La Simulation: Outil d`Apprentissage et de Préparation aux
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La Simulation: Outil d`Apprentissage et de Préparation aux
La Simulation: Outil d’Apprentissage et de Préparation aux Réponses d’Urgence Prenons le simulateur de vol par exemple. Si vous essayez de former un pilote, vous pouvez simuler presque toute sa formation. Vous n’avez pas à le faire voler dans un avion avant qu’il ait presque atteint la fin de son apprentissage. Roy Romer, ancien Gouverneur du Colorado, Etas Unis Toutes les professions qui ont un impact sur les vies humaines ont adopté la simulation comme outil de préparation. Que ce soit une chirurgienne, un pilot, un pompier ou une spécialiste du sauvetage en mer, ils ont tous pratiqué et affiné leurs connaissances au travers de simulations avant même d’avoir eu l’opportunité d’exercer leur savoir sur un être humain en détresse. Malgré les populations énormes qu’ils assistent, les humanitaires ont été lent à adopter cet outil d’apprentissage et de préparation. Mais au travers d’initiatives telles que le projet de Renforcement des Capacités de Secours (ECB)1 ou celles d’organisations mondiales telles que les agences des Nations Unies, les humanitaires s’empressent d’adopter cette plateforme d’apprentissage qui continue à faire ses preuves et à attirer de nouveaux adeptes. En effet, à ce jour, le Programme d’Alimentation Mondiale (PAM) a déjà complété plus de 160 simulations et plusieurs agences des Nations Unies lui ont emboité le pas. A la fin de sa phase II, en aout 2013, le projet de Renforcement des Capacités de Secours (le Projet ECB) aura complété plus de 20 simulations multi-agences2 qui engagent simultanément des agences humanitaires, gouvernementales, et onusiennes et plusieurs dizaines de simulations simples conduites par des agences humanitaires pour leurs besoins de formations internes. La discussion qui suit s’applique aussi bien aux simulations multi-agences qu’aux simulations simples. Permettre un Apprentissage Réaliste mais Sécurisé des Crises Humanitaires Les simulations permettent de recréer une grande variété de crises humanitaires aigües pour des contextes spécifiques, par exemple la sécheresse du Sahel, que les professionnels de l’humanitaire doivent connaître et maitriser afin de sauver des vies humaines, d’améliorer le bien-être et protéger les droits des populations se trouvant en situation d’urgence. Les simulations offrent á ces professionnels des ‘théâtres d’opération’ sans risque ni pour eux ni pour les populations touchées par un désastre. Elles permettent de : Tester le travail d’équipe des participants ; Révéler toutes sortes de problèmes de communication ; 1 Emergency Capacity Building (ECB), Project soit le renforcement des capacités de secours d’urgence). Visitez www.ecbproject.org les pages web sur les Simulations ECB sont en français et en anglais sous le titre « Renforcement de Capacité / Staff Capacity » et nos ressources. 2 Les agences participantes sont Oxfam GB, Catholic Relief Service (CRS), CARE, Save the Children, World Vision et Mercy Corps, et les agences internationales et locales qui participent au consortium national ainsi que toutes autres parties prenantes engagées avec le consortium national. Project du Renforcement des Capacités de Secours (ECB) Interactif Niger janvier 2012, R. Jacquot Page 1 Tester les procédures de réponses qui ont été adoptées. Les simulations permettent aussi d’appliquer des connaissances acquises lors d’une formation récente et de créer un environnement propice á la réflexion sur les décisions prises dans le feu de l’action. Elles facilitent l’intégration des expériences et connaissances techniques dans les décisions et donnent aux participants l’opportunité d’acquérir une certaine confiance en soi et en ses capacités professionnelles. Quatre Modèles de Simulations Pour faciliter les conversations parmi les professionnels humanitaires, il est important de reconnaître les quatre modèles de simulations3 les plus reconnus. 