2OO5 2OO6 - Théâtre de la Ville

Transcription

2OO5 2OO6 - Théâtre de la Ville
2OO5
saison
2OO6
THÉÂTRE
D A N S E
MUSIQUE
MUSIQUES
DU MONDE
La vraie liberté, c’est pouvoir toute chose sur soi.
Montaigne1
DV8, ph. J. Joyce
[…] Autant que construction, la théâtralité est
interrogation du sens 2.
Des auteurs vivants : Joël Jouanneau, déjà
coté, Fabrice Melquiot et Martin Crimp, le vent
en poupe, Johny Brown et Lee Hall, encore
inconnus en France, Peter Handke, fort justement célèbre, ici avec une pièce sans parole
mise en scène par son ami Mladen Materic.
Des auteurs contemporains : Jean Audureau,
enfin, Eugène Ionesco, Friedrich Dürrenmatt,
encore, avec les reprises pour cause de
triomphes de Rhinocéros et de La Visite de la
vieille dame.
Un seul auteur classique, le plus grand :
Shakespeare, mais adapté par Jean-Michel
Déprats, pour être chanté sur la musique de
Lewis Furey.
Des poètes, et non des moindres : Arthur
Rimbaud et ses Illuminations-Coloured plates,
Federico García Lorca et son magnifique
Llanto por Ignacio Sánchez Mejías, mis en
musique par Vicente Pradal et en scène par
Michel Rostain, enfin à Paris.
la vie autrement
Saison 2004/2005 : 238 000 spectateurs.
Le public c’est le suffrage universel en art.
Jules Renard
La saison 2005/2006 débute le 16 septembre
pour se terminer le 3 juillet.
95 programmes de théâtre, danse, musique et
musiques du monde, 39 créations, 450 représentations. Une forte activité, c’est le moins
qu’on puisse exiger d’un théâtre public.
une politique
Une politique suivie, de saison en saison,
avec exigence et persévérance.
Les principes restent les mêmes, ils ont fait
leur preuve.
Aux artistes d’apporter les différences, et
peut-être la nouveauté.
Priorité aux créations, recherche systématique
des coproductions, pour permettre aux projets de se réaliser dans de bonnes conditions
et d’être bien diffusés tant à Paris qu’en province et à l’étranger.
Attention toute particulière aux découvertes,
aux confirmations, aux parcours des artistes.
Pas de politique sans un nombre important de
programmes – y compris par genre – sans
diversité, fidélité, continuité…
Liberté des artistes, mais également liberté
du public, avec les responsabilités qui en
découlent.
Bons résultats aidant, la Mairie de Paris
apporte au Théâtre de la Ville, bon an mal an,
les moyens de cette politique. C’est suffisamment rare pour mériter d’être signalé.
Je ne me trouve pas où je me cherche et me
trouve plus par rencontre que par l’inquisition
de mon jugement.
Montaigne
théâtre – bien vivant
La représentation, c’est la rencontre entre le
corps et le texte, entre le présent et le passé,
entre la durée, presque matérielle, de l’acte
théâtral et l’imaginaire, verbal, du poète.
Il faut que les mots, pour être poétiques,
soient chauds du souffle de l’âme ou humides
de son haleine.
Joubert (1754/1824)
Antonin Artaud, l’unique, le révolutionnaire,
sous le regard admiratif et reconnaissant de
David Ayala.
Des metteurs en scène : une véritable équipe,
attachante et attachée au Théâtre de la Ville :
Emmanuel Demarcy-Mota, Dan Jemmett,
Omar Porras, Michel Raskine, Thierry De
Peretti, Michel Didym. Deux nouveaux,
Christophe Rauck et Serge Tranvouez.
Des comédiens : plus de 100 comédiens pendant la saison 2005/2006.
Des troupes : pas moins d’une quinzaine de
comédiens pour Katherine Barker et Marcia
Hesse aux Abbesses.
Des acteurs rares : Romane Bohringer, Denis
Lavant, Marief Guittier, David Ayala, Hugues
Quester, Serge Maggiani, Alain Libolt, sans
lesquels certaines pièces n’étaient pas
jouables.
danse – en bonnes compagnies
40 programmes, 26 créations, 203 représentations.
De saison en saison, c’est un peu l’histoire de
la danse qui s’écrit ou se répète.
La nouveauté, selon le mot de Stravinski, ne
saurait être « que la recherche d’une place
fraîche sur l’oreiller ». La place fraîche se
réchauffe vite, et la place chaude retrouve sa
fraîcheur.
Jean Cocteau
Des artistes, parmi les plus grands, que le
Théâtre de la Ville a fait connaître et qui ont fait
sa réputation :
Pina Bausch, Anne Teresa De Keersmaeker,
Sasha Waltz, Sankai Juku.
Toujours en forme, après avoir bousculé la
danse dans les années 80, maturité en plus :
Angelin Preljocaj, Maguy Marin, Odile Duboc.
Deux événements : Alain Platel de retour à la
maison avec la création des Vêpres de
Monteverdi, Sidi Larbi Cherkaoui et Akram
Khan, en duo.
Les créations attendues de DV8, Meg Stuart,
Marie Chouinard, Wim Vandekeybus.
La virtuosité du mouvement à l’honneur avec,
pour la première fois à Paris, Garry Stewart et
l’Australian Dance Theatre.
Vera Mantero et Robyn Orlin ensemble pour
un solo.
Des reprises pour cause de triomphes :
D’avant de Sidi Larbi Cherkaoui et ses amis,
La Chambre d’Isabella de Jan Lauwers, Bâche
de Koen Augustijnen, Quando l’uomo principale è una donna de Jan Fabre.
Des re-créations emblématiques : Sécheresse
et pluie de Ea Sola, Graine de cumquat de
Sankai Juku, Noces d’Angelin Preljocaj,
Docteur Labus de Jean-Claude Gallotta par
les jeunes danseurs de l’excellent Ballet de
Lorraine.
Hors les murs, dans des théâtres amis, pour
des lieux plus appropriés à leurs projets
actuels : François Verret et Josef Nadj en solitaires, Rachid Ouramdane, Boris Charmatz,
Christian Rizzo, Peeping Tom.
Deux projets « hors norme » : la rencontre
d’Emio Greco avec Hanspeter Kyburz, et celle
de Maria-Kiran avec Bach.
Les Abbesses, un écrin pour la danse indienne et le flamenco : Alarmel Valli et
Madhavi Mudgal, ensemble, Priyadarsini
Govind et Mercedes Ruiz, pour la première
fois.
L’inclassable et passionnant Wayn Traub pour
la suite de sa saga entre opéra, cinéma et
chanson, avec trois pièces : Maria Dolorès,
Jean-Baptiste, un récital-performance de
Jean-Baptiste/Wayn Traub avec 30 musiciens.
46 concerts de musique et musiques du
monde.
musique – l’excellence
Une politique d’interprètes – des programmes
choisis en toute liberté – des jours et des
horaires stimulants, samedis à 17h – des prix
imbattables, “passeport musical” à 10 euros
la place – une fidélité réciproque.
Les cordes sont à l’honneur : le violon avec
Gil Shaham, Fabio Biondi, Midori – le violoncelle avec Miklós Perényi, ici chez lui, Truls
Mørk, pour la première fois – deux concerts
uniques : le Quatuor Takács et l’Ensemble
Musikás
pour
Bartók,
Frank
Peter
Zimmermann et Christian Zacharias pour
Mozart – le piano avec Dezsö Ránki, pour son
13e passage – Café Zimmermann, de retour –
les amis Californiens du Kronos Quartet et
New-Yorkais de Bang on a can all-stars, pour
leurs dernières créations – un concert “3 en
1”, qui a révélé tant d’artistes, avec la flûtiste
Alexandra Grot, le pianiste Peter Laul et le
Quatuor Ebène.
Les richesses musicales de l’Inde, de l’Iran,
du Pakistan toujours sans limite.
Quelques nouvelles destinations : le Liban
avec Ghada Shbeir (chant) – la Bosnie avec
Ljiljana Buttler (chant) – Zanzibar avec
Ikhwani Safaa Musical Club – le Yémen avec
les chants et danses de la Tihama – la Libye
avec l’Ensemble de Malouf de la Grande
Jamahiriya – le Bangladesh avec Farida
Parveen (chant) – l’Arménie avec l’Ensemble
Shoghaken – le Maroc avec l’Ensemble Ibn
Arabi – la Chine avec Liu Fang (pipa).
Á signaler tout particulièrement : le duo sitarviolon de Purbayan Chatterjee & Kala Ramnath
– le chant khyal de Kaushiki Chakrabarty – le
saxophone de Kadri Gopalnath.
C’est l’heure pour le guitariste et compositeur
Kurt Rosenwinkel (jazz).
pas de droits sans obligations
Le droit à la culture, c’est purement et simplement la volonté d’y accéder. André Malraux
Des prix de place très accessibles.
Des formules d’abonnement individuel ou
relais très simples et aux multiples avantages.
Un journal (4 numéros par saison) et un site
internet pour une information juste et de
qualité. Choisir un spectacle, assister à une
création, se prépare, comme se prépare un
voyage.
Une équipe compétente, expérimentée, attentive, pour vous conseiller, vous renseigner,
vous servir.
amitié, fidélité et engagement
Des associés à la production et la diffusion,
des amis : Le Festival d’Automne à Paris, le
Centre Pompidou, le Théâtre de la Cité
Internationale, le Théâtre Paris-Villette, le
Théâtre de la Bastille.
Des partenaires à l’écoute et en soutien :
France Inter, France Musiques, France
Culture, FIP, RFI et Mondomix.
Des acteurs de la vie culturelle : les relais, les
enseignants, les abonnés – merci à eux. À
Paris, dans une grande salle, sans un engagement préalable du public sur des projets,
pas de créations, pas de découvertes, pas de
risques artistiques.
allumez le feu
La poésie est à la vie ce qu’est le feu au bois.
Elle en émane et la transforme. Pierre Reverdy
Venez, avec les artistes invités, allumer le feu
pour l’espace de quelques instants, voir la vie
autrement.
L’intimité et l’excellente acoustique des
Abbesses au service de la flûte de Barthold
Kuijken, la guitare de Filomena Moretti, les
harpes de Janá Bouskova et Marie-Pierre
Langlamet, le clavecin de Céline Frisch, et les
cordes du jeune Quatuor Tetzlaff.
musiques du monde
– une place de choix
Une image de marque forte et belle, tant en
France qu’à l’étranger – des programmes
indispensables à la vie culturelle de Paris.
le directeur
Gérard Violette
Jacques Rigaud, À propos, Grasset.
Bernard Dort, La Représentation émancipée, Actes
Sud.
1
2
THEATRE
AU THEATRE DE LA VILLE
RHINOCÉROS
reprise
Eugène Ionesco
Emmanuel Demarcy-Mota
ANTOINE ET CLÉOPÂTRE
Shakespeare
création
Lewis Furey
L’HEURE OÙ NOUS NE
SAVIONS RIEN L’UN DE
L’AUTRE
création
Peter Handke
Mladen Materic
KATHERINE BARKER
Jean Audureau
Serge Tranvouez
ILLUMINATIONS –
COLOURED PLATES
Arthur Rimbaud
Thierry de Peretti
FACE DE CUILLÈRE
Lee Hall
Michel Didym
création
création
création
THEATRE HORS LES MURS
AUX ABBESSES
WILLIAM BURROUGHS
SURPRIS EN POSSESSION DU
CHANT DU VIEUX MARIN DE
SAMUEL TAYLOR COLERIDGE
Johny Brown
création
Dan Jemmett
AU THEATRE PARIS-VILLETTE
TOTO LE MÔMO
d’après Antonin Artaud
David Ayala
Jacques Bioulès
et Lionel Parlier
LA VISITE DE LA VIEILLE DAME
Friedrich Dürrenmatt
Omar Porras
reprise
MARCIA HESSE
création
Fabrice Melquiot
Emmanuel Demarcy-Mota
MÈRE & FILS,
création
COMÉDIE NOCTURNE
Joël Jouanneau
Michel Raskine
GETTING ATTENTION
Martin Crimp
Christophe Rauck
création
LLANTO POR IGNACIO
SÁNCHEZ MEJÍAS
Federico García Lorca
Vicente Pradal
Michel Rostain
CINEMA/OPERA/CHANSON
AU THEATRE DE LA VILLE
WAYN TRAUB
Maria Dolorès
Jean-Baptiste le spectacle reprise
Jean-Baptiste le récital création
Rhinocéros
reprise d’un triomphe
EUGÈNE IONESCO
EMMANUEL DEMARCY-MOTA
DU 12 AU 26 JANVIER
mise en scène Emmanuel Demarcy-Mota
assistant à la mise en scène
Christophe Lemaire
scénographie Yves Collet
avec la collaboration de Michel Bruguière
lumières Yves Collet
avec la collaboration de Sébastien Marrey
musique Jefferson Lembeye
avec Walter N’Guyen et Arnaud Laurens
travail corporel Marion Levy
avec Anne Mousselet
costumes Corinne Baudelot
masques Mirjam Fruttiger
accessoires Laurent Marquès-Pastor
maquillages Catherine Nicolas
collaboration artistique François Regnault
conseillère littéraire Marie-Amélie Robilliard
avec Hugues Quester, Serge Maggiani,
Valérie Dashwood, Charles-Roger Bour,
Sandra Faure, Gaëlle Guillou, Céline Carrère,
Stéphane Krähenbühl, Jauris Casanova,
Philippe Demarle, Cyril Anrep,
Pascal Vuillemot, Benjamin Egner,
Sarah Karbasnikoff, Olivier Leborgne
Créé au Théâtre de la Ville
du 20 septembre au 8 octobre 2004.
Le calme routinier d’une petite ville se trouve
balayé par l’apparition de rhinocéros, animal
fantasmagorique, en qui, progressivement,
les habitants se métamorphosent. Tous sauf
un, naïf alcoolique, double et porte-parole de
Ionesco… Lorsque Emmanuel Demarcy-Mota
entreprit de monter Rhinocéros, plusieurs
s’étonnèrent : qu’est ce qu’un garçon de trente ans pouvait bien trouver à cette fable, rarement jouée, qui raconte un monde disparu.
Car après tout, les dangers liés aux totalitarismes dénoncés ici par Ionesco ont fait place
à d’autres. Ce sont justement ces “autres” que
le trentenaire a su découvrir, et d’abord le formatage presque inévitable imposé par le jeu
social. Et comme il possède le don de faire
vibrer la machine théâtrale, y compris les
comédiens, les spectateurs entrent dans ce
labyrinthe infini, et puis y pensent, longtemps.
[…] Emmanuel Demarcy-Mota connaît bien
son Ionesco ; au plus fort de l’angoisse, l’auteur, souvent, rit […] Il rit, ici, dans cette métaphore écrite à la fin des années 50, au cœur
de la guerre froide, créée en 1960 par JeanLouis Barrault, et qui décrit un monde que
l’idéologie totalitaire – communiste, Ionesco
venait de Roumanie, ou fasciste, la guerre
était encore toute proche – gangrène comme
une inéluctable glaciation […]
A.C, Les Échos
[…] Il est là le talent premier d’Emmanuel
Demarcy-Mota. Il sait lire. Il n’a pas peur. C’est
un meneur. Un chef. Sa lucidité est magnifique. C’est bien plus que l’intelligence des
textes, la maîtrise du plateau. C’est un don qui
ruisselle sur la scène en mouvements harmonieux […]
Armelle Héliot, Le Figaro
[…] Prenons Rhinocéros. On y vit d’abord une
fable brechtienne, donc politique, qui dénonçait le totalitarisme hitlérien ou stalinien. Il est
vrai qu’ici la critique du totalitarisme existe,
mais ces hommes et ces femmes qui sous les
yeux de Béranger se transforment en rhinocéros, ne sont poussés ni par la terreur ni par le
fanatisme, ni même par l’intérêt, mais par la
fascination, le vertige de la conformité […] Ce
clonage universel, cette mutation généralisée.
Chacun se dépouille de soi pour être comme
tous. Il y a là une fatalité plus génétique que
sociale.
Emmanuel Demarcy-Mota, avec une intelligence extrême des ruptures, des séismes,
éclaire comme nul ne l’avait fait avant lui, ce
renversement cataclysmique où un petit
homme effrayé, éperdu, impuissant, se retrouve seul avec lui-même au cœur d’un
monde où personne ne le reflète, où tout le
désavoue et le repousse, l’enferme dans la
prison de la solitude […]
Pierre Marcabru, Le Figaro
[…] L’allégorie d’Ionesco est sans ornements.
Elle avance, inexorable. Elle ne dit pas
comment et pourquoi au juste chaque habitant de la ville passe personnellement aux rhinocéros, mais c’est d’autant plus fort. La
peste brune gagne d’elle-même, elle est
contagieuse, et Béranger n’est pas particulièrement armé contre, il n’a pas une volonté
spéciale, une intelligence ou une culture spéciales : il est autre, il échappe à la contagion.
La mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota
est un chef-d'œuvre. La pièce n’est certes pas
simple, et grâce à lui tout est clair, tout va d’un
seul trait […]. Il y a une étreinte magique entre
la pièce et le spectateur. C’est dû, entre autres
choses, à une implacable interprétation de
tous les acteurs, dont se détachent les trois
grands rôles, Hugues Quester (Jean), Serge
Maggiani (Béranger), Valérie Dashwood
(Daisy).
Michel Cournot, Le Monde
Eugène Ionesco
Eugène Ionesco naît en 1909 en Roumanie. En
1911, sa famille l’emmène en France, patrie de
sa mère. En 1916, son père laisse femme et
enfants, repart pour la Roumanie, se remarie.
Eugène le rejoint en 1922, apprend le roumain,
entre à l’université de Bucarest, découvre les
surréalistes, écrit dans des revues, se marie en
1936, revient en France deux ans plus tard. En
1950, il se fait naturaliser français, Nicolas
Bataille monte La Cantatrice chauve aux
Noctambules (aujourd’hui cinéma). En 1951,
Marcel Cuvelier crée La Leçon. En 1952, les
deux spectacles sont repris à la Huchette où ils
sont toujours donnés dans les mêmes mises en
scène. Ionesco écrit beaucoup (Les Chaises,
Amédée, Le roi se meurt…), il est l’auteur
incontournable, tous le recherchent, de JeanLouis Barrault (qui crée Rhinocéros en 1960) à
Roger Planchon, de Jean-Marie Serreau à
Jacques Mauclair entre des centaines d’autres.
En 1970, il est élu à l’Académie française, et
meurt en 1994.
Antoine et Cléopâtre
THÉÂTRE CHANTÉ
création
WILLIAM SHAKESPEARE LEWIS FUREY
DU 31 JANVIER AU 4 FÉVRIER
livret et musique Lewis Furey
d’après le texte de William Shakespeare
adaptation française Jean-Michel Déprats
mise en scène Lewis Furey
assistante à la mise en scène
Élaine Normandeau
décor Anick La Bissonnière
costumes
Michèle Hamel, Georges Lévesque
lumières Alain Lortie
direction musicale Stéphane Aubin
chorégraphies Claude Godin
avec Sylvie Moreau, Jean Maheux,
Renaud Paradis, Stéphane Aubin,
Roxanne Hegyesy, David Laurin,
Violaine Paradis
Antoine et Cléopâtre : drame historique de
Shakespeare qui, ce n’est plus une surprise,
reste depuis près de quatre siècles notre
contemporain, c’est-à-dire en phase avec le
monde tel qu’il se vit, quelle que soit l’époque.
Lewis Furey, librettiste compositeur et metteur
en scène, voit dans cette pièce des personnages hors du commun, qui s’aiment et se
déchirent : « La toile de fond est la montée de
l’impérialisme, de la mondialisation, et d’une
forme de despotisme familial s’étendant sur
l’ensemble connu du globe. Antoine,
Cléopâtre et Octave-César, font et défont le
monde. Leurs histoires d’amour et leur jalousie sont envahissantes, ravageuses. Nous
sommes au cœur de l’éternel conflit entre
l’Occident et l’Orient, au cœur de l’éternelle
incompréhension entre monde nouveau et
civilisation ancienne. Nous sommes dans la
chambre à coucher de Cléopâtre ».
Rome est encore une république. Un triumvirat est censé la diriger, composé de Lepide,
Antoine, et Octave-César.
« Fils adoptif de Jules César, Octave est
jeune, d’une ambition sans limites, sans scrupules. Il aime le pouvoir, s’y consacre, c’est sa
force. Antoine n’a plus d’attrait pour la politique romaine. Il tourne le dos au succès et
s’interroge sur le sens de sa vie. Cléopâtre est
une reine et une dirigeante. Diva immensément théâtrale, elle personnifie une culture
de la sensualité, de l’indépendance. Elle
repousse les frontières, les refuse toutes. »
Marc Antoine a quitté son pays pour rester
près d’elle à Alexandrie, elle qui incarne la
poche de résistance à l’expansionnisme
romain.
« Leur passion est adulte, “multi-faceted”. Ils
connaissent leurs charges, savent que de
leurs actes dépend le sort de millions de
gens… Savent qu’ils jouent leurs carrières,
leur bonheur, leur honneur, leurs vies. Cette
histoire entremêle inextricablement amour et
guerre, dans une succession de violences, de
trahisons. Effectivement le sort du monde se
joue dans le lit, et pour un baiser, Antoine s’exprime avec la solennité du tribun s’adressant
à son armée : « Ici est mon espace/Les royaumes sont argile/La fange de la terre/Nourrit
la bête et l’homme/La noblesse de la vie/est
de faire comme nous. »
Lewis Furey a fait son éducation avec les
grands opéras de Brecht et Kurt Weill, chez
Bob Fosse, Leonard Bernstein, Gershwin… Il
vient avec sa troupe montréalaise : trois musiciens, deux danseurs, six acteurs-chanteurs
(pour travailler avec lui, savoir chanter est
indispensable !). Dans un espace intemporel,
futuriste peut-être, le spectacle prend les
sonorités d’un théâtre musical aux accents
d’opéra moderne, joué d’un seul trait, concentré sur une durée de deux heures.
« J’ai travaillé le texte de Shakespeare pour en
faire sortir les enjeux familiaux, amoureux et
passionnels, l’ambition des êtres exceptionnels de se réinventer et de se surpasser, les
répercussions tragiques… Sur les extraits, j’ai
composé une partition musicale. »
Musique née du langage shakespearien,
comme une sorte de lecture parallèle et infinie. Ensuite vient la question de la musique
shakespearienne en version française, travaillée avec Jean-Michel Déprats jour après
jour, dialoguant au piano et à haute voix, cherchant le mot, le juste mot qui se fond dans le
rythme et le son.
Le livret de Lewis Furey est divisé en séquences, chacune porte un titre : L’Éternité
c’était tes lèvres, Le Temps de la paix universelle approche , Plutôt un fossé en Égypte, J’ai
rêvé d’un empereur du nom d’Antoine… Et
puis le dernier : Immortels désirs.
Lewis Furey
Né le 7 juin 1946 au Canada, Parisien intermittent depuis les années 80, enfant prodige, à
quatre ans et demi, il étudie le violon et à onze
ans joue en soliste avec l’Orchestre symphonique de Montréal. À quinze ans, il s’en va
à New York, s’inscrit à la Julliard School, section musique. À vingt ans, il est auteurcompositeur-interprète, enregistre plusieurs
albums, compose la musique de films, notamment L’Ange et la Femme (1977) Maria
Chapdelaine (1980) de Gilles Carle, avec
Carole Laure pour qui il compose une comédie
musicale, Fantastica, et dont il réalise les
vidéo-clips. Au cinéma, il met en scène Night
Magic avec Leonard Cohen. Il travaille avec la
compagnie chorégraphique La La La Human
Steps, compose la musique de Jacky Paradis
de Jean-Michel Ribes (Théâtre de la Ville,
1978), met en scène la version de Starmania
présentée au Théâtre Mogador, Victoire de la
Musique, Molière du meilleur spectacle musical
1994.
Jean-Michel Déprats
Maître de conférence à l’université de Paris XNanterre, il a traduit Le Baladin du monde occidental de Synge, Tableau d’une exécution de
Barker, L’Importance d’être constant d’Oscar
Wilde (Molière 1996 de la meilleure adaptation)
entre autres, et surtout une trentaine de pièces
de Shakespeare, comédies ou drames, dont il
sait restituer les rythmes, les sonorités, pour
Matthias Langhoff, Bernard Sobel, Georges
Lavaudant, Jean-Pierre Vincent… Et beaucoup
d’autres.
L’heure où nous ne
savions rien l’un de
l’autre
création THÉÂTRE SANS PAROLE
PETER HANDKE MLADEN MATERIC
DU 22 MARS AU 1er AVRIL
mise en scène et scénographie
Mladen Materic
lumières Bruno Goubert
costumes Bojana Nikitovic
direction musicale Vladimir Petricevic
collaboration artistique Vesna Bajcetic
30 acteurs, danseurs et musiciens
Théâtre national de Belgrade/Théâtre Tattoo
« La scène est une place ouverte dans une
lumière claire », indique Peter Handke en
ouverture de L’heure où nous ne savions rien
l’un de l’autre. Et là, déambulent, se croisent,
sautillent, trébuchent bon nombre d’individus.
Plus de cent peut-être : quelques “indéfinissables”, un Papageno à cage d’oiseleur, une
future femme d’affaires moderne… Ils s’agitent en silence. Pas un mot n’est prononcé,
n’est échangé. Terrain familier pour Mladen
Materic, inventeur d’une forme qui, sans
devoir rien au mime, ni au théâtre gestuel, ni à
la danse, ni au chant, ne passe pas par la
parole, qui se fait entendre par la stylisation
des comportements, par l’acuité des regards,
des sourires, de toutes les expressions sensibles. Depuis Le Jour de fête (1993), jusqu’à
Séquence 3 (2005) en passant par Odyssée
(1999, présenté aux Abbesses), à plusieurs
reprises on a pu remarquer que les personnages robotisés ne sont pas de son goût.
Chez lui, nous sommes face à des êtres parfaitement vivants, faibles ou forts, loufoques
ou terrifiants, ridicules ou séduisants… Des
êtres humains, proches parents de ceux rassemblés par Peter Handke, avec qui Mladen
Materic a déjà travaillé sur La Cuisine (2001).
Là, de temps en temps fusaient quelques
mots. Ici, pas un seul. Mais, minutieusement
décrite, une agitation au bord de l’affolement,
découpée en plages séparées par des
“pauses”, et qui, à partir d’un désordre plutôt
joyeux, montent progressivement vers une
sorte de folie burlesque, d’exaspération
angoissée. Pour Mladen Materic, chaque
plage correspondrait à une partie de la journée, et les heures passent, et la lumière
change, et personne n’est plus tout à fait le
même.
« Allant de l’un à l’autre, nous sommes
quelque part, entre le rien et le tout, entre
comédie et drame, entre la jeunesse avec sa
curiosité positive, et la vieillesse avec cette
capacité de relativiser les choses, que l’on
nomme sagesse. »
Il imagine Peter Handke affalé dans un café
au bord d’une place bordée d’un côté par une
grande surface, de l’autre par un marché aux
légumes, et face à un immeuble de briques
tristes.
« Il m’a parlé de cette place, je l’ai photographiée. Un endroit où passent tous les habitants du quartier. Il m’a dit aussi, quand je lui
ai demandé d’où venait son titre, qu’il a écrit
ce texte pour sa fille avant qu’elle naisse.
Comme la sonde Voyager portant vers d’éventuels extra-terrestres quelques chansons,
quelques dessins gravés sur disque, bribes
de notre culture, il envoyait son message à cet
enfant qui n’était pas là, qui était encore dans
un autre monde. »
Mladen Materic organise le chaos en suivant
au plus près le texte de Handke. Difficile de
faire autrement, si l’on ne veut pas que se
perde un déroulement dramaturgique aux
significations multiples, ruisselant d’ambiguïtés, de contradictions, et apparemment désinvolte : une sorte de jeu de piste. Avec la
troupe du Théâtre national de Belgrade, il a
cherché, chacun essayant de trouver son
propre rythme et la manière de le fondre dans
l’ensemble. Ils vont, viennent, passent, disposant de quelques secondes pour imposer une
situation, un sentiment, un état, avant de passer à tout autre chose. Par de brusques arrêts,
une tension des gestes, un moment de bascule, une hésitation anxieuse, une galopade
inattendue, se racontent les incertitudes d’une
société mal dans sa peau et rageusement
accrochée à la vie.
« Quelqu’un a dit : “le monde est irréparable”.
Si on pouvait l’améliorer, depuis tout ce
temps, ce serait fait. Mais c’est pourquoi on
continue. »
Peter Handke
Il naît en 1942, en Autriche. En 1966, sa pièce
Outrage au public provoque un scandale. En
1991, il s’installe en France où son théâtre est
régulièrement mis en scène : Le pupille veut
être tuteur créé par Philippe Adrien, La
Chevauchée sur le lac de Constance, Les gens
déraisonnables sont en voie de disparition, Par
les villages par Claude Régy. En 1992, Luc
Bondy monte à la Schaubühne de Berlin
L’heure où nous ne savions rien l’un de l’autre,
spectacle présenté au Châtelet. Pour le cinéma, il tourne La Femme gauchère en collaboration avec Wim Wenders, et co-écrit le scénario des Ailes du désir.
Mladen Materic
Dans les années 80, il fonde le Théâtre Tattoo,
et en 1984 la Scène ouverte Obala qui acquiert
rapidement une grande importance en
Yougoslavie. Dès 1986, le Théâtre Tattoo tourne en Espagne, en Italie, en Autriche, en
Allemagne. Au Festival d’Edimbourg, il reçoit le
Fringe First Award, et rencontre le directeur du
Théâtre Garonne à Toulouse, qui l’invite en
résidence. Il monte en 1993 Le Jour de fête,
donné également à Paris au Théâtre de la
Bastille (Festival d’Automne). En 1995, Le ciel
est loin la terre aussi. En 1997, Le Petit
Spectacle d’hiver, en 1999, l’Odyssée donnée
aux Abbesses. 2001 marque sa première collaboration avec Peter Handke : La Cuisine.
L’heure où nous ne savions rien l’un de l’autre,
est sa première mise en scène à Belgrade
depuis son installation à Toulouse en 1992.
Entre-temps, il a monté Séquence 3 donné à
Paris, au Centre Pompidou.
photos Roger-Viollet
2
3
photos D. Lewis, Enguerand, J. Robert
1
les auteurs
1. Arthur Rimbaud
2. Antonin Artaud
3. Federico García Lorca
4. Fabrice Melquiot
5. Johny Brown
4
6. Martin Crimp
7. Peter Handke
8. Joël Jouanneau
9. Jean Audureau
5
7
6
9
photos J.J. Kraemer, D. Boeno
8
William Burroughs surpris en
possession du Chant du vieux
marin de Samuel Taylor Coleridge
JOHNY BROWN DAN JEMMETT création
21 SEPTEMBRE AU 8 OCTOBRE
texte d’après William Burroughs Caught in
Possession of the Rime of the Ancient
Mariner de Johny Brown
traduction Marie Paule Ramo
mise en scène Dan Jemmett
assisté de Céline Gaudier
scénographie Denis Tisseraud
assisté de Jeanne-Lucie Schmutz
lumières Arnaud Jung
vidéo Bruno Deville
costumes Sylvie Martin-Hyszka
avec Carine Barbey, Denis Lavant,
Pascal Oyong-Oly… (distribution en cours)
De Shakespeare à Middleton, de Shake, version très personnelle de La Nuit des rois, à
Dog Face d’après The Changeling et Femmes
gare aux femmes, Dan Jemmett ne nous a
certes pas habitués à un théâtre tranquillement rationnel. Si aujourd’hui, il décide de
s’éloigner des auteurs élisabéthains et de
leurs extravagances, c’est pour explorer
d’autres formes d’origine plus récente, et toujours franchement allumées. Il s’agit là d’une
étrange rencontre imaginée par Johny Brown,
DJ, musicien, rocker : celle de Samuel
Coleridge et de William Burroughs. Le premier
se trouve attaché au mât d’un navire sur
lequel le second voyage (dans tous les sens
du terme) avec quelques amis pas vraiment
nets : le peintre Jean-Michel Basquiat, le guitariste punk Johnny Thunders, la féministe
Kathy Acker. Sont également de la partie : la
Mort, et la Vie dans la Mort. D’où le titre de la
pièce : William Burroughs surpris en possession du Chant du vieux marin de Samuel
Taylor Coleridge.
Dans la vision de Johny Brown, bien des
choses rapprochent les deux poètes, et
d’abord un goût affirmé pour les paradis et les
enfers artificiels. Burroughs ne s’en est jamais
caché, au contraire. Il en a fait le thème de
son œuvre. Coleridge vivait en un autre
temps, moins “libéré”. Or, explique Dan
Jemmett, il était un adepte de l’opium, qu’il
consommait sous forme de laudanum :
« Un médicament alors recommandé pour
calmer les douleurs. Les tranquillisants d’aujourd’hui étaient inconnus. Mais enfin, il est
l’un des premiers à avoir osé en parler. Pour
cette raison, il a traîné une perpétuelle culpabilité et son existence a été une torture.
« Tout part d’un poème de Coleridge, Le
Chant du vieux marin, dans lequel il est question d’un navire suivi tout au long de sa route
par un albatros. Un jour, sans aucune raison,
le vieux marin tire et l’abat. À partir de là, ses
compagnons meurent l’un après l’autre. De
plus en plus seul, et jusqu’à la plus extrême
solitude, il poursuit son chemin. Quant à
Burroughs qui par ailleurs se disait guidé par
Coleridge quand tout allait mal, il a tué sa
femme un jour dans un bar, en voulant jouer à
Guillaume Tell. Il lui a mis un verre sur la tête,
a tiré, a raté le verre. Il a écrit : “Je me vois
affreusement contraint de conclure que je ne
serais jamais devenu écrivain si ce n’était
pour la mort de Joan…” Lui non plus ne s’est
jamais pardonné.
« Je suis tombé sur cette pièce, à un moment
où je cherchais à oublier mon obsession de la
littérature élisabéthaine. J’ai éprouvé un choc
profond.
« J’avoue me sentir généralement en grande
difficulté devant le théâtre contemporain.
Seulement, je connais Johny Brown, nous
avons travaillé ensemble à plusieurs reprises.
J’ai été immédiatement emballé par la manière dont il a organisé le dialogue des deux
langages, celui de Coleridge, celui de
Burroughs. »
On peut faire confiance à Dan Jemmett,
entraîné par Denis Lavant (Burroughs), pour à
son tour “organiser” le choc des deux univers
flamboyants :
« J’ai le sentiment qu’avec son côté déjanté et
son impeccable précision, il va apporter au
personnage de l’authenticité, une innocence,
une forme de tendresse. »
Johny Brown
Né en 1961 à Newcastle, il vit à Londres, participe au groupe rock The Band of Holy Joly,
avec lequel il a enregistré plusieurs albums
pendant les années 80-90, et tourné principalement en Europe, en Russie, aux États-Unis. Il
est également programmateur et présentateur
de radio, auteur dramatique pour le groupe itinérant Underground Utopia, qui en 2002 crée à
Glasgow, William Burroughs caught in possession of the Rime of the Ancient Mariner. À plusieurs reprises il a collaboré avec Dan
Jemmett, notamment sur Quartet de Heiner
Müller.
William Burroughs
Né en février 1914 dans le Missouri, il grandit à
Chicago, puis s’en va à New York où il
rencontre Allen Ginsberg, Jack Kerouac. La
beat generation est là, pour qui contestation et drogue ne font qu’un. Ce qui amène Burroughs
à voyager, surtout en Amérique latine, et à
Tanger où il écrit Le Festin nu, son œuvre maîtresse. Toujours “accro”, il meurt à 83 ans d’une
crise cardiaque.
Dan Jemmett
Né en 1967 à Londres. Son père, marionnettiste, a tenu une grande place dans sa vie, y
compris professionnelle. Après avoir suivi son
exemple et essayé les marionnettes, avec la
troupe Primitive Science dont il est cofondateur, il joue Brecht entre autres, et fait
connaître Heiner Müller. À Londres, au Young
Vic, il met en scène un Ubu de Jarry, repris en
2000 en version française à Paris. En 2002,
aux Abbesses, Shake d’après Shakespeare et
La Nuit des rois, (prix de la révélation du
Syndicat national de la Critique) font découvrir
son talent pour plonger sans bouée dans les
plus folles extravagances élisabéthaines.
Talent confirmé, toujours aux Abbesses, avec
deux adpatations de Middleton : en 2003 Dog
Face, en 2004 Femmes gare aux femmes.
La Visite de la vieille
dame
reprise d’un triomphe
FRIEDRICH DÜRRENMATT OMAR PORRAS
DU 18 AU 30 OCTOBRE
traduction Jean-Pierre Porret
mise en scène Omar Porras
assistants à la mise en scène
Domenico Carli, Joan Mompart
scénographie Fredy Porras, Omar Porras
décors Fredy Porras
masques Fredy Porras, Isabelle Matter
costumes Maria Gálvez, Omar Porras
lumières Mathias Roche
musique et univers sonore José-Luis Asaresi,
Andrés García, Ludovic Guglielmazzi,
Omar Porras
avec Claude Barichasse, Jean-Marc Bassoli,
Séverine Blanc, Francisco Cabello,
Camille Figuéréo, Stéphanie Gagneux,
Philippe Gouin, Fabiana Medina,
Alexandre Vigouroux, Omar Porras,
Hélène Seretti
Présenté aux Abbesses du 27 avril au 15
mai 2004.
Ma sorcière bien aimée, Tel un messie maléfique, La Parade des âmes en peine, Petit
meurtre entre amis…
Quelques titres, parmi ceux des nombreux
articles qui ont accompagné la Vieille Dame
en sa visite, depuis la venue du spectacle
d’Omar Porras la saison dernière aux
Abbesses. Cette dame qui, immensément
riche et maintes fois veuve, retrouve le village
où elle fut jeune et pauvre, d’où, séduite et
abandonnée, elle fut chassée, que par vengeance, elle a ruiné. Mais sa vengeance, elle
ne l’a pas totalement savourée. À ses anciens
bourreaux, elle va proposer un terrible marché… Depuis sa création, la pièce a été montée partout, dans toute la France et au-delà, la
version Omar Porras a stupéfié, enthousiasmé, a fait surgir bien des réflexions, bien des
émotions, et l’envie de les partager.
[…] Féroce et sublime histoire d’amour que
cette Visite de la vieille dame, du Suisse
Friedrich Dürrenmatt (1921-1990) créée en
1956, et interprétée depuis par les plus
grandes actrices. C’est pourtant en travesti,
avec masques et bergamasques, que l’incarne lui-même, sur le mode grotesque, le
metteur en scène colombien Omar Porras. Et
par on ne sait quelle “farcesque” alchimie, la
fable tout entière, montée en très morbide
commedia dell’arte, nourrie en permanence
d’un luxuriant baroque latino-américain, n’en
est que plus terrible, retrouve les accents de
la tragédie antique […]
Fabienne Pascaud, Télérama
Une grande fête des morts. Une mascarade
grinçante dans les éclats de cuivres. Il fallait
l’intelligence et l’audace d’Omar Porras pour
entendre sous la surface polie de la comédie
de mœurs, la sarcastique férocité, la couleur
criarde, l’outrance […]
Armelle Héliot, Le Figaro
[…] L’outrance est probablement le seul langage raisonnable pour rendre compte d’une
histoire aussi effroyable : le consentement de
toute une communauté humaine à la mise à
mort d’un villageois, dans le seul but de récupérer une fortune. Dürrenmatt dénonce la
cupidité des hommes, et surtout ce mal
contemporain qui tend à fondre la responsabilité individuelle dans l’immunité collective
[…]
Frédérique Meichler, L’Alsace
[…] Omar Porras, servi par des comédiens
parfaits, invente pour cette sarabande grotesque de l’irresponsabilité et de la culpabilité, de la trahison et de la vengeance, de la
compromission avec l’ordre matériel des
choses et de l’absence d’idéal, des images
splendides […] Il met en scène en grand illusionniste l’illusion fatale d’une époque – la
nôtre – qui sème la mort au nom de la justice
et du progrès. Et la frappe est d’autant plus
forte qu’elle porte les masques du théâtre.
Fabienne Darge, Le Monde
[…] Ces masques qui collent au visage,
appuyés par des costumes qui surlignent les
traits de caractère, ouvrent grandes les portes
à une pantomime à l’ironie grinçante de pantins désarticulés par un tragique d’où le divin
a été irrémédiablement chassé par le tout
pouvoir de l’argent […]
Vincent Pion, Le Quotidien de la Réunion
[…] Jadis on a pu voir dans La Visite de la
vieille dame les prémices de la société de
consommation contaminant l’Europe qui relevait ses ruines. Porras, lui, en revient purement et simplement à la mère, « La femme,
dit-il, sans laquelle nous ne sommes rien ».
C’est vrai, après tout, surtout pour lui car, de
son propre aveu, sa mère dut, elle aussi, en
semblables circonstances quitter son village
natal. Une telle implication affective est rare.
[…] Il y a là, au fond, une gravité qui excède
le seul enjeu du théâtre, une revanche par le
fils interposé.
Jean-Pierre Léonardini, L’Humanité
Omar Porras
C’est à Bogota, que fasciné par le cérémonial
baroque des messes colombiennes, il choisit le
théâtre et fait son apprentissage de comédien.
