FICHE PÉDAGOGIQUE 2 février, dès midi WOLFGANG AMADEUS

Transcription

FICHE PÉDAGOGIQUE 2 février, dès midi WOLFGANG AMADEUS
LES BRUNCHS
Autour d’œuvres marquantes du répertoire classique ou plus contemporain, nous
vous proposons de partager un moment privilégié avec des artistes et
chambristes exceptionnels. Ces moments musicaux, imaginés autour et avec la
complicité du Trio Opus 71, ensemble associé à la vie du Théâtre 71 et formé de
Pierre Fouchenneret, Nicolas Bône et Éric Picard, sont présentés par PierreFrançois Roussillon, directeur de la Scène Nationale, afin d’apporter aux auditeurs
quelques clés d’écoute. Avant le concert, vous avez la possibilité de savourer un
brunch.
FICHE PÉDAGOGIQUE
2 février, dès midi
WOLFGANG AMADEUS MOZART quatuor pour flûte
et cordes en ut majeur, K. 285B | LUDWIG VAN
BEETHOVEN TRIO À CORDES EN SOL MAJEUR, OP. 9, N°1
| WOLFGANG AMADEUS MOZART QUATUOR POUR FLÛTE
ET CORDES EN RÉ MAJEUR, K. 285
Pierre Fouchenneret violon | Nicolas Bône alto | Éric Picard violoncelle
| FLEUR GRÜNEISSEN FLÛTE
Mozart n’aimait pas la flûte dit-on. Il fallait bien un « Brunch » pour prouver le
contraire ! Des quatre quatuors qu’il composa pour cet instrument, ce concert
vous propose de découvrir les deux plus séduisants. En contrepoint, le trio du
jeune Beethoven ajoutera sa luxuriance expressive à ce programme aux accents
délicieusement concertants.
tarifs › 12€ tarif normal 6 € -18 ans, abonnés du Théâtre 71, adhérents La Fabrica’son, association des Z’amis du
Conservatoire et élèves du Conservatoire Intercommunal de Malakoff | 1 ticket-théâtre(s) = 2 entrées
ouverture du bar et accueil du public à 12h | début du concert à 13h30h | durée env. 50 min
restauration pensez à réserver votre brunch en même temps que votre billet de concert, le réglement (12€/repas)
s’effectue le jour du concert à l’accueil
M° ligne 13 Malakoff-Plateau de Vanves - PÉRIPHÉRIQUE PORTE BRANCION
ThEAtre71.COM SCÈNE NATIONALE DE MALAKOFF
3 PLACE DU 11 NOVEMBRE – 92240 MALAKOFF 01 55 48 91 00
INTERPRÈTES
Nicolas Bône alto
Il étudie au CNSMDP puis se perfectionne au contact de grands maîtres à la Banff School of Fine
Arts (Canada) et à Crémone (Italie). Il est lauréat des concours internationaux de Florence (1989)
et de Melbourne (1991). Alto solo de l’Orchestre National de France depuis 1992, il a occupé le
poste d’alto solo du Chamber Orchestra of Europe de 2000 à 2005. Il participe à de nombreux
concerts de musique de chambre en Europe dont beaucoup sont radiodiffusés.
Pierre Fouchenneret violon
Premiers prix de violon et de musique de chambre au Cnsmdp, il est lauréat en 2003 de la fondation d’entreprise Banque populaire. Depuis il participe à de nombreux concerts, Récitals en
sonate, formation de musique de chambre ou en Soliste avec orchestre. Il fonde en 2010 le
quatuor Raphaël Avec lequel il remporte le deuxième prix du concours International de quatuor à
cordes de bordeaux.
Éric Picard violoncelle
Issu du CNSMDP où il obtient ses premiers prix, Éric Picard enchaîne avec le Premier Prix du
Concours international Finale Ligure. Nommé à vingt-trois ans Premier violoncelle solo de
l’Orchestre de Paris, il est récompensé par le Grand Prix de l’Académie Charles Cros pour le
disque consacré à Xenakis et est actuellement directeur artistique de l’ensemble Diabolicus.
