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Spécial immobilier
LE HAVRE
La reconquête urbaine
Avec la reprise de l’activité immobilière, la Ville a entrepris une politique
active de reconstruction. De nombreux programmes voient le jour.
L’occasion pour les ménages modestes de devenir enfin propriétaires
près un recul de 6 à 10% en l’espace de dix-huit mois, les prix de
l’immobilier havrais se stabilisent.
« Depuis le début de l’année, le marché est plus animé », affirme Gérard
Chirois, de l’agence Guy Hoquet. Signe qui ne
trompe pas, et révélateur de la fluidité du
A
VI ● LE NOUVEL OBSERVATEUR
marché : les acheteurs sont plus présents et les
transactions, nombreuses. D’ailleurs, la durée
moyenne de vente d’un bien s’est raccourcie,
passant de six à trois mois. « Lorsqu’il est au
prix du marché, un bien trouve preneur rapidement en quelques jours ou quelques semaines. S’il
est proposé trop cher, la transaction ne se réalise
pas », constate Edouard Romain, du cabinet
Gallieni. Cette reprise du marché immobilier
est favorable aux affaires de la municipalité,
qui a amorcé la métamorphose de certains de
ses quartiers avec d’importants programmes
dans le neuf. Pour se repeupler et devenir attirante, la ville se reconstruit. Coincé entre la
mer et la Seine, Le Havre a mis en œuvre une
stratégie de reconquête urbaine en utilisant
Robert Beaufils / Sipa
Havre. « Elles disposent d’un budget moyen
compris entre 130 000 et 180 000 euros,
ajoute My-Lynh Luu, directrice de l’agence
Meilleurtaux.com locale. J’observe aussi de
plus en plus de demandes de crédit pour acheter des biens anciens avec des travaux. » Ce pouvoir d’achat immobilier restauré leur permet
de s’installer dans des quartiers havrais en
devenir, comme celui de l’Eure, ou vers
Caucriauville qui sera desservi fin 2012 par
le tramway. Les investisseurs sont aussi de
retour. Particuliers et marchands de biens
sont à l’affût de petits immeubles dans des
quartiers encore accessibles, comme celui de
la gare. Or ce secteur et ses alentours pourraient sensiblement changer. Dans le cadre
du projet du Grand Paris, Le Havre devait
devenir le port de la capitale. La ville accueillera en 2020 une ligne à grande vitesse qui la
mettra à une heure quinze de Paris.
POUR INCITER LES MÉNAGES
MODESTES À DEVENIR
PROPRIÉTAIRES, LA VILLE
PROPOSE DES LOGEMENTS
NEUFS À COÛTS MAÎTRISÉS
Pour aider les nombreux étudiants à se
loger, la Mairie a donné en février dernier le
coup d’envoi d’une drôle de cité universitaire,
composée de 101 conteneurs maritimes transformés en studios. Installées sur un ancien
parking, ces « boîtes grises » commencent à
s’empiler près du port. Elles seront habitables
dès la rentrée universitaire 2010, et la location
se fera auprès du Crous. Le prix annoncé est
séduisant : 280 euros par mois pour un 25-m2
comprenant un coin cuisine, une salle à
manger, une salle d’eau et une chambre, le
tout avec une vue sur la mer. Déjà appliquée
aux Pays-Bas, en Allemagne et au RoyaumeUni, cette solution originale propose un habitat rationnel doté de bonnes performances
énergétiques. De plus, ce genre de matériau
permet de réduire de 25 à 30% les coûts de
construction par rapport à ceux d’une résidence traditionnelle. Financée par l’Etat dans
le cadre du plan de relance, cette opération
coûtera 4,8 millions d’euros. Autre changement à venir dans la ville : la requalification
de quartiers anciens. En décembre dernier, Le
Havre a fait partie en effet des quelques villes
retenues par le gouvernement dans le cadre
du programme national de requalification des
quartiers anciens dégradés. Ce coup de pouce
financier de l’Etat, d’un montant compris
entre 10 et 15 millions d’euros, sera destiné
entre autres à améliorer le centre-ville en
déclin et les quartiers sud.
