Dans le Gard, le Laboratoire Gravier combine science et nature
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Dans le Gard, le Laboratoire Gravier combine science et nature
DEVELOPPER & MANAGER / 05 De l’art de contrôler sa e-réputation DOSSIER / 08 Les Gafa bousculent les règles du business FINANCER POUR INNOVER / 14 Comment faire des schémas de mutualisation un succès ? Printemps 2015 # 20 LANGUEDOC-ROUSSILLON Entretien Dans le Gard, le Laboratoire Gravier combine science et nature © André Hampartzoumian Jean-François Gravier, Directeur du Laboratoire Gravier SOMMAIRE 04 LES RÉGIONS INNOVENT SUR… DECIDEURSENREGION.FR DÉVELOPPER ET MANAGER 05 De l’art de contrôler sa e-réputation 07 Exportations des PME : 5 règles pour réussir à l’international DOSSIER 08 Les Gafa bousculent les règles du business 12 Gafa : ce qu’en pensent les Français 13 Les marketplaces, une solution sous le signe des Gafa FINANCER POUR INNOVER 14 Faire du schéma de mutualisation un succès financier PAROLES D'EXPERTS 16 L'innovation relèvera le défi climatique 17 Le nautisme, un modèle pour l’innovation SOLUTION 18 Crédit documentaire : sécurisez vos transactions à l’international À VOS CÔTÉS 19 À Rivesaltes, Libaglyr regroupe les professionnels de santé libéraux RETROUVEZ TOUTE L’ACTUALITÉ DES ACTEURS ÉCONOMIQUES QUI INNOVENT SUR LEUR TERRITOIRE : www.decideursenregion.fr @Decideursregion INNOVER EN LANGUEDOC-ROUSSILLON Dans le Gard, le Laboratoire Gravier combine science et nature En 2002, Jean-François Gravier reprend le laboratoire créé par son père dans les années 1970. Depuis, l’entreprise a déménagé, diversifié sa gamme et démarré l’export. Le point avec le dirigeant de cette « pépite » régionale. DÉCIDEURS EN RÉGION : Depuis quand la société travaille-t-elle dans le secteur du bio ? Jean-François Gravier : Depuis toujours ! Mon père a créé le laboratoire en 1975 à Belvezet dans le Gard. Au départ, il était banquier, il a acheté une propriété agricole puis s’est investi dans le bio. Dans les années 1970 : un banquier en costume-cravate qui venait se former à l’école d’agriculture, cela détonait ! Il a démarré avec deux secteurs : les produits cosmétiques et les produits d’entretien, en utilisant les herbes aromatiques cultivées à la ferme. Puis il s’est mis à formuler des produits avec un ami pharmacien. Depuis, on n’a jamais arrêté. Pionniers du marché bio, nous sommes devenus un acteur majeur en France et en Europe. Notre expertise unique combine science et nature dans la fabrication de cosmétiques, d’huiles essentielles et de produits d’entretien. Avez-vous un produit phare dans votre gamme ? Nous n’avons pas de produit phare. La production est constituée d’un ensemble de produits qui s’équilibrent. Nous avons quelques offres pointues : des produits au lait d’ânesse, en Printemps 2015 partenariat avec une éleveuse du Gard, et des produits au lait de jument. Nous sommes très vigilants sur la provenance biologique de nos produits. Toutes nos huiles végétales sont bio : huile d’olive, huile de coco, de colza ou de karité. Nous avons la même exigence avec les huiles essentielles : lavande, lavandin et orange. Dans les années 2000, le secteur de la cosmétologie bio explose, pourquoi ? En 2005, la médiatisation de la question du paraben dans les produits standards a contribué à l’explosion de la cosmétique bio. Avant 2005, il existait une vingtaine de marques bio en cosmétique. Il d o i t y e n avo i r p l u s d e 6 0 0 aujourd’hui ! Tous les grands groupes ont investi dans ce secteur. Certains ont depuis abandonné, car les contraintes et les réseaux de distribution sont spécifiques. Notre ancienneté dans ce secteur nous a permis de traverser cette période de manière sereine, en gagnant des parts de marché. Pour nous, depuis l’origine, le bio n’est pas seulement une opportunité, mais une philosophie, une éthique et la stratégie même de la société. 2 www.decideursenregion.fr DE LA COSMÉTIQUE SANS CONSERVATEUR © André Hampartzoumian Les laboratoires Gravier sont actionnaires de CL’TECH, qui a déposé un brevet mondial pour protéger un process industriel permettant de faire de la cosmétique sans conservateur. « C’est complexe, car il faut à la fois travailler sur la stérilisation du produit (sans détruire les protéines et les vitamines) et sur le pack pour que celui-ci ne laisse pas rentrer l’air à chaque utilisation. C’est un enjeu fondamental, surtout dans le domaine dermatologique » . Le laboratoire est équipé et produit déjà des crèmes hydratantes sans conservateur. « Nos marques sont la preuve que l’équipement marche ! ». C’est CL’TECH qui commercialise l’équipement. L’entreprise fait tout, de la recherche-développement jusqu’à l’expédition. Aujourd’hui, comment résistezvous à l’évolution du secteur de la cosmétique bio ? Aujourd’hui, la production est plus complexe. L’entreprise fait tout, de la recherche- développement jusqu’à l’expédition en passant par la fabrication et le conditionnement. Nous avons notre propre salle blanche. Le laboratoire fonctionne avec une planification sur trois mois de la production. Nous avons près de 400 références. Depuis deux ans, nous nous développons à l’export, principalement en Asie, avec notre nouvelle marque « Rêve de Provence ». Pour cela, nous avons dû prévoir plus d’espace et une rationalisation dans la production. Vous vous êtes donc agrandi en 2011 : quel a été l’investissement ? Effectivement, c ’était devenu nécessaire de faire évoluer notre site si on voulait passer en mode industriel. Notre volonté était de rester dans le Gard où nous avons pu construire une nouvelle usine de 3 700 m² au milieu des garrigues et des champs de lavande, à Lussan. Le bâtiment est classé Haute Qualité Environnementale avec Jean-François Gravier, Directeur du Laboratoire Gravier toutes les dernières techniques de construction écologiques et d’économie d’énergie. La surface totale de production et de stockage a été portée à 5 700 m². L’investissement était de 5 millions d’euros. Nous avons monté le dossier de financement en 2009. Huit banques étaient prêtes à s’engager. Nous avons retenu le Crédit coopératif, pour la partie du solaire, et la Caisse d’Epargne, pour l’attractivité de son offre et sa réactivité. C’est à cette occasion que j’ai découvert l’expertise de la Caisse d’Epargne dans le secteur des entreprises. Aujourd’hui, la re l a t i o n d e p rox i m i t é e t d e confiance entretenue avec le Centre d’affaires de Nîmes est un vrai plus au quotidien. Avez-vous d’autres projets importants à moyen terme ? Oui, nous souhaitons agrandir le laboratoire de recherche, créer une nouvelle pièce de lavage et automatiser une ligne de conditionnement. Cela devrait représenter plusieurs centaines de milliers d’euros cette année. Tout cela sans perdre de vue que l’engagement de nos sociétés d’aujourd’hui fera le monde de demain pour nos enfants. Printemps 2015 3 www.decideursenregion.fr Laboratoire Gravier • Siège à Lussan, une filiale à Alès, un deuxième établissement à Domazan et un bureau export à Paris. • 35 salariés (dont deux pharmaciens et trois ingénieurs), 15 