Les codes de qualité énergétique des bâtiments
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Les codes de qualité énergétique des bâtiments
IEPF-FichePrismeT3-F3.qxp 27/04/06 08:57 Page 1 Les codes de qualité énergétique des bâtiments Problématique Le secteur du bâtiment, qui représente environ 30% de l’énergie consommée dans le monde, constitue une cible privilégiée pour l’amélioration de l’efficacité énergétique. Thématique: La planification énergétique sectorielle F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E nº 3 D’autres fiches techniques de PRISME présentent l’impact de certains instruments (étiquetage, normes) sur le développement du marché de l’efficacité énergétique dans les pays industrialisés et dans les pays en développement.La présente fiche se consacre plutôt aux codes d’efficacité énergétique, outils réglementaires visant à optimiser l’usage final d’énergie dans les bâtiments. D’un point de vue historique, les pays industrialisés ont amorcé à compter des années 1970 le développement d’une réglementation thermique destinée à améliorer l’usage de l’énergie dans le bâtiment. Une telle démarche est tout aussi importante dans les pays du Sud dont les besoins de développement nécessitent une augmentation continue des dépenses d’énergie. Il ne s’agit pas de tenter de limiter la satisfaction des besoins mais d’assurer celle-ci par une utilisation rationnelle des ressources disponibles, garantissant aussi la viabilité financière (limiter les investissements et les importations de combustibles fossiles) et environnementale (limiter la pollution) des politiques énergétiques des pays. Principes de base Aujourd’hui, les codes d’efficacité énergétique visent surtout à apporter des réponses à une triple problématique: l’absence de considérations énergétiques dans la conception et la gestion des bâtiments dans les pays en développement; l’engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur de la construction; et la maîtrise des dépenses énergétiques suite à la flambée, observée depuis quelques mois, des cours du gaz et du pétrole. Les enjeux environnementaux La justification d’un effort supplémentaire de maîtrise de l’énergie relève de plus en plus de considérations environnementales, telles que la lutte contre les changements climatiques. Les domaines où les réductions de GES sont les plus significatives sont les transports, l’industrie, l’agriculture et la construction. L’adoption et/ou le renforcement de la réglementation thermique dans le secteur de la construction figurent actuellement au rang des priorités de la communauté internationale. Qu’est-ce qu’un code d’énergie ? C'est une directive légale qui établit des seuils minima d'efficacité énergétique pour les nouvelles constructions et/ou pour les modifications. Le code s’occupe généralement de l’enveloppe de bâtiments qui sont chauffés ou climatisés, ainsi que des systèmes d’éclairage, de chauffage/refroidissement d’air, de l’eau chaude sanitaire et de la gestion de l’énergie. Les performances minimales de conception thermique visent la conservation de l'énergie, mais également le confort, la durabilité et la sécurité d'un bâtiment d’habitation ou commercial. L’expression « Code d’énergie du bâtiment » est généralement utilisée dans le monde anglo-saxon, notamment en Amérique du Nord et elle tend à s’imposer de plus en plus dans plusieurs parties du monde. En France et dans beaucoup de pays francophones utilisant des règles de construction inspirées de la réglementation française, on entend parler plus souvent de «Réglementation thermique». Au Canada comme aux États-unis, les codes d’énergie font partie d’un ensemble de Codes de la Construction qui regroupent toute la réglementation concernant le bâtiment. Par exemple,pour le Canada:Code national du bâtiment – 2005; Code national de prévention des incendies – 2005; Code national de la plomberie – 2005; Code national de constructions des bâtiments agricoles – 1995; Code national de construction de maisons et Guide illustré – 1998; Code modèle national de l’énergie pour les habitations – 1997. Le Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments (CMNéB) vise à aider les maîtres d’ouvrage ou leurs représentants (les maîtres d’œuvre), à concevoir des bâtiments éconergétiques, en tenant compte des frais régionaux de construction, des coûts et des types de combustibles ainsi que des écarts climatiques régionaux. Source : www.codesnationaux.ca/ En effet, aujourd’hui, le bâtiment représente environ 45% de l’énergie consommée en France (toutes sources confondues: gaz, fioul, électricité) contre 30% en moyenne dans le monde. En Côte-d’Ivoire, elle est de 42% environ. Par ailleurs, l’accès à un logement décent, sous l’effet de l’urbanisation rapide, suscitera des pressions sur les infrastructures IEPF-FichePrismeT3-F3.qxp 27/04/06 08:57 Page 2 Les codes de qualité énergétique des bâtiments et les services requis par les citoyens, des changements dans les modes de consommations d’énergie ainsi que des attentes nouvelles de confort. Les pays en développement