12 auto-portraits. - Dérives autour du cinéma

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12 auto-portraits. - Dérives autour du cinéma
12 auto-portraits.
Dérives autour du cinéma
http://www.derives.tv/12-auto-portraits
12 auto-portraits.
- constellation - Auteurs S-Z - Tenret -
Description :
Affiche, textes d'Yves Tenret, graphisme de François Rappo, Edition Revue 48-88, n°3, 1979.
Dérives autour du cinéma
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devant un livre
risque de l'ambition, même de la moindre, j'éructe, l'haleine noire, les yeux rouges, le rire jaune, qui se réfèrent à un
privilège qui ne m'a pas toujours été reconnu, celui de m'encanailler sans perdre ma superbe, cette dépense
continue n'a plus de sens, imaginez la scène, au centre un derviche, au-dessus des oiseaux et autour les
magnifiques, ni extatique mi-crispé. mine de rien, voyeur, mais assez de ces cantiques analgésiques, parlez-moi de
groupes, de conflits et d'amour dans la mer du tout, la durée me file encore entre les encres, la durée, l'effort, la
tension, la concentration lui pesaient peu car il savait le havre à portée d'ailes, en jeune homme donc, froid,
inhumain, insensible, mathématique, maintenant, il m'importune, sa bouche sèche, sa façon de toujours se plier sans
se rompre, reste calme ! pieds en sang et ça continue à marcher, et moi qui ai l'esprit saignant, entre des haies de
serfs alanguis et sidérés, vu d'une fenêtre par les porcs obscènes qui nous gouvernent, ma morgue superbe n'est
jamais que l'enseigne de ma superficialité. je clapote en elle, dans la magnificence de ses rêveries, aidé par sa
poche trouée, il se marmonne, vulnérable, lisse, sans corps, ni viscosité du sang, ni coma, comme un couteau dans
une main malhabile, rustre au front haut, une lèvre sensuelle, l'autre fine, amère, craquelée, narquoise dans le blues
de la parole inutile, noix, une dope, sans impératif, ballotté, surnageant à peine, pas têtu, pas résigné, attentivement
inattentif, il regardait et voyait, une sorte de rêve artificiel pour ceux qui demeurent éveillés, plus radical et aussi plus
incertain dans ses fondements mêmes que la consternation politique en sa forme ordinaire, crédule, plein de faconde
et de bonhomie, une taupe, et c'est ainsi que tiré par deux chevaux robustes, glissant sur la neige, nous usagions
des propos vagues, dans cette plaine, parfois nous nous taisions de longs moments mais toujours son inquiétude la
poussait à rompre le silence, elle reprenait d'un ton badin une considération informelle, et, dans sa propre médiation,
se constituait ainsi qu'elle pouvait être.
en jeune homme
raconte ! ça frémit, chair de poule de la fatigue, mise en bière, dans les pommes, sans concept, dans le beurre, ou
pour du. béat et aigre, dans la ouate, ce n'est plus la spirale des yeux, défonce à coups de pied-de-biche, mignon,
n'est-ce pas ? coup de pompe, dans le ventre, et qu'essayer de réaliser sinon une subjectivité, ici. délire de la
confusion mentale, halluciné, sage, sans trace mnésique. du lest et rire seul, juste après un long baratin, tournant,
moiteur d'un mélange osmotique. face-à-face, empoignements. pétrissages, ressassement interminable, la
promenade, les murs, heurts, aussi éveillé que l'acier, d'un sourire extrême, vertige de l'isolement, impossible
constitution de l'être, dissolution dans le rien, plaisir, plus qu'un bloc moteur émoussé, lisse et translucide, fixité du
nouveau sourire aux proportions proprement hallucinantes, plaines fécondes, un peu mendiant, un peu pute, un peu
idiot, c'est grisant, dans les brumes de la dissipation, traqué par des graphologues minutieux.
