Le Journal de l`Institut Curie - n°70

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Le Journal de l`Institut Curie - n°70
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LE JOURNAL
DE
L’INSTITUT CURIE
COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER
ACTUALITÉS
L’origine cellulaire
des tumeurs d’Ewing
enfin découverte
ENTRE NOUS
Nouveau succès
pour l’opération
Une Jonquille pour Curie
DOSSIER
Mélanome :
mettre sa peau sous
protection rapprochée
# 70 - JUIN 2007 - 1,25 € - ISSN 1145-9131
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ACTUALITÉS
INSTITUT CURIE
SOMMAIRE
ÉDITORIAL
,SARCOMES
p. 7
h DOSSIER
p. 8
MÉLANOME :
METTRE SA PEAU
SOUS HAUTE
PROTECTION
Témoignage : Stéphanie, 24 ans,
suivie après un cancer de la peau
Questions au Dr Benoît Couturaud
Un tout autre type de mélanome,
celui de l’œil
p. 9
p. 11
p. 13
ENTRE NOUS
h
Initiatives
Rugby solidaire: l’esprit d’équipe au service
p. 14
de la lutte contre le cancer
Nouveau succès pour l’opération
p. 15
Une Jonquille pour Curie
Association: les communes, toujours
mobilisées pour «Courir pour Curie» p. 16
Rétrospective
Fernand Holweck : un scientifique
aux multiples facettes
p. 19
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
Le voile se lève sur la tumeur
d’Ewing
Amélie Mauresmo, marraine de l’Institut Curie
Depuis 2004, la championne de tennis apporte bénévolement son
soutien aux chercheurs, aux soignants de l’Institut Curie et, plus
encore, aux malades du cancer. Marraine de l’Institut, elle « espère
pouvoir leur donner du courage et un peu de bonheur », et assure
qu’« il faut toujours aller de l’avant, se battre. Parfois, on est moins
motivé et, à d’autres moments, on reprend confiance en soi. »
LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER EST ÉDITÉ PAR L’INSTITUT CURIE, 26, RUE D’ULM, 75248 PARIS CEDEX 05 – FAX: 01 43 25 17 56 – [email protected] –
WWW.CURIE.FR – DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : PR CLAUDE HURIET – RÉDACTRICE EN CHEF : NATHALIE BOISSIÈRE – RÉDACTION : MARYLINE BARISIC, CELINE GIUSTRANTI – ICONOGRAPHIE : CECILE
CHARRE (01 44 32 40 51) SAUF RUBRIQUE RÉTROSPECTIVE : LENKA BROCHARD (01 55 43 14 74) – DONS ET ABONNEMENTS : YOVAN VUJOSEVIC (01 44 32 40 80) – ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO : PR PIERRE
BEY, DR BENOIT COUTURAUD, DR LAURENCE DESJARDINS, DR PHILIPPE GIRAUD, DR JACQUES GIRODET, RENAUD HUYNH, PR DANIEL LOUVARD, DR PASCALE MARIANI DE L’INSTITUT CURIE – LE SOMMAIRE,
LES TITRES, CHAPÔS, INTERTITRES, ILLUSTRATIONS ET LÉGENDES SONT DE LA RESPONSABILITÉ DE LA RÉDACTION EN CHEF ET N’ENGAGENT PAS LES AUTEURS – PHOTO DE COUVERTURE : JOAQUIN
PALTING/PHOTODISC – ABONNEMENT POUR 4 NUMÉROS/AN : 6 € – CRÉATION ET RÉALISATION :
(01 53 00 10 00) – FABRICATION : TC GRAPHITE (PARIS) – IMPRESSION : IMPRIMERIE
VINCENT, 26 RUE CHARLES-BEDOUX, 37042 TOURS – NUMÉRO DE COMMISSION PARITAIRE : 0907H82469 – DÉPÔT LÉGAL DU N° 70 : JUIN 2007 – CE NUMÉRO A ÉTÉ IMPRIMÉ À 170 000 EXEMPLAIRES.
02,
L
C’est à l’Institut Curie que l’anomalie
chromosomique responsable de cette
affection a été découverte en 1983 puis
caractérisée en 1992. Ces travaux
couronnés de succès ont permis, en 1994,
la mise au point à l’Institut Curie d’un test
diagnostique de la tumeur d’Ewing.
Aujourd’hui, l’équipe Inserm d’Olivier
Delattre vient de montrer quelles sont les
cellules responsables de cette tumeur.
Il s’agit de cellules souches stromales
mésenchymateuses, qui sont à l’origine
de différents tissus comme le muscle,
les os ou encore les tissus graisseux.
A. Aurias / Institut Curie
du côlon
es chercheurs de l’Institut Curie
viennent de découvrir l’origine
cellulaire des tumeurs d’Ewing,
tumeurs malignes de l’os pour lesquelles
l’Institut Curie est le centre de référence
en France, aussi bien pour la prise
en charge des jeunes patients que pour
la recherche.
Appelé aussi sarcome1 d’Ewing, ce cancer
atteint 50 à 100 nouveaux enfants
ou adolescents par an, avec un pic
de fréquence entre 10 et 15 ans. Affectant
essentiellement les os du bassin, des
côtes, le fémur, le péroné et le tibia, il
possède un fort pouvoir invasif. Et il n’est
pas rare de voir apparaître d’autres foyers
cancéreux principalement au niveau
des poumons et du squelette.
En trente ans, le traitement de la tumeur
d’Ewing a profondément évolué.
Basée au début essentiellement sur la
radiothérapie, la stratégie thérapeutique
utilisée actuellement pour venir à bout
de ce type de tumeur combine,
dans la majorité des cas, chimiothérapie
et chirurgie.
h
FICHE PRATIQUE
h
Dépistage généralisé du cancer
enfin découverte
C. Charré/Institut Curie
p. 6
Guérison : les chiffres de l’espoir
L’origine cellulaire des tumeurs d’Ewing
« Je m’investis en aidant la recherche et les
patients et je suis notamment très impliqué
dans l’association Artur (Association pour la
recherche sur les tumeurs du rein). J’ai par
ailleurs accepté de parrainer Une Jonquille
pour Curie (lire p. 15) car l’Institut Curie
Bernard Giraudeau,
est un hôpital de pointe en cancérologie
acteur, réalisateur
et écrivain, est et un centre de recherche de renommée
le parrain bénévole internationale qui s’intéresse à
de l’opération la compréhension de tous les aspects
Une Jonquille
pour Curie 2007 du cancer : le fonctionnement des cellules,
des gènes, l’impact des facteurs
environnementaux, les défenses immunitaires, l’évolution
d’une tumeur donnée dans l’organisme du malade…
Il s’avère que la jonquille est ma fleur préférée avant d’être
le symbole de la lutte contre le cancer. J’ai la chance
d’être entouré de jonquilles actuellement puisqu’elles
poussent partout dans la forêt qui accueille mes promenades
quotidiennes. La jonquille c’est la lumière, le soleil, l’espoir…
le reflet de notre soleil intérieur.
À propos des enfants, il est vrai que je vais parfois raconter
des histoires aux plus petits et rencontrer les adolescents.
La souffrance de l’enfant, qui, pour beaucoup, est vécue comme
une injustice, nous laisse démunis. Il y a comme une terrible
impuissance et pourtant les enfants nous surprennent parfois
par leur lucidité, leur créativité, leur force même. La peinture,
le dessin, les histoires racontées, le rire, les clowns modifient
souvent le comportement de ces petits malades et aident
considérablement les médecins, les traitements, l’entourage
et pour beaucoup la famille, totalement désorientée.
Les quelques contacts que j’ai eus avec les enfants et les
adolescents m’ont beaucoup enseigné. J’espère. D’autres
font beaucoup plus que moi et je vois la lumière apportée,
la tendresse, l’amour. C’est essentiel. »
P. Lombardi/Institut Curie
p. 3
L’origine cellulaire des tumeurs
d’Ewing enfin découverte
Les chercheurs décryptent la stratégie
p. 4
antitumeur des lymphocytes T
Le Plan cancer participe au
p. 5
développement de la radiothérapie
Actualités générales
La jonquille, c’est le reflet de
notre soleil intérieur
A. Lescure/Institut Curie
ACTUALITÉS
h
Institut Curie
Les chercheurs de l'Institut Curie sont parvenus
à découvrir le gène qui fait perdre aux cellules
cancéreuses d’un liposarcome (tumeur des tissus
graisseux) leur capacité à fabriquer de la graisse, et
qui rend la tumeur plus agressive : un indice précieux
pour proposer un traitement adapté à ces patients.
En inhibant la protéine anormale dans les
tumeurs d’Ewing, les chercheurs ont
réussi à faire que les cellules tumorales
retrouvent leur statut d’origine, celui de
cellules souches mésenchymateuses. Ils
ont pu montrer que les cellules tumorales
inhibées étaient alors capables de se
différencier normalement en cellules
osseuses ou graisseuses.
Ainsi, en forçant les cellules à reconquérir
leur fonction première, il pourrait être
possible de les rendre moins agressives
(lire encadré). Cette approche ouvre
de nouvelles voies thérapeutiques
prometteuses pour la lutte contre
le cancer.
Céline Giustranti
Source : Cancer Cell, 8 mai 2007.
1. Le sarcome est une variété de cancer se
développant aux dépens du tissu conjonctif.
LE GÈNE DE L’AGRESSIVITÉ DES LIPOSARCOMES
Tumeurs des tissus graisseux, les liposarcomes sont d’autant plus agressifs
et d’évolution d’autant plus rapide que leurs cellules ont perdu la capacité de
fabriquer des graisses. L’équipe Inserm d’Alain Aurias à l’Institut Curie vient
d’identifier le gène à l’origine de cette défaillance des cellules : le gène JUN.
