Lire le courrier n°22
Transcription
Lire le courrier n°22
N ° 2 2 - J u i n 20 0 8 Le Courrier du “Redonner un sens au soin” LETTRE D’ INFORMATION DU GROUPE DE RÉFLEXION SUR L’ ACCOMPAGNEMENT ET LES SOINS DE SUPPORT POUR LES PATIENTS EN HÉMATOLOGIE ET ONCOLOGIE Editorial PLAN CANCER : OÙ EN EST-ON ? Sommaire ■ ÉDITO Par Philippe COLOMBAT p1 > PHILIPPE COLOMBAT ■ A PROPOS DE LA MISE p2-3 EN PLACE DES SOINS DE SUPPORT EN CANCÉROLOGIE NAISSANCE DE L’AFSOS – ASSOCIATION FRANCOPHONE POUR LES SOINS ONCOLOGIQUES DE SUPPORT > IVAN KRAKOWSKI METTRE EN PLACE LES SOS : UN TEXTE FONDATEUR > JOËL CECCALDI POINT DE VUE D’UN CADRE DE SANTÉ > CHANTAL BAUCHETET ■ À LIRE ET À RELIRE p3 “UN LÉOPARD SUR LE GARROT” JEAN-CHRISTOPHE RUFIN – ED. GALLIMARD > MICHEL MORICEAU ■ PORTRAIT D’UNE ASSOCIATION p4 L’ASSOCIATION TRIBU CANCER ET SON SERVICE MAIL DE NUIT ■ AGENDA w w w. g r a s s p h o . o r g p4 epuis la parution de la mesure 42 du plan Cancer en 2003 et de la circulaire DHOS/SDO/201/101 du 22 février 2008 relative à l’organisation des soins en cancérologie, aucun texte officiel n’a été publié autour de l’organisation et de la mise en place des soins de support. Pourtant dans les établissements (centres anti-cancéreux, CHU, CHG important, cliniques privées de cancérologie) où la cancérologie est très présente, les expériences les plus diverses se multiplient sous forme de départements, de fédérations, voire de pôle comme à Rennes, avec comme c’est souvent le cas, l’impression que le terrain précède les textes. La mise en place apparaît beaucoup plus difficile dans les établissements moins importants et dans les territoires de santé en raison de la diversité des préoccupations et des organisations des réseaux de cancérologie et de soins palliatifs d’une part et d’autre part, de la restriction du budget des réseaux avec la difficulté de la pérennité des postes pouvant être créés. Une organisation autour des soins de support est pourtant essentielle pour la prise en charge du patient cancéreux et de ses proches. Il s’agit d’une démarche concertée, organisée, systématisée et évaluable qui respecte la notion de continuité des soins, d’évaluation régulière des besoins, de prise en charge D coordonnée tout au long de la maladie, du diagnostic à la phase palliative terminale ou à la guérison, d’anticipation des soins, de dispositif centré sur le malade et sur ses référents. Un groupe de travail constitué de 19 professionnels de terrain impliqués dans les différentes composantes des soins de support et d’usagers a travaillé à l’élaboration de textes de référence destinés aux professionnels, aux responsables d’établissements de santé de court, moyen et long séjour, de structures de coordination (réseau, 3 C.). Ces textes proposent des pistes de réflexion pour la mise en place, l’organisation et l’évaluation des soins de support en cancérologie, pistes qui doivent être adaptées en fonction de la structure et de l’histoire locales. Ces textes sont publiés dans les principales revues concernées et sont présentés en avant première et de façon schématique dans ce numéro spécial du courrier du GRASSPHO. Ils sont également téléchargeable sur le site www.grasspho.org. Ce document propose également de nombreux outils consultables sur www.e-cancer.fr Notre objectif est qu’à terme, l’organisation proposée doit bénéficier à toutes les maladies chroniques graves. Nous espérons qu’il pourra être utile au plus grand nombre et pourra éviter certaines dérives actuelles. A propos de la mise en place des soins de support en cancérologie NAISSANCE DE L’AFSOS - ASSOCIATION FRANCOPHONE Par Ivan KRAKOWSKI POUR LES SOINS ONCOLOGIQUES DE SUPPORT 'Association Francophone pour les Soins Oncologiques de Support - AFSOS - est née... Conceptualisée dans les années 90, appliquée à une plus large échelle depuis les années 2000, la dynamique des soins oncologiques de support devait évoluer à un niveau organisationnel différent. A termes, l'AFSOS a vocation à devenir “la” société savante pour les professionnels sensibilisés à l’organisation et aux différentes pratiques qui font les soins de support, quelles que soient leurs spécialités et compétences d’origine ; spécialités et compétences qu’ils n’ont en aucun cas