Cours monnaie Nemouchi

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Cours monnaie Nemouchi
LA POLITIQUE ECONOMIQUE
LES OBJECTIFS DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE
Dans un certain nombre de cas, le fonctionnement normal du marché ne permet pas d’aboutir
à une situation d’équilibre satisfaisante. Ces limites de la régulation par le marché justifient
alors l’intervention de l’Etat dans l’économie qui intervient par le biais de la politique
économique. Les moyens d’intervention de l’Etat dans la sphère économique repose sur un
certain nombre de moyens qui sont la politique budgétaire, la politique monétaire ou encore la
politique de lutte contre le chômage.
1/ La notion de politique économique :
A/ Définition :
La politique économique désigne l’ensemble des décisions prises par les pouvoirs publics afin
d’atteindre, grâce à l’utilisation des différents moyens à sa disposition, certains objectifs
concernant la situation économique générale.
Depuis peu, la politique monétaire échappe à l’intervention de l’Etat puisqu’elle est prise en
charge par la Banque Centrale Européenne.
B/ Les objectifs de la politique économique :
Ces objectifs ont été schématisés par l’économiste Kaldor sous la forme d’un carré
magique. Il représente de cette manière les quatre principaux objectifs de la politique
économiques qui sont :
• La croissance économique : (évaluée par le taux de croissance du PIB)
L’Etat cherche a promouvoir une croissance économique forte et durable.
• La situation de l’emploi : (mesurée par le taux de chômage en % de la population
active) Le rôle de l’Etat est de favoriser la création d’emploi directement ou
indirectement.
• La stabilité des prix : (mesurée par le taux d’inflation en %) L’Etat cherche à garantir
le pouvoir d’achat des agents économiques en luttant contre l’érosion monétaire liée à
l’inflation.
• L’équilibre des comptes extérieurs et stabilité des taux de change : (mesuré par le
solde de la balance des paiements en % du PIB).
Une croissance économique déséquilibrée ne profite pas à une économie nationale puisqu’elle
se traduit par une augmentation des importations au détriment de la production nationale.
La politique économique se définit comme l’ensemble des moyens mis en œuvre par l’Etat
pour réaliser les objectifs dans les domaines de la croissance économique, l’équilibre des
marchés, le libre exercice de la concurrence et la cohésion sociale.
La politique économique englobe les politiques conjoncturelles qui se préoccupent des grands
équilibres économiques à court terme et les politiques structurelles qui agissent en profondeur
sur le long terme sur les structures économiques et sociales.
La politique conjoncturelle s’appuie sur de multiples instruments dont la politique monétaire
constitue un axe important.
L’ENVIRONNEMENT MONETAIRE ET L’ENTREPRISE
L’approvisionnement de l’économie en monnaie est un sujet d’importance pour l’analyse
économique et monétaire. Qui crée la monnaie ? Sur quelles bases est-elle crée ? Quelle
quantité faut-il émettre ? La réponse à ces questions passe par un exposé succinct sur l’offre
de monnaie.
1.
La création de monnaie par le système bancaire
La monnaie créée dans les économies modernes est assurée par trois institutions financières :
les banques commerciales, la banque centrale et le trésor et revêt de multiples formes. Cette
création intervient selon des mécanismes complexes depuis que la monnaie ne repose plus sur
une base métallique en l’occurrence l’or.
1.2. La création de monnaie par les banques commerciales
1.2.1. Le mécanisme de la création
Dans les économies modernes la monnaie est fondamentalement une monnaie bancaire car ce
sont les banques qui sont à la base du processus de création monétaire.
La monnaie scripturale ou bancaire est constituée par les dépôts effectués par les agents
économiques auprès des banques commerciales.
C’est une monnaie qui est matérialisée par de simples jeux d’écriture Il faut distinguer cette
monnaie et les moyens qui permettent de la faire circuler tels que le chèque ou la carte de
paiement
La présentation du schéma explicatif de la création de monnaie se déroule en plusieurs étapes.