Lorsqu’il est muté, le pronostic des liposarcomes est mauvais. Ce nouveau
paramètre devrait permettre d’affiner le diagnostic sur les liposarcomes et
d’adapter au mieux les traitements. À terme, cette mutation pourrait aussi
C. G.
servir de cible à de nouvelles thérapies.
Source : Cancer Cell, 9 avril 2007
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
,03
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ACTUALITÉS
ACTUALITÉS
INSTITUT CURIE
INSTITUT CURIE
,IMMUNOTHÉRAPIE
,NOUVEAU TRAITEMENT
Les chercheurs décryptent
la stratégie antitumeur des lymphocytes T
À
Céline Giustranti
Source : Journal of Experimental Medicine, 19 février 2007.
,LEUCÉMIES
De nouvelles pistes à explorer
L
04,
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
C. G.
UN CHIRURGIEN DE
L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR
erceau de la radiothérapie en
France, l’Institut Curie est chargé
d’évaluer une nouvelle technique,
la tomothérapie, avec ses partenaires
du pôle Ouest de cancérologie d’Îlede-France, qui la mettent également
en œuvre : l’hôpital européen GeorgesPompidou, le centre René-Huguenin,
l’hôpital Necker et la clinique Hartmann.
D’ici à l’été 2007, les centres de lutte
contre le cancer de Nantes et de
Bordeaux, une fois équipés, vont
s’associer à cette étape indispensable
qu’est la validation d’une nouvelle
technique de traitement1.
À l’Institut Curie, les coûts d’acquisition
de la machine de tomothérapie
et d’aménagement se sont élevés
à 4,2 millions d’euros. Ils sont financés
à hauteur de 0,6 million par l’Institut
national du cancer, de 0,7 million par la
Région Île-de-France et par un emprunt
de 2,9 millions de l’Institut Curie.
B
Son accident de moto a
radicalement modifié sa relation
avec… ses patients. Cette
expérience d’accidenté a permis à
ce chirurgien de toucher du doigt
les décalages qui existent souvent
entre les préoccupations des
patients et celles des médecins,
les priorités des uns et celles des
autres. Il a appréhendé
l’impatience des premiers et la
réserve des seconds… Spécialiste
de la chirurgie des cancers à
l’Institut Curie, le Dr Rémy Salmon
livre ici un témoignage sans juger
ses confrères, malgré une erreur
médicale, ni réformer le système
de soins, mais bien en redonnant
au patient sa place centrale :
«C’est le malade qui importe, pas
le médecin», écrit-il.
N. B.
Une aide au fonctionnement a été
attribuée par le ministère de la Santé
pour la création de postes
supplémentaires. L’Institut Curie
financera les coûts de maintenance,
de consommables et d’amortissement
estimés à 0,75 million d’euros par an.
L’Institut national du cancer finance
la totalité des coûts d’évaluation
de la technique à Paris, Nantes
et Bordeaux.
Depuis la découverte des rayons X
et leurs premières applications en
cancérologie, les radiothérapeutes
poursuivent le même objectif :
délivrer une dose capable de détruire
les tumeurs sans léser les cellules
normales. Avec la tomothérapie,
nouvelle étape technologique,
ils s’en rapprochent…
h Tout ce que les chirurgiens ne peuvent
Alice Devaux
pas vous dire, Dr Rémy Salmon,
éd. Anne Carrière (230 p., 17 euros).
1. Lire Le Journal de l’Institut Curie, mars 2007.
,PRISE EN CHARGE
L’intérêt de la diététique pour
les patients atteints de cancer ORL
P. Levivier/Institut Curie
participent à l’étude et à la meilleure
compréhension de la survenue des
leucémies. Ainsi, l’équipe Inserm de
Françoise Moreau-Gachelin s’est penchée
sur un nouvel anticancéreux, l’imatinib
(Glivec®), qui se révèle inefficace contre les
leucémies myéloïdes aiguës2. La raison?
Une mutation particulière au niveau d’un
récepteur appelé c-kit dans ce type de
leucémie. Ces chercheurs ont découvert,
chez l’animal, qu’une molécule connue
sous le matricule de SU5416 agissait sur
cette mutation et entraînait une réduction
de la prolifération des cellules
leucémiques3. SU5416 semble donc être
un bon candidat pour détruire les cellules
résistantes au traitement par l’imatinib,
notamment dans les leucémies myéloïdes
aiguës; ce qui permettrait enfin
d’améliorer le pronostic des leucémies
myéloïdes chroniques.
es patients atteints d’une tumeur des
voies aéro-digestives supérieures
(bouche, œsophage…) souffrent souvent
de troubles nutritionnels. Cet état peut
être aggravé par les effets secondaires
de la radiothérapie sur les muqueuses.
À l’Institut Curie, les diététiciennes,
les radiothérapeutes spécialistes de
la sphère ORL et le Service de
chirurgie cervico-faciale et ORL du
Dr José Rodriguez viennent de montrer
qu’un suivi nutritionnel précoce et régulier
L
h
a leucémie lymphoïde, un cancer du
sang, se développe à partir d’une
erreur génétique dans les cellules
sanguines. Ces dernières prolifèrent alors
de manière anormale et ne remplissent
plus leur rôle. Et c’est l’accumulation
d’erreurs génétiques dans plusieurs
gènes qui mène au développement
tumoral. L’équipe CNRS de Jacques
Ghysdael à l’Institut Curie vient de montrer
comment deux facteurs agissent en
synergie pour initier la cancérogenèse1 :
un gène «chimère», TEL-JAK2, issu d’un
réarrangement entre chromosomes, déjà
connu dans la leucémie lymphoïde
humaine, et l’activation d’un récepteur de
la surface des cellules, Pre-TCR, essentiel
au développement des lymphocytes T.
Ces deux facteurs pourraient être utilisés
comme cibles pour de nouveaux
traitements de la leucémie lymphoïde.
D’autres chercheurs de l’Institut Curie
au développement de la radiothérapie
Les équipes de l’Institut Curie ont découvert deux
facteurs responsables de cancers du sang : ce sont
de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles.
1. Source : Blood, 1er mai 2007.
2. Il existe plusieurs formes de leucémies,
suivant le type de cellules sanguines impliquées.
Leur traitement et leur prise en charge sont
le plus souvent distincts.
3. Source : Oncogene, 18 décembre 2006,
publication en ligne.
des patients pendant leur radiothérapie
améliore leur qualité de vie et leur état
général. Des conseils nutritionnels
et une prescription de compléments
alimentaires adaptés limitent
efficacement la perte de poids au cours
du traitement, évitent les interruptions
de traitement et modèrent la gravité des
inflammations des muqueuses.
C. G.
Source : Cancer Radiotherapy, 9 janvier 2007.
A. Lescure/Institut Curie
À gauche, les lymphocytes sont parvenus à
détruire les cellules tumorales (en vert). À droite,
elles restent nombreuses. Les chercheurs tentent
de comprendre pourquoi, afin d'amplifier leur action.
de reprendre leur ronde. Quand les
chercheurs constatent que la vitesse de
progression des lymphocytes T est
élevée, cela signifie soit l’absence de
l’adversaire, soit la défaite du système
immunitaire sur le champ de bataille.
Ainsi, décrypter les stratégies que nos
défenses mettent en place naturellement
peut permettre aux immunologistes
d’imaginer comment amplifier ces
actions de défense contre les cellules
tumorales et, par conséquent, développer
de nouveaux traitements anticancéreux.
première fois, in vivo et en temps réel,
la manière dont des cellules de notre
système de défense, les lymphocytes T,
infiltrent une tumeur solide pour la
combattre. En effet, il est nécessaire de
comprendre pourquoi les défenses de
l’organisme peinent si souvent à éliminer
une tumeur.
Les chercheurs ont ainsi découvert que
les lymphocytes T, en défenseurs
méthodiques, encerclent les positions
ennemies et « patrouillent » jusqu’à
rencontrer une cellule tumorale qu’ils ont
au préalable appris à reconnaître.
Là, ils s’arrêtent pour l’éliminer avant
À LIRE
h
h
A. Boissonnas, L. Fetler/Institut Curie
l’Institut Curie, l’équipe Inserm de
Sebastian Amigorena (CNRS), grâce
à l’utilisation de la microscopie à deux
photons, vient de montrer pour la
Le Plan cancer participe
L'Institut Curie vient de montrer qu’un suivi
diététique améliore la qualité de vie des patients
atteints de cancers ORL.
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
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ACTUALITÉS
FICHE PRATIQUE
GÉNÉRALES
La preuve par les chiffres que l’on peut
guérir d’un cancer était très attendue par
les acteurs de la lutte contre le cancer pour
conforter leur appréciation ; espérons
qu’elle soit intégrée par le monde du travail
et les assureurs, afin que la réinsertion
des personnes après la maladie s’en trouve
facilitée.
C. Charré/Institut Curie
Un dispositif national de diagnostic
précoce des cancers du côlon
D’ici à la fin 2007, tous les assurés âgés de 50 à 74 ans devraient bénéficier de la campagne de dépistage généralisé du cancer
du côlon. 37 départements1 sont déjà engagés, avec le soutien de l’État et de l’Assurance maladie, dans cette lutte contre
le cancer. Elle consiste à rechercher des polypes colorectaux qui, s’ils persistent, risquent de se transformer en cancer.
franchissent le cap des
cinq ans après le diagnostic
de leur cancer, contre 10 %
seulement des malades
atteints de mésothéliome de la plèvre,
de cancer du foie ou du pancréas.
