DP CE QUI NOUS REGARDE - TDB version 7

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DP CE QUI NOUS REGARDE - TDB version 7
THÉÂTRE DIJON BOURGOGNE
CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL
DOSSIER SPECTACLE
SAISON 16/17
CE QUI NOUS
REGARDE
Conception MYRIAM MARZOUKI
© Vincent Arbelet
THÉÂTRE DIJON BOURGOGNE – CDN
LA COMÉDIE DE SAINT-ÉTIENNE – CDN, THÉÂTRE DE L’UNION – CDN DU LIMOUSIN,
LA COMÉDIE DE VALENCE – CDN DRÔME-ARDÈCHE,
MC93 – MAISON DE LA CULTURE DE SEINE-SAINT-DENIS, COMPAGNIE DU DERNIER SOIR
AVEC LE SOUTIEN DE LA MAISON DES MÉTALLOS – PARIS, PÔLE CULTUREL D’ALFORTVILLE,
LA FERME DU BUISSON – SCÈNE NATIONALE DE MARNE-LA-VALLÉE,
CENTRE NATIONAL DU THÉÂTRE, DRAC ÎLE-DE-FRANCE, ARCADI
PRODUCTION DELEGUÉE
COPRODUCTION
CRÉATION LES 21, 22 ET 23 MAI 2016
SALLE JACQUES FORNIER, DIJON
Contact Production
Sébastien Lepotvin
06 28 22 72 52
[email protected]
Théâtre Dijon Bourgogne
Administration 03 80 68 47 47
[email protected]
www.tdb-cdn.com
THÉÂTRE DIJON BOURGOGNE
CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL
ÉQUIPE DE CRÉATION
Conception et mise en scène Myriam Marzouki
Avec Louise Belmas, Rayess Bek, Rodolphe Congé, Johanna Korthals Altès
Avec la participation de Rahama Aboussaber-Tebari, Sabrina Cabralès, Hanane Karimi et
Soreya Mammar
Montage et dramaturgie Myriam Marzouki, Sébastien Lepotvin
Ecriture au plateau à partir de textes de Virginie Despentes, Pier Paolo Pasolini, Alain Badiou,
Patrick Boucheron et Mathieu Riboulet, Myriam Marzouki et Sébastien Lepotvin
Remerciements à Bruno Nassim Aboudrar
Musique Rayess Bek
Lumières Eric Soyer
Vidéo Julie Pareau
Scénographie Bénédicte Jolys
Enregistrement studio et son Jean-Marc Bezou
Costumes Laure Mahéo
Regard chorégraphique Magali Caillet-Gajan
Assistanat mise en scène Isabelle Patain
Régie générale et plateau Bertrand Fournier
Régie son et vidéo Sam Babouillard
Régie lumières Emmanuelle Petit
Construction décor Eclectik-Sceno et l’Atelier construction du TDB – Géraud Breton, François
Douriaux
Production, diffusion Sébastien Lepotvin
Production déléguée Théâtre Dijon Bourgogne – CDN
Coproduction La Comédie de Saint-Étienne – CDN, Théâtre de l’Union – CDN du Limousin, La Comédie de Valence – CDN Drôme-Ardèche, MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis,
Compagnie du Dernier Soir
Avec le soutien de La Maison des Métallos – Paris, Pôle culturel d’Alfortville, La Ferme du Buisson –
Scène nationale de Marne-la-Vallée, Centre National du Théâtre, DRAC Île-de-France, ARCADI
CALENDRIER
Création
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Les 21, 22 et 23 mai 2016 > Théâtre Dijon Bourgogne, Festival Théâtre en mai
Tournée 2016-17 (en cours)
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Les 18 et 19 novembre 2016 > La Ferme du Buisson, Noisiel
Les 22 et 23 novembre 2016 > La Comédie de Valence
Du 4 au 6 janvier 2017 > La Comédie de Saint-Étienne
Du 24 janvier au 9 février 2017 > MC93 Bobigny – L’Echangeur de Bagnolet
Le 11 février 2017 > La Comédie de Reims - Festival Reims Scène d’Europe
Du 15 au 17 février 2017 > TNG -Centre Dramatique National de Lyon
Tournée 2017-18 (en cours)
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Théâtre de l’Union, Limoges
Théâtre Dijon Bourgogne - CDN
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THÉÂTRE DIJON BOURGOGNE
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PROLOGUE
Une femme âgée porte un foulard noir
très serré. Un visage de femme iranienne
après la révolution islamique de
Khomeiny ? Non, nous sommes en URSS
dans les années 60. Mon arrière-grandmère ukrainienne, Olga, dans son village
près de Kiev, pose à côté de son mari lui
aussi coiffé.