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en femme
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je la léchais, sa superficialité était proprement sidérante, oie blanche jasant au milieu des morveux, maussade,
prolifération accompagnée de la production d'un taux important de servilité, poursuivie en permanence par le bruit
faible, cadencé et assourdissant du quotidien, simplement rester là assis à papoter doucereusement. vieille paire de
bottes. engourdie. une sorte de rêve artificiel, comme un massage cardiaque. et ça parasite, à faire chialer les
morveux les plus agressifs, crever les baudruches, repenser sade. pâle, décomposé, défait, abattu, amaigri, exténué,
bouffi de fatigue et vaincu, je vais au travail en chantant, j'ai accepté d'être comprimé, je ravale de la coercition, je
plie et je me romps j'ai abdiqué, renoncé, abandonné, je m'incline avec un air cauteleux et soumis, je suis en apathie,
les mots produisent du silence, parfois je souris, indifférent, sans motivation, à peine asocial, je me surprends parfois
à laisser percer une hostilité agressive, je suis poli et serviable. c'est agréable le sens commun, "le calendrier de
cette... yeux brillaient comme des gouttes de rosée", révolte de nuit dans l'oeil gauche, complaisance et paupières
tombantes sur l'oeil droit, cela me faisait me poiler, quand parfois j'hésitais à en user, pousse, pousse, pousse,
chaud, tiède, cassé, malin, d'autre part, il est impossible de se rappeler la remarque que nous avons faite plus haut,
géniale couvée, des jeunes femmes hereros. et ces connards, tous sans armes.
digne
je n'existe pas. j'ai l'ambition d'en assumer tous les risques, société archaïque et génitale et de très vagues images
mnémoniques, j'attire votre attention : les choses, ici, sont reproduites d'après le toucher, le plus objectif des cinq
sens, et de ces moments, il est vraiment difficile de parler, fiévreusement courir d'un extrême à l'autre, l'ensemble
des possibles aux humeurs changeantes, cajole, artiste magnifique, prince des arts, je joue pour vous marquer de
mon empreinte indélébile, et toi là, puritain, je t'emmerde, que vaut votre force de travail contre mon indolence
sensuelle ? ni extatique ni crispé, attentif mine de rien mais pas voyeur, je cligne, vous pouvez me harceler de vos
minables questions muettes, je suis unique, irremplaçable, improductif, rapace minuscule, je rongerai vos suffisantes
certitudes, je vous pisse sur la gueule, je vous rongerai, j'ai le temps, l'errance, fidèle maîtresse, m'appelle, les
indigènes le sentaient et cherchaient à conjurer cette perte par des prières imbéciles, et moi consterné, soudain
lucide, la pâleur étrange de ce visage, l'inutilité des mains ballantes, un vague dégoût, ayez du tact, évitez-moi. dans
le ciel des oiseaux de passage, et dans les villes, eux ni dans le quotidien ni dans l'imaginaire uniquement dans et le
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même jour, écoutez ces hurlements silencieux, le plus chaud dans le plus froid, et c'est là que le maître interrompt le
même silence dont il ne peut plus supporter le sarcasme, thaoura ! qu'est-ce qu'on peut reprendre au sans-fond ? et
les assoupis étiquetés d'un "je l'ai déjà fait et bien et tellement qu'il ne peut plus rien m'arriver, que je n'ai qu'à rester
couché en me souvenant dans l'émotion calme de ma propre histoire comme spectacle d'une richesse
indépassable", ça doit être lassant, non ? embrassements gracieux. sur le cou un baiser qui donne la mort, dans la
neige de décembre, dans des salons aux décoration orientales, je minaude, alangui. elle, à ma terreur, parfois
pétrifiée.
en penseur
le travail ne me compliquait pas mes relations sociales : il les rendait inexistantes, j'essayais, au début, d'expliquer
cela à un vieux cartomancien caractériel et fataliste, qui gagnait en souriant à des groupes d'hystériques, qui réunis
dans une même pièce, deux soirs par semaine , échangeaient du malaise comme d'autres des timbres-poste,
entouré donc de ces grands oligophrènes, je fredonnais des rengaines pour passer inaperçu, mes fonctions
cognitives en veilleuse, je supportais un lot de frustrations en me racontant : "demain ça sera vachement mieux...