Si les chances de survie sont de 44 %
pour les hommes contre 63 % pour
les femmes, c’est qu’ils souffrent plus
souvent de pathologies plus lourdes
(notamment le cancer du poumon).
Cependant, la survie a augmenté
entre 1989 et 1997 pour la majorité
des localisations cancéreuses.
Ces données pourraient encore
A. Lescure/Institut Curie
a plus grande étude jamais réalisée
en France sur la survie des patients
atteints de cancer1 livre des résultats
porteurs d’espoir. Soutenue par la Ligue
contre le cancer, elle a porté sur
205000 malades. Elle confirme
notamment que « moins de la moitié des
patients décèdent des conséquences
directes ou indirectes de leur maladie, dans
les cinq ans qui suivent le diagnostic ».
C’est à la fin du siècle dernier que le seuil
de 50 % de guérison, tous cancers
confondus, a été franchi. «Un formidable
espoir de retour à une vie ordinaire pour
des patients encore trop souvent confrontés
à des injustices sociales», commentaient
les auteurs du rapport.
Toutefois, cette moyenne ne doit pas
occulter de fortes disparités. Par exemple,
95 % des patients atteints de cancer
de la thyroïde, du testicule ou de la lèvre
Pedro Lombardi/Institut Curie
Les chiffres de l’espoir
h
L
S. Labrunie/Institut Curie
,GUÉRISON
Noak/Le Bar Floréal/Institut Curie
DÉPISTAGE
s’améliorer dans les années à venir, car ni
les traitements médicaux révolutionnaires
introduits à la fin des années 1990,
ni même les dépistages de masse (sein,
côlon) ou individuels (prostate) n’ont
encore été évalués, faute de recul.
Nathalie Boissière
1. Survie des patients atteints de cancer en France,
Francim (réseau français des registres du cancer),
éd. Springer (406 p., 30 euros, en vente dans les
librairies spécialisées).
h POURQUOI METTRE EN PLACE
h EN QUOI CONSISTE LE TEST ?
UN DÉPISTAGE GÉNÉRALISÉ ?
Le test de dépistage, appelé Hémoccult®,
repose actuellement sur la recherche
biochimique de sang occulte (invisible à
l’œil nu) dans les selles.
Une étude menée en Bourgogne auprès
de 91200 personnes de 45 à 74 ans,
invitées à faire un test de dépistage tous
les deux ans et suivies pendant onze ans,
a montré que le dispositif permettait de
diminuer de 16 % la mortalité par cancer
colorectal. Le côlon est la localisation
de cancer la plus fréquente pour les deux
sexes confondus, avec 38000 nouveaux
cas chaque année. Il existe pourtant des
traitements efficaces quand le diagnostic
est fait précocement ou, mieux encore,
lorsqu’un polype, tumeur bénigne, est
découvert et retiré avant qu’il ne risque
de se transformer en cancer.
h QUI EST CONCERNÉ PAR CE
DÉPISTAGE ?
,OPINION
EN BREF
ASSOCIATION
Le cancer : bien connu
INFORMER LES MALADES
ATTEINTS DE LYMPHOME
des Français, mais toujours redouté
Constituer un point d’échange et
d’information entre malades et
médecins, c’est la mission que s’est
donnée France Lymphome Espoir,
une association créée en 2006
à l’initiative de patients touchés par
un lymphome. Ses outils : un forum
Internet, des conférences et des
documents téléchargeables ou
disponibles dans les hôpitaux
relayant les actions de l’association.
France Lymphome Espoir se veut
un relais pour les personnes
atteintes par ce cancer mal connu
qui touche 11 000 personnes
chaque année en France.
h www.francelymphomeespoir.com
06,
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
e cancer est une maladie grave pour
plus de 90 % des Français, qui s’en
estiment « très peu à l’abri ». C’est ce qui
se dégage des dernières études1
réalisées auprès du grand public, de
malades atteints de cancer, de proches
et de médecins. 77 % d’entre eux
« redoutent le cancer plus que toute autre
maladie ». Mais le tabou qui existait
auparavant est tombé : « Le cancer,
il faut en parler », réclame la majorité
des personnes interrogées. Un soutien
psychologique lors du traitement
apparaît également très important pour
80 % des patients et 90 % du grand
public. Plus de la moitié des Français
pensent que les médecins parlent trop
L
de la maladie et pas assez du malade.
Parmi les traitements anticancéreux
les plus cités, la chimiothérapie arrive
en premier (94 %), suivie de la chirurgie
(92 %).
Une inégalité des soins est ressentie :
pour près de la moitié des Français,
les soins seraient de meilleure qualité
pour les personnes à hauts revenus.
Et pourtant, la majorité des personnes
concernées ont le sentiment qu’elles
(ou leurs proches) ont bénéficié des
meilleurs traitements.
Marilyne Barisic
1. Études menées par l’Ifop (pour les laboratoires
AstraZeneca), l’Ipsos (4e forum scientifique de
l’Unesco) et l’Inpes (Baromètre cancer 2005).
Le dépistage du cancer colorectal est
préconisé chez les personnes âgées
de 50 à 74 ans, hommes et femmes, sans
antécédents de cancers familiaux, ni
polypes du côlon, ni symptômes digestifs
d’appel. Les personnes présentant
ces facteurs de risque sont déjà pris
en charge par ailleurs.
h COMMENT PARTICIPER
AU DÉPISTAGE ?
h COMMENT SONT ANNONCÉS
A. Lescure/Institut Curie
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h
Coloscopie.
LES RÉSULTATS ?
Chaque centre de lecture envoie les
résultats du test au médecin prescripteur
qui les communique ensuite à son patient.
Si aucune trace de sang n’est trouvée
dans les selles, le test est dit négatif. Le
patient devra seulement le renouveler à la
prochaine invitation, deux ans plus tard. Si
le test est positif (présence de sang dans
les selles), le médecin prescrit une
coloscopie (examen du rectum et du
côlon grâce à une sonde d’observation
introduite par l’anus2) afin de
diagnostiquer l’origine des saignements.
h QUELLES PEUVENT ÊTRE LES
CAUSES DES SAIGNEMENTS ?
La présence de sang dans les selles n’est
pas forcément synonyme de cancer.
Cela peut être dû :
• à une infection ou une irritation des
intestins. Un traitement adéquat prendra
en charge la pathologie;
• à des polypes, excroissances à
l’intérieur du côlon ou du rectum, qui
peuvent provoquer des saignements
microscopiques. Les polypes ne sont pas
cancéreux, mais si on les laisse grossir,
ils le deviendront. Tous les polypes
découverts lors de la coloscopie sont
retirés immédiatement par voie
naturelle. Ils sont analysés afin de
connaître leur stade d’évolution. Face à
des polypes volumineux ou de petits
cancers, les patients seront alors pris en
charge de façon à agir contre le risque
de dissémination de cellules malignes.
Nathalie Boissière
Tous les deux ans, l’assuré âgé de 50 à
74 ans reçoit une invitation à se rendre
chez son médecin généraliste. Celui-ci
lui prescrit un test gratuit de dépistage,
qui lui est remis directement ou par une
pharmacie. L’assuré réalise le test à
domicile et l’adresse ensuite à un centre
de lecture spécialisé.
1. Les départements engagés : Ain, Aisne, Allier,
Alpes-Maritimes, Ardennes, Bouches-du-Rhône,
Calvados, Charente, Cher, Côtes-d’Armor, Côted’Or, Doubs, Essonne, Finistère, Haute-Saône,
Haute-Vienne, Haut-Rhin, Hauts-de-Seine, Hérault,
Ille-et-Vilaine, Indre-et-Loire, Isère, Jura, Marne,
Mayenne, Moselle, Nord, Oise, Orne, Paris, Puy-deDôme, Pyrénées-Orientales, Saône-et-Loire,
Seine-Saint-Denis, Somme, Territoire de Belfort,
Val-de-Marne.
2. Lire « La coloscopie », Journal de l’Institut Curie, août
2005 (journal en ligne sur www.curie.fr/publications).
DR PASCALE MARIANI, CHIRURGIEN, RESPONSABLE DU GROUPE D’ÉTUDE SUR LES TUMEURS DIGESTIVES,
ET DR JACQUES GIRODET, GASTRO-ENTÉROLOGUE, UNITÉ DE CHIRURGIE DIGESTIVE, DE L’INSTITUT CURIE
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
,07
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Page 8
DOSSIER
MÉLANOME
MÉLANOME :
METTRE SA PEAU SOUS
PROTECTION RAPPROCHÉE
Le soleil est dangereux pour notre peau. Nous avons beau
le savoir, il est difficile de résister au plaisir de s’étendre
au soleil et d’avoir un teint hâlé… Résultat : les cancers
de la peau ne font qu’augmenter et le mélanome est devenu
une préoccupation majeure de santé publique. Point sur
ce qu’il faut savoir en matière de dépistage de ce cancer
et, à l’approche de l’été, sur sa prévention.
O
n compte plus de 7000 nouveaux cas
de mélanome par an : c’est trois fois
plus qu’il y a vingt ans! Ce n’est pas
le plus fréquent des cancers cutanés1,
mais il est le plus grave. En effet,
dans le même temps, la mortalité due à ce cancer de
la peau et des muqueuses a doublé. Une augmentation inquiétante qui est à relier à nos nouvelles habi-
1. Les carcinomes cutanés représentent la majorité
des cancers de la peau. Ils se développent le plus souvent
sur les zones exposées au soleil (visage, cou, dos des mains),
en général après 50 ans, et évoluent lentement.
