La filière bois doit se charpenter

Transcription

La filière bois doit se charpenter
à 16 Focus
La stratégie des agences de voyages
face au e-tourisme
à 30 Région
Nº201àJUIN-JUILLET 2010à4,20 E
La pêche en Cornouaille :
mobilisation générale de tous les acteurs
à 34 Enquête
L‘entreprise familiale : un modèle de développement
plein de ressources
www.bretagne-economique.com
Dossier
La filière bois doit se charpenter
et organiser le circuit court
édito
sommaire
E
ACTUALITÉS
A L’AFFICHE ......................................................................................................................................................................................... 5
FOCUS : Les agences de voyages bretonnes
face au e-tourisme ...................................................................................................................... 14
ENTREPRISES
Asten (29), des serveurs sous haute surveillance ......................................... 19
EM Loncle (35), spécialiste de la charpente industrielle ................. 20
Nutraveris (22), cabinet conseil scientifique et réglementaire .. 21
DOSSIER
La filière bois bretonne doit se charpenter ....................................................... 22
Témoignages d’entreprises : Abibois, Aprobois, Armor Panneaux,
Briero, COB, ENP, GLV, Grouazel, IC Bois, Josso, Panaget,
Ropars Perrot, Scop MCA, Silverwood
RÉGION
La pêche en Cornouaille : les acteurs se mobilisent
Témoignages d’entreprises :
Furic Marée Océalliance, Armement Bigouden
ssentiel au rayonnement de la Bretagne
à l’échelle nationale et
internationale, le tourisme
représente à lui seul 44 000
emplois en moyenne annuelle,
soit 4,6 % de l’emploi salarié
régional*. Pôle d’attraction en
raison d’un patrimoine littoral
et culturel très varié et de grande qualité, la Bretagne se
situe à la 4ème place des régions françaises pour l’accueil
de touristes français et à la 5ème place pour l’accueil de
touristes internationaux.
..............................
30
.......................................................................
31
PRATIQUES
ENQUÊTE : L’entreprise familiale,
un modèle de développement bien réel ............................................................................ 34
JURIDIQUE : Choisir les bonnes dispositions
pour entreprendre en famille .................................................................................................................. 37
Abonnez-vous en page 39 de ce numéro
Responsable Publication :
VÉRONIQUE MAIGNANT : 02 99 25 41 39
Assistante rédaction et développement :
ANNIE RENAULT : 02 99 25 41 37
Cependant, notre région doit faire face à un contexte
concurrentiel élargi avec l’arrivée sur le marché de
nouvelles destinations mais plus encore avec
l’industrialisation accrue des réseaux de production et de
distribution. A l’occasion de la mise en place de sa
nouvelle stratégie marketing, le CRT a fait le choix, pour
conserver l’attractivité de notre territoire, de s’appuyer sur
la forte identité de la Bretagne. Avec de nouveaux outils,
en particulier son site web et sa nouvelle approche
affinitaire, la Région souhaite favoriser la dessaisonalisation et assurer une meilleure répartition de l’activité sur
l’ensemble des départements.
Si la Bretagne attire par la richesse de son patrimoine
naturel et culturel, la qualité du séjour est du ressort des
professionnels du tourisme : qualité de l’hébergement,
qualité des services, innovation dans les prestations
proposées sont désormais essentielles pour attirer les
touristes. Une telle stratégie axée sur la qualité incite
les acteurs du tourisme, professionnels et institutionnels
à concevoir leurs actions dans une démarche de
développement durable.
Ont collaboré à ce numéro :
C. CHERON – A. LETESTU – V. MAIGNANT
S. MARSHALL – Y. POUCHARD – V. ROLLAND
Publicité : 02 99 25 41 36
EDITION “BRETAGNE ECONOMIQUE”
CRCI : 1, RUE DU GÉNÉRAL GUILLAUDOT
CS 14422 • 35044 RENNES CEDEX
e-mail : breteco@orange. fr
Couverture : ABIBOIS
Maquette de couverture : HOKUS POKUS
Création, maquette & photogravure : ODÉBI
Directeur de la publication :
JEAN-FRANÇOIS LE TALLEC
Directeur délégué :
RÉMI BILGER
Impression : CALLIGRAPHY PRINT
À CHÂTEAUBOURG (35)
Dépôt légal : JUIN 2010
ISSN : 0153-6028
Mensuel
Comité de rédaction :
JACQUES FEUNTEUNA – YOUENN LE BOULC’H
VANESSA ERMEL – MARIO PIROMALLI
RONAN PERENNOU – PATRICK SOLO
FRANÇOIS CLÉMENT
WWW.BRETAGNE-ECONOMIQUE.COM
Cette stratégie s’inscrit en région dans un dispositif
territorial “Qualité Tourisme” piloté et mis en œuvre par
la CRCI et les CCI de Bretagne qui accompagnent un
nombre élevé de professionnels dans cette démarche de
performance globale. En 2009, un peu plus de 400
professionnels ont bénéficié de ce programme. Tablons
qu’ils seront encore plus nombreux en 2010 à s’y
investir et ainsi rester attractifs, créer de la richesse et
favoriser le développement de l’emploi.
Jean-François LE TALLEC
Président de la CRCI Bretagne
*(Source : INSEE, DADS)
3
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
Le réseau des CCI
CÔTES D’ARMOR
EQUIPEMENTS GÉRÉS
Le passe-pied de l’île de Bréhat est foulé chaque année par près de 400 000 visiteurs, sans compter les rotations quotidiennes de la barge et de ses matelots. Cette forte affluence, additionnée à l’usure causée par les marées et les tempêtes,
commençait à fatiguer l’ouvrage. La CCI a donc décidé sa rénovation et sa modernisation. Les travaux, d’un montant de
170 000 euros, ont concerné la réfection de la partie bétonnée, mais également celle du système d’éclairage, lui aussi vieillissant. Une attention particulière a été apportée à l’esthétique de l’ouvrage,
afin que le passe-pied s’intègre parfaitement dans le site préservé de l’île.
Les travaux seront terminés fin juin.
MORBIHAN
CONTACT : CCI des Côtes d’Armor – 02 96 78 62 00
TYKDOZ56
Les chèques cadeaux
à consommer
près de chez vous
La Fédération du commerce du Morbihan,
initiée par la CCI du Morbihan, propose les
chèques Tykdoz56 utilisables pour le règlement
d’achats chez les commerçants du département.
Cette opération a pour objectif de dynamiser l’activité économique sur le département du Morbihan.
Concrètement, comment ça marche ?
La Fédération du commerce du Morbihan vend
des chèques Tykdoz56 aux comités d’entreprise,
aux entreprises et aux collectivités territoriales du
département. Ces derniers les offrent à leurs salariés à l’occasion d’événements. Dès lors, les
chèques Tykdoz56 sont utilisables pour régler les
achats, comme n’importe quel moyen de paiement, espèce, carte bancaire ou chèque dans
les commerces de proximité du département. La
commercialisation des chèques Tykdoz56 a débuté
le 7 juin.
CONTACT : [email protected]
ACTUALITÉS
Un passe-pied qui s’inscrit dans le paysage de l’île de Bréhat
FINISTÈRE
DÉVELOPPEMENT DURABLE ET ÉNERGIES RENOUVELABLES
Bientôt, à Quimper,
un centre régional de 5 000 m2
Piloté par la Chambre de
Commerce et d’Industrie de
Quimper Cornouaille, ce centre
sera un lieu de ressources, conseil
et formation dans lequel les chefs
d’entreprise, salariés, demandeurs
d’emploi, étudiants de toute la
région pourront s’informer et se
former sur le développement durable, les nouvelles techniques en
matière d’énergies renouvelables.
Il répond ainsi aux objectifs du programme “Développement Durable”
des CCI de Bretagne.
Installé sur la zone de Kerdroniou, il accueillera le centre de formation
technique actuellement situé à Ergué-Armel (Quimper). L’ouverture de
ce bâtiment est prévue au premier trimestre 2011. Cet investissement
de 4 millions d’euros est financé à 70 % par la CCI de Quimper et 30 %
par les partenaires publics.
CONTACT : CCI Quimper Cornouaille 02 98 98 29 29
ILLE-ET-VILAINE
ECOLE D’AUDIOPROTHÈSE JOSEPH E. BERTIN DE FOUGÈRES
Photo : CCI PF
Au tableau d’honneur
Marie Guillet, qui avait intégré, à Fougères, l’Ecole d’Audioprothèse Joseph E. Bertin
à la rentrée 2006 et soutenu son mémoire en octobre 2009 sur le thème “Effets d’une lésion
cochléaire dans les hautes fréquences sur la perception de la composante basse fréquence
de la parole”, a présenté son travail au Congrès national des audioprothésistes qui s’est tenu
à Paris. Avec succès, puisqu’elle est la lauréate du Prix du Collège national des audioprothésistes. Une brillante étudiante qui a suivi un cursus dans cette école à l’enseignement reconnu
et qui prépare les étudiants au diplôme d’Etat. L’audioprothésiste choisit, adapte, délivre et effectue le contrôle immédiat et permanent de la prothèse auditive. Il assure également l’éducation prothétique du déficient auditif appareillé.
CONTACT : CCI du Pays de Fougères : 02 99 94 75 00
5
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
Spécialisé à l’origine en nutrition animale, Lareal étend ses domaines à l’alimentation humaine et aux aliments santé
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
■ Belles performances pour Lareal
(Saint-Nolf-56) : 8 millions de CA attendus
au 30/06/10. Le laboratoire de recherche et
d’analyses alimentaires, encore intégré au
groupe de nutrition et santé animale Invivo, pourrait dans les mois prochains devenir une vraie
filiale. Spécialisé à l’origine dans la recherche en
nutrition animale, le laboratoire a, dès 1997,
étendu ses domaines de compétences à
l’alimentation humaine et aux aliments santé.
“Aujourd’hui, commente Claude Charreteur, DG
de Lareal, le groupe ne représente plus que 25 %
de notre activité. Une grosse partie, environ
45 %, est absorbée par le marché du pet food,
puis viennent ceux de l’agro-alimentaire et des
compléments alimentaires et nutraceutiques. Sur
tous ces marchés, les perspectives sont bonnes. Celui des
compléments alimentaires va être de plus en plus réglementé
car actuellement il existe un flou juridique important. Celui des
aliments chiens et chats croit depuis des années, c’est un marché où la part affective est énorme. Dans l’agro-alimentaire, les
plans de contrôle sont également en progression. Seul le marché de la nutrition animale est en baisse. 70 % de nos clients
sont situés dans le Grand Ouest, 10 % à Paris et le reste se
répartit entre l’Espagne, le Portugal et l’Italie.” La règlementation européenne ne cessant de se développer, l’activité de
6
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
Lareal devrait suivre sans difficulté cette courbe ascendante.
“Aujourd’hui, nous sommes 65 personnes en CDI (de bac +3 à
bac +8) avec, en période de forte activité, 5 à 6 CDD. Il nous
faut maîtriser notre croissance mais nous allons être amenés à
évoluer. Nous disposons déjà d’une équipe de 3 commerciaux.
A l’avenir, nous avons une logique à créer une vraie filiale”
conclut le dirigeant. Au 30/06/2009, le CA de Lareal était de 7
millions d’euros, la croissance sur un an sera donc de 15 %.
Contact : 02 97 48 49 80
■ Armorgreen (35) table sur 22 à 23 millions d’euros
de CA en 2010 et inaugure un show-room de 2 500 m2
au nord de Rennes. Créée il y a 18 mois, Armorgreen, filiale
du groupe Legendre, affiche une croissance de 30 % entre
2008 et 2009 avec un CA de 8,3 millions d’euro et 35 salariés
à fin 2009. La PME réalise des installations photovoltaïques
essentiellement à destination des entreprises, des collectivités
locales et des exploitations agricoles. Elle se lance également,
via sa filiale Héol Prod, dans des projets de grande envergure
(fermes solaires dont trois verront le jour en 2011 dans la
région) où elle peut être à la fois propriétaire et exploitant.
“Tout est envisageable, selon Jean-Paul Legendre, le
fondateur du groupe éponyme, on peut être investisseur ou
co-investisseur, exploitant ou non. Nous venons d’investir
3 millions d’euros dans un nouveau bâtiment BBC de 2 500 m2
dont 1 000 m2 de show-room destinés à recevoir nos clients
mais plus encore tous les artisans désireux de s’informer sur
les produits et techniques relatifs au solaire.” Enerpark veut
être une vitrine technologique et abritera bientôt un centre de
formation pour les installateurs et artisans du bâtiment ainsi
qu’un hôtel d’entreprises destiné à accueillir sept jeunes startup issues des éco-activités et de l’éco-construction. “C’est un
premier show room, explique Pascal Martin DG. Ce concept
n’a pas d’équivalent mais, s’il fait ses preuves, il sera dupliqué
ailleurs. Nous évoluons dans un secteur où 80 % des acteurs
ne sont pas issus du bâtiment. Beaucoup viennent de l’immobilier, sont extrêmement opportunistes et n’agissent pas dans
une optique de pérennité. Tout le contraire d’Armorgreen qui,
avec Enerpark, prouve que l’entreprise s’installe dans une logique de long terme.”
Contact : 02 99 13 37 90
■ Une année riche en projets pour ATC (Plougoumelen-56)
après un exercice 2009 difficile, 950 000 euros de CA réalisé au lieu
d’1,3 l’année précédente pour un effectif de 12 personnes. “La crise est
quelque chose de bien réel, surtout en tant que spécialiste des toiles
tendues et structures gonflables pour l’événementiel, commente Pierre
Laugier, créateur en 1994 d’Air et Toiles Concept (ATC). Mais depuis
février, c’est reparti et au vu de ce qui est déjà signé aujourd’hui, je table
La fête des lumières à Lyon en 2009
sur un CA 2010 de 1,2 million d’euros. Nous venons de réaliser un hangar gonflable et transformable, destiné au tarmac des ports pour faire
office de cabine de peinture. Tous les plaisanciers veulent remettre leurs bateaux à l’eau à la même période, mais les hangars en
dur ne sont pas extensibles. Nos structures permettent de satisfaire la demande saisonnière, elles sont modulables en fonction de
la longueur des bateaux et ne nécessitent l’intervention que de deux hommes. L’investissement moyen est de 40/50 000 euros. La
matière des toiles est innovante et légère avec une résistance mécanique fabriquée spécialement pour nous.” En matière d’évènementiel, la dernière réalisation d’ATC date de mai dernier à l’occasion de la cérémonie de lancement de la Frégate Aquitaine sur
le port de Lorient. Un paquet cadeau gigantesque, composé de 3 enveloppes différentes, 6 500 m2 de toile, recouvrait la frégate
“Ce jour-là nous avions un vent de 65 km/h et le déshabillage
comportait un risque important.” ATC conçoit, fabrique et assemCérémonie de lancement de la frégate Aquitaine
ble chaque tissu mais sous-traite la partie ingénierie. D’autres
sur le port de Lorient en mai dernier
projets d’envergure sont d’ores et déjà programmés cette année :
“A chaque fois, nous devons relever des défis dans les formes et
l’originalité des créations : scénographie, projection d’images sur
écrans géants, sculptures d’œuvres d’art contemporain dans de
la mousse etc.”