FLEUR GRÜNEISSEN FLÛTE
Issu du CNSM de Paris, elle se produit au sein de grands orchestres français comme l’Orchestre
du Capitole de Toulouse où elle a reçoit la bourse «Aïda»... Elle bénéficie des conseils de David
Walter, Michel Moragues et Jens MacManama dans ses formations de prédilection, le quintette à
vent, le duo flûte guitare et le flûte/percussions. En 2005, elle obtient une bourse ERASMUS et
part étudier à l’Escola Superior de Musica de Catalunya de Barcelone où elle joue en parallèle au
Real Orquesta de Séville.
MOZART
(1756 - 1791)
Wolfgang Amadeus Mozart figure parmi les plus grands de tous les compositeurs de musique
classique européenne, avec notamment Johann Sebastian Bach et Ludwig van Beethoven. Il
touche à tous les genres de musique : plus de quarante symphonies, quinze opéras, des œuvres
sacrées (dont le célèbre Requiem), une quarantaine de concertos (pour flûte, clarinette, cor,
basson, violon, piano,...), de la musique de chambre (sonates, trios, quatuors, quintettes,...), etc.
D’une productivité extraordinaire, l’œuvre de Mozart est indexée dans le catalogue Köchel qui
regroupe les quelques six cent vingt-six pièces attribuées au compositeur.
Né le 27 janvier 1756 à Salzbourg, Wolfgang Amadeus Mozart est le fils d’un musicien, Leopold
Mozart, vice-maître de chapelle à la cour du Prince Archevêque de Salzbourg, et d’Anna Maria
Pertl. Ceux-ci, malgré leurs sept enfants, n’en verront que deux parvenir à l’âge adulte : Wolfgang
et sa sœur, Maria-Anna. Les deux survivants montrent vite leurs dons pour la musique, par
ailleurs encouragés par leur père qui leur donne très tôt une éducation musicale.
Tournées européennes
Les deux enfants sont encore très jeunes quand Leopold, comprenant l’intérêt d’être le père de
prodiges, commence à « exhiber » ses enfants dans les grandes villes européennes : Vienne, en
1762, puis, à partir de 1763, ils se produisent à Munich (12 juin 1763), Augsbourg (le 23 juin),
Paris (18 novembre), Londres, Bruxelles, Genève, Amsterdam, et dans bien d’autres villes encore.
À chaque concert, chacun s’émerveille des facilités de Wolfgang : oreille absolue,
mémoire prodigieuse, déjà auteur de petites pièces (menuets KV.2, 4 et 5; allegro KV.3),...De plus,
il est capable d’improviser sur n’importe quel thème donné. La famille Mozart arrive à Paris le 18
novembre 1763. Le succès de Wolfgang ne se dément pas. De plus, une personnalité allemande
très en vue à l’époque, le Baron Grimm, va soutenir les jeunes talents, leur ouvrant les portes des
salons du beau monde. Le 10 avril 1764, ils quittent Paris pour Londres.
Wolfgang aura la chance, au cours de ses voyages, de se lier avec plusieurs musiciens qui l’influenceront beaucoup : Johann Schobert à Paris et Johann Christian Bach (fils cadet de Johann
Sebastian Bach) à Londres. Ce dernier lui fait découvrir le pianoforte, inventé au début du siècle,
l’opéra italien, et lui apprend à construire une symphonie. Le 1er août 1765, la famille embarque à
Douvres et regagne Salzbourg en passant par les Pays-Bas, Lille, Gand, Anvers,... Le jeune Mozart
écrit son premier opéra Apollo et Hyacinthus (K.38) à l’âge de onze ans.
Dès son retour, Leopold enseigne à son fils le contrepoint, la fugue, le latin et l’italien. Le 11
septembre 1767, ils repartent vers Vienne pour les fêtes nuptiales de l’Archiduchesse Marie
Joséphine, mais une épidémie de variole fait des ravages. L’archiduchesse elle-même en meurt.
Cependant, ils retournent dans la capitale le 10 janvier 1768. Mozart reçoit la commande d’un
opéra bouffe qu’il écrira en trois mois : La Finta Semplice (cette pièce ne sera pas représentée à
Vienne en raison d’une cabale montée par des musiciens jaloux). Il compose ensuite une nouvelle partition : Bastien et Bastienne (K.50).
