Goncourt : Ferrari sacré pour son « Sermon»

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Goncourt : Ferrari sacré pour son « Sermon»
Goncourt : Ferrari sacré pour son « Sermon»
Superbe et caustique, « Le Sermon sur la chute de Rome» a reçu le plus prestigieux prix littéraire français
Littérature
T erome Persan en etait convain
J
cu ce —roman
allaitentrainersa
chute
litteraire
s entend iîe
lai ecnt consciemment canscien
rleuse,nent enpensantque; allais
s la degnngolade» confie t il au
Monde Son precedent livre Ou
j ai laisse mon anip (Actes Sud
aoio) suffocante et superbe evo
ration de la guerre â Algene lus
avait valu entre ausres le prix
Pranre Televisions et une recon
naissance critique et publique
eelatsvement large
leromePerransedisaitqueper
sonne ne le suivrait depuis les
raves algerouses ou deux officiera
français se perdaient en preti
quant la torture, vers je bar corse
dont il voulait faire le dérorduser
snonsurlarliutedegon,e ‘slepen
sais que le roman serair un ecliec
niais; ecaispreta laffroneer», dit
I errivain de j4ans Ce septienie
livre tui a au contraire penn,s
obtenir le prix Concourt, le
deuxierne attribué à I editeur
Acles Sud par cinq voix contre
quateeaPatnckcievillepourpeste
é ChoIera (Seuil) Etaient égale
msnt finalistes Linda Le (Lame de
fond chehtian Bourgois) et 10M
Dicker (La Vérite sur I affaire
Han~s Quelsert 0e l’alloia/L Age
homme)
Aucenteedusennonsurlachiu
te de Rome le trouve donc un
modeste bistrot de montagne
repris par deux jeunes gens du
coin qui abandonnent leurs etu
des de plailosopisie a Pans pour
eddierla entcesincetbanquettes,
r le ,neuleur dfs ,ssondes posai
blessclsercttlbpszthlstolredes
personnagts Matehieu et tsbero
~usqia cia desfrucitondeleuruni
vers miniature s entremêle avec
je souvenir de) empire colonial
français qua connu legrand pere
dupremieravantderevenirrumi
ner ses ecluers au village, ainsi
qu avec des passages sue la chute
de Rome en 410 telle qu evoquée
par saint Auguatin Ces fils narra
tifs se tissent entre eux grâce s
une phrase tiree des sermons de
leveque etuippone «Le monde
~
—~j
—
—
— —
est comme un honsnae il noie il
grandit et s? meurt
Ce livre sur la finitude de toute
chose organiseentre
ainsileisquotidien
roiisaiuii
rosnaneçaue
d un bistros houes serveuses beu
veries, parties de cartes defis en
vinlite j la philosophie bsainr
~ii~ltinversusLeibmzbetunpais
dc I histoire coloniale dela aurair
puêtreabsurdeetindigesie—pom
euxaussi Legennonsurlocliute
e orne est au contraire merlu
gent sombreetdrole Aussicausti
que que pense sans aus,un doute
graceal ecntureeeonnantedeltro
me Perran, d’une ample beaute
jamais academuque à ses phrases
admIrablement longues qui peu
—
II cite en nant le texto
quelui a adresseune
éditrice dActes Sud’
«t accord, les
mondes rneuren
mais enfre—temps
venttout se
te comme I
commeiapuissance ecquil’ausoe
sent aembnessertous lesaujele
Celuiquicon,mençaitleftessii
gulier tin dIeu un animal
Sud 2009) en affinnant i Bien sàr,
les dioses tournent males amuse
et s etonne qu elles aient st bsen
toumépourlui cettefois ci flcite Ne en sgGS en re,,
en nant le texto que luis adresse danaunefamillecorse qui retour
une editnce d Actes Sudqusndest nait suri ile à chaque vacance ou
parue la dernaèreliste de romans preique ils yanstallepourdebon
en lice pour le Gonçourt «Bac
ep ,g88 maitrise de plsilosophie
cord les nsa,jdés Pleurent niais en poche Il frequante as-cc
entre temps u tntrc temps s) enthousiasme lamouvanreindén estpas interdstd en profiter
pendantiste avant de chossir la
Entre-tempsaussi commejero
rupture puisd etreenvoyeauser
mererranl écntdanslesernson
vire militaire — « une époque ou la
«toutes nos viessontparsemeesde
lecrureetaitnsaseulejoiea dit cet
cadovresdemondeserahit, s llpre- amoureu’c de Dostoievslu
c,ee quand on tinterroge que le
Devenu professeurdephuloso
verbe trahir ne comporte en I or
plaie sur I sIc al change de rap en
currenre «aucune dnneneion 2003 et part enseighec au lycée
momlea «Celassgnifleseulement français d Alger Aptes un bref
quebonpasueeonscessed unsnon
retour en Corse al repart direcdeal autre enfaisantdesclsoix su
tion I epsairat d Abou Dhabi ois il
Lui mêmeaconsiruit sawe sur est depuis la rentree professeur
une sucreasion de bifuecations dephilosophieetccnseillerpeda
~
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s~rsss~ssrra~ gas%
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5’A1SLAS’AtOi,5 Rabrlese I Dsdser Galas
mr,szsiuisa Cima
rcsssset Nedjms Oenchaut I Laure Saupsqee
MOsTAVetiisc
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Doiuuiuc Eluesbeth Nazes I Frarsçoss Serreur
RAEAH tORDIT Lezare
I
Etc’, cs’uopc Manne Aursol I Gaelle Héraut
I
cocsrrJucnous Mute BarIlettI Mélasse Leray ~
s~s11As~rrsici~Lts’TusE PitOitcT
LAcets mus 053M isOtNM Ptia Ménard
tiiflsyvi Shakespeare I Thomns Jolly
si,,,,,,
II
tempsobsedepaelalindu moisde
— au sens aporalyptique du ter
me— qui n estpas son sulti
Du Concourt il veut d abord
retenir assurait il mercrcdi soir
rlodsmenslondereuss,rs rolkctt
ses li
sertir acosatentdspouvo,r
readre quelque chocs u Arrt, Sud
qeitjlui) n becitacoispilosint rmu
devoirtani di. monde contre sou
te attente se pressi. r ‘sur les ban
quettes de son drole debistrot e
ieAe’asAtcciLsveia
Scholastlque Mukasonga, Prix Renaudotsurprise
Le prix Renauclota été attribue,
mercredilnovembre, à la roman
clerc nvandaise Scbolaatmque
Miakasonga,pourNotre Dame
du
Mil, pana dans
lacollectioua
tcContinents
noirs,,,
chec Gails
mard L’auteure, qui nefmgurait
tutsi Virginue veronica Glorso
sa, en butte sa des humiliations
et a la montée destensionseth
niques Cotitreccs’est,mposeâ
nous», o expliqué
Frer,zRennu
Olivier
Gicebert,
l’un desiurée
dot, ercommeun ouragan» Le
changer leromeferrarsconstruit
pas dans la selsetion finale du
Renaudot de l’essai sa distingué
prsic,a obtenu G voix suriO,au
dixièmetourde scrutin Ce
romanestunpreludeaugenoci
de rwaedaie,vu d’un lycée ou se
sçnt réfugiées deajeuneafilles
Le DernierModele, de Frarsck
Maubert (Fayard), et Pascale
Gautiereatlaleuréateduprix
Renaudot Poche pour
Les Vieilhea (Folio)
«
Comme la finale de 1078 »
SEN EST ILSOIJVENU en rr our
romanrieronginaire deFozzano
postmoderne une fable dersinrsr
desacre de cette seancede signa
turesquiavaitmaltoume—ceIec
teuninsulairevenu luijetera la
figure unrouleau depapiertoilet
lrsnllagedeCalonitsa qui aMen
meeenaaintehorreuretfouleaux
pieds les classiqurs S ssJene loi pas
lus aujourd bus encore dansun
neequi pourrait prendre place
dansn umportequeldicor Aucun
ure sans doute ne saitquerarraru
estaaser cocsepoureensc mlya
tedanslahubrsmneou lyaquel
enmretuenaunaenauetCarsuces le
ques anneea ildedicaçami un
8novembre aux petits mots sers
roman? Drceseduteursquu sur
repondentaunr queauuonsur
I ils necroyaient paa vraiment en s Lal?enfenuiee lsvreculteou Marie
lui? PourPranre3Corse Ierome
Susmnuévoqusit dea sly e trente
lerran n sen tout cas pas megote
ans le theme du depart et du
sa,ioie e Unafehucuta erensenda a s reioursurl ule Ferrann a pas
comrnenteleoonroure 2otasurle besoindeparrauns insulaires
trottoirdeurousnt itsavaut qu au
lycee Petrh s Ajacrio ou il a ensei
Cochons et vieuxgerçons
gne rommeaulluatrotdu cours
s
Aussi important qu un pnx il y
quelquesmossoncora averl cri
vsmnMarrnsancarehls unsute cabri
queou sungrani les vieux unaulau
ress ravenus dracolonues sIs a~ape
latents la reronqucer dcl indorhi
ne ci I Algene
u Siurceree le la reronusnussssssra
n amvetou;ouraquedebescreneiir
soupureBiancarelli dont le rom-in
Murronu vient d ceretraduul du
coraerhez Actes Sud parson smu
ou ils tenudrs uscsfes philos on
tnnqusmt de1a a sa victoire Sana
parlerduToueva bien surIs place
du marche dontle patron jean
est une figure heroique du FLNC
desannees 1980 mais aussi un
r cousin ,du Isureac qui lui s
dedur plusieurs livres
lourde Gonuosust titre suds
rersan Depuis le 7novenlisre2os2
Jeeonae n n ri quedes a,nua etdes
admsuzsreeirs rarrsrsest devenu
en unaour un heroe surpsssanl te
premier boncourtdacen,c en
19035 sohn Ansoina Nau suteur
trop iardi de Tlsercrevoiinrr
ussreiir,corses ouenroro lassa
Sis, ai S t rassissra- e,re-u «5,
J
j
AsASOsi~TMaIhune BoIse
DOF0LARATTSGLiA Puppo Delbono
cssAcsasous
ChrseThorpe I iorge Andrads
~ e Lszsr
r.s,esçs n’eus sr.isns-T nseet
xte a la,, srssntlea pers
pectives tandis quel auteur evo
queleurs esperanres dêrues
Quelessiennes concemsntl ac
cueil du Sermon aient été plus
queromblées—avantltooncourv
85000 exemplaires du ramais
s etaient de1à écoules selon Actes
Sud —ne lassepas d étonnerjero
me Ferran lly voit un phénome
ne equs rehisve dcl aheafoirepursr
la rencontre fortuite entre le the
me de son roman et un air du
ainsi une oeuvre litteraire ayant
I sIc de Ijeaute pour epirenire ou
serotoisntletragiqueetlegroees
que et dont les personnages res
surgissent subrepticement d un
Vu de Corse
THEAmE NATIONAL
DE eRErAGNE/RENNES
sas r -, r,srsi, ‘25535 525
-
efrançais Cci
veau départ a coincide avec la
parution du Sernion et le debut
dutourbillonquecellt ciaimme
diatement declenehe — je roman
syantéteremarqueetsaltsedsass
pararrion comme t un des
mesileurs de Pi rentier lstierasre
(LeMonrle des livres du ajaout)
«le pense dit Il qu il e ccc sain
pour moi d erre loin de devoir
organiser nson installation cons
gerdercapies s
Plus largement ce que I écri
vain professeuraime dans la~ e a
des milliers de kilometrea de chez
lus c est’ lese,sein,entd etrangete
lapossibilstede (sel seneiràlapen
pherie s L exploration de posai
bics qui lui seraient auirement
inaccessibles
C est
aussi bien aur
cela
qu autonse
la fiction—élabo
rer des mondea lea habiter en
a souvent sa rereptmon Celle du
Sermon est un ob1etd ccude en soi
Pourles Corses leSer,sion rsconle
la nnd uneculeure la fascination
pourune ils faneasmea qui ne sur
vit pas al hiver I atmosphere
esouftsnredaces r sllsges ou ne
demeurentque les vieuxgarçoiss
et I es rnrhnnç et nus nn renes’ «te
k q0~. .9i’/’/à’a.
4, Ldt1rt~
H
/
a~
______
JEAN BIRNEAUM
Quatre pages
autouijle
l’amour, thème
du Ponnn philo
Le Monde
Ferran aime et comprend
Le Mans
T
J n’est qu’un seul moyen de connaitre, c’e t d’aimer,
disait Georges Bernanos. L’auteur de Grands cirneliè
i. î es sous la Iuiie (1938) affirmait la puissance eclairante
de l’amour; ii faisait dccc sentiment un elan de compré
.Contributions
Chnstine Angot,
Fabnce Had1adj
hension En ce sens, c’est non seulement un beau roman
d amour mais aussi un superbe conte philosophique que
• ~ntretien
Avec Catherine
Malabou
vjçnnent de recompenser les jurés du pri Goncourt avec
Le Sermon sw la chute de Rome, de Jé orne Ferrari çActes
Sud), Et ce pour la plus grande joie de l’équipe du « Mon
de des livres», qui avait tenu alui consacrer, le 23 aout, sa
premiere « une » de la rentree,
Oui, voila un grand roman bernanosien. Non seule
•Paruïons
ment parce que Ferrari y met en scene la betise comme
force spirituelle, mais aussi parce que le regard qu il pose
sur les médiocres demeure toujours empi unt de tcndres
se. L’ecrivain s’efforce de comprendre, il fait de son
mieux pour aimer Sous sa plume, l’imbecile apparait
•Programme
Tout savoir
sur le Forum
comme un pauvre diable que terrorise le moindre eclair
de lucidité Voyez Maithieu, le jeune heros du Semion
Lui qui a repris un bar en Corse, avec un copain, dans l’es
ET AUSSI
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C
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La geogiapliie,
ça sert, d’abord,
aJ’aire la guerre,
d’Yves Lacoste
poir de se batir un petit coin de pa adis, experimente lina
lement une e istence ignoble, qui suinte la mediocrite
sous le soleil de Satan La preuve, Matthieu est dans l’im
possibilite viscei ale d’aimer, comme en temoigne dins le
li~ re sa grande aur Aurelie Elle n voulait ni in pas
lui pailer d’amou et de compassion c’eraient des moN
qu’il elait incapable de comprendre. » Archeologue
savante et amoureu ‘e fervente, Aurelie est d’ailleurs le
seul per onnage1.i~ mie fl positifde ce ronnntout e nici
porté p ria theologme de sain AugustinD ns esConfe
sions, le Pere de l’Eghse decri~ ait I amour comme un clic
min de ente, une voic moyale vers la hau e conn’ii ance
Avec son propre et mon, Jerorne Yen an, qui est aus i pro
fes eur de philo o ihic m eh ice cette idee rilt’inte Ccl
lamemequi utileri
‘Id. t’ lu ! w n phi]oL~
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icudi 8novembre2012 Leflenno N 21 234 Cahier N ‘I Ne peut étre vendu separément www ietlgaro fr
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Pierre Loti
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Fécrivain et le dessinateui
on découvre le photographe
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Le président
Normale
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!.
—
Dans un recueil de documents inedlts signés Georges
Pompidou qui vient de paraitre (Robert—Laffont) son
fils Alain et historien Bric Roussel ont place en annexe
son Introduction au fameux livre de Peyrefitte intitule
Rue dvim c est en tète que ce texte aurait de figurer
tant dans ses écrits la formation littéraire du chef de
I Etat éclate au grandjour e PlusJe refléchis et plusJe
me sens prés de Boudelaire » ecrit le jeune homme à
un ami En 1970 dans une lettre a Robbe-Grdiet de—
serte encore sur deux vers du poète Oui [e Prance
compté un baudelairien parmi ses presidents Jadis
Cette déectlon n est pas Innocente En 1961 en pitine
crise algérienne celui qui est alors membre du Conse I
constieutlonnei travaille é une anthologie de la poésie
française et échange avec le meme ami sur ce grave
sujet faut-li y mettre Pierre Reverdy ou pas’ (Pour
Baudelaire la question ne se pose pas)
En 1967 il ht sur épreuves les Antlrnfmoires et donne
son avis e I auteur « Lin ouvroge qui ne se lit pas com
me Caroline Chérie » Il y est autorise apres tout
Malracix est un de ses min stres d État Vous n y etes
pas I interêt de Pompidou remonte aux années 1950
quand li publia une étude sur I auteur de La Condition
humaine pour une collection de classiques scoiaires
Et quand li reçoit le feu vert du gênerai de Saute pour
lui succéder à qui confie—t—il ce secret qui va changer sa
vie~ À la presse à ses fo[lowers~ À Mauriac avec qui il
correspond soit pour repondre à ses « Blocs-notes»
soit comme lecteur du romancier Les deux hommes
partageaient une certitude le mefieur anaiyste du
monde contempora n c est Dostoievslsi celui des
Possédés, On voit par là le ilen profond qui les unissait
Depuis six mois, il est souvent question de Voltaire et
de François 1-loilande On se prenaIt a rever la ittarature
irrigue encore la politique celle dont I auteur de L Ingenu
disait qu aile était la premier des arts (et le dernier des
matiers) Las i Voltaire est desormais un nom de pro
motion ÀIENA ~
—
—~
Le roman absolu
»i e est lu l’veisgyang en Republique
populaire dcinuocraitque de Corec
ou je me irouvais ii y a une qiuin
saine de jours que dans nue chambre du
cptiemeôlagc dcl hôtel \aisgakkdo jai lu
les _enr prenaierec pages du Murscitid alaso
hi Ccla arracherait il la guculc de quci
qu un cela arracherait il la plane d un
ci itiquc cn Prance d ecrirc de reconnai
tir, d admciere commeje le fais à prisent
qui. nous ommes en presence d un chef
cl scus re iiiul aussi absolu qui. le Murecttat
ui qucstion lIe t afdirmc avec d autant
plus de iibcrrc que mes relations -ss’ec ledit
leiurdc se bornent k tin article négatif dc ma
pari ils s dis ans ci àune lettre d insuilesen
retour desa pari) Un chet d oeuvre c est
t r-qui. cluaque motif cluaque phr’see cita
que mot presque ressemble k la tapisserie
iuut entiare turrensent dit on chef
cl mus re e est quelque chose qui rappelle
lis trac taIs de M’undetbroi Un cIsc f
ccilsre u, est lorsque la foinse choisie
cpisuse sans le moindre mullimeire pour tes
sont convoqués a la fois en uni. démenec
polyphonie pour faire rendre gorge sous
{Saddam u Kadhafi Moburu • tous lei
autres) règne sue du sérieux bidon u est le
comptable dea fantaisies le dansetie de
t aleiscc Surtout Je chef d oeusre (qui
remplace les esachnudes par la x(ritè) sait
dire la comple’cii~ mieux que n importe
qui je m interdis de citer une seule phrase
dccc monument souspeioede le défigurer
Mais c esr tour le Xxi atecle qui c-et là di.
d’uns enfeea’uè C est tout ce que la fiction
tous les angles depuis tous las points de
des hommus a pu produire hors t art qui
SI
•
~
_r
~
vue dans ioules les dimensions s ce qtle est raconté duos ce roman total définitif
nous nommons sainement le rCel Jamais d une perfection qui gifle Aucune nu-snce
iismsn (en tout cas Jamais roman lu par (linguistique geopolitique psychologique
moi) n aura teussi a dire Is dictature cette piutlisioplaique htstoriquc nialii’ureb inc
contamination du Tout parla fiction de ta manque ici On nisus a pollués aser, la soi
sente pur Ic mcnsonge dcl dire air le son
disant ambition de purs n’snais de sinistiee
ge Le \fiirectrit utssatu est une fiction sur la pc nsunus conime Les Bietiscillaiites de Littell
mise un fiction du monde Ici Rabetais ou L Artfrutiçen de teguen-ede ~pauvre et
cunsoque soijenttsyne Cli-slamos rencon
scolaire Alisis lenni psui moi
ire gb5 Henri \lichaus digère
Le Moiccttul absots est ~usqu
Radin. Pongc épouse Pruno
prZ1~,’,~
nouvel ordre le tiseili. tir
Lest ilion salue Sinsnnc Wcil
roman français de ce dcbut
la langue française deptoic sia I ~s suset~( tIM~ I de XXI sied. ii. ne nuis crotte
fichait cf Cie
Patrick DeVIPe
Peste & Choléra
ii iii
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aubert
Le sacre
de Jérôme
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de p ode
t Un Nuits)
Eren k Meut rt e
r ut oeiir près
(Nuit
E
Le Concourt et le Renaudot
ont été décernês nier
dans une indescriptible cohue.