08,
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
h
Voisin/Phanie
tudes d’exposition au soleil. « Cette évolution est
très préoccupante, explique le Dr Benoît Couturaud,
chirurgien-plasticien oncologue à l’Institut Curie,
car ce cancer se traite mal lorsqu’il est découvert
tardivement. » Malgré les progrès thérapeutiques
mis en œuvre depuis quelques années, et notamment
la toute récente technique du ganglion sentinelle (lire
p. 11), l’absence de traitement curatif pour les formes
très avancées de mélanome rend indispensable la
prévention et la détection précoce. Protéger sa peau
du soleil est primordial si on ne veut pas mettre sa
vie en danger et il faut «la surveiller attentivement
sans hésiter à consulter au moindre doute», ajoute
Stéphanie, opérée en 2006 d’un mélanome au coude
(lire son témoignage ci-contre).
Pour les sujets
sensibles au soleil et ceux
qui constatent l’évolution
d’un grain de beauté, par
exemple, la visite chez
le dermatologue s’impose.
La lutte contre le mélanome
passe également par cette
surveillance de la peau.
Nous ne sommes pas égaux face au soleil
Le mélanome peut se déclarer à tout âge, bien qu’il
reste exceptionnel chez l’enfant. On peut le trouver
localisé sur toutes les parties du corps, plus fréquemment sur le tronc chez l’homme et sur les jambes
chez la femme. Il se présente habituellement sous la
forme d’une tache pigmentée plate, brune ou noire.
Dans 15 % à 20 % des cas, il apparaît au niveau d’un
grain de beauté. Il évolue change de forme et grossit parfois en quelques semaines seulement.
À l’origine du mélanome : les mélanocytes, ces cellules spécialisées dans la fabrication du pigment de
la peau. Ils participent au bronzage et sont aussi à
l’origine des grains de beauté ou nævi mélanocytaires.
De nombreuses recherches et études sont en cours
pour comprendre comment ces cellules de la peau
peuvent dégénérer et devenir cancéreuses (lire l’encadré p. 13).
Tout le monde est susceptible d’être atteint de mélanome. Toutefois, nous ne sommes pas égaux face à
ce danger. Les personnes ayant la peau, les yeux et
les cheveux clairs, des taches de rousseur, celles qui
s’exposent de façon intensive et irrégulière (lors des
vacances) sont le plus à risque.
Les facteurs qui favorisent les mélanomes
sont bien connus
Plusieurs études épidémiologiques ont mis en évidence les méfaits de l’exposition solaire. Le risque
de mélanome est ainsi plus élevé chez les personnes
victimes de nombreux coups de soleil pendant l’enfance ou l’adolescence, ou pratiquant des loisirs extérieurs fréquents, ou encore utilisant des cabines à
ultraviolets (UV).
Les facteurs génétiques sont également ■ ■ ■
TÉMOIGNAGE
STÉPHANIE,
24 ANS, SUIVIE APRÈS UN MÉLANOME
DE LA PEAU
« Le dermatologue,
il vaut mieux aller
le voir pour rien que
trop tard »
« Au mois de juin 2006, j’ai appris
que j’avais un mélanome. Jusqu’alors,
je n’avais jamais entendu parler de cette
maladie. C’est ma mère qui a remarqué
que j’avais un grain de beauté très noir
situé juste sous le coude, à un endroit
qui n’est pas vraiment exposé au soleil.
Je ne m’exposais pourtant pas beaucoup
au soleil, jamais plus d’une demi-heure
et toujours enduite de crème.
Mais j’ai la peau très blanche, les yeux
clairs et mes cheveux sont châtain clair.
Et j’attrape facilement des coups de soleil.
À cette époque de l’année, on se met
en T-shirt, on commence à se découvrir
les bras, et c’est pour cette raison
que ma mère l’a vu. Elle a trouvé que
le grain de beauté n’était pas joli,
ni normal. Elle m’a conseillé d’aller
voir un dermatologue. En deux ou trois
mois, le grain a grossi jusqu’à atteindre
un diamètre de 4 mm environ.
La dermatologue consultée m’a conseillé
de le faire retirer et m’a adressée
à un hôpital où on me l’a enlevé sous
anesthésie locale. Je suis restée
une demi-journée à l’hôpital. Tout s’est
bien passé ; l’intervention n’a pas été
douloureuse. Cinq semaines plus tard,
j’ai eu la confirmation qu’il s’agissait
bien d’un mélanome, mais il a encore
fallu retirer de la chair autour car
la première fois, l’exérèse n’avait pas été
assez large. On m’a également prélevé
le ganglion sentinelle (lire l’encadré p. 11),
qui – heureusement – n’était pas atteint.
Les suites ont été simples et depuis,
je suis suivie tous les six mois.
Si j’avais un seul conseil à donner,
ce serait de ne pas hésiter à se rendre
chez le dermatologue au moindre doute,
car il vaut mieux y aller pour rien que trop
tard. C’est une consultation d’une demiheure qui peut sauver la vie ! »
Propos recueillis par Brigitte Postel
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
, 09
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DOSSIER
SOLEIL ET PEAU
LA « RÈGLE ABCDE »
Cette « règle » permet
de mémoriser les signes
qui doivent alerter :
De nombreuses idées fausses ont encore cours sur les comportements à adopter face au soleil.
Démêlons le vrai du faux…
LES RAYONNEMENTS SOLAIRES
NE SONT DANGEREUX QU’EN
JUILLET ET EN AOÛT, ÉPOQUE
OÙ ILS SONT PARTICULIÈREMENT
FORTS.
Les UVA ne font que se cumuler avec les
ultraviolets du soleil, renforçant ainsi
l’effet cancérigène. La fréquentation des
cabines et autres bancs solaires est
donc fortement déconseillée et interdite
aux moins de 18 ans.
h Faux. L’intensité des rayons
ultraviolets n’est pas liée à la sensation
de chaleur et les rayons du soleil
peuvent s’avérer dangereux, même par
temps couvert ou venté. Des mois
comme mai ou juin sont donc aussi
dangereux…
LES AUTOBRONZANTS ET LES
COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES
PROTÈGENT DES EFFETS
NÉFASTES DU SOLEIL.
h Faux. Ils donnent un teint hâlé en
raison des carotènes qu’ils contiennent,
mais ne protègent pas du soleil.
En revanche, ils n’ont pas d’effets
cancérigènes connus à ce jour.
LES HEURES LES PLUS
DANGEREUSES POUR S’EXPOSER
SONT SITUÉES ENTRE 11H ET 16H.
LE RISQUE SOLAIRE AUGMENTE
AVEC L’ALTITUDE.
h Vrai. Ce risque est très présent à la
montagne. En effet, plus l’altitude est
élevée, plus l’atmosphère qui nous
protège des UV est fine. De plus, la
réverbération du soleil sur la neige
accroît ce risque, pour la peau et aussi
pour les yeux.
LES UVA SONT MOINS DANGEREUX
QUE LES UVB.
h Faux. Jusqu’à récemment, il était
admis que, dès lors que certaines règles
d’utilisation étaient respectées, les
cabines de bronzage n’étaient pas
LA CRÈME SOLAIRE « ÉCRAN
TOTAL » SUFFIT POUR PROTÉGER
LA PEAU.
Joaquin Palting/Institut Curie
h Vrai. C’est le moment de la journée
où l’irradiation solaire est la plus forte en
France métropolitaine. Mais, sous les
tropiques, sur la neige ou sur l’eau, le
soleil peut être dangereux plus tôt et
plus tard.
dangereuses car elles n’utilisaient que
des UVA. Or, des études internationales
ont montré que ces UVA étaient, comme
les UVB, associés à un risque accru de
cancers cutanés. Une étude menée en
2006 par le Centre international de
recherche sur le cancer démontre une
augmentation de 75 % du risque de
mélanome si l’on s’expose aux UVA
avant 30 ans.
LES SÉANCES D’UV PRÉPARENT
LA PEAU AU SOLEIL.
h Faux. Le bronzage artificiel ne
prépare pas (ou si peu) la peau au soleil.
h Faux. Cette appellation est
trompeuse. Même les produits solaires
les plus efficaces ne filtrent pas la
totalité des rayons UV. Ils n’en restent
pas moins indispensables.
IL FAUT CONTINUER À METTRE
DE LA CRÈME SOLAIRE MÊME
QUAND LA PEAU EST BRONZÉE.
h Vrai. Le bronzage est une barrière
naturelle, mais cette barrière est
superficielle et ne filtre qu’une partie
des ultraviolets. Une peau bronzée
risque moins d’attraper des coups
de soleil, mais n’est pas protégée contre
le vieillissement cutané, ni contre les
effets cancérigènes des rayons UV.
B. P.
PR FRANÇOISE AVRIL, RESPONSABLE DU SERVICE DERMATOLOGIE ET VÉNÉRÉOLOGIE, GROUPE HOSPITALIER COCHIN - SAINT-VINCENT DE
PAUL (PARIS) ET DR BENOÎT COUTURAUD, CHIRURGIEN ONCOLOGUE, DÉPARTEMENT DE CHIRURGIE ONCOLOGIQUE, INSTITUT CURIE
10,
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
A comme Asymétrie
La forme du grain de
beauté (nævus) n’est pas
circulaire et les deux
moitiés ne se
ressemblent pas.
Seule une partie change
d’aspect et se distingue
du reste.
B comme Bords
irréguliers
Les bords du grain de
beauté ou de la tache
sont irréguliers, mal
délimités, avec parfois
une extension de la
pigmentation sur la
peau autour de la tache.
C comme Couleur non
homogène
Il existe plusieurs
couleurs sur le même
grain de beauté : noir,
gris, rouge violacé,
bleu, marron ou blanc.