commerciaux. • Chiffre d’affaires 2014 : 8 M€. • Marques de cosmétiques : Laboratoire Gravier cosmétique et Cosmonaturel ; Bébé Bio ; Rêve de Provence (pour les marchés export) ; Dermatherm (sans conservateurs). • Marques de produits d’entretien : Artisan savonnier ; Harmonie Verte ; Lérutan. • Produits diffusés dans les magasins bio (3 500 en France) et dans 500 pharmacies. LES RÉGIONS INNOVENT Sur decideursenregion.fr Paroles d’experts © D.R. À l’international, les entreprises françaises sont systématiquement présentes aux côtés de poids lourds américains Ile-de-France et allemands” Nous possédons Sylvie Matelly, Directrice de recherche un bureau de à l’IRIS, en charge de développement l’économie internationale et de l’économie de la de 5 personnes défense. et multiplions www.decideursenregion.fr/ les innovations” Alsace/Paroles-d-experts/ Nord France Europe Nous faisons évoluer en permanence nos produits en lien avec le développement durable” Cédric Auplat, Directeur général de Tifany Industries, fabricant de vaisselle jetable installé à Phalempin, en périphérie de Lille. www.decideursenregion.fr/ Nord-France-Europe/ Innover-En-Region/ © D.R. © D.R. © D.R. découvrez les témoignages complets de personnalités marquantes. ProvenceAlpesCorse Le défi est de faire vivre l’esprit créatif initial, à la source du succès de l’entreprise” Maurice Timon, Fondateur et PDG des lunettes Minima mise sur l'innovation pour séduire réseaux d'opticiens et clients finaux. Philippe Silberzahn est notamment l’auteur de : « Effectuation : les principes de l’entrepreneuriat pour tous ». www.decideursenregion.fr/ Ile-de-France/Innover-EnRegion/ www.decideursenregion.fr/ Provence-Alpes-Corse/ Developper-Manager/ Suivez-nous aussi sur twitter.com/Decideursregion Printemps 2015 4 www.decideursenregion.fr DÉVELOPPER & MANAGER De l'art de contrôler sa e-réputation La présence sur le Net offre un puissant levier de communication aux entreprises et collectivités. Elle les place dans le même temps face à un vaste défi : contrôler le contenu qui circule sur elles sur la toile. Les points clés pour maîtriser sa e-réputation. C ’est ce qu’on appelle un « bad buzz » : une information négative sur une marque, une entreprise ou une personne, qui va être mise en ligne et connaître une diffusion exceptionnelle, aidée par la forte viralité d’Internet. Chacun d’entre nous connaît ce type de rumeurs dont les conséquences pour les sociétés touchées peuvent être désastreuses. Leur image sur Internet ou « e-réputation » s’en trouve profondément et parfois durablement dégradée. Une problématique qui n’est pas réservée qu’aux grands groupes. PME et collectivités peuvent être aussi touchées par des atteintes à leur image sur le Web. D’où l’importance de se préparer en amont. DÉMONTRER SA RÉACTIVITÉ Cette préparation implique tout d ’abord un suiv i at tent if des éléments publiés sur l’organisa- tion, ses marques et ses responsables, grâce à des outils de veille. Lorsqu’un contenu négatif est identifié, par exemple une critique d ’u n c o n s o m m a t e u r s u r l e s réseaux sociaux, « il est essentiel d’accuser réception, explique Rémi Barra, spécialiste des stratégies digitales chez Publicis Consultants. Il faut apporter un début de réponse publique, donc en ligne, afin de démontrer sa réactivité et de montrer au reste des abonnés que le point a été pris ». Dans un second temps, l’échange avec l’auteur de la critique pourra se poursuivre par messages privés. Si l’entreprise fait face à une vague de récriminations, un premier tri peut s’imposer dans l’urgence, af in de répondre en pr ior ité aux personnes au potentiel de nuisance le plus fort sur les réseaux. « Lorsqu’un sujet prend de l’ampleur, la réponse peut également être Printemps 2015 5 www.decideursenregion.fr globale, à destination de tous les abonnés de la page ou du compte de la société », indique Rémi Barra. Ces récriminations pourront, dans le même temps, être analysées en interne, afin d’estimer leur véracité et, le cas échéant, apporter des adaptations aux produits incriminés et éviter ainsi de nouvelles plaintes. E-réputation L’e-réputation, la réputation numérique, la webréputation… est l’ensemble des informations, des avis, des échanges, des commentaires, des rumeurs… que l’on peut trouver sur la Toile au sujet d’une entité physique, réelle ou imaginaire. DÉVELOPPER & MANAGER De l’art de contrôler sa e-réputation COMMUNICATION POSITIVE En parallèle, l’organisation peut « mettre en place des contre-feux de communicat ion posit ive », indique Laurent Rignault, fondateur d’Expert is Me, société de conseil. Cela passe notamment par la constitution d’un « réseau de personnes d’influence, d’ambassadeurs, avec qui l’entreprise va créer des liens, et qui pourront être autant de relais prêts à diffuser une information positive à leurs communautés respectives ». Mais le déploiement d’un contenu positif doit aussi et surtout être le fait de l’entreprise, ou de la collectivité elle-même, via son site, des blogs ou les réseaux sociaux. Il devra valoriser la société ou la marque. Ce travail au long cours pour doper l’image de l’entreprise aura l’avantage d’occuper l’espace numérique en cas d’émission de pages critiques. On peut demander à l’hébergeur de faire cesser le dommage, en l’occurrence suspendre ou supprimer le contenu.” Marie Soulez, Avocate, Directrice du département Propriété intellectuelle / contentieux au cabinet Alain Bensoussan Avocats. « C’est un système de vases communicants, résume Laurent Rignault. La publication de contenus positifs doit permettre de prendre des places dans le référencement naturel des moteurs de recherche et, du même coup, d’enfouir les éléments négatifs hors des premières pages de résultats proposées. » DES POSSIBILITÉS LÉGALES Une action prenant appui sur le corpus législatif peut aussi être envisagée. Dans ce domaine aussi un prérequis s’impose : agir rapidement. « Les contenus publiés sur Internet dépendent de la loi de 1881 sur la liberté de la presse qui fixe à trois mois le délai maximal pour mener une action en diffamation ou injure publique », explique Marie Soulez, avocate, Directrice du département Propriété intellectuelle contentieux au cabinet Alain Bensoussan Avocats. Avant toute action, il est recommandé de faire un procès-verbal de constat d’huissier. « Le fait d’imprimer les pages dans lesquelles on est cr it iqué ne permet pas d’apporter la preuve des contenus », précise-t-elle. Il est alors possible de notifier l’existence d es contenus à l ’héb erg eur. Porter à sa connaissance certains écrits va lui en faire endosser la responsabilité. Ce qui reviendra à le mettre en demeure... Et l’inviter à agir. Il est possible également de demander à l’hébergeur de transmettre les informations pour identifier la personne responsable du contenu. « On peut demander à l’hébergeur de faire cesser le dommage, en l’occurrence suspendre ou supprimer le contenu, explique Marie Soulez. Ce sont des procédures qui peuvent être mises en œuvre rapidement. » La loi française permet de faire valoir un droit de réponse à l’éditeur, sauf si des