Sachez réaliser le diagnostic financier approfondi d`une

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Sachez réaliser le diagnostic financier approfondi d`une
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CHAPITRE
3
Sachez réaliser
le diagnostic financier
approfondi d’une entreprise
Le diagnostic simplifié qui vous a été proposé dans le chapitre précédent vous a
très probablement fourni des informations qui seront fiables dans 80 % des cas.
Si l’entreprise étudiée est votre propre entreprise, il est probable que vous savez
maintenant comment agir pour améliorer sa rentabilité et sa structure financière.
Un diagnostic approfondi pourrait donc vous donner le sentiment de perdre du
temps.
Cependant, il se pourrait que votre diagnostic se soit soldé par un verdict pessimiste et vous vous êtes probablement interrogé sur le bien-fondé de la méthode
utilisée pour calculer le besoin en fonds de roulement, espérant inconsciemment
qu’une autre méthode déboucherait sur des conclusions opposées.
Il se pourrait aussi que vous vous soyez demandé quelle était la fiabilité du procédé très sommaire suggéré pour analyser le financement du besoin en fonds de roulement durant les exercices écoulés et peut-être souhaitez-vous tester maintenant
l’efficacité d’un outil déjà évoqué : le tableau de financement.
Enfin, si dans le diagnostic sommaire, l’excédent brut d’exploitation vous a été
présenté comme la panacée des indicateurs de rentabilité, vous vous demandez probablement si d’autres outils plus performants ne seraient pas susceptibles de le remplacer ou de le compléter.
Tentons de répondre à ces interrogations, et si la première section vous paraît trop
compliquée, allez directement à la seconde section consacrée au tableau de financement.
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208 Gestion – Finance
SECTION
1
Affinez l’analyse du bilan
Pour analyser rapidement l’évolution du besoin en fonds de roulement dans le cadre
------------ .
d’un diagnostic simplifié, vous avez d’abord calculé le ratio BFR
CA
Ce ratio devrait en principe rester stable dans la mesure où les éléments retenus
pour déterminer le besoin en fonds de roulement devraient normalement évoluer au
même rythme que le chiffre d’affaires de l’entreprise.
Si vous avez constaté une augmentation de ce ratio, vous avez alors éprouvé le
besoin de calculer les ratios de rotation des stocks, des créances clients et des dettes
fournisseurs, partant de l’idée qu’une détérioration du ratio BFR/CA provenait :
– d’une augmentation des délais de stockage des marchandises ou matières
premières ;
– d’un accroissement des délais de paiement accordés aux clients ;
– et/ou d’une diminution des délais de règlement consentis par les fournisseurs.
Vous pouvez sans difficulté améliorer cette technique de diagnostic. Pour cela…
• Vous dissocierez le BFR d’exploitation du BFR global et vous analyserez l’évolution
en valeur absolue des différentes rubriques de ces besoins en fonds de roulement.
• Vous affinerez ensuite le calcul des ratios de rotation des stocks, des créances clients
et des dettes fournisseurs.
• Et vous calculerez les ratios de rotation de quelques actifs circulants et passifs circulants que vous aurez ajoutés à votre besoin en fonds de roulement.
1
Une étude approfondie du BFR
L’analyse détaillée du bilan d’une entreprise vous avait permis de constater que certains postes d’actif et de passif circulant pouvaient contenir des éléments concernant
l’exploitation mais également d’autres éléments hors exploitation. Il peut s’avérer intéressant de séparer ces éléments avant de les analyser.
Dissociez le BFR d’exploitation du BFR global
Les éléments d’actif circulant sont les suivants
Avances et acomptes versés sur commandes
Ces avances et acomptes concernent en général l’exploitation.
Créances clients et comptes rattachés
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Sachez réaliser le diagnostic financier approfondi d’une entreprise 209
Les créances clients concernent l’exploitation.
Autres créances
Concernent l’exploitation :
la TVA ;
les avances sur salaires consenties au personnel ;
les ristournes à obtenir.
Sont hors exploitation :
la cession d’immobilisations ou de valeurs mobilières de placement (le produit
de la cession n’est pas encore encaissé) ;
les subventions d’investissements obtenues et non encore encaissées.
Le capital souscrit appelé non versé
Il doit être considéré comme une créance hors exploitation.
Valeurs mobilières de placement
Les valeurs mobilières de placement sont hors exploitation.
Charges constatées d’avance
Les charges constatées d’avance concernent en général l’exploitation.
Les éléments du passif circulant
Dettes fournisseurs et comptes rattachés
Elles concernent généralement l’exploitation.
Dettes fiscales et sociales
Concernent l’exploitation :
les dettes sociales ;
les dettes fiscales d’exploitation (TVA, autres impôts indirects).
Sont hors exploitation :
l’impôt sur les bénéfices
(certains spécialistes suggèrent cependant d’éclater cet impôt entre une imposition concernant l’exploitation et une imposition hors exploitation, celle-ci étant
calculée sur le résultat exceptionnel).
Dettes sur immobilisations et comptes rattachés
Sont le plus souvent des dettes hors exploitation.
Autres dettes
Concernent l’exploitation :
les rabais, ristournes, remises à verser ;
les emballages consignés.
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210 Gestion – Finance
Hors exploitation :
les dividendes à verser aux actionnaires ;
les valeurs mobilières de placement achetées et à régler.
Produits constatés d’avance
Les produits constatés d’avance concernent en général l’exploitation.
L’analyse précédente va donc permettre de dissocier le besoin en fonds de roulement
d’exploitation du besoin en fonds de roulement global de l’entreprise.
BFR d’exploitation = stocks + créances d’exploitation – dettes d’exploitation
non financières ni bancaires
BFR global = stocks + ensemble des créances circulantes – ensemble des dettes circulantes
non financières ni bancaires
C’est le besoin en fonds de roulement global que vous comparerez au fonds de roulement, car c’est la totalité de ce BFR dont il faut assurer le financement par des capitaux
permanents sous peine de déséquilibrer la trésorerie. Par contre, c’est le besoin en fonds
de roulement d’exploitation que vous utiliserez pour déterminer le ratio BFR/chiffre
d’affaires afin de disposer d’un indicateur qui vous permettra de suivre le financement
du développement. C’est ce même BFR d’exploitation que vous aurez auparavant confronté au BFR normatif afin de vérifier la fiabilité des chiffres fournis par le bilan.