à renier bien au contraire ! Le bouillonnement et la complexité de la médecine, l’heure de se “mettre à l’eau”... La vie ! L’AESCO (Association Européenne pour les Soins de Confort en L Oncologie), le groupe soins de support de la FNCLCC et bien sûr le GRASSPHO se sont “penchés sur le berceau” et ont la volonté de le consolider dans les mois à venir pour, ensemble, en faire une “maison commune” où il fera bon lancer ses idées librement, réfléchir, partager, construire, chercher, innover pour le bien des malades, de leur entourage et des professionnels... La recherche de l’excellence dans la prise en charge des symptômes, l’accompagnement à toutes les phases de la maladie, la démarche participative au sein des équipes intra et extra-hospitalières sont des valeurs fondatrices de la réflexion et de l’action. L'AFSOS est ouverte d’emblée à la francophonie, en lien avec la MASCC, Multinational Association for Supportive Care in Cancer, avec un total espace de liberté et a vocation à s’enrichir à partir N ° 2 2 - J U I N 20 0 8 A propos de la mise en place des soins de support en cancérologie des “sociétés nourricières” de l’oncologie, la douleur, la psychooncologie, la nutrition, la réadaptation, les soins palliatifs et sans doute d’autres ressources d’expertises sans lesquelles rien de peut se faire… Le conseil d'administration “fondateur”, pluridisciplinaire et pluriprofessionnel est constitué des bonnes volontés suivantes : Président : Ivan Krakowski Vice-président : Philippe Colombat, Didier Kamioner Secrétaire général et général adjoint : Florian Scotté, Didier Mayeur Trésorier et trésorier adjoint : Dominique Jaulmes, Philippe Poulain Membres francophones non français cooptés : Matti Aapro, Mario Dicato Autres membres du conseil d'administration : Didier Ammar, Florence Barruel, Pascale Dielensiger, Mario Di Palma, Pierre Saltel Ce conseil reviendra vers vous pour vous informer des évolutions en tout genre qui surviendront lors de cette période de fondation inachevée et s’attachera à ne promettre que ce qu’il peut offir et à offrir plus qu’il avait promis … METTRE EN PLACE LES SOS : UN TEXTE FONDATEUR urant plus de deux ans, deux usagers du système sanitaire, deux responsables administratifs d’hôpitaux, une assistante sociale, un kinésithérapeute, un cadre infirmier, une psychologue et douze médecins dont un généraliste, un pédiatre, un nutritionniste et plusieurs algologues, “palliatologues” et cancérologues issus du public et du privé, exerçant en centre anti cancéreux, en clinique ou en hôpital, ont croisé leurs regards et leurs compétences sous la houlette de Philippe Colombat pour élaborer un guide qui pose les fondements nécessaires à la mise en œuvre des soins de support en cancérologie (SOS), précise les missions des professionnels concernés, balise leur installation dans chaque territoire de santé à l’aide d’une “démarche projet”, et offre des outils utiles à leur évaluation continue, auxquels chacun peut accéder par l’Internet. L’ancrage du travail dans les attentes des malades transparaît d’emblée, dans une courte préface signée par des “patients impatients” que la ressemblance entre leur parcours de soigné avec celui d’un combattant déconcerte et épuise, et que le “jeu de piste” d’un spécialiste à l’autre n’amuse pas du tout. L’exergue de ce bref témoignage invite à penser le soin non seulement comme devoir de soignant, mais comme respect du droit du soigné à l’autodétermination et à sa protection contre l’ingérence. L’introduction indique comment utiliser ce guide destiné non seulement aux professionnels concernés, mais à tous les responsables d’établissements et de réseaux impliqués, et qui offre non pas un modèle rigide à appliquer mécaniquement, mais une sorte de boîte à outils et à idées, “des pistes de réflexion à adapter en fonction de la structure et de l’histoire locales”. Il s’agit de “promouvoir une démarche concertée, organisée, systématisée et évaluable visant à coordonner les acteurs Par Joel CECCALDI des SOS” pour fluidifier le parcours de “toute personne atteinte de cancer, quels que soient son âge et son lieu de prise en charge”. A côté de la sollicitude pour autrui en souffrance dans sa singularité, s’exprime en outre ici