seront les premiers touchés par ces problèmes étant donné leur démographie urbaine. C’est dans ce contexte que s’inscrivent les décisions nationales sur le développement de la réglementation thermique dans le secteur de la construction. À plus long terme, la problématique énergie/environnement devrait conduire à entamer une transition vers une utilisation optimale de l’énergie dans l’exploitation des bâtiments en ayant recours aux technologies et aux pratiques les plus appropriées. Les enjeux économiques et sociaux L’adoption des codes d’efficacité énergétique s’avère une priorité économique et sociale au regard de la croissance de la demande énergétique et de la fluctuation des cours du pétrole et du gaz sur le marché international. Thématique: La planification énergétique sectorielle F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E nº 3 Par ailleurs, face aux difficultés rencontrées par un nombre important de ménages pour accéder à un logement décent correspondant à leurs capacités financières, certains gouvernements restent particulièrement attentifs à la maîtrise des coûts d’investissement et des charges d’exploitation dans le secteur du logement. 2 Selon les études menées dans certains pays industrialisés, notamment en France, le surcoût d’amélioration des performances thermiques des bâtiments neufs est évalué à environ 1% du coût global de la construction, ce qui milite favorablement pour l’intégration des considérations d’efficacité énergétique dans les codes de la construction. Ce surcoût pourra être absorbé grâce aux gains de productivité attendus du secteur. En outre, l’efficacité énergétique peut être utilisée comme un argument écologique et commercial pour les bâtiments administratifs, tertiaires et les logements haut de gamme pour lesquels les acheteurs sont plus sensibles aux aspects éconergétiques. Il est important cependant, quel que soit le pays considéré, que la réglementation sur l’efficacité énergétique soit préparée en concertation avec les opérateurs du secteur, notamment les industriels et les constructeurs. En effet, la mise en œuvre en sera d’autant plus facile que les codes d’efficacité énergétique seront associés à des niveaux de performance anticipant les exigences réglementaires attendues (normes et labels) et acceptés par les professionnels. En conclusion, loin d’être une contrainte, une réglementation thermique concertée avec les professionnels concernés est un puissant moteur de développement et d’innovation. Problèmes observés et solutions techniques Il appartient en général à l’État de définir, en amont, une stratégie énergétique globale et, en aval, d’établir une politique de maîtrise de l’énergie, qui, toutes les deux, permettront l’impli- cation des acteurs-clés, notamment les professionnels de l’industrie de la construction et de distribution des équipements énergétiques. Les codes d’énergie sont généralement conçus pour fixer des exigences minimales pour la conception et la construction et peuvent, de manière significative, contribuer à réduire les coûts d’exploitation des bâtiments. Y sont associés des outils d’évaluation (méthodes de calculs;solutions types) capables, d’une part, de minimiser l’usage de l’énergie dans la construction et l’exploitation du bâtiment et, d’autre part, d’introduire des innovations technologiques susceptibles de tirer le marché de l’efficacité énergétique vers le haut. Quelques exemples Aux États-Unis, la norme d’énergie ASHRAE/IES 90.1 pour les bâtiments (American Society of Heating, Refrigeration and AirConditioning Engineers) a été développée dans les années 1970 en réponse à la première crise énergétique mondiale. Aujourd’hui, elle constitue la base pour l’élaboration des codes de bâtiment et la norme pour la conception et la construction de bâtiments dans l’ensemble des États-Unis. Elle a influé également sur des conceptions de bâtiment dans le monde entier. Le cas de la France est présenté dans l’encadré. Évolution de la réglementation thermique en France En Europe, la France a été pionnière dans le développement d’une réglementation thermique tendant à limiter les déperditions de chaleur dans les logements en hiver. C’est en 1969 que la France introduit pour la première fois une disposition réglementaire en matière de chauffage des bâtiments d’habitation. Le logement doit être conçu et équipé de telle sorte qu’il permette d’obtenir une température minimum de 18°C, les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir étant laissés au libre choix des concepteurs. L’exigence de température intérieure est alors reformulée : la température de 18 °C doit pouvoir être atteinte moyennant une limitation des déperditions thermiques en progrès de 25% par rapport aux pratiques du moment. En 1982, la persistance des tensions sur le marché de l’énergie impose de poursuivre l’effort d’économie. Une meilleure connaissance des phénomènes physiques permet alors de prendre en compte l’apport d’énergie solaire par les fenêtres et de remédier immédiatement à une conséquence imprévue de la réglementation