Sur presque toutes les photos que je
retrouve, d’autres femmes, amies du
village et membres de la famille,
presque aucune n’est « en cheveux »…
Sur cette photo, en arrière-plan, Barbara, ma grand-mère.
Elle doit avoir 20 ans, c’est une des dernières images
d’elle en Ukraine. Peu de temps après, elle sera déportée
par les Allemands, dans un camp de travail près de
Mannheim, elle y rencontrera mon grand-père, alsacien,
qui faisait son Service du travail obligatoire. Arrivée en
Alsace en 1945, elle n’est plus retournée en Ukraine, elle a
appris l’alsacien, est devenue française mais n’a jamais
parlé le français. Dans tous mes souvenirs d’enfance, je ne
l’ai jamais vue, été comme hiver, sortir faire ses courses, à
pied, sans son fichu noué sous le menton.
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De l’autre côté de ma famille, Aziza, ma grand-mère paternelle tunisienne. Parmi les rares
photos d’elle, celle-ci, prise le jour de son mariage, dans les années 40 : elle aussi a les
cheveux dissimulés.
Son visage est visible. Elle n’était pas une femme
voilée, mais une femme avec une coiffe qui se
couvrait les cheveux et le corps pour sortir avec un
sefsari, la grande étoffe blanche traditionnellement
portée en Tunisie.
Là, nous sommes en 1977, ma mère me porte dans ses
bras. Et je réalise qu’elle aussi a couvert ses cheveux.
Elle porte un petit foulard, noué dans la nuque, comme
beaucoup de femmes le faisaient dans les années 70,
par coquetterie, ou peut-être par une habitude ancienne
qui n’avait pas disparu.
Française et Tunisienne, je suis née de ces pays qui auraient pu ne jamais être liés, de ces
familles tissées ensemble par les événements de l’histoire, comme le sont tant de vies
humaines. Je suis au point d’intersection des trajectoires de ces femmes qui ont en commun
non pas d’avoir été voilées, le terme me semble anachronique, inapproprié, mais d’avoir
dissimulé leurs cheveux comme une pratique quotidienne, silencieuse, inscrite dans l’ordre
des choses simples de l’existence.
Ces tissus, foulards, fichus, sefsari, coiffes, que je retrouve sur presque toutes les images et
souvenirs conservés de mes aïeules, tissent un lien sensible et charnel avec ces nouvelles
figures, images de la « femme voilée » en France, dont je suis pourtant si éloignée.
Féministe et athée, je me sens malgré moi liée par des fils invisibles à ces corps de femmes
qui se couvrent d’une manière ou d’une autre. Et c’est pour ces raisons, infimes,
personnelles, ambiguës, souterraines, que je décide de faire ce spectacle.
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INTENTION
La «femme voilée » est devenue une image particulièrement visible et hautement sensible
puisqu’elle suscite de nombreux affects: curiosité, incompréhension, peur, fascination ou rejet.
Mais que voyons-nous au juste lorsque nous parlons du voile ? Comment regardons-nous
celles qui le portent ? Avec quelle mémoire, quels désirs, quels imaginaires ? Quels affects
sont déclenchés par ces images ?
CE QUI NOUS REGARDE est la tentative d’un théâtre à la fois documentaire et subjectif, visuel
et poétique, qui interroge non pas le voile mais les regards que nous portons sur le voile, en
travaillant sur les formes qu’il déploie sur un corps, les images nouvelles qu’il produit, les
mémoires qu’il convoque.