Lorsque ce bilan est présenté avec le système dit « développé », l’actif et le passif distinguent souvent les éléments d’exploitation et les éléments hors exploitation. Tel est
notamment le cas de la société Skiross dont vous calculerez maintenant le besoin en
fonds de roulement global et le besoin en fonds de roulement d’exploitation.
Tableau 3.1
Le bilan au 31 mars 2005 de la société Skiross (extrait)
ACTIF (en milliers d’euros)
Stocks et en-cours :
Matières premières
et autres approvisionnements
En-cours de production (biens et services)
Produits intermédiaires et finis
Marchandises (à revendre en l’état)
Avances et acomptes versés
sur commandes
Créances d’exploitation :
Créances clients et comptes rattachés
Autres créances
Autres créances (hors exploitation)
Capital souscrit, appelé non versé
Valeurs mobilières de placement1 :
Actions propres et autres titres
Disponibilités
PASSIF
21 458
10 400
99 434
18 898
Emprunts obligataires convertibles
Autres emprunts obligataires
Emprunts et dettes
auprès des établissements de crédit
Emprunts et dettes financières diverses
Avances et acomptes reçus
sur commandes en cours
1 228
63 653
254 498
31 537
–
–
159 559
20 882
18 977
19 840
20 422
Dettes d’exploitation :
Dettes fournisseurs et comptes rattachés
Dettes fiscales et sociales
Autres dettes d’exploitation
Dettes hors exploitation :
Dettes sur immo. et comptes rattachés
Dettes fiscales
Autres dettes hors exploitation
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67 988
36 899
5 319
5 015
–
–
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Sachez réaliser le diagnostic financier approfondi d’une entreprise 211
Tableau 3.1
Le bilan au 31 mars 2005 de la société Skiross (extrait) (suite)
ACTIF (en milliers d’euros)
Charges constatées d’avance
Total actif circulant
4 515
394 385
PASSIF
Produits constatés d’avance
Total dettes circulantes
4 504
470 641
1. Dans cet exemple, les valeurs mobilières de placement ont été considérées comme des éléments du BFR, car il est probable que l’entreprise ne pouvait ou ne souhaitait pas les céder immédiatement.
Si aucune distinction n’est faite entre actifs et passifs circulants à plus d’un an ou
moins d’un an, le besoin en fonds de roulement global est le suivant :
BFR (global) = (21 458 + 10 400 + 99 434 + 18 898 + 159 559 + 20 882 + 18 977
+ 19 840 + 4 515) – (67 988 + 36 899 + 5 319 + 5 015 + 4 504)
Soit 354 123 – 119 725 = 254 238 K€1.
Reprenons cet exemple pour calculer le BFR d’exploitation :
ACTIF CIRCULANT
exploitation
Stocks et en-cours
Avances et acomptes
Créances clients
Autres créances d’exploitation
Charges constatées d’avance
Total
PASSIF CIRCULANT
exploitation
150 190
0
159 559
20 882
4 515
335 146
Avances et acomptes
Fournisseurs
Dettes fiscales et sociales
Autres dettes d’exploitation
Produits constatés d’avance
Total
0
67 988
36 899
5 319
4 504
114 710
Le besoin en fonds de roulement d’exploitation est de 335 146 – 114 710
soit 220 436 K€ alors que le BFR global est de 254 238 K€.
Le chiffre d’affaires étant de 648 114 K €, le besoin en fonds de roulement
d’exploitation représente 34 % du CA. Ce BFR atteint par conséquent un pourcentage important du CA mais cette anomalie n’est qu’apparente car elle provient
du caractère saisonnier de l’activité. Vous pourriez le vérifier en confrontant le
BFR calculé au BFR normatif qui serait obtenu avec les ratios de rotation qui
pourraient vous être fournis par le dirigeant de Skiross ou par des dirigeants exerçant le même type d’activité. Cela vous permettrait de constater qu’un ratio présente
peu d’intérêt tant qu’il n’est pas confronté à d’autres ratios.
Une comparaison avec le ratio de la branche fournirait des indications précieuses
sur les performances de l’entreprise par rapport aux performances de ses concurrents, mais vous savez que beaucoup de ratios de branches sont sujets à caution.
D’ailleurs, les organismes qui vous les transmettront vous donneront rarement des
informations sur la manière dont ils ont été élaborés.
Mieux vaudrait par conséquent vous efforcer de confronter le ratio BFR/CA du
dernier exercice au ratio tiré des exercices précédents et tenter de comprendre pourquoi les chiffres obtenus ont évolué dans le passé. Cependant, avant de vous engager
dans un calcul de ratios, examinez d’abord l’évolution en valeur absolue des différentes rubriques de votre besoin en fonds de roulement global et surtout de votre besoin
en fonds de roulement d’exploitation durant les trois ou quatre derniers exercices.
1. Kilo euros ou milliers d’euros.
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212 Gestion – Finance
Analysez l’évolution en valeur absolue des rubriques du BFR
d’exploitation et du BFR hors exploitation
Un examen sommaire des rubriques du BFR d’exploitation vous permettra peutêtre en effet de détecter d’emblée les actifs ou passifs circulants qui justifieront une
analyse approfondie.
