Brexit et marchés immobiliers du Royaume- Uni et
Transcription
Brexit et marchés immobiliers du Royaume- Uni et
Real Estate Investment Management Août 2016 Real Estate Strategies Brexit et marchés immobiliers du RoyaumeUni et de l’UE: un premier état des lieux Bienvenue dans le nouveau numéro de «Real Estate Strategies»: Résumé 1 Pas de tensions sur les marchés financiers après le brexit 2 Fonds immobiliers ouverts britanniques: fermetures temporaires et liquidations d’actifs 2 Ralentissement de la croissance économique attendu au Royaume-Uni 2 Répercussions sur les marchés de la location d’immeubles commerciaux au Royaume-Uni 3 Résumé • Recul des prix nettement moins important que durant la crise financière 3 Faiblesse persistante du niveau des rendements attendue 6 Conclusions 6 Impressum 7 • • • • • • Le brexit est un événement de taille pour l’économie britannique et le marché immobilier. Il est encore difficile d’évaluer dans quel sens les relations économiques entre l’UE et le Royaume-Uni vont évoluer. Au regard de la phase d’incertitude actuelle, nous anticipons cependant des retombées négatives sur les prix des transactions, le marché de la location et les taux de vacance des immeubles commerciaux au Royaume-Uni. Nous tablons toutefois sur des effets négatifs nettement moins importants que durant la correction consécutive à la crise financière de 2007-2009. Nous attendons une correction de 10-15% pour les valeurs immobilières britanniques et un repli un peu plus marqué (2025%) pour les immeubles de bureaux haut de gamme situés à Londres, en raison du volume élevé de projets de construction. Ceci dit, de telles phases de faiblesse offrent de bonnes opportunités d’acquérir des immeubles de qualité, qui ne sont généralement pas accessibles durant les périodes de boom, à des prix acceptables. Les ajustements de valeur ne s’opérant toutefois pas du jour au lendemain sur les marchés directs, une bonne dose de patience et de discipline ainsi que des capacités de négociation sont requises afin de pouvoir exploiter au mieux la situation actuelle. Dans l’immédiat, nous n’anticipons pas d’impact négatif majeur sur l’évolution conjoncturelle dans la zone euro. La reprise économique devrait se poursuivre, même si elle reste encore relativement faible. Sur les marchés immobiliers européens, le vote en faveur du brexit a pour effet immédiat d’accentuer l’environnement des taux zéro et négatifs en Europe. Les placements immobiliers ont certes vu leurs rendements nets diminuer considérablement ces dernières années, mais restent une classe d’actifs prisée par les investisseurs au vu du nombre croissant d’emprunts à rémunération négative. Pour les pays européens hors Royaume-Uni, nous anticipons une offre toujours faible de nouvelles surfaces et un léger rebond de la demande en surfaces sur la période 2016-2018, ce qui devrait soutenir la reprise des marchés de la location en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas et en Europe de l’Est. En tant que deuxième marché des capitaux immobiliers, l’Allemagne devrait connaître un regain d’intérêt auprès des investisseurs. En sa qualité de centre d’affaires, Francfort est aussi positionnée de manière optimale afin de profiter de certaines délocalisations de fonctions consécutives au brexit dans les secteurs de la finance et des services – effet qu’il convient néanmoins de ne pas surestimer pour le moment. . Real Estate Strategies 1 Dans la présente édition de Real Estate Strategies, nous évoquons les possibles répercussions de la décision prise par les électeurs britanniques de quitter l’UE sur les marchés immobiliers commerciaux au Royaume-Uni et dans le reste de l’Europe. Pas de tensions sur les marchés financiers après le brexit Début août 2016 – soit six semaines après le résultat du référendum – force est de constater que les marchés financiers ont réagi avec sang-froid à la décision de quitter l’UE prise par le peuple britannique. Certes, la GBP s’est dépréciée d’environ 10% face aux autres monnaies et les taux d’intérêt des emprunts d’État britanniques à 10 ans ont cédé quelque 50 pb. À l’issue de replis temporaires, les marchés des actions ont repris leur tendance à la hausse. Même l’indice FTSE 250, qui se compose de sociétés établies au Royaume-Uni et orientées sur le marché intérieur, se négocie actuellement à un niveau supérieur à celui atteint le 23 juin. Après avoir