Lire le courrier n°22

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Lire le courrier n°22
N ° 2 2 - J u i n 20 0 8
Le Courrier du
“Redonner un sens au soin”
LETTRE D’ INFORMATION DU GROUPE DE RÉFLEXION SUR L’ ACCOMPAGNEMENT ET
LES SOINS DE SUPPORT POUR LES PATIENTS EN HÉMATOLOGIE ET ONCOLOGIE
Editorial
PLAN CANCER : OÙ EN EST-ON ?
Sommaire
■ ÉDITO
Par Philippe COLOMBAT
p1
> PHILIPPE COLOMBAT
■ A PROPOS DE LA MISE
p2-3
EN PLACE DES SOINS
DE SUPPORT EN CANCÉROLOGIE
NAISSANCE DE L’AFSOS –
ASSOCIATION FRANCOPHONE POUR LES SOINS
ONCOLOGIQUES DE SUPPORT
> IVAN KRAKOWSKI
METTRE EN PLACE LES SOS :
UN TEXTE FONDATEUR
> JOËL CECCALDI
POINT DE VUE D’UN CADRE DE SANTÉ
> CHANTAL BAUCHETET
■ À LIRE ET À RELIRE
p3
“UN LÉOPARD SUR LE GARROT”
JEAN-CHRISTOPHE RUFIN – ED. GALLIMARD
> MICHEL MORICEAU
■ PORTRAIT
D’UNE ASSOCIATION
p4
L’ASSOCIATION TRIBU CANCER
ET SON SERVICE MAIL DE NUIT
■ AGENDA
w w w. g r a s s p h o . o r g
p4
epuis la parution de la mesure 42
du plan Cancer en 2003 et de la
circulaire DHOS/SDO/201/101 du
22 février 2008 relative à l’organisation
des soins en cancérologie, aucun texte officiel
n’a été publié autour de l’organisation et
de la mise en place des soins de support.
Pourtant dans les établissements (centres
anti-cancéreux, CHU, CHG important, cliniques
privées de cancérologie) où la cancérologie
est très présente, les expériences les plus
diverses se multiplient sous forme de
départements, de fédérations, voire de pôle
comme à Rennes, avec comme c’est souvent
le cas, l’impression que le terrain précède
les textes.
La mise en place apparaît beaucoup plus
difficile dans les établissements moins
importants et dans les territoires de santé
en raison de la diversité des préoccupations
et des organisations des réseaux de
cancérologie et de soins palliatifs d’une
part et d’autre part, de la restriction du
budget des réseaux avec la difficulté de la
pérennité des postes pouvant être créés.
Une organisation autour des soins de support
est pourtant essentielle pour la prise en
charge du patient cancéreux et de ses proches.
Il s’agit d’une démarche concertée, organisée,
systématisée et évaluable qui respecte la
notion de continuité des soins, d’évaluation
régulière des besoins, de prise en charge
D
coordonnée tout au long de la maladie, du
diagnostic à la phase palliative terminale
ou à la guérison, d’anticipation des soins,
de dispositif centré sur le malade et sur
ses référents.
Un groupe de travail constitué de 19
professionnels de terrain impliqués dans
les différentes composantes des soins de
support et d’usagers a travaillé à l’élaboration
de textes de référence destinés aux professionnels, aux responsables d’établissements
de santé de court, moyen et long séjour, de
structures de coordination (réseau, 3 C.).
Ces textes proposent des pistes de réflexion
pour la mise en place, l’organisation et l’évaluation des soins de support en cancérologie,
pistes qui doivent être adaptées en fonction de la structure et de l’histoire locales.
Ces textes sont publiés dans les principales
revues concernées et sont présentés en
avant première et de façon schématique dans
ce numéro spécial du courrier du GRASSPHO.
Ils sont également téléchargeable sur le site
www.grasspho.org. Ce document propose
également de nombreux outils consultables sur www.e-cancer.fr
Notre objectif est qu’à terme, l’organisation
proposée doit bénéficier à toutes les
maladies chroniques graves.