zones de commentaires sont déjà prévues sous l’article incriminé. Enfin, « l’organisation concernée a la possibilité d’agir au pénal ou au civil pour faire réparer l’atteinte, diffamation ou injure », conclut l’avocate. Une attention toute particulière à porter aux salariés « Nombre d’entreprises estiment que les salariés sont les premiers de leurs ambassadeurs sur les réseaux sociaux », indique Rémi Barra. D’où l’importance, pour les organisations, de les sensibiliser aux risques et opportunités des messages qu’ils postent sur Internet. Des sociétés éditent donc en interne des « guides de bonnes pratiques » pour accompagner les collaborateurs dans l’usage des réseaux. Des formations, ou de simples prises de parole, peuvent également avoir lieu. Les initiatives sont diverses mais le but reste le même : appeler les salariés à la vigilance, et leur faire comprendre que certains écrits peuvent être fortement dommageables pour leur société. Le message des entreprises évolue toutefois. « Nous étions par le passé surtout sur une action préventive, analyse Rémi Barra. Les entreprises incitent désormais les salariés à participer à la construction de leur image sur Internet », les encourageant, par exemple, à partager les informations qu’elles ont elles-mêmes publiées et diffusées sur les réseaux sociaux. Printemps 2015 6 www.decideursenregion.fr DÉVELOPPER & MANAGER Exportation des PME : 5 règles pour réussir à l’international Les PME françaises ont trop souvent du mal à exporter. Pourtant, certaines d’entre elles tentent l’aventure et rencontrent des succès considérables. Quels sont les secrets de leur réussite ? CONNAÎTRE LES MARCHÉS INTERNATIONAUX Comme pour n’importe quel voyage à l’étranger, il faut se renseigner précisément sur la zone ciblée. Une prise de contact avec l’administration des douanes peut éviter un échec cuisant. Il est également primordial de s’interroger sur le produit à exporter : comment le marché est-il segmenté ? Y a-t-il de la concurrence ? Quel est le profil de la clientèle cible ? Cette connaissance permettra de savoir si l’export est une option viable ou non. Via sa quinzaine de filiales à travers le monde, Actia, spécialiste des systèmes électroniques embarqués, collecte en ce sens de nombreuses données stratégiques : « Nos entreprises sur place tiennent une veille concurrentielle et cultivent des relations locales », résume Emmanuel Haton, spécialiste export de l'entreprise. SAVOIR ADAPTER SON OFFRE « La mondialisation est une réalité, mais pour avoir du succès en Chine, il faut être Chinois », résume Emmanuel Haton. Comprenez : il faut adapter son offre aux réalités et besoins locaux. « Sur nos marchés, rien n’est totalement transposable, la vocation mondiale de nos produits est donc prise en compte dès la conception, poursuit-il. C’est le cas pour notre dernière génération de cartes de contrôle électrique et électronique pour autobus. Une double gamme a été fabriquée en France et en Chine pour couvrir l'ensemble des besoins mondiaux. » SAVOIR VENDRE SON PRODUIT Pour assurer la notoriété de Nos entreprises sur ses produits, Internet est place tiennent incontournable. Les sites doivent être déclinés dans la langue et une veille concurrentielle une politique d’achats de mots clés et de référencement doit être et cultivent pensée. La présence sur les salons des relations internationaux est également locales.” nécessaire. Mais elle doit être Emmanuel Haton, réfléchie en amont : « Avoir un Spécialiste export stand sur un salon est souvent un de Actia. investissement à long terme car ne Actia est un groupe toulousain de dimension mondiale spécialisé dans les équipements électroniques à forte valeur ajoutée, destinés aux marchés des véhicules et des télécommunications. plus s’y rendre au bout de quelques années, c'est prendre le risque de subir un effet d'image négatif », confie Emmanuel Haton. BIEN S’ENTOURER Les PME et ETI visant les marchés internationaux doivent entretenir leur réseau et multiplier partages d’expériences et benchmarking. Actia bénéficie notamment de l'appui précieux d’un réseau de bénévoles, les Conseillers du commerce extérieur. « Le Directeur général de notre filiale indienne de 45 personnes est le seul Français sur place, indique Emmanuel Haton. C'est précieux pour lui d'avoir un réseau capable de le soutenir. » ALLER SUR PLACE, OU PAS ? Se déplacer, faire confiance à un partenaire ou créer une filiale ? En la matière, il n’existe pas de recette miracle. • La vente en direct Vendre directement ses produits à l’étranger permet de contrôler les prix, le mode de distribution… Mais cela engendre des frais importants et il faut connaître la culture du pays. • Un distributeur local L’appel à un distributeur local permet à l’exportateur de se délester de la plupart de ses préoccupations. En revanche, la société exportatrice perd en contrôle sur son produit. • S’implanter L’implantation dans le pays permet de contrôler le positionnement du produit, le prix, la distribution mais nécessite des investissements importants. Le marché doit être stratégique. Printemps 2015 7 www.decideursenregion.fr DOSSIER LES GAFA, C’EST QUOI ? P. 12 : Gafa, ce qu’en P. 13 : Les marketplaces, pensent les Français une solution sous le signe des Gafa G.A.F.A sont les initiales de quatre entreprises : Google (créée en 1998), Apple (1976), Facebook (2004) et Amazon (1994). Elles dominent aujourd’hui le marché du numérique avec plus de 300 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulé. En incluant Microsoft, le sigle peut également être Gafam. Printemps 2015 8 www.decideursenregion.fr DOSSIER Les Gafa bousculent les règles du business G éants, superpuissances, poids lourds incontournables… Ce sont les entreprises de tous les superlatifs. En une vingtaine d’années, Google, Apple, Facebook et Amazon ont pris les rênes de l’économie numérique mondiale et imposé de nouveaux modèles de développement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : portées par une croissance annuelle de 12 %, ces quatre entreprises américaines, regroupées sous l’acronyme Gafa, ont cumulé en 2013 plus de 300 milliards d’euros de chiffre d’affaires, créant ainsi autant de richesses qu’un pays comme le Danemark. Leur productivité apparaît trois fois supérieure à la moyenne et leur base clients serait équivalente à près de 50 % de la population mondiale connectée. Mais ce qui, au fond, impressionne le plus les observateurs n’est pas tant le poids que représente aujourd’hui ce nouveau « Big Four » que la capacité qu’il a eue à casser les codes de l’économie traditionnelle. Et imposer, du même coup, un nouveau modèle et de nouvelles règles. © D.R. Ils s’appellent Google, Apple, Facebook et Amazon. Surnommés Gafa, ces géants du numérique font aujourd’hui partie du quotidien des consommateurs et imposent à la planète économique un nouveau modèle centré sur le client. Un nouveau modèle qui peut devenir une source d’opportunités pour les entreprises. 22 ans, c’est l’âge moyen de Google, Apple, Facebook et Amazon. 