La filière bois doit se charpenter
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La filière bois doit se charpenter
à 16 Focus La stratégie des agences de voyages face au e-tourisme à 30 Région Nº201àJUIN-JUILLET 2010à4,20 E La pêche en Cornouaille : mobilisation générale de tous les acteurs à 34 Enquête L‘entreprise familiale : un modèle de développement plein de ressources www.bretagne-economique.com Dossier La filière bois doit se charpenter et organiser le circuit court édito sommaire E ACTUALITÉS A L’AFFICHE ......................................................................................................................................................................................... 5 FOCUS : Les agences de voyages bretonnes face au e-tourisme ...................................................................................................................... 14 ENTREPRISES Asten (29), des serveurs sous haute surveillance ......................................... 19 EM Loncle (35), spécialiste de la charpente industrielle ................. 20 Nutraveris (22), cabinet conseil scientifique et réglementaire .. 21 DOSSIER La filière bois bretonne doit se charpenter ....................................................... 22 Témoignages d’entreprises : Abibois, Aprobois, Armor Panneaux, Briero, COB, ENP, GLV, Grouazel, IC Bois, Josso, Panaget, Ropars Perrot, Scop MCA, Silverwood RÉGION La pêche en Cornouaille : les acteurs se mobilisent Témoignages d’entreprises : Furic Marée Océalliance, Armement Bigouden ssentiel au rayonnement de la Bretagne à l’échelle nationale et internationale, le tourisme représente à lui seul 44 000 emplois en moyenne annuelle, soit 4,6 % de l’emploi salarié régional*. Pôle d’attraction en raison d’un patrimoine littoral et culturel très varié et de grande qualité, la Bretagne se situe à la 4ème place des régions françaises pour l’accueil de touristes français et à la 5ème place pour l’accueil de touristes internationaux. .............................. 30 ....................................................................... 31 PRATIQUES ENQUÊTE : L’entreprise familiale, un modèle de développement bien réel ............................................................................ 34 JURIDIQUE : Choisir les bonnes dispositions pour entreprendre en famille .................................................................................................................. 37 Abonnez-vous en page 39 de ce numéro Responsable Publication : VÉRONIQUE MAIGNANT : 02 99 25 41 39 Assistante rédaction et développement : ANNIE RENAULT : 02 99 25 41 37 Cependant, notre région doit faire face à un contexte concurrentiel élargi avec l’arrivée sur le marché de nouvelles destinations mais plus encore avec l’industrialisation accrue des réseaux de production et de distribution. A l’occasion de la mise en place de sa nouvelle stratégie marketing, le CRT a fait le choix, pour conserver l’attractivité de notre territoire, de s’appuyer sur la forte identité de la Bretagne. Avec de nouveaux outils, en particulier son site web et sa nouvelle approche affinitaire, la Région souhaite favoriser la dessaisonalisation et assurer une meilleure répartition de l’activité sur l’ensemble des départements. Si la Bretagne attire par la richesse de son patrimoine naturel et culturel, la qualité du séjour est du ressort des professionnels du tourisme : qualité de l’hébergement, qualité des services, innovation dans les prestations proposées sont désormais essentielles pour attirer les touristes. Une telle stratégie axée sur la qualité incite les acteurs du tourisme, professionnels et institutionnels à concevoir leurs actions dans une démarche de développement durable. Ont collaboré à ce numéro : C. CHERON – A. LETESTU – V. MAIGNANT S. MARSHALL – Y. POUCHARD – V. ROLLAND Publicité : 02 99 25 41 36 EDITION “BRETAGNE ECONOMIQUE” CRCI : 1, RUE DU GÉNÉRAL GUILLAUDOT CS 14422 • 35044 RENNES CEDEX e-mail : breteco@orange. fr Couverture : ABIBOIS Maquette de couverture : HOKUS POKUS Création, maquette & photogravure : ODÉBI Directeur de la publication : JEAN-FRANÇOIS LE TALLEC Directeur délégué : RÉMI BILGER Impression : CALLIGRAPHY PRINT À CHÂTEAUBOURG (35) Dépôt légal : JUIN 2010 ISSN : 0153-6028 Mensuel Comité de rédaction : JACQUES FEUNTEUNA – YOUENN LE BOULC’H VANESSA ERMEL – MARIO PIROMALLI RONAN PERENNOU – PATRICK SOLO FRANÇOIS CLÉMENT WWW.BRETAGNE-ECONOMIQUE.COM Cette stratégie s’inscrit en région dans un dispositif territorial “Qualité Tourisme” piloté et mis en œuvre par la CRCI et les CCI de Bretagne qui accompagnent un nombre élevé de professionnels dans cette démarche de performance globale. En 2009, un peu plus de 400 professionnels ont bénéficié de ce programme. Tablons qu’ils seront encore plus nombreux en 2010 à s’y investir et ainsi rester attractifs, créer de la richesse et favoriser le développement de l’emploi. Jean-François LE TALLEC Président de la CRCI Bretagne *(Source : INSEE, DADS) 3 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 Le réseau des CCI CÔTES D’ARMOR EQUIPEMENTS GÉRÉS Le passe-pied de l’île de Bréhat est foulé chaque année par près de 400 000 visiteurs, sans compter les rotations quotidiennes de la barge et de ses matelots. Cette forte affluence, additionnée à l’usure causée par les marées et les tempêtes, commençait à fatiguer l’ouvrage. La CCI a donc décidé sa rénovation et sa modernisation. Les travaux, d’un montant de 170 000 euros, ont concerné la réfection de la partie bétonnée, mais également celle du système d’éclairage, lui aussi vieillissant. Une attention particulière a été apportée à l’esthétique de l’ouvrage, afin que le passe-pied s’intègre parfaitement dans le site préservé de l’île. Les travaux seront terminés fin juin. MORBIHAN CONTACT : CCI des Côtes d’Armor – 02 96 78 62 00 TYKDOZ56 Les chèques cadeaux à consommer près de chez vous La Fédération du commerce du Morbihan, initiée par la CCI du Morbihan, propose les chèques Tykdoz56 utilisables pour le règlement d’achats chez les commerçants du département. Cette opération a pour objectif de dynamiser l’activité économique sur le département du Morbihan. Concrètement, comment ça marche ? La Fédération du commerce du Morbihan vend des chèques Tykdoz56 aux comités d’entreprise, aux entreprises et aux collectivités territoriales du département. Ces derniers les offrent à leurs salariés à l’occasion d’événements. Dès lors, les chèques Tykdoz56 sont utilisables pour régler les achats, comme n’importe quel moyen de paiement, espèce, carte bancaire ou chèque dans les commerces de proximité du département. La commercialisation des chèques Tykdoz56 a débuté le 7 juin. CONTACT : [email protected] ACTUALITÉS Un passe-pied qui s’inscrit dans le paysage de l’île de Bréhat FINISTÈRE DÉVELOPPEMENT DURABLE ET ÉNERGIES RENOUVELABLES Bientôt, à Quimper, un centre régional de 5 000 m2 Piloté par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Quimper Cornouaille, ce centre sera un lieu de ressources, conseil et formation dans lequel les chefs d’entreprise, salariés, demandeurs d’emploi, étudiants de toute la région pourront s’informer et se former sur le développement durable, les nouvelles techniques en matière d’énergies renouvelables. Il répond ainsi aux objectifs du programme “Développement Durable” des CCI de Bretagne. Installé sur la zone de Kerdroniou, il accueillera le centre de formation technique actuellement situé à Ergué-Armel (Quimper). L’ouverture de ce bâtiment est prévue au premier trimestre 2011. Cet investissement de 4 millions d’euros est financé à 70 % par la CCI de Quimper et 30 % par les partenaires publics. CONTACT : CCI Quimper Cornouaille 02 98 98 29 29 ILLE-ET-VILAINE ECOLE D’AUDIOPROTHÈSE JOSEPH E. BERTIN DE FOUGÈRES Photo : CCI PF Au tableau d’honneur Marie Guillet, qui avait intégré, à Fougères, l’Ecole d’Audioprothèse Joseph E. Bertin à la rentrée 2006 et soutenu son mémoire en octobre 2009 sur le thème “Effets d’une lésion cochléaire dans les hautes fréquences sur la perception de la composante basse fréquence de la parole”, a présenté son travail au Congrès national des audioprothésistes qui s’est tenu à Paris. Avec succès, puisqu’elle est la lauréate du Prix du Collège national des audioprothésistes. Une brillante étudiante qui a suivi un cursus dans cette école à l’enseignement reconnu et qui prépare les étudiants au diplôme d’Etat. L’audioprothésiste choisit, adapte, délivre et effectue le contrôle immédiat et permanent de la prothèse auditive. Il assure également l’éducation prothétique du déficient auditif appareillé. CONTACT : CCI du Pays de Fougères : 02 99 94 75 00 5 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 Spécialisé à l’origine en nutrition animale, Lareal étend ses domaines à l’alimentation humaine et aux aliments santé ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT ■ Belles performances pour Lareal (Saint-Nolf-56) : 8 millions de CA attendus au 30/06/10. Le laboratoire de recherche et d’analyses alimentaires, encore intégré au groupe de nutrition et santé animale Invivo, pourrait dans les mois prochains devenir une vraie filiale. Spécialisé à l’origine dans la recherche en nutrition animale, le laboratoire a, dès 1997, étendu ses domaines de compétences à l’alimentation humaine et aux aliments santé. “Aujourd’hui, commente Claude Charreteur, DG de Lareal, le groupe ne représente plus que 25 % de notre activité. Une grosse partie, environ 45 %, est absorbée par le marché du pet food, puis viennent ceux de l’agro-alimentaire et des compléments alimentaires et nutraceutiques. Sur tous ces marchés, les perspectives sont bonnes. Celui des compléments alimentaires va être de plus en plus réglementé car actuellement il existe un flou juridique important. Celui des aliments chiens et chats croit depuis des années, c’est un marché où la part affective est énorme. Dans l’agro-alimentaire, les plans de contrôle sont également en progression. Seul le marché de la nutrition animale est en baisse. 70 % de nos clients sont situés dans le Grand Ouest, 10 % à Paris et le reste se répartit entre l’Espagne, le Portugal et l’Italie.” La règlementation européenne ne cessant de se développer, l’activité de 6 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 Lareal devrait suivre sans difficulté cette courbe ascendante. “Aujourd’hui, nous sommes 65 personnes en CDI (de bac +3 à bac +8) avec, en période de forte activité, 5 à 6 CDD. Il nous faut maîtriser notre croissance mais nous allons être amenés à évoluer. Nous disposons déjà d’une équipe de 3 commerciaux. A l’avenir, nous avons une logique à créer une vraie filiale” conclut le dirigeant. Au 30/06/2009, le CA de Lareal était de 7 millions d’euros, la croissance sur un an sera donc de 15 %. Contact : 02 97 48 49 80 ■ Armorgreen (35) table sur 22 à 23 millions d’euros de CA en 2010 et inaugure un show-room de 2 500 m2 au nord de Rennes. Créée il y a 18 mois, Armorgreen, filiale du groupe Legendre, affiche une croissance de 30 % entre 2008 et 2009 avec un CA de 8,3 millions d’euro et 35 salariés à fin 2009. La PME réalise des installations photovoltaïques essentiellement à destination des entreprises, des collectivités locales et des exploitations agricoles. Elle se lance également, via sa filiale Héol Prod, dans des projets de grande envergure (fermes solaires dont trois verront le jour en 2011 dans la région) où elle peut être à la fois propriétaire et exploitant. “Tout est envisageable, selon Jean-Paul Legendre, le fondateur du groupe éponyme, on peut être investisseur ou co-investisseur, exploitant ou non. Nous venons d’investir 3 millions d’euros dans un nouveau bâtiment BBC de 2 500 m2 dont 1 000 m2 de show-room destinés à recevoir nos clients mais plus encore tous les artisans désireux de s’informer sur les produits et techniques relatifs au solaire.” Enerpark veut être une vitrine technologique et abritera bientôt un centre de formation pour les installateurs et artisans du bâtiment ainsi qu’un hôtel d’entreprises destiné à accueillir sept jeunes startup issues des éco-activités et de l’éco-construction. “C’est un premier show room, explique Pascal Martin DG. Ce concept n’a pas d’équivalent mais, s’il fait ses preuves, il sera dupliqué ailleurs. Nous évoluons dans un secteur où 80 % des acteurs ne sont pas issus du bâtiment. Beaucoup viennent de l’immobilier, sont extrêmement opportunistes et n’agissent pas dans une optique de pérennité. Tout le contraire d’Armorgreen qui, avec Enerpark, prouve que l’entreprise s’installe dans une logique de long terme.” Contact : 02 99 13 37 90 ■ Une année riche en projets pour ATC (Plougoumelen-56) après un exercice 2009 difficile, 950 000 euros de CA réalisé au lieu d’1,3 l’année précédente pour un effectif de 12 personnes. “La crise est quelque chose de bien réel, surtout en tant que spécialiste des toiles tendues et structures gonflables pour l’événementiel, commente Pierre Laugier, créateur en 1994 d’Air et Toiles Concept (ATC). Mais depuis février, c’est reparti et au vu de ce qui est déjà signé aujourd’hui, je table La fête des lumières à Lyon en 2009 sur un CA 2010 de 1,2 million d’euros. Nous venons de réaliser un hangar gonflable et transformable, destiné au tarmac des ports pour faire office de cabine de peinture. Tous les plaisanciers veulent remettre leurs bateaux à l’eau à la même période, mais les hangars en dur ne sont pas extensibles. Nos structures permettent de satisfaire la demande saisonnière, elles sont modulables en fonction de la longueur des bateaux et ne nécessitent l’intervention que de deux hommes. L’investissement moyen est de 40/50 000 euros. La matière des toiles est innovante et légère avec une résistance mécanique fabriquée spécialement pour nous.” En matière d’évènementiel, la dernière réalisation d’ATC date de mai dernier à l’occasion de la cérémonie de lancement de la Frégate Aquitaine sur le port de Lorient. Un paquet cadeau gigantesque, composé de 3 enveloppes différentes, 6 500 m2 de toile, recouvrait la frégate “Ce jour-là nous avions un vent de 65 km/h et le déshabillage comportait un risque important.” ATC conçoit, fabrique et assemCérémonie de lancement de la frégate Aquitaine ble chaque tissu mais sous-traite la partie ingénierie. D’autres sur le port de Lorient en mai dernier projets d’envergure sont d’ores et déjà programmés cette année : “A chaque fois, nous devons relever des défis dans les formes et l’originalité des créations : scénographie, projection d’images sur écrans géants, sculptures d’œuvres d’art contemporain dans de la mousse etc.” Contact : 02 97 24 23 23 ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT 7 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 AGENDA Sea Tech week 2010 (7 édition du grand rendez-vous interdisciplinaire des sciences et technologies de la mer). du 21 au 25 juin Centre de congrès Le Quartz à Brest www.seatechweek-brest.org ■ ACTUALITÉS ème Space (salon de la production agricole carrefour européen) du 14 au 17 septembre - Parc expo Rennes aéroport www.space.fr ■ Salon des comités d’entreprise et collectivités de Rennes les 30 septembre et 1er octobre Parc des expositions Rennes Aéroport www.salonsce.com ■ ■ Carrefour des communes et communautés du Finistère les 30 septembre et 1er octobre Le Quartz à Brest www.amf29.asso.fr DEVELOPPEMENT ■ Aetia Informatique (56) s’implante à Saint-Brieuc. Disposant déjà d’un site à Quimper, l’entreprise dont le siège social est basé à Ploemeur, dans le Morbihan, a été créée en 2005 par Julien Cahoreau et Philippe Le Gallic. Avec cette nouvelle agence, ils entendent poursuivre leur développement sur l’Ouest mais plus encore se rapprocher de leurs clients. Julien Cahoreau, codirigeant d’Aetia Informatique “Il s’agit d’une création. Nous avons ouvert le 1er juin, au cœur d’une zone tertiaire, avec un commercial. Nous envisageons le recrutement de deux autres salariés d’ici fin 2010, détaille Julien Cahoreau, codirigeant d’Aetia Informatique. 