Nous espérons qu’il pourra être utile
au plus grand nombre et pourra éviter
certaines dérives actuelles.
A propos de la mise en place des soins de support en cancérologie
NAISSANCE DE L’AFSOS - ASSOCIATION FRANCOPHONE
Par Ivan KRAKOWSKI
POUR LES SOINS ONCOLOGIQUES DE SUPPORT
'Association Francophone pour les Soins Oncologiques de
Support - AFSOS - est née... Conceptualisée dans les
années 90, appliquée à une plus large échelle depuis les
années 2000, la dynamique des soins oncologiques de support
devait évoluer à un niveau organisationnel différent. A termes,
l'AFSOS a vocation à devenir “la” société savante pour les professionnels sensibilisés à l’organisation et aux différentes pratiques
qui font les soins de support, quelles que soient leurs spécialités et
compétences d’origine ; spécialités et compétences qu’ils n’ont en
aucun cas à renier bien au contraire !
Le bouillonnement et la complexité de la médecine, l’heure de se
“mettre à l’eau”... La vie !
L’AESCO (Association Européenne pour les Soins de Confort en
L
Oncologie), le groupe soins de support de la FNCLCC et bien sûr
le GRASSPHO se sont “penchés sur le berceau” et ont la volonté de
le consolider dans les mois à venir pour, ensemble, en faire une
“maison commune” où il fera bon lancer ses idées librement,
réfléchir, partager, construire, chercher, innover pour le bien des
malades, de leur entourage et des professionnels...
La recherche de l’excellence dans la prise en charge des symptômes,
l’accompagnement à toutes les phases de la maladie, la démarche
participative au sein des équipes intra et extra-hospitalières sont
des valeurs fondatrices de la réflexion et de l’action.
L'AFSOS est ouverte d’emblée à la francophonie, en lien avec la
MASCC, Multinational Association for Supportive Care in Cancer,
avec un total espace de liberté et a vocation à s’enrichir à partir
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A propos de la mise en place des soins de support en cancérologie
des “sociétés nourricières” de l’oncologie, la douleur, la psychooncologie, la nutrition, la réadaptation, les soins palliatifs et sans
doute d’autres ressources d’expertises sans lesquelles rien de peut
se faire…
Le conseil d'administration “fondateur”, pluridisciplinaire et pluriprofessionnel est constitué des bonnes volontés suivantes :
Président : Ivan Krakowski
Vice-président : Philippe Colombat, Didier Kamioner
Secrétaire général et général adjoint : Florian Scotté, Didier
Mayeur
Trésorier et trésorier adjoint : Dominique Jaulmes, Philippe
Poulain
Membres francophones non français cooptés : Matti Aapro,
Mario Dicato
Autres membres du conseil d'administration : Didier Ammar,
Florence Barruel, Pascale Dielensiger, Mario Di Palma, Pierre Saltel
Ce conseil reviendra vers vous pour vous informer des évolutions
en tout genre qui surviendront lors de cette période de fondation
inachevée et s’attachera à ne promettre que ce qu’il peut offir et à
offrir plus qu’il avait promis …
METTRE EN PLACE LES SOS : UN TEXTE FONDATEUR
urant plus de deux ans, deux usagers
du système sanitaire, deux responsables administratifs d’hôpitaux, une
assistante sociale, un kinésithérapeute, un
cadre infirmier, une psychologue et douze
médecins dont un généraliste, un pédiatre,
un nutritionniste et plusieurs algologues,
“palliatologues” et cancérologues issus du
public et du privé, exerçant en centre anti
cancéreux, en clinique ou en hôpital, ont
croisé leurs regards et leurs compétences
sous la houlette de Philippe Colombat pour
élaborer un guide qui pose les fondements
nécessaires à la mise en œuvre des soins de
support en cancérologie (SOS), précise les
missions des professionnels concernés,
balise leur installation dans chaque
territoire de santé à l’aide d’une “démarche
projet”, et offre des outils utiles à leur
évaluation continue, auxquels chacun peut
accéder par l’Internet.