L. B.
DR
des terrains laissés en déshérence. Lancé il y
a déjà quelques années, le nouveau quartier de
l’Eure commence à s’animer. Sur ces anciennes friches portuaires reconverties, la vie
s’installe peu à peu. De nombreux immeubles
neufs se construisent. En octobre dernier, les
Docks Vauban, un espace commercial de
60 000 m2 dédié aux commerces et aux loisirs,
ont ouvert leurs portes. Ce bâtiment tout en
longueur et en briques rouges, construit en
1846 pour stocker des marchandises en transit dans le port, a été restauré.
Pour inciter les ménages aux revenus
modestes à devenir propriétaires intramuros, la municipalité propose des logements neufs à coûts maîtrisés. Elle a mis en
place récemment le Pass-Foncier dans le
collectif. Désormais, dans des zones en rénovation urbaine, les primo-accédants peuvent
devenir propriétaires de logements neufs à un
prix compris entre 1 900 à 2 200 euros/m2.
C’est notamment le cas du programme Villa
Verrazano, de Constructa. Lancé début
février, il propose des maisons à partir de
175 000 euros et des appartements à partir de
1 812 euros/m2. Grâce au récent reflux des
prix et à la baisse des taux d’intérêt des
crédits immobiliers, les jeunes acheteurs sont
plus nombreux à se lancer dans un projet immobilier. « Près de 90% de nos dossiers sont
déposés par des personnes qui achètent pour la
première fois », confirme Carine Jourdain,
responsable de l’agence du Crédit foncier au
AGATHE
CAHIERRE
Première adjointe
à la mairie du Havre,
chargée des
aménagements, des
grands projets et de
la cohésion sociale
Le Nouvel Observateur. – Pourquoi
lancer tant de projets urbains simultanément ?
Agathe Cahierre. – La ville doit enrayer la perte démographique enregistrée ces cinq dernières années. Elle doit
vite retrouver ses 200 000 habitants. Ne
trouvant pas de logement à des prix
abordables, nos administrés ont été
nombreux à quitter Le Havre, voire l’agglomération, pour s’installer moins cher,
plus loin et ailleurs. Pour répondre à une
demande forte de logements, la Ville
s’est lancée dans une stratégie de reconquête de son foncier disponible. Un des
axes de réorganisation a été de créer une
interface ville-port, avec notamment la
création du quartier de l’Eure. La Ville y
rachète des terrains, qu’elle dépollue, et
revend les droits à construire à des promoteurs privés. Ce secteur, qui compte
pour l’instant 600 habitants, verra sa
population tripler d’ici à trois ans.
N. O. – Quelle est la politique du logement menée par la Communauté
d’agglomération ?
A. Cahierre. – La production annuelle
est de 1 200 logements dans l’agglomération, dont 1 000 au Havre. Nous privilégions la construction de logements
familiaux pour répondre aux besoins
et évitons trop de petites surfaces
encouragées par le dispositif Scellier.
Pour chaque opération, 20 à 30% de
logements sociaux sont imposés. Le
reste se vend en accession sociale et
libre. La crise immobilière de l’an
passé nous a obligés à transformer des
opérations de logements libres en logements sociaux. Dans le quartier nord,
la rénovation urbaine est en route. Près
de 1 600 logements sociaux ont été détruits : un tiers seront reconstruits sur
place et le reste, ailleurs dans la ville.
Cette rénovation urbaine permet de
proposer 400 habitations neuves en
accession à la propriété. Dans les hauts
de Bléville, un écoquartier se prépare :
800 logements en bâtiment basse
consommation (BBC) en bois sous
forme de maisons de ville et de petits
immeubles.
Propos recueillis par L. B.
● VII