précédente: la réduction de la surface des parois vitrées. En 1989, les pouvoirs publics se fixent un nouvel objectif d’amélioration de 25% des performances thermiques des bâtiments et l’exigence d’économie d’énergie est étendue à la consommation d’eau chaude sanitaire. Des outils de calcul informatisés sont développés à l’usage des bureaux d’études.Des méthodes simplifiées sont mises à la disposition IEPF-FichePrismeT3-F3.qxp 27/04/06 08:57 Page 3 Les codes de qualité énergétique des bâtiments La barrière institutionnelle Le développement d’un code d’efficacité énergétique ou d’une réglementation thermique dans le bâtiment est un long processus qui requiert l’implication de plusieurs opérateurs institutionnels du pays. Une bonne planification administrative et la connaissance du contexte institutionnel local sont les clés essentielles du succès. En effet, la prise en compte des conditions locales est le seul moyen d’assurer le bon déroulement du processus de développement d’un code et de son intégration aux préoccupations nationales. La barrière institutionnelle n’est donc pas à négliger car le processus d’élaboration d’un code, faut-il le rappeler, est un processus complexe et long qui exigera l’implication de multiples acteurs institutionnels aux intérêts souvent divergents. – Mise en place, au sein des administrations compétentes, d’organes institutionnels chargés de développer et de valider des documents à caractère réglementaire et normatif: codes d’efficacité énergétique, codes de confort thermique, guides techniques d’application, normes sur les matériaux et les équipements du bâtiment, etc.; – Mise en place d’un cadre institutionnel, politique et financier qui encourage et/ou éventuellement impose des bâtiments et des équipements économes en énergie dans un contexte de planification intégrée du secteur de l’énergie électrique; – Mise en œuvre de mesures financières et institutionnelles efficaces pour la gestion de la demande d’énergie électrique. La barrière technique Pour mettre en place une réglementation thermique efficace, plusieurs problèmes se dressent sur le chemin du législateur. La barrière technique est l’une des barrières les plus fréquentes dans le développement des codes d’efficacité énergétique, surtout dans les pays en développement où le recours à des codes de construction n’est pas encore la règle. Des pays comme la Côte-d’Ivoire et le Sénégal ont expérimenté cette difficulté, il y a une dizaine d’années, lors du développement de leurs réglementations thermiques dans le bâtiment (voir l’étude de cas). On peut en dire autant de la Tunisie et du Liban qui sont en train, avec le soutien des partenaires au développement, de mettre en place une réglementation thermique dans le secteur des bâtiments. L’objectif est de faire la preuve, grâce à des actions concrètes et à des projets en vraie grandeur, de la faisabilité technique, de l’intérêt environnemental et de la rentabilité économique des mesures réglementaires liées à la conception de bâtiments neufs efficaces sur le plan énergétique. L’évolution des technologies et les changements continus des pratiques professionnelles en matière de construction s’ajoutent souvent aux complications techniques lors du développement des codes d’énergie dans les bâtiments. Source : CSTB -France. www.cstb.fr/ Le développement d’un code d’efficacité énergétique Les solutions envisagées sont les suivantes: nº 3 Les solutions envisagées sont les suivantes: Thématique: La planification énergétique sectorielle F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E des petites et moyennes entreprises pour la construction des maisons individuelles et des petits bâtiments. La nouvelle réglementation thermique proposée en 2000 (RT 2000) capitalise tous les progrès réalisés à ce jour. Elle concerne les constructions neuves des secteurs résidentiel et non-résidentiel (bureaux, hôpitaux, écoles, salles de sport, etc.) Ses exigences sont en progrès de 10 % pour l’habitat et de près de 25 % pour le non résidentiel. Elle porte sur la totalité des consommations d’énergie – de chauffage, de consommation d’eau chaude sanitaire, de climatisation et même d’éclairage dans le secteur non résidentiel. Elle introduit une exigence de confort d’été sous la forme d’une température intérieure maximale. Cette réglementation est adossée à des algorithmes de calcul bien ajustés à la réalité physique des phénomènes qu’ils décrivent. C’est sur ce point que les progrès les plus importants ont été réalisés. La réglementation intègre donc une seule et même méthode de calcul des consommations d’énergie pour tous les bâtiments. Comme les précédentes, la nouvelle réglementation laisse toujours au constructeur le libre choix des moyens à mettre en œuvre pour atteindre la performance de consommation énergétique globale imposée.Toutefois, la RT 2000 oriente clairement l’attention des constructeurs vers les parties de bâtiments où des progrès restent encore à accomplir: vitrages et fenêtres performants, ponts thermiques (représentent actuellement de 20 à 30% des déperditions thermiques des bâtiments collectifs isolés par l’intérieur), équipements de chauffage à rendement élevé. Il fixe enfin des seuils de performance minimale pour tous les ouvrages et équipements (garde-fous) de manière à écarter les produits jugés trop peu performants et assurer de la sorte aux procédés et produits innovants des conditions de concurrence saines et stimulantes. Au total pour la France, ces renforcements successifs auront conduit à une réduction de près de 60 % des consommations d’énergie primaire des logements neufs par rapport aux logements construits avant 1974. 