peut-être", amant comblé, sans aucune existence sociale ou relationnelle, je descendais parfois, discourir avec les
petits-bourgeois ignorants de la ville, je dois reconnaître que cela ne m'a jamais rien rapporté, j'étais un sophiste
désintéressé, je ne tenais aucun compte d'aucune praxis, par contre, les rêves éveillés, les mensonges élaborés, la
lâcheté, l'hypocrisie et autres domaines d'inventions forcenées avaient toute mon attention, il y a longtemps, à peine
avais-je six ans, que j'avais déjà compris que la conscience était un mythe forgé pour les vacances des forces de
l'ordre, armé de cette non-idée et nanti d'une naïveté indécente, je descendais parfois, est celui qui se détermine
lui-même, incisif, j'écris ici mon histoire conventionnelle, celle qui fera date et est à toujours officielle, il s'agit de ma
légende dorée composée pour l'édification de la jeunesse, l'orgueil de mes anciens disciples et pour jeter dans la
confusion la plus grande ceux qui n'ont pas eu l'honneur de me connaître, fallait-il la raconter cette histoire ? je
n'avais pas mangé, je n'étais pas fatigué, sois pas triste, seul. fier, bluesy, mais quelle naissance ! sans mémoire,
prosterne ton front chauve, texte non-narcissique, éclaté, excellent, contracté, une des formes du pouvoir, qui faisait
retour dans mon dos, était dans les moments de faiblesse d'épargner aux autres les contradictions. oui, parfois
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j'avais un tempérament de médiateur. quelle honte !
l'artiste riant
la haine, la révolte la plus régressive, le désir le plus foetal, la sonnerie du réveil, mnésique osmose du titan
pétrissant le ressassement, sans heurt, scotophilique, il tarit la prosternation hallucinée, le froid, la meilleure
compréhension de la mort, un coït dans les entrailles, une mélopée faite d'holophrases, une démiurgie d'esthète qui
s'encanaille sur recommandation de son homéopathe, courir et détester ce corps sans puissance, la rétention et la
compulsion, comme un analgésique sournois, bonifient l'anémique curetage, l'autobus et la rêverie, la transe
prémonitoire expulsant par métastase d'indolentes sentences, le froid, la mort du rêve, la révolte infantile contre le
réel, au milieu d'une tribu réifiée, toute à ses manies et à ses scrupules, j'écoute le ressac de l'empâtement intense,
cigarettes, cafés, fatigues, rêveries, délation aphrodisiaque, fade sarcasme, j'éructe ardemment avec la langueur
d'un derviche visqueux, l'horloge, en fait, je badine avec faconde, se lever, marcher, travailler, mnésique,
démiurgique, homéopathique analgésique et anémique, en osmose, je pétris, taris, éructe, badine dans le
ressassement, l'indolence, langueur, sans heurt, la transe d'une mélopée, pose, cigarettes, cafés, manger, travailler,
et petit à petit se surprendre à ne plus avoir mal au corps, crier, brailler, le bus. le bistrot, le journal, la bière, la bouffe
! mélanger, dans une violente douceur, le bistrot, les dopes, les bières, les cafés, lire, causer, le billard. rire dément,
la fatigue, dormir, dormir contre le monde, dictature du corps, la haine, la révolte la plus régressive, le désir le plus
foetal, la bain le plus amniotique, la sonnerie du réveil et tout de suite, le froid. courir et souffler comme l'un de ces
vieux phoques répugnants, s'écraser sur une banquette, sommeiller quasi dormir à nouveau, jouir, le froid, le bistrot
trop chaud, dopes sur dopes, cafés sur cafés, le journal local, imbéciles, les lunettes levées et les courtes pattes
frottant les yeux myopes, la fatigue, l'horloge, boulot, la bière, le bistrot, le sexe, la causerie, les dopes, le sommeil, la
sonnerie et ce froid et cette ... lorsque dans la journée plus de corps et cette fatigue et cette puissance euphorique
lorsque plus de corps.