momentanément corrigé de 23%, les actions immobilières britanniques ont effacé la majorité de leurs pertes. Les incertitudes pourraient toutefois se traduire par un regain de volatilité sur les marchés financiers dans les prochains mois. Cela étant, les craintes que les marchés financiers et monétaires sombrent dans une crise similaire à celle qui a suivi la faillite de Lehman Brothers en 2008 se sont heureusement révélées sans fondement. Fonds immobiliers ouverts britanniques: fermetures temporaires et liquidations d’actifs À ce jour, les actualités les plus négatives concernent les fonds immobiliers ouverts britanniques. Ces structures, auxquelles recourent surtout les investisseurs « retail », permettent la souscription et le rachat quotidiens de parts. Le vote en faveur du brexit a fait planer des incertitudes élevées quant aux valorisations des portefeuilles immobiliers de ces fonds. D’une part, de nombreux investisseurs craignaient alors une chute des prix de l’immobilier au Royaume-Uni. D’autre part, le calcul quotidien des valeurs nettes d’inventaire (VNI) est basé sur les valorisations mensuelles des immeubles détenus par ces fonds. Il faut cependant un certain temps avant que les valorisations sur les marchés immobiliers directs reflètent un changement de paradigme comme le brexit. Les estimateurs sont entre autres tributaires de transactions comparables, pour être en mesure de procéder à des réévaluations. Or, la conclusion de transactions peut prendre jusqu’à trois mois. Ces fonds ont certes réagi immédiatement et procédé à des adaptations à la juste valeur de leur VNI ou instauré des pénalités de sortie temporaires – ce qui, pour les investisseurs qui souhaitaient retirer leurs avoirs, correspondait à une décote de 5% à 17% par rapport à la VNI en vigueur avant le brexit. En présence de telles incertitudes, la logique voudrait cependant que les fonds soient fermés jusqu’à ce que les transactions sur le marché direct justifient le nouveau niveau des valorisations, raisonnement qui a été suivi par la plupart des fonds. Confrontés à des demandes de remboursement portant sur des montants élevés, sept fonds avec un volume total supérieur à 16 mrd GBP, soit plus de 60% des fonds immobiliers ouverts britanniques, ont momentanément suspendu les possibilités de rachat. Dans l’intervalle, la situation s’est stabilisée et différents fonds ont déjà réduit les décotes sur VNI et rouvert, tandis que d’autres attendent la fin des incertitudes. D’autres encore envisagent de vendre des immeubles en vue de générer des liquidités supplémentaires. Notre constat sur le marché est que ces fonds proposent à la vente des biens immobiliers de qualité dotés de baux à long terme. Comme ils affichent de faibles parts de financement par capitaux étrangers, nous estimons que de telles cessions constituent davantage des mesures de gestion de trésorerie que des ventes d’urgence. Ces fonds semblent certes accepter une certaine décote par rapport aux valorisations de l’avant-brexit, mais la situation diffère ici fortement de celle de la crise financière, qui a entraîné des exécutions forcées d’immeubles et des ventes d’urgence avec d’importantes décotes. Ralentissement de la croissance économique attendu au Royaume-Uni Mais les perspectives en matière de prix de l’immobilier dépendent essentiellement de l’évolution escomptée des fondamentaux du marché (rendements, taux de vacance et loyers), ainsi que des conditions régnant sur les marchés des capitaux et du financement – et dans une moindre mesure seulement de la situation dans ce segment mineur que constituent les fonds immobiliers ouverts. Lors de notre évaluation de l’influence du vote en faveur du brexit sur la croissance économique et le marché immobilier au Royaume-Uni, nous opérons une distinction entre deux phases. Tableau 1: Cadre de réflexion sur les prévisions/estimations de l’impact du vote en faveur du brexit 6-12 mois Phases et scénarios Phase d’incertitude quant aux futures relations entre le Royaume-Uni et l’UE Effet sur la croissance économique et le marché immobilier Effets négatifs: recul des investissements des entreprises, affaiblissement du marché du travail Prévisibilité Probabilité élevée quant aux répercussions négatives à court terme, incertitude concernant la durée de cette phase et l’ampleur des effets 9 mois- 5 ans Maintien dans l’UE: Le Royaume-Uni reste dans l’UE en tant que