Ce spectacle s’inscrit dans le travail d’exploration des imaginaires contemporains que je mène
depuis la création de la compagnie en 2004. Pour la première fois je ne partirai pas d’un texte
d’auteur vivant mais d’un travail de montage et d’écriture collective au plateau qui réunit toute
l’équipe artistique.
LE TEXTE
Le montage est le principe d'écriture du spectacle et le résultat d’aller-retours entre un travail
dramaturgique de sélection des matériaux et le travail collectif d’écriture de plateau. Les
différents matériaux retenus pour constituer CE QUI NOUS REGARDE relèvent de contextes
historiques et culturels différents. Le montage auquel nous parvenons propose ainsi une
traversée sensible du temps, une manière transversale d’envisager l’histoire de notre regard
sur le voile. CE QUI NOUS REGARDE agence des images qui ouvrent des imaginaires, des
formes de sensibilité hétérogènes qui se confrontent, glissent l’une vers l’autre ou au
contraire s’entrechoquent. Je cherche à créer un spectacle dont le sens sera ouvert, vers la
libre interprétation, multiple et contradictoire.
Les interprètes s’emparent, entre autres, d’extraits de L’épître aux Corinthiens de Saint-Paul,
du dernier roman de Virginie Despentes, Vernon Subutex, de La Rage de Pier Paolo Pasolini
et du très récent Pendre dates de Patrick Boucheron et Mathieu Riboulet. Nous travaillons
également à partir de matériaux documentaires, archives vidéo et références
iconographiques, avec lesquels nous écrivons au plateau, croisant le travail vidéo, la création
lumière et la composition musicale.
La dramaturgie ne sera pas celle d'une narration chronologique ou d'une démonstration
logique mais une manière de documenter poétiquement le présent. La forme que je cherche
pour ce spectacle est celle, reprenant une formule de Pasolini, de « l’essai poétique ».
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© Vincent Arbelet
LA DIRECTION D’ACTEURS
Je travaille avec les comédiens sur la manière qu’a chacun de s’approprier des textes qui
proposent une interprétation du voile. Chaque interprète est donc porteur d’un sens possible,
d’une manière de regarder l’objet et je m’appuie sur la singularité de chaque acteur, son
corps, sa voix, son rapport intime au texte retenu pour construire avec lui son parcours
d’interprétation de la thématique explorée. La direction d’acteurs consiste à s’appuyer sur la
singularité de chaque interprète pour ouvrir des directions esthétiques qui vont d’un travail
poétique sur les textes et les images (Saint-Paul, Pasolini) jusqu’à l’incarnation de véritables
personnages de fiction (Virginie Despentes). Tout le travail avec les acteurs vise à proposer
une approche contrastée et nuancée de la thématique travaillée. L’acteur sera aussi bien
porteur d’une parole poétique envisagée dans ce qu’elle engage comme imaginaire musical
et visuel que d’une parole politique qui s’appuie sur l’histoire et s’affronte au présent.
La dimension esthétique et visuelle du spectacle correspond à une manière très subjective
d'inventer une forme dramatique à l'intérieur du genre du théâtre documentaire. Les interprètes travaillent aussi sous le regard chorégraphique de Magali Caillet-Gajan en écrivant
plusieurs séquences à partir de références iconographiques qui empruntent aussi bien à la
peinture occidentale classique qu’à la photographie contemporaine.
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© Vincent Arbelet
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« L’ambiguïté est l’image visible de la dialectique » Walter Benjamin
Par exemple, il est difficile de dire si cette image de « la boxeuse » (inspirée du travail de
l’artiste iranienne Newsha Tavakolian) signifie, ou veut nous dire, tant elle mobilise des éléments surprenants, voire contradictoires.
© Vincent Arbelet
Image de révolte ou d’enfermement, de force ou de soumission, irréelle ou réaliste ? Tout est
possible, on ne peut pas réduire cette image à un discours univoque. C’est ce qui fait la force
de toute image singulière, elle force d’abord au silence puis à inventer un autre discours pour
sortir de ce que Georges Didi-Huberman appelle « l’analphabétisme de l’image » (traduire
immédiatement toute image en paroles convenues).