Contact : 02 97 24 23 23
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
7
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
AGENDA
Sea Tech week 2010
(7 édition du grand rendez-vous
interdisciplinaire des sciences et
technologies de la mer). du 21 au 25 juin
Centre de congrès Le Quartz à Brest
www.seatechweek-brest.org
■
ACTUALITÉS
ème
Space (salon de la production agricole carrefour européen) du 14 au 17 septembre - Parc expo Rennes aéroport
www.space.fr
■
Salon des comités d’entreprise et
collectivités de Rennes les 30 septembre
et 1er octobre
Parc des expositions Rennes Aéroport
www.salonsce.com
■
■ Carrefour des communes
et communautés du Finistère
les 30 septembre et 1er octobre
Le Quartz à Brest
www.amf29.asso.fr
DEVELOPPEMENT
■ Aetia Informatique (56) s’implante à Saint-Brieuc.
Disposant déjà d’un site à Quimper, l’entreprise dont le siège
social est basé à Ploemeur, dans le Morbihan, a été créée en
2005 par Julien Cahoreau et Philippe Le Gallic. Avec cette
nouvelle agence, ils entendent poursuivre leur développement sur l’Ouest mais plus encore se rapprocher de leurs
clients.
Julien Cahoreau, codirigeant d’Aetia Informatique
“Il s’agit d’une création. Nous avons ouvert le 1er juin, au
cœur d’une zone tertiaire, avec un commercial. Nous envisageons le recrutement de deux autres salariés d’ici fin 2010,
détaille Julien Cahoreau, codirigeant d’Aetia Informatique.
1/4 de notre activité est réalisé avec des cabinets d’expertise
comptable, le reste avec des PME issues de différents secteurs d’activité.” Spécialisée dans la vente, l’installation et la
maintenance de solutions informatiques (logiciels de comptabilité et paye, Quadratus notamment, mais aussi de matériels), l’entreprise avait repris, en 2009, 50 % du capital de
Cornouaille Informatique. “La période n’est pas facile mais,
grâce à de bons choix opérés en matière de recrutement et
un solide partenariat avec les experts comptables qui n’hésitent pas à préconiser nos matériels à leur clients, notre CA a
progressé de 30 % pour atteindre 1,65 million d’euros en
2009. L’effectif, entre les trois sites, s’élève désormais à 20
personnes.” Les projets des deux dirigeants ne s’arrêtent
pas là. La prochaine étape sera très certainement la Loire
3ème salon du développement durable
des collectivités territoriales
Solutions concrètes et ateliers d’échanges
d’expériences pour les élus et personnels
territoriaux. 90 exposants présentent
services, activités, produits
Les 13 et 14 octobre
Parc des expositions de Vannes Le Chorus
Contact 02 97 46 29 61
www.lechorus.com/ecodev
■
Atlantique avec une implantation à Nantes. “Je reste toujours
à l’écoute et fonctionne par opportunité. Notre plus gros
client ne représente que 7 % du CA, ce qui permet de répartir le risque. La trésorerie est bonne, ainsi nous pouvons envisager sereinement de poursuivre notre développement”. En
2010, Aetia Informatique vise un CA de 2 millions d’euros,
soit encore 30 % de croissance.
Contact : 02 97 87 09 88
■ L’entreprise François Chatain ET Les Autres (21
salariés à Sixt-sur-Aff/35 - 2 millions d’euros de CA)
mise sur le design. Après avoir rencontré le succès avec
ses lampes galets entre 2003 et 2008, l’entreprise François
Chatain Et Les Autres a dû faire face à l’importation de produits copiés à petits prix. Ne disposant pas d’une forte image
de marque, éternel déficit de beaucoup de PME régionales,
François Chatain n’a pas réussi dans le même temps à
conserver un public attaché à l’authenticité de ce concept.
Son dirigeant, Stéphane Nicorosi, décide aujourd’hui de faire
appel à un désigner (Jacky Lefaucheur) afin de créer une nouvelle gamme de luminaires qui sera présentée lors du Salon de
la Maison et de l’Objet en septembre
prochain. Une stratégie qui s’inscrit dans le nouveau souffle que
Stéphane Nicorisi entend apporter à l’entreprise dont la clientèle
est composée de distributeurs
composés à parts égales de
magasins d’ameublement (Château
d’Ax…) ; de magasins spécialisés en
luminaire (Comptoir des lustresRennes) et de magasins de décoration,
notamment en centres-villes. “Entre le
low-cost et le très haut de gamme, je
persiste à penser qu’il y a de la place
pour une entreprise telle que la nôtre,
sur le haut de gamme”, indique
Stéphane Nicorosi, dont l’entreprise
propose pour l’heure des produits
moyen/haut de gamme avec des prix
variant entre 240 et 1 400 euros. Cette
nouvelle collection design contemporaine sera distribuée en GrandeBretagne et en Italie.
Contact : 02 99 70 08 82
La lampe Filitosa super
de la nouvelle collection
8
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
Bertrand Delarre (à droite), gérant de la Seidma, et une partie de son équipe
■ Malgré une année 2009 difficile, la Seidma (Société
d’études et d’industrialisation de mécaniques et
d’automatismes) basée à Lécousse près de Fougères
a poursuivi ses investissements. Reprise en 2007, cette
entreprise s’est spécialisée au fil du temps dans l’outillage de
précision. “Nous fabriquons des pièces d’outillages trempées
(acier, acier inox, plastique, bronze…) pour l’agro-alimentaire, la
conserverie, l’automobile, l’électronique ou l’armement, explique Bertrand Delarre, le gérant de la SARL créée en 1978. Ce
sont généralement des pièces stratégiques, essentielles au bon
fonctionnement de leurs process, de leurs chaînes de fabrication. Nous sommes cinq en France sur cette niche à produire
en toutes petites séries, 15 pièces au maximum. Les 9 derniers
mois de 2009 ont été particulièrement mauvais et j’ai clôturé
mon exercice (au 31/03/10) en accusant une baisse de 27 %.
Heureusement, la reprise est là, j’ai fait un excellent mois d’avril
et au vu des commandes, je pense réaliser une année 2010 sur
les bases de 2008.” Cette année-là, le CA de Seidma s’élevait
à 1,4 million d’euros pour 17 salariés dont 13 à l’atelier. “Ici les
horaires sont libres, chacun est responsable de A à Z de son
travail et de la programmation de sa machine dès la remise des
plans.” Une responsabilisation de chacun, un treizième mois et
une prime d’intéressement permettent à Bertrand Delarre de
fidéliser son personnel et ainsi de poursuivre son développe-
ment. “Depuis mon arrivée en 2007, j’ai investi 360 000 euros
dans 5 nouvelles machines. Celles-ci vont me permettre de
faire des formes que je ne faisais pas jusqu’ici et d’accepter de
nouvelles commandes auprès de mes clients existants.” Ils sont
environ 250 répartis sur toute la France. La stratégie de Seidma
est d’accroître son CA avec chacun d’entre eux car ils sont
avant tout à la recherche d’un véritable partenaire capable de
réaliser des pièces uniques et vitales dans la réussite de leur
process de production.
Contact : 02 99 99 03 05
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
9
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
Jean-Pierre Guégo a racheté
Speed L’M en 2002
■ Avec 5 % du marché français, Speed L’M (Pluneret-56),
fabricant de vêtements personnalisés pour cyclistes,
poursuit sa route. Rachetée en
2002 par Jean-Pierre Guégo, la
PME morbihannaise dispose d’un
atelier de 900 m2, compte 7 salariés pour un CA de 750 000 euros.
“Je travaille sur un cycle vélo qui
débute en septembre et se termine en juin. Je connais toujours
un pic d’activité en début d’année
car les clubs ont achevé de
démarcher leurs sponsors et passent leurs commandes, de 1 000 à
10 000 euros. Du fait d’une diminution du budget pub des entreprises sponsors, 2009 a été en
léger recul par rapport à 2008.
Mais, cette année, la tendance est meilleure” explique le dirigeant. Elles sont sept entreprises en France à exercer cette
activité. Les 4 à 5 000 clubs cyclistes français représentent
95 % du CA de Speed L’M, viennent ensuite les particuliers
(cyclos) et quelques micro-niches comme la fabrication de
10
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
combinaisons pour des clubs
parachutistes du Moyen Orient. “Je
me fournis en matière textile respirant BPI (Blanc prêt à imprimer)
auprès de fabricants suisses ou italiens. Cuissards, maillots, coupevent, je produits des séries de 10 à
300 pièces pour les clubs mais je
facture directement aux sponsors.
Je ne souhaite pas me disperser,
aller par exemple vers d’autres disciplines sportives, même si ma
capacité de production me permettrait de doubler mon effectif. Je
pense qu’il faut avant tout rester un
très bon professionnel et, avec 20
ans d’expérience, je peux encore
gagner des parts de marché. Le
cyclisme est un sport de passionnés. Qu’ils soient pro ou amateurs,
ils sont très exigeants, l’écoute et la
souplesse sont indispensables
pour les fidéliser. En 2010, j’ai accru
de 20 % mon budget communication (Internet et médias spécialisés) car plus que jamais, il faut être présent”. Les cyclistes,
c’est bien connu, pratiquent une veille technique très assidue.
Contact : 02 97 29 43 10
■ La cour d’Orgères (56) : Vérène
Indekeu et Marie-Charlotte Nikolic
reprennent l’entreprise créée par
leurs parents en 1986. “Nous avons
reçu une formation à la maîtrise des confitures. Mon père adorait cuisiner et c’est
tout naturellement que nous avons intégré
l’entreprise dans les années 2000, explique
Marie-Charlotte Nikolic, codirigeante de la
SARL La Cour d’Orgères et en charge
notamment du commercial. Vérène, ma
sœur, est la créatrice, celle qui met au point
chaque nouvelle recette. Elle pilote de fait la
production. Au fil du temps, nous avons
diversifié notre gamme pour revendiquer
aujourd’hui un concept maître confiturier et
épicerie fine”. Installée à Quiberon, au pôle
artisanal Plein Ouest, depuis juillet 2006,
l’entreprise emploie sur ce site, mais aussi dans sa boutique de
Saint-Pierre-Quiberon (ouverte dès 1986), une dizaine de personnes, 18 en haute saison. En léger recul par rapport à 2008,
le CA 2009 s’élève à 730 000 euros dont presque la moitié est
réalisée depuis la boutique d’origine. “Outre les confitures qui
représentent 60 % de notre activité, nous commercialisons des
produits haut de gamme, condiments, rillettes et soupes de
poissons, épices… En plus de nos deux boutiques, nous disposons d’un réseau de revendeurs (fromageries, épiceries
fines…) implantés pour l’essentiel en Bretagne et en région
parisienne.” Trop petite pour négocier en direct avec les producteurs, la Cour d’Orgères achète sa matière première,
(1 tonne d’abricots/an et 1 tonne de fraises entre autres),
auprès d’intermédiaires ou de sociétés d’import/export. “Nous
fabriquons 27 tonnes de confiture par an soit 47 000 pots de
370 g, le format qui se vend le mieux. Coté saveurs, la fraise,
■ Créée en 2003 et spécialisée dans la construction
de stations d’épuration, Odipure (Ploufragan-22), 17
salariés, 2 millions d’euros de CA, intervient sur tout le
quart Nord Ouest. “L’innovation, selon Régis Janvier, son
dirigeant, ce n’est pas que les grands groupes ou la haute
technologie, façon Apple et les autres ! Il existe beaucoup
d’entreprises, parfois des TPE, qui “créent” de l’innovation
“pratico-pratique”, avec du chiffre d’affaires à la clé et des
répercussions sur l’économie locale… et ça, personne ne le
sait.” Avec 2,5 millions d’euros de CA visés cette année, la
société appuie ainsi sa démarche : “chez nous, l’innovation
tourne autour de deux choses : la première est directement
venue d’un besoin du marché. Il s’agit de la méthanisation et
du prétraitement des déchets agroalimentaires avec la prise de
conscience que leur élimination a un coût. On peut dire que
sur cette recherche, nous nous distinguons de nos concurrents. Seconde innovation : la mise au point d’une méthode de
récupération – avec valorisation – du phosphore dans les eaux
usées. Enjeu : en faire un engrais agricole ou le recycler en
matière première.” De quoi doper les résultats à terme avec “4
millions d’euros de CA en 2015”, table le dirigeant.
Contact : 02 96 76 61 55
l’abricot et la
griotte tiennent la corde
mais
les
mélanges
sucré/salé, noix/gingembre
ou concombre/groseille, par
exemples, commencent à
percer. Nous proposons des coffrets pour accompagner les
fromages, les viandes…, ainsi qu’une gamme allégée et travaillons à une gamme bio.” L’objectif à court terme des deux
sœurs est d’accroître le trafic de la boutique contigüe à l’atelier
car, malgré les visites découvertes organisées avec des touropérateurs, elle ne génère que 16 % du CA. A plus long terme,
les deux dirigeantes envisagent d’ouvrir d’autres boutiques.
Contact : 02 97 29 55 62
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
TOUJOURS GAGNANT AVEC VOS CLIENTS
Courtier en assurance-crédit, affacturage, caution et renseignements commerciaux.
Agréé auprès des plus grandes compagnies européennes
Tél. 02 30 09 00 00
www.axefia.fr - [email protected] - N° Orias 07019260
11
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
■ C’est en juillet que Cafés
Coïc (Plomelin-29) ouvre sa
seconde Boutic Coïc à
Quimper (2 salariés. 200 000
euros investis), “ville où historiquement nous sommes nés
mais n’étions pas encore présents”, observe Gilles Coïc
depuis cette entreprise finistérienne et connue pour s’être
illustrée dès 1992 avec le café
bio’ (commercialisation de ses gammes en GMS et secteur
CHR). Cafés Coïc est présent sur toute la Bretagne, emploie
34 personnes pour un CA de 5,1 millions d’euros. La GMS et
le CHR (Cafés, hôtels, restaurants) représentent plus de
85 % de l’activité et la distribution automatique en entreprises, environ 10 %. Pour l’heure, la première boutique réalise,
depuis Lorient, 191 000 euros de CA. Il y aura dans cette
seconde boutique de 110 m2 toute une gamme de cafés en
vrac, mais aussi 80 thés (vrac et sachet), des produits d’épicerie fine et tout le matériel pour boire son café.” A côté de
cela, très concernée par le développement durable – “il y a
longtemps que nous avons fait notre bilan carbone, de la torréfaction à la tasse bue !” – l’entreprise a revu tout le packaging (refonte des lignes graphiques commercialisées en
grande distribution) de sa gamme de cafés (430 T/ an), avec
une attention portée au mode de conditionnement. “Avec un
taux d’aluminium réduit de manière drastique puisque nous
avons divisé son recours par 200, en procédant par pulvérisation, je ne veux même pas parler de coûts, en dehors des
frais d’études et de la réflexion menée pendant 2 ans et demi
bien sûr, mais de gains pour nous.”
Contact : 02 98 55 10 92
■ Avec 3,8 millions d’euros de CA attendus cette
année, Nautix (Guidel-56) “s’en sort bien après une année
difficile en 2009, ne dissimule pas Jean-Yves Langlois, à la
tête de cette entreprise spécialisée dans la fabrication d’antifouling et autres opérations de carénage. L’an passé, on a
connu une baisse de l’ordre de 7 %. Ils ne carénaient plus.
Cette année, on devrait remettre les compteurs à zéro.” Avec
3 personnes dédiées à la R&D (près de 8% de son CA), Nautix
Application d’enduit
époxy Nautix sur une quille
12
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
fabrique des peintures marines, appliquées après mise à sec
et grattage des coques, qui font leurs preuves : “c’est comme
les recettes des chefs étoilés, tout est question de bons
ingrédients et de dosages… que je garde secrets.” Soit une
production de 120 t/an ! “Notre outil nous permet d’envisager
20 à 30 % en plus.” Forte de cette expertise, l’entreprise, qui
emploie 28 salariés, s’illustre aussi dans “l’injection de
matières plastiques”, avec une spécialité : la planche à voile
(accastillage, montage des mâts…). Là encore, une maîtrise
qui lui vaut d’intervenir pour des clients nationaux tels que
Décathlon ou BIC. “Sur ce marché spécifique, nous sommes
les seuls en Europe !”
