Projet Calligraphie - Circonscription de Marseille 5

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Projet Calligraphie - Circonscription de Marseille 5
Projet Calligraphie CE1/CLIS -­‐ Ecole élémentaire Grand St Giniez – 2013/14 Argumentaire L’écriture cursive constitue un des gestes fondamentaux de l’appropriation du savoir. Elle permet à chaque individu de faire passer la connaissance et la communication écrites par sa propre écriture. Pour construire son écriture, l’élève a besoin qu’on lui fournisse les modèles de formes et de sens des tracés (pattern) qui rendront ses productions lisibles de tous. Il a besoin aussi, et de manière presque contradictoire, de trouver des gestes qui lui sont propres et des façons de lier les lettres personnelles : ainsi se constituera « son écriture ». Il doit de toute façon comprendre et éprouver que l’écriture cursive (le mot vient du latin cursus, courir) vise à utiliser son stylo de la façon la plus rapide possible, en le laissant « courir » sur le papier et en le levant le moins qu’il peut. Ces capacités s‘acquièrent traditionnellement dans des exercices (graphisme en maternelle, écriture plus tard) répétitifs et segmentés qui ne visent que la conformité au modèle fourni. Les élèves en difficulté retrouvent à chaque fois les mêmes obstacles et leur incapacité à les franchir ne fait souvent qu’augmenter. Le projet « Calligraphie » vise à sortir de cette logique de répétition en liant l’écriture et la pratique des arts visuels. Tout en conservant avec force l’idée de modèle, il permet à l’élève d’éprouver, seul ou en groupe, les difficultés et les plaisirs du trait continu dans des activités très éloignées de l’écriture puis de revenir strictement à celle-­‐ci. Il lui propose d’utiliser une technique nouvelle pour lui : le calame et l’encre et l’oblige se faisant à interroger et contrôler son geste avec beaucoup plus de soin que ne réclame un instrument commun. Il le met en contact avec un des plus antiques instruments d’écriture : les petits Égyptiens se servaient de calames taillés dans le roseau, on peut voir ces outils au musée d’archéologie de la Vieille Charité. Il fait d’une manière plus générale référence à un art à part entière : la calligraphie, qui, dans certains pays comme la Chine, occupe aujourd’hui encore le premier rang. L’élève n’est pas seulement invité à rechercher la conformité mais aussi la beauté de son écriture et la satisfaction qu’elle lui procure. Il le fait d’autant plus volontiers que la série d’activité qu’on lui propose est destinée à déboucher sur des productions collectives et individuelles (ses deux initiales liées en un « chiffre » semblable à celui qu’on brodait sur les trousseaux par exemple) qui feront l’objet d’une exposition commune aux deux classes. 1 Compétences principales -­‐
Comprendre le principe de l’écriture cursive en se livrant à des pratiques artistiques mettant en jeu le trait continu -­‐
Apprendre à contrôler et délier son geste en se servant d’un instrument nouveau : le calame -­‐
Mieux maîtriser les figures de bases de l’écriture cursives en les agrandissant et en les traçant librement sur un support de grand format -­‐
Mieux maîtriser son geste en faisant passer et repasser le trait autour d’obstacles et en combinant son geste à ceux de ses camarades -­‐
Explorer et conjuguer toutes les graphies dans une œuvre collective -­‐
Reproduire avec le plus d’exactitude possible des modèles de lettres cursives minuscules et majuscules -­‐
Utiliser les connaissances acquises pour créer son propre chiffre Compétences associées -­‐
Utiliser des instruments et des supports nouveaux (papier peint) -­‐
Collaborer pour créer une œuvre harmonieuse et cohérente -­‐
Utiliser individuellement des techniques d’abord mises en œuvre de façon collectives -­‐
Comprendre les enjeux d’une des disciplines de l’histoire des arts : la calligraphie -­‐
Mesurer par l’expérience l’évolution des techniques d’écriture -­‐
Créer un signe étroitement lié à sa propre identité -­‐
Découvrir un artiste contemporain Jackson Pollock -­‐
Travailler avec des camarades qui font partie d’une autre classe -­‐
Donner sens à une production en lui donnant un titre 2 Activités/déroulement Séance 1 : Parcours conjugués sur papier peint Par groupe de 4, les élèves sont invités à tracer à l’encre et au pinceau des parcours sur une large feuille de papier peint sur laquelle on a posé des obstacles. Ils doivent à la fois éviter ceux-­‐ci et conjuguer leur geste avec ceux de leurs camarades. Le trait doit se continuer tant que le pinceau est chargé d’encre, pour rester dans l’esprit de l’écriture cursive. La contrainte n’est pas une contrainte de reproduction de modèle mais une contrainte physique que la réalité impose de respecter. On donne sens à une production en lui donnant un titre Séance 2 : Découverte du calame, graphismes et parcours individuels On découvre le calame : son origine, sa fabrication, son utilisation. Le premier usage qu’on en fait consiste à tracer des graphismes libres dans les places laissées libres sur la grande réalisation de la séance précédente. On peut ainsi expérimenter la valeur de l’association travail individuel/travail collectif et celle du contraste trait épais/trait fin. Les deux méthodes ayant été expérimentées collectivement, on propose aux élèves de les mettre individuellement en œuvre sur un format un peu plus petit. Il a alors la possibilité de s’exprimer plus librement et de dépasser la consigne s’il en a envie. Séance 3 : Leçon d’écriture au calame On revient à l’écriture proprement dite sous une forme volontairement traditionnelle. Il s’agit de reproduire en ligne des modèles de lettres minuscules et majuscules. Mais l’instrument, le calame, et le support, du Canson 180 g, changent complètement les données. Reproduire la lettre devient un véritable challenge que l’épaisseur du papier permet de mener à bien et de recommencer de plusieurs manières possibles. Séance 4 : Les lettres dans tous leurs états Pour rester dans la logique de cette séquence, on passe à nouveau d’une activité individuelle à une activité collective et d’un exercice de stricte écriture à une activité d’art visuel. On introduit aussi la couleur. Les élèves sont invités à tracer au calame des lettres dans toutes les graphies et dans tous les sens possibles, à les faire changer de dimensions, à les coller les unes aux autres, à les superposer. À la fin « on doit reconnaître les lettres et ne plus les reconnaître ». On aura découvert, pour se faire une idée de ce que l’on veut obtenir, les dripping de Jackson Pollock. 3 Séance 5 : Mon chiffre Le chiffre était une figuration du nom formé en initiales majuscules liées qu’on voyait gravé au-­‐dessus des portes des maisons, forgé dans les grilles, peints sur les portes des carrosses ou, plus simplement et plus communément, brodés sur les pièces d’un trousseau. Former son chiffre, c’est se reconnaître dans une production personnelle, c’est peut-­‐être trouver une partie de son identité. Évaluation L’évaluation et le moment d’une activité d’apprentissage qui donne, comme l’étymologie l’indique, « valeur » à cet apprentissage. Ici, l’évaluation est donc inséparable du projet : présenter aux parents une véritable exposition issue des travaux menés ensemble par les deux classes. Tous les travaux seront donc exposés et mis en valeur par des encadrements ou des montages en kakémonos et chaque élève pourra vérifier qu’il a été capable de produire, individuellement ou collectivement, à chaque séquence. Mais l’invitation à donner un titre à chaque production constitue elle aussi une forme d’évaluation. Pour aller plus loin on invitera les classes à s’interroger sur la meilleure façon d’exposer et on invitera chaque élève à reconnaître le chiffre de l’autre. 4