~pr~
le
s or
OHAM
A1SSAOU1
E JURES tise Concourt t
du Renaudot ont l’art du
~
uspon. ta L’aamonre des
~
lauréat était prévue C 13
~ heure
au ra taurant
Drouant omme c’est la tc dtrion
depuis do déctuni
\ 13 heure
pile, Dedier Docoin, pou I Con
court or t’e.orges-Qleveer Chiateau
reynaud, pouf le tienaudot avencent et annoncent le noms dc
heureux élus Maie les journalistes
pre.kent n’entendenr ab ulLunent
ntn il n’~ e pas de en, eu 5e bien
que hacun mterrogeatt un vol in,
«Mat cc Nue uiaesc’e tr,,ei Le
nom de) ‘rume rerrare cm s
pour le. pri, Concourt, mac, ,
pre.-e. itt code t l’znce.’r ulude dci, ce,
ce Uaaejournale te t lé c otr bonde
de. laror e Je caGes pu c’e t las I
leu llsr.vatra ois qeeelepee duo • comme
ça 11e eignomantprls, le, quel
que etc é couines çae e cuvela dire
Scholasrcque idukasooga
lt faut donc arrend e quelque
minuta de plus pour coimairro le
Renaudot e,, atirsbu àl’e~cellent
livre de rranck Islaubert, peureuse
prosesnre comme. ‘ecu roman, Le Per
iii lé dde (Mdle et Une Nuir ), qui
e.’ oque lu portrait du dermer modal
de Cia omette Le lienaudot poche
revieut à P cale Gautier pour Le
celle ( Folio , Gallimard)
Tou.Aosjeurnah. te se p collation
vu le juré du Ronaiadot, re. pote
~‘
abC de la urptise du jour I
tendue choie uqut Mut o
C tte romanclere aseandai r
ab ute de la pre.mlere.
d’aulonin ( on no’
ment éte ciré en juaii1’.i
poa é doses la lacune kunaeee
s’il afaliu etc roter pour la s
Tassills ~stexeetis FI
Seine Il re r ont olitenie des
jueji se, I évadé de 51e celte.,,
affirme Georges Olivier Ch’t
revu ud.
u vi
die
et
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C
ou
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cHu
Einbailetnent
En metrro cane quoique, juré’
finltparavoerlefeninot del’h,
Ne p von nI p
I url or ~‘
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onga Li de eu ai,,,,
ralurt fran ophon’
jerôme ,are.in, auteur e
logeotex ur elle, no ‘y
En utte
t l’e
r’ jureS ail nrjuaqu’ap ononcerle.,,
de oiereeglaue
‘C é t un (réa bon
livre, on e en voulait de l’avoir
oubli t, ide, e’ t ace I de aire
decoeevnr sen auteur renaarqeeattle •
ajoure. Gie bort
Dans l’autre alose celui des Con
court, je datibératiens ont plus
rapide De le deuxaeme tom 3e.ro
Pivot qui re.rourne
ami. dcgu ter de.
b et nne
rôties
e d un amt millon
grand cru 0998 Régi Dobra o t
e galtmonr de ce choe~ C
toisait dut on ide rance que? la fin
d uer inonde n e tpae lafiii die mon
de Ce ber corse e ton aileguri et
ta Fronce el’aufoeard juil.
ioseute t la tope doce quel’on
soir li que année une foule de
journaliste que e aie de e frayer
un chiman dan, le lab aintlio du
ce taurine decidémeut trop p tit
peur accueillir ois lei esénemont,
des came. as qui e battent d’
o hirondelles o en quéte de petits
loura Dan Lette ambtaneeqeeires
omble te rme cohue dans I métro a
l’heure de. pointe sen jour de grève,
un I onune me te étonnamment de
ma lare jéroin rerrare Le rho
o psi. enLier ça sa redevenir coi
moi’, dit il avec le utsrare.’en
re.pond ni pou h enriensa fois 5 la
me.me question On e beau etre lau
—
t
r
rn
roman depta ‘e i e
homard Pivot
cusrhoo i te, li dit bonn oop de
bitte dur mande t7orrari et osa,
etc tueurs écrit p 0m, e eh ont
que dorent ce ace iDO ur Le Ser
mon ur la rleute de Uome L’aottur
oient proie eur de phdo ophee au
lycee Iran ais d’ \buphabi PI etc
cebonneot “Ce t lapreinie.re.fou
pieuse hiomnie que vient de.’ Lins or
arabe va e’enri 1cc’ cci Fronce s,
Pendant ce iemps, une fquipe. de
Canai tente. depeégerl’an en ani
mai or d e \postrophca s in accu
sut let Gonrosertde ectare nie, car
oeun li mmc politique na tu le
pre regesaux prix. s t e. tst’n le.
-
jeu
réac du G secourt on n’en
moires plulosophe
t pa
Stupeur et interrogations
La Rwandaise Mukasonga décroche le prix au bout de dix tours de scrutin
T I
Cil
d courre le Tut e
T
LA ou prise. geueratr,
les jeecé du Renaredor
ont eecompeu e. un
coin n qot n fi serait
pas sur 1cm I etc Cens
le il ‘ager de ‘Votre Oai,eee clii I il,
qieatrie.isee. recel rl’sene qu’est us
t lIse, i,5,e t ‘ni, i ,n,,e
lirttegcei n
F nue. démit 199’, eUe ut tian le
Calvados ou cIl e. t a t lance
o laie
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Un livre passe maperçu
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Le roter de1, s p
quip -rmet cci
inc y Renauadur de dccc eec sou pc-al
un tcrivaias ne fegeerant p,
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I tsr, n ‘e. t nos suce n mee.re i e.v
dirrl e. oc 1k e
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i4et ~ ‘ s’agac Puot qui ietourne
contre quatre àPataicl Deville, d ja
aupr s de ses amis degu ter des
tomorlnépar le Femina.
langoustines bretonnes roties
La révélation de l’année, Joui Die
accompagnées d’un aint émulion
k r, a obtenu une voix au premi r
grand cm 1998 Régis Debra est
tour. On croise Patrick Ranibaud, la ravi, également de ce choi « Ce
mine pas trop 303 euse. On s’en roman dit en substance que la fin
inquiète. Ce n’est pas mon candidat d’un monde n est pas la fin du mon
qui agagn
>,explique-t iL Ques
de. Ce bai corse est une allegorie de
tion: «Vous pi efériez JoLI Dickei ‘
la [‘rance d’aujourd’hui
Etlui, du tac au tac. ~LeDick r Un
la suite est h copie dccc que l’on
joli roman de plage!
voit chaque année une foule de
Bernard Pivot semble plus journaliste qui e saie de se frayer
enthousiaste, il tilt beaucoup d
un chenun dans le labyi inth du
bien du i oman de Ferran — il avait t estaurant décidément trop petit
d ailletu écrit sa premiLrc. chrom
pour accueillir un tel événement,
que de rentrée au JDD sur Le Se;
des caméras qui se battent, des
mon sur la chute de Rame. L’auteur
« Ni ondelles» en quete de petits—
étant professeul de philosophie au foins... Dans cette ambiance qui res
lycée français d’Abu Dhabi, Pivot a semble à une cohue dans le metro à
cebonmot’ C’estlapremie?efois l’heure de pointeunjOtir degreve.
qu’uit homme qui vient des Emirats un homme reste étonnamment de
arabes va s’enrichir en France ..»
marbre Jérome Ferrari. « Les cho
Pendant ce temps une équipe de
ses passent vite ça va redevenir calCanal tente depiégerl’ancienani
nie», dit il avec le sourire en
mateur d’ « Apostrophes~ en accu
répondant pour la centième fois à la
sant les Goncourt de sectarisme, car
même question On abeau être lauaucun homme pe1itique n’a eu le reat du Concourt on n’en est pas
piestigieux prix
si ce bien le moin philosophe.
I~
r’lix
I
je contrc
Tutsis. Réfugic ~
rrance depuis 1992, clic vit dans le
Cal’, ados où elle est as istante
sociale.
-
Un hvre passe inaperçu
maudot a
ga, les jurés
uement pour
d’expression
Le tom depasse passe qufpermet au
jury Renaudot de décerner son prix a
un éciivain ne figurant pas sur ses
listes n’est pas une première. Les
membies du Renaudot ne sont pas
des plus pointilleux sin le réglement
(le prix décerne en 2004 à Irène
Némirovslcy, auteur mort en 1942,
reste dans les mémoires). En 2007,
Chagfin d’école de Daniel Pennac
avait iemporté le prix dans les
mêmes conditions: lui non plus ne
figurait pas sut 1cm liste.
On est d’ailleurs en droit de se
demandei combien de jurés ont lu
tours de scrutin
ce récit. li est en effet passé prati
qament inaperçu à sa parution au
pimtemps dernier Une chose est
sûçe: Jérôme Garcm l’a lu et aimé.
Juré du prix Renaudot depuis 2010.
le patron des pages Culture du
Nouvel Observateui n consacre une
pleine page élogieuse à Scholastique
Mukasonga...
Par ce choix, les jurés Renaudot
confirment 1cm’ engouement pour la
littérature africaine d’expression
française. lis avaient choisi le
Guinéen Tierno Monénembo, en
2008, en 2006 le Congolais Main
Mabanckou et en 2000 l’Ivoirien
Ahmadou Kourouma.
« Notre-Dame du Nu’,
de Scholasftque Mukasonga,
Gallimard, 240p., 17€.
,L
-!
Pascale Ciii lei, r
edi1rice
cri ~ep
te
tomai toujou a~iec ce ton
singufier qui la e ractérise
Dans Les Vieilles, elle r conte
les affres d’un village en ie qui
n’est habite que de vieilles,
des veuves pour essentiel,
dont la plus jeune doit avois;
ner les 70 ans, Ce village enso—
cillé toute l’annee se nonime
Jérôme Ferraît
professeur agrégé
de philosophie, n reçu
le prix Concourt
pour son roman
Le Sermon
sur lachute
de Rome ».
O POLI.ER FEOEPI ow
Trou
M. A.
A
1
.ExpocaIyJ~se
corse
ciir iti fin rl’i’in rnnnd
L
ASTRID DE LA Ml
~.L
T
,
EUX ETUDIANTS
en philosophie a
Paris, Matthieu et
Libero,
reen
tournent
~LL
L L LtJL L
chute, celle de la Rome anti
que au VL siecle, chute que
saint Augustin commenta
dans un sermon sur la fragi
lité des royaumes teirestrcs
Le destin est aveugle
bai’ de 1cm village qui péridite Contre toute attente, alors
1968, agregé de philosophie,
et actuellenient professeur au
tagne semblait sur le point de
que
le village perdu de mon
s’eteindre,lesdeuxamispai
est totalementimprégné parla
lycée
Dhabi,
culturefrançais
corse d’Abu
Il a d’ailleurs
viennent
a ranimer
le hetero
bistrot,
n attirer une
dientele
cite et joyeuse, un quatuor de
publié
premier
litres sursesViledeux
de fleaute
et il
n’hésite pas a traduire a
serveuses, im joueur de gui
tare
On au; ait dit que
c’était le lieu choisi par Dieu
pain expéri;nentm le règue de
l’amour su? Tei-re. » Ce n’est
pas l’avis d’Aurelie, la soeur
de Mattlueu, qui emage de
voir son frere se réfugier dans
cette illusion villageoise
infantile ..
Dans ce roman très corse,
mais qui est aussi universel
q~ie la tragedie grecque,
lerôme Feriari se livre à une
réflexion sur le déclin du
monde occidental, Le village
de tous les espou’s devient au
fil des pages celui des illu
sions fiacassées En contrepoint hi torique, Jérome
Ferrari rappelle une autie
l’occasiondestextesdelangue
corse en français.
Ce Corse est trop marquC
pat les puissances païennes de
son de pour être touché par
l’espérance chretienne de
l’évêque d’liippone.
Le sentiment qm prédomi
ne dans son roman est que le
destin est aveugle et l’histoire
sans fin, Celle que conte
Feriari est pourtant sauvee de
l’absm’de par’ quelques per
sonnages féminins siu’ l’ame
desquels les malheurs glissent
sans laissei de sales traces
noires.
«Le Sermon su; la chute
de Rame’ , de Jét âme Ferrari,
ActesSud, 204p., 19 C
2OSCL
UTTÉRATURE Avec cinq
voix au second tour,
le Goncourt est ailé
à l’écrivain corse
pour son roman
«le Sermon sur
la chute de Rome»,
paru chez Actes Sud.
Llo~pATloN JEUDIs t’jovEM OPE 2012
I
p
Par CLAIRE DEVÀRRIEUX
A
Sud tiennent leurdeuxieme Concourt,
après celu, qu’a reçu Laurent Coudé
en 2004
VCC
JerômeleFerrarl,
Sermonlessur
edstions
la chute
Actes
de
Rome (1) aremportéleprix hier au second tour,
aiec cinq voix Nul doute que chacun dans la
maison aura eu une pensée pour le fondateur,
HobertNysaen, disparurty aioutjusteun an
J(rôme Ferrari, ne en1968, ars
sises a Arles en 2007, pour sonpremier roman, le
Secret, apres deux recueils de nouvelles parus
en Corse Cinq ans et quatre btrvs plus tard on voit
comment tetule et se desetoppe un tempémment
Les situations s’affinent lesenchainements sont
plus audacieu,. etsolides les phrases s’allongent
les réféttnces visent le sonamet l’isspntet le verbe
de sont Augustmplanent ainsi sur ce prix Cnn
court, mut re d’un t onlancsct s~ nipathique,
oul,crt s~ntuxctparfaitement naturel Agffgéde
pliitosophic qui enseigne drpius la entrée àAbou
Ohabi après a; ou éte en poste à lger et à ~Jaccio
Jt.tome reriarl consscie tons ses moments de Il
berte e l’ucriturc dès lots qu’il a’,in sujet en tête
{Ltbtnsuon du t~r novembre) ‘nIais il tient a son
métIer deprotcsseur, qui le met en contact avec
d autres mondes que le vien
DERAISON Son sujet tout au moins son territoire
tsttémirt. c’est la Corse Mcme quand un de ses
romans ne s’y passe pas le lien cxisle Oie; ai
laisse mon orne par exemple qui précede le Snnno,i
arr la chute de Rome met en scene un affrontement
moral en Algérie, pendant la guet re d mdc
pcndance Le heros un utficier est corse On re
trouve sa parentéle dans le Semion Toutes tes hIt
tories que raconte Jérôme Ferrarl sont en effet dcs
histoires de famille Le personnage principal du
Sermon est un Jeune Intellectuel ne à Pari — —
F’ermri rcmportc
1
—
1~
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___________
•
__
LIBÉRATION JEUDI 8NOVEMBRE2012
Saint-Dei~s, la mise er
Rauck insuffle délicatesse et violence à la j
THÉÂTRE Au TGP de
(son enfance est celle de l’autan), qui rompt
un bai, microcosme cher à Ferran, avant de repar
«Les Serments md
amour, gioire et Ix
mveise. l’exil, puis le ietour «ils étaient tous des
•
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melles comme de la boue». l’aieu] apensé échapper
au sort commun Mais partir pour l’Afrique comme
adxmnistrateur civil, pile a i’epoque où l’empue
colonial chspaiaissait, voila qui ne promettait pas
des lendemains bien chantants. li est rentré chez
lui, plem de lage et de déiaison
Le roman est n ngué de couiants sensuels, erotiques, violents, et d’éclairs de sagacité (dus suitout
aux femmes),]! imbrique les ainerentes strates au
fle siècle mcainees pai les personnages Chacjiiè
chapine est mtrocluit pai une citation ue saint
Augustm, qui dit que le monde (tous les mondes,
et tout un chacun) va a sa perte, mais qu’on en
vena d’autres «Peut-étieilomen’a-t-ellepaspen
si les Romains ne perissent pas», et de toute ma
meie, «Où vas-tu en dehors du inonde?» Le dernier
chapitre, intitule «le Setmon sur la chute de
Rome» (a cause du sac pai les Barbares en 410) est
attiibué a Augustin (l’évêque), mais a été iedigé
LÈS SERMENTS INØISCRETS
de HÀRIVÀUX nis Christophe Rauck
Théâtre Gérard Philipe de Saint-Dents (93)
Jusqu’au 2 décembre Rens 0148137000
j arnraux, qui n’était pas le plus
‘ mauvais analyste de son piopie
LV
théâhe, ievendiquait la singulanté des Serments mdiscretspai rapport
a d’autres pièces «Dans la Surpiise de
l’amour, cci ivait-il, il s ‘agit de deux
personnes qui s’aunentpendant toute la
pièce, mais qui n’en savent rien eux -mémes, et qui n’ouvrent les yeux qu’a la dci
niei e scene Dans (les Serments indisnets], il est question de deux pci sonnes
qui s’aiment d’abord, et qui le savent,
mais qui se sont engagées de n’en rien temoignet, et quipassnff leut temps à luttei
contre la difjiculte degardei leur parole en
la violant>,
Lest. Donc, Lucile et Dan-us sont deux
jeunes gens au caiactere bien tiempé,
qui n’ont pas l’mtention de se plier a la
volonte de leurs pères respectifs de les
mai ter Pi oblème. au moment même
où ils se font seiment de ne pas s’epou
ser, ils tombent amoui eux. Et comme
ils sont aussi têtus l’un que l’autie,
aucun des deux ne Ifiche du lest, quitte
ase pouiih la vie,
Dans l’ensemble, les pieces de Manvaux sont plutôt sut le modela de la
Surprise de l’anioui nous savons ce que
lespetsomiages ne savent pas, et le suspense, pom les spectateurs, iepose sm
la question• quand les héios vont-ils
/I
-
pai Jérôme (Ferrari)
FÀNTÀISIES. Au moment ou ce deinier, hiei,
connaissait «une chute de tension qu’on peut courtderei comme une définition correcte de lajoie», le
jury Renaudot couronnait, au bout de dix toms,
un hwe qui ne figurait pas sur la sélection (le jury
Renaudot est coutunuei de ces fantaisies) la
Rwandaise Scholastique Mtilcasonga, auteuie de
Notre-Dame du Ml (lire ci-dessous), permet a Galh
maid de figuier dans les recompenses de
l’automne, grâce al M G. Le Clezio qui a propose
ce ioman au vote de ses collegues (et n’oublions
pas, pom l’écurie Callimard, le Goncoui t du pre
miei ioman, iemis ily a quelque temps a Français
Gaide) Fayard, enfin, aleflenaudotessaiviason
departetuent des Mille et Une Nuits, poui le Derniei
Modele, de Franck Maubei t
Rappelons le bilan: le grand piix du ioman de
l’Academie flançaise est aile a Joèl Dicker, dont la
Venté sur l’affaire Hariy Quebert (De Fallois) avait
ses fans au juiy Goncomt Longtemps donne favon
pour la iecoinpense la plus convoitee, Patrick Deville a eu finalement le Femina pour Peste & Choleiu
(Seuil) La Martinière-le Seuil a temporté aussi le
Médicis, deceiné a Féene généiale, d’Emmanuelle
Pireyre, publie â L’Ohviei, une marque du groupe
Il reste le piLx Decembre et l’interallié, mais, pour
l’instant, Grasset se contente du Femina essai (To
bic Nathan) et du Medicis éti auget (AN aham Ye
hoshua) Actes Sud engrange enfin le Medicis essai
avec Congo, une histoire, de David Van Reybioucl(
Aune exception pres, il n’y a que des ecnvams m
téiessants dans le palmarès 2012 e
(t)
enfui ouvru les yeux? Alois qu
les Serments indiscrets, ce sciait
quand vont-ils accepter de les fe
C’est surement plus mteiessanl
aussi plus crispant Le public du
de Manvaux était plus habitué a
nuere mainère. La piece fit un fi
de sa création par les Comédieni
çais, le 8 junUl32 Selon un terne
fut même sifflée «depuis le comr
ment du second acte jusqu’a la ti
scene du cznquieme»
Rien de tel au Theâti e Ge~ ai d I
de Saint-Denis, ou l’attention ne
jamais pendant les quelque deux
que dure la tepiésentation tégl
-
Brusque et ft~dllernent b
Lucile souffi-e de ce qu’
appeler une certaine m~
la tendresse par trop-pi
Chnstophe Rauck, le maître des
«C’est, dit-il, pai le détail du trc
de7zcatesse de la composition qu’a;
la violence d’une chasse ou d’ut
taille » Tapis, bougeons, fauteuils
deaux de tulle, les elements du
disposés sui le plateau semblent
la dans l’attente d’autre chose, ci
si 1cm usage exact n’était pas e
determmé. De même, les costui
moitie boutonnés, ou melange~
epoques, ienvoient a un inache
temps qui serait plutôt celui de la
tition que du spectacle bien leche
CRGAT~E, ~t:
LA VG~W
«Le Sermon sur la chute de Pome»,
de Jérârne Ferrer,, éditions Actes Sud, 208 pp, 79C
1er,
~
-
SÇ~OL&STIQUE MUKÉ~SONG4
DECÇOC~-IE LE ~ENAUDOT
Toute l’oeuvre de Scholastique Mukasonga
___4_-_,_I____,_s_____..____i’
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inwr1w awe~
BOOKS Corsican epic wins France’s top boolc prize
-
Â
LEADING NEWS SOURCE FOR TURKEYAND TIfS REGION
Corsican epic wins
France’s top book prize
PARIS
-
Agence France-Presse
F’rench writer Jerome Fei~’ari (C) is surrounded by media after
winniug the Gonconri Literary Prize 2012 for his book ‘Le Sermon
sur la Chute de Rorne’ (Actes Sud), at the Drouant restaurant, in
Paris, France, 07 November 2012. EPA Photo
France’s
top
literary
prize, the
Goncourt,
today
went to
Jerome
Ferrari for
a Corsican
epic, set
in a village
bar on the
violence
wracked
Mediterranean island.