Je crois qu’il y a beaucoup de cet analphabétisme lorsque nous percevons l’image de
femmes portant un foulard ou se couvrant le corps d’une certaine manière. Nous projetons
des significations simplistes, nous envisageons difficilement la pluralité, la complexité, les
nuances, la singularité.
C’est pourquoi je suis partie de cette photo pour fabriquer l’image inaugurale et la première
séquence, muette et silencieuse, du spectacle.
Le travail des acteurs est lié à la composition musicale de Wael Koudaih (Rayess Bek).
Compositeur et performeur, il participe à l’écriture du projet et interprète en live sa musique
électro. Travaillant sur la rencontre des sonorités musicales de l’Occident et du Moyen-Orient,
ses compositions mêlent rythmes contemporains et archives sonores.
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INTERVIEW PARUE SUR LE SITE
DE LIBÉRATION
Béligh Nabli - La « femme voilée » est devenue une figure particulièrement chargée sur le
plan symbolique. Votre démarche consiste-t-elle à l’humaniser et ainsi à la « désidéologiser » ? Décider aujourd’hui de porter un voile ne relève-t-il pas aussi de l’acte politique,
dimension qu’elle ne revêtait pas il y a quelques décennies ?
Myriam Marzouki - Ma question d’artiste pour ce spectacle est la suivante : que voyons-nous
et qui voyons-nous lorsque nous voyons une femme qui se couvre les cheveux ? Désidéologiser ce serait supprimer l’idéologie, or je crois précisément que nous sommes tous, malgré
nous, traversés, nourris d’idéologies diverses et contradictoires et c’est toujours idéologiquement que nous regardons le monde car nous sommes des animaux de culture. C’est pour cela
que le travail de l’historien de l’art Georges Didi-Huberman a tellement inspiré mon travail sur
ce spectacle : regarder ce n’est jamais simplement voir ce qu’il y a à voir. Entre ce que je regarde et ce qui est regardé, il y a ce que je crois voir, ce que je veux voir, il y a tout un jeu,
une circulation de mémoire, d’affects, d’associations d’imaginaires et il y a la manière dont ce
que je regarde me regarde à son tour… La force du théâtre c’est à la fois de questionner les
archétypes humains et de les incarner dans une singularité : Alceste chez Molière est bien LE
misanthrope, mais il est d’abord et surtout Alceste, et Célimène n’est pas seulement LA coquette, c’est la singularité d’un personnage complexe. Alors allons voir au-delà de l’icône de
« LA femme voilée » et nous allons peut-être y entendre des résonnances historiques inattendues, y voir des imaginaires oubliés, des questions intimes et compliquées pour chacun, et
surtout des singularités humaines, diverses et contradictoires.
BN - Votre histoire ainsi que votre pièce ont une résonance particulière en ces temps de
passions identitaires. Quelle est votre réflexion au sujet de la question de l’identité telle
qu’elle se pose en France ?
MM - C’est une question compliquée… Je dirais que dans le contexte politique et moral actuel
la question s’impose peu à peu à chacun (enfin à certains plus qu’à d’autres…) quand bien
même elle ne serait pas au départ une interrogation intime. Ce qui est mon cas. Je n’ai pas de
problème d’identité, enfin je ne crois pas ! J’ai toujours senti que j’étais beaucoup de choses
en même temps, des histoires, des mémoires, des références qui s’ajoutent les unes aux
autres sans se gêner les unes les autres. Et je crois que nous sommes des millions dans ce
cas et que c’est cela la France ! Mais il semble qu’il y a un mouvement de fond qui impose
aujourd’hui cette question dans notre pays. Alors je m’en saisis, comme de plus en plus
d’artistes le font : bi-nationaux ou issus de l’immigration récente, ou nés en France de parents
étrangers, venant de cultures diverses, imbriquées, tissées ensemble. Je pense qu’il est aujourd’hui urgent de prendre la parole pour inventer les récits nécessaires de la France
d’aujourd’hui et de demain et je me sens la responsabilité de ne pas laisser la question de
l’identité dans de mauvaises mains.
