Palabras 13 FR - Le Monde selon les femmes

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Palabras 13 FR - Le Monde selon les femmes
N°13 2005
« Femmes rurales
et accès à la terre »
Edité par Le Monde selon les femmes • Rue de la Sablonnière, 18 • B - 1000 Bruxelles • Belgique
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Palabr S
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Palabr S
SOMMAIRE
N°13 2005
Éditorial
La revue et le réseau Palabre/as
La CPT (Brésil)
L’UAW (Belgique)
L’AMFAR (Espagne)
Salanontoura sou don se (Bénin)
Présentation :
Le MMC (Brésil)
Solidarité de Kande-Comè (Bénin)
L’Alliance des femmes rurales pour la vie, la terre
et la dignité (Guatemala)
Le Réseau d’Appui à la Citoyenneté des Femmes
Rurales Ouest-Africaines et du Tchad
Le Réseau de Femmes Rurales de l’Amérique
latine et les Caraïbes
Le Réseau National des Femmes Rurales du Sénégal
Pour savoir plus sur le thème de l’accès à la terre
pour les femmes rurales
Nouvelles du réseau Palabres
Activités du Monde selon les femmes
Éditrice responsable : Marcela de la Peña Valdivia
Groupe de travail du projet Raconter et Écrire :
Hélène Ryckmans, Gladys Cifuentes, Poupette Choque,
Isabelle Jacquet, Patricia Muñoz, Lidia Rodriguez Prieto,
Magali Verdier, Paula Maggi
Illustration de couverture : ©Claire Hilgers
Illustrations intérieures : ©Clarice
Photos © : p. 4 Corel, p. 8 UAW, p. 14 AMFAR, p. 18
Solidarité de Kandé-Comè
Traductions pour ce numéro : Dulce Kugler, Marcela de
la Peña Valdivia, Thierry Detienne
Merci à toutes celles et ceux qui ont permis
la réalisation de ce numéro !
Palabres/as N°13 . Éditorial
ÉDITORIAL
Femmes rurales et accès à la terre
L’accès à la terre est indispensable pour produire de la nourriture et créer des revenus.
C’est aussi un atout social et économique
déterminant qui donne accès à l’identité
culturelle, au pouvoir politique et à la prise
de décisions. Dans des nombreux endroits la
terre est gérée en fonction des structures
familiales et parentales, des coutumes en
matière de mariage et de la religion.
Les préjuges sociaux et culturels sont souvent
responsables d’une discrimination à l’égard
d’un sexe, d’une classe sociale ou d’un groupe ethnique. Une des inégalités qui touchent
les femmes rurales (et plus encore les femmes
pauvres) est le manque d’accès réel ou formel
à la terre et à la propriété. Même si les
femmes jouent un rôle de plus un plus
important dans l’agriculture et dans la gestion des ressources naturelles, elles n’ont dans
la plupart des cas pas l'accès ou le droit à la
terre, ni le contrôle de la terre. Comme chefs
des ménages de fait - de 25 à 50 % des
ménages ruraux sont dirigés par une femme,
à cause de l’exode rural, des migrations des
hommes, des maladies et décès dû au
VHI/SIDA - , elles n'ont bien souvent pas le
droit à la propriété tout en disposant d'un
usage parfois précaire de la terre.
les droits de succession sont patrilinéaires.
Cela signifie que si les femmes ont des droits
fonciers c’est à travers leurs fils ou des
hommes de la famille de leur mari ; leur
accès à une terre n'est que temporaire dans
la famille de leur mari. Comme résultat de
cette pratique, très souvent une femme perd
tout droit à la terre à la mort de son mari
(en Ouganda en 2002, c’était le cas de 60%
de veuves des zones rurales, ONUSIDA,
2004) ou en cas de divorce. Ainsi les femmes
et leurs enfants n’on plus les moyens d’assurer leur alimentation.
Les institutions de l’Etat influencent aussi les
régimes fonciers : la loi peut stipuler l’égalité de droits face à la terre, une réforme
agraire peut aller dans ce sens. Mais la mise
en œuvre de la loi va dépendre des facteurs
institutionnels, politiques et sociaux. La
coutume va régner avant la loi, et les femmes
n’auront pas l’accès réel à la terre ni aux
bénéfices de son exploitation, ni à la vulgarisation agricole ou à la formation.