“Le Sermon sur la Chute de Rome” (The Sermon on the FalI of
Rome) tells of a young man who packs in his philosophy
studies to open a bar with an old friend, hoping to tan it into a
haven of peace and friendship.
But things take a radically different turn as drink, sex,
corruption
and the violence for which Corsica has become
known
cast their shadow over the young idealists’ plans.
--
--
Himself a philosophy teacher, currently at the French lycee in
Abu Dhabi, the French novelist previously taught in the
Corsican capital Ajaccio.
His Goncourt win comes with Corsica making headlines over a
jump in violence, with 38 murders and 117 attempted murders
since the start of 2011, fora population ofjust over 300,000
the highest homicide rate in Europe.
--
http://www.hurriyetdailynews.com/PrintNews.aspx?PageID=...
12/11/2012
BOOKS Corsican epic wins Franc&s top book prize
-
Most of the slayings, police believe, have been liriked to feuds
over control of protection rackets targeting tourist businesses
and lucrative property development on an island that remains
relatively unspoiled.
But rather than a crime novel, his book is a sweeping fable on
frustration, disappointed hopes and the futility of human
endeavours, set against Corsica’s dramatic mountain scenery.
Its title refers to a sermon delivered by the mediaeval
philosopher Augustine following the 410 sack of Rome, from
which Ferrari quotes the unes, “The world is like a man, it it
born, it grows and it dies.” The lesser-known Renaudot uiterary
prize went to a Rwandan writer, Scholastique Mukasonga, for
“Notre Dame du Nil” (Our Lady of the Nile), which tells of a
group of young girls trying to escape the 1994 genocide.
Mukasonga, herself a Tutsi living in France, lost much of her
family in the massacres. Her nove! was a surprise win as it was
flot part of the officiaI selection put before the Renaudot panel
ofjudges.
For the Goncourt, Ferrari beat out competition from li
novelists including the 27-year-old Swiss Joel Dicker for a
crime novel openly inspired by the US master Phillïp Roth
the extent of drawing an accusation of plagiarism.
--
to
“La vente sur l’affaire Harry Quebert” (The Truth About the
Harry Quebert Case), tells of a young writer working to clear
the name of his old mentor, accused of murdering a teenager
30 years earlier.
At odds with its mostly ecstatic reviews, France’s Nouvel
Observateur attacked the book as a “pale rehash” of Roth’s
classic work “The Stain” about a wniter and his one-time
professor unfairly accused of racism.
Parallels run from the broadly similar plotline to specifics like a
main character born to a ]ewish family in Newark, or the sma!l
US university town setting, in this case called Athena, the other
Aurora.
But as Nouvel Observateur acknowledged Dicker does make
plain his debt to Roth
whose name he gives to Quebert’s
lawyer in the nove!.
--
NovemberIO7I2Ol2
http://www.hurriyetdailynews.com/PrintNews.aspx?PageID=...
12/11/20 12
Corsican tale wins France’s Prix Goncourt Arts & Entertainment CBC,
-
-
Cor&can taUe wins Franc&s
Pdx Goncourt
GBC News
Posted: Nov 8, 2012 12:13 PM ET
Last Updated: Nov 8,2012 11:53 AM ET
A novel that’s been described as a poetic Corsican epic bas won Franc&s
top literary prize, the Prix Goncourt.
French writer and teacher Jérôme Ferrari was named winner of the
venerable literary honour on Wednesday for his book Le Sermon sur la
Chute de Rome (fie Sermon on the Fait qfRome).
Le Sermon follows a young philosophy student who tosses aside bis
schooling for what he imagines will be a peacefùl, easygoing life running
a bar witb a friend on the island of Corsica. However, the pair’s idealistic
dreams are dashed, amid alcohol, sex, corruption and violence.
The French island bas made headlines in recent years for its increased
violence, with a disproportionate number ofmurders or attempted
murders for its population of about 300,000.
The jury praised Le Sermon as a “fine parable on contemporary
hopelessness, but witb a hopeful message: the end of a world doesn’t bave
to speli the end ofthe world.”
Ferrari, who beat 11 other novelists for the literary prize, named bis book
after the first of four sermons by ancient philosopher Augustine, made
after the fifih century sacking of Rome.
Born into a Corsican family that had relocated to the French mainland,
Ferrari retumed to the island to teach pbilosophy to high school students.
He continues to teach, now in Abu Dhabi.
First awarded in 1903, the Prix Goncourt is named afler French author
and publisher Edmond de Goncourt and recognizes “the best and most
imaginative prose work of the year.”
Thougb the winner only receives a nominal cash prize of €10 ($12.72
Cdn), being chosen typically results in a major boost in an author’s
prestige as well as in bis or ber book sales. Past winners bave included
Marcel Proust, Simone de Beauvoir and Canadian Antonine Maillet, the
first non-European recipient of the prize.
bttp://www.cbc.ca/news/arts/story/20 12/1 1/08/prix-goncourt-... 12/11/2012
Tale of philosophy, violence and a Corsican bar wins France’s Goncourt
r Fj
Pubiished on RFI (http://www.engiish.rfi.fr)
T&e of phllosophy, v~o~ence
and a Cor&can bar w~ns
Franc&s Goncourt piize
Created 2012-11-07 17:55
By RFI
F ra n ce
France’s top iiterary prize, the Goncourt, has gone to phîiosophy
teacher Jérôme Ferrari for The Sermon on the Fail of Rome a
novel that takes place in a bar on the violence-tom island of
Corsica.
-
As is traditional, Goncourt
in a Parisian restaurant.
~j
officiais announced Ferrari had won
Ferrari flew in from Abu Dhabi, where he teaches at the French
lycée, to coilect his award.
Any impression that he was taking the news with sang froid was
an illusion, he told RFI.
“l’m not cairn at ail, i’rn overwhelmed,” he said. “Luckily i’m very
tired from the flight so I seem relaxed. I have been drearning of
this prize ever since I was shortlisted for the Goncourt but it
hasn’t been my Iife’s ambition to get it.”
The Sermon on the Fail of Rome teils the story of a young man
who drops his philosophy studies to open a bar in Corsica,
hoping to create a haven of happiness and peace.
But sex, drink, corruption and violence take the plot in a different
direction.
“lt’s difficuit to describe my work because my books aiways
contain several narrative threads,” Ferrari explained. “That said,
thi&bQgk is about cycles how srnafl wodds, empires, bars and~
men, grow and die.”
-
http://www.english.rfi.fr/print/1401 31 ?print=’now
12/11/2012
Tale ofphilosophy, violence and a Corsican bar wins France’s Goncourt
The book’s titie refers to a sermon delivered by the mediaeval
philosopher Augustine following the 410 sack of Rome,
Ferrari quotes the unes, “The world is like a man, it is born, it
grows and it dies.”
Born into a Corsican family settled in mainland France, Ferrari
returned as an aduit to teach in the Corsican capital Ajaccio
before leaving for Abu Dhabi.
Corsica, which has a population of 300,000, has seen ~
murders and 117 attemnted murders since the start of 2011
the highest homicide rate in Europe.
[2],
The Concourt awards a mere 10 euros to the winner but is a
guarantee of good sales for the happy winner.
French author Jerome Ferrari (C) poses with his bock at the Drouant
restaurant in Paris
Reulers/Benoit Tessier
Rwandan author’s genocide novel wins France’s Renaudot onze
[3]
British author Zeldin given Légion d’honneur, welcomes
Hollande election [4]
French identity debate inspired Concourt literarv prize winner
Jenni [1)
Nobel literature prize goes to Swedish poet Transtroemer ~
Corsica,FR
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[3] http://www.english.rfl.fr/africal2ol 211 07-rwandan-authors-genocide-novelwins-frances-renaudot-prize
[4] http://www.english.rfl.fr/culture/201 2051 8-british-author-zeldin-given-Iegion
-dhonneur-welcomes-hollande-election
[5] http://www.english.rf].fr/culture/201 11 006-nobel-literature-prize-goessweclish-poet-transtroemer
http://www.english.rfl.fr/printjl 40131 ?print=now
12/11/2012
ur und Stadtpla
ner Zeit, die Ent—
villkûrliche Eau
chen Umsetzung
r. 80 wuchs die
sive von no 000
r an, die 1993 von
1
en
t: Konstrukti—
dtebildern im
rt. Mit Martin
r u. a. Histopi—
2180 -5532,
reagiertenunsogardieunesco mitderflro
hung 2001, der historischen lnnenstadt
den Weltkulturerbe-status au entziehen,
zumal der wachtige Komplex innerhaib
derPufferzone umdieAitstadt liegen wùr
de. Davon unbeeindruckt erteilte das Rat
haus 2002 die Baugenehniigung fOr Wien
(08341) 906
smus. Vortrag
ung, Tel. (040,)
I John cage
t Peter Micha
u. a Boyeri
nKiinste, Tel.
nsforschung:
e, Vergleichs
:r Zaunstôck,
fszentz-um des
T Ton Jahr zujahrentwachsen die Her
‘~/ renvonderGoncourt-Juiy —aufder
V zeitneun Mànnerkommen nurzwei
Frauen — dem Zerrbild des abgekarteten
Spieis. Nebentàtigkeiten ais Verlagsbera
ter sind seit ein paar Jahren untersagt und
auch des gesunicene Durchschnittsaiter
macht sich in der Wahi bemerkbar. Auto
ren ‘vie Tahar Ben Jeiloun, Philippe Ciau
del, Rêgis Debray gehâren noch nicht zur
Greise ng eneration.
Vor eineinJahr entschieden sie sich fOr
denNeulingAlexisienniundseinen Monu
mentairoman Die franzôsische Kunst des
Krieges”. Diesmal fiel derEntscheid auf ci
nen nicht mehr ganz Unbekannten. Mit
demls6BgeborenenJêrômeFerrari kûren
die Goncourt-Juroren aber einen der bes
ten Autoren der neueren Garde: einen
Schriftsteiler, der ohne Skandallhrmin die
vorderste Reihe rùckte. tlnd sic ehren zum
zweiten Mai den vor dreillig Jahren in
Aries, weitab von Paris, gegriindeten Ver
lag Actes Sud.
In tien langen, versehiungenen
Siit2en dieses Buchs rollen
Jahrhundertereignisse daher
Perspek
Fentlichkeits—
hiven. Mit Pc
eund u. a. Ai--
Ferraris neuer Roman Le sermon sur la
chute de Roni&’ (,,Predigt Uber den Unter
gang Roms’) in ein so anspruchsvolier wie
unerwarteter Erfoigstitel dieses Herbsts.
Neunzigtausend Exempiare sind bereits
verkauftworden, Der Autor, ein in Paris ge
borenerund ausgebiideterPhilosophieleh
rer korsischer Abstammung, der seit 3eginn dieses Schuijahres am franzôsischen
Gymnasium in Abu Dhabi unterrichtet,
bat bisher fflnf Romane verôffenthcht, die
r und politi
Plats, Werner
bert-Stiftung,
fleli
v~atIl utu ouluuacnei: aoer nerrscflte
nun kaum mehr Nachfrage, zumai Wien
Mitte nicht nur nach au~en hin ~vie cm
Schlachtschiffwirkt das die angrenzende
grûnderzeitliche Bebauung zu erdi-Ucken
droht. Auch im Innenbereich wurde infol
ge der Verbauung des geplanten I-lofs
durch einen weiteren Gebâudetraktjegli
rgacn 2u-Janr:genl YIanungs~-orlaut si
~Vien-Mitte somh seLon ~or Ferligsteilung
einErfolg — fûrden Investor. FtirdieAnrai
ner, das UmfeId und das Stadtbld, fUr die
iiffentiiche Wahrnehmung von Wiens pla
nungs- und demokratiepolitischer Ver
fasstheit und nichi zuietzt fUr die Steuer
sabler ist es hingegen ein Schaden.
des poetiscrlens:ch-Verl:erensund desini
mer wieder Sich-gleichsam-beruhigens.
Einmalig ist das ,,Timing” der Artemis
Leute, das heilZt, die Zàsuren der Musik
nicht nur zu beachten, sondern 50 auszu
spielen, das diese Musikwelten noch tage
iang im lnnern nachklingen. Ovationen.
HARALO EGGEERECHT
Der Prix Goncourt 2012 geht an Jérôme Ferrari, den Autor des Oben-aschungserfolges in diesem Biicherherbst:
,,Le sermon sur la chute de Rome” (,,Predigt Oher den Untergang Roms”) ist Roman und Geschichtsdrama zugleich
Sehuiz. Vor
‘urnboldt—Stu—
223460.
97112.
5cwaiujcjj 1JjtL~L
Fine korsische Dorfkneipe ais Weitbflhne
voN J0SEPH HANIMANN
ndschaft. Mit
t Fiseher u. a.
U&~
keund MartaSchreieckmiteinervertretba
ren Bebauungsdichte, relativ grolIzt~gigen
ôffentlichen Bereichen sowie — abgesehen
von einem 60-Meter-TurnI — einer maxi
malen Gebâudehàhe von 30 Metern.
Sogieich aber begann der Investor mit
tatkr~ftiger Unterstùtzung der Stadt von
mehr durch ihren konzentrierten Stil aIs
durch erzâhierische Weitiàufigkeit glânz
ten. Sein neues Werk kommt mit zweihun
dert Seiten aus und entspricht dem lnhalt
nach doch der Weitiàufigkeit, die traditio
neii su einem Goncourt-Roman gehôrt.
Einen fûnihundert Seiten starken Ro
manwûrde erwohi nie schreiben kônnen,
sagtlérôme Ferrari anlâssiich seines Paris
Besuchs im Gesprdch, bei dem noch keine
Spur von Prominentendflnkel su spûren
ist. in den iangen, kompakt verschiunge
nen Sâtzen seines Buchs roilen dennoch
Jahrhundertereignisse daheL Das Korsi
ka,von dem mail seinen Werken die Hand
lung ausgeht, in keine foikloristische Bi]
derbuchkulisse. EsbildeteineBtihne, meis
tens mit einem Bartresen im Mitteipunkt,
aufderdieAkteure ihre ldentitàtumsoeif
rigerspïeien,je offensichtlichersïeamVer
biassen ist.
Aufdieser Bûhne, die Archaik, Rhetorik
undjàheGewehrschûsse aufeinanderpral
leniàsst, bricht sichderNachhaiivon Weit
kriegen, Eroberungen, stùrzenden Koloni
alreichen von Indochina bis Nordafrika.
Und im neuenBuch reicht des Echo bis sur
Spâtantike, bis su Augustinus und seinen
SermonesUber den Fait des r6misehen Rei
ches zurtick. Ferrai-i verstehtjene Predig
tennicht ais Trâstungen andiever~iigstig
te Gemeinde der nordafrikanischen Stadt
Hippo, nachdem 410 die Nachricht vom
Feu derReichshauptstadt Romeintraf. Die
Predigten des Augustinus fUhren semer
Ansichtnachvieimehran einen noch tiefe
mn Abgrund, der dem Dramajede Tragik
verweigert. Macht kein soiches Geschrei,
solche Dinge passieren stàndig — so spricht
Ferrari dem antiken Kirchenvater nach.
Nur kànnen wir heute im Unterschied
su Augustinus nicht mehr unbedingt auf
den Hait des christiichen Giaubens bauen.
Ein ~teuer Stem i-1m Literaturhinzmel:
Jérôme Ferrai-i. FOTO: 5TEPHM~E GRA’iGIERIRWLAIF
Dieses stàndige Brôckein weittragender
Seibstverstàndlichkeiten,dasDauer-Inter
regnum unserer Gewissheiten, die Banali
t~tdesTragischenhatFerrarinicht sur His
torienfreske verkleistert, sondern mit dem
diskreten Zitatfaden von Augustinus ma
gistral in seinen Roman eingenàht.
Mittelpunkt der Bandlung ist die ver
waiste Bar eines korsischen Dorfs, die
durch zwei ehemalige Phiiosophiestuden
ten su neuem Leben erwecktwird. Dci- ci
ne, Libero, ist ais sardischerlmmigranten
sohn cm waschechter Korse, der andere,
Mathieu, cm in Paris aufgewachsenes
Stadtkind korsischerAbstemmung, das in
mancherlei Hinsicht Ferraris eigener Bio
graphie àhniich sieht. FOr ihn, den eifrigen
Leibniz-Leser, wird diese Dorfkneipe sur
besten aller môglichen Weiten. Tatsàch
iich biùht in ihrderganze ZirkusausWild
schweinejagd, Maroni-Braten, Gewehr
schwingenundNeo-Hippiekuiturnoch cm
mal auf,biskiarwird, dass dasGanzeaufei
nen schônen Spukhinauslâuft. Die schein
bar wiedergefundene Weit aus lauter Ge
meinsamkeitenentpupptsichalsemneViei
zahi vonWelten im Leibnizschen Sinn. Die
beiden Freunde bewegen sich nebeneinan
der immer tiefer in ihreje eigene Weit.
