Titre original : HISSS Année : 2010 Na

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Titre original : HISSS Année : 2010 Na
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HISSS
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Titre original : HISSS
Année : 2010
Nationalité : Inde / Etats-Unis
Acteurs : Mallika Sherawat, Irrfan Khan & Jeff Doucette
Réalisateur : Jennifer Chambers Lynch
Scénario : Jennifer Chambers Lynch
Musique : Alexander Bubenheim
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Rongé par un cancer du cerveau, George States, un
américain, se rend en Inde dans l´espoir d´y quérir un objet
mystique, le Naagmani. En effet, quiconque possède le
Naagmani devient immortel. Reste que bien évidemment,
l´objet n´est pas des plus accessibles. Il se trouve en réalité
entre les mains de Nāginī, une déesse serpent
capable de prendre forme humaine. Se basant sur une légende
locale bien connue, States fait donc capturer l´amant de la
divinité et entend bien l´utiliser comme moyen de pression :
Nāginī retrouvera son cobra royal de conjoint si
elle accepte de remettre le Naagmani. La merveilleuse déesse
ne l´entend cependant pas de cette oreille et part en quête de
son compagnon, non sans laisser quelques cadavres sur son
passage…
Nous avons déjà eu l´occasion d´aborder l´Inde et son
foisonnant cinéma dans nos colonnes. Bien que snobé par les
salles françaises et bien peu représenté dans nos linéaires,
l´industrie cinématographique indienne est la plus prolifique du
monde. Aussi, et malgré ses codes bien particuliers, elle ne
peut laisser indifférente les autres industries, et plus
particulièrement la machine Hollywoodienne. Kylie Minogue
est ainsi partie pousser la chansonnette dans BLUE en 2009
alors que Sylvester Stallone, Denise Richards et Brandon
Routh figuraient dans KAMBAKKHT ISHQ la même année.
Danny Boyle a mis en boîte le bijou SLUMDOG
MILLIONAIRE en 2008 et c´est donc avec un certain intérêt
que nous attendions le HISSS de Jennifer Chambers Lynch,
fille évidemment du grand David...
Un intérêt d´autant plus grand que son précédent film,
SURVEILLANCE, nous avait séduits et intrigués. L´essai
devait donc être transformé et la réalisatrice n´a pour cela pas
versé dans la facilité. HISSS aura donc été mis en boîte sur le
sol indien et ce avec une équipe en partie locale. Plus délicat
encore, il aura été tourné en Hindi, avec quelques dialogues en
anglais comme c´est le cas dans les productions
Bollywoodiennes. Mais nous l´imaginons, ce qui intéressait la
réalisatrice n´était pas tant l´exotisme du projet que son
élément scénaristique fondateur. HISSS est en effet une énième
variante sur le thème de la «Nāgī» (ou
«Nāginī»), une divinité mi-femme, mi-serpent,
détentrice de la vie (via un élixir d´immortalité) et associée
parfois à la fertilité. Au cinéma, la femme-cobra aura par
exemple été le sujet du NAGIN de 1954, optant pour un angle
métaphorique puisqu´une femme y tombe éperdument
amoureuse d´un charmeur de serpents. Les adaptations
suivantes seront plus explicites, mettant en scène de manière
plus ou moins convaincantes (souvent moins d´ailleurs) les
transformations d´un serpent en femme, et d´une femme en
serpent. Nous avions du reste déjà listé bon nombre de
métrages
dans
une
précédente
news
(http://www.devildead.com/indexnews.php3?NewsID=6189)
mais vous pourrez trouver une liste plus complète encore dans
notre base de données.
Quoi qu´il en soit, la trame commune à toutes les histoires
traitant de Nāginī reste la vengeance d´une
femme(-serpent), meurtrie par la disparition (généralement la
mort) de son bien aimé conjoint reptile. Jennifer Chambers
Lynch s´en empare donc et pousse à l´extrême la féminité et la
sensualité du personnage mythologique. Nāginī
devient alors une vengeresse «universelle», oeuvrant pour sa
cause mais aussi celle de toutes les femmes, qu´elles soient
battues, violées ou même victimes de relations incestueuses.
Plutôt intéressant sur le papier, cet aspect sera
malheureusement traité avec une certaine naïveté, voire
légèreté. Ainsi les humiliations faites aux femmes sont toutes
concentrées sur un petit quart d´heure, s´enchaînant sans
transition et sans logique. Durant ces quinze minutes, on assiste
donc à des agressions, quelque part, on ne sait où. Et tel un
Batman au sang froid, Nāginī déboule sans que
l´on comprenne d´où, croque, disparaît et passe au délit
suivant... Le sentiment est de fait assez curieux, risible là où il
se voudrait grave, et finalement très péjoratif dans l´image qu´il
donne de l´homme (indien en l´occurrence), celle d´un sauvage
violent et stimulé par le seul sexe...