De plus, dans des économies mondialisées, la
libéralisation de l’économie exerce une
influence croissante sur l’accès à la terre. La
terre devient un actif négociable ; les terres
disponibles sont toujours plus rares et sont,
Un des principaux obstacles à l’accès et aux malgré des droits de propriété égaux, accadroits des femmes sur la terre est la perpé- parées par ceux qui ont le plus de moyens
tuation de pratiques patriarcales et de pour les acheter et les mettre en valeur : le
valeurs sexistes, sous prétexte de conserver plus souvent des hommes laissant de côté les
l'unicité de la terre ou d'assurer la survie de femmes ou exploitant leur force de travail
l'exploitation. Dans la majorité des cultures, comme métayères ou ouvrières agricoles.
1
2 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
Dans ce numéro de Palabras, nous vous présentons des expériences de femmes du Sud
dans leur lutte pour un accès et un contrôle
de la terre comme ressource et source incontournable de leur autonomie et de leur bienêtre. Et également des expériences de femmes
du Nord qui luttent pour une reconnaissance en tant que travailleuses et actrices du
développement rural. Nous vous présentons
aussi des nouvelles du réseau Palabras avec le
projet RAAC (Réseau d’apprentissage et
d’action communautaire sur le genre), des
activités du Monde selon les femmes et une
nouvelle page avec des références pour aller
un peu plus loin sur le thème.
Au Bénin deux associations de femmes se
présentent : l’Association de femmes
rurales « Salanontoura sou don se » a
comme but l’auto promotion des femmes et
la lutte contre la pauvreté. Le regroupement
des femmes leur a permis d’améliorer leurs
revenus et d'acheter une terre. Le
Groupement féminin Solidarité de
Kande-Comè, créé pour faciliter le travail
des femmes agricultrices, développe des activités génératrices de revenus.
Au Guatemala l’expérience de l’Alliance
des femmes rurales pour la vie, la terre
et la dignité, met en évidence les liens entre
la discrimination des femmes indigènes à
Au Brésil, la Commission pastorale de la cause de leur ethnie et des valeurs patriarterre de l’Etat de Maranhão a pour objectif cales, par rapport à leur accès à la terre.
de lutter avec les travailleuses pour leur accès
à la terre, pour la réforme agraire. Dans le Par ailleurs, trois réseaux de femmes rurales
même pays, le Mouvement de femmes sont présentés :
paysannes, lutte pour les droits des femmes le Réseau d’Appui à la Citoyenneté des
paysannes et pour établir des rapports équi- Femmes Rurales Ouest-Africaines et du
librés entre les femmes et les hommes et l’en- Tchad (RESACIFROAT) ; le Réseau de
Femmes Rurales de l’Amérique latine et
vironnement.
des Caraïbes et le Réseau des Femmes
En Belgique, l’Union des agricultrices Rurales du Sénégal.
wallonnes (UAW) lutte contre le manque
de reconnaissance professionnelle des agri- Tous ces récits et présentations mettent en
cultrices. Elles ont réussi dans leur combat, évidence qu’il est nécessaire de sensibiliser les
et continuent dans la défense syndicale des organismes et les Etats sur le rôle des femmes
rurales en tant qu'agricultrices à part entièagricultrices.
re et en tant que propriétaires. Elles doivent
En Espagne, l’AMFAR s’est organisée pour être présentes lors des décisions sur la terre et
défendre les droits et intérêts des femmes les ressources naturelles, et avoir un égal
rurales. Son action est centrée sur la forma- accès aux services de vulgarisation et de fortion et le lobbying face au gouvernement mation. Le droit des femmes à la terre est un
pour sortir les femmes rurales de l’invisibili- pas indispensable dans la lutte contre la
té et promouvoir leur participation plus pauvreté et plus particulièrement dans la
reconnaissance des droits des femmes comme
active.
des droits humains.
Le Monde selon les femmes
Palabres/as N°13 . La revue et le réseau
LA REVUE ET LE RÉSEAU PALABRE/AS
Le projet vise à faire raconter et écrire par des groupes de femmes du Sud et du
Nord une action concrète, quelque chose qu’elles ont fait, qu’elles aimeraient
faire connaître et qui illustre leur engagement social.
Le point de départ est la conviction que les groupes de femmes du Nord et du Sud
agissent, réagissent et prennent leur avenir en main dans le champ de leurs "possibles".