Des deutsche Won Heimat, das ich
nicht ohne den Nebensinn von Fremdheit
denken kann”, sagt Ferrari, ,,muss seinen
romantisch verbrâmten Glanz von Seho
sucht und Veriorenheit abstreifen.” Mat
hieus Schwester, die ais Archàologmn in Ai
gerien am Ausgrabungsort der ehemali
gen Kathedraie von Hippo tàtig ist, schaut
hieund daskeptisch imkorsischenAutheo
tizitâtstheater vorbei. Und fernab von der
Kneipe stirbt am Sch]uss einsam der aite
Vadrouilleur Marcel Antonetti, Mathieus
Groavater: eine Figur eus Schroffheit, ver
waisten Trâumen und verletzter Zârtiich
keit, die — wie bei Ferrai-i hhufig — auch in
frûheren Romanen schon auftrat.
Nichts liege ihm ferner, ais das Ver
schwinden einerldeinen mediterranen In
seikultur mit dem Faii Roms su verglei
chen, beteuert Ferrari. Und doch glflht eus
seinen sa schneli ‘vie prLzis hingesagten
Satzstaffetten und aus seinem feurigen
Blick die Nostalgie fOr des Vergehen der
Dinge. Nach seinem P.htlosophiestudium
in Paris habe er sich kurx der korsischen
Unabhàngigkeitsbewegung angeschlos
sen, erklârt er, in der illusion, durch
KampfdenVerfellvonvermeintiicherlden
titâtaufhalten su kônnen. ,,Ichbegriff aber
baid, dassnichtobskure Nacht- und Nebel
aktionen, sondern analytische Vertiefung
und hterarische Transposition meinem
Temperement entsprechen.”
Die Predigten des Augustinus, auf die
Fer—an cher zufàllig gestollen ist, ergeben
zusammen mit der schnhgen korsischen
Dorfidylle den AuslôserfUr des neue Buch.
Weitereignisse haben, aus groGer Distanx
betrachtet, des Ausniail von Dorfpossen.
Rom ist gefallen, doch sïeht es in Wahr
heit nicht so eus, ais wâre nichts gesche
hen?” — predmgt mn Ende des Romans Au
gustinus in einer von Ferrari umgeschnie
benenNeufassung: Kein Gestirngeniet eus
der Behn und andere Barbaren werden
nach den Goten ihr MLnteI mit anderem
Biut trânken. Auf Sterbebetten ~vie dem
des Mercel Antonetti eniàschen aber der
~veil, die mode Greiseohendin einerumsor
genden Kinderhand ruhend, anonymgan
se Erfahrungsweiten.
Soiche TOne eines Geschichtsdramas
jenseits dci- Tragddie haben wir im deut
schenRaummitdieserSchLrfezuletzt —ai
lerdings ohne den mystischen Einschiag —
bei Heiner MOiler gehôrt, Jérôme Ferreri
isteinneuerName in derfranzdsischen Li
teratur, von dem, feus ci- den Goncourt
Ruhmverkraftet,nochzuhôren seinwird.
1m Secession Vedag, der 2011 den Roman
,,Und meine Seele lieg ich xurtick” hereus
brachte, bat er im deutschen Baum schon
einenVedegerundi n Christien Ruzicska ci nen vorztiglichen Ubersetzer gefunde n.
S&ut~çd~Q ~
8111f IL
n-
Lo scrittore è di “Àctes Sud”. In Italia è stato puhblicato da Fazi e ora da e!o
FERRARI VINCE IL GONCOURT
ESCLUSI I GRANDI ED]TORI
FABTO GAMBARO
PARIGI— «Un superbo romanzo sulle speran
ze deluse», E’ in questi termini che II quotidiano
Le Monde ha presentato Le sermon sur la chute
deRome (Actes Sud, pagg. 202, euro 19), ilbeiro
manzo di Jérôme Ferrari che ieri ha vinto il Prix
Goncourt, il più prestigioso dei premi letterari
francesL Nonostante il titolo che evoca Sant’A
gostino e le sue riflessioni sul sacco cli Roma del
410, in realtà l’azione del romanzo si svolge in
Corsica, dove una coppia di amici, abbandona
tala facoltà di ifiosofla, decide di occup arsi del
la gestione diunvecchio bar di paese.A11.’inizio,
gli affari sembrano prosperare e laloro scelta di
vita sembra promettere un futuro di felicità. In
seguito perô la situazione a poco a poco perô si
degrada, l’utopia diventa un incubo e l’avven
tura finisce nella violenza e nel sangue. In que
staprospettiva, le parole di Sant’Agostino ricor
-
dano atuttiiprotagonistiche «ciô chel’uomofa,
1 ‘uomo distrugge».
Romanzo denso e ambizioso, ricco di rifles
si oni filosofiche, Lesermonsur la eh utedeRome,
i cul diritti per l’Italia sono stati acquistati da
e/o, haricevuto l’accoglienza entusiastica della
criticad’oltralpe edhagiàvenduto9o.000 copie.
L’edltore Actes Sud prevede ora di ristamparne
altre 150.000. D’altronde, il premio ricevuto ie
ri consacra definitivamente Ferrari, uno scritto
re corso di quarantaquattro anni attualmente
professore di ifiosofla nel liceo francese di Abu
Dhabi, per ilquale «laletteratura è il miglior an
tidoto all’idiozia». In Italia, intanto, è stato da
poco pubblicato Dove ho lasciato l’anima (Fa
zi),il suo precedente romanzo che affronta il tema della tortura durante la guerra d’Algeria.
-
C RIPRODUZIONE RISERVATA
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Dus MOND5’(
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Chantai
Pelleter
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—
CHAQu5SLMAINL
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r» sal-oirplss )5V
Vendredi 24août2012
-
68 année
N I
4
1.60 C
-
France métropolitaine
t’nvwiemonde.fr
F ndaieur l-lut,
Beuve-Mésy Directeur Erils
Zone euro : le cri d’alarme
du premier ministre grec
aelew
le Parti socialiste?
En tournée européenne, M. Samaras prédit un « cauchemar » géopolitique si la Grèce devait sortir de l’euro
A
samedi z~aoùt à Paris, le premier
tleniuvendrediz4aoùt
ministre grec, Antonis àSamarat,
Berlin es
denandeunsursis de dews ans et le rerk
volàsol6 du retouràl’iquilibredescomp’
tetpiallct.A l’occasiondesa tournéeeuro’
péenne il explique auMonde qu’il veut
rétablirla crédgailité de son paya et qui]
mèneraàtenne les réformes promisee.
Aises que la Grèce s délà, en deux ans, l’ait
des csupet budgétaires qsé représentent
25% de son PI», il promet de nouveaux
efforts, à hauteur de 5,5% dela richesse
nationale. MaIs, martèle-t-il, il lui faut
eunpeud’taira poursorsirde cetteréres
aionquiésoulre ton pays depialscinqans
M.Samsrat alerte sea partenaires sur
le conséquences géopolItiques graves
qu’aurait une sortie de la Grèce de la zone
cure
Le président de l’Eurogroupe. lean
clas4elssscker,quis’eat rer,duàAthènes
mercredisaaoùl,a apporté son soutien à
la Greceàcondé ionqu’elle redostled’ef
fons pour assainir ses comptes. c’est sa
«dernière clsojre», a-t-il loulefols préve
nu. La chancelièreatenande,AssgelsMer
kel, devait recevoir François HoHande à
Berlin, jeudis3aoùt,pourtenlerdetrou
ver une lignecommune sur un éventuel
assouplissement descondltionsd’asaiâi
té imposées àAthènes. Ceuromonlali leu
di face au dollar, après les déclasstiotss
d’AnloestsSamarassurleseffortséconorni
quesde son pays.
Vendredi, pour
la première fois depuis zoo I,
l’tmiversité d’été du P5 s’ouvre
alorsquelagauche est su
pouvoir Avec une interrogation:
quel sera son futur rôle?
POLITIQUE
L’objectif ambitieux
du gouvernement eur
le déficit commercial
ÉCONOMIE M. Ayrault s promis
de réduire à zéro, d’ici cInq ans,
le déficIt du commerce extérieur
Qtors énergie) en dopant
les exportations françaises,
Les impacts
planétaires
dugazdeschiste
mdc, les paysans qui
produisent des haricots de guar,
utilisés dans les forages,
se réjouissent. Aux Etats’Unis,
la sécheresse compromet
la fracturation hydraulique, p, 6
ÉNERGIE En
~ç;~t iVRE~
Révélations suries
4bmces connexions
de Mohamed Merah
s I.e Monde » s eu accès
àdesnotes de la Direction
centrale du renseignement
intérieur (DcR1) sur l’auteur
des tueries de Toulouse
et de Montauban. P. 10
14
e
o
r—.
ces colonnes mènes,
voilà deux ans, le prési
dent mexlcalnielipecai
derortsefélidtaitdes résultais de
laguerpsdegrandeenvergure
er€agée, depuis ledébul deson
mandat, en déœnbresoo6,
contrele crime organisé et les nar
coirafiquanta.sNous oilonsvoin’
csrlecrirrse s assurait-Il, Avanl
d’ajouter à l’adressedeceux qui
s’inquiétaient dels progression
versiglnesaedel’insécurité dans
sonpa3ss «SIvotssy~’ezdela
poussière c’esr po,reque nous net’
Soyons isa ,siotron.
Battu lors de Id ecis on peéslden’
Iieledejuin,M.calderon pass»,
la main à tnrique Prisa N let oà la
fin dcl année Avec un bilan sco’
blant Linstilut nationalde alatisti’
qursetgéographie mexicain
t lent ded usas cc dcz chiffres ahu’
~rissanss Z7agghonicidesontélé
enregistrés en 2015 entrezoO7et
~~soI1,letotal sélèveàg563zassas~sir.ats. suela base delatendance
_._-~enregistréeces demiersmola, l’on
ealineà 1200001e nombre d’ho
rnicidesau cours du massdal de
calderon Soit plutdudouhledu
r chiffresouvent évoqué- et delà
~ehalIuclnant de~oooo.
ans
D
s
—
a~22TC
cene véritable hécatombe
constitue et deloin, leconilit le
~us meursnerdela planèteau
cours des dernières années.
D’autant que les chiffres officIels
qui viennentd’ètrepubliés sont
un révélateur implacable dela
garagrènequi s gagné le pays
Au’delà du nombre de morts strie
tenens liéaà Islutte coniseladjo’
guesedévèloppent devéritables
industries dultidnapplng,del’ex’
torsion defonds, de laprostiiu’
Editorial
tlort des I rafia de personnes et
d’organesiscartedeshomicldes
démontre qu’ils ne selirnhtenl
pI usauxr~i~sdeforteimplan’
taliondes gaa~s, malsoni leridan’
ce à se disséminer sssrpreaque
tout leterritoire
cette apitsledebarbsri~ provo
quéeparlsguenrcontre les nar’
cotrsfics et let règlements de
comptes entre les s carselssde la
drogue, n’épargne personne,y
comprisdes dizainetdejounialit’
tes qu’on veut faire lai i~ ou dec
dizaineademairea vioimes du
chantage ou dela corruption. Eue
.»%._,seca,s..s es ~i
s,
aemblesvoirlevétous les tabous
surIe respect de la personne
hurnaisse.
cette spirale enfin, sanctionne
l’échec tertiblede la stratégie
e mllitaireeertgagéedepuitsix
ans parM. calderon, avecl’appui
constant, nolammenifinancier,
des Etats’Unis,qui constituentle
principal mardiédes narcotrafic,,
Mais personne ne semble désor’
mais en mesure de proposer une
pdftiquealternative,tant le mal
est profond, la peur enracinée, la
misèreendémique EtI’on pets
douterquel’étection deM.Peisa
N leto y cha rgeg rand ‘chose s elle
signe, en effet, le retour au pou
volrdupartirévolutionnsile mati
lutionnel. qulavait dominélavie
pcéitiqssedsspsys pendasstdes
décennies. surfonddecorruption
dde caenplaiasnceà l’égard des
narcotrafiquants.
Au’delàde l’Anériquecentra’
le, ledéfiest lancéauxElats’Unis
en l’Europe dont la prospérité
des mardsés des si upéfiants et
des ventes d’armes alimente direc’
tement la violence mexicaine.ce
n’est pas undéfi exot ique, nais
planétaiie.qui ne saurait lalsaer
indifrérent.•L rs g.3
,I,ss,CTA,,n,rsa.kd»I.,»
MUSIQUEDu24au
26 août. le festival
attend plus de looooo
spectateurs. sa ligne
~
~
PI-cwanne Bact4/Bao+5~
dott4evaiidation,
ICD/Sci ncesPoAix
www,icd ‘e cuirs
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eccn’pétenœ!
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IsTl,MaI~,a
‘FAITESLAD FÉRENcE
r.s.~.sss~s s~—,ssI~as r,~s2,ec —‘II,
lb
s,»c,.aa.n»,,d.aati,Issias
‘saTW»irsI•’555.b’I2IC p~~i.ea»e —.—Isee si*~a,es,ea
resteunmélangepop
et rock pimenté
d’électra Retour sur
un succès médt~
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—
fl5sa,eFe,h,•)
sa,»
as —
a—T-a.,
—
LIVRES
~e DU1 onde
DES
2~3
Jérôme Ferrari
Drôle d’abîme
Avec « Le Sermon sur la chute de Rome s>, l’écrivain fait d’un bar corse la
scène d’un superbe roman sur les espérances déçues. Noir et caustique
• Lltt&atsare
Olivier Adam
aspente
tes marges
lI 4
R*pit*ti.ta
I
I
ta o, tasse s.
suite
«Reneoigre
avec l&ôme
Ferra n
..Eclairage
par Frédéric
Bayer
«Traversée
Trois romans de
fin d’époque
L1YMS
I n’est pas de petite allégorie pour
un semson puissant Fas d’intrigue
Sern,,nrtsrlachtstedepome, delérô’
mepenars,estlesdettxàlafois, mal
gré
lroplénuepour
un fil centralungrand
qui pourrait
roonartie
sem
bler dénsoire il y est question du bar dun
village cons Dela manièredont Maathieu
et Libero, des amis d’enfance, abandon
nesat leurnétudea de philosophie pouren
reprendrelagécance Deleurcertltuded’y
créerek meflleurdes mondes posalbkas
cherà Leibniz unmondefait de 05m aer
yeuses, d’alcool et de charcuterie du cru,
Trissât. l’écrivainannoncequecelaftnlra
mal, pareune nuls deplllstgeee de sarw e,
qua détruira ceqtie Matthieu tenait pour
ekiku choisi parDieu pourexpérlme nter
k signe de l’amotsrsurlenr e.
tas ex’aspiranlt philosophes se ver
rontalonrappelerlaleçondesalnt Augus
tin, et de ses sermons sur la chute de
Home, en 410, dont l’évocation structure
le roman flue I éclairage de Frédééc B~rer
page2) il «est pas d’empire qua ne soit
mortelCelavaut pourla RomeduV’siècle
commepouruntsnivers aussi étriquétpse
cebar de village du XXI’. avec ses parties
de castes où l’on plume les pigeons, ses
coudaerieamédiocrtsti ses compétitions
de virilitéssupides. Cela vaut tous autant
pourl’empire colonial françaisdonttrsite
également Le Sermon, à travers un autre
fil la tralecloire de Maroel Antonetti, le
gtand’pèredeManhieu, qui pensait vivre
la grande aventure aux colonies, et n’y
connu que le pourrissement Même pas
celui de l’empire à côté duquel il est pas
té; seulement celui que la chaleur iWti
gent à la chair Marcel est revenu au vil
lage naminer ses échecs. Ceat lui qui, mal
gréle méprisqu’ll voueàson petit’flls,lul
donnedequoi reprendrelagécancedubie
trot Poursepayerla joiemasseaisedevoir
sombrel’universd’un autre.
Les lecteurs qui avaienl découvert en
noenbrepérôme Ferraei avec le suffocant
Où~’allaslssémondme(Arrtea sud, lolo)
seront peutétresupris dde voirquitter
les caves algéroises où des officiers fran
çaisse perdaient en pratiquant la toiture
pasargagnerle slncd’un bistrot et yarbi
Irerle maschenlresaint Augustin et Leib’
ni,, Mais, au fond, lérôme Ferrari, profea’
sets’ de philosophie né en 1968, semble
ronstruiretoute sonoeuvre ausourd’une
phnse,la première d’UrsDieu, unsanlmsal
(Actes Sud. 2009) e Bien sûr k~ choses
Iosrnent tonS ‘Ccc bknsùr’,l’annonce il
nes’agit pas seulement pourl’écrivainde
constaterla mortalitédeschoses Il fauten
exsminerles modalités.
Car il ya plusieurs manières d’aller vers
l’inétucssble. tt si Matthieu fonce vers
l’abimeyetax et oreilles fennés, si Liberole
fait en donnant «lin assentiment dots
loureux, total, désespéré à la stupidité du
mondet la soeur du premier, une archéo
logue, incarne une Face lumineuse du
libre-arbisrecheràsaint Augustin Elleest
eprése à assumer lotis les échecs patents
qtz’ilsftesaentlesslenra. Elle n’a rien contre
e l’ire ‘ocabk ,‘ , FIle ve sa simpl mitent déc
derdelaformequ’il prendra
La phrase extraordinairement tra
vailléeel sinuetaedep&ômerornris’em
ploie à explorer les voies que chacun se
‘J
e
PRIÉRE
D’INSÉRER
JEAN BIRNBAUM
Monade
oulimonade?
E
sujet des dissertations potaches
et
des agrégations
burlesques.
n cette
rentrée littéraire,
le fameux
«Monade ou limonade?,, prendsout son
sens. Dansson nouveau roman, que nous
mettons aujourd’hui en majesté, Jérôme
Ferrari trouvedes accents voltairiens
pourévoquerLeibniz etsathéorie
dus meilleurdes mondes possibles s.
Ce monde parfait, enfin harmonieux,
les deux jeunes hérosdu Sermon sur
IochutedeRome, qui reviennentenCorse
après avoirtenté dephilosopher dans
lacapitale, croient pouvoir lecréer
en ouvrant un baroù les monades
humaines boivent saremensdupetit’lait
et encore moins de la limonade
Parais en même temps le premier
roman d’Aurélien Bellanger Lo Théone
de l’énformarion. qui luiaussi part
•Uts&asure
burent Biset
a manqué
Français
Hollande
e
Histoire
d’il» livre
Peste & øsolém,
de Patricic
Det’llle
e
«La reaaiaie
des essais
Un tour
d’horizon des
panations
à venir
choisit plus admirableencoredansseser
monqu’ellenol’étaitdansses romans pr&
cédents.L’auteurla maitriseàpleir~ aussi
habile pour I étirer dans toule sa puis
tance et ta gravité que pour la gonfler
d’ironie et jouer du contraste entre son
déploiementsolennelet une pomntefinale
parfois drolatique sur laquelle elle vient
s éteindre Uts parsènsed’incisesqui pets’
Uy a plusieurs manières
d’aller vers l’inéluctable,
L’écrivain s’emploie
à explorer les voies que
chacun se choisit
yens embrasser plusieurs temporalités à
lafois cl semblent servirà rappelerla fini’
tsadedetousdestins, àla manière des mou’
ches unes vanités drl’ige baroque
Alors, vraiment le meilleur roman de
ta rentrée littéraire pourrait avoir pour
cadre un modestebistrot ?Vraimens,Tou
tel oeuvre delérôrne Ferrari convergevers
ses banquettes. Un café servait déjà de
décoràponsksecrel(AcsesSu4 2007),qui
s’interrogeait sur tes destins que l’on se
choisit en mettant en parallèle histoires
caltaerda’Mcnde’N’zoztdasèveadr.das4aoiraoaa N
alereseadasséparémeni
de zinc et souvenirs coloniaux celui, pré
cisément, du Seission accueillait ses habi
tus dans Brosro ArIa ntko (zooS) qui
faut lire poursavoir cequl a rendu Virgi’
nsesuslni,la ifile dela proptiéraire,ti apa
thique et désespérée Autre preuve de la
cohérence du Scission avec le reste de
l’œuvree ferrarieranes :11 est traversé par
la silhouette d’André Degorce. l’un des
detazcoWtciersd’Oiaj’ouloissémondme, vie
tiniedevenue bousi’eats brisé perses pro’
pres agissements. Il est le beau-frère et le
modèledeMarcelAntonttti.