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BN - On pourrait vous accuser de vouloir banaliser une pratique - couvrir ses cheveux caractéristique des sociétés patriarcales... N’est-ce pas paradoxal pour une féministe ?
MM - En quoi traiter d’un sujet serait le banaliser ? N’est-ce pas une des libertés et un des
rôles les plus beaux de l’artiste que d’essayer de représenter, avec sa sensibilité propre, le
monde, le temps présent, ses tensions, et d’ouvrir aussi des perspectives nouvelles ? En tant
que metteure en scène, je choisis avec les moyens de la scène d’éclairer une partie du réel
qui me pose question. Le metteur en scène travaille sur quelque chose qui lui résiste, avec la
parole des auteurs et la puissance affective des images scéniques, comme le chercheur le fait
avec ses moyens théoriques. Mais contrairement à ce que clament certains haut et fort, expliquer ce n’est pas justifier et tenter de comprendre ce n’est pas adhérer à une cause… Et je
crois aussi que se regarder en train de regarder ce qui nous fait peur ou ce qui nous choque,
c’est un bon chemin pour mieux se comprendre soi-même, clarifier ses désirs, nommer ses
valeurs.
En tant que féministe, le voile m’intéresse parce que je l’envisage comme un signe et le
propre d’un signe c’est d’être mobile, flottant, divers, contradictoire car c’est une création de
l’imaginaire humain. Dans ce signe qu’est le voile, le signifiant, le bout de tissus, ne renvoie
pas de manière nécessaire à un seul signifié, le message du voile, son sens. Et c’est ce qui est
riche de possibilités visuelles, fantasmatiques, d’associations d’idée, de traversée de l’histoire
et donc une belle matière à travailler sur une scène. On pourrait questionner de la même manière bien des éléments du costume féminin : la mini-jupe, les talons aiguille, le décolleté,
sont-ils des outils d’objectivation érotique des femmes, soumises au regard masculin ? Ou
bien des éléments d’un jeu culturel dont chaque femme s’empare en toute liberté, choisissant
de déployer des possibilités de séduction ? Être féministe c’est laisser chaque femme définir
la manière dont elle veut engager son corps dans son rapport aux autres.
BN - De quoi le débat sur le voile est-il le nom ?
MM - De beaucoup de choses, complexes, récentes et très anciennes, occidentales et universelles, mais surtout spécifiquement française. Bourdieu a dit que lorsqu’on regarde de très
près un objet social on finit par y voir la société toute entière. Je crois que le voile illustre à
merveille cette affirmation. Mais dans mon spectacle, il s’agit justement de déplacer les regards, de laisser la violence simplificatrice des débats de côté, pour laisser advenir autre
chose : le silence et la musique, l’imaginaire, le questionnement intime et sincère, la douceur
aussi. Notre époque parle trop vite, trop fort, nous avons besoin de ralentir, de baisser un peu
la voix pour pouvoir nous écouter, tous.
L’intégralité de l’itw : http://egalites.blogs.liberation.fr/2016/03/07/legalite-les-femmes-et-le-voile/
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L’ÉQUIPE ARTISTIQUE
Myriam Marzouki
Née en 1975, elle vit à Paris et dirige la Compagnie du dernier soir créée en 2004. Elle découvre le théâtre comme
comédienne dans le cadre universitaire parallèlement à des études de philosophie et poursuit sa formation théâtrale à
l’Ecole du Théâtre de Chaillot. Entre 2004 et 2010, elle a mis en scène des textes de Nathalie Quintane, Francis Ponge,
Georges Perec, Jean-Charles Massera, Véronique Pittolo, PatrikOurednik. Avec Emmanuelle Pireyre, elle a collaboré en
2011-2012 autour d’un texte inédit, Laissez-nous juste le temps de vous détruire créé au Théâtre du fil de l'eau de Pantin
en 2011 puis repris à la Maison de la poésie de Paris et au Phénix, Scène nationale de Valenciennes en 2012. En 2011, à
l’invitation du Festival d’Avignon, elle créée Invest in democracy dans le cadre de la Session poster, cette performance
sur la langue de la dictature tunisienne a été reprise en 2012-2013 à la Ferme du Buisson, l'Institut des cultures d'islam
(ICI, Paris) et à la Scène nationale de Cavaillon. En 2013, elle a créé Le début de quelque chose d'après le texte d’Hugues
Jallon au Festival d'Avignon.