1/4 de notre activité est réalisé avec des cabinets d’expertise comptable, le reste avec des PME issues de différents secteurs d’activité.” Spécialisée dans la vente, l’installation et la maintenance de solutions informatiques (logiciels de comptabilité et paye, Quadratus notamment, mais aussi de matériels), l’entreprise avait repris, en 2009, 50 % du capital de Cornouaille Informatique. “La période n’est pas facile mais, grâce à de bons choix opérés en matière de recrutement et un solide partenariat avec les experts comptables qui n’hésitent pas à préconiser nos matériels à leur clients, notre CA a progressé de 30 % pour atteindre 1,65 million d’euros en 2009. L’effectif, entre les trois sites, s’élève désormais à 20 personnes.” Les projets des deux dirigeants ne s’arrêtent pas là. La prochaine étape sera très certainement la Loire 3ème salon du développement durable des collectivités territoriales Solutions concrètes et ateliers d’échanges d’expériences pour les élus et personnels territoriaux. 90 exposants présentent services, activités, produits Les 13 et 14 octobre Parc des expositions de Vannes Le Chorus Contact 02 97 46 29 61 www.lechorus.com/ecodev ■ Atlantique avec une implantation à Nantes. “Je reste toujours à l’écoute et fonctionne par opportunité. Notre plus gros client ne représente que 7 % du CA, ce qui permet de répartir le risque. La trésorerie est bonne, ainsi nous pouvons envisager sereinement de poursuivre notre développement”. En 2010, Aetia Informatique vise un CA de 2 millions d’euros, soit encore 30 % de croissance. Contact : 02 97 87 09 88 ■ L’entreprise François Chatain ET Les Autres (21 salariés à Sixt-sur-Aff/35 - 2 millions d’euros de CA) mise sur le design. Après avoir rencontré le succès avec ses lampes galets entre 2003 et 2008, l’entreprise François Chatain Et Les Autres a dû faire face à l’importation de produits copiés à petits prix. Ne disposant pas d’une forte image de marque, éternel déficit de beaucoup de PME régionales, François Chatain n’a pas réussi dans le même temps à conserver un public attaché à l’authenticité de ce concept. Son dirigeant, Stéphane Nicorosi, décide aujourd’hui de faire appel à un désigner (Jacky Lefaucheur) afin de créer une nouvelle gamme de luminaires qui sera présentée lors du Salon de la Maison et de l’Objet en septembre prochain. Une stratégie qui s’inscrit dans le nouveau souffle que Stéphane Nicorisi entend apporter à l’entreprise dont la clientèle est composée de distributeurs composés à parts égales de magasins d’ameublement (Château d’Ax…) ; de magasins spécialisés en luminaire (Comptoir des lustresRennes) et de magasins de décoration, notamment en centres-villes. “Entre le low-cost et le très haut de gamme, je persiste à penser qu’il y a de la place pour une entreprise telle que la nôtre, sur le haut de gamme”, indique Stéphane Nicorosi, dont l’entreprise propose pour l’heure des produits moyen/haut de gamme avec des prix variant entre 240 et 1 400 euros. Cette nouvelle collection design contemporaine sera distribuée en GrandeBretagne et en Italie. Contact : 02 99 70 08 82 La lampe Filitosa super de la nouvelle collection 8 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 Bertrand Delarre (à droite), gérant de la Seidma, et une partie de son équipe ■ Malgré une année 2009 difficile, la Seidma (Société d’études et d’industrialisation de mécaniques et d’automatismes) basée à Lécousse près de Fougères a poursuivi ses investissements. Reprise en 2007, cette entreprise s’est spécialisée au fil du temps dans l’outillage de précision. “Nous fabriquons des pièces d’outillages trempées (acier, acier inox, plastique, bronze…) pour l’agro-alimentaire, la conserverie, l’automobile, l’électronique ou l’armement, explique Bertrand Delarre, le gérant de la SARL créée en 1978. Ce sont généralement des pièces stratégiques, essentielles au bon fonctionnement de leurs process, de leurs chaînes de fabrication. Nous sommes cinq en France sur cette niche à produire en toutes petites séries, 15 pièces au maximum. Les 9 derniers mois de 2009 ont été particulièrement mauvais et j’ai clôturé mon exercice (au 31/03/10) en accusant une baisse de 27 %. Heureusement, la reprise est là, j’ai fait un excellent mois d’avril et au vu des commandes, je pense réaliser une année 2010 sur les bases de 2008.” Cette année-là, le CA de Seidma s’élevait à 1,4 million d’euros pour 17 salariés dont 13 à l’atelier. “Ici les horaires sont libres, chacun est responsable de A à Z de son travail et de la programmation de sa machine dès la remise des plans.” Une responsabilisation de chacun, un treizième mois et une prime d’intéressement permettent à Bertrand Delarre de fidéliser son personnel et ainsi de poursuivre son développe- ment. “Depuis mon arrivée en 2007, j’ai investi 360 000 euros dans 5 nouvelles machines. Celles-ci vont me permettre de faire des formes que je ne faisais pas jusqu’ici et d’accepter de nouvelles commandes auprès de mes clients existants.” Ils sont environ 250 répartis sur toute la France. La stratégie de Seidma est d’accroître son CA avec chacun d’entre eux car ils sont avant tout à la recherche d’un véritable partenaire capable de réaliser des pièces uniques et vitales dans la réussite de leur process de production. Contact : 02 99 99 03 05 ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT 9 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT Jean-Pierre Guégo a racheté Speed L’M en 2002 ■ Avec 5 % du marché français, Speed L’M (Pluneret-56), fabricant de vêtements personnalisés pour cyclistes, poursuit sa route. Rachetée en 2002 par Jean-Pierre Guégo, la PME morbihannaise dispose d’un atelier de 900 m2, compte 7 salariés pour un CA de 750 000 euros. “Je travaille sur un cycle vélo qui débute en septembre et se termine en juin. Je connais toujours un pic d’activité en début d’année car les clubs ont achevé de démarcher leurs sponsors et passent leurs commandes, de 1 000 à 10 000 euros. Du fait d’une diminution du budget pub des entreprises sponsors, 2009 a été en léger recul par rapport à 2008. Mais, cette année, la tendance est meilleure” explique le dirigeant. Elles sont sept entreprises en France à exercer cette activité. Les 4 à 5 000 clubs cyclistes français représentent 95 % du CA de Speed L’M, viennent ensuite les particuliers (cyclos) et quelques micro-niches comme la fabrication de 10 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 combinaisons pour des clubs parachutistes du Moyen Orient. “Je me fournis en matière textile respirant BPI (Blanc prêt à imprimer) auprès de fabricants suisses ou italiens. Cuissards, maillots, coupevent, je produits des séries de 10 à 300 pièces pour les clubs mais je facture directement aux sponsors. Je ne souhaite pas me disperser, aller par exemple vers d’autres disciplines sportives, même si ma capacité de production me permettrait de doubler mon effectif. Je pense qu’il faut avant tout rester un très bon professionnel et, avec 20 ans d’expérience, je peux encore gagner des parts de marché. Le cyclisme est un sport de passionnés. Qu’ils soient pro ou amateurs, ils sont très exigeants, l’écoute et la souplesse sont indispensables pour les fidéliser. En 2010, j’ai accru de 20 % mon budget communication (Internet et médias spécialisés) car plus que jamais, il faut être présent”. Les cyclistes, c’est bien connu, pratiquent une veille technique très assidue. Contact : 02 97 29 43 10 ■ La cour d’Orgères (56) : Vérène Indekeu et Marie-Charlotte Nikolic reprennent l’entreprise créée par leurs parents en 1986. “Nous avons reçu une formation à la maîtrise des confitures. Mon père adorait cuisiner et c’est tout naturellement que nous avons intégré l’entreprise dans les années 2000, explique Marie-Charlotte Nikolic, codirigeante de la SARL La Cour d’Orgères et en charge notamment du commercial. Vérène, ma sœur, est la créatrice, celle qui met au point chaque nouvelle recette. Elle pilote de fait la production. Au fil du temps, nous avons diversifié notre gamme pour revendiquer aujourd’hui un concept maître confiturier et épicerie fine”. Installée à Quiberon, au pôle artisanal Plein Ouest, depuis juillet 2006, l’entreprise emploie sur ce site, mais aussi dans sa boutique de Saint-Pierre-Quiberon (ouverte dès 1986), une dizaine de personnes, 18 en haute saison. En léger recul par rapport à 2008, le CA 2009 s’élève à 730 000 euros dont presque la moitié est réalisée depuis la boutique d’origine. “Outre les confitures qui représentent 60 % de notre activité, nous commercialisons des produits haut de gamme, condiments, rillettes et soupes de poissons, épices… En plus de nos deux boutiques, nous disposons d’un réseau de revendeurs (fromageries, épiceries fines…) implantés pour l’essentiel en Bretagne et en région parisienne.” Trop petite pour négocier en direct avec les producteurs, la Cour d’Orgères achète sa matière première, (1 tonne d’abricots/an et 1 tonne de fraises entre autres), auprès d’intermédiaires ou de sociétés d’import/export. “Nous fabriquons 27 tonnes de confiture par an soit 47 000 pots de 370 g, le format qui se vend le mieux. Coté saveurs, la fraise, ■ Créée en 2003 et spécialisée dans la construction de stations d’épuration, Odipure (Ploufragan-22), 17 salariés, 2 millions d’euros de CA, intervient sur tout le quart Nord Ouest. “L’innovation, selon Régis Janvier, son dirigeant, ce n’est pas que les grands groupes ou la haute technologie, façon Apple et les autres ! Il existe beaucoup d’entreprises, parfois des TPE, qui “créent” de l’innovation “pratico-pratique”, avec du chiffre d’affaires à la clé et des répercussions sur l’économie locale… et ça, personne ne le sait.” Avec 2,5 millions d’euros de CA visés cette année, la société appuie ainsi sa démarche : “chez nous, l’innovation tourne autour de deux choses : la première est directement venue d’un besoin du marché. Il s’agit de la méthanisation et du prétraitement des déchets agroalimentaires avec la prise de conscience que leur élimination a un coût. On peut dire que sur cette recherche, nous nous distinguons de nos concurrents. Seconde innovation : la mise au point d’une méthode de récupération – avec valorisation – du phosphore dans les eaux usées. Enjeu : en faire un engrais agricole ou le recycler en matière première.” De quoi doper les résultats à terme avec “4 millions d’euros de CA en 2015”, table le dirigeant. Contact : 02 96 76 61 55 l’abricot et la griotte tiennent la corde mais les mélanges sucré/salé, noix/gingembre ou concombre/groseille, par exemples, commencent à percer. Nous proposons des coffrets pour accompagner les fromages, les viandes…, ainsi qu’une gamme allégée et travaillons à une gamme bio.” L’objectif à court terme des deux sœurs est d’accroître le trafic de la boutique contigüe à l’atelier car, malgré les visites découvertes organisées avec des touropérateurs, elle ne génère que 16 % du CA. A plus long terme, les deux dirigeantes envisagent d’ouvrir d’autres boutiques. Contact : 02 97 29 55 62 ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT TOUJOURS GAGNANT AVEC VOS CLIENTS Courtier en assurance-crédit, affacturage, caution et renseignements commerciaux. Agréé auprès des plus grandes compagnies européennes Tél. 02 30 09 00 00 www.axefia.fr - [email protected] - N° Orias 07019260 11 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT ■ C’est en juillet que Cafés Coïc (Plomelin-29) ouvre sa seconde Boutic Coïc à Quimper (2 salariés. 200 000 euros investis), “ville où historiquement nous sommes nés mais n’étions pas encore présents”, observe Gilles Coïc depuis cette entreprise finistérienne et connue pour s’être illustrée dès 1992 avec le café bio’ (commercialisation de ses gammes en GMS et secteur CHR). Cafés Coïc est présent sur toute la Bretagne, emploie 34 personnes pour un CA de 5,1 millions d’euros. La GMS et le CHR (Cafés, hôtels, restaurants) représentent plus de 85 % de l’activité et la distribution automatique en entreprises, environ 10 %. Pour l’heure, la première boutique réalise, depuis Lorient, 191 000 euros de CA. Il y aura dans cette seconde boutique de 110 m2 toute une gamme de cafés en vrac, mais aussi 80 thés (vrac et sachet), des produits d’épicerie fine et tout le matériel pour boire son café.” A côté de cela, très concernée par le développement durable – “il y a longtemps que nous avons fait notre bilan carbone, de la torréfaction à la tasse bue !” – l’entreprise a revu tout le packaging (refonte des lignes graphiques commercialisées en grande distribution) de sa gamme de cafés (430 T/ an), avec une attention portée au mode de conditionnement. “Avec un taux d’aluminium réduit de manière drastique puisque nous avons divisé son recours par 200, en procédant par pulvérisation, je ne veux même pas parler de coûts, en dehors des frais d’études et de la réflexion menée pendant 2 ans et demi bien sûr, mais de gains pour nous.” Contact : 02 98 55 10 92 ■ Avec 3,8 millions d’euros de CA attendus cette année, Nautix (Guidel-56) “s’en sort bien après une année difficile en 2009, ne dissimule pas Jean-Yves Langlois, à la tête de cette entreprise spécialisée dans la fabrication d’antifouling et autres opérations de carénage. L’an passé, on a connu une baisse de l’ordre de 7 %. Ils ne carénaient plus. Cette année, on devrait remettre les compteurs à zéro.” Avec 3 personnes dédiées à la R&D (près de 8% de son CA), Nautix Application d’enduit époxy Nautix sur une quille 12 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 fabrique des peintures marines, appliquées après mise à sec et grattage des coques, qui font leurs preuves : “c’est comme les recettes des chefs étoilés, tout est question de bons ingrédients et de dosages… que je garde secrets.” Soit une production de 120 t/an ! “Notre outil nous permet d’envisager 20 à 30 % en plus.” Forte de cette expertise, l’entreprise, qui emploie 28 salariés, s’illustre aussi dans “l’injection de matières plastiques”, avec une spécialité : la planche à voile (accastillage, montage des mâts…). Là encore, une maîtrise qui lui vaut d’intervenir pour des clients nationaux tels que Décathlon ou BIC. “Sur ce marché spécifique, nous sommes les seuls en Europe !” Contact : 02 97 65 32 69 ■ Reprise en 2006 par Christelle et Hervé Philippe, TMCE (Saint-Gonnery-56) conforte ses positions en France mais aussi en Suisse et en Belgique. Avec un CA 2009 de 17,3 millions d’euros (dont 13,3 % à l’export), la SAS emploie 