3 IEPF-FichePrismeT3-F3.qxp 27/04/06 08:57 Page 4 Les codes de qualité énergétique des bâtiments – Formation des opérateurs techniques (architectes, ingénieurs, agents de bureaux d’études, contrôleurs, exploitants, maîtres d’ouvrages) aux techniques de conception, de construction, de réhabilitation, d’exploitation et de maintenance de bâtiments économes en énergie; – Création et/ou amélioration des capacités d’essai, de caractérisation, d’évaluation et de certification des matériaux et des équipements du bâtiment (éclairage, moteurs, chauffage, ventilation, climatisation, eau chaude sanitaire, régulation, etc.); nº 3 Thématique: La planification énergétique sectorielle F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E – – Développement des capacités d’analyse énergétique et environnementale, incluant la gestion de la demande d’énergie, le développement des politiques énergétiques, l’expertise en tarification de l’énergie, l’analyse de leurs implications environnementales, y compris les coûts et bénéfices environnementaux de l’efficacité énergétique et des programmes de gestion de la demande; – – Mise en place des capacités requises au sein des administrations compétentes en matière de permis de construire et au sein des sociétés de contrôle pour instruire et évaluer toutes mesures proposées dans la réglementation thermique pour promouvoir l’efficacité énergétique, tant pour les bâtiments neufs que pour la rénovation des bâtiments anciens. Il est important de noter que les méthodologies, les outils, et l’information d’un code existant peuvent servir de base au développement d’un code national. Cela peut être particulièrement utile à des pays ayant des racines culturelles communes, des traditions techniques similaires et/ou des conditions climatiques comparables. La barrière méthodologique 4 – de chaque disposition de la réglementation avec les économies générées à moyen et long termes; Développer ou adopter des outils de simulations informatiques afin de faciliter les études paramétriques visant à établir l’efficacité et la pertinence de chaque mesure (il arrive souvent qu’il soit nécessaire de calculer les économies de différentes mesures pour pouvoir choisir les niveaux d’exigences réglementaires à fixer); Définir l’ancrage du code par rapport au cadre juridique existant; Écrire une version préliminaire du code et procéder à une révision publique; Écrire la version finale du code et en concevoir le plan d’implantation; Établir un plan de formation et d’information sur le code tout en prévoyant les règles de mise à jour dans le temps. L’enjeu principal dans la mise en place d’un code n’est pas seulement d’avoir des capacités techniques sur place dans le pays ou la région. Encore faut-il adopter une méthodologie cohérente susceptible de conduire rapidement aux résultats attendus par les pouvoirs publics. La barrière méthodologique apparaît comme le binôme de la précédente. C’est pourquoi, il convient d’y prêter la plus grande attention. La revue des expériences récentes en matière de développement d’une réglementation thermique montre que souvent, les codes d’énergie sont développés à partir d’un code existant. C’est le cas aux États-Unis, au Canada, en Malaisie, au Sri Lanka, en Jamaïque et en Côte-d’Ivoire. Beaucoup de ces codes s’inspirent du code modèle ASHRAE 90.1 Les solutions envisagées sont les suivantes: – Établir la ligne de base des pratiques actuelles de construction dans le pays; – Définir la structure de base (plan type) du code et sélectionner les exigences minimales et les paramètres à inclure dans le code; – Réaliser une étude du climat du pays et établir des zones climatiques cohérentes pour les associer aux exigences du code (par exemple à partir de degrés/jour de chauffage et de climatisation); – Réaliser les enquêtes de marché et les études technicoéconomiques qui permettraient de comparer le surcoût – – La barrière financière Mettre en place un code d’énergie suppose des moyens énormes que la plupart des pays, notamment ceux en développement, ne peuvent mobiliser. C’est la raison pour laquelle certains projets de réglementation thermique ont rencontré des difficultés au moment d’être implantés concrètement sur le terrain. Même lorsque l’organisation institutionnelle existe, il est donc important de penser à mettre en place des mesures d’incitations financières pour aider à l’implantation des dispositions réglementaires par les acteurs du marché: maîtres d’ouvrages publics