1. Exercice sur Table—imaginer et visualiser le futur : Ce modèle de simulation prend place dans un bureau ou une salle de conférence, engage les acteurs qui traitent directement du sujet de la simulation et a pour but d’identifier les éléments clés de la réponse et de promouvoir leur adoption par les acteurs. L’Exercice sur Table est peu coûteux, très facile à administrer et court, de quelques heures à une demi-journée. Cet exercice est très efficace pour donner à un groupe d’acteurs l’opportunité de réaliser combien de préparation est nécessaire pour répondre à un désastre. Ils peuvent être répétés fréquemment ; ils peuvent être aussi utilisés pour décomposer une réponse complexe en ses composants, et ils sont parfaits pour le développement d’outils ou de plans de réponses aux urgences. 2. Exercice Fonctionnel—tester une approche retenue : Ce modèle de simulation dure entre une et deux journées et est utilisé pour tester un plan de réponse qui a déjà été adopté. Cette simulation permet de répondre à des questions clés sur la mise en œuvre de ce plan. Le plan fonctionne-t-il ? Est-ce que ces acteurs le connaissent bien ? Est-il approprié au contexte dans lequel il sera utilisé ? Couvre-t-il tous les points reconnus ? Reconnaît-il bien les rôles et responsabilités des acteurs de même que les outils qui devront être utilisés ? 3. Exercice d’Entrainement—tester les individus : Ce modèle de simulation dure une demijournée tout au plus et est utilisé pour tester des systèmes et procédures tels que préparer et monter une attelle, effectuer un achat international à partir d’un bureau national ou conduire une évaluation conjointe des besoins. Cette simulation cherche à établir si tous ceux qui « La simulation nous permet de comprendre sont impliqués dans une tâche spécifique l’importance d’une bonne composition d’équipe savent, comprennent et sont capable d’urgence avec une bonne couverture de d’effectuer leurs tâches, remplir leurs rôles et compétences. Elle nous permet aussi de assumer leurs responsabilités. construire un esprit d’équipe qui améliorera notre performance car nous aurons confiance en 4. Exercice Conjoint—tester tous le chacun des membres de l’équipe. » composants d’une réponse retenu : Ce Niger Simulation Février 2011 modèle de simulation dure plusieurs jours, typiquement une semaine entière, et est utilisé pour tester la cohérence des Procédures Opératoires Normalisées (PON) par des acteurs multiples. Cette simulation engage un nombre important de participants, d’équipements, de technologies de l’information et de la communication et autres ressources majeures. Cette répétition générale est souvent le prélude à un événement probable, par exemple un tremblement de terre, une pandémie ou un accident nucléaire. 3 Ian Clarke, Consultant, a présenté cette liste lors d’un atelier de formation organisé par les Nations Unies (IASC) en Suède, Septembre et Octobre 2011. Project du Renforcement des Capacités de Secours (ECB) Interactif Niger janvier 2012, R. Jacquot Page 2 Difficultés Rencontrées pour l’Adoption des Simulations Comme Outil de Préparation Il y a quatre défis principaux à relever pour l’adoption des simulations comme outil de préparation aux réponses humanitaires. 1. Le premier est de convaincre les gestionnaires de projets / programmes de l’importance des simulations comme outil d’apprentissage pour la préparation et la réponse aux urgences humanitaires. Avant de s’engager, ces gestionnaires ont besoin de réaliser que la simulation est une plateforme d’apprentissage qui leur permet de valider les hypothèses qui ont servi à l’élaboration des plans de réponse qu’ils ont mis en place. Et pour ceux qui n’ont pas de plans de réponse, de réaliser que l’absence de ces plans augmente leur vulnérabilité en cas de désastre. 2. Le deuxième défi est pour les participants et administrateurs de simulation de reconnaitre que l’étape la plus importante d’une simulation est son compte-rendu. Trop souvent, les observateurs de simulations considèrent l’événement sans reconnaître l’étape d’analyse et d’introspection qui le suit et qui lui donne toute sa valeur d’outil d’apprentissage. 3. Le troisième est pour les gestionnaires de projets de reconnaitre qu’à la fin de la simulation ils auront un Plan de Travail adressant les difficultés, omissions et réalités pratiques qui auront été mises à jour par la simulation. Ce Plan de Travail aura, pour chacune des tâches identifiées, une échéance, un responsable et un budget, s’assurant ainsi que chacune de ces difficultés, omissions et réalités pratiques aura reçu une « En tant que femme, la simulation a été réponse. 