Palabras 13 FR - Le Monde selon les femmes
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N°13 2005 « Femmes rurales et accès à la terre » Edité par Le Monde selon les femmes • Rue de la Sablonnière, 18 • B - 1000 Bruxelles • Belgique a e Palabr S a e Palabr S SOMMAIRE N°13 2005 Éditorial La revue et le réseau Palabre/as La CPT (Brésil) L’UAW (Belgique) L’AMFAR (Espagne) Salanontoura sou don se (Bénin) Présentation : Le MMC (Brésil) Solidarité de Kande-Comè (Bénin) L’Alliance des femmes rurales pour la vie, la terre et la dignité (Guatemala) Le Réseau d’Appui à la Citoyenneté des Femmes Rurales Ouest-Africaines et du Tchad Le Réseau de Femmes Rurales de l’Amérique latine et les Caraïbes Le Réseau National des Femmes Rurales du Sénégal Pour savoir plus sur le thème de l’accès à la terre pour les femmes rurales Nouvelles du réseau Palabres Activités du Monde selon les femmes Éditrice responsable : Marcela de la Peña Valdivia Groupe de travail du projet Raconter et Écrire : Hélène Ryckmans, Gladys Cifuentes, Poupette Choque, Isabelle Jacquet, Patricia Muñoz, Lidia Rodriguez Prieto, Magali Verdier, Paula Maggi Illustration de couverture : ©Claire Hilgers Illustrations intérieures : ©Clarice Photos © : p. 4 Corel, p. 8 UAW, p. 14 AMFAR, p. 18 Solidarité de Kandé-Comè Traductions pour ce numéro : Dulce Kugler, Marcela de la Peña Valdivia, Thierry Detienne Merci à toutes celles et ceux qui ont permis la réalisation de ce numéro ! Palabres/as N°13 . Éditorial ÉDITORIAL Femmes rurales et accès à la terre L’accès à la terre est indispensable pour produire de la nourriture et créer des revenus. C’est aussi un atout social et économique déterminant qui donne accès à l’identité culturelle, au pouvoir politique et à la prise de décisions. Dans des nombreux endroits la terre est gérée en fonction des structures familiales et parentales, des coutumes en matière de mariage et de la religion. Les préjuges sociaux et culturels sont souvent responsables d’une discrimination à l’égard d’un sexe, d’une classe sociale ou d’un groupe ethnique. Une des inégalités qui touchent les femmes rurales (et plus encore les femmes pauvres) est le manque d’accès réel ou formel à la terre et à la propriété. Même si les femmes jouent un rôle de plus un plus important dans l’agriculture et dans la gestion des ressources naturelles, elles n’ont dans la plupart des cas pas l'accès ou le droit à la terre, ni le contrôle de la terre. Comme chefs des ménages de fait - de 25 à 50 % des ménages ruraux sont dirigés par une femme, à cause de l’exode rural, des migrations des hommes, des maladies et décès dû au VHI/SIDA - , elles n'ont bien souvent pas le droit à la propriété tout en disposant d'un usage parfois précaire de la terre. les droits de succession sont patrilinéaires. Cela signifie que si les femmes ont des droits fonciers c’est à travers leurs fils ou des hommes de la famille de leur mari ; leur accès à une terre n'est que temporaire dans la famille de leur mari. Comme résultat de cette pratique, très souvent une femme perd tout droit à la terre à la mort de son mari (en Ouganda en 2002, c’était le cas de 60% de veuves des zones rurales, ONUSIDA, 2004) ou en cas de divorce. Ainsi les femmes et leurs enfants n’on plus les moyens d’assurer leur alimentation. Les institutions de l’Etat influencent aussi les régimes fonciers : la loi peut stipuler l’égalité de droits face à la terre, une réforme agraire peut aller dans ce sens. Mais la mise en œuvre de la loi va dépendre des facteurs institutionnels, politiques et sociaux. La coutume va régner avant la loi, et les femmes n’auront pas l’accès réel à la terre ni aux bénéfices de son exploitation, ni à la vulgarisation agricole ou à la formation. De plus, dans des économies mondialisées, la libéralisation de l’économie exerce une influence croissante sur l’accès à la terre. La terre devient un actif négociable ; les terres disponibles sont toujours plus rares et sont, Un des principaux obstacles à l’accès et aux malgré des droits de propriété égaux, accadroits des femmes sur la terre est la perpé- parées par ceux qui ont le plus de moyens tuation de pratiques patriarcales et de pour les acheter et les mettre en valeur : le valeurs sexistes, sous prétexte de conserver plus souvent des hommes laissant de côté les l'unicité de la terre ou d'assurer la survie de femmes ou exploitant leur force de travail l'exploitation. Dans la majorité des cultures, comme métayères ou ouvrières agricoles. 1 2 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre Dans ce numéro de Palabras, nous vous présentons des expériences de femmes du Sud dans leur lutte pour un accès et un contrôle de la terre comme ressource et source incontournable de leur autonomie et de leur bienêtre. Et également des expériences de femmes du Nord qui luttent pour une reconnaissance en tant que travailleuses et actrices du développement rural. Nous vous présentons aussi des nouvelles du réseau Palabras avec le projet RAAC (Réseau d’apprentissage et d’action communautaire sur le genre), des activités du Monde selon les femmes et une nouvelle page avec des références pour aller un peu plus loin sur le thème. Au Bénin deux associations de femmes se présentent : l’Association de femmes rurales « Salanontoura sou don se » a comme but l’auto promotion des femmes et la lutte contre la pauvreté. Le regroupement des femmes leur a permis d’améliorer leurs revenus et d'acheter une terre. Le Groupement féminin Solidarité de Kande-Comè, créé pour faciliter le travail des femmes agricultrices, développe des activités génératrices de revenus. Au Guatemala l’expérience de l’Alliance des femmes rurales pour la vie, la terre et la dignité, met en évidence les liens entre la discrimination des femmes indigènes à Au Brésil, la Commission pastorale de la cause de leur ethnie et des valeurs patriarterre de l’Etat de Maranhão a pour objectif cales, par rapport à leur accès à la terre. de lutter avec les travailleuses pour leur accès à la terre, pour la réforme agraire. Dans le Par ailleurs, trois réseaux de femmes rurales même pays, le Mouvement de femmes sont présentés : paysannes, lutte pour les droits des femmes le Réseau d’Appui à la Citoyenneté des paysannes et pour établir des rapports équi- Femmes Rurales Ouest-Africaines et du librés entre les femmes et les hommes et l’en- Tchad (RESACIFROAT) ; le Réseau de Femmes Rurales de l’Amérique latine et vironnement. des Caraïbes et le Réseau des Femmes En Belgique, l’Union des agricultrices Rurales du Sénégal. wallonnes (UAW) lutte contre le manque de reconnaissance professionnelle des agri- Tous ces récits et présentations mettent en cultrices. Elles ont réussi dans leur combat, évidence qu’il est nécessaire de sensibiliser les et continuent dans la défense syndicale des organismes et les Etats sur le rôle des femmes rurales en tant qu'agricultrices à part entièagricultrices. re et en tant que propriétaires. Elles doivent En Espagne, l’AMFAR s’est organisée pour être présentes lors des décisions sur la terre et défendre les droits et intérêts des femmes les ressources naturelles, et avoir un égal rurales. Son action est centrée sur la forma- accès aux services de vulgarisation et de fortion et le lobbying face au gouvernement mation. Le droit des femmes à la terre est un pour sortir les femmes rurales de l’invisibili- pas indispensable dans la lutte contre la té et promouvoir leur participation plus pauvreté et plus particulièrement dans la reconnaissance des droits des femmes comme active. des droits humains. Le Monde selon les femmes Palabres/as N°13 . La revue et le réseau LA REVUE ET LE RÉSEAU PALABRE/AS Le projet vise à faire raconter et écrire par des groupes de femmes du Sud et du Nord une action concrète, quelque chose qu’elles ont fait, qu’elles aimeraient faire connaître et qui illustre leur engagement social. Le point de départ est la conviction que les groupes de femmes du Nord et du Sud agissent, réagissent et prennent leur avenir en main dans le champ de leurs "possibles". Elles ont dès lors des choses intéressantes et mal connues à raconter et à écrire. L’échange de récits se fait entre les mondes francophone et hispanophone (Europe latine, Amérique latine et Afrique francophone). Les récits, qui sont toujours collectifs, présentent des réalisations concrètes. Ces récits croisés remplissent un objectif d'éducation au développement car ils montrent les solidarités possibles, à partir de diagnostics similaires sur des situations comparables. L'échange de pratiques montre à la fois la "palette" de vécus différents, venus des réalités de chaque groupe social, de chaque pays, de chaque culture et la proximité de sentiments (joie ou peine), de faits et de démarches adoptées dans le but d'accroître l'autonomie des femmes. Objectifs du projet LE PROJET VISE TROIS OBJECTIFS : 1 LE PROJET A TROIS COMPOSANTES : la diffusion d'expériences concrètes de 1 la publication d'une revue, éditée en groupes de femmes auprès d'un large même temps en français et en espagnol. public ; Le Monde selon les femmes a déjà publié treize numéros thématiques de la revue 2 l'apprentissage et la connaissance mutuel- Palabras* et deux numéros hors série ; le, afin de créer des synergies entre groupes 2 la mise en place progressive d'un réseau de femmes grâce à des récits croisés ; d'échanges et de contacts ; 3 la mise au point d'outils d'animation (pour l'éducation au développement et les 3 l'organisation de rencontres entre les formations) sur Genre et développement. associations participant au projet. * Le n° 0 sur les violences contre les femmes ; le n° 1 sur l'agriculture durable ; le n° 2 sur l'emploi ; le n° 3 sur la santé et les droits reproductifs ; le n° 4 sur la citoyenneté ; le n° 5 sur les femmes dans la ville ; le n° 6 sur les organisations d’appui aux femmes ; le n° 7 spécial "Marche mondiale" le n° 8 sur l’art au féminin ; le n° 9 sur les formations, le n°10 sur la migration, le n°11 sur l’information, le n° 12 sur les femmes victimes des conflits et actrices de paix. 3 4 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre LA CPT lutte pour la répartition de la richesse, pour plus d’humanité, de fraternité Contact Martha Isabel Furtado Bispo - Coordinatrice Commission Pastorale de la terre - Régionale Maranhão São Luís do Maranhão, 9 de outubro de 2003 Maranhão - Brésil Tél + + 98 222 2216 Fax + + 98 231 2700 Mail [email protected] Site web www.cptnac.com.br Palabres/as N°13 . La CPT La CPT (Brésil) La « Commission Pastorale de la terre » de l’Etat de Maranhão La « Commission Pastorale de la terre » est née en 1975 en réponse au problème de l’accès à la terre, à l’eau et à la nourriture. La CPT a été mise en place par l’Eglise catholique (qui est très progressiste au Brésil) avec d’autres Eglises évangéliques et presbytériennes. Nous appartenons à la ligne des pastorales sociales et nous nous fondons sur la doctrine sociale de l’Eglise, la théorie de la libération. Nos actions ne sont pas des actions qui conduisent à la violence mais ce sont des actions de conquête de la terre. Notre objectif est de lutter avec les travailleuses pour leur accès à la terre, pour la réforme agraire. Notre organisation a une optique transversale de genre promue par les femmes elles-mêmes. Familles sans terre Suite à la dictature militaire au Brésil, la concentration de la terre dans les mains d’un petit nombre a augmenté fortement. Plus de terres sont aux mains de moins de personnes et moins de terres sont en possession de ceux qui ont besoin de la travailler. Il n’y a que 15 % seulement qui possèdent la terre, la majorité du reste de la population pauvre est celle qui travaille, il y a 5 millions de familles sans terre au Brésil. A cette époque apparaît le terme « CRILAGI », mot brésilien que l’on utilise pour désigner une personne qui achète un lopin de terre à un faux propriétaire qui expulse les personnes qui demeurent sur ces terres. Un grand nombre de familles se sont vu obligées de partir sur les routes parce qu’elles avaient été expulsées et dépouillées des terres sur lesquelles elles vivaient. Il y a eu et il y a encore de nombreux conflits : assassinats, menaces de mort, expulsion des terres. Notre association aide ces familles pour qu’elles puissent revenir sur leurs terres. Comment nous sommes organisées En tant que CPT, nous avons une coordination nationale composée de six personnes au nombre desquelles figure une femme. Il y a 21 régionales et dans plusieurs états 5 6 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre du Brésil, il existe aussi « l’équipe contre le travail esclavagiste au Brésil », « l’équipe de spiritualité », et « l’équipe de formation » pour les membres internes mais aussi pour les membres des travailleuses de la CPT. On y traite principalement des thèmes relatifs à la terre, à la femme, au genre, à la question de l’eau. Nous organisons une rencontre tous les deux mois pour évaluer et planifier de même que pour préparer la formation. La relation avec les autres CPT est menée à bien à travers la CPT nationale avec laquelle nous avons des rencontres deux fois par an pour évaluer, planifier et préparer les formations. Le Nord et le Sud Les relations entre la CPT du nord et la CPT du sud du Brésil (la CTP de Maranhão est située au nord-est du pays) ont des relations égalitaires et très bonnes, avec des réalités distinctes mais aussi des points en commun tels que la lutte pour l’accès à la terre, à l’eau, aux crédits et la question de genre. Le nord brésilien est plus pauvre que le sud du pays. Le sud du Brésil est semblable à l’Europe, il existe un parallélisme entre quelques villes allemandes et quelques villes du sud brésilien qui à l’époque furent colonisées par les Allemands. Les pays du Nord nous voient comme des régions qui ont moins de capacité de développement mais de grandes superficies de terre. La relation à la terre pour la plantation et pour l’alimentation des pays du Nord est un relation d’inégalité dans laquelle nous nous sacrifions. Par exemple, la monoculture du soja (qu’achètent ensuite les pays du Nord) va de pair avec l’utilisation de produits toxiques qui contaminent chaque fois plus le sol, nos eaux et l’Amazonie, le poumon du monde. Nos lignes de travail Nous travaillons la question de la réforme agraire pour venir à bout de la concentration de la terre. Ce n’est pas seulement une question de distribution de terre mais aussi d’améliorer notre qualité de vie. Nos activités concernent également l’accès aux services de santé et l’éducation qui, si elle existe, ne prend pas en considération les cultures locales. Nous promouvons la participation de la femme aux espaces de décision, son pouvoir de négocier et de posséder un titre terrien. En effet, la loi au Brésil dit que si un homme et une femme sont mariés, ils ont conjointement un titre terrien, mais dans la pratique, il n’en est pas ainsi et la terre continue à être sous le contrôle et la possession des hommes. Nous sommes envahies par une joie immense lorsque des groupes de femmes sont en train de prendre conscience, d'être actrices de leur destin et qui font face à la vie. Palabres/as N°13 . La CPT Nous voulons que l’on valorise davantage « les petites conquêtes » des familles qui ont déjà conquis leur lopin de terre, qui ont lutté pendant 4 ou 5 ans par voie de justice et qui ont obtenu leurs droits. La terre continue à être sous le contrôle et la possession des hommes Nous rendons visite à des familles très pauvres qui n’ont pas de quoi manger, des familles qui campent au bord des chemins pendant deux ou trois ans dans l’attente d’une décision judiciaire qui leur permette d’accéder à leurs terres. Il arrive souvent que lorsque ces familles peuvent enfin récupérer leurs terres, leurs maisons ont été brûlées, ce qui provoque un choc. La CPT n’est pas opposée au gouvernement de Lula car celui-ci est notre ami. Nous occupons les terres de façon pacifique, sans armes ni violence. Nous contribuons à ce que se produise dans les faits la réforme agraire du Brésil. Et nous savons que beaucoup de nos conquêtes, la question de la documentation de la femme (c’est à dire avoir son actes de naissance, ses papiers d’identité, des titres de propriété), le salaire pendant la maternité, la problématique du crédit, toutes ces choses exigent beaucoup de lutte pour avancer pas à pas. Nous savons que pour obtenir quelque chose, nous devons lutter et conquérir nos droits parce que dans notre pays, les lois sont faites par le Congrès et le Parlement brésilien qui sont composés des grands propriétaires terriens ; les lois sont faites pour les grands mais pas pour les petits. Une utopie réalisable Nous sommes pleines d'espérance car nous voyons que les choses sont déjà en train de changer, comme le Forum social mondial le démontre. Nous croyons qu’il est possible de venir à bout du machisme et du patriarcat à l’intérieur des familles même où les femmes auraient aussi leur voix. Nous luttons pour la répartition de la richesse, pour plus d’humanité, de fraternité. Dans ce sens, la CPT voit que notre rêve peut se réaliser à partir des familles, des coordinatrices de base, dans ce qui est déjà commencé ici, qui est réalisable dans le présent, pas d’ici 40 ans mais maintenant. Nous parions sur notre travail. 7 8 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre L’UAW lutte contre la manque de reconnaissance professionelle des femmes en tant qu’agricultrices Contact Anne Pétré - Coordinatrice nationale Anne-Marie Tasiaux - Présidente Union des Agricultrices Wallonnes 47, Chée de Namur 5030 Gembloux - Belgique Tél + + 32 81 60 00 60 Fax + + 32 81 60 04 46 Mail [email protected] Palabres/as N°13 . l’UAW L’UAW (Belgique) L’Union des Agricultrices Wallonnes L’Union des Agricultrices wallonne est un mouvement qui regroupe des agricultrices issues des 4 coins de Wallonie. Nos missions sont : la défense syndicale des agricultrices et des agriculteurs et l’information et la formation permanente des agricultrices. La structure du mouvement est composée de sections locales, qui se réunissent en sections provinciales, et qui élisent des déléguées au niveau national. Notre lutte pour un meilleur statu t … Nos préoccupations principales touchent au statut social et juridique des agricultrices. Les femmes impliquées dans les exploitations de Wallonie assurent souvent les soins aux jeunes animaux, la traite, et une part importante de la gestion administrative de la ferme. Lorsqu’il y a diversification (quand est développée une autre activité économique liée à l’agriculture), ce sont encore les femmes qui sont porteuses de ces projets dans la majorité des cas. Impliquées professionnellement, elles le sont aussi sur le plan financier. Elles sont en effet, la plupart du temps, co-débitrices des emprunts contractés pour la reprise ou l’amélioration de la ferme. Malgré cela, les agricultrices ont souffert durant de longues années d’un manque total de reconnaissance professionnelle. Leur « statut » de conjoint aidant correspondait en fait jusqu’il y a peu à une absence de statut. Jusqu’en 1990 en effet, les conjoints aidants, qu’ils travaillent en agriculture ou dans n’importe quel autre secteur de l’emploi indépendant, n’avaient aucun accès à une protection sociale individuelle. En conséquence, les conjoints aidants étaient considérés comme des conjoints au foyer (on pourrait dire femme au foyer, puisque 95% des conjoints aidants sont de sexe féminin). Cette situation était frustrante, et profondément insécurisant, car l’absence de statut correspond concrètement à une invisibilité complète sur le plan professionnel. En cas de séparation, certaines conjointes aidantes se sont ainsi retrouvées dans l’impossibilité de prouver leur présence sur l’exploitation et leur influence dans la bonne marche de l’entreprise, leur nom ne figurant sur aucun document officiel ! 