L’Italie
À Bologne, Wolfgang visite le padre Martini, illustre théoricien de l’époque. Il croise aussi le
célèbre castrat Farinelli. À Naples, Mozart fera la connaissance d’autres compositeurs célèbres à
l’époque : Paisiello, Caffaro, Jomelli... Toutes ces rencontres influenceront Mozart qui assimile à
une vitesse incroyable. Comme il l’avait déjà fait avec Christoph Willibald Gluck, le Pape décore
Mozart jeune Chevalier de l’Ordre de l’éperon d’Or. Le 28 mars 1771, ils sont de retour à
Salzbourg mais ils parlent déjà d’un prochain retour en Italie, ce qu’ils font le 13 août de cette
même année pour honorer les contrats passés lors du premier séjour. Mozart a profité des
quelques mois passé à Salzbourg pour composer d’arrache-pied.
Mozart au service de Colloredo
Sous la férule de l’archevêque Colloredo, Mozart écrira beaucoup de musique sacrée et six
concertos pour piano. Le nouvel archevêque (après la mort de Schrattenbach en décembre
1771) aime l’austérité, est très exigeant, mais paye relativement bien. Cependant, Mozart montre
de plus en plus d’esprit de liberté et entend bien composer à son idée et non uniquement des
commandes. Leopold et Wolfgang profitent d’un voyage de l’archevêque à Vienne pour l’accompagner mais ils reviennent à Salzbourg le 30 septembre 1773. Mozart pourra alors composer
calmement jusqu’à la fin 1774, date à laquelle il termine La Finta Gardiniera pour Munich.
Le 13 janvier 1775, elle remporte un succès extraordinaire. Wolfgang compose également la
Missa brevis (K.220) et finit par rentrer. Il restera à Salzbourg deux ans et demi et compose sans
arrêt (surtout de la musique religieuse pour ses fonctions à la cour de Salzbourg, mais aussi les
magnifiques concertos pour violon num.1 à 5, et le concerto pour piano num.9 qui est l’un de
ses plus grands chefs-d’œuvre).
Au cours d’un séjour à Vienne, Mozart rencontre le compositeur Joseph Haydn. Très vite, une
admiration réciproque unit les deux hommes : Haydn s’émerveille des talents du jeune homme.
En janvier et février 1778, Mozart s’éprend d’Aloysia Weber, fille d’un chanteur et violoniste
(lui-même oncle de Carl Maria von Weber). Amoureux, il ne désire plus partir et conçoit des
projets farfelus que son père stoppera net.
Le 23 mars 1778, ils quittent Mannheim. À Paris, les Mozart renouent avec le Baron Grimm, et
une nouvelle symphonie, Paris (K.297), connaît beaucoup de succès. Mais Mozart n’est pas
réellement heureux dans cette ville : le milieu musical est divisé par la célèbre querelle entre les
partisans de Christoph Willibald Gluck et ceux de Niccolo Vito Piccinni. De plus, le 3 juillet 1778,
suite à une typhoïde, sa mère meurt. Le compositeur quitte la ville le 26 septembre, passe par
Nancy et Strasbourg, et arrive à Mannheim le 6 novembre. Au grand dam de son père qui le
presse de rentrer pour occuper à nouveau sa charge à Salzbourg, il reste plus d’un mois dans
cette ville, bien qu’ayant retrouvé une Aloysia froide et indifférente. Il est de retour à Salzbourg
le 15 janvier 1779.
Mozart, après avoir été un court instant organiste chez Colloredo, finit par se brouiller avec ce
dernier après un séjour triomphal à Munich.
Mariage, bonheur et retour des ennuis
Le 4 août 1782, Mozart épouse la sœur d’Aloysia, Constance. Il donne des cours à de riches
familles, connaît de grands succès (L’enlèvement au sérail) et vit donc dans un certain bien-être.
En 1784, Mozart est admis chez les francs-maçons, pour lesquels il écrit plusieurs pièces. La
période est décidément favorable au compositeur : en 1786, il termine et triomphe, à Vienne
comme à Prague, avec Les noces de Figaro, d’après la pièce de Beaumarchais.