un souci de soutien équitable à l’égard de chacun, entendu au sens de l’adage “à chacun selon son dû/droit”. L’énumération des acteurs conduit à différencier les “professionnels de recours”, premiers destinataires de ce guide (dont les auteurs incarnent les disciplines essentielles), les “acteurs de la vie civile” que sont les bénévoles et les représentants d’usagers, et les référents habituels, en particulier les oncologues qui - selon leur disponibilité et la philosophie qu’ils ont du soin - se cantonneront au traitement spécifique (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie) ou intègreront dans leur pratique une part variable des SOS. La ligne de clivage qui figure dans la définition des SOS entre soins et soutien d’une part, et traitements spécifiques d’autre part, traverse aussi la conscience de chaque médecin et détermine in fine leur façon d’être à l’égard de chaque malade. Outre les soins eux-mêmes, réponse coordonnée et construite sur une fine recension des besoins, les missions des SOS incluent formation et soutien des soignants, ainsi que la recherche. Les recommandations qui en découlent insistent sur l’information de toutes les parties (professionnels, malade et proches) dès le début de la maladie, dans le cadre du dispositif d’annonce du diagnostic, avec un souci de continuité, de globalité et de cohérence de la prise en charge proposée. La “démarche projet” qu’implique la mise en place des SOS se fonde sur “un état des lieux exhaustif des ressources existantes”, tant en établissement que sur le territoire de santé, voire au niveau régional où l’ARH doit vérifier et valider l’état de l’offre de soins de support. La réflexion concertée porte ensuite sur l’implantation des coordinations et sur l’articulation de ses composantes, rattachées aux 3C à l’intérieur de l’hôpital, et aux réseaux à l’extérieur. Au-delà de leur simple juxtaposition, le défi est d’intégrer les différents partenaires et structures concernés dans une organisation disposant d’outils communs, tels qu’un guichet unique, une fiche d’évaluation des besoins des malades, des plaquettes d’information, etc. Autrement dit, passer de la pluridisciplinarité à la transdisciplinarité. Enfin, les moyens de l’évaluation et du suivi du dispositif sont détaillés et illustrés, visant d’une part l’appréciation de l’accessibilité aux SOS, d’autre part la qualité du service rendu au patient. La méthodologie est explicitée, avec en annexe des grilles pour divers indicateurs, sélectionnées à partir des expériences de terrain, dans un but d’autoévaluation. Au total, les mots-clefs ne sont ni spécialité nouvelle, ni octroi à l’avance de moyens, ni structure surajoutée dans l’usine à gaze que constitue déjà notre système sanitaire, mais ouverture, créativité, transversalité, démarche participative, collaboration intelligente, coordination souple dans une atmosphère pacifiée de reconnaissance mutuelle des diverses compétences requises pour faciliter la vie des personnes traitées pour un cancer, ainsi que de celles qui les soignent ! Et si ce texte n’a pas la force contraignante d’une loi ou d’une circulaire officielle, il n’en possède pas moins l’autorité que lui confèrent l’expérience et la longue réflexion collégiale de ses 20 auteurs, ainsi que la vertu incitative de sa pertinence et de son pragmatisme. De toutes manières, la clef de son appropriation et de sa mise en œuvre ne réside-t-elle pas dans le for intérieur de chacun d’entre nous ? POINT DE VUE D’UN CADRE DE SANTÉ Par Chantal BAUCHETET D “L'utopie d'aujourd'hui c'est la réalité de demain”* uarante ans de travail dans les institutions hospitalières dont trente dans les services d’hématologie, ça ressemble à un trajet de dinosaure. Mon expérience d’abord d’infirmière puis de cadre de santé dans ce domaine débute dans un contexte où le patient subissait l’annonce mal formulée d’un diagnostic, avec des mots qu’il ne comprenait pas, un rapport avec le corps médical quasi Q p2 inexistant, des examens pour lesquels il n’avait pas son mot à dire et l’engrenage de thérapeutiques qu’on ne lui expliquait pas. Ce patient jeté sans ménagement dans le monde terrifiant de la maladie et de la médecine était souvent totalement démuni pour