membre à part entière Restriction de la libre circulation des personnes dans l’UE ou tenue d’un nouveau référendum («volte-face») au Royaume-Uni Compromis constructif: Accès en franchise de douane au marché des marchandises Accès avec restrictions au marché des services avec dérogations Légère restriction de la migration via la clause de sauvegarde Sociétés britanniques Brexit pur et dur: Pas d’accès en franchise de douane au marché intérieur Pas de passporting pour le secteur des services Contrôle de la migration au Royaume-Uni En fonction du scénario, de légèrement à fortement négatif Incertitude de prévision considérable, forte dépendance vis-à-vis du chemin emprunté Source: Credit Suisse Nous nous trouvons actuellement dans la «Phase d’incertitudes» décrite dans le tableau 1. Ces incertitudes pourraient certes s’amoindrir grâce à l’entrée en fonction rapide du nouveau gouvernement. La première ministre du Royaume-Uni Theresa May a cependant indiqué ne pas souhaiter invoquer l’article 50 du Traité de Real Estate Strategies 2 Figure 1: Taux de vacance des immeubles de bureaux et projets de construction au Royaume-Uni 20.0 % du parc de surfaces de bureaux 15.0 10.0 5.0 0.0 20 Taux de croissance des loyers libres en % 15 10 5 0 -5 2018E Industrie et logistique – Londres et Sud-Est 2017E Commerces – moyenne nationale 2016E Commerces – petites villes régionales 2015 Commerces – centres régionaux 2014 Commerces – Londres 2013 -10 Bureaux – petites villes régionales Le marché immobilier britannique a connu une période très faste, en particulier dans la région de Londres. Depuis 2010, la croissance annuelle de l’emploi de bureau atteignait 2,7% à Londres et 2,1% dans les centres régionaux, soit un niveau très élevé en comparaison européenne. Le Royaume-Uni dispose en outre du marché immobilier le plus liquide et transparent d’Europe. Avec un volume annuel de transactions de plus de 12 mrd EUR depuis 2001, Londres éclipse toutes les autres métropoles européennes en termes de liquidité de l’immobilier de bureau (à titre de comparaison, Paris: 6 mrd, devant Stockholm avec 2,2 mrd et Francfort avec 2,0 mrd EUR). Comme le montre la figure 1, la reprise économique enregistrée ces dernières années par le Royaume-Uni s’est traduite par un recul des taux de vacance – qui avaient grimpé en flèche durant la crise financière – tant à Londres que dans les centres régionaux. Figure 2: Prévisions en matière de loyers au Royaume-Uni Bureaux – centres régionaux Répercussions sur les marchés de la location d’immeubles commerciaux au Royaume-Uni La reprise a été plus soutenue à Londres que dans les villes régionales, ce qui s’est également répercuté sur les loyers, lesquels ont enregistré une hausse nettement plus forte. Dans la capitale, les loyers du marché pour les immeubles de bureaux haut de gamme ont augmenté de 55% entre le 2e trimestre 2009 et le 2e trimestre 2016, contre seulement 15% dans les villes régionales. Au cours des derniers trimestres, un accroissement très marqué des projets de construction de bureaux était toutefois observable à Londres. Avec plus de 50 projets en cours de construction, la ville atteint un record en 20 ans. Dans la City notamment, le volume de surfaces en construction au 1er semestre 2016 correspond – si tous les projets sont menés à leur terme – à plus de 6,5% du parc total. Sur cette même période, la demande plus timide de surfaces s’était déjà traduite par une augmentation des taux de vacance. Le ralentissement attendu de l’économie devrait encore peser sur l’immobilier de bureau londonien. Ces dernières années, environ 50% de la valeur ajoutée brute de la région de Londres ont été générés par les secteurs de la finance, de l’immobilier et de services divers, alors que le Royaume-Uni affiche une structure économique plus diversifiée, dans laquelle ces branches ne représentent que 30% de la VAB. C’est pourquoi nous anticipons une hausse des taux de vacance à Londres au cours des 18 prochains mois, de 6% actuellement à plus de 10%. Le recul des taux de vacance devrait aussi s’interrompre dans les villes régionales, pour lesquelles nous attendons toutefois une augmentation moins importante en raison du nombre plus réduit de projets en cours de construction. Bureaux – Londres l’UE – synonyme du début des négociations formelles de sortie de l’Union – avant la fin de l’année. De notre point de vue, cette phase d’incertitudes