et privés ; professionnels de la construction ; équipementiers, etc. Les solutions envisagées sont les suivantes: – Instauration des budgets nationaux récurrents suffisants pour le développement des codes d’énergie et leurs mises à jour; – Octroi par le gouvernement de mesures d’incitations économiques (réduction de taxes et déductions fiscales, subventions vertes, etc.) permettant aux maîtres d’ouvrage publics et privés, de s’associer à l’effort de promotion des mesures d’efficacité énergétique par le respect volontaire des dispositions réglementaires en vigueur; – Pour les pays en développement, recours aux fonds dédiés à la protection de l’environnement (Fonds pour l’environnement mondial et Mécanisme pour un développement propre) pour financer certaines activités reliées au développement de la réglementation thermique (codes, normes minimales de performance sur les équipements, étiquetage, etc.) IEPF-FichePrismeT3-F3.qxp 27/04/06 08:57 Page 5 Les codes de qualité énergétique des bâtiments Les solutions envisagées pour vaincre cette barrière incluent nécessairement les aspects suivants: – La mise en place d’un plan de consultation du public lors du développement du code; – L’édition et la diffusion à l’ensemble des opérateurs du secteur, des documents à caractère législatif, réglementaire et normatif; – L’adoption d’un programme de sensibilisation grand public sur l’efficacité énergétique avec une composante orientée vers les professionnels du secteur de la construction, de l’équipement technique et de la gestion des bâtiments. Résultats attendus et stratégies de mise en œuvre Le développement d’un code d’efficacité énergétique – qui regroupe généralement la réglementation thermique, les standards et labels sur les équipements dans les bâtiments – et son application, sont du ressort de la puissance publique. C’est pourquoi, il revient souvent à une Agence publique (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment en France, Agence Nationale pour la Maîtrise de l’Énergie en Tunisie, Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’énergie en Algérie), le soin de coordonner son élaboration et de proposer les outils les mieux adaptés, d’en discuter le contenu avec tous les partenaires et de favoriser, in fine, les conditions de son application par les maîtres d’ouvrages et leurs représentants techniques, les maîtres d’œuvre. Résultats attendus Lorsqu’un pays initie un code, il vise avant tout un certain nombre de résultats à court et à moyen terme.Aujourd’hui plus que jamais, les codes d’efficacité énergétique visent à promouvoir l’innovation et à soutenir les programmes gouvernementaux de maîtrise des dépenses énergétiques.Ainsi donc, pour beaucoup de pays, les codes d’énergie permettront de faire face à la hausse du prix du pétrole et du gaz tout en respectant les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en intégrant les considérations de maîtrise de l’énergie dans la conception et la gestion des bâtiments futurs. Les retombées des codes d’efficacité énergétique sont importantes. Impact sur l’innovation technique Le développement de produits innovants a amené à des solutions de plus en plus adaptées pour résoudre les problèmes posés par des exigences de plus en plus élevées en matière Par exemple, en France, pour faciliter le développement de l’innovation, trois dispositifs ont été mis en place au fil du temps: – Une structure réglementaire fixant un objectif précis mais laissant une certaine liberté aux maîtres d’ouvrage pour déterminer les moyens à mettre en œuvre pour atteindre cet objectif. Ceci permet de sélectionner pour chaque projet, les solutions les plus pertinentes sur le plan technicoéconomique; – Des labels de qualité (labels haute performance énergétique) allant plus loin que la réglementation et permettant aux industriels de mettre au point des produits performants et aux entreprises et maîtres d’ouvrages, d’apprendre à les utiliser; – Une politique visant à favoriser systématiquement les produits dont les caractéristiques permettent leur certification. On se réfère ici aux équipements et produits qui bénéficient, grâce à leur performance vis-à-vis des exigences de la Réglementation, du label Haute Performance Énergétique. Impact sur la réduction de l’intensité énergétique du secteur de la construction L’indicateur le plus généralement utilisé pour mesurer la capacité d’un pays ou d’un secteur d’activité à utiliser rationnellement l’énergie est l’intensité énergétique. L’intensité énergétique caractérise donc la capacité de toute économie à limiter sa consommation d’énergie par unité de valeur ajoutée. La courbe ci-dessous présente l’évolution de l’intensité énergétique des différents secteurs économiques de la France sur la période 1973 à 2001. La diminution de l’intensité énergétique du secteur résidentiel/tertiaire illustre, entre autres, les retombées potentielles des mesures réglementaires mises en œuvre. 