Le 28 mai 1787, le cycle heureux s’achève : Leopold meurt, et Mozart se montre bien plus affecté
par ce décès que par celui de sa mère. De plus, malgré les récents succès (comme Don
Giovanni, créé le 28 octobre 1787 sur un livret de Lorenzo da Ponte), et l’argent remporté,
Mozart n’a aucun sens financier. Il dilapide ses nombreuses recettes et, le succès lui montant à
la tête, commence à se plaindre de migraines et de rhumatismes précoces pour trente quatre
ans. Endetté, fatigué, malade, Mozart voit aussi mourir l’empereur Joseph II ainsi que le départ
de Joseph Haydn pour Vienne. L’année 1790 fut d’ailleurs très peu productive.
En 1791, Mozart compose encore, à la demande de son ami Emanuel Schikaneder, son opéra,
Die Zauberflöte (la flûte enchantée). Il sera créé avec succès le 30 septembre.
Parallèlement, en juillet, un inconnu (on ne sut que plus tard qu’il s’agissait du comte Franz
Walsegg-Stuppach qui voulait honorer la mémoire de feu son épouse) commande un Requiem
au compositeur. Mozart sent bien que cette messe des morts sera pour lui. Il n’aura pas le temps
de l’achever, c’est son élève Franz Xavier Süssmayer qui s’en chargera.
L’état de santé du compositeur s’aggrave brutalement dans la soirée du 4 décembre 1791. Il
meurt le lendemain, d’une «fièvre rhumatismale aigue». Enterré le 6 décembre 1791, le corps de
Mozart ne fut pas retrouvé.
Parmi les grands compositeurs, Mozart est le seul à avoir abordé tous les genres musicaux avec
le même intérêt et le même génie. Il a laissé pour chacun d’entre eux des œuvres grandioses
(Requiem, Don Giovanni, ...) et fut le premier à revendiquer la liberté d’expression. Il a énormément influencé ses successeurs. Sa mort à trente cinq ans est une grande perte pour la musique. On imagine la quantité des œuvres qu’il aurait laissées s’il avait pu vivre assez longtemps
pour rivaliser avec Ludwig van Beethoven et Joseph Haydn, son grand ami.
BEETHOVEN
(1770 - 1827)
Ludwig van Beethoven est né à Bonn (Allemagne) le 17 décembre 1770 (seul deux de ses sept
frères, Kaspar-Karl et Johann, nés respectivement en 1774 et 1776, survivront). La famille est
musicienne depuis au moins deux générations : Ludwig van Beethoven l’ancien (1712-1773), son
grand-père paternel, s’était installé à Bonn en 1732, et son père Johann van Beethoven est ténor
de la chapelle de l’électeur de Cologne (Köln). Homme alcoolique et violent, il remarque cependant les dons musicaux de son fils Ludwig (d’abord pour le piano). Quant à Maria-Magdalena
(1746-1787), la mère, d’origine slave, elle est la fille d’un cuisinier de l’électeur de Trèves.
À l’instar de Leopold Mozart, qui, près de quinze ans plus tôt, avait exhibé son fils Wolfgang tel
un singe savant, le père de Ludwig désire tirer le maximum de profit de son fils. Il n’y parviendra
cependant qu’à l’occasion d’une tournée aux Pays-Bas (1781).
Pianiste virtuose mais compositeur encore jeune
Beethoven, qui se montre élève appliqué, reçoit très tôt des cours de violon et de piano : dès
1775 par son père, dans l’optique de l’opération «singe savant», puis par le compositeur et chef
d’orchestre Christian Gottlob Neefe. Neefe lui trouvera d’ailleurs une place dans l’orchestre de la
cour. Le nouvel électeur, Max-Franz, protège le jeune musicien, organiste adjoint depuis 1784,
et lui accorde une bourse de cent soixante-dix florins. Ludwig compose alors ses premiers
concertos et quatuors à cordes (ses premières pièces, pour piano, datent de 1782-1783 : il s’agit
notamment des Neuf variations sur une marche de Dressler et des trois Sonatines dites à
l’électeur). En 1787, grâce au comte Ferdinand von Waldstein (il lui dédiera sa Sonate pour piano
numéro 21 en 1804) qui le remarque, Beethoven part à Vienne dans le but d’y rencontrer Wolfgang Amadeus Mozart. Hélas, celui-ci venant de perdre son père, la rencontre se déroule dans
un climat peu propice. Cependant, Mozart garde une très bonne impression du jeune compositeur : «Ce jeune homme fera parler de lui».