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en porte-étendard
tout fut remis dans l'immensité calme du doute, vous connaissez ce bruit de roulette, l'un d'eux eut même cette
formule magnifique : "le temps est venu", un autre ajouta : "après nous pourrons être indolents", oui, ce n'était qu'une
vie. ce n'était plus un risque d'attirer sur soi la magnificence de la célébration joyeuse du monde, ce n'était plus,
comme l'amour génital, qu'une série d'approximations culturelles, corbeau borgne sautillant, j'allais de-ci de-là
m'encanailler, tombant des lits comme feuilles d'automne, à la gorge, et le monde ? merci, ça va. en fait, dans une
nuit sans fin entrecoupée de nuits saccadées il aimait, par-dessus tout, l'éclat métallique, sadique et lucide de son
rire, autour de lui on chargeait le trait, tout à la joie fiévreuse de courir d'un extrême à l'autre, et après ? qu'en sais-je
moi ? pourquoi devrais-je répondre à toutes vos questions ? vie modique, mais il se savait unique, irremplaçable et
improductif, et novembre qui n'en finissait pas. la dérision, à dose homéopathique malheureusement, se répandait,
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rapace minuscule, dire qu'il s'était rompu le frein du prépuce pour ces femmes avachies et bêlantes, elles cognaient
sa tête avec véhémence, il en était resté un peu consterné, il pensait : "je suis un homme simple", au milieu de la
rétention compulsive de toutes illuminations passées, présentes et sans une plainte mais avec un vague dégoût,
pour ne pas les gêner, il détournait les yeux, cette ronde grasse et lourde le rendait serein, tous avaient dans l'une
ou l'autre poche des analgésiques, et dans mon dos le rire grasseyant d'un vieux pédéraste, tout fut remis dans
l'immensité calme du doute, le temps en était venu, si pas encore celui de l'indolence, presque sa prévision, ce
n'était qu'une vie après tout, mais quelle vie ! une célébration, un événement quotidien, un cri, un hurlement rauque,
un clitoris dressé et vibrant d'inquiétude. restait peu de temps pour le sommeil.
à l'âge de 34 ans
et le même jour, le soir, parlez-moi d'amour dans la cour, sans sens durée, sans durée, instants stakhanovistes,
collimateur d'un tireur fou. pitié, seuil de tolérance, l'événementiel a toujours été insoutenable mais commence,
franchement j'aime ces mots stupides , à sournoisement dépasser sa dose d'absence, il est bien clair qu'il est plus
facile de se raconter que de se polir, fendu sur le billot d'anémiques certitudes, parfois cela ressemble â
l'improvisation d'un trombone saoul et triste, musique renversante, ruche gaie devenant osmose devenant, comment
le nier, le sol sur lequel les cabrioles ont la dignité féroce de l'ironie du curetage, toujours surpris, comme d'un don
inouï, par une repartie brillante, une non-humeur, ou par le dénigrement joyeux de soi. de répétition en répétition cet
état de transe, qu'il aimait tant, venant à sa rencontre, il ressemblait enfin au dessein prémonitoire, la tête balançant,
semblant méditer mais en fait dormant, vieillard cynique et édenté, ne pouvant s'éveiller qu'en sursaut, expulsant
avec nonchalance et indifférence non feintes les plus usées des platitudes ou les plus cruelles des formules que son
cerveau, malade et pourri par métastase de son cancer au palais, pouvait trouver dans les profondeurs pacifiantes
de la blancheur de son sadisme borné, il aurait voulu marquer au fer rouge la petite insolente, et sa beauté dont il ne
s'épuisait pas, mais tant de fatigues, d'enfances, de bonhomies, d'indolences, de sensualités suicidaires l'habitaient,
et il savait à quel point il faut se brûler à blanc pour traverser un caractère, ceci dit, la salope ricanait et il avait
beau se mentir...