Dans les années 80, il tente l’aventure parisienne, gagne sa vie avec des spectacles de
marionnettes dans le métro. Puis il se fixe à
Genève où il fonde le Teatro Malandro, avec
lequel il monte en 1993 la première version de
La Visite de la vieille dame, de Dürrenmatt, qui
le fait connaître en France. Suivent Noces de
sang de García Lorca présenté en 1999 aux
Abbesses, de même que l’année suivante les
Bakkantes, et en 2004, la seconde version de
La Visite de la vieille dame et L’Histoire du soldat. Au Théâtre de la Ville, il a présenté Ay !
Quixote en 2002, et El Don Juan en 2005.
Marcia Hesse
création
FABRICE MELQUIOT
EMMANUEL DEMARCY-MOTA
DU 9 AU 26 NOVEMBRE
mise en scène Emmanuel Demarcy-Mota
assistant à la mise en scène
Christophe Lemaire
collaboration artistique François Regnault
scénographie Yves Collet
avec la collaboration de Michel Bruguière
création sonore Jefferson Lembeye
costumes Corinne Baudelot
maquillages Catherine Nicolas
environnement image Alain Paul Mallard
avec Alain Libolt, Philippe Demarle,
Benjamin Egner, Louis Arene,
Marie Armelle Deguy…
(distribution en cours)
La quatrième pièce de Fabrice Melquiot que
monte Emmanuel Demarcy-Mota (après Le
Diable en partage, L’Inattendu et Ma vie de
chandelle présenté en 2004 aux Abbesses)
porte un nom de femme : Marcia Hesse. Et
cette femme encore toute jeune est morte.
Son fantôme parcourt la villa au bord de la
mer où, pour célébrer à la fois ce qui aurait dû
être son anniversaire et les fêtes de fin d’année, se réunit sa famille. Une famille d’aujourd’hui, au sens large du terme. Plutôt une tribu,
composée des parents proches et collatéraux, plus quelques amis. Treize en tout.
Histoire de conjurer le sort, à table il y aura
son chapeau à elle, Marcia.
L’histoire du théâtre est faite d’histoires de
familles, et celle-ci ne faillit pas à la tradition.
Elle arrive dispersée, et dans le temps compté
de ce rituel factice, essaie à toute force de se
sentir unie. Et puis bien entendu, elle se
déchire à belles dents, mais sans haine, avec
une réjouissante vitalité. Comme souvent chez
Fabrice Melquiot, la famille se trouve en butte
à la violence extérieure : la guerre dans Le
Diable en partage ; la mainmise des regards
virtuels sur la vie privée dans Ma vie de chandelle ; ici, une tempête qui isole la villa du
monde. Le genre de huis clos qu’aime le
théâtre, mais bousculé par l’intrusion du fantastique, par l’invisible présence de Marcia.
Elle est là dans leurs pensées à tous, ils ne
peuvent s’en détacher.
Alors, il ne s’agit plus d’un souvenir supplémentaire des Atrides ou de La Noce chez les
petits-bourgeois, chef-d’œuvre burlesque de
Brecht tant imité, mais d’une écriture qui, dans
sa construction même, définit le caractère
singulier de la famille, et de chacun de ses
membres.
Les répliques sont brèves, comme si tous se
connaissaient suffisamment pour ne pas avoir
besoin de préciser les arrière-plans. Chacun
sait de quoi l’autre parle. Ce qui ne les empêche pas de glisser sur la pente de ces mensonges dont personne n’est vraiment dupe. Et
c’est l’un des points qui touchent Emmanuel
Demarcy-Mota (voir sa mise en scène des Six
Personnages en quête d’auteur de Pirandello
en 2001).
« C’est dans le mensonge, dans la reconstruction des vérités particulières que le théâtre
devient intéressant. Pendant toute la représentation, cette famille, lourde de ses secrets,
de ses non-dits, tente de se reconnaître, de
trouver son identité pour parvenir à “faire son
deuil”. Mais est-ce possible, en groupe ? Estce que le deuil peut être partagé ?
« Tous s’agitent autour de la table, se
comportant le plus banalement du monde.
Mais le fantastique, le fantasme s’insinue. Dès
le début, ils se préparent à déguster des
coquillages, qui deviennent des “êtres entre la
vie et la mort”, à dévorer. Et la femme qui est
là, que personne ne peut, ne veut voir, et qui
les hante, c’est la Mort.
« “La Mort n’a pas de phrase”, ils ne peuvent
pas en parler, ne peuvent pas dire l’essentiel.
Ils tournent autour du pot, ils se tiennent là,
comme autour d’un grand trou. Comme lorsqu’on creuse un puits. On creuse la terre, on
guette, on regarde l’eau monter, on reste là,
attentifs, pour tout de suite construire la paroi
de briques, ce doit être immédiat, sinon l’eau
s’échappe. Et comme ça, en attendant, on
parle de tout et de rien.
« Ils sont là, réunis pour un souper en souvenir de Marcia, et vont s’en aller. Ils n’en ont pas
envie, n’en ont pas vraiment la force, ne
peuvent pas faire autrement, c’est elle qui les
oblige. Elle l’a écrit avant de mourir, et la mère
va transmettre son vœu, ses ordres. »
Ils s’en vont dans la tempête. Ce n’est pas une
fin, c’est un commencement peut-être. L’adieu
au deuil.
Fabrice Melquiot
C’est à la Compagnie des Millefontaines
qu’Emmanuel
Demarcy-Mota
rencontre
Fabrice Melquiot, alors comédien. Il a vingtdeux ans (il est né en 1972) et déjà il écrit, en
direction des jeunes publics : Les Petites
Mélancoliques, Les Jardins de Beamon. Peu à
peu, l’écriture occupe tout son temps. Il retrouve Emmanuel Demarcy-Mota qui monte Le
Diable en partage (prix du Nouveau Talent de la
SACD, prix Jean-Jacques Gautier du Figaro,
révélation de l’année pour le Syndicat de la
Critique) et L’Inattendu au Théâtre de la Bastille
puis à la Comédie de Reims dont il vient d’être
nommé directeur, où il fait venir Fabrice
Melquiot comme auteur associé, où il crée
Marcia Hesse. Il n’est pas le seul à s’intéresser
à cette écriture, traduite en allemand, en espagnol, en italien. En 2003, pour la première fois
la Comédie-Française présente un spectacle
pour jeunes publics, et c’est Bouli Miro de
Fabrice Melquiot.
Emmanuel Demarcy-Mota
En 1989, naît au lycée Rodin, par la volonté
d’Emmanuel Demarcy-Mota, fils de metteur en
scène et de comédienne, la Compagnie
Millefontaines. Après avoir affronté Ionesco,
Pirandello, Wedekind, elle poursuit avec
Léonce et Lena de Büchner au TCA d’Aubervilliers. En 1997, en résidence au Forum culturel du Blanc-Mesnil, elle crée Peine d’amour
perdue de Shakespeare dans une traduction
de François Regnault avec qui travaille alors
Emmanuel Demarcy-Mota, notamment sur Six
Personnages en quête d’auteur, créé en 2001
au Théâtre de la Ville. En 2002, nommé à la
Comédie de Reims, il y fait venir, en tant qu’auteur associé, Fabrice Melquiot dont il monte Le
Diable en partage et L’Inattendu, Ma vie de
chandelle (présenté aux Abbesses) et trois
monologues. En 2004, il retrouve Ionesco,
Rhinocéros, et le Théâtre de la Ville.
photos Enguerand, E. Manuel, X. DR
1
2
photos J.-P. Lozouet, M. Del Curto
3
4
5
photos Enguerand
les metteurs en scène
1. Emmanuel Demarcy-Mota
2. Michel Rostain
3. Mladen Materic
4. Omar Porras
5. Christophe Rauck
6. Michel Raskine
7. Serge Tranvouez
8. Dan Jemmett
9. Michel Didym
10.Lewis Furey
11.Thierry de Peretti
7
photos J.-P. Lozouet, Enguerand, H. Rosentalski
6
8
9
Mère & Fils,
comédie nocturne
création
JOËL JOUANNEAU MICHEL RASKINE
DU 30 NOVEMBRE AU 17 DÉCEMBRE
de Joël Jouanneau
mise en scène Michel Raskine
décor Stéphanie Mathieu
costumes Josy Lopez
lumières Julien Louisgrand
avec Marief Guittier, David Mambouch,
Michel Raskine, Christian Ruché
Mère & Fils, comédie nocturne, commande de
Michel Raskine, metteur en scène, à Joël
Jouanneau, également metteur en scène,
mais en l’occurrence uniquement auteur. Leur
seconde expérience commune, après Kiki
l’Indien, comédie alpine en 1989. Entretemps, en 1998, Olivier Py avait répondu au
défi avec Théâtres – d’ailleurs présenté aux
Abbesses en 2000. Pourquoi une commande,
alors que les textes inédits ne manquent pas,
et qu’elle oblige à s’engager avant de savoir si
le résultat va correspondre à l’attente ?
D’abord Michel Raskine s’engage sur des
auteurs avec lesquels il peut s’entendre.
Ensuite, il obéit à une sorte de pulsion, de
besoin à un moment donné d’aller vers l’inconnu. Un inconnu balisé, certes, mais qui
sait ?
« Évidemment, ce risque existe toujours.
Seulement comme je n’ai ni de goût ni de
capacité pour l’écriture, j’évite au moins la tentation de me faire écrivain par procuration. Je
m’adresse à des gens qui connaissent mon
travail et je leur demande : “Est-ce que ça t’intéresserait d’écrire pour moi ? Et pour tels
acteurs ?” Car ils sont, je m’en rends compte,
au cœur de chacun de mes projets, quel qu’il
soit. »
Naturellement, en premier lieu, Michel Raskine
pense à Marief Guittier : elle est exceptionnelle. Et puis ils travaillent ensemble depuis
toujours, depuis le temps – les années 80 ! –
où ils appartenaient à la Salamandre de
Gildas Bourdet, Centre dramatique du Nord :
« Le cas de Marief est particulier. Notre relation de travail ne cesse de me surprendre, à
tous points de vue. Jamais je n’aurais imaginé
assumer une telle continuité professionnelle.
Qu’au jour d’aujourd’hui nous ne ressentions
aucune lassitude est tout de même étonnant.
Peut-être parce que de Jean-Paul Sartre à
Nathalie Sarraute en passant par Manfred
Karge ou Dea Loher, Marguerite Duras ou
Robert Pinget, ensemble nous avons exploré
des auteurs vraiment différents ! Et puis il lui
arrive de travailler avec d’autres, et justement
Joël Jouanneau pour qui elle a joué J’étais
dans ma maison… de Jean-Luc Lagarce, au
dernier Festival de Bussang.
« De mon côté, j’ai toujours envie de connaître
de nouveaux acteurs, l’une des raisons pour
lesquelles j’aime bien travailler à l’ENSATT
(École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre). C’est formidablement revigorant. Donc, comme dernier exercice de la
dernière promotion, j’ai monté Atteintes à sa
vie de Martin Crimp. J’ai remarqué un élève,
David Mambouch, à ce moment charnière
entre école et “vraie vie”. Il doit avoir dans les
vingt-deux ans, garde un aspect extrêmement
juvénile, et en même temps témoigne d’une
réelle maturité. M’est apparu que le théâtre
permet de façon flagrante la rencontre entre
deux générations, entre mère et fils, leur jonction, leur affrontement, quelque chose d’inévitable, de fatal.
« Alors quoi ? Hamlet ? C’est trop tôt, et je n’ai
pas voulu examiner la liste des pièces traitant
de ce thème. Donc, j’ai pensé à Joël
Jouanneau. Dans l’idée peut-être de prolonger et renouveler notre épatante expérience
commune sur Kiki l’Indien qui parlait entre
autres, d’une femme et de son gosse. Nous
nous sommes demandés : qu’auraient-ils pu
devenir ? Non pas qu’ils reprennent le fil de
leurs aventures passées. Pas du tout. Ils ont
été longtemps séparés, se retrouvent, et plus
tard arrive le père.
« Entre eux, il y a un secret. Qui dit retrouvailles dit règlement de comptes. Le temps
d’une nuit, on joue du piano, de l’accordéon,
on se fait la guerre, on tue quelque chose, le
passé, le présent… Et puis la nuit s’achève et
c’est le point du jour. Que va-t-il se passer ? »
Joël Jouanneau
Journaliste, prisonnier à Beyrouth, gardé par
un enfant, de retour en France, il écrit Nuit
d’orage sur Gaza, et se dirige particulièrement
vers le théâtre pour jeunes publics : Kiki l’Indien
(1989), Mamie Ouate en Papouasie (1990). En
1981, il découvre David Warrilow au TGP de
St-Denis dans Le Dépeupleur de Beckett,
monte avec lui En attendant Godot, La
Dernière bande (1992) et aussi L’Hypothèse
(1987) L’Inquisitoire (1992) de Pinget, Les
Enfants Tanner d’après Walser, entre beaucoup d’autres. Nommé en 1989 artiste associé
au Théâtre de Sartrouville, puis en 1999 codirecteur de Heyoka Jeunesse, et en 2001 du
théâtre devenu centre dramatique national, il y
reste jusqu’en 2003, continue d’écrire, de
mettre en scène. Dernièrement : Elfriede
Jelinek, Les Amantes au Théâtre Ouvert ; JeanLuc Lagarce, Juste la fin du monde, J’étais
dans la maison… à Bussang et à la Cité
Internationale ; Lars Noren, Embrasser les
ombres au Vieux-Colombier.
Michel Raskine
De 1973 à 1978, il commence sa carrière avec
Roger Planchon en tant qu’acteur, avant de
rejoindre Gildas Bourdet au Centre dramatique
du Nord. Il joue notamment dans Une station
service (1985), Les Crachats de la lune (1987),
spectacles invités au Théâtre de la Ville en
1985 et 1987. Il se lance dans la mise en
scène, avec Marief Guittier dans Max Gericke
ou pareille au même de Manfred Karge : en
1984, 1995 et 2003, continue en 1991 avec
Huis clos de Sartre, L’Épidémie et Un rat qui
passe * d’Agota Kristof en 1993. En 1995,
nommé au Théâtre du Point du Jour à Lyon, il
monte L’Amante anglaise de Duras, (1996)
Chambres d’amour * d’Adamov (1997), et est
considéré comme « le plus allemand des
metteurs en scène français », Au but de
Thomas Bernhard (2000), Théâtres* d’Olivier
Py, Barbe Bleue, espoir des femmes (2001),
Les Relations de Claire * (2003) de Dea Loher.
À l’ENSATT à Lyon, il a dirigé La Maison d’os
de Dubillard (1998), Atteintes à sa vie de Martin
Crimp (2003).
* présenté au Théâtre de la Ville.
Getting attention
création
MARTIN CRIMP CHRISTOPHE RAUCK
DU 10 AU 28 JANVIER
traduction en cours
mise en scène Christophe Rauck
scénographie et costumes Aurélie Thomas
lumières Olivier Oudiou
vidéo Thomas Rathier
création musicale Nehil Bordures
collaboration chorégraphique
Caroline Marcadet
avec Philippe Bérodot, Clotilde Hesme,
Annie Mercier, Jean-Philippe Meyer,
Thomas Rathier, Philippe Smith…
(distribution en cours)
L’histoire se passe dans un immeuble de la
banlieue londonienne, l’un de ces endroits où
vivote une population un peu prolétaire, un
peu petite-bourgeoise, et surtout paumée. On
pourrait croire à une “tranche-de-vie”, dans la
mouvance du théâtre ou du cinéma social britannique. Si ce n‘est que l’auteur en est Martin
Crimp, virtuose en l’art de brouiller les pistes.
Preuve immédiate, le titre : Getting attention.
Quelque chose comme “attirer l’attention”,
alors que le problème est celui d’une petite
fille invisible dont l’agonie passe inaperçue.
Sa mère est trop occupée à tenter de séduire
pour se sentir vivre, la voisine à en surveiller
les faits et gestes, le voisin à chercher du travail… Des gens enfermés, aveuglés, dont
l’histoire se construit autour d’une absence.
Mais deux personnages masqués viennent
rapidement interdire toute tentation naturaliste. Pourquoi ces masques, forcément
effrayants ? Se posant la question, la posant à
Martin Crimp, le metteur en scène Christophe
Rauck y trouve une référence aux traits
simiesques, aux visages grimaçants des guignols et polichinelles de nos jeunes âges.
« J’adore les marionnettes, y compris dans ce
qu’elles ont de monstrueux. Le monde
fabrique des horreurs avec lesquelles
s’amusent les enfants, cela fait partie de notre
quotidien. Au-delà de leur banalité, les
personnages qui ici se débattent apparaissent comme des monstres, indifférents au
cauchemar d’une gosse, vivant à côté d’elle
sans la voir. Ne la voyant pas non plus, le
public participe de cet aveuglement, et normalement se pose des questions.
« Martin Crimp, quand je l’ai rencontré, m’a
parlé d’un couple âgé, des voisins de ses
beaux-parents. Il était fasciné en voyant le
mari utiliser, pour faire sécher le linge, des
pinces avec des harmonies de couleurs très
étudiées : le grand raffinement. Et puis ils ont
déménagé, alors seulement on s’est rendu
compte que cet homme brutalisait sa femme,
et qu’à plusieurs reprises, elle avait dû être
emmenée d’urgence à l’hôpital.
« Le sujet de la pièce pourrait fournir un fait
divers au Journal de 20h. Mais au lieu d’être
traité en deux minutes, il laisserait le temps
d’entrer au cœur des choses comme le font
aujourd’hui les documentaires qui ne
craignent pas de prendre position, multiplient
les points de vue. Ici aussi les points de vue
diffèrent et s’affrontent. Les scènes s’entrechoquent, se râpent, se frottent l’une à l’autre.
Les personnages abordent brutalement les
situations. Ils sont ce qu’ils disent au moment
où ils le disent : Martin Crimp tient beaucoup à
cette façon d’être, directe jusqu’à la férocité.
« Il ouvre des portes, pose les problèmes et
se refuse à avancer une quelconque solution.
Il ne veut rien imposer, et nous devons le
suivre dans cette attitude. Nous sommes
aidés en cela par la brièveté de la pièce : une
heure trente. Elle ne nous laisse le temps d’insister sur rien. Nous sommes obligés à la rapidité, à la précision, à la force de l’essentiel,
sans pour autant sacrifier à la provocation
facile. Derrière la rudesse des comportements, il y a des inquiétudes, des doutes, des
angoisses, des désirs, une réelle complexité,
une vraie humanité.
« À la première lecture, je me suis souvenu
d’une phrase qu’Ariane Mnouchkine m’a
rapportée à propos de son spectacle sur
les immigrés, Le Dernier Caravansérail ; quelqu’un lui a dit : “Nous le savions, maintenant
nous le ressentons”. Interroger l’actualité en y
impliquant émotionnellement le public, c’est
l’une des fonctions du théâtre. »
Martin Crimp
Né le 14 février 1956, il suit ses études à
Cambridge, fait ses débuts de dramaturge en
1982, avec Living remains à l’Orange Tree
Theatre, salle de la périphérie londonienne. En
1991, il part en résidence à New York. Il écrit
pour la radio, et collabore régulièrement avec le
Royal Court, théâtre réservé aux textes inédits
contemporains. C’est là qu’en 1991, est créé
Getting attention. En 1997, Atteintes à sa vie –
que Stanislas Nordey met en scène en 2003
dans une traduction de Christophe Pellet – en
2000, La Campagne que, deux ans plus tard,
Luc Bondy monte au Burg Theater de Vienne,
avant de créer en 2004 à Londres Cruel and
tender. Les deux spectacles sont présentés à
Paris au Théâtre national de la Colline et aux
Bouffes du Nord. Francophone, Martin Crimp a
adapté notamment Marivaux (Le Triomphe de
l’amour), Molière (Le Misanthrope), Genet (Les
Bonnes), Koltès (Roberto Zucco), Ionesco (Les
Chaises). En France, son théâtre est publié aux
Éditions de l’Arche.
Christophe Rauck
En 1991, il entre au Théâtre du Soleil, joue Les
Atrides et la pièce d’Hélène Cixous, La Ville
parjure ou le Réveil des Erinyes, puis en 1996,
avec Silviu Purcarete, L’Orestie. Cette même
année, il fonde sa compagnie Terrain vague
(titre provisoire) avec laquelle il retrouve la
Cartoucherie d’Ariane Mnouchkine pour y
mettre en scène Le Cercle de craie caucasien
de Brecht, qui tourne deux ans et est présenté
au Berliner Ensemble. En 1997, il aborde
Shakespeare : Comme il vous plaira, continue
en 1999 avec La Nuit des rois après un stage
auprès de Lev Dodin à Saint-Petersbourg dans
le cadre de l’Institut Nomade. En 2000, il monte
Le Théâtre ambulant Chopalovitch de
Simovitch au Théâtre du Peuple de Bussang
dont il prend la direction en septembre 2002. Il
y donne La Vie de Galilée de Brecht, Le Dragon
d’Evgueni Schwarz, présenté cette saison à la
Cité Internationale, où son Rire des asticots
d’après Cami avait déjà été accueilli.
Llanto por
Ignacio Sánchez Mejías
FEDERICO GARCÍA LORCA
VICENTE PRADAL/MICHEL ROSTAIN
DU 31 JANVIER AU 11 FÉVRIER
oratorio de Vicente Pradal
mise en scène Michel Rostain
assistant à la mise en scène Daniel Lecoyer
scénographie Jean-Pierre Larroche
son Nicolas Jobet
lumières Celso Domeque
costumes Nathalie Trouvé
chant Maria Luna, Vicente Pradal,
Luis de Almería, Chango Manzo
musiciens Luis Rigou, Jean-Luc Amestoy,
Hélène Arntzen, Emmanuel Joussemet
Ignacio Sanchez Mejias : mort le 13 août 1934,
deux jours après avoir été blessé aux arènes
de Manzanares. Torero célèbre, et qui voulait poursuivre son art jusqu’au-delà de ses
forces, il appartenait à l’élite intellectuelle
espagnole. Il était beau, mélomane, poète,
tous l’admiraient. En particulier Federico
García Lorca qui n’avait pu assister à son ultime corrida et lui dédia ce Llanto. Douloureux, somptueux chant funèbre, dans
lequel est dite l’horreur de la mort. La mort
telle qu’en elle-même, tragique et définitive.
La seule éternité de ce monde. C’était un peu
plus d’un an avant que lui-même soit abattu
par les phalanges franquistes.
Le lien entre García Lorca et Vicente Pradal
remonte à trois générations, l’arrière grandpère de Vicente ayant été – une photo de classe en témoigne – maître d’école du petit
Federico. Les deux familles se connaissaient,
se côtoyaient. Et puis les Pradal s’exilèrent en
France, à Toulouse, où Carlos, le père, épousa une Française.
De double culture, Vicente Pradal a donc
grandi sans malaise aucun dans cette ville où
s’était réfugiée une importante communauté
espagnole. Entre deux langages, entre deux
pays, il va de l’un à l’autre avec autant de
naturel que pour traverser la rue. Il est francoespagnol et hispano-français. Son père était
peintre. Lui, de naissance, appartient à la
musique : la guitare, le flamenco dont il retrouve l’esprit et la passion chez le poète
andalou. C’est en terre d’Andalousie que le
flamenco trouve ses racines, qu’il évolue, raison pour laquelle il continue de vivre.
Alors, pouvait-il en être autrement ? Le Llanto
de García Lorca pour Ignacio Sánchez Mejías
a brûlé le cœur de Vicente Pradal. Longtemps
il l’a laissé mûrir en lui et s’est décidé à traduire en musique les mots du déchirement, et
au-delà des larmes et de la peur, l’irrémédiable solitude de la mort. Il a rassemblé ses
musiciens, est allé trouver Michel Rostain,
directeur du Théâtre de Quimper – principalement consacré aux opéras, aux spectacles
musicaux – qui a accepté de mettre en scène
le spectacle.
C’était en 1998, sa première représentation a
eu lieu au Théâtre national de Toulouse.
Depuis, il a sans cesse tourné en Espagne, en
France, au Québec ou à Cuba et vient pour la
première fois à Paris. Un spectacle en quatre
actes, une histoire qui se noue. Vicente Pradal
imagine trois hommes allant annoncer la blessure mortelle d’Ignacio à sa femme – ou à sa
maîtresse officielle, la célèbre Argentinita. Les
compagnes des toreros ont peur d’assister
aux corridas. Elles attendent. Elles espèrent.
A las cinco de la tarde.… (À cinq heures de
l’après-midi…) La phrase hante et scande
l’ouverture du poème chanté en espagnol
sans surtitre. C’est par la musique, uniquement par la musique que Vicente Pradal veut
faire entendre, comprendre, ressentir, le sang
qui coule des paroles de García Lorca (mais
sa propre traduction du texte est disponible).
¡Que no quiero verla !… (Non, je ne veux pas
le voir !). La femme se révolte, elle refuse. Ce
n’est pas lui, elle ne veut pas, ne veut rien admettre. Ya se acabó… (C’est fini…) Face à
l’irrémédiable, que peut-elle faire ? Porque te
has muerto para siempre, como todos los
muertos de la Tierra… No te conoce nadie.
No. Pero yo te canto. (Parce que tu es mort
pour toujours, comme tous les morts de la
terre… Nul ne te reconnaît. Non. Mais je te
chante). Inoubliable chant qui s’enveloppe
dans la musique de Vicente Pradal.
Federico García Lorca
Né le 5 juin 1898 à Fuentevaqueros en
Andalousie, il fait ses études à Grenade où il
rencontre le compositeur Manuel de Falla, puis
à Madrid où il fait connaissance de Dali et
Buñuel. En 1919, il écrit sa première pièce Le
Maléfice de la phalène, et en 1927 connaît son
premier succès avec Mariana Pineda. L’année
suivante est publiée la première version du
Romancero Gitano. Invité à l’université de
Columbia en 1929, il écrit Un poète à New
York, revient en 1931 à Madrid, fonde son
théâtre ambulant, La Barraca, qui parcourt les
campagnes. 1933 est son année de gloire avec
Noces de sang qui triomphe à Buenos-Aires,
La Savetière prodigieuse, Les Amours de don
Perlimplin avec Bélise en son jardin, en 1934,
Yerma et Llanto por Ignacio Sánchez Mejías.
En 1935, Dona Rosita ou le Langage des
fleurs, son dernier succès avant d’être fusillé
par les franquistes.
Vicente Pradal
Né en 1957 à Toulouse, musicien, élève du guitariste flamenco Pepe Habichuela, il joue dans
de nombreux concerts, y compris classiques, et
dans La Savetière prodigieuse avec Jacques
Nichet au Théâtre national de Toulouse. En
1994, à partir des poèmes de Jean de la Croix,
il compose La Nuit obscure (Grand Prix de
l’Académie Charles-Cros), et en 1996 Le
Cantique spirituel. En 1998, Carmen Linares lui
commande L’Apocalypse, la même année est
créé Llanto por Ignàcio Sánchez Mejías. En
2000, lui sont commandés L’Amour de loin, et
en Italie Les Filles d’Ismaël. En 2001, Michel
Rostain crée à Quimper son Pelleas y
Melisanda sur les poèmes de Pablo Neruda, et
en 2004, le Romancero Gitano de García Lorca
(présenté aux Abbesses).
Michel Rostain
Né en 1942, musicien et metteur en scène, il
fonde en 1978 la compagnie Un théâtre pour la
musique. Depuis 1995, il dirige la Scène nationale de Quimper-Théâtre de Cornouaille où il
lui arrive de monter des classiques (Lucie de
Lammermoor en 2001) mais principalement
des œuvres contemporaines, dont certaines
sont nées de ses commandes.
Rhinocéros, ph. R. Senera
La Visite de la vieille dame, ph. Enguerand
répétition de L’heure où…, ph. M. Mustapic
1
2
4
3
+ de 100 comédiens
1. David Ayala
2. Denis Lavant
3. Romane Bohringer
4. Marief Guittier
5. Hugues Quester
6. Alain Libolt
7. Serge Maggiani
5
6
photos D. Bengoa, Delahaye, Agence Corbis, X.DR, J.-P. Lozouet, Delahaye, R. Senera
les comédiens
Katherine Barker
création
JEAN AUDUREAU SERGE TRANVOUEZ
DU 21 FÉVRIER AU 12 MARS
mise en scène Serge Tranvouez
scénographie Jean-Christophe Choblet
lumières matthieu Ferry
son Michel Zürcher
costumes Zouzou Leyens
musique Éric Vinceno
avec Émilie Beauvais, Cécile Bournay,
Frédéric Cherboeuf, Matthieu Cruciani,
Victor De Oliveira, Yoann Demichelis,
Amandine Dewasmes, Serge Gaborieau,
Fabrice Gaillard, Julien Geskoff,
Éric Laguigné, Laetitia Lemesle,
Pierre Mignard, Raphaël Pigache,
Valérie Thomas, Sandra Rebocho
Il y avait une fois une femme, chef d’un gang
de quatre garçons : ses fils. Improbable mais
vraie, son histoire inspira à Roger Corman un
film : Bloody Mama avec Shelley Winter,
Robert de Niro y faisait ses débuts. Puis à
Jean Audureau une pièce : À Memphis il y a un
homme d’une force prodigieuse – créée par
Antoine Bourseiller en 1966. Plus tard, il la
reprit, la modifia, lui donna le nom de la
femme : Katherine Barker. Certes, Audureau
est loin de Corman, mais de L’Ange bleu à
Mizoguchi en passant par Jean-Luc Godard, il
était un amoureux du cinéma. Preuve en est la
force des images que font naître ses mots.
Metteur en scène, membre également de la
commission d’aide à la création, Serge
Tranvouez – qui dès son plus jeune âge se
passionnait pour les poètes – eut ainsi l’occasion de lire le manuscrit, tomba sous le
charme, au point de plonger dans l’œuvre
entière de cet auteur rare.
Dans son théâtre, et tout particulièrement ici,
on navigue hors du réel. Les espaces oublient
les frontières, les temps se croisent, les personnages vivent sous le regard de récitants
qui, tels un chœur antique, décrivent et
commentent leurs actes. Katherine Barker se
dédouble, dialogue avec son enfance, avec
cette petite fille qu’elle a été. Ce fut le point de
départ de Serge Tranvouez.
« Ces moments sont très importants, ils
ouvrent une porte sur le monde d’Audureau,
qui, à huit ans, avait écrit sa première pièce
dans sa chambre tapissée de photos où il édifiait son royaume. Toujours, l’imaginaire des
enfants l’a fasciné : ils savent faire vivre des
rêves à travers lesquels leur pouvoir devient
sans limites. Rien ne leur est impossible, rien
ne les arrête. Rien n’arrête Audureau qui, avec
une merveilleuse aisance, va et vient du lyrisme à la comédie. Le danger serait de se
laisser envoûter par la beauté de son écriture.
Il nous faut aller au-delà, entrer dans le
tableau, en découvrir les champs névrotiques,
la cruauté et la tendresse infinie que les
enfants savent exiger.
« Pour moi, l’histoire se passe dans la tête de
Kate la fillette, comme si tout existait depuis
toujours. D’ailleurs, entre elle et les récitants,
la connexion est évidente. Ils participent d’un
même monde qui, par glissements, de temps
en temps, interfère avec celui des “vivants”.
Deux modes de narration se reflètent,
s’unissent, parfois s’opposent. Chaque scène
offre sa théâtralité particulière. L’ensemble
compose une sorte de fresque diversifiée,
que l’on doit traverser sans perdre le fil. Il
s’agit, ne l’oublions pas, d’une fable, un conte
noir.
« L’imaginaire de Kate la fillette, enfante
Katherine la mère, femme en révolte absolue
contre la société bien-pensante, contre la
morale puritaine. Elle détourne la Bible, élève
ses fils dans le culte du mensonge, du crime,
d’une intégrale liberté, tout en sachant très
bien qu’elle les envoie à la mort. Pareille à une
Médée anarchiste, elle leur porte un amour
viscéral, entier, quasi incestueux, une passion
suicidaire. Elle possède la force et la fragilité
des enfants qui ne connaissent pas de bornes
à leurs désirs. »
Chaleureuse Katherine Barker, couvant ses
quatre fils au cœur d’une société fermée, au
centre d’un monde obscur, mouvant, peuplé
de personnages ambigus prêts à tous les
échappatoires, à toutes les trahisons, et qui
n’affirment leurs croyances que pour se fuir
eux-mêmes. Courageuse Katherine Barker
qui ose lutter pour ses rêves. Fascinante
Katherine Barker.
Jean Audureau
Jean Audureau naît en 1932 à Cholet, meurt
d’une pneumonie en janvier 2002 à Paris.
Il y arrive dans les années 50 pour aller
au théâtre et au cinéma, et y vit dans un quasianonymat. Il envoie À Memphis il y a un
homme d’une force prodigieuse à plusieurs
metteurs en scène renommés dont Antoine
Bourseiller qui crée la pièce au Festival du
Marais 1966. En 1970, Le Manteau d’Arlequin
publie Le Jeune Homme que Pierre Debauche
présente en 1972 à Nanterre. En 1983, JeanPierre Vincent, administrateur général de la
Comédie-Française, profite des hésitations du
comité de lecture pour monter Félicité (d’après
Un cœur simple de Flaubert) avec Denise
Gence. Beaucoup seront fascinés par
Audureau, notamment Jean-Louis Thamin qui
monte Katherine Barker et sa suite, Hélène, au
CDN de Bordeaux. La dernière œuvre
d’Audureau, L’Élégant Profil d’une Bugatti sous
la lune (un rêve sur Gilles de Rais) n’a pas
encore été portée sur scène.
Serge Tranvouez
Après une licence de Lettres Modernes, Serge
Tranvouez se forme comme acteur à l’INSAS à
Bruxelles, puis joue en Belgique et en Suisse.
De retour en France, il fait trois rencontres
déterminantes : Antoine Vitez, Didier Gabily et
Joël Jouanneau. Avec Gabily, il participe à la
fondation d’un groupe et joue dans Violences,
Des cercueils de Zinc et Enfonçures. Avec
Jouanneau, il est acteur (Par les Villages de
Handke) ou co-metteur en scène (Lève-toi et
Marche d’après Dostoïevski, Rimmel de
Jacques Seréna). Avec sa compagnie, il s’attache d’abord à Claudel ; il monte Partage de
Midi, puis sa traduction de L’Orestie d’Eschyle.
En 1998, il est metteur en scène associé au
TGP de Saint-Denis. Il y affirme son intérêt
pour l’écriture contemporaine. Il crée successivement Gauche-Uppercut de Joël Jouanneau,
Agar des Cimetières de Brahim Hanaï,
Prométhée de Rodrigo García et deux pièces
de Koffi Kwahulé, P’tite Souillure et Jaz. Il a
aussi une activité régulière de pédagogue.
Illuminations –
Coloured plates
création
ARTHUR RIMBAUD THIERRY DE PERETTI
DU 16 MARS AU 1er AVRIL
mise en scène Thierry de Peretti
assistant Ludovic Virot
décor Rudy Sabounghi
lumières Jean-Luc Chanonat
costumes Caroline de Vivaise
création sonore Sylvain Jacques
vidéo David Bersanetti
avec Marie Denarnaud, Alban Guyon,
Thibault de Montalembert
Les Illuminations : une quarantaine de courts
fragments en prose et en vers libres. Ils se
nomment Après le déluge, Barbare, Enfances,
Vies I, II, III, Matinée d’ivresse, Départ…
Commencés en 1873 – Arthur Rimbaud a dixneuf ans –, ils sont terminés deux ans plus
tard et publiés une première fois en 1886, puis
peu de temps après sa mort, en 1892 avec
une préface de Verlaine : « […] D’idée principale, il n’y en a pas, ou du moins nous n’y en
trouvons pas. De la joie évidente d’être un
grand poète, tels paysages féeriques, d’adorables vagues amours esquissées, et la plus
haute ambition (arrivée) de style : tel est le
résumé que nous croyons pouvoir oser donner de l’ouvrage […] Si aujourd’hui Thierry de
Peretti porte sur scène ces textes incandescents, c’est pour « passer du temps avec »:
« Je cherchais aussi depuis longtemps à
mettre sur scène un texte qui ne soit pas au
départ écrit pour le théâtre. Je voulais trouver
un ensemble de fragments ou de pièces où la
langue serait “tout”. Parce que je me rends
compte que c’est la seule chose qui m’intéresse vraiment au théâtre : apprendre à parler,
apprendre à penser.
« J’avais aussi l’idée “d’éclats” quelque chose
qui ne serait pas “complet” et ne se soucierait
que de perceptions, de lumière et de son. Et
puis il y avait ces textes de Rimbaud qui ont
toujours été près de moi. Mon père m’en parlait beaucoup lorsque j’étais enfant et
quelques bribes d’Une saison en enfer refaisaient régulièrement surface dans mon esprit
et donc Arthur Rimbaud évidemment !
« C’est la Saison que j’ai d’abord voulu mettre
en scène, mais j’avais peur d’une identification, de céder trop facilement, à la part trompeuse d’autobiographie. C’est pourquoi j’ai
choisi Illuminations, ces Coloured Plates, l’un
des titres envisagés par Rimbaud.
« Illuminations, c’est “tout, tout le temps”, la
vie, l’œuvre, l’accomplissement et l’abandon,
la “nouvelle harmonie” et le “nouvel amour”.
« Illuminations pose surtout ce grand mystère,
cette question centrale et périphérique à la
fois : “De quoi cela parle-t-il ?”. Il y très peu de
métaphores, tout est vrai, tout est illusion
aussi, mais il faut tout prendre pour “argent
comptant”, il faut croire à tout. Il faut y chercher ce qu’on ne trouvera de toute façon pas,
Rimbaud ne dévoilera jamais ce dont il
parle…
« Alors comment mettre en scène de telles
“pièces” ? Comment envisager le travail, les
répétitions ? Par où commencer ? Que raconter aux acteurs qui ne soit pas immédiatement
contredit par le texte ?
« Il faut oublier les tactiques propres à la
scène, chercher la perception juste, décider
violemment d’un ordre (puisqu’il n’y en a pas)
et en changer, trouver les “fréquences” sur
lesquelles la voix et les mots se rencontrent,
refuser l’harmonie et la fluidité, croire que des
apparitions vont se faire et ouvrir les yeux.
Il faut choisir de laisser vivre le plus longtemps
possible les moments dont nous aurions,
avec les acteurs, préalablement dessiné les
contours et les suspensions. Guetter les relais
qui peuvent se faire d’un texte à l’autre, obéir
à l’intuition d’un ordonnancement caché et
l’essayer sur le champ, chercher le point où
l’écoute se tend, repérer l’endroit où elle s’est
perdue, tenter de la prolonger le plus loin possible, muscler nos voix et nos intentions pour
qu’aucun mot ne perde la multitude de directions que le poète lui a donnée. »
Sur un plateau nu, deux hommes, une femme,
leur corps, leur peau, leur voix, de la musique,
des bruits, les paroles de Rimbaud : les
Illuminations.
Arthur Rimbaud
Né à Charleville en 1854, fils d’une mère sans
tendresse et d’un père militaire de carrière qui
abandonne sa famille en 1860, il est élevé dans
les règles religieuses les plus strictes, suit ses
études jusqu’à l’âge de quinze ans. Très bon
élève, mais mauvaise réputation. En 1871, il
écrit Le Bateau ivre, rencontre Paul Verlaine,
poète porté sur l’absinthe (alcool aujourd’hui
interdit), qui laisse sa famille et sa femme
enceinte pour partir avec lui en 1872 à Londres.
Leur liaison dure un an et se termine dans la
violence à Bruxelles. En 1873, paraît Une saison en enfer. En 1874, il se met à étudier les
langues étrangères, de l’anglais au grec en
passant par le russe et l’arabe. En 1876, il
change de vie, s’en va au Moyen-Orient, travaille dans l’import-export, homme d’affaires
aux occupations douteuses. Il n’écrit plus, c’est
le silence jusqu’à sa mort à Marseille le 10
novembre 1891.
Thierry de Peretti
Après un passage au cours Florent, une bourse
de la Villa Médicis hors les murs, Thierry de
Peretti acteur joue Montherlant (La Ville dont le
prince est un enfant), Claudel (Le Soulier de
satin), Tchekhov (La Mouette) et bien d’autres.
Au cinéma notamment avec Claude Berri
(Lucie Aubrac), Vincent Ravalec (Une prière
vers le ciel), Patrice Chéreau (Ceux qui
m’aiment prendront le train), Orso Miret (Le
Silence). Au théâtre, sa quatrième mise en
scène, Le Retour au désert de Bernard-Marie
Koltès, lui vaut le Prix de la révélation 2001 du
Syndicat national de la Critique. Suivent en
2002 Valparaiso de Don de Lilllo, en 2004
Gengis parmi les pygmées de Gregory Motton
au Vieux-Colombier où il revient avec Le
Mystère de la rue Rousselet de Labiche. Entretemps, il a monté Richard II de Shakespeare au
Théâtre de la Ville. Il vient de réaliser deux
moyens-métrages pour le cinéma.