115 salariés dont 90 technico commerciaux. Créée en 1993, TMCE fabrique des compléments pour animaux : des aliments minéraux pour les ovins, bovins, caprins et autres animaux de la ferme, soit 1/3 de l’activité ainsi qu’un amendement engrais pour le sol. “On se distingue par notre formulation unique sans phosphate ajouté, énonce Hervé Philippe, président. Depuis notre arrivée en 2006, nous avons mis l’accent sur le développement commercial en optimisant les animations terrain, les visites d’exploitations mais aussi les plates-formes d’essai. Nous travaillons depuis 5 ans avec le pôle agronomique de Belgique. Celui-ci effectue des essais assez lourds avec nos produits qui nous permettent, au vu des résultats positifs que nous obtenons, de les valoriser au mieux. Cette validation scientifique des produits s’accompagnent d’une formation auprès des technico-commerciaux qui les confortent dans leur démarche commerciale opérée de façon directe. Nous n’avons aucun intermédiaire. Nous bénéficions aussi des dispositions environnementales actuelles, qui privilégient les produits les plus naturels. Avec une formule sans phosphate ajouté, les créateurs de TMCE étaient en avance sur leur temps. Nous allons poursuivre notre développement en asseyant nos positions en France mais aussi en Belgique et en Suisse où nous disposons d’une filiale. En parallèle, nous améliorons sans cesse notre outil de production et envisageons d’ici 2 à 3 ans, quand la reprise sera là, d’augmenter ses capacités”. Avec 7 000 clients, le potentiel de TMCE reste important. Contact : 02 97 38 41 41 Cellaouate s’inscrit dans une filière régionale de recyclage et de transformation de vieux papiers ■ Avec un capital de 600 000 euros, Cellaouate (6 salariés), installée à Plourin-lès-Morlaix (29), sort ce mois-ci ses premières unités confectionnées. Cette PME est la première usine de fabrication de fibres de cellulose “dans tout le Grand Ouest”, précise Patrick Creac’h, président de cette SAS, et s’inscrit dans une filière régionale de recyclage et de transformation de vieux papiers et de production de ouate de cellulose, un isolant écologique performant. Méthodologie ? Le papier est collecté auprès des particuliers, des collectivités ou encore du journal “Le Télégramme” avant d’être trié localement par des entreprises de l’économie sociale (dont l’Esat de Landivisiau). Il est ensuite transféré dans l’usine où il est transformé en ouate de cellulose. “Producteur et distributeur de ouate de cellulose, notre associé autrichien Isocell apporte en partenariat son savoir-faire technologique, ses agréments et son réseau commercial” précise Patrick Creac’h. “En France, la réflexion n’est engagée que depuis une quinzaine d’année alors qu’on trouve trace des premières machines à insuffler de la ouate de cellulose dès 1928 aux USA ! Et dans les pays nordiques, c’est un isolant quasi conventionnel.” Contact : 02 98 88 00 66 ■ Arteco investit 300 000 euros dans une nouvelle agence à Vannes (56) sous la forme de sa 1ère maison labellisée “Passivhaus”. “Nous affichons ici notre souhait d’être en pointe sur la réflexion autour de la maison passive à énergie positive”, confirme Pierre Laude, coassocié d’Arteco (siège à Lorient. 25 salariés. 120 maisons livrées en 2009-14,6 millions d’euros de CA, bilan clôturé en sept. 2009). “Il s’agit bien d’un test in situ, en vue de développer une expertise et proposer ce projet à nos clients à des prix raisonnables, explique le dirigeant. Il faut surtout souligner qu’à la différence de la maison BBC, le label Passivhaus se concentre sur la qualité du bâti avec le souci d’une enveloppe très performante : pas de ponts thermiques, maison très isolée... Peu importe les équipements d’énergie choisis en intérieur.” Un relais de croissance possible pour Arteco qui a aussi embauché un architecte et un technico-commercial (près de 100 000 euros d’investissement annuel). En attendant, la société voit la reprise s’amorcer pour 2011 “avec cette année, une bonne reprise des commandes. Il faut savoir que dans notre métier, une prise de commande donne des résultats tangibles 10 à 18 mois après.” Contact : 02 97 21 56 56 ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT 13 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT ■ Sans bruit ni vagues, E3H (Brest-29) vise les ports de plaisance. “Je souhaite fonctionner comme une entreprise à l’américaine : je n’attends pas de subventions, je fais !” A la tête d’E3H (Efficient Electric Evolved Hull), Tanguy le Bihan a fait de la “maîtrise de la chaîne électrique” le fer de lance de son développement. Aujourd’hui composée de 6 associés + 3 personnes recrutées fin 2009, cette société fonctionne comme une "start-up de la mer" présente le dirigeant qui a fait rentrer un nouveau partenaire industriel : le groupe MSA (980 millions d’euros de CA) “très présent en Bretagne”. De fait, axé sur la R&D, E3H est née il y a 5 ans, moment où Tanguy Le Bihan crée ce bureau d’études dont la vocation est aujourd’hui de “travailler sur des coques et les propulser avec le moins d’énergie possible. Bref ! Concevoir un bateau électrique doté des mêmes performances qu’un bateau thermique.” Après le projet Odonata, sorti il y a près de 2 ans et demi, projet qui a bénéficié d’un prêt Oséo de 50 000 euros pour un investissement global estimé à 400 000 euros, E3H présente ce printemps Remora (260 000 euros investis), “qui veut dire poisson-pilote pour un bateau de travail destiné aux ports de plaisance. C’est aujourd’hui notre stratégie. Avec Odonata, bateau qui ne fait ni bruit, ni vagues et peut faire ses 17 noeuds,nous avons tout de suite senti l’intérêt du public mais nous ne pouvions pas suivre. Notre axe est maintenant de nous réorienter vers le marché professionnel, mais en concevant des projets industriels.” Premier bateau “composite” à intégrer le liège, Odonata est de fait prévu pour sortir en série. Contact : 02 98 05 70 25 RÉGION ■ “Be Breizh” : une nouvelle stratégie marketing touristique pour rajeunir l’image de la Bretagne et lui donner une place à un niveau international. Nouvelle image de marque, nouveau site Internet, le Comité régional du tourisme déploie de gros moyens pour développer l’offre touristique, accroître la désaisonnalité et donner envie de Bretagne au plus grand nombre, en commençant par les Bretons eux-mêmes : “Sans eux, nous n’irons pas loin, affirme Mickael Dodds, directeur. Avec ce site, nous voulons faire rêver les gens, leur donner l’envie de venir chez nous, créer une complicité avec l’internaute …bref offrir un service de médiation avec tous les non-initiés.” Il aura fallu près d’un an, une soixantaine de personnes (pigistes pour l’essentiel) et deux prestataires : Uzik (Paris) pour le graphisme et Kaliop (Montpellier) pour l’architecture du site. Budget total : 700 000 euros. Moyennant un coût de 150 euros, chaque hôtel, camping ou structure touristique peut se faire référencer et bénéficier d’une fiche de présentation rédigée par un professionnel avec un lien vers son propre site. “La moitié des hôtels est déjà répertoriée ainsi qu’un tiers des campings. La marge de progression est importante, ce site est un outil structurant au service de tous les prescripteurs bretons.” Son originalité réside dans sa démarche affinitaire : 11 motivations de base ont été identifiées et donnent lieu chacune à une réponse appropriée. Golf, famille, se faire plaisir, nature, romantique, créatif… mais aussi osez, vibrez sont des rubriques répondant aux attentes 14 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 et aux modes de fonctionnement de chaque segment ou communauté d’internautes. Contact : www.tourismebretagne.com ■ Naissance de Mutualia Grand Ouest. “Maintenant que nos instances dirigeantes ont été renouvelées, dès septembre nous allons aborder notre stratégie avec un souci majeur : comment, en cette période difficile et sans oublier quiconque, pouvons-nous donner les moyens d’accéder à une complémentaire santé efficace ?” Vaste projet. Mais Daniel Guivarc’h, Dg de Mutualia Grand Ouest, “complémentaire santé qui relève du Code de la Mutualité et est à but non lucratif” ne manque pas d’arguments après que la Bretagne ait “absorbé” deux autres mutualités qui intervenaient sur trois régions (Centre, Basse et Haute-Normandie, et Pays de la Loire) avec, souligne-t-il, plus de 70 emplois développés en Bretagne contre 25, avant l’opération. “Mutualia Grand Ouest, qui est aujourd’hui une structure indépendante après avoir été créée par la Mutualité Sociale Agricole (MSA), c’est un demi million d’adhérents en clientèle propre, 70 % issus du régime agricole et 30 % de culture rurale. Avec ce regroupement, il s’agit d’agir avec un souci d’efficacité ! D’où des synergies et des économies d’échelle que nous allons pouvoir réaliser pour accroître les services rendus à nos adhérents.” Moyens humains pour ce faire : 132 délégués terrain mais aussi des services à la personne, prestation sur laquelle se place Mutualia “avec l’équivalent de 100 ETP”. Contact : 06 78 67 69 08 ■ En 2009, les retraités bretons représentaient 18,15 % de la population bretonne (base 3 219 598 population légale 2007), et ceux qui ont réalisé une carrière complète au régime général percevaient une pension de 958,15 euros. Ce montant moyen était pour les hommes de 1 025,13 euros et pour les femmes de 878,31 euros. A cela, il faut ajouter le montant de la retraite complémentaire. Ces données tirées des statistiques 2009 réalisées par la CRAM de Bretagne révèlent également qu’avec 584 581 retraités, la région Bretagne se place en 8ème position par rapport aux 16 territoires que gèrent les CRAM. “Nous avons, dans notre région, le taux le plus élevé de nouveaux retraités du fait du retour plus massif qu’ailleurs des Bretons dans leur région d’origine, plus de 3 % de différence avec le national, précise Donald Goldie, directeur de la Cram de Bretagne qui dévoile également le prochain nom que prendra l’organisme au 1er juillet : “Caisse d’assurance retraite et de santé au travail (Carsat)”. L’âge moyen pour le point de départ des pensions est de 61,04 ans (60,68 pour les hommes et 61,35 pour les femmes) mais “on constate un recul de 6 mois de l’âge du départ à la retraite en un an. Le nombre de retraités à bénéficier de la surcote (pension majorée d’environ 2,5 % par année supplémentaire aux personnes qui ne prennent pas leur retraite alors qu’elles en ont acquis tous les droits) a plus que doublé en 5 ans du fait notamment de l’arrivée des générations nées dans les années 50 et dont, pour un nombre plus élevé qu’avant, les enfants sont encore à charge. Avec le phénomène des familles recomposées, cette tendance va s’accentuer dans les années à venir.” Autre donnée intéressante : la durée moyenne de la pension servie. “Du fait de l’allongement de la durée de la vie, elle ne cesse d’augmenter, environ un trimestre par an. En 1995, la pension de retraite était servie en moyenne pendant 15,22 ans (13,39 pour les hommes, 17,13 pour les femmes). En 2009, elle s’allonge jusqu’à 18,45 ans (16,79 pour les hommes 20,13 pour les femmes). Et pour l’instant, les statisticiens ne voient pas de limite à cette augmentation.” Ceci explique qu’en 2009, 353 retraités bretons du régime général touchant une retraite complémentaire avaient plus de 100 ans, ils étaient 296 en 2008. Contact : www.cram-bretagne.fr “L’âge moyen pour le point de départ des pensions est de 61,04 ans” ACTUALITÉS RÉGION 15 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 ACTUALITÉS FOCUS ( Ça décolle toujours ? LES AGENCES DE VOYAGES BRETONNES FACE AU E-TOURISME Alors que, depuis quelques mois, la vente du nombre de billets d’avion vendus par les agences de voyages sur le marché français est à nouveau positive (+5,7 % en février 2010), le prix moyen du billet émis sur le marché français est passé en deux ans de 380 à 325 euros (-14,5 %). La “domination” du tourisme dans le e-commerce en général semble bien responsable de ce phénomène et 88 % des agences de voyages considèrent qu’Internet va donner de plus en plus de pouvoir au tourisme de loisirs1. Dans ce contexte, voyons comment les agences bretonnes prennent le virage Internet ! En France, 64 % des internautes choisissent de préparer leurs vacances sur Internet “pour la facilité que le média présente”, observe une enquête menée par OpinionWay pour le compte de Voyagermoinscher.com. Un média plébiscité car il permet de comparer aisément les offres des voyagistes (51 % des réponses), voire de réserver directement lorsque l’on trouve une offre satisfaisante (42 %). 39 % pensent également qu’Internet 16 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 permet de réaliser des économies par rapport aux canaux de distribution traditionnels et qu’il propose plus de choix (34 % des répondants). Selon le baromètre Opodo réalisé en partenariat avec Raffour Interactif2, la moitié des Français actifs partis en vacances en 2009 ont préparé leur voyage sur Internet et plus des deux tiers d’entre eux (69 %) ont acheté leur voyage sur Internet, soit 35 % des Français partis en vacances en 2009. Pour Alain Hamon, président du Snav Ouest3 mais aussi du groupe Voyages Le Vacon (+ 100 millions d’euros de CA, plus d’une soixantaine d’agences de voyages réparties sur l’Arc Atlantique + réseaux de distribution exclusifs), la répartition du marché entre les 2 principaux canaux de distribution, agences de voyage traditionnelles et Internet, est respectivement de 8020. “En Bretagne, explique-t-il, le Snav regroupe 73 agences de voyages indépendantes, qui représentent 224 points de vente. Trois gros réseaux indépendants dominent aujourd’hui le marché, National Tours, Groupe Salaün et les Voyages Le Vacon. Nous réfléchissons tous au développement de nos outils Internet mais, en parallèle, nous constatons qu’aucun grand groupe, tel que Lastminute, Opodo ou Promovacances n’est rentable. Ils perdent tous de l’argent, entre le développement de leur outil et le coût de leurs call-centers ! Seul Go Voyages, qui a par ailleurs des agences traditionnelles, est excédentaire. Ces compagnies qui “font du voyage” Suite page 18 LG VOYAGES À BINIC (22) “Qui sont mes clients ? Demandez-moi plutôt quels sont ceux qui ne viennent pas me voir. C’est simple : celui qui cherche un voyage à 250 euros, je ne le vois pas. Celui-là, pas de doute, il est sur le net.” A la tête de LG Voyages, agence qu’il a créée en 1996, Jean-Yves Le Goff pourrait encore ajouter que ce client-là, il n’en veut pas ! “Si je poursuis sur cette quête d’un voyage à 250 euros, vous savez ce qui va se passer ? Sur place, le client va comparer avec d’autres prestations, va revenir déçu et se répandre partout autour de lui, en oubliant de dire bien sûr qu’il avait acheté un produit bas de gamme ! Pour, au final, m’assurer une contre publicité totale ! Et tout ça pour être commissionné 8 %, autrement dit gagner 20 euros ? Non merci.” Pour ce professionnel qui, depuis 1976, a toujours travaillé dans l’industrie du tourisme, un constat s’imJean-Yves Le Goff s’appuie pose : “je m’inscris comme l’anti-grande distribution (de voyages) à la chaîne. Ce qui sur ses 35 ans d’expérience et d’écoute m’intéresse, c’est que la personne que j’ai en face de moi me parle de sa partie de pêche, si elle le veut, avant de me faire part de son besoin. J’ai été guide accompagnateur dans une autre vie, – à la conception et réalisation des voyages en autocar pour Tourisme Verney, dans les années 80 –, je crois donc pouvoir m’appuyer sur 35 ans d’expérience et d’écoute.” Une approche façon “sur-mesure” à la manière d’un tailleur à l’ancienne ? “Je me définirais plutôt comme un artisan” corrige Jean-Yves Le Goff, de fait seul à mener son affaire (900 000 euros de CA en 2009). “Je ne dirais pas que mon panier moyen est de 2 000 euros mais il est certain que je vois plutôt arriver des gens prêts à investir un peu. C’est pourquoi je ne ressens pas la concurrence avec les offres sur Internet. D’abord elles s’adressent aux petits budgets. Ensuite, les gens sont prêts à aller fureter, se renseigner, mais quand il s’agit de régler 10 à 15 000 euros pour une famille de 4 personnes, elles ont besoin d’assurance et de garanties physiques avec quelqu’un en face d’elles.” ACTUALITÉS “Le client qui cherche un voyage à 250 euros ne vient pas chez moi” 17 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 NATIONAL TOURS À RENNES ACTUALITÉS “Je n’ai jamais cru à la fin des agences de voyages !” 