devrait se prolonger durant le processus de négociations, c’est-à-dire largement jusque dans le courant de l’année prochaine. Les décideurs économiques ne devraient pas retrouver une sécurité de planification avant qu’une solution viable avec l’UE soit annoncée, au moins dans ses grandes lignes. Ces incertitudes nous ont amenés à revoir à la baisse nos prévisions économiques pour le Royaume-Uni: nous tablons désormais sur une croissance de 1,5% en 2016 (contre 1,8% auparavant) et de 0,2% seulement en 2017 (contre 2,0%). Nous nous attendons en outre à des reports d’investissements et à une prudence accrue des entreprises sur le front des embauches. La consommation privée devrait ralentir, bien qu’à un rythme nettement moins soutenu que les investissements des entreprises. Par ailleurs, il est aujourd’hui difficile de savoir quel scénario l’emportera, les positions de négociation du Royaume-Uni et de l’UE ne parlant pas en faveur d’un compromis aisé dans l’immédiat. L’UE défend les quatre libertés fondamentales, et tout particulièrement la libre circulation des personnes, tandis que la décision de sortie allait de pair avec le souhait, émis par les électeurs, d’un contrôle renforcé de la migration à l’échelle nationale. De nombreuses solutions sont envisageables, mais nous ne retenons que trois scénarios: le compromis constructif, le brexit pur et dur et le maintien dans l’UE. Notre hypothèse de base repose sur le compromis constructif, mais les incertitudes quant à sa faisabilité restent très grandes. Source: PMA, Credit Suisse; date de prévision: juillet 2016 Les indications de performances historiques et les scénarios de marchés financiers ne sont pas des indicateurs fiables des performances actuelles ou futures. La figure 2 résume nos prévisions en matière de loyers. Nous tablons sur un repli de plus de 10% pour les immeubles de bureaux haut de gamme à Londres, contre une baisse limitée pour l’immobilier commercial dans la capitale et en dehors. Malgré le probable tassement de la consommation, les loyers des surfaces commerciales bien situées devraient rester relativement stables, bien que nous attendions aussi une évolution quelque peu négative sur ce segment à l’échelle nationale. Au vu de l’activité actuellement restreinte, nous anticipons également un recul limité sur le marché des surfaces logistiques et industrielles. Recul des prix nettement moins important que durant la crise financière Mises en chantier de projets de bureaux à Londres Taux de vacance dans la City Taux de vacance dans le West End/Midtown Taux de vacance dans les Docklands Taux de vacance dans les villes régionales (top 4 après Londres) Source: PMA, Credit Suisse; dernier point de données: fin juin 2016 Pour les investisseurs, c'est l’impact sur les valorisations et les prix de transaction qui compte. Dans le sillage de la crise financière, les prix de transaction des immeubles commerciaux britanniques ont plongé Real Estate Strategies 3 d’environ 40% entre leur point culminant (juin 2007) et leur plancher (septembre 2009). Le recul des prix s’est révélé plus marqué en dehors de Londres, à hauteur de plus de 50% dans de nombreuses villes régionales. Cette correction était toutefois non seulement imputable à une évolution nettement plus négative du marché de la location, que nous observons actuellement, mais aussi à une augmentation des rendements nets/taux de capitalisation de près de 200 à 300 pb. Cette forte hausse était le fruit d’une contraction du crédit pour les immeubles commerciaux et des dettes en souffrance, résultant de l’important recours au financement par capitaux étrangers pratiqué avant la crise financière. Selon nous, la situation sur le marché des capitaux immobiliers diffère fondamentalement de 2009. Certes, les rendements nets de 3,5% pour les immeubles de bureaux haut de gamme et de 3% pour l’immobilier commercial à Londres s’établissent à des niveaux similaires à ceux de 2007 et les valorisations de l’immobilier londonien nous semblent conséquentes. En dehors de la capitale, avec des rendements nets de 5-6% pour les immeubles de bureaux haut de gamme dans les grands centres et d’environ 6% pour les centres commerciaux/parcs d’activités commerciales régionaux bien situés, les valorisations de l’avant-brexit nous paraissent justifiées au vu des rendements obligataires actuellement faibles. C’est pourquoi nous tablons sur une augmentation