D comme Diamètre
La taille du grain a
tendance à augmenter,
son diamètre pouvant
être supérieur à 6 mm.
E comme Évolution
ou Élévation
Toute tache ou nævus
qui change rapidement
de taille, de forme, de
couleur, d’aspect,
d’épaisseur doit inciter
à demander un avis
médical sans attendre.
D’après le Syndicat
des dermatologues et
vénéréologues/Institut
national du cancer
hPOUR EN
SAVOIR PLUS :
www.syndicatdermatos.org,
www.e-cancer.fr
reconnus aujourd’hui. La survenue de mélanome chez des membres de sa famille représente un
risque supplémentaire pour une personne : 8 % à
10 % des mélanomes surviennent en effet dans un
contexte familial.
Les grains de beauté ne doivent pas être négligés.
Apparaissant au cours de l’enfance ou de l’adolescence, bénins à l’origine, ils peuvent devenir cancéreux. Les plus à risque de se transformer en mélanomes sont les grains de beauté (ou nævi)
congénitaux (présents dès la naissance ou apparus
très tôt sur la peau des enfants), de taille supérieure
à 5 cm. On conseille de les faire retirer lorsqu’ils
sont situés à un endroit sensible aux écorchures, à
des frottements répétitifs…
Enfin, la diminution des défenses immunitaires
s’avère également être un facteur de risque. Un
taux accru de mélanomes malins a été mis en évidence chez des patients « immunodéprimés » par un
traitement suite à une transplantation d’organe, un
lymphome, le sida…
■■■
La prévention passe par la protection
Afin de prévenir le risque de mélanome, les dermatologues recommandent de modifier nos comportements dangereux et d’adopter certaines règles de
conduite comme celle d’éviter de bronzer à tout prix.
La meilleure protection est assurée par les vêtements
(surtout pour les enfants) et les lunettes de soleil
avec filtre anti-UV (norme CE catégorie 3 ou 4).
Car, l’œil peut, comme la peau, être victime de
mélanome et le nombre de ces cancers est également en augmentation. Il faut faire comprendre aux
parents que la protection par un bob unanimement
adopté par les familles, n’est pas suffisante et que
toute la peau des jeunes enfants doit être protégée.
Les bébés et les jeunes enfants ne doivent jamais
être exposés au soleil direct.
Adultes comme enfants doivent rester à l’ombre aux
heures de plus forte irradiation solaire, et notamment éviter de séjourner sur la plage entre 11 h et
16 h (heure du soleil).
Les crèmes de protection solaire sont des armes à
double tranchant. Pour être efficaces, leur application doit être renouvelée toutes les deux heures et il
faut choisir un indice élevé : 15 au minimum (protection moyenne) pour les peaux mates et supérieur
à 30 (protection forte) pour les peaux claires. De même
après chaque douche, bain en mer ou en piscine,
après avoir transpiré ou s’être essuyé, il faut renouveler leur application en quantité suffisante ■ ■ ■
QUESTIONS AU ...
Pedro Lombardi/Institut Curie
Vrai ou Faux?
h
IDÉES REÇUES
MÉLANOME
DR BENOÎT
COUTURAUD,
CHIRURGIENPLASTICIEN
ONCOLOGUE,
DÉPARTEMENT DE
CHIRURGIE DE
L’INSTITUT CURIE
Quels sont les traitements face à un
mélanome de la peau ?
L’ablation chirurgicale du mélanome cutané est
incontournable : elle est efficace à la condition que
des marges d’exérèse suffisantes soient
pratiquées de manière à éliminer toutes les
cellules tumorales. La suite du traitement dépend
entièrement de l’épaisseur du mélanome : si elle
est inférieure à 1 mm, on estime que 90 % des
patients ne nécessitent pas d’autre traitement ;
leur pronostic est très favorable. Pour les lésions
dont l’épaisseur dépasse les 4 mm, une
immunothérapie complémentaire s’avère souvent
nécessaire.
À l’Institut Curie, vous utilisez la technique
du ganglion sentinelle pour rechercher la
présence de cellules tumorales dans la
chaîne ganglionnaire. En quoi consiste cette
technique ?
On injecte un produit radioactif au niveau de la
tumeur. Il se répand ensuite dans la chaîne
ganglionnaire qui assure le drainage lymphatique
du mélanome. Grâce à la scintigraphie, une
technique d’imagerie médicale qui repère cette
radioactivité, on identifiera le premier ganglion de
la chaîne et il pourra être retiré immédiatement.
Son analyse permet alors de découvrir une
éventuelle dissémination des cellules tumorales.
S’il n’y a pas de dissémination, aucune intervention
complémentaire n’est nécessaire. L’accès à cette
information évite de retirer « à l’aveugle » toute la
chaîne ganglionnaire. Par contre, si l’analyse du
ganglion met en évidence la présence de cellules
cancéreuses, la chaîne ganglionnaire est retirée.
Cette ablation intervient dans un deuxième temps
car l’analyse du ganglion sentinelle demande
environ trois semaines. À l’Institut Curie, nous
évaluons actuellement cette technique en
partenariat avec le service du Pr Avril à l’hôpital
Cochin, l’hôpital Bichat et le CHU de Reims.
Notre expérience montre l’intérêt de l’analyse de
ce ganglion pour repérer les patients atteints de
métastases et leur proposer un traitement adapté.
Propos recueillis par B. Postel
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
, 11
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DOSSIER
DOSSIER
MÉLANOME
LES
MÉLANOME
12-25 ANS
La recherche
fondamentale, source
de progrès
Un tout autre type de mélanome,
h
Noak/Le bar Floréal/Institut Curie
La tête immobilisée par un masque, le patient reçoit son traitement de protonthérapie qui cible
précisément la tumeur de l'œil, en affectant le moins possible les tissus environnants et la vue.
Très différents des mélanomes de la peau,
ceux de l’uvée sont les tumeurs malignes
de l’œil les plus répandues avec 500 à
600 nouveaux cas diagnostiqués chaque
année en France. L’uvée est cette fine
membrane de l´œil, composée de l´iris,
de la choroïde et du corps ciliaire. Aucune
étude n’incrimine de façon sûre l’exposition
au soleil. Par contre, il est démontré que
les personnes aux yeux bleus, verts ou gris
ont 2 à 3 fois plus de risques de développer
ce cancer que celles aux yeux bruns. Le
mélanome de l’œil se développe sans signe
visible, contrairement à un grain de beauté
qui change d’aspect. Mais toute personne
qui note une baisse d’acuité, une tache
dans son champ visuel ou la sensation de
flashes se répétant au même endroit sur
le même œil doit consulter sans tarder.
En France, le diagnostic du mélanome de
l’œil est, dans la plupart des cas, posé
à temps, ce qui permet aux traitements
d’exprimer toute leur efficacité. Chaque
LE JOURNAL DE
12 , L’INSTITUT CURIE
année, l’Institut Curie, centre référent en
France pour cette pathologie, prend en
charge quelque 300 patients atteints de ce
cancer, avec pour préoccupation majeure
la préservation de la vue.
Le choix du traitement dépend de la taille
et de la localisation de la tumeur. Dans la
GRÂCE
À VOUS
Pour prendre en charge plus de patients
Déjà au premier plan mondial pour le nombre de patients qu’il traite,
le Centre de protonthérapie de l’Institut Curie bénéficie d’un programme
de développement jusqu’en 2010. Il pourra alors prendre en charge environ
550 patients par an contre 350 actuellement. Cet investissement (construction,
rénovation et installation de nouveaux équipements) de 50 millions d’euros
est rendu possible grâce au soutien financier important du ministère de la Santé
et de l’Assurance maladie, que complètent les ressources propres de l’Institut
Curie, et tout particulièrement celles issues de la générosité publique.
Nathalie Oudar
h
majorité des cas, la protonthérapie s’avère
idéale car respectueuse des précieux
organes voisins, comme l’œil ou le cerveau.
En effet, les protons ont l’avantage de
traverser les tissus sans les endommager,
ces rayons ne délivrent donc leur énergie
destructrice qu’à la profondeur choisie.
Très efficace, la protonthérapie permet
également de conserver le globe oculaire
et de préserver la vue dans 90 % des cas.
Apparue il y a une quinzaine d’années,
cette thérapie n’est dispensée que dans
deux centres en France : le centre AntoineLacassagne (Nice) et l’Institut Curie à
Orsay (lire ci-dessous). Autre traitement
conservateur, la curiethérapie, qui consiste
à poser des grains radioactifs au contact
direct de la tumeur, est indiquée pour
traiter les petites tumeurs situées à l’avant
de l’œil, sans altérer les paupières ni la
glande lacrymale.
Les chirurgiens doivent parfois enlever le
globe oculaire et le remplacer par un
implant, si la tumeur est trop volumineuse,
en cas de récidive ou de complications.
Très dynamique, tout particulièrement à
l’Institut Curie, les recherches ont
notamment pour objectif d’optimiser les
traitements et d’imaginer de nouvelles
stratégies comme l’immunothérapie. Et,
face au manque de facteurs pronostiques
sur l’évolution de ces tumeurs, le défi
consiste à identifier des marqueurs
permettant de prédire les risques.
C. G.
P. Lombardi/Institut Curie
celui de l’œil
Contrairement
à d'autres cancers de la
peau moins agressifs,
le mélanome nécessite une
ablation chirurgicale large
pour limiter son risque
d'extension.
■ ■ ■ (l’équivalent de six cuillères à café pour un
corps d’adulte moyen). On choisira uniquement des
crèmes qui protègent à la fois des UVB et des UVA,
car ces derniers pénètrent profondément dans la peau.
