l’avant, il convient de dédier des fonds spécifiques à la recherche biologique et de concevoir des programmes en collaboration avec les agriculteurs pour s’appuyer sur leurs connaissances traditionnelles. Des mesures volontaristes supposent que l’on intègre l’agriculture biologique dans les services d’enseignement général et de vulgarisation, en promouvant le développement de technologies comme les techniques améliorées de compostage, Elaborer et appliquer une politique propice avec des objectifs clairs constitue, selon toute logique, un premier pas en faveur de l’agriculture biologique. Les interventions, souvent définies dans un plan d’action, doivent cibler les éléments de la chaîne alimentaire liés à l’offre et à la demande, en particulier: IFOAM établir le cadre juridique et institutionnel, en définissant notamment des normes adaptées à tous les niveaux de la chaîne de production biologique, depuis la production jusqu’à la transformation, la certification et l’étiquetage des produits; offrir des mesures incitatives, mais aussi un savoir-faire technique et organisationnel aux producteurs, avec notamment des aides aux revenus grâce à des programmes agro-environnementaux et de développement rural; AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... l’agriculture biologique la sélection et les essais de semences biologiques. Ces programmes peuvent soutenir l’innovation dans les techniques de production, la transformation, la commercialisation et le commerce de détail de produits alimentaires. ©iStockphoto.com/Bela Tibor Kozma Tout comme les autres aliments, les produits biologiques sont soumis à des contrôles sanitaires et d’hygiène. L’agriculture biologique répond aux préoccupations des consommateurs en matière d’hormones, d’antibiotiques et de résidus de pesticides dans la nourriture, mais aussi aux craintes des travailleurs et des agriculteurs quant aux conditions de travail, en offrant un environnement professionnel plus sain et plus sûr dans l’exploitation agricole, grâce au moindre usage de produits chimiques. En outre, l’agriculture biologique contribue à développer le marché alimentaire local et régional grâce à la chaîne de production directe entre le producteur et le consommateur, encourageant ainsi les populations à se nourrir d’aliments locaux. Les grandes industries alimentaires et les détaillants ont pénétré le secteur biologique, signe que le marché mondial reconnaît désormais la préférence des consommateurs pour des produits de grande qualité. 4 L’ADRD et... l’agriculture biologique FAO/J. Boethling L’agriculture biologique et la sécurité sanitaire du consommateur Comment intervenir: promouvoir l’agriculture biologique Suite à l’industrialisation de l’agriculture, le consommateur et le producteur alimentaire sont dorénavant très éloignés l’un de l’autre. L’agriculture biologique rétablit un lien en commercialisant des produits traditionnels résistants, tout en permettant une agriculture fiable utilisant moins d’intrants chimiques et en établissant des systèmes alimentaires de qualité. Les autorités locales peuvent créer les conditions de développement des marchés locaux en: organisant un marché d’agriculteur quotidien ou hebdomadaire dans les grandes villes; offrant des aliments biologiques locaux dans les cantines publiques, notamment dans les écoles et dans les hôpitaux; promouvant un agrotourisme écologique; montrant aux jeunes que les habitudes alimentaires, l’agriculture et l’écologie sont interdépendantes. Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Nadia Scialabba [email protected] Eve Crowley [email protected] Paola Termine [email protected] Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM) Cristina Grandi [email protected] Références Ce document a été préparé par Nancy Hart, en collaboration avec Jenny Dey de Pryck, Paola Termine, Louise Luttikholt et bien d’autres (Contacts). El-Hage Scialabba et Hattam 2002. L’agriculture biologique, l’environnement et la sécurité alimentaire. Rome: FAO. Willer et Yussefi 2006. The World of Organic Agriculture: Statistics and Emerging Trends. IFOAM/FiBL. de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AgRicultuRe et DéveloPPement RuRAl DuRAbles (ADRD) Document suR les Politiques 2 L’ ADRD 2007 et... le travail des enfants le travail des enfants Il peut sembler moins tragique de voir un enfant mener un troupeau, aider ses parents à cueillir des fruits ou encore pêcher qu’un enfant travaillant en usine. Pourtant, 10 millions d’enfants sont confrontés à des situations dangereuses, voire parfois mortelles, dans l’agriculture. S’il n’existe pas de frontières claires entre la notion d’enfants “travaillant” dans l’agriculture et de “travail des enfants” dans l’agriculture, il existe une différence énorme entre un enfant scolarisé donnant un coup de main à l’exploitation agricole parentale et un enfant travaillant 40 à 60 heures par semaine, souvent dans un emploi risqué et pénible. Eliminer le travail des enfants dans le secteur de l’agriculture constitue un défi de taille, car les enfants y représentent le tiers de la main d’oeuvre. Les politiques, qui visent à éliminer le travail des enfants dans l’agriculture, entendent réduire les risques sanitaires et d’insécurité dans l’agriculture, les forêts et la pêche, tout en stimulant et en offrant un meilleur accès à l’éducation. Mais ces politiques doivent s’en prendre avant tout à la racine du mal: la pauvreté. Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. le saviez-vous? DAns le monDe n 318 millions d’enfants de moins de 18 ans travaillent dans une activité productive quelle qu’elle soit. n 218 millions d’enfants participent à ce que l’on appelle le travail des enfants. n 126 millions des enfants astreints au travail ont une activité dangereuse. DAns le secteuR De l’AgRicultuRe n 70% des enfants astreints au travail, soit plus de 132 millions d’enfants, travaillent dans l’agriculture. n L’agriculture fait partie des trois activités professionnelles les plus dangereuses, au même titre que l’activité minière et le bâtiment. n Le travail des enfants est en progression dans les activités de transformation après récolte, le transport, le commerce et les industries agricoles. Pourquoi faut-il agir? Des RAisons D’oPtimisme, mAis Aussi Des Défis n Entre 2000 et 2004, le nombre d’enfants astreints au travail a diminué de 11% dans son ensemble, et de 26% (soit la plus forte réduction) dans les activités dangereuses. • L’Amérique latine et les Caraïbes ont joui de la plus forte diminution – la proportion passant de 16,1% à 5,1%. • L’Asie aussi a connu une réduction, mais à un rythme inférieur aux prévisions – la proportion passant de 19,4% à 18,8%. • L’Afrique, qui est confrontée à une croissance démographique et à d’énormes pertes de travailleurs agricoles dues à des maladies comme le SIDA, a connu une légère croissance – avec un taux passant de 26,4% à 28,8%. n C’est dans le secteur de l’agriculture que la réduction du travail des enfants a été la plus faible. n Les filles assument souvent les responsabilités du ménage en plus de n Le travail des enfants dans l’agriculture leur travail agricole pour libérer leur renforce le cycle de la pauvreté rurale. mère de ces tâches et leur permettre Les enfants travaillent dans l’exploitation ainsi de prendre un emploi rémunéré agricole familiale ou comme employés ou de travailler dans l’exploitation pour compléter les maigres revenus agricole familiale. Dès lors, souvent de parents qui ne gagnent pas elles n’ont pas le temps d’aller à suffisamment pour faire vivre la famille l’école ou, si elles y vont, elles sont ou pour les envoyer à l’école. trop fatiguées pour étudier. n Les salaires des enfants sont inférieurs n Les garçons sont souvent engagés à ceux des adultes. En fournissant dans des tâches plus lourdes et un travail bon marché, ils placent plus dangereuses que les filles, par les travailleurs agricoles adultes en exemple pour couper la canne à sucre situation difficile: il leur sera plus ou pêcher sur des petits bateaux en difficile de négocier des salaires justes pleine mer. et décents. n Refuser une éducation aux enfants des n Outre la menace immédiate de zones rurales et les mettre dans une machines dangereuses, d’outils situation professionnelle qui nuit à leur tranchants et de poids trop lourds pour santé, à leur développement physique eux, les enfants exposés aux produits et mental, les empêche de se former à agricoles chimiques, à la poussière ou un travail plus qualifié (agricole ou non) aux fibres sont davantage susceptibles et réduit leurs capacités économiques d’attraper des maladies qui ne se futures. révèleront peut-être qu’à l’âge adulte. L’ ADRD et... le travail des enfants Participer à l’exploitation agricole ou aux autres activités du ménage, notamment dans une agriculture de subsistance, permet aux enfants de développer les compétences dont ils auront besoin pour réussir en tant qu’agriculteurs. Cela leur donne également un sens d’appartenance à la communauté qui forge un sentiment d’amour-propre et de bien-être en société. Cette participation devient problématique lorsque les activités agricoles interfèrent avec l’école, lorsque le travail agricole de la famille est dangereux ou lorsque les enfants doivent, pour aider financièrement la famille, prendre des emplois rémunérés dangereux pour lesquels ils ne sont ni assez forts, ni assez mûrs. les travailleurs enfants dans l’agriculture: qui sont-ils? L’emploi des enfants dans l’agriculture, les forêts ou la pêche est souvent sousestimé dans les statistiques du travail: le nombre total demeure inconnu encore aujourd’hui. Pourtant, dans presque toutes les communautés pauvres agricoles, pastorales ou de pêcheurs du monde entier, les enfants doivent contribuer aux activités de l’exploitation agricole familiale, en travaillant pendant de longues heures et aussi dur que leurs parents à chaque niveau du système de production. Dans l’exploitation agricole familiale, les enfants travaillent aux côtés de leurs parents. Dans les plantations, les enfants – qu’ils travaillent de façon permanente, saisonnière ou comme travailleurs immigrés – ne sont souvent pas considérés comme employés, même s’ils contribuent au salaire de leurs parents. Dans les plantations, les grandes exploitations agricoles à caractère commercial et les industries agricoles, un enfant perçoit pour son labeur moins qu’un adulte, bien qu’il ait les mêmes responsabilités et soit confronté à autant de risques, si ce n’est davantage. On ne connaît pas non plus la répartition par genre du travail des enfants dans l’agriculture. Toutefois, on sait que dans le secteur des pêches