Le Journal de l`Institut Curie - n°70
Transcription
Le Journal de l`Institut Curie - n°70
JIC70_1COUV-BAF.qxd 19/06/07 17:13 Page 1 LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER ACTUALITÉS L’origine cellulaire des tumeurs d’Ewing enfin découverte ENTRE NOUS Nouveau succès pour l’opération Une Jonquille pour Curie DOSSIER Mélanome : mettre sa peau sous protection rapprochée # 70 - JUIN 2007 - 1,25 € - ISSN 1145-9131 JIC70_2-3-BAF.qxd 19/06/07 17:51 Page 2 ACTUALITÉS INSTITUT CURIE SOMMAIRE ÉDITORIAL ,SARCOMES p. 7 h DOSSIER p. 8 MÉLANOME : METTRE SA PEAU SOUS HAUTE PROTECTION Témoignage : Stéphanie, 24 ans, suivie après un cancer de la peau Questions au Dr Benoît Couturaud Un tout autre type de mélanome, celui de l’œil p. 9 p. 11 p. 13 ENTRE NOUS h Initiatives Rugby solidaire: l’esprit d’équipe au service p. 14 de la lutte contre le cancer Nouveau succès pour l’opération p. 15 Une Jonquille pour Curie Association: les communes, toujours mobilisées pour «Courir pour Curie» p. 16 Rétrospective Fernand Holweck : un scientifique aux multiples facettes p. 19 LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE Le voile se lève sur la tumeur d’Ewing Amélie Mauresmo, marraine de l’Institut Curie Depuis 2004, la championne de tennis apporte bénévolement son soutien aux chercheurs, aux soignants de l’Institut Curie et, plus encore, aux malades du cancer. Marraine de l’Institut, elle « espère pouvoir leur donner du courage et un peu de bonheur », et assure qu’« il faut toujours aller de l’avant, se battre. Parfois, on est moins motivé et, à d’autres moments, on reprend confiance en soi. » LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER EST ÉDITÉ PAR L’INSTITUT CURIE, 26, RUE D’ULM, 75248 PARIS CEDEX 05 – FAX: 01 43 25 17 56 – [email protected] – WWW.CURIE.FR – DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : PR CLAUDE HURIET – RÉDACTRICE EN CHEF : NATHALIE BOISSIÈRE – RÉDACTION : MARYLINE BARISIC, CELINE GIUSTRANTI – ICONOGRAPHIE : CECILE CHARRE (01 44 32 40 51) SAUF RUBRIQUE RÉTROSPECTIVE : LENKA BROCHARD (01 55 43 14 74) – DONS ET ABONNEMENTS : YOVAN VUJOSEVIC (01 44 32 40 80) – ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO : PR PIERRE BEY, DR BENOIT COUTURAUD, DR LAURENCE DESJARDINS, DR PHILIPPE GIRAUD, DR JACQUES GIRODET, RENAUD HUYNH, PR DANIEL LOUVARD, DR PASCALE MARIANI DE L’INSTITUT CURIE – LE SOMMAIRE, LES TITRES, CHAPÔS, INTERTITRES, ILLUSTRATIONS ET LÉGENDES SONT DE LA RESPONSABILITÉ DE LA RÉDACTION EN CHEF ET N’ENGAGENT PAS LES AUTEURS – PHOTO DE COUVERTURE : JOAQUIN PALTING/PHOTODISC – ABONNEMENT POUR 4 NUMÉROS/AN : 6 € – CRÉATION ET RÉALISATION : (01 53 00 10 00) – FABRICATION : TC GRAPHITE (PARIS) – IMPRESSION : IMPRIMERIE VINCENT, 26 RUE CHARLES-BEDOUX, 37042 TOURS – NUMÉRO DE COMMISSION PARITAIRE : 0907H82469 – DÉPÔT LÉGAL DU N° 70 : JUIN 2007 – CE NUMÉRO A ÉTÉ IMPRIMÉ À 170 000 EXEMPLAIRES. 02, L C’est à l’Institut Curie que l’anomalie chromosomique responsable de cette affection a été découverte en 1983 puis caractérisée en 1992. Ces travaux couronnés de succès ont permis, en 1994, la mise au point à l’Institut Curie d’un test diagnostique de la tumeur d’Ewing. Aujourd’hui, l’équipe Inserm d’Olivier Delattre vient de montrer quelles sont les cellules responsables de cette tumeur. Il s’agit de cellules souches stromales mésenchymateuses, qui sont à l’origine de différents tissus comme le muscle, les os ou encore les tissus graisseux. A. Aurias / Institut Curie du côlon es chercheurs de l’Institut Curie viennent de découvrir l’origine cellulaire des tumeurs d’Ewing, tumeurs malignes de l’os pour lesquelles l’Institut Curie est le centre de référence en France, aussi bien pour la prise en charge des jeunes patients que pour la recherche. Appelé aussi sarcome1 d’Ewing, ce cancer atteint 50 à 100 nouveaux enfants ou adolescents par an, avec un pic de fréquence entre 10 et 15 ans. Affectant essentiellement les os du bassin, des côtes, le fémur, le péroné et le tibia, il possède un fort pouvoir invasif. Et il n’est pas rare de voir apparaître d’autres foyers cancéreux principalement au niveau des poumons et du squelette. En trente ans, le traitement de la tumeur d’Ewing a profondément évolué. Basée au début essentiellement sur la radiothérapie, la stratégie thérapeutique utilisée actuellement pour venir à bout de ce type de tumeur combine, dans la majorité des cas, chimiothérapie et chirurgie. h FICHE PRATIQUE h Dépistage généralisé du cancer enfin découverte C. Charré/Institut Curie p. 6 Guérison : les chiffres de l’espoir L’origine cellulaire des tumeurs d’Ewing « Je m’investis en aidant la recherche et les patients et je suis notamment très impliqué dans l’association Artur (Association pour la recherche sur les tumeurs du rein). J’ai par ailleurs accepté de parrainer Une Jonquille pour Curie (lire p. 15) car l’Institut Curie Bernard Giraudeau, est un hôpital de pointe en cancérologie acteur, réalisateur et écrivain, est et un centre de recherche de renommée le parrain bénévole internationale qui s’intéresse à de l’opération la compréhension de tous les aspects Une Jonquille pour Curie 2007 du cancer : le fonctionnement des cellules, des gènes, l’impact des facteurs environnementaux, les défenses immunitaires, l’évolution d’une tumeur donnée dans l’organisme du malade… Il s’avère que la jonquille est ma fleur préférée avant d’être le symbole de la lutte contre le cancer. J’ai la chance d’être entouré de jonquilles actuellement puisqu’elles poussent partout dans la forêt qui accueille mes promenades quotidiennes. La jonquille c’est la lumière, le soleil, l’espoir… le reflet de notre soleil intérieur. À propos des enfants, il est vrai que je vais parfois raconter des histoires aux plus petits et rencontrer les adolescents. La souffrance de l’enfant, qui, pour beaucoup, est vécue comme une injustice, nous laisse démunis. Il y a comme une terrible impuissance et pourtant les enfants nous surprennent parfois par leur lucidité, leur créativité, leur force même. La peinture, le dessin, les histoires racontées, le rire, les clowns modifient souvent le comportement de ces petits malades et aident considérablement les médecins, les traitements, l’entourage et pour beaucoup la famille, totalement désorientée. Les quelques contacts que j’ai eus avec les enfants et les adolescents m’ont beaucoup enseigné. J’espère. D’autres font beaucoup plus que moi et je vois la lumière apportée, la tendresse, l’amour. C’est essentiel. » P. Lombardi/Institut Curie p. 3 L’origine cellulaire des tumeurs d’Ewing enfin découverte Les chercheurs décryptent la stratégie p. 4 antitumeur des lymphocytes T Le Plan cancer participe au p. 5 développement de la radiothérapie Actualités générales La jonquille, c’est le reflet de notre soleil intérieur A. Lescure/Institut Curie ACTUALITÉS h Institut Curie Les chercheurs de l'Institut Curie sont parvenus à découvrir le gène qui fait perdre aux cellules cancéreuses d’un liposarcome (tumeur des tissus graisseux) leur capacité à fabriquer de la graisse, et qui rend la tumeur plus agressive : un indice précieux pour proposer un traitement adapté à ces patients. En inhibant la protéine anormale dans les tumeurs d’Ewing, les chercheurs ont réussi à faire que les cellules tumorales retrouvent leur statut d’origine, celui de cellules souches mésenchymateuses. Ils ont pu montrer que les cellules tumorales inhibées étaient alors capables de se différencier normalement en cellules osseuses ou graisseuses. Ainsi, en forçant les cellules à reconquérir leur fonction première, il pourrait être possible de les rendre moins agressives (lire encadré). Cette approche ouvre de nouvelles voies thérapeutiques prometteuses pour la lutte contre le cancer. Céline Giustranti Source : Cancer Cell, 8 mai 2007. 