9 10 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre Plusieurs organisations représentant les conjointes aidantes des différents secMaxi teurs, agricultrices et épouses de médestatut! cins en tête, se sont mobilisées pour modifier cet état de chose. Après d’âpres luttes, elles ont enfin obtenu, en 1990, l’accès volontaire à un statut social partiel. Celui-ci, que l’on appelle communément le « mini-statut » couvre uniquement la maternité, l’incapacité de travail et l’invalidité, contre le paiement d’une cotisation égale à 4% de celle du conjoint indépendant à titre principal. Cette cotisation n’était toutefois pas obligatoire. Les organisations de conjoints aidants qui s’étaient battues pour l’obtenir ont rapidement déchanté, puisque peu de femmes faisaient les démarches nécessaires pour accéder à ce statut partiel. L’explication de cette réticence est difficile à donner, mais notre expérience semble montrer qu’il restait malaisé pour une femme d’obtenir de son conjoint la possibilité de s’inscrire au statut. De plus, le « mini-statut » volontaire n’était pas considéré comme suffisamment attrayant, puisqu’il ne propose pas de possibilité de cotiser pour l’obtention d’une pension de retraite individuelle. A tort, à notre avis, car le rapport entre le coût de la cotisation et la protection offerte était en fait, extrêmement rentable. En 2002, les débats concernant l’amélioration du statut des conjoints aidants ont repris. Aux organisations déjà impliquées en 1990 se sont joints d’autres mouvements représentant les conjoints du secteur de la construction, de l’alimentation… Ensemble, ces mouvements ont réfléchi à un statut adapté à la diversité des situations des femmes travaillant dans les entreprises familiales de ces différents secteurs. En 2003, les conjoints aidants ont enfin obtenu l’accès à un statut social complet et aussi, chose capitale, l’inscription obligatoire au mini-statut. Désormais, tous les conjoints aidants sont automatiquement inscrits auprès de l’INASTI (Caisse de cotisation des indépendants, pour les maladies et les pensions) et bénéficient d’une protection maternité-incapacité de travail-invalidité. Depuis 2003, les conjoints qui le souhaitent peuvent aussi s’inscrire au bénéfice d’un statut complet, offrant la même protection que celle des indépendants à titre principal. Les cotisations sont les mêmes que celle de l’indépendant. Des aménagements ont été prévus pour les couples à bas revenus, car il s’agissait d’être attentif à offrir un statut qui sécurise la famille, et non qui la précarise davantage. Palabres/as N°13 . l’UAW ... en marche ! Cette inscription volontaire au statut complet sera obligatoire dès juillet 2005 pour tous les conjoints aidants nés après 1956 (sauf si la personne fait la déclaration officielle de sa non-participation à l’activité de l’exploitation). Il s’agit d’une avancée majeure pour les agricultrices et leurs consœurs des autres secteurs. Cette protection obligatoire a l’avantage de sécuriser la conjointe sur le plan social, bien sûr, mais aussi sur le plan juridique. En effet, l’inscription obligatoire au statut donne aux conjoints aidants un véritable statut professionnel, une existence claire sur le plan légal dans l’entreprise familiale. En cas de divorce, par exemple, il deviendra plus simple qu’auparavant de prouver son implication. Sur le plan psychologique, l’effet est également perceptible. Si l’on peut légitimement crier victoire, il reste cependant d’autres questions à régler afin d’assurer aux agricultrices une place à la hauteur des engagements qu’elles prennent dans les fermes wallonnes. Ainsi, nous avons contacté le Ministre de l’agriculture, afin de trouver avec lui des solutions pour permettre aux agricultrices d’améliorer aussi leur statut administratif dans l’exploitation. En effet, les droits de production et quotas divers liés à la PAC (Politique Agricole Communautaire européenne) ont été mis en place à une époque où les conjoints aidants ne pouvaient pas s’inscrire comme travailleuses à l’INASTI. En conséquence, les droits de production ont été automatiquement attribués aux seuls travailleurs officiellement inscrits au statut social, et les agricultrices en ont été une fois de plus exclues. Cette situation perdure : les cartes d’identification des exploitations wallonnes restent intitulées au seul nom de l’exploitant à titre principal dans la majorité des exploitations. Si une possibilité existe depuis 5 ans de modifier, en cas d’accord entre les deux époux, l’intitulé de la carte CTI (carte d’identification de l’exploitation), c’est un sujet qui reste difficile à aborder au sein de certains couples. Aussi, l’UAW a demandé au Ministre du secteur d’étudier la possibilité de rendre cette co-titularité des droits de production automatique pour tous les conjoints aidants inscrits au statut social. Si ce dossier évolue positivement, les conjoints aidants du secteur agricole bénéficieront alors d’un statut qui les place réellement sur un pied d’égalité avec leurs conjoints indépendants à titre principal. Pour que nos fermes continuen t … En dehors de ces dossiers particulièrement liés aux femmes, nous sommes également très préoccupées par l’avenir de nos exploitations et la possibilité, pour nos enfants, de s’installer en agriculture. 11 12 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre Les constantes modifications du cadre politique autour de l’agriculture européenne (voire mondiale, dans le cadre de l’OMC - Organisation Mondiale du Commerce) créent un environnement insécurisant pour les exploitants agricoles de l’Union Européenne. Le durcissement des normes en matières de sécurité alimentaire, les nombreux contrôles auxquels nous sommes soumis, les sanctions qui en découlent (perte de revenu) renforce aussi ce sentiment d’insécurité. En Belgique, les exploitations ont tendance à s’étendre, à devenir de plus en plus grandes. La reprise de telles structures est de plus en plus difficile. Le montant des emprunts est lourd et, dans le contexte d’incertitude politique que nous vivons, très difficile à gérer. Il faut aussi organiser la reprise par un enfant en ne lésant pas ses frères et sœurs. Les agricultrices, mères de futurs agriculteurs et agricultrices, sont inquiet-e-s face à cette situation. Elles « angoissent » pour l’avenir de leurs enfants. Elles servent souvent de « tampon » dans les conflits père-fils au moment de la reprise ou pendant que le jeune est associé à son père. De plus en plus souvent, on entend des agricultrices et agriculteurs dire qu’ils n’ont pas envie que leur enfant reprenne la ferme, car c’est un avenir trop incertain. Néanmoins, il y a quant même un sentiment de fierté d’avoir transmis à son enfant l’amour du métier. Quelle agriculture voulons-nous ? L’agriculture de demain, nous la voulons familiale. Une expression galvaudée qui a perdu son sens pour beaucoup, mais qui pour nous, se définit ainsi : « l’agriculture familiale est une agriculture dans laquelle le pouvoir de décision, la main d’œuvre et les capitaux émanent de la famille ». C’est dans ce type d’agriculture que nous, agricultrices, trouverons le mieux notre place. C’est dans une structure familiale, viable, mais de taille humaine, que nous voulons exercer ce métier que nous aimons. Nous avons choisi ce métier par goût du travail de la terre, des animaux que nous élevons, parce que nous voulions être indépendants. Indépendants, nous le sommes pourtant de moins en moins, soumis à des normes de plus en plus strictes ainsi qu’à des politiques qui nous sont imposées par une Europe face à laquelle nous nous sentons démunis. Nous voulons faire entendre notre voix et être à même de décider de l’avenir de nos entreprises familiales. Nous ne voulons pas de ces normes qui uniformisent l’agriculture. Nous voulons conserver l’incroyable variété de nos productions. Nous ne voulons pas oublier nos racines, notre culture, l’extraordinaire richesse de notre gastronomie. Palabres/as N°13 . l’UAW Aider à trouver sa place En tant que mouvement féminin, nous sommes sensibles au fait que les épouses d’agriculteurs qui souhaitent travailler sur l’exploitation doivent pouvoir y trouver leur place. Il faut bien sûr, pour qu’elles puissent faire ce choix en toute conscience, que l’emploi qu’elle se créent soit rémunérateur. La création d’une diversification est parfois la solution pour réaliser ce projet de vie, ce projet de travail en couple. L’UAW travaille, dans le cadre de sa commission marrainage, à la réalisation d’un relevé de toutes les diversifications possibles afin de permettre d’offrir aux agricultrices demandeuses, une large palette de choix. Une fois qu’elles auront trouvé la diversification qui s’adapte le mieux à leur situation personnelle, nous leur proposerons de prendre contact avec une agricultrice qui a l’expérience de cette diversification, et qui pourra l’aider à éviter les embûches du chemin vers un projet réussi. Dans ce cadre, nous avons pour projet de développer un échange avec des agricultrices de Roumanie afin de partager avec elles nos connaissances dans le domaine de la diversification, de l’artisanat et de l’organisation professionnelle agricole. Nous avons également développé un programme visant à former des agricultrices à l’écoute sans jugement afin qu’elles aillent à la rencontre d’agriculteurs en difficultés qui en font la demande. Le but de ce programme est d’amener les agriculteurs en précarité à pouvoir exprimer leurs difficultés avec une personne de la profession, qui puisqu’il partage le même métier, les comprend et peut les soutenir et les encourager efficacement. Enfin, l’UAW a aussi mis en place un réseau d’accueil à la ferme original : les « Fermes de Ressourcement ». Ces exploitations agricoles proposent aux personnes qui sont accueillies dans les fermes, de prendre du recul par rapport à leur rythme de vie habituel. La ferme est, en effet, un endroit propice à la reprise de contact avec le rythme de la nature, des saisons… Les personnes accueillies peuvent, si elles le souhaitent, participer activement au travail de la ferme. Cette formule rencontre un succès grandissant auprès du public. Les Fermes de Ressourcement 13 14 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre est une fédération qui défend des droits et la prise en compte des intérêts des femmes rurales en Espagne AMFAR Contact Lola Merino Chacón Présidente nationale AMFAR national C/Agustín de Bethencourt, 17-7a Planta 28003 Madrid – Espagne Tél + + 34 91 536 2035 Fax + + 34 91 598 5055 Mail [email protected] Site web www.mujerrural.com Palabres/as N°13 . L’AMFAR L’AMFAR (Espagne) La Fédération Nationale des Femmes et des Familles en milieu rural La Fédération s'est constituée en 1991 dans le but de défendre les droits et intérêts des femmes rurales en Espagne et ce à la suite de réunions que nous tenions avec un groupe très diversifié de femmes. Quand nous avons commencé à travailler, dans la province de Ciudad Real, nous avons vu que c’était une bonne manière de défendre ou d’obtenir nos droits et nous avons décidé de créer la Fédération. A l’heure actuelle, sur toute l’Espagne, nous sommes 87.000 femmes affiliées et nous avons 43 bureaux, chacun de ceux-ci a des correspondantes dans les différents villages de chaque province ou région et notre siège est à Madrid. Depuis