L’ancrage du travail dans les attentes des
malades transparaît d’emblée, dans une
courte préface signée par des “patients
impatients” que la ressemblance entre leur
parcours de soigné avec celui d’un combattant déconcerte et épuise, et que le “jeu de
piste” d’un spécialiste à l’autre n’amuse pas
du tout. L’exergue de ce bref témoignage
invite à penser le soin non seulement
comme devoir de soignant, mais comme
respect du droit du soigné à l’autodétermination
et à sa protection contre l’ingérence.
L’introduction indique comment utiliser
ce guide destiné non seulement aux
professionnels concernés, mais à tous les
responsables d’établissements et de
réseaux impliqués, et qui offre non pas un
modèle rigide à appliquer mécaniquement,
mais une sorte de boîte à outils et à idées,
“des pistes de réflexion à adapter en fonction de la structure et de l’histoire locales”.
Il s’agit de “promouvoir une démarche
concertée, organisée, systématisée et
évaluable visant à coordonner les acteurs
Par Joel CECCALDI
des SOS” pour fluidifier le parcours de
“toute personne atteinte de cancer, quels
que soient son âge et son lieu de prise en
charge”. A côté de la sollicitude pour autrui
en souffrance dans sa singularité,
s’exprime en outre ici un souci de soutien
équitable à l’égard de chacun, entendu au
sens de l’adage “à chacun selon son
dû/droit”.
L’énumération des acteurs conduit à
différencier les “professionnels de recours”,
premiers destinataires de ce guide (dont
les auteurs incarnent les disciplines essentielles), les “acteurs de la vie civile” que
sont les bénévoles et les représentants
d’usagers, et les référents habituels, en
particulier les oncologues qui - selon leur
disponibilité et la philosophie qu’ils ont
du soin - se cantonneront au traitement
spécifique (chirurgie, chimiothérapie,
radiothérapie) ou intègreront dans leur
pratique une part variable des SOS.
La ligne de clivage qui figure dans la
définition des SOS entre soins et soutien
d’une part, et traitements spécifiques
d’autre part, traverse aussi la conscience de
chaque médecin et détermine in fine leur
façon d’être à l’égard de chaque malade.
Outre les soins eux-mêmes, réponse
coordonnée et construite sur une fine
recension des besoins, les missions des SOS
incluent formation et soutien des
soignants, ainsi que la recherche. Les
recommandations qui en découlent
insistent sur l’information de toutes les
parties (professionnels, malade et proches)
dès le début de la maladie, dans le cadre du
dispositif d’annonce du diagnostic, avec un
souci de continuité, de globalité et de
cohérence de la prise en charge proposée.
La “démarche projet” qu’implique la
mise en place des SOS se fonde sur “un état
des lieux exhaustif des ressources existantes”, tant en établissement que sur le territoire de santé, voire au niveau régional où
l’ARH doit vérifier et valider l’état de l’offre
de soins de support. La réflexion concertée
porte ensuite sur l’implantation des coordinations et sur l’articulation de ses composantes, rattachées aux 3C à l’intérieur
de l’hôpital, et aux réseaux à l’extérieur.
Au-delà de leur simple juxtaposition, le
défi est d’intégrer les différents partenaires
et structures concernés dans une organisation disposant d’outils communs, tels qu’un
guichet unique, une fiche d’évaluation
des besoins des malades, des plaquettes
d’information, etc. Autrement dit,
passer de la pluridisciplinarité à
la
transdisciplinarité.
Enfin, les moyens de l’évaluation et du
suivi du dispositif sont détaillés et illustrés,
visant d’une part l’appréciation de l’accessibilité aux SOS, d’autre part la qualité du
service rendu au patient. La méthodologie
est explicitée, avec en annexe des grilles
pour divers indicateurs, sélectionnées à
partir des expériences de terrain, dans un
but d’autoévaluation.