1. Le sarcome est une variété de cancer se développant aux dépens du tissu conjonctif. LE GÈNE DE L’AGRESSIVITÉ DES LIPOSARCOMES Tumeurs des tissus graisseux, les liposarcomes sont d’autant plus agressifs et d’évolution d’autant plus rapide que leurs cellules ont perdu la capacité de fabriquer des graisses. L’équipe Inserm d’Alain Aurias à l’Institut Curie vient d’identifier le gène à l’origine de cette défaillance des cellules : le gène JUN. Lorsqu’il est muté, le pronostic des liposarcomes est mauvais. Ce nouveau paramètre devrait permettre d’affiner le diagnostic sur les liposarcomes et d’adapter au mieux les traitements. À terme, cette mutation pourrait aussi C. G. servir de cible à de nouvelles thérapies. Source : Cancer Cell, 9 avril 2007 LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE ,03 JIC70_4-7-BAF.qxd 19/06/07 17:18 Page 4 ACTUALITÉS ACTUALITÉS INSTITUT CURIE INSTITUT CURIE ,IMMUNOTHÉRAPIE ,NOUVEAU TRAITEMENT Les chercheurs décryptent la stratégie antitumeur des lymphocytes T À Céline Giustranti Source : Journal of Experimental Medicine, 19 février 2007. ,LEUCÉMIES De nouvelles pistes à explorer L 04, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE C. G. UN CHIRURGIEN DE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR erceau de la radiothérapie en France, l’Institut Curie est chargé d’évaluer une nouvelle technique, la tomothérapie, avec ses partenaires du pôle Ouest de cancérologie d’Îlede-France, qui la mettent également en œuvre : l’hôpital européen GeorgesPompidou, le centre René-Huguenin, l’hôpital Necker et la clinique Hartmann. D’ici à l’été 2007, les centres de lutte contre le cancer de Nantes et de Bordeaux, une fois équipés, vont s’associer à cette étape indispensable qu’est la validation d’une nouvelle technique de traitement1. À l’Institut Curie, les coûts d’acquisition de la machine de tomothérapie et d’aménagement se sont élevés à 4,2 millions d’euros. Ils sont financés à hauteur de 0,6 million par l’Institut national du cancer, de 0,7 million par la Région Île-de-France et par un emprunt de 2,9 millions de l’Institut Curie. B Son accident de moto a radicalement modifié sa relation avec… ses patients. Cette expérience d’accidenté a permis à ce chirurgien de toucher du doigt les décalages qui existent souvent entre les préoccupations des patients et celles des médecins, les priorités des uns et celles des autres. Il a appréhendé l’impatience des premiers et la réserve des seconds… Spécialiste de la chirurgie des cancers à l’Institut Curie, le Dr Rémy Salmon livre ici un témoignage sans juger ses confrères, malgré une erreur médicale, ni réformer le système de soins, mais bien en redonnant au patient sa place centrale : «C’est le malade qui importe, pas le médecin», écrit-il. N. B. Une aide au fonctionnement a été attribuée par le ministère de la Santé pour la création de postes supplémentaires. L’Institut Curie financera les coûts de maintenance, de consommables et d’amortissement estimés à 0,75 million d’euros par an. L’Institut national du cancer finance la totalité des coûts d’évaluation de la technique à Paris, Nantes et Bordeaux. Depuis la découverte des rayons X et leurs premières applications en cancérologie, les radiothérapeutes poursuivent le même objectif : délivrer une dose capable de détruire les tumeurs sans léser les cellules normales. Avec la tomothérapie, nouvelle étape technologique, ils s’en rapprochent… h Tout ce que les chirurgiens ne peuvent Alice Devaux pas vous dire, Dr Rémy Salmon, éd. Anne Carrière (230 p., 17 euros). 1. Lire Le Journal de l’Institut Curie, mars 2007. ,PRISE EN CHARGE L’intérêt de la diététique pour les patients atteints de cancer ORL P. Levivier/Institut Curie participent à l’étude et à la meilleure compréhension de la survenue des leucémies. Ainsi, l’équipe Inserm de Françoise Moreau-Gachelin s’est penchée sur un nouvel anticancéreux, l’imatinib (Glivec®), qui se révèle inefficace contre les leucémies myéloïdes aiguës2. La raison? Une mutation particulière au niveau d’un récepteur appelé c-kit dans ce type de leucémie. Ces chercheurs ont découvert, chez l’animal, qu’une molécule connue sous le matricule de SU5416 agissait sur cette mutation et entraînait une réduction de la prolifération des cellules leucémiques3. SU5416 semble donc être un bon candidat pour détruire les cellules résistantes au traitement par l’imatinib, notamment dans les leucémies myéloïdes aiguës; ce qui permettrait enfin d’améliorer le pronostic des leucémies myéloïdes chroniques. es patients atteints d’une tumeur des voies aéro-digestives supérieures (bouche, œsophage…) souffrent souvent de troubles nutritionnels. Cet état peut être aggravé par les effets secondaires de la radiothérapie sur les muqueuses. À l’Institut Curie, les diététiciennes, les radiothérapeutes spécialistes de la sphère ORL et le Service de chirurgie cervico-faciale et ORL du Dr José Rodriguez viennent de montrer qu’un suivi nutritionnel précoce et régulier L h a leucémie lymphoïde, un cancer du sang, se développe à partir d’une erreur génétique dans les cellules sanguines. Ces dernières prolifèrent alors de manière anormale et ne remplissent plus leur rôle. Et c’est l’accumulation d’erreurs génétiques dans plusieurs gènes qui mène au développement tumoral. L’équipe CNRS de Jacques Ghysdael à l’Institut Curie vient de montrer comment deux facteurs agissent en synergie pour initier la cancérogenèse1 : un gène «chimère», TEL-JAK2, issu d’un réarrangement entre chromosomes, déjà connu dans la leucémie lymphoïde humaine, et l’activation d’un récepteur de la surface des cellules, Pre-TCR, essentiel au développement des lymphocytes T. Ces deux facteurs pourraient être utilisés comme cibles pour de nouveaux traitements de la leucémie lymphoïde. D’autres chercheurs de l’Institut Curie au développement de la radiothérapie Les équipes de l’Institut Curie ont découvert deux facteurs responsables de cancers du sang : ce sont de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles. 1. Source : Blood, 1er mai 2007. 2. Il existe plusieurs formes de leucémies, suivant le type de cellules sanguines impliquées. Leur traitement et leur prise en charge sont le plus souvent distincts. 3. Source : Oncogene, 18 décembre 2006, publication en ligne. des patients pendant leur radiothérapie améliore leur qualité de vie et leur état général. Des conseils nutritionnels et une prescription de compléments alimentaires adaptés limitent efficacement la perte de poids au cours du traitement, évitent les interruptions de traitement et modèrent la gravité des inflammations des muqueuses. C. G. Source : Cancer Radiotherapy, 9 janvier 2007. A. Lescure/Institut Curie À gauche, les lymphocytes sont parvenus à détruire les cellules tumorales (en vert). À droite, elles restent nombreuses. Les chercheurs tentent de comprendre pourquoi, afin d'amplifier leur action. de reprendre leur ronde. Quand les chercheurs constatent que la vitesse de progression des lymphocytes T est élevée, cela signifie soit l’absence de l’adversaire, soit la défaite du système immunitaire sur le champ de bataille. Ainsi, décrypter les stratégies que nos défenses mettent en place naturellement peut permettre aux immunologistes d’imaginer comment amplifier ces actions de défense contre les cellules tumorales et, par conséquent, développer de nouveaux traitements anticancéreux. première fois, in vivo et en temps réel, la manière dont des cellules de notre système de défense, les lymphocytes T, infiltrent une tumeur solide pour la combattre. En effet, il est nécessaire de comprendre pourquoi les défenses de l’organisme peinent si souvent à éliminer une tumeur. Les chercheurs ont ainsi découvert que les lymphocytes T, en défenseurs méthodiques, encerclent les positions ennemies et « patrouillent » jusqu’à rencontrer une cellule tumorale qu’ils ont au préalable appris à reconnaître. Là, ils s’arrêtent pour l’éliminer avant À LIRE h h A. Boissonnas, L. Fetler/Institut Curie l’Institut Curie, l’équipe Inserm de Sebastian Amigorena (CNRS), grâce à l’utilisation de la microscopie à deux photons, vient de montrer pour la Le Plan cancer participe L'Institut Curie vient de montrer qu’un suivi diététique améliore la qualité de vie des patients atteints de cancers ORL. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE ,05 19/06/07 17:18 Page 6 ACTUALITÉS FICHE PRATIQUE GÉNÉRALES La preuve par les chiffres que l’on peut guérir d’un cancer était très attendue par les acteurs de la lutte contre le cancer pour conforter leur appréciation ; espérons qu’elle soit intégrée par le monde du travail et les assureurs, afin que la réinsertion des personnes après la maladie s’en trouve facilitée. C. Charré/Institut Curie Un dispositif national de diagnostic précoce des cancers du côlon D’ici à la fin 2007, tous les assurés âgés de 50 à 74 ans devraient bénéficier de la campagne de dépistage généralisé du cancer du côlon. 