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Pharma-News Le journal de l'équipe officinale Février 2004 Numéro 11 Sommaire Nouveautés : AZILLIN° 1000 FELODIL° BEXTRA° OLFEN° PATCH EVRA° nouveau dosage à 1000 mg générique du PLENDIL° un nouvel AINS du type "coxibe" 1ère copie du FLECTOR° EP Tissugel le 1er patch contraceptif ! Pharmacovigilance : Nouveau numéro pour le TOX (Centre de toxicovigilance) Vasoconstricteurs oraux Pour en savoir plus : Les dérivés amphétaminiques cachés En bref: SERESTA° EXPIDET - PETADOLOR° - ALGIFOR-L° FORTE DOLOCYL° FORTE - GYNO-CANESTENE° 3 Duopack Editorial Une année déjà ! Avec ce numéro, le Pharma-News entame la deuxième année de son existence. Le bébé se porte très bien puisque vous avez été plus de 300 pharmacies à vous abonner en 2003 et autant à conserver votre abonnement pour 2004, soit environ la moitié des officines romandes ! Ce succès réjouissant est pour nous la confirmation que ce périodique est venu combler un manque dans la formation continue de l'équipe officinale et qu'il répond à vos attentes. Pour cette fidélité, nous vous remercions chaleureusement ! © Pharma-News page 1 Numéro 11, Février 2004 D'après notre sondage du mois de novembre, près de la moitié des officines abonnées organisent une formation en équipe autour du Pharma-News. Comme nous l'avons déjà écrit par le passé, nous pensons que cette manière de faire est la meilleure façon de profiter à fond de la lecture de nos articles. Si toutefois cette formation de groupe n'est pas possible dans votre officine, n'hésitez pas à poser des questions aux pharmacien(ne)s qui vous encadrent si vous souhaitez approfondir un sujet. Nous vous souhaitons une bonne lecture. Pierre Bossert Marie-Thérèse Guanter Caroline Mir Christophe Rossier Martine Ruggli Marie-Laure Savoia Bossert Nouveautés AZILLINE° 1000 (amoxicilline) Générique du CLAMOXYL°, l’AZILLINE° est un antibiotique de la famille des pénicillines qui est utilisé pour le traitement de diverses infections dues à des bactéries sensibles 1. Son nouveau dosage à 1000 mg (que l’on trouve aussi dans AMOXIMEPHA° 20 cprs, AMOXIMEX° 10 cprs et AMOXICILLIN HELVEPHARM° 10 cprs) est plus spécifique pour le traitement des infections suivantes : infections urinaires, gonorrhée, éradication d’Helicobacter pylori (bactérie mise en cause dans 30-60% des ulcères duodénaux et dans 70% des ulcères gastriques 2) en association à un autre antibiotique et à un médicament antisécrétoire, prévention d’une endocardite bactérienne lors d’intervention chez les sujets à risque1. Eradication d’Helicobacter pylori : En cas d’ulcère avec infection par H.pylori, le traitement de référence est une association de 2,3,4 : - un antisécrétoire (inhibiteur de la pompe à protons, abrégé IPP), le plus souvent l’oméprazole (ANTRA°, …) 20 mg - clarithromycine (KLACID°) 500 mg - amoxicilline (AZILLINE° par exemple) 1000 mg Chaque médicament est à prendre 2 fois par jour pendant 7 jours. L’efficacité est similaire lorsque l’oméprazole (qui est le mieux étudié) est remplacé par un autre IPP, soit AGOPTON° 30 mg, soit PANTOZOL° 40 mg 2,3, par exemple. 1 Compendium suisse des médicaments 2004, Documed SA La Revue Prescrire, octobre 2001 ;21 (221) : 687-692 3 Service de gastro-entérologie et hépatologie du CHUV, www.gastro-hepato.ch 4 La Revue Prescrire, décembre 1996 ;16 (168) : 863-871 2 © Pharma-News page 2 Numéro 11, Février 2004 En cas d’allergie à la pénicilline, l’association 2 fois par jour pendant 7 jours des médicaments suivants a une efficacité comparable 3 : - un antisécrétoire (IPP ; idem ci-dessus) - clarithromycine (KLACID°) 250 mg à 500 mg - métronidazole (FLAGYL°) 500 mg 5 Le FLAGYL° peut aussi être remplacé par FASIGYNE° . En cas d’association à l’amoxicilline, le KLACID° est dosé à 500 mg 2x/j, mais lors d’association avec FLAGYL° (ou FASIGYNE°), les avis divergent, car le KLACID° dosé à 250 mg 2x/j a une efficacité comparable, mais pourrait favoriser l’apparition d’une résistance 4,5 . Les effets secondaires de ces trithérapies sont surtout des diarrhées imputables essentiellement à l’amoxicilline et des troubles du goût (sensation de goût métallique) imputables au KLACID°, dose-dépendants quand la posologie ≥ 1g/j 5,6. En cas d’échec au traitement de référence, il s’agit soit d’une résistance, soit d’un manque de compliance. Le