des rendements nets de 50 à 75 pb seulement en réaction à la phase d’incertitude actuelle. À l’inverse de la crise financière, nous anticipons une sousperformance du marché immobilier londonien face à ceux des autres villes britanniques. Figure 3: Évolution des prix des immeubles de bureaux haut de gamme à Londres Valeurs actuelles nettes des immeubles de bureaux haut de gamme à Londres (fin 2015 = 100) 120 100 80 60 40 Quelque six semaines après le référendum, le marché nous semble orienté vers ce scénario relativement accommodant. Les marchés du financement de biens immobiliers sont toujours ouverts, bien que les conditions de financement par des fonds de tiers se soient détériorées et que diverses banques étrangères reconsidèrent leur présence au Royaume-Uni. Face à l’assombrissement des perspectives conjoncturelles, la Banque d’Angleterre ne devrait pas rester inactive non plus. De notre point de vue, elle va probablement abaisser ses taux directeurs de 50 pb au 2e semestre 2016 pour les porter à 0% – une grande première – et prendre d’autres mesures de stabilisation. Du côté des investisseurs, nous décelons un grand intérêt en dehors d’Europe. Les investisseurs asiatiques et les sociétés américaines de private equity y voient notamment des conditions d’entrée favorables suite à la dépréciation de 10% de la GBP ainsi qu’au fait que plusieurs fonds immobiliers ouverts, temporairement fermés, acceptent certaines décotes. Nous scrutons également les marchés à la recherche de placements intéressants, car nous estimons que la présente situation est source d’opportunités pour les investisseurs orientés à long terme. Dans le même temps, cette phase requiert de la patience puisque nous savons d’expérience que les marchés ne s’adaptent que lentement au repli des valorisations. Pas de contagion aux pays centraux de la zone euro attendue Comme décrit ci-dessus, nous considérons le brexit comme un événement significatif pour l’économie britannique et le marché immobilier. Nous n’anticipons par contre qu’un impact limité sur l’évolution conjoncturelle des autres pays de l’UE à court et moyen terme. À plus longue échéance, le brexit pourrait toutefois avoir des répercussions politiques sur le fonctionnement de l’UE couplées à d’éventuelles retombées économiques, qui pour l’heure ne sont pas encore évaluables et dont nous ne tenons pas compte dans nos prévisions. Les indices des directeurs d’achat de juillet ne signalent pas d’effets de contagion dans la zone euro pour le moment. Le PMI du Royaume-Uni est en revanche tombé en deçà du seuil critique de 50 points. Figure 4: Pas de contagion à la zone euro selon les PMI 20 2018E 2017E 2015 2016E 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 0 Scénario avant le référendum sur le brexit Scénario de base actuel (phase d’incertitudes suivie du «compromis constructif») Évolution 1999-2015 Brexit – scénario analogue à celui de la crise financière (2007-2009) Source: Credit Suisse, PMA. Date de prévision: août 2016 Les indications de performances historiques et les scénarios de marchés financiers ne sont pas des indicateurs fiables des performances actuelles ou futures. Selon nos calculs, les prix de transaction des immeubles de bureaux haut de gamme londoniens devraient diminuer de 20 à 25% au cours des 18 prochains mois. En revanche, nous estimons le potentiel de correction à 10-15% seulement pour les biens situés en dehors de la capitale. Comme le montre la figure 3 relative aux immeubles de bureaux londoniens, ce repli est beaucoup moins marqué que durant la crise financière. L’incertitude de prévision reste cependant très élevée. Pour 2016 et 2017, nous partons de l’hypothèse de la phase d’incertitudes, suivie du scénario du compromis constructif. En cas de solutions nettement plus désavantageuses pour le secteur tertiaire britannique, nous nous attendrions toutefois à un potentiel de correction plus marqué. Source: Credit Suisse / IDC; dernier point de données: juillet 2016 Nous tablons sur une croissance du PIB réel de la zone euro de 1,5% en 2016 et 1,3% en 2017. Nous n’avons ainsi que marginalement abaissé nos prévisions par rapport à l’avant-brexit. Les économies allemande et espagnole devraient notamment poursuivre leur dynamique positive grâce à une demande intérieure soutenue. Depuis le vote en faveur du brexit, l’environnement de taux bas s’est encore Real Estate Strategies 4 