22 ans d’un développement effréné qui se confond avec ce qu’Internet a bouleversé dans nos entreprises, nos vies, notre civilisation.” Stéphane Distinguin, Président de Fabernovel, spécialisée dans l’innovation. Un nouvel environnement fonctionnement et de développement des Gafa. En est ressortie une grille de lecture simplifiée de leur modèle économique et leviers de création de valeur. Une grille qui doit permettre aux sociétés traditionnelles d’observer finement le mode de fonctionnement de ces géants afin d’« apprendre à travailler dans ce nouvel environnement et comprendre comment, ce faisant, elles peuvent saisir de nouvelles opportunités, résume Sarah Nokry, Senior Project Analyst chez Fabernovel. Notre idée de départ est que si ces entreprises ont atteint de tels niveaux en si peu de temps, c’est évidemment parce qu’elles ont fait quelque chose de bien ! » Et donc de reproductible. La collecte de données, une nouvelle richesse Certaines lignes directrices propres aux Gafa ressortent. À commencer par une première, fondamentale : les quatre géants de l’Ouest américain placent le client et non le produit au cœur de leur réflexion. « C’est lui qui devient l’objet des investissements de l’entreprise. À travers une étude rendue publique à l’automne 2014, le cabinet Fabernovel s’est d’ailleurs penché sur la proximité des modes de Printemps 2015 9 www.decideursenregion.fr DOSSIER Les Gafa Celle-ci va tirer sa force de sa capacité à séduire de nouveaux clients et à les fidéliser », précise Sarah Nokry. C’est autour de consommateurs devenus « tout-puissants » que doivent se concentrer les efforts. Il s’agit de rassembler autour de son entreprise le maximum d’entre eux et de tous les fidéliser, qu’ils payent des services ou qu’ils ne vivent que des « expériences » gratuites. L’essentiel est donc bien d’avoir la base clients la plus large possible. Elle engendrera notamment une collecte de données à grande échelle, dont l’analyse permettra de mieux comprendre les comportements des consommateurs mais aussi d’augmenter la capacité d’innovation de la société. « En conséquence, la représentation de la captation de la richesse change totalement : elle n’est plus liée qu’à l’argent, mais dépend aussi de la connaissance offerte par ces collectes de données », note Sarah Nokry. Les entreprises doivent voir les Gafa comme des partenaires qui peuvent apporter des gains de compétitivité.” De nouvelles stratégies RH : UN NOUVEAU STYLE Chez les Gafa, c’est tout d’abord l’organisation des postes qui est modifiée. « La notion de hiérarchie est beaucoup moins marquée, indique Sarah Nokry. Chez Google, on ne compte que 14 % de managers parmi les 37 000 collaborateurs. » L’organisation du travail se veut aussi plus simple et directe. Les réunions en petits effectifs sont la règle. La prise d’initiatives des collaborateurs est également encouragée, à tous niveaux. Dans ce modèle, l’innovation a une place centrale dans le travail quotidien des équipes. « Toute tâche pouvant être automatisée va l’être afin de libérer du temps pour que les équipes puissent se concentrer sur cette recherche d’innovation », ajoute Sarah Nokry. L’environnement professionnel des salariés est également favorisé. Dans le même temps, l’approche que les Gafa ont des produits diffère sensiblement de celle des acteurs de l’économie traditionnelle. Une solution vendue à perte n’est pas vouée au pilon si elle peut tout de même apporter de la valeur au client et intégrer durablement son quotidien. C’est le cas de la liseuse « Kindle » commercialisée par Amazon. Vendue à perte, elle devient rentable au bout de quelques mois, les clients achetant progressivement de nouveaux contenus sur lesquels l’entreprise gagne de l’argent. Sarah Nokry, Senior Project Analyst – FaberNovel les unes des autres (c’est tout particulièrement le cas dans la galaxie Apple) et au sein duquel prend place l’utilisateur. En outre, la notion même de « cœur de métier » est remise en cause par les Gafa. Ils étendent leurs activités à des sec teurs de conquête. Amazon s’intéresse au cloud, Apple progresse sur le paiement en ligne et Google investit dans des secteurs inattendus (le service de taxis Uber par exemple) ou explore de nouvelles thématiques de recherche loin de ses activités d’origine. « No limit » Une boîte à outils pour l’entrepreneur Autre stratégie gagnante observée chez les Gafa : leur volonté de ne pas mettre de limites à leur expansion. Pragmatiques, les quatre entreprises cherchent à répondre aux besoins des clients, et investissent massivement dans la recherche et développement, toujours en quête de nouveaux produits et services. Le pourcentage d’ingénieurs au sein de ces sociétés va de 20 à 40 % des effectifs. Naît ainsi tout un écosystème de solutions qui dépendent souvent Tout en démontrant la viabilité de leur modèle, les Gafa offrent un véritable défi aux entreprises de l’économie traditionnelle qui doivent s’adapter. Mais elles ont aussi l’opportunité de profiter directement de l’essor des Gafa pour développer leur activité, parce que de nouveaux marchés se créent grâce à eux, mais aussi parce que ces quatre poids lourds mettent à disposition des services dont elles peuvent se saisir. « Les Gafa sont leaders sur leur marché traditionnel Printemps 2015 10 www.decideursenregion.fr DOSSIER Les Gafa mais se structurent de plus en plus pour devenir des infrastructures que les entreprises vont pouvoir utiliser pour favoriser leur développement », analyse Sarah Nokry. Une start-up pourra ainsi décider de gérer ses stocks et assurer ses livraisons grâce à Amazon, communiquer via Facebook, réunir une communauté et faire de la publicité grâce à Google… « Ils deviennent une sorte de boîte à outils de l’entrepreneur », poursuit-elle. Des initiatives sont d’ailleurs prises pour accompagner les PME et TPE et leur permettre de bénéficier de ces nouveaux services. La CCI Paris Ile-de-France a ainsi décidé, en 2013, de nouer un partenariat avec Google pour permettre aux organisations franciliennes de moins de 50 salariés de développer leur activité en ligne. S’inspirer d’un modèle fructueux D’autres entreprises peuvent chercher à copier ce modèle jugé fructueux. « Pour les sociétés traditionnelles, cela implique une forte acceptation du changement car les transformations vont concerner tous les pans de l’entreprise, indique Sarah Nokry. Cela implique de revoir les métiers et nécessite aussi d’importants investissements dans les technologies de l’information. La mise en place de ce nouveau modèle prendra donc du temps. » La prise de conscience collective de cette nécessaire évolution est déjà effective, tout particulièrement parmi les jeunes entreprises. « On voit aujourd’hui émerger les ‘‘recettes’’ des Gafa dans l’écosystème entrepreneurial, estime Sarah Nokry. Beaucoup de start-ups qui se lancent mettent ainsi le client au centre de leur réflexion stratégique. » Dans le même temps, un nombre croissant d’entreprises traditionnelles s’associent avec des start-up pour apprendre d’elles et saisir cette culture émergente, conscientes qu’elles peuvent leur être profitables. De sorte que les jeunes entreprises innovantes sont en passe de devenir les meilleures diffuseurs du modèle porté par les géants de l’Ouest américain dans le tissu économique français. Réussite des Gafa comment s’en inspirer ? 