Et on ne s’exposera pas plus longtemps sous prétexte
que la peau est «crémée». Les médecins estiment
en effet que l’utilisation de produits solaires pourrait, paradoxalement, augmenter le risque de mélanome en «encourageant» des expositions prolongées.
Certains lieux peuvent induire une réverbération
intense dont il faut se méfier : l’eau, le sable, la neige.
En altitude et sous les tropiques, où le rayonnement
solaire est élevé, il est impératif d’augmenter l’indice
de protection utilisé. On sera également vigilant lors
des activités de plein air (pique-nique, sport, jardinage…). Et dans tous les cas, être bronzé n’empêche
pas un mélanome de survenir ni de se développer.
Apprenez à surveiller votre peau
Le mélanome se manifeste essentiellement de deux
manières : soit par modification d’un grain de beauté
existant, soit par l’apparition d’une petite tâche pigmentée sur une peau saine.
Afin de repérer précocement l’apparition d’un mélanome, les dermatologues conseillent un auto-examen
de la peau deux à trois fois par an (lire l’encadré « La
“règle ABCDE” » p. 11). Mais au moindre doute, il
ne faut pas hésiter à consulter. De façon générale,
une plaie qui ne cicatrise pas, un bouton ou une
croûte qui persiste et se modifie doivent conduire
à demander un avis médical.
Car plus un mélanome est détecté tôt, à un stade
peu développé, meilleures sont les chances de
Brigitte Postel
guérison.
Depuis plusieurs années, à l’Institut Curie, une
équipe CNRS de chercheurs étudie les lésions
que provoquent les UVA et les UVB sur les
cellules. Elle a, pour la première fois, recensé et
quantifié l’ensemble des atteintes génétiques
dues à un rayonnement mimant celui du soleil.
Bien que la plupart des dommages résulte de
l’action des UVB, les UVA, qu’ils soient naturels
ou artificiels, sont eux aussi nuisibles.
Cette même équipe, dirigée par Évelyne Sage,
a également montré que les systèmes de
réparation dont bénéficient les cellules sont
moins efficaces sur des lésions induites par les
UVA associés à des UVB. Sachant que ces
atteintes seraient responsables de l’apparition
de mutations cancérigènes, on comprend tout
l’intérêt d’éviter les expositions prolongées.
Complétant cette étude des circonstances, celle
des mécanismes qui font qu’une cellule de la
peau comme le mélanocyte devient le foyer d’un
mélanome est l’une des missions que s’est
assignée une autre équipe de biologistes à
l’Institut. Le laboratoire de Lionel Larue cherche
à élucider ces processus afin de mieux
comprendre le caractère très invasif du
mélanome. Ses recherches l’ont amené à
s’intéresser de près à des protéines, véritables
colles biologiques, garantes de l’adhésion des
cellules entre elles. Récemment, cette équipe, en
collaboration avec le laboratoire «Transcription
et mélanome malin» du Marie Curie Research
Institute britannique, a élucidé une partie du
mystère sur le pouvoir invasif des mélanomes.
Ces travaux permettent de mieux comprendre
les mécanismes cellulaires associés à la
transformation maligne des mélanocytes, mais
aussi les processus conduisant à la formation de
métastases. L’enjeu est désormais de découvrir
comment restaurer la cohésion des cellules, afin
de limiter le déplacement des cellules tumorales
vers d’autres tissus.
X. Sastre/Institut Curie
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LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
, 13
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ENTRE NOUS
ENTRE NOUS
INITIATIVES
INITIATIVES
,ÉVÉNEMENT
VOTRE FONDATION
L’Institut Curie dispose de l’expertise, des structures et des ambitions nécessaires pour « prendre
le cancer de vitesse ». La continuité de la recherche et des soins dans un même lieu, unique en son
genre, stimule l’innovation, favorise les échanges et le travail en commun des chercheurs, médecins
et soignants pour accélérer la mise à disposition des nouveaux traitements. Notre volonté
de progresser est encouragée par le soutien et la générosité de nos donateurs, testateurs et partenaires.
UNE JONQUILLE POUR CURIE,
ENCORE UN BEAU SUCCÈS
,RUGBY SOLIDAIRE
P. Lombardi/Institut Curie
l’Institut Curie. Pour ces sportifs, les valeurs
de solidarité, d’altruisme, d’engagement et
de soutien aux personnes en difficulté sont
communes au jeu de rugby et à la lutte contre
la maladie. Ainsi, l’ailier toulousain Vincent
Clerc soulignait, parmi les valeurs, celles de
«la volonté, le soutien, la solidarité, l’engagement, la collectivité », tandis que le troisièmeligne Sébastien Chabal déclarait: «Il faut
se battre, il faut aider, il faut donner tout ce que
l’on peut pour que les gens qui sont atteints
s’en sortent». Toutes ces interviews ont été
diffusées à la télévision à plusieurs reprises
et sont accessibles sur rugby.curie.fr.
Cet automne, l’organisation en France de
la Coupe du monde sera l’occasion de donner au rugby et aux causes qu’il soutient
une place décuplée dans le paysage
médiatique français.
our la quatrième année consécutive, le Panthéon a pris un air
de fête du 16 au 18 mars, à l’occasion de l’opération Une Jonquille
pour Curie. Le public, toujours fidèle
au rendez-vous, est venu se promener entre les bassins garnis de
40000 jonquilles, en signe de soutien
à la recherche contre le cancer.
Le vendredi, journée inaugurale,
l’acteur-réalisateur
Bernard
Giraudeau, parrain bénévole de
cette édition 2007, est venu apporter son soutien aux patients, aux
médecins et aux chercheurs de
l’Institut Curie.
P
h Pour en savoir plus ou soutenir l’Institut Curie
LE JOURNAL DE
14 , L’INSTITUT CURIE
Une jonquille, symbole de renaissance et
d’espoir et emblème de l’Institut Curie, a été
imprimée sur la manche du maillot officiel du
match France-Écosse. Le troisième-ligne de
l’équipe de France Elvis Vermeulen est venu
partager sa victoire avec Clément à la fin du match.
« Que ces rayons de soleil apportent de l’espoir à
tous les malades »; « Si tout le monde ne
pouvait planter ne serait-ce qu’une jonquille… »;
« Pour que la recherche puisse s’intéresser à
tous les cancers »; « Admiration, respect,
espoir… »; « Bon courage pour la recherche »...
Voici quelques-uns des messages
d’encouragement déposés par les internautes
qui ont déjà planté plusieurs milliers de
jonquilles « virtuelles » sur le site de l’opération. Pour continuer à fleurir ce
cyberjardin (2 euros la jonquille), connectez-vous sur jonquille.curie.fr. Les fonds
recueillis iront également à la recherche sur le rétinoblastome, menée à l’Institut.
Les situationneurs/Institut Curie
années. L’ensemble des dirigeants de la
Fédération française de rugby, les journalistes de France 2 ainsi que le personnel du
Stade de France portaient eux aussi une
jonquille au revers de leur veston.
Six joueurs ont répondu à des interviews
expliquant les raisons de leur engagement en
faveur de la lutte contre le cancer menée à
JARDIN VIRTUEL
M. Hayaud
L
Clément, 13 ans, soigné à l’Institut Curie suite
à un rétinoblastome, a donné le coup d’envoi du
match France-Écosse, comme il l’avait fait l’année
dernière lors de la rencontre France-Angleterre.
Il est ici entouré de Fabien Cibray et de Loïc
Jacquet, capitaines de l’équipe de France des
moins de 21 ans, championne du monde en 2006.
h
’équipe de France de rugby a brillamment remporté le Tournoi des six
nations 2007. Une victoire également
pour la lutte contre le cancer, puisque le
match du 17 mars, largement gagné face à
l’Écosse (46 à 19), s’est joué en faveur de la
recherche sur les cancers de l’enfant.
Le coup d’envoi a été donné par Clément,
un jeune garçon soigné à l’Institut Curie.
Sur la manche de leur maillot officiel, tous
les rugbymen du XV de France arboraient
la jonquille, symbole international de la
recherche sur le cancer, dont l’Institut
Curie a fait son emblème depuis plusieurs
h
M. Hayaud
aux côtés de l’équipe de France : rugby.curie.fr
Durant les trois jours, plus de 30000 visiteurs
ont cueilli des jonquilles en échange d’un don
au profit de l’Institut Curie, pendant que danseurs, musiciens et autres lutins montés sur
ressorts ou échassiers déambulaient parmi
les jonquilles. «Quelle joie de voir petits et
grands réunis autour d’une même cause»,
confie Gilbert, bénévole fidèle de l’Institut
Curie depuis trois ans.
Plus de 150000 euros ont été collectés : dans
le jardin, dans les entreprises, auprès des
clients des 39 magasins Truffaut et grâce aux
spots radiodiffusés et télévisés qui ont relayé
l’opération dans toute la France. Et pendant
toute l’année, l’opération se poursuit sur
Internet (lire ci-contre).
P. Lombardi/Institut Curie
L’ESPRIT D’ÉQUIPE AU SERVICE
DE LA LUTTE CONTRE LE CANCER
Les fonds collectés en 2007 sont dédiés à
des recherches visant à améliorer la prise
en charge des jeunes patients atteints de rétinoblastome, un cancer de l’œil qui affecte
tout particulièrement les enfants.
Rendez-vous en mars 2008 pour une nouvelle
édition de l’opération Une Jonquille pour
Curie.
Clémence Musa
GÉNÉROSITÉ
Les jonquilles
du cœur
Un grand merci à tous les
bénévoles, à l’association Rétinostop
et à la Fondation Air France qui se
sont mobilisés pour aider l’Institut
Curie au Panthéon et partout dans
l’Hexagone.