32 agences filiales et un réseau d’agences partenaires (environ 130 en France dont Jouanno Evasion, très présent dans le Morbihan avec rien moins que 6 agences) : National Tours, créé à Rennes en 1985, c’est “pour l’en- tité rennaise 50 millions d’euros de CA et 50 salariés”, indique Thierry Houalard, président, qui observe : “National Tours a toujours été reconnue pour la qualité de ses circuits accompagnés, avec le client pris en charge près de son domicile pour l’emmener à l’aéroport. Allez chercher ça sur Internet ! Il n’y a donc pas de concurrence. Maintenant, sur le produit vol + séjour, il est indéniable que la toile est un véritable challengeur. Notre solution ? Proposer dans notre brochure, tout en essayant aussi de nous démarquer de Marmara, Fram ou Look, des forfaits excursions.” Moyen de “faire la différence” sur un produit qui pour l’heure ne représente que 7 % du CA de en ligne sont en quête de reconnaissance et, pour ce faire, signent des accords commerciaux avec des petits réseaux physiques en charge de recevoir leurs clients, notamment à l’occasion d’échanges de billets, de remboursements ou de changements de dernière minute, des opérations impossibles à réaliser soimême sur Internet. C’est d’ailleurs comme cela que nous voyons revenir chez nous une grande partie de la clientèle déçue par l’achat sur Internet”. Ainsi les agences traditionnelles ont encore de beaux jours devant elles. Même si certaines ont dû ces derniers mois tailler dans leurs effectifs, du fait de la baisse en l’entreprise : “ça peut être un relais de croissance à terme. C’est pourquoi, ailleurs que dans notre brochure, sur un autre type de communication, nous déclinons la marque Esprit Soleil par National Tours. Il faut segmenter ses cibles de clientèles.” Si, aujourd’hui, National Tours n’est pas encore sur le net “de manière probante”, son président adopte déjà, néanmoins, une stratégie : “nous allons y proposer notre offre, c’est indéniable, mais en renvoyant l’internaute auprès de nos agences. Je n’ai jamais cru à leur disparition sous le coup d’Internet ! La valeur d’une entreprise, ce sont ses salariés ! Pour nous, il s’agit au contraire d’étendre notre positionnement avec, à l’heure actuelle, une densité importante sur tout le Grand Ouest. Cela va passer par des opérations de croissance externe (nc). En vue de combler la jachère entre deux zones où nous sommes bien identifiés.” volume d’affaires, Internet continue de booster la demande. Et, au vu des témoignages qui suivent, elles en profitent car elles ont su apporter des réponses adaptées à chaque client. ■ Serge Marshall 1 Sources : Médiamétrie Etude menée par le cabinet Raffour Interactif. 89 % estiment qu’Internet modifiera de plus en plus la structure de l'offre et de la demande touristique. 3 Snav Ouest : Créée en 1945, cette organisation professionnelle est l’unique interlocuteur auprès des pouvoirs publics pour l’ensemble des trois métiers (producteurs, distributeurs, réceptifs) qui la composent. L'Ouest regroupe les régions Bretagne, Pays de la Loire et Sarthe 2 VOYAGES BÉLLIER Pour une proximité géographique et humaine Présents à Dol de Bretagne, SaintMalo, Combourg, Saint-Lô… Voyages Béllier (marque commerciale Emeraude Voyages) est bien à l’image de son fondateur : Michel Béllier, homme toujours en mouvement avec près de 14 salariés dans ses agences (8 millions d’euros de CA) et qui mène aussi une activité d’autocariste “avec 82 véhicules dont une bonne partie fait aussi du tourisme.” Franc, l’homme reconnaît “que bien souvent dans nos agences, nous proposons les mêmes produits que le client a déjà repérés sur le net. Mais on se doit de répondre à sa demande et quand il a déjà repéré l’offre d’une compagnie ou d’un grossiste en ligne, on peut au moins comparer ce qui est comparable. 18 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 Sachant que chez nous, avec les frais de dossier, la différence sera de l’ordre de 12 à 14 euros par personne.” Soit. Est-ce à dire que les agents de voyages n’ont pas d’autres… cartes à jouer ? “Oh que si ! Il faut savoir que les Français sont fâchés avec la géographie ! Ils sont prêts à acheter sur le net un voyage en Asie sans savoir que c’est la saison des pluies ! Nous avons au contraire des infos en direct avec les Tours Opérateurs concernant la situation réelle du pays, du climat et de l’hôtellerie. Il faut dire qu’il y a 25 ans de cela, on allait voir les produits sur place. C’est bien joli de promettre en ligne la plage à 5 mn. Mais à pied ? En voiture ? En bus ? Là, on frise la désinformation…” Autre atout : la proximité avec les voyageurs. “Prenez l’histoire du volcan qui a paralysé toutes les compagnies aériennes au printemps. Non seulement nous avons rassuré les familles qui nous appelaient en mettant en place un service quasiment 24h/24, mais nous avons sécurisé les voyageurs en permettant leur acheminement de Bordeaux ou Toulouse alors que les autres aéroports français étaient fermés.” Soit, au final, une vraie culture de la proximité géographique et humaine. ASTEN, INFOGÉREUR VERT ENTREPRISES Des serveurs sous haute surveillance De la proposition en logiciels à la conservation haute sécurité des données, le groupe Asten a acquis une réputation d’accélérateur d’entreprises depuis son siège au Relecq-Kerhuon (Finistère). Avec, aujourd’hui, une volonté Green IT. Le développement des SSII hors Paris, au début des années 80, a amené Jean-Christophe Cagnard en pointe de Bretagne. Pour Thomson, puis Alcatel, il eut pour mission d’apporter des services en logiciels à proximité des clients. “Pour ces grandes sociétés, je négociais aussi le rachat de petits opérateurs locaux. En 2002, j’ai choisi de reprendre à titre personnel Asten, dont le créateur, en 1995, partait en retraite, et je me suis lancé dans ma propre aventure.” A l’époque, Asten compte 40 personnes travaillant pour une dizaine de clients et un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros. Un grand tournant est venu en 2004 avec l’arrivée à la direction générale de Bruno Gillet, spécialiste des infrastructures matériels et de l’infogérance. “Cela a augmenté notre palette de services vers les PME régionales et les groupes à pouvoirs de décision locaux, comme le CMB, Brit Air, Bolloré Technologies ou Le Télégramme”, explique le président, Jean-Christophe Cagnard. Aujourd’hui, le groupe affiche un CA de 6,5 millions d’euros réalisé par 90 collaborateurs pour 200 clients. Confiance et compétence En reprenant fin 2007 STTG, le service informatique du groupe Omnium (Eurodif…), Asten a créé sa filiale Asten NSI, gardé Omnium comme client et ouvert un axe supplémentaire d’expansion. “Pour gagner en sécurité, qualité et efficacité en se recentrant sur leur métier, de plus en plus d’entreprises préfèrent confier tout ou partie de leur système informatique à un partenaire extérieur infogéreur, raconte Bruno Gillet. Le cœur de la société est en fait un Data Center de 400 m2, véritable bunker discret au sein d’une zone industrielle de la péri- phérie brestoise. Là, les serveurs des clients sont compartimentés et virtualisés, avec multiples sauvegardes permanentes, derrière des murs de béton épais, barreaux aux fenêtres, alarmes à tous les niveaux, double alimentation en électricité et internet pour pallier la moindre rupture… Chaque 1er mardi du mois à 11h45, toutes les équipes techniques s’y retrouvent pour créer un black-out total. La Green IT L’infogérance vue par Asten NSI a aussi des aspects qui, à notre époque, prennent de plus en plus de poids. “Au lieu d’avoir chez lui trois ou quatre serveurs physiques dévoreurs d’énergie, l’entrepreneur n’en a plus qu’un virtuel chez nous, commente Bruno Gillet. L’économie annuelle peut atteindre 7 000 kwh, soit 4 tonnes de CO2. Sans oublier que le service informatique pouvant être pris en mains de chez nous, il n’y a plus de déplacements de techniciens et, du coup, la réponse bonne pour l’environnement est encore plus rapide pour l’entreprise.” Cette Green IT, complétée chez Asten NSI par un choix de matériels IBM, leader en déconstruction maximale des machines après usage, prend une place grandissante dans la communication externe des entreprises. “Et puis, n’oublions pas que nous sommes en Bretagne, conclut Jean-Christophe Cagnard. Nos clients nous connaissent physiquement, peuvent visiter à tout moment le Data Center… à l’inverse d’un contrat avec une société en pays exotique. Grâce à notre climat tempéré, ici, on économise aussi sur le refroidissement des locaux, au bénéfice du coût final et de la planète !” ■ Yves Pouchard 19 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 ENTREPRISES MÉTALLIQUES LONCLE (EM LONCLE), SPÉCIALISTE DE LA CHARPENTE INDUSTRIELLE DEPUIS 1904 ENTREPRISES Des vigies pour voir plus loin François Thésé, DG La 2ème génération Loncle est venue s’installer dans la ZI Nord de Saint-Malo dans les années 50. Spécialisée dans le travail de l’acier et de tous les travaux de construction métallique, chaudronnerie et serrurerie, EM Loncle dispose aujourd’hui d’une réelle maîtrise qui lui permet d’obtenir des marchés à forte valeur ajoutée. L’étude et le montage de la toute nouvelle prison de Rennes, la reconstruction des balcons et ossatures planchers du Palais des Congrès à Saint-Malo, ou la livraison ce mois-ci à la DCNS de Brest d’un bâtiment avec toit mobile destiné à accueillir le dernier missile M51, font partie de “ces projets complexes pour lesquels on est bon”, s’enthousiasme François Thésé, à la tête de la Direction générale de l’entreprise depuis 2005. La grande technicité que requièrent ces marchés, tant au niveau de l’étude que de la mise en œuvre, fait partie de la culture maison. Nos longues habitudes de travail avec les militaires, en particulier la DCNS, ne sont sans doute pas étrangères à ce savoir-faire.” Des vigies d’aéroport pour le marché égyptien Depuis quelques années, EM Loncle a fait de la construction de vigies d’aéroports sa niche. “Nous avons commencé par la tour de contrôle de Dinard et aujourd’hui nous installons notre 4ème vigie en Egypte. Pour ces marchés d’environ 500 000 euros, nous faisons l’étude avec l’intégration de tous les éléments. Nous réalisons, ici dans nos ateliers, toute la partie métallique ainsi qu’un montage complet à blanc de la structure avec tous les équipements. L’ensemble, ainsi contrôlé, est démonté et mis en caisse pour être expédié par container et remonté sur place par mes équipes. Les équipementiers locaux n’ont plus qu’à intégrer les éléments prévus sur les plans. En fait, c’est un vrai mécano !” Après Sharm el Sheikh, Le Caire, Alexandrie et Asyut, une 5ème vigie devrait être mise en boîte dans quelques mois. pour une production mensuelle de 200 tonnes/mois ) les nouveaux propriétaires ont fait le choix de conserver ce patrimoine situé à proximité de la gare de Saint-Malo. “Nous sommes dans une logique de 200 à 300 000 euros d’investissement par an depuis 5 ans. Couverture, bardage, aire de peinture, système électrique, aération… “la coque” a été totalement remise à jour ! Maintenant, nous allons investir dans la mise en conformité de tous nos systèmes de manutention.” La chaudronnerie et la serrurerie Dans un contexte où les prix ont chuté de 20 %, François Thésé a fait le choix de s’intéresser aux projets les plus rentables, quitte à voir son CA baisser d’environ 20 % entre 2008 et 2009. Fin d’année dernière, il a atteint 6,2 millions d’euros dont 25 % à l’export. “Notre cœur de métier est la charpente industrielle. Elle représente 2/3 de notre activité. Mais quand les temps sont durs, nos activités chaudronnerie et serrurerie sont à même de prendre le relais. C’est le cas en ce moment avec un marché en plein développement, celui de la charpente en béton. Pour ces entreprises spécialisées, nous fabriquons des moules métalliques de différentes épaisseurs dans lesquels elles coulent le béton pour en faire des blocs préfabriqués.” A la mi-mai, lors de notre entretien, François Thésé était relativement confiant pour 2010, la moitié de ses objectifs étaient atteints. ■ Véronique Maignant L’appartenance à un groupe En 1985, l’entreprise comptait encore 250 personnes. Mais des difficultés naissent qui aboutissent en 1999 à sa reprise par le groupe de BTP Marc SA (Pleurtuit -35) implanté dans l’Ouest et dont l’actionnaire n’est autre que la famille Gagneraud. “Cette appartenance à un groupe d’envergure national nous permet d’avoir une vision globale des marchés, de travailler en synergie avec les autres entreprises de Marc SA, comme Morgère à Saint-Malo ou EMG à Landaul (56) également spécialisées dans la construction métallique. Ces 3 entités, toutes parfaitement autonomes, rassemblent une centaine de personnes, principalement des charpentiers, chaudronniers et serruriers” précise François Thésé. EM Loncle compte un effectif de 53 salariés dont 7 au bureau d’études. Malgré un outil surdimensionné (18 000 m2 Montage de la vigie de 60 tonnes destinée au Caire 20 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 NUTRAVERIS, CABINET DE CONSEIL SCIENTIFIQUE ET RÉGLEMENTAIRE Cédric Bourges En créant Nutraveris en 2006, Cédric Bourges misait sur l’évolution des textes nationaux et européens pour imposer son expertise sur le marché. Les réglementations, mais aussi le manque de maîtrise de la chaîne complète des procédures de la part des laboratoires lui ont ouvert la voie. Si le siège de l’entreprise est basé au Zoopôle de SaintBrieuc, essentiellement tourné vers la santé animale, c’est en matière de nutrition humaine, et plus précisément de nutritionsanté, que Nutraveris a bâti son expertise. Chaque année, elle développe une trentaine de produits pour les laboratoires pharmaceutiques, cosmétiques ou les entreprises agroalimentaires. “Nous répondons à leurs attentes, d’abord sur un plan scientifique en créant une formule spécifique, puis sur un plan réglementaire en s’assurant que le produit sera