1. SE CONCENTRER SUR LE CLIENT Chercher des solutions clients. L’objectif doit être de leur faire gagner du temps ou de faciliter leur vie quotidienne. 3. PENSER 2. RECHERCHER L’INNOVATION Ne pas se cantonner à un modèle qui marche mais rechercher celui qui demain aura toutes les chances de devenir la référence. À SA RÉPUTAT L’image est ION essentielle et il faut m plus d’ato uts pour q e ttre le ue sa répu maximisé tation soit e sur le W eb. 4. COMMUNIQUER EN 3D Oublier la communication unidirectionnelle traditionnelle pour une communication pensée et différenciée par canaux. 5. SE DIVERSIFIER Ne pas hésiter à rechercher dans les métiers connexes les possibilités de développement pour créer le plus de valeur possible pour les clients. 6. PENSER AUX DONNÉES La connaissance clients, leurs données sont un patrimoine. Essayer de les enrichir, de les préciser, de les exploiter. 7. PENSER À L’ÉCOSYSTÈME DU PRODUIT Un produit non rentable peut se révé ler très utile pour assurer la rentabilité d’un autre segment de gamme. Penser global. 8. RECHERCHER LE BIEN-ÊTRE DU SALARIÉ Faire en sorte que le collaborateur ne soit pas dans une entreprise mais dans une famille. OVANT R EN INN E G A N A 9. M es de s approch r un nouvelle t. Favorise Essayer de crutemen re e d . é t, it n e iv managem nt propice à la créat me environne t. ffû Rester à l’a Printemps 2015 11 www.decideursenregion.fr 10. CRÉER UN RÉSEAU Un client rejoignant votre communauté sera conforté dans ses choix et incitera d’autres à faire partie du réseau. DOSSIER Les Gafa Gafa, ce qu’en pensent les Français Moteur de recherche, achat en ligne, smartphone, réseaux sociaux sont des mots qui font partie du quotidien des Français. Mais quels points de vue ont-ils sur la question ? Les Gafa sont des acteurs de l’innovation Source : Sondage BVA réalisé en octobre 2014 auprès d’un échantillon de 1 268 personnes âgées de 15 ans et plus, représentatif de la population française. Printemps 2015 12 www.decideursenregion.fr DOSSIER Les marketplaces, une solution sous le signe des Gafa Cofondateur d’une marketplace dédiée à la mode, « Modizy », Benoit Feron a décidé de proposer aux entrepreneurs une solution clés en main pour créer leur propre galerie commerciale virtuelle. DÉCIDEURS EN RÉGION : Vous avez créé en 2012 Modizy, site de produits de mode féminine. Pourquoi avoir adopté le modèle de la marketplace ? Benoit Feron : Nous avons rapidement compris que, pour générer des revenus à long terme, il ne fallait pas se contenter d’avoir une plateforme redirigeant les clients vers les sites des marques, comme le font les portails dits « d’affiliation ». Il était nécessaire de créer une galerie, reprenant là le modèle de la marketplace, où les marchands et leur catalogue sont présents, afin que le client reste sur notre site. Quels avantages les entreprises de la vente en ligne ou du commerce traditionnel trouvent-elles à venir sur votre site ? Les marketplaces spécialisées constituent pour elles un nouveau canal de distribution très qualitatif. Elles vont ainsi pouvoir toucher une audience précise. C’est une donnée qu’elles ont désormais bien intégrée, et ce d’autant plus que la concurrence est forte dans leur secteur et la question de la visibilité primordiale. Dans le même temps, les entreprises rejoignant une telle plateforme ont des obligations : la qualité produit et le service clients. Les clients ayant besoin d’être rassurés, des modules d’avis et de notation des vendeurs sont en effet mis en place. Ainsi, l’opérateur de la marketplace pourra sanctionner les marchands posant problème. Vous commercialisez également votre technologie via une solution, Iceberg Marketplace, à destination des sociétés souhaitant lancer une marketplace... Nous avons cerné là un marché d’avenir. Il existe pas moins de 138 000 sites de e-commerce en France et il est dur pour eux de se distinguer, alors que, dans le même temps, ils doivent faire avec de nombreuses problématiques : stock, déploiement d’un budget marketing… Certaines d’entre elles vont être réglées grâce au modèle de la marketplace. Il n’y a, par exemple, plus de gestion des stocks. C’est pour cela qu’il apparaît aujourd’hui porteur. Le développement des marketplaces consacre-t-il le succès du modèle porté par Amazon ? Oui, et c’est dans le même temps un acteur économique que les marques prennent soin de ne pas concurrencer, tant sa puissance est grande. Les marketplaces spécialisées constituent pour les entreprises un nouveau canal de distribution très qualitatif.” Benoit Feron, Cofondateur, Responsable commercial, Business Development et Relations Publiques Modizy. Printemps 2015 13 www.decideursenregion.fr Des consommateurs matures La diffusion des stratégies économiques portées par les Gafa et les développements technologiques expliquent en partie l’émergence des marketplaces. Mais elle trouve également son origine dans la maturité des consommateurs face à des galeries commerciales virtuelles où ils acceptent aujourd’hui massivement de se rendre. « Plus des deux tiers des acheteurs en ligne ont déjà consommé dans une marketplace, note Benoit Feron. La démocratisation de ces espaces est aujourd’hui bien avancée. » Peu d’entreprises choisissent donc de lancer une marketplace généraliste. Elles vont au contraire privilégier des niches bien identifiées : le vin, la puériculture ou encore l’animalerie. Dans le secteur du bricolage par exemple, monEchelle.fr a ainsi réussi à s’imposer. Le site est devenu un acteur référent, suivi par une communauté et disposant d’un catalogue exhaustif. © Wavebreakmedia Ltd FINANCER POUR INNOVER Faire du schéma de mutualisation un succès financier Les schémas de mutualisation doivent être adoptés cette année. Un enjeu fort dans la mesure où cela doit générer des économies, et que le calcul de la dotation globale de fonctionnement en dépend. Le point sur cette réforme, qui devrait connaître quelques ajustements avec la future adoption de la loi portant Nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe). L a loi du 16 décembre 2010 portant réforme des collectivités territoriales s’inscrivait dans un processus qui visait à la simplification des structures territoriales, la réduction du nombre d’échelons territoriaux, la clarification des compétences et des financements. Elle a également systématisé la réflexion au sein des intercommunalités sur les possibilités de mutualisation. Elle impose aux communes et communautés d’élaborer un schéma de mutualisation dans l’année suivant le renouvellement du conseil municipal. tion de la masse salariale et des agents entre les communes et la communauté, et de permettre l’établissement d’un état des mutualisations réalisées. Comme le souligne Floriane Boulay, responsable des affaires juridiques et institutionnelles de l’Assemblée des communautés de France, « cet état des lieux permet souvent de se rendre compte que beaucoup de choses existent, que les