mai 2004, nous sommes représentées au travers de la première vice-présidence de la Commission Européenne des Femmes Rurales. Nos activités La première activité, et la plus importante, est celle que nous avons lancée en 1991 est la formation. Elle est consacrée au renforcement de l’estime de soi, à l’insertion professionnelle, au recyclage des femmes qui doivent s’adapter à la société de l’information et aux nouvelles technologies, qui doivent pouvoir concilier la vie professionnelle et la vie familiale. La formation est ce qui donne la connaissance aux femmes et donc la liberté d’expression, de participation, celle de pouvoir dire ce qu’elles souhaitent. Une autre activité centrale consiste à faire connaître, tant aux gouvernements qu’aux institutions, la problématique réelle des femmes rurales. Quand nous avons commencé à travailler, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait une ignorance absolue. Nous ne figurions pas dans les statistiques, les gouvernements n’avaient pas connaissance de la problématique de la femme dans le monde rural. Suite à notre lutte nous avons obtenu beaucoup de choses, par exemple le fait que le Ministère de l’Agriculture dispose d’un budget spécial pour les femmes rurales, pour leur formation et leur intégration dans l’agriculture. Nous avons aussi obtenu 15 16 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre que les femmes puissent être incorporées dans la sécurité sociale agraire, dans un régime spécial qui leur a été refusé jusque mars 2003. En Espagne, il existe deux régimes, le général et le spécial. Ce dernier, dans lequel on ne paie pas, existe en vertu d’une loi, datant d’avant la démocratie espagnole, qui ne reconnaissait pas les droits (de copropriété ni de statut professionnel) de la femme dans le secteur agraire. Cette loi, dont nous avons obtenu la modification en avril 2003, désignait l’homme comme chef de famille, la femme était exclue. Maintenant, la femme peut s’intégrer dans des conditions égales au secteur agraire et elle peut décider dans quel régime elle souhaite figurer, le général ou le spécial. De la même manière, lorsqu’une femme rejoint le secteur agraire, elle bénéficie de 10% d’aide en plus qu’un homme et l’on fait un projet d’amélioration de l’investissement et de l’exploitation. Compte tenu du fait qu’en tant que femmes nous avons un pouvoir économique moindre, c’est une manière efficace de favoriser notre participation au secteur agraire. Travailler à portes ouvertes Nous tenons pour clair le fait que la discrimination qui touche les femmes n’est pas seulement notre problème mais bien le problème de toute une société. La solution n’est pas seulement dans les gouvernements mais aussi dans notre propre mentalité en tant que femmes et dans la leur en tant qu’hommes. L’égalité ne peut être atteinte si les femmes ne sont pas reconnues socialement, et pour cela il faut faire des alliances, c’est pourquoi l’AMFAR est intégrée à la ASAJA (Association Agraire des Jeunes Agriculteurs). Les débuts furent difficiles car il n’y avait quasi pas de femmes à l’intérieur de l’organisation et nous devions supporter les blagues. Maintenant, nous travaillons quotidiennement avec les hommes et il y a même des hommes associés à l’intérieur de notre organisation. Les hommes ont peu à peu fait partie de notre fédération et ils y sont venus eux-mêmes. Ainsi, nous avons forgé une fédération de femmes et de familles du milieu rural dans laquelle la contribution des hommes est fondamentale et nous croyons qu’il est bon de travailler conjointement. L’AMFAR au niveau international Nous avons continué à lutter pour obtenir plus d’aides et de bénéfices de la nouvelle PAC (Politique Agricole Commune européenne). En Espagne, le climat est plus dur et c’est pourquoi nous avons besoin de plus d’aide que le nord, ce que nous avons eu mais ce n’est pas suffisant. Mais c’est le cas également de la Grèce et de l’Italie, nous n’avons pas été les plus privilégiés. Il faut néanmoins prendre en compte le fait que l’Espagne a gagné vraiment beaucoup depuis qu’elle est entrée dans l’Union européenne, dans le secteur agraire, dans le secteur des entreprises et en matière de droits spécifiques des femmes. Palabres/as N°13 . L’AMFAR Au cours des 3 dernières années, nos relations se sont resserrées avec l’Amérique latine et les Caraïbes, surtout au travers de l’Institut Interaméricain pour l’Agriculture en Amérique latine et aux Caraïbes (IICA). Par exemple, face à une demande d’exportation d’artisanat de femmes, nous essayons de chercher des canaux pour leur commercialisation à travers des réseaux en Europe. Au niveau des défis L’Espagne est le pays de l‘Union européenne qui présente les taux les plus bas d’activité des femmes, surtout dans le monde rural. En analysant la situation, nous avons vu qu’un des problèmes était la conciliation de la vie familiale et professionnelle : nous nous marions, nous avons des enfants et nous sommes mères. En tant que mères, tout le soin de la maison, des enfants, du mari, des aînés nous retombe dessus. De la même manière, s’il y a une personne atteinte d’un handicap, sa prise en charge nous incombe, et ceci rend plus difficile, surtout en zone rurale, le fait que les femmes puissent se consacrer à réaliser leur travail, à étudier. Nous pensons que les hommes doivent être co-responsables des charges domestiques, de la prise en charge des enfants et des aînés. Ceci relève du rôle de l’éducation et concerne des hommes et de beaucoup de femmes. Les gouvernements doivent créer des infrastructures telles que des garderies pour les enfants, des services à domiciles pour les personnes âgées ou handicapées et ils doivent investir dans des centres pour personnes âgées. L’autre défi est le rôle des femmes dans la politique agricole commune : les femmes sont essentielles pour le développement rural soutenable et malgré cela, nous ne l’avons pas vu prendre forme de manière concrète. Sans demander la permission… Une de nos grandes réussites a été notre propre prise de conscience en tant que mouvement de femmes. Souvent, nous les femmes, nous ne sommes pas conscientes du pouvoir que nous avons et le simple fait d’être conscientes de la discrimination est déjà une étape en soi. La force d’une femme n’a pas de limites, quand une femme bouge, le monde bouge. Nous devons revendiquer nos droits sans demander la permission. Quand une femme bouge, le monde bouge 17 18 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre SALANONTOURA SOU DON SE est une organisation de femmes rurales qui lutte contre les pratiques traditionnelles qui empêchent le droit et l’accès à la terre aux femmes Contact Madame Adiza Gando Présidente du groupement du village de Gando s/c radio communautaire de Bembèrèkè BP 04 Bembèrèkè - Bénin Palabres/as N°13 . Salanontoura sou don se SALANONTOURA SOU DON SE (Bénin) F Association de femmes rurales Salanontoura Sou Don Se signifie « Il est temps de nous réveiller ! ». C'est une association de femmes rurales pour l’auto promotion et la lutte contre la pauvreté, créée en 1998. Notre commune est située dans le département du Borgou au Nord du pays, à 105 km au nord de Parakou, la capitale régionale. Elle s’étend sur une superficie de 3348 km2 dont plus de 75 % est occupée par des terres cultivables. La tradition batombu (ethnie majoritaire) fait peu de place aux femmes confinées dans des rôles traditionnels qui ne favorisent pas leur épanouissement. En outre, les femmes sont encore victimes de mariages forcés et précoces, de mutilations génitales (même si ceci connaît une régression grâce aux sensibilisations des structures étatiques et des ONG) et toutes autres formes de violences. De même, jusqu’à un passé récent, ce milieu connaissait un taux élevé d’analphabétisme et de déperdition scolaire parmi les filles. Les femmes n'ont aucun droit à la terre B Malgré le rôle important que jouent les femmes dans la production agricole et la sécurité alimentaire de la famille, elles n’ont aucun droit de propriété sur la terre. La femme peut en jouir dans certaines conditions, comme en cas de veuvage ou de divorce quand elle retourne dans sa famille. Dans son foyer, le mari lui octroie souvent des parcelles pauvres qu’elle a du mal à enrichir compte tenu de la faiblesse des moyens financiers dont elle dispose. De plus, elle n’a aucune sécurité sur la parcelle ainsi octroyée qui peut lui être retirée à tout moment. La principale culture de rente est le coton. Sa culture occupe plus de 90 % des producteurs, notamment les femmes qui sont surtout utilisées comme ouvrières agricoles. La commune de Bembèrèkè fait partie de la zone cotonnière du Borgou, premier département producteur de coton au Bénin. La zone est réputée pour avoir les meilleures potentialités agricoles du pays et est considérée comme l’un des greniers 19 20 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre du Borgou. Elle enregistre des surplus de production agricole qui approvisionnent les centres urbains dont Parakou, les localités moins loties comme Malanville situé à la frontière avec le Niger et la Nigeria. A côté du coton, le maïs, l’igname, le sorgho et le manioc jouent un rôle de plus en plus important, non seulement comme cultures vivrières mais également comme spéculations de rapport. Ces diverses cultures agricoles sont transformées et commercialisées par les femmes rurales organisées en associations. Historique de l’association M Malgré un contexte économique initialement favorable à l’ensemble de la population, les femmes, compte tenu de la répartition sociale des rôles, vivent dans un contexte social et économique difficile et même parfois inacceptable. Pour améliorer leurs revenus et faire face aux charges dont elles ont la responsabilités, les femmes menaient de manière individuelle des activités de production (parfois comme ouvrières agricoles), des activités de transformation et la commercialisation des produits agricoles, très souvent à partir de petits crédits obtenus du Centre de Promotion Sociale (CPS). C’est ainsi qu’en 1998, sur l'initiative du responsable du centre, nous avons créé l’association qui s’est progressivement imposée dans le milieu. Notre but est de permettre aux femmes de constituer une force de production autour d’activités génératrices de revenus exécutées individuellement, même si elles ne possèdent pas de terres. acheté Le groupement a réussi à acheter