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effaré
et qu'essayons-nous de réaliser ici sinon l'objectivité elle-même dans sa totalité contradictoire, le moi est un sujet
sans fonction, que taire ? j'ai mangé, j'ai dormi jusqu'à midi, je suis fatigué, toujours vivant, c'est pas marrant, du
souffle, dressé, fier, érectif. même pas ridicule, sans imaginaire, sans corruption, sans instinct de mort, l'ennui quoi,
sécurité, bourré jusqu'aux yeux de sens pratique, de vanité, de contentement, je m'aime, sans inhibition aucune, moi
ce qui m'intéresse, c'est moi. mais je respecte les autres et suis toujours doux avec les femmes dont je pense que
leur jouissance est un droit et non pas un devoir, je m'embrouille, résumons : je suis sympa, complètement
déchargé, et puis je suis comme je suis, j'ai d'ailleurs des rapports humains riches et denses, comme je dis toujours :
"ce qui est réel est réel", je suis moi, vous êtes vous, et c'est tout, les gens disent que je suis intelligent, ils ont raison,
je souris tout le temps, j'apprécie les gens honnêtes, j'ai horreur de la lâcheté, jamais confus, je travaille, je ne
supporterais pas de devoir emprunter de l'argent, on a sa fierté, quoi, je ne suis jamais déprimé, je ne mens jamais,
ça me dégoûte le mensonge, d'ailleurs, on ne peut pas me mentir, j'ai une intuition très féminine, c'est comme quand
je regarde une femme, je souffre à la vue du beau, j'ai la nostalgie de ce que je pourrais être, je ne veux pas le
savoir, et l'obscène, je l'ai, tout vacille, j'ai peur, violence stupide. immersion, jouissance et dérive dans le plus veule.
malice, tout va vite mais toujours dans le même sens, suinter, allait mourir dans l'éclat d'un rire ardent, et ceci était
tellement plus que cela, m'en veux pas, je craque, ce n'est qu'une vie. et il sautillait, mordillait, grondait, se grattait la
tête, se caressait amicalement le sexe se frottait le ventre
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en prince oriental
non-coupable, votre honneur, que dire ? faut-il la raconter cette histoire ? je n'ai pas mangé, je me suis levé à six
heures et demie, je suis fatigué, suce-moi. pouvez-vous me montrer l'ambiance dans laquelle cela se passe ?
répétez ! ça chuchote une envie de meurtre, pas de souffle et je me masse les pieds, traces mnésiques. des vies
d'autant mieux mémorisées qu'elles s'échouaient, pas d'abdication, pas de prosternation finale, énergie, fini les
hallucinations, plus de délire, reculer devant la tache du coït, c'était en octobre ou en novembre, marie pleine de
grâces, que le fruit de tes entrailles soit béni, voilà les mélopées que l'on m'a apprises, pression de l'inertie, centre de
mes holophrases, viens... vers la mi-septembre, cette confusion, que je sentais depuis l'été, s'accentua, je me frottais
les joues au mur de ciment, je me roulais sur le bitume, je m'écrasais les blocs calcaires des trottoirs et j'en sortis
émoussé, lisse et translucide, je cessais d'être morveux, la fixité de mon nouveau sourire prit des proportions
proprement hallucinantes, un peu mendiant, un peu pute et un peu idiot, c'était grisant, ma volonté n'était plus que le
début d'une histoire passée, je savais maintenant que ma subjectivité était plus vraie que moi-même, j'étais prêt à
interrompre le silence, liberté, terreur et mort me faisaient glousser, comme peut le faire une main dans le
soutien-gorge d'une fille simple, de plaisir, et c'était comme cela que je ressemblais à mon image, je ne me réveillais
quasi plus en criant : "je veux devenir le maître du monde", et puis que signifie cette manie ? mélange de séduction,
de vantardises et de "ça va de soi", franc, naïf et loyal, complètement excité par ma démiurgie, nid de force, ruche
froide, sèche et aride, souvent salaud et content, je n'avais en fait, après, aucune rancune, j'étais même assez
tolérant, j'étais une noix, et voilà, c'est comme ça sans l'être, à vrai dire, est-ce malicieux cette expression, j'étais
fasciné par la forme et sans force en-dedans, esthète aimé aimait l'esthète aimé d'esthètes.