Face de cuillère
création
LEE HALL MICHEL DIDYM
DU 26 AVRIL AU 20 MAI
texte français Fabrice Melquiot
mise en scène Michel Didym
scénographie Vincent Tordjman
avec Romane Bohringer
À cause de son visage rond, comme s’il se
reflétait dans une cuillère, on l’appelle Face de
cuillère. On la dit “attardée” mais elle est
capable de faire de tête des calculs insensés,
complètement inutiles. Elle n’a pas d’âge, elle
n’est pas vieille, elle ne le sera jamais, à cause
d’un cancer. Elle aime l’opéra, et sur un petit
magnéto approximatif, écoute Callas. Elle
écoute comme si elle voulait se noyer dans
cette voix qui finit par envahir l’espace et l’esprit, dont le chant raconte des histoires « à
propos de la mort et fait voir les choses
comme elles sont ». À première vue, elles ne
sont pas joyeuses, les choses, entre une mère
alcoolique, un père lointain, un vieux docteur
qui lui raconte le camp où sa mère à lui, a
disparu…
Ce genre de situation pourrait faire craindre le
pire pathos, mais l’auteur de Face de cuillère
est Lee Hall, scénariste de Billy Elliott (le petit
prolo qui voulait danser). Anglais donc, c’està-dire peu enclin aux attendrissements surdramatisés. D’autre part, Face de cuillère est
Romane Bohringer, fragile et indestructible,
mystérieuse et irradiante. Enfin, la pièce a été
adaptée par Fabrice Melquiot, pour le plus
grand bonheur du metteur en scène Michel
Didym. L’accueil unanime reçu par son spectacle Les animaux ne savent pas qu’ils vont
mourir de Pierre Desproges, (donné à deux
reprises aux Abbesses) prouve d’ailleurs qu’il
sait mettre en valeur la dureté et l’ironie, l’insouciance heureuse des sujets graves :
« L’intérêt du texte de Lee Hall tient dans
l’étrange goût du bonheur qui s’en dégage. Et
puis je trouve très importante la cohabitation
de la parole dite et chantée, le va-et-vient
entre ce qui se raconte de quotidien, de
concret, et l’univers de vibrations, de trouble,
d’émotions pures où nous entraîne la magie
musicale. »
Michel Didym est un chercheur de textes. Il a
mis en mouvement “la Mousson d’été” pendant laquelle lectures et mises en espace
d’inédits se succèdent, puis l’a prolongée et
étendue à des publics plus adolescents, avec
“la Mousson d’hiver”. C’est en cette occasion
qu’il a rencontré Face de cuillère. Il est des
moments où la violence de chocs affectifs
qu’on est mal préparé à affronter, sensibilise
aux souffrances et aux manières de les assumer. Alors Michel Didym a reçu en plein cœur
le dialogue de la jeune fille avec sa maladie :
« Ses paroles sont sans compromis et totalement généreuses. En quelque sorte, la maladie a développé son humanté, accéléré son
appréhension du monde. Elle n’a plus le
temps de se plaindre, de chercher des responsables, de se cacher derrière les mots, de
se mentir. Elle possède la force de l’innocence
et de la lucidité. Je sais, pour les avoir fréquentés, ce qui se passe dans les hôpitaux
de gosses. On arrive avec nos pantoufles bordées de pathos et ils nous entraînent dans
leurs jeux. J’ai été frappé aussi par ce personnage dont elle parle, le vieux docteur et
les souvenirs du camp où les enfants dessinent des papillons sur les murs des
chambres à gaz… Je pense à cette phrase
magnifique : “On peut tuer les enfants, on ne
peut pas tuer ce qu’ils ont dans la tête”.
« Ce qui m’attache particulièrement ici, est la
façon dont cette fille encore si jeune réussit à
parler de la mort, à en évacuer l’angoisse. Elle
est bien dans la vie, plus pour longtemps
peut-être, mais complètement. Il ne s’agit pas
de courage, mais de résistance au malheur.
Un être humain debout, qui a beaucoup à
nous apprendre. »
Lee Hall
Né en 1966 à Newcastle, il s’intéresse à l’écriture dramatique à Cambridge où il rencontre
Stephen Daldry, futur réalisateur du scénario
qui va le rendre célèbre : Billy Elliott (le petit
prolo qui voulait danser), film à succès nominé
aux Oscars en 2000. En attendant, en 1993 il
va passer des vacances aux États-Unis, y
tombe amoureux, reste un temps à New York.
À son retour, il se lance dans la radio, connaît
le succès en 1996 avec I luv you Jimmy Spud,
devenu au cinéma Gabriel et moi (il y est question d’un garçon qui se lie avec l’ange Gabriel
pour avoir des nouvelles de son père mort). En
1997, Spoon face Steinberg (Face de cuillère
Steinberg, titre complet) confirme son talent et
son succès. Il se partage entre radio et théâtre :
en 1999, Cooking with Elvis, ou la Cuisine
d’Elvis au Théâtre de poche Montparnasse
2003. Il traduit également Büchner (Léonce et
Lena), Brecht (Mère Courage), Goldoni
(Arlequin serviteur de deux maîtres), et aujourd’hui vit à Hollywood.
Michel Didym
Après des études à l’École supérieure d’art dramatique de Strasbourg, après un prix de la Villa
Médicis hors les murs, en 1990, en sa Lorraine
natale, il fonde la Compagnie Boomerang, avec
laquelle il monte un répertoire d’auteurs
contemporains, dont en 1994 au Théâtre de la
Ville, Botho Strauss, Visiteur. En 1995, il crée la
Mousson d’été qui tient ses assises en août à
l’Abbaye des Prémontrés. En 1999, il met en
scène Bernard-Marie Koltès : Sallinger aux
Abbesses, La Nuit juste avant les forêts à Metz.
Au Festival d’Avignon 2000, c’est Yacobi et
Ledenthal de Hanoch Levin, en 2001 au VieuxColombier le Langue à langue des chiens de
roche de Daniel Danis. Il fonde la MEEC
(Maison européenne des écritures contemporaines), accompagnée d’une revue : TC
(Temporairement contemporain). En 2002, il
met en scène Serge Valletti et Christine Angot
au Théâtre national de la Colline, en 2003 et
2004 aux Abbesses Les animaux ne savent
pas qu’ils vont mourir.
CINEMA/OPERA/CHANSON
Wayn Traub
HET TONEELHUIS
une aventure, un parcours
LUN. 6 ET MAR. 7 MARS
1.Maria Dolorès
CINÉMA, OPÉRA, THÉÂTRE
mise en scène Wayn Traub
MER. 8 MARS
2.Jean-Baptiste
reprise
- CINÉMA, OPÉRA, THÉÂTRE
mise en scène Wayn Traub
LE SPECTACLE
VEN. 10 ET SAM. 11 MARS
3.Jean-Baptiste
création
- RÉCITAL, PERFORMANCE
musique Wim De Wild
Wayn Traub chant
avec 30 musiciens de l'Orchestre VRO
(Vlaams Radio Orkest )
LE CONCERT
Décidément, la création chorégraphique et
théâtrale en Belgique n’en finit pas d’épater.
Après Anne Teresa De Keersmaeker, Jan
Fabre, Jan Lauwers et Wim Vandekeybus
dans les années 80, les Ballets C. de la B.
d’Alain Platel et consorts, puis le groupe tg
Stan, la compagnie De Onderneming, la
« fabrique » Victoria, Thomas Hauert et
quelques autres (la liste est loin d’être exhaustive) les années suivantes, voici qu’un nouvel
olibrius arrive sans crier gare. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, Wayn Traub n’a
pas vraiment un cursus cousu de fil blanc…
Ni barre classique, ni conservatoire : aux
années d’enfance confinées dans un internat
catholique flamand, sanctionnées par la
découverte adolescente des écrits d’Antonin
Artaud et d’autres hérétiques, succéderont
des études de cinéma et d’histoire de l’art.
Une expérience de mime corporel plus tard, il
rédige à 26 ans un Manifeste du théâtre de
l’animalité (sa bible jusqu’à aujourd’hui) où
l’impétrant proclame : « Le théâtre, c’est la
métamorphose, la libération, le sacrifice de
soi-même, c’est mourir afin de pouvoir recommencer de rien ». Son nom de naissance
(Geert Bové) passe à la trappe, Wayn Traub
(patronyme forgé à partir du nom de jeune fille
de sa mère) passe à l’attaque. Exposition
d’écussons, fusils et têtes de cerfs (au Vooruit
de Gand, en 1999), solo de danse entouré de
40 chats, performances plutôt iconoclastes,
création d’une pièce avec Jane Birkin, réalisation de courts métrages, « l’animal Wayn
Traub » guette sa proie. Ce sera Maria
Dolorès, en 2002. Du jamais vu ! Un étrange
3
théâtre psalmodié et chanté par deux actrices
sorties d’un tableau gothique, une iconographie moyenâgeusement crépusculaire et, surplombant le tout, un film de long métrage
absolument délirant qui enchevêtre la fiction
et le réel, le mythe et le présent, dans un
extraordinaire labyrinthe où aucun fil ne se
perd tout à fait. Sur scène, une bergère de
Dieu convaincue d’avoir vu la Vierge Marie, et
une mère supérieure à qui on ne la fait pas.
Sur pellicule, une Marie-couche-toi-là (mais
pas seulement), comédienne suivie comme
son ombre par une caméra indiscrète, entourée d’étonnants personnages : un obscur
« poète des femmes » à la fatuité caverneuse,
un vieux metteur en scène aux mains baladeuses, etc. Wayn Traub construit et découd
ce labyrinthe de situations au fil d’un montage
stupéfiant. On parlera, si l’on veut, de cinéthéâtre sans circonscrire tout à fait la vertigineuse mise en abîme d’une représentation
proliférante.
Jean-Baptiste (présenté au Théâtre de la Ville
en juin 2005) vient confirmer et amplifier, dans
les ressorts d’une fable composite, la prodigieuse capacité qu’a Wayn Traub de tracer un
chemin novateur parmi les arts de la scène, et
sa faculté à tisser l’étoffe d’une histoire, à mille
lieues des habituelles ficelles narratives. Mais
ce n’est pas tout. En filigrane de la « pièce »
Jean-Baptiste, est née la « créature » JeanBaptiste, soit un chanteur au visage androgyne, à la voix de haute-contre, qui élève sur
l’orchestration du compositeur Wim De Wilde
la figure d’un artiste « mélancolique et solitaire ». Ce chanteur mystique et fictif, porteur
d’un message d’amour et de charme, Wayn
Traub envisage sérieusement de le faire grandir comme « un phénomène hors norme dans
le paysage de la musique commerciale
actuelle » parce que, dit-il, « nous sommes
convaincus que le public éprouve le besoin
de renouer avec des émotions nobles et sincères, de belles mélodies simples sur des
arrangements solides, l’apport des compositions orchestrales et des artistes porteurs
d’une vision… » Curé des arts, comme l’a
qualifié la presse belge à ses débuts, Wayn
Traub est-il est train de prêcher le vrai, ou bien
la fiction a-t-elle d’ores et déjà commencé ?
Toujours est-il que le « récital » de JeanBaptiste, chanteur rituel, est d’ores et déjà en
chantier, avec orchestre d’une trentaine de
musiciens et CD à la clé. En toute liberté,
Wayn Traub nous mène en bateau dans de
sacrés méandres…
Jean-Marc Adolphe
2
photos Ph. Deprez
1
THÉÂTRE HORS LES MURS : AU THÉÂTRE PARIS-VILLETTE
Toto le Mômo
D’APRÈS ANTONIN ARTAUD DAVID AYALA
mise en scène Jacques Bioulès et Lionel Parlier
DU 4 AU 22 OCTOBRE
d’après les textes préparatoires à la conférence du Vieux-Colombier, Histoire vécue
d’Artaud Mômo, et des Cahiers de Rodez
(extraits)
imaginé et interprété par David Ayala
lumières Serge Oddos, Jacques Bioulès
C’est un grenier tout sombre, ou bien une
cave. Un endroit secret, avec des lampes de
toutes sortes qui dispersent des traces de
lumières fantomatiques, avec des chaises
creuses de toutes tailles, aux longues jambes
filiformes. S’y asseoir représente un exploit.
On peut y grimper, comme l’homme qui est là,
et s’accroche, tente de s’y installer, passe au
travers, affronte l’inconfort avec une patience
animale. Tendre fauve perdu, il prend en lui
les phrases magnifiquement bouleversantes,
écrites il y a plus de soixante ans par Antonin
Artaud alors qu’il préparait la conférence du
13 janvier 1947 au Vieux-Colombier, ce
fameux soir où il quitta la scène au bout d’à
peine une heure, face à un public on ne peut
plus branché et déconcerté.
Pour l’heure, c’est donc David Ayala qui,
corps et âme, s’empare des mots d’Artaud.
Non pas ceux de la conférence elle-même,
mais ceux des brouillons, auxquels s’ajoutent
plusieurs extraits des Cahiers de Rodez écrits
pendant l’Occupation dans l’asile dirigé par le
docteur Ferdière.
David Ayala reprend son spectacle Toto le
Mômo – créé en 1997, poursuivi jusqu’en
2000 – et retrouve ses metteurs en scène
Jacques Bioulès et Lionel Parlier. Une sorte
de retour sur soi après cinq ans de voyages
chez d’autres auteurs. Mais avec celui-ci, les
rapports sont différents, fraternels en somme.
Il y a de quoi être surpris de la part d’un garçon tout ce qu’il y a plus sainement vivant,
costaud, sans la moindre ressemblance physique avec l’image hallucinée d’Artaud :
« Mais pour moi, il est un guide. Il m’a pratiquement initié à la littérature. Il me fascinait et
en même temps me faisait peur. Je trouvais
dans son écriture un formidable espace
d’imagination et un rapport immédiat avec le
corps, le corps en action. »
Avant le théâtre, David Ayala pratiquait l’athlétisme. Il lui en est resté, sur scène, une sorte
de tranquillité musclée, de douceur presque
plus effrayante que la nervosité déjantée habituellement appliquée à Antonin Artaud. Les
anecdotes ne manquent pas, c’est vrai, pour
confirmer cette image. De son existence, on a
surtout retenu les dérapages, les voyages, la
drogue, les séjours en hôpitaux psychiatriques, les électrochocs, les délires, la quasiclochardisation intellectuelle – et matérielle –
de cet homme réellement hors du commun, et
qui ne pouvait rien faire que d’intense. C’est
pourquoi justement, David Ayala et ses metteurs en scène ont voulu déborder la légende,
et vraiment, faire entendre l’auteur :
« Faire entendre le texte pour lui-même. J’y
retrouve quelque chose de ma colère et je
m’en sers pour la dire, mais à aucun moment
je ne cherche l’incarnation. Je ne suis pas
Antonin Artaud, je ne fais pas semblant de
l’être. Il était unique, inoubliable, et avant tout
un immense écrivain. Un jour, sur France
Culture, dans un débat à propos du cinquantième anniversaire de sa mort, j’ai entendu
quelqu’un dire que quand on ouvre les
Cahiers de Rodez, on se trouve face à une
somme littéraire faramineuse. À une page, on
a l’impression de lire du saint Jean de la Croix,
à la suivante Nietzsche, ensuite Baudelaire…
C’est vrai. Son écriture est vertigineuse. Il
invente, ne connaît pas de barrière, obéit à sa
nécessité vitale : écrire, dire. »
« La conférence du 13 janvier renversera les
choses à condition d’évoquer le réel », écrivait
Artaud. Et si ce soir-là il n’a pas été entendu,
aujourd’hui est offerte l’occasion d’écouter
Toto le Mômo.
Antonin Artaud
Né en 1895 à Marseille, Antonin Artaud y passe
sa jeunesse. Dès 18 ans, et à plusieurs
reprises, il est interné pour troubles mentaux
avant de trouver une rémission sur la scène.
Acteur avec Lugné Poe, Dullin, Pitoeff, au cinéma avec Dreyer, il écrit, rejoint les surréalistes,
se passionne pour le théâtre balinais découvert
à l’Exposition Coloniale de 1931, qui lui inspire
son Théâtre de la Cruauté. En 1935, il part pour
le Mexique. De 1939 à 1943, il est de nouveau
interné. En 1944, paraît Le Théâtre et son
double, où se cherche « la violence des peintures de Van Gogh ». 1947 est l’année de sa
conférence au Vieux Colombier, et celle où il
enregistre à la radio avec Roger Blin, Pour en
finir avec le jugement de Dieu, longtemps interdit d’antenne. L’année suivante est celle de sa
mort.
David Ayala
Né en 1969, élève au conservatoire de
Montpellier, il entre aux Ateliers du Hangard,
travaille avec de nombreux metteurs en scène,
dont Lionel Parlier. Il est le Père Ubu avec Dan
Jemmett, qu’il retrouve également dans Dog
Face. En 1996, il fonde la Compagnie la Nuit
remue, et se lance dans l’aventure de Toto le
Mômo.
Jacques Bioulès
Né en 1941, il suit les cours de Jacques Lecoq,
devient assistant d’Antoine Bourseiller, fait un
stage avec Roger Planchon au TNP, fonde en
1965 le Théâtre du Hangar à Montpellier où il
met en scène des auteurs de tous les temps et
ses propres textes.
Lionel Parlier
Acteur, il joue Pinget, Claudel, Racine, Beckett.
Metteur en scène, il monte Euripide, Synge,
Ramuz, Molière… Et du théâtre musical, des
opéras, en France et au-delà, notamment en
Suisse. Depuis 1994, il dirige le Théâtre de
l’Arc, atelier professionnel de recherche et
d’expérimentation.
DANSE
ANNE TERESA
DE KEERSMAEKER
création 2006
AU THEATRE DE LA VILLE
création
PINA BAUSCH
ANGELIN PRELJOCAJ
création 2005
Les 4 Saisons…
création
Empty Moves (part I) - Noces
AUX ABBESSES
AKRAM KHAN
SIDI LARBI CHERKAOUI
ROBYN ORLIN
VERA MANTERO
Zero degrees
Hey dude... I have talent... I'm just
waiting for God...
création
création
LLOYD NEWSON
DV8 PHYSICAL THEATRE
Just for show
création
EA SOLA
Sécheresse et pluie Vol. 2 re-création
GARRY STEWART
AUSTRALIAN DANCE THEATRE
Umwelt
création
WIM VANDEKEYBUS
Puur
création
ODILE DUBOC
Samanvaya
Quando l’uomo
principale è una donna
reprise
JEAN-CLAUDE GALLOTTA
BALLET DE LORRAINE
re-création
PRIYADARSINI GOVIND
création
MARIA-KIRAN
création
re-création
ALAIN PLATEL
Vespers
création
Bhârata/Bach
création
RACHID OURAMDANE
création
PEEPING TOM
D’avant
JOSEF NADJ
Le Salon
FRANÇOIS VERRET
Tokyo Musil
Last Landscape
JAN LAUWERS
La Chambre d’Isabella
Needlapb
reprise
GRACE ELLEN BARKEY
création
création
AU THEATRE DE LA CITE INTERNATIONALE
SIDI LARBI CHERKAOUI
DAMIEN JALET
LUC DUNBERRY
JUAN KRUZ DIAZ
DE GARAIO ESNAOLA
reprise
création
EMIO GRECO
Double points : +
MEG STUART
création
DANSE HORS LES MURS
AU CENTRE POMPIDOU
Cover
MARIE CHOUINARD
création
création
CHRISTIAN RIZZO
“Autant vouloir le bleu du ciel et
m’en aller sur un âne.”
AU THEATRE DE LA BASTILLE
BORIS CHARMATZ
SASHA WALTZ
création 2005
création
MERCEDES RUIZ
bhârata natyam
SANKAI JUKU
USHIO AMAGATSU
Chunking
reprise
ALARMEL VALLI
MADHAVI MUDGAL
Docteur Labus
Rien ne laisse présager de l’état
de l’eau
création
création 2006
Bâche
JAN FABRE
MAGUY MARIN
création 2005
KOEN AUGUSTIJNEN
Dibujos en el aire
Held
création 2005
Kinkan shonen
création
création
Régi
création
Angelin Preljocaj, ph. J.-C. Carbonne
DANSE
AU THEATRE
DE LA VILLE
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
Angelin
Preljocaj
BALLET PRELJOCAJ
DU 27 SEPT. AU 8 OCT. 1er PROG.
Les 4 Saisons…
CRÉATION
“chaosgraphie*” Fabrice Hyber
musique Vivaldi, Les Quatre Saisons
12 danseurs
* Écriture du chaos.
DU 4 AU 15 AVR. 2e PROG.
Empty Moves
(part I) (2004)
création sonore John Cage, Empty words
4 danseurs
Noces
(1989)
musique Igor Stravinski, Noces
10 danseurs
20e anniversaire de la compagnie et
ouverture de son nouveau lieu de création
et de diffusion à Aix-en-Provence, le
Pavillon noir.
L’ÉPREUVE DU CORPS
Une question, obstinée, exigeante, rôde à
l’orée de toute nouvelle création d’Angelin
Preljocaj : « Que peut le corps ? ». Écrire, les
yeux grands ouverts sur le monde, dire ses
tourmentes, ses fracas, ses beautés furieuses, avec le stylet du geste, la puissance
expressive de la chair. Pour lui, la danse est
un art de combat, un défi aux limites du corps,
une plongée dans les failles du présent. Sans
doute cette ardeur farouche fut-elle aiguisée
par le destin de sa famille albanaise happée
dans les violences de la guerre, et par l’opposition de ses parents à sa vocation. Ce fils
d’émigrés a grandi en résistance, affûtant son
style, racé, incisif, au fil d’un parcours initiatique transfrontière. Il commence par le classique, découvre le contemporain avec Karin
Waehner, parfait son apprentissage aux ÉtatsUnis avec Merce Cunningham, puis, de retour
en France, avec Viola Farber et Dominique
Bagouet. Aujourd’hui, à la tête du Ballet
Preljocaj, compagnie qu’il fonde en 1984,
chorégraphiant pour les plus grands ballets
mondiaux, cet amoureux insatiable du mouvement n’aime rien tant que s’aventurer sur des
terres inconnues ou défier la tradition. Il ose se
confronter aux chefs-d’œuvre du répertoire,
qu’il expurge des dorures ternes de la
convention pour en retrouver l’éclat tranchant.
Artiste engagé, il n’hésite pas non plus à se
frotter aux épines, même les plus aiguës, qui
écorchent l’humain : le décervelage télévisuel
(Personne n’épouse les méduses*), l’état d’urgence (Helikopter *), l’animalité du désir (Le
Sacre du printemps*) la matrice de la vie
(Near Life Experience*), la haine (N), l’infanticide (Le Songe de Médée)… Ses visions
incandescentes déploient une danse vitale,
essentielle, où la voracité des pulsions s’exaspère dans le dessin complexe d’une écriture
rigoureusement ciselée.
Pour le vingtième anniversaire de sa compagnie, installée à Aix-en-Provence depuis
1996, Angelin Preljocaj revient au Théâtre de
la Ville qui accompagne ses créations depuis
1987. Le chorégraphe explore un des plus
célèbres concertos : Les Quatre Saisons de
Vivaldi. « Peut-on effacer ”l’entachement” qu’a
connu cette musique, au final, si sensuellement météorologique ? » Avec la complicité
du plasticien Fabrice Hyber, il creuse les
zones d’ombre et les secrets de cette partition
si souvent dévoyée en mélodie téléphonique.
Jaillissement, exaltation, suspension, vibration… Ses Saisons brouillent les interférences
et embrasent les forces tumultueuses qui
régissent le cycle du temps. C’est également
par la relecture d’un grand classique que
s’ouvre le second programme : Noces, sur les
notes enfiévrées de Stravinski. Créée en
1989, sa version, empreinte d’accents slaves,
exacerbe la sauvagerie et le tragique de ces
épousailles dominées par la brutalité machiste. Empty Moves (part I) (2004) joue en
revanche sur l’essence du mouvement et la
déstructuration du phrasé chorégraphique sur
la musique répétitive de John Cage. Sensuel,
pulsionnel ou abstrait, le corps reste au cœur
de la bataille…
Gwénola David
* 10 coproductions et 3 accueils au Théâtre de la Ville.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 11 AU 16 OCT.
Akram Khan
Sidi Larbi
Cherkaoui
AKRAM KHAN DANCE COMPANY
BALLETS C. DE LA B.
Zero degrees
CRÉATION
duo dansé par Akram Khan
et Sidi Larbi Cherkaoui
musique Nitin Sawhney
sculpteur Antony Gormley
Souvent la danse est cette alchimie qui concilie des énergies opposées, opérant au cœur
même du mouvement le mélange de matières
en fusion. Il y faut, certes, de l’incandescence.
Sidi Larbi Cherkaoui et Akram Khan ont l’un et
l’autre ce tempérament et cette qualité.
L’ardeur et la sveltesse se combinent en Sidi
Larbi Cherkaoui dont l’expressivité est un feu
à fleur de peau – feu à la fois noir et transparent dont il fait la sève d’une arborescence
fluide. Akram Khan, simultanément formé au
kathak indien et à la danse contemporaine,
transporte pour sa part dans la syncope des
rythmes la double énergie tranchante et
veloutée qui forme la ligne claire d’un jeu avec
la vitesse et qui, cependant, libère un temps
cosmique délié de l’urgence. L’un et l’autre
donnent ainsi consistance à une sorte de
grâce contemporaine, non plus vécue comme
une évasion hors de la chair mais au contraire
scellée en son for intérieur : une grâce non
plus éthérée mais exacerbée.
Sur des musiques du compositeur Nitin
Sawhney, forgeron d’un alliage sonore entre
l’Orient et l’Occident, et dans le voisinage
d’une sculpture de l’artiste britannique Antony
Gormley, fasciné par le corps-environnement,
Akram Khan et Sidi Larbi Cherkaoui ont décidé de faire pour la première fois, avec Zero
degrees, œuvre commune. Le « degré zéro »
est ici synonyme de matière originelle, encore
indistincte ; source initiale et noyau commun
d’antagonismes tels que « la vie et la mort, le
clair et le foncé, l’ordre et le chaos ». Éclosion
sans cesse recommencée du vivant dont les
deux danseurs-chorégraphes apprivoisent,
au-delà de leurs affinités et différences, l’exquise et troublante dynamique.
Akram khan/S. L. Cherkaoui, ph. C. Van der Burght
Jean-Marc Adolphe
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 20 AU 29 OCT.
Lloyd Newson
DV8 Physical
Theatre
Just for show
CRÉATION
10/11 danseurs
avec le Festival d’Automne à Paris
Le nom même de sa compagnie, DV8 (soit
deviate/dévier en V.O.) créée en 1985, est une
profession de foi : pour Lloyd Newson être sur
scène signifie prendre des risques, qu’ils
soient esthétiques ou physiques, brouiller les
frontières entre danse et théâtre et, pardessus tout, faire passer des idées. Loin de
son Australie natale où il étudia la psychologie
puis la danse, Lloyd Newson impose son
regard sur le monde, notre monde. Sa
compagnie est à son image, protéiforme et
engagée. On a pu découvrir dans de précédentes créations des jeunes partageant l’affiche en harmonie avec une vraie lady à l’âge
respectable (Diana Payne-Myers) ou un danseur sans jambes (David Toole). Mais ces
tranches de vie n’empêchent pas Lloyd
Newson de se montrer tel qu’il est : un remarquable homme de théâtre doublé d’un cinéaste accompli. Au final, le but ultime de
DV8 est toujours de toucher le public au cœur.
Just for show est une nouvelle étape dans une
œuvre riche de ces individualités réunies. Une
dizaine de danseurs, des projections vidéos
et du texte pour questionner une société du
paraître où la forme est plus importante que le
fond, où les mensonges joliment emballés
cachent des vérités moins belles à (sa)voir.
Lloyd Newson se demande enfin si l’apparence et les images n’ont pas pris le dessus
sur le réel de nos vies. Il sait trop bien, médias
aidant, qu’aujourd’hui chacun entend réécrire
son histoire, du passé au présent. Ce futur vir-
DV8, ph. J. Joyce
Ea Sola, ph. Cl. Le-Anh
tuel vaut-il le prix que certains sont prêts à
payer ? On connaît l’habilité du chorégraphe à
manier des sujets brûlants sans démagogie
aucune, simplement avec le sens du corps en
mouvement, parfait vecteur d’énergies qu’il
redécouvre sans cesse. En exergue de Just
for show, Lloyd Newson place cette phrase de
Otto Rank : « To be able to live, one needs illusions », (Pour être capable de vivre, chacun a
besoin d’illusions). Il est urgent de croire aux
illusions de DV8 Physical Theatre.
Philippe Noisette
DV8 AU THÉÂTRE DE LA VILLE
juin 97
Bound to please
juin 99
The Happiest Day of my life
oct. 03
Cost of living
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 7 AU 10 NOV.
RE-CRÉATION
Ea Sola
Sécheresse et pluie
Vol. 2
avec le Ballet national de Hanoï
16 danseurs, 5 musiciens, 1 compositeur
ENTRE MÉMOIRE ET DEVENIR
En 1995, un insolite objet apparaît dans le
paysage chorégraphique : Sécheresse et
pluie, première création contemporaine
vietnamienne signée Ea Sola. Un manifeste.
Cette révolution est le fruit d’un long, patient et
obstiné travail de reconstruction. Toute l’ambition artistique d’Ea Sola est liée à son pays,
qu’elle a dû quitter adolescente avant de pouvoir y retourner au début des années 90, et
d’initier ce délicat projet qui repose sur la
mémoire collective d’un peuple et le traumatisme de la colonisation et des guerres qu’il a
traversées. Durant quatre ans, la chorégraphe
arpente son sol, à la recherche de ses origines et de la culture de son pays. Avec une
vingtaine de femmes entre 50 et 70 ans, elle
invente une façon de chorégraphier qui s’inspire des gestes de la terre et du rapport à la
nature, des rituels et du théâtre traditionnel,
mais aussi du Viêt-nam d’aujourd’hui et de sa
modernité. Les « dames paysannes », qu’elle
met en scène sont les figures anonymes d’un
peuple, ces héros du quotidien, gardiens du
temps aux portes du présent.
Depuis, dix ans ont passé et les jeunes
artistes vietnamiens ont grandi dans la paix.
En choisissant de recréer cette pièce avec les
danseurs du Ballet national de Hanoi, Ea Sola
réalise un original travail de transmission
autour de la mémoire de guerre et de la nonviolence. De l’image au corps, du mouvement
à la voix, l’écriture de la pièce suit une même
partition de musique traditionnelle. Mais
arrangements sonores et projections visuelles
évoquent un paysage différent. Dans ce volume 2, la chorégraphe interroge le nouveau
Viêt-nam, ce qu’il advient de son identité et de
son histoire sous l’influence de la « globalisation ». Les gestes évoluent sous un autre
regard, celui de la jeunesse.
Irène Filiberti
EA SOLA AU THÉÂTRE DE LA VILLE
mai 97
Il a été une fois
mai 99
Voilà, voilà
mai 01
Requiem
Australian Dance Theatre, ph. L. Greenfield
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 15 AU 19 NOV.
Garry Stewart
Australian
Dance Theatre
Held
POUR LA
1
10 danseurs
FOIS À PARIS
RE
pace du studio (et non sur scène), sur un
immuable fond blanc, des danseurs épinglés
en plein vol. Avec elle, l’éphémère devient
icône, temps suspendu dans l’élan capturé.
Délaissant l’espace minutieux de son studio
de prise de vues, Lois Greenfield se risque ici
sur le plateau, chasseresse de papillons-danseurs dont elle projette instantanément la vie
aérienne. Au 1/2000e de seconde, la danse
est ici ciselée à même l’énergie qui la propulse, impeccables et implacables figures
d’un corps insatiable.
J.-M. A.
photographies en direct Lois Greenfield
Sans forcer le cliché, on pourrait convenir
qu’une certaine danse anglo-saxonne n’a pas
renoncé à vouer un culte ici quelque peu
tombé en désuétude (hors ballet classique) à
la pure virtuosité du mouvement. De l’anglais
Michael Clark, qui défraya la chronique à la fin
des années 80 avec ses ballets à la touche
punk, au nouveau prodige Russell Maliphant
(qui a récemment enrôlé Sylvie Guillem) en
passant par le turbulent Earl Lloyd Newson ;
du canadien Édouard Lock, dont les folles
vrilles jadis sublimées par Louise Lecavalier
se sont récemment muées en vertigineuses
figures sur pointes, à la vitesse ciselée d’un
Akram Khan, ce sont là quelques exemples
d’une danse prompte à se projeter dans l’inouï
de la « performance » corporelle. C’est dans
cette lignée à haute densité que s’inscrit, venu
des antipodes, l’Australian Dance Theatre dirigé depuis 1999 par le chorégraphe Garry
Stewart, féru de multimédias et de robotique.
Avec des danseurs rompus aux techniques
les plus spectaculaires (classique, contemporain, break, arts martiaux…), la chorégraphie
devient ici l’époustouflante prouesse de corps
montés sur ressorts, dont l’engagement physique est un défi audacieusement lancé à la
gravité et à la pesanteur. Held, spectacle avec
lequel l’Australian Dance Theatre aborde pour
la première fois Paris, met en jeu toutes ces
qualités sous le regard affûté de Lois
Greenfield. Depuis près de trente ans, cette
photographe américaine, habituée des pages
du Village Voice, de Time ou de Rolling Stone,
a forgé un style bien à elle, cadrant dans l’es-
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 22 AU 26 NOV.
Maguy Marin
COMPAGNIE MAGUY MARIN – CENTRE
CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE RILLIEUX-LA-PAPE
Umwelt
9 danseurs
CRÉATION
AU MIROIR DES SENS
Depuis un quart de siècle, May B. de Maguy
Marin, chef-d’œuvre de l’absurde contemporain inspiré de Beckett, aura tourné sur la planète entière. Au moment même où la carrière
de ce spectacle s’arrête, Umwelt se hisse à
présent au même niveau d’enjeu esthétique et
philosophique. La chorégraphe y agit en artiste des défis, au prix de nouvelles batailles
d’Hernani.
En front de scène, un cordon produit seul,
contre des cordes de guitare, un unique
accord obsédant. La danse abandonne
l’avant du plateau où peu à peu s’entassent
des débris de chimères scénographiques.
Mais c’est au fond, en lisière des coulisses,
battant doucement dans un vent puissant,
qu’est disposé un somptueux jeu de miroirs
souples.
Dans leurs interstices en mouvement, apparaissent et disparaissent les neuf interprètes.
Ils orchestrent une fantastique pavane répétitive et furtive, incessant défilé de figures en
mirage, saisissantes. L’œil capte des fragments, présences gommées, scènes enfuies,
duos, trios, dans les atours du rêve, la gravité
du sens et le miroitement des surprises. Ici la
beauté ne peut que se montrer morcelée,
défaite, au souffle d’une époque d’utopies ruinées et d’images vaines, et pourtant fascinante. Époque que nous passons « à jouer du
possible sans le réaliser. À aller jusqu’à l’épuisement des possibilités. Un épuisement qui
renonce à tout ordre de préférence et à toute
organisation de but ou de signification ».
Étourdissant d’intelligence, tourbillonnant
d’élégance, éclatant de trempe, Umwelt tisse
le réseau des illusions qui isole la splendeur
des êtres dans un temps saturé de mondialité, miné de vacuité.
Maguy Marin, ph. J.-P. Maurin
Gérard Mayen
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 29 NOV. AU 3 DÉC.
Wim
Vandekeybus
ULTIMA VEZ- KVS
(THÉÂTRE ROYAL FLAMAND, BRUXELLES)
Puur
13 acteurs/danseurs
CRÉATION
musique David Eugene Edwards
et Fausto Romitelli
textes P. F. Thomése et Ultima Vez
film de Wim Vandekeybus
Étreintes survoltées, chevauchées ébouriffées, jaillissements charnels : la danse de Wim
Vandekeybus exulte, bataille, s’abandonne.
Elle trahit les émois de la chair, s’engouffre
dans les abîmes de l’âme et soudain
s’épanche en vertiges mélancoliques. Depuis
presque vingt ans*, le chorégraphe d’Ultima
Vez n’en finit pas de forer le vernis policé de
la conscience pour caresser la part obscure
qui nous agite : l’amour, le sexe, le rêve, la
mort. Son écriture, onirique, puissante, suit les
fougues de l’instinct animal, les blessures du
désir, et s’ébat rageusement dans les fantasmagories d’un imaginaire luxuriant : le
Flamand possède la magie insomniaque des
conteurs… Mêlant la danse, le théâtre et le
cinéma, il trame le secret du vivant en fictions
heurtées de la destinée humaine où l’élan vital
conjure la fièvre noire des visions du néant.
Avec Puur, il puise dans les anciens mythes et
excise les tumeurs sanieuses de notre
époque : massacre d’innocents, purification
ethnique, aliénation au pouvoir, souffrance du
deuil, peur de l’inconnu… Autant de tragédies
trop souvent silencieuses qui lacèrent l’humanité et ébranlent notre « innocence » au
plus intime. La gestuelle sculptée par les
vibrations intérieures des danseurs, les mots
du Néerlandais P. F. Thomése, les sonorités
ombrageuses de David Eugene Edwards
(du groupe 16 Horsepower) tout comme les
images projetées sur le plateau, tressent
les fils d’une histoire universelle. Wim
Vandekeybus (photographe de formation)
réalise ici l’osmose entre la scène et l’écran.
Puur, fresque crépusculaire pour 13 danseurs, tonne comme un acte de résistance
G. D.
face à la violence du monde.
Wim Vandekeybus, ph. J.-P. Stoop
* Un parcours que le Théâtre de la Ville accompagne
depuis 1990.
Sankai Juku, ph.T. Valès/Enguerand
Odile Duboc, ph.Enguerand
coule ? De l’abandon à la pesanteur où la
verticale se source ? Des coulés et rebondissements en lesquels le groupe bouillonne ? Il
faudra se rafraîchir, toujours et encore, à ce
cours de la danse en sa course.
G. M.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 15 AU 30 DÉC.
Sankai Juku
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 6 AU 10 DÉC.
CRÉATION
Odile Duboc
CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE
FRANCHE-COMTÉ-BELFORT
Rien ne laisse présager
de l’état de l’eau
conception
Odile Duboc et Françoise Michel
10 danseurs
DU FLUX, DONT LA DANSE DÉCOULE
« Elle est blanche et brillante, informe et
fraîche, passive et obstinée dans son seul
vice : la pesanteur […]
[…] Elle s’effondre sans cesse, renonce à
chaque instant à toute forme, ne tend qu’à
s’humilier, se couche à plat ventre sur le sol […]
On pourrait presque dire que l’eau est folle, à
cause de cet hystérique besoin de n’obéir
qu’à la pesanteur… »
Odile Duboc aime citer Francis Ponge, pour
évoquer sa nouvelle grande pièce Rien ne
laisse présager de l’état de l’eau. Elle n’est pas
de ces artistes qu’impressionne la girouette
des tendances. Croisant les lumières-univers
de Françoise Michel, la chorégraphe invente
des plastiques d’états de corps au monde,
puisées à la pensée des éléments fondamentaux : air, terre, feu, et eau. Imperturbable et
sûre, son œuvre parut abstraite quand la
danse des années 80 se payait de surenchère
visuelle. Intense et fine, elle paraît si dansante,
quand la pensée chorégraphique s’est faite
plus conceptuelle.
Ainsi Odile Duboc articule-t-elle un propos
dans son époque, comme un repère essentiel. Et on trouve quelque chose de la déferlante, dans l’allant des énergies nombreuses
rassemblées pour de patients mois de préparatifs de Rien ne laisse présager de l’état de
l’eau. Qu’en est-il du flux dont la danse dé-
Ushio Amagatsu
DU 15 AU 21 DÉC. 1er PROG.
création 2005
CRÉATION
7 danseurs
DU 27 AU 30 DÉC. 2e PROG.
Kinkan shonen
RE-CRÉATION
(Graine de cumquat)
Incontestablement, Ushio Amagatsu pose sur
scène un geste artistique qui puise autant à la
danse qu’à la poésie et à la philosophie. Le
tout dans un même mouvement et l’évidence
d’une pensée libre qui a trouvé dans la chorégraphie son mode majeur. C’est à travers le
corps, instrument d’émotions aux mille
nuances dont Ushio Amagatsu traverse les
couches les plus intimes, qu’il a raffiné sa
compréhension de lui-même et du monde. Ce
maître du butô, mouvement chorégraphique
japonais né dans les années 50, n’a de cesse
depuis près de trente ans de nous transporter
dans des sphères mentales et sensibles inexplorées. Pour ce nouveau programme, il
reprend sa pièce fondatrice Kinkan shonen
(Graine de cumquat), conçue en 1978, dans
laquelle il rêvait du mystère des origines au
diapason de son enfance passée au bord de
la mer. Pour la première fois, il transmet son
rôle, qu’il a découpé en trois partitions, à trois
interprètes. Parallèlement, il propose une nouvelle pièce pour sept danseurs dont le titre,
comme à son habitude, n’apparaîtra et ne
sera connu que quelques semaines avant la
création du spectacle. Plus que jamais proche
de lui-même dans son absolue singularité, il y
fouille cette notion fondatrice et insaisissable
qu’est le temps. Chaque seconde, dans son
intemporalité, représente à elle seule une
goutte d’éternité dont Amagatsu compte bien
extraire l’essence même d’un être au monde,
ici et maintenant.
Jeanne Liger
Alain Platel, ph. X. DR
nuances. Alain Platel, chorégraphe des
polyphonies bigarrées, ne pouvait trouver
là meilleure invitation à célébrer l’essence
des singularités humaines, non comme division à l’infini d’identités irréconciliables,
mais comme humus d’une appartenance
commune, chorale, au mystère du monde.