Assez déroutante, cette portion de métrage aurait peut être
pu s´oublier si le reste de l´œuvre s´était avéré plus habile.
Malheureusement, Jennifer Chambers Lynch cumule les fautes
de goût et les facilités scénaristiques. Elle ira même jusqu´à
ridiculiser l´incroyable sensualité de son personnage principal
lors d´une séquence hallucinante de maladresse. Le soir venu,
la belle Nāginī erre dans les rues désertes et
s´arrête devant un lampadaire (sans doute planté là pour le
film). Elle entame alors avec lui une étreinte amoureuse
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surréaliste, durant laquelle elle fait glisser l´objet entre ses
cuisses tout en grimpant toujours plus haut, jusqu´à se
suspendre à côté de l´ampoule, en compagnie bien évidemment
des moustiques ! Difficile de croire qu´une telle séquence
puisse être tournée au premier degré. Et pourtant...
Ces situations «embarrassantes» s´accumulent sur une durée
de 93 minutes environ et se couplent au jeu catastrophique de
Jeff Doucette, ainsi qu´à des images de synthèses plus que
bâclées. Car à notre grande surprise, les reptiles numériques de
HISSS ne sont guère plus convaincants que ceux d´une
production The Asylum. Voilà qui fait indiscutablement tâche
à côté d´autres effets largement plus aboutis, et même
mémorables. Parmi ceux-ci, nous citerons les deux premières
mutations de Nāginī. Durant la première, le Cobra
Royal enfle et se défait de sa mue pour devenir femme. Les
courbes enivrantes de Mallika Sherawat ondulent, puis se
révèlent. La nudité, intégrale et particulièrement graphique,
éblouit autant qu´elle étonne au sein d´un film (partiellement)
indien. Le spectateur restera à n´en pas douter bouche bée,
comme il le sera quelques minutes plus tard, lorsque la femme
deviendra un cobra géant. L´effet est alors prothésique et
mécanique, évoquant dans son exécution la fameuse
transformation du LOUP-GAROU DE LONDRES. Du bien bel
ouvrage, signé Robert Kurtzman, qui restera d´ailleurs comme
l´un des (rares) moments forts du métrage...
Outre cela, nous noterons tout de même que la réalisatrice a
su profiter des merveilles de l´Inde. Elle nous emmène donc
dans le Kerala (état du Sud-Ouest) et nous fait profiter de sa
végétation riche et luxuriante. Puis elle nous emporte jusqu´à
Mumbai, au cœur de quartiers plus modestes, semblant hors du
temps. La visite prendra même des allures de carte postale lors
d´une course-poursuite, là encore très perfectible sur le plan
cinématographique mais mettant en lumière les bacs de lavage
publiques… Toute aussi colorée sera la fête de Holî, annuelle
et incontournable en Inde, elle est visible dans de nombreux
films locaux, servant généralement à la réconciliation. Durant
cette fête, les gens dansent et s´aspergent de pigments de
couleurs, célébrant ainsi le sacre du printemps. Jennifer
Chambers Lynch la met en image et en profite pour placer une
courte séquence dansée, la seule, assez peu convaincante. Mais
plus douteuse sera sa tentative de paralléliser les couleurs
festives de Holî et le sang d´une femme découvrant sa fausse
couche. Une faute de goût d´autant plus curieuse lorsqu´on sait
que cette fête du printemps est aussi celle de la fertilité…
Nous l´aurons compris, féminité, fécondité, sensualité et
maternité sont donc les grandes thématiques de ce métrage.
Force est de reconnaître cependant que le traitement n´est pas à
la hauteur. Du tout. Même en terme de mise en scène, certains
choix s´avèrent plus que discutables en adoptant certains des
«tics» du cinéma Bis indien. Les ralentis saccadés, les
accélérations inutiles et les effets sonores faciles (ou
inappropriés) répondent ainsi présents tout au long du métrage.