Tableau 3.2
L’évolution du BFR global
ACTIFS CIRCULANTS
Exercice Exercice Exercice Exercice
N–3 N–2 N–1
N
Stocks
de marchandises
de matières premières
d’en-cours
Avances et acomptes versés
Créances clients
Autres créances
Capital souscrit appelé
Valeurs mobilières
de placement
PASSIFS CIRCULANTS
Exercice Exercice Exercice Exercice
N–3 N–2 N–1
N
Avances et acomptes reçus
Fournisseurs
de marchandises
de matières premières
d’autres approvisionnements
d’autres charges externes
Dettes fiscales et sociales
Dettes sur immobilisations
Autres dettes
Produits constatés
d’avance
Total ressources
Charges constatées
d’avance
Total emplois
Tableau 3.3
L’évolution du BFR d’exploitation
ACTIFS CIRCULANTS
Stocks
Exercice Exercice Exercice Exercice
N–3 N–2 N–1
N
PASSIFS CIRCULANTS
Exercice Exercice Exercice Exercice
N–3 N–2 N–1
N
Avances et acomptes reçus
de marchandises
de matières premières
d’en-cours
Avances et acomptes versés
Créances clients
Autres créances
Fournisseurs
de marchandises
de matières premières
d’autres approvisionnements
d’autres charges externes
Capital souscrit appelé
Dettes fiscales et sociales1
Valeur mobilières
Dettes sur immobilisations
de placement
Autres dettes
Charges constatées
d’avance
Produits constatés
d’avance
Total emplois (E)
Total ressources (R)
BFR d’exploitation (E – R)
BFR
-------CA
1. S’il est possible de faire l’analyse des dettes fiscales, placer dans ce tableau la seule partie qui concerne l’exploitation.
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Sachez réaliser le diagnostic financier approfondi d’une entreprise 213
Vous pouvez maintenant vous engager dans des analyses un peu plus sophistiquées
pour mettre en lumière les raisons pour lesquelles le besoin en fonds de roulement a
éventuellement progressé plus rapidement que le chiffre d’affaires.
2
Une analyse approfondie des ratios de rotation
Dans le diagnostic simplifié, vous vous étiez contenté de calculer les ratios suivants.
Exercice
N–3
Variat.
en %
Exercice
N–2
Variat.
en %
Exercice
N–1
Variat.
en %
Exercice
N
BFR
-------CA
Rotation des stocks :
Stocks × 360
--------------------------------------------------Achats HT consommés
Délai de règlement des clients :
Clients × 360
-----------------------------CA TTC
Délai de paiement fournisseurs :
Fournisseurs × 360
------------------------------------------Achats TTC
Vous pouvez sans aucun doute améliorer les résultats donnés par ces ratios en améliorant les chiffres sur lesquels vous allez travailler et en approfondissant la méthode
de calcul utilisée.
Affinez l’évaluation des stocks, des créances clients
et des dettes fournisseurs
Il est en effet possible de substituer à l’évaluation des stocks, créances clients et dettes fournisseurs, fournie par le bilan de fin d’exercice, la moyenne des chiffres relevés,
pour chacun de ces éléments, à la fin de chacun des douze mois d’activité. Cela ne soulève guère de problèmes pour les créances clients et les dettes fournisseurs, dans la
mesure où la plupart des entreprises tiennent une comptabilité d’engagements et disposent de journaux auxiliaires des achats et des ventes à crédit. Par contre, le relevé
mensuel des stocks soulève quelques difficultés dans les entreprises qui ne gèrent pas
ces stocks sur ordinateur. Peut-être pourriez-vous toutefois vous servir de palliatifs. Si,
par exemple, la règle des 20/80 s’applique à ces stocks, et si un faible nombre d’articles
représente un fort pourcentage du montant total, un inventaire mensuel sommaire de
ces derniers est peut-être envisageable. Cependant, si la marge sur achats est relativement stable, un procédé encore plus simple consisterait à valoriser les stocks en fonction du montant des ventes et des achats du mois.
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214 Gestion – Finance
Approfondissez la méthode de calcul utilisée
Dans le diagnostic simplifié, nous avions formulé l’hypothèse selon laquelle une
augmentation du ratio BFR/CA provenait d’une augmentation des délais de stockage
des marchandises ou matières premières, d’un accroissement des délais de règlement
accordés aux clients et/ou d’une diminution des délais de paiement consentis par les
fournisseurs. Les variations du ratio BFR/CA peuvent également provenir d’une
variation du prix d’achat des matières premières ou des marchandises, et d’une variation des marges pratiquées par l’entreprise sur le prix de vente de ses produits finis.
Dans le diagnostic simplifié, nous avions pris en compte les stocks de matières premières ou de marchandises et les fournisseurs de ces marchandises ou matières premières. Il existe également des stocks de produits semi-finis et de produits finis et il
existe des fournisseurs autres que ceux de matières premières ou de marchandises.
Tous ces éléments devraient également entrer dans le calcul du ratio BFR/CA.
La prise en compte des variations de prix
La valeur absolue des stocks d’une entreprise pourrait augmenter plus rapidement
que le BFR sous la seule influence d’une hausse du prix d’achat des marchandises et
matières premières et non sous l’effet d’un accroissement des délais de stockage. Cette
hausse de prix viendra également gonfler les dettes fournisseurs et il se pourrait alors
que ces dettes fournisseurs augmentent par suite de cette hausse des prix d’achat et
non sous la pression d’une augmentation des délais de règlement consentis par ces
mêmes fournisseurs. Enfin, il se pourrait que l’entreprise ait majoré ses prix de vente
et que la progression du ratio de rotation des créances clients découle de la hausse des
marges et non d’une augmentation des délais de paiement accordés à ces clients.
Pour dissocier l’influence des prix d’achat ou prix de vente et l’impact réel d’une
modification intervenue dans les délais de stockage ou de règlement des clients et
fournisseurs, une solution est à votre disposition. Elle consiste à exprimer tous les
ratios de rotation par rapport au chiffre d’affaires.
Dans le diagnostic simplifié, nous avions exprimé le BFR par la relation suivante :
BFR = stocks + clients – fournisseurs.
Cette relation reste valable si nous divisons chacun de ses éléments par le chiffre
d’affaires hors taxes.
BFR
stocks clients fournisseurs
----------- = --------------- + --------------- – ----------------------------CA
CA
CA
CA
Nous pouvons maintenant éclater le ratio de stocks de la manière qui suit :
stocks
achats consommés HT
Stocks
---------------------------------- = ------------------------------------------------------ × -----------------------------------------------------achats consommés HT
CA HT
CA HT
↓
↓
Ratio de rotation
des stocks
Impact des
prix d’achat
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Sachez réaliser le diagnostic financier approfondi d’une entreprise 215
De même, il est possible d’écrire :
fournisseurs
achats TTC
Fournisseurs
------------------------------ = --------------------------------------------------------- × ----------------------------------------------------achats TTC
CA HT
CA HT
↓
↓
Délai de règlement
des dettes fournisseurs
Poids des achats par rapport
au chiffre d’affaires
Supposons que le bilan et le compte de résultat d’une entreprise vous permettent
de dresser le premier tableau qui suit.