Au total, les mots-clefs ne sont ni spécialité
nouvelle, ni octroi à l’avance de moyens, ni
structure surajoutée dans l’usine à gaze
que constitue déjà notre système sanitaire,
mais ouverture, créativité, transversalité,
démarche participative, collaboration
intelligente, coordination souple dans une
atmosphère pacifiée de reconnaissance
mutuelle des diverses compétences requises pour faciliter la vie des personnes traitées pour un cancer, ainsi que de celles qui
les soignent ! Et si ce texte n’a pas la force
contraignante d’une loi ou d’une circulaire
officielle, il n’en possède pas moins l’autorité que lui confèrent l’expérience et la longue réflexion collégiale de ses 20 auteurs,
ainsi que la vertu incitative de sa pertinence et de son pragmatisme. De toutes
manières, la clef de son appropriation et de
sa mise en œuvre ne réside-t-elle pas dans
le for intérieur de chacun d’entre nous ?
POINT DE VUE D’UN CADRE DE SANTÉ
Par Chantal BAUCHETET
D
“L'utopie d'aujourd'hui c'est la réalité de demain”*
uarante ans de travail dans les
institutions hospitalières dont
trente dans les services d’hématologie,
ça ressemble à un trajet de dinosaure.
Mon expérience d’abord d’infirmière puis
de cadre de santé dans ce domaine débute
dans un contexte où le patient subissait
l’annonce mal formulée d’un diagnostic,
avec des mots qu’il ne comprenait pas,
un rapport avec le corps médical quasi
Q
p2
inexistant, des examens pour lesquels il
n’avait pas son mot à dire et l’engrenage de
thérapeutiques qu’on ne lui expliquait pas.
Ce patient jeté sans ménagement dans le
monde terrifiant de la maladie et de la
médecine était souvent totalement démuni
pour affronter ce bouleversement qui touchait sa vie dans toutes ses composantes. Il
n’avait alors d’autre recours qu’une
réponse passive et si possible silencieuse
*Victor Hugo
mais reconnaissante envers LA médecine
qui peut-être allait le sortir de ce cauchemar.
L’échec thérapeutique était rarement
évoqué pas plus que la fin de vie, sans
parler des soins palliatifs inexistants.
Cette situation était alors largement
occultée laissant les malades et leurs
proches sans aide ni accompagnement
dans une infinie solitude.
L’apparition du concept de soins palliatifs
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A propos de la mise en place des soins de support en cancérologie
allait améliorer un peu la fin de vie de
certains de ces patients qui avaient la
“chance” d’être suivis dans un service où ce
type de démarche commençait à voir le
jour mais ce n’étaient encore que des unités
très isolées dans leur fonctionnement,
souvent à l’initiative d’un chef de service
capable d’impulser une dynamique
de soins centrée autour de la médecine
soignante alors que l’hématologie est
surtout centrée sur la médecine
scientifique.
Les équipes soignantes médicales et
non médicales ont vécu des années
de souffrance (sans jamais en parler)
à prodiguer des traitements souvent sans
espoir et sans améliorer la qualité de vie
de leurs malades tant ces traitements
étaient générateurs d’effets secondaires
difficiles à supporter.
Les nouvelles molécules antiémétiques
ont été un apport considérable de confort
pour supporter les chimiothérapies
ainsi que les voies veineuses centrales
qui évitaient les injections douloureuses
répétées, les nouveaux antibiotiques et
les antipyrétiques efficaces.
Les méthodes diagnostiques et thérapeutiques ont fait des pas de géants pour
permettre une meilleure gestion de
la maladie. Les matériels servant aux
investigations se sont améliorés. La lutte
contre la douleur s’est systématisée.
Cependant le grand bénéfice acquis au
cours de ces années vient incontestablement
de l’idée de médecine globale où le patient
a été d’abord écouté puis entendu.