Elles ont dès lors des choses intéressantes et mal connues à raconter et à écrire.
L’échange de récits se fait entre les mondes francophone et hispanophone (Europe latine, Amérique latine et Afrique francophone). Les récits, qui sont toujours collectifs,
présentent des réalisations concrètes.
Ces récits croisés remplissent un objectif d'éducation au développement car ils montrent les solidarités possibles, à partir de diagnostics similaires sur des situations comparables. L'échange de pratiques montre à la fois la "palette" de vécus différents, venus
des réalités de chaque groupe social, de chaque pays, de chaque culture et la proximité de sentiments (joie ou peine), de faits et de démarches adoptées dans le but d'accroître l'autonomie des femmes.
Objectifs du projet
LE PROJET VISE TROIS OBJECTIFS :
1
LE PROJET A TROIS COMPOSANTES :
la diffusion d'expériences concrètes de 1 la publication d'une revue, éditée en
groupes de femmes auprès d'un large même temps en français et en espagnol.
public ;
Le Monde selon les femmes a déjà publié
treize numéros thématiques de la revue
2 l'apprentissage et la connaissance mutuel- Palabras* et deux numéros hors série ;
le, afin de créer des synergies entre groupes
2 la mise en place progressive d'un réseau
de femmes grâce à des récits croisés ;
d'échanges et de contacts ;
3 la mise au point d'outils d'animation
(pour l'éducation au développement et les 3 l'organisation de rencontres entre les
formations) sur Genre et développement. associations participant au projet.
* Le n° 0 sur les violences contre les femmes ; le n° 1 sur l'agriculture durable ;
le n° 2 sur l'emploi ; le n° 3 sur la santé et les droits reproductifs ;
le n° 4 sur la citoyenneté ; le n° 5 sur les femmes dans la ville ;
le n° 6 sur les organisations d’appui aux femmes ; le n° 7 spécial "Marche mondiale"
le n° 8 sur l’art au féminin ; le n° 9 sur les formations, le n°10 sur la migration,
le n°11 sur l’information, le n° 12 sur les femmes victimes des conflits et actrices de paix.
3
4 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
LA CPT lutte pour
la répartition de la richesse,
pour plus d’humanité,
de fraternité
Contact
Martha Isabel Furtado Bispo - Coordinatrice
Commission Pastorale de la terre - Régionale Maranhão
São Luís do Maranhão, 9 de outubro de 2003
Maranhão - Brésil
Tél + + 98 222 2216
Fax + + 98 231 2700
Mail [email protected]
Site web www.cptnac.com.br
Palabres/as N°13 . La CPT
La CPT
(Brésil)
La « Commission Pastorale de la terre » de l’Etat de Maranhão
La « Commission Pastorale de la terre » est née en 1975 en réponse au
problème de l’accès à la terre, à l’eau et à la nourriture. La CPT a été mise
en place par l’Eglise catholique (qui est très progressiste au Brésil) avec d’autres
Eglises évangéliques et presbytériennes. Nous appartenons à la ligne des pastorales
sociales et nous nous fondons sur la doctrine sociale de l’Eglise, la théorie de la libération. Nos actions ne sont pas des actions qui conduisent à la violence mais ce sont
des actions de conquête de la terre. Notre objectif est de lutter avec les travailleuses
pour leur accès à la terre, pour la réforme agraire. Notre organisation a une optique
transversale de genre promue par les femmes elles-mêmes.
Familles sans terre
Suite à la dictature militaire au Brésil, la concentration de la terre dans les
mains d’un petit nombre a augmenté fortement. Plus de terres sont aux
mains de moins de personnes et moins de terres sont en possession de ceux qui ont
besoin de la travailler. Il n’y a que 15 % seulement qui possèdent la terre, la majorité du reste de la population pauvre est celle qui travaille, il y a 5 millions de familles
sans terre au Brésil. A cette époque apparaît le terme « CRILAGI », mot brésilien
que l’on utilise pour désigner une personne qui achète un lopin de terre à un faux
propriétaire qui expulse les personnes qui demeurent sur ces terres. Un grand
nombre de familles se sont vu obligées de partir sur les routes parce qu’elles avaient
été expulsées et dépouillées des terres sur lesquelles elles vivaient. Il y a eu et il y a
encore de nombreux conflits : assassinats, menaces de mort, expulsion des terres.