Dans un premier temps on suppose que le système bancaire se compose d’une seule banque
et seule la monnaie scripturale est en circulation.
Considérons le bilan simplifié d’une banque commerciale :
Bilan 1
ACTIF
Réserves
Actif immobilisé
Total
70
450
520
PASSIF
Dépôts
400
Capitaux propres 120
Total
520
A l’étape suivante la banque accorde un crédit à un client d’une valeur de 150. L’octroi du
crédit suppose évidemment que la banque dispose au préalable d’une encaisse ou réserve
excédentaire constitué par de la monnaie banque centrale détenue dans sa caisse ou au niveau
du compte qu’elle détient auprès de l’institut d’émission.
Bilan 2
ACTIF
Réserves
70
Prêt
150
Actif immobilisé 450
Total
670
PASSIF
Dépôts
Dépôts
Capitaux propres
Total
400
150
120
670
L’octroi d’un crédit représente un emploi pour la banque et il apparaît par conséquent à l’actif
de son bilan. La contrepartie monétaire de ce crédit est une ressource et son inscription figure
au passif.
Le bilan à l’étape n°2 indique que le crédit accordé a donné lieu à une création de monnaie
dans la mesure où les dépôts initiaux peuvent être retirés à tout moment par leurs titulaires.
On voit à travers cet exemple que les emplois de la banque ont précédé les ressources.
On peu formuler autrement cette affirmation en disant que les « crédits font les dépôts. »
Si on prend le système bancaire dans sa totalité il est intéressant de savoir quel est le montant
total des crédits qui peut être distribué par le système bancaire.
On part de l’hypothèse évidente que les banques détiennent des réserves excédentaires et leur
but est de les faire fructifier.
On pose :
a : taux réserves obligatoires
b : coefficient de fuite monétaire
Le volume de monnaie scripturale créée dans un système bancaire hiérarchisé est égal à la
somme des termes d’une progression géométrique dont le premier nombre est R et la raison
est (1 − a )(1 − b)
[
∆M S = ∆R 1 + (1 − a )(1 − b ) + (1 − a ) 2 (1 − b ) 2 + (1 − a ) 3 (1 − b ) 3 + (1 − a ) n (1 − b) n
= ∆R
1
1 − (1 − b − a + ab)
∆M S = ∆ R
1
b + a − ab
]
L’expression
1
définit la valeur du multiplicateur de dépôt ou de crédits.
b + a − ab
1.2.2. Les contreparties de la monnaie bancaire
Dans le processus de création monétaire par la banque commerciale, il faut distinguer la
création de monnaie interne et la création de monnaie externe.
La création de monnaie externe a pour contrepartie les devises et les prêts définitifs à l’Etat.
La création de monnaie interne est le fait des banques commerciales qui opèrent
un
processus de monétisation d’actifs cédés par les agents économiques non financiers.
La monnaie est créée ex-nihilo c'est-à-dire qu’il convient de faire la différence entre la
création de nouveaux moyens de paiement qui correspondent à la monétisation de créances et
la conversion d’une forme de monnaie dans une autre forme. La transformation d’un dépôt à
vue en billets n’augmente pas la quantité de monnaie.
La m onnaie bancair e et ses contr epar ties
Actif
C réanc es sur les agents
éc onomiques
1, E nc aisses en
monnaie banque c entrale
- réserves obligatoires
- réserves néc éssaires
- réserves exédentaires
2, B ons du trésor
3, C rédits à l'éc onomie
- E ffets
- A vanc es
P assif
E ngagement envers le sec teur
non banc aire
1,D épôts à vue monétaires
2,D épôts quasi-monétaires
- à vue sur livret
- à terme
- bons de c aisse
La monnaie créée peut-être détruite lorsque la cause qui l’a générée disparaît.
Quand un crédit est remboursé ou lorsque les banques achètent des devises, on parle de
destruction de monnaie.