CHUV conseille de refaire le traitement et après nouvel échec de cette trithérapie, d’effectuer une quadrithérapie pendant 10 jours avec du bismuth en plus 3. Il est aussi possible de remplacer KLACID° par FLAGYL° 4,6. Après éradication d’H.pylori, le taux de rechute est d’environ 10% 2,4,5. Prévention d’une endocardite bactérienne 7 : Endocardite infectieuse 9 Certaines situations cardiaques exposent à un C'est une inflammation de la membrane interne du risque d’endocardite infectieuse, comme les cœur et des valvules cardiaques due à une infection par des bactéries (essentiellement malformations cardiaques, le port de prothèses streptocoques, entérocoques, staphylocoques) ou valvulaires cardiaques ou les antécédents Candida albicans, appartenant parfois à la flore d’endocardite infectieuse. Or certaines habituelle des muqueuses de l’organisme. Les germes passent alors dans le sang puis se fixent interventions chirurgicales et dentaires sur les valvules cardiaques. Les symptômes peuvent provoquer des infections par des peuvent faire penser à une grippe (fièvre tenace à bactéries qui, transportées par voie sanguine, 38°C, fatigue, sueurs, douleurs musculaires et articulaires, amaigrissement) mais ils sont peuvent se fixer sur les valves cardiaques. d’apparition progressive; il y a également un Toutes les interventions dentaires provoquant souffle cardiaque. Sans traitement, l’endocardite des hémorragies gingivales sont à risque, telles infectieuse est toujours mortelle. Celui-ci est une association d’antibiotiques pendant 4-6 semaines. que détartrage, extraction dentaire, plombage. La prévention est celle dont on parle ici. Lors d’interventions chirurgicales et d’explorations du tube digestif et des voies urinaires, le risque d’endocardite infectieuse est aussi présent. Une antibiothérapie préventive chez les personnes à risque est donc recommandée avant ce type d’intervention. L’antibiotique de référence est l’amoxicilline 3g en une seule dose, soit 3 comprimés à 1000 mg d’AZILLINE° 1000 (p. ex.), soit 4 comprimés de CLAMOXYL° à 750 mg 1 heure avant l’intervention 8. En cas d’allergie à la pénicilline, l’antibiotique de référence est le DALACIN° C 8. L’efficacité de la prévention antibiotique est maximale si elle débute avant l’intervention et si la concentration (d’antibiotique) dans le sang est élevée pendant l’intervention et durant les 6-8 heures suivantes 7, raison pour laquelle, il est important de respecter scrupuleusement ce délai d’une heure avant l’intervention. A noter que lors d’intervention dentaire, l’application locale de chlorhexidine (CHLORHEXAMED°, CORSODYL°, PLAK-OUT°) 3-5 minutes avant une extraction dentaire réduit le risque d'infection 7 et peut donc être conseillé en complément de la prophylaxie antibiotique. 5 La Revue Prescrire, décembre 1996 ;16 (168) : 831-833 Journée de gastroentérologie, janvier 2003, Paris, www.bmlweb.org 7 La Revue Prescrire, novembre 1991; 11 (112) : 545-547 8 Documentation Spirig Pharma SA, octobre 2003 6 © Pharma-News page 3 Numéro 11, Février 2004 Il existe déjà un emballage à 4 comprimés de CLAMOXYL° à 750 mg (= 3 g) qui correspond à la totalité de la dose à prendre pour cette indication; son prix est de Fr. 12.40 et, comparé à Fr. 27.50 pour AZILLINE °1000 qui n’existe qu’en emballages de 10 comprimés, il est plus avantageux. Il est dommage que pour ses deux indications principales, AZILLINE° 1000 n’ait qu’une grandeur d’emballage (10 cpr) ne correspondant pas à la durée du traitement : 14 cprs pour l’éradication d’H.pylori et 3 cprs pour la prévention de l’endocardite. 9 AZILLIN° 1000 - A retenir pour le conseil : 9 amoxicilline hautement dosée pour deux indications particulières : - éradication d’H.Pylori lors d’ulcère gastro-duodénal : 1 comprimé matin et soir pendant 7 jours en association avec KLACID° 500 mg et ANTRA° 20 mg - prévention de l’endocardite bactérienne, le plus souvent lors d’intervention dentaire : 3 comprimés en une seule prise 1 heure avant l’intervention 9 attention aux personnes allergiques à la pénicilline 9 bien toléré, effets secondaires principaux digestifs (diarrhées) et cutanés FELODIL° (félodipine) Le FELODIL° est le premier générique du PLENDIL°, un anticalcique utilisé dans le traitement de l'hypertension et de l'angine de poitrine. Il se présente sous forme de