accentué et stimule l’octroi de crédit et la consommation dans la zone euro. L’économie allemande devrait rester sur la voie de la reprise et enregistrer une croissance d’environ 1,5%. La situation sur le marché du travail est excellente dans le pays et s’inscrit en soutien de la demande intérieure. En juin, le taux de chômage y a atteint son plus bas niveau depuis la réunification (6,1%). La France fait toujours face à d’importants problèmes structurels, mais devrait tout de même enregistrer une croissance d’environ 1,3% en 2016 et 2017. Nous attendons un léger repli de la croissance aux Pays-Bas, tout particulièrement en 2017, du fait de l’importance des échanges commerciaux avec le Royaume-Uni. La reprise économique devrait continuer, bien qu’à un rythme réduit par rapport aux attentes d’avant le référendum sur le brexit. Les États d’Europe de l’Est, en particulier la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie, devraient poursuivre leur évolution positive. Nous continuons de tabler sur de robustes taux de croissance de plus de 2% dans ces pays en 2016 et 2017. En revanche, nous avons revu nos prévisions à la baisse pour l’Italie et le Portugal, non pas en raison du brexit, qui a renforcé la probématique du secteur financier dans les deux pays, mais davantage sous l’effet de facteurs internes. L’Italie sera notamment confrontée à un automne difficile avec le référendum sur la réforme du sénat – équivalent d’un vote de confiance pour le chef du gouvernement de Matteo Renzi. C’est pourquoi nous anticipons une faible croissance pour le pays, de seulement 0,8% cette année et en 2017. À l’heure actuelle, établir des prévisions concernant l’économie irlandaise se révèle très malaisé. En 2015, le pays affichait clairement la conjoncture la plus robuste de la zone euro avec une croissance de 8%. En raison des flux de négoce et d’investissements, sa performance économique est toutefois fortement corrélée avec celle du Royaume-Uni. En ce sens, les effets négatifs devraient l’emporter à court terme. Simultanément, en tant que site d’investissement et de production, l’Irlande pourrait voir son économie renforcée après le brexit grâce à des taux d’imposition plus faibles, au système anglosaxon de «common law» et à un marché du travail flexible. Nous estimons que les effets négatifs dominent pour l’instant à court terme et anticipons un ralentissement assez marqué de l’activité économique. Les taux de croissance devraient néanmoins se maintenir entre 2 et 4% par an en 2016 et 2017. Perspectives positives pour les marchés locatifs des pays de l’UE hors Royaume-Uni La poursuite de la reprise économique toujours attendue dans la plupart des pays d’Europe hors Royaume-Uni devrait s’accompagner d’effets légèrement positifs sur la demande en surfaces commerciales. Simultanément, peu de surfaces sont actuellement en construction tant pour les immeubles de bureaux que pour l’immobilier commercial. La figure 5 montre que la croissance nette de nouvelles surfaces s’est établie à moins de 1% du parc total au cours des 5 dernières années. Cette situation de faiblesse de l’offre devrait à notre avis perdurer sur les prochaines années. L’offre en surfaces commerciales devrait enregistrer une progression modérée, toutefois limitée en comparaison historique. Cette atonie attendue de l’offre de surfaces devrait ainsi se traduire par un nouveau recul des taux de vacance et une légère hausse des loyers sur le marché. Illustration 5: Offre toujours faible de nouvelles surfaces attendue Source: PMA, Credit Suisse; date de prévision: août 2016 Les indications de performances historiques et les scénarios de marchés financiers ne sont pas des indicateurs fiables des performances actuelles ou futures. Tableau 2: Marché de la location et rendements nets Pays Ville Espagne Allemagne Suède Pays-Bas Madrid, Barcelone Top 7 Stockholm France Irlande Italie Portugal Pologne Amsterdam, Rotterdam Paris Dublin Milan, Rome Lisbonne Varsovie Prévisions de croissance annuelle des loyers libres pour l’immobilier de bureau, 2016-2018 4.0% 3.0% 2.0% 1.0% 0.5% 0.0% -1.5% -3.0% -3.0% Prévisions de croissance annuelle des loyers libres pour l’immobilier commercial, 20162018 Rendements nets des immeubles de bureaux haut de gamme, T2 2016 Tendance attendue pour les rendements nets, 2016-2018 3.0% 2.5% 3.5% 4.0% 4.0% 3.5% Stable Légère baisse Légère hausse 0.5% 1.0% 2.0% 1.0% 0.5% 