Les banques commerciales créent de la monnaie scripturale :
— lorsqu’elles achètent des devises
— lorsqu’elles accordent des crédits à l’Etat
Les banques commerciales financent l’Etat directement en achetant les bons du trésor ou
indirectement lorsqu’elles rachètent ces bons auprès des agents non financiers
Le financement de l’Etat par la création de la monnaie bancaire intervient lorsque il y a un
déficit budgétaire qui ne peut être résorbé par une augmentation des recettes fiscales ou le
recours à l’emprunt obligataire.
En Algérie il y a eu un recours exagéré à cette pratique à cause de l’absence d’un de marchés
financiers développés.
— lorsqu’elles octroient des crédits à l’économie.
Les banques apportent des concours financiers aux entreprises sous différentes formes.
Les crédits de mobilisation des créances commerciales ou crédits par escompte
Les crédits financiers
Les crédits par signature
Les financements selon la technique du leasing.
1.1.3. Les limites de la création monétaire
— Les réserves obligatoires : lorsque les banques commerciales créent de nouveaux dépôts
elles sont tenues d’en prélever une partie qu’elles doivent placer auprès de la banque centrale.
Cette contrainte limite le pouvoir de création de monnaie bancaire. Le taux de réserves
obligatoires est à la fois un moyen de protection des déposants et un instrument politique
monétaire.
— Les fuites : la transformation des dépôts bancaires en billets représente pour les banques
une opération qui atténue leurs encaisses en monnaie centrale, ce qui constitue également un
moyen de limitation de la création monétaire.
La stratégie des banques consiste à réduire au maximum ces fuites en créant de nouveaux
produits financiers et en élaborant de nouveaux instruments de paiement qui favorise
l’utilisation de la monnaie scripturale dans le règlements de transactions.
1.2. La création de monnaie par la banque centrale
1.2.1. Définition de la monnaie banque centrale
Les opérations génératrices de la monnaie crée par la banque centrale peuvent être identifiée à
partir de son bilan (tab.25)
Comme tout bilan c’est un document comptable qui permet de faire connaître à un instant
donné ce que possède une entreprise et ses engagements à l’origine des ressources qui ont
financé leur acquisition.
Le bilan de la banque centrale remplit une deuxième fonction : il contient les éléments qui
expliquent les mécanismes de la création de la monnaie banque centrale.
La banque centrale crée de la monnaie dite monnaie centrale. Celle-ci revêt deux formes :
- Forme fiduciaire : ce sont essentiellement les billets et la monnaie divisionnaire qui sont en
circulation.
- Comptes des établissements financiers auprès de la banque d’Algérie Lorsque la banque
centrale apporte ses concours aux banques commerciales ou lorsqu’elle fait des avances au
trésor elle crédite leur compte. On dit alors que l’institut d’émission crée de la monnaie
centrale scripturale.
1.2.2. Les contreparties de la monnaie banque centrale
La monnaie créée étant un élément du passif, il est évident qu’elle a des contreparties qui
figurent à l’actif.
• La contrepartie or et devises : cette opération apparaît dans la rubrique or et créances sur
l’étranger.
La banque centrale acquiert de l’or et des devises offertes par les banques commerciales et qui
sont le produit des transactions effectuées par les agents non financiers avec les non résidents.
Les achats et ventes de devises entre les banques commerciales et la banque centrale se
déroulent sur le marché de change.
• La contrepartie crédits à l’Etat. Ces crédits prennent deux formes : des avances au trésor
et le rachat des titres publics souscrits par les banques commerciales auprès du trésor.
Lorsqu’elle la banque centrale vend des devises elle détruit de la monnaie
• La contrepartie crédits à l’économie : ces crédits interviennent à l’occasion du
refinancement des banques commerciales.
L'ensemble de ces créances (créances sur l’économie, créances sur le trésor et créances sur
l'étranger) représente la contrepartie de la monnaie centrale. Les variations de ces
contreparties entraînent une création ou une destruction de monnaie centrale.