De plus, en 1792, Waldstein organise la rencontre entre Joseph Haydn et son protégé. Haydn
s’intéresse au musicien (la Cantate sur la mort de Joseph II ou celle sur l’avènement de Léopold
II furent déterminantes) et lui propose d’étudier à Vienne sous sa direction. De plus en plus
coupé de Bonn (sa mère, à laquelle il était attaché, est morte en juillet 1787 de la tuberculose, et
son père, alcoolique chronique, est à la retraite depuis 1789), Beethoven, qui enseignait et jouait
dans l’orchestre municipal aux côtés de son ancien maître Neefe, accepte avec enthousiasme et
quitte sa ville natale le 2 novembre 1792. Hélas, Mozart, qu’il adulait, est déjà mort depuis près
d’un an. Malgré une estime réciproque indubitable, Haydn n’entretient pas avec Beethoven la
même relation qu’avec Mozart : le courant passe moins bien avec Beethoven, jeune révolutionnaire indomptable et entêté. Cependant, Beethoven reconnaîtra lui-même l’influence notable de
l’Autrichien sur son œuvre. De janvier 1794 au début de 1795 (pendant un séjour de Haydn en
Angleterre), il prend des cours auprès de Johann Georg Albrechsberger (contrepoint) et d’Antonio Salieri pour l’art vocal. Il est encore remarqué principalement en tant que pianiste (acclamé
par le public mais critiqué par certains conservateurs pour sa fougue), pour ses talents d’interprète et d’improvisateur (1796 : tournée de concerts qui le mena de Vienne à Berlin en passant
notamment par Dresde, Leipzig, Nuremberg et Prague), et sa carrière parallèle de compositeur
est un peu méconnue. En effet, âgé de vingt-deux ans à son arrivée dans la capitale autrichienne, le compositeur n’a pas encore atteint sa période de maturité artistique, et jusqu’aux
débuts des années 1800, il participe régulièrement aux joutes musicales, fort appréciées à
l’époque qui le consacrent meilleur pianiste viennois .
Compositeur à temps plein
Beethoven ressent les premiers symptômes de la surdité dès 1796 : ses oreilles sifflent et bourdonnent perpétuellement. Il envisagera le suicide, persuadé qu’il sera rapidement privé de ses
facultés musicales, et rédige une célèbre lettre adressée en 1802 à ses frères, le Testament de
Heiligenstadt (6 octobre 1802).
Il abandonne sa carrière de virtuose pour se lancer à corps perdu dans la composition (1801 :
Sonate pour piano numéro 14 dite Clair de Lune; 1802 : Deuxième Symphonie et Troisième
concerto pour piano). À cause de sa surdité, Beethoven se renferme sur lui-même et après 1819
ne communique plus que par lettres. Il acquiert une réputation de misanthrope qu’il combat
dans son Testament d’Heiligenstadt.
Sa Troisième symphonie (dédiée dans un premier temps à Napoléon Bonaparte, avant que ce
dernier ne se fasse sacrer empereur des Français) à l’héroïsme triomphant marque le sortir de la
crise de 1802. En juillet 1805, alors que son unique opéra, Fidelio, est un échec, le compositeur
fit la rencontre de Luigi Cherubini pour qui il ne cachait pas son admiration.
Les années 1806 à 1808 furent les plus fertiles en chefs-d’œuvre de toute sa vie : la seule année
1806 vit la composition du Quatrième Concerto pour piano, des trois grands Quatuors à cordes
numéro 7, numéro 8 et numéro 9 dédiés au comte Razumovsky (l’un de ses premiers mécènes),
de la Quatrième Symphonie et du célèbre Concerto pour violon.