Notre association aide ces familles pour qu’elles puissent revenir sur leurs terres.
Comment nous sommes organisées
En tant que CPT, nous avons une coordination nationale composée de six personnes
au nombre desquelles figure une femme. Il y a 21 régionales et dans plusieurs états
5
6 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
du Brésil, il existe aussi « l’équipe contre le travail esclavagiste au Brésil », « l’équipe
de spiritualité », et « l’équipe de formation » pour les membres internes mais aussi
pour les membres des travailleuses de la CPT. On y traite principalement des thèmes
relatifs à la terre, à la femme, au genre, à la question de l’eau. Nous organisons une
rencontre tous les deux mois pour évaluer et planifier de même que pour préparer
la formation. La relation avec les autres CPT est menée à bien à travers la CPT
nationale avec laquelle nous avons des rencontres deux fois par an pour évaluer, planifier et préparer les formations.
Le Nord et le Sud
Les relations entre la CPT du nord et la CPT du sud du Brésil (la CTP
de Maranhão est située au nord-est du pays) ont des relations égalitaires
et très bonnes, avec des réalités distinctes mais aussi des points en commun tels que
la lutte pour l’accès à la terre, à l’eau, aux crédits et la question de genre. Le nord
brésilien est plus pauvre que le sud du pays. Le sud du Brésil est semblable à
l’Europe, il existe un parallélisme entre quelques villes allemandes et quelques villes
du sud brésilien qui à l’époque furent colonisées par les Allemands.
Les pays du Nord nous voient comme des régions qui ont moins de capacité de
développement mais de grandes superficies de terre. La relation à la terre pour la
plantation et pour l’alimentation des pays du Nord est un relation d’inégalité dans
laquelle nous nous sacrifions. Par exemple, la monoculture du soja (qu’achètent
ensuite les pays du Nord) va de pair avec l’utilisation de produits toxiques qui contaminent chaque fois plus le sol, nos eaux et l’Amazonie, le poumon du monde.
Nos lignes de travail
Nous travaillons la question de la réforme agraire pour venir à bout de la concentration de la terre. Ce n’est pas seulement une question de distribution de terre mais
aussi d’améliorer notre qualité de vie.
Nos activités concernent également l’accès aux services de santé et l’éducation qui,
si elle existe, ne prend pas en considération les cultures locales. Nous promouvons
la participation de la femme aux espaces de décision, son pouvoir de négocier et de
posséder un titre terrien. En effet, la loi au Brésil dit que si un homme et une femme
sont mariés, ils ont conjointement un titre terrien, mais dans la pratique, il n’en est
pas ainsi et la terre continue à être sous le contrôle et la possession des hommes.
Nous sommes envahies par une joie immense lorsque des groupes de femmes sont
en train de prendre conscience, d'être actrices de leur destin et qui font face à la vie.
Palabres/as N°13 . La CPT
Nous voulons que l’on valorise davantage
« les petites conquêtes » des familles qui
ont déjà conquis leur lopin de terre, qui
ont lutté pendant 4 ou 5 ans par voie de
justice et qui ont obtenu leurs droits.
La terre continue à être sous le
contrôle et la possession des hommes
Nous rendons visite à des familles très
pauvres qui n’ont pas de quoi manger, des
familles qui campent au bord des chemins
pendant deux ou trois ans dans l’attente
d’une décision judiciaire qui leur permette d’accéder à leurs terres. Il arrive souvent
que lorsque ces familles peuvent enfin
récupérer leurs terres, leurs maisons ont
été brûlées, ce qui provoque un choc.
La CPT n’est pas opposée au gouvernement de Lula car celui-ci est notre ami. Nous
occupons les terres de façon pacifique, sans armes ni violence. Nous contribuons à
ce que se produise dans les faits la réforme agraire du Brésil. Et nous savons que
beaucoup de nos conquêtes, la question de la documentation de la femme (c’est à
dire avoir son actes de naissance, ses papiers d’identité, des titres de propriété), le
salaire pendant la maternité, la problématique du crédit, toutes ces choses exigent
beaucoup de lutte pour avancer pas à pas.
Nous savons que pour obtenir quelque chose, nous devons lutter et conquérir nos
droits parce que dans notre pays, les lois sont faites par le Congrès et le Parlement
brésilien qui sont composés des grands propriétaires terriens ; les lois sont faites pour
les grands mais pas pour les petits.
