LE TRIBUNAL SPÉCIAL POUR LA SIERRA LEONE
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LE TRIBUNAL SPÉCIAL POUR LA SIERRA LEONE
I N S T I T U T P A N A F R I C A I N D ’ A C T I O N E T D E P R O S P E C T I V E – I P A P http://ipaporg.net Contribution au Forum de Bangui « Paix – Justice – Réconciliation » Fiche technique Coordination Scientifique : Prof. Hélène TIGROUDJA, Prof. Jean-‐François AKANDJI-‐KOMBE Equipe de rédaction : Marion CHAHUNEAU, Audrey EPRINCHARD, Camara HAMEDI, Marie LUGAZ, Arnaud YALIKI LE TRIBUNAL SPÉCIAL POUR LA SIERRA LEONE La création du TSSL La résolution 13151 (2000) du Conseil de sécurité des Nations Unies demandait au Secrétaire général des Nations Unies de « négocier un accord avec le Gouvernement sierra-léonais en vue de créer un tribunal spécial indépendant ». À la suite de cela, l’Accord entre l’ONU et la Sierra Leone sur la création d’un Tribunal Spécial2 a été signé à Freetown, le 16 janvier 2002, puis ratifié par la Sierra Leone deux mois plus tard. Le mandat du TSSL Comme cela est précisé à l’article premier du Statut du TSSL3, ce dernier « est habilité à juger les personnes qui portent la plus lourde responsabilité des violations graves du droit international humanitaire et du droit sierra-léonais commis sur le territoire de la Sierra Leone depuis le 30 novembre 1996, y compris les dirigeants qui, en commettant ce type de crimes, ont menacé l’instauration et la mise en œuvre du processus de paix en Sierra Leone ». Le TSSL entre donc dans la catégorie des tribunaux internationaux hybrides, c’est-à-dire de création et de compétence à la fois internationales et nationales. La compétence du TSSL Les compétences temporelle, territoriale et personnelle du TSSL sont définies dans le cadre de son mandat. 1 http://www.trial-ch.org/fileadmin/user_upload/documents/international/SierraLeone_Resolution1315_FR.pdf https://www.icrc.org/applic/ihl/dih.nsf/Article.xsp?action=openDocument&documentId=1ADF75435D6055EBC12 56C21003D544C 3 https://www.icrc.org/applic/ihl/dih.nsf/Treaty.xsp?action=openDocument&documentId=0D909D3998AA71A9C12 56BAD0027E08F 2 IpaP w 45 Boulevard Lefebvre, 75015 Paris-‐cedex 15, France w Boite Postale 3264, Bangui, R.C.A Les deux autres paragraphes de l’article premier du Statut du TSSL précisent néanmoins que le tribunal a une compétence subsidiaire par rapport infractions commises par les membres du personnel de maintien de la paix présents en Sierra Leone, qui relèvent en premier lieu de la compétence de leur État d’origine. Cependant, si cet État n’a pas la capacité ou la volonté de mener une telle enquête ou de telles poursuites, le tribunal peut, sous réserve des conditions fixées au sein de cet article, exercer sa compétence à l’égard des personnes concernées. En outre, en vertu de l’article 7 du Statut du TSSL, le tribunal « n’est pas compétent pour juger les mineurs âgés de 15 ans au moment où l’infraction alléguée a été commise ». Cet article précise également qu’un traitement spécial doit être accordé aux personnes âgées de 15 à 18 ans au moment des faits. En effet, le conflit en Sierra Leone ayant donné lieu à la création du tribunal fut marqué par l’utilisation massive d’enfants soldats. Pour ce qui est de la compétence matérielle du TSSL, les crimes relevant de sa compétence sont les crimes contre l’humanité (article 2 du Statut du TSSL), les violations de l’article 3 commun aux Conventions de Genève et du Protocole additionnel II (article 3 du Statut du TSSL), les autres violations graves du droit international humanitaire (article 4 du Statut du TSSL) et les crimes au regard du droit sierra-léonais (listés à l’article 5 du Statut du TSSL). Le bilan du TSSL en quelques chiffres4 4 procès ont été organisés devant le TSSL. 3 affaires mettaient en cause des dirigeants de factions belligérantes, tandis que le dernier procès impliquait Charles Taylor, ancien Président du Liberia. Dans le cadre des 3 premières affaires, 8 individus ont été jugés et condamnés à des peines d’emprisonnement. Pour des raisons de sécurité, le procès de Charles Taylor s’est déroulé à La Haye, aux Pays-Bas. En 2012, le tribunal l’a condamné à 50 ans d’emprisonnement en première instance. Cette peine a été confirmée par la Chambre d’appel du TSSL. La clôture du TSSL Le TSSL a fermé ses portes en décembre 2013. Un mécanisme résiduel a alors été créé, par accord entre le Gouvernement sierra-léonais et les Nations Unies, afin de superviser les obligations du TSSL telles que la protection des témoins, les peines d’emprisonnement ou la gestion des archives du tribunal5. Liens utiles § § Statut du Tribunal spécial pour la Sierra Leone6 Site web du TSSL et de la Cour spéciale résiduelle7 4 http://www.judicialmonitor.org/archive_winter2014/sectorassessment.html http://www.judicialmonitor.org/archive_winter2014/sectorassessment.html 6 https://www.icrc.org/dih/INTRO/605?OpenDocument 7 http://www.rscsl.org/ 5 IpaP w 45 Boulevard Lefebvre, 75015 Paris-‐cedex 15, France w Boite Postale 3264, Bangui, R.C.A