Convaincuquela l’snest dans ledébut,
lérôme Ferari construit ainsi un ambi
tieux cycle romanesque qui ne dis pas
son nom, dont LeSerasionster lai chastedr
Ronarconatituel ‘acmé, Ilapport el a preu
ve que, non content d’être un auteur
extréntementoriginal,il est unécrivaint
la tête de son propre monde, un monde
minwcule et passionnant, hanté pardes
personnages dont la dimension tragique
n’exdut pas te grotesque. lin monde
voué à la destruction? Forcément. Que
celanevottsempichesurtout pasdel’ha’
biter pleinement,.
vIssais
lan Keshaw
dissèque les
derniers mois
du 11F Reich
d’amitiésadolescentes pour décrire.
cette fois, l’effel’vescence numérique
où setrouvent plongées nos sociétés
modernes, Ici encore, la monade
leibnizienne brillei l’horizon à l’instar
du philosophe qui définis Dieu comme
«k rneélleurentreprenetsra. tirant un
maximumd’effetsd’un minimum de
causes, le récit d’Aurélien Bellanger
met en scène un patronduNetqui
optimise la révolution 3.0 flire poge4)
Simultanément, et puisque tous les
événements s’enchalnent pourla
meilleuredes fins l’équipe de votre
supplément littéraireavouluconcocter
un «Mondedeslivres» qui fassedroit
plus que jtmaia, àla plusalitédes univers
à l’infinie diversité des écritures,
Voilà pourquoi nous ferons appel
àde nouveaux chroniqueurs, au regard
et aux expériences multiples. A Eric
Chevillard, qui poursuit l’aventure
de son feuilleton, et Roger’Pol Droit, qui
inaugure ussechroniqueintitulée
Figures libres a-se joindront désomtals
lecomédien François Morel, la spécialiste
des études littéraires Marielle Macé,
puis le comédien et metteurenscène
Denis Podalydès et enfin le chanteur
DominiqueA. Renforcés parces
nouvelles signatures, nos critiques
maisonet nos collaborateurs se
mobiliseront pour tenserde vous offrir
le meilleurdes «Mondes des livres
possibles.
• Rencontre
Toni Morrison romancière
deal ime noire es monstre
sacrédes lettres américaines
l,e feuilleton
Eeic chevillard
est ensorcelé
par tmmanuelle
Fireyre
e
11
Jaflsaaowsos taCnvr.»sRosc,
Que reste-t-il
deiérorsieîen’erl,
.4ceesSud,2o8p,. age,
de ta rentrée
littérairezooz?
2L..àla«une»
ft]Nandt
verdred’ 24 seul 1055
L’oeuvre de Jérôme Ferrai-i est traversée par la guerre sans répit que les imbéciles
font à l’intelligence. Il l’a lui-même vécue
La littérature, «meilleur antidote à la bêtise»
fut celui des 20 ans. Irsatalléen Corseaprès
une maitnsede philosophie re Parisien
de naistanoes’entlamsne pourle nstlona
lirmeet devient tédacteurdans un jour
nal indéprndantiste.Avec le recul, il évo
que cette période comme celle du confor’
mismediscipliné:e Pendtantdeuxans, j’ai
eu te senti ment d’appartenir à un trou
pea terrien ex mefaisoitplusplaissrlPlus
krempspassait,p&ss monéceiturese mini
fomsaiten boss illieinfdme Ças est mutpas
sé,et heureusement ‘ceurquiont continué
ontporfoismalflni. fepercsed’ailleurs que
la pérennisé du naeionalisme corse du
moins dons sa mouvonce armée tient à
une mythologie d’autant plus puissanse
qu’elle est excessivement bête
RI NCO NT R I
JEAN BIsstOAuM
L
Elle n’aguèreà vsiravecl’igno
tance: cestainsdetes fidèlesles
plus zélés ne sont-ils pas des
puitsd’ért4ition~ l,a bêtiser.
issue
plutôt d’une pervtrsionde
abétiseestuneforcespirituelle
la conscience: un mélange de désissvol
turc morale et de dégoût vigilant, qui
conduit à haïr la liberté. Sans cesse les
intéciles se défilent, partout ils refusent
defaireface, Unechoseet usar setdesusci
te leur mécilisation: la guerreà l’intelli
genre, Quand il s’agit d’en finir avec l’es
prit critique,labétisedevientlégion méta
physique et matérielle, appuyée par d’in’
nombrables soldats, vieux briscards ou
engsgèsde la densiéreheurt, Cetteluneà
mort traverseloutel’oeuvrede lérômePer’
tari. Darsason r.ouveauroman,Lesemion
suriaclsutede Rame, dIcte trouve orches
trée avec souflle,loyautéet hwnour, à la
manièredescontes voltaidensel deachan’
tons de Brel.
Lamédiocdtécommeexaltatlon mysti’
que, comme ragespirituelle, c’est Bems
nos qui en fit pour de bon une affaire
d’écrivains. eLa oelet. des imbéciles rem
plit k inonde», résumait-li. tn allant à la
rencontre de Jérôme Ferrasl, nous brû’
lisnsdoncdelui poserla question: es Ber
nanos dans tout ça? e C’est drôle, a-t-d
répondu, je ne t’avais jamais li~ mois je
viens de le découvrir cet été. Et je com
prends pourquoi ses livres me totachene:il
nefairposdepsydsologk,clrs lui la bêtise
comme le péché sans des concepes mésa
physiques. II monet. bien l’aspect routi
nier, non brlttanr, du Mat: ton péché n’ess
même pis original die-il ru nefais que
Esr,eewanese.eare
feuélleter un livre aux pages pleines de
graisse, déjà tosj mies millej’ois!e
Il en va ainsi du train-train abject qui
ryshme la vie du bar créé par Matshleu et
Libero, les deux jeunes héros duSenssast
Cequisejouelà,cen’estpas seulement la
Extrait
lliurjlirlêait venueembrasser
lessiens avanede poesir, son
grand’pèresursout, et profiter de
Ieurprésence, et e? le assistais sous
les solo oprèsledineraunuméro
deM,tihiets ranI était appasem’
osent devenu obligatoiredefoire
uneétapeau borerdytsoire un
verre enfamille, Marrhieu venais
s’asseoirà leurtabla ilparlatede
ses projets d’animation pourlisi
ver, des combinesque Lttse,o et lui
avaient lmagliséespours’approvi
sionneren charcssrerie, du lcge
ntent desserveuse~ es l’ho,vtme
qui pautageairalors, pour quel’
Activité Isonorable e
Viré de son journal, paumé, Ferrasi se
retrouve sans ressources avant de partir
au servsce militaire C est alors qu’il se
piongedaris leslivres, dans la Bibleet aus
si dans Doetoéevski Comme j’ésssle clvi’
rvwur je nappavtenais pas à un contin
gentd’étudiants. llyavait là unseegentde
tgant qui m’a dit 7e rai à l’oeil toit’ Il
avait vu mondlpld me de ph lIa et en ovo li
déduit que j’étais anti-mllltarlste... Pour
aggraver mon cas je tisais Voseo’ievskl
dans ‘La pléiade le n avals pas un ron4
pourrons, et je dois rends, hommage à
mon père qui n’a jamais supporté les es
trktlons à l’égard de la littérature: pour
l’achat de livret j’ai toujouneu un crédit
iltimirée, se souvient l’écrivain.
Aujourd’hui professeur de philoso
phie, et bientôt conseiller pédsgrgique à
Abou Dhabl, lérôme rerrari refuse de te
dire çhfosopheet prétèses’en remettre à
lalltt&ature,à uneces’talnetsadltlontpiri’
tudleaussi. Quandon luidemandecequi
lepousseà mobiliserainsiunlexlquercli’
gleux, Il avoue qu’il est incapable det’ex’
pliquer là’dessut, que ce vocabulaire lui
parait simplement rie plus adéquate
poursaLsirce qui l’intéresse,et qu’enl’es’
père la question de savoir si on croit en
Dieu ou non est salis importance.s Ce qui
m’a inséresséclwzAugustistparesemple,
c’est qu’il o été manichéen. Pour lui, il,
vraiment deux puissances qui s’oppo’
sent a, dit-il, Le Bien et le Mal, la bétiseet
l’esptlt...Aceuxquiluireprochent uncer
tain pessimisme, l’écrivain oppose la
valeur émancipatrice de la littérature:
e Un roman quiade lèffei surmoi cosastl’
tue le mellleuransldome à la bêtise. C’est
d’ail leurs pour ça que j’ai Immédiatement
trouvé quec’étalr uneaceévlté honorable. e
Ceen quoiFenan rejoint encoreBensanos
dans rosi combat contre les forces de la
médiocrité: pour l’asseur dufension sur
la clsure de Rome comme pour celui de
Sous le soleildeSataet l’espérance vérita
ble est un détespoirsunnonté..
ii
que mois encore la vie d’Aurélie,
semblait ruouver rorsrcela passion’
nonr,il poas t des questions petti
nenres, il donnait son avis, comme
s’il luufollait gagner absolument
l’offest lande Morthieu,à moins,
comnteAuréiecommençaità le
soupçonner sérieurnsenr, qu’il ne
fliroufond un imbécilequi se
réjais issaisd’avair trouvé un autre
imlsédleaveclrquelilpouvais
proféreràl’aisesoutessones
d’imbécillités »
Lssr.a,ae ,,sria rHuer srroMr,
fin du mondesuquteidlen,autremrns dit
l’accumulation des rendez-vous man
qués, des espérances déçues. C’est aussi la
confrontation entre deux places fortes
d’un côté, «lis citadelle de trsprts’Sains e
essentiellement défendue par des fem
mes, ï commencer parla f’quted’Autêlie,
anthropologue et grande soeur de Mat
thieu,d’unautrecbeé,e lacitadelleimpre
‘sable de (la) bêtise s, laquellese csnfond
avec ce bistrot que les deux jeunes Corses
veillentàprot~erdetoutconeaceavecl’es
prit «A travers ces peesonnoejre précise
Ferrari, j’ai touât masquer deux attitudes
différentes vis-à-vis de la bêtise Pour
Libe,o, c’est quelque chose d’essptidste, Il
considèrequ’il vit dans un monde où lin>
o plus de place posirla pensée: pourMat
thkt4 c’est moins refiédsl tabéeiseesrune
chose qu’il aime spantssnémens.,. e
Ces deux postures, Jérôme Fenasi
confie lesavolrlui’ménsevécues. D’expé
rience, il tait que la bêtise n’est ‘pas un
camp esctérieurà sol mais une démis
sion intime, qw nous menacetousà cita
que instant pourlui, le moment périlleux
KeskiIi?
TÉRÔMI FS1RARI
Unpresniersouvenlrdelecssare?
llnes’agitpasréellemenldisn
ps.mlersouvenlt maésc’était
lapremièeefoisquejefaisais
une telle expérience de la
beauré: Les Dialogues de Fia
ton quej’al lus en terminale
Et puis, peu de ters~ss après,
Oui, de Thomas Bershard
(Gallimard). ritals stupefois
de découvri rcequ ospouvait
fairearecte lanyage,
te dacE-d’oeuvre isaconnuque
souaportezas~ nues?
Mslacame,declosuèc,ta
ciura (Les Allss~&), Ce lisera
clsangéma esa,nkred’éceire
te chef-d’oeuvre otltdelqul sous
tombedeamaina?
Beil edu Seigneur,d’Albeut
Cohen (GallimardÂj’aldétesté
ce roman quand on me l’a
offert, à20 alu. Psis,qselqsses
années plus tard, je mesuls
nsisàl’adorrc au pains dde
lire rtoésfols. li m’estasajour
d’lsullmpasslbledecon,ptrn
drepourquot
L’éczisalnquevouaaimezllre
nialaque vourne voudriez pas
rencontrer?
En voici deux Lion Bloy et
Tlsosssas Bernhard.
Un livre récetsl que vous avez
envie de lire?
Peste&Cholérx,deiiztdck
teville (Seuil).j’avais adoré
Kampuchéa SeuiL 20h),
Le livre qui volas. fait rate
soUe station?
Lemétra n’est pi us pour mai
qu’un laintainee douloureux
sauvenit, mais Guerre et Para
m’a valu quelqties retards.
Celui qui vousréconcille avec
I’etstenoe?
Les Démons,demsostoïevski
Ça peut paras te curieux, mais
jel’ailupendantmonsen’lce
militaire, à uneépoque où ta
kcsu,e était maseute joie
Celui qs.e voua avez envie
d’offrir à toutle monde?
Le Cheval bléme de Bons
SavissleovÇshébu4 D’alseuo,
je l’offre à sous le mande
Celuiquivoiaafaitslre?
Porlnoy et son complexe, de
Philipllorh (Calllmard).J’aldû
senanceràlelirederant
témoins.
L’auteiarque voua aimesiez
pouvoir ilredans as tangue?
Doslosevski.jepensequeça
restera un ‘tsr.
Le tlvse que vosssvoudsiezavoir
tuavazildemourir?
A la seche rche du tem ps per’
dssAu moinaoucôtédechez
Swansi,paurpouvoirmedie,
qsej’ailuProust raihonte le
ne désespère pas.
Un projet romanesque diablement augustinien
Letraducteurdes « Confessions» (sousletitre « LesÀveux o, POL 2008) a passe « LeSermon,, » au filtre de Iapenséedu Père delEglise
tc L A t 5e
A
C I
FRÉDÉRIC BOVER
écrIvaIn
R
Z4ao(Jt 410 après que la
porieSalaria, au nord dela
ville,eul
ouverte
pour
ome est été
mise
à sac
le
laisser entrerAlaric,général wisigoth de l’Empire venu assiéger
Rome sprès Milan es la Vénétis
L’antique porte Salaria n’existe
plus aujourd’hui, celleque même
Hannibaln’avait pu forcer et que
le tombeur barbare de Rome n’a
pas eu besoinde fraasoer(dlefts
ouverte par des esclaves complices) sets finalement délruiteen
sgzapourfaclhiterlaclrculationde
la piazzaFiume.
Autres temps en effet
C’est-à’diseà l’époque, à peu près,
011 louer. le roman de idrôm.
Persan L’un do.. itérai1 Martel,
vient de rsaitre et ronnaitra la fin
d’autres empires notamment
coloniaux ‘Est-ce ainsi que
meurent les empires, sans mime
qu’unfrémissemenssefasseenien’
drefllnes’eat rien parsi l’Emplrr
n’existe plus er Maucel sait qu’il en
va de mime desa propre vie dans
laquel?e,pourtoujoure, ilnesesera
Casthageselamenlaiene, fais 5dm
blant des’Sonner Augsatin dans
lepremierlivredelaCisédeciteu,
smats?apostéelté ne voudnspas le
croire, ils se déclsatnalens à l’envi
tosislesjaumauthédtrepourtelos.
tel histrion e Nous ne sommes
pat sérieux jusque dans le malheur! La grande leçon qu’Augus-
ui broie le coeur et l’effraie Ses
lettres amplifieront les récits des
réfugiés,donnanldesdétatsatro’
ces d’anthropophagie Rome,
aprèssvoiriléleurmère,eadeve’
nueleurtombeat~ disa’t’il. Rome
était mundimatec mère du mon’
de.rt les sillessons mortelles com’
metoutesnoe mères susceptibles
répondent elle nous a tués, Il n’a
de cesse de déconstruire le dis’
cours apocalyptique des uns et
des autres au point qu’on le lui
reprochera,commeillerelèvelul
même OsitaceatdeRomalMais
qu’il se taise Qui arrêtede nous
parler de Rome finiront par
sexaspérer ceux-la mimes dont
renoncements quotidiens qui
font une vie
Le projet romanesqu e lui
mémeea ni je puis nepersssettre
diablement augustinien. Que
nous racontaient déjà les treize
livres des Confessions d’Augustin
sinoncettesomsned aveux diapo
rates de désim brûlants insatis
Etc’estbienlaquesslonretentls’
sante qu’avait lancée Augustin,
apprenant
rien passé. —la nouvelle du sac de
Romequi parvient en Attique du
Nord avec l’afflux de nombr eux
réfugiés romains. Quedites’vous
qu’ils’ett passé?demandeAugustin Qu appelez’vous la fin d’un
mondesRomebrûle?Lsbelleatl’ain, précise le tenibleorateurchré’
tien dans un génial sensson, le
2g juin 411 Nippone la Royale,
près dcl actuelleAnnaba en Pigé’
rie,moinad’unansprèslacataatro’
phe. Ronse o donc brûlé une,
deux, trois fois. Avec les Gaulois
puisavecNd von. C’est unevillelsabltllflâbrûll, Pourlttoigl’Itleerdfl
dontt? 1m réfugié. parvenu. k
bienreilequiconstituelaforcedu
roman de Ferrari les effondre’
ments,
les crises
quientendre
ponctuent
tin cherchera
à faire
est
notrehistoirecolleclivesesourris’
sent de notre propre chair, de nos
propres existences temporelles
dérisoires et secrètes.Cesont nos
croyances qui s’effondrent, nos
faux espoim ou nosrèvesles plis
fouscommeles plus ridicules.
tour Augustin, la chute de
tome n’est pas la fin d’un monde,
Il se distingue notamment de
léràme, un autre futur Père de
l’rglisecommelui,exilévol ontai’
reenTerresaintedana unmonastèredesethléem,Contralremesstà
Augultln, un Numide, Il itt Ufi
Romalnnoltalglqu. .llanouv.Il.
enfants.
tionsel les pleurs I ont exaspéré
Ce ne sont pas les
mondeelesqui
s’écrou
alors de dévorer la chair de cura
les lsmentaeions,
récrimina’
•
lent malt nous
IflcfldeS qUi s’ecroiileiit memes Et il prend
soin de préciser ‘Ce
qu ily ode mauvais,
ce n’est ni le ciel, ni la
Augustinsesituea.lleun, lln’a tene, ni tes eaux s, mais le destin
pat écrit, à propremert parler, de obscur de nos propres existences,
semaon sur la chute de Rome. Il
les atermoiements de nos coeurs,
profitera de ses prédications en
Parce que sels nous sommes. et
chaire, entre4aoes 412, pour ivo’ que chacun de nos récit sett une
quer régulièrement moins celle- traverséedebruitet defureur.rt
ciquelesréactioredesescontemc’est cequiocrupelebeau roenan
porains. Quelle mort, quelle de érôme Persan, conçu comme
déchéance, dira-t’il en stésstance, la traversée d’une succession de
lInon lei nôtrei? Qu’av.z’voua tin. de mondil et de petitil
tilt de votre espérance? L gens
mortlque aotst lei défait.. oulec
ges,deprojelsavonés decroyass
ces creuses et décevantes, et dont
le
brillant
récit signaitdemenion
du mime
faitsee
insatisfaisants
coup la gestation d un nouveau
monde dans les ruines de ce
temps A quoi sert alors de se
lamenter sur la destruction de
ltonse,rétorqueAugustindèslal’sn
de l’année 450 à Cartisage, à tous
ceux qui demarsiaiers des comp
ter au dieu chrétien incapable
d’épargner tome Dieu n’a rien
promis concernant les mursiiles
et less’ieilles pierres Aetemapro
nuisit aeternus, L’Etemel ne pro
metquel’éternité.Maisc’ess pesé
étrebiençaleproblème Noussom
mil rinvoydi lei dans nos tord,.