Contact : 02 97 65 32 69
■ Reprise en 2006 par Christelle et Hervé Philippe,
TMCE (Saint-Gonnery-56) conforte ses positions en
France mais aussi en Suisse et en Belgique. Avec un CA
2009 de 17,3 millions d’euros (dont 13,3 % à l’export), la SAS
emploie 115 salariés dont 90 technico commerciaux. Créée en
1993, TMCE fabrique des compléments pour animaux : des
aliments minéraux pour les ovins, bovins, caprins et autres animaux de la ferme, soit 1/3 de l’activité ainsi qu’un amendement
engrais pour le sol. “On se distingue par notre formulation unique sans phosphate ajouté, énonce Hervé Philippe, président.
Depuis notre arrivée en 2006, nous avons mis l’accent sur le
développement commercial en optimisant les animations terrain, les visites d’exploitations mais aussi les plates-formes
d’essai. Nous travaillons depuis 5 ans avec le pôle agronomique de Belgique. Celui-ci effectue des essais assez lourds avec
nos produits qui nous permettent, au vu des résultats positifs
que nous obtenons, de les valoriser au mieux. Cette validation
scientifique des produits s’accompagnent d’une formation
auprès des technico-commerciaux qui les confortent dans leur
démarche commerciale opérée de façon directe. Nous n’avons
aucun intermédiaire. Nous bénéficions aussi des dispositions
environnementales actuelles, qui privilégient les produits les
plus naturels. Avec une formule sans phosphate ajouté, les
créateurs de TMCE étaient en avance sur leur temps. Nous
allons poursuivre notre développement en asseyant nos positions en France mais aussi en Belgique et en Suisse où nous
disposons d’une filiale. En parallèle, nous améliorons sans
cesse notre outil de production et envisageons d’ici 2 à 3 ans,
quand la reprise sera là, d’augmenter ses capacités”. Avec
7 000 clients, le potentiel de TMCE reste important.
Contact : 02 97 38 41 41
Cellaouate s’inscrit dans une filière régionale de recyclage
et de transformation de vieux papiers
■ Avec un capital de 600 000 euros, Cellaouate (6 salariés), installée à Plourin-lès-Morlaix (29), sort ce mois-ci
ses premières unités confectionnées. Cette PME est la première usine de fabrication de fibres de cellulose “dans tout le
Grand Ouest”, précise Patrick Creac’h, président de cette SAS,
et s’inscrit dans une filière régionale de recyclage et de transformation de vieux papiers et de production de ouate de cellulose, un isolant écologique performant. Méthodologie ? Le
papier est collecté auprès des particuliers, des collectivités ou
encore du journal “Le Télégramme” avant d’être trié localement
par des entreprises de l’économie sociale (dont l’Esat de
Landivisiau). Il est ensuite transféré dans l’usine où il est transformé en ouate de cellulose. “Producteur et distributeur de
ouate de cellulose, notre associé autrichien Isocell apporte en
partenariat son savoir-faire technologique, ses agréments et
son réseau commercial” précise Patrick Creac’h. “En France, la
réflexion n’est engagée que depuis une quinzaine d’année alors
qu’on trouve trace des premières machines à insuffler de la
ouate de cellulose dès 1928 aux USA ! Et dans les pays nordiques, c’est un isolant quasi conventionnel.”
Contact : 02 98 88 00 66
■ Arteco investit 300 000 euros dans une nouvelle
agence à Vannes (56) sous la forme de sa 1ère maison
labellisée “Passivhaus”. “Nous affichons ici notre souhait d’être
en pointe sur la réflexion autour de la maison passive à énergie
positive”, confirme Pierre Laude, coassocié d’Arteco (siège à
Lorient. 25 salariés. 120 maisons livrées en 2009-14,6 millions
d’euros de CA, bilan clôturé en sept. 2009). “Il s’agit bien d’un
test in situ, en vue de développer une expertise et proposer ce
projet à nos clients à des prix raisonnables, explique le
dirigeant. Il faut surtout souligner qu’à la différence de la
maison BBC, le label Passivhaus se concentre sur la qualité
du bâti avec le souci d’une enveloppe très performante : pas
de ponts thermiques, maison très isolée... Peu importe les
équipements d’énergie choisis en intérieur.” Un relais de
croissance possible pour Arteco qui a aussi embauché un
architecte et un technico-commercial (près de 100 000 euros
d’investissement annuel). En attendant, la société voit la reprise
s’amorcer pour 2011 “avec cette année, une bonne reprise des
commandes. Il faut savoir que dans notre métier, une prise de
commande donne des résultats tangibles 10 à 18 mois après.”
Contact : 02 97 21 56 56
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
13
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
■ Sans bruit ni vagues, E3H (Brest-29) vise les ports de
plaisance. “Je souhaite fonctionner comme une entreprise à
l’américaine : je n’attends pas de subventions, je fais !” A la tête
d’E3H (Efficient Electric Evolved Hull), Tanguy le Bihan a fait de
la “maîtrise de la chaîne électrique” le fer de lance de son développement. Aujourd’hui composée de 6 associés + 3 personnes recrutées fin 2009, cette société fonctionne comme une
"start-up de la mer" présente le dirigeant qui a fait rentrer un
nouveau partenaire industriel : le groupe MSA (980 millions
d’euros de CA) “très présent en Bretagne”. De fait, axé sur la
R&D, E3H est née il y a 5 ans, moment où Tanguy Le Bihan
crée ce bureau d’études dont la vocation est aujourd’hui de
“travailler sur des coques et les propulser avec le moins d’énergie possible. Bref ! Concevoir un bateau électrique doté des
mêmes performances qu’un bateau thermique.” Après le projet Odonata, sorti il y a près de 2 ans et demi, projet qui a bénéficié d’un prêt Oséo de 50 000 euros pour un investissement
global estimé à 400 000 euros, E3H présente ce printemps
Remora (260 000 euros investis), “qui veut dire poisson-pilote
pour un bateau de travail destiné aux ports de plaisance. C’est
aujourd’hui notre stratégie. Avec Odonata, bateau qui ne fait ni
bruit, ni vagues et peut faire ses 17 noeuds,nous avons tout de
suite senti l’intérêt du public mais nous ne pouvions pas suivre.
Notre axe est maintenant de nous réorienter vers le marché
professionnel, mais en concevant des projets industriels.”
Premier bateau “composite” à intégrer le liège, Odonata est de
fait prévu pour sortir en série.
Contact : 02 98 05 70 25
RÉGION
■ “Be Breizh” : une nouvelle stratégie marketing touristique pour rajeunir l’image de la Bretagne et lui donner
une place à un niveau international.
Nouvelle image de marque, nouveau site Internet, le Comité
régional du tourisme déploie de gros moyens pour développer
l’offre touristique, accroître la désaisonnalité et donner envie
de Bretagne au plus grand nombre, en commençant par les
Bretons eux-mêmes : “Sans eux, nous n’irons pas loin, affirme
Mickael Dodds, directeur. Avec ce site, nous voulons faire
rêver les gens, leur donner l’envie de venir chez nous, créer
une complicité avec l’internaute …bref offrir un service de
médiation avec tous les non-initiés.” Il aura fallu près d’un an,
une soixantaine de personnes (pigistes pour l’essentiel) et
deux prestataires : Uzik (Paris) pour le graphisme et Kaliop
(Montpellier) pour l’architecture du site. Budget total : 700 000
euros. Moyennant un coût de 150 euros, chaque hôtel, camping ou structure touristique peut se faire référencer et bénéficier d’une fiche de présentation rédigée par un professionnel
avec un lien vers son propre site. “La moitié des hôtels est déjà
répertoriée ainsi qu’un tiers des campings. La marge de progression est importante, ce site est un outil structurant au service de tous les prescripteurs bretons.” Son originalité réside
dans sa démarche affinitaire : 11 motivations de base ont été
identifiées et donnent lieu chacune à une réponse appropriée.
Golf, famille, se faire plaisir, nature, romantique, créatif… mais
aussi osez, vibrez sont des rubriques répondant aux attentes
14
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
et aux modes de fonctionnement de chaque segment ou
communauté d’internautes.
Contact : www.tourismebretagne.com
■ Naissance de Mutualia Grand Ouest. “Maintenant que
nos instances dirigeantes ont été renouvelées, dès septembre
nous allons aborder notre stratégie avec un souci majeur :
comment, en cette période difficile et sans oublier quiconque,
pouvons-nous donner les moyens d’accéder à une complémentaire santé efficace ?” Vaste projet. Mais Daniel Guivarc’h,
Dg de Mutualia Grand Ouest, “complémentaire santé qui
relève du Code de la Mutualité et est à but non lucratif” ne
manque pas d’arguments après que la Bretagne ait “absorbé”
deux autres mutualités qui intervenaient sur trois régions
(Centre, Basse et Haute-Normandie, et Pays de la Loire) avec,
souligne-t-il, plus de 70 emplois développés en Bretagne
contre 25, avant l’opération. “Mutualia Grand Ouest, qui est
aujourd’hui une structure indépendante après avoir été créée
par la Mutualité Sociale Agricole (MSA), c’est un demi million
d’adhérents en clientèle propre, 70 % issus du régime agricole
et 30 % de culture rurale. Avec ce regroupement, il s’agit
d’agir avec un souci d’efficacité ! D’où des synergies et des
économies d’échelle que nous allons pouvoir réaliser pour
accroître les services rendus à nos adhérents.” Moyens
humains pour ce faire : 132 délégués terrain mais aussi des
services à la personne, prestation sur laquelle se place
Mutualia “avec l’équivalent de 100 ETP”.
Contact : 06 78 67 69 08
■ En 2009, les retraités bretons représentaient 18,15 %
de la population bretonne (base 3 219 598 population
légale 2007), et ceux qui ont réalisé une carrière complète au régime général percevaient une pension de
958,15 euros. Ce montant moyen était pour les hommes de
1 025,13 euros et pour les femmes de 878,31 euros. A cela,
il faut ajouter le montant de la retraite complémentaire. Ces
données tirées des statistiques 2009 réalisées par la CRAM
de Bretagne révèlent également qu’avec 584 581 retraités, la
région Bretagne se place en
8ème position par rapport aux
16 territoires que gèrent les
CRAM. “Nous avons, dans
notre région, le taux le plus
élevé de nouveaux retraités du
fait du retour plus massif qu’ailleurs des Bretons dans leur région d’origine, plus de 3 % de
différence avec le national, précise Donald Goldie, directeur
de la Cram de Bretagne qui dévoile également le prochain
nom que prendra l’organisme au 1er juillet : “Caisse d’assurance retraite et de santé au travail (Carsat)”. L’âge moyen
pour le point de départ des pensions est de 61,04 ans (60,68
pour les hommes et 61,35 pour les femmes) mais “on
constate un recul de 6 mois de l’âge du départ à la retraite en
un an. Le nombre de retraités à bénéficier de la surcote (pension majorée d’environ 2,5 % par année supplémentaire aux
personnes qui ne prennent pas leur retraite alors qu’elles en
ont acquis tous les droits) a plus que doublé en 5 ans du fait
notamment de l’arrivée des générations nées dans les
années 50 et dont, pour un nombre plus élevé qu’avant, les
enfants sont encore à charge. Avec le phénomène des familles recomposées, cette tendance va s’accentuer dans les
années à venir.” Autre donnée intéressante : la durée
moyenne de la pension servie.
“Du fait de l’allongement de la
durée de la vie, elle ne cesse
d’augmenter, environ un trimestre par an. En 1995, la pension
de retraite était servie en
moyenne pendant 15,22 ans
(13,39 pour les hommes, 17,13 pour les femmes). En 2009,
elle s’allonge jusqu’à 18,45 ans (16,79 pour les hommes
20,13 pour les femmes). Et pour l’instant, les statisticiens ne
voient pas de limite à cette augmentation.” Ceci explique
qu’en 2009, 353 retraités bretons du régime général touchant
une retraite complémentaire avaient plus de 100 ans, ils
étaient 296 en 2008.
Contact : www.cram-bretagne.fr
“L’âge moyen pour le point de départ
des pensions est de 61,04 ans”
ACTUALITÉS
RÉGION
15
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
ACTUALITÉS
FOCUS
( Ça décolle toujours ?
LES AGENCES DE VOYAGES BRETONNES FACE AU E-TOURISME
Alors que, depuis quelques mois, la vente du nombre
de billets d’avion vendus par les agences de voyages
sur le marché français est à nouveau positive (+5,7 % en
février 2010), le prix moyen du billet émis sur le marché
français est passé en deux ans de 380 à 325 euros
(-14,5 %). La “domination” du tourisme dans
le e-commerce en général semble bien responsable
de ce phénomène et 88 % des agences de voyages
considèrent qu’Internet va donner de plus en plus
de pouvoir au tourisme de loisirs1. Dans ce contexte,
voyons comment les agences bretonnes
prennent le virage Internet !
En France, 64 % des internautes choisissent de préparer leurs vacances sur Internet “pour la facilité que le média
présente”, observe une enquête menée par OpinionWay pour le
compte de Voyagermoinscher.com. Un média plébiscité car il
permet de comparer aisément les offres des voyagistes (51 %
des réponses), voire de réserver directement lorsque l’on trouve
une offre satisfaisante (42 %). 39 % pensent également qu’Internet
16
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
permet de réaliser des économies par rapport aux canaux de
distribution traditionnels et qu’il propose plus de choix (34 % des
répondants).
Selon le baromètre Opodo réalisé en partenariat avec Raffour
Interactif2, la moitié des Français actifs partis en vacances en 2009
ont préparé leur voyage sur Internet et plus des deux tiers d’entre eux (69 %) ont acheté leur voyage sur Internet, soit 35 % des
Français partis en vacances en 2009.
Pour Alain Hamon, président du Snav Ouest3 mais aussi du
groupe Voyages Le Vacon (+ 100 millions d’euros de CA, plus
d’une soixantaine d’agences de voyages réparties sur l’Arc
Atlantique + réseaux de distribution exclusifs), la répartition du
marché entre les 2 principaux canaux de distribution, agences
de voyage traditionnelles et Internet, est respectivement de 8020. “En Bretagne, explique-t-il, le Snav regroupe 73 agences de
voyages indépendantes, qui représentent 224 points de vente.
Trois gros réseaux indépendants dominent aujourd’hui le marché,
National Tours, Groupe Salaün et les Voyages Le Vacon. Nous
réfléchissons tous au développement de nos outils Internet mais,
en parallèle, nous constatons qu’aucun grand groupe, tel que Lastminute, Opodo ou Promovacances n’est rentable. Ils perdent tous
de l’argent, entre le développement de leur outil et le coût de leurs
call-centers ! Seul Go Voyages, qui a par ailleurs des agences traditionnelles, est excédentaire. Ces compagnies qui “font du voyage”
Suite page 18
LG VOYAGES À BINIC (22)
“Qui sont mes clients ? Demandez-moi plutôt quels sont ceux qui ne viennent
pas me voir. C’est simple : celui qui cherche un voyage à 250 euros, je ne le vois pas.
Celui-là, pas de doute, il est sur le net.” A la tête de LG Voyages, agence qu’il a créée
en 1996, Jean-Yves Le Goff pourrait encore ajouter que ce client-là, il n’en veut pas !
“Si je poursuis sur cette quête d’un voyage à 250 euros, vous savez ce qui va se passer ?