En 1808, Jérôme Bonaparte propose un poste de maître de chapelle à Kassel. Beethoven, qui
n’avait pas hésité à quitter le prince Carl Lichnowsky pour une querelle, avait déjà fait montre de
sa lutte pour son indépendance mais semble hésiter sur cette proposition qui le mettrait pourtant à l’abri de tout besoin. C’est alors que Vienne se réveille : l’archiduc Rodolphe, le prince
Kinsky et le prince Lobkowitz forment une alliance, assurant à Beethoven quatre milles florins
par an s’il restait, ce qu’il accepte.
Mais le destin prend de nouveau le musicien au dépourvu sous la forme de la guerre francoautrichienne de 1809 et de la crise économique qui s’ensuivit en Autriche, qui empêche les trois
mécènes de mettre à exécution leur contrat. De plus, cette guerre fit quitter Vienne à de nombreux amis de Beethoven qui dut surmonter seul, en 1812, de nouveaux problèmes comme la
rencontre infructueuse avec Goethe et des événements dramatiques. Cette année est suivie
d’une stérilité d’autant plus marquante qu’elle succède à dix années de production intense.
Les années suivantes ne sont pas plus brillantes : Beethoven perd son frère Kaspar-Karl en 1815
et doit se battre pour s’assurer la tutelle exclusive de son neveu qu’il a promis d’éduquer.
De plus, le compositeur décroît dans l’intérêt des Viennois et est surveillé par la police de
Metternich, qui le connaît comme démocrate et révolutionnaire.
Tandis que sa situation financière devient de plus en plus préoccupante, Beethoven tombe
gravement malade (de 1816 à 1817) et semble de nouveau envisager le suicide. Pourtant, sa
force morale et sa volonté reprennent une fois encore leurs droits. Tourné vers l’introspection et
la spiritualité, pressentant l’importance de ce qu’il lui restait à écrire pour «les temps à venir», il
trouve la force de surmonter ces épreuves pour entamer une dernière période créatrice qui lui
donna probablement ses plus grandes révélations, neuf ans avant la création de la Neuvième
symphonie.
Il connait maintenant un regain de ferveur chrétienne : de 1818 à 1822, il entreprend l’écriture
de sa Missa solemnis. En 1823, Beethoven réalise les 33 variations sur la valse de Diabelli.
Le 7 mai 1824, sa Neuvième Symphonie, dont la célèbre Ode à la joie, est donnée. C’est un
triomphe en Autriche, mais aussi et surtout en Prusse et en Angleterre, où il fut d’ailleurs tenté
de se rendre pour sa démocratie ainsi que pour son idole, celui qu’il considérait comme le plus
grand compositeur de l’Histoire, Georg Friedrich Haendel.
Mais le 30 juillet 1826, le neveu Karl fit une tentative de suicide. L’affaire fit scandale, et
Beethoven bouleversé partit se reposer chez son frère Johann à Gneixendorf dans la région de
Krems-sur-le-Danube, en compagnie de son neveu convalescent. C’est là qu’il écrivit sa dernière
œuvre, un allegro pour remplacer la Grande Fugue comme finale du Quatuor numéro 13.
Mort, renommée, œuvre
Le 26 mars 1827, après un long délabrement physique, Beethoven s’éteint à Vienne, victime
d’une intoxication sévère au plomb : grand amateur de vin du Rhin, il avait en effet l’habitude de
boire dans une coupe en cristal de plomb, en plus d’ajouter du sel de plomb dans le vin pour le
rendre plus sucré !
Dernier grand représentant du classicisme viennois (après Christoph Willibald Gluck, Haydn et
Mozart), Beethoven prépara l’évolution vers le romantisme en musique et influença la musique
occidentale pendant une grande partie du XIXe siècle. Inclassable, son art s’exprima dans tous
les genres, et bien que sa musique symphonique soit la principale source de sa popularité
universelle, c’est dans l’écriture pianistique et dans la musique de chambre que son impact fut
le plus considérable.
quatuor pour
flûte et cordes
en ut majeur, K. 285B
et en ré majeur, K. 285
WOLFGANG AMADEUS MOZART
Nul ne sait avec exactitude combien Mozart a composé de quatuors pour flûte et cordes; la
genèse même des quatre œuvres de ce type est obscure et doit être abordée avec la plus
grande circonspection. Une seule de ces compositions peut être datée avec certitude; le
Quatuor en ré majeur, K 285, était de toute évidence destinée à M. De Jean, flûtiste amateur
des Indes hollandaises, qui fut présenté à Mozart par son ami Wendling durant son séjour à
Mannheim (1777-1778).