2.5% 5.0% 3.5% 4.4% 4.8% 5.5% 5.0% Légère baisse Légère hausse Légère hausse Hausse Hausse Stable Source: Credit Suisse, PMA; date de prévision: août 2016 Les indications de performances historiques et les scénarios de marchés financiers ne sont pas des indicateurs fiables des performances actuelles ou futures. Le tableau 2 récapitule nos prévisions. Sur la période 2016-2018, nous anticipons une robuste progression des loyers pour les immeubles de bureaux et commerciaux en Allemagne, en Espagne et en Suède ainsi qu’une légère hausse des loyers sur le marché dans la région parisienne et à Amsterdam. La faible croissance économique et les problèmes auxquels est confronté le secteur financier pèsent cependant sur les perspectives de l’immobilier de bureau en Italie, tandis que les emplacements de commerce de détail de qualité et les centres commerciaux bien situés devraient enregistrer une évolution positive. Nous observons une situation similaire à Lisbonne/au Portugal. En revanche, nos prévisions relatives aux loyers sur le marché sont négatives pour la Pologne du fait du volume toujours élevé de nouveaux projets de construction à Varsovie. La demande devrait cependant y rester soutenue, ce qui parle en faveur d’une nouvelle progression des loyers pour l’immobilier de bureau et commercial dans différentes villes régionales. Pour Dublin, nous tablons sur une poursuite de la hausse des loyers des immeubles de bureaux en 2016. À l’instar de Londres, le pipeline de projets de construction est cependant de nouveau bien rempli dans la capitale irlandaise. Couplé au recul de la demande locative, nous anticipons par conséquent que le marché de la location atteindra son point culminant en 2017. En Irlande, d’autres secteurs comme l’immobilier commercial ou les bâtiments logistiques, pour lesquels le volume de nouvelles surfaces devrait être réduit, affichent néanmoins encore un potentiel haussier. Real Estate Strategies 5 Faiblesse persistante du niveau des rendements attendue Dans le sillage de l’environnement persistant de taux zéro ainsi que de l’instauration de l’assouplissement quantitatif et des conditions de crédit, les rendements nets des immeubles commerciaux ont déjà considérablement baissé ces dernières années et, selon le pays, s’établissent entre 3,5 et 5% pour les immeubles de bureaux haut de gamme. Nous sommes d’une part d’avis qu’une grande partie de la capacité d’adaptation aux rendements plus faibles est déjà largement épuisée sur le marché immobilier. D’autre part, les niveaux actuels des rendements nous paraissent durables, aussi longtemps que nous n’observons pas d’augmentation marquée sur le front des taux d’intérêt. Au regard de l’absence de pression inflationniste et de la croissance économique limitée, nous estimons que la BCE mènera son programme d’assouplissement quantitatif jusqu’en avril 2017, avec l’option de le prolonger. Par rapport aux obligations, l’immobilier continue donc d’afficher des valorisations attrayantes. Dans la figure 4, nous avons classé les villes européennes selon la prime de risque des immeubles de bureaux haut de gamme. Par rapport aux emprunts d’État, plus de la moitié des villes européennes affichent une prime de risque correspondant à deux fois la moyenne historique de 200 pb. Les marchés du Benelux, les marchés immobiliers allemands, mais aussi les villes régionales en Grande-Bretagne présentent notamment un différentiel de rentabilité d’environ 400 pb. nous traversons, pénalisent l’évolution économique et les valorisations immobilières. Pour les trimestres à venir, nous attendons des répercussions négatives pour le marché immobilier britannique, essentiellement liées à ces incertitudes. Notre scénario de base table sur une correction des prix et des loyers, mais moins sévère que durant la crise financière et de nature différente. Pour les investisseurs orientés à long terme, ces phases offrent cependant des opportunités d’entrée intéressantes ainsi qu’un accès à des actifs qui ne seraient que rarement apparus sur le marché en période de boom. C’est pourquoi nous recommandons de poursuivre la quête d’opportunités au Royaume-Uni. Les ajustements des prix immobiliers ne s’opérant toutefois pas du jour au lendemain, une bonne dose de patience et de discipline ainsi que des capacités de négociation sont requises afin de pouvoir exploiter au mieux une telle situation. S'agissant des pays centraux