Sur place, le client va comparer avec d’autres prestations, va revenir déçu et se répandre partout autour de lui, en oubliant de dire bien sûr qu’il avait acheté un produit bas
de gamme ! Pour, au final, m’assurer une contre publicité totale ! Et tout ça pour être
commissionné 8 %, autrement dit gagner 20 euros ? Non merci.” Pour ce professionnel qui, depuis 1976, a toujours travaillé dans l’industrie du tourisme, un constat s’imJean-Yves Le Goff s’appuie
pose : “je m’inscris comme l’anti-grande distribution (de voyages) à la chaîne. Ce qui
sur
ses
35
ans
d’expérience et d’écoute
m’intéresse, c’est que la personne que j’ai en face de moi me parle de sa partie de
pêche, si elle le veut, avant de me faire part de son besoin. J’ai été guide accompagnateur dans une autre vie, – à la conception et réalisation des voyages en autocar pour Tourisme Verney, dans les années
80 –, je crois donc pouvoir m’appuyer sur 35 ans d’expérience et d’écoute.” Une approche façon “sur-mesure” à la manière
d’un tailleur à l’ancienne ? “Je me définirais plutôt comme un artisan” corrige Jean-Yves Le Goff, de fait seul à mener son
affaire (900 000 euros de CA en 2009). “Je ne dirais pas que mon panier moyen est de 2 000 euros mais il est certain que
je vois plutôt arriver des gens prêts à investir un peu. C’est pourquoi je ne ressens pas la concurrence avec les offres sur
Internet. D’abord elles s’adressent aux petits budgets. Ensuite, les gens sont prêts à aller fureter, se renseigner, mais quand
il s’agit de régler 10 à 15 000 euros pour une famille de 4 personnes, elles ont besoin d’assurance et de garanties physiques avec quelqu’un en face d’elles.”
ACTUALITÉS
“Le client qui cherche un voyage
à 250 euros ne vient pas chez moi”
17
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
NATIONAL TOURS À RENNES
ACTUALITÉS
“Je n’ai jamais cru à la fin
des agences de voyages !”
32 agences filiales et un réseau
d’agences partenaires (environ 130 en
France dont Jouanno Evasion, très
présent dans le Morbihan avec rien
moins que 6 agences) : National Tours,
créé à Rennes en 1985, c’est “pour l’en-
tité rennaise 50 millions d’euros de CA
et 50 salariés”, indique Thierry Houalard,
président, qui observe : “National Tours
a toujours été reconnue pour la qualité
de ses circuits accompagnés, avec le
client pris en charge près de son domicile pour l’emmener à l’aéroport. Allez
chercher ça sur Internet ! Il n’y a donc
pas de concurrence. Maintenant, sur le
produit vol + séjour, il est indéniable que
la toile est un véritable challengeur. Notre
solution ? Proposer dans notre brochure,
tout en essayant aussi de nous démarquer de Marmara, Fram ou Look, des
forfaits excursions.” Moyen de “faire la
différence” sur un produit qui pour
l’heure ne représente que 7 % du CA de
en ligne sont en quête de reconnaissance et, pour ce faire,
signent des accords commerciaux avec des petits réseaux physiques en charge de recevoir leurs clients, notamment à l’occasion
d’échanges de billets, de remboursements ou de changements
de dernière minute, des opérations impossibles à réaliser soimême sur Internet. C’est d’ailleurs comme cela que nous voyons
revenir chez nous une grande partie de la clientèle déçue par
l’achat sur Internet”. Ainsi les agences traditionnelles ont encore
de beaux jours devant elles. Même si certaines ont dû ces
derniers mois tailler dans leurs effectifs, du fait de la baisse en
l’entreprise : “ça peut être un relais de
croissance à terme. C’est pourquoi,
ailleurs que dans notre brochure, sur un
autre type de communication, nous
déclinons la marque Esprit Soleil par
National Tours. Il faut segmenter ses
cibles de clientèles.” Si, aujourd’hui,
National Tours n’est pas encore sur le net
“de manière probante”, son président
adopte déjà, néanmoins, une stratégie :
“nous allons y proposer notre offre, c’est
indéniable, mais en renvoyant l’internaute auprès de nos agences. Je n’ai
jamais cru à leur disparition sous le coup
d’Internet ! La valeur d’une entreprise, ce
sont ses salariés ! Pour nous, il s’agit au
contraire d’étendre notre positionnement avec, à l’heure actuelle, une densité
importante sur tout le Grand Ouest. Cela
va passer par des opérations de croissance externe (nc). En vue de combler la
jachère entre deux zones où nous
sommes bien identifiés.”
volume d’affaires, Internet continue de booster la demande. Et,
au vu des témoignages qui suivent, elles en profitent car elles ont
su apporter des réponses adaptées à chaque client.
■ Serge Marshall
1
Sources : Médiamétrie
Etude menée par le cabinet Raffour Interactif. 89 % estiment qu’Internet
modifiera de plus en plus la structure de l'offre et de la demande touristique.
3
Snav Ouest : Créée en 1945, cette organisation professionnelle
est l’unique interlocuteur auprès des pouvoirs publics pour l’ensemble
des trois métiers (producteurs, distributeurs, réceptifs) qui la composent.
L'Ouest regroupe les régions Bretagne, Pays de la Loire et Sarthe
2
VOYAGES BÉLLIER
Pour une proximité
géographique et humaine
Présents à Dol de Bretagne, SaintMalo, Combourg, Saint-Lô… Voyages
Béllier (marque commerciale Emeraude
Voyages) est bien à l’image de son fondateur : Michel Béllier, homme toujours en
mouvement avec près de 14 salariés dans
ses agences (8 millions d’euros de CA) et
qui mène aussi une activité d’autocariste
“avec 82 véhicules dont une bonne partie
fait aussi du tourisme.” Franc, l’homme
reconnaît “que bien souvent dans nos agences, nous proposons les mêmes produits
que le client a déjà repérés sur le net. Mais
on se doit de répondre à sa demande et
quand il a déjà repéré l’offre d’une compagnie ou d’un grossiste en ligne, on peut au
moins comparer ce qui est comparable.
18
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
Sachant que chez nous,
avec les frais de dossier,
la différence sera de
l’ordre de 12 à 14 euros
par personne.” Soit. Est-ce à dire que les
agents de voyages n’ont pas d’autres…
cartes à jouer ? “Oh que si ! Il faut savoir que
les Français sont fâchés avec la géographie !
Ils sont prêts à acheter sur le net un voyage
en Asie sans savoir que c’est la saison des
pluies ! Nous avons au contraire des infos
en direct avec les Tours Opérateurs concernant la situation réelle du pays, du climat et
de l’hôtellerie. Il faut dire qu’il y a 25 ans de
cela, on allait voir les produits sur place.
C’est bien joli de promettre en ligne la plage
à 5 mn. Mais à pied ? En voiture ? En bus ?
Là, on frise la désinformation…” Autre atout
: la proximité avec les voyageurs. “Prenez
l’histoire du volcan qui a paralysé toutes les
compagnies aériennes au printemps. Non
seulement nous avons rassuré les familles
qui nous appelaient en mettant en place un
service quasiment 24h/24, mais nous avons
sécurisé les voyageurs en permettant leur
acheminement de Bordeaux ou Toulouse
alors que les autres aéroports français
étaient fermés.” Soit, au final, une vraie
culture de la proximité géographique et
humaine.
ASTEN, INFOGÉREUR VERT
ENTREPRISES
Des serveurs sous haute surveillance
De la proposition en logiciels à la conservation haute sécurité des données, le groupe Asten a acquis une réputation
d’accélérateur d’entreprises depuis son siège au Relecq-Kerhuon (Finistère). Avec, aujourd’hui, une volonté Green IT.
Le développement des SSII hors Paris, au début des
années 80, a amené Jean-Christophe Cagnard en pointe de
Bretagne. Pour Thomson, puis Alcatel, il eut pour mission d’apporter des services en logiciels à proximité des clients. “Pour ces
grandes sociétés, je négociais aussi le rachat de petits opérateurs locaux. En 2002, j’ai choisi de reprendre à titre personnel
Asten, dont le créateur, en 1995, partait en retraite, et je me suis
lancé dans ma propre aventure.” A l’époque, Asten compte 40
personnes travaillant pour une dizaine de clients et un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros. Un grand tournant est venu en
2004 avec l’arrivée à la direction générale de Bruno Gillet,
spécialiste des infrastructures matériels et de l’infogérance.
“Cela a augmenté notre palette de services vers les PME régionales et les groupes à pouvoirs de décision locaux, comme le
CMB, Brit Air, Bolloré Technologies ou Le Télégramme”, explique le président, Jean-Christophe Cagnard. Aujourd’hui, le
groupe affiche un CA de 6,5 millions d’euros réalisé par 90
collaborateurs pour 200 clients.
Confiance et compétence
En reprenant fin 2007 STTG, le service informatique du groupe
Omnium (Eurodif…), Asten a créé sa filiale Asten NSI, gardé
Omnium comme client et ouvert un axe supplémentaire d’expansion. “Pour gagner en sécurité, qualité et efficacité en se
recentrant sur leur métier, de plus en plus d’entreprises préfèrent confier tout ou partie de leur système informatique à un partenaire extérieur infogéreur, raconte Bruno Gillet.
Le cœur de la société est en fait un Data Center de 400 m2, véritable bunker discret au sein d’une zone industrielle de la péri-
phérie brestoise. Là, les serveurs des clients sont compartimentés et virtualisés, avec multiples sauvegardes permanentes,
derrière des murs de béton épais, barreaux aux fenêtres, alarmes à tous les niveaux, double alimentation en électricité et internet pour pallier la moindre rupture… Chaque 1er mardi du mois
à 11h45, toutes les équipes techniques s’y retrouvent pour
créer un black-out total.
La Green IT
L’infogérance vue par Asten NSI a aussi des aspects qui, à notre
époque, prennent de plus en plus de poids. “Au lieu d’avoir chez
lui trois ou quatre serveurs physiques dévoreurs d’énergie, l’entrepreneur n’en a plus qu’un virtuel chez nous, commente Bruno
Gillet. L’économie annuelle peut atteindre 7 000 kwh, soit 4
tonnes de CO2. Sans oublier que le service informatique pouvant
être pris en mains de chez nous, il n’y a plus de déplacements
de techniciens et, du coup, la réponse bonne pour l’environnement est encore plus rapide pour l’entreprise.” Cette Green IT,
complétée chez Asten NSI par un choix de matériels IBM,
leader en déconstruction maximale des machines après usage,
prend une place grandissante dans la communication externe
des entreprises. “Et puis, n’oublions pas que nous sommes en
Bretagne, conclut Jean-Christophe Cagnard. Nos clients nous
connaissent physiquement, peuvent visiter à tout moment le Data
Center… à l’inverse d’un contrat avec une société en pays
exotique. Grâce à notre climat tempéré, ici, on économise aussi
sur le refroidissement des locaux, au bénéfice du coût final et
de la planète !”
■ Yves Pouchard
19
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
ENTREPRISES MÉTALLIQUES LONCLE (EM LONCLE),
SPÉCIALISTE DE LA CHARPENTE INDUSTRIELLE DEPUIS 1904
ENTREPRISES
Des vigies pour voir plus loin
François Thésé, DG
La 2ème génération Loncle est venue s’installer dans la ZI Nord de Saint-Malo
dans les années 50. Spécialisée dans le travail de l’acier et de tous les travaux
de construction métallique, chaudronnerie et serrurerie, EM Loncle dispose aujourd’hui
d’une réelle maîtrise qui lui permet d’obtenir des marchés à forte valeur ajoutée.
L’étude et le montage de la toute nouvelle prison de
Rennes, la reconstruction des balcons et ossatures planchers
du Palais des Congrès à Saint-Malo, ou la livraison ce mois-ci
à la DCNS de Brest d’un bâtiment avec toit mobile destiné à
accueillir le dernier missile M51, font partie de “ces projets
complexes pour lesquels on est bon”, s’enthousiasme François
Thésé, à la tête de la Direction générale de l’entreprise depuis
2005. La grande technicité que requièrent ces marchés, tant au
niveau de l’étude que de la mise en œuvre, fait partie de la
culture maison. Nos longues habitudes de travail avec les militaires, en particulier la DCNS, ne sont sans doute pas étrangères à ce savoir-faire.”
Des vigies d’aéroport pour le marché égyptien
Depuis quelques années, EM Loncle a fait de la construction de
vigies d’aéroports sa niche. “Nous avons commencé par la tour
de contrôle de Dinard et aujourd’hui nous installons notre 4ème
vigie en Egypte. Pour ces marchés d’environ 500 000 euros, nous
faisons l’étude avec l’intégration de tous les éléments. Nous réalisons, ici dans nos ateliers, toute la partie métallique ainsi qu’un
montage complet à blanc de la structure avec tous les équipements. L’ensemble, ainsi contrôlé, est démonté et mis en caisse
pour être expédié par container et remonté sur place par mes
équipes. Les équipementiers locaux n’ont plus qu’à intégrer
les éléments prévus sur les plans. En fait, c’est un vrai mécano !”
Après Sharm el Sheikh, Le Caire, Alexandrie et Asyut, une 5ème
vigie devrait être mise en boîte dans quelques mois.
pour une production mensuelle de 200 tonnes/mois ) les
nouveaux propriétaires ont fait le choix de conserver ce patrimoine situé à proximité de la gare de Saint-Malo. “Nous sommes
dans une logique de 200 à 300 000 euros d’investissement par
an depuis 5 ans. Couverture, bardage, aire de peinture, système
électrique, aération… “la coque” a été totalement remise à jour !
Maintenant, nous allons investir dans la mise en conformité de
tous nos systèmes de manutention.”
La chaudronnerie et la serrurerie
Dans un contexte où les prix ont chuté de 20 %, François
Thésé a fait le choix de s’intéresser aux projets les plus rentables, quitte à voir son CA baisser d’environ 20 % entre 2008 et
2009. Fin d’année dernière, il a atteint 6,2 millions d’euros dont
25 % à l’export. “Notre cœur de métier est la charpente industrielle. Elle représente 2/3 de notre activité. Mais quand les
temps sont durs, nos activités chaudronnerie et serrurerie sont
à même de prendre le relais. C’est le cas en ce moment avec
un marché en plein développement, celui de la charpente en
béton. Pour ces entreprises spécialisées, nous fabriquons des
moules métalliques de différentes épaisseurs dans lesquels
elles coulent le béton pour en faire des blocs préfabriqués.” A
la mi-mai, lors de notre entretien, François Thésé était relativement confiant pour 2010, la moitié de ses objectifs étaient
atteints.
■ Véronique Maignant
L’appartenance à un groupe
En 1985, l’entreprise comptait encore 250 personnes. Mais des
difficultés naissent qui aboutissent en 1999 à sa reprise par le
groupe de BTP Marc SA (Pleurtuit -35) implanté dans l’Ouest et
dont l’actionnaire n’est autre que la famille Gagneraud. “Cette
appartenance à un groupe d’envergure national nous permet
d’avoir une vision globale des marchés, de travailler en synergie avec les autres entreprises de Marc SA, comme Morgère à
Saint-Malo ou EMG à Landaul (56) également spécialisées dans
la construction métallique. Ces 3 entités, toutes parfaitement autonomes, rassemblent une centaine de personnes, principalement des charpentiers, chaudronniers et serruriers” précise
François Thésé. EM Loncle compte un effectif de 53 salariés dont
7 au bureau d’études. Malgré un outil surdimensionné (18 000 m2
Montage de la vigie de 60 tonnes destinée au Caire
20
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
NUTRAVERIS, CABINET DE CONSEIL SCIENTIFIQUE ET RÉGLEMENTAIRE
Cédric Bourges
En créant Nutraveris en 2006, Cédric Bourges misait sur l’évolution des textes nationaux et européens
pour imposer son expertise sur le marché. Les réglementations, mais aussi le manque de maîtrise de la chaîne complète
des procédures de la part des laboratoires lui ont ouvert la voie.