Louise Belmas
Louise Belmas est reçue au concours de l’ERAC en 2007 et intègre la promotion 18 (2007-2010). Elle y travaille, entre
autres, avec Gildas Milin, Xavier Marchand, Béatrice Houplain, Nadia Vonderheyden, et Catherine Marnas. Au sortir de
l’école, elle est comédienne permanente au CDR de Tours pendant un an, puis entame une collaboration avec Bertrand
Bossard, artiste associé au CENTQUATRE et au TGP. Sous sa direction, elle joue Notre Religieuse d’après la nouvelle de
Diderot dans le cadre du festival Temps d’Image en octobre 2012, puis dans Le Jeu des 1000€ (création) créé au
CENTQUATRE en janvier 2013. Elle travaille également avec Le groupe La Galerie à la Maison des Métallos en 2014 et au
Théâtre Paris-Villette et à Théâtre en Mai (TDB, Dijon) en 2015.
Rodolphe Congé
Né en 1972, il vit et travaille à Paris. Il suit une formation au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris où
il joue sous la direction de Klaus Michael Grüber, Jacques Lassalle, Stuart Seide… Au théâtre, il travaille notamment sous
la direction d'Alain Françon, Jean Baptiste Sastre, Joris Lacoste, Gildas Milin, Frédéric Maragnani, Philippe Minyana, Yves
Beaunesne, Etienne Pommeret, Gilles Bouillon, Stéphane Braunschweig. Il travaille, comme dramaturge et acteur, à la
création d'un spectacle autour de l'hypnose pour le Festival d'automne 2011, Le Vrai Spectacle, avec Joris Lacoste et a
jouérécemment dans Le Canard sauvage sous la direction de Stéphane Braunschweig au Théâtre National de la Colline et
en tournée. En 2015-2016, il a créé L’incroyable matin de Nicolas Doutey à Théâtre Ouvert.
Johanna Korthals Altès
Après une formation d’actrice au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris et à la School for New Dance
Development à Amsterdam, elle joue sous la direction d’EricVigner, Robert Cantarella, Frédéric Fisbach et danse avec
Emmanuelle Huynh au Théâtre de la Ville, elle est également interprète dans des spectacles de Célia Houdart, Judith
Depaule, Marielle Pinsard, Béatrice Houplain, le T de N-1, et Isabelle Lafon. Avec Myriam Marzouki elle a joué dans
Laissez-nous juste le temps de vous détruire en 2011 et Le début de quelque chose en 2013. Elle tourne avec Alexander
Sokourov dans Francofonia en 2013. Sollicitée pour remplacer des artistes et des actrices, elle crée en 2007 la première
Agence Internationale de Remplacement, AIR, avec Alain Gintzburger. En 2015-2016 elle travaille avec Isabelle Lafon sur
le cycle Insoumises.
Wael Koudaih (Rayess Bek)
Né à Nabatieh (Liban) en 1979, il se forme en Arts appliqués à l’ALBA (Académie Libanaise des Beaux -Arts), à L’ENSAD et
à Paris VIII en France. En 2002, sous le pseudonyme de « Rayess Bek », il est devenu l’un des représentants majeurs du
mouvement Hip Hop et musique urbaine du monde arabe. Auteur, compositeur, interprète, il participe à des résidences
d’écriture et de composition en Europe, aux Etats-Unis et au Moyen-Orient où il rencontre des artistes tels que Rodolphe
Burger, RZA (Wu Tang Clan) ou Miles Copeland. En 2012, il met en scène Good Bye Schlondorff - Correspondances
sonores d'une guerre falsifiée (Centre Pompidou, Festival Banlieues Bleues ou encore le HKW, Berlin). Il collabore avec la
chorégraphe Nancy Naous et entre 2014 et 2015 ils créent ensemble Le troisième Cercle une performance/installation
questionnant la place de la danse contemporaine et des musiques actuelles dans l'Islam. Depuis 2014 il revisite
également avec la vidéaste libanaise Randa Mirza les chansons populaires et le cinéma du monde arabe sous forme de
concert visuel dans Love and Revenge.