de la zone euro, ces incertitudes ont pour effet d’accentuer l’environnement de taux négatifs, ce qui augmente l’attrait de l’immobilier en dépit de rendements déjà réduits. Dans le même temps, l’offre très peu réactive ouvre des perspectives positives aux marchés de la location. En Europe continentale, l’accent devrait rester placé sur les marchés immobiliers allemand, espagnol et néerlandais qui, dans le contexte actuel, n’offrent certes plus les mêmes potentiels que par le passé, mais sont toujours porteurs de rendements globaux attractifs. Figure 4: Rendements nets des immeubles de bureaux haut de gamme et primes de risque Source: Credit Suisse, PMA; dernier point de données: fin juin 2016 Par conséquent, nous attendons une demande immobilière toujours soutenue en Allemagne. Le marché allemand des capitaux immobiliers, qui occupe la seconde place en Europe après le Royaume-Uni, devrait profiter de flux de capitaux supplémentaires. De même, les niveaux de rendement légèrement supérieurs dans les pays du Benelux devraient attirer de nouveaux investissements. C’est pourquoi nous anticipons un repli des rendements dans ces régions, qui ne devrait toutefois pas excéder 25 pb. En revanche, nous attendons une augmentation légère à moyenne des rendements en Italie, au Portugal et en Irlande. Conclusions De grandes incertitudes persistent quant aux modalités de mise en œuvre de la décision de quitter l’UE prise par le peuple britannique. Bien que l’absence de clarté quant à la voie qui sera choisie ne permette pas d’établir de prévisions raisonnablement fiables, l’expérience a montré que les phases d’incertitude, comme celle que Real Estate Strategies 6 Impressum Copyright Cette publication peut être citée à condition de mentionner la source. Copyright © 2016 Credit Suisse Group AG et/ou sociétés liées. Les photos sur la page de titre représentent des immeubles détenus par un fonds international géré par le Credit Suisse. Tous droits réservés. Auteur: Zoltan Szelyes, CAIA, CFA Responsable Global Real Estate Strategy Real Estate Investment Management E-mail: zoltan.szelyes@credit- suisse.com Date de publication Août 2016 Éditeur Ulrich Braun Responsable Strategies and Advisory Real Estate Investment Management E-mail: [email protected] Credit Suisse AG, Zurich https://www.credit-suisse.com/ch/fr/asset-management/solutions-capabilities/real-estate-ch.html Décharge Les informations fournies constituent un support marketing. Elles ne doivent pas être interprétées comme un conseil financier ou autre fondé sur la situation personnelle du destinataire ni comme le résultat d’une analyse indépendante et objective. Les informations fournies dans le présent document ne sont pas juridiquement contraignantes et ne constituent ni une offre ni une incitation visant à la conclusion de quelque transaction financière que ce soit. Les informations fournies dans le présent document ont été élaborées par Credit Suisse AG et/ou ses sociétés affiliées (ci-après CS) avec le plus grand soin et en toute bonne foi. Les informations et les opinions exprimées dans le présent document reflètent celles du Credit Suisse au moment de la rédaction et sont sujettes à modification à tout moment sans préavis. Elles proviennent de sources considérées comme fiables. Le CS ne fournit aucune garantie quant au contenu et à l’exhaustivité de ces informations et décline toute responsabilité pour les pertes qui pourraient résulter de l’utilisation de ces informations. Sauf mention contraire, les chiffres n’ont pas été vérifiés. Les informations fournies dans le présent document sont réservées au seul usage de son destinataire. Il est interdit d’envoyer, d’introduire ou de distribuer ces informations ou une copie de celles-ci aux Etats-Unis ou de les remettre à une personne US (au sens de la Regulation S de l’US Securities Act de 1933, dans sa version amendée). La reproduction intégrale ou partielle du présent document sans l’accord écrit du CS est interdite. Les principaux risques associés aux placements immobiliers incluent la liquidité limitée du marché immobilier, l’évolution des taux d’intérêt hypothécaires, l’évaluation subjective des immeubles, les risques intrinsèques liés à la construction d’immeubles et les risques environnementaux (p. ex. terrains contaminés). Copyright © 2016 Credit Suisse Group AG et/ou sociétés liées . Tous droits réservés. Real Estate Strategies 7