comprimés retard en deux dosages : 5 et 10 mg (nota bene : le PLENDIL° existe encore dans une forme moins dosée : PLENDIL° SENIOR 2,5 mg). La substitution générique du PLENDIL° 5 et 10 mg par le FELODIL° ne pose aucun problème particulier, mais il n'est pas possible de substituer le PLENDIL SENIOR 2,5 mg car le FELODIL° n'est pas sécable. Il existe de nombreux autres anticalciques sur le marché : NORVASC°, ADALAT° DILZEM°, ISOPTIN°, etc..., mais l'utilisation des anticalciques est de plus en plus discutée : cette famille de médicaments est souvent proposée seulement en deuxième ou troisième intention dans le traitement de l'hypertension et de l'angine de poitrine 10, 11. Ils sont souvent prescrits lorsque les bêta-bloquants sont contre-indiqués ou mal supportés 10, 11. Ces médicaments peuvent être combinés sans Voir aussi Pharma-News 5 problème avec d'autres antihypertenseurs si nécessaire (juillet 2003), Pour en savoir plus, p. 12 (diurétiques, IECA, A2A ou même bêta-bloquants). 9 Larousse médical 1995, p.348-349 American Heart Association -Guidelines oct 2002 11 La Revue Prescrire, mai 2001; 21 (217): 372-375 10 © Pharma-News page 4 Numéro 11, Février 2004 Une seule prise quotidienne est nécessaire. Les comprimés ne doivent être ni partagés, ni écrasés, ni mâchés. Il est recommandé de débuter avec le dosage le plus faible pour diminuer le risque d'effets secondaires. Les plus fréquents sont les oedèmes des chevilles, les céphalées, la fatigue, la constipation et une rougeur de la face (flush) 12. Ces effets sont souvent dose-dépendants. Un accroissement gingival (cf. PN 8, oct 2003, page 6) peut aussi apparaître lors de traitement à long terme, d'où l'importance d'une hygiène buccale excellente 13. FELODIL° - A retenir pour le conseil : 9 9 9 9 anticalcique générique du PLENDIL° utilisé dans le traitement de l'hypertension et de l'angine de poitrine une prise par jour d'un comprimé entier (car non-sécable !) oedèmes, flush, constipation, céphalées, accroissement gingival sont les effets secondaires principaux BEXTRA° (valdécoxib) Le BEXTRA° est un AINS inhibiteur de la COX-2 (cf. PN 1, février 2003) utilisé pour les douleurs aiguës, la dysménorrhée (règles douloureuses), les douleurs et l'inflammation en cas d'arthrose ou de polyarthrite rhumatoïde. Il se Attention : en forme présente sous forme de comprimés à 10, 20 et 40 mg ainsi que sous injectable, le principe actif est le parécoxib, une forme injectable. Le CELEBREX° et le VIOXX° sont les deux "prodrogue" soluble qui autres inhibiteurs sélectifs de la COX-2 (aussi appelés coxibes) sera totalement métabolisée 14 commercialisés en Suisse. en valdécoxib . 14 Dans les études à disposition, le BEXTRA° semble aussi efficace que le diclofénac (VOLTAREN°) ou que le naproxène (APRANAX°, ALEVE°) 15,16. Son action et son efficacité semblent très similaires à celles des autres coxibes 16, mais il existe relativement peu d'études, publiées souvent sous forme de simples résumés, ce qui rend difficile l'évaluation de ce nouveau médicament. Une seule prise quotidienne est nécessaire. La dose de 40 mg n'est recommandée que pour des douleurs aiguës ou lors de dysménorrhée. Il semblerait qu'il y ait moins d'effets secondaires gastriques (ulcères) que sous AINS classiques ou autres coxibes 15,16, mais là encore il est nécessaire d'attendre plus de preuves. Pour l'instant, il faut se souvenir que des douleurs gastriques importantes sont un signe d'alarme qui doit entraîner l'arrêt immédiat du médicament. 12 Base de la thérapeutique médicamenteuse, 2001 La Revue Prescrire, juin 2003; 23 (240): 433-434 14 Micromedex, déc 2003 15 Arzneimitteltherapie, Okt 2003; 21 (9): 285-86 16 The pharmacist's letter, jan 2003; # 180102 13 © Pharma-News page 5 Numéro 11, Février 2004 BEXTRA° peut être la cause de nombreux autres effets secondaires (voir PN 1, février 2003), comme de l'hypertension, une aggravation d'une insuffisance cardiaque, des oedèmes, une insuffisance rénale 17,18. Mais les effets secondaires les plus graves (voir PN 3, mai 2003) sont le risque de lésions cutanées comme le syndrome de Lyell ou de Stevens Johnson et le risque d'allergie pouvant entraîner un choc anaphylactique 19. Ces derniers effets secondaires, potentiellement mortels, ont déjà été décrits lors de la prise de BEXTRA° et méritent donc vraiment une