~œ
sont
les
jnajsnojg~nên,e~
humain,.,.
16 AOUT 12
Hebdomadaire Paris
OJD 407855
74 AVENUE DU MAINE
75682 PARIS CEDEX 14-0144101010
Surface approx. (cm9: 1745
N° de page :80-83
Page 114
C~~Dfl RENTRÉE LITTÉRAIRE -1
Te
646 romans pour cette rentrée littéraire 2012. Une rentrée très ouverte.
Pas d’événement écrasant, ~as de J-louellebecq, pas de Franzen
ni de Murakami, mais du tres bon, dans tous les coins. Connus,
méconnus ou inconnus, ces quatre-là, notamment, vont faire parler
d’eux. L’heure de la relève a sonné n c.o.-D.-L
ACTES
934 67233 005241G OPIOTOI2
Elémonts do recherche ‘routes dteuon - ACTES SUD malsoo d’&JUons -ACTES SUD BD’ rowson ctédiuon - ACTES SUD JUNIOR ma! 00
d’éd!Iions - ACTES SUD PAPIERS mal on dédiUons
16
AOUT 12
Hebdomadaire Paris
OJD 407855
74 AVENUE DU MAINE
75682 PARIS CEDEX 14-0144101010
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P de page 80-83
Page 214
FerrarD, romander corsé
PAR (HRISTOPBEaHO-DIT-BIoT
le destin cfun viNage corse vu depuis le bar. Et Ta mystique
sa[nt (tugustin.
de
«Les inondes passen4 en vusité l’un apr≥s l’autre, des
tin?lires aux tén?bres, et leur succession ne sig;4fie peutêtre rien. » Voici LA curiosité de la rentrée. Le cm
quièmeromand’unécrivainde44ansdéjàdistingué,
mais en voie de mise sur orbite, et qui semble avoir
écritson derniercomme unoocteurJekyllmaniant
ses éprouvettes. Plus précisément comme on fabri
que une chimère1 au sens où l’entendaient la my
thologie ou la biologiste Nicole Le Douariti: un
monstre, composé de deux éléments apriori incon
ciliables. La chimère conçue en x969 parl’académi
cienne provenait d’une greffe de cellules de caille
surdes embryonsdepoulet. Chezrerrari,lachimère
estunrornanoùle destind’unvillagecorseestscruté
à la lumière des célèbres sermons prononcés en
4x0 dansla cathédraled’HipponeparsaintAugustin
En première ligne.
Olivier Mam,
Atirêlien Bellanger,
i&ôme Ferrari
et Cécile Guilbert
(de g, ~ dc).
“
pourconsolersesouailles aumoment oùles Barba
res d’Alaric déboulonnent l’Empire romain. «Dieu
n’afaitpourtoiqWunmonJep&issable, etfuestoi-inEme
protnis~i lamorL»V~ilàpourleconceptS’ilxtyavait
que celan on se seraitiassé assez vite: pas besoin de
convoquerAugustin—omniprésentdansleroman,
enpersonneouviaunsubtiljeudeclinsd’oeil—pour
nouscpnvaincrequc&touslesempiresmeurentMais
voilà: Ferrari a la maîtrise de ses deux sujets (il est
agrégé de philosophie et a la Corse dans le sang),
l’écriture magique et le sens des personnages. Un
frère et une soeur: Matthieu. et Aurélle Antonetti,
persuadés d’avoir rEalisé leur rêve. Le frère a aban
donnésesétudesdephilosophieàrarispourrevenir
en Corse reprendre avecson ami d~enfance (ex-s~pE
cialiste d’Augustin)lagérance diibar dirviuage où
il agrandi etybâtir, selon la formule de Voltaire se
moquant de Leibniz, «le meilleur des mondes possi
hies». Le pastis, la charcuterie de premier dioix et
une ex-pute du cm enfontbientôtlasource àlaqueUe
toute la région vient boire. La soeur, archéologue
tendancemissionn?ire, pr4tend, elle, ‘~iranie»eràk
îutniè~z1esvçstigçsenJ&uis»(notammentàHippone~).
Vaine quêteÀDoffirnê celle deleurgrandj~ère, qui a
passé sa vie à courir après l’Histoire san~ jamais la
rattraper et dontla mort newutmême pas.
Q&est-cequ’unevie7Pourquoionlarate?Peut-il
même en être autrement? s’interroge ambitieuse
ment Ferrari,porté par une plume aussi mystique
q~anhnate,constamment balancée ent’re~lansm
ditatifs et saiffies très crues, et la conviction qu’on ~
ffnxt touiours par se prendre m&hamment cars la
Ijgure la porte du réel. On aime sa gravité apocalyp- ~
tique, la tandeur de martyr de ses héros enfantins, ~
leursrêvesdepurett≤mêmequandilscouchentavec ~
leurs employées sex~ç leuridéal d’un monde utopi- ~
que, sans Barbares, alors que ces derniers finissent
toujoursparsurgiretmettrelefeu.prendrelesfilles, §
sortirl’4péeoulecouteaudechassepourémasculer ~
les prlnces.~En 4X0 comme en 20X2.
-
‘~
I
«Lesexmoa~urIa chutede1{oines,,deJJr6meI’errariIAE~Jsud, !~
zo8p,, x9 4AparaftreJe~i ap~tAnoterqtieJ6rôrneEerrari
a coL cluttducoxseteroman4eMurtothp~,deMarcBianc~rdlli
(ActesSu4l7ap,,zrc),
~
~
Adam, écrivain des limites
I
PÂRALBERTSEBM
Un homme vbltsan mondes’&oulerettente dese raccrocher
han pass€Envain?
«Peut-on îht nostalgiqueje ce qu’on a oubuié?Yeut-on ~
regretter ce qu’oua pentu, en souffrir si on nu u pas ~
gard6larnoindreIrace~lemoiMresoiwenifl»Cesque~- ~
fions magnifiques~ on les déconne dans le
ACTES
934 672 3300 5241G OP/0T012
EI mauls do racl,orçho . Toutes citabonS - ACTES SUD mal ou dédiions -ACTES SUD BD mal on d~diUon -ACTES SUD JUNIOR maison
dédisons - ACTES SUD PAPIERS mal on d’édpions
16 AOUT 12
Hebdomadaire Paris
OJD : 407855
74 AVENUE DU MAINE
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N’ de page :80-83
75662 PARIS CEDEX 14-01 44 10 10 10
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« Plus elle pleurait, plus
« Si intimes fussent-ils, si
« Bouleversée, tu t’appro
ches un peu du cyborg,
incapable de le toucher.
«Esprit es-tu là ?“
Apparemment non.
Ne demeure qu’un corps
massif à l’immobilité
c~1avétkiuè.»
Libero se faisait rigide sous
sa cuirasse de haine,
comme si cette femme à
terre matérialisait dans sa
chair tremblante l’absolu
d’un mal dont il fallait puri
fier le monde à tout prix.»
fidèles à notre moi profond
pussent-ils être selon nous,
les livres ne gommaient
aucun malentendu, ne pré
cisaient aucun contour, ne
dessinaientrien de plus
clair ou ressemblant.»
.Jérâme rentai ds sermon
surlachutedeRome»
Olivier Adam
Cécfle GuiIbett
« Les Lisières»
«Rhnhnation »
nouveau roman d’Olivier Adant Avec «Les
Lisières», jamais cc braconnier des sentiments n’a
aussibienposésoncollet. c’estundealerdespleen,
un explorateur des vies englouties, un grand laborantin des âmes échouées.
Le narrateur, Paul Steiner, a perdu ce qu’il avait
de plusprécieux. fls’cstséparédesafemmeetdeses
deux jeunes enfants: <cJ’avais le sentiment d’avoir été
expuisédemoi-même.Depuissi.xmoisjen’éiaisplusqu’un
fantôme, une écorce molle, une enveloppe vide.» Et se
remet-on jamais de lavision de son enfant qui vous
regarde partir? «Entrelesbranchesdugrandcèdresonvisageenmorceauxm’observait. »flestdétestéparson
frère vétérinaire et en guerre permanente avec son
père, ouvrier retraité de l’imprimerie, qui vomit les
bobos.Samèrevientdesebriserlefémuretperdpeu
à peu la raison. Paul ne supporte plus rien et plus
riennelesupporte: «L’unaninutéfaisaitfohj’éiaisvisiblement, et de notoriétépublique, impossible à vivre.»
il a beau tenter de renouer avec son passé, âcretrouverses amis d’enfance, la solitude a étendu son
empire. Partout il se sent désormais étranger.A la
lisièredumonde.Unmédecinunpeumétaphysicien
luiaparlé du mal qui l’affecte: «... une Maladie dont
Sarah vousa scuwépendo.nt un moment niais quis’était
juste tapie, vaincue parlaforce decetamoursi puissant
ne ilez pas, vouslesavezcoinnzeinoi, toiLtiemondesouiii tout k nwndese moque iout le inonde se drape de cynisine niais ce n’est pas parce qu’un tel amour n’existe
;‘as, c’estparce qu’ihi’est accessible qu’à tr?s peu de gens
ici-bas.» Paul est pourtant d’une lucidité sans faille:
«Jesuisunpoids;no;tJ’entraînelesauti-csdanslanoyade.
Ils résistent un temps et ilsfinissent par s’enfidt Parce
AÇTES~,
—
9a4u7..aa.0524~G0~IOT0,2
‘qu’ilfauf bien saiwersa peau. » Condamné en sursis,
ilnetrouvera peut-êtreson salutqu’àlafaveurd’un
secret dc famille, sans doute la clé de toute son
existence.
Cehuitièmeromanestunroman-somme,unliyre
admirable où Miam nous perfore de sa poésie lugu
bre et lumineuse. Comme en se jouant,il se prête à
un exercice d’humilité rarissime chez ses pairs: «Je
m’étaisitvéenEdberg,etj’étaisunpfètreNadaLJein’étais
imaginé Mozart, etj’étais .13ra7mw. Plus tardje m’étais
vu en Modiano, Fante, Sagan, Salhigeretj’avaisécrit les
livres quej’auaiséciits. (..) On est ce qu’on peut. Mais de
le savoir rien ne nous console,.. » Consolez-vous, Vous
êtes OlivierAdam. Et c’est déjà beaucoup.
-—
«i~sUsières,’, d’OllvierMani(Fknrnmron,458 p., n c).
ÂparaïLrcle n acM.
rh,ua t~nllknv~
il’ la n~.~ç4
‘~.VUIV UUflIJC~ V. Vt
PAR PARC I.AM9Rau
L~s &sarrois dune Isolde intello lace ~u coni~ artificiel
de l’être aimé.
«Réanimation» est le récitsans masque de ce que ~
Cécile Guilbert avécuauprintenips 200&Sonlnari,
ici prénommé Biaise, vient de fêter ses 50 ans. lis ~
viventensemble depuisvingt ans. L’homme est gé- ~!
néreux, espiègle, énergique. Un seul problème de ~
santé: des lumbagos violents, traités aux anti- ~
inflammatoires. Soudain,une excroissance apparaît g
sur sa mâchoire inférieure, signe d’une infection
galopanie.Lediagnostictoinbe:« celluihecervicale», F’
unernaladicrare.Blaiseestaussitôthospitalisédans ~
~‘
CILrnLnI , d rocl’crr.ho . Touic, caI’~n~ . ACOES SUD maison d~.:.ons . ACTES SUD BD ~rni~nn crtjil’on . AcTES SUD JUNIOR rn,isrn
diIcn,- ACTES SUD PM2IERS mJI:.o1 cri-lit an,
di
22/28 AOUT 12
Hebdomadaire Paris
QJD 436702
29 RUE DE CHATEAUDUN
75308 PARIS CEDEX 9-01 7555 1000
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Page 1/5
UVRES
Rentrée littéraire
Six de coeur
Comment choisir parmi les 646 romans français et étrangers publiés d’ici
à octobre ? En se fiant à la subjectivité de chacun. C’est la méthode retenue par
la rédaction de L’Express. Résultat :,un sixté gagnant pour tous les goûts.
ILLUSTRATIONS ALE+ALE
Conq stador
de la ftccine
I
ACTES
0OCO1333OO503lXMB~oToI2
y a conquête de l’Indochine
~ fiitunegiindeaffairernédi
t~.A cale. En i866, l’explorateur
Francis Garnier ne remontait-il
pas le Mékong en compagnie du
Or Thorel, pionnier de ces toubibs
émoustillés par la naissance de la
bactériologie et avides de percer
les secrets de la « médecine des
pays chauds » ? L’institut Pasteur,
repaire d’~Hts brillants, ne fiif~
pas en reste pour
fournir son lot de
conquistadors de la
vaccine» à l’aventure
coloniale. Alexandre
Yersin (1863-19g), né
suisse àMorges, mort
,français à Nha Trang
L (Vieniani) sous accu
t_; pationjaponaise, déPatrlck Deville.
couvreurdubacille de
la peste lors de l’épi
démie de Hongkong de 1894, en est
le prototype. Ce Livingstone en
blouse blanche, ce Rimbaud féti
chiste du Carl Zeiss (microscope
le plus perfectionné d’alors) est
le démiurge du roman envoûtant
de Patrick Deville, Peste & choléra.
Découvreur inkigable (le CocaCola, c’est lui, l’instrument de
EI~monts de rocherohe Tçides &tai,ons - ACTES SUD miii qn d6dWons ACTES SUD BD rnàiscn dàdfflon ACTES SUD JUNIOa mafton
ne ACTES SUD PA9ERS ma, on d4dU~ons
/
22128 AOUT 12
Hebdomadaire Paris
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‘kg’
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-——~1
/
r
r
*
t
roman d’aventures tout en allé
gresse doublé de son propre pas
tiche (un peu à la manière de
L’Homme de Rio, de Philippe de
Broca, si l’on veut).
Le point dc départ est on ne peut
plus simple: l’héritier d’une lignée
d’éditeurs d’Edimbourg, qui a
notamment publié Stevenson,
retrôllwdans unn~fla~Wte~ori:
ginale de L’Ue au trésor, dessinée
des mains du grand romancier et
de son beau-fils (jusque-là, carte
comprise, tout est vrai, si l’on en
croit les biographes de l’auteur
de Docteur Jekyl! et Mister Hyde).
Surprise, alors que l’on situait la
fameuse île plutôt du côté des
Caraïbes, notre intrépide jeune
homme cmityreconnaitre l’un des
innombrab1i~ confettis des
Hébrides, au large de l’Ecosse. Le
voilà donc qui débarque sur Parà,
son pub fùligineux, son prêtre bar
man, ses expéditions sous la lune
et ses rêves de caisses remplies
de doublons d’or. «J’aime, dans les
romans d’aventures, que les enne
mis se rtn-ouventà devoir cohabiter
dans des circonstances rocambo
lesques,de sorte qu’on ne sait plus
bien s’ils sont amis ou ennemis»,
ACTES
0000 13330050 3IXM 5/OTO)2
observait déjà en connaisseur le
grand Stevenson.
La suite forme une joyeuse syrn
phonie hébridéenne. Il souffle
unpeuduventtourbédesllesdans
l’écriture à sauts et gambades de
Caspard-Marie Janvier. Au passage,
rendons grâce à notre compatriote
de nous épargner les trois sem
piternels clichés de tout reportage
télévisé sur lEcosse :11 n’est, entre
ces pages, pratiquement jamais
question de kilt, de dan ni de ~vi1isky
Merci. Et, par-delà les rebondis
sements et l’ébriété des 1-lébrides,
quelquesvérités oubliées se fraient
une voie au milieu de la bruyère et
du vent : que les rêves de papier
valent souvent bien plus que les
trésors réels ; que la douce folie des
habitants des îles ridiculise notre
esprit de sérieux, à nous autres,
« continentaux’, affairés; et, last
butnotleast, qu’il n’est spleen qu’une
revigorante gibelotte de goéland
ne puisse dissipen. J~6ME Dupuls
.ê Quel trésor!, par Gaspard
Marie Janvier. Fayard, 368 p., 21€.
Le comptoir
des idées
T e dernier roman deJérôme
N Ferrari (r) pourrait être un
J_4 traité de philosophie de
comptoir. Au sens strict. C’est en
effet dans le bar d’un village corse
que l’auteur d’où j’ai laissé mon
âme (prix France Télévisions zoro)
situe l’action de son très beau Sei’
mon surfa chute deRome, qui doit
son titre aux mots prononcés par
saint Augustin, en 410, dans la
cathédrale d’Hippone. L’auteur
de La Cité de Dieu, Libero Pintus le connaît bien, puisqu’il l’a
étudié en long et en large pour les
besoins de son mémoire de mas
tère. Ce garçon de l’ile de Beauté
amené ses études de philo à Paris,
en compagnie de son ami Matthieu
Antonetti, qui, lui, travaillait o.,
JétôrneFerrârL
EtémenIs ri rochoretie Toulo citator - AtTES SUD mat~on d’êditor~s -ACTES 50080 mat on dôdpton ACTES SUD JUNIOR ~ On
d’édition ACTESEUD PAPIERS ‘maison déditon
22128 AOUT 12
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Page
SIS
sur la pensée de Leibniz. Le
duo va vite quitter le monde des
idées et de la capitale pour celui,
très concret, d’un petit troquet
de leur région natale. La pro
priétaire est désemparée. Sa ser
veuse, Hayet, est partie, et elle
peine à trouver quelqu’un de com
pétent pour reprendre son éta
blissement. Sa fille Virginie ? Elle
n’a « jamais rien fait dans sa vie
qui pût s’apparenter, même de
loin, à un travail » et semble « bien
décidée à aller jusqu’au bout de
sa vocation». Ily a certes eu un
« branleur notoire » qui tenta
en vain de transformer le café
en bar lounge, avec des cocktails
hors de prix. Après cette brève
mais calamiteuse expérience, le
brave Bernard Gratas montra,
quant à lui, davantage de talent
pourlesjeuxde cartes que pour
tenir un comptoir (quoique...).
Libero et Matthieu vont alors
choisir de devenir les nouveaux
gérants de ce bar. S’ils gardent
l’ami Gratas à la plonge, les deux
cafetiers recrutent quelques ser
veuses dont cette délurée d’An
nie qui a « la curieuse habitude ÈI
d’accueillir chaque représentant AntôinéChôplih.
du sexe masculin [...J d’une
caresse, furtive mais appuyée, sur
les couilles ». La légèreté sera
de courte durée, l’achat d’un pis
tolet se révèlera indispensable, la
mortrôdedanslesparagesetles
deux idéalistes seront dépassés
par une mécanique infernale.
Comme ce fut le cas, des années
plus tôt, pour Marcel, le grandpère de Matthieu... Répétition de
l’Histoire ou aléas des compor
tements humains ? P&rté par une
langue virtuose et lyrique, Le
Sermon sur la chute de Rome
dépasse sa trame régionaliste pour
ageindre des accents mythold
gques. Où Jérôme Ferrari nous
interroge sur la fin d’un monde,
les conditions de l’échec et la ten
tation du mal. • BAPTISTE LIGER
°ê Le Sermon sur la chute
de Rome, par Jérôme FerrarL
f~a~ Sud, 210 p., 19€.