mutualisations soient officiellement formalisées ou non ». Puis déterminer les pistes de mutualisation Établir un rapport Le schéma de mutualisation s’élabore en deux étapes. En effet, en vertu du nouvel article* du Code général des collectivités territoriales, les collectivités doivent dans un premier temps établir « un rapport relatif aux mutualisations de services entre les services de l'Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre et ceux des communes membres ». Il s’agit de dresser un état des lieux des effectifs, afin de savoir où en est la réparti- Dans un deuxième temps, le rapport doit comprendre « un projet de schéma de mutualisation des services à mettre en œuvre pendant la durée du mandat ». Il s’agit ici de déterminer les voies d’action à mener sous le mandat. Le projet de schéma élaboré par le président de l’EPCI doit ensuite être soumis à l’avis des communes membres. Celles-ci ont trois mois pour se prononcer par délibération. Sans décision rendue, leur avis sera réputé favorable. Printemps 2015 14 www.decideursenregion.fr Quelle mutualisation ? Un angle économique Le texte est souple. La mutualisation peut concerner tant les services que les moyens ou les matériels. Il en va de même pour le périmètre. « Chaque territoire doit bien évidemment organiser ses services en fonction de son histoire, de son contexte politique », indique Floriane Boulay. Cette souplesse se retrouve également dans la planification : « Le schéma de mutualisation est un document d’orientation qui doit servir à impulser une dynamique et permettre d’aller vers plus de mutualisation. Sa mise en œuvre doit être opérée dans le courant du mandat et couvrir cette même période, mais rien n’empêche une modification en cours de mandat. » Ni une évolution différente pour le mandat suivant, le contenu n’est pas figé. Floriane Boulay, Responsable des affaires juridiques et institutionnelles de l’Assemblée des communautés de France (AdCF). Des ajustements en cours Sur le calendrier tout d’abord. Le nouvel article* du Code général des collectivités territoriales stipule que la réalisation du rapport et donc du schéma doit intervenir « dans l'année qui suit chaque renouvellement général des conseils municipaux ». Initialement, la date butoir de mars 2015 a été retenue. Mais le mois de décembre est privilégié dans les faits. « L’élaboration du schéma nécessite de procéder à de nombreuses analyses et de faire preuve de pédagogie, cela prend du temps », explique Floriane Boulay. Sur le coefficient de mutualisation des services ensuite. L’article 55 de la loi du 27 janvier 2014 de Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (MAPAM) stipule que le coefficient de mutualisation des services sera pris en compte comme critère de répartition de la dotation globale de fonctionnement perçue par les communes et les EPCI à fiscalité propre. Cette mesure a vocation à inciter financièrement les intercommunalités à jouer le jeu de la mutualisation des services. Plusieurs problématiques Ce coefficient doit déterminer le rapport entre la masse salariale de l’ensemble des personnels de l’EPCI affectés aux services fonctionnels et celle de l’ensemble des personnels de toutes les communes membres et de l’EPCI également affectés à ces services. Plusieurs problématiques se posent. Ainsi, les externalisations et les délégations de service public ne sont pas comptabilisées, ce qui biaise le calcul. Par ailleurs, il n’est pas précisé quelle part de la dotation globale de fonctionnement cela concerne. Enfin, comme le souligne Floriane Boulay, « les services supports ne sont pas le seul élément à mutualiser, il faut s’orienter vers une vision plus globale de la mutualisation en intégrant les services opérationnels et les moyens matériels ». Le mode de calcul de ce coefficient est en passe d’évoluer. Le schéma de mutualisation est un document d’orientation qui doit servir à impulser une dynamique et permettre d’aller vers plus de mutualisation.” Floriane Boulay, responsable des affaires juridiques et institutionnelles à l’Assemblée des communautés de France (AdCF), la fédération nationale des élus de l’intercommunalité. > La stratégie à mettre en place « Dans les petites communautés, souvent situées en zone rurale, sans réels services structurés, la mutualisation doit prendre en considération un angle économique, sinon cela peut coûter très cher : la création de nouveaux services sous-tend des recrutements, à moins de mettre en place en parallèle un dispositif de Gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences (GPEEC). Des économies pourront essentiellement être dégagées sur les frais matériels. Dans le cas des plus grosses communautés, notamment franciliennes, des économies sont prévisibles à moyen ou long terme. Dans les autres communautés, il y a des choses intéressantes à faire, tant sur l’aspect qualitatif que quantitatif. » > Deux options « En ce qui concerne l’élaboration du schéma, deux options coexistent, la mise en place de groupes de travail mixtes (mêlant élus et agents) ou de groupes de pilotage purement politiques (n’incluant que les élus). Il n’y a pas de recette miracle, mais un portage politique fort est essentiel à la réussite du schéma. » Quelles économies attendre ? Mutualisation n’est pas toujours synonyme d’économies nettes. En effet, « les économies dégagées sont, dans la plupart des cas, réinjectées dans la création de nouveaux services, indique Floriane Boulay et de conclure : Tout cela est difficilement chiffrable pour le moment ». > Les services concernés « Les services qui ne sous-tendent pas de questions politiques très fortes, à l’instar de la communication, sont particulièrement concernés. Parmi les services phares, il faut mentionner celui des achats et de la commande publique, qui permet de réaliser des économies rapides et d’optimiser la qualité des marchés. La mutualisation des services informatiques rencontre également un certain succès, comme sont facilement mutualisables les services d’entretien des espaces verts ou des bâtiments. » * Article L5211-39-1 du Code général des collectivités territoriales. Printemps 2015 15 www.decideursenregion.fr PAROLES D’EXPERTS L’innovation relèvera le défi climatique Depuis toujours, l’innovation a apporté des réponses aux problèmes que l’on jugeait insurmontables. ” Et si l’innovation pouvait sauver le monde du réchauffement planétaire ? Vincent Champain, coprésident de l’Observatoire du Long Terme, en a acquis la certitude. Une conviction renforcée par le dynamisme des entreprises françaises en la matière. Vincent Champain est un économiste, cadre dirigeant et haut fonctionnaire. Il est l’auteur de nombreuses publications consacrées notamment aux questions de compétitivité. DÉCIDEURS EN RÉGION : En quoi progrès industriel et croissance sont-ils compatibles avec la lutte contre le changement climatique ? Vincent Champain : Les PM E comme les multinationales que nous avons interrogées le prouvent : elles ont déjà imaginé des centaines d’innovations pour réduire les émissions tout en investissant des coûts modestes, voire en générant