Si le siège de l’entreprise est basé au Zoopôle de SaintBrieuc, essentiellement tourné vers la santé animale, c’est en
matière de nutrition humaine, et plus précisément de nutritionsanté, que Nutraveris a bâti son expertise. Chaque année, elle
développe une trentaine de produits pour les laboratoires pharmaceutiques, cosmétiques ou les entreprises agroalimentaires. “Nous répondons à leurs attentes, d’abord sur un plan
scientifique en créant une formule spécifique, puis sur un plan
réglementaire en s’assurant que le produit sera autorisé dans les
pays de distribution”, résume Cédric Bourges. La dernière née :
une ligne innovante pour le laboratoire Darégal Santé, leader des
herbes aromatiques surgelées. L’idée : puiser dans ses cultures
des principes actifs ayant des applications en termes de digestion, détente, beauté, minceur et vitalité. Un processus très
long, puisqu’il a duré plus de 3 ans ! “Avant de créer nos propres
formules, nous avons recherché dans leurs herbes les meilleures plantes et les meilleurs actifs
soutenant des activités scientifiquement prouvées. Le concept
étant d’utiliser leur technologie, la
surgélation, afin de garantir l’intégrité de ces principes actifs, plutôt
que de sortir des ampoules ou des
comprimés”. A base de guarana,
safran, pissenlit ou autres, les
produits sont soumis à 3 conditions : ils doivent être efficaces
sans poser de problèmes de sécurité, répondre à la réglementation des différents pays, s’adapter en termes de développement industriel et de prix. “Dans le cas présent, nous voulions
faire une boisson surgelée dans un berlingot. Il nous fallait donc
des ingrédients solubles dans l’eau avec une belle couleur,
une bonne odeur, etc. Par ailleurs, nous visions un circuit sélectif non concerné par ce type de produits jusqu’à présent, l’enseigne Picard”, explique Cédric Bourges. Menées en parallèles,
les parties réglementaires et scientifiques sont gérées par une
équipe de 15 personnes (expert juridique, pharmacien, docteur
en physiologie, ingénieurs, etc.). La difficulté du projet : démontrer la qualité des actifs une fois surgelés. Pendant près de 9 mois,
des tests ont été effectués. Du temps, mais aussi de l’argent,
ENTREPRISES
Bon pour la santé
sachant que chaque point d’analyse coûte 200 euros par actif.
Puis vient le temps de l’industrialisation qui réserve souvent, pour
ne pas dire toujours, des surprises sur la chaîne de production :
manque de fluidité, berlingot de travers, couleur trop soutenue…
De sérieuses promesses
Depuis février dernier, la gamme est enfin à disposition des
consommateurs. Le dossier scientifique validant les études a été
approuvé par l’EFSA, l’autorité européenne de sécurité des
aliments, et les allégations santé ont été autorisées. “Depuis 2007,
le nouveau règlement européen sur les allégations est à la fois
une menace pour les entreprises et une opportunité sérieuse sur
le marché, indique Cédric Bourges. On ne peut plus revendiquer
la vitalité ou l’amaigrissement sans avoir réalisé une étude validée par l’EFSA”. Ainsi, sur 1,6 million de chiffre d’affaires réalisé
en 2009, 40 % correspondent à
des études cliniques pour des
dossiers d’allégation, 40 % à des
dossiers réglementaires pour enregistrement dans différents pays et
20 % à des process complets de
formulation et de mise sur le
marché. “En nombre, nos clients
sont de loin l’industrie pharmaceutique habituée à ces produits, relève Cédric Bourges. L’industrie
agroalimentaire est beaucoup plus frileuse, car les marques ne
veulent pas courir de risques sur l’image de leurs produits. Elles
réalisent donc de très fortes analyses marché, quantitative,
qualitative… avant de lancer un concept. Mais, en termes de chiffre d’affaires, elles sont importantes car leurs projets sont plus
longs et plus complexes. Par ailleurs, si nos clients comme
Danone ou Nestlé disposent de leurs propres laboratoires, ils
savent que nous travaillerons plus vite car notre structure est plus
légère et réactive”. En France comme à l’international (20 % de
son CA), peu d’acteurs à l’envergure suffisante existent sur ce
marché. Une réelle opportunité que Nutraveris compte bien
saisir.
“Depuis 2007, les promesses autour
des produits doivent être prouvées
scientifiquement”
■ Véronique Rolland
21
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
DOSSIER
La filière bois doit se ch
et organiser le circuit court
CES ENTREPRISES TÉMOIGNENT :
• Abibois (Rennes)
• Aprobois (Carhaix)
• Armor Panneaux (La Chapelle Caro)
• Briero (Mauron)
• ENP (Saint-Etienne-en-Cogles)
• GLV (Plouguerneau)
• Grouazel (Saint-Sauveur-des-Landes)
22
• IC Bois (Sérent)
• Josso (Le Roc Saint-André)
• Panaget (Bourgbarré)
• Ropars Perrot (Huelgoat)
• Scop MCA (Plonevez du Faou)
• Silverwood (Saint-Malo)
arpenter
La crise est là, la demande aussi :
face à une situation paradoxale, la filière bois
en Bretagne cherche à s’organiser.
Mais ses faiblesses structurelles constituent
des freins encore difficiles à dépasser.
124 000 propriétaires forestiers, près de 4 000 entreprises de
transformation : ces deux (gros) chiffres pointent à la fois le poids et
la principale faiblesse de la filière bois, son émiettement.
Pourtant, cette petite filière (comparée aux 18 milliards dégagés par
les industries agro-alimentaires bretonnes) dégage près de 2 milliards
d’euros de chiffre d’affaires et compte plus de 20 500 emplois. Elle
se situe à la croisée des attentes du développement durable
(biodiversité, énergie, construction durable, emploi rural…). De quoi
justifier l’attention apportée par les pouvoirs publics et les efforts menés
par les entreprises qui en dépendent.
Une ressource sous-exploitée
Premier constat : la forêt bretonne est sous-exploitée. La Bretagne
n’est pas une grande région de tradition forestière. La forêt couvre
seulement 12,7 % du territoire (contre 28 % en moyenne nationale)
et même si le volume sur pied a fortement crû ces dernières années,
les prélèvements restent limités à environ 40 % des quantités mobilisables. Comme le souligne le rapport d’orientation régional présenté
en juin 2009, cette situation laisse apparaître des possibilités de
développement à condition de mobiliser la ressource. Or, 93 % des
propriétés sont inférieures à 4 ha et leurs détenteurs ont tendance à
considérer la forêt comme un patrimoine, un espace de détente,
sans développer de stratégie économique.
De leur côté, la production et la transformation ont été mises à mal
par la crise : on estime ainsi la baisse d’activité à au moins 30 % en
moyenne dans l’amont de la filière.
La première transformation rassemble environ 65 scieries, généralement de petites tailles et à structure familiale, avec de faibles capacités d’investissement. Et il n’existe qu’une seule unité de fabrication
de panneaux, source “naturelle” de valorisation des sous-produits.
A La Chapelle-Caro (56), Armor-Panneaux réalise un chiffre d’affaires avoisinant les 15 millions avec une équipe d’environ 90 personnes. “A ce jour, poursuit le rapport, la valorisation des produits
connexes (soit 50 % des volumes entrant en usine) se fait hors de
Bretagne”.
23
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
DOSSIER
Circuit court
En seconde transformation, l’activité papier est inexistante, le
meuble est pratiquement à l’agonie. L’emballage est une
tradition régionale mais le secteur souffre. La construction
connaît un bel essor mais doit s’approvisionner quasi-exclusivement en produits d’importation : on peut pointer en
particulier le manque d’outils industriels en rapport avec les
besoins et la certification des bois est encore peu développée
(Normandie 42 %, Pays de Loire 31 %, Bretagne 20 %).
Enfin, pour compléter ce rapide panorama, on peut déplorer,
malgré les efforts de l’interprofession, un défaut de
dynamisme collectif qui entrave le développement.
Un besoin vital d’organisation
Ce que confirme la position des entreprises rencontrées : on
constate à la fois une analyse commune mais des stratégies
encore très individualistes.
Pour André Allanic, président de l’Union régionale des forestiers privés de Bretagne, “on est à une époque charnière : la
demande des propriétaires forestiers est relayée par le consommateur final. Certains maillons de la filière ont un besoin vital
de s’organiser, car on n’arrive plus à capter certaines surfaces
arrivées à maturité, il y a un problème de renouvellement de la
ressource. L’outil industriel n’est pas assez puissant, pourtant
la moitié des résineux (près des deux-tiers de la ressource) peut
s’employer dans la construction. Mais les choses bougent.
Depuis deux ou trois ans, le bois est devenu une matière
stratégique : l’Indonésie et le Gabon viennent d’interdire
l’exportation de bois et encouragent la valorisation sur place.
En France, les dispositions issues du Grenelle prévoient de
multiplier par 10 la place du bois dans la construction”. Et de
souligner les investissements des propriétaires forestiers dans
les scieries grâce à la loi Tepa.
“Le circuit court est-il le modèle de l’avenir ? interroge, avec
un brin de provocation, Jean-Marc Ropars, exploitant à
Huelgoat (29), spécialisé dans les résineux (pin Sitka). Les
gros propriétaires gèrent la forêt comme un portefeuille d’actions et nous ont fait encaisser des
augmentations de 15 à 30 % impossibles à
répercuter car les scieries locales ont de trop
faibles marges. Nous nous trouvons en concurrence
avec les régions limitrophes, et le bois breton
revient dans la région après transformation. Devonsnous devenir prestataires pour les industriels du
reste de la France ? Il y a une volonté de jouer
localement, c’est pourquoi nous allons nous
diversifier vers la charpente.”
24
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
“Le circuit court est une démarche fondamentale copiée sur
les grandes régions forestières (Alpes, Forez…)”, répond Désiré
Mahé, dirigeant d’Aprobois (29), l’une des trois plus importantes scieries de Bretagne. La Scop de Carhaix transforme en
palettes des résineux locaux (le pin Sitka à 90 %). “Nous
avons engagé une démarche de diversification sur 2011-2014.
Le nouvel outil est d’abord destiné à produire des volumes plus
importants pour faire face à la concurrence des autres régions
et proposer des prix pertinents sur le marché. Nous organisons
la logique de circuit court en direction du marché de la construction bois car il y a une opportunité évidente de développement.
Sans négliger le bois énergie, secteur qui, depuis 20 ans, nous
permet de valoriser les produits connexes.”
Cette analyse est voisine de celle de la scierie Josso,
au Roc Saint-André (56). Celle-ci emploie 65 salariés et
travaille 27 000 m3 de sciage par an, “en résineux bretons
uniquement, dont 70 % minimum de bois certifiés”, précise
Claudine Josso. L’entreprise va investir dans un outil de sciage
“pour répondre au besoin croissant en palettes et gagner en
productivité, mais aussi nous diversifier, de manière prudente,
vers le bois construction. Nous voulons faire une offre bretonne
face à la demande locale”.
La même démarche de diversification est suivie par les importateurs, comme Silverwood (groupe Wolseley) à Saint-Malo.
“Premier importateur et transformateur de bois en France,
présent en Bretagne à travers Réseau Pro, le groupe décline deux
activités : l’une d’importateur de bois du Nord certifiés (Saint-Malo
est d’ailleurs le premier port d’entrée du bois en France),
l’autre de transformateur,” explique Pascal Quétel. La production locale de charpente à base de résineux reste anecdotique
par rapport à la production française et les industriels nationaux
sont très présents sur le marché breton. Comme transformateur,
nous faisons du rabotage, c’est-à-dire proposons des produits
semi-finis pour la construction (lambris, bardages, etc). Notre
diversification nous a permis de passer la vague car notre
activité est très portée par le développement de la maison bois
et soutenue par les politiques publiques. Le volet énergie va
devenir crucial, nous sommes déjà présents dans la production
de litières avicoles ou la fabrication de panneaux.”
Une politique de niche
D’abord vue comme une niche de repli en période de crise, la
construction devient un axe stratégique majeur pour la
Bretagne. La région est au premier rang pour la construction
Suite page 26
Saint-Malo est l’un des principaux ports d’entrée du bois en France
IC BOIS À SÉRENT (56)
Faire émerger l’offre
des vrais professionnels
du bois
Leader breton de la construction
bois avec 80 salariés, IC Bois a été créé
en 1987.
“Dans un contexte général orienté à la
baisse, la part de marché de la construction bois tend à croître, attirant de
nombreux intervenants depuis deux ans et
cette offre commerciale a perturbé le
marché”, constate Philippe Mouret, le
dirigeant.
Une partie de la demande est opportuniste
et s’intéresse d’abord au prix, en dépit de
qualités et de compétences variables,
provoquant des fluctuations très violentes,
allant jusqu’à 50 %. La pérennité de la
filière dépend de la
qualité d’exécution des
ouvrages qui dépend
des moyens qu’on y met,
la non qualité pénalise
tous les intervenants.
Faire reconnaître sa
qualité est difficile car la
construction est un domaine complexe,
déjà au niveau de l’approvisionnement :
c’est pourquoi nous misons d’abord sur les
bois du Nord, imbattables en termes
d’organisation et de qualité. Nous ne
sommes pas vraiment menacés par les
gros opérateurs qui jouent encore le
partenariat mais les choses peuvent
évoluer. C’est pourquoi l’idée d’une
démarche collective, comme un cluster,
est intéressante car elle organise
l’échange d’idées et la rencontre avec les
partenaires. Pour moi, c’est sûr, il faut faire
partie du cercle de réflexion.”
25
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
DOSSIER
GROUAZEL À SAINT-SAUVEUR-DES-LANDES (35)
Le bois a de beaux jours devant lui
Installé depuis 100 ans, à SaintSauveur-des-Landes, près de Fougères,
le groupe Grouazel (50 salariés, 10 millions d’euros de chiffre d’affaires) a
entamé sa démarche de
diversification au début des
années 2000.
Travaillant essentiellement
des feuillus issus de forêts
bretonnes certifiées PFC, il
a choisi d’investir pour
répondre à la demande de
sa clientèle de menuisiers
à qui il peut proposer des
produits semi-finis (escalier, parquet, fenêtre, aménagement extérieurs…)
destinés à la construction
neuve et de plus en plus à
la rénovation.
Le groupe a mis le cap sur l’international,
dans les Emirats Arabes Unis en réponse
à la demande d’un négociant, en Europe
des maisons bois. L’éco-rénovation va prendre de
l’importance avec la réglementation thermique 2012,
ouvrant de nouvelles perspectives. On trouve en
Bretagne des acteurs dynamiques mais à qui il peut
manquer la surface nécessaire pour répondre à des
projets d’envergure (collectifs, bâtiments tertiaires
ou publics).
(essentiellement Grande-Bretagne et
Suisse). Enfin, il s’est lancé, “pour dépanner un client dont le fournisseur avait
déposé le bilan”, dans la fabrication de
jouets distribués par de multiples
canaux : dans les magasins spécialisés,
les grandes surfaces, par internet et dans
son propre magasin à Saint-Sauveurdes-Landes. “Nous avons même créé
un second jouet, car nous sommes
toujours à la recherche de nouveaux
débouchés”, explique Jean-Pierre
Grouazel, adepte lui aussi du circuit
court. Le groupe comprend une filiale
spécialisée dans le recyclage du bois :
“Le bois énergie est un vrai créneau qui
va exploser d’ici deux-trois ans, notamment grâce aux chaufferies industrielles
et de collectivités.”