en écrivant
vertige du superficiel rapport réifié et social, genre "cause toujours, ça peut pas faire de mal, personne ne t'écoute".
internes toujours ensemble, et comme avant ici aussi le sexe et/ou le pouvoir seuls traversent en vrille la carapace,
nu entouré de gens moqueurs et de frileuses groupies. tout était blanc et aveuglant, de plus en plus avaient un creux
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entre les arcades sourcilières ce qui leur donnait un air de parenté tribale. on sentait une certaine lassitude devant
l'incorruption du visage, car enfin pourquoi se ressembler ? et puis que signifie cette manie de ne pas admettre que
l'intérêt entre en jeu dans toutes les relations humaines ? la moue, attention au mélo, sa bouche humide et ma
gueule de bois, assise sur sa chaise, elle regardait paisiblement les grands arbres rouges et elle se souvenait dans
une émotion calme de sa propre histoire comme spectacle d'une richesse indépassable, que pouvons-nous de ces
momies devenues ? qui veut la paix ? gueulant, braillant, criant, hurlant, mordant, tapant et à jamais jamais assoupi,
souvent la marte voyageuse a le goût du civisme scrupuleux surtout et même du respect des coutumes des gens
lorsqu'il s'agit des milieux les plus humbles, perfide, ressac ressassement. arrière-goût, petit homme trapu, dépourvu
d'élégance, les renseignements qui précédent ont pour but de vous fournir, front bas, bouche sensuelle, sa diffusion
excessive, autrement inoffensive, entraîne une sorte d'infection, rire vulgaire, menton volontaire et empâté,
persuadez votre partenaire de l'utiliser, yeux fixes ou mobiles, il est de même recommandable de porter sur soi de la
lingerie propre, qu'on peut bouillir, et de la changer journellement, évitez si possible de porter du linge de corps
synthétique, j'ai horreur de ça. et ouvrez-vous.
à l'âge de 52 ans
l'imaginaire, que dire ? faut-il la raconter cette histoire ? autour de moi on rit. ainsi je suis ridicule, chuchote mon
envie de meurtre, ça frémit dans le ventre de la fatigue, ça m'emmerde, que se passe-il quand il ne se passe plus
rien ? l'intensité sans but, égale à elle-même, pas de souffle, moi objet aussi distant que distant peut être et signifie,
une vie qui se souffle comme ça. près des tempes, quand toutes le illusions seront parties, de plus sans
prosternation finale mais la colère du bras dressé, ciel, sois pas triste c'est pas confus, c'est l'en-soi. tu perds, détruis
ce que tu peux, gardes l'affectif en dernier, pour plaire jusqu'à ce que. plat, alors comme une idée que le silence,
baratin tournant, gens prudents, trop violent manque pas de culot leur emporte-pièce, bêtise aphrodisiaque, et elle
qui énonce : "je suis lâche", vous pouvez vous frapper le front du doigt, ce n'est pas une porte, pas d'entrée, pas de
sortie, vous savez ce qu'il vous dit le fou ? le rasta ne se répète jamais, jamais, la délation peut bien s'emparer des
choses mais souvenez-vous que je ne suis ni digne ni fier ni complice ni lui ni eux ni moi et encore moins la tape
familière sur une épaule lasse, pas de panique, passionnément clair, vous n'êtes que des corvées rebutante après
une nuit rouge, claqué mais, une dope, une écriture hors consigne, juste le négatif, bien les mort, on peut les
idéaliser, dans un bar comme un vestige de non-dit. sarcasme et coup de pied, crachant sur les médiateurs, fadeur
insignifiante, tout vacille, sans patience, coincé dans l'étroit du sur-mesure, ni de force, accointance spontanée avec
toutes les salopes, marrant de se rendre étranger à soi-même, sans-fond et l'ordure qui flotte à la surface, tout va
vite, l'indolence brillante d'une boîte de consere dans un caniveau qui sait que si elle avance sur l'eau c'est parce
qu'elle le veut, ardent et bousculant toi les curés.
Post-scriptum :
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