une terre : nos activités ont permis d'augmenter les revenus. Avec notre épargne et avec l'appui du centre de promotion agricole de l'époque, nous avons pu acheter une terre. Il a fallu négocier avec les propriétaires du terrain ; ils ont d'abord discuté avec le mari de la présidente et de quelques autres femmes, avant d'accepter la vente ! Palabres/as N°13 . Salanontoura sou don se Notre association est constituée majoritairement de femmes analphabètes ; elle s’est progressivement élargie et s’est imposée aux hommes et à l’ensemble de la commune grâce à : l’organisation méthodique de nos activités la transparence dans la gestion la solidarité qui prévaut entre les membres du groupe le sérieux dont nous faisons preuve dans le travail. Le témoignage positif des hommes du village constitue pour nous, membres de l’association, la reconnaissance de nos efforts mais aussi une marque de considération et de respect de la part des hommes généralement réticents à voir évoluer leurs femmes dans des groupements féminins. Compte tenu de la difficulté de gérer un groupe comptant de nombreuses personnes, l’association a jugé plus pertinent de se scinder en deux tout en continuant de mener les mêmes activités. Organisation interne 4 Notre association est dirigée par un bureau de six membres : la présidente, la secrétaire, la trésorière, chacune avec une adjointe. Les membres de l’association se réunissent une fois par semaine pour faire le point des activités et la répartition des tâches. De même, les responsables des deux groupes composant l’association se retrouvent mensuellement pour faire le point financier par groupe et pour se donner de nouvelles consignes. Ainsi, notre association se caractérise par : son sens de l’organisation qui se constate dans son fonctionnement ; la volonté de réussir qui s’observe dans le système de suivi et d’auto évaluation mis en place à travers la tenue régulière des réunions hebdomadaires et le respect des décisions prises ensemble ; et la participation de tous les membres aux activités planifiées. Ces trois aspects confèrent à notre association une identité propre qui lui donne une notoriété parmi les associations de femmes rurales de la commune. 21 22 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre Nos activités association dispose d’un X Notre champ collectif dans lequel nos membres se retrouvent suivant un plan d’activités, qui est basé sur le calendrier agricole. Nos activités comprennent les travaux champêtres, la transformation du beurre de karité et le maraîchage. Le groupement produit 10 hectares d’acajou et 15 hectares d’arachides. Les revenus issus de la récolte constituent les véritables sources d'auto financement, étant donné que nous n’avons pas une source de financement permanente, mais bénéficions d’appuis ponctuels de la part de différents projets. f champ collecti Les activités de notre groupe ont des effets positifs sur les membres de l’association. Au nombre de ces effets, on peut citer trois aspects essentiels : 1. L’amélioration des revenus de nos membres : l’appartenance à l’association permet aux membres de disposer de revenus substantiels suite au partage équitable des revenus, de tontines et de micro crédits octroyés aux femmes pour faire face à des dépenses individuelles. Ceci leur assure l’indépendance financière vis-à-vis de leurs époux. 2. L’épanouissement moral : l’appartenance à l’association a favorisé une libération morale des femmes vis-à-vis des époux. Les réunions hebdomadaires servent aussi à se libérer des stress ou autres situations difficiles vécues dans le ménage. Ainsi, les problèmes posés trouvent des solutions grâce aux conseils des unes et des autres. Ces séances rapprochent les membres qui se découvrent des problèmes identiques dont les solutions peuvent être trouvées ensemble. Cela a favorisé la solidarité au sein du groupe. Mais l’objectif principal visé ici est de pouvoir réduire toute situation individuelle pouvant affecter le travail au sein de l’association. 3. Le respect des époux : dans un milieu où les hommes ne favorisent pas l’appartenance des femmes à un groupe parce qu’ils considèrent qu’il est souvent source d’irrespect des femmes pour leurs maris, les membres de notre association sont respectées et pour certaines femmes, ce sont les époux qui les incitent à participer aux réunions. Palabres/as N°13 . Salanontoura sou don se Pour changer des pratiques comme l'excision et le mariage forcé, nous avons d'abord commencé des sensibilisations internes envers les membres du groupement. Cela a permis aux femmes de se rendre compte des méfaits de ces pratiques sur les femmes et sur les enfants. Ensuite, nous avons mené des campagnes de proximité auprès des autres femmes non-membres du groupement. Nos actions donnent des résultats parce que le village n'est pas trop grand et que les femmes membres du groupement sont assez nombreuses dans le village. Il y a aussi le sérieux et la crédibilité qu'on reconnaît au groupement dans le village. Les rapports hommes / femmes Les rapports entre les hommes et les femmes dans notre société sont caractérisés par trois éléments essentiels : des pesanteurs qui placent les femmes sous la domination des hommes ; un taux élevé d’analphabétisme parmi les femmes et une déperdition scolaire féminine importante et la persistance de pratiques et coutumes traditionnelles qui constituent un poids pour l’épanouissement des femmes. Face à une telle situation très défavorable vis-à-vis les femmes, nous nous sommes fixées comme mission de : donner une chance égale aux garçons et aux filles pour réduire le taux d’analphabétisme féminin en encourageant la scolarisation féminine au sein de l’association ; lutter contre les pratiques traditionnelles comme celles qui empêchent les femmes d’avoir un droit de propriété sur la terre ; nous impliquer dans les actions d’utilité publique pour montrer que les femmes sont aussi des actrices de développement. 23 24 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre Ainsi, nous essayons d'augmenter la citoyenneté à travers trois actions stratégiques : la lutte contre la pauvreté qui assure une certaine liberté et une valorisation des femmes devant leur mari mais aussi devant toute sa communauté ; la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes dans le milieu à travers la scolarisation des filles et la disponibilité des femmes à s’impliquer dans les actions de développement au niveau local. Parfois nos membres ne sont pas très conscients de l’enjeu politique du combat que menons, elles sont très engagées, elles ont la force de travail et sont les garantes de la sécurité alimentaire de la communauté. Le RESACIFROAT accompagne nos initiatives et appuie le renforcement de nos capacités, afin que nous-mêmes puissions impulser des changements significatifs dans notre société. Palabres/as N°13 . Le MMC Le MMC (Brésil) Le Mouvement des femmes paysannes Le Mouvement des femmes paysannes du Brésil existe depuis de plus de 20 ans. Il a été créé par des femmes activistes dans des syndicats, communautés religieuses et associations, suite aux vécus et aux réflexions sur les barrières de classe qui touchent en particulier les femmes, dont les spécificités ne sont pas prises en compte. C’est pour cela que nous nous présentons comme un mouvement autonome, de classe et féministe, en réponse au besoin de créer de nouveaux espaces non discriminatoires pour les femmes. Notre réseau est organisé au niveau national, il est composé de groupes de base, qui sont organisés en coordinations au niveau communal et national. Nos objectifs réfléchir sur la condition des femmes et promouvoir leur participation dans la société lutter pour la reforme agraire défendre l’égalité vis-à-vis la sécurité sociale et l’éducation pour tous et toutes. Notre lutte pour la réforme agraire est fondamentale : sans terre, il n’y a pas les conditions pour produire les aliments et garantir la subsistance des travailleuses et des travailleurs ruraux. Néanmoins, notre mouvement va plus loin que la garantie de la subsistance, nous ne voulons pas seulement le droit et l'accès à la terre pour les femmes, mais nous cherchons l’équilibre entre : les femmes et les hommes, l’environnement et les relations sociales. Dans cette perspective, nous croyons que les femmes doivent récupérer l’espace gagné par les hommes, en récupérant d’abord leur propre éducation, pour établir des rapports équilibrés avec les hommes et l’environnement. 25 26 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre Nos actions Le mouvement des femmes paysannes du Brésil centre ses activités sur l’évolution des relations humaines, qui doivent être libres d’opinion et d’action. Nos activités se concentrent sur la formalisation des titres de propriété de la terre qui renforcent notre condition paysanne, sur l’éducation et sur les micro crédits. Au niveau de l’éducation formelle, nous agissons pour que la réalité des champs soit incluse dans les curriculums scolaires, même si nos filles et garçon doivent se déplacer des kilomètres pour retrouver une école. La réussite de notre lutte passe par la conscientisation de notre pouvoir en tant que femmes et agricultrices. C’est un long processus, mais si hommes et femmes nous comprenons qu’il faut récupérer la biodiversité et trouver des équilibres dans les relations humaines, le changement viendra tout seul. Contact Rosangela Piovesani Cordeiro Mouvement des Femmes Paysannes Rua dos Andradas, 2832 Bairro Boqueirão 99010-035 - Passo Fundo/RS - Brésil Tél / Fax ++ 54 312 9683 Mail [email protected] [email protected] Site web www.mmcbrasil.com.br Palabres/as N°13 . Solidarité de Kandé-Comè x SOLIDARITÉ DE KANDÉ-COMÈ (Bénin) Nos débuts x Créé en 1996, le groupement de femmes « SOLIDARITE DE KANDECOME » est né, comme son nom l’indique, dans un contexte d’entraide et d’union des forces des femmes de la commune de Comè afin de faciliter la mise en œuvre des activités. Notre groupement est composé de 16 femmes au départ et s’occupé de : la transformation du manioc en gari, en biscuit et en tapioca, l’élevage des caprins et coquelets, la préparation du pain (à petite échelle), la production végétale axée sur le maraîchage. L’histoire de notre groupement remonte à l’année 1995. Cette année-là, la majorité des femmes du village, compte tenu de leurs moyens limités, sont obligées de faire du porte-à-porte pour emprunter