J.-M. A.
ALAIN PLATEL AU THÉÂTRE DE LA VILLE
fév. 96,97 La Tristeza complice
mai 98
Iets op Bach
fév. 00
Iets op Bach
mai 00
Tous des indiens (Arne Sierens)
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 28 FÉV. AU 4 MARS
Marie
Chouinard
COMPAGNIE MARIE CHOUINARD
THEATRE DE LA VILLE • TARIF EXCEPTIONNEL
création 2005
CRÉATION
10 danseurs
DU 16 AU 25 FÉV.
Alain Platel
BALLETS C. DE LA B.
Vespers
CRÉATION
musique Monteverdi, Les Vêpres
10 danseurs/10 chanteurs et musiciens
en coproduction avec l’Opéra national
de Paris
Avec un brio où grâce et trivialité imbriquent
leurs racines, Alain Platel a déluré la danse
contemporaine – comme seule avant lui, Pina
Bausch l’avait entrepris –, faisant cabaret
d’un théâtre des corps livrés à l’audace de
leurs débords. En poète du désordre, il a
semé pour longtemps, avec les fresques
pagailleuses des Ballets C. de la B., l’insolente
vitalité d’une humanité de bric et de broc. Il a
trouvé le juste ton d’une théâtralité de la
déglingue, heureusement affranchie, cependant, d’un réalisme social auquel certains
esprits grincheux voulaient le réduire.
Abordant enfin quelques-uns des sommets du
répertoire musical, il a donné forme, sur le vif
d’une verve expressive haute en couleur, à
une sorte d’opéra contemporain fort éloigné
des conventions du genre. Convoquant la
musique de Purcell (transposée à l’accordéon) dans La Tristeza complice, il a réédité
de semblables aventures en compagnie de
Jean-Sébastien Bach avec le tumultueux Iets
op Bach, puis de Mozart dans le récent – et
tout aussi intrépide – Wolf. Sa prochaine création se profile dans les chaudes couleurs de
Monteverdi. Le madrigaliste italien, précurseur de l’opéra au tournant des XVIe et XVIIe
siècles, avait déjà inspiré voici quelques
années le mémorable Ottone, Ottone d’Anne
Teresa De Keersmaeker. La chorégraphe avait
alors puisé dans Le Couronnement de
Poppée les fils chatoyants d’une fresque riche
en surprises. Alain Platel, pour sa part, jette
l’ancre dans Les Vêpres de la Vierge, monument d’art sacré publié par Monteverdi à
Venise en 1610. Sans affectation religieuse,
gageons que le chorégraphe saura trouver la
façon de transposer dans un certain paroxysme expressif les psaumes, antiennes et
Magnificat qui charpentent ces Vêpres.
Monteverdi y joue à merveille d’une palette où
chœur et orchestre déposent de multiples
Profondément païenne, parfois même hérétique ; animiste en diable et tellurique dans
son énergie, Marie Chouinard peut à juste titre
considérer la danse comme « un vibrant
appel à la liberté d’être ». En d’autres circonstances, la formule semblerait banale, gratuitement incantatoire. Mais toute l’œuvre de la
chorégraphe canadienne en dit au contraire la
pertinence. De 1978 à 1990, c’est exclusivement en solo qu’elle élabore un vocabulaire
tout à fait personnel, aux confins de la performance, faisant de son propre corps la forge
malicieuse d’une beauté incandescente, catalysant un mouvement viscéralement organique. Consacrée à New York par un Bessie
Award en 2000, après avoir constitué sa
compagnie dix ans plus tôt, Marie Chouinard
a su transmettre et communiquer à des interprètes totalement investis une vision de la
danse profondément ancrée dans un corps
souterrain, archaïque, qui continue de modeler nos pulsions de vie. Le Cri du monde,
pièce cataclysmique, et Chorale, tout en
cadence de souffles et de voix, sont deux des
spectacles emblématiques grâce auxquels le
public du Théâtre de la Ville a pu découvrir –
et plébisciter – la densité d’un univers chorégraphique à nul autre pareil. Sans doute serat-on surpris d’apprendre que la prochaine
création de Marie Chouinard, dévoilée à la
prochaine Biennale de Venise, fera la part
belle aux pointes de la danse classique. Sur
les sonorités électroacoustiques de Louis
Dufort, mais aussi sur les Variations Goldberg
de Bach, la chorégraphe déploie une palette
de variations sur « l’exercice de la liberté ».
Entre ce qui entrave le mouvement et ce qui
parfois le crée, la frontière est parfois ténue :
pointes, donc, mais aussi prothèses, béquilles, harnais, cordes, figurent pour Marie
Chouinard tout un attirail disciplinaire qui peut
aussi devenir source de jeu et de plaisir. Avec
une préoccupation constante qui traverse
toute son œuvre : explorer, encore et toujours,
le mystère insoluble du corps et du vivant,
leurs fragrances à la fois subtiles et extravagantes, somptueuses et sauvages.
J.-M. A.
Marie Chouinard, ph. M. Chouinard
Meg Stuart, ph. D. Meienberg
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 15 AU 18 MARS
Meg Stuart
DAMAGED GOODS
création 2006
CRÉATION
musique Hahn Rowe
9 danseurs
Il y a du corps, encore… Le cauchemar d’une
société prophylactique, qui formerait autour
des individus une bulle sanitaire les préservant de toute infection, de toute agression
extérieure, de toute contamination, en bref de
tout contact, tel que Meg Stuart et Benoît
Lachambre l’évoquaient récemment dans une
séquence de Forgeries, love and other matters, est un fantasme mortifère. Déjouer l’angoisse du contemporain, que trahissent les
logiques sécuritaires qui hantent le champ
politique comme l’espace intime, c’est ne pas
craindre de s’y frotter. Si l’on a pu qualifier de
« danse du désastre » les premiers spectacles de Meg Stuart, c’est bien que la chorégraphe américaine, aujourd’hui installée en
Europe, choisissait de ne pas ignorer, dans sa
quête de mouvement, les secousses, ravages
et fragmentations à l’œuvre dans les sociétés
modernes. Un corps ne se construit pas à
l’exclusion de ce qui l’entoure. En danse, il en
est tout particulièrement le réceptacle, parfois
même le sismographe de tremblements encore souterrains.
En leitmotiv d’un texte écrit pour la compagnie
Damaged Goods, le critique et dramaturge
Jeroen Peters interroge : « How to give
discourse back to the body ? » (Comment restituer au corps son discours ?) Loin d’une « fiction abstraite » dont le corps serait l’essence
désincarnée, Meg Stuart prône une « proximité sensorielle » avec ce qui affecte nos
repères, paupérise nos expériences et désenchante nos horizons. Avec neuf danseurs,
nomades du monde, qu’elle sédentarise à
Berlin le temps volontairement long d’un laboratoire de création imprégné du dehors, Meg
Stuart s’attaque aux peurs qui nous intoxiquent. Le meilleur remède n’est-il pas de
s’auto-intoxiquer, par exemple en jouant à se
faire peur, en ridiculisant la terreur et le sentiment de catastrophe, par une mise en scène
exagérée des formes de la monstruosité ? Ce
sont-là quelques-unes des pistes de jeu
qu’explore aujourd’hui une Meg Stuart malicieusement sereine, critique et lucide mais
cependant confiante dans une promesse de
vie dont le corps demeure le laboratoire
artisanal.
J.-M. A.
MEG STUART AU THÉÂTRE DE LA VILLE
jan. 96
nov. 97
fév. 98
mars 99
fév. 02
juin 03
mars 05
No one is watching
Crash Landing @ Paris
Splayed mind out
Appetite
Alibi
Visitors Only
Forgeries, love and other matters
(au Théâtre de la Cité Internationale)
S. L. Cherkaoui, D. Jalet… ph. Enguerand
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 4 AU 15 AVR.
e
2 PROG.
Angelin
Preljocaj
BALLET PRELJOCAJ
Empty Moves
(part I) (2004)
création sonore John Cage, Empty words
4 danseurs
Noces
(1989)
musique Igor Stravinski, Noces
10 danseurs
voir article p. 22
piciennes. Sur une rotonde de briquettes
trône l’ombre d’un échafaudage, métaphore
de nos mémoires en chantier où se fondent
vestiges d’avant et d’après : cette pièce collective oscillera entre désir de construction et
tentation de déconstruction, entre ferveur
sacrée et insolence profane. Les corps s’enroulent, se déplient, s’imbriquent et s’entrechoquent. Chacun apporte à la conversation
son vocabulaire gestuel et son style chorégraphique. Duos magnétiques, figures giratoires,
sauts élastiques se muent en postures christiques, tango voluptueux ou numéros de
transformisme. D’avant procède par digressions et renversements au gré de cocasses
saynètes : match de foot improvisé, défilé militant sous banderole ou encore procession de
la mariée… Ce boy’s band audacieux singe
avec humour les intégrismes et esquisse un
tableau mosaïque bien de notre temps.
G. D.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
* D’avant a été coproduit et présenté par le Théâtre
de la Ville en octobre 2002.
DU 25 AU 29 AVR.
Sidi Larbi Cherkaoui
Damien Jalet
Luc Dunberry
Juan Kruz Diaz
De Garaio Esnaola
D’avant
REPRISE
BIS !!!!
Ils sont quatre, personnalités pétulantes et
danseurs talentueux qui se sont rencontrés à
l’occasion d’une tournée. Présentation : Sidi
Larbi Cherkaoui, Belgo-Marocain, et Damien
Jalet, Belge, féru d’ethnomusicologie, issus
des fameux Ballets C. de la B. ; Luc Dunberry,
Canadien, et Juan Kruz Diaz de Garaio
Esnaola, Espagnol, également chanteur, tous
deux créatifs interprètes de Sasha Waltz. Et
ces quatre-là prétendent former… Un « boy’s
band médiéval » ! Projet un brin farfelu au premier abord. Mais ô combien réjouissant ! En
témoigne le formidable succès lors de sa
création au Théâtre des Abbesses*.
Traversant le répertoire du VIIe au XIIIe siècle, le
quatuor polyglotte conjugue en virtuose le
chant a capella et la danse sous le signe de la
fantaisie et du métissage. Ici, les inflexions
méditerranéennes narguent les accents
arabo-andalous, les chœurs grégoriens enlacent les mélodies galantes des chansons de
cour. Nos trublions jouent autant des résonances entre les gestes et les vibrations de la
voix qu’ils s’amusent à détourner imageries
des bâtisseurs de cathédrale et figurines sul-
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 3 AU 6 MAI
REPRISE
Jan Lauwers
NEEDCOMPANY
La Chambre d’Isabella
9 interprètes
LE BONHEUR DES SENS
À 94 ans, elle porte en elle un siècle d’histoire,
une vie d’aventures. Elle a le ton léger, une
présence souveraine, la voix rugueuse et le
rire éclatant. Isabella Morandi, derrière ses
lunettes noires, a perdu la vue mais ne
manque pas de visions. Entourée de ses
proches, elle est en visite parmi ses souvenirs, suivant le fil capricieux de sa mémoire.
Reconstitution lacunaire que ses partenaires
se chargent de compléter, contredire, embellir. Sentinelles attentives aux pièges de la fiction comme aux aspérités du réel, ils se
relaient avec bonheur pour prendre en charge
cette soudaine réapparition de la narration au
théâtre. Une nouvelle voie ouverte par Jan
Lauwers au sein d’une œuvre sertie de pertinences vagabondes, et qui vient encore
creuser le langage polyphonique et en
constant bouleversement du metteur en
scène flamand.
Dans ce rôle cousu main pour son talent,
Viviane De Mynck est l’actrice au sens le plus
incarné, fantasque, inattendu du terme. L’une
Grace Ellen Barkey, ph. M. Vanden Abeele
des muses de Jan Lauwers qui, depuis les
débuts de la Needcompany qu’il dirige, partage cette recherche d’un théâtre de l’intuition
aux multiples expressions. Par bribes, fragments, La Chambre d’Isabella * déploie le
cours sinueux d’un récit charnel et fantaisiste.
Entre fiction et réalité se dessine la biographie
d’un personnage puissamment amoureux de
la vie dont la naissance repose sur un secret,
peut-être même un pieux mensonge. À la
façon d’une partition musicale, texte, petites
danses et chansons cisèlent les émotions,
I. F.
vers un théâtre de la félicité.
Jan Lauwers, ph. M. Vanden Abeele
* Coproduite et présentée la saison dernière au
Théâtre de la Ville.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
23 ET 24 MAI
Grace Ellen
Barkey
NEEDCOMPANY
Chunking
6 danseurs
CRÉATION
D’origine indonésienne, Grace Ellen Barkey
est une artiste européenne. Après une formation en danse à Amsterdam, elle a rejoint la
Needcompany de Jan Lauwers, participant à
la plupart de ses spectacles depuis 1986, y
apportant une certaine nonchalance sensuelle, l’allant d’un jeu mutin, mais aussi la
braise d’une intensité contenue. Cette « petite
musique » intérieure, Grace Ellen Barkey lui a
donné une singulière chambre d’écho dans
les spectacles qu’elle a chorégraphiés et mis
en scène au sein de la Needcompany, mais
sous son propre nom, depuis 1992. Avec un
zeste de joyeuse folie, elle a développé une
forme de danse-théâtre totalement décomplexée, où tous les repères habituels (narratifs
ou abstraits) ont volé en éclats. Ce fut d’abord
sous l’apparence de fictions plus ou moins
autobiographiques (One et Stories), puis en
se saisissant de l’imaginaire du conte, que
Grace Ellen Barkey a progressivement élaboré, la recette de fantasmagories pétillantes.
Avec (And), que les spectateurs du Théâtre
de la Ville ont pu découvrir en mars-avril 2004
au Théâtre de la Bastille, on se laissait aisément gagner par l’ivresse que procurait un
cocktail délicieusement frappé où la danse, le
théâtre et la musique concouraient à déborder
la trame d’un conte chinois sur lequel régnait
une princesse soucieuse de garder sa virginité. Dans Few things déjà, à partir du Mandarin
merveilleux de Béla Bartók, un parfum
d’Extrême-Orient distillait ses saveurs épicées. La création de Chunking pourrait bien
se nourrir d’une telle veine, même si la chorégraphe signale juste, pour l’heure, que le titre
de sa pièce est celui d’une ville en Chine.
Mais chunking, ajoute t-elle, est aussi un
terme de psychologie : « pour stocker les
informations de façon sensée dans la mémoire, nous devons les diviser en morceaux
(chunks) ». Dans la géographie mentale de
Grace Ellen Barkey, l’inconscient est un volcan, et gare à l’éruption ! Il n’est pas sûr qu’à
la fin de l’histoire, tous les morceaux soient
recollés, mais même en miettes, le puzzle
risque fort de ne pas être un jeu de patience.
D’autant, nous dit-on, que le légendaire Kill
your idols de Sonic Youth sera convoqué pour
secouer les corps et faire pétiller leur voltage.
J.-M. A.
Sasha Waltz, ph. J.-P. Maurin
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
25 MAI
HORS ABONNEMENT
Jan Lauwers
NEEDCOMPANY
Needlapb
(2006)
Il arrive parfois que le succès public de telle
ou telle œuvre, et l’audience élargie qu’elle
apporte à son auteur, soient fondés sur un
malentendu : celui d’une « notoriété » à retardement, qui consacre des écritures novatrices
alors que celles-ci commencent à se faner, ou
en tout cas dont la fraîche vigueur des surgissements s’est muée au fil des ans en de
reconnaissables figures de style.
L’enthousiasme du public qui s’est porté la
saison dernière, au Théâtre de la Ville, sur La
Chambre d’Isabella de Jan Lauwers, échappe
à un tel malentendu. Bien mieux, en n’étant
soumis à aucun « racolage » médiatique ou
publicitaire, ce succès aura témoigné, dans
sa jeunesse même, de la force intacte d’un
désir de théâtre renouvelé dans ses formes et
ses contenus. Ce succès, enfin, avait ceci de
réjouissant à Paris qu’il venait sceller une très
longue fidélité entre le « théâtre d’art » de Jan
Lauwers et le Théâtre de la Ville, qui a toujours
soutenu et accueilli les réalisations du metteur
en scène de la Needcompany depuis Need to
know en 1987.
En plus de quinze ans, le « théâtre postdramatique » de Jan Lauwers a fourni pas mal
de bonheurs, dont la fougue était empruntée
à la verve shakespearienne ou puisée aux
sources d’un art de friction qui associe les
bruits et les corps, les paroles et les mouvements, les musiques et les lumières. Plasticien
d’origine, Jan Lauwers a conquis un épatant
savoir-faire scénique. Mais le « savoir-faire »
n’est pas une fin en soi. Et toujours l’artiste
véritable devrait-il le risquer sur de nouveaux
chemins. Renouant avec l’esprit de « nuits
d’art » qu’il organisa alors qu’il sortait de l’École des Beaux-Arts d’Anvers, les Needlapb
sont pour Jan Lauwers ce laboratoire vivant
où prennent corps « des idées, des notes, des
ébauches, des pensées éparses », sorte
d’atelier généreusement ouvert au public des
émulsions à venir.
Jan Lauwers, ph. Needcompany
J.-M. A.
sion du précédent, l’examen d’une autre
question, une rupture dans la continuité.
Après avoir sondé les fissures d’une société
allemande en proie au chamboulement de la
réunification, elle s’éloigne du terrain sociopolitique et s’interroge sur ce qui fonde l’être : le
corps, dont elle exprime tous les idiomes et
les mélodies intimes dans une puissante trilogie (Körper, S et noBody *). Elle s’avance
aussi vers une danse plus abstraite, qui trouve
son plein épanouissement dans la pureté des
Impromptus. La chorégraphe allemande n’en
continue pas moins à empoigner le réel, à
montrer les convulsions de notre temps, avec
son style bien à elle, où se conjuguent force
métaphorique des images, sculptées à même
les corps, écriture ciselée du geste, fragilité et
vigueur charnelle, trivialité et transcendance.
Sa création 2005 s’aventure encore sur un
autre territoire. Sasha Waltz veut travailler sur
l’individu, tout en revenant à une dramaturgie
plus théâtrale. Elle imagine un espace très
concret, en permanente mutation, dans une
atmosphère quasi surréelle : un lieu confiné de
rencontres et de frottements des individualités. Comme toujours chez elle, l’improvisation
se situe au cœur du processus de création.
Avec sa nouvelle troupe permanente de 14
danseurs-chorégraphes, elle mène un laboratoire d’observation des métamorphoses de
l’identité à l’épreuve de l’altérité.
G. D.
* Depuis 2000, le Théâtre de la Ville a présenté la
majeure partie des créations de Sasha Waltz.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 30 MAI AU 10 JUIN
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 10 AU 20 MAI
CRÉATION
Sasha Waltz
SASHA WALTZ & GUESTS
création 2005
14 danseurs
Sasha Waltz a décidément l’âme nomade
d’une exploratrice. Depuis plus de dix ans,
elle compose par touches une œuvre polychrome qui puise dans des univers radicalement différents. De pièce en pièce, elle n’est
ni tout à fait la même ni tout à fait une autre.
Chaque spectacle vient comme la transgres-
CRÉATION
Anne Teresa De
Keersmaeker
ROSAS
création 2006
15 danseurs
tryptique sur la musique de
George Benjamin, Dance Figures
Béla Bartók, musique pour cordes, percussion et célesta
Claude Debussy, Jeux
Fase, en 1982 déjà, marquait le commencement infini d’un chemin déterminé, voire obsti-
Pina Bausch, ph. L. Philippe
A. T. De Keersmaeker, ph. P. Goethals
né, où le corps joue dans la danse sa maîtrise
et sa fougue. Ce chemin a posé ses premiers
jalons dans les entrelacs répétitifs de Steve
Reich, avant d’épouser les rythmes de Thierry
De Mey, de voyager avec Bartók puis Mozart,
Monteverdi, Ligeti et Ysaÿe, Bach, Miles
Davis, et tout récemment la voix de Joan
Baez, la scansion d’un raga indien et le jazz
de John Coltrane. Défiant la doxa qui proclamait que la danse contemporaine s’était
émancipée de la musique, Anne Teresa De
Keersmaeker a au contraire renoué, entre
danse et musique, un fructueux dialogue ;
donnant à voir la musique, traduisant dans la
forme chorégraphique – toute gorgée de ses
élans et tourbillons, de son flux et de sa respiration – le patient tissage des structures et des
émotions. Au fil des ans et des pièces, on
aurait pu craindre qu’un certain savoir-faire
dans l’ordre de la composition vienne étouffer
l’aventure du « commencement infini ». Mais
non : ce parcours est resté enjoué, et le dialogue des formes, toujours aussi vivant,
demeure un chantier bien plus qu’un système
de reproduction. Forcément, il y a un secret.
Anne Teresa De Keersmaeker le livre bien
volontiers, à l’approche de sa nouvelle création pour laquelle elle donne à nouveau rendez-vous à Béla Bartók (musique pour cordes,
percussion et célesta), mais aussi à Debussy
et à George Benjamin, un compositeur
contemporain qui créera pour l’occasion
Dance Figures. « La composition et le contrepoint, je ne m’en lasse pas. J’ai encore tellement de choses à faire et apprendre »,
confie-t-elle sans fausse modestie… La
musique est pour elle, depuis longtemps, une
ligne de cœur. Revenir inlassablement à ce
que l’on aime et aimer le faire partager,
fondent peut-être le plaisir et la nécessité du
principe de répétition. Avec cette sublime
qualité dont la danse cultiverait le désir : que
la répétition soit chaque fois différente, qu’elle
soit le ferment qui permette d’essayer de nouvelles rencontres. « Je n’ai encore jamais fait
de chorégraphie sur des musiques pour
orchestre à part La Nuit transfigurée de
Schoenberg et Mozart avec Concert Arias »,
remarque Anne Teresa De Keersmaeker, et
cette nouvelle création en sera, grâce à la
résidence qui la lie à l’Opéra de la Monnaie,
l’opportunité. Le chemin parcouru dessine le
pas à venir.
J.-M. A.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF EXCEPTIONNEL
DU 17 JUIN AU 4 JUIL.
Pina Bausch
TANZTHEATER WUPPERTAL
création 2005
CRÉATION
résidence à Séoul
Au fil des années, Pina Bausch a redessiné
une carte du Tendre qui lui est personnelle,
autant d’escales chorégraphiques au long
cours. « On me demande parfois si je me sens
européenne : mais je ne sais pas où sont les
frontières, les limites », dit-elle. De l’Europe du
Sud (Rome, Palerme et par extension
Istanbul) à l’Amérique Latine (Rio de Janeiro
ou Buneos Aires), la chorégraphe de
Wuppertal, nomade des temps modernes,
s’installe ainsi dans chacune de ces villes
pour des résidences avec ses danseurs : il
s’agit alors de s’imprégner des odeurs, des
couleurs, des gestes d’une cité et de ses
habitants. De retour en Allemagne, la compagnie se remet au travail pour enfin donner
forme à ses miracles de représentations.
Séoul, capitale d’une Corée du Sud entre
miracle (mirage ?) high-tech et traditions redécouvertes, est cette nouvelle étape. D’un
décor aux allures de glacier, imaginé par son
complice Peter Pabst, la chorégraphe fait, par
la magie de projections, une montagne fleurie,
un bord de mer déchaînée, un feu d’artifices
aussi. Portés par des mélodies coréennes et
des tambours, les solos des danseurs, souvent longs, sont comme des respirations,
artères qui irriguent une pièce d’une infinie
richesse : peut-être l’une des plus ambitieuse
de la troupe. On rit parfois à ces trouvailles –
comme cette cordée d’alpinistes qui croise un
couple de danseurs en pleine parade amoureuse –, on s’émerveille toujours à cette danse
des signes où chaque détail touche au coeur.
Apaisée, Pina Bausch raconte un peu de chacun à travers ces corps qui s’emboîtent, ces
mains qui se frôlent, ces courses qui n’en
finissent pas. Le mouvement ne fait qu’un
avec une nature retrouvée, ici un tronc
d’arbre, là des feuilles de salade : à un instant
du spectacle, des oreillers se mettent à voler.
Sans effets spéciaux. Une tête vient s’y poser.
Comme si Pina Bausch détenait la clef de nos
songes.
Ph. N
Koen Augustijnen, ph. Enguerand
DANSE
AUX ABBESSES
Robyn Orlin ph. J.-P. Lozouet, Vera Mantero ph. X. DR
improbable scénario taillé sur mesure pour
une autre artiste iconoclaste, Vera Mantero,
chorégraphe et performer portugaise qui a eu
l’audace de demander une danse à Robyn
Orlin. De la hardiesse et une même énergie de
survie, jubilatoire et sauvage, animent les
gestes des deux artistes qui ont décidé de
créer ensemble cette pièce au sourire grinçant. Environnée d’objets particuliers, nécessaires et disponibles, Vera Mantero, poétesse
du corps, dont les images cristallisent le fort
impact physique, plastique et littéraire de ses
propres pièces, se transforme à vue, sous le
regard de la chorégraphe sud-africaine.
I. F.
LES ABBESSES • TARIF A
DU 11 AU 15 OCT.
LES ABBESSES • TARIF A
Robyn Orlin
Vera Mantero
DU 2 AU 5 NOV.
CITY THEATER & DANCE GROUP
O RUMO DO FUMO
Hey dude... I have
talent... I'm just waiting
CRÉATION
for God...
Hé mec… J’ai du talent… J’attends Dieu
c’est tout…
solo pour et avec Vera Mantero
LE SOURIRE DES MOUTONS
Mais qui donc connaît Nosingle Smau, cette
femme de quarante-cinq ans, et la précieuse
recette culinaire qui a fait sa réputation et
changé sa vie ? Ce délicieux smiley, un mets
exclusif à base de tête de mouton bouillie, qui
la voit à l’aube de chaque matin prendre le
train pour la ville et se procurer la friande marchandise qu’elle transporte dans un vieux
chariot. Lucrative activité que ce commerce
sans corps, boucherie de la pauvreté qui lui a
permis d’abandonner sa cabane qui brûlait
régulièrement l’obligeant sans cesse à tout
recommencer, et de s’acheter une maison. Un
luxe. Nosingle Smau peut être fière.
Sans aucun doute, Robyn Orlin, aura tiré cette
anecdote de son pays natal, l’Afrique du Sud.
Intarissable source de création, de réflexion et
d’engagement qu’elle met en jeu avec un
humour décapant dans chacun de ses spectacles. Dans Hey dude… I have talent… I’m
just waiting for God (traduire : « Hé mec… J’ai
du talent… J’attends Dieu c’est tout »), l’incroyable histoire de Nosingle Smau devient un
Koen
Augustijnen
BALLETS C. DE LA B.
Bâche
REPRISE D’UN TRIOMPHE
composition, arrangement musical, piano
Guy Van Nueten
Steve Dugardin chant
Koen Augustijnen, c’est d’abord, pour faire
simple, une silhouette, un grand "brin" de garçon au sourire contagieux, que certains ne
manquèrent pas de repérer dans les créations
d’Alain Platel et des Ballets C. de la B. Au sein
de ce collectif belge, Koen Augustijnen a su
saisir l’opportunité offerte et présenter ainsi To
Crush time puis Just another landscape for
some juke-box money, premiers galops d’essai en tant que chorégraphe. Chez Koen
Augustijnen, il y a cet art si délicat du télescopage, musical tout d’abord avec Bach,
Schubert et du rock, chorégraphique ensuite,
danse et haute voltige pour ainsi dire. Bâche,
sa troisième pièce impose enfin son talent :
une reprise ici-même aux Abbesses, une belle
tournée européenne. Bâche est un quatuor d’hommes qu’accompagne la voix d’un
ange, Steve Dugardin chantant Henry Purcell,
et les harmonies de Guy Van Nueten. Koen
Augustijnen a travaillé sur les peurs enfouies
en chacun tout autant que sur une belle idée,
celle d’une communauté au masculin. Bâche
est ainsi traversé de moments de grâce brute :
la procession d’un danseur sur le corps de
ses compagnons d’un soir, un interprète qui
se "pend" littéralement au cou de l’autre, décidé à ne pas le lâcher comme si sa vie
Madhavi Mudgal et Alarmel Valli, ph. S. Anwar
Ph. N.
LES ABBESSES • TARIF A
DU 11 AU 15 AVR.
Alarmel Valli
Madhavi
Mudgal
Samanvaya
CRÉATION
conception, chorégraphie et interprétation
Alarmel Valli et Madhavi Mudgal
avec 10 musiciens
Du jamais vu ! Deux danseuses traditionnelles
indiennes, deux stars incontestées de la
scène chorégraphique, décident de partager
le plateau le temps d’un spectacle. Il faut
s’appeler Madhavi Mudgal et Alarmel Valli
pour s’offrir cette parenthèse de jeu dans un
emploi du temps qui laisse peu de place aux
expériences inédites. Il faut aussi oser se
confronter l’une à l’autre. Plus aventureuses
dans l’âme que crispées sur leur territoire, les
deux femmes ont sauté le pas et imaginé un
dispositif spectaculaire qui les met respectivement en valeur tout en proposant des
moments de dialogues. À main droite,
Madhavi Mudgal ravit par la sensualité dégagée, sans l’ombre d’une coquetterie, avec
laquelle elle fait décoller l’odissi, danse lyrique
originaire de l’État d’Orissa (nord-ouest de
l’Inde), vers des sommets de jouissance chorégraphique. Tout en mouvements de torse,
rotations, bonds légers, l’odissi, inspiré par les
mouvements de la végétation et des animaux,
ruisselle comme de l’eau vive. À main gauche,
Alarmel Valli, éblouissante interprète de bhârata natyam, sait aujourd’hui plus que jamais
en extraire la saveur intime. Géométrique, tiré
au cordeau, le bhârata natyam, né dans le
Tamil-Nadu (sud-ouest de l’Inde), dessine une
silhouette aux lignes limpides, ébranlée par
les rythmes des pieds. On suspend son
souffle pour savourer la rareté de ce face-àface qui ouvre les portes d’une étude comparée passionnante des deux styles de danse.
J. L.
LES ABBESSES • TARIF A
DU 23 AU 27 MAI
Mercedes Ruiz
COMPAGNIE MERCEDES RUIZ
Dibujos en el aire
flamenco
avec 2 guitaristes, 2 chanteurs
et 2 percussionnistes
Native de Jerez, Mercedes Ruiz est devenue à
25 ans le plus bel espoir du flamenco : dans
son parcours sans faute, après le temps des
cours qu’elle fréquente, vient, en 1986,
Semilla flamenca d’Ana Maria Lopez, son premier engagement professionnel. On retrouve
par la suite la danseuse en tournée avec
Manuel Morao : elle séduit déjà par ce baile
intemporel. Mercedes Ruiz n’en oublie pas
ses racines et dès qu’elle le peut, fréquente
les penas comme les festivals andalous,
autant de retours aux sources. En 1998, on
l’applaudit dans Vivencias d’Antonio El Pipo.
Vont suivre deux rencontres d’importance :
Eva Yerbabuena pour 5 Mujeres 5, puis
Andrés Marín avec Más allá del tiempo, deux
artistes flamencos passés par le Théâtre de la
Ville. Il était temps alors pour Mercedes Ruiz
de se présenter seule en scène : elle signe
des spectacles remarqués, Dibujos en el Aire
(dessins dans l’air) puis A Antonio Gades,
hommage au célèbre maître, disparu il y a
peu, qui aura marqué le flamenco de son
empreinte, et Gestos de Mujer (Gestes de
femme). De Mercedes Ruiz, on dit que sa
siguiriya est fabuleuse : sa danse est alors
épurée, lente et solennelle. Son allure, sa robe
à traîne qu’elle semble manier avec une grâce
irréelle, en font une reine flamenca à la distinction innée. Enfin son zapateado (la frappe
des pieds au sol) remarqué pour sa virtuosité,
en fait la digne héritière d’une grande lignée
de puristes flamencos. Au Théâtre des
Abbesses, écrin de rêve pour Mercedes Ruiz,
elle nous offrira la primeur de sa dernière
création où la passion de la danse s’accorde
Ph. N.
avec son tempérament flamenco.
Mercedes Ruiz, ph. K. Handner
en dépendait. Tayeb Benamara, Ghislain
Malardier et Ted Stoffer, qui accompagnent
Koen Augustijnen dans cette odyssée de
poche, semblent à l’aise dans les extrêmes,
laissant çà et là apparaître leur formation
mêlée, classique, hip-hop, cirque ou contemporain. Guy Cools, le dramaturge de Bâche,
les prend pour ce qu’ils sont, des sacrés tempéraments qui dansent et jouent comme ils
respirent et, au final, nous bouleversent.
J.-Cl. Gallotta, ph. L. Philippe
Jan Fabre, ph. L. Philippe
LES ABBESSES • TARIF A
DU 30 MAI AU 3 JUIN
REPRISE
Jan Fabre
TROUBLEYN
Quando l’uomo
principale è una donna
solo dansé par Lisbeth Gruwez
REPRISE D’UN CHEF-D’ŒUVRE !
Artiste polymorphe, Jan Fabre exhume au
scalpel la beauté sauvage ligotée par les rets
effarouchés de l’ordre moral et le parangon de
nos icônes aseptisées. Provocateur ? Hérétique ? Oui, si l’on nomme ainsi ceux qui résistent à la normalisation de la pensée. Cet
esthète frondeur exalte le corps et ses fureurs,
ses interdits et ses ravissements, libérant les
forces primordiales des censures (sensures ?)
liquoreuses de la convention. Mais Jan Fabre
est aussi un amoureux des femmes. Il sait
leurs mystères, leurs batailles secrètes. Il en
cerne les ombres et les éclats avec la finesse
du peintre. Quando l’uomo principale è una
donna *, solo dédié à la somptueuse Lisbeth
Gruwez, une de ses danseuses favorites, joue
sur les frontières incertaines de l’identité :
« Quand l’homme principal est une femme. »
Au plus intime de l’homme, la femme ?
Créature bisexuée en veste et pantalon noir,
Lisbeth Gruwez caresse crânement les billes
sonores qui lui servent d’attributs virils, tandis
que s’égrainent les accents italiens de Volare,
ritournelle que Domenico Modugno composa
dans les années 70 en hommage au saut
dans le vide d’Yves Klein. Prélude railleur au
prodigieux sabbat qui va suivre… L’androgyne étreint violemment le sol et s’emporte
dans une danse effrénée entre les flaques
d’huile d’olive que des bouteilles suspendues
répandent goutte à goutte. Bientôt, la matière
luisante couvre tout le plateau. L’hermaphrodite ôte le costume qui bride sa féminité :
elle roule dans le liquide, glisse, s’ébroue,
tournoie, sublimement nue, d’une nudité audelà du sexe, au-delà de la transgression.
Ruisselante, sensuelle, l’énergie fulgurante et
le geste sculpté, elle a la beauté libertaire
d’une vierge guerrière, elle est la béance de
G. D.
l’origine du monde.
* Créé en avril 2004 au Théâtre des Abbesses.
LES ABBESSES • TARIF A
DU 6 AU 17 JUIN
Jean-Claude
Gallotta
Ballet
de Lorraine
Docteur Labus
RE-CRÉATION
9 danseurs
En 1988, le public passablement émoustillé
découvrait Docteur Labus, nouvelle pièce de
Jean-Claude Gallotta, ce franc-tireur de la
danse installé à Grenoble, passé par le New
York vivifiant des années 70 et qui osait réunir
danseurs, acteurs et musiciens dans son
groupe Émile Dubois. Ce docteur Labus,
Gallotta l’avait paraît-il rencontré au Mexique :
un drôle de gus, marié à 4 femmes en même
temps dans 4 villages différents ! Labus lui
raconta sa vie tumultueuse, ses passions, ses
émois. Il en résulta un ballet avec des duos et
pas mal de libertinage, une danse infiniment
libérée des conventions, un hymne à la vie.
Jean-Claude Gallotta y reviendra d’ailleurs
en1996. Aujourd’hui, c’est au tour du CCN
Ballet de Lorraine, sous la direction de Didier
Deschamps, de se glisser dans la "peau" du
Docteur Labus : des quatre actes de la chorégraphie d’origine, la fougue initiale est intacte.
On retrouve ces pas de deux décalés, ces
dialogues au corps, ces couples de danse
jusqu’à « l’épuisement permanent des passions fugitives ». Les interprètes du Ballet de
Lorraine se donnent tout entiers à cette partition de sens et de sueur, portés par la
musique originale du tandem Henry Torgue et
Serge Houppin. La compagnie installée à
Nancy ne cesse de surprendre son monde, à
l’aise dans les univers variés de Karole
Armitage ou de Malou Airaudo, de Russell
Maliphant ou du jeune Christophe Béranger.
Ce Docteur Labus de Jean-Claude Gallotta,
Claudio Brizi, ph. X. DR
Maria-Kiran, ph. J. Gros-Abadie
Priyadarsini Govind, ph. X. DR
plus que bienvenu dans un répertoire en perpétuelle évolution, est de ces rencontres merveilleuses qui scellent l’histoire d’amour d’une
Ph. N.
compagnie et d’un chorégraphe.
LES ABBESSES • TARIF A
DU 27 AU 30 JUIN
Priyadarsini
Govind
bhârata natyam
4 musiciens
CRÉATION
Encore peu connue en France, la danseuse
indienne Priyadarsini Govind a des chances
de ne pas le rester bien longtemps. Originaire
de Tanjore, cette experte en bhârata natyam
qui avait mis sa carrière entre parenthèses
pour élever ses enfants, a raffiné depuis de
longues années une virtuosité sans appel : la
beauté abstraite de son geste possède un
impact émotionnel fort. Sans doute, son
besoin irrépressible de danser, son urgence à
articuler dans un même élan sa vie d’artiste et
de femme, chargent-ils son art d’une saveur
toute particulière. Élève à Madras des gurus
Swamimalai K. Rajarathnam et Smt. Kalanidhi
Narayanan, elle se révèle aussi libre et vibrante dans le nritta (danse pure, très technique et d’une grande complexité rythmique)
que dans l’abhinaya (danse expressive qui
met en scène les différents personnages d’un
poème). Face au plus ancien style traditionnel
indien, né il y a quelque deux mille ans dans
l’État du Tamil Nadu, dont les codes
complexes et stricts exigent une précision
imparable, sa rigueur et sa vivacité suggestive emportent le morceau. Pour son premier
passage au Théâtre de la Ville, Priyadarsini
Govind apparaît en solo. Elle a néanmoins
demandé à sa complice et amie, la danseuse
de bhârata natyam Élisabeth Petit, figure
fameuse de la danse indienne en France, de
l’accompagner dans l’élaboration du récital.
Gageons que le regard affûté et généreux
d’Élisabeth Petit saura mettre en valeur les
nuances les plus fines de la singularité d’un
J. L.
talent.
MUSIQUE/DANSE
LES ABBESSES • TARIF A
13 ET 14 FÉV.
Maria-Kiran
Claudio Brizi
claviorgan
Bhârata/Bach
CRÉATION
une chorégraphie liturgique
rencontre de deux grands arts savants et
sacrés : les œuvres liturgiques et la danse
bhârata natyam
avec la participation de Gianfranco Borelli
violon, alto
Son talent saisissant allié à un esprit d’aventure aiguisé, distingue d’emblée Maria-Kiran
parmi les jeunes interprètes de bhârata
natyam. À 24 ans, cette danseuse classique
indienne au style vif, dont l’élégance, résultat
d’années d’apprentissage, s’affirme avec un
subtil détachement, parsème sa carrière de
jalons créatifs d’une puissante originalité.
Dans ce duo intitulé Bhârata/Bach, elle partage le plateau avec le musicien italien
Claudio Brizi, “claviorganiste”* et interprète
fameux de Jean-Sébastien Bach. Sur une idée
de Milena Salvini, directrice du Centre
Mandapa à Paris, spécialiste des traditions
indiennes et de la musique classique, cette
pièce prend position sur un terrain inconnu : à
l’intersection de la liturgie religieuse catholique et du déroulé d’un spectacle de bhârata
natyam puisant ses sources dans l’hindouisme, de la musique de Bach et des
rythmes d’une danse indienne vieille de plus
de deux mille ans. Plus qu’une juxtaposition
formelle, il s’agit d’une correspondance spirituelle entre les différentes étapes des deux
cérémonies et surtout l’esprit qui en noue le
sens profond. En complicité avec Claudio
Brizi, les différents morceaux de Bach (cantates, messes et autres œuvres) déroulent le
tapis sur lequel Maria-Kiran (chorégraphiée
par Vidya) égrènera les moments-clefs d’un
récital, évoquant l’ébranlement intime d’une
âme en marche vers le divin, qu’on l’appelle
Dieu ou Krishna. En quête d’une foi incarnée,
Maria-Kiran et Claudio Brizi ouvrent un chemin
J. L.
résolument unique.
* Claveciniste et organiste, Claudio Brizi a inventé le
claviorgan, instrument qui associe au clavier du clavecin le dispositif des registres de l’orgue.