110 100 90 80 70 60 Transport Résidentiel-tertiaire 50 Agriculture 40 Autre industrie Sidérurgie 30 20 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 Source: Observatoire de l’Économie, de l’Énergie et des matières Premières.Tirée de: L’évolution de la demande énergétique en France dans les secteurs industriels, résidentiels, et des transports (Observatoire de l’Économie, de l’Énergie et des matières Premières, DGEMP-DIDEME, janvier 2003) nº 3 Dans certains pays, la mise en place d’une réglementation thermique se heurte aussi au manque d’informations pertinentes et à l’absence d’un cadre de communication/information/sensibilisation qui puisse assurer une meilleure adhésion des différents acteurs concernés: administrations publiques, institutions de recherche, universitaires, compagnies d’électricité, industriels, associations professionnelles, etc. d’utilisation rationnelle de l’énergie dans le bâtiment. Les innovations techniques ont concerné aussi bien les composants de l’enveloppe des bâtiments que les équipements et les sources d’énergie utilisée. Thématique: La planification énergétique sectorielle F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E Barrière informationnelle 5 IEPF-FichePrismeT3-F3.qxp 27/04/06 08:57 Page 6 Les codes de qualité énergétique des bâtiments t Ainsi, l’amélioration de l’efficacité énergétique enregistrée dans les bâtiments résidentiels et tertiaires grâce à l’adoption d’une réglementation thermique appropriée devrait aider à réduire l’intensité énergétique dans les pays concernés, ce qui laisse entrevoir l’impact positif des codes sur les consommations du secteur de la construction. L’étude de cas illustre les retombées potentielles dans un pays en développement, la Côte-d’Ivoire. Lorsque les réglementations imposent des rendements minimaux pour les appareils électriques (par le biais des normes minimales de performance), cela peut avoir un effet d’entraînement positif sur l’adoption de produits plus performants, toutes choses qui contribuent à tirer le marché vers le haut en éliminant les produits les moins performants. Stratégie de mise en œuvre Thématique: La planification énergétique sectorielle F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E nº 3 Les moyens et méthodes d’établissement d’un code d’énergie se répartissent en plusieurs éléments. 6 D’abord, il est essentiel de bien visualiser les différentes étapes : (i) constituer une équipe d’experts crédibles autour d’une institution publique ou parapublique; (ii) définir les budgets et les moyens d’action ; (iii) mettre en place une commission nationale chargée de valider le code; (iv) élaborer un projet de code à soumettre aux parties prenantes; (v) lancer la procédure d’enquête publique pour recueillir les avis ; (vi) faire adopter le code (à travers loi, décrets, arrêtés, règles de calcul, etc.) ; (vii) réviser le code périodiquement (par exemple tous les 5 ans) ; (viii) former les utilisateurs à l’emploi du code ; (ix) mettre en place des mesures d’incitations économiques pour aider à l’application du code ; (x) évaluer l’impact technico-économique du code. La définition des moyens d’actions ainsi que les instruments de coordination qui permettront d’associer le maximum d’acteurs-clés sont des étapes importantes du processus. Une fois ces étapes franchies, plusieurs solutions méthodologiques pour atteindre l’objectif peuvent s’offrir aux décideurs. C’est alors que l’on peut faire intervenir les évaluations technico-économiques et les études de sensibilité ou d’impact pour mieux cibler les objectifs à fixer au code. Sur le plan technique, il convient de préciser que l’élaboration du code est un processus participatif qui doit être coordonné par un organisme compétent, qui s’attachera les services d’experts compétents dans différents domaines: zonage climatique (météorologues et climatologues) ; enveloppe du bâtiment (architecte et ingénieur) ; éclairage (ingénieur) ; équipements électriques (ingénieurs de spécialité); gestion de l’énergie (ingénieur); études économiques et de marché (spécialistes), etc. Enfin, le domaine d’application du code doit être rapidement déterminé. Comme le processus est long et difficile, il faut s’attaquer à un domaine pour lequel les données de référence existent. Par exemple, on peut commencer par le logement si le parc de constructions à venir le justifie. Dans les pays où le taux de construction du tertiaire l’emporte, il faut peut-être privilégier les bâtiments du tertiaire. Dans les pays en développement, le processus dans son ensemble peut prendre plus d’une dizaine d’années avant que les professionnels et les autres usagers n’adoptent les dispositions du code. Dans la première phase, on visera un code volontaire mais par la suite, on prendra des mesures plus contraignantes pour rendre l’application de ses dispositions obligatoire. Conclusion Le secteur de la construction représente environ 45 % de l’énergie primaire consommée en France et 30 % de la consommation d’énergie commerciale sur le plan mondial. Sachant qu’un bâtiment consomme 240 kWh/m2/an en moyenne aujourd’hui, les efforts entrepris grâce à l’adoption de réglementations thermiques plus ou moins