où les enfants représentent jusqu’à 5% de la main d’œuvre, plus de 85% d’entre eux sont des garçons travaillant directement sur un bateau ou dans la transformation, tandis que les filles aident à nettoyer le bateau et à la transformation. Dans la plupart des ménages d’agriculteurs, les filles s’occupent plus souvent du jardin potager, 2 L’ADRD et... le travail des enfants du petit élevage, d’aller chercher l’eau et le combustible, tandis que les garçons travaillent aux champs et s’occupent du gros élevage. quels sont les objectifs politiques? Les politiques qui favorisent l’augmentation de la production et de la productivité agricoles, l’amélioration des mesures de sécurité sur le lieu de travail et des services de santé, une éducation de qualité pour les enfants ou encore des emplois meilleurs et en plus grand nombre pour les parents contribuent à l’essor de l’ADRD. Lorsque les adultes ont accès à un emploi décent, stable et productif, la survie de la famille ne dépend plus du revenu des enfants. Au niveau macroéconomique, la stabilité économique crée un environnement propice à la croissance. La croissance économique nationale peut contribuer à résoudre le problème du travail des enfants, si les pauvres bénéficient des fruits de la croissance, grâce à des mesures complémentaires comme: n une politique nationale sur les questions sociales et professionnelles, promulguant des lois qui favorisent l’élimination du travail des enfants, assurent la santé et la sécurité sur le lieu de travail, tout en établissant des mécanismes pour veiller à l’application de ces lois; n l’éducation et la formation, en offrant un accès abordable à une éducation pertinente et de qualité; n une mobilisation sociale, recherchant la participation des communautés et l’aide des médias pour mieux faire connaître le problème du travail des enfants; n une protection sociale, avec des politiques et des interventions qui aident les pauvres (et ceux qui pourraient le devenir) à réduire les risques de crises, atténuer leur impact et réagir aux dommages, afin que les familles vulnérables ne doivent pas retirer leurs enfants de l’école pour les envoyer travailler dans un emploi où ils seront exploités. stratégies pour éliminer et empêcher le travail des enfants, en réduisant la pauvreté Investir dans la prévention est l’approche la plus efficace à long terme pour mettre FAO/G.Torsello il y a une différence entre les tâches du ménage et le travail des enfants activité économique la plupart des travaux effectués par des enfants, pour le marché du travail ou non, payé ou non, à l’heure ou à temps plein, occasionnel ou régulier, légal ou illégal. Ne comprend pas les tâches effectuées au foyer ou à l’école. travail des enfants travail qui nuit aux enfants, les maltraite, les exploite ou les prive d’une éducation. Se réfère aux enfants qui travaillent au dessous de l’âge minimum requis pour travailler dans un pays donné. pires formes de travail des enfants sans condition – travail qui soumet les enfants à des activités comme la prostitution, la pornographie, le trafic, le travail forcé, les enfants soldats. dangereux – travail qui nuit à la sécurité, la santé et la moralité des enfants, notamment par des normes ou des conditions de travail insuffisantes en matière de sécurité et de santé. fin au travail des enfants. La prévention suppose, avant tout, de reconnaître que la pauvreté est la première cause sousjacente du travail des enfants. Les familles ont besoin d’une sécurité de revenus et d’avantages sociaux (comme l’accès aux soins de santé), pour survivre à des crises à court ou long terme sans dépendre du travail ou des revenus supplémentaires fournis par les enfants. Les organisations d’employeurs et d’employés ont également une part de responsabilité dans la recherche de solutions. De même, les systèmes majeurs en matière de développement et de droits de l’homme, comme les Objectifs de Développement du Millénaire et les stratégies de réduction de la pauvreté, doivent aborder le problème du travail des enfants. nRéduction de la pauvreté: améliore la situation économique des ménages, par exemple en améliorant l’accès à la terre et la productivité agricole, en diversifiant les possibilités économiques ou encore en augmentant les salaires et les rendements. nMesure incitative en faveur de l’éducation: apporte une aide sous forme de repas scolaires gratuits ou abolit les frais de scolarité notamment à l’école primaire pour stimuler la scolarisation. Les programmes gouvernementaux (ou d’organisations travaillant avec les gouvernements) offrent de l’argent ou de la nourriture aux familles dans le besoin pour les inciter à envoyer leurs enfants à l’école et ainsi réduire leur dépendance vis-à-vis du salaire des enfants. Plus important encore, ces programmes rendront plus fortes les générations futures, en offrant une éducation aux enfants d’aujourd’hui. Alors, peut-être ces générations à leur tour n’enverront pas leurs enfants travailler. nRéforme de l’éducation: organise le calendrier scolaire en fonction des saisons agricoles afin que les élèves soient libres lorsqu’on a le plus besoin d’eux aux champs. Conçoit des cours techniques et professionnels adaptés aux besoins spécifiques des jeunes agriculteurs, les encourage et les prépare à un avenir. nSystème de prévention et pour