L’évaluation les besoins de ce patient
s’est structurée, les réunions d’équipe ont
permis de mettre autour de lui les
différents intervenants qui peuvent l’aider
à rester ce qu’il est fondamentalement
c’est à dire un humain en souffrance.
Un certain nombre de professionnels
du “terrain” ayant bien compris cette
dynamique à mettre en place ont oeuvré
dans les services et au sein d’associations
telles que le GRASSPHO pour faire
progresser ce changement des mentalités
et promouvoir une nouvelle qualité
des soins.
L’information donnée aujourd’hui, relayée
par les médias et Internet oblige à une
plus grande transparence et force les
professionnels de la santé au partage
de cette information, les amenant à
dépasser leurs capacités d’avoir une
relation forte et vraie dans le “dire” et
accompagner ce “dire”.
Des lois ont été écrites en ce sens dont
la demande est venue bien souvent
de mouvements de la société civile qui
réclamaient des droits pour les malades
et leur entourage (assises du cancer,
conférence de consensus).
Les soignés mais aussi les soignants ont
trouvé leur compte dans la mise en place
de ces lois qui obligent à une réflexion
commune pour trouver, sinon la meilleure
solution, du moins la moins mauvaise.
Un langage commun et participatif
a donné ainsi à tous les soignants la
possibilité d’être partenaires, de dépasser
leur rôle convenu pour autant qu’ils
acceptent d’appréhender toutes les
dimensions de l’approche globale en
travaillant ensemble. Le dialogue avec
les patients permettant de recevoir
des informations essentielles sert cette
approche et donne une plus grande
capacité dans la coordination des soins
concernant aussi bien le domaine social
que la nutrition et autres interventions
de soins de support.
L’hématologie à ce jour ne ressemble plus à
celle que j’ai commencé à côtoyer en 1975
et si ces pathologies sont toujours aussi
redoutables, avec encore un taux d’échecs
élevé, la capacité du prendre soin s’est
largement développée dès le diagnostic et
tout au long de la maladie rendant par là
même la part d’humanité que la médecine
scientifique avait tendance à considérer
comme secondaire.
Le partage d’expériences de soignants
pluri professionnels a conduit à réfléchir
aux moyens nécessaires pour mettre
en place dans les différents lieux de soins
une application pratique de coordination
des intervenants autour du concept
d’approche globale du patient.
Un groupe de travail a élaboré un guide
d’aide à la mise en place des soins de
support dans les institutions et à domicile.
Cette nouvelle conception de soins n’est
pas une évidence dans les services où
existe encore une certaine tendance à
pérenniser des modes de fonctionnement
très conservateurs, centrés sur la médecine
qui soigne des maladies plus que des
personnes malades. L’idée du travail en
commun ne va pas forcément de soi, c’est
donc bien un apprentissage qui requiert
une ouverture d’esprit et une certaine
humilité.
C’est donc une petite révolution et il est
bien nécessaire d’y être aidé par des textes
incitatifs qui affirment qu’il est possible de
soigner différemment, que la prise en
charge d’une personne ce n’est pas qu’une
chimiothérapie, que de multiples intervenants sont nécessaires, qu’un humain
malade c’est complexe et que l’on a les
moyens de répondre à cette complexité.
Le GRASSPHO a toujours défendu cette
notion de globalité, incluant les patients et
les soignants dans une même démarche de
qualité, avec des modèles applicables dans
la “vraie vie”. Le guide d’aide à la mise en
place des soins de support devrait être une
aide considérable, facilitant dans les lieux
de soins l’appropriation de ces nouveaux
concepts du “travailler ensemble” pour
le plus grand bénéfice des personnes
malades et leur entourage et une
meilleure satisfaction pour les soignants
du devoir accompli.