37 départements1 sont déjà engagés, avec le soutien de l’État et de l’Assurance maladie, dans cette lutte contre le cancer. Elle consiste à rechercher des polypes colorectaux qui, s’ils persistent, risquent de se transformer en cancer. franchissent le cap des cinq ans après le diagnostic de leur cancer, contre 10 % seulement des malades atteints de mésothéliome de la plèvre, de cancer du foie ou du pancréas. Si les chances de survie sont de 44 % pour les hommes contre 63 % pour les femmes, c’est qu’ils souffrent plus souvent de pathologies plus lourdes (notamment le cancer du poumon). Cependant, la survie a augmenté entre 1989 et 1997 pour la majorité des localisations cancéreuses. Ces données pourraient encore A. Lescure/Institut Curie a plus grande étude jamais réalisée en France sur la survie des patients atteints de cancer1 livre des résultats porteurs d’espoir. Soutenue par la Ligue contre le cancer, elle a porté sur 205000 malades. Elle confirme notamment que « moins de la moitié des patients décèdent des conséquences directes ou indirectes de leur maladie, dans les cinq ans qui suivent le diagnostic ». C’est à la fin du siècle dernier que le seuil de 50 % de guérison, tous cancers confondus, a été franchi. «Un formidable espoir de retour à une vie ordinaire pour des patients encore trop souvent confrontés à des injustices sociales», commentaient les auteurs du rapport. Toutefois, cette moyenne ne doit pas occulter de fortes disparités. Par exemple, 95 % des patients atteints de cancer de la thyroïde, du testicule ou de la lèvre Pedro Lombardi/Institut Curie Les chiffres de l’espoir h L S. Labrunie/Institut Curie ,GUÉRISON Noak/Le Bar Floréal/Institut Curie DÉPISTAGE s’améliorer dans les années à venir, car ni les traitements médicaux révolutionnaires introduits à la fin des années 1990, ni même les dépistages de masse (sein, côlon) ou individuels (prostate) n’ont encore été évalués, faute de recul. Nathalie Boissière 1. Survie des patients atteints de cancer en France, Francim (réseau français des registres du cancer), éd. Springer (406 p., 30 euros, en vente dans les librairies spécialisées). h POURQUOI METTRE EN PLACE h EN QUOI CONSISTE LE TEST ? UN DÉPISTAGE GÉNÉRALISÉ ? Le test de dépistage, appelé Hémoccult®, repose actuellement sur la recherche biochimique de sang occulte (invisible à l’œil nu) dans les selles. Une étude menée en Bourgogne auprès de 91200 personnes de 45 à 74 ans, invitées à faire un test de dépistage tous les deux ans et suivies pendant onze ans, a montré que le dispositif permettait de diminuer de 16 % la mortalité par cancer colorectal. Le côlon est la localisation de cancer la plus fréquente pour les deux sexes confondus, avec 38000 nouveaux cas chaque année. Il existe pourtant des traitements efficaces quand le diagnostic est fait précocement ou, mieux encore, lorsqu’un polype, tumeur bénigne, est découvert et retiré avant qu’il ne risque de se transformer en cancer. h QUI EST CONCERNÉ PAR CE DÉPISTAGE ? ,OPINION EN BREF ASSOCIATION Le cancer : bien connu INFORMER LES MALADES ATTEINTS DE LYMPHOME des Français, mais toujours redouté Constituer un point d’échange et d’information entre malades et médecins, c’est la mission que s’est donnée France Lymphome Espoir, une association créée en 2006 à l’initiative de patients touchés par un lymphome. Ses outils : un forum Internet, des conférences et des documents téléchargeables ou disponibles dans les hôpitaux relayant les actions de l’association. France Lymphome Espoir se veut un relais pour les personnes atteintes par ce cancer mal connu qui touche 11 000 personnes chaque année en France. h www.francelymphomeespoir.com 06, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE e cancer est une maladie grave pour plus de 90 % des Français, qui s’en estiment « très peu à l’abri ». C’est ce qui se dégage des dernières études1 réalisées auprès du grand public, de malades atteints de cancer, de proches et de médecins. 77 % d’entre eux « redoutent le cancer plus que toute autre maladie ». Mais le tabou qui existait auparavant est tombé : « Le cancer, il faut en parler », réclame la majorité des personnes interrogées. Un soutien psychologique lors du traitement apparaît également très important pour 80 % des patients et 90 % du grand public. Plus de la moitié des Français pensent que les médecins parlent trop L de la maladie et pas assez du malade. Parmi les traitements anticancéreux les plus cités, la chimiothérapie arrive en premier (94 %), suivie de la chirurgie (92 %). Une inégalité des soins est ressentie : pour près de la moitié des Français, les soins seraient de meilleure qualité pour les personnes à hauts revenus. Et pourtant, la majorité des personnes concernées ont le sentiment qu’elles (ou leurs proches) ont bénéficié des meilleurs traitements. Marilyne Barisic 1. Études menées par l’Ifop (pour les laboratoires AstraZeneca), l’Ipsos (4e forum scientifique de l’Unesco) et l’Inpes (Baromètre cancer 2005). Le dépistage du cancer colorectal est préconisé chez les personnes âgées de 50 à 74 ans, hommes et femmes, sans antécédents de cancers familiaux, ni polypes du côlon, ni symptômes digestifs d’appel. Les personnes présentant ces facteurs de risque sont déjà pris en charge par ailleurs. h COMMENT PARTICIPER AU DÉPISTAGE ? h COMMENT SONT ANNONCÉS A. Lescure/Institut Curie JIC70_4-7-BAF.qxd h Coloscopie. LES RÉSULTATS ? Chaque centre de lecture envoie les résultats du test au médecin prescripteur qui les communique ensuite à son patient. Si aucune trace de sang n’est trouvée dans les selles, le test est dit négatif. Le patient devra seulement le renouveler à la prochaine invitation, deux ans plus tard. Si le test est positif (présence de sang dans les selles), le médecin prescrit une coloscopie (examen du rectum et du côlon grâce à une sonde d’observation introduite par l’anus2) afin de diagnostiquer l’origine des saignements. h QUELLES PEUVENT ÊTRE LES CAUSES DES SAIGNEMENTS ? La présence de sang dans les selles n’est pas forcément synonyme de cancer. Cela peut être dû : • à une infection ou une irritation des intestins. Un traitement adéquat prendra en charge la pathologie; • à des polypes, excroissances à l’intérieur du côlon ou du rectum, qui peuvent provoquer des saignements microscopiques. Les polypes ne sont pas cancéreux, mais si on les laisse grossir, ils le deviendront. Tous les polypes découverts lors de la coloscopie sont retirés immédiatement par voie naturelle. Ils sont analysés afin de connaître leur stade d’évolution. Face à des polypes volumineux ou de petits cancers, les patients seront alors pris en charge de façon à agir contre le risque de dissémination de cellules malignes. Nathalie Boissière Tous les deux ans, l’assuré âgé de 50 à 74 ans reçoit une invitation à se rendre chez son médecin généraliste. Celui-ci lui prescrit un test gratuit de dépistage, qui lui est remis directement ou par une pharmacie. L’assuré réalise le test à domicile et l’adresse ensuite à un centre de lecture spécialisé. 1. Les départements engagés : Ain, Aisne, Allier, Alpes-Maritimes, Ardennes, Bouches-du-Rhône, Calvados, Charente, Cher, Côtes-d’Armor, Côted’Or, Doubs, Essonne, Finistère, Haute-Saône, Haute-Vienne, Haut-Rhin, Hauts-de-Seine, Hérault, Ille-et-Vilaine, Indre-et-Loire, Isère, Jura, Marne, Mayenne, Moselle, Nord, Oise, Orne, Paris, Puy-deDôme, Pyrénées-Orientales, Saône-et-Loire, Seine-Saint-Denis, Somme, Territoire de Belfort, Val-de-Marne. 2. Lire « La coloscopie », Journal de l’Institut Curie, août 2005 (journal en ligne sur www.curie.fr/publications). DR PASCALE MARIANI, CHIRURGIEN, RESPONSABLE DU GROUPE D’ÉTUDE SUR LES TUMEURS DIGESTIVES, ET DR JACQUES GIRODET, GASTRO-ENTÉROLOGUE, UNITÉ DE CHIRURGIE DIGESTIVE, DE L’INSTITUT CURIE LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE ,07 JIC70_8-13-BAF.qxd 19/06/07 17:20 Page 8 DOSSIER MÉLANOME MÉLANOME : METTRE SA PEAU SOUS PROTECTION RAPPROCHÉE Le soleil est dangereux pour notre peau. Nous avons beau le savoir, il est difficile de résister au plaisir de s’étendre au soleil et d’avoir un teint hâlé… Résultat : les cancers de la peau ne font qu’augmenter et le mélanome est devenu une préoccupation majeure de santé publique. Point sur ce qu’il faut savoir en matière de dépistage de ce cancer et, à l’approche de l’été, sur sa prévention. O n compte plus de 7000 nouveaux cas de mélanome par an : c’est trois fois plus qu’il y a vingt ans! Ce n’est pas le plus fréquent des cancers cutanés1, mais il est le plus grave. En effet, dans le même temps, la mortalité due à ce cancer de la peau et des muqueuses a doublé. Une augmentation inquiétante qui est à relier à nos nouvelles habi- 1. Les carcinomes cutanés représentent la majorité des cancers de la peau. Ils se développent le plus souvent sur les zones exposées au soleil (visage, cou, dos des mains), en général après 50 ans, et évoluent lentement. 08, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE h Voisin/Phanie tudes d’exposition au soleil. « Cette évolution est très préoccupante, explique le Dr Benoît Couturaud, chirurgien-plasticien oncologue à l’Institut Curie, car ce cancer se traite mal lorsqu’il est découvert tardivement. » Malgré les progrès thérapeutiques mis en œuvre depuis quelques années, et notamment la toute récente technique du ganglion sentinelle (lire p. 11), l’absence de traitement curatif pour les formes très avancées de mélanome rend indispensable la prévention et la détection précoce. Protéger sa peau du soleil est primordial si on ne veut pas mettre sa vie en danger et il faut «la surveiller attentivement sans hésiter à consulter au moindre doute», ajoute Stéphanie, opérée en 2006 d’un mélanome au coude (lire son témoignage ci-contre). Pour les sujets sensibles au soleil et ceux qui constatent l’évolution d’un grain de beauté, par exemple, la visite chez le dermatologue s’impose. La lutte contre le mélanome passe également par cette surveillance de la peau. Nous ne sommes pas égaux face au soleil Le mélanome peut se déclarer à tout âge, bien qu’il reste exceptionnel chez l’enfant. On peut le trouver localisé sur toutes les parties du corps, plus fréquemment sur le tronc chez l’homme et sur les jambes chez la femme. Il se présente habituellement sous la forme d’une tache pigmentée plate, brune ou noire. Dans 15 % à 20 % des cas, il apparaît au niveau d’un grain de beauté. Il évolue change de forme et grossit parfois en quelques semaines seulement. À l’origine du mélanome : les mélanocytes, ces cellules spécialisées dans la fabrication du pigment de la peau. Ils participent au bronzage et sont aussi à l’origine des grains de beauté ou nævi mélanocytaires. De nombreuses recherches et études sont en cours pour comprendre comment ces cellules de la peau peuvent dégénérer et devenir cancéreuses (lire l’encadré p. 13). Tout le monde est susceptible d’être atteint de mélanome. Toutefois, nous ne sommes pas égaux face à ce danger. Les personnes ayant la peau, les yeux et les cheveux clairs, des taches de rousseur, celles qui s’exposent de façon intensive et irrégulière (lors des vacances) sont le plus à risque. Les facteurs qui favorisent les mélanomes sont bien connus Plusieurs études épidémiologiques ont mis en évidence les méfaits de l’exposition solaire. Le risque de mélanome est ainsi plus élevé chez les personnes victimes de nombreux coups de soleil pendant l’enfance ou l’adolescence, ou pratiquant des loisirs extérieurs fréquents, ou encore utilisant des cabines à ultraviolets (UV). Les facteurs génétiques sont également ■ ■ ■ TÉMOIGNAGE STÉPHANIE, 24 ANS, SUIVIE APRÈS UN MÉLANOME DE LA PEAU « Le dermatologue, il vaut mieux aller le voir pour rien que trop tard » « Au mois de juin 2006, j’ai appris que j’avais un mélanome. Jusqu’alors, je n’avais jamais entendu parler de cette maladie. C’est ma mère qui a remarqué que j’avais un grain de beauté très noir situé juste sous le coude, à un endroit qui n’est pas vraiment exposé au soleil. Je ne m’exposais pourtant pas beaucoup au soleil, jamais plus d’une demi-heure et toujours enduite de crème. Mais j’ai la peau très blanche, les yeux clairs et mes cheveux sont châtain clair. Et j’attrape facilement des coups de soleil. À cette époque de l’année, on se met en T-shirt, on commence à se découvrir les bras, et c’est pour cette raison que ma mère l’a vu. Elle a trouvé que le grain de beauté n’était pas joli, ni normal. Elle m’a conseillé d’aller voir un dermatologue. En deux ou trois mois, le grain a grossi jusqu’à atteindre un diamètre de 4 mm environ. La dermatologue consultée m’a conseillé de le faire retirer et m’a adressée à un hôpital où on me l’a enlevé sous anesthésie locale. Je suis restée une demi-journée à l’hôpital. Tout s’est bien passé ; l’intervention n’a pas été douloureuse. Cinq semaines plus tard, j’ai eu la confirmation qu’il s’agissait bien d’un mélanome, mais il a encore fallu retirer de la chair autour car la première fois, l’exérèse n’avait pas été assez large. On m’a également prélevé le ganglion sentinelle (lire l’encadré p. 11), qui – heureusement – n’était pas atteint. Les suites ont été simples et depuis, je suis suivie tous les six mois. Si j’avais un seul conseil à donner, ce serait de ne pas hésiter à se rendre chez le dermatologue au moindre doute, car il vaut mieux y aller pour rien que trop tard. C’est une consultation d’une demiheure qui peut sauver la vie ! » Propos recueillis par Brigitte Postel LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE , 09 JIC70_8-13-BAF.qxd 19/06/07 17:20 Page 10 DOSSIER SOLEIL ET PEAU LA « RÈGLE ABCDE » Cette « règle » permet de mémoriser les signes qui doivent alerter : De nombreuses idées fausses ont encore cours sur les comportements à adopter face au soleil. Démêlons le vrai du faux… LES RAYONNEMENTS SOLAIRES NE SONT DANGEREUX QU’EN JUILLET ET EN AOÛT, ÉPOQUE OÙ ILS SONT PARTICULIÈREMENT FORTS. Les UVA ne font que se cumuler avec les ultraviolets du soleil, renforçant ainsi l’effet cancérigène. La fréquentation des cabines et autres bancs solaires est donc fortement déconseillée et interdite aux moins de 18 ans. h Faux. L’intensité des rayons ultraviolets n’est pas liée à la sensation de chaleur et les rayons du soleil peuvent s’avérer dangereux, même par temps couvert ou venté. Des mois comme mai ou juin sont donc aussi dangereux… LES AUTOBRONZANTS ET LES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES PROTÈGENT DES EFFETS NÉFASTES DU SOLEIL. h Faux. Ils donnent un teint hâlé en raison des carotènes qu’ils contiennent, mais ne protègent pas du soleil. En revanche, ils n’ont pas d’effets cancérigènes connus à ce jour. LES HEURES LES PLUS DANGEREUSES POUR S’EXPOSER SONT SITUÉES ENTRE 11H ET 16H. LE RISQUE SOLAIRE AUGMENTE AVEC L’ALTITUDE. h Vrai. Ce risque est très présent à la montagne. En effet, plus l’altitude est élevée, plus l’atmosphère qui nous protège des UV est fine. De plus, la réverbération du soleil sur la neige accroît ce risque, pour la peau et aussi pour les yeux. LES UVA SONT MOINS DANGEREUX QUE LES UVB. h Faux. Jusqu’à récemment, il était admis que, dès lors que certaines règles d’utilisation étaient respectées, les cabines de bronzage n’étaient pas LA CRÈME SOLAIRE « ÉCRAN TOTAL » SUFFIT POUR PROTÉGER LA PEAU. Joaquin Palting/Institut Curie h Vrai. C’est le moment de la journée où l’irradiation solaire est la plus forte en France métropolitaine. Mais, sous les tropiques, sur la neige ou sur l’eau, le soleil peut être dangereux plus tôt et plus tard. dangereuses car elles n’utilisaient que des UVA. Or, des études internationales ont montré que ces UVA étaient, comme les UVB, associés à un risque accru de cancers cutanés. Une étude menée en 2006 par le Centre international de recherche sur le cancer démontre une augmentation de 75 % du risque de mélanome si l’on s’expose aux UVA avant 30 ans. LES SÉANCES D’UV PRÉPARENT LA PEAU AU SOLEIL. h Faux. Le bronzage artificiel ne prépare pas (ou si peu) la peau au soleil. h Faux. Cette appellation est trompeuse. Même les produits solaires les plus efficaces ne filtrent pas la totalité des rayons UV. Ils n’en restent pas moins indispensables. IL FAUT CONTINUER À METTRE DE LA CRÈME SOLAIRE MÊME QUAND LA PEAU EST BRONZÉE. h Vrai. Le bronzage est une barrière naturelle, mais cette barrière est superficielle et ne filtre qu’une partie des ultraviolets. Une peau bronzée risque moins d’attraper des coups de soleil, mais n’est pas protégée contre le vieillissement cutané, ni contre les effets cancérigènes des rayons UV. B. P. PR FRANÇOISE AVRIL, RESPONSABLE DU SERVICE DERMATOLOGIE ET VÉNÉRÉOLOGIE, GROUPE HOSPITALIER COCHIN - SAINT-VINCENT DE PAUL (PARIS) ET DR BENOÎT COUTURAUD, CHIRURGIEN ONCOLOGUE, DÉPARTEMENT DE CHIRURGIE ONCOLOGIQUE, INSTITUT CURIE 10, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE A comme Asymétrie La forme du grain de beauté (nævus) n’est pas circulaire et les deux moitiés ne se ressemblent pas. Seule une partie change d’aspect et se distingue du reste. B comme Bords irréguliers Les bords du grain de beauté ou de la tache sont irréguliers, mal délimités, avec parfois une extension de la pigmentation sur la peau autour de la tache. C comme Couleur non homogène Il existe plusieurs couleurs sur le même grain de beauté : noir, gris, rouge violacé, bleu, marron ou blanc. D comme Diamètre La taille du grain a tendance à augmenter, son diamètre pouvant être supérieur à 6 mm. E comme Évolution ou Élévation Toute tache ou nævus qui change rapidement de taille, de forme, de couleur, d’aspect, d’épaisseur doit inciter à demander un avis médical sans attendre. D’après le Syndicat des dermatologues et vénéréologues/Institut national du cancer hPOUR EN SAVOIR PLUS : www.syndicatdermatos.org, www.e-cancer.fr reconnus aujourd’hui. La survenue de mélanome chez des membres de sa famille représente un risque supplémentaire pour une personne : 8 % à 10 % des mélanomes