Exercice
2003
Variat.
en %
Exercice
2004
Variat.
en %
Exercice
2005
Variat.
en %
Exercice
2006
Stocks
-------------CA
37 %
45 %
43 %
46 %
Clients
--------------CA
39 %
42 %
39 %
33 %
Fournisseurs
---------------------------CA
44 %
39 %
32 %
31 %
BFR
-------- =
CA
32 %
48 %
50 %
48 %
Vous constatez que de 2003 à 2005, le besoin en fonds de roulement augmente plus
rapidement que le chiffre d’affaires et qu’il diminue en 2006. Entre 2003 et 2004, la
dégradation du BFR provient d’une augmentation relative des stocks et des crédits
consentis aux clients. L’année 2005 semble marquer une amélioration dans la gestion
de ces actifs circulants mais cette amélioration ne suffit pas à compenser une importante diminution du crédit fournisseurs. En 2006, les stocks progressent à nouveau,
mais légèrement. La réduction du crédit fournisseurs semble stoppée et la diminution
sensible des crédits clients permet d’infléchir à la baisse le ratio BFR/CA.
Supposons maintenant que l’éclatement des ratios de stocks et de fournisseurs nous
donne les informations qui suivent.
Exercice
2003
Variat.
en %
Exercice
2004
Variat.
en %
Exercice
2005
Variat.
en %
Exercice
2006
Stocks
---------------CA HT
37 %
45 %
43 %
46 %
Stocks
--------------------------------------------------Achats consommés HT
23 %
25 %
24 %
22 %
Achats consommés HT
--------------------------------------------------CA HT
161 %
180 %
179 %
209 %
Fournisseurs
------------------------------CA HT
44 %
39 %
32 %
31 %
Fournisseurs
---------------------------Achats TTC
65 %
58 %
50 %
72 %
Achats TTC
------------------------CA HT
67 %
67 %
64 %
43 %
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07_106015ETR_C03.fm Page 216 Vendredi, 23. décembre 2005 10:24 10
216 Gestion – Finance
Vous constatez maintenant que l’augmentation du ratio stocks/CA en 2006 n’était
pas le résultat d’une augmentation des délais de stockage mais d’un accroissement des
prix d’achat.
Vous constatez également que malgré l’accroissement des délais de règlement accordés par les fournisseurs en 2006, le ratio fournisseurs/CA a diminué cette année-là
sous l’influence d’une diminution du ratio achats/CA. Cette diminution a probablement été provoquée par la baisse de la production ou par des ponctions opérées sur
les stocks de matières premières.
L’analyse précédente présente un intérêt certain, mais elle débouche sur un ratio
achats consommés/CA surprenant. Cette anomalie provient d’une analyse superficielle des stocks qui ne tient compte que des stocks de matières premières et non des
stocks de produits semi-finis et finis.
Pour calculer le ratio BFR/CA, tenez compte des stocks d’en-cours
et de produits finis ainsi que des fournisseurs d’autres approvisionnements
et d’autres achats et charges externes
• Tenez compte des en-cours et des stocks de produits finis
Le deuxième chapitre nous a permis d’évoquer les difficultés rencontrées par les
comptables chargés de valoriser, en fin d’exercice, les en-cours de fabrication et les
produits finis d’une entreprise. Vous vous heurterez au même type de difficulté lorsque vous tenterez de calculer les ratios de rotation de ces éléments.
Vous savez que les stocks d’en-cours et de produits finis d’une entreprise doivent
être calculés à leurs coûts de production, ces coûts devant normalement englober
toutes les charges directes et indirectes qu’il est possible d’affecter à ces produits. Il
est normal qu’aucune charge de commercialisation ne soit prise en compte dans ces
coûts, puisque les produits considérés ne sont pas encore vendus, mais, nous l’avons
déjà souligné, il est étonnant que le plan comptable en ait exclu les charges financières et les charges d’administration générale.
Ce même plan comptable n’a pas rendu obligatoire la tenue d’une comptabilité
analytique et c’est pourquoi la plupart des entreprises évaluent leurs stocks d’encours et de produits finis par des procédés extra-comptables que vous ne pourrez
vérifier, à moins que vos analyses ne concernent votre propre entreprise.
Vous devrez, par conséquent, vous contenter de suivre l’évolution de ces stocks
en valeur absolue afin de détecter les variations significatives. Celles-ci pourraient
traduire des manipulations éventuelles, favorisées par la difficulté de contrôler les
procédés extra-comptables qui viennent d’être évoqués. Les variations significatives de stocks pourraient également découler de changements introduits dans
les méthodes utilisées pour les valoriser. Enfin, ces mêmes variations significatives
pourraient être le résultat de modifications intervenues dans les délais de
stockage.
Les changements opérés dans les méthodes utilisées pour valoriser les stocks doivent être normalement signalés dans l’annexe.
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07_106015ETR_C03.fm Page 217 Vendredi, 23. décembre 2005 10:24 10
Sachez réaliser le diagnostic financier approfondi d’une entreprise 217
Les manipulations volontaires introduites dans l’évaluation de ces stocks entraîneront des fluctuations importantes et inexpliquées du résultat d’exploitation. Si par
exemple une entreprise sous-estime ses stocks d’en-cours et de produits finis en fin
d’exercice afin de réduire son bénéfice imposable, ces stocks de fin d’exercice deviendront les stocks initiaux de l’exercice suivant et le résultat de celui-ci sera fictivement
majoré alors que le précédent avait été minoré.
La détection de variations intervenues dans les délais de stockage sera plus difficile
car vous savez que les ratios de rotation devraient normalement s’exprimer de la
manière suivante.