attention particulière. BEXTRA° est donc contre-indiqué chez les patients souffrant d'allergies diverses, ainsi que chez les patients ayant des problèmes rénaux, cardiaques et gastriques importants. BEXTRA° - A retenir pour le conseil : 9 nouvel inhibiteur de la COX-2 9 1 prise quotidienne 9 effets secondaires potentiellement graves aux niveaux cardiaque, gastrique, rénal et surtout cutané OLFEN° PATCH (diclofenac) OLFEN° PATCH est le premier générique du FLECTOR°EP Tissugel. Il est indiqué pour le traitement local des inflammations post-traumatiques telles que entorses, contusions, claquages 20. Lors de telles blessures, un traitement topique adéquat peut être appliqué le plus tôt possible pour diminuer la douleur et l’œdème. La durée d’application est variable : 7 jours semble une bonne moyenne et dans le cas d’OLFEN° PATCH, celle-ci ne doit pas excéder 14 jours 20,21. Le diclofenac est un anti-inflammatoire (AINS) très largement utilisé par voies orale et topique dont le chef de file est le VOLTARENE°. On trouve de très nombreux génériques mais seuls FLECTOR° et OLFEN° existent sous forme d’emplâtres. Il existe d’autres emplâtres, essentiellement à base de capsicum, de salicylate de méthyle ou d’autres essences, que l’on peut garder 24 heures et qui sont surtout utilisés lors de rhumatismes, douleurs lombaires et dorsales (ISOLA CAPSICUM° (qui a remplacé les emplâtres ISOLA° et ETOILE°), TIGER BALSAM° patch médicinal). 17 The pharmacist's letter, may 2003; # 190516 La Revue Prescrire, 2002; 231 : 596-97 et 623-25 19 The Pharmacist's letter, Dec 2002; # 181210 20 Compendium suisse des médicaments 2004, supplément 1, Documed SA 18 © Pharma-News page 6 Numéro 11, Février 2004 Le but de l’administration transcutanée d’un AINS est d’atteindre une concentration de principe actif la plus haute possible à l’endroit d’application et son avantage principal est son très faible passage dans la circulation générale, réduisant ainsi au minimum le risque d’effets secondaires systémiques 21. La quantité absorbée dans le sang à partir d’un emplâtre FLECTOR° est de 1,7%, soit environ le tiers de celle absorbée à partir du gel FLECTOR 22. L’administration transcutanée d’un AINS provoque aussi moins d’effets secondaires qu’une administration orale, puisque ceux-ci sont essentiellement locaux (prurit, rougeurs, …). Ces emplâtres ont une surface de 14x10 cm contenant 1% de diclofenac. L’AINS est imprégné dans un support adhésif qui permet sa libération progressive et continue à l’endroit d’application; sa posologie est d’un emplâtre matin et soir 20,21,22. OLFEN° PATCH ne doit pas être appliqué sur une plaie ouverte, un eczéma, ou sur les muqueuses et il est contreindiqué pendant le 3ème trimestre de la grossesse et pendant l’allaitement 20. Les emplâtres OLFEN° et FLECTOR° peuvent être coupés. Après ouverture du sachet les contenant, les emplâtres restants doivent être utilisés dans les 4 semaines pour l’OLFEN° et 3 mois pour le FLECTOR°. Ils font tous deux partie des médicaments hors-liste et existent dans des emballages de 2, 5 et 10 pièces. OLFEN° PATCH génère une économie de 15-20% par rapport au FLECTOR°EP Tissugel selon la taille de l’emballage 20,23. OLFEN° PATCH - A retenir pour le conseil : 9 générique du FLECTOR°EP Tissugel 9 emplâtre à base de diclofenac pour le traitement des inflammations du type entorses, contusions, claquages 9 appliquer un emplâtre le matin et le soir sur une peau non lésée 9 une fois un sachet ouvert, utiliser dans les 4 semaines EVRA° (éthinylestradiol + norelgestromine) Il s’agit du premier dispositif transdermique destiné à la contraception hormonale. Après le système d’implant sous-cutané (IMPLANON°, étonogestrel), qui n’a pas eu beaucoup de succès, voici donc une autre voie d’administration d’un contraceptif combiné, le patch à libération transdermique qui a fait ses preuves dans d’autres traitements (p.ex. substitution hormonale post-ménopause). EVRA° renferme une association oestroprogestative, à savoir de l’éthinylestradiol, comme la majorité des contraceptifs oraux, et un nouveau progestatif, le norelgestromine, qui est le métabolite actif de celui que l’on trouve dans CILEST° (norgestimate) 24. 