A C T IF
P A S S IF
C r é a n c e s s u r l'e x t é r ie u r
- O r , d e vis e s e t D TS
B ille ts
R é s e r ve s d e s b a n q u e s
C r e d it in t é r ie u r
- C r é a n c e s s u r E ta t ( a va n c e s
c o m p te c o u r a n t d u tr é s o r
d ir e c te s e t b o n s d u tr é s o r
- C r é a n c e s s u r l'é c o n o m ie
2 La politique monétaire et le contrôle de l’offre de monnaie en Algérie
2.1. Définition des objectifs
Le processus de création monétaire est soumis à des règles et des contraintes qui sont prises
en charge par la politique monétaire.
OBJECTIFS
OBJECTIFS INTERMEDIAIRES
INSTRUMENTS
-PRIX
AGREGATS
MARCHE MONETAIRE
-NIVEAU D’ACTIVITE
CREDITS
FINALS
DE
MONNAIE
ET
DE
TAUX DE CHANGE
-EMPLOI
TAUX D’INTERET
REESCOMPTE
RESERVES
OBLIGATOIRES
-EQUILIBRE EXTERNE
Ces objectifs concernent les performances macroéconomiques illustrés par le « carré
magique » lequel est défini par les éléments suivants :
- Le taux de croissance économique
- Le niveau de l’emploi.
- Le niveau général des prix et le taux d’inflation
- Les équilibres externes représentés principalement par la balance de paiement et le taux de
change
2.2. Les instruments de la politique monétaire
Action sur le coût de la liquidité bancaire : le réescompte
Le marché monétaire
La politique de réserves obligatoires
La politique de sélectivité et d’encadrement du crédit
3
Les instruments de la supervision : la réglementation prudentielle
Le dispositif prudentiel repose sur le classement des créances et le respect de certains ratios
prudentiels destinés à garantir la solvabilité du secteur bancaire
En ce qui concerne le classement des créances la réglementation algérienne recense :
a) Les créances courantes : ce sont les créances dont le recouvrement est assuré dans les
délais + les créances assorties de la garantie de l’Etat. Ces créances représentent les risques
ordinaires dont l’issue est assurée à l’échéance. Elles sont détenues sur des entreprises dont la
situation financière est saine.
Pour cette catégorie de créances les banques doivent constituer des provisions à hauteur de
1% annuellement avec un plafond de 3%.
b) les créances classées : dans cette catégorie, on retrouve
b1 : Les créances à problèmes potentiels : ce sont les créances dont le recouvrement
intervient avec un retard qui peut être considéré comme raisonnable.
3 mois < retard de paiement < 6 mois.
b2 : Les créances très risquées : elles concernent les entreprises dont le respect des
engagements financiers à l’égard des banques créancières devient incertain.
6 mois < retard de paiement < 1 année
Les provisions sont de l’ordre de 50%
b3 : Les créances compromises : ce sont les créances qui doivent passer par perte.
Les provisions sont de l’ordre de 100%.
Les normes prudentielles retenues par la réglementation bancaire algérienne sont :
Le ratio de solvabilité ou ratio de couverture des fonds propres :
Appelé ratio Cook, le ratio de solvabilité assure une couverture partielle des engagements
bancaires par les fonds propres. Selon la réglementation en vigueur en Algérie le rapport entre
les fonds propres et leurs engagements pondérés par les risques doit être égal au moins à 8%.
Ratio de solvabilité =
fonds propres
≥8%
crédits pondérés par les riques
ratio de couverture des risques :
Le montant des risques encourus sur un même client ≤ 25% des fonds propres.
En cas de dépassement de ce taux la banque doit constituer des provisions pour couvrir les
risques.
Le montant total des risques encourus sur les bénéficiaires dont les risques dépassent
chacun pour eux 15 % des fonds propres nets ne doit pas excéder 10 fois la valeur des
fonds propres.
Le ratio de transformation ou coefficient de fonds propres et de ressources permanentes.
Coefficient =
ressources à + de 5 ans
≥ 60%
emplois à + de 5 ans
Ce ratio limite le risque de transformation et vise à stimuler les crédits d’investissements dans la
mesure ou la banque est incitée à financer ses emplois à long terme par des ressources permanentes
> à 5 ans (fonds propres et quasi-fonds propres).