MARIA-KIRAN AU THÉÂTRE DE LA VILLE
bhârata natyam - solo
bhârata natyam
avec Shantala Shivalingappa
Rachid Ouramdane, ph. Enguerand
fév. 03
oct. 04
imagine déjà des frictions chorégraphiques
riches de sens, un "en-commun" pour reprendre les termes d’Ouramdane, entre traditions brésiliennes et modernité actuelle. Un
peu comme une continuité évidente dans
cette histoire faite de partages et d’échanges
qui scelle l’union fantasmée de la France et du
Brésil. On retrouvera dans cette aventure
quelques fidèles du créateur – Sophie Laly,
Sylvain Giraudeau, Jean-Michel Hugo ou La
Bourette – ainsi que des nouveaux venus
Carlos Antônio dos Santos, Marcos Fauler
Silva de Freitas, Wagner Schwartz et
Pedro Pinto. C’est avec eux que Rachid
Ouramdane entend élargir ces nouveaux horiPh. N.
zons chorégraphiques.
Rachid Ouramdane, ph. S. Laly
DANSE
HORS LES MURS
CITÉ INTERNATIONALE • TARIF C
DU 5 AU 10 JAN.
Peeping Tom
CIE PEEPING TOM
Le Salon
4 danseurs-interprètes
1 mezzo-soprano et 5 musiciens
CENTRE POMPIDOU • TARIF C
DU 25 AU 29 JAN.
Rachid
Ouramdane
ASSOCIATION FIN NOVEMBRE
Cover
4 interprètes
CRÉATION
D’abord
interprète
remarqué
auprès
d’Emmanuelle Huynh, Hervé Robbe, Odile
Duboc, Meg Stuart, Alain Buffard ou Christian
Rizzo – des choix qui résonnent comme autant de partis pris forts –, Rachid Ouramdane
a cofondé l’Association fin novembre en 1996
avec Julie Nioche, un « lieu de recherche et
de production artistique qui place le corps au
centre de leurs enjeux respectifs ». Les univers de Rachid Ouramdane sont riches de
rencontres et d’ouvertures, notamment vers
les nouveaux médias numériques. De ces
perspectives singulières, un corps démultiplié
mais également intime, Rachid Ouramdane
fait ses sujets d’étude : on l’a vu à l’œuvre
dans des projets comme, Au bord des métaphores, + ou – là ou Les Morts pudiques. Sa
nouvelle pièce fait suite à des voyages au
Brésil, pays de tous les possibles. Sensible à
cette culture où cohabitent des rites anciens
dans une société moderne aux influences
occidentales, africaines et amérindiennes, le
chorégraphe a invité des artistes brésiliens à
penser avec lui le "métisse contemporain". On
UNE PROFONDEUR FLAMANDE
La vieille dame est emportée vers l’hospice
mais son époux s’obstine, maladroit, splendide carcasse de noble ancêtre en déroute.
Autour de lui tout lâche, inexorablement.
Partage furtif des lambeaux de la prospérité
passée. Improbables alliances nouées parmi
les plus jeunes. Dans Le Salon, une époque
s’éteint, au clair-obscur des maigres passions
familiales. Un clan étouffe, tout en rendant ses
derniers feux magnifiques, tels les chants
bouleversants de la mezzo-soprano que
compte l’équipe de Peeping Tom.
Ce collectif d’artistes flamands est l’un des
derniers satellites nés dans la galaxie
scintillante des fameux Ballets C. de la
B./Alain Platel, qui, à l’image d’un big bang
permanent, n’a pas fini d’éclairer l’univers
scénique européen. Plus particulièrement,
chez Peeping Tom, une intense profondeur
célèbre la séparation complice du théâtre et
de la danse. Sans naturalisme, le premier est
sobre, presque glaçant. Sans tapage, la
seconde ouvre les brèches où vibre le trop
plein des pensées claquemurées.
Le geste crève la saturation de l’espace. On
n’est pas près d’oublier l’incroyable épanchement d’interminables baisers, zigzaguant autour de têtes à la renverse qu’on croirait en
train d’être dévissées des corps. Sourdes, des
chutes convulsives fracassent au sol un
monde épuisé d’apparences. Sous les ors
fanés du Salon, se lit une dense poésie chorégraphique, étonnamment singulière.
G. M.
Peeping Tom, ph. X. DR
François Verret, ph. S. Blum
CITÉ INTERNATIONALE • TARIF C
DU 14 AU 26 MARS
Josef Nadj
CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL D’ORLÉANS
CITÉ INTERNATIONALE • TARIF C
Last Landscape
CRÉATION
DU 2 AU 11 MARS
François Verret
COMPAGNIE F. V.
Tokyo Musil
CRÉATION
mise en scène et jeu François Verret
images Sylvie Blum, François Verret
Comment figurer l’éclatement du moi, saisir
l’énigme d’une relation amoureuse, d’une
foule, d’une ville, la consistance d’une
époque ? Chez François Verret, la perception
du réel passe par ce questionnement incessant. Aux réponses définitives qui espèrent
l’enclore dans des définitions, il préfère le
principe d’incertitude, l’expérimentation, le
déséquilibre fécond du doute. Autrement dit,
scruter le rapport à la réalité, à ses lois, à ses
évidences, tâtonner, toujours, encore, pour
frôler l’ombre mouvante d’une vérité, irrémédiablement temporaire. C’est à cet exercice
passionnant que nous convie le chorégraphe
avec Tokyo Musil, tout à la fois journal intime
d’un périple amoureux dans la capitale japonaise, exploration des visages du désir dans
les paysages de notre hypermodernité et
introspection sur les prismes de la subjectivité. Créé en marge de Chantier Musil *, traversée chorégraphique de L’Homme sans
qualité de Robert Musil, ce carnet de voyage
reprend les interrogations que distille le
roman. Au départ, il y a le projet d’un film à
réaliser à Tokyo, un homme et une femme
dans une chambre d’hôtel, qui se livrent à l’expérience de l’« essayisme perpétuel » selon
l’expression de Musil. Ils parlent, filment, se
cherchent, s’aiment, se disputent… Comment
capter le mouvement de la vie diffracté par le
regard de nos affects ? Sur le plateau, des
images tissent leurs récits sur trois écrans, se
répondent ou s’ignorent, des paroles chuchotent des impressions, des gestes surgissent en échos : autant d’éclats d’un réel
morcelé qui s’entrelacent pour recomposer
le flux des sensations. François Verret, relié
par des fils à un pantin, son double, mène la
danse de cette méditation sensible et
exigeante.
G. D.
* Coproduit et présenté au Théâtre de la Ville en
novembre 2003.
solo dansé par Josef Nadj
musique en direct Vladimir Tarasov
ENTRE MUSIQUE ET DANSE
Last Landscape, ce « dernier paysage » créé
par Josef Nadj, est le fruit d’une écoute extrême, un retour à l’essentiel : « Tout comme
l’environnement sonore de la nature tient parfois de la symphonie, la musique en scène me
semble être le plus juste rapport avec le mouvement ». Aussi le chorégraphe a-t-il imaginé
un espace de partage entre Vladimir Tarasov,
compositeur et percussionniste et lui-même,
danseur mais aussi plasticien à ses heures.
Dans le théâtre d’ombre et de métamorphose
où se joue l’ensemble des pièces de Josef
Nadj, un nouveau processus est à l’œuvre.
Plutôt que de s’appuyer sur la vie et les textes
d’auteurs choisis, genèse plus habituelle dans
la démarche de l’artiste, le chorégraphe travaille exclusivement à partir du corps, de la
perception et de la mémoire d’un lieu qu’il fréquente régulièrement : une terre presque
vierge – si ce n’est les quelques animaux qui
la visitent – proche de son village natal, en
Voïvodine, ex-Yougoslavie. Du sol désertique
et argileux jaillit parfois une source à l’origine
de nombreuses légendes. Dans ce paysage
austère, qui n’aurait accueilli que des peuples
des temps lointains aujourd’hui disparus, nulle
trace de civilisation. « Mais pour combien de
temps ? », se demande l’artiste.
Les deux silhouettes de clowns qui apparaissent au début de la pièce, ont un projet
impossible : transposer le paysage en
tableau, la scène en surfaces et volumes, s’attacher au geste du peintre, chorégraphier ces
petits mouvements élémentaires, archaïques
qui précèdent l’œuvre. Entre images et sons,
la mise en scène de Josef Nadj parfois teintée
d’ironie, multiplie les variations autour d’une
intention qui tient de la démesure. Un autoportrait de l’artiste face au paysage. Le dernier. De la nature à la composition visuelle
et musicale, tel est le propos de Last
Landscape, énigmatique tableau vivant où se
cristallisent différentes écritures mais aussi un
mystère, celui de l’homme face à la création.
I. F.
Josef Nadj, ph. J. Nadj
Christian Rizzo, ph. Enguerand
l’espace, bien au-delà des habituelles
"musique-et-lumières".
Le performer fait bouger ces cadres. Prestidigitateur de l’existence, bricoleur génial
d’une boîte à malices, artiste de l’escamotage
et de la dissimulation, jouant de prothèses, de
paillettes et de colifichets, il extrait la substance magnétique qui lui fait tutoyer le
grandiose pathétique des émotions de star. À
G. M.
couper le souffle.
Boris Charmatz, ph. S. Jayet
Le spectacle a été présenté au CND en novembre
2004.
CITÉ INTERNATIONALE • TARIF C
DU 30 MARS AU 4 AVR.
Christian Rizzo
L’ASSOCIATION FRAGILE
“Autant vouloir le bleu
du ciel et m’en aller
sur un âne.”
performance Christian Rizzo
traitement du son Gerome Nox
installation lumières Caty Olive
scénographie et objets Christian Rizzo
DANS “PERFORMER” IL Y A FORMES
Mais pourquoi les titres de pièces de Christian
Rizzo sont-ils interminables ? Certes, parce
que grand lecteur de littérature romanesque, il
y puise ces phrases. Mais on aime aussi que
ces amples formules suggèrent la mise en
branle de forces au travail. Christian Rizzo est
avant tout un performer. Il ne produit pas des
pièces comme on organise une fabrication. Il
met en place des éléments. Il permet que leur
transformation opère. Il ne serait que l’un de
ces éléments. Magicien quand même, exaltant le tourment baroque d’un principe créatif
gaillardement mis en travers du cours de la
destinée.
Il ne faut donc pas considérer Autant vouloir le
bleu et m’en aller sur un âne comme un solo
de Christian Rizzo. C’est beaucoup plus
vaste. Il en a fait la proposition. Volontiers
plasticien, il en a architecturé les espaces
insolites où il apparaît comme sur un plateauétabli, inséré dans un labyrinthe lié aux coulisses arrière. Et les lumières de Caty Olive,
comme le son live somptueux de Gerome
Nox, constituent des matières chorégraphiques. Elles façonnent physiquement
THEATRE DE LA BASTILLE • TARIF C
DU 29 MARS AU 8 AVR.
Boris Charmatz
ASSOCIATION EDNA
Régi
3 danseurs
CRÉATION
avec Raimund Hoghe, Boris Charmatz
et Julia Cima
UNE RENCONTRE REMARQUABLE
Régi. Chorégraphe : Boris Charmatz. Interprètes : Boris Charmatz, Julia Cima et
Raimund Hoghe. Cette affiche se suffit de ce
peu de mots pour signifier énormément.
Pourtant insaisissable. Quelle fausse évidence travaille les promesses de cette rencontre remarquable ? Charmatz à l’écriture,
c’est son rôle. Raimund Hoghe à l’interprétation, c’est exceptionnel. Mais tous deux sur le
plateau, avec Julia Cima. Pas si simple,
donc…
Raimund Hoghe ? Artiste phénomène, voici
plusieurs années qu’il inquiète et fascine, par
la présence de sa morphologie contrefaite et
la ritualisation de ses affects. Minimale et
pourtant lyrique, il conduit sa cérémonie au
MUSIQUE/DANSE
CENTRE POMPIDOU • TARIF C
9, 10, 11 NOV.
HORS ABONNEMENT
Emio Greco
Hanspeter
Kyburz
EMIO GRECO/PC
Danse aveugle
(1997)
de Hanspeter Kyburz
avec l’Ensemble intercontemporain
(flûte, clarinette/clarinette basse, piano,
violon et violoncelle)
Double Points : +
CRÉATION MONDIALE
DE LA NOUVELLE VERSION
chorégraphie Emio Greco et Peter Scholten
solo Emio Greco
musique Hanspeter Kyburz
Ensemble interContemporain 6 musiciens
direction Jean Deroyer
et informatique musicale IRCAM
avec l’IRCAM, l’Ensemble
interContemporain, le Festival d’Automne
à Paris, Les Spectacles Vivants-Centre
Pompidou
LA MUSIQUE DU CORPS
Chez Emio Greco, chorégraphe italien et
Pieter C. Scholten metteur en scène hollandais, chaque spectacle créé en tandem est un
splendide défi poétique où se cristallise la
danse, un langage en constante évolution. Au
fil des ans, avec la série des Double Point 1
déclinant différents solos et duos sous forme
d’essais chorégraphiques et des pièces de
groupe comme Conjunto di Nero et Rimasto
Orfano 2, les deux artistes ont patiemment
creusé et poli une qualité de mouvement
basée sur des correspondances de perception. Comme dans Bianco, Rosso ou Extra
dry, leur première trilogie interrogeant les
mystères du geste, cette réflexion est parfois
simplement liée à une couleur. Plus récemment à un thème ou une musique, avec
Orphée et Eurydice, leur premier opéra, créé
en 2004.
Minimale, condensée ou jaillissante, la danse
fait naître des sensations, éprouver des émotions. Elle fait aussi de chaque création une
aventure destinée à sculpter de médusantes
fictions de chair.
À l’origine de leur recherche, une question :
« Où et quand le mouvement prend-il sa
source ? ». Depuis la rencontre en 2004 avec
le compositeur Hanspeter Kyburz, leur exploration du mouvement se poursuit avec un troisième complice. Né en 1960 au Nigéria, de
parents suisses, celui-ci enseigne dans de
nombreux studios d’électro-acoustique en
Allemagne, Autriche et dans son pays d’origine. En parallèle, il a créé une dizaine
d’œuvres depuis le début des années 90. Ses
recherches portent sur la perception sensorielle et croisent des sources d’inspiration
variées, sciences, littérature, cinéma.
Double Point : +, nouveau dialogue entre
danse et musique, met en scène les musiciens de l’Ensemble interContemporain et
Emio Greco, dansant avec des capteurs fixés
sur le corps. Des motifs sonores générés par
les impulsions du mouvement sont intégrés à
la composition. Immergée dans le monde des
gestes, ses intuitions et ses visions, cette partition musicale et chorégraphique fait apparaître un nouveau réseau de signification.
L’œuvre, paysage de mouvements dansés,
crée en retour son propre environnement
musical. Cet original travail d’échange en
boucle précède une autre composition de
Hanspeter Kyburz, Danse aveugle, pièce
créée en 1997. Quintette de musique de
chambre dont certains effets, rapidité et transformation, évoquent le mouvement d’une
I. F.
caméra.
Double point 1 et 2, programme accueilli au Théâtre
des Abbesses, en 2002.
2
Conjunto di Nero et Rimasto Orfano créations présentées au Théâtre de la Ville en 2003 et 2004.
1
Hanspeter Kyburz, ph. P. Gontier
Emio Greco, ph. Henkwildschut
comble d’une autofiction obstinée. Boris
Charmatz ? Audacieux à qui tout sourit, il
expérimente savamment une brillante déconstruction des ressorts de la représentation
spectaculaire. Julia Cima ? Cette danseuse
fine est une fidèle de ses recherches.
Mais, impossible de chorégraphier Raimund
Hoghe comme on le ferait de quiconque, fûtce le plus libre et sophistiqué des interprètes
conceptuels. Depuis sa taille de nain émerge
une démarche géante en singularité. Ne se
présente-t-il pas au regard comme un medium
spectaculaire en lui-même, une surface de
projection, une énigme monumentale ?
Peut-on seulement esquisser un cadre intellectuel préalable, qui résiste à l’impact de ce
qu’il sera là, effectivement, sur le plateau ?
Investir une présence immédiate, physiquement, et la déplier dans sa complexité à l’infini : le mouvement de la danse s’origine dans
le vertige de cette définition. Où Charmatz
G. M.
bougera encore.
MUSIQUE
AU THEATRE DE LA VILLE
GIL SHAHAM violon
ITAMAR GOLAN piano
TRULS MØRK violoncelle
KATHRYN STOTT piano
SCHUMANN - BEETHOVEN - CHOPIN - JANÁCEK
DVORÁK - MOZART - PROKOFIEV
KRONOS QUARTET
piano
HAYDN - SCHUMANN - RAVEL - BARTÓK
DEZSÖ RÁNKI
FELIPE PÉREZ SANTIAGO - GLENN BRANCA JIM THIRWELL…
CAFÉ ZIMMERMANN
MIDORI violon
ROBERT MCDONALD
BACH
piano
SCHUBERT - PROKOFIEV- BEETHOVEN
FABIO BIONDI violon
KENNETH WEISS clavecin
BACH - BIBER - LOCATELLI
JANA BOUSKOVÁ harpe
MARIE-PIERRE LANGLAMET
QUATUOR TAKÁCS
MUZSIKÁS
MÁRTA SEBESTYÉN
Bartók et ses racines. Quand la musique populaire nourrit la musique savante
harpe
MOZART - C. P. E. BACH - DAMASE - RAVEL DE FALLA - BARTÓK
QUATUOR TETZLAFF
3 CONCERTS EN 1
ALEXANDRA GROT
HAYDN - SIBELIUS - SCHÖNBERG
flûte
REINECKE - STRAVINSKI - DOPPLER
PETER LAUL
AUX ABBESSES
piano
HAYDN - SCHUBERT
QUATUOR ÉBÈNE
BARTHOLD KUIJKEN flûte baroque
EWALD DEMEYERE clavecin
CARL PHILIPP EMANUEL BACH
MOZART - WEBERN - HAYDN
CÉLINE FRISCH
MIKLÓS PERÉNYI violoncelle
DÉNES VÁRJON piano
BEETHOVEN - PROKOFIEV - SAINT-SAËNS DEBUSSY/ KOCSIS
clavecin
Aux sources du jeune Bach
BACH - KERLL - BUXTEHUDE - FROBERGER
FILOMENA MORETTI
guitare
SANZ - BACH - ALBENIZ - DE FALLA - TARREGA
FRANK PETER
ZIMMERMANN violon
CHRISTIAN ZACHARIAS piano
MOZART
BANG ON A CAN
ALL-STARS
artiste invitée Iva Bittova violon
PHILIP GLASS - JULIA WOLFE - FRED FRITH IVA BITTOVA
TARIF D
Dezsö Ránki, ph. X. DR
Gil Shaham, ph. X. DR
Café Zimmermann, ph. R. Davies
MUSIQUE
AU THEATRE
DE LA VILLE
SAM. 1er OCT. 17H
GIL SHAHAM violon
ITAMAR GOLAN piano
DVORÁK : Romance en fa mineur op.11,
version pour violon et piano
MOZART : Sonate pour piano et violon en
si bémol majeur, K 454
PROKOFIEV : Cinq Mélodies op. 35
Sonate pour violon et piano n°1 en fa
mineur, op. 80
UN ANGE
On le croirait descendu d’un tableau de
Chagall : tout en fraîcheur, en tendresse.
Il est joyeux, il est magique. Sa sonorité a les
couleurs féeriques du peintre français d’origine russe. Son Stradivarius de 1699 aux
nuances infinies peut, dit-il, en faire naître
d’autres encore. Gil Shaham ne perdra jamais
son âme d’enfant. Il a la grâce. Sur scène et
dans la vie. C’est son sixième passage au
Théâtre de la Ville où il est venu en 1992 pour
la première fois. En janvier 2003, il donnait aux
Abbesses un inoubliable concert avec Goran
Söllscher à la guitare. À ses débuts, à l’âge de
17 ans (il en a maintenant 34), on disait déjà
que la relève des Heifetz et autres
Francescatti était assurée. Milstein, Stern sont
également cités dans les récentes critiques
de son dernier disque consacré à Prokofiev.
Gil Shaham y interprète entre autres les deux
œuvres qu’il joue en deuxième partie de son
nouveau programme. En 1925, Prokofiev
transcrit pour violon et piano les Cinq
Mélodies sans paroles, dédiées à la cantatrice
Nina Kochitz. La « diction » de Gil Shaham –
c’est un violoniste conteur – y est parfaite. La
Sonate n°1 opus 80 fut achevée en 1946.
Selon le compositeur lui-même, « la bise
souffle entre les tombes d’un cimetière dans
l’andante assai tandis que l’allegro brusco »
brosse une « bataille sur la glace et l’allegrissimo compte les morts ». Seul le troisième
mouvement andante chante dans la sérénité.
Une qualité que possède Gil Saham au plus
haut degré. La Romance de Dvorák et la divine Sonate K 454 de Mozart l’exaltent.
SAM. 19 NOV. 17H
DEZSÖ RÁNKI
piano
HAYDN : Sonate en ut majeur, H XVI/48
SCHUMANN : Davidsbündlertänze (Danses
des compagnons de David) op. 6
RAVEL : Valses nobles et sentimentales
BARTÓK : Mikrokosmos – extraits
En plein air, Sz 81
UN PRODIGE DEVENU ALCHIMISTE
1972 : Paris découvre médusé deux météores
hongrois de 20 ans, Zoltán Kocsis et Dezsö
Ránki. C’était au Théâtre de la Ville où les
deux pianistes sont souvent revenus. Pour son
treizième concert, Dezsö Ránki propose un
programme sous le double signe de la danse
et de l’introspection. L’andante con espressione de la Sonate en ut majeur H XVI/48 de
Haydn a des allures de menuet, et le rondo de
mouvement perpétuel. Le nom même de
danse est dans le titre des Davidsbündlertänze de Schumann inspirées par son amour
pour Clara. « Toujours à tout moment, plaisir et
peine sont liés, restez pieux dans le plaisir et
soyez prêts à affronter la peine », avait-il écrit
en tête de ce fabuleux kaléidoscope d’états
d’âme. « Le plaisir délicieux et toujours renouvelé d’une occupation inutile » d’Henri de
Régnier semble curieusement répondre à cet
exergue. Face aux réactions négatives provoquées par ses Valses nobles et sentimentales,
Ravel avait malicieusement serti de cette
phrase l’édition de 1911. Schubert fascinait le
compositeur français, la valse viennoise aussi.
Les danses et airs populaires d’Europe centrale ont obsédé Bartók. Merveilleusement diffracté, ce matériau irrigue la suite En plein air.
« Des œuvres qui ne s’apprivoisent pas en
une fois », estime Dezsö Ránki. Exigeant,
intègre il ne les donne au public que quand
« elles remontent d’elles-mêmes à la surface ». Celles de son programme n’ont pu le
faire que par la plus subtile des alchimies.
SAM. 3 DÉC. 17H
CAFÉ ZIMMERMANN
BACH : Concerto brandebourgeois n°4,
en sol majeur, BWV 1049
Concerto pour clavecin, en ré mineur,
BWV 1052
Concerto pour hautbois, en ut mineur,
BWV 1053
Concerto pour deux violons, en ré mineur,
BWV 1043
Canons
TOUS AU CAFÉ ZIMMERMANN !
C’est la fête ! Pablo Valletti, Céline Frisch, fondateurs de l’ensemble créé en 1998, nous y
invitent avec leur gentillesse et leur charme
habituels : « Nous avons enregistré 3 des 6
disques de l’intégrale de la musique orchestrale de Bach. Pour les célébrer, nous avons
choisi nos œuvres préférées, “Les best of” de
nos dernières années. Nous voulions en faire
une présentation colorée et varier les
solistes. C’est évidemment ce que nous imaginons des fameux concerts du Café
Zimmermann. » L’historique : celui de Leipzig
qui accueillait les musiciens du Collegium
Musicum que Bach dirigea entre 1729 et
1739, ainsi que les philosophes et les intellec-
Fabio Biondi, ph. Th. Martinot
Alexandra Grot, ph. P. Gérard
Quatuor Takács 2004, ph. S. J. Sherman
tuels de toute l’Europe, à l’époque des
Lumières, dont l’époustouflante formation,
pour la 3e fois au Théâtre de la Ville, ressuscite
l’esprit.
Champagne d’abord avec le Concerto brandebourgeois n°4! Puis l’étonnant BWV 1052, la
référence en matière de concerto pour
Schumann. « Une pièce de longue haleine,
une des plus intenses qui puissent exister »,
pour Céline qui en est la soliste. Pour Pablo :
« Une œuvre en avance sur son temps avec
de grands moments presque minimalistes ».
Le BWV 1053 fait chanter la voix du bien
nommé hautbois d’amour. Poignante dans le
douloureux siciliano.
Le choix de la dernière œuvre d’un concert
est toujours délicat. Ce sera le BWV 1043 :
« Pour accéder au dialogue inspiré des deux
violons, il faut avoir eu le temps d’être bien
dans le langage ». Que Pablo ne s’inquiète
pas. Dans l’ambiance, Céline et lui nous y
plongent dès le premier accord.
Muzsikás, ph. B. Kása
SAM. 10 DÉC. 17H
FABIO BIONDI violon
KENNETH WEISS clavecin
BACH: Sonate pour violon et continuo, en
sol majeur, BWV 1021
Sonate n° 4 pour violon et clavecin
obligé, en ut mineur, BWV 1017
BIBER: Passacaille en sol mineur,
pour violon seul
BACH: Sonate n°6 pour violon et clavecin
obligé, en sol majeur, BWV 1019
Concerto italien pour clavecin, BWV 971
LOCATELLI: Sonate pour violon
et continuo, en ré majeur, op. 6 n° 12
ÉLOGE DE L’ÉCHANGE
Le radieux violoniste sicilien fait chaque
année le bonheur du Théâtre de la Ville. Il y
vient pour la seizième fois, la cinquième en
duo. « Une alternance archinécessaire.
L’Europa Galante occupe 80% de ma vie.
C’est gigantesque. Je garde les 20% pour
respirer. Mon ensemble a presque 17 ans et
sa santé passe par le désir. Après chaque
récital ou chaque production avec un autre
orchestre, je reviens vers mes musiciens avec
enthousiasme. »
Le claveciniste Kenneth Weiss, professeur au
CNSM de Paris, chef d’orchestre, fut de 1990
à 1993 l’assistant musical de William Christie.
Il aime les voix. Cela s’entend. C’est un clavecin qui chante. En 1997, on put voir, ici même,
au milieu des danseurs de Trisha Brown, l’artiste américain jouer avec les musiciens du
Salon baroque l’Offrande musicale de Bach
qu’avait chorégraphiée sa compatriote sous le
titre MO*. Même expérience pour Fabio Biondi
et Europa Galante dans Chair obscur de
Régine Chopinot en 2002. De nature très différente, les deux interprètes ont en commun
ouverture d’esprit et liberté. « Kenny ne se
laisse pas apprivoiser, il propose, apporte.
Immédiatement nous avons eu envie de jouer
ensemble et Bach justement. » Ce récital,
« conséquence d’un feeling épidermique très
fort », montre un Bach tantôt allemand tantôt
« à l’italienne » comme dans la Sonate BWV
1019 ou plus encore dans le Concerto italien.
Et pour finir, histoire de « prouver que nous ne
profitons pas de notre personnalité pour donner la même couleur à tout le répertoire », une
sonate de Locatelli. Retour à l’italianité originelle. En toute haute voltige.
* Musicalisches Opfer.
SAM. 21 JAN. 17H
QUATUOR TAKÁCS
MUZSIKÁS
MÁRTA SEBESTYÉN
Bartók et ses racines
Quand la musique populaire nourrit
la musique savante
Quatuor à cordes n°4
4 duos pour violons
Sonatina
Danses roumaines
avec les mélodies d’origine
JUBILATOIRE
Il était une fois Bartók, l’un des plus grands
compositeurs du XXe siècle, le plus grand de la
Hongrie. Dès 1905, comme Kodály, il parcourt les campagnes de son pays pour y traquer chants, airs, rythmes et danses. Il en a
collecté et transcrit plus de 10 000 qu’il gravait sur un phonographe nouveau-né de 50
kilos.
Ce matériau innerve l’œuvre du maître,
Muzsikás le connaît bien . Ces “musiciens du
village” – du nom du célèbre groupe hongrois
– ont repris le flambeau et sillonnent leur terroir dont ils enregistrent eux aussi sur place
les nouveaux trésors. De formation classique,
ces fous de musique traditionnelle mettaient
en résonance, dans leur CD Bartók album
sorti en mars 1999, trois duos pour violon de
Bartók et les airs originels qui les nervurent.
Un mois plus tard, ils en distillaient les saveurs
fruitées, épicées, sur la scène du Théâtre de
la Ville où ils reviennent pour la quatrième fois.
Avec le Quatuor Takács, hongrois lui aussi,
dont c’est le quinzième retour dans cette salle
où il avait d’ailleurs donné une intégrale
Bartók en 1991, ils vont encore plus loin. Le
jeu de miroir amorcé au disque devient ici
fabuleux et concerne trois autres œuvres de
Bartók . De quoi s’enivrer de mélodies vocales
ou instrumentales originelles de toute beauté
que le génie hongrois transmute plus ou
moins. Parfois méconnaissables comme dans
son Quatuor n°4, toujours elles fulgurent. À la
source de la musique, effaçant les frontières,
ce concert emblématique du Théâtre de la
Ville est incontournable.
Quatuor Ebène, ph J. Mignot, Peter Laul © JVM Reportage
pour flûte. Une bien jolie idée. Le quatuor de
Mozart pour flûte, qu’elle jouera avec les
Ébène, en est une autre. Dans son souffle tout
deviendra lumière.
SAM. 4 MARS 15H
3 CONCERTS EN 1 :
ALEXANDRA GROT
PETER LAUL piano
QUATUOR ÉBÈNE
flûte
Alexandra Grot et Peter Laul
REINECKE : Sonate Undine pour flûte et
piano, en mi mineur, op. 167
STRAVINSKI : Le Chant du rossignol – extrait
du 1er acte de l’opéra
Jeu des princesses avec les pommes
(Scherzo) – extrait de L’Oiseau de feu
DOPPLER : Fantaisie pastorale hongroise,
op. 26
Peter Laul
HAYDN : Sonate n° 32, en sol mineur,
H XVI/44
SCHUBERT : Sonate en la majeur, D 959
Quatuor Ébène
MOZART : Quatuor n°1 pour flûte et
cordes, en ré majeur, K 285
(avec Alexandra Grot)
WEBERN : Six Bagatelles pour quatuor à
cordes, op. 9
HAYDN : Quatuor en sol majeur, op. 76,
n°1, Erdödy
SURTOUT À NE PAS MANQUER !
La nouvelle édition de la réjouissante formule
née en 1994, présente deux Russes sortis de
la pépinière Juventus, où ils ont eu tout de
suite envie de jouer ensemble, et un quatuor
français.
LA FLÛTE ENCHANTERESSE
« C’était du soleil qui allait de la scène vers
moi. Alors, je me suis levée pour mieux recevoir cette lumière très forte qui m’attirait. » Et
la petite Alexandra de 8 ans qui découvrait
James Galway, debout en plein parterre d’une
salle de concert à Moscou, dit à sa maman :
« Je veux être flûtiste. Faire comme lui ». Plus
comme maman. Une maman concertiste avec
laquelle elle a cependant continué l’étude du
piano « car l’approche de la musique avec un
instrument polyphonique est importante ».
Deux ans plus tard, la jeune Russe donnait
son premier récital ! Puis ce furent la célèbre
École Gnessine d’enfants surdoués de
Moscou, les compétitions internationales. En
1997, elle remporte le Concours des
Jeunesses musicales à Bucarest. Pierre-Yves
Artaud fait partie du jury. Sûr de « son talent
exceptionnel », il la convainc de se présenter
au redoutable concours d’entrée au CNSM de
Paris où, admise à l’unanimité dans sa classe,
elle obtient ses premiers prix. « Sa musicalité
extraordinaire et sa maîtrise parfaite de l’instrument » transparaissent en filigrane de son
programme. La sonate de l’Allemand
Reinecke raconte avec lyrisme l’histoire
d’Ondine, cruelle comme tous les contes. La
Fantaisie pastorale hongroise tout en panache
de Doppler, l’ami de Liszt, est un point final
idéal. Entre ces deux œuvres du XIXe siècle,
deux courtes pièces de Stravinski transcrites
AU CŒUR DE LA TRADITION RUSSE
Grand, massif, le jeune pianiste russe Peter
Laul a dans sa présence la fluidité qui irise
son nom d’origine estonienne. De ce corps-là,
la musique jaillit puissante et mœlleuse. Le
sympathique géant aux grands yeux verts est
né à Saint-Petersbourg en 1977 dans une
famille de musiciens. À 5 ans, il commence le
piano. L’étude devient passion grâce à
Alexander Sandler, son seul maître jusqu’à
l’âge de 25 ans. Pour son premier concert au
Théâtre de la Ville, Peter Laul a hésité entre
ses deux compositeurs préférés. Schubert ?
En 1997, il avait triomphé à Brême avec le prix
spécial de la meilleure interprétation de
Schubert. Scriabine ? Il a gagné le 1er prix du
second Concours international Scriabine de
Moscou en 2000. « L’incomparable »,
Schubert, l’emporte. « Je joue toutes ses sonates, celles de la fin de sa vie sont divines. »
La grande Sonate D 959, en la majeur, écrite
deux mois avant sa mort, possède la « pureté » que Peter Laul aime tant chez ce compositeur. Du désespoir absolu naît une joie surhumaine. Un testament. Avant d’en livrer sa
propre version, Peter Laul donnera la Sonate
H XVI/44 de Haydn, un autre Autrichien qu’il
préfère à Mozart, « Parce que, comme
Richter, je trouve ses chemins plus inattendus. » Avec esprit et intelligence, Peter Laul
en a déjà enregistré les surprises dans l’un de
ses deux premiers compacts. Chaque note y
culmine, brille. C’est justement ce qu’il admire
dans les interprétations du chef d’orchestre
allemand Wilhelm Furtwängler. Pour lui, plus
important encore que Richter, son aîné russe
de génie.
EXCEPTIONNEL
Dense comme le bois dont il porte le nom, le
Quatuor Ébène crée l’événement à Munich en
2004 : premier prix du Concours international
de l’ARD, le prix du public, deux prix de
meilleure interprétation et le prix de la
Fondation Karl Klinger !
22-26 ans ! Quatre tout jeunes gens débordants de vie. Une intensité présente dans la
symbolique de leur nom, que l’altiste Mathieu
Herzog aime développer : « Noble, imputrescible, l’ébène est le bois des sculptures
africaines qui nous rappellent les musiciens
de jazz. Utilisé dans beaucoup d’instruments
classiques dont les nôtres, il fait ainsi le lien
entre toutes les musiques ». Or Pierre,
Gabriel, Mathieu et Raphaël n’ont pas de frontières. C’est en improvisant au conservatoire
régional de Boulogne qu’ils ont eu envie de
faire de la musique de chambre. Le jazz fait
partie de leur travail de quatuor. Après Eros et
Thanatos réalisé avec le tromboniste Daniel
Casimir, ils ont en projet un disque de standards.
« Pas typiquement français », dit-on d’eux. Et
ça leur plaît. « Amoureux de l’école hongroise
des cordes et de la musique en général », ils
ont su se faire adopter par Gábor Takács à
Genève et par le « redouté » György Kurtág à
Budapest.
Leur programme est viennois. « Nous avons
un amour sans borne pour Haydn. Le Quatuor
opus 76 n°1 est le deuxième que nous avons
appris en particulier pour la beauté de son
mouvement lent, une merveille. » Quant aux
Bagatelles de Webern, « c’est l’aventure
incroyable d’une espèce d’énorme symphonie de 3mm 30 de musique atonale écrite il y
a 80 ans ». Et pour commencer, Mozart, un
autre miracle.
M. Perényi, ph. Birgit,
F. P. Zimmermann, ph.Th. Martinot
SAM. 11 MARS 17H
MIKLÓS PERÉNYI violoncelle
DÉNES VÁRJON piano
BEETHOVEN : Sonate n°3, en la majeur, op. 69
PROKOFIEV : Sonate en ut majeur, op. 119
SAINT-SAËNS :
Sonate n°2, en fa majeur, op. 123
DEBUSSY – KOCSIS : Petite Suite
« ON NE VOIT BIEN QU’AVEC LE CŒUR. »
Comme le Petit Prince de Saint-Exupéry,
Miklós Perényi semble venir d’une autre planète. En coulisse, sur scène, il impressionne
par son étrange présence aérienne. Même si
cela a pris un certain temps, il est désormais
considéré comme l’un des plus grands violoncellistes, plus encore, l’un des plus grands
musiciens de notre époque. Il n’élève pas de
loups, ne jette pas son instrument dans un lac
ou ne joue pas devant le mur de Berlin. Il
rayonne simplement à Budapest, dans son
cercle d’amis qui le vénèrent, Zoltán Kocsis
en tête. Inutile de passer au crible sa revue de
presse : pas la moindre confidence personnelle. Musique, uniquement la musique. En
1986, Miklós Perényi, ce fils spirituel de Pablo
Casals, bouleversait pour la première fois le
Théâtre de la Ville. Aucune des œuvres de
son nouveau programme, le neuvième, ne
doublonne avec les précédents. Fidèle à luimême, détestant la routine, il fait de ce nouveau rendez-vous un moment unique. Et quel
rendez-vous ! En compagnie de Dénes
Várjon, un autre héritier de la tradition
hongroise, il convie d’abord Beethoven, sa
Sonate n°3, jubilatoire. Puis Prokofiev et sa
sonate écrite en 1949, torrent fantasque
qu’apaisent de soudains élans d’amour. Et,
c’est presque un événement tant elle rarement
jouée, la pourtant somptueuse Sonate n°2 de
Saint-Saëns. Pour finir, l’adorable Petite Suite
pour piano à quatre mains de Debussy transcrite par son ami Zoltán Kocsis. De
l’Allemagne à la France en passant par la
Russie, « Monsieur Perényi, s’il vous plaît,
dessine-nous la musique ».
SAM. 18 MARS 17H
FRANK PETER
ZIMMERMANN violon
CHRISTIAN ZACHARIAS
piano
MOZART:
Sonate en
Sonate en
Sonate en
Sonate en
mi bémol majeur, K 481
en sol majeur, KV 301
fa majeur, K 377
si bémol majeur, K 454
MOZART AU SOMMET
Même classe. Même pureté. Christian
Zacharias1 et Franck Peter Zimmermann 2 se
connaissent depuis une vingtaine d’années .
En trio, ils ont beaucoup joué avec Heinrich
Schiff ; en duo, ils ont donné une intégrale
Beethoven en 1999 et le pianiste–chef
d’orchestre dirige parfois son ami violoniste.
Mozart est au centre de leur vie. « Depuis
l’âge de 3 ans, c’est le compositeur le plus
Ch. Zacharias, ph. M. Vanappelghem Bang on a can all-stars, ph. N. Ruechel
proche de mon cœur et de mon sang. Mozart,
cela marche ou non, on se jette dans la
musique et cela sonne naturel ou non. » Ce
naturel dont parle le violoniste, le pianiste le
possède plus encore aujourd’hui qu’à ses
débuts : « Je me pose moins de questions.
Maintenant c’est là, je fais. J’ai encore plus de
plaisir à parler ce langage mozartien avec les
autres. L’essence de Mozart, c’est le théâtre,
le dialogue, un jeu de questions et de
réponses ». Au centre justement de leur
travail : « Nous avons plein d’idées. Christian a
les siennes, moi les miennes. Nous les
essayons. C’est passionnant mais pas
toujours facile ! » De ces échanges naissent
des interprétations fulgurantes. Elles vont
jalonner le chemin même pris par Mozart.
Deux grandes sonates de la maturité, K 481 et
K 454, encadrent une sonate plus précoce
K 301 « et la plus énigmatique de toutes,
K 377, avec son petit tango dans le deuxième
mouvement » qui réjouit tant Christian
Zacharias. « Aujourd’hui il faut jouer demi nu
ou avoir un visage de baby doll, regrette Frank
Peter Zimmermann, c’est la maladie de notre
temps : ce qu’il y autour de la musique est
plus important que la musique elle même. »
Tous les deux nous prouvent le contraire.
Merci !
1
2
12e concert au Théâtre de la Ville.
4e concert au Théâtre de la Ville.
LUN. 27 MARS 20H30
BANG ON A CAN
ALL-STARS
PHILIP GLASS : Music in 5ths
JULIA WOLFE : New York
FRED FRITH : New York
IVA BITTOVA : Elida
artiste invitée Iva Bittova violon
I. Bittova, ph. T. Beran
Pour le quatrième passage des Bang on a can
all-stars au Théâtre de la Ville, une soirée pas
comme les autres ! On peut être sûr, pour
commencer, que l’interprétation chauffée à
blanc des unissons de la Music in 5ths de
Philip Glass va décoiffer pas mal d’auditeurs.
Composée en 1969, cette œuvre unique en
son genre du minimalisme américain n’a été
que rarement jouée en concert, tant elle
constitue un défi que seuls des instrumentistes du niveau des Bang and a can all-stars
sont capables de relever. Sur une battue radicalement régulière, le vertige excitant d’une
perversion structurelle aussi insidieuse
qu’implacable….