autorisé dans les pays de distribution”, résume Cédric Bourges. La dernière née : une ligne innovante pour le laboratoire Darégal Santé, leader des herbes aromatiques surgelées. L’idée : puiser dans ses cultures des principes actifs ayant des applications en termes de digestion, détente, beauté, minceur et vitalité. Un processus très long, puisqu’il a duré plus de 3 ans ! “Avant de créer nos propres formules, nous avons recherché dans leurs herbes les meilleures plantes et les meilleurs actifs soutenant des activités scientifiquement prouvées. Le concept étant d’utiliser leur technologie, la surgélation, afin de garantir l’intégrité de ces principes actifs, plutôt que de sortir des ampoules ou des comprimés”. A base de guarana, safran, pissenlit ou autres, les produits sont soumis à 3 conditions : ils doivent être efficaces sans poser de problèmes de sécurité, répondre à la réglementation des différents pays, s’adapter en termes de développement industriel et de prix. “Dans le cas présent, nous voulions faire une boisson surgelée dans un berlingot. Il nous fallait donc des ingrédients solubles dans l’eau avec une belle couleur, une bonne odeur, etc. Par ailleurs, nous visions un circuit sélectif non concerné par ce type de produits jusqu’à présent, l’enseigne Picard”, explique Cédric Bourges. Menées en parallèles, les parties réglementaires et scientifiques sont gérées par une équipe de 15 personnes (expert juridique, pharmacien, docteur en physiologie, ingénieurs, etc.). La difficulté du projet : démontrer la qualité des actifs une fois surgelés. Pendant près de 9 mois, des tests ont été effectués. Du temps, mais aussi de l’argent, ENTREPRISES Bon pour la santé sachant que chaque point d’analyse coûte 200 euros par actif. Puis vient le temps de l’industrialisation qui réserve souvent, pour ne pas dire toujours, des surprises sur la chaîne de production : manque de fluidité, berlingot de travers, couleur trop soutenue… De sérieuses promesses Depuis février dernier, la gamme est enfin à disposition des consommateurs. Le dossier scientifique validant les études a été approuvé par l’EFSA, l’autorité européenne de sécurité des aliments, et les allégations santé ont été autorisées. “Depuis 2007, le nouveau règlement européen sur les allégations est à la fois une menace pour les entreprises et une opportunité sérieuse sur le marché, indique Cédric Bourges. On ne peut plus revendiquer la vitalité ou l’amaigrissement sans avoir réalisé une étude validée par l’EFSA”. Ainsi, sur 1,6 million de chiffre d’affaires réalisé en 2009, 40 % correspondent à des études cliniques pour des dossiers d’allégation, 40 % à des dossiers réglementaires pour enregistrement dans différents pays et 20 % à des process complets de formulation et de mise sur le marché. “En nombre, nos clients sont de loin l’industrie pharmaceutique habituée à ces produits, relève Cédric Bourges. L’industrie agroalimentaire est beaucoup plus frileuse, car les marques ne veulent pas courir de risques sur l’image de leurs produits. Elles réalisent donc de très fortes analyses marché, quantitative, qualitative… avant de lancer un concept. Mais, en termes de chiffre d’affaires, elles sont importantes car leurs projets sont plus longs et plus complexes. Par ailleurs, si nos clients comme Danone ou Nestlé disposent de leurs propres laboratoires, ils savent que nous travaillerons plus vite car notre structure est plus légère et réactive”. En France comme à l’international (20 % de son CA), peu d’acteurs à l’envergure suffisante existent sur ce marché. Une réelle opportunité que Nutraveris compte bien saisir. “Depuis 2007, les promesses autour des produits doivent être prouvées scientifiquement” ■ Véronique Rolland 21 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 DOSSIER La filière bois doit se ch et organiser le circuit court CES ENTREPRISES TÉMOIGNENT : • Abibois (Rennes) • Aprobois (Carhaix) • Armor Panneaux (La Chapelle Caro) • Briero (Mauron) • ENP (Saint-Etienne-en-Cogles) • GLV (Plouguerneau) • Grouazel (Saint-Sauveur-des-Landes) 22 • IC Bois (Sérent) • Josso (Le Roc Saint-André) • Panaget (Bourgbarré) • Ropars Perrot (Huelgoat) • Scop MCA (Plonevez du Faou) • Silverwood (Saint-Malo) arpenter La crise est là, la demande aussi : face à une situation paradoxale, la filière bois en Bretagne cherche à s’organiser. Mais ses faiblesses structurelles constituent des freins encore difficiles à dépasser. 124 000 propriétaires forestiers, près de 4 000 entreprises de transformation : ces deux (gros) chiffres pointent à la fois le poids et la principale faiblesse de la filière bois, son émiettement. Pourtant, cette petite filière (comparée aux 18 milliards dégagés par les industries agro-alimentaires bretonnes) dégage près de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et compte plus de 20 500 emplois. Elle se situe à la croisée des attentes du développement durable (biodiversité, énergie, construction durable, emploi rural…). De quoi justifier l’attention apportée par les pouvoirs publics et les efforts menés par les entreprises qui en dépendent. Une ressource sous-exploitée Premier constat : la forêt bretonne est sous-exploitée. La Bretagne n’est pas une grande région de tradition forestière. La forêt couvre seulement 12,7 % du territoire (contre 28 % en moyenne nationale) et même si le volume sur pied a fortement crû ces dernières années, les prélèvements restent limités à environ 40 % des quantités mobilisables. Comme le souligne le rapport d’orientation régional présenté en juin 2009, cette situation laisse apparaître des possibilités de développement à condition de mobiliser la ressource. Or, 93 % des propriétés sont inférieures à 4 ha et leurs détenteurs ont tendance à considérer la forêt comme un patrimoine, un espace de détente, sans développer de stratégie économique. De leur côté, la production et la transformation ont été mises à mal par la crise : on estime ainsi la baisse d’activité à au moins 30 % en moyenne dans l’amont de la filière. La première transformation rassemble environ 65 scieries, généralement de petites tailles et à structure familiale, avec de faibles capacités d’investissement. Et il n’existe qu’une seule unité de fabrication de panneaux, source “naturelle” de valorisation des sous-produits. A La Chapelle-Caro (56), Armor-Panneaux réalise un chiffre d’affaires avoisinant les 15 millions avec une équipe d’environ 90 personnes. “A ce jour, poursuit le rapport, la valorisation des produits connexes (soit 50 % des volumes entrant en usine) se fait hors de Bretagne”. 23 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 DOSSIER Circuit court En seconde transformation, l’activité papier est inexistante, le meuble est pratiquement à l’agonie. L’emballage est une tradition régionale mais le secteur souffre. La construction connaît un bel essor mais doit s’approvisionner quasi-exclusivement en produits d’importation : on peut pointer en particulier le manque d’outils industriels en rapport avec les besoins et la certification des bois est encore peu développée (Normandie 42 %, Pays de Loire 31 %, Bretagne 20 %). Enfin, pour compléter ce rapide panorama, on peut déplorer, malgré les efforts de l’interprofession, un défaut de dynamisme collectif qui entrave le développement. Un besoin vital d’organisation Ce que confirme la position des entreprises rencontrées : on constate à la fois une analyse commune mais des stratégies encore très individualistes. Pour André Allanic, président de l’Union régionale des forestiers privés de Bretagne, “on est à une époque charnière : la demande des propriétaires forestiers est relayée par le consommateur final. Certains maillons de la filière ont un besoin vital de s’organiser, car on n’arrive plus à capter certaines surfaces arrivées à maturité, il y a un problème de renouvellement de la ressource. L’outil industriel n’est pas assez puissant, pourtant la moitié des résineux (près des deux-tiers de la ressource) peut s’employer dans la construction. Mais les choses bougent. Depuis deux ou trois ans, le bois est devenu une matière stratégique : l’Indonésie et le Gabon viennent d’interdire l’exportation de bois et encouragent la valorisation sur place. En France, les dispositions issues du Grenelle prévoient de multiplier par 10 la place du bois dans la construction”. Et de souligner les investissements des propriétaires forestiers dans les scieries grâce à la loi Tepa. “Le circuit court est-il le modèle de l’avenir ? interroge, avec un brin de provocation, Jean-Marc Ropars, exploitant à Huelgoat (29), spécialisé dans les résineux (pin Sitka). Les gros propriétaires gèrent la forêt comme un portefeuille d’actions et nous ont fait encaisser des augmentations de 15 à 30 % impossibles à répercuter car les scieries locales ont de trop faibles marges. Nous nous trouvons en concurrence avec les régions limitrophes, et le bois breton revient dans la région après transformation. Devonsnous devenir prestataires pour les industriels du reste de la France ? Il y a une volonté de jouer localement, c’est pourquoi nous allons nous diversifier vers la charpente.” 24 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 “Le circuit court est une démarche fondamentale copiée sur les grandes régions forestières (Alpes, Forez…)”, répond Désiré Mahé, dirigeant d’Aprobois (29), l’une des trois plus importantes scieries de Bretagne. La Scop de Carhaix transforme en palettes des résineux locaux (le pin Sitka à 90 %). “Nous avons engagé une démarche de diversification sur 2011-2014. Le nouvel outil est d’abord destiné à produire des volumes plus importants pour faire face à la concurrence des autres régions et proposer des prix pertinents sur le marché. Nous organisons la logique de circuit court en direction du marché de la construction bois car il y a une opportunité évidente de développement. Sans négliger le bois énergie, secteur qui, depuis 20 ans, nous permet de valoriser les produits connexes.” Cette analyse est voisine de celle de la scierie Josso, au Roc Saint-André (56). Celle-ci emploie 65 salariés et travaille 27 000 m3 de sciage par an, “en résineux bretons uniquement, dont 70 % minimum de bois certifiés”, précise Claudine Josso. L’entreprise va investir dans un outil de sciage “pour répondre au besoin croissant en palettes et gagner en productivité, mais aussi nous diversifier, de manière prudente, vers le bois construction. Nous voulons faire une offre bretonne face à la demande locale”. La même démarche de diversification est suivie par les importateurs, comme Silverwood (groupe Wolseley) à Saint-Malo. “Premier importateur et transformateur de bois en France, présent en Bretagne à travers Réseau Pro, le groupe décline deux activités : l’une d’importateur de bois du Nord certifiés (Saint-Malo est d’ailleurs le premier port d’entrée du bois en France), l’autre de transformateur,” explique Pascal Quétel. La production locale de charpente à base de résineux reste anecdotique par rapport à la production française et les industriels nationaux sont très présents sur le marché breton. Comme transformateur, nous faisons du rabotage, c’est-à-dire proposons des produits semi-finis pour la construction (lambris, bardages, etc). Notre diversification nous a permis de passer la vague car notre activité est très portée par le développement de la maison bois et soutenue par les politiques publiques. Le volet énergie va devenir crucial, nous sommes déjà présents dans la production de litières avicoles ou la fabrication de panneaux.” Une politique de niche D’abord vue comme une niche de repli en période de crise, la construction devient un axe stratégique majeur pour la Bretagne. La région est au premier rang pour la construction Suite page 26 Saint-Malo est l’un des principaux ports d’entrée du bois en France IC BOIS À SÉRENT (56) Faire émerger l’offre des vrais professionnels du bois Leader breton de la construction bois avec 80 salariés, IC Bois a été créé en 1987. “Dans un contexte général orienté à la baisse, la part de marché de la construction bois tend à croître, attirant de nombreux intervenants depuis deux ans et cette offre commerciale a perturbé le marché”, constate Philippe Mouret, le dirigeant. Une partie de la demande est opportuniste et s’intéresse d’abord au prix, en dépit de qualités et de compétences variables, provoquant des fluctuations très violentes, allant jusqu’à 50 %. La pérennité de la filière dépend de la qualité d’exécution des ouvrages qui dépend des moyens qu’on y met, la non qualité pénalise tous les intervenants. Faire reconnaître sa qualité est difficile car la construction est un domaine complexe, déjà au niveau de l’approvisionnement : c’est pourquoi nous misons d’abord sur les bois du Nord, imbattables en termes d’organisation et de qualité. Nous ne sommes pas vraiment menacés par les gros opérateurs qui jouent encore le partenariat mais les choses peuvent évoluer. C’est pourquoi l’idée d’une démarche collective, comme un cluster, est intéressante car elle organise l’échange d’idées et la rencontre avec les partenaires. Pour moi, c’est sûr, il faut faire partie du cercle de réflexion.” 