Que de chemin parcouru dans cette quête
humaniste… et que de chemin il reste
encore à faire…
A lire et à relire
UN LÉOPARD SUR LE GARROT*
ean-Christophe Rufin n’est pas loin d’avoir vécu sept vies : de
Bourges à Dakar, des plateaux de l’Ethiopie aux favelas
de Rio, du cabinet de son grand père, médecin et résistant
jusqu’aux salons de l’ambassade de France au Sénégal, il aura mené un
parcours exemplaire, tournant le dos à la routine et aux compromissions
d’une voie royale toute tracée devant lui.
Dès l’enfance, il a pris conscience de l’implication physique, de l’isolement et de l’état des connaissances du médecin de campagne, qui dispensait des oracles et de mystérieuses recettes. De ses années parisiennes, il a gardé le souvenir “des temps cruels où la médecine s’apprenait en maintenant dans un état de soumission, celui dont le destin
était d’être patient dans l’attente d’une improbable guérison… “
Lassé d’un système fait de concours et de coteries, il s’est tourné vers
d’autres horizons.
Son regard sur le monde s’est animé de générosité et d’une réelle bienveillance, autant de valeurs partagées sur tous les continents pour ne
pas en avoir été suffisamment imprégné dans les salles communes
des hôpitaux parisiens.
L’aventure humanitaire est peut être née ainsi, dans l’indifférence et
le tumulte de ce monde étrange, mandarinal et carabin où la course
aux honneurs et l’accumulation des connaissances ne relevaient pas
vraiment du charisme : l’homme de certitude plutôt que l’homme de
cœur ; la vie entre soi plus surement que l’ouverture sur la vie, la vie de
ceux qui ont faim, qui soufrent et qui rêvent de liberté.
J
Par Michel MORICEAU
Il a refusé la facilité, a contourné les obstacles de la bureaucratie, les
chausse – trappe de la nature humaine, politicienne et carriériste. Il a
tenu le cap, restant fidèle à ses intentions premières : servir et prendre
soin. Donner. Témoigner.
Le Léopard sur le Garrot nous entraîne sur la piste de l’humanitaire,
“humaine attitude” s’il en est, faite de courage, de conscience ou d’inconscience, de volonté et d’humilité. D’illusions déçues, et de joies
inattendues, rares, inoubliables.
Sur le terrain, au plus fort des crises internationales, l’auteur a ressenti
des émotions que beaucoup de soignants, dans l’anonymat de leurs
services, reçoivent comme autant d’échos : l’irrésistible besoin de s’engager, la griserie de l’effort, le sens de ce qui est juste et bon. Plus
qu’une éthique de vie, il y a là une véritable esthétique du soin !..
Ecrit dans une langue superbe, précise, percutante, drôle quand il le
faut, le Léopard sur le Garrot dénonce les injustices et la tyrannie des
pouvoirs ; il invite à redécouvrir la clinique et la richesse de l’homme. Il
nous montre les chemins de la liberté : liberté d’agir et d’écrire. Liberté
d’être et de venir en aide…
*Jean-Christophe Ruffin
Editions Gallimard
p3
N ° 2 2 - J U I N 20 0 8
AGENDA
■ 2 & 3 OCTOBRE 2008,
HÔTEL TURONE, TOURS
SÉMINAIRE DE FORMATION GRASSPHO
SOIGNER EN HÉMATOLOGIE ET ONCOLOGIE
Renseignements : www.grasspho.org
Mail de nuit
Association Tribu Cancer
Pour rompre l’isolement la nuit
des personnes atteintes d'un cancer
et de leurs proches
ou auprès de COMM Santé : 05 57 97 19 19
■ 14 OCTOBRE 2008,
IGR, ESPACE MAURICE TUBIANA, PARIS
5ÈME JOURNÉE ENFANTS - PARENTS MALADES
SOUTENIR LES ENFANTS DE PARENTS
ATTEINTS DE CANCER
Renseignements et inscriptions
auprès de COMM Santé : 05 57 97 19 19
■ 6 & 7 NOVEMBRE 2008,
HÔTEL MERCURE MÉRIADECK, BORDEAUX
SÉMINAIRE DE FORMATION GRASSPHO
SOIGNER EN HÉMATOLOGIE ET ONCOLOGIE :
ENJEUX ÉTHIQUES
Renseignements : www.grasspho.org
ou auprès de COMM Santé : 05 57 97 19 19
■ 27 & 28 NOVEMBRE 2008,
UNIVERSITÉ PARIS DESCARTES, PARIS 6e
25ème CONGRÈS DE LA SFPO
CANCER, CULTURES ET PRATIQUES DE SOINS
Renseignements et inscriptions
auprès de COMM Santé : 05 57 97 19 19
■ 25, 26 & 27 MARS 2009,
CENTRE DES CONGRÈS VINCI, TOURS
8ème CONGRÈS DU GRASSPHO
Renseignements : www.grasspho.org
ou auprès de COMM Santé : 05 57 97 19 19
ée de la volonté de personnes
malades, l’association Tribu Cancer
a pour mission d’améliorer la qualité
de vie des adultes atteints d’un cancer.