Après le 11 septembre, nombreux sont les
jeunes compositeurs new-yorkais qui tiennent
à manifester l’attachement qu’ils portent à leur
ville. New York, tout simplement, est le titre de
deux œuvres qui seront données en création
française. La première, écrite par Julia Wolfe,
grande prêtresse de Bang on a can dont elle
est cofondatrice. La seconde, due à l’inspiration de Fred Frith, guitariste et bricoleur d’instruments, né dans le Sussex, qui a fait partie
du légendaire groupe britannique Henry Cow
avant de se fixer à New York et de se produire
auprès de Bill Laswell et des Residents aussi
bien que de John Zorn et Tom Cora.
T. Mørk, ph. X. DR
Kronos Quartet, ph. J. Blakesberg
Événement, enfin, qui occupera toute la
seconde partie du concert : le fruit de la collaboration de Bang on a can avec la chanteuse
et violoniste tchèque Iva Bittova dont la personnalité fortement originale ne peut être
comparée – en plus jazzy et folk, avec des
accents tziganes – qu’à Meredith Monk, Nina
Hagen ou Björk. Toute en nuances et quasi
intimiste, la suite Elida tranche avec le répertoire habituel des fougueux Bang on a can allstars et montre que ces derniers ont plus
d’une corde à leur arc.
Daniel Caux
SAM. 29 AVR. 17H
TRULS MØRK violoncelle
KATHRYN STOTT piano
SCHUMANN : Trois Fantasiestücke, op. 73
BEETHOVEN : Sonate n° 5, en ré majeur,
op. 102 n°2
CHOPIN : Sonate en sol mineur, op. 65
JANÁCEK : Conte (Pohadka)
L’ÉTOILE DES NEIGES
Il chante, il chante, le violoncelle de Truls
Mørk. Un chant ample, libre. Tellement naturel.
Comme celui de Fischer-Dieskau, modèle du
grand artiste norvégien. C’est que, « du plus
loin qu’il s’en souvienne, il entendait de la
musique à la maison ». Ses parents étaient
tous deux musiciens professionnels. À 7 ans,
Truls Mørk apprend d’abord le piano avec sa
maman dont il ne comble pas les attentes,
puis, brièvement, le violon avec un professeur
fantôme. Son papa décide alors de lui enseigner le violoncelle. Rencontre définitive entre
l’instrument et l’enfant qui décide d’emblée de
commencer par la Sonate en mi mineur de
Brahms et la Première Suite de Bach et… y
parvient. Force du désir personnel qui accompagne depuis toujours l’hyperdoué presque
autodidacte. À 17 ans, il part en Suède à
l’École de musique de la radio où l’excellent
Frans Helmerson l’épanouit dans la liberté.
Les premiers prix qui comptent, dont celui du
Concours Tchaïkovski de Moscou, émaillent
ses débuts internationaux. Au sommet de son
art, le sympathique quadragénaire donne son
premier concert au Théâtre de la Ville en
compagnie de la pianiste anglaise Kathryn
Stott, une exploratrice de musiques. Son
Domenico Montagnana (Venise, 1723) un violoncelle rare que lui a acheté la SR-Bank de
Norvège, va en voir de toutes ses sublimes
couleurs : tendresse des Fantasiestücke de
Schumann, profondeur de la 5e Sonate de
Beethoven, passion de la Sonate de Chopin,
féerie de Pohadka, ballade épique rarement
jouée de Janácek. Le portrait de l’artiste.
LUN. 15 MAI 20H30
KRONOS QUARTET
FELIPE PÉREZ SANTIAGO :
CampoSanto (Holy Ground)
GLENN BRANCA: Light Field (In Consonance)
JIM THIRLWELL : New York
(programme en cours)
Midori/R. McDonald, ph. X. DR
Le retour annuel du Kronos Quartet est un
rituel dont on ne saurait se lasser tant, à
chaque fois, les quatre virtuoses californiens
de l’archet s’ingénient à renouveler l’éventail
des œuvres qu’ils donnent à entendre.
Le nom de Glenn Branca fera ressurgir
quelques images hautes en couleur dans la
mémoire de ceux qui ont eu la chance d’assister à l’un des deux concerts que le luciférien new-yorkais avait donnés en 1988 et 1994
au Théâtre de la Ville avec son « mur de
sons » de guitares électriques. Des concerts
pour lesquels les termes de chamanisme et
de transe restent les plus appropriés… C’est à
partir du morceau Lightfield (In Consonance) –
extrait de son disque culte pour guitares électriques, The Ascension – que, cette fois, il a
conçu un arrangement pour le Kronos
Quartet. On peut en attendre beaucoup si l’on
se souvient du brio avec lequel le prince de la
« No Wave » avait écrit la musique pour
ensemble de cordes qui accompagnait certains moments cruciaux du film de Peter
Greenaway, Le Ventre de l’architecte.
Figure essentielle de la « musique industrielle » à Londres, puis à New York, qui a créé
son propre label, Self Immolation, et dont l’art
se veut, selon ses propres termes, un « cri
de dégoût » contre la médiocrité ambiante,
le multi-instrumentiste australien James
Thirlwell, alias Foetus, n’a rien à envier à
Glenn Branca en matière de subversion sulfureuse. Comment imaginer que le cauchemar
du 11 Septembre puisse être absent de sa
pièce New York ?
C’est encore de la mort – mais envisagée
cette fois de la façon ludique et bigarrée que
veut la tradition populaire latino-américaine –
qu’il sera question avec le CampoSanto (Holy
Ground) du jeune compositeur mexicain
Felipe Pérez Santiago.
D. C.
SAM. 20 MAI 17H
MIDORI violon
ROBERT MCDONALD
piano
SCHUBERT : Sonatine en ré majeur, D 384
PROKOFIEV : Sonate n°1, en fa mineur, op. 80
BEETHOVEN :
Sonate n°7, en ut mineur, op. 30 n°2
FLAMME
Fine, flexible, Midori flambe en scène. Évidente comme l’enfant prodige de 11 ans dont
Zubin Mehta dirigea le premier concert.
Généreuse jeune femme de 34 ans, rayonnante de vie.
Celle qui apprit le violon avec sa maman,
Setsu Goto, ne s’est pas contentée de cultiver
son don exceptionnel. Convaincue qu’accéder à la musique est une chance, elle la
donne aux enfants défavorisés ou malades.
Elle passe un tiers de son temps dans le
développement des associations qu’elle a
créées dans ce but : Midori and Friends à New
York où elle vit, et Music Sharing au Japon.
“Partager la musique”, elle le fait bien sûr en
jouant mais aussi en enseignant. Depuis
2004, on lui a confié la prestigieuse Heifetz
Music Chair de l’University of Southern
California. Elle lit « avec voracité », va au
théâtre, prépare une thèse en psychologie. Et
trouve encore le temps de tenir une sorte de
chronique mensuelle sur son remarquable site
internet.
Fait étrange, sa trajectoire internationale
passe rarement par la France. Son quatrième
récital au Théâtre de la Ville, le premier eut lieu
en janvier 1995, devient encore plus précieux.
Midori a la grâce de la Sonatine de Schubert,
l’âpre énergie de la Sonate n°1 de Prokofiev
où elle voit « la prédiction du compositeur sur
l’avenir de la musique soumis à de dures restrictions ». En novembre 1801, quelques mois
avant de composer la Sonate en ut mineur de
l’opus 30, Beethoven écrivait : « Pas de repos !
Je veux saisir le destin à la gueule. Il ne réussira sûrement pas à me faire courber la tête
tout à fait ». Midori connaît bien cette force de
caractère.
Ravel et les Images hongroises de Bartók font
partie de toutes celles que Stanley
Chaloupka, ancien soliste du Los Angeles
Philharmonic, réalisait pour pouvoir jouer avec
sa femme, harpiste elle aussi. En solo, MariePierre joue une éblouissante Fantaisie pour
clavecin de Carl Philipp Emanuel Bach qu’elle
découvrit en 1995 dans la transcription et
sous les doigts de Chantal Mathieu : « Un
coup de foudre ». Seule à son tour, Jana
Bousková « danse » la Vie brève de Manuel
de Falla. Feu d’artifice.
SAM. 5 NOV. 17H
QUATUOR TETZLAFF
HAYDN :
Quatuor n° 33, en sol mineur, op. 20/3
SIBELIUS : Quatuor n° 4, « Voces Intimæ »,
en ré mineur, op. 56
SCHÖNBERG :
Quatuor n°1, en ré mineur, op. 7
J. Bousková, ph. P. Skurn
M.-P. Langlamet, ph. P. Gérard
MUSIQUE
AUX ABBESSES
SAM. 8 OCT. 17H
JANA BOUSKOVÁ harpe
MARIE-PIERRE LANGLAMET
harpe
MOZART : Sonate pour deux pianos, en ré
majeur, K 448, version pour 2 harpes
C. P. E. BACH : Fantaisie pour clavecin,
en mi bémol majeur, Wq 58 (transcription
pour harpe de C. Mathieu)
DAMASE : Sonatine pour deux harpes
RAVEL : Le Tombeau de Couperin
(transcription pour deux harpes
de S. Chaloupka)
DE FALLA : Danse espagnole n°1 de La
Vida breve
BARTÓK : Images hongroises (transcription
pour deux harpes de S. Chaloupka)
LE CHANT DES HARPES
« Ce fut comme Noël » pour Marie-Pierre
Langlamet, le jour où sa mère lui propose
d’apprendre la harpe au conservatoire de
Nice. Elle avait 8 ans et dans sa famille personne n’était musicien. « Maman avait bien vu
que je l’avais adorée dans Les Aristochats. »
La magie ancestrale de « l’instrument polyphonique par excellence » avait agi. À la
même époque, à Prague, en Tchécoslovaquie, une autre maman, Libuse Vashalova,
harpiste renommée, en enseignait les sortilèges à sa petite Jana âgée de 5 ans. Ainsi
naquirent deux des plus belles étoiles de la
harpe.
Le Théâtre de la Ville où Marie-Pierre
Langlamet, soliste de la Philharmonie de
Berlin, vient pour la 5e fois avait déjà mis la
harpe (et la flûte) au carré, en 2000, en
conviant Jana Bousková avec Emmanuel
Pahud et Mathieu Dufour. Les Abbesses sont
idéales pour l’instrument cristallin au répertoire raffiné. À l’exception de la délicieuse
Sonatine de Jean-Michel Damase, né en
1928, le programme se compose de superbes
transcriptions. Le Tombeau de Couperin de
QUATUOR D’INGRES
Que fait le violoniste Christian Tetzlaff * quand
il a du temps libre ? De la musique ! Avec sa
sœur Tanja, Elisabeth Kuferrath, Allemande
elle aussi et Hanna Weinmeister, Autrichienne.
Quatre solistes qui se rencontrent en 1994 au
Festival de musique de chambre de SaintGall et décident de jouer ensemble. Leur
emploi du temps ne leur permet pas de le
faire souvent. « 4 ou 5 concerts par an. C’est
un hobby professionnel. » Et, mot cher au
phénoménal violoniste, un plaisir : « Plaisir de
dialoguer en concert, plaisir des œuvres.
C’est dans le répertoire du quatuor que l’ont
trouve les plus extraordinaires, les plus
concentrées. » Pour qui a vu, senti, l’intensité
physique de l’interprète, son engagement et
en même temps son immense sobriété, l’adjectif n’est pas étrange. Et en parfaite adéquation avec les œuvres colossales de son
nouveau programme. « Nous sommes tous
unis dans l’amour du Quatuor n°1 opus 7 de
Schönberg, le premier que nous avons joué
ensemble. C’est un de nos préférés avec celui
de Sibelius. » Fascinants en effet : « Écrits à la
même époque, dans la même tonalité de ré
mineur, ils viennent de deux mondes complètement différents. On y ressent l’atmosphère
dramatique qui précède la première guerre
mondiale. Mais si la charge émotionnelle est
la même, la structure ne l’est absolument
pas. » Celle, classique du Quatuor en sol
mineur de Haydn est encore plus éloignée. Et
pourtant, « on peut y entendre la même colère ». Et une autre de ces voix intimes dont le
quatuor de Sibelius porte le nom. Bouleversantes Voces Intimæ.
* Pour la quatrième fois au Théâtre de la Ville.
SAM. 26 NOV. 17H
BARTHOLD KUIJKEN
flûte baroque
EWALD DEMEYERE clavecin
CARL PHILIPP EMANUEL BACH :
Sonate en mi mineur pour flûte et basse
continue, H. 551/W.124
Sonate en sol majeur pour flûte et basse
continue, H. 554/W.127
Sonate en la mineur pour flûte seule,
H. 562/W.132 (Berlin, 1747)
Sonate en ré majeur pour flûte et basse
continue, H. 561/W.131
Sonate en mi majeur pour flûte
et clavecin obligé, H. 506/W.84
Sonate en la mineur pour clavecin,
H. 247/W.57/2
Sonate en sol majeur pour flûte et basse
continue, H. 564/W.133
Quatuor Tetzlaff, ph. A. Yanez
B. Kuijken, ph. Th. Martinot
“UN GÉNIE ORIGINAL”
Difficile d’être un musicien lorsqu’on est le fils
de Jean-Sébastien Bach ! Carl Philipp
Emanuel, le deuxième des quatre qui relevèrent le défi, sut chercher et tracer son
propre chemin. Les 7 œuvres choisies par
Barthold Kuijken sont réparties sur plus de
cinquante années et nous font revivre l’aventure créatrice de celui que l’on appelait à son
époque, et à juste titre, un « Originalgenie ».
Sept mondes à éclairer, de la précoce Sonate
H 551, inspirée par l’opus 2 de Locatelli, au
« dernier et inattendu coup de maître », la
Sonate H 564, « toute nouvelle, fraîche, virtuose, pleine d’un humour à la Haydn ». Le
grand flûtiste hollandais, quarante ans après
le lancement de la révolution des baroqueux,
dont il fut, avec ses frères, l’un des pionniers
essentiels, continue de questionner ce répertoire avec passion (son légendaire « On n’en
sait rien ! »). De quelles nouvelles lumières vat-il baigner son 9e concert au Théâtre de la
Ville, le 3e dans l’écrin acoustique idéal des
Abbesses ? Il revient avec Ewald Demeyere
quie fut déjà son complice pour l’extraordinaire concert consacré aux sonates de JeanSébastien Bach en 2001. Au cœur de leur programme, ils ont installé deux œuvres solo :
une fougueuse sonate pour clavecin qui
convient bien « à la richesse émotionnelle et à
l’esprit analytique » du jeune claveciniste
belge ; et la Sonate H 562 qui « avec la Partita
BWV 1013 de son père l’une des deux plus
grandes pièces pour flûte seule de l’histoire
de la musique avant le XXe siècle ». Ce chefd’œuvre pourra se refléter dans le miroir de
Barthold Kuijken. Il est idéal.
SAM. 28 JAN. 17H
CÉLINE FRISCH clavecin
Aux sources du jeune Bach
BACH : Capriccio sopra la lontananza del
fratello dilettissimo, BWV 992
Toccata en sol mineur, BWV 915
Preludio di Bach, en ut majeur, BWV 870b
Praeludium et Partita del tuono terzo,
BWV 833
KERLL : Canzona
Suite en fa majeur
Passacaglia
BUXTEHUDE : Suite en ut majeur, Bux 226
FROBERGER : Toccata II et Suite II du livre
de 1649
PETIT RUISSEAU* DEVIENDRA GRAND
À la mort de leurs parents, Johann Christoph
Bach recueille son petit frère Jean-Sébastien
à qui il apprend la musique. La passion de
l’enfant de 10 ans est extraordinaire. Dans une
armoire simplement fermée d’un grillage, il
découvre, émerveillé, un recueil d’œuvres
pour clavier des compositeurs les plus
célèbres de son temps : Froberger, Kerll…
Son frère lui en refuse bizarrement l’accès.
Mais sa petite main pouvait passer à travers
les trous du treillis. Et, à la lueur de la lune, il
n’avait même pas de bougie, Jean-Sébastien
recopie le volume. L’aîné s’en aperçoit,
confisque la reproduction. Jean-Sébastien ne
la récupérera qu’après la mort de son frère.
Pour son nouveau récital aux Abbesses, le
Céline Frisch, ph. C. Ruban
Filomena Moretti, ph. F. Ferri
cinquième, Céline Frisch semble feuilleter
quelques pages du précieux livre. La grande
claveciniste française avait depuis longtemps
envie de travailler sur la musique allemande
du XVIIe siècle. En lisant des piles de partitions,
elle découvre Kerll, organiste à la chapelle
impériale de Vienne : « Au départ, il y a une
pièce qu’on aime, c’est souvent un petit fil,
mais en le tirant on trouve plein de
connexions. » Elle rencontre alors Froberger,
né à Stuttgart, grand voyageur pétri d’influences européennes, et Buxtehude, le grand
maître de Lübeck. Ces compositeurs que
Bach avait étudiés en cachette et qu’il admirait, elle les met en résonance. Les œuvres se
répondent, bruissent d’échos. Comme cette
« allemande de la Suite de Buxtehude qui
évoque le premier prélude du 2e livre du
Clavier bien tempéré dans une version de jeunesse ». Bach puisa à bien des fontaines.
Fine sourcière aux yeux bleus, Céline nous y
mène.
* Bach en allemand.
SAM. 1er AVR. 17H
FILOMENA MORETTI
guitare
SANZ : Danzas Cerbantinas
BACH : Partita pour violon seul, en ré
mineur, BWV 1004 – version pour guitare
ALBENIZ : Asturias ; Mallorca ; Sevilla
DE FALLA : La cancion del fuego fatuo
La danza del molinero ; Homenaje
TARREGA : Traviata-fantaisie
Recuerdos de la Alhambra ; Gran Jota
DÉESSE
« La guitare touche les cordes de l’âme ».
Filomena Moretti en a la révélation dès l’âge
de 5 ans quand ses parents lui offrent une guitare comme cadeau d’anniversaire : « Je n’en
avais jamais vu. Cela a été un coup de foudre :
je l’ai mise contre moi et j’ai vibré avec elle.
C’est une sensation inoubliable. » Sa lumineuse trajectoire la conduit du conservatoire
de Sassari en Sardaigne, « la plus belle des
terres mais loin de tout », à Milan où elle
devient l’âme de la guitare.
Tendre, sensuelle ou sacrée, toujours profonde, Filomena s’adresse au cœur de qui
l’écoute. Avec une élégance infaillible :
« Maintenant la guitare est mon langage, ma
parole, ma voix. » Une sonorité chaude qui
sent bon l’Italie. Un naturel, une palette de
couleurs et une intensité qui impressionnent.
Pour un peu on parlerait de puissance : « La
guitare ne joue pas fort mais loin. » Elle aime
citer cette phrase de Segovia que seul un
grand interprète peut faire sienne.
Du XVIIe au XXe siècle, de Gaspar Sanz à Falla,
la jeune femme effeuille une capiteuse anthologie, airs raffinés, canto jondo où crépite le
feu des gitans, danses ibériques, cantilènes
émouvantes comme ces Souvenirs de
l’Alhambra de Tarrega. Et un diamant : la
Partita pour violon seul BWV 1004 de Bach :
« Cette musique est pour n’importe quel instrument. Il suffit de la respecter. »
Absolue, Filomena rêve de jouer dans le noir :
« La lumière aussi fait du bruit et quand on
joue, on ne cherche pas le bruit. » Peut-être,
mais ce serait dommage : elle est si belle !
MUSIQUES DU MONDE
AU THEATRE DE LA VILLE
RAJAN ET SAJAN MISRA
GIRIJA DEVI
Inde du Nord
CHAURASIA
Inde du Nord
Inde du Nord
chant khyal
chant khyal
flûte bansuri
GIRIJA DEVI
CHAURASIA
Libye
direction Hassan Araibi
Inde du Nord
raga-s du matin
MEHR ET SHER ALI
AND PARTY
Pakistan
KAUSHIKI CHAKRABARTY
Inde du Nord
IKHWANI SAFAA
MUSICAL CLUB
AUX ABBESSES
GHOLAM DASTEGUIR
HOMAYOUN
Afghanistan
rubâb
CHOTA DIVANA
qawwali
chant khyal
L’ENSEMBLE DE MALOUF
DE LA GRANDE JAMAHIRIYA
Zanzibar
Rajasthan
GHADA SHBEIR
Liban
chants syriaques
ASHIQ HASSAN
Azerbaïdjan iranien
taarab de Zanzibar
artiste invitée Bi Kidudé chant
LJILJANA BUTTLER
Bosnie
Mostar Sevdah Reunion
FARIDA PARVEEN Bangladesh
chant
USTAD BARE FATEH ALI KHAN
Pakistan
chant classique
USTAD SHAFI
Pakistan
MOHAMMAD FAQIR
SALAR AGHILI
Iran
chant
musique soufie du Sind
ENSEMBLE AL-KINDÎ
ENSEMBLE IBN ARABI
Syrie
Maroc
direction Ahmed El Kheligh
musique arabo-turque de l’Empire ottoman
ENSEMBLE SHOGHAKEN
LIU FANG
Chine
pipa, guzheng
Arménie
ENSEMBLE SHAMS
KADRI GOPALNATH saxophone
Iran
Hamid-Reza Nourbakhsh chant
Kéykhosrow Pournazéri tanbur
NASSIMA
chant, mandol Algérie
voix soufie, voix d’amour,
six siècles de poésie soufie création
PURBAYAN CHATTERJEE
KALA RAMNATH
Inde
jugalbandi, duo de sitar-violon
musique carnatique
Inde du Sud
CHANTS DE LA TIHAMA
Yémen
JAZZ AUX ABBESSES
KURT ROSENWINKEL
guitare
Mark Turner saxophone
Aaron Golberg piano
Joe Martin contrebasse
Ari Hoenig batterie
TARIF D
Girija Devi et Chaurasia, photos Sense World Music
MUSIQUES DU MONDE
AU THEATRE
DE LA VILLE
En ouverture de saison :
deux grands maîtres,
Girija Devi et Chaurasia pour un
week-end musical exceptionnel
VEN. 16 ET SAM. 17 20H30 • DIM. 18 SEPT. 11H
VEN. 16 SEPT. 20H30
GIRIJA DEVI
chant khyal
Inde du Nord
accompagnée au sarangi et tabla
LE CHANT LUMINEUX ET POÉTIQUE DE LA
DÉESSE DE BÉNARÈS
Annonçant l’année dernière que vu son âge
elle cesserait de tourner à l’étranger en 2005,
on ne pouvait que rendre un hommage parisien à la légendaire Girija Devi, après déjà
deux passages au Théâtre de la Ville (1992 et
2002).
Immergée dès l’enfance dans le foisonnement
intense de la vie religieuse et musicale de
Bénarès, la dernière chanteuse courtisane de
l’Inde dévoile son cœur. Concentrée, d’une
élégance aérienne, le geste sûr, l’âme à nu,
elle nous touche par sa voix éclatante, à la
densité du cristal.
Cette grande dame de soixante-quinze ans
n’a pas cessé d’affiner son art pour atteindre
le sommet. La sûreté des tempi et le sens
d’une dramaturgie rythmique complètent ce
tableau. Bien que merveilleuse chanteuse de
khyal, Girija reste attachée aux nombreux
genres réputés plus "légers" qui la situent
dans la lignée des Siddeswari Devi et Begum
Aktar, divines voix des années 50. On y décèle l’empreinte de la ville sainte dans l’expression dévotionnelle et romantique d’un art
protéiforme touchant à bien des genres, où
Girija Devi apparaît comme une interprète de
génie.
Ces genres, non plus faciles, sont plus réduits
ou plus ramassés que le khyal : thumree
romantique, chaiti et kajri, chants d’amour du
printemps et de la mousson, dadra au thème
érotique, holi, variété saisonnière du thumree,
bhajan dévotionnel, tarana hypnotique, tappa,
condensé redoutable de toutes les techniques vocales.
Christian Ledoux
SAM.17 SEPT. 20H30
RAGA-S DU SOIR
CHAURASIA
flûte bansuri
Inde du Nord
Sunil Avchat flûte bansuri
Vijay Ghate tabla
Bhavani Shankar pakhawaj
Après deux saisons d’absence, voici
Chaurasia de retour au Théâtre de la Ville. Le
don du souffle l’habite et hante les âmes. Celui
qui n’était en rien destiné à devenir musicien
est la référence absolue dans un domaine
dont il a fait un royaume partagé par tous ses
fans et ses innombrables disciples à travers le
monde. Impénitent globe-trotter, il a succédé
à Ravi Shankar dans le rôle d’ambassadeur
d’exception de la musique indienne.
Les amples sonorités qu’il insuffle à sa flûte
sont un don du ciel : une qualité sonore unique
nous enveloppe, parfaitement ronde et ouatée, d’où ressort une chaleur irradiante teintée des couleurs les plus expressives. Dès
l’attaque de la première note on ressent
cette spiritualité qui va nourrir son art tout au
long du concert. Initié au genre dhrupad,
Chaurasia impose d’emblée sa marque, dans
ces courtes figures oscillantes qui viennent
chercher et recueillir l’essence et les secrets
des raga-s, ou dans ces fines volutes qui
viennent parcourir l’octave supérieure.
Sa technique inouïe est son œuvre.
Inlassablement, cet orfèvre promu génie a
développé un jeu idéal pour imiter la voix au
plus près, créant une architecture de la plénitude. Curieux, ouvert aux autres formes musicales, Chaurasia aime puiser dans les mélodies folkloriques, d’où sont issus bien des
raga-s. Sa maîtrise de l’art savant et de ses
sources indigènes en font l’artiste le plus
populaire de son pays.
C. L.
DIM. 18 SEPT. 11H
GIRIJA DEVI
CHAURASIA
RAGA-S DU MATIN
chant khyal
Inde du Nord
flûte bansuri
Avec la star Kishori Amonkar, Girija Devi sera
la deuxième chanteuse à se produire au
Théâtre de la Ville pour des raga-s du matin,
et Chaurasia se sent honoré de partager ce
concert avec son aînée qu’il admire depuis
toujours.
C. L.
MEHR ET SHER ALI
AND PARTY qawwali
Pakistan
8 musiciens
DANS LA PLEINE MATURITÉ DE LEUR ART !
Saison après saison, depuis 20 ans maintenant, le Théâtre de la Ville nous propose de
nouvelles nuances du qawwali punjabi pakistanais. Durant de longues années, ce fut
d’abord un lotus rare, trop vite englouti dans
l’étang world : Nusrat Fateh Ali Khan. Puis dès
1999, vinrent les petits cousins prometteurs
Rizwan et Muazzam Mubarak Ali Khan. En
2002, ce fut l’ébouriffant Asif Santoo Khan
dont la carrière – toujours essentiellement
enracinée dans les sanctuaires soufis – vogue
dorénavant à plein vent. Vint ensuite, en 2003,
l’imposant Badar Ali Khan, au style pleinement
assumé.
Et voici que cette saison, l’écheveau poursuit
son lent déroulement : le Théâtre accueille en
son sein les frères Mehr et Sher Ali. S’ils ne
représentent pas le modèle de tous les
qawwal-s punjabi-s (bien prétentieux serait
celui qui se proclamerait "le meilleur" ou "la
voix"…), le groupe des frères Ali s’est néanmoins érigé actuellement en l’une des références essentielles du qawwali punjabi.
Une double coïncidence indiquait déjà un bon
augure : tout comme le légendaire chanteur
classique Ustad Bare Fateh Ali Khan – que
nous aurons le privilège d’apprécier en mars
prochain –, les deux frères prodiges sont issus
de la féconde cité punjabie de Patiala ; et tout
comme Nusrat, la famille Ali s’est établie à
Faisalabad après la partition de 1947. Illustres
voisinages…
Mais leur renommée est d’abord due à leur
talent personnel : les deux frères Mehr et Sher
sont en effet deux qawwal-s exceptionnels qui
jouent de leurs timbres complémentaires avec
un brio consommé : voix ample et forte de
Mehr, voix plus douce, presque féminine, de
Sher, qui s’entrelacent aux rythmes magiques
du tabla et aux reprises fringantes du chœur.
Ainsi célébré, gageons que le divin amant
sera bien présent dans la salle…
K. Chakrabarty, ph. X. DR
Mehr et Sher Ali, photos X. DR
SAM. 8 OCT. 17H
de pratique quotidienne témoignent d’une
recherche de la perfection tonale, toute vouée
à l’exploration émotionnelle et spirituelle des
raga-s.
La critique indienne, unanime, l’acclame et
reconnaît en elle le meilleur espoir du chant
khyal. Les éloges que lui ont adressés les
grands maîtres sont éloquents, d’Alla Rakha,
qui assure qu’elle vaut son fils Zakir Hussain,
à Pandit Jasraj, tant ému par un concert qu’il
voit en elle la seule personnalité capable de
lui succéder.
Kaushiki Chakrabarty s’initie à la musique dès
l’âge de deux ans auprès de sa mère. À dix
ans, honneur insigne, elle est admise comme
disciple du légendaire pédagogue Jnan
Prakash Ghosh qui n’a jamais eu une élève si
douée. Devenu trop malade, il confie au père
de son brillant sujet le soin de compléter son
apprentissage. La jeune chanteuse se fait
connaître en Inde et aux USA ces cinq dernières années.
En janvier 2005, elle reçoit le BBC Award du
meilleur CD de musique d’Asie. On décèle en
elle une future Kishori Amonkar, la sensualité
en plus. Son art est le fruit d’un mûrissement
précoce extrêmement rare : il faut dire qu’elle
est philosophe de formation et ne dédaigne
pas écrire.
Sa simplicité est aussi touchante que son art
de capter l’attention des auditoires avec une
délicatesse qui incite à une écoute où l’on se
sent proche de l’artiste. La candeur de son
regard attise l’intelligence et le cœur.
C. L.
SAM. 26 NOV. 17H
IKHWANI SAFAA
MUSICAL CLUB
Zanzibar
taarab de Zanzibar
artiste invitée BI KIDUDÉ chant
Pour la 1re fois en France
Mohamed Ilyas
premier violon, chant, chef d’orchestre
Mohamed Othman violon
Juma Haj violon
Abdallah Mussa qanoun
Moh’d Issa Matona oud, violoncelle
Sadiq Juma accordéon
Abdulaziz Yusuf guitare
Juma Saidi basse
Muhsin Aliy percussion
Maulidi Mohamed Machaprala
percussion, chant
Rukia Ramadhani chant, chœur
Fauzia Abdalla chant, chœur
Empressons-nous de venir découvrir cette
chanteuse de vingt-trois ans, fille d’Ajoy
Chakrabarty, dont le célèbre chanteur déclare
sans vouloir se vanter qu’elle est meilleure
que lui ! Il n’a pas tort… La souplesse de sa
voix de miel est hors norme et ses six heures
En arabe, taarab signifie extase, béatitude,
dans une acception profane qui renvoie
davantage à la danse ou à la musique qu’aux
émois mystiques. Depuis un siècle, le taarab
est la principale musique populaire de la côte
Swahili et de Zanzibar, petite île de légende
Pierre-Alain Baud
SAM. 15 OCT. 17H
KAUSHIKI CHAKRABARTY
chant khyal
Inde du Nord
accompagnée à l’harmonium et au tabla
Ikhwani Safaa Musical Club, ph. X. DR
Bi Kiduré, ph. X. DR
SAM. 14 JAN. 17H
FARIDA PARVEEN chant
5 musiciens
« Quand la peur est absente, l’amour suffit. Le
miel se cache au cœur de la fleur, mais
l’abeille le sait… », nous murmurent les Baúls.
Farida Parveen, issue d’un foyer familial
"jamais à court d’amour" (S. Zakaria/M.
Zaman) serait-elle donc abeille, extrayant des
poèmes fleuris de Lalon Faqir le suc qu’elle
transforme en miel apaisant l’âme ?
Affectueusement surnommée « Farida apa » –
sœur – par ses proches et ses admirateurs,
Farida Parveen est une icône au Bangladesh,
incarnation vive de l’âme d’une contrée dorée,
passionnément aimée : « Amar shonar
Bangla, ami tumay bhalo bashi…» « Mon
Bengale doré, je t’aime tant… », nous chante
ainsi Tagore.
C’est à tout bout de “chant” que l’on retrouve
cet amour pour la terre bengalie, pour cet
horizon ample et calme, pour ce regard séculier et compassionnel sur le monde… Or
l’abeille Farida a su trouver les intonations
justes pour chanter cet infini d’amour, se
muant au fil des ans en chantre incontesté de
Lalon Faqir – ou Lalon Shah –, père de l’ancrage soufi des Baúls bengalis. À l’instar de
Shah Latif dans le Sindh, la poésie de Lalon
puisa dans les villages et les cœurs bengalis
les mots simples dont il tira la substance
essentielle, celle qui lie passion humaine et
amour divin, humanité au quotidien et spiritualité aux horizons infinis… Farida Parveen,
en harmonisant pour la première fois ces
poèmes laissés sans notation, en a capté le
suc musical.
Saveur du miel, bonheur de l’écoute, plaisir du
regard, confort de l’assise, il ne manquera
que le parfum nocturne du jasmin pour transformer ce concert en fête des cinq sens…
P.-A. B.
Farida Parveen, ph. X. DR
égarée dans l’océan Indien, au large des
côtes tanzaniennes et kényanes.
Créé en 1905 par le sultan de Zanzibar,
l’Ikhwani Safaa Musical Club fête donc son
centenaire en cette année 2005. Initialement,
cette “Amicale fraternelle” (Ikhwani Safaa) ne
comptait que des hommes et se produisait
essentiellement à la cour du souverain et
devant la bourgeoisie commerçante et arabophile. À partir de la fin des années 1920,
grâce à la chanteuse Siti Bint Saad (18801950), les femmes ont peu à peu trouvé leur
place dans le taarab – même si, aujourd’hui
encore, elles sont essentiellement chanteuses
ou choristes et ne jouent d’aucun instrument.
Cette irruption des femmes établira définitivement le taarab comme musique populaire car
il sera désormais chanté exclusivement en
kiswahili (la langue première des Zanzibari), et
non plus en arabe comme auparavant. Aux
influences arabes originelles se sont mêlées
petit à petit les racines africaines locales, des
parfums indianisants apportés par les migrations transocéaniques, et même un soupçon
de rythmes latinos à partir des années 1950.
Invitée d’honneur de l’Ikhwani Safaa pour ce
concert du centenaire, Bi Kidudé est la figure
emblématique de la musique populaire zanzibari. Née Fatuma Baraka, son surnom Kidudé
(“petite chose”) lui fut donné à sa naissance
tant elle était une enfant fragile et menue. Bi
veut simplement dire “Madame” en swahili.
Cette Madame Piaf zanzibari, venue au
Théâtre de la Ville en 1990, est aujourd’hui
une nonagénaire extraordinairement alerte,
déchirante et rayonnante d’énergie. Longtemps méprisée par une certaine aristocratie
musicale en raison de ses origines modestes,
elle jouit désormais d’une reconnaissance
unanime et fervente – pour sa personnalité,
pour sa voix, pour sa présence scénique et sa
générosité, mais aussi parce qu’elle perpétue
la tradition révoltée de Siti Bint Saad, qu’elle a
connue et dont elle courait les taarab-s dès sa
jeunesse.
Francis Falceto
Bangladesh
Al-Kindî, ph. X.DR
Ens. Shoghaken, ph. X.DR
Ustad Shafi Mohammad Faqir, ph. P.-A. Baud
versant – sindhi – de ce désert du Thar, dont
est partie l’épopée gitane. Belle découverte,
donc !
P.-A. B.
LUN. 23 JAN. 20H30
USTAD SHAFI
MOHAMMAD FAQIR
musique soufie du Sind
6 musiciens
Pakistan
* Nom donné aux sanctuaires soufis dans le souscontinent indien.
SAM. 28 JAN. 17H
Voix du « dargah* aux tournesols » depuis
des lunes, Ustad Shafi Mohammad Faqir nous
rejoint enfin à Paris !
Faqir Mangalhaar, regard lumineux et sourire
clair, Shafi entonne en effet depuis près de 30
ans le rituel du chant dans ce dargah des
dargah-s situé à Jhok Sharif dans le Sindh
méridional : celui du saint soufi et réformateur
social Shaheed Shah Inayat, autre symbole de
l’âme sindhie avec Shah Abdul Latif. Ici, pour
le pèlerinage annuel, point de foule bruyante
et affairée, si commune ailleurs : la plupart des
pèlerins sont les Maîtres et les disciples des
quelque soixante-dix sanctuaires affiliés au
verdoyant mausolée de Shah Inayat. Signe de
l’aura du lieu et de ses musiciens.
Ustad Shafi Faqir n’est pas issu de Jhok. Il
vient d’Umarkot, l’ancienne cité du désert du
Thar, à quelques encablures du Rajasthan, là
où vivent ses proches cousins Manganiyars.
Mais que ce soit à Jhok ou Umarkot, là ou
ailleurs, peut-être bien ici aussi à Paris, le sensuel velouté de sa voix ne peut qu’happer
l’audience de sa magie, la transportant, voluptueux voyage, aux confins de l’âme nomade.
Tapis volant vers 1001 nuitées de rencontres
rêvées avec le Divin Amant…
Étranges semi-retrouvailles, cependant, pour
nous autres quelque peu accoutumés aux
voix et vibrations des cousins de Shafi Faqir :
les mélodies, les rythmes, certaines amorces
dans la voix, le jeu instrumental, nous remémorent le Rajasthan tout proche. Et en même
temps, la fougue, la nostalgie, la tendresse y
sont d’une tout autre saveur, tout autre couleur, éveillant un tout autre bonheur…
Après de superbes décennies de Rajasthan,
le temps est venu, par la grâce de la voix
caressante de Shafi Faqir, de lever un coin du
voile qui couvre encore essentiellement l’autre
ENSEMBLE AL-KINDÎ
musique arabo turque
de l’Empire ottoman
Syrie
création
Julien Jalâl Eddine Weiss qânoun, direction
Qadri Dalal oud
Ziad Kadi Amin ney
Adel Shams El Din riqq
un chanteur alépin et un chanteur turc
3 instruments turcs (kamantché roumi,
tanbur turc, kudum)
târ azéri
daf et tumbak persans
Chaque rendez-vous avec l’ensemble Al-Kîndi
et Julien Jalâl Eddine Weiss, son fondateur
et directeur artistique, est l’occasion de superbes rencontres musicales. En témoigne
cette nouvelle création qui marquera le 10e
passage de l’ensemble au Théâtre de la Ville.
Restés retranchés de part et d’autre des frontières imposées par les États nations pendant
des siècles, les échanges culturels, artistiques et musicaux entre les pays situés de
chaque côté de l’ancien Empire ottoman sont
restés bien timides.
Partant de l’idée que l’esthétique et les intervalles des musiques arabes, turques et persanes étaient sans doute fort semblables à la
fin du XVIIe siècle, Julien Weiss a minutieusement travaillé sur un répertoire arabe ancien
d’Alep, auquel il a mêlé une interprétation originale de pièces extraites des manuscrits de
deux musiciens de Topkapi, la cour du palais
du sultan. Ces deux personnages, hauts en
couleur, érudits et raffinés, sont emblématiques d’Istanbul la cosmopolite : l’un, le
prince chrétien moldave Dimitri Kantemir qui
représente les terres suzeraines roumaines
auprès de la sublime porte du même nom,
Kremer et le saxophone de Jan Garbarek –
kamancha, qânoun, tambour dhol, dham, flûte
de berger shvi et deux voix. L’une féminine,
l’autre masculine, tantôt solistes, tantôt
réunies dans la complicité d’un duo, parfois a
cappella… Pour porter noblement ce répertoire et le colporter de l’Arménie à l’Europe, en
passant par la Russie et le Smithsonian
Festival à Whashington. En attendant Paris.
Jacques Erwan
SAM. 25 FÉV. 17H
ENSEMBLE SHAMS
Iran
HAMID-REZA NOURBAKHSH chant
KÉYKHOSROW POURNAZÉRI tanbur
LUN. 20 FÉV. 20H30
ENSEMBLE SHOGHAKEN
9 musiciens
Arménie
LA TRADITION RETROUVÉE
Depuis la fin du XIXe siècle, les Arméniens ont
recensé chants et airs de leur tradition : trente
mille pièces sont ainsi répertoriées dans
diverses archives. Cette richesse reposait
initialement sur une musique modale et monodique propice à l’ornementation. Elle a ensuite
connu quelques vicissitudes : occidentalisation, au XXe siècle, transcriptions polyphoniques, fossilisation et apprentissage
académique imposé par les Soviétiques.
À Erevan, l’Ensemble Shoghaken (source de
lumière) fondé en 1991, figure à la pointe d’un
mouvement né en Arménie post-soviétique,
en faveur de l’usage de la tradition et d’une
interprétation qui lui est conforme. L’écoute de
sa musique justifie cette initiative.
Le répertoire arménien recèle des chants religieux, dont certains notés depuis le Ve siècle
(le christianisme est religion d’État depuis l’an
301), les chants poétiques des Ashug, ces
troubadours dont la tradition se poursuit du
XVIIe au XIXe siècle, ainsi que l’ensemble de la
musique populaire. Celle-ci accompagne les
temps de la vie et même la mort. Ses textes
usent de la langue familière. Des éléments
païens subsistent dans certains chants. Entre
Anatolie et Caucase, ce répertoire varie. Entre
est, fief du duduk, et ouest, royaume du oud,
également.