25 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 DOSSIER GROUAZEL À SAINT-SAUVEUR-DES-LANDES (35) Le bois a de beaux jours devant lui Installé depuis 100 ans, à SaintSauveur-des-Landes, près de Fougères, le groupe Grouazel (50 salariés, 10 millions d’euros de chiffre d’affaires) a entamé sa démarche de diversification au début des années 2000. Travaillant essentiellement des feuillus issus de forêts bretonnes certifiées PFC, il a choisi d’investir pour répondre à la demande de sa clientèle de menuisiers à qui il peut proposer des produits semi-finis (escalier, parquet, fenêtre, aménagement extérieurs…) destinés à la construction neuve et de plus en plus à la rénovation. Le groupe a mis le cap sur l’international, dans les Emirats Arabes Unis en réponse à la demande d’un négociant, en Europe des maisons bois. L’éco-rénovation va prendre de l’importance avec la réglementation thermique 2012, ouvrant de nouvelles perspectives. On trouve en Bretagne des acteurs dynamiques mais à qui il peut manquer la surface nécessaire pour répondre à des projets d’envergure (collectifs, bâtiments tertiaires ou publics). (essentiellement Grande-Bretagne et Suisse). Enfin, il s’est lancé, “pour dépanner un client dont le fournisseur avait déposé le bilan”, dans la fabrication de jouets distribués par de multiples canaux : dans les magasins spécialisés, les grandes surfaces, par internet et dans son propre magasin à Saint-Sauveurdes-Landes. “Nous avons même créé un second jouet, car nous sommes toujours à la recherche de nouveaux débouchés”, explique Jean-Pierre Grouazel, adepte lui aussi du circuit court. Le groupe comprend une filiale spécialisée dans le recyclage du bois : “Le bois énergie est un vrai créneau qui va exploser d’ici deux-trois ans, notamment grâce aux chaufferies industrielles et de collectivités.” Josso travaille 27 000 m3 de sciage par an. L’entreprise va investir dans un outil de sciage pour répondre aux besoins croissants en palettes. La Scop MCA à Plonevez du Faou (29) emploie aujourd’hui 50 personnes pour un chiffre d’affaires d’environ 5 millions d’euros et réalise charpentes et murs sur tous types de bâtiments applications. “Nous travaillons à 90 % avec du bois importé d’Allemagne et de Scandinavie, mais nous sommes partenaires de la démarche de valorisation du pin Sitka (voir encadré) car c’est une ressource locale valorisable, pour répondre à la demande du consommateur final pour qui la proximité est un argument. C’est d’ailleurs ce qui nous défend de la concurrence des opérateurs nationaux qui s’intéressent de plus en plus au bois”, souligne Alain Guenever. A Plouguerneau (29), GLV et ses 28 salariés proposent des maisons à ossature bois pour la Bretagne et la Normandie. “Les taux très bas et le Grenelle relancent la demande, expose Jean Le Vourch. L’ossature bois a fait ses preuves, c’est rentré dans le raisonnement courant. Nous avons recours au bois du Nord car le bois local n’a pas encore apporté la preuve de sa qualité.” A Mauron (56), Briero a démarré il y a cinquante ans sur le marché de la rénovation et propose depuis sept ans des maisons bois. “Je travaille avec de l’épicéa importé, j’attends la restructuration de la ressource locale, la demande est là”, souligne Bernard Briero. Pour faire une offre globale, l’entreprise a rejoint la coopérative de construction Habiozone 26 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 qui s’est organisée autour de deux activités : éco-promotion et éco-construction. “Nous formons un groupe d’artisans capables de garantir la performance thermique et l’étanchéité pour un bâtiment clé en mains. Nous ne sommes pas encore sur des chantiers de volume où la concurrence avec les constructeurs béton est forte. Nous travaillons sur des maisons individuelles avec une offre plutôt haut de gamme. Pour être cohérent dans notre démarche, notre prestation reste chère. La question de la structuration de la filière se pose.” Un consommateur en manque d’information Dans le domaine de l’aménagement et de la décoration, le parquet tient une place de choix. “Les ports européens sont DOSSIER LE CENTRE OUEST BRETAGNE (COB) Lancement du cluster Sitcob Le 27 mai a été marqué par le lancement de Sitcob, cluster initié par le Pays du Centre Ouest Bretagne à la demande des acteurs privés et du Centre régional de la propriété forestière. Le Cob possède un massif forestier plus dense que sur l’ensemble de la Bretagne (15 % de surfaces boisées contre 12 %), très morcelé, insuffisamment exploité et dont une grande partie des superficies sont occupées par le pin Sitka, un résineux arrivé à maturité : “Il manque la culture productive de la forêt, pour l’instant on fait surtout de la palette alors que le Sitka a tout le potentiel pour la construction, explique Anne Cécile Lemaire. Pour faire connaître ses qualités et ses capacités, la première mission du cluster sera le classement machine des bois. Nous allons travailler en partenariat avec la FCBA (bois ameublement) et avec des scieries régionales. Nous mènerons également des actions de promotion auprès de la demande finale, développerons le circuit court, encouragerons la R&D en lien avec l’ENSB (Ecole nationale supérieure du bois) à Nantes et à l’inLe Cob possède un massif forestier plus dense ternational avec l’Irlande, qui a une bonne connaissance du pin Sitka. Nous nous que sur l’ensemble de la Bretagne préparons à soumettre notre candidature au Pôle d’excellence rurale”. Et preuve qu’il s’agit d’une initiative bien concrète, le cluster a déjà réuni une scierie, un constructeur et un bailleur social : six maisons en bois sortent de terre à Landeleau (29) au moment où vous lisez ces lignes. bondés de bois chinois, alors que le beau chêne est en France. La concurrence de chêne illégal venu de Sibérie casse les prix alors que le parquet souffre depuis l’été 2008, poursuit Jean-Luc Roy, qui dirige Panaget : “250 salariés, un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros, 30 avant la crise. Le consommateur est pénalisé par le manque d’informations sur l’origine véritable du bois, on va lancer un logo “Parquet de France”, avec une norme et une traçabilité. Nous réalisons 20 % de notre activité à l’international, notamment en Amérique du Nord et en Grande-Bretagne.” Installée à Saint-Etienne-en-Cogles (35), ENP conçoit et fabrique des agencements et mobiliers à partir de bois éco-certifiés. Malgré la crise, Michel Pinot a choisi de travailler uniquement sur des bois français ou européens “pour préserver la santé de mon personnel des traitements toxiques et bénéficier de l’image du produit français”. Pour une clientèle haut de gamme dans le Déposez gratuitement vos offres d’emploi en ligne monde entier (Etats-Unis, Allemagne, Caraïbes), il privilégie des essences nobles peu travaillées comme le cèdre : “Je fais appel à un réseau de partenaires dont un scieur breton qui m’apporte régulièrement de nouvelles propositions et de nouveaux matériaux. Je serais particulièrement intéressé par les initiatives qui valorisent les essences locales”. Des projets en cogénération Et le bois énergie, dans tout ça ? Il semble avoir désormais le vent en poupe. Début 2007, la filière bois représentait une consommation de 85 000 tonnes de bois par an. Boostés par le Grenelle et les appels à projets nationaux, deux projets industriels (dans les IAA et les laiteries) et deux chaudières de cogénération à Brest et à Rennes devraient provoquer une consommation supplémentaire de 240 000 tonnes, rappelle Michel Pedron, association Aile (Association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement) . Comme dans le secteur du bois construction, la réussite de ces initiatives passent par le collectif. Abibois, l’interprofession, réunit plus de 300 adhérents à toutes les étapes de la filière. Depuis plusieurs années, il met en oeuvre des programmes d’accompagnement dans le bois construction avec des entreprises des Pays de la Loire et de Bretagne pour les aider à mieux construire leur projet de développement, grâce notamment à des diagnostics sur site et l’intervention d’experts. Des entreprises se réunissent sur des projets d’innovation dans les matériaux et systèmes constructifs. Un groupe de travail s’est saisi du sujet de la valorisation des déchets de scierie. Une campagne de promotion du produit bois va démarrer à l’automne : une opération qui va démarrer sur l’impact environnemental… De quoi conclure avec Claudine Josso : “Nous sommes dans un moment de crise, des projets émergent. La profession est en train de s’organiser pour prendre des parts de marché. C’est en route, des ponts sont établis.” ■ Clotilde Chéron 28 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 ENTRETIEN AVEC OLIVIER FERRON, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL D’ABIBOIS, ASSOCIATION RÉGIONALE DES PROFESSIONNELS DE LA FILIÈRE BOIS “Il faut construire un catalogue de produits bretons” Comment peut-on interpréter la situation actuelle de la filière bois en Bretagne ? La profession est confrontée à une situation paradoxale, fruit d’un double phénomène : la crise économique, qui touche le secteur comme l’ensemble de l’économie, et une croissance marquée de la demande dans le domaine du bois construction. La part de la maison bois a quasiment doublé dans les cinq, six dernières années et a atteint 11 % en 2009. Les autres secteurs sont davantage à la peine : le bois énergie n’a pas encore pleinement émergé et l’industrie du meuble a quasiment disparu. Quels sont les obstacles à dépasser pour constituer une véritable filière ? Le premier est sans doute l’atomisation de la profession qui compte 124 000 propriétaires forestiers et 4 000 entreprises, entraînant une sous-valorisation du gisement breton. Le marché est en attente de bois certifiés et d’origine locale ou française. Il y a déjà un effort à faire pour certifier, exploiter et reconstituer la ressource bretonne. Ensuite, le massif forestier régional se caractérise par une majorité de feuillus, de qualités hétérogènes, et par 40 % de résineux, qu’on valorise essentiellement dans le secteur de l’emballage qui absorbe 70 % au moins de la ressource. Or, la moitié au moins de ces essences pourrait être mieux valorisée dans le domaine de la construction. Qu’il s’agisse des entreprises de négoce ou du secteur du bois construction, les professionnels ont recours, à plus de 80 %, à des bois en provenance d’autres régions françaises ou aux bois “du Nord” (Scandinavie, Russie, Allemagne). Pourtant, on note que des scieries de taille régionale veulent se positionner en bois construction et se diversifier : la confiance a permis, en 2007-2008, les investissements sur les outils d’exploitation et de gros projets sont à l’étude pour conforter cette démarche. L’offre commerciale des entreprises bretonnes est-elle assez visible ? C’est aussi une difficulté à surmonter pour mieux répondre à la demande. Quand le secteur de la construction a globalement diminué de 23 %, l’ossature bois n’a baissé que de 17 %, ce qui a attiré beaucoup d’acteurs. Les charpentiers et les menuisiers notamment se trouvent en concurrence avec de très grosses entreprises, des généralistes avec une force de frappe financière et commerciale. Ces acteurs nationaux apportent des solutions clé en mains pour la transformation du bois et la pose des produits finis. C’est une nouvelle donne du marché, quand les acteurs locaux raisonnent encore trop souvent par lot et ne peuvent se positionner en termes de prix alors qu’ils proposent des prestations de qualité. Malgré une bonne maîtrise du métier, les acteurs régionaux sont chahutés par la conjoncture et leur capacité d’innovation est limitée par des marges très faibles. En rénovation cependant, secteur en très fort développement, ils peuvent trouver des marchés adaptés. En fait, tout plaide pour un développement collectif de la filière : promotion du matériau bois, recherche (nouvelles applications, esthétique), classement machine (pour sortir de manière industrielle les qualités requises)… Le bois énergie constitue-t-il un vrai vecteur de développement ? Dans ce domaine, le Grenelle de l’environnement a eu un effet très positif, avec l’installation des Fonds Chaleur qui soutiennent les projets avec un approvisionnement sécurisé. Une charte nationale a été rédigée pour organiser une offre régionale en bois bûches et la ressource en plaquettes existe mais il faut là aussi organiser la demande. ■ Propos recueillis par Clotilde Chéron 29 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 AVEC 7 CRIÉES, LA CORNOUAILLE, PAYS DU FINISTÈRE, FORME LE PLUS GRAND PORT DE PÊCHE FRAÎCHE FRANÇAIS Mobilisation générale Photo : CCI Quimper-Cornouaille RÉGION de tous les acteurs Depuis plusieurs mois, on entend dire ici et là que la pêche va mal. Quelles en sont les principales raisons ? La Cornouaille est-elle plus impactée que d’autres territoires ? La situation de la pêche n’est pas pire ici en Cornouaille qu’ailleurs, tout dépend des espèces et des quotas. Mais nous avons la spécificité de concentrer sur notre seul pays de Cornouaille la moitié de la pêche bretonne, soit un quart de la pêche française ! L’ensemble de la filière représente 8 000 emplois directs et presque 1/3 des actifs en dépendent. Quand ce secteur souffre, il est évident que les enjeux économiques et sociaux sont plus élevés chez nous qu’ailleurs. Les plans de sortie de flotte successifs mis en place par l’Europe en 2006, 2008 et 2009 sont à mon sens les principaux responsables de cette situation auxquels on peut ajouter la hausse du prix du gaz oil. Combien de bateaux ont été détruits en 2009 et combien le seront en 2010 ? En l’espace de 2 ans, nous avons perdu 52 bateaux. Cette baisse d’activité fragilise toute l’économie et impacte bon nombre de secteurs. Entre 2008 et 2009, la valeur du tonnage débarqué a baissé de 14 %. Pour 2010, nous n’avons aucune visibilité sur le nombre de bateaux à partir à la casse car les décisions émanent de l’Europe et ne passent pas par nous. Dans ce contexte, nous devons nous adapter au jour le jour ! Quels moyens avez-vous déployés pour éviter l’asphyxie de certains ports ? Depuis 3 ans, nous avons restructuré et mutualisé nos moyens humains et matériels. Avec l’ensemble des acteurs de la filière, nous avons mis sur pied “Cornouaille port de pêche”, qui regroupe 30 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 Epuisement des ressources, quotas, plan de sortie de flotte, concurrence européenne, hausse du prix du gaz oil, les difficultés se sont accrues ces dernières années pour les professionnels de la pêche. La Cornouaille pesant à elle seule le quart de la pêche fraîche française, nous avons interviewé Jean-Francois Garrec, président de la CCI Quimper-Cornouaille, gestionnaire des 7 ports de pêche. les 7 criées, désormais toutes informatisées et mises en réseau. La gestion des services est globale et l’affectation du personnel se fait en fonction de l’activité de chaque port. Nous avons renforcé l’achat à distance, harmonisé l’horaire de vente en criée et mis en place des enchères descendantes sur tous les ports. En 2009, nos investissements portuaires se sont élevés à 3,2 millions d’euros dont 2,4 millions pour le seul port du Guilvinec qui a ainsi acquis un nouvel élévateur à bateaux de 350 tonnes. Aujourd’hui, avec cette organisation, nous formons le plus grand port de pêche fraîche français. Quelles perspectives envisagez-vous à l’horizon 2012, année de l’entrée en vigueur de la future réforme de la politique commune de la pêche ? Avec l’ensemble des élus locaux, nous sommes partie prenante dans le débat actuel sur l’avenir de la pêche en Europe et nous avons heureusement en Bretagne une convergence de vues sur les points essentiels à défendre. Le futur plan européen devra tenir compte des spécificités de chaque territoire, accroître la traçabilité des prises via les criées et tendre ainsi vers une pêche durable, enfin aider au renouvellement des bateaux mais aussi des métiers. En tant que CCI, nous sommes gestionnaire portuaire mais audelà il nous faut accompagner les entreprises à s’adapter à ces changements et à ces nouvelles contraintes réglementaires et environnementales. On ne peut pas tout bouleverser du jour au lendemain, c’est un travail au quotidien avec l’ensemble des professionnels mais je constate aujourd’hui avec satisfaction que les gens se parlent. ■ Propos recueillis par Véronique Maignant AU SEIN DU GROUPE OCÉALLIANCE, FURIC MARÉE S’ ADAPTE À LA BAISSE DE LA FLOTTE “Nous achetons 25% des apports bretons de poissons” “S’il faut aller sur les axes routiers, nous irons. Aujourd’hui, notre présence dans les ports se justifie, mais demain qu’en sera-t-il ? Dans un marché ouvert où la concurrence vient de partout, la réactivité est essentielle,” explique Jean-Francis Kerveillant, coprésident de la SAS, qui fait preuve de pragmatisme dans un contexte de diminution de flotte et d’absence de visibilité en matière de réforme communautaire. Avec 50 millions d’euros de CA, en léger tassement, pour un effectif de 175 salariés, Furic Marée Océalliance achète 25 % des apports bretons, 22 % en valeur. “Dans certains ports, c’est même 50 % des quantités débarquées que nous achetons. Malgré la baisse du nombre de bateaux, nos