21 Praxis 2003 ;92 : 2201-2207 La Revue Prescrire 1996 ;16(160) :199-200 23 Compendium suisse des médicaments 2004, Documed SA 24 Compendium suisse des médicaments 2004, Documed SA 22 © Pharma-News page 7 Numéro 11, Février 2004 Les avantages recherchés avec cette nouvelle voie d’administration sont surtout une meilleure sécurité grâce à une meilleure compliance. Cependant les études cliniques comparatives n’ont pas montré de meilleure efficacité contraceptive par rapport aux oestroprogestatifs de référence par voie orale et l’utilisation des patches a été stoppée plus fréquemment que celle des contraceptifs oraux 25. L’efficacité d’EVRA° est apparue plus faible chez les femmes pesant plus de 90 kg 24. En ce qui concerne les effets indésirables et les risques, ils semblent pour l’instant plus élevés avec EVRA° qu’avec les contraceptifs oraux de référence. En particulier, des réactions au site d’application ainsi que des symptômes mammaires sont apparus et la durée des règles a été plus longue. Pour ce qui est du risque majeur des traitements contraceptifs hormonaux, à savoir les accidents thromboemboliques, il n’a pas été démontré qu’il soit inférieur avec EVRA°. En fait on ne dispose pas de suffisamment de recul avec ce nouveau progestatif (ni d’ailleurs avec son précurseur présent dans CILEST°). Pour information, ce risque thromboembolique est trois fois plus élevé avec DIANE-35° qu’avec une autre pilule “ancienne” de type STEDIRIL° 30 ou MICROGYNON° 30 26. Les contre-indications et les risques d’interactions médicamenteuses sont les mêmes qu’avec les autres contraceptifs oraux, c’est-à-dire principalement les antiépileptiques, le millepertuis, la rifampicine (RIMACTAN°) et les inhibiteurs de la protéase du VIH (p.ex. VIRACEPT°, KALETRA°, …) 25. L’utilisation d’EVRA° est simple : le patch doit être collé sur une peau propre, sèche, sans poil et non irritée (pas sur les seins !) et changé 1 fois par semaine (toujours le même jour) pendant 3 semaines. La 4ème semaine aucun patch n’est appliqué et l’hémorragie de privation doit se produire. Lorsqu’un patch se décolle, même partiellement, il faut le remplacer par un nouveau dans les 24h sans pour autant changer le jour de changement du patch habituel. Si plus de 24h se sont écoulées sans patch ou avec un patch partiellement décollé, il faut recommencer un cycle de 4 semaines en appliquant un nouveau patch et utiliser un moyen de contraception non hormonale (p.ex. préservatif) en parallèle pendant les 7 jours qui suivent 24. La marche à suivre en cas d’oubli d’appliquer, de changer ou d’enlever un patch est résumée dans le tableau I. Il est intéressant de noter que la résistance des patchs à diverses conditions de chaleur, d’humidité, de froid et d’exercice (p.ex. sauna, bain, etc.) n’a été étudiée que chez 30 femmes; on ne peut rien conclure avec des données aussi limitées 25 ! D’autre part, notons que le patch d’EVRA° n’est pas particulièrement discret puisqu’il a une surface importante de 20 cm2 et est de couleur rose. . En pratique, l’utilisation d’un dispositif transdermique pour la contraception hormonale n’apporte pas de progrès et semble même entraîner plus d’effets indésirables que les contraceptifs oraux. L’efficacité contraceptive n’est pas améliorée, le risque thromboembolique ne semble pas inférieur et la fréquence d’arrêt d’utilisation est plus élevée. 25 26 La Revue Prescrire 2004, 24 (246) : 5-9 La Revue Prescrire 2002, 22 (226) : 199 © Pharma-News page 8 Numéro 11, Février 2004 Tableau I : Que faire en cas d’oubli d’appliquer, changer ou enlever un patch ? 27 Période du cycle lors de l’oubli Au début d’un cycle (1er jour, 1er patch) Au milieu d’un cycle (8ème jour, 2ème patch/ 15ème jour, 3ème patch), avec moins de 48 heures de retard Au milieu d’un cycle (8ème jour, 2ème patch/ 15ème jour, 3ème patch), avec plus de 48 heures de retard A la fin d’un cycle (4ème semaine) Comportement à adopter Appliquer le patch le plus tôt possible, le jour de changement du patch est modifié; utiliser un autre moyen de contraception pendant 7 jours Changer de patch le plus tôt possible, ne pas modifier le jour de changement du patch ; aucune contraception supplémentaire n’est nécessaire Stopper le cycle courant et commencer un nouveau cycle de 4 semaines en appliquant un nouveau patch et modifiant le jour de changement du patch; utiliser un autre moyen de contraception pendant 7 jours Enlever le patch le plus tôt possible et recommencer le cycle suivant au jour de changement du patch habituel; aucune contraception supplémentaire n’est nécessaire EVRA° - A retenir pour le conseil : 9 nouveau dispositif transdermique pour la contraception hormonale 9 pas de bénéfice prouvé, efficacité identique mais plus d’effets indésirables que les contraceptifs oraux 9 utilisation simple : 1 patch par semaine pendant 3 semaines puis 1 semaine de pause 9 résistance à certaines conditions (bain, sauna,…) pas suffisamment testée ! 