L’Ensemble Shoghaken puise dans ce riche
patrimoine. Il interprète des œuvres héritées
des Ashug tels que Sayat Nova (XVIIIe siècle) et
Gusan Sheram (XIXe et XXe siècles), des chants
de la tradition populaire (chants d’amour et de
mariage, de travail et d’exil, berceuses,
chants épiques et patriotiques) sublimes,
déchirants et pathétiques, ainsi que quelques
musiques rituelles. Le duduk est le souffle de
l’âme, le shvi le chant de l’oiseau.
Huit musiciens concourent à la beauté de l’entreprise : duduk-zurna , tenus par le fondateur
du groupe – il a côtoyé le violon de Gidon
Tahmourés Pournazéri tanbur
Sohrab Pournazéri kamantché
Hossein Rezaïna daf
Shahab Parang tombak
On serait tenté de croire que le virtuose du
tanbur Kéykhosrow Pournazeri a voulu relever
un véritable défi en donnant le nom de Shams
à l’ensemble qu’il créa en 1980. Un nom qui
exclut d’emblée toute médiocrité. Shams en
persan ne signifie-t-il pas soleil ? N’est-ce pas
aussi le nom du maître de Rumi, le plus
renommé des poètes persans ? Pas facile non
plus de porter le tanbur, ce luth très ancien à
deux ou trois cordes et long manche, jusqu’alors confiné dans le cercle des derviches
et le répertoire profane du Kurdistan iranien,
au plus haut rang de la musique classique
persane, à l’égal du târ. C’est pourtant le défi
que l’ensemble Shams relève avec brio à chacun de ses concerts.
Il faut dire que son fondateur, né en 1944 à
Kermanshah dans le Kurdistan iranien, a de
qui tenir. Comme son célèbre cousin Shahram
Nazeri qu’il a accompagné sur la scène du
Théâtre de la Ville en 1992, il aime s’entourer
d’excellents musiciens, capables de distiller
cet art intimement lié à la musique persane :
l’improvisation et cette intimité si douce entre
voix et instruments.
Pour ce concert, Hamid-Reza Nourbakhsh, 40
ans, fin connaisseur des belles-lettres persanes, ancien élève de Shadjariane et directeur du conservatoire de musique de Téhéran
depuis 1996, dialoguera avec les cinq instruments qui répondront aux accents de sa voix
puissante, chaude et veloutée : deux tanburs,
aux côtés de Kéykhosrow Pournazeri, son fils
Tahmourès, 28 ans ; au kamantché, vièle à
archet, son deuxième fils, Sohrab, 22 ans,
élève de Nourbakhsh pour le chant ; au daf,
grand tambourin, Hossein Rezaïna, 29 ans,
élève de Bijan Kamkar et membre de l’ensemble Shams depuis 96 ; au tombak,
percussion, Shahab Parang, 22 ans, qui a eu
comme professeur un frère Kamkar.
Jacqueline Magnier
Hamid-Reza Nourbakhsh, ph. Kamrouz
l’autre, le chantre juif polonais Albert
Bobowski qui a été vendu comme esclave et
converti sous le nom de Ali Oufki.
Pour réussir ce pari original et ambitieux,
Julien Jalâl Eddine Weiss souhaite réunir pour
la première fois autour de l’ensemble arabe
Al-Kîndi de grands maîtres turcs, azéris et
persans qui laisseront une large place à l’improvisation. Ils feront résonner tanbur et
kamantché ottoman aux côtés du ney, luth et
qânoun arabes afin de retrouver l’interprétation la plus juste et la plus raffinée de la
musique arabe, telle qu’elle devait être jouée
à Alep durant l’âge d’or de l’empire ottoman.
Une bien belle façon de réconcilier les
traditions !
P. Chatterjee et K. Ramnath, © Sense World Music
Nassima, ph. J.-P. Lozouet
SAM. 25 MARS 17H
NASSIMA
chant et mandol Algérie
voix soufie, voix d’amour,
six siècles de poésie soufie
création
Noureddine Aliane oud
Rachid Brahimdjelloul violon
Pierre Rigopoulos daf
Mustapha Belkaïd basse
Kamel Labbaci ney
Khalfa percussions
Après deux concerts de chant arabo-andalou
donnés Théâtre de la Ville dans une salle
comble, Nassima la radieuse propose une
création autour de poètes soufis qu’elle méditait avant même de s’installer en France. Il lui
aura fallu l’éloignement du pays natal pour
patiemment tisser sa toile : se procurer
d’anciens recueils de poèmes, voire des
copies de manuscrits provenant de diverses
régions du monde arabe, tous les livres contenant des œuvres des grands poètes voyageurs, Ibn Arabi, le plus prolixe des auteurs
du monde arabes, et Abou Madyane, tous
deux Andalous du XIIe siècle. Sa surprise est la
découverte des écrits de l‘émir Abdelkhader
qui, au XIXe siècle, se considérait comme un
disciple d’Ibn Arabi. Un autre Algérien
d’importance retient son choix : Ahmed el
Alaoui, maître à penser des confréries de
Mostaganem. Au cours de ses lectures, elle
découvre que certains poèmes anonymes
qu’elle chante dans le répertoire andalou sont
dus à Abou Madyane…
La poésie, qui rend compte du vécu intérieur,
partage avec la mystique une essence ineffable et symbolique. Les images poétiques les
plus fortes retiennent l’attention de la chanteuse. Les chants des muezzins qui la fascinaient toute petite bourdonnent encore en elle
tandis qu’elle compose, choisissant des
modes et des rythmes propres à souligner la
force expressive des poèmes.
Après trois ans de travail pour aboutir, elle
enregistre cette œuvre à paraître, et le résultat
est magnifique. Sereine et irradiante de joie
intérieure, Nassima a gagné son pari.
C.L.
SAM. 1er AVR. 17H
PURBAYAN CHATTERJEE sitar
KALA RAMNATH violon
jugalbandi, duo de sitar-violon
Inde du Nord
Subhankar Banerjee tabla
Popularisé par le violoniste V.G. Jog (voir les
grandioses albums avec Bismillah Khan, shanaï et Vilayat Khan, sitar), comme par Ali
Akbar Khan et Ravi Shankar, le jugalbandi,
duo de solistes, genre apparu dans les
années 50, jouit d’un attrait non encore
démenti par le suspens qui en émane. Le
public est féru d’entendre différentes combinaisons, même les rencontres entre musiques
du Nord et du Sud.
Faisant partie de la fine fleur de la jeune génération des instrumentistes du Nord très
demandés, Purbayan Chatterjee et Kala
Ramnath ont donné leur premier duo à Cap
Town en 2003. Chacun appréciant la musique
de l’autre, ils se sentaient en confiance pour
mettre leurs jeux en harmonie. La seule méthode à appliquer dans un face-à-face d’instrumentistes (qui sont avant tout des solistes)
est d’éviter les écueils, l’ego devant s’effacer
pour laisser place à la liberté équitablement
partagée d’un voyage musical dont on ne
peut prédire les chemins de traverse qu’il va
prendre.
RAJAN ET SAJAN MISRA
chant khyal
Inde du Nord
accompagnés au tabla et à l’harmonium
Le duo Rajan et Sajan Misra est comparable
par son impact esthétique à celui des légendaires Nazakat et Salamat Ali Khan qui
défrayèrent la chronique dans les années 60.
Ici, rigueur et flamboyance vont de pair dans
l’art consommé de deux personnalités
complémentaires.
À Bénarès, ils côtoient les plus grands chanteurs et instrumentistes de ce sanctuaire millénaire où les distractions sont rares, et ont le
loisir d’étudier et de pratiquer sans relâche
avec leur père Hanuman Misra et leur oncle
Gopal Misra, l’un des meilleurs joueurs de
sarangi d’alors.
Rajan le Magnifique et Sajan le Subtil ont créé
un style sobre mais haut en couleur, où coule
une sève spirituelle.
Leur répertoire comprend nombre de compositions remarquables par la qualité des
thèmes abordés (qui proviennent de l’hindouisme philosophique et religieux) comme
par le choix des raga-s qui épousent l’aspect
sacré du dhrupad, ancêtre hiératique du
khyal.
Après le bhara khyal, lent et majestueux,
jaillissent des compositions plus vives où brille
leur savoir-faire : improvisations mélodiques et
rythmiques contrastées, oscillations puissantes et répétées, phrasés rapides comme
des flèches. L’ambitus des basses aux aigus
s’étire, la voix puissante de Rajan est portée
au maximum, tandis que celle de Sajan lui
répond dans des improvisations d’un style
somptueux. Survient alors le tarana aux
accents rythmiques jubilatoires, suivi d’un
thumree romantique et d’un bhajan dévotionnel dédié à Krishna. L’adoration qu’expriment
les frères Rajan et Sajan a fait son œuvre et
LUN. 19 JUIN 20H30
L’ENSEMBLE DE MALOUF DE
LA GRANDE JAMAHIRIYA
direction Hassan Araibi
Libye
LE MALOUF EN HÉRITAGE.
L’isolement rompu, à nouveau la Libye
s’éveille. Son patrimoine musical est riche et
recèle genres et styles divers. Appelée aussi
là-bas malouf, la tradition arabo-andalouse s’y
perpétue. L’Ensemble de malouf, fondé en
1964, en est l’un des fleurons, apprécié à
l’intérieur du pays comme à l’extérieur. C’est
un grand orchestre qui rassemble des musiciens amateurs, tous talentueux : oud, chant,
ney, qânoun, violons, contrebasse et percussions. Il est dirigé par Hassan Araibi (oud et
chant), par ailleurs directeur de l’Institut national de la musique orientale de Tripoli.
C’est un homme de petite taille, portant l’habit
traditionnel et coiffé du tarbouch. Depuis une
cinquantaine d’années, il met son talent au
service de la musique. Féru des traditions
arabe et libyenne, il inscrit également au
répertoire de l’Ensemble, outre le malouf,
“chants ornés” et “mélodies arabes”. « J’ai,
dit-il, hérité le malouf de mon grand-père, un
sheikh tripolitain. » Il entreprend ensuite des
études musicales au conservatoire de Tunis et
approfondit ses connaissances. Il considère
cependant que le système musical occidental
ne convient guère à la musique arabe. « En
Libye, observe-t-il, les nubas se distinguent
de leurs sœurs tunisiennes, algériennes et
marocaines par le rythme et l’ornementation.
En revanche, les maqamat, les modes, sont
les mêmes. »
Une occasion rare de découvrir cette variante originale de la savante musique araboandalouse.
J. E.
Hassan Araibi, ph. J. Erwan
LUN. 5 JUIN 20H30
nous mène à une sensation proche de la béatitude… Leur dernier concert, exceptionnel,
au Théâtre de la Ville en mai 2004, enregistré
en direct, sortira prochainement en CD dans
la collection naïve-Théâtre de la Ville.
C. L.
Rajan et Sajan Misra, © Sense World Music
Appartenant à la septième génération d’une
famille de musiciens tamouls du Sud, Kala
Ramnath a choisi la musique du Nord.
Disciple remarquée de Jasraj, elle avait
accompagné le légendaire chanteur au
Théâtre de la Ville en 1996.
Purbayan Chatterjee, Bengali de Calcutta,
étudie avec son père sitariste, disciple d’Ali
Akbar Khan et de Nikhil Banerjee.
Pourvus d’un bagage musical exceptionnel et
d’une fine sensibilité, d’une belle présence
scénique, ces deux artistes prometteurs ont
l’art de se compléter harmonieusement,
prenant soin de jouer les mêmes versions des
compositions choisies avec beaucoup d’allure. Un régal !
C. L.
Gholam Dasreguir Homayoun, ph. Kamrouz
K. Rosenwinkel, ph. Ian Gittler
MUSIQUES DU MONDE
AUX ABBESSES
SAM. 1er OCT. 17H
SAM. 15 OCT. 17H
GHOLAM DASTEGUIR
HOMAYOUN rubâb
KURT ROSENWINKEL guitare
4 musiciens
Afghanistan
« C’est le chant de la porte qui ouvre sur le
paradis. » Ainsi Rumi définit le secret de la
mélodie du rubâb. Ce luth en bois de mûrier,
à double caisse de résonance, muni de trois
cordes mélodiques et douze à quinze cordes
sympathiques, était particulièrement populaire à Hérat, au nord de l’Afghanistan, avant
que les talibans ne le fassent taire. Mais en
réalité, il ne s’est jamais tu. Quelques musiciens ont déjoué l’interdit, sortant dans la clandestinité les instruments qu’ils avaient réussi à
dissimuler. D’autres ont choisi l’exil. C’est le
cas du jeune Gholam Dasteguir Homayoun
qui, en 1992, émigre au Pakistan avec toute
sa famille. Depuis, il a ouvert à Peshawar l’une
des rares écoles de musique afghane dans la
région. Les sonorités du rubâb, aux accents
indiens et pakistanais, tiennent du divin lorsqu’elles émanent de son doigté léger, tout en
nuances. Avoir eu pour maître Ustad
Mohammad Omar, le “sultan du rubâb” mort
en 1980, n’est pas étranger à l’excellence de
son jeu aérien. Au Théâtre de la Ville, chacune
de ses apparitions fut très remarquée : en
2001, avec Gholam Mohammad Attai, rubâb ;
en 2002, avec le chanteur Davoud Sarkhokh
et dans un concert mémorable qui réunissait
sept musiciens dont Abdol Pandchiri et Rahim
Takhari, 70 ans. Pour ce sixième concert
consacré à la musique afghane – le premier
en 1995 et le second en 2001 en présence de
l’inoubliable Ustad Rahim Khushnawaz au
rubâb – le Théâtre de la Ville donne carte
blanche à la jeune génération pour qu’à son
tour, elle révèle ces “secrets du cœur” dont,
une fois encore, parle si bien Rumi :
« Ô son du rubâb, d’où viens-tu donc ?
Plein de feu, plein de désordre et plein de
trouble !
Tu es l’espoir du cœur et le messager de ce
désert
Tout ce que tu enseignes, ce sont les secrets
du cœur. »
J. M.
JAZZ
MARK TURNER saxophone
AARON GOLDBERG piano
JOE MARTIN contrebasse
ARI HOENIG batterie
C’est au début des années 90, aux côtés du
vibraphoniste Gary Burton mais aussi et surtout au sein de l’Electric Be-Bop Band du
batteur Paul Motian, que Kurt Rosenwinkel
s’est pleinement révélé. Le guitariste américain, la trentaine passée, a très tôt fait ses
classes de jazz sur les bancs du célèbre
Berklee College of Music de Boston, pour
mieux se frotter à la scène de la Grosse
Pomme et voler de ses propres ailes. D’où
quatre disques sous son nom en quatre ans
sur le label Verve, dont le récent et très remarqué Deep Song, en quintette avec Joshua
Redman, Brad Meldhau, Larry Grenadier et Ali
Jackson. Plutôt « antiguitare zéro » qu’hyperguitariste, Kurt Rosenwinkel s’impose plus
comme musicien et compositeur qu’instrumentiste virtuose. Une grande précision du
phrasé, une belle liberté rythmique, une articulation exemplaire, un sens de la construction dynamique et de l’architecture complexe,
Kurt Rosenwinkel est un guitariste exigeant,
ondulant et chavirant. Sa musique, libre et
rigoureuse, est fondée sur le geste et sa spontanéité. Son jeu allie subtilement les
contraires, puissance et délicatesse, équilibre
et mise en péril, souplesse et fermeté. À ses
compagnons du jour, le saxophoniste ténor
Mark Turner, le pianiste Aaron Goldberg, le
contrebassiste Joe Martin et le batteur Ari
Hoening, il offre un jeu limpide, dynamique et
tout en nuances. Soit un quintette flamboyant
qui maîtrise toutes les dynamiques du jazz,
tendresse brûlante, intelligence des ruptures,
entrelacs de virtuosités et de lyrismes, collision de traditions et d’improvisation. D’où une
musique tout en turbulences contrôlées,
spontanée et structurée, d’une grande et belle
force d’expression.
Franck Médioni
Chota Divana, ph. H. Bozzi
CHOTA DIVANA
Rajasthan
9 musiciens et chanteurs
LES ENFANTS DU RAJASTHAN
Les musiciens et poètes des castes
Manghaniyar et Langa du désert du Thar et
de la région de Jodhpur, princiers, insolents
de beauté et de virtuosité, possèdent la
majesté de leur environnement : le Rajasthan
(mot sanskrit signifiant Pays des princes).
Cette définition s’applique aussi aux jeunes
enfants de ces castes d’artistes qui portent
déjà en eux l’une des traditions les plus
brillantes du continent indien.
L’ensemble Chota Divana (textuellement les
petits Divanas, en référence à l’ensemble
Divana formé, lui, d’adultes) fit son apparition
dans le cadre de la célébration de l’an 2000.
Cette année-là, le public français découvrait,
notamment au Théâtre des Abbesses, ces
enfants habités par cette brillance des yeux et
des mots, par des vocalises suraiguës tentant
de se frayer un chemin dans le labyrinthe
d’une connaissance musicale complexe. Ces
jeunes chanteurs, âgés alors d’une douzaine
d’années, accompagnés de leurs aînés et
maîtres, ont charmé par leur virtuosité
espiègle et leur maîtrise de leur art, le public
du Théâtre des Abbesses.
Cette saison, de nouveaux enfants viendront à
leur tour déclamer l’effervescence poétique
de ces chants qui peuplent toujours l’existence rituelle et cyclique d’une vie qui
s’abreuve encore au rythme de la nature, de la
terre et des divinités.
De l’ancienne formation, seul le jeune Gazi
Khan Junior reviendra. Adolescent à l’époque,
jeune adulte aujourd’hui, il suit les traces de
son père décédé dans les années 80, Bungar
Khan, considéré et adulé comme le plus
grand chanteur de la caste des Manghaniyars. L’art du jeune Gazi Khan a atteint
une étonnante maturité et, entouré de ses
aînés, il s’impose aujourd’hui comme un futur
grand maître. Il s’est imprégné des techniques vocales hallucinantes de son père ; sa
voix en parfaite osmose avec le kamanchiya
(la vièle des Manghaniyars) ou l’harmonium,
s’élève, sinueuse et saccadée.
Alain Weber
SAM. 19 NOV. 17H
GHADA SHBEIR
chants syriaques
Liban
L’EXTASE SACRÉE
Le syriaque appartient à la même famille que
l’araméen. Du IIIe au XIIIe siècle, il devint la
langue littéraire chrétienne. Ancien, son chant
précède cependant l’avènement du christianisme. Il ne s’inscrit ni dans la tradition musicale arabe ni dans celle du chant grégorien.
Profondément enraciné dans les civilisations
du Proche-Orient, il s’est transmis oralement
de génération en génération car il n’existait
aucune notation. Ainsi les mêmes mots s’accommodent de diverses mélodies et une
même mélodie s’acoquine à différents textes.
Le chant syriaque est minimaliste : il se joue
avec trois, quatre ou cinq notes. C’est généralement une forme brève, un chant simple et
austère. On l’interprète a cappella. Cependant, il arrivait parfois qu’il soit accompagné
d’instruments de percussions : clochette,
hochet ou cymbales. Son rythme est libre,
varié, et repose sur une structure simple. Sa
densité est telle qu’il envoûte l’auditeur.
Ghada Shbeir est née au Liban. À dix-sept
ans, elle commence son apprentissage musical et intègre peu après l’université libanaise
du Saint-Esprit de Kaslik (USEK). Quatre ans
plus tard, elle obtient son diplôme. Tandis
qu’elle suit des cours de chant, elle participe
aussi à des concerts internationaux et interprète chants traditionnels et religieux. Elle est
diplômée de chant et de musicologie de
l’USEK. Elle enseigne au sein de cette université ainsi qu’au Conservatoire national et parcourt le monde. De la Pologne au Canada en
passant par l’Italie et la Grande-Bretagne, elle
offre ce chant hiératique, sobre et dépouillé.
Sa voix nue éclate dans toute sa pureté et
séduit d’emblée. Elle emporte l’âme dans une
sorte d’extase sacrée.
Le répertoire syriaque est composé de chants
brefs, certains durent moins d’une minute. Il
s’étend à un éventail de traditions religieuses
chrétiennes : les rites maronite, orthodoxe,
catholique, chaldéen et byzantin. Un chant
profond qui invite au recueillement, procure la
paix intérieure et réjouit l’âme.
J. E.
Ghada Shbeir, ph. X. DR
SAM. 12 NOV. 17H ET LUN. 14 NOV. 20H30
Ashiq Hassan, ph. M. Karroubi
semble avec lequel il effectue des tournées, a
fondé une société d’édition et de diffusion de
musique traditionnelle en 1995, et, en 1997, a
ouvert une école pour encourager les jeunes
à perpétuer et enrichir le patrimoine. « Je sais
que parmi mon peuple, je suis écouté »,
chante Ashiq Hassan. Une parole qui passera
les frontières pour venir jusqu’à nous.
J. M.
SAM. 4 MARS 17H ET LUN. 6 MARS 20H30
LJILJANA BUTTLER
“The mother of Gypsy soul”
MOSTAR SEVDAH REUNION
ASHIQ HASSAN Azerbaïdjan iranien
Ashiq Hassan Eskandari chant, sâz
Ashiq Ashraf Hosseinpour chant, sâz
Salman Pourmohammad bâlâban
Ali Gharadâghi dâyrâ
On connaît la république d’Azerbaïdjan qui
s’étend au sud-ouest de la mer Caspienne et
sur une partie du Caucase. On connaît moins
l’Azerbaïdjan iranien, province située au nordouest de l’Iran, là où les frontières culturelles
avec son voisin du même nom sont restées
poreuses. Province atypique, l’Azerbaïdjan
iranien possède, au côté du persan, sa propre
langue, l’azéri. Elle est aussi terre des bardes
âshiqs. Ces musiciens itinérants, conteurs
d’épopées et de légendes, dastan, jouent un
rôle social important : ils annoncent les nouvelles, participent aux festivités et autres
grands événements de la vie.
Shiq vient de l’arabe qui signifie “amoureux”.
Pas étonnant que ces poètes aiment chanter
la nature et les amours, possibles et impossibles. Accompagnés au sâz (luth de 8 à 12
cordes), au bâlâban (sorte de clarinette), au
dâyrâ (percussion), ils sont une mémoire
vivante dont on retrouvera l’écho sur la scène
du Théâtre de Ville.
Ashiq Hassan Eskandari, qui a donné son
nom à l’ensemble, sera de ceux-là. Né en
1947, il gagne, encore enfant, Tabriz, la capitale de la province, pour devenir tisserand.
Mais l’envie d’apprendre le chant le conduit à
Téhéran où, deux ans durant, il travaille
comme boulanger pour payer ses études
musicales. En 1970, sa vie familiale le ramène
à Tabriz où il peut enfin se consacrer à ce qui
est devenu sa raison de vivre : l’art des bardes
âshiqs. Depuis, il a créé, en 1985, un en-
Ilijaz Delic chant
avec guitares, accordéon, clarinette,
violon, percussions
Bosnie
À soixante ans passés, “Lilli” Buttler est la
figure incandescente du sevdah, genre populaire emblématique de l’ex-Yougoslavie, art de
vivre et de sentir, à la fois blues et rythm &
blues. Adulée dans son pays, cette grande
revient de loin !
Née à Belgrade d’un accordéoniste virtuose
et d’une chanteuse croate, la « Reine du blues
de Mostar » est gitane. Elle joue même du
piano, chante très tôt, et pieds nus : c’est dans
sa nature. Cesaria Evora, qu’elle surpasse en
charisme, a célébré la morna ; “Lilli” Buttler
nous entraîne dans le maelström coloré du
sevdah.
Chez elle, l’amour, l’humour et la tragédie ne
font qu’un. Pressentant le désastre à venir, elle
s’installe en Allemagne avec ses filles. L’idole
de toute la Yougoslavie des années 70, que
l’on connaissait sous le nom de Ljiljana
Petrovic, disparaît de la scène pendant dix
ans, vivant de menus travaux pour survivre.
Un jeune admirateur bosniaque recherche sa
trace pendant deux ans et la convainc d’enregistrer un CD à Mostar, port adriatique dont
elle aimait le pont médiéval alors reconstruit,
et où elle vécut.
La paix revenue, “Lilli” retourne régulièrement
au pays où personne ne l’a oubliée, jusque
dans les kafanas de Belgrade, ces cafés –
restaurants prisés où l’on danse tard dans la
nuit. Elle apparaît toute en rondeur, presque
langoureuse, ses yeux étincelant. Sa voix
androgyne et sensuelle nous rappelle celle de
la Grecque Sotiria Bellou et de son vague à
l’âme. Ses fins de phrases en soupirs évoquent l’envoûtante Oum Kalsoum. Tant d’émotion à fleur de peau nous fait revivre aussi le
monde de Billie Holliday.
C.L.
Ljiljana Buttler, ph. X. DR
SAM. 21 JAN. 17H
USTAD BARE FATEH ALI KHAN
chant classique
4 musiciens
Pakistan
Salar Aghili, ph. X. DR
Dernier musicien de la cour du maharadjah
de Patiala, incarnation vive de la flamboyance
du khyal, brillantissime compositeur-interprète
de Ragas and Saagas – album qui aura marqué bien des âmes vagabondes –, Ustad Bare
Fateh Ali Khan nous offre un concert au
Théâtre des Abbesses.
Place donc au génie vocal ! Si Ragas and
Saagas – conçu notamment avec le saxophoniste Jan Garbarek – indiquait l'à-propos
contemporain du Maître, l'axe essentiel de
son art demeure ce khyal dont il évoquera
avec bonheur quelques arcanes veloutés.
Un des rarissimes vieux maîtres encore en vie
(et quelle vie ! Quel éclair dans son sourire !
Quelle vitalité dans son regard !), Ustad Bare
Fateh Ali Khan incarne à la perfection les
brillantes heures de la Patiala gharana, une
des principales écoles du chant classique
hindoustani... issue de l'exil amoureux de son
arrière-grand-père Mian Kalu ! Cette école
incorpore dans un saisissant maelström le
style lyrique de Delhi, l'impulsivité de Gwalior,
la saveur “dhrupadie” de Jaïpur, les taan-s
tout en spirale de Rewa... Tout en s'appropriant l'empreinte des musiques populaires
punjabies et celles d'autres régions de l'Inde
du Nord... Génie !
Considéré comme une légende vivante, cette
belle âme demeure pourtant trop mésestimée
dans son pays. Refusant un exil économique
souvent proposé, Ustad Bare Fateh Ali Khan
bataille contre la disparition progressive de la
sagesse musicale hindoustanie, essayant non
seulement de la transmettre au mieux, mais
aussi de la prolonger, de l'élargir vers de nouveaux horizons. Ses deux fils tentent de
prendre le relais mais la modernité environnante peut être si fracassante...
Ne manquez pas cette occasion rare – seul
concert français, et peut-être européen
– d'apprécier une voix, une présence
d'exception.
P.-A. B.
Ustad Bare Fateh Ali Khan, ph. S. Kia
SAM. 11 MARS 17H
SAM. 18 MARS 17H
SALAR AGHILI
chant
Hamed Fakouri târ
Shervine Mohajer kamantché
Mohsen Sadeghi ney
Harir Shariat Zadeh daf
Iran
Que ceux qui douteraient encore de la vitalité
de la tradition classique persane se rassurent :
une nouvelle génération de musiciens prend
la relève de leurs brillants aînés. En témoignent Salar Aguili et les quatre instrumentistes qui l’entoureront lors de ce concert
unique. Les cinq trublions ont bien des points
communs : une solide formation acquise
auprès des plus grands maîtres, une fidèle
amitié qui les unit depuis leur adolescence,
l’audace et l’énergie d’une jeunesse – ils ont
tous moins de 30 ans – qui les poussent à
bousculer les règles de la tradition et à tirer
profit des fructueuses rencontres musicales
effectuées hors de leur pays natal.
En 2002, le Théâtre de la Ville présentait
Âvâyé Douste (la mélodie de l’ami), un
ensemble de six jeunes musiciens, tous amis
d’enfance. Fait exceptionnel en Iran, il regroupait une majorité de femmes et une seule voix
masculine, celle de Salar Aguili, épousant à
merveille les modulations du sétâr.
À 28 ans, cet ancien élève de Mohammad
Reza Shadjarian au conservatoire de Téhéran
où il enseigne à son tour, chante avec autant
de plaisir les grands classiques de la poésie
persane, Hafez et Rumi, que les contemporains, Forough Farrokhzad et Akhavahe Salès.
À 21 ans, il créait déjà un ensemble, Raz o
Niaz, avec lequel il parcourt l’Europe.
Avec lui : au târ (luth à manche court), Hamed
Fakouri, un ancien élève de Dariush Tala’i,
Lotfi et Hossein Alizadeh ; au kamantché (vièle
à archet), Shervine Mohajer, un jeune virtuose
prometteur ; au ney, cette flûte de roseau si
chère au poète Rumi, Mohsen Sadeghi ; au
daf (grand tambourin), Harir Shariat Zadeh,
épouse de Salar Aguili, déjà présente en 2002
avec le groupe Âvâyé Douste.
Jeunesse, harmonie et sensibilité pour un
concert raffiné.
J. M.
Lui Fang, ph. A. Cronchaw, Froots Magazine UK2003
Ensemble Ibn Arabi, ph. X. DR
LUN. 27 MARS 20H30
ENSEMBLE IBN ARABI
Maroc
chant, qânoun, oud, ney, violon, bendir
Ahmed El Kheligh direction musicale
LA VOIE DE L’AMOUR
Le Maroc est un royaume où se perpétuent les
traditions. L’Ensemble Ibn Arabi conjugue
deux d’entre elles qui se mêlent dans le creuset de la musique : l’une, soufie, relève de la
mystique, l’autre, arabo-andalouse, de la
musique dite “classique”. Ainsi distille-t-il une
musique subtile et raffinée.
Le nom de la formation évoque un illustre soufi
des XIIe et XIIIe siècles que ses pérégrinations
ont conduit de l’Espagne, où il naquit, à la
Syrie où il expira. Et c’est à partir du lieu de
rencontre des adeptes d’une confrérie, une
zaouia affiliée à la confrérie darqawiya, que
s’est constitué l’Ensemble.
Outre les noubas, longues suites instrumentales et vocales, le patrimoine arabo-andalou
recèle bien d’autres trésors transmis oralement au fil du temps : style original de cantilation du Coran, chants à la gloire d’Allah et
du Prophète, ainsi que ceux propres aux
zaouia. L’Ensemble Ibn Arabi puise dans ce
répertoire et interprète des pièces chantées
au sein des zaouia dont les textes, des
poèmes, sont l’œuvre de célèbres soufis : Ibn
Arabi, bien sûr, mais aussi, Ibn Al Faridh, Al
Shushtari, Al Harraq, ou encore Rabia Al
Adawiya… En guise d’introduction à ces
chants, il offre des improvisations instrumentales (taqsim) et des pièces vocales non rythmées en solo (mawwal).
Les six membres de la formation (ney, oud,
qânoun, violon, bendir et chant) ont fréquenté
la même zaouia de Tanger et divers conservatoires marocains. Certains ont étudié la théologie. Directeur musical de l’Ensemble,
Ahmed El Kheligh est une référence, la voix
des musiques et chants soufis à Radio
Méditerranée internationale. Tous artistes
accomplis, ils ont visité divers pays dont la
Libye et l’Inde et partagé le pain de l’amour :
« L’amour n’est rien, s’il n’est pas celui qui
anéantit », écrivait Ibn Al Faridh. Des mots
que chante aujourd’hui la voix suave du jeune
Abdellah al Mansour El Kheligh dans la plénitude de son art.
J. E.
LUN. 8 MAI 20H30
LIU FANG
pipa, guzheng
Chine
LE CHANT DE L’ÂME
Dans sa musique, il y a la turbulence des
sons, les tempêtes d’accords et l’éloquence
du silence. Et « derrière chaque note, il y a
l’âme », dit Liu Fang. On ne saurait mieux affirmer la profondeur de son art. Celui du pipa,
luth sans doute venu de Perse et mentionné
déjà dans des textes deux siècles avant l’ère
chrétienne. Depuis la dynastie des Tang (618907), inscrit dans un ensemble ou soliste, il
conserve sa popularité. Caisse en forme de
poire et manche court, tendu de quatre
cordes, il compte trente frettes. Son jeu
requiert une grande dextérité : la main droite
dont chaque doigt est armé d’un plectre
gratte les cordes, la main gauche court sur le
manche et crée effets de tonalité et nuances.
La maîtrise technique permet une virtuosité à
caractère descriptif. Le répertoire de cette
musique de divertissement, transmis de
maître à élève au fil des siècles, se partage
entre la musique dite « militaire » – elle décrit
avec vigueur les combats légendaires – et la
musique dite « littéraire » – elle s’inspire de
poésie, de drames historiques et de paysages. La nature n’est-elle pas la muse
éternelle des artistes chinois ? Clair de lune
sur la rivière ou canards barbotant dans l’eau
froide, Liu Fang crée des paysages sonores
quasi cinématographiques. Et c’est à la peinture qu’elle se réfère pour expliquer le silence :
« Dans la peinture chinoise, il y a des espaces
vides qui concourent à l’harmonie. Ils permettent au spectateur de s’inscrire dans le
tableau. C’est comme un dialogue. Ainsi,
dans la musique, les vides sont l’espace laissé entre les notes et on réalise que le silence
est plein de musique ».
Liu Fang joue aussi du guzheng, une cithare
sur table, tendue de vingt et une cordes,
devenue, depuis le XIXe siècle, un instrument
soliste. Sa main droite pince les cordes avec
un plectre, la gauche les touche produisant
ainsi la hauteur voulue et une variété de
timbres.
Talent précoce, Liu Fang, née à Kumming,
province du Yunnan (Chine méridionale),
donne son premier concert dès l’âge de neuf
ans. Diplômée du conservatoire de Shangaï
en 1993, elle a dix-sept ans et choisit de vivre
au Canada. Elle poursuit depuis lors une carrière internationale et offre ainsi les joyaux de
la musique classique traditionnelle chinoise.
Son jeu brillant dérive de la douce floraison
des tons aigus du pipa à l’orage de ces
courses éclatantes dont l’intensité, dit-on,
arracherait des larmes à un maître du
flamenco !
J. E.
Kadri Golpalnath, ph. X. DR
SAM. 13 MAI 17H
KADRI GOPALNATH
saxophone, musique carnatique
Kanyakumari violon
Inde du Sud
accompagné au thavil et à la guimbarde
Fils d’un joueur de nadaswaram (hautbois des
temples du Sud), Kadri Gopalnath découvre
l’existence du saxophone en 1964 en assistant à un concert de l’orchestre privé du
maharadjah de Mysore, dans l’État du
Karnataka dont il est originaire. Le son le
charme, la forme l’intrigue, d’autant plus qu’il
ne connaît pas le nom de ce petit monstre
mystérieux. Pris de passion, il se le procure
six mois plus tard. Mais comment utiliser les
clés alors qu’aucun instrument indien n’en
possède ? L’adolescent têtu doit tout réinventer et passe trois années à maîtriser ses
gammes sur une centaine de raga-s, sa mère
lui prédisant qu’il va en mourir.
Depuis, se faisant d’abord apprécier en jouant
dans des temples et des petits cercles musicaux, Kadri a fait du chemin. Cet homme
affable, aux yeux volontiers rieurs et pétillants
de bonheur, bouge comme un diablotin : on
voit qu’il aime la vie, qu’il la prend d’instinct à
bras le corps. Aimé et respecté des musiciens
traditionnels, il sait toucher toutes les générations par sa présence, son sens de l’invention, sa science rythmique évolutive et un son
à la chaleur dorée. Les anciens reconnaissent
son adhésion aux canons essentiels de la
musique carnatique, avec sa vue élevée et
universelle ; les jeunes s’enthousiasment à
entendre la musique de leurs aînés suivre les
chemins de la modernité. Devenu célèbre,
Kadri se produit avec la violoniste
Kanyakumari qu’on a pu déjà entendre au
Théâtre de la Ville avec son ensemble instrumental Vadya Lahari, en compagnie d’une
veena et d’un… nadaswaram, justement !
C.L.
LUN. 12 JUIN 20H30
CHANTS DE LA TIHAMA
Yémen
DES TRADITIONS VIVANTES
À l’ouest du Yémen, la province de la Tihama
s’étend jusqu’aux rives de la mer Rouge.
Fondé au XIIIe siècle, Bayt Al-Faqih est un gros
bourg. Il abrite un marché connu des amateurs de café du monde entier depuis le début
du XVIIIe siècle.
chants de la Tihama, photos J. Erwan
Ce jour-là, c’est l’heure du qat, ces feuilles
légèrement euphorisantes mâchées tout au
long de l’après-midi. Au siège de l’association
culturelle locale, c’est aussi le temps de la
musique. L’atmosphère est lourde et chargée
d’humidité. Un homme appartenant à la tribu
des Akhdâm, située au plus bas de la hiérarchie sociale, Sa’d Al-Yamani, interprète à voix
nue un chant des parias, hobari, en une sorte
de parler-chanter. Puis deux compères, que
l’on dirait tout droit sortis d’un conte oriental,
Hâmili’Ubayd Uthman et Yahya Habal, nouent
un subtil dialogue : voix et flûte du berger se
répondent. C’est le matwah, musique délicate
et raffinée.
Enfin, un soliste, auquel répond un chœur de
quatre voix, offre quelques joyaux du shalla,
ces chants d’amour courtois interprétés a
cappella. Un répertoire que l’on entend, entre
autres, lors des fêtes de mariage.
Trois styles, puisés au cœur de la Tihama, que
ces huit artistes yéménites offriront au public
du Théâtre des Abbesses.
J. E.
NOVEMBRE 2005
calendrier
SEPTEMBRE 2005
LU 12
MA 13
ME 14
JE 15
VE 16
SA 17
DI 18
LU 19
MA 20
ME 21
JE 22
VE 23
SA 24
DI 25
LU 26
MA 27
ME 28
JE 29
VE 30
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30
20h30
William Burroughs…
William Burroughs…
William Burroughs…
William Burroughs…
1er prog.
1er prog.
1er prog.
1er prog.
William Burroughs…
William Burroughs…
William Burroughs…
William Burroughs…
OCTOBRE 2005
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h ◆
20h30 mat 15 h ◆
SA 1 G. Shaham/I. Golan 17h
Homayoun 17h
Preljocaj 1er prog.
William Burroughs…
DI 2 Preljocaj 1er prog. ◆
William Burroughs…◆
LU 3
MA 4 Preljocaj 1er prog.
William Burroughs…
ME 5 Preljocaj 1er prog.
William Burroughs…
JE 6 Preljocaj 1er prog.
William Burroughs…
VE 7 Preljocaj 1er prog.
William Burroughs…
SA 8 Mehr et Sher Ali 17h
Bousková/Langlamet 17h
Preljocaj 1er prog.
William Burroughs…
DI 9
LU 10
MA 11 A. Khan/S. L. Cherkaoui
R.Orlin / V. Mantero
ME 12 A. Khan/S. L. Cherkaoui
R.Orlin / V. Mantero
JE 13 A. Khan/S. L. Cherkaoui
R.Orlin / V. Mantero
VE 14 A. Khan/S. L. Cherkaoui
R.Orlin / V. Mantero
SA 15 K. Chakrabarty 17h
K. Rosenwinkel 17h
A. Khan/S. L. Cherkaoui
R.Orlin / V. Mantero
DI 16 A. Khan/S. L. Cherkaoui ◆
LU 17
MA 18
La Visite de la vieille dame
ME 19
La Visite…
JE 20 Lloyd Newson/DV8
La Visite…
VE 21 Lloyd Newson/DV8
La Visite…
SA 22 Lloyd Newson/DV8 ◆
Lloyd Newson/DV8
La Visite…
DI 23
La Visite… ◆
LU 24 Lloyd Newson/DV8
MA 25 Lloyd Newson/DV8
La Visite…
ME 26 Lloyd Newson/DV8
La Visite…
JE 27 Lloyd Newson/DV8
La Visite…
VE 28 Lloyd Newson/DV8
La Visite…
SA 29 Lloyd Newson/DV8
La Visite…
DI 30
La Visite… ◆
LU 31
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h ◆
20h30 mat 15 h ◆
1
2
3
4
5
DI 6
LU 7
MA 8
ME 9
JE 10
VE 11
SA 12
Girija Devi
Chaurasia
Girija Devi / Chaurasia 11h
Preljocaj
Preljocaj
Preljocaj
Preljocaj
MA
ME
JE
VE
SA
THEATRE DE LA VILLE
DI 13
LU 14
MA 15
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VE 18
SA 19
DI 20
LU 21
MA 22
ME 23
JE 24
VE 25
SA 26
Koen Augustijnen
Koen Augustijnen
Koen Augustijnen
Quatuor Tetzlaff 17h
Koen Augustijnen
Ea Sola
Ea Sola
Ea Sola
Ea Sola
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Chota Divana 17h
Marcia Hesse
Garry Stewart/ADT
Garry Stewart/ADT
Garry Stewart/ADT
Garry Stewart/ADT
Dezsö Ránki 17h
Garry Stewart/ADT
Chota Divana
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Ghada Shbeir 17h
Marcia Hesse
Marcia Hesse ◆
Maguy Marin
Maguy Marin
Maguy Marin
Maguy Marin
Ikhwani Safaa 17h
Maguy Marin
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Kuijken/Demeyere 17h
Marcia Hesse
DI 27
LU 28
MA 29 Wim Vandekeybus
ME 30 Wim Vandekeybus
Mère & Fils
DECEMBRE 2005
THEATRE DE LA VILLE
20h30 mat 15 h ◆
JE 1 Wim Vandekeybus
VE 2 Wim Vandekeybus
SA 3 Café Zimmermann 17h
Wim Vandekeybus
DI 4
LU 5
MA 6 Odile Duboc
ME 7 Odile Duboc
JE 8 Odile Duboc
VE 9 Odile Duboc
SA 10 F. Biondi/K. Weiss 17h
Odile Duboc
DI 11
LU 12
MA 13
ME 14
JE 15 Sankai Juku 1er prog.