—
—
Gouri s’yrendenmoto,dotéed’une
remorque de fortune, dans un but
Souviens-toi
(le Tchernobyl
R
—
Q) Qui vient egalement de traduire
du corse le roman de Marc Biancardlli
Murtonu (Actes Sud)
ACTES
00001 333005O3~XMB~0TO/2
—-
de la scène germanopra
tine
il vit près
de Grenoble
omancier
discret,
absent
et s’occupe d’action culturelle
Antoine Choplin, né en 1962, n’en
poursuit pas moins son petit bon
homme de chemin littéraire depuis
une dizaine d’années, inspiré par
des sujets aussi divers qu’un trafic
de tableaux pendant l’exode en
1940 (Radeau, 2003), une amitié
improbable dans Groznyen ruines
(L’Impasse, zoo6), la fermeture
d’une usine dans le nord de la
France (Cour Nord, zom) ou
encore la guerre civile espagnole
(Le Héron de Guernica, 2011). Une
constante son écriture sans gras,
pleine de non-dits, qui se prête
particulièrement à ce nouveau
roman, La Nuit tombée, cette nuit
tombée sur Tchernobyl, en
Ukraine, le 26 avril 1986.
Deux ans plus tard, Gouri, devenu
écrivain public à Kle~ éprouve un
besoin impérieux de retourner à
l’appartement de Pripiat qu’il
occupait avec sa femme et sa fille.
Pripiat, «ville morte près de «la
zone», désomiais interdite d’accès..
—
-.,
>‘,
bien précis, àla demande de sa fille
adolescente, malade depuis la catas
trophe. C’est surtout l’occasion de
faire halte dans un petit village
condamné, où sont pourtant res
téssesamisVeraetlalcov, etaussi
leur camarade Kouzma. Egalement
victime des radiations, Iakov est
dans un piteuxétat, sesjours sont
comptés. Alors Gouri lui demande
de témoigner, de raconter les suites
de ce dies irae, « jour de colère »
et d’apocalypse: les volontaires
recrug~pp~enterrer1a terre»,
un prétendu « travail de patriote»,
avec des mesures de protection
dérisoires. Kouzma, lui, se souvient
de toutes les maisons, avec leurs
meubles et objets, tous ces « mor
ceaux de vie » avalés par l’exca
vatrice, anéantis par le bulldozer...
Le sujet estgrave, poignant, nuis
Antoine Choplin évite l’écueil du
mélo en laissant la parole à ses per
sonnag~ des mots simples,
pudiques -Tchemobyl n’estjamais
nommé ; des dialogues économes,
sans apitoiement, ponctués de
rasades de vodka, qui dessinent en
creux une humanité bouleversante
et une fraternité inébranlable.,
DELPHINE PERAS
~ê
LaNuittombée,
par Antoine Choplin.
La Fosse aux ours, 124 p,
C
pémonLs do~ arche Toute eUat[ons ACTES SØD olalaon ctédiUons -ACTES SUD BD maIson dôdilion ACTES SUD JUNIOB ma! on
dédjons- ACTES SUD PAPIERS maIson d~d!Uons
28 I CULTURE I LIRE
JODI 19 août 2012
Jennifer Egan
Les uns, les autres
Le louatlllon d’une vie faite
do rencontres, de naptvres,
de rêves pour des personnages
très aven qui un lotir ont
esnpnsnté le même dienhin
emboit avec Alice et Scarty, Je
celyn er Rhea.. Dans les parages
oncroisera auasiiules,juurnajiste
et écrivain qui afai: un séjour& In
privnn des Rilcers tehmd; Dolly, une
conseillère en image arise en fail
lite après avoir travaillé avec ut,
dictateur; et bien d’autres encore,
Tous sont liés, d’une manière ou
d’une autre, se aorte croisés à un
moment ou h un autre. Jennifer
Egan parle dc In vie, de l’amour,
de l’amitié. Des rencontres, de ce
que l’on arrive ou pas à réaliser
Elle bouscule habilonwnt la chro
nologie,pmckdeàdes allersettre.
tours entre les époques en enlises
traflcunjeunarrseiftrèsma3~jsé
Ses personnages regardenr Isa
monde qui les entoure continuer
Mn_ miaN
.lennifer Egan est une grande
femme blonde et élégante. Avec
les yeux bleus, un sourire nvessane
un gilet rouille fort chic et d’ex
centriquos boucles d’oreilles or
nées d’une tète dc mort. Journa
liste nu New York limes, où elle
signe de longs pap iers d’onquéto,
In dnnioavsitdéjàpuh:iéqv,elques
romans, doncLoPcsrede dus anges
otLtsnven du miroir, ainsi que
des nouvelles parues dans les
col on,ses du New Yos’îeer onde QQ.
En 20E, sa carrière littdraire
totalement décollé lorsqu’elle
reçu le prestigieux prixPulitrer
pour Qu’avons-nous fort de nos
rêves Pua roman splendide, ene4.
tant, qui s longtesnpsssuseélaliste
des meilleures ventes auxÉeses
Unis ces déjà été traduit dans
22 langues. Les lecteurs français
s’npprntiayditouvrirune~ule
do personnages et d’histoires.
tin leu narntltfrh malesisé
Voici d’abord Sasbn, 35 mis, qui
n lavilaine manie dc voler esecgens
qu’elle croise lesolsjeta qui lui fouit
envie, Aussibien le stylo d’un avo
cat, le tournevis du plombier, que
le portefeuille en cuir vert qu’elle
subtilisé han propriétaire dans
lus toilettes poeirkmsnes durs res
tsu,rsne Sasha ment sur son ige,
t
Saint Augustin
et le pastis corse
sa course inexorable, aines qu’ils
voudraient parfois se poser,
Qu’ovosss.notssfejt dc nos rêves P
est un livre proknd,hansionietut,
mélancoliqùe.
L’Américaine, qui amis trois
ansetdemiàl’écrire,ditnvoir été
influencée tout autant par triarcel
Proust que par Les Soprano, Elle
Je.4’e’~at, tallera, viii IaaTmøattsjst
fait de la musculation tous les
~urs, fiait le soleil, habite un ap
partement dans le T.ower Eset
Sida. Elle sétépendantdouze ans
l’assistante de Bennie S,,laxar. Lui
est un producteur de disques aty
piquevenu de Cailifl,mie. Un type
capable d’embrasser une mère su
périeure sur la bouche, de rouler
en Posschejsune,d’éparplllerdes
paillettes d’or dans sotacsfé, A la
fin des années 1970, Ressaie tenait
la basse d’un groupe punk de San
Francisco, les Plan,ingDildps, et
n’a pas ton pareil pour saisir le
temps qui passe, chanter le blues
des années perdues, Celui des
rêves brisés, du utclc pur qui n’est
plus, On referme le livre ébloui,
Certain de garder longtemps dans
la tête la musique et les tmages
d’un roman d’une rire beauté,~
Ot/n~an M de nos
lwe?Janslfrtpn,
frai ~M. gela,
flfl 571 p., €
(.nllbeddesmerced).
PAUL BOCUSE
p,
LES IDÉES MENUS DU CHEF
Menusdesa , enusàpetltsprtx,.,
MUt OOCUSE
€
n-
Lt~ id~~;
seulement
dtt
Ckuf
‘S,~és*ja,s.
ød
pourlacuisine de’t
les jours
Bernant Pivot
de l’cœdénk
Cancau,t
A
Ronseàsnn épée l-a
nouvelle
bric, ce sauvage,
est stsspéilante.
s soumit
On nepeue croire ii un tel
désastre, C’est connais alun
nana srnnonçsie aujour&hui
qu’Al-Qaida,ne se contentant
plus de deux tours, e déniait
NewYork. Rousse, tille sacrée,
ville imprenable. Mais qu’ests
ce qu’il foutait, Dieu ?Poutquoi
a-t-il laissé faire? AHippone,
saint Auguatin répond, Il
explique à ses fidèles
Incrédules et scandalisés que le
mande n’est pas éternel, qu’il
n’est pas de puissance qui ne
mordeuajour la poussière et
qua Rome, si glorieuse soit.
elle, comme Csrtbage, ne peut
éel.apper es fer et au feu. Le
roman de Sérônhererrussi
s’iatituleL,rsernson sur le
chute â Rame.
Mais l’évêque d’iiippone
n’est est qu’un
_____________
personnage de
référence. Un
eouristee, Le roi;, on chante, an
fait la tét,. L’argent rentre.
Leibn$z triomphe. Mais
Augusticx guette, Il n’est pes de
monde, si abondantes soient
les preuves de sa prospérité,
qui ne contienne déjé les
prémices de saclsutc. Pisse
Matthieu ettibero accumulent
lee nsoesfa de se réjouir, plus se
rapproche lomoe,ent où ils
perdront fatalement la partie.
Depuis quand crois-es que lac
îsommesontlepouvoh-de &dnr
des choses éternelles? s.
Dansunelsnsue qui osd,sle
cousine un lotsg aevpenr su
~hteie et que s’ecst.us’ansson
de ~stec de s sonptun~.
elle noua chasge
wêableaueut du styles minima
tRiinsmnta,eenode —.Jtroe
serra, aecrsrssno7esasasture
t2vijes c~urs Sont tenus tsr
les pêres de FEgisse et ses
sosoptws suemanos, si vs
este p~n ~nnrablee 4e beeatd
etde cuaure sur Yagaàwddr
eorpa, sur la dteousposldon ces
emparas, ale’ In decheaacn des
Tmes, star ta poesrrsture osa
avant c’est comme çsilsi n’y
peut rien. Ainsi va te destin, des
individus com,r,a des sociétés.
Inéviesble,
inéluctable,
inexoreblc.
Voesssttez te
chois, certes,
les clasmins
sont nonat’rc~
‘ce divets,nnitc,
au bout, l’échec
eetcertsin_ t,es
Vendalesou les
Wisigoths vous
attendent
Entendez-voue,
déjà~, lests cris
de triomphe?
Cules
frosstières
n’existent guère. Elles
retardent l’échéance, elles
impressionnent, elles refoulent,
elles se défendent, mais, à la
fin, elles cédant. Les frontières
des individus sont aussi
dérisoires que celles des cités.
Auteur de quatre semais,
déjà marqués par ton ardente
écriture et son goût pour le
déeestre, Jérôme l’en-an s’est
fait l’Augustin laIe d’un lieu
autrement moins prestigieux
que laltome antique. Mats il
n’y. pas d’allégorie impure,
ni de sermon inutils, La morale
du monde’reste inchangée..
ri fautavoir la voloaré de
la redire. De reprendre
le discours sur les grimaces
du litsre arbitre. Cnr Le Sermon
sur lu chute de Route est aussi
UN OPÉRA 8ARBARE
LES CHOEURS
SONT TENUS PAR
LES PERES DE
L’EGLISE ET LES
PHILOSOPHES
ALLEMANDS DEPUIS
LE BAR D’UN
VILLASE CORSE
00
contrepoint
historique,
Car — nouvelle
preuve de
la souplesse
et de l’audace
du genre
romanesque —
le monde dont
Jérbme flrrari
nous raconta la
chute est 1e tsar
d’un allIage de
la montagne
corse— Les
gérants qui s’y succèdent sont
autant de calamité& L’,’n etc
un hêbleur et un escroc,
l’autre, devenu leplus assoiffé
des consommateurs, se fait
plumer au poker. Arrive du
sérieux, du prometteur. Le bar
est repris par deux étudiants
çn philosophie, amis d’enfance.
Ale colère de leurs familles, ils
ont décidé, suivant
l’enseisnemeatdeLeibniz, de
faire dccc débit de boissons
e le meilleur des mondes
pcssiblesa~ C’est Matthleu
Antonerti qui avait choisi
Leibniz comme sujet de son
master. si est le fils des amours
scandaleuses de deux cousins
germaine et le petit.flls d’un
Isoninse qui le détesta,
probablosnent parce qu’il
incarne une snaaièrt
courageuse de s’approprier
l’histoire alors que lui s’en
été que lejouet. Quant à l’autre
phllosophe’cafetier, Ls’bero
l’intus, spécialiste de saint
Augusdn, il est le onzième et
dernier enfant d’une famille
sarde émigrée en Corse.
Les deuxjessnes vendeurs
de pastis sont les malins. Ils
uni recruté quatre serveuses
qui attirent aussi bien les
hommes de flic que les
en brillant roman sur la vanité
et l’œ~uetl. Jêrôme Ferrsn
poussc~r~ le pessimissns
et la niodesdejusqst h croire
inévitable, inéluctable
inexorable. l’échec oc
tonli e’
Jttene Fenati
Adese4.2e5e~,,g(
Le nouvel
23129 AOUT 12
Obseîvateur
Hebdomadaire Paris
OJD :502108
10/12 PLACE DE LA BOURSE
75081 PARIS CEDEX 02-01 44 88 3434
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N’ de page:109
Page 1!1
TIR &ÔMAH DE SÉkÔME PEflARI
Trêve de comptoir
Dans un bar de la montagne corse, une méditation
flamboyante sur la vanité de toute entreprise humaine
te Sermon sur la chute de Rome,
par Jérôme Ferrari,j~~Sud, 208 p.,
19 euros.
C
JtRÔNGFERRARI,
né A Paris en 195ti~
est agrég4 do
philosophie.
n’al’airde rien, unbar, sur IL aensetgnê
toutqifaiidilsétrouve dans enAI$rte
des
montagnes
‘est l’histoire
d’un corses,
bar. Ça et sa Corse, avant
c’èst-à-dire nulle part. Pourtant, ça fltre nomrM
dans les Embats
peut suffire à raconter le misérable arabes unis,
destin de toutes les entreprises Auteur de
humaines. Giono savait bien le faire pkislettrs mitans,
avec un hameau à l’abandon. Et dent « lin dieu Un
Paulkner avec une ferme paumée du animal n
bndevnuu 2009)
Mississippi. C’est le principe du et q 00 J’aI Laissé
roman: un microcosme et des gens menâme» Cptlx
poutie peupler, le transformer, le Fronce Télévisions
voir partir en lambeaux. Jérôme Fer 2010), H Vient
rari, lui, achoisi d’installer deux amis de oesigner
la traduction,
derrière un comptoir. Leurs études du cerso, de
ne les ont guère préparés à servir le s tiurterlu n, de
pastis, elles ne les ont préparés à Hait Blancarelll
rien : après plusieurs années de philo (Actes Sud)~
à la Sorbonne, chacun se retrouve
« comme unhomme qui vientjustede
fairefortune, après des efforts inouïs,
dansuneiizonnaie qui n’aplus cours»,
L’apocalypse a déjà eu lieu, on l’ap
ACTES
33002333005241XCB/ARLI2
prend toujours trop tard. Et puisque
Leibniz mène à tout, Matthieu Anto
netti et Libero Pintus vont s’enraciner
dans le village corse de leur enfance,
pour y bâtir « le meilleur des mondes
possibles ».
Caffaire marche d’abord plutôt
bien. On vient s’alcooliser gentiment,
écouter unbeaugossejouer de lagui
tare et, surtout, reluquer les ser
veuses, voire plus si affinités. Les affi
nités ne manquent pas, les clients
non plus. Est-ce parce qu’une des
employées, qui a’c percéàjourlasim
plicité de l’âme masculine », a « la
curieuse habitude d’accueillir »
chaque individumâle» d’unecaresse
furtive, mais appuyée, sur les
couilles » ?Même les touristes rappli
quent. Mais toutes les civilisations
sont mortelles. Les douloureuses
aventures coloniales du grand-père
Antonetti, que raconte Ferrari en
parallèle, l’attestent. Le titre du livre
aussi: il vient des sermons sur la
chute de Rome qu’aurait prononcés
saint Augustin, en 410, quand les
Wisigoths ont pillé la ville qu’on
croyaitétéfl~.eiWauiïàbieù~
tôt plus qu’à remballer son opti
misme : « Les mondes passent, en
vérit4 l’un après l’autre, des ténèbres
aux ténèbres, et leur succession ne
signifiepeut-être rien.
Ce roman flamboyant pourrait
n’être qu’une belle dissertation un
peu théâtrale. Il pourrait signer l’in
tmsion de la tra gédie grecque dans la
brève de comptoir,~comme aurait
presque ditMalraux. Ce neserait déjà
pas si mal. Mais le livre de Ferrari est
beaucoup plus que cela, grâce à son
intelligence têtue, à son amour de la
Corse qui éclate partout, à tous ses
personnages qui titubent au bord
d’un ravin sans le voir. Et puis,
quelqu’un qui sait raconter comment
on châtre les jeunes verrats ne peut
être qu’un véritable écrivain.
GRÉGOIRELEMÉNAGER
aS7of52l 5b904c00d2284434fa01 950224739c40b1 de2cf
Et monts do mcborcho T ut citation
ACTES SUD maison dôditions -ACTES SUD SD m I n ttédIIjon ACTES SUD ,JUNF0R 10 00
d’6djuon ACTES SUD PAPIERS mal on dtd,Uon
VR
NE RENTRÉE RÉUSSIE
Est-ce é force de s’entendre
reprocher Ieurtrop peu•d’Intérêt
pour le réel? toujours
-il que les
romanciers français témoignent,
en cette rentrée, d’un bel ppétit
pour le monde, I’Hlstoi e,
le matérlaupolitique, économique
ou social. En témoigne ainsi I. livre
qui s’annonce mmc révénement
éditorial augurai: La Théorie
de! informa on (éd. llimard),
premier romantrès.post
houeitebecqulen d’Aurélien
Bellanger, popée ambitieuse et
mêd ativede l’ère:informatlque.
Autree
pie: Sen n~jgpasse
commepr
(éd. Grasset).
l’attend etdro tiqu récit de
La rent.Blnet, enlmmersiondans
lacampagne électorale de François
Hollande- ousr
id
sur
ouvrageslasema proci~[ne.
A cesdeux-là,.de plain pied dans
le conte o inetqu
tofflce
dotâtes d’affiche, onpourralt
ena
rblend’autresrd’OIivler
Adam Les Lisières (LIRE geS9)
)Mat I EnardaecSue
desvolêûrs êIRE page1S~,ou
ençoreJérômeFerrar!, I mêle
sivam ment les époques dans son
r,pmarquable Sermon sur la chute
déR&me (LIRE ci-contre), l’un des
lusteauxllvresdecette rentrée.
Adrevra, Ce om p
nec
du réel, de l’Histoire, on en viendrait
presqueà s’alarmerd’une possible
désaffection des romanciers pour
l’intime, le retour sur soi,
i’autofiction vo rel’égocentrisme
quiWestpas, en littérature,
un défaut, quoiqu’on le dise et le
ré ète.perfois... Heureusement,
parmîles 426 romans français de
l’automne (parmi lesquels69
premiersromans) et les 220
romans traduits, il en est vraiment
pour tous les goûts, dan t s les
genres. Cette première sélection
de r trée entend le démontrer.
Alors, àchacun, bonne lecture!
Nathalie Crom
* Chiffres: Livres hebdo.
-
ni
..—-.
ROMAN
JÉÏ~ÔM FERRARI
Ceci Westpas un pï,rilum. Mais le récit chaotique et revigorant 4e
memiittsd’unefamffle traversant le ~e siècle commesurun mdcci
C’est un ernan ~ui se désagrège à
chaque page et qui pourtant olfre un
grand se tirnent de sécurité. Un livre
meuble,
ant, daisissable, sur Te
quelon peutnéanmoinsprendreappui,
p
avancer en co
ce. Le titre, dé
jà,es unfauxpi cher,unsolquised&
robe Détrompez’vous, Jérôme Ferrari
n’a pas écrit un péplum, i
sur Tite-Live. Sa brève flot,
éclaire, puis fi éteint la lai
ne plus reven dessus, sa
fugaces. Nul besoin pour J
santir sur ce qu’ilaénoncé
toutes, au détour de phra
Le Sermon sur (ci chut de.~
été prononcé par saintAu&
/
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nçars té~ci~JnS2Î~,
e, d’un bel ap~étt
l’Œ]i:toire,
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rs~o!sneainsi le livre
:onttc[événegnent
c~ral: La Théorie
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très post~n d’AuréUe~
~ée smbitieuse et
è~e i~forn~atque.