des profits. À l’image de la start-up américaine Zero Motorcycles qui produit des motos électriques dotées d’une autonomie de près de 300 km, pour certains modèles, et pouvant atteindre les 150 km/h. Les modèles les plus performants ont une accélération comparable à une Ducati 1000, et le plein d’électricité ne dépasse pas les 2 euros. C’est l’exemple même du cercle vertueux entre progrès industriel, respect de l’environnement et croissance entrepreneuriale. La conférence Paris Climat 2015 sera cruciale pour les années à v e n i r. P e n s e z- v o u s q u e l’innovation fera partie de « la » solution ? Les entreprises françaises sontelles tout aussi innovantes ? J’en suis totalement convaincu. Depuis toujours, l’innovation a apporté des réponses aux problèmes que l’on jugeait insurmontables. Une fois que les politiques publiques, qui permettent d’aligner intérêts des entreprises et objectifs climatiques, auront été mises en place, l’essentiel de la solution viendra des innovations. Et nous serons surpris de voir à quel point ces innovations « vertes » seront abordables ! Mais il faudra pour cela réunir les conditions nécessaires à leur découverte et à leur développement, et notre rapport* montre qu’il reste du chemin à parcourir à tous les niveaux. Oui, et bien des exemples le démontrent. Le groupe industriel Air Liquide se classe ainsi parmi les champions mondiaux sur la capture et le stockage de CO2. C’est une technologie clé ! En matière de maîtrise énergétique, la PME Voltalis permet aux usagers de baisser leur consommation aux heures où l’énergie est la plus carbonée via des boîtiers reliés à leur tableau électrique domestique. Dans le même esprit, l’entreprise franco-suisse Fafco innove avec un procédé intelligent. Il produit de la glace aux heures où l’énergie est la moins carbonée pour ensuite la faire fondre quand celle-ci est plus chère. Cette glace contribue à alimenter des systèmes de climatisation sans utiliser l’électricité aux heures où elle est la plus carbonée. Dans le domaine des énergies renouvelables, une entreprise comme Ineo travaille sur des éoliennes furtives avec une faible signature radar. Les éoliennes engendrent normalement des interférences avec les radars météorologiques et militaires. Grâce à cette innovation, l’implantation des éoliennes peut se faire en plus grand nombre et sur tous types de sites. Printemps 2015 16 www.decideursenregion.fr L’OBSERVATOIRE DU LONG TERME a pour objectif d'analyser les questions économiques, sociales et environnementales de long terme afin de leur donner davantage de visibilité dans le débat public. Il donne la parole à des contributeurs variés. * Le 5 février dernier, l’Observatoire du long terme et le R20 ont remis au secrétaire général de l’Onu un rapport mondial sur “L'innovation verte abordable”. Comme dans la voile, on peut créer de la performance tout en répondant aux attentes du plus grand nombre. Le nautisme : un modèle pour l’innovation En mariant performance technologique et souci du grand public, l’industrie nautique est un exemple pour les autres secteurs de l’économie française estime Jean-Louis Fréchin, Directeur de NoDesign. DÉCIDEURS EN RÉGION : La compétition sportive est source d’innovation entend-on souvent dire. Partagez-vous cette affirmation ? Jean-Louis Fréchin : La compétition, telle qu’on la pratique, par exemple dans la Formule 1, c’est la recherche de performances, de l’excellence. Mais cela n’est pas ce que l’on peut appeler de l’innovation. On peut en effet définir cette dernière comme des améliorations, des nouveautés, qui rencontrent le marché, le grand public. La Formule 1 n’a pas impacté la voiture de monsieur Tout-le-monde. C’est même l’inverse qui est vrai. L’amélioration de la sécurité dans le monde de la compétition automobile est venue des ingénieurs qui travaillaient sur des modèles de série. Jean-Louis Fréchin a fondé et dirige NoDesign, société qui développe une approche du design intégrant la création, l’innovation et la réflexion stratégique. Jean-Louis Fréchin est aussi un grand connaisseur et amateur de voile. des bateaux de série qui peuvent être achetés par des amateurs. Cette classe de bateau marie recherche, performances et innovation puisqu’on met dans les mains du grand public un produit qui peut potentiellement gagner en course. Ce qui est intéressant, c’est que cela peut servir de modèle pour l’ensemble des industries françaises. On combine en effet de l’excellence avec des problématiques d’usage et de marché qui permet de créer de la valeur économique. Po u ve z- vo u s m e d o n n e r u n exemple de cette combinaison ? Prenons le cas du chantier naval Structures, basé à Combrit Sainte-Marine, dans le Finistère. Son créateur, Christian Bouroullec, a gagné, il y a dix ans, en compétition sur un bateau de sa production. À partir des succès de ce N’y a-t-il pas des exceptions à cette séparation entre la recherche de performance et la rencontre avec le grand public ? On peut en trouver, notamment dans le monde de la voile. C’est le cas des « Classe Mini ». Il s’agit de bateaux de course transatlantique de 6,50 mètres de long qui vont très vite. On y trouve des prototypes et dernier, il a créé un chantier naval qui, aujourd’hui, est en croissance, vend dans le monde entier et provoque l’admiration des gens sur les pontons. Il a su créer une entreprise qui a pris une niche de marché. « L’Ofcet 6.50 » de Prépa Nautic, projet mené par Ian Lipinski, prolonge cette démarche d’innovation. Il s’agit de bateaux confortables, extrêmement performants, à partir d’une culture de produit issu de la compétition. Voilà un modèle de développement de produit, de performance et d’innovation qui peut s’appliquer à d’autres domaines. Auxquels pensez-vous ? Par exemple au numérique. En France, nous sommes très forts dans le domaine de la recherche et de la technologie. Mais il nous est plus difficile de créer des produits grand public. L’exemple de la voile peut nous aider à comprendre comment on peut créer à la fois de la performance tout en adressant du désir et des usages touchant le plus grand nombre. « Futur en Seine » Jean-Louis Fréchin est le commissaire de « Futur en Seine », le festival mondial qui présente les dernières innovations numériques aux professionnels ainsi qu’au grand public. Printemps 2015 17 www.decideursenregion.fr CAISSE D’EPARGNE LANGUEDOC-ROUSSILLON… SOLUTION Crédit documentaire : sécurisez vos transactions à l’international VOS BESOINS Vous avez une activité de commerce international et vous souhaitez effectuer vos transactions en toute sécurité ? Le crédit documentaire, proposé par votre Caisse d’Epargne, garantit le paiement et sécurise vos opérations internationales à travers le monde. NOTRE SOLUTION Le service Le crédit documentaire, aussi appelé « crédoc », permet d’encadrer la prestation pour obtenir la bonne exécution du contrat. Grâce à sa mise en place, l’exportateur, qui expédie sa marchandise, est assuré d’être payé, à condition d’avoir respecté les obligations documentaires. L’importateur, lui, est assuré de la bonne expédition des biens avant le