Une utopie réalisable
Nous sommes pleines d'espérance car nous voyons que les choses sont
déjà en train de changer, comme le Forum social mondial le démontre.
Nous croyons qu’il est possible de venir à bout du machisme et du patriarcat à l’intérieur des familles même où les femmes auraient aussi leur voix.
Nous luttons pour la répartition de la richesse, pour plus d’humanité, de
fraternité. Dans ce sens, la CPT voit que notre rêve peut se réaliser à partir des familles, des coordinatrices de base, dans ce qui est déjà commencé ici, qui est réalisable dans le présent, pas d’ici 40 ans mais maintenant.
Nous parions sur notre travail.
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8 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
L’UAW lutte contre la manque de reconnaissance professionelle
des femmes en tant qu’agricultrices
Contact
Anne Pétré - Coordinatrice nationale
Anne-Marie Tasiaux - Présidente
Union des Agricultrices Wallonnes
47, Chée de Namur
5030 Gembloux - Belgique
Tél + + 32 81 60 00 60
Fax + + 32 81 60 04 46
Mail [email protected]
Palabres/as N°13 . l’UAW
L’UAW
(Belgique)
L’Union des Agricultrices Wallonnes
L’Union des Agricultrices wallonne est un mouvement qui regroupe des agricultrices
issues des 4 coins de Wallonie. Nos missions sont : la défense syndicale des agricultrices et des agriculteurs et l’information et la formation permanente des agricultrices. La structure du mouvement est composée de sections locales, qui se réunissent en sections provinciales, et qui élisent des déléguées au niveau national.
Notre lutte pour un meilleur statu t …
Nos préoccupations principales touchent au statut social et juridique des
agricultrices. Les femmes impliquées dans les exploitations de Wallonie
assurent souvent les soins aux jeunes animaux, la traite, et une part importante de la
gestion administrative de la ferme. Lorsqu’il y a diversification (quand est développée une autre activité économique liée à l’agriculture), ce sont encore les femmes qui
sont porteuses de ces projets dans la majorité des cas. Impliquées professionnellement, elles le sont aussi sur le plan financier. Elles sont en effet, la plupart du temps,
co-débitrices des emprunts contractés pour la reprise ou l’amélioration de la ferme.
Malgré cela, les agricultrices ont souffert durant de longues années d’un manque
total de reconnaissance professionnelle. Leur « statut » de conjoint aidant correspondait en fait jusqu’il y a peu à une absence de statut. Jusqu’en 1990 en effet, les
conjoints aidants, qu’ils travaillent en agriculture ou dans n’importe quel autre secteur de l’emploi indépendant, n’avaient aucun accès à une protection sociale individuelle. En conséquence, les conjoints aidants étaient considérés comme des
conjoints au foyer (on pourrait dire femme au foyer, puisque 95% des conjoints
aidants sont de sexe féminin). Cette situation était frustrante, et profondément insécurisant, car l’absence de statut correspond concrètement à une invisibilité complète sur le plan professionnel. En cas de séparation, certaines conjointes aidantes se
sont ainsi retrouvées dans l’impossibilité de prouver leur présence sur l’exploitation
et leur influence dans la bonne marche de l’entreprise, leur nom ne figurant sur
aucun document officiel !
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10 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
Plusieurs organisations représentant les
conjointes aidantes des différents secMaxi
teurs, agricultrices et épouses de médestatut!
cins en tête, se sont mobilisées pour
modifier cet état de chose. Après
d’âpres luttes, elles ont enfin obtenu,
en 1990, l’accès volontaire à un statut
social partiel. Celui-ci, que l’on appelle communément le « mini-statut »
couvre uniquement la maternité, l’incapacité de travail et l’invalidité, contre
le paiement d’une cotisation égale à
4% de celle du conjoint indépendant à
titre principal. Cette cotisation n’était
toutefois pas obligatoire. Les organisations de conjoints aidants qui s’étaient
battues pour l’obtenir ont rapidement
déchanté, puisque peu de femmes faisaient les démarches nécessaires pour accéder à ce statut partiel. L’explication de cette
réticence est difficile à donner, mais notre expérience semble montrer qu’il restait
malaisé pour une femme d’obtenir de son conjoint la possibilité de s’inscrire au statut. De plus, le « mini-statut » volontaire n’était pas considéré comme suffisamment
attrayant, puisqu’il ne propose pas de possibilité de cotiser pour l’obtention d’une
pension de retraite individuelle. A tort, à notre avis, car le rapport entre le coût de la
cotisation et la protection offerte était en fait, extrêmement rentable.