Et merci à toutes les entreprises et
institutions qui soutiennent l’Institut
Curie et lui ont permis d’étendre
son action au niveau national,
en particulier : Truffaut, Centre
des monuments nationaux, ParuVendu, RATP, France 2, France 4,
Fédération française de rugby,
Aéroports de Paris, Disney, Air
France, Fujifilm, Decotop, Mon
Jardin & Ma Maison, Paris Cap’,
mesvacancesenphoto.com,
École nationale des arts décoratifs.
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
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ENTRE NOUS
ENTRE NOUS
INITIATIVES
INITIATIVES
,ASSOCIATION
,AIDER L’INSTITUT
’association Courir pour la Vie, Courir pour Curie a été créée en 1988
par Christian Gorce, après le décès
de sa fille unique, Lætitia, emportée par
un cancer à l’âge de 20 ans.
Depuis 1991, l’association propose, chaque
année, aux communes de France d’organiser une manifestation nationale de générosité et de solidarité, en associant course
à pied et collecte de fonds au profit de la
lutte contre le cancer.
Les bénéfices sont reversés à l’Institut
Curie et, depuis 2001, partagés avec trois
centres régionaux de lutte contre le cancer :
les centres Eugène-Marquis à Rennes,
Henri-Becquerel à Rouen et Val-d’AurellePaul-Lamarque à Montpellier.
h
A. Lescure / Institut Curie
Une grande
cérémonie a rassemblé,
le 6 février 2007, les
organisateurs de toutes
les manifestations 2006
pour la remise des
trophées « Courir pour la
Vie, Courir pour Curie ».
Le professeur Claude
Huriet, président de
l’Institut Curie, a félicité
l’ensemble des bénévoles
de l’association, et tout
particulièrement ceux des
communes lauréates.
Quelques chiffres témoignent de la réussite
de cette opération : en seize ans, dans 3100
communes, 862465 participants ont parcouru 6,4 millions de kilomètres et 4 millions d’euros ont été collectés, ce qui fait de
l’association Courir pour la Vie, Courir pour
Curie le premier donateur de l’Institut.
Pour l’édition 2006, 17500 participants ont
parcouru 125000 kilomètres dans plus de
100 communes, et plus de 113 000 euros
ont été réunis. Les trois quarts de la somme
sont reversés à l’Institut Curie pour la
recherche sur le rétinoblastome, une
tumeur cancéreuse de l’œil qui touche par-
ticulièrement les enfants. Le nouveau président de l’association, Dominique Ancelin,
a ainsi eu le plaisir de remettre le 6 février
dernier un chèque de près de 84500 euros
à Claude Huriet, président de l’Institut Curie,
en présence de nombreux maires, de représentants d’associations organisatrices et
de membres de l’Institut Curie.
h Renseignements et inscription des communes :
Monique Grillard, secrétaire générale de CPLV-CPC,
51 avenue du Grand-Étang, 77680 Roissy-en-Brie.
Tél.-fax : 01 60 28 69 11 – [email protected]
h www.courirpourcurie.org – forum ouvert depuis
mars 2007.
OLIGOCYTE ET LA LUTTE
CONTRE LES TUMEURS
CÉRÉBRALES
a recherche contre le cancer nécessite des moyens importants pour
financer des programmes souvent
développés sur plusieurs années. La générosité régulière du public est alors capitale.
C’est pourquoi les donateurs peuvent choisir de faire un don régulier, pour un soutien
dans la durée. En optant pour un don mensuel par prélèvement automatique, ils permettent à l’Institut Curie d’avoir une visibilité sur ses rentrées financières et ainsi de
mieux planifier ses actions et ses projets.
Cette procédure est simple à mettre en place
et s’adapte au montant souhaité par chaque
donateur régulier. Celui-ci garde la liberté de
le modifier ou de l’arrêter à tout moment,
sur simple demande auprès de l’Institut.
Ces dons réguliers ouvrent droit, bien sûr,
aux déductions fiscales : 66 % de la totalité
des dons effectués dans l’année fiscale.
Le soutien régulier est un don efficace qui
permet au donateur d’être chaque jour aux
côtés des chercheurs et des soignants, pour
prendre le cancer de vitesse.
our la deuxième année consécutive,
l’association Oligocyte a remis la
somme de 2 000 euros à l’Institut
Curie le 21 février dernier.
La première rencontre entre l’association
et l’Institut Curie avait eu lieu à l’occasion
des Jardins pour la Vie 2006. Fidèle à son
engagement, l’association présidée par
L
h BULLETIN DE SOUTIEN RÉGULIER
• joint à ce numéro
• www.curie.fr/dons-particulier
EN BREF
TROPHÉES
LA MOBILISATION COLLECTIVE,
UN VÉRITABLE SUCCÈS
Deux communes sont les grandes
gagnantes de cette 16e édition de Courir
pour la Vie, Courir pour Curie : Freneuse
(Yvelines), qui a remporté le défi sportif,
avec 3 269 kilomètres parcourus, et
Janzé (Ille-et-Vilaine), le défi financier
avec 33 000 euros collectés. Deux
trophées d’honneur ont également été
LE JOURNAL DE
16 , L’INSTITUT CURIE
décernés aux villes de Chirac (Lozère)
pour l’augmentation spectaculaire des
fonds collectés en trois ans (de 6 165
euros en 2003 à 10 473 euros en 2006) et
d’Outarville (Loiret), pour la forte
progression du nombre de ses
participants (+88 %) et du nombre de
kilomètres parcourus (+60 %).
PODIUM DES COMMUNES*
TROPHÉES FINANCIERS 2006
1er Janzé (Ille-et-Vilaine) :
33000 euros collectés.
2e Le Theil Nolent (Eure) : 5155 euros collectés.
3e Rivarennes (Indre) : 8277 euros collectés.
TROPHÉES SPORTIFS 2006
1er Freneuse (Yvelines) : 3269 km parcourus.
2e Boeschepe (Nord) : 18100 km parcourus.
3e Villefranche-sur-Cher (Loir-et-Cher) :
2 080 km parcourus
* Classement proportionnel au nombre d’habitants.
LA BRETAGNE DONNE DE LA VOIX
AU PROFIT DE L’INSTITUT CURIE
Le samedi 17 mars dernier, un dînerconcert au profit de l’Institut Curie a eu lieu
à Penguilly, dans les Côtes-d’Armor. Cette
manifestation festive a été organisée par
le groupe Cent z’escales, la municipalité
de Penguilly et l’Association des familles
catholiques, au bar Le Triskel. Plus de
200 convives réunis autour de « moules
frites » ont assisté au concert de chants
de marins. L’intégralité de la recette, soit
près de 5000 euros, a été reversée à
l’Institut au profit de la recherche et
de l’amélioration des soins.
P
Laurent Allaire a tenu à soutenir une nouvelle fois les recherches menées dans les
laboratoires de l’Institut. Créée en hommage à une jeune patiente, Oligocyte – du
nom du type de cellules nerveuses qui
peuvent se transformer en cellules cancéreuses – a pour principale mission le
soutien à la recherche médicale et tout
particulièrement l’amélioration des traitements contre les tumeurs cérébrales
chez l’enfant.
Pour atteindre cet objectif, les adhérents
animent de nombreuses manifestations
tout au long de l’année avec l’aide et le
soutien précieux de partenaires privés et
publics.
h CONTACT : [email protected]
,ACHAT SOLIDAIRE
h
CPLV 2006-2007
L
UN SOUTIEN DANS
LA DURÉE, LE DON
PAR PRÉLÈVEMENT
AUTOMATIQUE
C. Firmin / Institut Curie
LES COMMUNES, TOUJOURS MOBILISÉES
POUR “COURIR POUR CURIE”
,MOBILISATION
Grâce à l’association Oligocyte, 2 000 euros
viennent grossir les fonds que l’Institut Curie
consacre à l’amélioration des traitements
contre les tumeurs du cerveau de l’enfant.
FESTIVAL D’OBJAT EN CORRÈZE
UN WEEK-END DE SOLIDARITÉ
Sur l’initiative
de Bernard
Breuil, dont le
fils est soigné
à l’Institut Curie, le groupe folklorique
Les Baladins Troubadours ussacois a
organisé avec l’aide de la municipalité
d’Objat, en Corrèze, et de nombreux
bénévoles, un week-end de solidarité
les 20 et 21 janvier derniers. Deux
spectacles de danses folkloriques, un
défilé dans les rues d’Objat et la vente
de pâtisseries ont permis de collecter
8 500 euros reversés à l’Institut Curie
au profit de la recherche sur le cancer.
DÉVELOPPER
SES PHOTOS
ET SOUTENIR
LA RECHERCHE
À l’occasion de l’opération Un Jardin
pour la Vie, Une Jonquille pour Curie,
le site mesvacancesenphoto.com a
reversé la totalité des bénéfices de ses
commandes à l’Institut Curie.
Cette démarche solidaire du premier site
Internet de développement de photos
de vacances se poursuit. Il s’est en effet
engagé à reverser à l’Institut Curie 50 %
des bénéfices de ses commandes
jusqu’en décembre 2007.