forger des capacités de récupération: stimule les systèmes de micro-assurance protégeant les petits agriculteurs en cas de perte des récoltes. Ce système peut recevoir l’aide du gouvernement ou d’agences non gouvernementales et être lié à de plus grosses structures comme des banques ou des systèmes de crédit. Les gouvernements peuvent apporter une aide sous forme de capital initial, de contributions et de lois favorables aux petits agriculteurs. nConvention collective: accroît le pouvoir de négociation des syndicats agricoles pour améliorer les salaires des adultes et sensibiliser aux problèmes des enfants, afin qu’ils incluent une clause sur le travail des enfants dans leurs contrats. nGroupe d’entraide: soutient les groupes, la gestion et l’épargne, en s’appuyant sur des coopératives ou des sociétés d’entraide qui renforcent les moyens d’existence des ménages et leurs capacités à rebondir. fAo/A.conti Définitions nTechnologie agricole: introduit une technologie à faible coefficient de main d’oeuvre pour réduire les corvées et le temps passé à des tâches agricoles, domestiques et rurales, pour ainsi faire moins travailler les enfants. nSanté et sécurité: sensibilise et forme au bon usage de l’équipement agricole et des produits agrochimiques. nSoins aux enfants: crée des structures où les parents qui travaillent peuvent laisser leurs enfants en toute tranquillité. Avancer grâce à des initiatives spécifiques nLancer une recherche sur les questions de genre: évaluer les problèmes particuliers auxquels sont confrontées les petites filles qui travaillent, pour concevoir des programmes d’aide adaptés. nEtudier l’efficacité des programmes en faveur de l’éducation: parmi les programmes en faveur de l’éducation, identifier ceux qui ont le plus d’impact et qui réduisent davantage le travail des enfants (par exemple en ciblant les garçons et/ou les filles, l’enseignement secondaire, etc.). AgRicultuRe et DéveloPPement RuRAl DuRAbles (ADRD) Document suR les Politiques 2 3 L’ ADRD et... le travail des enfants nSensibiliser et former les employeurs et les parents: réunir les gouvernements, les agences et les familles pour aborder ensemble les causes du problème et rechercher des solutions en remplacement du travail des enfants. nEtablir localement une règlementation pertinente sur l’emploi des enfants et pour améliorer les normes de santé et de sécurité: former à la gestion intégrée de la production et des ravageurs, pour être moins dépendants des pesticides et autres produits agricoles chimiques particulièrement nuisibles aux enfants. nRendre l’enseignement pertinent pour les enfants ruraux: contribuer au développement d’écoles pratiques d’agriculture et de vie qui apportent aux enfants des connaissances vitales, tout en adaptant le calendrier scolaire aux saisons agricoles. nIntégrer le problème du travail des enfants dans les activités existantes: tirer profit des programmes de développement qui existent dans les pays en développement (des programmes de terrain aux programmes gouvernementaux), pour aborder les problèmes du travail dangereux des enfants. nSoutenir le développement d’une technologie à faible coefficient de main d’oeuvre: réduire le poids qui pèse sur les familles, notamment sur celles qui ont perdu certains membres valides de la famille de maladies comme le SIDA. les conventions du bit sur le travail des enfants Convention no138 du BIT sur l’âge minimum Convention no182 du BIT sur les pires formes de travail des enfants Convention no184 du BIT sur la sécurité et la santé dans l’agriculture En sensibilisant l’opinion mondiale aux effets possibles d’un travail dur et souvent dangereux sur le développement, la santé et l’éducation des enfants, 156 nations avaient ratifié en 2006 la Convention 182. Suite à la réduction de 11% du travail des enfants dans le monde entre 2002 et 2006, le BIT a maintenant fixé l’objectif d’éliminer toutes les pires formes de travail des enfants d’ici 2016, dans le cadre de son Plan d’action mondial sur l’élimination du travail des enfants. Cet objectif a été bien accueilli par les membres du BIT, à savoir les gouvernements, les fédérations patronales et les syndicats de travailleurs. contacts Programme alimentaire mondial (PAm) nicholas crawford [email protected] organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (fAo) eve crowley [email protected] Ari gudmundsson [email protected] fédération internationale des producteurs agricoles (fiPA) mercy Karanja [email protected] fonds international de développement agricole (fiDA) Atiqur Rahman [email protected] maria Hartl [email protected] union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (uitA) sue longley [email protected] organisation internationale du travail (bit) Programme international pour l’élimination du travail des enfants [email protected] institut international de recherche sur les politiques alimentaires (ifPRi) Akhter Ahmed [email protected] Références Ce document a été préparé par Nancy Hart, en collaboration avec Paola Termine, Jennie Dey de Pryck, Peter Hurst et bien d’autres personnes (contacts). fAo 2007. “Children working in fisheries: policies to eliminate child labor and support livelihoods”, New directions in fisheries – a series of policy briefs on development issues. Rome. www.sflp. or/briefs/eng/policybriefs.html bit 