approvisionnements bretons n’ont pas baissé en volume. Cependant, pour nous développer, nous sommes obligés de prospecter ailleurs, en France mais aussi à l’étranger. En 2006, nous nous sommes implantés en Vendée au port des Sables d’Olonne en créant un établissement autonome. Nous sommes aujourd’hui le 3ème acheteur sur ce port. Tout le poisson est transformé sur place et vient en complément de la gamme bretonne.” Dans le Finistère, les activités de production et de transformation sont concentrées au Guilvinec, “berceau du groupe”, dans un atelier de 5 000 m2 et à Saint-Guénolé Penmarc’h sur une surface de 2 500 m2. Le site de Douarnenez a été abandonné en 2009 faute d’approvisionnements et rapatrié sur Erquy et Saint-Quay Portrieux. “Nous avons également des viviers à Penmarc’h (15 personnes) où sont produites, par an, 260 tonnes de coquillages et 450 tonnes de crustacés.” RÉGION Spécialisé dans le négoce des produits de la mer sur le segment du frais, le groupe Océalliance compte une douzaine de filiales, en France et en Ecosse. Furic Marée Océalliance est né de la cession, en 2001, des activités armement et pisciculture par Alain Furic au groupe Intermarché. Depuis, Jean-Francis Kerveillant et Christian Ronarc’h, anciens cadres dirigeants, ont repris les rênes de l’entreprise cornouaillaise. Hongrie mais aussi la Russie font déjà partie de nos clients tout comme Dubaï, Singapour et Hongkong pour des produits de haute valeur.” Au final, l’international représente 30 % de l’activité de Furic Marée Océalliance et emploie une équipe commerciale de 3,5 personnes. Le reste se répartit entre la GMS, à hauteur de 50 % (toutes enseignes, France entière) et les grossistes, 20 %. “La demande de poissons va grandissant, reprend Jean-Francis Kerveillant, mais le prix reste le 1er critère d’achat. Il faut donc la satisfaire sur ce point. Nous sommes uniquement dans un marché de négoce. Le nombre d’approvisionnements baissant, la concurrence à l’achat est beaucoup plus vive et plus vous êtes gourmands en quantité et plus votre prix d’achat à l’unité monte.” Depuis 2008/2009, pour conserver leurs marges et rester compétitifs, les dirigeants sont de plus en plus regardants sur l’exploitation et pensent à terme devoir concentrer leurs outils de production. V.M. 30 % à l’export Furic Marée Océalliance propose quelque 200 articles différents, crustacés, coquillages, filets, poissons frais au détail, mais aussi sous barquettes, “les produits conditionnés sous atmosphère étant désormais un mode de consommation courant, apprécié des jeunes consommateurs, poursuit Jean-Francis Kerveillant. La force de la Bretagne a toujours été d’offrir une gamme de poissons très large. On se doit de la conserver en allant chercher la ressource ailleurs et en prospectant de nouveaux clients. Les crises successives ayant rendu certains marchés limitrophes difficiles et dangereux financièrement, nous devons renforcer nos moyens vers le grand export. L’Ukraine, la Tchéquie, la 31 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 DEPUIS SES ORIGINES, L’ARMEMENT BIGOUDEN JOUE LA CARTE DU LOCAL RÉGION Avancer dans la tempête Avec 100 salariés et bientôt 12 chalutiers, l’Armement bigouden, basé au Guilvinec, ne cesse de moderniser sa flottille pour rester compétitif. Malgré ces efforts constants et un bilan financier et social particulièrement performant, l’avenir de l’entreprise reste suspendu aux décisions que prendra la commission européenne en 2012. “80 % du poisson vendu sur les étals français sont importés. Nous, nous sommes là pour compléter cette offre à prix plancher. Le black-fish, pratiqué par certains armements européens, irlandais ou espagnols essentiellement, leur permet de payer leurs marins 300 euros/mois. Tant qu’il n’y aura pas d’Europe sociale, nous ne pourrons pas nous battre à armes égales” commente Soazig Le Gall, présidente, depuis mars 2009, de l’Armement bigouden après en avoir assuré la direction générale pendant 7 ans. C’est son père, Thomas Le Gall, à l’époque tout juste retraité d’Air France, qui est à l’origine dans les années 71 de ce regroupement de petits armements bigoudens basés au Guilvinec. “Moribonds et déjà touchés par la crise, mon père a souhaité les remettre en selle.” sidente. Pourquoi cette autorisation quand dans le même temps d’autres partent à la casse ? “Pendant plusieurs années, la pêche côtière (chalutiers entre 15 et 16 mètres) a été favorisée au détriment de la pêche hauturière (bateaux entre 23 et 25 mètres) que nous pratiquons. Aujourd’hui, cette dernière est fatiguée et doit être renouvelée. De plus, nous avons les reins solides et avons fait preuve depuis longtemps de notre capacité à gérer. Notre ancrage local allié à la volonté des actionnaires (une trentaine en tout) de maintenir l’emploi au Guilvinec nous permet de poursuivre nos investissements sereinement. Ils ne sont pas gourmands et n’attendent pas de vrai retour de ce placement.” Aujourd’hui, la famille Le Gall reste actionnaire majoritaire avec un peu plus de 50 % du capital. L’entreprise démarre avec 5 chalutiers. Mais très vite, l’ancien pilote de ligne investit dans des bateaux moins consommateurs de carburant et plus performants. En 1979, le 1er Bara, nom donné aux chalutiers de l’Armement bigouden, voit le jour. Ils sont 11 aujourd’hui pour 80 marins. “Nous avons obtenu le permis de mise en exploitation (PME) d’un 12ème bateau dont nous allons prochainement lancer la construction,” souligne la pré- Un poids lourd du secteur qui pèse 20 % des apports du Guilvinec “Nous prenons les moyens financiers de garder nos équipages, tant sur le plan de la rémunération que des conditions de travail”, poursuit Soazig Le Gall. Une politique sociale qui entraîne la fidélisation et une meilleure productivité. La moyenne Chiffres clés* de la pêche en Bretagne et en Cornouaille Bretagne • 22 ports de pêche • 101 144 tonnes de poisson frais pour 269 millions d’euros. • 6 910 marins • 1 440 navires • 45 % de la pêche fraîche française 32 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 Cornouaille 7 ports de pêche : Audierne, Concarneau, Douarnenez, Le Guilvinec, Lesconil, Loctudy, Saint-Guénolé-Penmarc’h, • 51 345 tonnes de poisson frais pour 127 millions d’euros. • 2 061 marins • 443 navires • 481 entreprises ont une activité de pêche en Cornouaille • 25 % de la pêche fraîche française • près de 8 000 emplois dans l’économie locale • La CCI gère le site w-fish.com, le site d’achats à distance des criées de Cornouaille. • *Chiffres 2009 RÉGION Le nouvel élévateur à bateaux de 350 tonnes au Guilvinec Photo : CCI Quimper-Cornouaille d’âge des marins est de 39 ans, quand elle s’élève à 43 pour l’ensemble de la Cornouaille. L’Armement bigouden est devenu un poids lourd du secteur, toute sa pêche, soit une quarantaine d’espèces différentes, est vendue à la criée et pèse 20 % des apports du port du Guilvinec. La lotte représente à elle seule plus de 50 % du CA de l’entreprise avec un prix moyen d’achat en criée de 5 euros et 30 % du tonnage total (3 000 tonnes pêchées en 2009) “Fin 2009, nous avons perdu la capacité de pêcher l’empereur. En effet, depuis 5 ans au moins, ce poisson a fait l’objet d’une baisse de quotas continue pour aboutir à un quota 0 en 2010. On peut dire que de 2006 à 2010, nous (armement + équipages) avons perdu 1 800 000 euros (pour environ 300 t), partiellement compensés par une stratégie de pêche adaptée à la nouvelle donne de la part des navires détenant un PPS grands fonds. La baisse du prix moyen du poisson d’environ 10 % a entraîné un recul identique de notre CA en 2009 pour s’établir à 10 millions d’euros. Heureusement, sur les premiers mois de cette année, ce prix remonte. L’avenir reste la lotte. Ce n’est pas une espèce sensible et la France dispose d’un nombre important de quotas.” Pour le reste, Soazig Le Gall préfère rester prudente mais n’hésite pas à se montrer critique envers les ONG. “Elles ont envahi le devant de la scène et elles globalisent tout. Si, par exemple, la pêche s’avère trop importante dans le Pacifique et entraîne la raréfaction de certaines espèces, elles en déduisent que c’est partout pareil.” Autre sujet d’inquiétude : “si les quotas personnels transférables (seuls les Espagnols y sont favorables) sont adoptés par Bruxelles, on se dirige tout droit vers une concentration accrue de la pêche entre les mains des plus gros armements ce qui aboutira, à terme, à un processus de délocalisation important.” Une menace lourde qui constituerait un facteur de déstabilisation important pour une économie cornouaillaise particulièrement dépendante de la pêche. V.M. 33 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 L’ENTREPRISE FAMILIALE, UN MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT BIEN RÉEL PRATIQUES La famille est pleine de ressources En période de prospérité, on les ignore, parfois même on se moque de leur manque d’audace. En temps de crise, elles reviennent au premier plan. Leur bonne santé intrigue. Leur stratégie prudente sur le long terme force le respect. Elles représentent 83 % des entreprises françaises et méritent que l’on s’intéresse à leur histoire, comme à leur devenir. salariés), contrôlée depuis novembre dernier par le groupe coopératif Euralis à 65 %. Pourtant, et c’est une spécificité française, le capital des entreprises familiales reste durablement dans la famille fondatrice. Elles représentent 64,8 % sur l’hexagone et ne sont que 23,7 % au Royaume-Uni. Toutes ont en commun un autre rapport au temps. Elles vivent souvent plus au rythme de la vie d’un homme qu’à celui des cotations. Le fondateur : une personnalité forte Longtemps associées au paternalisme, voire au népotisme, les entreprises familiales nous offrent un capitalisme à visage humain. Imprégnées de culture familiale, il semble qu’elles ont cependant un talon d’Achille. “Moins de 10 % des entreprises françaises de plus de 10 salariés sont transmises dans le cadre d’une continuité familiale”, peut-on lire dans le rapport sur la transmission familiale remise en octobre dernier au secrétaire d’Etat chargé des PME, Hervé Novelli. Craintes confirmées si l’on se souvient des récents déboires de la famille Stalaven, entreprise emblématique des Côtes d’Armor (1 400 Tous les “héritiers” le disent, l’ancêtre fondateur avait une sacrée personnalité. Avoir une idée, c’est bien, l’imposer et en faire un modèle économique pérenne est une autre affaire. “Mon grand-père était un personnage atypique, qui a gardé toute sa vie sa casquette de conducteur, se souvient, amusé, Jérome Le Bayon, petit-fils de François, fondateur des Transports Le Bayon en 1919 à Locmariaquer (56). Après 3 ans de service et 4 ans de guerre, il a acheté un fonds de commerce, parce qu’il avait été titillé sur le front par les problèmes de transport des hommes. De retour à la vie civile, il a créé un mode de transport en commun avec une automobile. C’était un pionnier à ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE KERBIQUET, 30 ANS, DIRIGEANT DE CONCEPT ENSEIGNES (56), FABRICANT ET INSTALLATEUR D’ENSEIGNES LUMINEUSES, DE SIGNALÉTIQUES ET DE STORES Transparence vis à vis des salariés Pourquoi avez-vous décidé de reprendre l’entreprise familiale en 2006 ? C’est mon père qui a créé cette société, en 1979, l’année de ma naissance. Quand il a voulu la vendre à un investisseur, je n’avais que 21 ans, et je ne me sentais pas prêt à gérer 60 employés. J’étais à l’Ecole de commerce à Rennes, et j’avais besoin de recul. Au fil des années, j’ai remarqué que l’investisseur rencontrait des difficultés. En fait, il raisonnait comme dans un groupe. Chez nous, on était plutôt “main dans la main” avec nos salariés. Lui, il a mis tout de suite de la distance. En reprenant l’affaire de mon père, j’ai voulu montrer que l’outil de travail était viable et que mon père avait monté une belle entreprise ! Qu’avez-vous apporté comme changements ? J’ai repris l’affaire après avoir demandé à mon père s’il voulait retravailler dans Concept Enseignes. J’assure la direction et lui est salarié et a la charge d’assurer la continuité commerciale avec un portefeuille de clients. Je pense que les petites entreprises comme la nôtre génèrent de l’emploi, et que l’on 34 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 De G à D, Roger et Christophe Kerbiquet doit assurer une certaine transparence vis-à-vis de nos employés. Dès le début, nous avons mis en place un contrat d’intéressement, c’est-à-dire que l’on reverse 20 % des résultats nets aux salariés. On les a aussi impliqués dans la construction du nouveau bâtiment de 2 000 m2 que l’on va occuper à partir de septembre. Enfin, j’apporte un suivi particulier aux règlements des clients, car il y a des risques de non-règlements dans toutes les entreprises, et on a 2 mois à peu près de règlement client dehors, soit 400 000 euros. On doit maîtriser ce risque. En conservant une gestion plutôt prudente, je vise un objectif de 3 millions d’euros de CA pour 2011… Pierrette Le Bayon, gérante des Transports Le Bayon, et Jérôme Le Bayon, gérant d’Auray Voyages, l’époque, puisqu’il a exploité des lignes régulières de voyageurs jusque dans les années 60.” Avec une légère pointe d’amertume, il confie que le grand-père est resté peut-être “un peu trop longtemps dans l’entreprise, puisqu’il est mort à plus de 80 ans, et qu’il venait chaque jour au garage, alors que le partage avait été fait entre ses fils”. Est-ce pour se réaliser, loin de l’influence paternelle, que les parents de Jérome créent leur entreprise de transports en commun – complémentaire de l’entreprise familiale et non concurrente – sur la commune du Bono, en 1960 ? Elle prendra plus tard le nom d’Auray Voyages, avec 20 salariés, 18 véhicules et un CA d’1,6 million d’euros. Admiration à fleur de mots, à l’égard de son père, pour Nadine Cotten, qui a pris la suite de Guy, il y a quelques mois, au siège à Concarneau : “Mon père était représentant de commerce en bleus de travail. Il s’est aperçu que les vêtements de travail n’étaient pas très confortables, et c’est comme ça que l’idée lui est venue de créer sa société avec ma mère qui travaillait dans une voilerie, et donc savait coudre… Ils ont démarré en 1964 en SARL pour passer en 69 en SA. On a commencé dans 30 m2, et on travaille aujourd’hui dans 2 000 m2 !” Aux Ateliers Allot (24 employés, CA 1,1 million d’euros, 1/3 de ventes en Bretagne, le deuxième en France et le reste à l’étranger), l’ombre bienfaisante du grandpère plane sur l’entreprise. Ronan Allot, 26 ans, représente la huitième génération d’un savoir-faire familial qui date de 1812 : “Nous sommes dans les métiers du bois depuis cette date, mais la structure actuelle et le nom de l’entreprise viennent de mon grand-père – qu’il désigne toujours sous le terme affectueux de “papi” lorsqu’il le montre en photo – à la fin des années 50. Il était tapissier-garnisseur, compagnon du tour de France. Il a même été récompensé à Bruxelles dans les années 60 parce qu’il avait déposé un brevet dans le domaine de la literie…” PRATIQUES Le premier transport Le Bayon Une affaire de famille Les entreprises familiales peuvent représenter le travail et le patrimoine de plusieurs générations. Bruno