En 2002, les débats concernant l’amélioration du statut des conjoints aidants ont
repris. Aux organisations déjà impliquées en 1990 se sont joints d’autres mouvements représentant les conjoints du secteur de la construction, de l’alimentation…
Ensemble, ces mouvements ont réfléchi à un statut adapté à la diversité des situations
des femmes travaillant dans les entreprises familiales de ces différents secteurs. En
2003, les conjoints aidants ont enfin obtenu l’accès à un statut social complet et
aussi, chose capitale, l’inscription obligatoire au mini-statut. Désormais, tous les
conjoints aidants sont automatiquement inscrits auprès de l’INASTI (Caisse de cotisation des indépendants, pour les maladies et les pensions) et bénéficient d’une protection maternité-incapacité de travail-invalidité. Depuis 2003, les conjoints qui le
souhaitent peuvent aussi s’inscrire au bénéfice d’un statut complet, offrant la même
protection que celle des indépendants à titre principal. Les cotisations sont les mêmes
que celle de l’indépendant. Des aménagements ont été prévus pour les couples à bas
revenus, car il s’agissait d’être attentif à offrir un statut qui sécurise la famille, et non
qui la précarise davantage.
Palabres/as N°13 . l’UAW
... en marche !
Cette inscription volontaire au statut complet sera obligatoire dès juillet
2005 pour tous les conjoints aidants nés après 1956 (sauf si la personne fait
la déclaration officielle de sa non-participation à l’activité de l’exploitation). Il s’agit
d’une avancée majeure pour les agricultrices et leurs consœurs des autres secteurs.
Cette protection obligatoire a l’avantage de sécuriser la conjointe sur le plan social,
bien sûr, mais aussi sur le plan juridique. En effet, l’inscription obligatoire au statut
donne aux conjoints aidants un véritable statut professionnel, une existence claire sur
le plan légal dans l’entreprise familiale. En cas de divorce, par exemple, il deviendra
plus simple qu’auparavant de prouver son implication. Sur le plan psychologique, l’effet est également perceptible.
Si l’on peut légitimement crier victoire, il reste cependant d’autres questions à régler
afin d’assurer aux agricultrices une place à la hauteur des engagements qu’elles prennent dans les fermes wallonnes. Ainsi, nous avons contacté le Ministre de l’agriculture, afin de trouver avec lui des solutions pour permettre aux agricultrices d’améliorer
aussi leur statut administratif dans l’exploitation. En effet, les droits de production et
quotas divers liés à la PAC (Politique Agricole Communautaire européenne) ont été
mis en place à une époque où les conjoints aidants ne pouvaient pas s’inscrire comme
travailleuses à l’INASTI. En conséquence, les droits de production ont été automatiquement attribués aux seuls travailleurs officiellement inscrits au statut social, et les
agricultrices en ont été une fois de plus exclues.
Cette situation perdure : les cartes d’identification des exploitations wallonnes restent
intitulées au seul nom de l’exploitant à titre principal dans la majorité des exploitations. Si une possibilité existe depuis 5 ans de modifier, en cas d’accord entre les deux
époux, l’intitulé de la carte CTI (carte d’identification de l’exploitation), c’est un sujet
qui reste difficile à aborder au sein de certains couples. Aussi, l’UAW a demandé au
Ministre du secteur d’étudier la possibilité de rendre cette co-titularité des droits de
production automatique pour tous les conjoints aidants inscrits au statut social. Si ce
dossier évolue positivement, les conjoints aidants du secteur agricole bénéficieront
alors d’un statut qui les place réellement sur un pied d’égalité avec leurs conjoints
indépendants à titre principal.
Pour que nos fermes continuen t …
En dehors de ces dossiers particulièrement liés aux
femmes, nous sommes également très préoccupées par
l’avenir de nos exploitations et la possibilité, pour nos
enfants, de s’installer en agriculture.