2006. Tackling hazardous child labour in agriculture. Guidance on policy and practice. Genève. bit 2006. La fin du travail des enfants: un objectif à notre portée. Genève. L’ADRD et... le travail des enfants FAO/M.Bleich Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 19 2007 et... les régions de montagne L’ ADRD Le saviez-vous? 1 Bien que les populations de montagne soient plus exposeés à la pauvreté, la faim, la marginalisation sociale ou politique et aux conflits que les autres, les politiques actuelles pour une agriculture et un développement rural durables (ADRD) n’abordent pas les besoins ou potentialités de ces populations. L’ADRD en régions de montagne est également importante pour les basses terres car elle assure un approvisionnement adéquat en eau, la stabilité environnementale, la préservation de la biodiversité, de l’équilibre ruralurbain de la population, des sources de produits agricoles de valeur et la sauvegarde de l’héritage culturel. Quelques 720 millions de personnes, 12 pour cent de la population mondiale vivent dans des régions de montagne. Parmi elles, 80 pour cent vivent au dessous du seuil de pauvreté: 270 millions sont victimes de l’insécurité alimentaire et environ 135 millions souffrent de façon chronique de la faim. Les montagnes sont le lieu d’habitation de nombreuses populations indigènes parmi lesquelles la pauvreté est très répandue. Les montagnes couvrent 22 pour cent de la surface des terres du globe. Les régions montagneuses fournissent de l’eau douce à la moitié de la population mondiale. Pourquoi faut-il agir? produits et services. Il aide également à prévenir les désastres naturels tels que l’ensablement, les inondations et la pénurie d’eau grâce à des pratiques de gestion durable des terres. Les grandes tendances mondiales comme le changement climatique, la perte de la biodiversité, la migration et la mondialisation ont un impact fort sur les montagnes et nécessitent de meilleurs processus associant tous les acteurs pour définir les actions appropriées pour des gouvernements et de la société civile. A. Odoul, 1995/FAO Les populations les plus pauvres et qui Agriculture et Développement Rural Durables (ADRD) L’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils respectent l’environnement, sont économiquement viables, socialement justes, culturellement appropriés, humains et fondés sur une approche scientifique globale. Les politiques de développement rural doivent viser à satisfaire les besoins nutritionnels et autres besoins humains des générations actuelles et futures, maintenir – voire si possible accroître – les capacités de la base de ressources naturelles à produire et à se régénérer. Ces politiques doivent également offrir un emploi durable à ces générations, réduire leur vulnérabilité et renforcer leur autonomie. souffrent le plus de la faim habitent souvent dans les montagnes. Les montagnes sont fondamentales pour la vie humaine. Elles fournissent de l’eau douce à la moitié de la population; elles recèlent une diversité génétique et fournissent des produits alimentaires de base qui aident à nourrir la planète. Cependant, les écosystèmes fragiles des montagnes sont menacés par le changement climatique, la mondialisation et la dynamique des populations qui peuvent mener à la surexploitation ou à l’abandon de terres ainsi qu’à la dégradation de l’environnement. Rendre l’agriculture durable dans les régions de montagne est une condition préalable pour protéger l’environnement montagneux, favoriser l’économie rurale et les moyens d’existence des populations de montagne et assurer la fourniture de services environnementaux au reste de la planète. Un développement durable des régions de montagne est profitable pour les régions de basse altitude: économiquement, en fournissant denrées et produits, socialement par la sauvegarde du patrimoine culturel et du paysage; pour l’environnement en tant que fournisseur d’eau, de biodiversité, de régulation du climat et autres Quelles sont les options politiques? Pour aborder ces questions complexes, il est nécessaire d’améliorer les processus politiques et institutionnels afin de: s’assurer que les contraintes, la diversité, les potentiels et les autres spécificités2 des régions de montagne sont intégrés dans les politiques et les stratégies de l’ADRD; faire prendre conscience des spécificités des régions de montagne, des interactions en amont et en aval et de l’importance des montagnes pour le bien-être régional, national et mondial; soutenir les infrastructures et la valeur ajoutée de la production ainsi que les services dans les régions de montagne dans la mesure où ceux-ci sont essentiels au développement et aux moyens d’existence durable en montagne; L’ ADRD et... les régions de montagne mettre sur pied des dispositifs institutionnels pour coordonner les principales institutions aux niveaux national et transnational; favoriser la gestion des savoirs, l’échange d’informations et la mise en réseau de tout ce qui concerne les montagnes. Les questions politiques Les régions de montagne ont tendance à être inaccessibles, fragiles et marginales et à devoir faire face à une grande diversité d’autres contraintes pour leur développement. Cependant, la diversité de leurs cultures, les conditions de l’environnement et de leurs ressources constituent un potentiel