L’occasion de transformer un achat utile
en une participation active à la lutte
contre le cancer.
h http://curie.mesvacancesenphoto.com
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
, 17
19/06/07
17:24
Page 18
ENTRE NOUS
ENTRE NOUS
INITIATIVES
RÉTROSPECTIVE
,FRANCHE-COMTÉ
DES « BAGOUZ’ » POUR LA
RECHERCHE SUR LES CANCERS
DE L’ENFANT
u total, ce sont 52 000 euros pour
l’Institut Curie que l’association Les
Bagouz’ à Manon a collectés depuis
sa création en 2005 grâce à la vente de ses
bijoux en perles faits main. Le 15 décembre
2006, l’association a en effet remis un nouveau chèque de 25000 euros au profit d’un
programme de recherche sur l’origine des
cancers pédiatriques, mené par Olivier
Delattre dans l’unité de Génétique et biologie des cancers à l’Institut Curie. Pour l’ensemble de ses initiatives en faveur de la lutte
contre le cancer, la fondatrice de l’association, Anne Herbert, a été récompensée par
le prix Version Femina 2007. Cette femme de
courage a créé l’association en souvenir de
sa fille Manon, passionnée de perles et
décédée des suites d’un neuroblastome.
D’autres parents d’enfants touchés ou non
par ce cancer, par un ostéosarcome ou un
néphroblastome l’y ont rejointe. Ils se
retrouvent pour fabriquer ensemble bagues,
bracelets et autres bijoux vendus lors d’évé-
h
C. Charré / Institut Curie
A
Depuis le décès de Manon, Anne Herbert
perpétue la passion de sa fille pour les perles en
créant des bijoux au profit de l’Institut Curie.
nements sur Internet, via des comités d’entreprise et, peut-être, bientôt à domicile.
Suivant leur exemple, après l’élan insufflé
par les 3000 euros remis par la Donation
Lou Salomé en 2005, ce sont 3000 euros
que l’association Les Amis de Claire a versé
à ce laboratoire de l’Institut Curie.
Marilyne Barisic
h Pour en savoir plus : ww.lesbagouzamanon.org
À VOS AGENDAS
> MARDI 26 JUIN 2007,
pour clore son 1er cycle, les Mardis
de l’Institut Curie proposent une
conférence-débat « La brevetabilité
du vivant : considérations juridiques
et éthiques. L’exemple de l’affaire
Myriad Genetics ».
Le Pr Claude Huriet, président de
l’Institut Curie, et le Dr Dominique
Stoppa-Lyonnet, chef du service de
Génétique oncologique de l’Institut,
reviendront sur la révocation des
brevets de Myriad Genetics, une
société privée qui souhaitait imposer
son monopole sur le marché
international des tests de
prédisposition au cancer du sein et
de l’ovaire lié au gène BRCA1.
De 18 h à 20 h – amphithéâtre ConstantBurg, 12 rue Lhomond, Paris 5e.
LE JOURNAL DE
18 , L’INSTITUT CURIE
> VENDREDI 29 JUIN,
À 20 h, l’ensemble vocal Magadis
de l’Association touristique sportive
et culturelle des administrations
financières (Atscaf) organise, pour la
seconde fois, un concert au profit de
la lutte contre le cancer à l’Institut
Curie. Le groupe interprétera
le Judas Macchabée de Haendel.
Église réformée du Saint-Esprit,
5 rue Roquépine, Paris 8e.
Plein tarif: 12 euros – Tarif réduit pour
les enfants de moins de 12 ans : 8 euros.
Réservations au 01 53 17 85 12 ou
[email protected]. Prévente : E. V.
Magadis de l’Atscaf-Paris, 143 rue de
Bercy - Paris 12e. Spécifier le nombre
de billets, la catégorie de tarifs et
joindre une enveloppe timbrée avec
adresse pour l’envoi des billets.
POUR LA SOLIDARITÉ,
« LES FRONTIÈRES
N’EXISTENT PAS »
e 12 décembre 2006, ils étaient cinq
de l’association Réagir à s’être déplacés à Paris pour rendre une visite peu
ordinaire à toute l’équipe du laboratoire de
recherche d’Olivier Delattre, à l’Institut
Curie. « La jeunesse, la motivation, la détermination de cette équipe de chercheurs nous
a confortés dans l’idée que ce combat contre
le cancer était bien l’affaire de tous », explique
le président-fondateur de l’association
franc-comtoise Réagir. Thierry Sauvanet a
créé cette association en 2003 à la suite du
décès de son fils Quentin (6 ans et demi).
Depuis, Réagir se mobilise au profit de la
recherche sur les cancers de l’enfant et, en
particulier, celle sur les tumeurs cérébrales,
menée à l’Institut Curie.
Les nombreuses animations, les événements
organisés et initiés par cette association et
son président ont permis, à ce jour, de reverser à l’Institut près de 75 000 euros pour les
enfants atteints de cancer.
Une filiale de Réagir vient de voir le jour en
Suisse, pays voisin de la Franche-Comté.
Des espoirs importants sont sous-jacents
de cette évolution : le Dr Sarah Fattet, chef de
clinique au CHU de Lausanne, travaille en
étroite collaboration avec le laboratoire
Génétique et biologie des cancers du
Dr Delattre. « Sachant que, sur le fond des
choses, les frontières n’existent pas, et d’autant
plus lorsqu’il s’agit de soigner et de sauver des
enfants… », confie Thierry Sauvanet.
Aux premiers parrains de Réagir, Mickael
Isabey, capitaine de l’équipe de football de
Sochaux, et Francis Mourey, champion de
France de cyclo-cross, se sont associés, en
2006, Florence Baverel-Robert et Julien
Robert son mari, tous deux champions
olympiques de biathlon. « Le soutien de ces
sportifs de haut niveau est très important car,
au-delà de leur sensibilité, ils nous aident
à médiatiser un combat auquel ils adhèrent »,
conclut Thierry Sauvanet.
L
Propos recueillis par Nathalie Boissière
h
Réagir, BP 7 – 25430 Sancey
[email protected]
, FERNAND HOLWECK
UN
SCIENTIFIQUE
AUX MULTIPLES FACETTES
En 25 ans de carrière scientifique, Fernand Holweck,
physicien de génie du début du XXe siècle, a couvert
un vaste domaine de recherches, tissant des liens
entre la physique et la biologie, entre la recherche
fondamentale et la recherche appliquée. Son talent
original, son habileté unique, son esprit inventif et
sa grande générosité ont fait de lui l’une des grandes
figures du laboratoire Curie.
ernand Holweck a 23 ans, en 1913,
quand il entre comme préparateur
auprès de Marie Curie dans le tout
nouvel Institut du radium. Ingénieur en physique, major de la promotion 1910 de l’École
de physique et chimie industrielles de la
Ville de Paris, il vient de terminer son service militaire, où il s’est familiarisé avec la
télégraphie et la TSF. Pendant la Première
Guerre mondiale, affecté à la Direction des
inventions, aux côtés de Paul Langevin, il
perfectionne le sondage par ultrasons dans
l’eau et étudie leur action biologique. Ce
sont ses premiers pas vers la biophysique.
Préparée à l’Institut et soutenue en 1922, sa
thèse porte sur la production et l’étude des
rayons X de grande longueur d’onde, parfois
nommés depuis l’« ultraviolet d’Holweck ».
Il élabore à l’Institut une pompe moléculaire permettant d’obtenir un vide poussé,
pour étudier les domaines inexplorés des
radiations électromagnétiques et améliorer la puissance des émetteurs TSF.
F
À NOTER
LE LABO CURIE S’EXPOSE
Exposition photographique en plein air sur le
Laboratoire Curie. Sa directrice, Marie Curie,
son personnel venu des quatre coins du monde
et ses activités en ont fait un laboratoire
unique au monde.
h Du 1
er
juillet au 14 septembre 2007
Angle des rues d’Ulm et Pierre-et-Marie-Curie –
Paris 5e.
C’est à l’Institut du radium, toujours, qu’il effectue, en 1926, la
première expérience de transmission d’images animées sur un
écran cathodique de sa fabrication:
c’est le principe de la télévision.
Une note sur ce sujet est présentée à l’Académie des sciences par
Louis Lumière mais, curieusement, cette invention n’a trouvé
aucun écho auprès des industriels
français de l’époque !
Dans un tout autre domaine, la
mesure de la gravité, les talents de
Fernand Holweck sont sollicités en
C’est grâce à sa « pompe moléculaire » que Fernand
1929 par le directeur d’un obserHolweck (1890-1941) effectua ses principaux travaux
vatoire en Chine, le révérend père
à l’Institut du radium (cliché pris en 1924).
Lejay. Pour l’invention et la
construction d’un pendule gravimétrique d’une précision remarquable, FerAntoine de Saint-Exupéry, la formation de
nand Holweck obtient, sept ans plus tard, le
glace sur les mitrailleuses à haute altitude ;
prix Albert Ier de Monaco. La production de
dans les sous-sols du laboratoire, il fabrique
des faux papiers… et ses talents pour l’élacet instrument cessera à la mort d’Holweck,
boration de cocktails explosifs sont inconseul capable de réussir son montage délicat.
testables. Malheureusement, ses activités
Curieux de toutes les nouveautés, il s’intésont connues des Allemands. Il est arrêté en
resse également, avec le directeur de la
décembre 1941, et s’éteint le 24 décembre
Fondation Curie, Antoine Lacassagne, à la
1941, torturé à mort… Si son nom demeure
radiobiologie quantique et étudie l’action
méconnu, il laisse pourtant derrière lui des
des rayons X et du radium sur les cellules
découvertes fondamentales et des innovavivantes.
tions concrètes qui imprègnent encore le
La Seconde Guerre mondiale éclate. Alors
quotidien des chercheurs comme le nôtre.
que le gouvernement s’installe à Vichy, Holweck offre ses services à la Résistance. Peu
Renaud Huynh,
avant les hostilités, il étudie, avec son ami
Musée Curie, Institut Curie
h
,CHARENTE-MARITIME
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
, 19
ACJC
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