Josso travaille 27 000 m3 de sciage par an.
L’entreprise va investir dans un outil de sciage
pour répondre aux besoins croissants en palettes.
La Scop MCA à Plonevez du Faou (29) emploie
aujourd’hui 50 personnes pour un chiffre d’affaires
d’environ 5 millions d’euros et réalise charpentes et
murs sur tous types de bâtiments applications. “Nous
travaillons à 90 % avec du bois importé d’Allemagne et
de Scandinavie, mais nous sommes partenaires de la
démarche de valorisation du pin Sitka (voir encadré) car
c’est une ressource locale valorisable, pour répondre
à la demande du consommateur final pour qui la
proximité est un argument. C’est d’ailleurs ce qui nous
défend de la concurrence des opérateurs nationaux qui
s’intéressent de plus en plus au bois”, souligne Alain
Guenever.
A Plouguerneau (29), GLV et ses 28 salariés proposent des
maisons à ossature bois pour la Bretagne et la Normandie. “Les
taux très bas et le Grenelle relancent la demande, expose
Jean Le Vourch. L’ossature bois a fait ses preuves, c’est
rentré dans le raisonnement courant. Nous avons recours au
bois du Nord car le bois local n’a pas encore apporté la preuve
de sa qualité.”
A Mauron (56), Briero a démarré il y a cinquante ans sur le
marché de la rénovation et propose depuis sept ans des maisons bois. “Je travaille avec de l’épicéa importé, j’attends la
restructuration de la ressource locale, la demande est là”,
souligne Bernard Briero. Pour faire une offre globale,
l’entreprise a rejoint la coopérative de construction Habiozone
26
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
qui s’est organisée autour de deux activités : éco-promotion
et éco-construction. “Nous formons un groupe d’artisans
capables de garantir la performance thermique et l’étanchéité
pour un bâtiment clé en mains. Nous ne sommes pas encore
sur des chantiers de volume où la concurrence avec les
constructeurs béton est forte. Nous travaillons sur des maisons
individuelles avec une offre plutôt haut de gamme. Pour être
cohérent dans notre démarche, notre prestation reste chère.
La question de la structuration de la filière se pose.”
Un consommateur en manque d’information
Dans le domaine de l’aménagement et de la décoration, le
parquet tient une place de choix. “Les ports européens sont
DOSSIER
LE CENTRE OUEST BRETAGNE (COB)
Lancement du cluster Sitcob
Le 27 mai a été marqué par le lancement de Sitcob, cluster initié par
le Pays du Centre Ouest Bretagne à la demande des acteurs privés et du Centre
régional de la propriété forestière.
Le Cob possède un massif forestier plus dense que sur l’ensemble de la
Bretagne (15 % de surfaces boisées contre 12 %), très morcelé, insuffisamment exploité et dont une grande partie des superficies sont occupées par le
pin Sitka, un résineux arrivé à maturité : “Il manque la culture productive de la
forêt, pour l’instant on fait surtout de la palette alors que le Sitka a tout le potentiel pour la construction, explique Anne Cécile Lemaire. Pour faire connaître ses
qualités et ses capacités, la première mission du cluster sera le classement
machine des bois.
Nous allons travailler en partenariat avec la FCBA (bois ameublement) et avec
des scieries régionales. Nous mènerons également des actions de promotion
auprès de la demande finale, développerons le circuit court, encouragerons la
R&D en lien avec l’ENSB (Ecole nationale supérieure du bois) à Nantes et à l’inLe Cob possède un massif forestier plus dense
ternational avec l’Irlande, qui a une bonne connaissance du pin Sitka. Nous nous
que sur l’ensemble de la Bretagne
préparons à soumettre notre candidature au Pôle d’excellence rurale”.
Et preuve qu’il s’agit d’une initiative bien concrète, le cluster a déjà réuni une scierie, un constructeur et un bailleur social :
six maisons en bois sortent de terre à Landeleau (29) au moment où vous lisez ces lignes.
bondés de bois chinois, alors que le beau chêne est en France.
La concurrence de chêne illégal venu de Sibérie casse les
prix alors que le parquet souffre depuis l’été 2008, poursuit
Jean-Luc Roy, qui dirige Panaget : “250 salariés, un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros, 30 avant la crise. Le consommateur est pénalisé par le manque d’informations sur l’origine
véritable du bois, on va lancer un logo “Parquet de France”, avec
une norme et une traçabilité. Nous réalisons 20 % de notre activité à l’international, notamment en Amérique du Nord et en
Grande-Bretagne.”
Installée à Saint-Etienne-en-Cogles (35), ENP conçoit et fabrique des agencements et mobiliers à partir de bois éco-certifiés.
Malgré la crise, Michel Pinot a choisi de travailler uniquement
sur des bois français ou européens “pour préserver la santé de
mon personnel des traitements toxiques et bénéficier de l’image
du produit français”. Pour une clientèle haut de gamme dans le
Déposez gratuitement
vos offres d’emploi en ligne
monde entier (Etats-Unis, Allemagne, Caraïbes), il privilégie des
essences nobles peu travaillées comme le cèdre : “Je fais appel
à un réseau de partenaires dont un scieur breton qui m’apporte régulièrement de nouvelles propositions et de nouveaux
matériaux. Je serais particulièrement intéressé par les initiatives
qui valorisent les essences locales”.
Des projets en cogénération
Et le bois énergie, dans tout ça ? Il semble avoir désormais le
vent en poupe. Début 2007, la filière bois représentait une
consommation de 85 000 tonnes de bois par an. Boostés par
le Grenelle et les appels à projets nationaux, deux projets
industriels (dans les IAA et les laiteries) et deux chaudières de
cogénération à Brest et à Rennes devraient provoquer une
consommation supplémentaire de 240 000 tonnes, rappelle
Michel Pedron, association Aile (Association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement) .
Comme dans le secteur du bois construction, la réussite de ces
initiatives passent par le collectif. Abibois, l’interprofession, réunit plus de 300 adhérents à toutes les étapes de la filière.
Depuis plusieurs années, il met en oeuvre des programmes
d’accompagnement dans le bois construction avec des entreprises des Pays de la Loire et de Bretagne pour les aider à
mieux construire leur projet de développement, grâce notamment à des diagnostics sur site et l’intervention d’experts.
Des entreprises se réunissent sur des projets d’innovation
dans les matériaux et systèmes constructifs. Un groupe de travail s’est saisi du sujet de la valorisation des déchets de scierie. Une campagne de promotion du produit bois va démarrer
à l’automne : une opération qui va démarrer sur l’impact environnemental… De quoi conclure avec Claudine Josso : “Nous
sommes dans un moment de crise, des projets émergent. La
profession est en train de s’organiser pour prendre des parts
de marché. C’est en route, des ponts sont établis.”
■ Clotilde Chéron
28
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
ENTRETIEN AVEC OLIVIER FERRON, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL D’ABIBOIS,
ASSOCIATION RÉGIONALE DES PROFESSIONNELS DE LA FILIÈRE BOIS
“Il faut construire un catalogue
de produits bretons”
Comment peut-on interpréter la situation actuelle
de la filière bois en Bretagne ?
La profession est confrontée à une situation paradoxale,
fruit d’un double phénomène : la crise économique, qui touche
le secteur comme l’ensemble de l’économie, et une
croissance marquée de la demande dans le domaine du bois
construction. La part de la maison bois a quasiment doublé dans
les cinq, six dernières années et a atteint 11 % en 2009. Les
autres secteurs sont davantage à la peine : le bois énergie
n’a pas encore pleinement émergé et l’industrie du meuble a
quasiment disparu.
Quels sont les obstacles à dépasser
pour constituer une véritable filière ?
Le premier est sans doute l’atomisation de la profession
qui compte 124 000 propriétaires forestiers et 4 000 entreprises, entraînant une sous-valorisation du gisement breton. Le
marché est en attente de bois certifiés et d’origine locale ou française. Il y a déjà un effort à faire pour certifier, exploiter et
reconstituer la ressource bretonne. Ensuite, le massif forestier
régional se caractérise par une majorité de feuillus, de qualités
hétérogènes, et par 40 % de résineux, qu’on valorise essentiellement dans le secteur de l’emballage qui absorbe 70 % au
moins de la ressource. Or, la moitié au moins de ces essences
pourrait être mieux valorisée dans le domaine de la construction. Qu’il s’agisse des entreprises de négoce ou du secteur du
bois construction, les professionnels ont recours, à plus de
80 %, à des bois en provenance d’autres régions françaises ou
aux bois “du Nord” (Scandinavie, Russie, Allemagne). Pourtant,
on note que des scieries de taille régionale veulent se
positionner en bois construction et se diversifier : la confiance
a permis, en 2007-2008, les investissements sur les outils
d’exploitation et de gros projets sont à l’étude pour conforter
cette démarche.
L’offre commerciale des entreprises bretonnes
est-elle assez visible ?
C’est aussi une difficulté à surmonter pour mieux répondre à la demande. Quand le secteur de la construction a globalement diminué de 23 %, l’ossature bois n’a baissé que de
17 %, ce qui a attiré beaucoup d’acteurs. Les charpentiers et les
menuisiers notamment se trouvent en concurrence avec de très
grosses entreprises, des généralistes avec une force de frappe
financière et commerciale. Ces acteurs nationaux apportent des
solutions clé en mains pour la transformation du bois et la pose
des produits finis. C’est une nouvelle donne du marché, quand
les acteurs locaux raisonnent encore trop souvent par lot et ne
peuvent se positionner en termes de prix alors qu’ils proposent
des prestations de qualité. Malgré une bonne maîtrise du métier,
les acteurs régionaux sont chahutés par la conjoncture et leur
capacité d’innovation est limitée par des marges très faibles. En
rénovation cependant, secteur en très fort développement, ils peuvent trouver des marchés adaptés. En fait, tout plaide pour un
développement collectif de la filière : promotion du matériau
bois, recherche (nouvelles applications, esthétique), classement
machine (pour sortir de manière industrielle les qualités requises)…
Le bois énergie constitue-t-il
un vrai vecteur de développement ?
Dans ce domaine, le Grenelle de l’environnement a eu un
effet très positif, avec l’installation des Fonds Chaleur qui soutiennent les projets avec un approvisionnement sécurisé. Une
charte nationale a été rédigée pour organiser une offre régionale
en bois bûches et la ressource en plaquettes existe mais il faut
là aussi organiser la demande.
■ Propos recueillis par Clotilde Chéron
29
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
AVEC 7 CRIÉES, LA CORNOUAILLE,
PAYS DU FINISTÈRE, FORME LE PLUS GRAND PORT
DE PÊCHE FRAÎCHE FRANÇAIS
Mobilisation générale
Photo : CCI Quimper-Cornouaille
RÉGION
de tous les acteurs
Depuis plusieurs mois, on entend dire ici et là que la
pêche va mal. Quelles en sont les principales raisons ?
La Cornouaille est-elle plus impactée
que d’autres territoires ?
La situation de la pêche n’est pas pire ici en Cornouaille qu’ailleurs, tout dépend des espèces et des quotas. Mais nous avons
la spécificité de concentrer sur notre seul pays de Cornouaille la
moitié de la pêche bretonne, soit un quart de la pêche française !
L’ensemble de la filière représente 8 000 emplois directs et presque 1/3 des actifs en dépendent. Quand ce secteur souffre, il est
évident que les enjeux économiques et sociaux sont plus élevés
chez nous qu’ailleurs. Les plans de sortie de flotte successifs mis
en place par l’Europe en 2006, 2008 et 2009 sont à mon sens les
principaux responsables de cette situation auxquels on peut
ajouter la hausse du prix du gaz oil.
Combien de bateaux ont été détruits en 2009
et combien le seront en 2010 ?
En l’espace de 2 ans, nous avons perdu 52 bateaux. Cette baisse
d’activité fragilise toute l’économie et impacte bon nombre de secteurs. Entre 2008 et 2009, la valeur du tonnage débarqué a baissé
de 14 %. Pour 2010, nous n’avons aucune visibilité sur le nombre de bateaux à partir à la casse car les décisions émanent de
l’Europe et ne passent pas par nous. Dans ce contexte, nous
devons nous adapter au jour le jour !
Quels moyens avez-vous déployés
pour éviter l’asphyxie de certains ports ?
Depuis 3 ans, nous avons restructuré et mutualisé nos moyens
humains et matériels. Avec l’ensemble des acteurs de la filière,
nous avons mis sur pied “Cornouaille port de pêche”, qui regroupe
30
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
Epuisement des ressources, quotas, plan de sortie de flotte,
concurrence européenne, hausse du prix du gaz oil,
les difficultés se sont accrues ces dernières années
pour les professionnels de la pêche. La Cornouaille pesant
à elle seule le quart de la pêche fraîche française, nous avons
interviewé Jean-Francois Garrec, président de la CCI
Quimper-Cornouaille, gestionnaire des 7 ports de pêche.
les 7 criées, désormais toutes informatisées et mises en réseau.
La gestion des services est globale et l’affectation du personnel
se fait en fonction de l’activité de chaque port. Nous avons renforcé l’achat à distance, harmonisé l’horaire de vente en criée et
mis en place des enchères descendantes sur tous les ports. En
2009, nos investissements portuaires se sont élevés à 3,2 millions
d’euros dont 2,4 millions pour le seul port du Guilvinec qui a ainsi
acquis un nouvel élévateur à bateaux de 350 tonnes. Aujourd’hui,
avec cette organisation, nous formons le plus grand port de
pêche fraîche français.
Quelles perspectives envisagez-vous à l’horizon 2012,
année de l’entrée en vigueur de la future réforme
de la politique commune de la pêche ?
Avec l’ensemble des élus locaux, nous sommes partie prenante
dans le débat actuel sur l’avenir de la pêche en Europe et nous
avons heureusement en Bretagne une convergence de vues sur
les points essentiels à défendre. Le futur plan européen devra tenir
compte des spécificités de chaque territoire, accroître la traçabilité des prises via les criées et tendre ainsi vers une pêche
durable, enfin aider au renouvellement des bateaux mais aussi des
métiers.
En tant que CCI, nous sommes gestionnaire portuaire mais audelà il nous faut accompagner les entreprises à s’adapter à ces
changements et à ces nouvelles contraintes réglementaires et environnementales. On ne peut pas tout bouleverser du jour au lendemain, c’est un travail au quotidien avec l’ensemble des
professionnels mais je constate aujourd’hui avec satisfaction
que les gens se parlent.
■ Propos recueillis par Véronique Maignant
AU SEIN DU GROUPE OCÉALLIANCE, FURIC MARÉE S’ ADAPTE À LA BAISSE DE LA FLOTTE
“Nous achetons
25% des apports
bretons de poissons”
“S’il faut aller sur les axes routiers, nous irons. Aujourd’hui, notre
présence dans les ports se justifie, mais demain qu’en sera-t-il ?
Dans un marché ouvert où la concurrence vient de partout, la
réactivité est essentielle,” explique Jean-Francis Kerveillant,
coprésident de la SAS, qui fait preuve de pragmatisme dans un
contexte de diminution de flotte et d’absence de visibilité en
matière de réforme communautaire. Avec 50 millions d’euros de
CA, en léger tassement, pour un effectif de 175 salariés, Furic
Marée Océalliance achète 25 % des apports bretons, 22 % en
valeur. “Dans certains ports, c’est même 50 % des quantités
débarquées que nous achetons. Malgré la baisse du nombre de
bateaux, nos approvisionnements bretons n’ont pas baissé en
volume. Cependant, pour nous développer, nous sommes
obligés de prospecter ailleurs, en France mais aussi à l’étranger.