affronter ce bouleversement qui touchait sa vie dans toutes ses composantes. Il n’avait alors d’autre recours qu’une réponse passive et si possible silencieuse *Victor Hugo mais reconnaissante envers LA médecine qui peut-être allait le sortir de ce cauchemar. L’échec thérapeutique était rarement évoqué pas plus que la fin de vie, sans parler des soins palliatifs inexistants. Cette situation était alors largement occultée laissant les malades et leurs proches sans aide ni accompagnement dans une infinie solitude. L’apparition du concept de soins palliatifs N ° 2 2 - J U I N 20 0 8 A propos de la mise en place des soins de support en cancérologie allait améliorer un peu la fin de vie de certains de ces patients qui avaient la “chance” d’être suivis dans un service où ce type de démarche commençait à voir le jour mais ce n’étaient encore que des unités très isolées dans leur fonctionnement, souvent à l’initiative d’un chef de service capable d’impulser une dynamique de soins centrée autour de la médecine soignante alors que l’hématologie est surtout centrée sur la médecine scientifique. Les équipes soignantes médicales et non médicales ont vécu des années de souffrance (sans jamais en parler) à prodiguer des traitements souvent sans espoir et sans améliorer la qualité de vie de leurs malades tant ces traitements étaient générateurs d’effets secondaires difficiles à supporter. Les nouvelles molécules antiémétiques ont été un apport considérable de confort pour supporter les chimiothérapies ainsi que les voies veineuses centrales qui évitaient les injections douloureuses répétées, les nouveaux antibiotiques et les antipyrétiques efficaces. Les méthodes diagnostiques et thérapeutiques ont fait des pas de géants pour permettre une meilleure gestion de la maladie. Les matériels servant aux investigations se sont améliorés. La lutte contre la douleur s’est systématisée. Cependant le grand bénéfice acquis au cours de ces années vient incontestablement de l’idée de médecine globale où le patient a été d’abord écouté puis entendu. L’évaluation les besoins de ce patient s’est structurée, les réunions d’équipe ont permis de mettre autour de lui les différents intervenants qui peuvent l’aider à rester ce qu’il est fondamentalement c’est à dire un humain en souffrance. Un certain nombre de professionnels du “terrain” ayant bien compris cette dynamique à mettre en place ont oeuvré dans les services et au sein d’associations telles que le GRASSPHO pour faire progresser ce changement des mentalités et promouvoir une nouvelle qualité des soins. L’information donnée aujourd’hui, relayée par les médias et Internet oblige à une plus grande transparence et force les professionnels de la santé au partage de cette information, les amenant à dépasser leurs capacités d’avoir une relation forte et vraie dans le “dire” et accompagner ce “dire”. Des lois ont été écrites en ce sens dont la demande est venue bien souvent de mouvements de la société civile qui réclamaient des droits pour les malades et leur entourage (assises du cancer, conférence de consensus). Les soignés mais aussi les soignants ont trouvé leur compte dans la mise en place de ces lois qui obligent à une réflexion commune pour trouver, sinon la meilleure solution, du moins la moins mauvaise. Un langage commun et participatif a donné ainsi à tous les soignants la possibilité d’être partenaires, de dépasser leur rôle convenu pour autant qu’ils acceptent d’appréhender toutes les dimensions de l’approche globale en travaillant ensemble. Le dialogue avec les patients permettant de recevoir des informations essentielles sert cette approche et donne une plus grande capacité dans la coordination des soins concernant aussi bien le domaine social que la nutrition et autres interventions de soins de support. L’hématologie à ce jour ne ressemble plus à celle que j’ai commencé à côtoyer en 1975 et si ces pathologies sont toujours aussi redoutables, avec encore un taux d’échecs élevé, la capacité du prendre soin s’est largement développée dès le diagnostic et tout au long de la maladie rendant par là même la part d’humanité que la médecine scientifique avait tendance à considérer comme secondaire. Le partage d’expériences de soignants