4. Et enfin, c’est de reconnaître que la raison ultime d’une simulation est d’améliorer la vitesse, qualité et efficacité des réponses humanitaires pour permettre de sauver des vies, d’éliminer la souffrance et de permettre aux populations affectées par un désastre de réaliser leur droit à une vie digne. l’occasion de jouer le rôle d’un chef d’équipe. Ce que j’ai aimé c’était la pression sous laquelle j’étais pour répartir les ressources de l’équipe aux tâches que nous avions à accomplir et faire face aux demandes. » Niger Simulation Février 2011 Une Étape Clé : Le Compte-rendu Selon son type, une simulation dure de quelques heures a deux jours. La durée d’une simulation multiagences dite « type 2 » du projet du Renforcement des Capacités de Secours (ECB) est de deux jours. Elle s’apparente à l’exercice fonctionnel présenté ci-dessus. La première journée est dédiée à l’exercice même et la deuxième journée est consacrée au compte-rendu de simulation. C’est cette étape clé, ou tout l’apprentissage se fait, qui sert de base pour la création du Plan de Travail qui guidera l’équipe de gestionnaires dans son effort d’amélioration de sa préparation. Le compte-rendu peut-être décomposé en cinq phases : 1. La Décompression Cette phase permet aux participants de se débarrasser de la frustration, du stress et des émotions parfois fortes qu’ils ont accumulés au cours de la simulation. Cette phase prend place á la fin de la première journée et l’expérience montre que l’omettre ou la retarder a un impact négatif sur le reste du compte-rendu. Lorsque la simulation est très réaliste—utilisation de radios, de points de contrôle, d’arrestations ou d’enlèvements, des médias ou de bénéficiaires—cette phase de décompression s’avère utile même pour les participants qui ont déjà vécu de vraies urgences Project du Renforcement des Capacités de Secours (ECB) Interactif Niger janvier 2012, R. Jacquot Page 3 humanitaires. Au début de cette phase d’environ une heure, les participants reçoivent un formulaire leur permettant de consigner leurs réflexions personnelles les plus importantes. 2. La Revue Technique de la Simulation Cette phase « á chaud » suit la décompression est doit être complétée á la fin du premier jour de l’exercice. Elle consiste en une réunion de travail entre l’équipe qui a administré l’événement et les gestionnaires commanditaires de la simulation. Le but est d’établir si l’exercice a permis de tester les outils, procédures et connaissances que les clients voulaient éprouver et si la simulation était réaliste et prenait bien en compte le contexte humanitaire local. 3. Analyse des Forces et des Faiblesses Cette phase examine la capacité des entrants4 à déclencher les réponses que la simulation devait tester. Elle dépend énormément sur les observations des membres de l’équipe qui a administré l’événement mais aussi sur les observations et commentaires des participants qui peuvent expliquer pourquoi un entrant a ou n’a pas fonctionné. Ces observations et commentaires sont collectés á la fin de la première journée de l’événement par l’administrateur de la simulation ou par ses délégués. La priorité doit être donnée aux participants qui ne seront pas présent le deuxième jour. a. Cette analyse doit démarrer sur les points forts sans faire aucun lien avec les faiblesses. C’est seulement lorsque tous les points forts auront été revus que l’administrateur pourra examiner les faiblesses et si nécessaire faire le lien entre chaque point fort et les faiblesses qui lui correspondent. b. Cette analyse reste générale et ne doit impliquer aucun individu. En effet, puisque l’objectif de la simulation est de tester les systèmes, procédures et régulations en place, il en découle que si un individu n’a pas été en mesure de remplir ses obligations, l’administrateur de la simulation et ses clients doivent s’interroger sur les caractéristiques de ces systèmes, procédures et régulations qui n’ont pas permis aux participants de remplir leurs obligations. 