VE 16 Sankai Juku 1er prog.
SA 17 Sankai Juku 1er prog.
DI 18 Sankai Juku 1er prog. ◆
LU 19
MA 20 Sankai Juku 1er prog.
ME 21 Sankai Juku 1er prog.
JE 22
VE 23
SA 24
DI 25
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h ◆
Mère & Fils
Mère & Fils
Mère & Fils
Mère & Fils ◆
Mère & Fils
Mère & Fils
Mère & Fils
e
rvatoir
Conse ur de Paris
ie
supér
Mère & Fils
Mère & Fils
Mère & Fils
Mère & Fils
Mère & Fils
Mère & Fils
age
ont
m
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Ge
LU 26
MA 27
ME 28
JE 29
VE 30
SA 31
DÉCEMBRE 2005/
suite
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
Sankai Juku
Sankai Juku
Sankai Juku
Sankai Juku
2e prog.
2e prog.
2e prog.
2e prog.
age
ont
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rép tting A
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JANVIER 2006
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h ◆
20h30 mat 15 h ◆
DI 1
LU 2
MA 3
ME 4
age
ont
m
JE 5
et
ns
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VE 6
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ré inocé
SA 7
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DI 8
LU 9
MA 10
ME 11
JE 12 Rhinocéros
VE 13 Rhinocéros
SA 14 Farida Parveen 17h
Rhinocéros
DI 15 Rhinocéros ◆
LU 16
MA 17 Rhinocéros
ME 18 Rhinocéros
JE 19 Rhinocéros
VE 20 Rhinocéros
SA 21 Takács/Muzsikás… 17h
Rhinocéros
DI 22 Rhinocéros ◆
LU 23 U. Shafi Mohammad Faqir
MA 24 Rhinocéros
ME 25 Rhinocéros
JE 26 Rhinocéros
VE 27
SA 28 Al-Kindî 17h
DI 29
LU 30
MA 31 Antoine et Cléopâtre
age
ont
tm n
e
s
ion ttentio
étit
rép tting A
Ge
Getting attention
Getting attention
Getting Attention
Getting attention
Getting attention
HORS
LES
MURS
OCTOBRE 2005
PARIS-VILLETTE
MA 4
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VE 21
SA 22
Toto le Mômo
Toto le Mômo
Toto le Mômo
Toto le Mômo
Toto le Mômo
Toto le Mômo ◆
Toto le Mômo
Toto le Mômo
Toto le Mômo
Toto le Mômo
Toto le Mômo
NOVEMBRE 2005
CENTRE POMPIDOU
20h30
ME 9 Emio Greco/Hanspeter Kyburz
JE 10 Emio Greco/Hanspeter Kyburz
VE 11 Emio Greco/Hanspeter Kyburz
Getting attention
Getting attention
Getting attention
Getting attention
Ashiq Hassan 17h
Getting attention
Getting attention ◆
Getting attention
Getting attention
Getting attention
Getting attention
Céline Frisch 17h
Getting attention
20h30 mat 16 h ◆
Toto le Mômo
Toto le Mômo
Toto le Mômo
Toto le Mômo
Toto le Mômo
JANVIER 2006
CITÉ INTERNATIONALE
JE 5
VE 6
SA 7
DI 8
LU 9
MA 10
20h30
Peeping Tom
Peeping Tom
Peeping Tom
Peeping Tom
Peeping Tom
CENTRE POMPIDOU
Llanto…
ME 25
JE 26
VE 27
SA 28
DI 29
en noir = théâtre, danse
en rouge = musique
20h30 mat 17 h ◆
Rachid Ouramdane
Rachid Ouramdane
Rachid Ouramdane
Rachid Ouramdane
Rachid Ouramdane ◆
ME 1
JE 2
VE 3
SA 4
DI 5
LU 6
MA 7
ME 8
JE 9
VE 10
SA 11
DI 12
LU 13
MA 14
ME 15
JE 16
VE 17
SA 18
DI 19
LU 20
MA 21
ME 22
JE 23
VE 24
SA 25
FEVRIER 2006
MARS 2006/
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h ◆
Llanto…
Llanto…
Llanto…
Llanto…
Llanto… ◆
20h30 mat 15 h ◆
Bang on a can all-stars
L’heure …
L’heure …
L’heure …
L’heure …
20h30 mat 15 h ◆
Ensemble Ibn Arabi
Illuminations
Illuminations
Illuminations
Illuminations
20h30 mat 15 h ◆
Antoine et Cléopâtre
Antoine et Cléopâtre
Antoine et Cléopâtre
Antoine et Cléopâtre
s
ion
étit
rép
tel
Pla
n
i
Ala
Llanto…
Llanto…
Llanto…
Llanto…
Llanto…
Maria-Kiran/C. Brizi
Maria-Kiran/C. Brizi
Alain Platel
Alain Platel
Alain Platel
Alain Platel ◆
Ensemble Shoghaken
Alain Platel
Alain Platel
Alain Platel
Alain Platel
Ensemble Shams 17h
Alain Platel
DI 26
LU 27
MA 28 Marie Chouinard
er
s
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étit rine B
p
é
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Ka
Katherine Barker
Katherine Barker
Katherine Barker
Katherine Barker
Katherine Barker
Katherine Barker
MARS 2006
ME
JE
VE
SA
1
2
3
4
DI 5
LU 6
MA 7
ME 8
JE 9
VE 10
SA 11
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h ◆
Marie Chouinard
Marie Chouinard
Marie Chouinard
3 concerts en 1 15h
Marie Chouinard
20h30 mat 15 h ◆
Katherine Barker
Katherine Barker
Katherine Barker
Ljiljana Buttler 17h
Katherine Barker
Wayn Traub 1er prog.
Wayn Traub 1er prog.
Wayn Traub 2e prog.
Ljiljana Buttler
Katherine Barker
Katherine Barker
Katherine Barker
Wayn Traub 3e prog.
Katherine Barker
M. Perényi / D. Várjon 17h U. B. Fateh Ali Khan 17h
Wayn Traub 3e prog.
Katherine Barker
DI 12
Katherine Barker ◆
LU 13
MA 14
ME 15 Meg Stuart
JE 16 Meg Stuart
Illuminations…
VE 17 Meg Stuart
Illuminations…
SA 18 Zimmermann/Zacharias 17h Salar Aghili 17h
Meg Stuart
Illuminations…
DI 19
Illuminations… ◆
LU 20
MA 21
Illuminations…
ME 22 L’heure…
Illuminations…
JE 23 L’heure…
Illuminations…
VE 24 L’heure…
Illuminations…
SA 25 Nassima 17h
L’heure…
Illuminations…
DI 26 L’heure… ◆
LU 27
MA 28
ME 29
JE 30
VE 31
suite
AVRIL 2006
THEATRE DE LA VILLE
20h30 mat 15 h ◆
SA 1 Chatterjee/Ramnath 17h
L’heure …
DI 2
LU 3
MA 4 Preljocaj 2e prog.
ME 5 Preljocaj 2e prog.
JE 6 Preljocaj 2e prog.
VE 7 Preljocaj 2e prog.
SA 8 Preljocaj 2e prog.
DI 9 Preljocaj 2e prog. ◆
LU 10
MA 11 Preljocaj 2e prog.
ME 12 Preljocaj 2e prog.
JE 13 Preljocaj 2e prog.
VE 14 Preljocaj 2e prog.
SA 15 Preljocaj 2e prog.
DI 16
LU 17
MA 18
ME 19
JE 20
VE 21
SA 22
DI 23
LU 24
MA 25 Cherkaoui/Jalet…
ME 26 Cherkaoui/Jalet…
JE 27 Cherkaoui/Jalet…
VE 28 Cherkaoui/Jalet…
SA 29 Truls Mørk/Kathryn Stott 17h
Cherkaoui/Jalet…
DI 30
LES ABBESSES
20h30
Filomena Moretti 17h
Illuminations…
e
toir aris
rva de P
e
s
r
n
Co érieu
sup
A. Valli/M. Mudgal
A. Valli/M. Mudgal
A. Valli/M. Mudgal
A. Valli/M. Mudgal
A. Valli/M. Mudgal
e
s
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p
é
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Fa
Face de cuillère
Face de cuillère
Face de cuillère
Face de cuillère
MAI 2006
LU 1
MA 2
ME 3
JE 4
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SA 6
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MA 9
ME 10
JE 11
VE 12
SA 13
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h ◆
20h30 mat 15 h ◆
Jan Lauwers
Jan Lauwers
Jan Lauwers
Jan Lauwers
Sasha Waltz
Sasha Waltz
Sasha Waltz
Sasha Waltz
DI 14
Face de cuillère
Face de cuillère
Face de cuillère
Face de cuillère
Face de cuillère
Face de cuillère ◆
Liu Fang
Face de cuillère
Face de cuillère
Face de cuillère
Face de cuillère
K. Gopalnath 17h
Face de cuillère
Face de cuillère ◆
MAI 2006/
LU 15
MA 16
ME 17
JE 18
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DI 21
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MA 23
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MA 30
ME 31
suite
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h ◆
Kronos Quartet
Sasha Waltz
Sasha Waltz
Sasha Waltz
Sasha Waltz
Midori/ R. McDonald 17h
Sasha Waltz
20h30 mat 15 h ◆
Face de cuillère
Face de cuillère
Face de cuillère
Face de cuillère
Face de cuillère
Grace Ellen Barkey
Grace Ellen Barkey
Jan Lauwers/Needlapb
ire aris
ato
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s
n
Co érieu
sup
Mercedes Ruiz
Mercedes Ruiz
Mercedes Ruiz
Mercedes Ruiz
Mercedes Ruiz
De Keersmaeker
De Keersmaeker
Jan Fabre
Jan Fabre
JUIN 2006
JE 1
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SA 3
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MA 6
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DI 11
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LU 19
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VE 30
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30
De Keersmaeker
De Keersmaeker
De Keersmaeker
20h30 mat 15 h ◆
Jan Fabre
Jan Fabre
Jan Fabre
Rajan et Sajan Misra
De Keersmaeker
De Keersmaeker
De Keersmaeker
De Keersmaeker
De Keersmaeker
Pina Bausch
Pina Bausch 17h
Ensemble de Malouf
Pina Bausch
Pina Bausch
Pina Bausch
Pina Bausch
Pina Bausch
Pina Bausch
Pina Bausch
Pina Bausch
Pina Bausch
Gallotta/ B. de Lorraine
Gallotta/ B. de Lorraine
Gallotta/ B. de Lorraine
Gallotta/ B. de Lorraine
Gallotta/ B. de Lorraine
Gallotta/ B. de L. ◆
Chants de la Tihama
Gallotta/ B. de Lorraine
Gallotta/ B. de Lorraine
Gallotta/ B. de Lorraine
Gallotta/ B. de Lorraine
Gallotta/ B. de Lorraine
ire aris
ato
erv r de P
s
n
Co érieu
sup
Priyadarsini Govind
Priyadarsini Govind
Priyadarsini Govind
Priyadarsini Govind
JUILLET 2006
SA
DI
LU
MA
1
2
3
4
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30
Pina Bausch
Pina Bausch 17h
Pina Bausch
Pina Bausch
20h30
HORS
LES
MURS
MARS 2006
CITÉ INTERNATIONALE
JE 2
VE 3
SA 4
DI 5
LU 6
MA 7
ME 8
JE 9
VE 10
SA 11
DI 12
LU 13
MA 14
ME 15
JE 16
VE 17
SA 18
DI 19
LU 20
MA 21
ME 22
JE 23
VE 24
SA 25
DI 26
LU 27
MA 28
ME 29
JE 30
VE 31
20h30 mat 15 h ◆
François Verret
François Verret
François Verret
François Verret
François Verret
François Verret
François Verret
François Verret
Josef Nadj
Josef Nadj
Josef Nadj
Josef Nadj
Josef Nadj ◆
Josef Nadj
Josef Nadj
Josef Nadj
Josef Nadj
Josef Nadj
Josef Nadj ◆
Christian Rizzo
Christian Rizzo
AVRIL 2006
CITÉ INTERNATIONALE
SA
DI
LU
MA
20h30
1 Christian Rizzo
2
3 Christian Rizzo
4 Christian Rizzo
MARS 2006
THEÂTRE DE LA BASTILLE
21h
ME 29 Boris Charmatz
JE 30 Boris Charmatz
VE 31 Boris Charmatz
AVRIL 2006
THEÂTRE DE LA BASTILLE
SA
DI
LU
MA
ME
JE
VE
SA
1
2
3
4
5
6
7
8
21h
Boris Charmatz
Boris Charmatz
Boris Charmatz
Boris Charmatz
Boris Charmatz
Boris Charmatz
Boris Charmatz
prix des places
l’équipe
Gérard Violette directeur
Brigitte Giuliani
assistante de direction
ADMINISTRATION
Michael Chase
administrateur
Marie-Christine Chastaing chef service paie
Solen Le Guen
adjointe de l'administrateur
ARTISTIQUE
Serge Peyrat
Antoine Violette
Jacques Erwan
Georges Gara
Soudabeh Kia
directeur adjoint
à la programmation
directeur technique
à la communication
conseiller musiques du monde
conseiller musique
conseillère musiques du monde
COMMUNICATION
Anne-Marie Bigorne secrétaire générale
Jacqueline Magnier relations presse, publicité
et documentation
Marie-Laure Violette relations presse, iconographie
Elisa Santos
invitations
RELATIONS AVEC LE PUBLIC
Lydia Gaborit
responsable du service
Florence Thoirey-Fourcade
Corinne Soulié
RELATIONS PUBLIQUES "JEUNES"
(étudiants, enseignement…)
Isabelle-Anne Person responsable du service
Maud Rognion
LOCATION
Marie Katz
Ariane Bitrin
ACCUEIL
Natacha Reese
responsable du service
responsable du service
ACCUEIL DES ABBESSES (artistes et public)
Delphine Dupont
responsable du service
TECHNIQUE
Serban Boureanu
Jean-Michel Vanson
Jean-Marie Marty
Claude Lecoq
Jean-Claude Paton
Manuel Sanchez
Frédéric Duplessier
Charles Deligny
Didier Hurard
Pierre Tamisier
Alain Frouin
Victor Koeppel
Marion Pépin
• programme distribué par les hôtesses
• pourboire interdit
• places numérotées (sauf exception)
TARIF A théâtre, danse
re
NORMAL 1 cat. 23 e
2e cat. 16 e
re
e
JEUNES
1 et 2 catégorie ..........11,5 e
TARIF B théâtre, danse
re
NORMAL 1 cat. 26 e
2e cat. 17 e
re
e
JEUNES
1 et 2 catégorie .............13 e
TARIF C hors les murs
NORMAL 1 seule catégorie........ 17/14 e
JEUNES
1 seule catégorie.... 11,5/9,5 e
TARIF D
musique, musiques du monde, chanson
NORMAL 1 seule catégorie............. 16 e
JEUNES
1 seule catégorie............11,5 e
TARIF exceptionnel
re
NORMAL 1 cat. 30 e
2e cat. 23 e
re
e
JEUNES
1 et 2 catégorie............. 23 e
JEUNES
: moins de 27 ans ou étudiant
(justificatif obligatoire)
location
COMMENT RÉSERVER ?
• par téléphone 01 42 74 22 77
du lundi au samedi de 11h à 19h
directeur technique
directeur technique adjoint
régisseur général
directeur de scène
sous-chef machiniste
chef cintrier
chef électricien
sous-chef électricien
chef accessoiriste
chef service son
régisseur du son
régisseur du son
chef habilleuse
TECHNIQUE DES ABBESSES
Alain Szlendak
directeur technique
Patrice Guillemot
régisseur général
Georges Jacquemart régisseur son
ENTRETIEN SÉCURITÉ
Jacques Ferrando chef de service
Christophe Frade
IMPRIMERIE
Robert Ainaud
ISSN 0248-8248
DIRECTION, ADMINISTRATION :
16 quai de Gesvres 75180 Paris Cedex 04, Tél. : 01 48 87 54 42
directeur de la publication : Gérard Violette
maquette : Maurice et Juliette Constantin
correcteur : Philippe Bloch
Imprimerie STIPA : 8 rue des Lilas 93189 Montreuil Cedex
Tél. : 01 48 18 22 50
• aux caisses :
THEATRE DE LA VILLE
2 place du Châtelet, Paris 4
du mardi au samedi de 11h à 20h
(lundi de 11h à 19h)
LES ABBESSES
31 rue des Abbesses, Paris 18
du mardi au samedi de 17h à 20h
• par correspondance :
2 pl. du Châtelet 75180 Paris Cedex 04
QUAND RÉSERVER ?
• LOCATION PRIORITAIRE
cartes places à 2, places aux jeunes :
28 jours à l'avance, jour pour jour
(7 jours de location réservée)
• LOCATION NORMALE
21 jours à l'avance, jour pour jour
renseignements
tél. 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com
individuels
les abonnements
jeunes
THEATRE-DANSE
• 4 spectacles minimum
•10 spectacles minimum
MOINS DE 27 ANS OU ÉTUDIANT *
THEATRE-DANSE
•3 spectacles minimum
PASSEPORT MUSICAL
• 8 places minimum,
4 programmes minimum
PASSEPORT MUSICAL
• 8 places minimum,
4 programmes minimum
▼
les abonnements
individuels
●
tarifs préférentiels abonnement
ABONNEMENT
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF D
TARIF EXC.
●
THEATRE-DANSE
MUSIQUE…
4 spect.
10 spect.
jeune
3 spect.
1re catégorie
1re catégorie
1re catégorie
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11,5
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19,5
e
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10
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10
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19,5
pass. mus.
catégorie unique
e
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10 e
-
tarif normal
1re catégorie
23
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e
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jeune
tarif normal
toutes catégories
11,5
13
11,5
11,5
23
e
e
e
e
e
tarifs préférentiels hors abonnement
2 places à tarif préférentiel par abonné(e) sur tous les spectacles
dans la limite des places disponibles.
HORS ABONNEMENT
THEATRE-DANSE
4 spect.
10 spect.
ttes catégories ttes catégories
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF D
12,5
14
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10
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e
e
e
12,5
14
11,5
10
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e
MUSIQUE…
jeune
3 spect.
pass. mus.
ttes catégories
ttes catégories
10
11,5
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10
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12,5
14
11,5
10
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e
●
location 21 JOURS A L’AVANCE, JOUR POUR JOUR
● journal
envoi à domicile du journal, 4 numéros par saison.
● librairie, disques
tarifs préférentiels sur les disques et les livres.
la carte (8 e)
places aux jeunes1
▼
la carte (22 e)
places à 2
●
tarifs préférentiels cartes
2 places à tarif préférentiel sur tous les spectacles dans la limite des places disponibles.
CARTES
THEATRE-DANSE-MUSIQUE
places à 2
places aux jeunes
toutes catégories
TARIF A
TARIF B
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TARIF EXC.
e
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23 e
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toutes catégories
e
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19,5 e
10
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tarif normal
jeune
tarif normal
1re/2e catégorie toutes catégories
23/16 e
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e
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13
11,5
11,5
●
location prioritaire par correspondance :
5 SEMAINES, JOUR POUR JOUR avant celui de la représentation ;
par téléphone et aux caisses :
28 JOURS, JOUR POUR JOUR avant celui de la représentation (7 jours de
location réservée).
●
journal
librairie, disques
1
envoi à domicile du journal, 4 numéros par saison.
tarifs préférentiels sur les disques et les livres.
MOINS DE 27 ANS OU ÉTUDIANT: justificatif obligatoire
relais
Vous devenez relais en prenant l'initiative de regrouper au minimum 10 personnes intéressées à souscrire un abonnement au Théâtre de la Ville pour un
minimum de 3 spectacles. Ces 10 personnes sont alors des abonnés relayés.
Le relais a la possibilité de mêler public adulte et jeune dans un même abonnement et ainsi de bénéficier des tarifs relais et relais jeunes.
les abonnements
relais jeunes
▼
les abonnements
relais
MOINS DE 27 ANS OU ÉTUDIANT
●
THEATRE-DANSE
• 3 spectacles minimum,
• 10 places minimum/spectacle
THEATRE-DANSE
• 3 spectacles minimum,
10 places minimum/spectacle
PASSEPORT MUSICAL
• 3 programmes minimum,
• 10 places minimum/programme
PASSEPORT MUSICAL
• 3 programmes minimum,
10 places minimum/programme
tarifs préférentiels abonnement relais
ABT RELAIS
THEATRE-DANSE
MUSIQUE
3 spect. jeune 3 spect. pass. mus.
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF D
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pass. mus.
tarif normal
jeune
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8e
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jeune
tarif normal
11,5
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e
e
e
Si le relais a communiqué les coordonnées de ses abonnés relayés :
●
tarifs préférentiels hors abonnement relais
L’abonné relayé peut demander aux services relations publiques une carte
d’abonnement personnalisée lui donnant l’avantage suivant :
2 places à tarif préférentiel par abonné(e) sur tous les spectacles
dans la limite des places disponibles.
HORS
ABONNEMENT
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF D
relais
relais jeunes
toutes catégories
toutes catégories
12,5
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e
e
e
10
11,5
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e
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●
location 21 JOURS A L’AVANCE, JOUR POUR JOUR
● journal
envoi à domicile du journal du Théâtre de la Ville
à chaque abonné relayé
les groupes jeunes
10 places minimum/spectacle
MOINS DE 27 ANS OU ÉTUDIANT
▼
les groupes
10 places minimum/spectacle
▼
À partir du mois de septembre, la réservation pour les groupes est limitée
aux spectacles ayant lieu en septembre-octobre dans la limite des places
disponibles.
Dès le mois de novembre, la réservation pour les groupes s’étend à tous les
spectacles de la saison dans la limite des places disponibles.
la carte liberté relais
40 e la carte
Carte réservée aux comités d’entreprise et aux associations, qui permet de
bénéficier de tarifs préférentiels et d’une réservation sans contrainte de
nombre fixe de places par représentation, dans la limite des places disponibles (conditions particulières de location).
●
tarifs préférentiels groupes et carte liberté relais
THEATRE-DANSE- MUSIQUE
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF D
groupes
groupes jeunes
carte
liberté relais
toutes catégories
toutes catégories
toutes catégorie
12,5
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10
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e
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8
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e
e
e
12,5
14
11,5
10
e
e
e
e
tarif normal
jeune
tarif normal
1re/2e catégorie toutes catégories
23/16 e
26/17 e
17 e
16 e
11,5
13
11,5
11,5
e
e
e
e
pour vous conseiller, vous renseigner, vous servir 2
RELATIONS AVEC LE PUBLIC
RELATIONS PUBLIQUES “JEUNES”
comités d’entreprise, associations,
relais jeunes, étudiants,
groupes d’amis
enseignement
Lydia Gaborit, responsable du service ; Isabelle-Anne Person
Florence Thoirey-Fourcade ;
Maud Rognion
Corinne Soulié
tél. 01 48 87 54 42
tél. 01 48 87 54 42
suivi personnalisé et mise en
organisation de manifestations
place d’actions pédagogiques
autour des spectacles, forums,
avec chacun des relais
visites du Théâtre…
intéressés
souscription, choix des dates, règlements 2
LOCATION RELAIS
Marie Katz, responsable du service ; Ariane Bitrin
tél. 01 48 87 43 05 (ligne directe) - fax 01 48 87 09 81
renseignements, formulaires
Formulaires d’abonnements individuels et relais :
- dans le hall du Théâtre de la Ville ;
- à télécharger sur www.theatredelaville-paris.com et à envoyer par
correspondance;
- envoi à domicile sur demande.
2
Jusqu’au 13 juillet et à partir du 26 août.
théâtre et danse : partenaires au 30 avril
THÉÂTRE DE LA VILLE
RHINOCÉROS
Production La Comédie de Reims, CDN – Théâtre de la
Ville, Paris.
ANTOINE ET CLÉOPÂTRE
Production du Théâtre du Nouveau Monde, Montréal.
L’HEURE OÙ NOUS NE SAVIONS RIEN L’UN DE L’AUTRE
Coproduction Théâtre national de Belgrade – Théâtre
Tattoo, Toulouse – Théâtre Garonne,Toulouse – Théâtre de
la Ville, Paris – La Coupole, scène nationale de Sénart –
MC2 Maison de la culture de Grenoble.
Le Théâtre national de Belgrade est subventionné par le
ministère de la Culture de Serbie.
Le Théâtre Tattoo est subventionné par le ministère de la
Culture – DRAC Midi-Pyrénées, le conseil régional MidiPyrénées et la ville de Toulouse.
Avec l’aide de l’AFAA et du Centre culturel français de
Belgrade.
ANGELIN PRELJOCAJ LES 4 SAISONS…
Coproduction Festival Montpellier Danse 2005 – Théâtre
de la Ville, Paris.
Avec le soutien des Nuits de Fourvière-département du
Rhône. Résidence de création Théâtre de Nice.
Le Ballet Preljocaj, centre chorégraphique national, est
subventionné par le ministère de la Culture et de la
Communication-DRAC PACA, la région Provence-AlpesCôte d’Azur, le département des Bouches-du-Rhône, la
Communauté du Pays d’Aix, et la ville d’Aix-en-Provence
et bénéficie du soutien de la Fondation BNP PARIBAS,
l’AFAA-Association française d’action artistique-ministère
des Affaires étrangères, le Groupe Partouche-Casino
municipal d’Aix-Thermal.
Le Ballet est hébergé à la Cité du Livre depuis 1996.
EMPTY MOVES
Commande et coproduction Biennale nationale de
danse du Val-de-Marne.
NOCES
Commande de la Biennale nationale de la Danse du
Val-de-Marne.
Coproduction Maison des arts de Créteil – TNDI
Châteauvallon, Toulon – Alpha-FNAC – Arsenal, Metz –
Centre national des arts d'Ottawa – Compagnie Preljocaj.
Avec l’aide à la création du conseil général du Val-deMarne, du ministère de la Culture et de la Communicationdirection de la musique et de la danse (Fonds de promotion chorégraphique), de l’Adami et de la SPEDIDAM.
Avec le soutien du Théâtre du Merlan à Marseille et des
services culturels de l'Ambassade du Canada.
AKRAM KHAN/ SIDI LARBI CHERKAOUI ZERO DEGREES
Production Akram Khan Company – Les Ballets C. de la B.
Coproduction Sadler’s Wells, Londres – Teatro Comunale
di Ferrara – TorinoDanza – deSingel, Anvers – Hebbel
Theater, Berlin – Tanzhaus nrw, Düsseldorf – Théâtre de la
Ville, Paris – Stadsschouwburg, Rotterdam – Wexner
Center for the Arts – National Arts Centre, Canada.
La compagnie Akram Khan reçoit l’appui de l’Arts
Council England.
Les Ballets C. de la B. reçoivent l’appui du ministère van
de Vlaamse Gemeenschap, de la ville de Gand, de la
Province Oost-Vlaanderen et de la Loterie nationale.
LLOYD NEWSON/PHYSICAL THEATRE DV8 JUST FOR SHOW
Coproduction Romaeuropa Festival et Accademia
Filarmonica, Rome – National Theatre, London – Théâtre
de la Ville, Paris – Festival d’Automne à Paris –
Spielzeiteuropa/Berliner Festspiele, Berlin.
Commande du Brighton Festival.
Avec le soutien de la Calouste Gulbenkian Foundation et
du Britisch Council. Un projet associé Artsadmin.
EA SOLA SÉCHERESSE ET PLUIE VOLUME 2
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Espace, Centre
culturel français de Hanoi – Opéra Ballet du Viêt-nam –
La Coupole, scène nationale de Sénart, Combs-la-Ville –
Théâtre d'Angoulême, scène nationale – Le Grand
Théâtre de Gronigen, Pays-Bas.
GARRY STEWART/AUSTRALIAN DANCE THEATRE HELD
Coproduction Adelaide Festival of Arts – Anchorage
Concert Association.
Avec le soutien de l’ARTSA, de l’Australian Council for the
Arts et du department of Foreign Affairs and Trade.
MAGUY MARIN UMWELT
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris - La Maison de la
danse de Lyon - Toboggan de Décines – Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape.
La Compagnie Maguy Marin/Centre chorégraphique
national de Rillieux-la-Pape est subventionnée par le
ministère de la Culture et de la Communication-DRAC
Rhône-Alpes, la région Rhône-Alpes, le conseil général
du Rhône et les communes de Bron, Décines, Rillieux-laPape. Elle bénéficie également du soutien financier de
l’AFAA pour ses tournées internationales et de la
Délégation interministérielle à la ville.
WIM VANDEKEYBUS PUUR
Production Ultima Vez et KVS (Théâtre Royal Flamand,
Bruxelles). Coproduction Festival d’Avignon – PACT
Zollverein/ Choreographisches Zentrum ZNRW, Essen) –
Théâtre de la Ville, Paris – Singapore Arts Festival –
Cankarjev Dom, Ljubljana.
Avec le soutien du programme Culture 2000 de l'Union
européenne.
ODILE DUBOC RIEN NE LAISSE PRÉSAGER DE L’ÉTAT DE L’EAU
Coproduction Centre chorégraphique national de
Franche-Comté, Belfort – Théâtre de la Ville, Paris - La
Filature, scène nationale de Mulhouse.
SANKAI JUKU CRÉATION 2005
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Kitakyushu
Performing Arts Center (Japon) – Sankai Juku, Tokyo.
KINKAN SHONEN
Production Sankai Juku, Tokyo.
Sankai Juku bénéficie du soutien de Toyota et Shiseido.
ALAIN PLATEL VESPERS
Production de Les Ballets C. De la B.
Coproduction Kunst-und Kulturprogram FIFA WM 2006 TM
– La Monnaie/De Munt, Bruxelles – Le Grand Théâtre de
Luxembourg – Opéra national de Paris – RUHRtriennale –
Théâtre de la Ville, Paris – Staatsoper Unter der Linden,
Berlin.
MARIE CHOUINARD CRÉATION 2005
Production Compagnie Marie Chouinard.
Coproduction Biennale de Venise – Centre national des
Arts, Ottawa – Schlossfestspiele, Ludwigsburg – Théâtre de
la Ville, Paris – Whitebird, Portland.
Avec l’appui du festival international de danse
ImpulsTanz, Vienne.
MEG STUART CRÉATION 2006
Production Damaged Goods.
Coproduction Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz,
Berlin – Théâtre de la Ville, Paris – Productiehuis
Rotterdam-Rotterdamse Schouwburg, Rotterdam.
Meg Stuart / Damaged Goods bénéficie de l'aide du
Gouvernement flamand et de la Commission communautaire flamande.
SIDI LARBI CHERKAOUI/DAMIEN JALET… D’AVANT
Production Schaubühne am Lehniner Platz, Berlin.
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Les Ballets C. de
la B. – Festival de Marseille – Le Carreau, Forbach.
JAN LAUWERS LA CHAMBRE D’ISABELLA
Production Needcompany.
Coproduction Festival d’Avignon – Théâtre de la Ville, Paris
– Théâtre Garonne, Toulouse – La Rose des Vents, scène
nationale de Villeneuve-d'Ascq – Brooklyn Academy of
Music, New York – Welt in Basel theaterfestival.
Avec la collaboration du Kaaitheater, Bruxelles et de la
Commission communautaire flamande de la Région
Bruxelles-Capitale.
Needcompany bénéficie de l’aide du ministère de la
Communauté flamande et de La Loterie nationale.
GRACE ELLEN BARKEY CHUNKING
Production Needcompany.
Coproduction PACT Zollverein, Essen – Festival de Marseille.
Avec la collaboration du Kaaitheater, Bruxelles et de la
Commission communautaire flamande de la Région
Bruxelles-Capitale.
Needcompany bénéficie de l’aide du ministère de la
Communauté flamande et de La Loterie nationale.
SASHA WALTZ CRÉATION 2005
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris.
ANNE TERESA DE KEERSMAEKER CRÉATION 2006
Production Rosas & De Munt/La Monnaie.
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris.
PINA BAUSCH CRÉATION 2005
Coproduction LG Arts Center – Goethe Institut, Séoul.
LES ABBESSES
WILLIAM BURROUGHS
Coproduction Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E. – Théâtre de
la Ville, Paris – Espace Jean Legendre, Compiègne.
LA VISITE DE LA VIEILLE DAME
Production Teatro Malandro.
Coproduction Théâtre ForuMeyrin – Maison de la Culture
de Loire-Atlantique – Théâtre de la Ville, Paris – Equinoxe,
scène nationale de Châteauroux – La Comédie de Reims
avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la
culture, et de la Loterie romande.
Le Teatro Malandro est soutenu par le DIP de l'État de
Genève et par la ville de Genève – Département des
affaires culturelles.
MARCIA HESSE
Coproduction La Comédie de Reims-CDN – Théâtre de
la Ville, Paris.
MÈRE & FILS, COMÉDIE NOCTURNE
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris - Théâtre du Point
du Jour, Lyon.
Avec le soutien du Théâtre national populaire,Villeurbanne.
LLANTO POR IGNACIO SÁNCHEZ MEJÍAS
Coproduction Théâtre national de Toulouse MidiPyrénées - Scène nationale de Quimper - un Théâtre
pour la musique – La Paloma.
Avec la participation de la DRAC Midi-Pyrénées, la
région Midi-Pyrénées, le conseil général de la HauteGaronne et la ville de Toulouse.
Avec le concours de la Spedidam, la Fondation France
Télécom et la Caisse d’épargne de Midi-Pyrénées.
KATHERINE BARKER
Production déléguée La Comédie de Reims, centre dramatique national.
photos Birgit
2 théâtres
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
2 PL. DU CHÂTELET PARIS 4
31 RUE DES ABBESSES PARIS 18
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Comédie de
Caen, centre dramatique national de Normandie –
Comédie Saint-Etienne, centre darmatique national –
Compagnie Maski Théâtre, compagnie dramatique
conventionnée par la DRAC Ile-de-France.
Avec le soutien de Regards et mouvements Hostellerie
Pontempeyrat.
Communication, aide aux compagnies chorégraphiques.
ILLUMINATIONS - COLOURED PLATES
Production déléguée Compagnie des Petites Heures, Paris.
Coproduction Théâtre Vidy E.T.E., Lausanne – Théâtre de
la Ville, Paris – Carré Saint-Vincent, scène nationale,
Orléans – Comédie de Caen, centre dramatique national de Normandie – Compagnie Thierry de Peretti – ville
d’Ajaccio/direction des Affaires culturelles.
Avec le soutien de la collectivité territoriale de Corse.
FACE DE CUILLÈRE
Coproduction Théâtre de La Ville, Paris – Compagnie
Boomerang.
La Compagnie Boomerang est subventionnée par le
conseil régional de Lorraine, La DRAC-Lorraine, et le
conseil général de Moselle.
ROBYN ORLIN/VERA MANTERO HEY DUDE...
Coproduction City Theater & Dance Group – O Rumo do
Fumo – Festival Danse à Aix – Impulstanz Wien – Théâtre
de la Ville, Paris.
Production déléguée City Theater & Dance Group /
Damien Valette
KOEN AUGUSTIJNEN BÂCHE
Production Les Ballets C. de la B.
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Hebbeltheater,
Berlin – Tanzhaus nrw, Düsseldorf – Kunstencentrum
Vooruit, Gand – Göteborg Dance & Theatre Festival,
Göteborg – La Rose des Vents, Villeneuve d’Ascq.
Avec l’appui du ministère de la Communauté flamande,
de la ville de Gand, de la province de la Flandre orientale et de la Loterie nationale.
MERCEDES RUIZ DIBUJOS EN EL AIRE
Production Arte y Movimiento Producciones S.L.
JAN FABRE QUANDO L’UOMO PRINCIPALE È UNA DONNA
Production Troubleyn/Jan Fabre, Anvers.
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – deSingel, Anvers.
Avec le support de Festival Iberoamericano de Teatro de
Bogotá.
Jan Fabre est artiste en résidence au deSingel, Anvers.
Avec le soutien du Gouvernement de Flandre.
J.-CL. GALLOTTA/BALLETS DE LORRAINE DOCTEUR LABUS
Production CCN- Ballet de Lorraine.
MARIA KIRAN/CLAUDE BRIZI BHÂRATA/BACH
Production C.I.I.C.
Avec la collaboration du Centre Mandapa.
HORS LES MURS 4 THEATRES
AU THÉÂTRE PARIS-VILLETTE
211 AV. JEAN JAURÈS PARIS 19
TOTO LE MÔMO
Coproduction Compagnie La Nuit remue, Montpellier –
Théâtre 95,Cergy-Pontoise – Théâtre du Hangar,Montpellier.
Production déléguée Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E.
AU CENTRE POMPIDOU
19 RUE BEAUBOURG PARIS 4
RACHID OURAMDANE COVER
Production Association fin novembre.
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Les Spectacles
vivants, Centre Pompidou – Bonlieu, scène nationale
d’Annecy – Festival international de danse de Cannes –
Centre national de la danse, Pantin.
Partenaires brésiliens: Biennale de Fortaleza, Centre
Dragao do Mar / Gouvernement de l’État du Céara –
secrétariat à la Culture.
L’Association fin novembre est subventionnée par la
DRAC Ile-de-France, ministère de la Culture et de la
EMIO GRECO/HANSPETER KYBURZ
DANSE AVEUGLE • DOUBLE POINT : +
Coproduction Ircam – Ensemble InterContemporain –
Festival d’Automne à Paris – Les Spectacles Vivants,
Centre Pompidou – Théâtre de la Ville, Paris.
En collaboration avec Emio Greco/PC.
Avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la
culture.
AU THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE
17 BD JOURDAN PARIS 14
PEEPING TOM LE SALON
Coproduction Tramway Glasgow City Council – La Rose
des Vents, scène nationale de Villeneuve d’Ascq – Le
Réseau France des CDC (Avignon, Dijon, Roubaix,Val-deMarne, Toulouse, Uzès).
Avec le soutien du ministère de la Communauté flamande, de la Needcompany (Bruxelles), du Stadsschouwburg
Kortrijk- ck*(Courtrai), des Ballets C. de la B. (Gand), Ballet
Preljocaj (Aix-en-Provence), Compagnie Michèle Anne
De Mey (Bruxelles).
FRANÇOIS VERRET TOKYO MUSIL
Production Compagnie FV
Coproduction Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg
– La Halle aux Grains, scène nationale de Blois.
Avec le soutien de L’Apostrophe, scène nationale de
Cergy-Pontoise.
La Compagnie FV est subventionnée par le ministère de
la Culture et de la Communication-DRAC Ile-de-France.
JOSEF NADJ LAST LANDSCAPE
Coproduction Centre chorégraphique d’Orléans –
Festival d’Avignon – Emilia Romagna teatro Fondazione
(Modena).
Le Centre chorégraphique national d’Orléans est subventionné par le ministère de la Culture et de la
Communication-Direction de la musique, de la danse, du
théâtre et des spectacles, la DRAC Centre, la ville
d’Orléans, le conseil régional du Centre, le conseil général du Loiret. Il reçoit l’aide de L’AFAA (Association française d’action artistique, ministère des Affaires étrangères) pour ses tournées à l’étranger.
CHRISTIAN RIZZO AUTANT VOULOIR LE BLEU DU CIEL …
Production l’Association fragile.
Coproduction Le Quartz, scène nationale de Brest – CCN
de Franche-Comté à Belfort – CCN de MontpellierLanguedoc Roussillon – l’École supérieure des Beaux-Arts
de Toulouse.
L’Association fragile est subventionnée par la DRAC Ile-deFrance, ministère de la Culture et de la Communication .
Avec le soutien de l’Espace des Arts de Colomiers, de la
Chapelle St-Jacques à Saint-Gaudens, du Centre de
développement chorégraphique Midi-Pyrénées et du
Centre national de la danse, Pantin.
AU THÉÂTRE DE LA BASTILLE
76 RUE DE LA ROQUETTE PARIS 11
BORIS CHARMATZ RÉGI
Coproduction
Théâtre de la Ville, Paris – Romaeuropa Festival, Rome –
Les Subsistances, Lyon (résidence de création) – Centre
chorégraphique national de Tours (accueil studio).
Avec le soutien de la Fondazione Nuovi Mecenati de
Rome, du Centre chorégraphique national de FrancheComté à Belfort, du Cultureel Centrum Maasmechelen
et du Théâtre de la Bastille à Paris.
Avec l’aide du Centre national de la danse, Pantin.
photos couvertures : B. Conte, L. Philippe, Enguerand, K.
Troussi, J. Joyce, Sense world music,J. Volek, P. Deprez, J.-P.
Stoop, L. Greenfield, T. Vandecasteele, H. Bozzi, M.
Chouinard,S. Anwar, J. Nadeau, Kamrouz, J.-P. Maurin,
Manas, M. Karroubi, D. Port, X DR
théâtre danse musique : partenaires radios
Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet Paris 4
01 42 74 22 77
theatredelaville-paris.com