le matériel nécessaire afin de mener à bien leurs activités génératrices de revenu. Nous constatons alors que le regroupement des forces peut faciliter les activités et par conséquent soulager les femmes. Notre groupement n’a été officiellement enregistré qu’en 2003. Ce retard est dû non seulement à la lenteur de l’administration béninoise mais aussi à la non-disponibilité des agents d’encadrement de l’état notamment les spécialistes en Organisation Paysanne. Notre groupement est sous la direction d’un bureau composé d’une Présidente, d’une Secrétaire et d’une Trésorière. L’adhésion à notre groupement est libre à toute femme de notre localité apte au travail et ayant une bonne moralité. L’accès des femmes à la terre x Le Bénin est un pays majoritairement rural dont l’économie est basée essentiellement sur l’agriculture. Mais avec l'accroissement démographique, la terre est intégrée à l'économie de marché dans tout le pays en général et en particulier dans la Commune de Comè. L’'occupation foncière autrefois caracté- 27 28 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre risée par le droit de « feu et de hache » a évolué et donné naissance à d’autres modes d'accès à la terre. Il faut préciser que jusqu’à nos jours, le Bénin ne dispose pas de loi sur le foncier rural, ce qui favorise la multiplication des conflits fonciers en milieu rural. héritage A Comè, le principal mode d'accès à la terre est l'héritage c'est-à-dire le patrimoine laissé par une personne décédée et transmis par successions à ses descendants. En général, les femmes sont exclues de l’héritage : suivant la coutume, les femmes n'y ont pas droit. Aujourd'hui les femmes de Comè et en particulier nous les femmes du groupement nous devons accéder à la terre par d‘autres moyens pour assurer notre production agricole. Nous pouvons À Comè... les femmes sont louer la terre à son propriétaire contre exclues de l’héritage une redevance périodique. Cette redevance varie de 10 000 à 20 000 francs CFA l'hectare et par campagne agricole. Nous pouvons aussi prendre la terre en métayage : nous versons au propriétaire de la parcelle, généralement à la fin de chaque récolte ou chaque année une partie (en général le tiers) de la récolte. Cette manière de faire est la plus pratiquée dans notre village. Mais dans d'autres villages environnants de Comè, les femmes travaillent la terre sans rien verser aux propriétaires terriens. Pour les femmes d'entre nous qui sommes mariées, nous avons le droit d'emprunt. Nous bénéficions souvent d'une partie de la terre de mos mari. Toutefois il y a une condition pour son exploitation : chaque fois que notre mari programme des activités comme le semis, la récolte, nous devons nous tenir à sa disposition quel que soit notre programme cette journée là. De plus nous n'avons pas de droit de propriété sur cette parcelle de notre mari que nous cultivons. Enfin, certaines femmes nanties achètent la terre pour leur propre exploitation et de ce fait jouissent pleinement de tous les droits sur la parcelle. Il n'y a que quelques femmes qui se retrouvent dans cette catégorie. Palabres/as N°13 . Solidarité de Kandé-Comè Enfin, sur toutes les terres quel qu'en soit le mode de faire valoir, sauf si nous achetons la terre directement, nous les femmes nous ne pouvons pas installer de cultures pérennes, puisque les plantes pérennes symbolisent la durabilité et par conséquent pourraient faire croire que la femme exploitante en est propriétaire. Des activités génératrices de revenus Les activités génératrices de revenus citées plus haut (la transformation du manioc, l’élevage des caprins et coquelets, la préparation du pain, le maraîchage) sont menées ensemble suivant une clé de répartition des tâches. La commercialisation des produits est commune et les revenus sont partagés à part égale avec une contribution au fonctionnement du groupement. En terme de participation, deux jours sont retenus dans la semaine pour les travaux en commun. Chacune des femmes mène individuellement des activités parallèles afin de subvenir entièrement aux besoins de sa famille. x Certaines ONG et d'autres structures comme le CERPA (étatique), OMEGA (ONG), AGEFIB (étatique) ont fait de temps à autre des appuis techniques à notre Groupement à travers des formations et quelques visites d’échange (entre groupements frères). De telles visites nous permettent de vivre les réalités d’ailleurs afin d’opérer des changements techniques et socio-économiques au sein de notre groupement. Mais ces appuis ont été limités dans le temps et n’ont pas permis un parfait décollage de notre groupement. Des difficultés ont engendré depuis 2004 des contraintes sociologiques et surtout matérielles qui ont aujourd’hui réduit notre effectif à 13 femmes par des démissions volontaires. Actuellement, nos activités se limitent seulement à la transformation du manioc en gari et en tapioca. C’est fort de cela que l’Association pour l’Agriculture et le Développement (AAD) a commencé par nous accompagner pour le développement de nos activités. x Nous apprécions les efforts fournis par les institutions du Nord pour appuyer certaines organisations paysannes et autres groupements similaires d’Afrique et du Bénin en particulier. Nous souhaitons une collaboration entre notre groupement et les institutions du Nord afin de mieux relancer nos activités de départ grâce à des appuis techniques et matériels; car un avenir meilleur pour notre groupement en dépend énormément. 29 30 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre La reconnaissance x Aujourd’hui nos produits, par leur qualité nutritionnelle, sont reconnus sur le plan national et sont en cours de certification par la Direction de l’Alimentation et de la Nutrition Appliquée (DANA). La constitution de notre groupement dans le village a suscité la naissance de plusieurs autres groupements et on peut en compter à ce jour une dizaine autour de nous. Notre groupement est devenu une référence pour les appuis conseils et les échanges d’expériences et pour la diffusion des messages. Notre groupement a encore du chemin pour atteindre seul ses objectifs de départ. Mais le découragement n’est pas du tout à notre programme ! Nous continuerons solidement le combat tout en espérant un beau jour un soutien plus ou moins prolongé d’une institution. Contact Elisabeth DESSOUASSI – Présidente Groupement Solidarité de Kandé-Comè BP: 188 Comè – Bénin Palabres/as N°13 .Palabres/as N°13 . L’alliance... s L’ALLIANCE DES FEMMES RURALES POUR LA VIE, LA TERRE ET LA DIGNITÉ (Guatémala) L’Alliance En mai 2000, trois organisations de femmes indigènes et rurales : « Mama Maquin », « Madre Tierra » et « Ixmucané ». se sont constituées comme Alliance. Notre objectif fondamental est d’obtenir la copropriété pour les femmes et la propriété de la terre au nom de l’homme et de la femme. Beaucoup de nous sommes rentrées du Mexique, où nous étions exilées en raison de la violence de la guerre civile que nous vivions au Guatemala (les zones les plus touchées par la violence furent celles situées en zone frontalière). Nous sommes parties en 1982 et nous sommes rentrées au Guatemala à des moments différents, nous étions environ 45.000 femmes réfugiées provenant de départements différents. Les besoins des paysannes s Actuellement, la grande menace pour les paysan-nes, ce sont les traités néolibéraux : le résultat est que nous pouvons à peine couvrir nos dépenses familiales, qu’il y a à peine de quoi manger, que ce n’est qu’une économie de subsistance. Nous nous demandons ce que seront la santé et l’éducation de nos enfants. En ce qui concerne l’éducation, beaucoup de jeunes filles arrivent à terminer l’enseignement de base, mais elles n’ont pas la possibilité d’étudier à l’université ou de faire des études techniques, plus qualifiées. Face à cette situation, beaucoup de jeunes cherchent à émigrer aux Etats-Unis : ils voient qu’ici il n’y a pas d’alternative et il leur semble qu’ils peuvent la trouver là, alors que la réalité n’est pas non plus ainsi. A la recherche d’un équilibre En tant qu’Alliance, nous recherchons un équilibre entre les hommes et les femmes, mais également avec la nature. Parce que nous croyons que nous en avons besoin tous les deux. Il est à regretter que le patriarcat et le machisme fassent partie de notre histoire. Nous sommes plusieurs à penser clairement qu’il faut rompre avec le machisme. Mais toutes les compagnes n’ont pas la possibilité de sortir de ces situa- 31 32 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre tions d’oppression. Ils sont quelques uns parmi les compagnons qui, à travers les luttes des femmes, se sont rendu compte de ceci : s’il est important que les femmes participent, il leur faut plus de liberté pour le faire. ª ¢ ...un équilibre entre les hommes et les femmes, mais également avec la nature Nos relations avec d’autres groupes s Il y quelque temps que nous avons commencé à nous mettre en relation avec d’autres groupes car nous voyons que la copropriété de la terre ne suffit pas, que la terre touche également à d’autres thèmes. Par exemple, le développement rural intégré, qui est en relation avec le social, qui englobe la santé, l’éducation, le logement. Au niveau international, nous voudrions réveiller la solidarité entre les organisations et nous aider mutuellement. Nous nous préoccupons également de la manière d’associer les jeunes, les jeunes femmes qui sont le présent et le futur, pour lequel elles doivent se préparer. Nous continuerons de revendiquer nos droits en tant qu'êtres humains. Telle est notre lutte. Elle exige beaucoup de force et de volonté et beaucoup d’amour, parce que sinon, nous ne cheminerions pas. Contact Eulalia Silvestre, Raquel Vásquez et María Domingo Pérez Alliance des Femmes Rurales pour la vie, la terre et la dignité 5a Avenida 2-75 zona 2 Ciudad de Guatemala - Guatemala Tél / Fax + + 502 22 383836 Mail [email protected] Palabres/as N°13 . RESACIFROAT B RESACIFROAT Le Réseau d’Appui à la Citoyenneté des Femmes Rurales Ouest-Africaines et du Tchad Le RESACIFROAT est né de la volonté d'une vingtaine de personnes avec de l’expérience reconnue sur le développement rural, vivant dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et travaillant dans le domaine du développement et de l’appui aux associations de femmes rurales. Elles mettent à disposition leur expertise et leurs expériences, comme creuset, pour