En 2006, nous nous sommes implantés en Vendée au port des
Sables d’Olonne en créant un établissement autonome. Nous
sommes aujourd’hui le 3ème acheteur sur ce port. Tout le
poisson est transformé sur place et vient en complément de la
gamme bretonne.” Dans le Finistère, les activités de production
et de transformation sont concentrées au Guilvinec, “berceau du
groupe”, dans un atelier de 5 000 m2 et à Saint-Guénolé Penmarc’h
sur une surface de 2 500 m2. Le site de Douarnenez a été
abandonné en 2009 faute d’approvisionnements et rapatrié sur
Erquy et Saint-Quay Portrieux. “Nous avons également des
viviers à Penmarc’h (15 personnes) où sont produites, par an,
260 tonnes de coquillages et 450 tonnes de crustacés.”
RÉGION
Spécialisé dans le négoce des produits de la mer
sur le segment du frais, le groupe Océalliance compte
une douzaine de filiales, en France et en Ecosse.
Furic Marée Océalliance est né de la cession,
en 2001, des activités armement et pisciculture
par Alain Furic au groupe Intermarché. Depuis,
Jean-Francis Kerveillant et Christian Ronarc’h,
anciens cadres dirigeants, ont repris les rênes
de l’entreprise cornouaillaise.
Hongrie mais aussi la Russie font déjà partie de nos clients tout
comme Dubaï, Singapour et Hongkong pour des produits de
haute valeur.” Au final, l’international représente 30 % de
l’activité de Furic Marée Océalliance et emploie une équipe
commerciale de 3,5 personnes. Le reste se répartit entre la GMS,
à hauteur de 50 % (toutes enseignes, France entière) et les
grossistes, 20 %. “La demande de poissons va grandissant,
reprend Jean-Francis Kerveillant, mais le prix reste le 1er critère
d’achat. Il faut donc la satisfaire sur ce point. Nous sommes
uniquement dans un marché de négoce. Le nombre d’approvisionnements baissant, la concurrence à l’achat est beaucoup plus
vive et plus vous êtes gourmands en quantité et plus votre prix
d’achat à l’unité monte.” Depuis 2008/2009, pour conserver leurs
marges et rester compétitifs, les dirigeants sont de plus en
plus regardants sur l’exploitation et pensent à terme devoir
concentrer leurs outils de production.
V.M.
30 % à l’export
Furic Marée Océalliance propose quelque 200 articles différents,
crustacés, coquillages, filets, poissons frais au détail, mais aussi
sous barquettes, “les produits conditionnés sous atmosphère étant
désormais un mode de consommation courant, apprécié des
jeunes consommateurs, poursuit Jean-Francis Kerveillant. La
force de la Bretagne a toujours été d’offrir une gamme de
poissons très large. On se doit de la conserver en allant chercher
la ressource ailleurs et en prospectant de nouveaux clients. Les
crises successives ayant rendu certains marchés limitrophes
difficiles et dangereux financièrement, nous devons renforcer
nos moyens vers le grand export. L’Ukraine, la Tchéquie, la
31
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
DEPUIS SES ORIGINES, L’ARMEMENT BIGOUDEN JOUE LA CARTE DU LOCAL
RÉGION
Avancer dans la tempête
Avec 100 salariés et bientôt 12 chalutiers, l’Armement bigouden, basé au Guilvinec,
ne cesse de moderniser sa flottille pour rester compétitif. Malgré ces efforts constants
et un bilan financier et social particulièrement performant, l’avenir de l’entreprise
reste suspendu aux décisions que prendra la commission européenne en 2012.
“80 % du poisson vendu sur les étals français sont
importés. Nous, nous sommes là pour compléter cette offre
à prix plancher. Le black-fish, pratiqué par certains armements
européens, irlandais ou espagnols essentiellement, leur permet
de payer leurs marins 300 euros/mois. Tant qu’il n’y aura pas
d’Europe sociale, nous ne pourrons pas nous battre à armes
égales” commente Soazig Le Gall, présidente, depuis mars
2009, de l’Armement bigouden après en avoir assuré la direction générale pendant 7 ans. C’est son père, Thomas Le Gall,
à l’époque tout juste retraité d’Air France, qui est à l’origine dans
les années 71 de ce regroupement de petits armements bigoudens basés au Guilvinec. “Moribonds et déjà touchés par la
crise, mon père a souhaité les remettre en selle.”
sidente. Pourquoi cette autorisation quand dans le même
temps d’autres partent à la casse ? “Pendant plusieurs années,
la pêche côtière (chalutiers entre 15 et 16 mètres) a été favorisée au détriment de la pêche hauturière (bateaux entre 23 et
25 mètres) que nous pratiquons. Aujourd’hui, cette dernière est
fatiguée et doit être renouvelée. De plus, nous avons les reins
solides et avons fait preuve depuis longtemps de notre capacité à gérer. Notre ancrage local allié à la volonté des actionnaires (une trentaine en tout) de maintenir l’emploi au Guilvinec
nous permet de poursuivre nos investissements sereinement.
Ils ne sont pas gourmands et n’attendent pas de vrai retour de
ce placement.” Aujourd’hui, la famille Le Gall reste actionnaire majoritaire avec un peu plus de 50 % du capital.
L’entreprise démarre avec 5 chalutiers. Mais très vite, l’ancien
pilote de ligne investit dans des bateaux moins consommateurs
de carburant et plus performants. En 1979, le 1er Bara, nom
donné aux chalutiers de l’Armement bigouden, voit le jour. Ils
sont 11 aujourd’hui pour 80 marins. “Nous avons obtenu le permis de mise en exploitation (PME) d’un 12ème bateau dont nous
allons prochainement lancer la construction,” souligne la pré-
Un poids lourd du secteur
qui pèse 20 % des apports du Guilvinec
“Nous prenons les moyens financiers de garder nos équipages, tant sur le plan de la rémunération que des conditions de
travail”, poursuit Soazig Le Gall. Une politique sociale qui
entraîne la fidélisation et une meilleure productivité. La moyenne
Chiffres clés* de la pêche en Bretagne et en Cornouaille
Bretagne
•
22 ports de pêche
•
101 144 tonnes de poisson frais
pour 269 millions d’euros.
•
6 910 marins
•
1 440 navires
•
45 % de la pêche fraîche française
32
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
Cornouaille
7 ports de pêche : Audierne, Concarneau, Douarnenez,
Le Guilvinec, Lesconil, Loctudy, Saint-Guénolé-Penmarc’h,
• 51 345 tonnes de poisson frais pour 127 millions d’euros.
• 2 061 marins
• 443 navires
• 481 entreprises ont une activité de pêche en Cornouaille
• 25 % de la pêche fraîche française
• près de 8 000 emplois dans l’économie locale
• La CCI gère le site w-fish.com,
le site d’achats à distance des criées de Cornouaille.
•
*Chiffres 2009
RÉGION
Le nouvel élévateur à bateaux de 350 tonnes au Guilvinec
Photo : CCI Quimper-Cornouaille
d’âge des marins est de 39 ans, quand elle s’élève à 43 pour
l’ensemble de la Cornouaille. L’Armement bigouden est devenu
un poids lourd du secteur, toute sa pêche, soit une quarantaine
d’espèces différentes, est vendue à la criée et pèse 20 % des
apports du port du Guilvinec. La lotte représente à elle seule
plus de 50 % du CA de l’entreprise avec un prix moyen d’achat
en criée de 5 euros et 30 % du tonnage total (3 000 tonnes
pêchées en 2009) “Fin 2009, nous avons perdu la capacité de
pêcher l’empereur. En effet, depuis 5 ans au moins, ce poisson a fait l’objet d’une baisse de quotas continue pour aboutir à un quota 0 en 2010. On peut dire que de 2006 à 2010, nous
(armement + équipages) avons perdu 1 800 000 euros (pour
environ 300 t), partiellement compensés par une stratégie de
pêche adaptée à la nouvelle donne de la part des navires
détenant un PPS grands fonds. La baisse du prix moyen du
poisson d’environ 10 % a entraîné un recul identique de notre
CA en 2009 pour s’établir à 10 millions d’euros. Heureusement,
sur les premiers mois de cette année, ce prix remonte. L’avenir
reste la lotte. Ce n’est pas une espèce sensible et la France dispose d’un nombre important de quotas.” Pour le reste, Soazig
Le Gall préfère rester prudente mais n’hésite pas à se montrer critique envers les ONG. “Elles ont envahi le devant de la
scène et elles globalisent tout. Si, par exemple, la pêche
s’avère trop importante dans le Pacifique et entraîne la raréfaction de certaines espèces, elles en déduisent que c’est
partout pareil.” Autre sujet d’inquiétude : “si les quotas personnels transférables (seuls les Espagnols y sont favorables) sont
adoptés par Bruxelles, on se dirige tout droit vers une concentration accrue de la pêche entre les mains des plus gros armements ce qui aboutira, à terme, à un processus de
délocalisation important.” Une menace lourde qui constituerait un facteur de déstabilisation important pour une économie
cornouaillaise particulièrement dépendante de la pêche.
V.M.
33
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
L’ENTREPRISE FAMILIALE, UN MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT BIEN RÉEL
PRATIQUES
La famille est pleine de ressources
En période de prospérité, on les ignore, parfois même
on se moque de leur manque d’audace. En temps de crise,
elles reviennent au premier plan. Leur bonne santé intrigue.
Leur stratégie prudente sur le long terme force le respect.
Elles représentent 83 % des entreprises françaises et méritent
que l’on s’intéresse à leur histoire, comme à leur devenir.
salariés), contrôlée depuis novembre dernier par le groupe
coopératif Euralis à 65 %. Pourtant, et c’est une spécificité française, le capital des entreprises familiales reste durablement
dans la famille fondatrice. Elles représentent 64,8 % sur l’hexagone et ne sont que 23,7 % au Royaume-Uni. Toutes ont en
commun un autre rapport au temps. Elles vivent souvent plus
au rythme de la vie d’un homme qu’à celui des cotations.
Le fondateur : une personnalité forte
Longtemps associées au paternalisme, voire au népotisme, les entreprises familiales nous offrent un capitalisme à
visage humain. Imprégnées de culture familiale, il semble
qu’elles ont cependant un talon d’Achille. “Moins de 10 % des
entreprises françaises de plus de 10 salariés sont transmises
dans le cadre d’une continuité familiale”, peut-on lire dans le rapport sur la transmission familiale remise en octobre dernier au
secrétaire d’Etat chargé des PME, Hervé Novelli. Craintes
confirmées si l’on se souvient des récents déboires de la famille
Stalaven, entreprise emblématique des Côtes d’Armor (1 400
Tous les “héritiers” le disent, l’ancêtre fondateur avait une
sacrée personnalité. Avoir une idée, c’est bien, l’imposer et en
faire un modèle économique pérenne est une autre affaire.
“Mon grand-père était un personnage atypique, qui a gardé toute
sa vie sa casquette de conducteur, se souvient, amusé, Jérome
Le Bayon, petit-fils de François, fondateur des Transports Le
Bayon en 1919 à Locmariaquer (56). Après 3 ans de service et
4 ans de guerre, il a acheté un fonds de commerce, parce
qu’il avait été titillé sur le front par les problèmes de transport
des hommes. De retour à la vie civile, il a créé un mode de transport en commun avec une automobile. C’était un pionnier à
ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE KERBIQUET, 30 ANS, DIRIGEANT DE CONCEPT ENSEIGNES (56),
FABRICANT ET INSTALLATEUR D’ENSEIGNES LUMINEUSES, DE SIGNALÉTIQUES ET DE STORES
Transparence
vis à vis des salariés
Pourquoi avez-vous décidé de reprendre
l’entreprise familiale en 2006 ?
C’est mon père qui a créé cette société, en 1979, l’année de
ma naissance. Quand il a voulu la vendre à un investisseur,
je n’avais que 21 ans, et je ne me sentais pas prêt à gérer
60 employés. J’étais à l’Ecole de commerce à Rennes, et
j’avais besoin de recul. Au fil des années, j’ai remarqué que
l’investisseur rencontrait des difficultés. En fait, il raisonnait
comme dans un groupe. Chez nous, on était plutôt “main
dans la main” avec nos salariés. Lui, il a mis tout de suite de
la distance. En reprenant l’affaire de mon père, j’ai voulu
montrer que l’outil de travail était viable et que mon père avait
monté une belle entreprise !
Qu’avez-vous apporté comme changements ?
J’ai repris l’affaire après avoir demandé à mon père s’il voulait
retravailler dans Concept Enseignes. J’assure la direction et lui
est salarié et a la charge d’assurer la continuité commerciale
avec un portefeuille de clients. Je pense que les petites
entreprises comme la nôtre génèrent de l’emploi, et que l’on
34
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
De G à D, Roger et Christophe Kerbiquet
doit assurer une certaine transparence vis-à-vis de nos
employés. Dès le début, nous avons mis en place un contrat
d’intéressement, c’est-à-dire que l’on reverse 20 % des
résultats nets aux salariés. On les a aussi impliqués dans la
construction du nouveau bâtiment de 2 000 m2 que l’on va
occuper à partir de septembre. Enfin, j’apporte un suivi
particulier aux règlements des clients, car il y a des risques de
non-règlements dans toutes les entreprises, et on a 2 mois à
peu près de règlement client dehors, soit 400 000 euros. On doit
maîtriser ce risque. En conservant une gestion plutôt
prudente, je vise un objectif de 3 millions d’euros de CA
pour 2011…
Pierrette Le Bayon, gérante
des Transports Le Bayon,
et Jérôme Le Bayon,
gérant d’Auray Voyages,
l’époque, puisqu’il a exploité des lignes régulières de voyageurs
jusque dans les années 60.” Avec une légère pointe d’amertume,
il confie que le grand-père est resté peut-être “un peu trop longtemps dans l’entreprise, puisqu’il est mort à plus de 80 ans, et
qu’il venait chaque jour au garage, alors que le partage avait été
fait entre ses fils”. Est-ce pour se réaliser, loin de l’influence paternelle, que les parents de Jérome créent leur entreprise de
transports en commun – complémentaire de l’entreprise familiale et non concurrente – sur la commune du Bono, en 1960 ?
Elle prendra plus tard le nom d’Auray Voyages, avec 20 salariés, 18 véhicules et un CA d’1,6 million d’euros.
Admiration à fleur de mots, à l’égard de son père, pour Nadine
Cotten, qui a pris la suite de Guy, il y a quelques mois, au siège
à Concarneau : “Mon père était représentant de commerce en
bleus de travail. Il s’est aperçu que les vêtements de travail
n’étaient pas très confortables, et c’est comme ça que l’idée lui
est venue de créer sa société avec ma mère qui travaillait dans
une voilerie, et donc savait coudre… Ils ont démarré en 1964
en SARL pour passer en 69 en SA. On a commencé
dans 30 m2, et on travaille aujourd’hui dans 2 000 m2 !”