pluri professionnels a conduit à réfléchir aux moyens nécessaires pour mettre en place dans les différents lieux de soins une application pratique de coordination des intervenants autour du concept d’approche globale du patient. Un groupe de travail a élaboré un guide d’aide à la mise en place des soins de support dans les institutions et à domicile. Cette nouvelle conception de soins n’est pas une évidence dans les services où existe encore une certaine tendance à pérenniser des modes de fonctionnement très conservateurs, centrés sur la médecine qui soigne des maladies plus que des personnes malades. L’idée du travail en commun ne va pas forcément de soi, c’est donc bien un apprentissage qui requiert une ouverture d’esprit et une certaine humilité. C’est donc une petite révolution et il est bien nécessaire d’y être aidé par des textes incitatifs qui affirment qu’il est possible de soigner différemment, que la prise en charge d’une personne ce n’est pas qu’une chimiothérapie, que de multiples intervenants sont nécessaires, qu’un humain malade c’est complexe et que l’on a les moyens de répondre à cette complexité. Le GRASSPHO a toujours défendu cette notion de globalité, incluant les patients et les soignants dans une même démarche de qualité, avec des modèles applicables dans la “vraie vie”. Le guide d’aide à la mise en place des soins de support devrait être une aide considérable, facilitant dans les lieux de soins l’appropriation de ces nouveaux concepts du “travailler ensemble” pour le plus grand bénéfice des personnes malades et leur entourage et une meilleure satisfaction pour les soignants du devoir accompli. Que de chemin parcouru dans cette quête humaniste… et que de chemin il reste encore à faire… A lire et à relire UN LÉOPARD SUR LE GARROT* ean-Christophe Rufin n’est pas loin d’avoir vécu sept vies : de Bourges à Dakar, des plateaux de l’Ethiopie aux favelas de Rio, du cabinet de son grand père, médecin et résistant jusqu’aux salons de l’ambassade de France au Sénégal, il aura mené un parcours exemplaire, tournant le dos à la routine et aux compromissions d’une voie royale toute tracée devant lui. Dès l’enfance, il a pris conscience de l’implication physique, de l’isolement et de l’état des connaissances du médecin de campagne, qui dispensait des oracles et de mystérieuses recettes. De ses années parisiennes, il a gardé le souvenir “des temps cruels où la médecine s’apprenait en maintenant dans un état de soumission, celui dont le destin était d’être patient dans l’attente d’une improbable guérison… “ Lassé d’un système fait de concours et de coteries, il s’est tourné vers d’autres horizons. Son regard sur le monde s’est animé de générosité et d’une réelle bienveillance, autant de valeurs partagées sur tous les continents pour ne pas en avoir été suffisamment imprégné dans les salles communes des hôpitaux parisiens. L’aventure humanitaire est peut être née ainsi, dans l’indifférence et le tumulte de ce monde étrange, mandarinal et carabin où la course aux honneurs et l’accumulation des connaissances ne relevaient pas vraiment du charisme : l’homme de certitude plutôt que l’homme de cœur ; la vie entre soi plus surement que l’ouverture sur la vie, la vie de ceux qui ont faim, qui soufrent et qui rêvent de liberté. J Par Michel MORICEAU Il a refusé la facilité, a contourné les obstacles de la bureaucratie, les chausse – trappe de la nature humaine, politicienne et carriériste. Il a tenu le cap, restant fidèle à ses intentions premières : servir et prendre soin. Donner. Témoigner. Le Léopard sur le Garrot nous entraîne sur la piste de l’humanitaire, “humaine attitude” s’il en est, faite de courage, de conscience ou d’inconscience, de volonté et d’humilité. D’illusions déçues, et de joies inattendues, rares, inoubliables. Sur le terrain, au plus fort des crises internationales, l’auteur a ressenti des émotions que beaucoup de soignants, dans l’anonymat de leurs services, reçoivent comme autant d’échos : l’irrésistible besoin de s’engager, la griserie de l’effort, le sens de ce qui est juste et bon. Plus qu’une éthique de vie, il y a là une véritable esthétique du soin !.. Ecrit dans une langue superbe, précise, percutante, drôle quand il le faut, le