paiement par sa banque. L’efficacité du crédoc repose sur le rôle des banques qui apportent une réponse aux préoccupations des partenaires commerciaux et jouent un rôle « d’arbitre ». Comment ça marche ? L’acheteur doit demander à sa banque, dite « émettrice », d’ouvrir le crédit documentaire auprès de la banque du vendeur. Cette dernière, dite « notificatrice », informe le vendeur qui peut alors expédier les marchandises et remettre les documents à la banque notificatrice. Elle réceptionne les documents d’expédition et les adresse à la banque émettrice, qui vérifie qu’ils sont conformes aux instructions de son client acheteur, et honore en contrepartie l’engagement de payer. Les plus … Une transaction dont le déroulement est sécurisé, ce qui rassure à la fois le vendeur et l’acheteur. Une couverture contre les risques de défaillance des partenaires commerciaux.. Un instrument de paiement universel dont les échanges électroniques sont authentifiés par SWIFT (messagerie interbancaire internationale). Gigatrade : un outil Internet au service des clients, pour suivre et gérer le crédoc en ligne et en toute autonomie. “Le crédoc est un moyen de paiement irrévocable mais conditionné par la conformité des documents.” Les bénéfices Si vous êtes l’importateur, c’est la banque qui s’occupe d’examiner les documents de l’exportateur selon vos instructions. À charge pour vous de refuser les documents ou de renégocier le contrat commercial si les conditions n’ont pas été respectées. Du point de vue de l’exportateur, vous recevez l’engagement ferme de la banque du client de vous payer dans les délais convenus, même en cas de défaillance du partenaire commercial. Vous pouvez être également couvert par l’engagement d’une banque confirmatrice en cas de défaillance de la banque émettrice. Jean-Marc Perez, Responsable Développement Offre internationale, BPCE - réseau Caisse d’Epargne VOTRE CONTACT RÉGIONAL : Nathalie Gil-Mifsud Tél. : 04 67 91 83 57 E-mail : [email protected] Printemps 2015 18 www.decideursenregion.fr « Un contrat commercial bien établi facilite le montage du crédit documentaire. Pour éviter que les marchandises stationnent, l’acheteur doit tenir compte, dans ses instructions d’ouverture du crédoc, des délais d’expédition et de présentation des documents. Il doit penser également à se couvrir sur la qualité des marchandises car le crédoc n’engage pas la banque si la marchandise n’est pas conforme à la commande. Quant au vendeur, s’il ne veut courir aucun risque, il doit demander la confirmation du crédit. L’acheteur comme le vendeur doivent également se couvrir contre le risque de change pour garantir leur marges commerciales. » CAISSE D’EPARGNE LANGUEDOC-ROUSSILLON… À VOS CÔTÉS À Rivesaltes, Libaglyr regroupe les professionnels de santé libéraux © D.R L’équipe de coordination de Libaglyr : Ousmane Ndiaye, Chargé de mission ; JeanBaptiste Thibert, Coordinateur et Secrétaire de l’association ; Sylvie Fo Siong, Secrétaire administrative et Martine Segarra, Présidente de l’association. Dans les Pyrénées-Orientales, l’association Libaglyr regroupe les professionnels libéraux de santé. Elle permet les échanges, mais veut aussi entrer dans l’opérationnel. Explications de Jean-Baptiste Thibert, médecin. DÉCIDEURS EN RÉGION : Pourquoi et quand est née l’association Libaglyr ? Jean-Baptiste Thibert : L’association est née en avril 2014, mais les premiers besoins ont été exprimés durant l’été 2013 au centre départemental des professionnels de santé (CDPS), qui regroupe l’ensemble des professionnels à l’échelle du département : médecins généralistes et spécialistes, pharmaciens, dentistes, biologistes, sages-femmes, infirmiers, kinésithérapeuthes, orthophonistes, podologues, etc. Notre constat commun est que la santé a beaucoup profité de la science depuis 40 ans. Aujourd’hui, notre volonté est de remettre les sciences humaines au cœur des préoccupations médicales. Nous ressentons le besoin d’agir ensemble par des actions concrètes pour répondre à des préoccupations communes. Quelles actions mène Libaglyr ? Nous n’en sommes qu’au démarrage ! Mais d’ores et déjà, on a choisi de parler des parcours de vie, car nous constatons de nombreuses ruptures, que ce soit dans le domaine des soins, dans celui de l’accès aux droits ou dans le champ des aides. C’est un premier dossier. D’autres vont suivre, mais toujours dans un cadre de « recherche-action ». L’association souhaite ainsi travailler sur les personnes âgées en situation de dépendance à domicile, sur la vaccination et sur la santé mentale des enfants. Libaglyr souhaite contribuer à la réflexion, tout en s’ouvrant aux autres professionnels du secteur : les travailleurs sociaux, les hôpitaux, l’institut régional du travail social (IRTS), l’université de Perpignan. C’est comme cela que l’on peut faire avancer les choses. Quel est l’impact du CDPS ? Le centre départemental des professionnels de santé est un lieu de rencontres et de débats, mais il n’est pas fait pour entrer dans l’opérationnel. C’est, en revanche, lui qui nous a incités à créer cette association. Le plus simple était de travailler sur un territoire, et un territoire relativement modeste. Nous avions des membres volontaires sur l’Agly-Rivesaltais. Nous avons donc créé une association sur ce territoire : neuf communes dont Rivesaltes, qui regroupe 140 professionnels de santé libéraux. Quel rôle a joué la Caisse d’Epargne dans la création de l’association ? Fondamental ! Notre projet en phase avec les orientations de la banque a tout de suite reçu l’adhésion et le soutien de La Directrice du Groupe Roussillon ainsi que du Centre d’affaires de Perpignan. La Caisse d’Epargne a ainsi été notre partenaire sur notre première manifestation d’envergure, une rencontre sur la santé et le bien-être en octobre 2014. Elle s’est investie efficacement à nos côtés notamment pour communiquer massivement auprès des professionnels de santé et de leurs partenaires. Décideurs en Région est publié par BPCE - Société anonyme à Directoire et Conseil de surveillance au capital de 155 742 320 euros. Siège social : 50 avenue Pierre Mendès-France - 75201 Paris cedex 13. RCS Paris n° 493455042, BPCE intermédiaire d'assurance inscrit à l'ORIAS sous le n° 08045 100. Vous pouvez exercer vos droits d’accès, de rectification et d’opposition au traitement pour motifs légitimes en vous adressant par écrit à Caisse d’Epargne Languedoc-Roussillon – Siege social – 254 rue Michel Teule 34184 Montpellier Cedex. Directeur de la publication : François Pérol. Directeur des publications Caisse d’Epargne : Cédric Mignon. Directeur de la rédaction : Thierry Martinez. Directeur adjoint de la rédaction : Christelle Body. Rédactrice en chef : Christel Chaton. Comité de rédaction BPCE : Ludovic Aublin, Laëtitia Droniou, Anne Latty, Frédéric Piat, Nathalie Portenguen-Leduc, Marie-Agnès Ripot. Comité de rédaction CELR : Nathalie Gil-Mifsud, Stéphanie Jover-Mottier, Michel Auzanneau. Conception-réalisation : Verbe. Impression : Editions de l’Epargne. EDEP 03.2015.18777 ISSN : 2114-2890 Printemps 2015 19 www.decideursenregion.fr 348