C’est pour Mozart, dont on sait qu’il n’aime pas beaucoup la flûte, le type de production alimentaire, et il semble ne pas s’en être acquitté avec un zèle excessif, puisqu’il ne livrera jamais le
nombre d’œuvres commandées; heureusement d’ailleurs, car De Jean mettra beaucoup de
mauvaise grâce à payer celles qui lui sont livrées.
Le genre du quatuor pour vents et cordes est antérieur à celui du quatuor à cordes et n’a pas
subi la même évolution vers l’intimité expressive. Comme d’autres formations mixtes pour petits
ensembles, il représente à cette date les tendances d’un public restreint de connaisseurs qui
veulent une musique de chambre plus fine que la sérénade symphonique ou le divertimento
normal, mais sans quitter la zone du plaisir de bonne compagnie. Il se situe donc encore dans
l’empire du style galant, mais en facilitant la possibilité d’une discrète affirmation d’indépendance. Conformément à l’usage du genre et à l’attente du destinataire, Mozart se plie donc au
style galant en réservant une primauté concertante à la flûte, et utilise toute la latitude qui lui
est laissée pour un chant pathétique très expressif, exposé par la flûte soliste tout au long de
l’adagio qui introduit au rondo final.
Est-ce par manque d’intérêt ou de temps que Mozart retourne à la coupe archaïque en deux
morceaux pour le Quatuor en ut majeur K 285b ? La naissance de son amour pour Aloysia peut
l’avoir occupé davantage, ainsi que la composition des Sonates pour piano et violon; mais on ne
doit pas oublier que De Jean lui avait demandé des œuvres « courtes et faciles ».
Tendrement mélodique, l’œuvre marque, elle aussi, un retour au style galant tant par sa forme
que pour son contenu. Le 3 octobre 1778, Mozart, de passage à Nancy, écrit à son père qu’il ne
rapporte pas avec lui «les trois quatuors et le concerto de flûte pour M. De Jean», qui les aurait,
raconte-t-il, laissés à Mannheim lors de son départ pour Paris. Si Wolfgang dit vrai (ce qui n’est
pas sûr, car son courrier de l’époque trahit plusieurs inexactitudes en ce qui concerne ses activités professionnelles, surtout lorsqu’il s’agit d’en rendre compte à son père), il avait donc déjà
composé, en 1778, trois quatuors avec flûte (la commande de De Jean était l’un d’eux, déduction confirmée par une indication apocryphe) sur le manuscrit nous apprenant que ce quatuor
a été composé à Paris en 1778.
TRIO À CORDES
EN SOL MAJEUR, OP. 9, N°1
LUDWIG VAN BEETHOVEN
Beethoven composa cinq trios à cordes qui font parties des œuvres du jeune compositeur. Le
trio à cordes en sol majeur, op. 9 (opus constitué d’une série de trois trios) fut publié par Traëg à
Vienne en juillet 1798. Ce trio, le plus riche, est d’ailleurs considéré par Beethoven comme le
meilleur du genre à l’époque. Les trios nº 1, nº 2 et nº 3 de l’opus 9 voient leur composition
remonter à 1797 et sont dédiés au comte von Browne, officier de l’armée du tsar. Ces trios sont
construits en 4 mouvements selon le modèle classique du quatuor et de la symphonie. Dans le
premier (en sol majeur) et le troisième (en ut mineur), le scherzo remplace le menuet tandis
que le deuxième (en ré majeur) reste parfaitement classique.
Contrairement à la plupart des compositions de musique de chambre, on ne sait pas pour quels
interprètes ont été écrits ces trios. Après Schubert, le trio à cordes sera pratiquement délaissé.