pour que les produits et les services des régions de montagne présentent des avantages comparatifs par rapport à ceux des autres régions. Des politiques pour la production de valeur ajoutée et de services Les politiques qui encouragent la diversification et l’intégration d’activités économiques comme l’écotourisme, les produits de qualité de montagne ainsi que d’autres productions de valeur ajoutée sont essentielles pour le développement durable des montagnes. Les politiques existantes abordent rarement la diversité des moyens d’existence et la vulnérabilité des populations de montagne, ce qui se traduit par des communautés de montagne et des groupes vulnérables ayant des accès inégaux aux opportunités. En fait, les décideurs politiques ont une connaissance limitée de l’importance des régions de montagne et de leur population. Par ailleurs, les peuples des montagnes, la société civile et les preneurs de décisions ne sont généralement pas conscients des politiques qui existent et qui concernent les ressources des montagnes. La fourniture de biens et de services par les régions de montagne: les externalités positives Les montagnes fournissent une vaste gamme de biens et de services qui sont essentiels pour le reste de la société, créant ainsi une interdépendance entre les régions de hautes terres et de basses terres. 2 L’ADRD et... les régions de montagne Cependant, les marchés, les structures politiques et institutionnelles nationales pour le développement agricole ignorent souvent la dépendance des basses terres envers et les liens avec les régions de montagne. En conséquence, la diversité culturelle et les moyens d’existence des communautés rurales, les ressources naturelles qu’elles gèrent et les biens publics qu’elles fournissent sont sousévalués et pourraient diminuer de façon graduelle. Migration rurale urbaine La migration peut aider à soulager la pression exercée sur les terres et les ressources des montagnes et offrir des possibilités de gagner un revenu grâce à un emploi dans les régions urbaines et des envois de fonds. La migration met également la pression sur les infrastructures et les services urbains et contribue à la pauvreté urbaine et au chômage. Comme ce sont souvent les hommes jeunes en âge de travailler qui migrent, les femmes, les enfants et les personnes âgées ont tendance à être laissés pour compte. Ce qui se traduit par une «féminisation de l’agriculture» et un démantèlement des communautés rurales. Parité hommes-femmes et questions d’équité Les populations de montagne ont tendance à avoir des moyens plus faibles pour s’engager dans le développement et des processus politiques et sont parfois, volontairement ou involontairement exclues, ce qui crée des injustices, ou les renforce. En particulier, peu de politiques sont sensibles aux questions de genre, même si les femmes jouent un rôle significatif dans les sociétés de montagne en s’occupant des familles, des terres et des moyens d’existence. Patrimoine culturel Les populations de montagne ont leurs propres connaissances et leur patrimoine culturel qui sont inhérents à leurs manières de vivre ainsi qu’aux systèmes et aux pratiques qui ont évolués et se sont adaptés aux environnements de montagne. Ils peuvent tirer profit de leur patrimoine culturel pour parvenir à un Agriculture et un Développement Rural Durables en réalisant des produits artisanaux, en assurant l’entretien des sites et des paysages dignes d’intérêt et en profitant d’autres valeurs économiques issues des biens et des services créés à partir des traditions culturelles. Quelles sont les options politiques? Les régions de montagnes présentent des variations considérables parmi et au sein des zones écologiques. Il existe également une certaine diversité dans la vie économique, sociale et culturelle des régions de montagne. Afin de prendre en compte les différents besoins des populations et régions de montagne, des politiques et combinaisons intégrées de politiques, institutions et processus favorisant l’ADRD dans les régions de montagne sont nécessaires comme expliqué ci-dessous. Les politiques Développer des stratégies pour le développement durable dans les régions de montagne Les politiques pour les environnements fragiles des montagnes nécessitent une vision à long terme et une approche Le projet ADRD-M3 et le groupe d’Adelboden Le projet multi-acteurs dans le domaine de l’agriculture et du développement rural durables dans les régions de montagne (ADRD-M) a pour objectif de soutenir les moyens d’existence des ruraux des régions de montagne en facilitant la réalisation, la révision, la mise en œuvre et l’évaluation de politiques d’ensemble et de processus institutionnels qui soutiennent l’ADRD dans les régions de montagne aux niveaux mondial, régional et national. Le projet a bénéficié des conseils du groupe d’Adelboden, une plate-forme multi-acteurs pour la discussion de politiques et de moyens d’action, d’échanges d’expériences et de préparation d’initiatives pour le développement durable dans les régions de montagne. Le groupe d’Adelboden a fait une recommandation4 en 2007 (dont les thèmes et les conseils sont présentés dans ce document) et les membres se sont engagés à promouvoir l’approche de l’ADRD-M pour le développement des montagnes. holistique qui cherche à équilibrer les piliers