l’accompagnement des femmes rurales de la sous-région réunies dans l'UFROAT (Union des femmes rurales de l'ouest africain et du Tchad) afin de relever les nombreux défis auxquels celles-ci doivent faire face. Finalité et but du RESACIFROAT Le RESACIFROAT veut promouvoir une société où hommes et femmes du monde rural contribuent de façon responsable à tous les niveaux et jouissent ensemble des produits d’un développement durable et équitable. L‘un des objectifs fondamentaux du Réseau est promouvoir une citoyenneté responsable des femmes rurales ouestafricaines et du Tchad. La réalisation de cet objectif passe entre autres par la responsabilisation des femmes rurales dans la gestion des ressources naturelles et de (Afrique de l’Ouest) l’environnement de leurs cités ou de leurs villages. Car les femmes ont vu qu'elles sont les premières utilisatrices des terres, de la végétation et de l'eau, mais qu'elles n'ont pas la possibilité d'influencer la prise de décisions sur la gestion de ces ressources naturelles. Le Réseau se propose, par ses réflexions et ses actions, de participer à la promotion d’un développement durable, auto-promotionnel et équitable des communautés ouest-africaines et du Tchad. A travers sa structure de coordination et ses personnes ressources disséminées sur sa zone d’intervention (Afrique de l’Ouest et Tchad), le réseau utilise plusieurs stratégies d’action dont les plus courantes sont : l’organisation et l’animation de débats sociaux sur les questions d’intérêt des femmes rurales, la formation, l’organisation et l’animation d’ateliers, de rencontres (voyages d'étude et apprentissage mutuel) et de séminaires sur des thèmes de société, la rechercheaction, la production et la publication de réflexions, paroles et expériences de femmes rurales. Contact Rosalie Ouoba - Directrice RESACIFROAT BP 3845 - Bobo Dioulasso 01 Burkina Faso Tél + +226 20 973 803 Mail [email protected] 33 34 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre Le Réseau de Femmes Rurales de l’Amérique latine et des Caraïbes Le réseau LAC a commencé en Argentine en 1990. Quelque temps après lors de leur 1ère Rencontre, 230 femmes de 100 organisations de 21 pays, ont ratifié l’identité et la pertinence du réseau. Nous nous proposons d’articuler différents groupes, organisations et mouvements de femmes rurales du continent. Notre finalité est d’appuyer les femmes rurales, de dénoncer les injustices dont elles sont victimes et de construire et mener des luttes et revendications à partir de notre réalité. Nous agissons en coordination avec des politiciennes de nos pays pour la défense de nos droits en tant que femmes et citoyennes. Le réseau LAC est solidaire avec d’autres femmes rurales du monde dans leur lutte contre l’exploitation et l’injustice sociale, qui aujourd’hui plus que jamais ne respectent pas les frontières. Cette solidarité respecte l’autonomie et la diversité, ainsi que le travail réalisé par toutes les femmes rurales. Nos objectifs Devenir des sujets politiques, avec la capacité de participer aux espaces de décision publique et ceci à tout niveau.. Contribuer à l’élaboration des propositions politiques qui visent l’éradication de la pauvreté, et de la violence qui affectent les femmes rurales. Développer des activités de plaidoyer et de lobbying pour le respect des droits des femmes rurales dans le continent. Orientations éthiques Nos actions sont orientées par des principes étiques : reconnaître et respecter la diversité culturelle, ethnique et raciale des femmes, promouvoir la participation et l’empowerment des organisations de femmes, pratiquer la solidarité entre les femmes du continent, combattre tout type de violence et tout viol des droits humains, prendre en compte les droits sexuels et reproductifs, comme des droits différents, mais tous les deux comme des droits humains des femmes, contribuer à la préservation et la défense de la nature, en reconnaissant que son équilibre garantira la survie de la mère terre et de l’humanité. Ceci contribuera à l’amélioration de la qualité de vie et à la diversité de tous les êtres vivants de la planète. Contact Vanete Almeida Coordinatrice internationnale Réseau LAC - Rua Real da Torre, 593 50610-000 Madalena - Recife PE - Brésil Tél + +55 81 3226 9052 Fax + +55 81 3228 9971 Mail [email protected] Palabres/as N°13 . Réseau des Remmes Rurales du Sénégal J Le Réseau des Femmes Rurales du Sénégal Pourquoi ce Réseau ? Au Sénégal, nombreuses sont les organisations de femmes constituées en fédérations, associations. Malgré leurs efforts pour la promotion des femmes, elles ne répondent pas aux préoccupations des femmes rurales. Ainsi, le problème des femmes rurales est demeuré entier pendant plusieurs années. Les organisations d'appui aux ruraux (et même l'Etat) conscientes de cette situation, se sont focalisées sur la promotion et l'épanouissement des femmes rurales et périurbaines. Mais leurs efforts pour le renforcement des capacités n'ont pas eu les résultats escomptés. Il y a eu seulement, çà et là, une timide émergence de femmes leaders et un début d'accès de quelques femmes aux instances de décisions (femmes conseillères rurales, présidente de conseil rural, présidentes d'associations mixtes…). Notre approche des rapports femmes - foncier Les femmes rurales occupent une place primordiale dans le développement agricole et rural: elles produisent l’essentiel des cultures vivrières, récoltent et transforment une gamme variée de denrées nécessaires à la subsistance de nombreuses familles. Cependant les agricultrices sont limitées du point de vue social, culturel, juridique et institutionnel en ce qui concerne l’accès au foncier et son contrôle. Il existe partout une culture patriarcale discriminante à l’égard des femmes. Malgré la mise en place de lois et diverses législations pour garantir un accès équitable à la terre, c’est toujours l’homme, chef de famille qui gère le capital foncier. Les rapports de domination et d’inégalité entre les sexes sont aussi à l’origine d‘autres contraintes et lacunes en matière de formation et d’éducation, d’accès aux crédits, aux intrants et aux centres de décision. Pour un accès durable des femmes rurales à la terre et une reconnaissance de leur rôle décisif dans le développement et la sécurité alimentaire, il convient de mettre en place des stratégies et recommandations pertinentes qui devront permettre d’équilibrer les rapports entre les sexes, de repenser les attitudes culturelles et les systèmes juridiques. En effet audelà de l’accès à la terre, les femmes rurales doivent être de véritables leaders capables de jouer un rôle déterminant dans le développement durable. J 35 36 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre Les objectifs du réseau Le Réseau entend : renforcer le statut et les conditions de vie des femmes rurales et périurbaines, capitaliser les acquis et les expériences de ces femmes et les mettre en valeur en tant qu'actrices et responsables du développement humain. Il cherche donc à renforcer les capacités des organisations féminines de base par la formation et l'information ; à valoriser les savoirs et savoir-faire locaux, en revisitant l'histoire et la tradition, en procédant à des visites d'échanges; à contribuer à l'échange d'informations entre les ONG, les institutions de recherche, les centres d'information et de formation, les agences de développement ; à renforcer le maillage des organisations et promouvoir les échanges, la solidarité et le partenariat, à initier et renforcer les projets intégrés par l'appui aux activités génératrices de revenus. Un atelier international « Femmes rurales et foncier » (Thiès, février 2003) Cet Atelier avait comme objectif global, la prise de parole des femmes rurales sur la problématique de leur accès à la terre et aux ressources naturelles. Dans cette rencontre, organisée pour et par les femmes rurales : Un inventaire sur leurs expériences et leurs initiatives a été réalisé. Les expériences et les initiatives des participant(es) ont été valorisées à travers les échanges. Les femmes rurales et leurs activités ont été rendues visibles. Les partenaires, les chefs religieux et coutumiers, et les décideurs politiques ont découvert la réalité vécue par les femmes rurales : poids de la tradition et force de la religion, qui rejettent la parité homme / femme, malgré les lois sans discrimination votées. Réseau - Solidarité Contact Tiné Ndoye - Présidente S/c Mariame Sow et Fatou Sow - Enda Pronat Réseau des Femmes Rurales du Sénégal BP 3370 - Dakar - Sénégal Mail [email protected] Ü Palabres/as N°13 . Pour en savoir plus... POUR EN SAVOIR PLUS SUR LE THÈME DE L'ACCÈS À LA TERRE POUR LES FEMMES RURALES Le Projet Dimitra (voir le n°11 de Palabras) Dimitra est un projet d'information et de communication, qui fournit notamment aux organisations de base un outil pour faire entendre leurs voix au niveau international. Le but principal de Dimitra est de renforcer les capacités des femmes rurales et d'améliorer leurs conditions de vie et leur statut en soulignant l'importance et la valeur de leurs contributions. Les objectifs principaux pour les prochaines années sont : consolider et élargir son réseau en Afrique et au Proche Orient, promouvoir l'échange d'informations en renforçant les capacités en information et communication, mettre à jour et diffuser l'information sur le genre et le développement rural. Les partenaires de Dimitra : ONG européennes de 15 pays de l'UE, Norvège, Suisse, des organisations africaines et du Proche Orient. Info Eliane Najros - Projet Dimitra rue Brederode 21 B-1000 Bruxelles - Belgique Tél ++ 32 2 549 0310 Fax ++ 32 2 549 0314 Mail [email protected] Site web http://www.fao.org/Dimitra « Femmes rurales et accès à la terre et à la propriété dans divers pays. Analyse basée sur des rapports de la CEDAW (1997-2003) » Document élaboré par la FAO/FIDA/International Land Coalition (2003) De grande actualité, cette étude rassemble et analyse les informations existantes sur la situation des femmes rurales à partir de différents rapports de la CEDAW (Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes) pour la période 1997-2003. La CEDAW, ratifiée par 181 pays, est le seul traité relatif aux droits humains qui aborde spécifiquement la question des femmes rurales. Les pays sélectionnés pour cette étude sont classés comme « pays à faibles revenus et à déficit vivrier » ou ont récemment mis en œuvredes réformes foncières ou agricoles. L'étude examine si les droits 37 38 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre des femmes ont été respectés dans ces réformes et comment leur accès à la terre, à la propriété, aux droits d'héritage, et aux dispositions juridiques ont été assurés. Elle propose également des statistiques désagrégées par sexe sur la population rurale, la population indigène, la main d’œuvreagricole et rurale, la distribution foncière et la propriété ainsi qu'une information sur les unités ou points focaux consacrés au genre dans les ministères techniques. Elle aborde enfin la question de l'intégration du genre et l'élaboration de plans nationaux d'action pour l'émancipation des femmes rurales. Info www.fao.org/sd/2003/PE07033_fr.htm (disponible uniquement en anglais) _______________________________ « Droit à l’alimentation des femmes rurales en Amérique latine - Défis pour la coopération au développement » (2005). Actes du séminaire organisé du 6 au 8 octobre 2004, Berlin (Allemagne) par le FIAN – International. Le mainstreaming de genre et l’empowerment des femmes sont deux aspects centraux pour la coopération au développement, mais quel poids ont les droits économiques, sociaux et culturels et l’approche de genre dans le développement rural, surtout en Amérique latine ? Et les femmes, où en sont-elles par rapport aux droits fonciers ? Cette publication contient des réflexions, des études et des témoignages d’organisations de femmes et mixtes sur ces thèmes, en Amérique latine. Info www.fian.org (disponible en espagnol) _______________________________ « Genre, propriété et empowerment des femmes : Etats et marché en Amérique latine » Diana Deere (USA) et Magdalena Léon (Colombie). Presse de l’Université de Pittsburg (USA) (2005, deuxième édition révisée). Cette publication montre comment l’acquis de l’égalité formelle entre les hommes et les femmes, par rapport aux droits et accès à la terre n’a pas signifié une égalité réelle. Les auteures démontrent comment l’inégalité de genre dans la propriété est due aux traditions dans le contexte des rapports entre l’Etat et le marché. Cette étude, comparative et pionnière sur 12 pays d’Amérique latine, décrit l’avancement par rapport au statut des veuves, des filles et garçons, et leur héritage, et examine les rapports entre genre, ethnie et droits de propriété individuels et collectifs. Info www.flacso.org.ec (disponible en espagnol et en anglais) Palabres/as N°13 . Nouvelles du réseau NOUVELLES DU RÉSEAU PALABRAS Le projet RAAC Palabras Dans l’optique du réseau Palabras et de son regard croisé Sud/Nord, le Monde selon les femmes coordonne depuis le début de l’année 2005 un projet de sensibilisation de l’opinion publique européenne aux questions de genre dans le développement, co-financé par la Commission européenne. D’une durée de 3 ans, le projet RAAC est mis en œuvreen partenariat avec ACSUR-Las Segovias (Espagne), CECYM (Argentine), CONAFED (République Démocratique du Congo) et GRAAL (Portugal). Le projet se penche sur différents thèmes tels que la violence, le développement durable, les enjeux macroéconomiques, la mondialisation. Les nombreuses actions prévues s’articulent autour de quatre axes principaux : la consolidation du réseau avec des partenaires de Palabras (échanges d’informations, de documents, d’expériences en utilisant les nouvelles technologies de l‘information et de la communication (NTIC) et la création d’une base de données d’associations actives au Nord et au Sud) ; la sensibilisation et le plaidoyer sur « genre et développement » (campagnes, lobbying à différents niveaux et dans les différents pays) ; des formations (formations croisées N/S, formations de formateurs au Sud et au Nord) ; la production et l’adaptation de matériel pédagogique et de sensibilisation (revue Palabras, matériel pédagogique, visuel, documents de plaidoyer, publication des actes des séminaires). Chaque année, un séminaire international réunissant les partenaires du projet ainsi que les acteurs clé concernés a été prévu. Cette année il sera co-organisé avec CONAFED, aura lieu en République démocratique du Congo dans la première quinzaine d’octobre et aura pour sujet les nouveaux enjeux du développement en Afrique (Elise Muhimuzi : [email protected]). Une autre activité commune en 2005 est la Campagne de sensibilisation et plaidoyer «Mondialisation – les nouvelles formes de violence de genre», dont CECYM est responsable et qui sera promue par chacun des partenaires entre autre à l’occasion du 25 novembre (Silvia Chejter : [email protected]). Un site Internet vient d’être activé (http://www.palabras.info/): il sera enrichi au fil des activités et des échanges tout au long du projet. Pour plus de renseignements ou si vous souhaitez être tenu/e au courant du projet, n’hésitez pas à envoyer un mail à Stefania del Zotto : [email protected] 39 40 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre ACTIVITÉS DU MONDE SELON LES FEMMES La Marche Mondiale des Femmes Depuis 2003, à travers le monde, des femmes contribuent à la Charte Mondiale des femmes pour l'humanité, lancée publiquement le 8 mars 2005. En Belgique cette charte a été discutée par les 150 organisations qui font partie du réseau de la Marche. Parmi les activités de cette année, ont eu lieu différentes marches tant en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles : Liège, Mons, Louvain, Anvers… Les 28 et 29 mai, nous avons participé avec 10.000 marcheuses d’une vingtaine de pays, à la Marche européenne à Marseille (France), la délégation belge a été une des plus nombreuses. Le 16 octobre 2005, aura lieu la Fête des femmes « Confêttia » au Palais des BeauxArts à Bruxelles, et une marche « nationale » dans le centre de Bruxelles. Le 17 octobre, dans le cadre des 24 heures de Solidarité mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence, il y aura une action symbolique, de 12h à 13h, à la Grand Place. base, cadres de référence, historiques et définitions, pour cerner ce qu'on entend par l'approche genre. • LES ESSENTIELS DU GENRE 02 Outils de l'approche genre Cahier pratique contenant des outils pour appliquer l'approche genre. Il présente des grilles d’analyse, indicateurs, liste de questions pour intégrer le genre dans les actions de développement. • FICHES THÉMATIQUES : Genre et macro-économie, Genre et santé et droits sexuels et reproductifs. Prochains numéros de la collection : • LES ESSENTIELS DU GENRE 03 ONG, stratégies – changements. •FICHE THÉMATIQUE : Genre, VHI/SIDA et développement. 2) STEREOTYPIK Outil de réflexion et d'animation sur les stéréotypes pour les enfants de 8 à 12 ans et pour toute personne sensible à l'égalité Hommes-Femmes, Nord-Sud. Le dossier pédagogique est en français mais les mots pour l’animation avec les enfants en 5 langues. Info www.marchemondialedesfemmes.be www.confettia.be • [email protected] 3) Brochure « 10 ans du Monde selon les femmes » Nouvelles publications 1) Collection « Les essentiels du genre » Présentation de 10 années d’action du Monde selon les femmes, analyses, témoignages de partenaires du Sud du réseau Palabras. • LES ESSENTIELS DU GENRE 01 Concepts de base Cahier pratique contenant des textes de Info www.mondefemmes.org Appel à contribution Afin de préparer au mieux le calendrier des prochains numéros, voici les thèmes et les délais pour la remise de récits ou de courtes présentations pour les prochains numéros de Palabras. les femmes et les accords commerciaux, libre commerce et zones franches les femmes et le crédit les femmes dans les syndicats Recueil de récits Nous diffusons des récits issus de trois continents (Europe, Amérique latine, Afrique) qui pourront ainsi être mis en parallèle ou en perspective. Voici quelques propositions d'éléments qu'il nous semble important de recueillir pour un récit de groupe. • Qui compose notre groupe ? Qu'estce qui fait notre identité ? Que faisons-nous ensemble ? • Quelle est l'histoire de notre groupe : quand et comment s'est-il constitué ? Dans quel contexte (politique, économique, ...) notre groupe est-il né ? • Quelle est la participation au sein de notre groupe ? Comment fonctionnet-il ? • Description du combat mené : autour de quoi notre groupe s'organise-t-il ? Comment faisons-nous ? Quels rapports a notre groupe avec d'autres groupes au niveau local, national voire international ? Quelle est la vision des relations entre le Nord et le Sud ? • Quel changement social souhaitonsnous obtenir ? Quel est notre projet ? Quels pouvoirs ? Quelle démocratie participative (quelle citoyenneté) ? • Comment notre action collective modifie-t-elle les rapports entre hommes et femmes vers plus d’égalité ? • Effets et conséquences de l'organisation et de l'action du groupe : effets pour notre groupe lui-même, effets pour chacune des membres, effets sur le contexte ? • Comment voyons-nous l'avenir : pour notre combat, pour notre groupe ? Des idées ? Des commentaires ? Un récit à transmettre ? Vous pouvez l'adresser par écrit de préférence, ou sur cassette, en espagnol ou en français, à Hélène Ryckmans ou à Marcela de la Peña Valdivia : [email protected] Les textes comporteront environ cinq pages et seront transmis, si possible, sur support informatique avec le logo en version électronique (si vous en avez), les coordonnées du groupe et des photos (version papier ou numérique en définition 300 DPI). © Le Monde selon les femmes La reproduction des articles est vivement conseillée moyennant citation de la source et envoi d'une copie à l'éditrice. « Parce qu’on nous condamne au silence, je crie là et ici » Luz Garcia Ocampo Palabras/Palabres est édité avec l'aide et le soutien de : la Commission Européenne - Ligne B7- 6000 dans le cadre du projet RAAC la Direction Générale de la Coopération Internationale (Belgique) la Fondation Talithakoum le Ministère de la Communauté française de Belgique - Direction de l'égalité des chances Le Monde selon les femmes Rue de la Sablonnière, 18 B - 1000 Bruxelles - Belgique Tél 32 2 223 05 12 Fax 32 2 223 15 12 Mail [email protected] Site web www.mondefemmes.org Pour vous abonner à Palabras (en Europe), envoyez-nous vos coordonnées à l'adresse postale ou par e mail à l'adresse suivante : [email protected] ; chaque numéro paru vous sera envoyé avec une formule de virement. 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