Bizalion, créateur du label EFC (Entreprises Familiales Centenaires) et dirigeant du Cabinet Suite page 36 35 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 PRATIQUES BM&S Conseil, a recensé en Bretagne 35 entreprises dirigées par une même famille depuis plus de 100 ans. “Quand vous êtes propriétaire ou dépositaire, reconnaît-il, vous avez une vision de l’avenir qui n’est pas la même que lorsque vous êtes salarié d’un groupe. Vous engagez votre patrimoine, votre histoire, votre nom, et vous prenez des risques mesurés, souvent en famille.” Chez l’ostréiculteur Prat-Ar-Coum (25 employés, CA 4 millions d’euros, export de 10 à 15 %), sur les rives de l’Aber Benoît à Lannilis (29), entreprise familiale centenaire née en 1898, Yvon Madec, l’actuel dirigeant, dresse une sorte de trombinoscope familial : “J’apporte ma connaissance de l’élevage. Ma fille Caroline est rentrée dans l’entreprise il y a à peu près dix ans. Elle vivait à Paris et était chargée de développer l’image de PratAr-Coum. Aujourd’hui, elle vit ici et poursuit son travail sur place. Avec internet, on peut diffuser notre image sans se déplacer. Mon autre fille a fait des études de droit et une école de commerce, et elle compte aussi rentrer dans l’entreprise.” Chez les Cotten (150 employés, CA 10 millions d’euros, export : 25 %), toute la famille est impliquée. “On n’a pas de conseil d’administration, mais ma mère, ma sœur et moi faisons partie du directoire. Au conseil de surveillance, mon père est président, et mon mari et ma fille sont à ses cotés… C’est à la fois rassurant et pas rassurant du tout de travailler dans une entreprise familiale, car nous sommes tous dans le même bateau. Par contre, c’est très motivant !” Il y a aussi ceux qui reprennent les rênes de l’entreprise familiale, après une période de maturation, comme Christophe Kerbiquet, actuel dirigeant de Concept Enseignes (voir encadré p.34), à Guidel (56) (CA 2,4 millions d’euros – 28 salariés – clientèle régionale, mais aussi nationale comme BNP, Cetelem, Géant Casino). L’entreprise de son père, créée en 1979, a d’abord été vendue à un investisseur en 2001, avant de regagner le giron familial après un dépôt de bilan en 2006. Même si l’on sait qu’il n’est pas toujours facile de travailler en famille, ceux qui ont apporté leurs témoignages pour cette enquête taisent les conflits, comme si tout se passait au mieux dans le meilleur des mondes. Tous ont en commun une stratégie de croissance basée sur l’ambition, la prudence et la transmission aux générations futures… ■ Anny Letestu ENTRETIEN AVEC RONAN ALLOT, RESPONSABLE COMMERCIAL DES ATELIERS ALLOT, SPÉCIALISTES DE LA FABRICATION DE MOBILIER D’ART DU 17ÈME ET 18ÈME SIÈCLE “Rester indépendant” Ronan Allot et ci-dessous son grand-père, le créateur des Ateliers Allot Quelle est selon vous la force de votre entreprise ? Nous sommes les seuls à regrouper les 8 métiers de l’ameublement : menuisier en meuble, en siège, en marqueterie, sculpture sur bois, laque et dorure, tapisserie et garniture, teinte et finition, et le métier d’ébéniste qui a un œil sur tout. Enfin, depuis deux ans, on fait la laque de Chine du 18ème siècle, façon européenne grâce à un client étranger qui nous a commandé une commode Louis XV, en laque de Chine, avec des feuilles d’or jaunes, vertes, blanches. On ne maî- 36 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 trisait pas cette pratique, et mon père a sorti de sa retraite un meilleur ouvrier de France qui est notre laqueur doreur aujourd’hui. En fait, mon père a regroupé toutes ces spécialités pour ne pas être confronté à une perte de savoir-faire, rester indépendant. C’est aussi lui qui a donné l’impulsion pour créer un site internet. En 1996, nous étions les premiers dans l’ameublement à avoir un site. Les moteurs de recherche étaient en anglais, et ça nous a apporté une clientèle aux USA. Quels sont vos projets ? Bien que l’on ait une visibilité internationale, on souhaite que la taille de l’entreprise reste modeste. C’est ce qui la rend atypique, mais qui fait aussi sa force. On n’a pas de gros investissements, sauf pour la formation et pour acquérir des gens compétents dans les ateliers. On évolue petit à petit. On ne veut pas faire de “mass-market”. On grandit grâce aux particuliers, même si on se réjouit d’avoir pu répondre aux commandes d’un émir du Koweït et du prince héritier de Thaïlande. Contrairement à mon père, j’ai une vision à moyen terme, sur 5 à 10 ans. On est positionné sur le haut de gamme, l’élégance des galbes, des formes, sans trop d’ostentation et raconter l’histoire de chaque meuble (le catalogue des Ateliers Allot comporte plus de 600 modèles) est toujours un plaisir. Je pars pour Moscou dans quelques jours pour développer la marque là-bas… Juridique ENTREPRENDRE EN FAMILLE Choisir les bonnes dispositions PROTÉGER SON PATRIMOINE La première préoccupation est le choix d’une forme sociale adaptée. L’exercice en société limitant la responsabilité des associés doit être privilégié à l’entreprise individuelle pour assurer la protection des biens personnels du dirigeant et limiter sa responsabilité aux apports. Le nouveau statut d’Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée, dont l’entrée en vigueur est annoncée au 1er janvier 2011, vient compléter le dispositif déjà existant ( SARL, SA, SAS…) Une attention particulière devra être apportée à la rédaction des statuts et éventuellement à un pacte d’actionnaire qui aura pour but d’éviter les situations de blocage, plus prégnantes dans les entreprises familiales. Il y sera précisé les conditions de transmission des parts sociales par la procédure d’agrément, en cas de séparation des époux-associés ou de décès. Le choix d’un régime matrimonial revêt par ailleurs une importance toute particulière pour mettre le patrimoine familial à l’abri des poursuites et pour protéger le couple. Le régime de la séparation de biens ou celui de la participation aux acquêts (clause d’exclusion des biens professionnels) s’avèrent plus protecteurs que le régime légal de la communauté réduite aux acquêts qui expose les biens communs et les biens propres au gage des créanciers. Ils permettent également d’éviter que l’époux ait à partager par moitié l’actif professionnel en cas de divorce si l’entreprise a été créée ou acquise pendant le mariage avec des deniers communs. Le Pacs et la société créée de fait, peu protecteurs en raison de l’application du régime de l’indivision, sont à proscrire. Les auto-entrepreneurs ne manqueront pas de faire une déclaration d’insaisissabilité de leurs biens immobiliers pour protéger le logement familial. Enfin, les associés de l’entreprise familiale devront être particulièrement vigilants lors de la signature de cautionnements demandés en garantie des concours bancaires qui peuvent réduire à néant tous les efforts de protection mis en œuvre en amont. transmission au conjoint survivant en cas de décès, lequel bénéficiera en tout état de cause du droit à réversion. ASSURER SA TRANSMISSION Aujourd’hui, l’entreprise familiale peut être transmise plus aisément et avec des avantages fiscaux intéressants. Les mécanismes permettant de privilégier la transmission de la société sans léser les associés sortants ont été enrichis de nouveaux dispositifs, comme par exemple le pacte Dutreil qui permet d’exonérer de droits de mutation les trois quarts de la valeur de titres de société transmis par donations ou succession. La fiducie ou encore la fondation pour séparer propriété et gestion sont autant d’outils qui favoriseront les transmissions plus difficiles. PRATIQUES L’entreprise familiale présente des atouts spécifiques indéniables. Pour éviter les conflits et protéger le patrimoine familial, il est impératif d’étudier avec soin son statut et celui de ses membres. Pour assurer sa pérennité, il est conseillé de prévoir sa transmission. Le législateur a créé de nombreuses mesures, pour certaines particulièrement destinées aux entreprises familiales. Ces précautions prises, les entreprises pourront prospérer tout en préservant la famille. Mélanie VOISINE et Audrey BALLU- GOUGEON ( SCP BALLU-GOUGEON, VOISINE, avocats au Barreau de RENNES) DÉFINIR LE STATUT DE SES MEMBRES Le statut de conjoint collaborateur a été longtemps qualifié de précaire. Ses carences ont néanmoins été palliées par le statut d’actionnaire de la société, de salarié ou encore de conjoint collaborateur, qui offrent une protection sociale et des avantages, notamment en cas de décès de l’époux dirigeant. Le code civil prévoit également des dispositions privilégiant la 37 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 PRATIQUES Mis en place en 2008 et couvrant 40 pays, “Enterprise Europe” est le réseau officiel de la Commission européenne d’appui à l’innovation et la compétitivité des PME. En Bretagne et Pays de la Loire, les Chambres régionales de commerce et d’industrie, Oséo Innovation et Bretagne Innovation ont allié leurs expertises au sein d’“Entreprise Europe Ouest” pour accompagner les entreprises dans leurs projets d’innovation et d’internationalisation. Retrouvez ci-dessous, une sélection d’opportunités de partenariats Si vous voulez être mis en relation, recevoir les nouvelles opportunités ou si vous souhaitez diffuser vous-même une annonce dans le réseau Entreprise Europe, contactez-nous : Tél. 02 99 25 41 57 ou par mél : [email protected] Opportunités de partenariats technologiques Opportunités de partenariats commerciaux Contact : Carole TAFFUT Contact : Carole WAGNER Electronique : Une société russe spécialisée dans l’électronique a développé intégralement une puce RF de 865 à 868 MHz pour les systèmes autonomes radio à basse vitesse. Le microprocesseur peut être utilisé dans l’automatisation, les systèmes de mesure et de contrôle à distance. L’entreprise cherche des développeurs de systèmes de transfert de données sans fil pour une coopération technique. Réf : 10 RU 86FG 3HH6 Energie : Une société slovène spécialisée dans des solutions d’économie d’énergie dans le domaine des pompes à chaleur pour l’eau chaude, le chauffage et autres utilisations cherche à développer son activité à travers une collaboration commerciale ou une joint venture. Réf : 20100504050 Sécurité : Une petite entreprise suédoise a mis au point un détecteur portable de fuite de fumée innovant. L’équipement doit être utilisé par les ramoneurs, en vue d’évaluer avec précision la qualité du canal de fumée. Les partenaires ciblés sont les entreprises intéressées à développer le produit en fonction de leurs normes techniques nationales. Accords commerciaux et techniques sont souhaités. Réf : 10 SE 67CC 3HFK Agroalimentaire : Une entreprise turque, qui produit notamment de la crème glacée, recherche une méthode ou un système de contrôle d’entrée / sortie des glaces dans un tunnel de congélation à-50°C. Une coopération technique et un accord de licence sont visés. Réf : 10 TR 95LD 3G9U Matériaux : PME allemande spécialisée dans les revêtements et les produits semi-finis structurés fabriqués en aluminium haute résistance durcissable en alliage composite du type Al-TiB2 et Al-TiC. La PME est à la recherche des partenaires technologiques, de licenciés et des utilisateurs finaux dans ce domaine. Réf : 10 DE 1486 3GEO 38 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010 Agroalimentaire : Une PME polonaise spécialisée dans la distribution et l’import/export de viande fumée, de saucisses, d’aliments congelés, de conserves et de volaille cherche des distributeurs en Europe, et des fournisseurs intéressés par le marché polonais. Réf : 20100120032 TIC : Une société de conseil belge, spécialisée dans des solutions de réduction de coûts dans le domaine de télécommunications, cherche des opportunités de soustraitance et/ou de représentation commerciale. Le logiciel permet aux utilisateurs d’analyser, tracer et gérer et même partager les informations concernant son environnement de télécommunications, s’adapte à tous clients et pourrait aussi être adapté à l’économie de l’énergie. Réf : 20100323025 Agriculture : Un fabricant turc de machines agricoles réalisées avec les technologies les plus modernes et de pièces détachées telles que des semoirs, charrues à disques, cherche des distributeurs. Réf : 20100323025 Agroalimentaire : Un producteur grec d’huile d’olives biologique de grande qualité, d’huile d’olives classique, des olives (la variété Throuba de Thassos), de crème d’olives, d’huiles aromatisées, de savon, etc. cherche des distributeurs notamment en France. Réf : 2009062509 Affaires à céder (Grand Ouest) 2. Fabrication et pose de cheminées et poêles C.A. 2009 environ 2 500 K€ - R.N. environ 10% Clientèle : Particuliers - Fonds propres nécessaires : 500 K€ 3. Fabrication industrielle de crêpes C.A. 2009 environ 2 000 K€ Clientèle : Professionnels et GMS - Fonds propres nécessaires : 150 à 200 K€ 4. Magasin de distribution de matériel de bricolage C.A. 2009 : 1 200 K€ - EBE environ 6% Clientèle : Particuliers et Professionnels - Fonds propres nécessaires : 250 K€ 5. Bureau d’études bâtiment C.A. 2008 : 200 à 250 K€ environ Clientèle : Particuliers et Collectivités - Fonds propres nécessaires : 100 K€ PRATIQUES 1. Société de transport spécialisée sur marché européen de niche C.A. 2009 : 5 500 K€ - EBE environ 6% Fonds propres nécessaires : 800 à 1 000 K€ JTB RENNES - Félix JOLIVET Le Quirinal • 16, mail Anne-Catherine • 35000 Rennes Tél 02 23 400 400 - Fax 02 23 400 403 - E-mail : [email protected] 1. Entreprise d’installation et d’entretien de piscines et accessoires. CA > 2 M€ 2. Entreprise négoce et distribution de clôtures, portails, automatismes, mobiliers urbains et jeux extérieurs. CA < 4 M€ 3. PME spécialisée dans le traitement de surface. CA entre 6 et 10 M€ Excellente rentabilité. Budgets 2010 signés. JTB NANTES - Jacques THIÉBAUT 16, rue Marie-Anne du Boccage • 44000 Nantes Tél 02 40 69 29 90 ou 06 11 88 75 24 - E-mail : [email protected] ABONNEZ-VOUS À BRETAGNE ÉCONOMIQUE 35 € au lieu de 41,20 € Bulletin d’abonnement à retourner à Bretagne Économique 1, rue du Général-Guillaudot - CS 14422 - 35044 RENNES Cedex - Tél. 02 99 25 41 37 1 an d’abonnement = 35 €* Je joins mon règlement à l’ordre de Bretagne Économique - *TVA 5,5 % incluse ou je paie par carte sur le site www.bretagne-economique.com (onglet abonnement) Offre valable jusqu’au 31 décembre 2010 8 numéros Société ........................................................................................................................ Destinataire ................................................................................................................... Adresse ........................................................................................................................ Ville ............................................................................................................................. Code postal .............................. Tél. .......................................... Fax .......................................... Code APE ................................. Signature Date : .......... / .......... / .......... ou cachet 39 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°201 • JUIN-JUILLET 2010