– Durée de rotation des produits finis :
stock de produits finis × 360
------------------------------------------------------------------------------coûts de production de l’exercice
(Coûts de production de l’exercice = achats consommés + frais directs et indirects de production
+ stock final – stock initial de produits finis
ou, procédé simplifié : Coûts de production de l’exercice = CA – résultat d’exploitation – frais commerciaux
ou bien : Coûts de production = total des charges d’exploitation – frais commerciaux)
– Durée de rotation des en-cours :
stock d’en-cours × 360
-----------------------------------------------------------------------------valeur du flux annuel d’en-cours
(Flux annuel d’en-cours = coûts de production de l’exercice [cf. ci-dessus] multiplié par le degré moyen
d’achèvement des en-cours en fin d’exercice)
Nous nous heurtons là encore à la difficulté d’évaluer des frais directs et indirects
de production, et c’est pourquoi nous devrons nous résoudre à utiliser des procédés
d’analyse sommaires qui trancheront sur la finesse des autres procédés mis en œuvre
pour effectuer un diagnostic détaillé.
Si les en-cours et les produits finis représentent des montants peu significatifs, vous les
laisserez de côté et vous vous contenterez de calculer les ratios de rotation des stocks de
marchandises et de matières premières. Vous essaierez cependant d’effectuer ces calculs à
partir des seuls achats de marchandises et de matières premières consommées durant
l’exercice, au lieu de réaliser ces calculs avec l’ensemble des achats car ces derniers comprennent également des achats d’autres approvisionnements et des achats de services.
Si les en-cours de fabrication et les produits finis représentent des montants significatifs, vous devrez alors vous résoudre à utiliser un procédé déjà proposé. Il consiste
à calculer un ratio global de rotation, ce ratio concernant l’ensemble des stocks (marchandises + matières premières + produits semi-finis + produits finis).
Vous exprimerez ce ratio global par la relation suivante :
stocks globaux × 360
Durée d’écoulement de l’ensemble des stocks = ------------------------------------------------------------------------coûts de production des ventes
et vous valoriserez le coût des ventes par un procédé grossier que nous avons également déjà évoqué. Il consiste à déduire du chiffre d’affaires le résultat d’exploitation
ainsi que les charges commerciales ou à déduire directement ces charges commerciales
du total des charges d’exploitation.
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218 Gestion – Finance
Malgré son caractère sommaire, ce procédé vous permettra d’améliorer l’analyse du
--------------- .
ratio stocks
CA
Ce ratio peut être en effet dissocié de la manière qui suit :
stocks
coûts de production des ventes
stocks
--------------- = ------------------------------------------------------------------------- × ------------------------------------------------------------------------coûts de production des ventes
CA
CA
↑
Délai d’écoulement des stocks
Le ratio stocks/CA peut donc augmenter sous la double influence d’un accroissement des délais de stockage et d’une augmentation des coûts de production.
Si nous reprenons l’exemple abordé plus haut, alors au tableau suivant :
Exercice
2003
Variat.
en %
Exercice
2004
Variat.
en %
Exercice
2005
Variat.
en %
Exercice
2006
Stocks
---------------CA
37 %
45 %
43 %
46 %
Stocks
------------------------------------------Achats consommés
23 %
25 %
24 %
22 %
Achats consommés
------------------------------------------CA
161
180
179
209
nous substituerons peut-être le tableau qui suit.
Exercice
2003
Variat.
en %
Exercice
2004
Variat.
en %
Exercice
2005
Variat.
en %
Exercice
2006
Stocks
---------------CA
37 %
45 %
43 %
46 %
Stocks
--------------------------------------------------------------------Coût de production des ventes
38 %
46 %
44 %
40 %
Coût de production des ventes
--------------------------------------------------------------------CA
98 %
97 %
97 %
115 %
Ce nouveau tableau ne remet pas en cause les évolutions constatées dans le tableau
précédent, mais vous noterez que les délais de stockage sont maintenant plus importants et l’impact des marges bénéficiaires plus faible.
• Dissociez le poste fournisseurs
Pour affiner l’analyse du ratio fournisseurs/CA, essayez, si cela s’avère nécessaire, de
dissocier le poste fournisseurs entre fournisseurs de marchandises, de matières premières, d’autres approvisionnements et de services.
Le poste fournisseurs regroupe toutes les dettes à l’égard de l’ensemble des fournisseurs, à l’exception des fournisseurs d’immobilisations. Si les dettes fournisseurs
d’autres approvisionnements et de services représentent des montants significatifs, et
si le délai moyen de paiement accordé par ces deux catégories de fournisseurs diffère
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07_106015ETR_C03.fm Page 219 Vendredi, 23. décembre 2005 10:24 10
Sachez réaliser le diagnostic financier approfondi d’une entreprise 219
du délai moyen de paiement consenti pour les marchandises et matières premières,
alors une analyse plus fine peut s’avérer utile. Elle consiste simplement à confronter
chaque catégorie de dettes fournisseurs au montant des achats annuels TTC consommés qui lui correspondent.
Si vous réalisez le diagnostic de votre propre entreprise, vous pouvez sans difficulté
effectuer le relevé des quatre types de dettes et le compte de résultat vous fournira les
achats annuels de chaque catégorie. Si, en revanche, vous analysez les états financiers
d’un concurrent, vous n’avez probablement pas accès à ses documents comptables
détaillés et vous devez vous résoudre à calculer un ratio global. Si le compte de résultat
fait apparaître des achats importants d’autres approvisionnements, s’il fait également
apparaître des montants significatifs d’autres achats et charges externes, vous pouvez
supposer que les dettes fournisseurs de l’entreprise ne correspondent pas uniquement
aux achats de marchandises et de matières premières.
Si vous calculez alors un ratio fournisseurs/achats de marchandises ou matières premières sans tenir compte des autres achats, vous sous-estimerez le dénominateur de
votre fraction et vous augmenterez par conséquent le résultat de celle-ci. Le délai de
règlement des dettes fournisseurs sera donc artificiellement majoré.
Si, en revanche, vous calculez ce même ratio en ajoutant aux achats de marchandises
et matières premières les achats d’autres approvisionnements et de services et si la
durée du crédit accordé sur ces approvisionnements et services est plus courte, alors
vous minorerez le délai de règlement des dettes fournisseurs. Ceci est probablement
vrai pour de nombreuses entreprises, et notamment pour celles dans lesquelles le crédit-bail représente un pourcentage important des autres achats et charges externes.
Quelle solution adopter face à ces incertitudes ?