11
12 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
Les constantes modifications du cadre politique autour de l’agriculture européenne
(voire mondiale, dans le cadre de l’OMC - Organisation Mondiale du Commerce)
créent un environnement insécurisant pour les exploitants agricoles de l’Union
Européenne. Le durcissement des normes en matières de sécurité alimentaire, les
nombreux contrôles auxquels nous sommes soumis, les sanctions qui en découlent
(perte de revenu) renforce aussi ce sentiment d’insécurité.
En Belgique, les exploitations ont tendance à s’étendre, à devenir de plus en plus
grandes. La reprise de telles structures est de plus en plus difficile. Le montant des
emprunts est lourd et, dans le contexte d’incertitude politique que nous vivons, très
difficile à gérer. Il faut aussi organiser la reprise par un enfant en ne lésant pas ses
frères et sœurs.
Les agricultrices, mères de futurs agriculteurs et agricultrices, sont inquiet-e-s face à
cette situation. Elles « angoissent » pour l’avenir de leurs enfants. Elles servent souvent de « tampon » dans les conflits père-fils au moment de la reprise ou pendant que
le jeune est associé à son père. De plus en plus souvent, on entend des agricultrices et
agriculteurs dire qu’ils n’ont pas envie que leur enfant reprenne la ferme, car c’est un
avenir trop incertain. Néanmoins, il y a quant même un sentiment de fierté d’avoir
transmis à son enfant l’amour du métier.
Quelle agriculture voulons-nous ?
L’agriculture de demain, nous la voulons familiale. Une expression galvaudée qui a perdu son sens pour beaucoup, mais qui pour nous, se définit
ainsi : « l’agriculture familiale est une agriculture dans laquelle le pouvoir
de décision, la main d’œuvre et les capitaux émanent de la famille ».
C’est dans ce type d’agriculture que nous, agricultrices, trouverons le mieux
notre place. C’est dans une structure familiale, viable, mais de taille humaine, que nous voulons exercer ce métier que nous aimons.
Nous avons choisi ce métier par goût du travail de la terre, des animaux que
nous élevons, parce que nous voulions être indépendants. Indépendants,
nous le sommes pourtant de moins en moins, soumis à des normes de plus
en plus strictes ainsi qu’à des politiques qui nous sont imposées par une
Europe face à laquelle nous nous sentons démunis. Nous voulons faire
entendre notre voix et être à même de décider de l’avenir de nos entreprises
familiales. Nous ne voulons pas de ces normes qui uniformisent l’agriculture. Nous voulons conserver l’incroyable variété de nos productions. Nous
ne voulons pas oublier nos racines, notre culture, l’extraordinaire richesse
de notre gastronomie.
Palabres/as N°13 . l’UAW
Aider à trouver sa place
En tant que mouvement féminin, nous sommes sensibles au fait que les
épouses d’agriculteurs qui souhaitent travailler sur l’exploitation doivent
pouvoir y trouver leur place. Il faut bien sûr, pour qu’elles puissent faire ce choix en
toute conscience, que l’emploi qu’elle se créent soit rémunérateur. La création d’une
diversification est parfois la solution pour réaliser ce projet de vie, ce projet de travail
en couple. L’UAW travaille, dans le cadre de sa commission marrainage, à la réalisation d’un relevé de toutes les diversifications possibles afin de permettre d’offrir aux
agricultrices demandeuses, une large palette de choix. Une fois qu’elles auront trouvé
la diversification qui s’adapte le mieux à leur situation personnelle, nous leur proposerons de prendre contact avec une agricultrice qui a l’expérience de cette diversification, et qui pourra l’aider à éviter les embûches du chemin vers un projet réussi.
Dans ce cadre, nous avons pour projet de développer un échange avec des agricultrices
de Roumanie afin de partager avec elles nos connaissances dans le domaine de la
diversification, de l’artisanat et de l’organisation professionnelle agricole.
Nous avons également développé un programme visant à former des agricultrices à
l’écoute sans jugement afin qu’elles aillent à la rencontre d’agriculteurs en difficultés
qui en font la demande. Le but de ce programme est d’amener les agriculteurs en précarité à pouvoir exprimer leurs difficultés avec une personne de la profession, qui
puisqu’il partage le même métier, les comprend et peut les soutenir et les encourager
efficacement.
Enfin, l’UAW a aussi mis en place un
réseau d’accueil à la ferme original :
les « Fermes de Ressourcement ». Ces
exploitations agricoles proposent aux
personnes qui sont accueillies dans
les fermes, de prendre du recul par
rapport à leur rythme de vie habituel.