Magali Caillet-Gajan
Danseuse et assistante chorégraphe de Boris Charmatz et Maud Le Pladec. Après des débuts dans le monde du cabaret et
de la télévision, un passage chez AngelinPreljocaj, Magali Caillet danse et assiste la compagnie DCA pour Phillippe
Découflé, travaille avec les Carnets Bagouet, Christophe Haleb, Olivia Grandville, Kitsou Dubois, Odile Duboc et Mathilde
Monnier.
Bénédicte Jolys
Son champ d’action comprend la danse, le théâtre, les arts plastiques. Elle est diplômée de l’École des Beaux-Arts de
Rennes (DNAP, 2000) et de L’ENSATT (scénographie, 2004). Parallèlement à ces deux formations, de 1998 à 2004, elle
participe à plusieurs créations collectives de performances plastiques et chorégraphiques et assiste différents plasticiens.
Elle fait la réalisation et la captation d’images vidéo pour des créations chorégraphiques. Depuis 2004, elle travaille
souvent en tant que scénographe avec des auteurs-metteurs en scène (Alexis Fichet, Marine Bachelot, Gianni-Gregory
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THÉÂTRE DIJON BOURGOGNE
CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL
Fornet). Elle est scénographe du Théâtre Folle Pensée pour le projet Pièces d’identités conçu par Roland Fichet qui la
conduit à faire une tournée en Afrique de l’Ouest (conceptions et réalisations sur une dizaine de textes) et a travaillé pour
l’auteur nigérien Alfred Dogbé. Elle a collaboré dernièrement avec Myriam Marzouki, Christine Letailleur, Charline Grand,
Marie-Laure Crochant, Julien Lacroix, Dany Simon, Coraline Cauchi, Simon Le Moullec, essentiellement sur des textes
d’auteurs contemporain. Depuis 2004 elle poursuit une collaboration continue avec le collectif Lumière d'Août
Éric Soyer
Après des études autour des architectures éphémères à l’Ecole Boulle, il conçoit des scénographies et des éclairages
pour de nombreux metteurs en scène et chorégraphes sur les scènes d’Europe. Il signe plusieurs collaborations depuis
2006 avec Hermès pour qui il crée les espaces lumineux des spectacles du Salon de Musique, pièces musicales et
chorégraphiques uniques. Il entame une collaboration avec l’écrivain, metteur en scène Joël Pommerat en 1997 qui se
poursuit aujourd’hui autour de la création d’un répertoire de vingt spectacles de la compagnie Louis Brouillard plusieurs
fois récompensée. Il s’initie à l’art chorégraphique en 2005 avec la chorégraphe Nacera Belaza et poursuit cette
exploration entre autre avec Thierry Thieu Niang et Philippe Saire. Son activité s'élargit aussi aux arts de la rue avec le
collectif Bonheur intérieur brut et à la musique avec Jeanne Added. Il aborde l’opéra contemporain avec les compositeurs
Oscar Strasnoy, Oscar Bianchi, Daan Jansen et Philippes Boesmans. Il reçoit le prix de la critique journalistique française
pour son travail en 2008 et en 2012.
Julie Pareau
Née en 1977 elle est réalisatrice et artiste vidéaste. Sortie de l'École Supérieure des Beaux-Arts de Rennes en 2001, elle se
tourne d'abord vers l'installation vidéo et l'écriture, avant d'aborder le théâtre et la danse contemporaine à partir de 2006.
Depuis, elle alterne la réalisation de spectacles filmés avec des créations et régies vidéo pour le spectacle vivant et
poursuit ainsi une recherche autour de la mise en espace de l'image vidéo. Elle a travaillé pour Maud Le Pladec à la
réalisation du spectacle filmé de Professeur Excerpts et Démocracy. En tant que régisseuse vidéo, elle a travaillé
récemment avec Marine Bachelot, Myriam Marzouki, Didier Galas et Christian Rizzo en 2013 et David Bobée en 2012 et
2015.
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