surviennent en effet dans un contexte familial. Les grains de beauté ne doivent pas être négligés. Apparaissant au cours de l’enfance ou de l’adolescence, bénins à l’origine, ils peuvent devenir cancéreux. Les plus à risque de se transformer en mélanomes sont les grains de beauté (ou nævi) congénitaux (présents dès la naissance ou apparus très tôt sur la peau des enfants), de taille supérieure à 5 cm. On conseille de les faire retirer lorsqu’ils sont situés à un endroit sensible aux écorchures, à des frottements répétitifs… Enfin, la diminution des défenses immunitaires s’avère également être un facteur de risque. Un taux accru de mélanomes malins a été mis en évidence chez des patients « immunodéprimés » par un traitement suite à une transplantation d’organe, un lymphome, le sida… ■■■ La prévention passe par la protection Afin de prévenir le risque de mélanome, les dermatologues recommandent de modifier nos comportements dangereux et d’adopter certaines règles de conduite comme celle d’éviter de bronzer à tout prix. La meilleure protection est assurée par les vêtements (surtout pour les enfants) et les lunettes de soleil avec filtre anti-UV (norme CE catégorie 3 ou 4). Car, l’œil peut, comme la peau, être victime de mélanome et le nombre de ces cancers est également en augmentation. Il faut faire comprendre aux parents que la protection par un bob unanimement adopté par les familles, n’est pas suffisante et que toute la peau des jeunes enfants doit être protégée. Les bébés et les jeunes enfants ne doivent jamais être exposés au soleil direct. Adultes comme enfants doivent rester à l’ombre aux heures de plus forte irradiation solaire, et notamment éviter de séjourner sur la plage entre 11 h et 16 h (heure du soleil). Les crèmes de protection solaire sont des armes à double tranchant. Pour être efficaces, leur application doit être renouvelée toutes les deux heures et il faut choisir un indice élevé : 15 au minimum (protection moyenne) pour les peaux mates et supérieur à 30 (protection forte) pour les peaux claires. De même après chaque douche, bain en mer ou en piscine, après avoir transpiré ou s’être essuyé, il faut renouveler leur application en quantité suffisante ■ ■ ■ QUESTIONS AU ... Pedro Lombardi/Institut Curie Vrai ou Faux? h IDÉES REÇUES MÉLANOME DR BENOÎT COUTURAUD, CHIRURGIENPLASTICIEN ONCOLOGUE, DÉPARTEMENT DE CHIRURGIE DE L’INSTITUT CURIE Quels sont les traitements face à un mélanome de la peau ? L’ablation chirurgicale du mélanome cutané est incontournable : elle est efficace à la condition que des marges d’exérèse suffisantes soient pratiquées de manière à éliminer toutes les cellules tumorales. La suite du traitement dépend entièrement de l’épaisseur du mélanome : si elle est inférieure à 1 mm, on estime que 90 % des patients ne nécessitent pas d’autre traitement ; leur pronostic est très favorable. Pour les lésions dont l’épaisseur dépasse les 4 mm, une immunothérapie complémentaire s’avère souvent nécessaire. À l’Institut Curie, vous utilisez la technique du ganglion sentinelle pour rechercher la présence de cellules tumorales dans la chaîne ganglionnaire. En quoi consiste cette technique ? On injecte un produit radioactif au niveau de la tumeur. Il se répand ensuite dans la chaîne ganglionnaire qui assure le drainage lymphatique du mélanome. Grâce à la scintigraphie, une technique d’imagerie médicale qui repère cette radioactivité, on identifiera le premier ganglion de la chaîne et il pourra être retiré immédiatement. Son analyse permet alors de découvrir une éventuelle dissémination des cellules tumorales. S’il n’y a pas de dissémination, aucune intervention complémentaire n’est nécessaire. L’accès à cette information évite de retirer « à l’aveugle » toute la chaîne ganglionnaire. Par contre, si l’analyse du ganglion met en évidence la présence de cellules cancéreuses, la chaîne ganglionnaire est retirée. Cette ablation intervient dans un deuxième temps car l’analyse du ganglion sentinelle demande environ trois semaines. À l’Institut Curie, nous évaluons actuellement cette technique en partenariat avec le service du Pr Avril à l’hôpital Cochin, l’hôpital Bichat et le CHU de Reims. Notre expérience montre l’intérêt de l’analyse de ce ganglion pour repérer les patients atteints de métastases et leur proposer un traitement adapté. Propos recueillis par B. Postel LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE , 11 19/06/07 17:20 Page 12 DOSSIER DOSSIER MÉLANOME LES MÉLANOME 12-25 ANS La recherche fondamentale, source de progrès Un tout autre type de mélanome, h Noak/Le bar Floréal/Institut Curie La tête immobilisée par un masque, le patient reçoit son traitement de protonthérapie qui cible précisément la tumeur de l'œil, en affectant le moins possible les tissus environnants et la vue. Très différents des mélanomes de la peau, ceux de l’uvée sont les tumeurs malignes de l’œil les plus répandues avec 500 à 600 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France. L’uvée est cette fine membrane de l´œil, composée de l´iris, de la choroïde et du corps ciliaire. Aucune étude n’incrimine de façon sûre l’exposition au soleil. Par contre, il est démontré que les personnes aux yeux bleus, verts ou gris ont 2 à 3 fois plus de risques de développer ce cancer que celles aux yeux bruns. Le mélanome de l’œil se développe sans signe visible, contrairement à un grain de beauté qui change d’aspect. Mais toute personne qui note une baisse d’acuité, une tache dans son champ visuel ou la sensation de flashes se répétant au même endroit sur le même œil doit consulter sans tarder. En France, le diagnostic du mélanome de l’œil est, dans la plupart des cas, posé à temps, ce qui permet aux traitements d’exprimer toute leur efficacité. Chaque LE JOURNAL DE 12 , L’INSTITUT CURIE année, l’Institut Curie, centre référent en France pour cette pathologie, prend en charge quelque 300 patients atteints de ce cancer, avec pour préoccupation majeure la préservation de la vue. Le choix du traitement dépend de la taille et de la localisation de la tumeur. Dans la GRÂCE À VOUS Pour prendre en charge plus de patients Déjà au premier plan mondial pour le nombre de patients qu’il traite, le Centre de protonthérapie de l’Institut Curie bénéficie d’un programme de développement jusqu’en 2010. Il pourra alors prendre en charge environ 550 patients par an contre 350 actuellement. Cet investissement (construction, rénovation et installation de nouveaux équipements) de 50 millions d’euros est rendu possible grâce au soutien financier important du ministère de la Santé et de l’Assurance maladie, que complètent les ressources propres de l’Institut Curie, et tout particulièrement celles issues de la générosité publique. Nathalie Oudar h majorité des cas, la protonthérapie s’avère idéale car respectueuse des précieux organes voisins, comme l’œil ou le cerveau. En effet, les protons ont l’avantage de traverser les tissus sans les endommager, ces rayons ne délivrent donc leur énergie destructrice qu’à la profondeur choisie. Très efficace, la protonthérapie permet également de conserver le globe oculaire et de préserver la vue dans 90 % des cas. Apparue il y a une quinzaine d’années, cette thérapie n’est dispensée que dans deux centres en France : le centre AntoineLacassagne (Nice) et l’Institut Curie à Orsay (lire ci-dessous). Autre traitement conservateur, la curiethérapie, qui consiste à poser des grains radioactifs au contact direct de la tumeur, est indiquée pour traiter les petites tumeurs situées à l’avant de l’œil, sans altérer les paupières ni la glande lacrymale. Les chirurgiens doivent parfois enlever le globe oculaire et le remplacer par un implant, si la tumeur est trop volumineuse, en cas de récidive ou de complications. Très dynamique, tout particulièrement à l’Institut Curie, les recherches ont notamment pour objectif d’optimiser les traitements et d’imaginer de nouvelles stratégies comme l’immunothérapie. Et, face au manque de facteurs pronostiques sur l’évolution de ces tumeurs, le défi consiste à identifier des marqueurs permettant de prédire les risques. C. G. P. Lombardi/Institut Curie celui de l’œil Contrairement à d'autres cancers de la peau moins agressifs, le mélanome nécessite une ablation chirurgicale large pour limiter son risque d'extension. ■ ■ ■ (l’équivalent de six cuillères à café pour un corps d’adulte moyen). On choisira uniquement des crèmes qui protègent à la fois des UVB et des UVA, car ces derniers pénètrent profondément dans la peau. Et on ne s’exposera pas plus longtemps sous prétexte que la peau est «crémée». Les médecins estiment en effet que l’utilisation de produits