9 patches de grande taille et assez visibles 9 prix à peu près comparable aux comprimés (72.90 pour 3 mois) 27 Pharmacist’s Letter 2002, 18 (180609) © Pharma-News page 9 Numéro 11, Février 2004 Pharmacovigilance Vasoconstricteurs oraux La congestion nasale est l'un des symptômes caractéristiques du rhume et de la grippe. Dans le but de faciliter le passage de l'air dans les voies nasales, le marché pharmaceutique propose un grand nombre de médicaments vasoconstricteurs d'action topique ou systémique. Qu'ils soient utilisés par voie locale ou orale, ces vasoconstricteurs ne sont pas des médicaments anodins car ils peuvent provoquer des effets indésirables, dont les plus fréquents sont une stimulation du système nerveux central (SNC) et l'exposition à des risques cardio-vasculaires (insomnies, palpitations) 28,29. Les vasoconstricteurs sont des sympathomimétiques. Ils ont une action similaire à l'adrénaline. Les principes actifs suivants sont proposés pour la voie orale en OTC : o o o o la phényléphrine (NEO CITRAN°, RHINOCAP°, RHINOPRONT°, TRIOCAPS°, etc.) l'éphédrine (PECTOCALMINE°, VICKS MEDINAIT°), son isomère la pseudoéphédrine (PRETUVAL°, BENICAL°, OTRINOL°, DISOFROL°), la noréphédrine appelée également phénylpropanolamine (RHINOPRONT°, RHINOTUSSAL° mais aussi SLIM° et MEREX°). Pour pallier leurs effets stimulants du SNC, les vasoconstricteurs sont souvent associés à des antihistaminiques de première génération réputés pour leurs effets sédatifs (chlorphénamine, doxylamine, pheniramine, etc.) 28. L’utilisation des vasoconstricteurs oraux chez les patients hypertendus est largement discutée car ils peuvent théoriquement augmenter la pression artérielle. Des études menées récemment sur la pseudoéphédrine tendent cependant à démontrer que si celle-ci est utilisée à doses standard (30 à 60 mg), aucune augmentation de la pression artérielle n’est observée, à condition que l’hypertension soit sous contrôle 30. Ainsi, la prise occasionnelle de pseudoéphédrine chez des patients hypertendus traités et stabilisés n’est pas interdite. Nous ne possédons malheureusement aucune information concernant les autres vasoconstricteurs sympathomimétiques. En conséquence, si un patient hypertendu a besoin d'un décongestionnant nasal, les vasoconstricteurs topiques (gouttes nasales) semblent plus sûrs que les vasoconstricteurs systémiques, bien qu'ils puissent également passer dans la circulation générale 28. Les vaporisateurs sont aussi efficaces que les gouttes nasales et assurent une meilleure dispersion sur la muqueuse. Le médicament s'écoule moins facilement dans le larynx, ce qui diminue l'absorption systémique. Signalons encore que les vasoconstricteurs de la sphère ORL sont également largement utilisés en pédiatrie (RHINOPRONT°, RHINOTUSSAL°, gouttes nasales diverses) alors que les enfants sont particulièrement sensibles aux effets des sympathomimétiques : convulsions, anxiété, insomnie, agitation, céphalées, accidents vasculaires, etc... 31, 32. Là encore, la prudence reste de rigueur. 28 Le Médecin du Québec, 2001, no 9, 44 Prescrire, 2003, 243, 677 30 Pharma-Digest, 2003, 3731 31 Prescrire, 2002, 231, 634 32 Prescrire, 2000, 212, 837 29 © Pharma-News page 10 Numéro 11, Février 2004 L'éphédrine et ses dérivés sont considérés comme des stimulants au niveau sportif et sont donc interdits en compétition. Leur prise doit être impérativement arrêtée 48 heures avant la compétition 33. Finalement, remarquons qu’il n’est pas rare de retrouver chez un même patient (enfant ou adulte) deux vasoconstricteurs, un par voie nasale et l’autre par voie orale, ceci pouvant entraîner un dépassement dangereux des doses usuelles. En conclusion, la vigilance reste de mise lors de la délivrance de vasoconstricteurs sympathomimétiques oraux ou topiques en cas de rhume ou de grippe. Le fait que beaucoup d’entre eux soient