contraignantes dans plusieurs pays aidera à diminuer de manière draconienne, ce niveau de consommation d’ici une trentaine d’années, ce qui représente un enjeu économique, environnemental et technologique important pour la communauté internationale. À court terme, la solution pour l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment passe par une adoption universelle des codes d’efficacité énergétique pour toutes les constructions neuves (la réglementation s’applique surtout pour le neuf), ce qui contribuera aussi à rendre crédibles les engagements internationaux pris dans le cadre de la lutte contre le réchauffement de la planète. Grâce à un travail approprié sur les performances de l’enveloppe et sur les équipements techniques utilisés dans l’exploitation des bâtiments ainsi que le recours aux énergies renouvelables (solaire, géothermie, éolienne, etc.), non seulement les bâtiments ne consommeront plus autant d’énergie dans un futur proche, mais qui plus est, certaines constructions seront en mesure d’en fournir au réseau. La poursuite du développement de réglementations thermiques destinées à l’amélioration énergétique des bâtiments neufs et la promotion de guides techniques pour la gérance énergétique des bâtiments existants constituent donc des solutions viables dans le cadre des efforts entrepris pour la maîtrise de l’énergie dans le monde.Tous les pays devraient être encouragés à suivre cette voie. Références ANME,Tunisie: www.anme.nat.tn/ CSTB, France: www.cstb.fr/ Lawrence Berkeley National Laboratory: eetd.lbl.gov/gundog. lbl.gov/ US Dept of Energy: www.eere.energy.gov/ Interbat: www.interbat.com/ Ministère du Logement, France: www2.logement.gouv.fr/ Ministère de l’Équipement, direction Urbanisme, France : www.urbanisme.equipement.gouv.fr/ Réglementation thermique 2000, France: www.rt2000.net/ Énergie Plus: www.energie-plus.com/ Codes Nationaux, Canada: www.codesnationaux.ca/ IEPF-FichePrismeT3-F3.qxp 27/04/06 08:57 Page 7 Les codes de qualité énergétique des bâtiments Étude de cas Le code de qualité énergétique de la Côte-d’Ivoire Figure 1: Répartition des consommations d’énergie par les bâtiments audités Bureaux spécialisés 5% Bureaux privés 5% Grandes écoles Banques 7% 9% nº 3 Hôtels 13 % Centre commerciaux 0,2 % Figure 2 : Part de la climatisation dans la consommation Hôt el que Ban inist ratif lisé adm écia t sp men Bâti Bur eau é mer cial priv com nde éco le 74 72 70 68 66 64 62 60 58 56 54 Gra Ratio climatisation/ consommation globale (%) 1 : Développement des capacités techniques • Résultat 1.1: Base de données énergétiques sur les bâtiments établis • Résultat 1.2 : Codes de qualité énergétique des bâtiments développés pour les 2 pays hôtes • Résultat 1.3 : Codes de confort thermique de l’habitat développés pour les 2 pays hôtes 2 : Développement des capacités institutionnelles • Résultat 2.1: Études de marchés réalisées • Résultat 2.2: Capacités d’analyse de la demande développées 3 : Démonstration de la faisabilité technique • Résultat 3.1 : Bâtiments pilotes réhabilités pour les 2 pays hôtes selon les prescriptions du code • Résultat 3.2: En relation avec les architectes, bâtiments conçus selon les exigences des codes 4 : Portefeuille de projets d’investissements • Résultat 4.1 : Portefeuilles de 65 projets d’investissements du secteur public constitués • Résultat 4.2 : Portefeuilles de 60 projets d’investissements du secteur privé constitués 5 : Diffusion des résultats Hôpitaux 17 % Thématique: La planification énergétique sectorielle F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E Les principaux résultats obtenus sont présentés selon les objectifs immédiats du projet: Bureaux administratifs 44 % tre Résultats techniques et financiers L’analyse détaillée des résultats d’audits a montré la prépondérance des bâtiments publics dans la consommation d’électricité (figure 1) ainsi que de la climatisation dans les Cen Le projet a eu pour objectifs de renforcer ou créer des capacités techniques, d’introduire et diffuser en Afrique de l’Ouest, une réglementation thermique favorisant les technologies de construction efficaces sur le plan énergétique, d’en prouver la rentabilité économique, pour créer les conditions durables permettant de réhabiliter les bâtiments existants et de concevoir, construire et exploiter des bâtiments neufs plus performants. En Côte-d’Ivoire,des audits énergétiques ont été réalisés dans 71 bâtiments (40 du secteur public, 31 du secteur privé), consommant au total 168 GWh d’électricité par an, soit 53% de la consommation des 403 grands bâtiments identifiés. ital Description Quelques résultats Bur eau En Côte-d’Ivoire et au Sénégal, l’exploitation des grands bâtiments représente près de 30 % de la consommation totale d’électricité. Malgré leur intérêt environnemental et leur rentabilité économique, des investissements en efficacité énergétique des bâtiments ne pourront se faire dans la région que s’il y a conjonction d’une expertise technique et d’un cadre institutionnel adéquat (règlements, normes, tarifs douaniers appropriés, incitations