économiques, sociaux et environnementaux du développement durable. Même quand les structures politiques pour le développement durable ou l’ADRD existent, des stratégies ou des approches spécifiques doivent être développées pour les régions de montagne. Prendre conscience des spécificités des régions de montagne Les spécificités des régions de montagne doivent être prises en considération dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques nationales car celles élaborées pour les régions des basses terres ne sont pas forcément compatibles. Les décideurs politiques doivent voir s’il faut élaborer une politique spécifique pour les montagnes dans leur pays ou si des choix importants pour les régions des montagnes doivent être intégrés dans l’agriculture présente et future et dans le développement rural en général. Quoique l’on utilise les deux approches, la tendance est d’intégrer les questions des montagnes dans les politiques nationales. Soutenir la production de la valeur ajoutée et les services dans les régions de montagne Les régions de hautes terres ont généralement un accès difficile aux marchés des basses terres dans les régions urbaines. Les décideurs politiques devraient travailler pour améliorer l’accès des populations de montagne aux basses terres et aux marchés et services urbains. Ils devraient également encourager le partenariat public-privé pour améliorer les conditions socioéconomiques des populations des montagnes. Les institutions Créer des capacités institutionnelles pour faciliter la formulation de façon participative d’une politique, sa mise en œuvre, son suivi et son évaluation Comme dans les régions de montagne les institutions ont tendance à être isolées et marginalisées par rapport et au processus de développement et aux politiques nationales, la formation du personnel du gouvernement et des acteurs locaux doit être renforcée pour mettre en oeuvre les programmes de façon efficace. Le renforcement des capacités et la prise de conscience sont nécessaires en développant et utilisant des méthodes et outils participatifs appropriés afin de renforcer la prise en compte des besoins des populations de montagne, de suivre et évaluer les politiques et les programmes destinés à la montagne et de soutenir la décentralisation ainsi que le développement local. Établir des dispositifs institutionnels appropriés pour faciliter la coordination et la coopération parmi les institutions Au niveau national: pour dépasser les différences entre les politiques sectorielles, on a besoin d’un cadre institutionnel coordonné entre divers secteurs afin d’assurer la complémentarité et la cohérence entre politiques ainsi qu’une application appropriée de ces politiques dans les régions de montagne. Au niveau transnational: les montagnes font souvent office de frontières naturelles. Les régions de montagne peuvent également représenter dans un pays une source supplémentaire, par exemple d’eau, pour un autre pays situé plus en aval. Des politiques régionales et structures institutionnelles, y compris des conventions, sont nécessaires pour prendre en compte ces relations de façon efficace et équitable. De telles politiques devraient assurer qu’une attention correcte et des ressources soient allouées pour le développement d’institutions responsables de la coordination transnationale des zones de montagne et des ressources. Processus Promouvoir la gestion des savoirs, de l’échange d’informations et de la mise en réseau Les politiques et les programmes devraient inclure la recherche afin de combler le manque d’informations de base et de données sur les régions des montagnes. Les données socioéconomiques au niveau national ne sont pas souvent désagrégées pour les zones de montagne, ce qui empèche les décideurs politiques de prendre en compte les particularités des montagnes dans leurs politiques. Une meilleure information et recherche sur la montagne peut également aider à prendre conscience des questions auxquelles font face les populations des montagne et faciliter les actions de plaidoyer de la société civile. Les décideurs politiques devraient soutenir les programmes qui aident à développer et mettre à jour les bases de données concernant les savoirs locaux autochtones, le potentiel des régions de montagne, les inventaires Qu’est-ce que les externalités positives? Les externalités positives correspondent aux biens et aux services qui sont fournis par la montagne et qui ne sont pas pris en compte sur le marché. Les politiques et de nouveaux mécanismes de marché qui soutiennent la rémunération des communautés de montagne en ce qui concerne les biens précieux et les services qu’ils fournissent aux régions de basses terres peuvent contribuer à assurer la survie non seulement des communautés de montagne mais également de ces biens et des services. Biens et services des montagnes (externalités positives) Mécanismes pour la rémunération des communautés de montagne Qualité de l’eau, protection du sol Paiements pour le reboisement et les pratiques de l’agriculture durable Risque naturel, prévention et protection Paiements pour la plantation d’arbres Sauvegarde de l’héritage culturel Tourisme, agrotourisme, vente de produits de qualité AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLES (ADRD) DOCUMENT SUR LES POLITIQUES 3 L’ ADRD et... les régions de