disponibles sans ordonnance intensifie l’importance du conseil pharmaceutique et des mises en garde contre la polymédication. Vasoconstricteurs oraux - A retenir pour le conseil : 9 9 9 9 utilisés comme décongestionnants ORL présents, en association, dans de nombreuses spécialités souvent associés à des antihistaminiques H1 (attention aux accumulations) provoquent une stimulation du SNC (=> insomnies, agitation, augmentation possible de la pression artérielle) 9 préférer les formes topiques aux formes orales, et les sprays aux gouttes 9 prudence chez les enfants 9 interdits 48 heures avant une compétition de haut niveau Pour en savoir plus… Les amphétaminiques cachés 34 35 De nombreux médicaments, commercialisés pour des usages divers, sont apparentés à l'amphétamine. Ce sont notamment : ¾ l'éphédrine et ses dérivés, utilisés comme décongestionnants ORL et anorexigènes ¾ les anorexigènes classiques tels que REDUCTIL°, REGENON°, X112° ANTIDIAPOSITUM°, IONAMINE°, etc… ¾ ZYBAN° (bupropion) utilisé pour le sevrage tabagique ¾ RITALINE° (méthylphénidate) utilisée contre les troubles déficitaires de l'attention avec hyperactivité chez l'enfant 33 Doping info, 2001 Prescrire, 2003, 243, 672-679 35 www.prevention.ch 34 © Pharma-News page 11 Numéro 11, Février 2004 L'amphétamine L'amphétamine et ses dérivés ont des effets pharmacologiques communs : ce sont des stimulants du système nerveux central et des sympathomimétiques. Ils agissent en augmentant la libération et inhibant la recapture de noradrénaline, de dopamine et de sérotonine. Ceci a pour effet de : - stimuler la vigilance - diminuer les besoins de sommeil et la fatigue - réduire l'appétit (effet coupe-faim ou anorexigène) L'amphétamine elle-même n'est plus disponible en Suisse. Elle a été retirée du marché en raison de ses effets indésirables : - cardiovasculaires (augmentation de la pression artérielle, diminution de la fréquence cardiaque, palpitations, troubles du rythme, etc.) - neuropsychiatriques (tremblements, hyperactivité, insomnie, hallucinations, états de panique, tendances suicidaires, etc.) - risque de dépendance Certaines substances chimiquement apparentées à l'amphétamine comme l'ecstasy ou le MDA sont classées comme substances hallucinogènes et entactogènes (c'està-dire qui facilitent le contact avec autrui). On les trouve sur le marché noir sous forme de comprimés ou de gélules 35. Bien que prescrits pour des indications très différentes, tous ces médicaments agissent selon le même mécanisme, c'est-à-dire une stimulation du SNC suite à la libération de noradrénaline, dopamine et sérotonine. Ceci implique également un profil d'effets secondaires cardio-vasculaires et neuropsychiatriques communs et plus ou moins marqués selon les molécules et les dosages utilisés. 1. L'éphédrine et ses dérivés Bien que largement présentés dans l'article "Vasoconstricteurs sympathomimétiques" (voir dans ce numéro, rubrique "Pharmacovigilance"), soulignons encore une fois l'importance du conseil pharmaceutique lors de la délivrance de tels produits, qu'ils soient prescrits par un médecin ou qu'il s'agisse d'une demande spontanée. En effet, il n'est pas rare que certains patients soient déjà en traitement avec des dérivés amphétaminiques délivrés pour une toute autre indication. Des principes actifs tels que la phénylpropanolamine par exemple, se retrouvent dans des spécialités aussi diverses que: ) RHINOPRONT°, RHINOTUSSAL° (décongestionnants ORL) ) KONTEXIN retard° (incontinence urinaire) ) MEREX°, SLIM° (anorexigènes) Bien que les anorexigènes de ce type ne soient plus disponibles en liste C (le DEXATRIM° retard 75 mg a été retiré en 1999 du marché suisse par ex.), des produits à base d'éphédra (plante contenant 1-2% d'éphédrine) circulent sur Internet où ils sont proposés comme compléments alimentaires avec un effet stimulant ou coupe-faim. L'éphédra est également vendue sous le nom chinois de ma-huang, comme tisane des mormons, Brigham ou tisane mexicaine. Les effets secondaires constatés lors de son utilisation incontrôlée sont, comme prévu : nervosité, tremblements, troubles du rythme cardiaque, augmentation de la pression, sueurs, dilatation des pupilles et, à doses élevées, crises épileptiques et psychoses 36. 