Elle a mis en place le 1er mars 2007 un
service “Mail de Nuit” qui, en rompant
l’isolement grâce aux technologies de
l’information et de la communication et
surtout grâce à la formidable motivation
de ses volontaires (étudiants en
psychologie et psychologues), accomplit
en grande partie cette mission.
L’objectif de ce service ouvert de 21h00
à minuit tous les soirs de la semaine
(y compris le week-end et pendant les
vacances) est de créer un lien la nuit,
en rompant l’isolement des personnes
malades mais aussi celui de leurs proches.
Un soutien psychologique et une écoute
N
par mails sont ainsi proposés aux heures où
de nombreux services d’aide aux malades
sont fermés. “Mail de Nuit” ne remplace
pas le suivi thérapeutique et psychologique
habituel mais représente une aide
c o m p l é m e n t a i r e, p a r t i c u l i è r e m e n t
utile lorsque les malades se sentent seuls
la nuit.
Pour ne plus être seul, un fonctionnement
simple. L’envoi d’un mail est toujours
p o s s i b l e d e 21 h 0 0 à m i n u i t , à
[email protected], et l’équipe
s’engage à répondre dans l’heure qui suit
l’envoi de ce mail.
Renseignements : www.tribucancer.org
ou auprès de la Coordinatrice du service :
Radia OUDJIT - Psychologue clinicienne [email protected]
Le Courrier du
• Directeur de la publication : Philippe COLOMBAT
• Rédacteur en chef : Joël CECCALDI
• Comité de rédaction : Anne AUVRIGNON
Chantal BAUCHETET - Carole BOULEUC
Laurent CHASSIGNOL - Dominique JAULMES
Ivan KRAKOWSKI - Michel MORICEAU - Gilles NALLET
• Coordination : COMM Santé - Géraldine ROBERT
Tél. 05 57 97 19 19 / Fax : 05 57 97 19 15
[email protected]
• Maquette : Jean-Christophe DUDREUIL
• Impression : Offset Service, Bordeaux
Avec le soutien de
p4
IL RESTE DES PLACES AUX SÉMINAIRES
DE FORMATION 2008
PROPOSÉS PAR LE GRASSPHO
TOURS, Hôtel Turone
2 & 3 octobre 2008
“Soigner en hématologie et oncologie”
BORDEAUX, Hôtel Mercure Mériadeck
6 & 7 novembre 2008
“Soigner en hématologie et oncologie : enjeux éthiques”
Ces séminaires s’adressent aux soignants des services d’hématologie et d’oncologie,
médecins, cadres infirmiers, infirmier(e)s, aides soignant(e)s, assistant(e)s sociaux,
psychologues, diététiciennes, kinésithérapeutes, des centre anticancéreux, CHU,
CHG, cliniques privées de cancérologie.
Programmes disponibles sur le site www.grasspho.org, rubrique Nos Actions ou
auprès de COMM Santé : 05 57 97 19 19 - e-mail : [email protected]