~isn ne se passe
éd. Grasset),
:latbue récit de
ni immersion dans
ectorale de Français
s revbaidrons sur
isensine prochaine-.
~e flir.-pied dans
in et qui font office
Ne, on pourrait
d’etares: d’Olivier
;ières (u::: peso 39)
~ avec flue
LEpage ‘î~), ou
Ferr~ri, qui mêle
époques dans son
rrnwri sur Fa ohms
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~s dc cette rentrée.
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ROMAN
JÉ~ÔME FEflRA~I
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C’est un roman qui se désagrège a
chaque page, et qui pourtant offre un
grand sentiment de sécurité. Un livre
meuble, fuyant, insaisissable, sur lequel on peut néanmoins prendre appui,
pour avancer en confiance. Le titre, déjà, est un faux p’- nchei; un soI qui se déie. flétro
-vous, Jérôme Perron
T
- -
n’a pas écrit un péplum, ni une éwcle
sur Tite-Live. Sa brèvenote d’intention
éclaire, puis II eteint la lanterne, pour
ne plus revenir dessus, sauf par éc1a~
ftigaces. Nul besoin pour lui de s’appe
sentir sur ce qu’ila énoncé une fois pour
toutes, au détour de phrases concises.
Le Sermon sur la chute de Rouie a donc
&~ n-nnoncé parsaintAugustin, en410,
—
dans la cathédrale disparue d’Hippone,
avec le message: «Le monde est comme
un homme: il naît, ilgrandit, il meurt.»
—-
- -
Voila pour l’explication. Place à l’ac
_______
tion. Elle naît, elle grandit, elle meurt,
Mizlgrénpe drnbEtJo~ séduisante, ce «roman
comme les mondes qu’elle traverse.
eurojgen» deFloflanzellers’avèrepeu «joulssff».
Elle est nerveuse, chaotique, protéi
_______
foime. Elle court sur plusieurs généraLe titre est kundérler!, et le projet romanesque ne l’est
dons du fle siècle, s’évapore dans un
pqs mojns’ dans La Jouissance. Un roman européen,
coin pour exploser dansl’autre, car les
Ftorjan Zeiler racoriteep parallèle l’histoire d’un couple
tribus sont à la fois des bombes à retar(amout. ~1itement~, rppture) et celle de la construction
dement et des tremplins. Elle prend
europ~enna(enthous[asme, ennui, désaffection).
naissance sur un portrait de Î~niille en
Nicolas etPauljne, trenfenai res,sont les représentants
noir et blanc, datant de l’éte isis. Le
d’!4ie g6nération #passée au travers des filets de
grain de la photo a absorbé Marcel, l’UhitoIre» pour ~aque~e l’aspiration à la jouissance
comme le trou d’un sablier. L’enfant
i~dlv cfi Je~Wremplace Vidéal collectit Quanti l’Europe,
n’y figure pas. Déjà mort, pas encore
e)leaui~aitp Mit cet idéal, sz~uf qu’elle niritêresse
né? Il s’interrogera longtemps sur
plus arson~p.~. L’ambition de Zdler est séduisante.
cette inconcevable inexistence.
MaisjlWeafajtrien si ce n’est tirer deuzffls narratifs,
Très vite, l’auteur nous happe par
Restflnitman banal et va,guement prétentieux,
son écriture si profonde, proche dïè
astgciilç autant que superficiel. —Nd.C
émotions, et pourtant pleine de recul.
&Joriiktince. Ùnromon eumpéen, de Florlon Zeller
Ce Marceiréapparaîtra, hls blessé, ma- I Ed, Gobbrdl 162 p., 16 90€
/
ri fataliste, pere absent, grand-père injuste,jonglantavecles patates chaudes
que le destin ale chic de maintenir en PESTE&CIIOLÉRA
rique des temps qu’il a traversés — né
combustfon, II disparaîtra, édlipsépar ROMAN
en 1863 en Suisse, il est mort quatred’autres vies venues dela siènne, effa- PATIUCKOEVILLE
vingts ans plus tard à Nha Trang, dans
cé par des descendants qui auront ______________________________ l’actuel Viernam, alors partie del’tndo
comme lui axepousser de leurs poings ~
chine française — suffisent à constituer
les murs invisibles qui emprisonnent On connaît mal — pour mieux dire, on un matériau narratif rocambolesque et
~tout individu. Perché en bout de ignore.. —. en France, la figure et la prohis, que fleville excelle à déployer,
branche de cet arbre généalogique sec destinée d~Alexandre Yersin, studieux tantôt avec gravité, tantôt avec 1rucu~
et noueux, son petit-fils Mathieu cher- et fantasque jeune homme venu de lence, tout en se mettant discrètement
chera lui aussi sa place dans le monde, SuisseàParis, en i88~, àl’êge de 22 ans, en scène dans les marges du récit,
en ouvrant un bar avec un copain, pour travailler auprès du grand Louis
L’ombre de Rimbaud, contempo
dans un coin perdu de Corse, après ses Pasteur, et à qui l’humanite, guère re- ram de Yersin qui, lui aussi, semblait
études depbilo.Al’instar de songrand- connaissante, avouons-le, doit rien de fuir résolument « l’Europe aux anciens
père,lejeunehommefaitsurface dans moins quela découverte dubacille de parapets», plane sur ce romanbiogra
le récit, puis replonge, ressort la tête, la peste — en son honneur nommé Yer- phique. Où l’on suit pas à pas les tribuet sombre Anouveau. Pourjérôme Fer- sinia-pestis. Ce n’est pas là une trou- lataons du jetihe mïé&cin suisse en
rari, la vie est une.noyade, et son livre, vaille anecdotique, mais ce n’est pour- Extrême-Orient, dans les ports et les
un magnifique radeau de survie,
tant qu’une infime partie des raisons jungles de la péninsule indochinoise,
Comme dans ses romans précé- pou-lesquelles Patricic Deville a choisi puis dans l’empire du Milieu, mais
dents, aux titres déja énigmatiques et de consacrer à Yersin ce roman ou aussi a Aden ou Madagascar, le tout
fort~ (Un dieu vu animal, Du j’ai laissé l’aventure et la poésie, la médecine et entrecoupé de séjours parisiens qui
mon âme), Jérôme Ferrari saisit cet ins- lagéographie l’érudition etlafantaisie, manifestement enràiient notre scien
tantoùtoutbascule, oùlabulle durève lamélancolieetl’ironiesedllsputentde tifique auxsemelles devent. Onsaura,
et de l’ambition éclate pour laisser bout en bourlavedette, composant en- au terme du récit, tout de la vie et de
place au vide abyssal. Mais pour lui, le semble un tissu romanesque singulier, l’oeuvre savante de Yersin, assoiffe de
vide est un espace qu’il y a toujours extrêmement élégant et attachant,
savoir et non d’or ou de gloire, physi
moyen d’occuper, une terre vierge qu’il
Récit voyageur dans lequel se mê- quement courageux, morniement as
fautcultiverpourlafairerenaître, Dom- lent narration et commentaires, Peste cète et intellectuellement perspi
mage que l’écrivain américain Don De- & choléra se situe tout à la fois dans la’ dace,.. Pourtant, il nous demeure au
Lillo ait déjâpris le titre d’Outremonde, lignée des précédents ouvrages de l’au- fond un mystere — tant reste secret le
parce qu’il aurait parfaitement conve- teur ~Pura Vida, La Tentation des armes sens de cette destinee. C’est tout le ta’
nu ace livre bref si fourmillant, à la re- a feu, Equatoi-ia, Kampuchea) et en lent de Deville, etlavraiebeauté de ce
cherche d’unaffleurs, siintérieursoit-il, léger decalage carmoinsdigressit plus livre, que de faire ainsi de Yersin un
D’oeuvre en oeuvre, Jérôme Ferrari directement centré sur l’unique et re- frère de Rimbaud, en lui brossant une
batit un outremonde sans parmi, ulti- marquable figure de Yersin. Il est vrai vie en forme d’énigme indéchiffrable,
miste et puissant. —MarnreLanpror que l’incroyable biographie de ce mé- —Na.C.
I l±d Actes Sudj 202p., 19€.
decin et aventuner, et la densité histoEd. du Seuil, coi. Fiction &Ciel 224 p., 18€,
télérama 3207
32/08/12
37
11117 OCT 12
Hebdomadaire Paris
OJD :612513
Surface approx. (cm2) : 487
149 RUE ANATOLE FRANCE
92534 LEVALLOIS PERRET CEDEX-01 41 346000
Page III
cu(turem~
flébut du roman: une photographie prise en 1918, fin
~ JhistoriqueduXlX’sièc[e, Elle montre une flwnille:la
~‘ mère, cinq frères et soeurs; manque Marcel, le dernier.
La raison est simple, Marcel neya naître qu~en 1919 lorsque
son père sera rentré de la guerre. C’est sa vie fragmentée qui
va se dérouler à notre lecture durant le XX’siède et servir de
toile de fond au livre de Jérôrne Ferrari.
Fin du roman: un texte d’une Lucidité aveuglante écrit à
Hipp&,een4loaprèsJ.-CparsaintAugustin. irDieua-t-il
promisque le monde serait éternel?» Non. L’homme ne bâtit
que sur du sable, du vent, de l’éphémêra La chute de Rome
n’est pas seulernentia fin d’une ville etdes Romains, mais celle
d’une civilisation remarquable. Entre ces deux instants de
l’histoire du monde se déroule un texte, une longue séquence
qui chevauche les XX’et )Œfr sièdes, où deuxjeunes gens,
Matthieu et Utero, promis à un biillantavenir, vont finalement
se déterminertoutautresnent: ra~ent, la sensualité~ lesexe
vont devenir leurs maîtres à penser. Ils s’établissent sur les (jeux
mêmes de leurs vacances dejeunesse, la Corse, poury faire
revivre un barde montagne et tenter d’y bâtir, comme les a
initiés Leibniz, le meilleur des mondes possibles». Matlhieu
JÉRÔME FERRLAR~
VERTIGES
DE L’ÀBIME
Dans Le sermon sur la chute de Rome
«
»,
l’auteur nous offre une variation sur le declzn du monde Yves Simon
a été conquis par son roman magnifique et ambitieux.
et Libero sont notre actualité. La chute de Rame etia vie de
Marcel, le grand-père de Matthieu, représentent le déroule
ment du temps, comme les rêves humains, inassouvis, qui
croientque le rnondeestà leurs ordres et peutdurer comme
ils l’entendent: éternellement,
Stçerbe architecture pour ce livre puissant Il ya là trois
temps de l’Histoire: celui d’une civilisation, celui d’un siède,
celui d’uneviedhomme. C’est Fernand Braudel, le grand
historien de la Méditenonée, qui nous a appris cela, ces trois
temps pour penser l’Histoire et ses connexions entre les êtres
et des temporalités qui les dépassent.
viendra où il ne restera rien de cette caverne des ombres dans
laquelle Ils sont les maitres du jeu. Ils avancent en aveugles vers
des gouffres de décadence où ils ne peuventque se briser.
Un pistolet ~it son entrée, dans un tiroir, sous le bar; une arme
de la dissuasion, disent-ils.Arme incongrue par laquelle une
tragédie, façon grecque antique, vase nouer.
Comment ne pas retrouver de sombres coîncidences
avec levolcan décadent sur lequel nous sommes en train de
danser?Alors que nous parlons de droits acquis, une civilisa
tion —la nôtre —esten train de mourir sous nos yeuç espérant
qu’elle survive et renaisse, alors que tous les ingrédients de sa
mort sont program
més Fin dela beauté,
fin d’une majesté, fin
d’une époque, fin des savoirs et des crv,lités où tout allait de soi
alors que tout allaitsurvenir d’ailleurs, d’ailleurs de soi. Les
autres, cet enfer C’est la An de la confiance, de la parole
donnée ,c’est croire encore que l’autre est fiable, umant,
amoureux, qu’il ne peut trahir, quand la dissidence sourd de
tous côtés, que les excès de toutes sortes — désinvolture,
cynisme, sexe — balisentnotre quotidien et le dégradent
Jérôme Ferran écrit en virtuose cette apocalypse corse,
cette fin d’un monde occidental où chacun s’est cru éternelle
ment l’empereurdes destins, Pour ces raisons. «Le sermon sur
la chute de Rome, est ce qu~l y o
de plus abouti, de plus beau, de
plus universel en cette rentrée
littéraire Il décnt la finitude et
limpemianence des choses pour
laisser à saint Augustin le devoird en
expliquer la chute inexorable e
On dalcoolise, on oubli., on se perd. Quoi de meIlleur?
LA StflflO?i
surie chute
de Ronw e, de
.Mrâme Ferrer,,
éd~~jSu4
208 pages,
19 euros
in’
t4’~Wni1{*li
ACTES
91566533oo5o8~QF,tAJAfl[J2
Matthieu et Libero rejettent le monde où ils sont nés pour
se mettre à vénérer celui dans lequel ils ont choisi de vivre.
Nous sommes au coeur du roman. Le monde se rétrécit et
toutva se dérouler autour d’un bar où des filles recueillies dans
des établissements glauques vontvenirornementer le lieu, de
même qu’un chanteur, plutôt beau gosse, quiva distraire
l’auditoire avec sa guitare et sa voix du Sud. Les dients
affluent, du village, puis des environs, puis de la villa l,’argent
levin. la peau des filles vontêtre le matériau enivrant de ce bar
perdu où chacun entre pour tenter de se trouver une raison de
vivre comme de survivre, Super feeling! On s’alcoolise, on
oublie, on se perd. Quoi de meilleur? Libero et Matthieu
foncent vers l’abîme mais n’en disent rien. Repus d’onguents
illusoires qui les aseptisent etoù ils se vautrentcomme dans
une kermesse d’apocalypse joyeuse. ils savent que les mondes
sont des entités finies, avec un début et une fin. Touten
feignant une nonchalance calculée, ils savent qu’unjour
L
~
~bieornn aotecfl rclie Toute tilation ~CTESSUQ maison d’~diÇon P~CTES SUDBD mal 0~ d’ Won ACTES SUD JUNiOR mabon~.
kd~dit~gp~AcTEssuppAPlERr mal on0’édW6’~,
~
Aussi, Jérâme Ferrari, apres avoir écrit un pieinter roman envoyé, sans succès, àplusieurs édi
teurs parisiens, compose en 2000 unrecueil de
nouvelles «iconoclaste», Variét 5g de la mort, qu’il
propose à Aibiana, « grand éditeur géneraliste
d’Ajaccio». Le livre parait en 2001, et suscite,
chez ses compatriotes, des réactions «assez vio
lentes». L’année suivante, il enchaîne chez le
même éditeuravecAlephzérô, «un petitroman»
qui passe cette fois complètement inaperçu.
«J’avais l’impression, se souvient l’auteur; que le
livre n’avaitpas existé. Etje me suisjur4 sUe ré
écrivais, d’être publié dans une maison d’édition
nationale! » Cela lui prendra cinq ans.
r
Jérôme Ferrari construit une oeuvre u
est l’épicentre.
omme un grand nombre de ses
compatriotes, Jérônie Ferrari est
un enfant de la diaspora. Il est né
sur le continent, à Paris, en 1968,
a passe toute son enfance à Vitrysur-Seine. Mais, contrairement à ses parents,
très «assimilés»— ses grands-pères onrtous fait
carrière dans l’administration, y compris aux
colomes » —il avait conservé des]iens très forts
avec le village d’origine des Ferrari, Fozzano,
près de Propriano. «Jusqu’à l’âge de 20 ans,
avoue-t-il,j’étais monomaniaque de la Corse.»
Une position à la fois culturelle etpolitique, dans
la mouvance autonomiste.
Alors, en 1988, sous prétexte d’effectuerun mémoire de sociologie surla criminalité en Corse,
puis une maîtrise et un DEA de phUosophie à
Corte, cc la seule umversite’de l’île, mais aussi l’astcienne capitale de PascalPaoli, tout unsyrnbole »,
56.
dont la Corse
lejeun Jérôme revient aupays, etmilite durant
deux ans,juste au moment où lemouvementin
dépendaritistei a explosé»Jlprend conscience.
cc defaçon pSi enne », qu’il n’estpas fait pour le
militantisme, «quel qu’il soit», et se réjouit au
jourd’liui que la culture etlalanguecorses, auxquelles il demeure viscéralement attaché, « se
soient Zibe’rées de la sphère politique». « Contrai
rementà monpère,je parle corse, précise Perrari,
même sije l’ai appris tard. ».
Réenraciné, il vit en Corse,jusqu’en 2003, sans
avoir aucun « plan de carrière». Après avoirtâté
dujournalisine « de terrain » dans un magazine
local—cc Ça ne meplaisaitpas du tout! » ,il passe
les concours de l’Education nationale (Capes et
agrégation de philo) et enseigne sa discipline au
lycée de Porto-Vecchio. «J’avais découvert un au
tre inonde, le mien, explique-t-il, et c’était inté
ressant dupointde vue de lafiction.
« J’ai cru que c’était ciilt”.Entre-temps, Jérôme
Ferrari avait quitté son île. 0e 2003 à 2007, il
enseigne la philosophie au lycée international
d’Alger Expérience qu’il transposera dans ses
romans. En 2006, il avait expédié à cinq éditeurs
parisiens le manuscrit de Dans le secret. Au terme
d’un embrouillamini, c’est Actes Sud qui l’em
porte. Le livre sort en 2007. Quelquescritiques
découvrent l’autez etieroman se vend à: 500
exemplaires environ. Est publié ensuite.Balco
Atlantico, en 2008, alors que Ferrari, de retour
en Corse, est professeur au lycéeFieschi d’Ajac
cio. Zéro article, etunflop absolu. «J’ai cru que
c’était cuit, dit-il, qu’Actes Sud allait me lâcher.
Tout au contraire. Son éditrice le rassure et
continue de lui faire ç~nfiance. Avec raison; Un
dieu, am animal (200) puis Où j’ai laissé mon
cime (2010) séduisentla critique etsont des suc
cès enlibraine xespectivement8 000 et 30000
exemplaires vendus environ. «Achaque livre,
j’avance, jefais autre chose, unpas~ avec un pro
jet littéraire différent»
A la rentrée, alors qu’il enseignera la philo au
lycée français d’AbuOhabietseraconseillerpé
dagogique pour la péninsule Arabique etia pé
ninsule Indienne durant cinq ans, Jérôme Fer
rad publie Le sermon sur la chute de Rouie. Un
roman où il revient à ses fondamentaux, qui en
tremêlel’histoire d’un village corse, de 1919 à
aujourd’hui, avec celle de la prise de Rome par
les Barbares d’Alaric, en 410, vue par saintAu
gustin. Parallèlement, Jérôme Ferrai a traduit
Murtorfu, roman de son ami Marco Biancareffi,
« le premier Corse qui écrit en corse publiésur le
continent». Langue orale à l’origine, le corse est
écrit et normé depuis les années 1970. Le livre
paraît lui aussi chez Actes Sud à la fin du mols
d’août, mais dans la rentrée étrangère...
JEAN-CLAUDE PERRIER
Leserman surfa chute de Rame, jérôme Ferra,,, Actes Lcd, 208 p.
19 ernos, LiN 978-2-330-01259-5, à paraître e 22 août.
Livres Hebdo C 912-Vendredi I” juin 2012