Lorsque vous réaliserez le diagnostic d’une entreprise concurrente, mieux vaudra
choisir une approche favorable à celle-ci et calculer le ratio fournisseurs/achats en prenant la totalité du poste fournisseurs et les seuls achats de matières premières et marchandises.
Si vous réalisez le diagnostic de votre propre entreprise, vous examinerez d’abord
votre compte de résultat afin de savoir quelle est l’importance respective des différents
types d’achats. Il se pourrait en effet qu’une seule catégorie d’achats, par exemple des
achats de marchandises ou de matières premières, représente la quasi-totalité des
achats de biens et services bénéficiant de délais de règlement. Si tel était le cas, vous
pourriez vous contenter de calculer le ratio de rotation de cette catégorie d’achats en
prenant leur montant et en prenant la totalité du poste fournisseurs. Vous savez qu’en
oubliant les autres achats vous majorerez fictivement votre ratio mais vous le majorerez faiblement.
Il se pourrait maintenant que deux catégories d’achats, par exemple de matières
premières et de marchandises, représentent ensemble la plus grande partie du total
des achats bénéficiant de règlements à terme. Si vous savez que les délais de règlement
sont comparables pour chacune des deux catégories, alors vous calculerez un ratio
global en prenant la totalité du poste fournisseurs et la somme des deux catégories
d’achats.
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220 Gestion – Finance
Si les achats de marchandises, de matières premières, d’autres approvisionnements
et de services représentent des montants significatifs et si les délais de règlement accordés par les fournisseurs de ces différentes catégories sont différents, alors vous n’avez
pas le choix, il vous faut calculer des ratios de rotation différents pour chaque catégorie d’achats en utilisant au besoin un tableau comme celui ci-dessous.
Exercice
N–3
Variat.
en %
Exercice
N–2
Variat.
en %
Exercice
N–1
Ratios dettes fournisseurs
marchandises :
Fournisseurs marchandises × 360
----------------------------------------------------------------------------------- =
CA HT
Fournisseurs marchandises × 360
--------------------------------------------------------------------------Achats TTC marchandises
(délai de règlement fournisseurs
marchandises)
Achats TTC marchandises
× ---------------------------------------------------------- =
CA HT
Ratios dettes fournisseurs
matières premières :
Fournisseurs mat. prem. × 360
---------------------------------------------------------------------------- =
CA HT
Fournisseurs mat. prem. × 360
---------------------------------------------------------------------Achats TTC matières premières
(délai de règlement fournisseurs
matières premières)
Achats TTC matières premières
× ---------------------------------------------------------------------- =
CA HT
Ratios fournisseurs autres appro. :
Fournisseurs autres appro. × 360
---------------------------------------------------------------------------------- =
CA HT
Fournisseurs autres appro. × 360
--------------------------------------------------------------------------Achats TTC autres appro.
(délai de règlement fournisseurs
autres approvisionnements)
Achats TTC autres appro.
× --------------------------------------------------------- =
CA HT
Ratios fournisseurs services :
Fournisseurs services × 360
-------------------------------------------------------------------- =
CA HT
Fournisseurs services × 360
-------------------------------------------------------------Achats TTC services
(délai de règlement fournisseurs
services)
Achats TTC services
× -------------------------------------------- =
CA HT
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Variat.
en %
Exercice
N
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Sachez réaliser le diagnostic financier approfondi d’une entreprise 221
3
Une analyse des ratios de rotation des autres actifs et passifs
circulants intégrés dans le calcul du BFR d’exploitation
Rappelons que les actifs et passifs circulants ajoutés au BFR simplifié pour obtenir
un BFR d’exploitation détaillé ont été les suivants :
– la TVA (en emplois et ressources) ;
– les dettes sociales ;
– les charges constatées d’avance et les produits constatés d’avance ;
– les avances et acomptes versés sur commandes en cours ;
– les avances au personnel ;
– les rabais, remises et ristournes (en emplois et en ressources).
Les rabais, remises et ristournes seront le plus souvent déduits directement des
achats ou des ventes lors du retraitement du bilan.
Les avances sur salaires au personnel représentent généralement des montants
faibles ou relativement stables qui sont largement contrebalancés par le « crédit »
consenti à l’entreprise par l’ensemble du personnel lorsque ce dernier est réglé en
fin de mois.
Sauf cas exceptionnel, les avances et acomptes versés sur commandes en cours représentent des montants faibles et relativement stables.
Les charges constatées d’avance sont souvent contrebalancées par les produits
constatés d’avance et, là encore, les montants varient peu d’un exercice à l’autre.
Il convient, par contre, d’examiner la TVA car celle-ci constitue généralement une
source non négligeable de financement.
Les créances et dettes de TVA
Vous savez que la TVA n’apparaît pas au compte de résultat 1 car c’est le client final
qui va supporter le poids de cette taxe. Si la TVA payée sur les achats d’un mois
donné est supérieure à la TVA collectée sur les ventes, l’entreprise peut demander le
remboursement de la différence car celle-ci constitue une créance sur l’État. Si, au
contraire, la TVA réglée sur les achats est inférieure à la TVA collectée, l’entreprise
doit reverser la différence à l’administration fiscale car cette différence constitue une
dette envers l’État. Au bilan, la TVA va donc apparaître dans le poste dettes fiscales
au passif et dans les autres créances à l’actif. Le poste dettes fiscales contient le
montant de la TVA sur ventes due à l’État en fin d’exercice. Le poste autres créances
contient le crédit de TVA (sur les achats) fait à l’État à la fin de ce même exercice 2.
La TVA qui figure dans les dettes fiscales, et qui correspond à la TVA collectée
par l’entreprise sur ses ventes, représente une ressource de financement dont la
1. Sauf pour la partie non déductible, le cas échéant (entreprises ayant un « prorata » d’activités non soumises à la TVA).
2. Rappelons qu’au bilan les créances clients et les dettes fournisseurs sont comptabilisées TVA incluse car le montant de
cette TVA a été ajouté par l’entreprise sur ses factures de ventes et parce que les fournisseurs ont également ajouté cette
même TVA sur leurs propres factures. Les autres postes du bilan sont tenus hors TVA.