4. Comment Répondre aux Faiblesses Cet exercice doit engager tous les participants afin de promouvoir l’adoption de la simulation mais aussi pour faire appel à leurs connaissances et partager leur savoir. Leurs contributions permettront de trouver des réponses aux faiblesses et questions qui auront été identifiées au travers de la simulation. Par exemple, comment engager une institution réticente? Comment accélérer les procédures d’achats pendant la phase de réponse d’urgence tout en restant conforme aux réglementations ? Comment préparer l’accès au pays pour les équipes de réponse d’urgence dans les « La simulation m’a permis d’apprendre premières heures et jours d’un désastre ? 5. Plan de Travail et Étape Suivante beaucoup de choses sur moi-même ; mes faiblesses, mes forces, et ce que j’ai besoin de développer. » Niger Simulation Février 2011 La participation à cette phase du compte-rendu est réservée à ceux qui ont participé à la simulation. L’implication de ceux qui n’y ont pas participé, qu’ils soient gestionnaires ou représentants de départements impliqués, a d’expérience un effet négatif sur le contenu de cette étape cruciale. En effet, cette étape a pour but d’organiser les idées, actions et suggestions faites durant les étapes précédentes en un Plan de Travail. Ce document 4 En anglais, le terme utilisé est injects, non pas comme un verbe mais en tant que nom. Sous cette forme, il représente une information, un évènement ou un individu introduit au cours de la simulation pour provoquer une réponse de la part des participants. Project du Renforcement des Capacités de Secours (ECB) Interactif Niger janvier 2012, R. Jacquot Page 4 doit associer chaque tâche spécifique à une date d’échéance précise et à un individu responsable du suivi d’exécution lui-même clairement identifié. Le Plan de Travail doit aussi annoncer l’étape suivante qui permettra de tester les modifications ou ajouts faits aux systèmes, procédures et régulations testés pendant la simulation. Enfin, ce Plan de Travail inclura une liste de toutes les faiblesses identifiées pendant le compterendu ainsi que les actions ou recommandations qui ont été faites par le groupe pour les résoudre. Cette liste permettra de suivre à travers le temps les faiblesses récurrentes et de mesurer les progrès faits dans l’amélioration des capacités de réponses humanitaires d’urgence. Il sera très important d’impliquer dans cette phase un membre local de l’équipe qui a administré la simulation. Cet individu sera le gardien du suivi des progrès accomplis ou à réaliser mais aussi veillera à ce que les actions retenues soient fondées sur les réalités locales. Conclusion Après trois années d’expérience au sein du Projet de Renforcement des Capacités de Secours (Projet ECB), il est maintenant établi que les simulations permettent tout ce qui a été décrit ici et encore plus. Elles représentent une opportunité d’apprentissage actif irremplaçable puisqu’elles offrent aux participants un environnement réaliste, sécurisé et dédramatisé qui leur permet de tester leurs connaissances, leurs assomptions et leurs décisions sans mettre en danger les bénéficiaires potentiels de leur réponse. Elles leur donnent aussi l’opportunité d’établir avec leurs partenaires des relations de confiance qui seront très utiles lors des réponses réelles. Pour voir notre guide, notre apprentissage et pour établir une simulation, visitez les pages sur le site web du Projet ECB : Les Informations sur les Simulations http://www.ecbproject.org/renforcement-de-capacitesimulations/simulations-5 Notre apprentissage avec les Nations Unis (IASC) et les Simulations en 2011 http://www.ecbproject.org/in-the-field-niger/disastersimulations en anglais seulement pour le moment, bientôt disponible en français). Notre Guide sur les Simulation multi-agences– afin de créer votre propre Simulations http://www.ecbproject.org/telecharger-les-outils-de-simulation-ecb/telecharger-les-outils-desimulation-ecb Notre guide sur les Simulation 1 ONG / agence (seulement en anglais pour le moment) http://www.ecbproject.org/download-simulations-materials/download-simulations-materials Plus d’information sur notre consortium au Niger (en anglais pour le moment) http://www.ecbproject.org/in-the-field-niger/niger Pout toute vos questions, merci d’écrire à : [email protected] Avec le Soutien de: Project du Renforcement des Capacités de Secours (ECB) Interactif Niger janvier 2012, R. Jacquot Page 5