fiscales, etc.). • Résultat 5.1: Documents du projet diffusés au niveau national • Résultat 5.2: Organisation de rencontres régionales sur le projet. Hôp Raisons du projet 7 IEPF-FichePrismeT3-F3.qxp 27/04/06 08:57 Page 8 Les codes de qualité énergétique des bâtiments Étude de cas (suite) Le code de qualité énergétique de la Côte-d’Ivoire charges de fonctionnement des grands bâtiments (figure 2), en lien avec le climat tropical humide. Les recommandations faites sur les 71 bâtiments audités devraient permettre de réaliser des économies d’énergie annuelles de l’ordre de 41 GWh (environ 24 % de la consommation annuelle) et des économies financières annuelles de l’ordre de 2 milliards de FCFA pour des investissements n’excédant pas 1,2 milliard de FCFA. Toutes ces informations ont permis de modeler les exigences de la réglementation thermique de la Côte-d’Ivoire, en portant une plus grande attention aux performances des équipements de climatisation. Stratégie de mise en œuvre et financement Conclusion La Côte-d’Ivoire a érigé la maîtrise de l’énergie au rang de ses priorités nationales. Ainsi, depuis 1983, le Gouvernement a mis en place une politique vigoureuse de contrôle des consommations d’électricité des services publics, ce qui a permis de baisser les dépenses d’électricité d’environ 20 %. En 1990, la Banque mondiale, le PNUD et l’Agence Canadienne de Développement International ont appuyé le Gouvernement de Côte-d’Ivoire dans l’élaboration des premières normes et codes d’efficacité énergétique. Le FEM a permis à la Côte-d’Ivoire de poursuivre cet effort de réglementation thermique au niveau national et d’exporter cette expertise au Sénégal dans le cadre du présent Thématique: La planification énergétique sectorielle F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E nº 3 Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) a apporté au projet le financement principal d’un montant total de 3,5 millions US$. Ce projet a été administré par le PNUD et exécuté par le Bureau des Services d’Appui aux Projets des Nations Unies (UNOPS). Les agences gouvernementales de mise en œuvre du projet sont les Directions de l’Environnement de Côte-d’Ivoire et du Sénégal. Le projet a duré 5 ans. La coordination technique du projet a été confiée à une Équipe de Mise en Œuvre du projet dont les bureaux étaient logés au sein de l’Administration pour faciliter les contacts institutionnels pour des raisons stratégiques. Le projet a complété le cadre institutionnel existant en installant deux Comités Nationaux de Suivi et un Comité directeur dénommé Comité d’orientation du projet. 8 Les fiches techniques PRISME (Programme International de Soutien à la Maîtrise de l’Énergie) sont publiées par l’IEPF. Directeur de la publication : El Habib Benessahraoui, directeur exécutif, IEPF Comité éditorial : Sibi Bonfils, directeur adjoint, IEPF Jean-Pierre Ndoutoum, responsable de programme, IEPF Supervision technique : Maryse Labriet, Environnement Énergie Consultants Rédaction : M’Gbra N’Guessan Econoler International Inc. (Canada) Édition et réalisation graphique : Communications Science-Impact La Francophonie au service du développement durable L’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie (IEPF), organe subsidiaire de l’Organisation internationale de la Francophonie, est né en 1988 de la volonté des chefs d’État et de gouvernement des pays francophones de conduire une action concertée visant le développement du secteur de l’énergie dans les pays membres. En 1996, cette action a été élargie à l’Environnement. Basé à Québec, l’Institut a aujourd’hui pour mission de contribuer au renforcement des capacités nationales et au développement de partenariats dans les domaines de l’énergie et de l’environnement. Meilleure gestion et utilisation des ressources énergétiques, intégration de l’environnement dans les politiques nationales dans une perspective durable et équitable, tels sont les buts des interventions spécifiques de l’IEPF (formation, information, actions de terrain et concertation) menées en synergie avec les autres programmes de l’Organisation internationale de la Francophonie et notamment ceux issus de la mission D du Cadre stratégique décennal de la Francophonie: «Développer la coopération au service du développement durable et de la solidarité». La programmation mise en œuvre par l’IEPF en 2006-2009 visera notamment à : • améliorer les conditions d’élaboration et de mise en œuvre de stratégies nationales de développement durable, • développer les capacités pour l’accès aux fonds et mécanismes dédiés à l’environnement mondial, • développer les pratiques de gestion durable des ressources naturelles et de l’énergie, • accroître les capacités des pays francophones en développement à participer aux négociations internationales sur l’environnement et le développement durable. Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie (IEPF) 56, rue Saint-Pierre, 3e étage, Québec (Québec) G1K 4A1 Canada Téléphone: (1 418) 692 5727, télécopie: (1 418) 692 5644, [email protected] / www.iepf.org