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222 Gestion – Finance
durée moyenne est de 40 jours. On peut en effet considérer que les ventes d’un mois
donné sont échelonnées sur l’ensemble de ce mois et que la date moyenne de facturation de la TVA est par conséquent le 15 de ce même mois. Cette TVA doit être
reversée à l’État avant le 18 ou le 20 du mois suivant 1, ce qui correspond environ au
25, compte tenu du délai d’acheminement et de mise en paiement des chèques. Le
crédit moyen total accordé par l’État est donc environ de 15 jours + 25 jours
= 40 jours.
La TVA qui figure en autres créances à l’actif, et qui correspond à la TVA payée
par l’entreprise sur ses achats, représente un emploi, un besoin de financement dont
la durée moyenne est également de 40 jours car les achats d’un mois donné sont eux
aussi échelonnés le plus souvent sur l’ensemble du mois. On peut donc considérer
que la date moyenne de naissance des créances de TVA attachées à ces achats est le
15 du mois. Cette TVA peut être déduite de la TVA due sur les ventes et, comme
le solde est débité du compte bancaire de l’entreprise vers le 25 du mois suivant, la
durée moyenne de ce besoin de financement est de 40 jours. Ce même besoin de
financement porte généralement sur des montants plus faibles que la source de
financement constituée par la TVA collectée sur les clients. Si une entreprise vend
en juin pour 30 000 € HT de marchandises achetées 10 000 € durant le mois
considéré, la TVA encaissée sur les 30 000 € sera de 30 000 × 19,6/100 = 5 880 €
(si le taux est de 19,60 %) et la TVA payée aux fournisseurs sera de 10 000 × 0,196
= 1 960 €. La ressource de financement sera donc de 5 880 – 1 960 = 3 920 €
pendant une durée de 40 jours.
1er juin
15 juin
30 juin
Date moyenne
des achats et des ventes
15 juillet
25 juillet
Envoi chèque
règlement de la TVA
Débit
du chèque
Délai total : 40 jours
Achats
Ventes
TVA payée aux fournisseurs = besoin de financement
TVA collectée sur les clients = source de financement
La TVA inscrite dans les dettes fiscales devrait donc représenter environ 40 jours de
TVA annuelle collectée par l’entreprise, cette TVA étant calculée sur le montant du
chiffre d’affaires annuel hors taxes (raisonnement dit « à flux constants quotidiens »).
Si le chiffre d’affaires HT de l’exercice est de 2 400 000 €, alors en fin d’exercice la
400 000 × 0,196 × 40
- soit environ 52 000 €.
TVA due à l’État devrait être de 2------------------------------------------------------360
Si le montant de TVA figurant au passif est supérieur, cela pourrait provenir d’un
retard apporté au reversement de la taxe collectée pour le compte de l’État. Un tel verdict doit être cependant formulé avec prudence car il se pourrait que le chiffre d’affaires
1. Le régime général des entreprises industrielles et commerciales est celui de la TVA exigible sur les « débits » (et non sur
les encaissements, à la différence des entreprises de services et des entreprises du bâtiment).
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07_106015ETR_C03.fm Page 223 Vendredi, 23. décembre 2005 10:24 10
Sachez réaliser le diagnostic financier approfondi d’une entreprise 223
soit plus important en fin d’exercice. Si vous réalisez le diagnostic d’une entreprise
dont vous possédez la comptabilité détaillée, vous pourrez toutefois vérifier cela.
À l’actif, le poste autres créances devrait contenir un montant de TVA d’environ
40 jours de TVA annuelle réglée aux fournisseurs et calculée sur l’ensemble des achats
de marchandises, de matières premières, d’autres approvisionnements et de services de
l’exercice.
Si le compte de résultat d’une entreprise vous précise que les achats de matières premières, d’autres approvisionnements et d’autres achats et charges externes ont été respectivement de 960 000 €, 120 000 € et 240 000 €, alors le crédit de TVA en fin d’exer× ( 960 000 + 120 000 + 240 000 ) × 40
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------cice devrait être approximativement de : 0,196
360
soit environ 29 000 €.
S’il est supérieur, vous essaierez d’abord de vérifier si le poste des autres créances ne
contient pas des créances autres que les crédits de TVA. Dans la négative, cela pourrait
traduire une augmentation des achats en fin d’exercice ou l’acquisition d’immobilisations, car il serait curieux qu’une entreprise conserve plus de 40 jours une créance
importante de TVA sur l’État !
La durée moyenne de 40 jours qui concerne les flux de TVA collectée est valable
dans un raisonnement à flux constants supposant un arrêté journalier du bilan. Dans
un tel raisonnement :
– le premier jour du mois, la TVA sur les ventes de ce jour ne sera à reverser à l’État
que le 25 du mois suivant (en date de valeur au compte bancaire), ce qui correspond à 55 jours de « crédit » ;
– le dernier jour du mois, ce délai ne sera que de 25 jours.
Sur l’ensemble du mois, et dans ce raisonnement à flux quotidiens, le délai moyen
de crédit de TVA sera bien de 40 jours. En revanche, dès lors que les bilans sont établis
en fin de mois, la TVA à reverser à l’État le 20 du mois suivant (soit le 25 en date
moyenne de valeur) est la différence entre les TVA collectées sur ventes et les TVA
déductibles (sur achats et immobilisations) du mois considéré. Par exemple :
Ventes de juin :
Achats de biens
et services de juin :
1 000 000
700 000
TVA à 19,60 % :
TVA à 19,60 % :
à reverser le 20/25 juillet :
196 000
137 200
58 800
Cette dette à 25 jours, qui figurera au passif du bilan du 30 juin et qui réduit de
58 800 € le BFR, représente non plus 40 jours de TVA sur (ventes – achats) mais
30 jours, les 30 jours du mois de juin.
En analyse financière, on raisonne cependant « à flux constants » (quotidiens) dans
les calculs de BFR, tant pour les stocks que pour les créances et les dettes.