Léopard sur le Garrot dénonce les injustices et la tyrannie des pouvoirs ; il invite à redécouvrir la clinique et la richesse de l’homme. Il nous montre les chemins de la liberté : liberté d’agir et d’écrire. Liberté d’être et de venir en aide… *Jean-Christophe Ruffin Editions Gallimard p3 N ° 2 2 - J U I N 20 0 8 AGENDA ■ 2 & 3 OCTOBRE 2008, HÔTEL TURONE, TOURS SÉMINAIRE DE FORMATION GRASSPHO SOIGNER EN HÉMATOLOGIE ET ONCOLOGIE Renseignements : www.grasspho.org Mail de nuit Association Tribu Cancer Pour rompre l’isolement la nuit des personnes atteintes d'un cancer et de leurs proches ou auprès de COMM Santé : 05 57 97 19 19 ■ 14 OCTOBRE 2008, IGR, ESPACE MAURICE TUBIANA, PARIS 5ÈME JOURNÉE ENFANTS - PARENTS MALADES SOUTENIR LES ENFANTS DE PARENTS ATTEINTS DE CANCER Renseignements et inscriptions auprès de COMM Santé : 05 57 97 19 19 ■ 6 & 7 NOVEMBRE 2008, HÔTEL MERCURE MÉRIADECK, BORDEAUX SÉMINAIRE DE FORMATION GRASSPHO SOIGNER EN HÉMATOLOGIE ET ONCOLOGIE : ENJEUX ÉTHIQUES Renseignements : www.grasspho.org ou auprès de COMM Santé : 05 57 97 19 19 ■ 27 & 28 NOVEMBRE 2008, UNIVERSITÉ PARIS DESCARTES, PARIS 6e 25ème CONGRÈS DE LA SFPO CANCER, CULTURES ET PRATIQUES DE SOINS Renseignements et inscriptions auprès de COMM Santé : 05 57 97 19 19 ■ 25, 26 & 27 MARS 2009, CENTRE DES CONGRÈS VINCI, TOURS 8ème CONGRÈS DU GRASSPHO Renseignements : www.grasspho.org ou auprès de COMM Santé : 05 57 97 19 19 ée de la volonté de personnes malades, l’association Tribu Cancer a pour mission d’améliorer la qualité de vie des adultes atteints d’un cancer. Elle a mis en place le 1er mars 2007 un service “Mail de Nuit” qui, en rompant l’isolement grâce aux technologies de l’information et de la communication et surtout grâce à la formidable motivation de ses volontaires (étudiants en psychologie et psychologues), accomplit en grande partie cette mission. L’objectif de ce service ouvert de 21h00 à minuit tous les soirs de la semaine (y compris le week-end et pendant les vacances) est de créer un lien la nuit, en rompant l’isolement des personnes malades mais aussi celui de leurs proches. Un soutien psychologique et une écoute N par mails sont ainsi proposés aux heures où de nombreux services d’aide aux malades sont fermés. “Mail de Nuit” ne remplace pas le suivi thérapeutique et psychologique habituel mais représente une aide c o m p l é m e n t a i r e, p a r t i c u l i è r e m e n t utile lorsque les malades se sentent seuls la nuit. Pour ne plus être seul, un fonctionnement simple. L’envoi d’un mail est toujours p o s s i b l e d e 21 h 0 0 à m i n u i t , à [email protected], et l’équipe s’engage à répondre dans l’heure qui suit l’envoi de ce mail. Renseignements : www.tribucancer.org ou auprès de la Coordinatrice du service : Radia OUDJIT - Psychologue clinicienne [email protected] Le Courrier du • Directeur de la publication : Philippe COLOMBAT • Rédacteur en chef : Joël CECCALDI • Comité de rédaction : Anne AUVRIGNON Chantal BAUCHETET - Carole BOULEUC Laurent CHASSIGNOL - Dominique JAULMES Ivan KRAKOWSKI - Michel MORICEAU - Gilles NALLET • Coordination : COMM Santé - Géraldine ROBERT Tél. 05 57 97 19 19 / Fax : 05 57 97 19 15 [email protected] • Maquette : Jean-Christophe DUDREUIL • Impression : Offset Service, Bordeaux Avec le soutien de p4 IL RESTE DES PLACES AUX SÉMINAIRES DE FORMATION 2008 PROPOSÉS PAR LE GRASSPHO TOURS, Hôtel Turone 2 & 3 octobre 2008 “Soigner en hématologie et oncologie” BORDEAUX, Hôtel Mercure Mériadeck 6 & 7 novembre 2008 “Soigner en hématologie et oncologie : enjeux éthiques” Ces séminaires s’adressent aux soignants des services d’hématologie et d’oncologie, médecins, cadres infirmiers, infirmier(e)s, aides soignant(e)s, assistant(e)s sociaux, psychologues, diététiciennes, kinésithérapeutes, des centre anticancéreux, CHU, CHG, cliniques privées de cancérologie. Programmes disponibles sur le site www.grasspho.org, rubrique Nos Actions ou auprès de COMM Santé : 05 57 97 19 19 - e-mail : [email protected]
Documents pareils
Lire le courrier n°16
d’un diagnostic qui met en jeu le pronostic vital hospitalisé. D’autres, pour « protéger » leurs autres
de leur enfant. Les frères et sœurs sont angoissés enfants, n’osent pas leur dire le diagnost...