Au point que l´on peut légitimement se demander s´il y a là
hommage maladroit ou délégation d´une (bonne) partie de la
mise en scène... Certains propos tenus a posteriori par Jennifer
Chambers Lynch semblent attester cette seconde hypothèse et
d´après elle, le «Final Cut» serait revenu au producteur Govind
Menon (également réalisateur d´une poignée de métrages). La
dualité qualitative, très présente dans HISSS, s´expliquerait
alors un peu mieux. Reste que quels que furent les problèmes
rencontrés, nous doutons qu´ils puissent expliquer à eux seuls
tant de fausses notes. Gageons donc finalement que HISSS ne
soit qu´une erreur de parcours, un projet trop lourd et complexe
pour une réalisatrice qui, nous l´espérons, saura rebondir avec
le A FALL FROM GRACE attendu pour 2011...
HISSS aurait dû faire l´ouverture de deux Festivals (EtatsUnis et Canada) à la mi-octobre mais, suite à des problèmes de
copies, aura finalement été découvert à l´international le 22 du
même mois. La sortie fut cependant confidentielle et les
résultats au box-office désastreux. Il faut dire que
contrairement au SLUMDOG MILLIONAIRE de Danny
Boyle, le film de Lynch n´a guère d´arguments pour séduire le
public occidental, et se montre à côté de cela peut-être trop
«explicite» pour le grand public indien. C´est pourtant du côté
de l´Inde que vient de sortir la première édition DVD du film.
D´autres suivront sans doute mais il ne faudra probablement
pas se presser ou espérer d´éditions plus «prestigieuses». Il ne
serait pas étonnant que le film ne voie jamais le jour en France
et c´est donc sans retenue que le curieux pourra se jeter sur
l´édition chroniquée ici...
La galette est le fruit de l´éditeur Shemaroo qui, comme
beaucoup d´autres en Inde, est assez généreux en publicité. Au
lancement du disque, nous aurons donc droit à la bande
annonce de MILENGE MILENGE, mettant en scène Shahid et
Kareena Kapoor. Une bonne partie de la section bonus sera
également consacrée à la promotion d´autres produits de
l´éditeur. Les films bien évidemment avec, entre autres
OMKARA, CHANDNI CHOWK TO CHINA et EVIL DEAD
2 (!), mais aussi des compilations musicales. Enfin la dernière
bande promo donnera envie de bouger son popotin puisqu´il
s´agit d´un disque de fitness, animé par la très stimulante
Bipasha Basu (en double dans DHOOM 2) et recommandé par
le gratin Bollywoodien. Indispensable donc pour raffermir vos
abdos-Nutella et flatter votre rétine…
Plus ennuyeux sera le nom de l´éditeur, apparaissant en
légère surbrillance dans le coin inférieur droit de l´image, et ce
durant tout le film. La pratique est assez courante en Inde mais
il est vrai que nous n´y sommes guère habitués. La présence de
cet élément indésirable n´est cependant pas trop dérangeante et
s´oublie assez rapidement. Outre cela, l´image est de qualité
correcte, sans plus. Le ratio 2.35 d´origine est respecté et
l´encodage en 16/9ème offre une définition convenable. Les
couleurs sont belles et chaudes, mais la compression se fait par
instants sentir. Nous aurons donc droit à quelques à-plats de
pixels, un peu de crénelage et une poignée d´effets de
rémanence...
Sur le plan sonore, nous aurons le choix entre la version
originale encodée en Dolby Digital 5.1 ou en Stéréo. Comme
nous l´avons dit, cette piste originale est en hindi, avec
quelques bribes en anglais. L´acteur Jeff Doucette est doublé
pour ses répliques en hindi, et ce sans le moindre souci de
synchronisation labiale. Voilà qui ne manque pas d´amplifier
davantage encore sa piètre performance… Quel que soit le
nombre de canaux pour lequel vous opterez, le signal est clair
et dénué d´anicroche. L´ensemble est cependant un peu plat et
ne louera pas les mérites de votre installation Home Cinema.
La compréhension du métrage sera en outre grandement
simplifiée par la présence d´un sous-titrage anglais (amovible)
de bonne qualité.
Terminons enfin le tour de cette édition avec le seul véritable
bonus qu´elle propose : Un Making-of d´une durée de dix-sept
minutes environ. Celui-ci donne la parole à Jennifer Chambers
Lynch, son producteur Govind Menon mais aussi Mallika
Sherawat et Robert Kurtzman. Leur propos s'étalera sur
environ un tiers de la durée, ces interventions étant
entrecoupées d'images (spoiler) du film et de scènes de
tournages. L'ensemble s'avère plutôt intéressant puisqu'il
dévoile l'envers des (rares) effets mécaniques précités, et
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permet d'en apprendre plus sur la vision de la réalisatrice...
Xavier Desbarats
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