2. Les anorexigènes classiques L'amphétamine et les anorexigènes amphétaminiques classiques entraînent une perte de poids, principalement en diminuant l'appétit et accessoirement en augmentant les dépenses énergétiques. 36 www.pharmavista.net © Pharma-News page 12 Numéro 11, Février 2004 Si certains de ces anorexigènes ont été retirés du marché en raison d'effets secondaires graves plus spécifiques (hypertension artérielle pulmonaire, valvulophathies cardiaques graves), tels ISOMERIDE° ou PONDERAL°, il en reste encore toute une panoplie dont le REDUCTIL° (sibutramine). Dernier arrivé sur le marché, il n'en reste pas moins un médicament à délivrer avec toutes les mises en garde nécessaires, ses avantages n'étant pas évidents par rapport aux plus anciens anorexigènes. Ses effets secondaires les plus fréquents sont bouche sèche, céphalées, insomnies et constipation. De nouvelles données mentionnent également des dépressions et idées suicidaires, angiœdèmes, réactions anaphylactiques, rétentions urinaires, troubles sexuels et du cycle menstruel 37. En Suisse, les précautions suivantes figurent déjà dans l'information professionnelle : & chez tous les patients, une surveillance de la pression artérielle et du pouls est nécessaire durant le traitement par REDUCTIL° & utiliser REDUCTIL° avec prudence chez les patients sous traitement antihypertenseur Dernièrement, l'Italie a décidé d'en suspendre la commercialisation et la France en a restreint les conditions de prescription 38,36. 3. ZYBAN° (bupropion) Du fait de sa structure proche de l'amfépramone (REGENON RETARD°, PREFAMONE°), ZYBAN° a le même profil d'effets indésirables que les anorexigènes amphétaminiques : troubles psychiques (insomnie, agitation, anxiété, dépression, etc.), diminution de poids et hypertension artérielle. Des convulsions, une hypersensibilité et des accidents cardiovasculaires ont également été décrits. 4. RITALINE° (méthylphénidate) Apparentée chimiquement à l'amphétamine, la RITALINE° a pour effets secondaires les plus fréquents : nervosité et insomnie en début de traitement. Afin de pallier ces effets indésirables, les comprimés sont donnés le matin et/ou en début d'après-midi. Amphétaminiques cachés - A retenir pour le conseil : 9 plusieurs médicaments courants contiennent des dérivés de l'amphétamine (REDUCTIL°, ZYBAN°, RITALINE°, etc…) et parmi eux des produits de conseil (décongestionnants ORL tels que RHINOTUSSAL, p.ex.) 9 ces dérivés peuvent provoquer des effets secondaires assez sérieux, notamment aux niveaux cardio-vasculaire et neurologique; ils ne doivent donc pas être banalisés 9 attention en particulier aux surdosages possibles lorsqu'un client prend de tels dérivés pour plusieurs indications différentes (p.ex. un anorexigène sur prescription et un décongestionnant pour le rhume en automédication) 37 38 Prescrire, 2004, 246, 53 www. agmed.sante.gouv.fr © Pharma-News page 13 Numéro 11, Février 2004 En bref… SERESTA° Expidet Dès le 7 février, les boîtes de SERESTA° Expidet à 20 cprs seront à nouveau disponibles chez les grossistes, mais les boîtes de 50 cprs seront retirées du marché à cause d’une trop faible demande. PETADOLOR° Malgré le fait qu’aucun effet indésirable grave n’ait été rapporté en Suisse, la vente de cette préparation phytothérapeutique à base de pétasite a été suspendue en raison de la crainte d’effets secondaires hépatiques graves, voire mortels, basée sur plusieurs cas en Allemagne. La firme A. Vogel ne pouvant débloquer les moyens nécessaires aux études qui permettraient d’assurer l’innocuité du PETADOLOR°, celui-ci est retiré du marché suisse. Ibuprofène 400 mg On connaissait déjà l’ALGIFOR° Forte (ibuprofène à 400 mg). Voici l’ALGIFOR°-L Forte, contenant du lysinate d’ibuprofène (400 mg) assurant une résorption plus rapide. Dans la foulée arrive également le DOLOCYL° Forte. Tous deux sont en liste C; l’ALGIFOR°-L Forte coûte Fr. 10.60 les 10 cprs, contre Fr. 9.95 pour le DOLOCYL° Forte. GYNO-CANESTENE° 3 Après les ovules et la crème en emballages séparés, voici le GYNO-CANESTENE° 3 Duopack contenant 3 ovules et 20 g de crème pour le traitement des mycoses vaginales sans complications (toujours en liste C). Note de l'éditeur Les avis exprimés dans le Pharma-News reflètent l'opinion de leurs auteurs en fonction des données disponibles au moment de la rédaction et n'engagent en aucune manière le CAP. © Pharma-News page 14 Numéro 11, Février 2004