solaires pourrait, paradoxalement, augmenter le risque de mélanome en «encourageant» des expositions prolongées. Certains lieux peuvent induire une réverbération intense dont il faut se méfier : l’eau, le sable, la neige. En altitude et sous les tropiques, où le rayonnement solaire est élevé, il est impératif d’augmenter l’indice de protection utilisé. On sera également vigilant lors des activités de plein air (pique-nique, sport, jardinage…). Et dans tous les cas, être bronzé n’empêche pas un mélanome de survenir ni de se développer. Apprenez à surveiller votre peau Le mélanome se manifeste essentiellement de deux manières : soit par modification d’un grain de beauté existant, soit par l’apparition d’une petite tâche pigmentée sur une peau saine. Afin de repérer précocement l’apparition d’un mélanome, les dermatologues conseillent un auto-examen de la peau deux à trois fois par an (lire l’encadré « La “règle ABCDE” » p. 11). Mais au moindre doute, il ne faut pas hésiter à consulter. De façon générale, une plaie qui ne cicatrise pas, un bouton ou une croûte qui persiste et se modifie doivent conduire à demander un avis médical. Car plus un mélanome est détecté tôt, à un stade peu développé, meilleures sont les chances de Brigitte Postel guérison. Depuis plusieurs années, à l’Institut Curie, une équipe CNRS de chercheurs étudie les lésions que provoquent les UVA et les UVB sur les cellules. Elle a, pour la première fois, recensé et quantifié l’ensemble des atteintes génétiques dues à un rayonnement mimant celui du soleil. Bien que la plupart des dommages résulte de l’action des UVB, les UVA, qu’ils soient naturels ou artificiels, sont eux aussi nuisibles. Cette même équipe, dirigée par Évelyne Sage, a également montré que les systèmes de réparation dont bénéficient les cellules sont moins efficaces sur des lésions induites par les UVA associés à des UVB. Sachant que ces atteintes seraient responsables de l’apparition de mutations cancérigènes, on comprend tout l’intérêt d’éviter les expositions prolongées. Complétant cette étude des circonstances, celle des mécanismes qui font qu’une cellule de la peau comme le mélanocyte devient le foyer d’un mélanome est l’une des missions que s’est assignée une autre équipe de biologistes à l’Institut. Le laboratoire de Lionel Larue cherche à élucider ces processus afin de mieux comprendre le caractère très invasif du mélanome. Ses recherches l’ont amené à s’intéresser de près à des protéines, véritables colles biologiques, garantes de l’adhésion des cellules entre elles. Récemment, cette équipe, en collaboration avec le laboratoire «Transcription et mélanome malin» du Marie Curie Research Institute britannique, a élucidé une partie du mystère sur le pouvoir invasif des mélanomes. Ces travaux permettent de mieux comprendre les mécanismes cellulaires associés à la transformation maligne des mélanocytes, mais aussi les processus conduisant à la formation de métastases. L’enjeu est désormais de découvrir comment restaurer la cohésion des cellules, afin de limiter le déplacement des cellules tumorales vers d’autres tissus. X. Sastre/Institut Curie JIC70_8-13-BAF.qxd LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE , 13 JIC70_14-15-BAF.qxd 19/06/07 17:21 Page 14 ENTRE NOUS ENTRE NOUS INITIATIVES INITIATIVES ,ÉVÉNEMENT VOTRE FONDATION L’Institut Curie dispose de l’expertise, des structures et des ambitions nécessaires pour « prendre le cancer de vitesse ». La continuité de la recherche et des soins dans un même lieu, unique en son genre, stimule l’innovation, favorise les échanges et le travail en commun des chercheurs, médecins et soignants pour accélérer la mise à disposition des nouveaux traitements. Notre volonté de progresser est encouragée par le soutien et la générosité de nos donateurs, testateurs et partenaires. UNE JONQUILLE POUR CURIE, ENCORE UN BEAU SUCCÈS ,RUGBY SOLIDAIRE P. Lombardi/Institut Curie l’Institut Curie. Pour ces sportifs, les valeurs de solidarité, d’altruisme, d’engagement et de soutien aux personnes en difficulté sont communes au jeu de rugby et à la lutte contre la maladie. Ainsi, l’ailier toulousain Vincent Clerc soulignait, parmi les valeurs, celles de «la volonté, le soutien, la solidarité, l’engagement, la collectivité », tandis que le troisièmeligne Sébastien Chabal déclarait: «Il faut se battre, il faut aider, il faut donner tout ce que l’on peut pour que les gens qui sont atteints s’en sortent». Toutes ces interviews ont été diffusées à la télévision à plusieurs reprises et sont accessibles sur rugby.curie.fr. Cet automne, l’organisation en France de la Coupe du monde sera l’occasion de donner au rugby et aux causes qu’il soutient une place décuplée dans le paysage médiatique français. our la quatrième année consécutive, le Panthéon a pris un air de fête du 16 au 18 mars, à l’occasion de l’opération Une Jonquille pour Curie. Le public, toujours fidèle au rendez-vous, est venu se promener entre les bassins garnis de 40000 jonquilles, en signe de soutien à la recherche contre le cancer. Le vendredi, journée inaugurale, l’acteur-réalisateur Bernard Giraudeau, parrain bénévole de cette édition 2007, est venu apporter son soutien aux patients, aux médecins et aux chercheurs de l’Institut Curie. P h Pour en savoir plus ou soutenir l’Institut Curie LE JOURNAL DE 14 , L’INSTITUT CURIE Une jonquille, symbole de renaissance et d’espoir et emblème de l’Institut Curie, a été imprimée sur la manche du maillot officiel du match France-Écosse. Le troisième-ligne de l’équipe de France Elvis Vermeulen est venu partager sa victoire avec Clément à la fin du match. « Que ces rayons de soleil apportent de l’espoir à tous les malades »; « Si tout le monde ne pouvait planter ne serait-ce qu’une jonquille… »; « Pour que la recherche puisse s’intéresser à tous les cancers »; « Admiration, respect, espoir… »; « Bon courage pour la recherche »... Voici quelques-uns des messages d’encouragement déposés par les internautes qui ont déjà planté plusieurs milliers de jonquilles « virtuelles » sur le site de l’opération. Pour continuer à fleurir ce cyberjardin (2 euros la jonquille), connectez-vous sur jonquille.curie.fr. Les fonds recueillis iront également à la recherche sur le rétinoblastome, menée à l’Institut. Les situationneurs/Institut Curie années. L’ensemble des dirigeants de la Fédération française de rugby, les journalistes de France 2 ainsi que le personnel du Stade de France portaient eux aussi une jonquille au revers de leur veston. Six joueurs ont répondu à des interviews expliquant les raisons de leur engagement en faveur de la lutte contre le cancer menée à JARDIN VIRTUEL M. Hayaud L Clément, 13 ans, soigné à l’Institut Curie suite à un rétinoblastome, a donné le coup d’envoi du match France-Écosse, comme il l’avait fait l’année dernière lors de la rencontre France-Angleterre. Il est ici entouré de Fabien Cibray et de Loïc Jacquet, capitaines de l’équipe de France des moins de 21 ans, championne du monde en 2006. h ’équipe de France de rugby a brillamment remporté le Tournoi des six nations 2007. Une victoire également pour la lutte contre le cancer, puisque le match du 17 mars, largement gagné face à l’Écosse (46 à 19), s’est joué en faveur de la recherche sur les cancers de l’enfant. Le coup d’envoi a été donné par Clément, un jeune garçon soigné à l’Institut Curie. Sur la manche de leur maillot officiel, tous les rugbymen du XV de France arboraient la jonquille, symbole international de la recherche sur le cancer, dont l’Institut Curie a fait son emblème depuis plusieurs h M. Hayaud aux côtés de l’équipe de France : rugby.curie.fr Durant les trois jours, plus de 30000 visiteurs ont cueilli des jonquilles en échange d’un don au profit de l’Institut Curie, pendant que danseurs, musiciens et autres lutins montés sur ressorts ou échassiers déambulaient parmi les jonquilles. «Quelle joie de voir petits et grands réunis autour d’une même cause», confie Gilbert, bénévole fidèle de l’Institut Curie depuis trois ans. Plus de 150000 euros ont été collectés : dans le jardin, dans les entreprises, auprès des clients des 39 magasins Truffaut et grâce aux spots radiodiffusés et télévisés qui ont relayé l’opération dans toute la France. Et pendant toute l’année, l’opération se poursuit sur Internet (lire ci-contre). P. Lombardi/Institut Curie L’ESPRIT D’ÉQUIPE AU SERVICE DE LA LUTTE CONTRE LE CANCER Les fonds collectés en 2007 sont dédiés à des recherches visant à améliorer la prise en charge des jeunes patients atteints de rétinoblastome, un cancer de l’œil qui affecte tout particulièrement les enfants. Rendez-vous en mars 2008 pour une nouvelle édition de l’opération Une Jonquille pour Curie. Clémence Musa GÉNÉROSITÉ Les jonquilles du cœur Un grand merci à tous les bénévoles, à l’association Rétinostop et à la Fondation Air France qui se sont mobilisés pour aider l’Institut Curie au Panthéon et partout dans l’Hexagone. Et merci à toutes les entreprises et institutions qui soutiennent l’Institut Curie et lui ont permis d’étendre son action au niveau national, en particulier : Truffaut, Centre des monuments nationaux, ParuVendu, RATP, France 2, France 4, Fédération française de rugby, Aéroports de Paris, Disney, Air France, Fujifilm, Decotop, Mon Jardin & Ma Maison, Paris Cap’, mesvacancesenphoto.com, École nationale des arts décoratifs. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE , 15 JIC70_16-17-BAF.qxd 19/06/07 17:22 Page 16 ENTRE NOUS ENTRE NOUS INITIATIVES INITIATIVES ,ASSOCIATION ,AIDER L’INSTITUT ’association Courir pour la Vie, Courir pour Curie a été créée en 1988 par Christian Gorce, après le décès de sa fille unique, Lætitia, emportée par un cancer à l’âge de 20 ans. Depuis 1991, l’association propose, chaque année, aux communes de France d’organiser une manifestation nationale de générosité et de solidarité, en associant course à pied et collecte de fonds au profit de la lutte contre le cancer. Les bénéfices sont reversés à l’Institut Curie et, depuis 2001, partagés avec trois centres régionaux de lutte contre le cancer : les centres Eugène-Marquis à Rennes, Henri-Becquerel à Rouen et Val-d’AurellePaul-Lamarque à Montpellier. h A. Lescure / Institut Curie Une grande cérémonie a rassemblé, le 6 février 2007, les organisateurs de toutes les manifestations 2006 pour la remise des trophées « Courir pour la Vie, Courir pour Curie ». Le professeur Claude Huriet, président de l’Institut Curie, a félicité l’ensemble des bénévoles de l’association, et tout particulièrement ceux des communes lauréates. Quelques chiffres témoignent de la réussite de cette opération : en seize ans, dans 3100 communes, 862465 participants ont parcouru 6,4 millions de kilomètres et 4 millions d’euros ont été collectés, ce qui fait de l’association Courir pour la Vie, Courir pour Curie le premier donateur de l’Institut. Pour l’édition 2006, 17500 participants ont parcouru 125000 kilomètres dans plus de 100 communes, et plus de 113 000 euros ont été réunis. Les trois quarts de la somme sont reversés à l’Institut Curie pour la recherche sur le rétinoblastome, une tumeur cancéreuse de l’œil qui touche par- ticulièrement les enfants. Le nouveau président de l’association, Dominique Ancelin, a ainsi eu le plaisir de remettre le 6 février dernier un chèque de près de 84500 euros à Claude Huriet, président de l’Institut Curie, en présence de nombreux maires, de représentants d’associations organisatrices et de membres de l’Institut Curie. h Renseignements et inscription des communes : Monique Grillard, secrétaire générale de CPLV-CPC, 51 avenue du Grand-Étang, 77680 Roissy-en-Brie. Tél.-fax : 01 60 28 69 11 – [email protected] h www.courirpourcurie.org – forum ouvert depuis mars 2007. OLIGOCYTE ET LA LUTTE CONTRE LES TUMEURS CÉRÉBRALES a recherche contre le cancer nécessite des moyens importants pour financer des programmes souvent développés sur plusieurs années. La générosité régulière du public est alors capitale. C’est pourquoi les donateurs peuvent choisir de faire un don régulier, pour un soutien dans la durée. En optant pour un don mensuel par prélèvement automatique, ils permettent à l’Institut Curie d’avoir une visibilité sur ses rentrées financières et ainsi de mieux planifier ses actions et ses projets. Cette procédure est simple à mettre en place et s’adapte au montant souhaité par chaque donateur régulier. Celui-ci garde la liberté de le modifier ou de l’arrêter à tout moment, sur simple demande auprès de l’Institut. Ces dons réguliers ouvrent droit, bien sûr, aux déductions fiscales : 66 % de la totalité des dons effectués dans l’année fiscale. Le soutien régulier est un don efficace qui permet au donateur d’être chaque jour aux côtés des chercheurs et des soignants, pour prendre le cancer de vitesse. our la deuxième année consécutive, l’association Oligocyte a remis la somme de 2 000 euros à l’Institut Curie le 21 février dernier. La première rencontre entre l’association et l’Institut Curie avait eu lieu à l’occasion des Jardins pour la Vie 2006. Fidèle à son engagement, l’association présidée par L h BULLETIN DE SOUTIEN RÉGULIER • joint à ce numéro • www.curie.fr/dons-particulier EN BREF TROPHÉES LA MOBILISATION COLLECTIVE, UN VÉRITABLE SUCCÈS Deux communes sont les grandes gagnantes de cette 16e édition de Courir pour la Vie, Courir pour Curie : Freneuse (Yvelines), qui a remporté le défi sportif, avec 3 269 kilomètres parcourus, et Janzé (Ille-et-Vilaine), le défi financier avec 33 000 euros collectés. Deux trophées d’honneur ont également été LE JOURNAL DE 16 , L’INSTITUT CURIE décernés aux villes de Chirac (Lozère) pour l’augmentation spectaculaire des fonds collectés en trois ans (de 6 165 euros en 2003 à 10 473 euros en 2006) et d’Outarville (Loiret), pour la forte progression du nombre de ses participants (+88 %) et du nombre de kilomètres parcourus (+60 %). PODIUM DES COMMUNES* TROPHÉES FINANCIERS 2006 1er Janzé (Ille-et-Vilaine) : 33000 euros collectés. 2e Le Theil Nolent (Eure) : 5155 euros collectés. 3e Rivarennes (Indre) : 8277 euros collectés. TROPHÉES SPORTIFS 2006 1er Freneuse (Yvelines) : 3269 km parcourus. 2e Boeschepe (Nord) : 18100 km parcourus. 3e Villefranche-sur-Cher (Loir-et-Cher) : 2 080 km parcourus * Classement proportionnel au nombre d’habitants. LA BRETAGNE DONNE DE LA VOIX AU PROFIT DE L’INSTITUT CURIE Le samedi 17 mars dernier, un dînerconcert au profit de l’Institut Curie a eu lieu à Penguilly, dans les Côtes-d’Armor. Cette manifestation festive a été organisée par le groupe Cent z’escales, la municipalité de Penguilly et l’Association des familles catholiques, au bar Le Triskel. Plus de 200 convives réunis autour de « moules frites » ont assisté au concert de chants de marins. L’intégralité de la recette, soit près de 5000 euros, a été reversée à l’Institut au profit de la recherche et de l’amélioration des soins. P Laurent Allaire a tenu à soutenir une nouvelle fois les recherches menées dans les laboratoires de l’Institut. Créée en hommage à une jeune patiente, Oligocyte – du nom du type de cellules nerveuses qui peuvent se transformer en cellules cancéreuses – a pour principale mission le soutien à la recherche médicale et tout particulièrement l’amélioration des traitements contre les tumeurs cérébrales chez l’enfant. Pour atteindre cet objectif, les adhérents animent de nombreuses manifestations tout au long de l’année avec l’aide et le soutien précieux de partenaires privés et publics. h CONTACT : [email protected] ,ACHAT SOLIDAIRE h CPLV 2006-2007 L UN SOUTIEN DANS LA DURÉE, LE DON PAR PRÉLÈVEMENT AUTOMATIQUE C. Firmin / Institut Curie LES COMMUNES, TOUJOURS MOBILISÉES POUR “COURIR POUR CURIE” ,MOBILISATION Grâce à l’association Oligocyte, 2 000 euros viennent grossir les fonds que l’Institut Curie consacre à l’amélioration des traitements contre les tumeurs du cerveau de l’enfant. FESTIVAL D’OBJAT EN CORRÈZE UN WEEK-END DE SOLIDARITÉ Sur l’initiative de Bernard Breuil, dont le fils est soigné à l’Institut Curie, le groupe folklorique Les Baladins Troubadours ussacois a organisé avec l’aide de la municipalité d’Objat, en Corrèze, et de nombreux bénévoles, un week-end de solidarité les 20 et 21 janvier derniers. Deux spectacles de danses folkloriques, un défilé dans les rues d’Objat et la vente de pâtisseries ont permis de collecter 8 500 euros reversés à l’Institut Curie au profit de la recherche sur le cancer. DÉVELOPPER SES PHOTOS ET SOUTENIR LA RECHERCHE À l’occasion de l’opération Un Jardin pour la Vie, Une Jonquille pour Curie, le site mesvacancesenphoto.com a reversé la totalité des bénéfices de ses commandes à l’Institut Curie. Cette démarche solidaire du premier site Internet de développement de photos de vacances se poursuit. Il s’est en effet engagé à reverser à l’Institut Curie 50 % des bénéfices de ses commandes jusqu’en décembre 2007. L’occasion de transformer un achat utile en une participation active à la lutte contre le cancer. h http://curie.mesvacancesenphoto.com LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE , 17 19/06/07 17:24 Page 18 ENTRE NOUS ENTRE NOUS INITIATIVES RÉTROSPECTIVE ,FRANCHE-COMTÉ DES « BAGOUZ’ » POUR LA RECHERCHE SUR LES CANCERS DE L’ENFANT u total, ce sont 52 000 euros pour l’Institut Curie que l’association Les Bagouz’ à Manon a collectés