Aux Ateliers Allot (24 employés, CA 1,1 million d’euros, 1/3 de ventes en Bretagne, le deuxième en
France et le reste à l’étranger), l’ombre bienfaisante du grandpère plane sur l’entreprise. Ronan Allot, 26 ans, représente la
huitième génération d’un savoir-faire familial qui date de 1812 :
“Nous sommes dans les métiers du bois depuis cette date, mais
la structure actuelle et le nom de l’entreprise viennent de mon
grand-père – qu’il désigne toujours sous le terme affectueux de
“papi” lorsqu’il le montre en photo – à la fin des années 50. Il
était tapissier-garnisseur, compagnon du tour de France. Il a
même été récompensé à Bruxelles dans les années 60 parce
qu’il avait déposé un brevet dans le domaine de la literie…”
PRATIQUES
Le premier transport Le Bayon
Une affaire de famille
Les entreprises familiales peuvent représenter le travail et le patrimoine de plusieurs générations. Bruno Bizalion, créateur du label
EFC (Entreprises Familiales Centenaires) et dirigeant du Cabinet
Suite page 36
35
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
PRATIQUES
BM&S Conseil, a recensé en Bretagne 35 entreprises dirigées
par une même famille depuis plus de 100 ans. “Quand vous êtes
propriétaire ou dépositaire, reconnaît-il, vous avez une vision de
l’avenir qui n’est pas la même que lorsque vous êtes salarié d’un
groupe. Vous engagez votre patrimoine, votre histoire, votre nom,
et vous prenez des risques mesurés, souvent en famille.” Chez
l’ostréiculteur Prat-Ar-Coum (25 employés, CA 4 millions d’euros, export de 10 à 15 %), sur les rives de l’Aber Benoît à
Lannilis (29), entreprise familiale centenaire née en 1898, Yvon
Madec, l’actuel dirigeant, dresse une sorte de trombinoscope
familial : “J’apporte ma connaissance de l’élevage. Ma fille
Caroline est rentrée dans l’entreprise il y a à peu près dix ans.
Elle vivait à Paris et était chargée de développer l’image de PratAr-Coum. Aujourd’hui, elle vit ici et poursuit son travail sur
place. Avec internet, on peut diffuser notre image sans se
déplacer. Mon autre fille a fait des études de droit et une école
de commerce, et elle compte aussi rentrer dans l’entreprise.”
Chez les Cotten (150 employés, CA 10 millions d’euros, export :
25 %), toute la famille est impliquée. “On n’a pas de conseil d’administration, mais ma mère, ma sœur et moi faisons partie du
directoire. Au conseil de surveillance, mon père est président,
et mon mari et ma fille sont à ses cotés… C’est à la fois rassurant et pas rassurant du tout de travailler dans une entreprise
familiale, car nous sommes tous dans le même bateau. Par
contre, c’est très motivant !” Il y a aussi ceux qui reprennent les
rênes de l’entreprise familiale, après une période de maturation,
comme Christophe Kerbiquet, actuel dirigeant de Concept
Enseignes (voir encadré p.34), à Guidel (56) (CA 2,4 millions d’euros – 28 salariés – clientèle régionale, mais aussi nationale
comme BNP, Cetelem, Géant Casino). L’entreprise de son
père, créée en 1979, a d’abord été vendue à un investisseur en
2001, avant de regagner le giron familial après un dépôt de bilan
en 2006. Même si l’on sait qu’il n’est pas toujours facile de travailler en famille, ceux qui ont apporté leurs témoignages pour
cette enquête taisent les conflits, comme si tout se passait au
mieux dans le meilleur des mondes. Tous ont en commun une
stratégie de croissance basée sur l’ambition, la prudence et la
transmission aux générations futures…
■ Anny Letestu
ENTRETIEN AVEC RONAN ALLOT, RESPONSABLE COMMERCIAL DES ATELIERS ALLOT,
SPÉCIALISTES DE LA FABRICATION DE MOBILIER D’ART DU 17ÈME ET 18ÈME SIÈCLE
“Rester indépendant”
Ronan Allot et ci-dessous son grand-père,
le créateur des Ateliers Allot
Quelle est selon vous la force
de votre entreprise ?
Nous sommes les seuls à regrouper les
8 métiers de l’ameublement : menuisier
en meuble, en siège, en marqueterie,
sculpture sur bois, laque et dorure, tapisserie et garniture, teinte et finition, et le
métier d’ébéniste qui a un œil sur tout.
Enfin, depuis deux ans, on fait la laque
de Chine du 18ème siècle, façon européenne grâce à un client étranger qui
nous a commandé une commode Louis
XV, en laque de Chine, avec des feuilles
d’or jaunes, vertes, blanches. On ne maî-
36
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
trisait pas cette pratique, et mon père a
sorti de sa retraite un meilleur ouvrier
de France qui est notre laqueur doreur
aujourd’hui. En fait, mon père a regroupé
toutes ces spécialités pour ne pas être
confronté à une perte de savoir-faire,
rester indépendant. C’est aussi lui qui a
donné l’impulsion pour créer un site
internet. En 1996, nous étions les premiers dans l’ameublement à avoir un
site. Les moteurs de recherche étaient en
anglais, et ça nous a apporté une clientèle aux USA.
Quels sont vos projets ?
Bien que l’on ait une visibilité internationale, on souhaite que la taille de l’entreprise reste modeste. C’est ce qui la rend
atypique, mais qui fait aussi sa force.
On n’a pas de gros investissements,
sauf pour la formation et pour acquérir
des gens compétents dans les ateliers.
On évolue petit à petit. On ne veut pas
faire de “mass-market”. On grandit grâce
aux particuliers, même si on se réjouit
d’avoir pu répondre aux commandes
d’un émir du Koweït et du prince héritier
de Thaïlande. Contrairement à mon père,
j’ai une vision à moyen terme, sur 5 à 10
ans. On est positionné sur le haut de
gamme, l’élégance des galbes, des formes, sans trop d’ostentation et raconter
l’histoire de chaque meuble (le catalogue
des Ateliers Allot comporte plus de 600
modèles) est toujours un plaisir. Je pars
pour Moscou dans quelques jours pour
développer la marque là-bas…
Juridique
ENTREPRENDRE EN FAMILLE
Choisir les bonnes dispositions
PROTÉGER SON PATRIMOINE
La première préoccupation est le choix d’une forme sociale
adaptée. L’exercice en société limitant la responsabilité des
associés doit être privilégié à l’entreprise individuelle pour
assurer la protection des biens personnels du dirigeant et
limiter sa responsabilité aux apports. Le nouveau statut
d’Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée, dont
l’entrée en vigueur est annoncée au 1er janvier 2011, vient
compléter le dispositif déjà existant ( SARL, SA, SAS…)
Une attention particulière devra être apportée à la rédaction des
statuts et éventuellement à un pacte d’actionnaire qui aura
pour but d’éviter les situations de blocage, plus prégnantes
dans les entreprises familiales. Il y sera précisé les conditions
de transmission des parts sociales par la procédure d’agrément,
en cas de séparation des époux-associés ou de décès.
Le choix d’un régime matrimonial revêt par ailleurs une
importance toute particulière pour mettre le patrimoine familial
à l’abri des poursuites et pour protéger le couple.
Le régime de la séparation de biens ou celui de la participation
aux acquêts (clause d’exclusion des biens professionnels)
s’avèrent plus protecteurs que le régime légal de la communauté
réduite aux acquêts qui expose les biens communs et les biens
propres au gage des créanciers. Ils permettent également
d’éviter que l’époux ait à partager par moitié l’actif professionnel en cas de divorce si l’entreprise a été créée ou acquise
pendant le mariage avec des deniers communs.
Le Pacs et la société créée de fait, peu protecteurs en raison de
l’application du régime de l’indivision, sont à proscrire.
Les auto-entrepreneurs ne manqueront pas de faire une
déclaration d’insaisissabilité de leurs biens immobiliers pour
protéger le logement familial.
Enfin, les associés de l’entreprise familiale devront être particulièrement vigilants lors de la signature de cautionnements
demandés en garantie des concours bancaires qui peuvent
réduire à néant tous les efforts de protection mis en œuvre
en amont.
transmission au conjoint survivant en cas de décès, lequel
bénéficiera en tout état de cause du droit à réversion.
ASSURER SA TRANSMISSION
Aujourd’hui, l’entreprise familiale peut être transmise plus
aisément et avec des avantages fiscaux intéressants. Les
mécanismes permettant de privilégier la transmission de la
société sans léser les associés sortants ont été enrichis de
nouveaux dispositifs, comme par exemple le pacte Dutreil qui
permet d’exonérer de droits de mutation les trois quarts de
la valeur de titres de société transmis par donations ou
succession. La fiducie ou encore la fondation pour séparer
propriété et gestion sont autant d’outils qui favoriseront les
transmissions plus difficiles.
PRATIQUES
L’entreprise familiale présente des atouts spécifiques
indéniables. Pour éviter les conflits et protéger le patrimoine
familial, il est impératif d’étudier avec soin son statut et
celui de ses membres. Pour assurer sa pérennité, il est conseillé
de prévoir sa transmission. Le législateur a créé de
nombreuses mesures, pour certaines particulièrement
destinées aux entreprises familiales.
Ces précautions prises, les entreprises pourront prospérer tout
en préservant la famille.
Mélanie VOISINE et Audrey BALLU- GOUGEON
( SCP BALLU-GOUGEON, VOISINE,
avocats au Barreau de RENNES)
DÉFINIR LE STATUT DE SES MEMBRES
Le statut de conjoint collaborateur a été longtemps qualifié de
précaire. Ses carences ont néanmoins été palliées par le statut
d’actionnaire de la société, de salarié ou encore de conjoint
collaborateur, qui offrent une protection sociale et des
avantages, notamment en cas de décès de l’époux dirigeant.
Le code civil prévoit également des dispositions privilégiant la
37
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
PRATIQUES
Mis en place en 2008 et couvrant 40 pays, “Enterprise Europe” est le réseau
officiel de la Commission européenne d’appui à l’innovation et la compétitivité
des PME.
En Bretagne et Pays de la Loire, les Chambres régionales de commerce et
d’industrie, Oséo Innovation et Bretagne Innovation ont allié leurs expertises
au sein d’“Entreprise Europe Ouest” pour accompagner les entreprises dans
leurs projets d’innovation et d’internationalisation.
Retrouvez ci-dessous, une sélection d’opportunités de partenariats
Si vous voulez être mis en relation, recevoir les nouvelles opportunités ou si vous
souhaitez diffuser vous-même une annonce dans le réseau Entreprise Europe,
contactez-nous : Tél. 02 99 25 41 57 ou par mél : [email protected]
Opportunités de partenariats technologiques
Opportunités de partenariats commerciaux
Contact : Carole TAFFUT
Contact : Carole WAGNER
Electronique : Une société russe spécialisée dans
l’électronique a développé intégralement une puce RF
de 865 à 868 MHz pour les systèmes autonomes radio à
basse vitesse. Le microprocesseur peut être utilisé dans
l’automatisation, les systèmes de mesure et de contrôle
à distance. L’entreprise cherche des développeurs de
systèmes de transfert de données sans fil pour une
coopération technique.
Réf : 10 RU 86FG 3HH6
Energie : Une société slovène spécialisée dans des
solutions d’économie d’énergie dans le domaine des
pompes à chaleur pour l’eau chaude, le chauffage et
autres utilisations cherche à développer son activité à
travers une collaboration commerciale ou une joint
venture.
Réf : 20100504050
Sécurité : Une petite entreprise suédoise a mis au point
un détecteur portable de fuite de fumée innovant.
L’équipement doit être utilisé par les ramoneurs, en vue
d’évaluer avec précision la qualité du canal de fumée.
Les partenaires ciblés sont les entreprises intéressées
à développer le produit en fonction de leurs normes
techniques nationales. Accords commerciaux et techniques sont souhaités.
Réf : 10 SE 67CC 3HFK
Agroalimentaire : Une entreprise turque, qui produit
notamment de la crème glacée, recherche une méthode
ou un système de contrôle d’entrée / sortie des glaces
dans un tunnel de congélation à-50°C. Une coopération
technique et un accord de licence sont visés.
Réf : 10 TR 95LD 3G9U
Matériaux : PME allemande spécialisée dans les
revêtements et les produits semi-finis structurés
fabriqués en aluminium haute résistance durcissable en
alliage composite du type Al-TiB2 et Al-TiC. La PME
est à la recherche des partenaires technologiques, de
licenciés et des utilisateurs finaux dans ce domaine.
Réf : 10 DE 1486 3GEO
38
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010
Agroalimentaire : Une PME polonaise spécialisée dans
la distribution et l’import/export de viande fumée, de
saucisses, d’aliments congelés, de conserves et de
volaille cherche des distributeurs en Europe, et des
fournisseurs intéressés par le marché polonais.
Réf : 20100120032
TIC : Une société de conseil belge, spécialisée dans des
solutions de réduction de coûts dans le domaine de
télécommunications, cherche des opportunités de soustraitance et/ou de représentation commerciale. Le
logiciel permet aux utilisateurs d’analyser, tracer et gérer
et même partager les informations concernant son
environnement de télécommunications, s’adapte à tous
clients et pourrait aussi être adapté à l’économie de
l’énergie.
Réf : 20100323025
Agriculture : Un fabricant turc de machines agricoles
réalisées avec les technologies les plus modernes et de
pièces détachées telles que des semoirs, charrues à
disques, cherche des distributeurs.
Réf : 20100323025
Agroalimentaire : Un producteur grec d’huile d’olives
biologique de grande qualité, d’huile d’olives classique,
des olives (la variété Throuba de Thassos), de crème
d’olives, d’huiles aromatisées, de savon, etc. cherche
des distributeurs notamment en France.
Réf : 2009062509
Affaires à céder (Grand Ouest)
2. Fabrication et pose de cheminées et poêles
C.A. 2009 environ 2 500 K€ - R.N. environ 10%
Clientèle : Particuliers - Fonds propres nécessaires : 500 K€
3. Fabrication industrielle de crêpes
C.A. 2009 environ 2 000 K€
Clientèle : Professionnels et GMS - Fonds propres nécessaires : 150 à 200 K€
4. Magasin de distribution de matériel de bricolage
C.A. 2009 : 1 200 K€ - EBE environ 6%
Clientèle : Particuliers et Professionnels - Fonds propres nécessaires : 250 K€
5. Bureau d’études bâtiment
C.A. 2008 : 200 à 250 K€ environ
Clientèle : Particuliers et Collectivités - Fonds propres nécessaires : 100 K€
PRATIQUES
1. Société de transport spécialisée sur marché européen de niche
C.A. 2009 : 5 500 K€ - EBE environ 6%
Fonds propres nécessaires : 800 à 1 000 K€
JTB RENNES - Félix JOLIVET
Le Quirinal • 16, mail Anne-Catherine • 35000 Rennes
Tél 02 23 400 400 - Fax 02 23 400 403 - E-mail : [email protected]
1. Entreprise d’installation et d’entretien de piscines et accessoires. CA > 2 M€
2. Entreprise négoce et distribution de clôtures, portails, automatismes,
mobiliers urbains et jeux extérieurs. CA < 4 M€
3. PME spécialisée dans le traitement de surface. CA entre 6 et 10 M€
Excellente rentabilité. Budgets 2010 signés.
JTB NANTES - Jacques THIÉBAUT
16, rue Marie-Anne du Boccage • 44000 Nantes
Tél 02 40 69 29 90 ou 06 11 88 75 24 - E-mail : [email protected]
ABONNEZ-VOUS
À BRETAGNE ÉCONOMIQUE
35 €
au lieu de
41,20 €
Bulletin d’abonnement
à retourner à Bretagne Économique
1, rue du Général-Guillaudot - CS 14422 - 35044 RENNES Cedex - Tél. 02 99 25 41 37
1 an d’abonnement = 35 €*
Je joins mon règlement à l’ordre de Bretagne Économique - *TVA 5,5 % incluse
ou je paie par carte sur le site www.bretagne-economique.com (onglet abonnement)
Offre valable jusqu’au 31 décembre 2010
8
numéros
Société ........................................................................................................................
Destinataire ...................................................................................................................
Adresse ........................................................................................................................
Ville .............................................................................................................................
Code postal ..............................
Tél. ..........................................
Fax ..........................................
Code APE .................................
Signature
Date : .......... / .......... / ..........
ou cachet
39
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010