Une autre source de financement : le décalage du paiement des salaires
Si l’entreprise emploie un personnel important, les salaires représenteront des sommes considérables, or ces salaires sont payés en fin de mois. Le « crédit » moyen
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224 Gestion – Finance
accordé par le personnel à l’entreprise est donc un crédit de 15 jours sur le montant
des rémunérations. Ce crédit est souvent contrebalancé par des avances de salaires versées à ce personnel. Cependant, lorsque vous réaliserez les prévisions du besoin en
fonds de roulement d’une entreprise importante, vous pourrez tenir compte de cette
source de financement (dans un raisonnement à « flux constants » quotidiens).
Une ressource supplémentaire provenant des charges sociales
Dans les grandes entreprises, les charges sociales sont payées le 5 du mois suivant.
Le « crédit » accordé par les caisses sociales est donc un crédit de courte durée (environ
30 jours), mais il porte sur des sommes importantes. Dans une petite entreprise, le
montant des charges sociales est calculé sur des sommes plus faibles mais ces charges
sont généralement payées dans les 15 jours suivant la fin du trimestre1. Le délai moyen
de « crédit » accordé par les caisses sociales est donc de la moitié d’un trimestre
+ 15 jours soit 60 jours, ce qui peut là encore représenter un montant non négligeable.
Si la masse salariale d’une entreprise est de 384 000 € et si les charges sociales,
réglées trimestriellement, sont de 50 % du montant des salaires, le crédit fait par les
000 × 0, 5 × 60
----------------------------------------------- soit environ 32 000 €.
caisses sociales sera de 384
360
Si les dettes sociales sont d’un montant nettement supérieur, cela traduira certainement un retard apporté dans le versement des cotisations sociales, à moins que le
caractère saisonnier de l’activité n’ait conduit le dirigeant à embaucher du personnel
supplémentaire en fin d’exercice. Si tel n’était pas le cas, cela voudrait dire que l’entreprise n’a pas réglé ses cotisations dans les délais prescrits. Elle bénéficie donc d’une
source de financement, mais d’une source de financement susceptible de la conduire
au dépôt de bilan.
Une autre source de financement du BFR : le décalage du paiement
des intérêts
Si les intérêts des prêts sont payés annuellement, on peut considérer que le « crédit »
moyen accordé par les prêteurs sur ces intérêts est de 6 mois. Il est de 45 jours si ces
mêmes intérêts sont payés par trimestre. Cependant, cela représente une ressource
d’un montant faible, sauf cas exceptionnel.
Notons que pour obtenir un BFR précis il conviendrait, pour les commerces,
d’ajouter aux emplois les disponibilités minimum qui correspondent aux fonds de
caisse de leurs points de vente.
Tous les calculs réalisés précédemment reposent sur l’idée que le BFR d’une entreprise évolue proportionnellement à son chiffre d’affaires. Une telle hypothèse est-elle
acceptable ? Dans la négative, cela ne risquerait-il pas de remettre en cause l’utilité de
tous les ratios que nous avons calculés ?
1. Si l’effectif est inférieur ou égal à neuf salariés. Pour les autres PME, les cotisations sociales sont à régler le 15 du mois
suivant (soit un crédit moyen de 1 mois).
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Sachez réaliser le diagnostic financier approfondi d’une entreprise 225
4
Le BFR augmente-t-il proportionnellement
au chiffre d’affaires de l’entreprise ?
Oui, si tous les éléments qui constituent ce BFR augmentent proportionnellement
au CA. Ceci est généralement le cas pour les éléments les plus importants du BFR
d’exploitation : crédits clients, stocks et dettes fournisseurs. En revanche, la plupart des
éléments hors exploitation ne varient pas proportionnellement au chiffre d’affaires.
Le diagnostic simplifié n’a pris en compte que les stocks, créances clients et dettes
fournisseurs, et c’est pourquoi l’analyse des ratios réalisée dans le cadre de ce diagnostic devrait conserver sa validité.
Le diagnostic détaillé devrait écarter toute analyse réalisée sur le BFR global pour
ne garder que le BFR d’exploitation, si les éléments hors exploitation représentent un
pourcentage significatif du besoin en fonds de roulement global.
Cependant, il est fort possible que certains éléments constitutifs de ce BFR
d’exploitation (en général des ressources), augmentent moins vite que le chiffre
d’affaires et notamment les dettes moyennes sur salaires, charges sociales ou charges
d’intérêts. Si, par exemple, l’entreprise fait face à la croissance de son chiffre d’affaires
avec des emprunts identiques ou en faible progression et avec des effectifs inchangés,
si, par ailleurs, les rémunérations ne progressent pas au même taux que le chiffre
d’affaires, alors nous obtiendrons un BFR qui augmentera plus vite que les ventes. Les
ressources disponibles pour financer ce besoin en fonds de roulement auront en effet
progressé moins rapidement que ces mêmes ventes.
Notons toutefois que dans la plupart des entreprises, ces éléments du BFR d’exploitation représentent des montants très faibles par rapport aux stocks, crédits clients et
dettes fournisseurs et c’est pourquoi il est possible d’adopter l’hypothèse de proportionnalité du BFR d’exploitation au chiffre d’affaires.
Si une telle hypothèse est valable à la hausse, elle n’est cependant guère valable à la
baisse car une diminution du chiffre d’affaires s’accompagnera rarement d’une diminution du besoin en fonds de roulement.
Une baisse de chiffre d’affaires se produit en effet le plus souvent en période de crise
économique et la crise touchera probablement les clients ainsi que les fournisseurs. Il
sera dès lors difficile pour l’entreprise de réduire les délais de paiement accordés à ses
clients, les fournisseurs tenteront de diminuer leur crédit et les stocks de produits finis
pourraient bien s’accumuler. Au lieu de rester stable, le ratio BFR/CA risque donc
d’augmenter alors que dans le même temps la rentabilité fléchira, provoquant de ce
fait une diminution de l’autofinancement. Nous risquons, là encore, de retrouver le
manège infernal déjà évoqué dans le diagnostic simplifié.
Tout cela ne remet pas en cause l’observation selon laquelle, en première approximation, le besoin en fonds de roulement d’exploitation augmente proportionnellement au chiffre d’affaires.
Dans les PME, les éléments hors exploitation représentent généralement des montants peu importants et c’est pourquoi, le plus souvent, le BFR global augmentera lui
aussi au même rythme que le chiffre d’affaires.
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