depuis sa création en 2005 grâce à la vente de ses bijoux en perles faits main. Le 15 décembre 2006, l’association a en effet remis un nouveau chèque de 25000 euros au profit d’un programme de recherche sur l’origine des cancers pédiatriques, mené par Olivier Delattre dans l’unité de Génétique et biologie des cancers à l’Institut Curie. Pour l’ensemble de ses initiatives en faveur de la lutte contre le cancer, la fondatrice de l’association, Anne Herbert, a été récompensée par le prix Version Femina 2007. Cette femme de courage a créé l’association en souvenir de sa fille Manon, passionnée de perles et décédée des suites d’un neuroblastome. D’autres parents d’enfants touchés ou non par ce cancer, par un ostéosarcome ou un néphroblastome l’y ont rejointe. Ils se retrouvent pour fabriquer ensemble bagues, bracelets et autres bijoux vendus lors d’évé- h C. Charré / Institut Curie A Depuis le décès de Manon, Anne Herbert perpétue la passion de sa fille pour les perles en créant des bijoux au profit de l’Institut Curie. nements sur Internet, via des comités d’entreprise et, peut-être, bientôt à domicile. Suivant leur exemple, après l’élan insufflé par les 3000 euros remis par la Donation Lou Salomé en 2005, ce sont 3000 euros que l’association Les Amis de Claire a versé à ce laboratoire de l’Institut Curie. Marilyne Barisic h Pour en savoir plus : ww.lesbagouzamanon.org À VOS AGENDAS > MARDI 26 JUIN 2007, pour clore son 1er cycle, les Mardis de l’Institut Curie proposent une conférence-débat « La brevetabilité du vivant : considérations juridiques et éthiques. L’exemple de l’affaire Myriad Genetics ». Le Pr Claude Huriet, président de l’Institut Curie, et le Dr Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du service de Génétique oncologique de l’Institut, reviendront sur la révocation des brevets de Myriad Genetics, une société privée qui souhaitait imposer son monopole sur le marché international des tests de prédisposition au cancer du sein et de l’ovaire lié au gène BRCA1. De 18 h à 20 h – amphithéâtre ConstantBurg, 12 rue Lhomond, Paris 5e. LE JOURNAL DE 18 , L’INSTITUT CURIE > VENDREDI 29 JUIN, À 20 h, l’ensemble vocal Magadis de l’Association touristique sportive et culturelle des administrations financières (Atscaf) organise, pour la seconde fois, un concert au profit de la lutte contre le cancer à l’Institut Curie. Le groupe interprétera le Judas Macchabée de Haendel. Église réformée du Saint-Esprit, 5 rue Roquépine, Paris 8e. Plein tarif: 12 euros – Tarif réduit pour les enfants de moins de 12 ans : 8 euros. Réservations au 01 53 17 85 12 ou [email protected]. Prévente : E. V. Magadis de l’Atscaf-Paris, 143 rue de Bercy - Paris 12e. Spécifier le nombre de billets, la catégorie de tarifs et joindre une enveloppe timbrée avec adresse pour l’envoi des billets. POUR LA SOLIDARITÉ, « LES FRONTIÈRES N’EXISTENT PAS » e 12 décembre 2006, ils étaient cinq de l’association Réagir à s’être déplacés à Paris pour rendre une visite peu ordinaire à toute l’équipe du laboratoire de recherche d’Olivier Delattre, à l’Institut Curie. « La jeunesse, la motivation, la détermination de cette équipe de chercheurs nous a confortés dans l’idée que ce combat contre le cancer était bien l’affaire de tous », explique le président-fondateur de l’association franc-comtoise Réagir. Thierry Sauvanet a créé cette association en 2003 à la suite du décès de son fils Quentin (6 ans et demi). Depuis, Réagir se mobilise au profit de la recherche sur les cancers de l’enfant et, en particulier, celle sur les tumeurs cérébrales, menée à l’Institut Curie. Les nombreuses animations, les événements organisés et initiés par cette association et son président ont permis, à ce jour, de reverser à l’Institut près de 75 000 euros pour les enfants atteints de cancer. Une filiale de Réagir vient de voir le jour en Suisse, pays voisin de la Franche-Comté. Des espoirs importants sont sous-jacents de cette évolution : le Dr Sarah Fattet, chef de clinique au CHU de Lausanne, travaille en étroite collaboration avec le laboratoire Génétique et biologie des cancers du Dr Delattre. « Sachant que, sur le fond des choses, les frontières n’existent pas, et d’autant plus lorsqu’il s’agit de soigner et de sauver des enfants… », confie Thierry Sauvanet. Aux premiers parrains de Réagir, Mickael Isabey, capitaine de l’équipe de football de Sochaux, et Francis Mourey, champion de France de cyclo-cross, se sont associés, en 2006, Florence Baverel-Robert et Julien Robert son mari, tous deux champions olympiques de biathlon. « Le soutien de ces sportifs de haut niveau est très important car, au-delà de leur sensibilité, ils nous aident à médiatiser un combat auquel ils adhèrent », conclut Thierry Sauvanet. L Propos recueillis par Nathalie Boissière h Réagir, BP 7 – 25430 Sancey [email protected] , FERNAND HOLWECK UN SCIENTIFIQUE AUX MULTIPLES FACETTES En 25 ans de carrière scientifique, Fernand Holweck, physicien de génie du début du XXe siècle, a couvert un vaste domaine de recherches, tissant des liens entre la physique et la biologie, entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée. Son talent original, son habileté unique, son esprit inventif et sa grande générosité ont fait de lui l’une des grandes figures du laboratoire Curie. ernand Holweck a 23 ans, en 1913, quand il entre comme préparateur auprès de Marie Curie dans le tout nouvel Institut du radium. Ingénieur en physique, major de la promotion 1910 de l’École de physique et chimie industrielles de la Ville de Paris, il vient de terminer son service militaire, où il s’est familiarisé avec la télégraphie et la TSF. Pendant la Première Guerre mondiale, affecté à la Direction des inventions, aux côtés de Paul Langevin, il perfectionne le sondage par ultrasons dans l’eau et étudie leur action biologique. Ce sont ses premiers pas vers la biophysique. Préparée à l’Institut et soutenue en 1922, sa thèse porte sur la production et l’étude des rayons X de grande longueur d’onde, parfois nommés depuis l’« ultraviolet d’Holweck ». Il élabore à l’Institut une pompe moléculaire permettant d’obtenir un vide poussé, pour étudier les domaines inexplorés des radiations électromagnétiques et améliorer la puissance des émetteurs TSF. F À NOTER LE LABO CURIE S’EXPOSE Exposition photographique en plein air sur le Laboratoire Curie. Sa directrice, Marie Curie, son personnel venu des quatre coins du monde et ses activités en ont fait un laboratoire unique au monde. h Du 1 er juillet au 14 septembre 2007 Angle des rues d’Ulm et Pierre-et-Marie-Curie – Paris 5e. C’est à l’Institut du radium, toujours, qu’il effectue, en 1926, la première expérience de transmission d’images animées sur un écran cathodique de sa fabrication: c’est le principe de la télévision. Une note sur ce sujet est présentée à l’Académie des sciences par Louis Lumière mais, curieusement, cette invention n’a trouvé aucun écho auprès des industriels français de l’époque ! Dans un tout autre domaine, la mesure de la gravité, les talents de Fernand Holweck sont sollicités en C’est grâce à sa « pompe moléculaire » que Fernand 1929 par le directeur d’un obserHolweck (1890-1941) effectua ses principaux travaux vatoire en Chine, le révérend père à l’Institut du radium (cliché pris en 1924). Lejay. Pour l’invention et la construction d’un pendule gravimétrique d’une précision remarquable, FerAntoine de Saint-Exupéry, la formation de nand Holweck obtient, sept ans plus tard, le glace sur les mitrailleuses à haute altitude ; prix Albert Ier de Monaco. La production de dans les sous-sols du laboratoire, il fabrique des faux papiers… et ses talents pour l’élacet instrument cessera à la mort d’Holweck, boration de cocktails explosifs sont inconseul capable de réussir son montage délicat. testables. Malheureusement, ses activités Curieux de toutes les nouveautés, il s’intésont connues des Allemands. Il est arrêté en resse également, avec le directeur de la décembre 1941, et s’éteint le 24 décembre Fondation Curie, Antoine Lacassagne, à la 1941, torturé à mort… Si son nom demeure radiobiologie quantique et étudie l’action méconnu, il laisse pourtant derrière lui des des rayons X et du radium sur les cellules découvertes fondamentales et des innovavivantes. tions concrètes qui imprègnent encore le La Seconde Guerre mondiale éclate. Alors quotidien des chercheurs comme le nôtre. que le gouvernement s’installe à Vichy, Holweck offre ses services à la Résistance. Peu Renaud Huynh, avant les hostilités, il étudie, avec son ami Musée Curie, Institut Curie h ,CHARENTE-MARITIME LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE , 19 ACJC JIC70_18-19-BAF.qxd