Allocution du Maire à l`occasion du centenaire de l`existence de la
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Allocution du Maire à l`occasion du centenaire de l`existence de la
ALLOCUTION DU MAIRE ROGER RINCHET A L’OCCASION DE LA CEREMONIE DU CENTENAIRE DE LA SOCIETE MUSICALE (DIMANCHE 29 JUIN 1975) Monsieur le Député, Messieurs les Présidents, Mes chers collègues, Mes chers amis musiciens, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs. Nous venons de faire une fois de plus ce trajet traditionnel, musique en tête, à travers la vieille citadelle depuis les remparts Est jusqu’aux remparts Ouest là où, la société musicale, depuis cent années, donne, pendant la belle saison, des concerts pour le plus grand plaisir des Montmélianais et des visiteurs. Aujourd’hui autour de nos musiciens nous avons le plaisir d’accueillir dans notre ville plusieurs sociétés musicales savoyardes de grand renom : L’Harmonie d’Albertville, La Société Musicale de La Rochette, Les Trompettes de Barberaz et Le Rallye Cor de Montmélian. Vous êtes tous et toutes ici pour animer cette journée de liesse en l’honneur d’une Société Montmélianaise qui fête ses cent premières année d’existence. En effet, c’est au début de l’été 18751 que le Conseil Municipal, après avoir reçu en don du Comte Pillet Will, bienfaiteur de la Ville, des instruments de musique, décide de créer une société de musique. On prépare activement et méthodiquement le création officielle de cette Société et le 15 décembre de la même année sont déposés à la Préfecture de la Savoie les statuts dont l’article 1er stipule « Il est formé à Montmélian une Société de Musique comprenant une fanfare et un Orphéon sous le titre de Société Musicale de Montmélian avec la devise : « Harmonie, Union, Patrie ». Neuf jours plus tard le Maire de Montmélian reçoit de la Préfecture l’arrêté suivant : « Le Préfet de la Savoie, Chevalier de la Légion d’Honneur et de l’Ordre de St Grégoire Le Grand, Grand Croix de Saint Stanislas de Russie, Commandeur de l’Ordre des Saints Maurice et Lazare, Vu la demande d’autorisation faite par la Société Musicale de Montmélian ; Vu les statuts de cette société ; Vu l’avis favorable du Maire ; Vu les articles 1, 2 et 3 de la Loi du 10 avril 1834 et l’article 2 du décret du 25 Mars 1852 sur les Associations ; 1 NDLR : des recherches ultérieures conduites par Louis BAIMA ont montré que le premier corps de musique a été fondé en 1846 à l’initiative du Comte Pillet Will, 1975 étant la date à laquelle les statuts ont été officiellement enregistrés à la Préfecture de Chambéry. ARRETE : Article 1er. La Société musicale de Montmélian, qui s’est formée dans la Ville de ce nom est autorisée à la condition qu’elle ne s’écartera pas de ses statuts. Article 2d. Expédition du présent arrêté sera transmise à Monsieur le Maire de Montmélian, chargé d’en assurer l’exécution. Chambéry le 24 décembre 1875 Le Préfet, Signé : De Fournes C’est bien sûr dans le registre officiel de votre société, que vous avez bien gentiment accepté de me prêter Monsieur le Président, que j’ai trouvé tous ces renseignements. Ce registre est une chronique de cent ans de vie Montmélianaise. Nous y trouvons, comme c’est le cas dans la vie de chacun, des périodes fastes, des périodes sombres, mais toujours des anecdotes touchant de près à la vie de la Ville car votre société a toujours été liée intimement à l’activité de la cité ; elle a ponctué, par ses interventions, les grands moments de l’histoire dans notre Ville et de notre Pays. Je note par exemple que l’on réunit deux commissions administratives extraordinaires en 1906 (un an après la loi de séparation entre les églises et l’Etat) pour savoir s’il est conforme que la société donne un concert à l’intérieur de l’église le jour de la Sainte Cécile ; puis c’est un grand silence entre les années 1913 et 1919 ; puis cinq feuilles laissées blanches entre 1939 et 1945. On note certains rapports tendus entre la Municipalité et la Société, certaine grogne des musiciens vis-à-vis de Chefs de Musique ! On pourrait également noter, et je le fais bien volontiers de tête car j’ai vécu ce moment, la réunification de la musique en 1974. J’ai plaisir à renouveler à tous les artisans de cette paix retrouvée mes remerciements et mon estime. La musique ne pouvait pas être une source de discorde ; cela eut été contraire à la nature. Mais, sur les pages jaunies de votre livre de marche, on note surtout avec beaucoup de satisfaction le travail considérable effectué par des hommes dont certains ont disparu depuis longtemps mais dont beaucoup sont parmi nous aujourd’hui et je voudrais au nom du Comité de la Société musicale, au nom du Conseil Municipal, de la population Montmélianaise et en mon nom personnel, les remercier tous pour tout ce qu’ils ont fait pour la Société Musicale de Montmélian mais aussi pour le bon renom de la Ville de Montmélian et pour le développement de la défense de la musique. La Société musicale est un ensemble d’hommes et de femmes de bonne volonté dont le seul but est la pratique mais aussi le développement de la musique, c’est pour cela que je réunirai dans mes remerciements les dirigeants, les instrumentistes mais aussi les éducateurs. Certains d’entre eux particulièrement méritants ont été récompensés ce matin par Monsieur le Président ADAM. Qu’il me soit permis, Messieurs, de vous féliciter tous très chaleureusement et de vous assurer de toute la reconnaissance de la Ville. Nous venons d’honorer une Société, des hommes, et nous honorons du même coup, un art majeur, supérieur et naturel à la fois. La musique fait partie intégrante de notre vie ; elle est associée à nos joies et à nos peines, elle rythme notre existence et elle sait parler à l’âme, c’est un moyen d’expression sublime. J’ai encore présent en mémoire ce témoignage d’un grand reporter qui avait vu pleurer d’émotion des peuplades d’une île isolée de l’extrême sud de l’Amérique du Sud à l’audition d’une bande magnétique diffusant une symphonie de Mozart. Je regrette que l’enseignement de la musique soit dans notre Pays aussi sous-développé. La musique, à mon sens, représente toutes les disciplines traditionnelles d’enseignement rassemblées. Le solfège c’est l’esprit logique des mathématiques, l’histoire de la musique c’est l’histoire des civilisations, la création musicale c’est l’esprit de finesse de la littérature et l’interprétation c’est toute la nuance de la peinture, mais aussi le contrôle parfait de son corps et de son esprit. La musique est, enfin, la vraie langue universelle. Mesdames, Messieurs, je vous fais confiance pour que par votre exemple, votre rayonnement et votre action, vous fassiez en sorte que toute une jeunesse ne soit pas privée des joies les plus nobles et les plus simples : la connaissance et l’amour de la musique.