montagne des institutions locales en rapport avec les questions des montagnes, les politiques, les programmes et les projets qui doivent être mis en œuvre ainsi que la situation des familles rurales de montagne. Pour faciliter les échanges de politiques, de connaissances et d’expériences liées à l’agriculture et au développement rural dans les régions de montagne, les décideurs politiques devraient également encourager l’échange d’informations et la mise en réseau au sein et entre les pays par le biais de plateformes nationales et régionales. Encourager la participation dans la formulation des politiques Pour s’assurer que les politiques d’ADRD sont adaptées aux spécificités des régions de montagne, les processus politiques doivent être développés afin d’encourager la participation des communautés de montagne et des principales parties prenantes à tous les niveaux. Comme bien souvent les populations des montagnes ne sont pas conscientes de leurs droits et, d’un point de vue historique, n’ont pas été exposées aux processus politiques, il conviendra de mettre en œuvre des programmes et des ressources pour développer leurs capacités et leurs compétences pour le lobbying et la participation dans la formulation des politiques. Suivre et évaluer les politiques Les politiques à la fois générales et spécifiques de l’ADRD doivent être contrôlées et leurs impacts évalués. Les politiques qui sont peu adaptées aux conditions biophysiques des régions de montagne peuvent avoir des effets fortement négatifs sur l’environnement et les moyens d’existence des populations des montagnes. Contacts Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Marcela Villarreal [email protected] Eve Crowley [email protected] Douglas McGuire [email protected] 4 L’ADRD et... les régions de montagne Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) – Programme mondial de la montagne (GMP) Peter Trutmann [email protected] Euromontana Kristiina Urpalainen [email protected] Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes –Institut d’études agronomiques méditerranéennes de Bari (CIHEAM-IAMB) Lamberto Lamberti [email protected] Centre international de mise en valeur intégrée des montagnes (ICIMOD) Kamal Banskota [email protected] Programme pour l’agriculture durable sur les terres en pente d’Amérique centrale (PASOLAC) Manuel Martinez [email protected] Programme des Nations Unies pour l’Environnement - Secrétariat Intérimaire de la Convention des Carpates Harald Egerer [email protected] Groupe d’Adelboden Hans-Jörg Lehmann [email protected] Références Ce dossier a été préparé par Takashi Takahatake, en collaboration avec, entre autres, S. Kelly, A. Rottger (FAO), G. Viatte (voir contacts). 1 FAO. 2004. Pour une meilleure prise en charge du développement des montagnes, 28 avril 2004. Rome. 2 FAO et ICIMOD. 2006. Evaluation des politiques ADRD-M dans l’Hindu Kush Himalaya : Synthèse. Rome, Projet ADRD-M. 3 FAO. Projet pour l’Agriculture et le développement rural durables en régions de montagne (ADRD-M), GCP/GLO/136/ MUL, financé par la Suisse, la France et le Japon, 2005-2009. 4 Groupe Adelboden. 2007. Recommandation du groupe Adelboden sur l’agriculture et le développement rural durables en régions de montagne (ADRDM). Rome, 3 octobre 2007. FAO. 2007. Analyse interrégionale des forces et faiblesses des politiques, institutions et processus d’ADRD en régions de montagne. Rome, Projet ADRD-M. FAO. 2005−2007. Les évaluations des politiques du projet ADRD-M. Outils et ressources FAO-EUROMONTANA. 2007. Externalités positives des régions de montagne: valorisation par les politiques et les marchés. Rome, Projet ADRD-M: http://www.fao.org/sard/fr/sardm/ Communi/2900/index.html FAO. 2007. Cadre pour une évaluation rapide des politiques, institutions et processus de l’ADRD en régions de montagne: guide pratique. Rome, Projet ADRD-M: http://www.fao.org/sard/fr/sardm/ Communi/2666/index.html FAO. 1997. Directives pour l’intégration de l’agriculture et du développement rural durables dans les politiques agricoles. FAO, Document sur la Politique agricole et le développement économique, No. 4. Rome: http://www.fao.org/docrep/w7541E/ w7541e00.htm OCDE-CAD. 2001. Directives CAD: stratégies de développement durable. Paris, Organisation de coopération et de développement économiques; Comité d’aide au développement (OCDE-CAD): http://www.oecd.org/document/40/ 0,3343,fr_2649_201185_2670319_1_ 1_1_1,00.html UNDESA. 2002. Directives pour la préparation d’une stratégie nationale de développement: gestion du développement durable dans le nouveau millénaire. Document d’information no 13 (DESA/DSD/PC2/ BP13). Nations Unies, Département des affaires sociales et économiques (UNDESA): http://www.un.org/esa/sustdev/ publications/nsds_guidance.pdf Les documents politiques “ADRD et…” sont conçus pour encourager et aider les gouvernements à développer et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’agriculture et le développement rural durables. Cette série est produite par l’Initiative ADRD, un cadre multipartite établi en soutien de la transition vers une agriculture et un développement rural durables centrés sur la personne. L’initiative est menée par la société civile, soutenue par les gouvernements et agences intergouvernementales et animée par la www.fao.org/sard/fr/init/2224/index.html