La ferme est, en effet, un endroit propice à la reprise de contact avec le
rythme de la nature, des saisons…
Les personnes accueillies peuvent, si
elles le souhaitent, participer activement au travail de la ferme. Cette
formule rencontre un succès grandissant auprès du public.
Les Fermes de Ressourcement
13
14 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
est une fédération qui défend des droits et la prise en
compte des intérêts des femmes rurales en Espagne
AMFAR
Contact
Lola Merino Chacón
Présidente nationale
AMFAR national
C/Agustín de Bethencourt, 17-7a Planta
28003 Madrid – Espagne
Tél + + 34 91 536 2035
Fax + + 34 91 598 5055
Mail [email protected]
Site web www.mujerrural.com
Palabres/as N°13 . L’AMFAR
L’AMFAR
(Espagne)
La Fédération Nationale des Femmes et des Familles en milieu rural
La Fédération s'est constituée en 1991 dans le but de défendre les droits
et intérêts des femmes rurales en Espagne et ce à la suite de réunions que
nous tenions avec un groupe très diversifié de femmes. Quand nous avons commencé à travailler, dans la province de Ciudad Real, nous avons vu que c’était une
bonne manière de défendre ou d’obtenir nos droits et nous avons décidé de créer la
Fédération. A l’heure actuelle, sur toute l’Espagne, nous sommes 87.000 femmes
affiliées et nous avons 43 bureaux, chacun de ceux-ci a des correspondantes dans les
différents villages de chaque province ou région et notre siège est à Madrid. Depuis
mai 2004, nous sommes représentées au travers de la première vice-présidence de la
Commission Européenne des Femmes Rurales.
Nos activités
La première activité, et la plus importante, est celle que nous avons lancée en 1991
est la formation. Elle est consacrée au renforcement de l’estime de soi, à l’insertion
professionnelle, au recyclage des femmes qui doivent s’adapter à la société de l’information et aux nouvelles technologies, qui doivent pouvoir concilier la vie professionnelle et la vie familiale. La formation est ce qui donne la connaissance aux
femmes et donc la liberté d’expression, de participation, celle de pouvoir dire ce
qu’elles souhaitent.
Une autre activité centrale consiste à faire connaître, tant aux gouvernements qu’aux
institutions, la problématique réelle des femmes rurales. Quand nous avons commencé à travailler, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait une ignorance
absolue. Nous ne figurions pas dans les statistiques, les gouvernements n’avaient pas
connaissance de la problématique de la femme dans le monde rural.
Suite à notre lutte nous avons obtenu beaucoup de choses, par exemple le fait que
le Ministère de l’Agriculture dispose d’un budget spécial pour les femmes rurales,
pour leur formation et leur intégration dans l’agriculture. Nous avons aussi obtenu
15
16 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
que les femmes puissent être incorporées dans la sécurité sociale agraire, dans un
régime spécial qui leur a été refusé jusque mars 2003. En Espagne, il existe deux
régimes, le général et le spécial. Ce dernier, dans lequel on ne paie pas, existe en
vertu d’une loi, datant d’avant la démocratie espagnole, qui ne reconnaissait pas les
droits (de copropriété ni de statut professionnel) de la femme dans le secteur agraire. Cette loi, dont nous avons obtenu la modification en avril 2003, désignait l’homme comme chef de famille, la femme était exclue. Maintenant, la femme peut s’intégrer dans des conditions égales au secteur agraire et elle peut décider dans quel
régime elle souhaite figurer, le général ou le spécial. De la même manière, lorsqu’une
femme rejoint le secteur agraire, elle bénéficie de 10% d’aide en plus qu’un homme
et l’on fait un projet d’amélioration de l’investissement et de l’exploitation. Compte
tenu du fait qu’en tant que femmes nous avons un pouvoir économique moindre,
c’est une manière efficace de favoriser notre participation au secteur agraire.
Travailler à portes ouvertes
Nous tenons pour clair le fait que la discrimination qui touche les femmes
n’est pas seulement notre problème mais bien le problème de toute une
société. La solution n’est pas seulement dans les gouvernements mais aussi dans
notre propre mentalité en tant que femmes et dans la leur en tant qu’hommes.
L’égalité ne peut être atteinte si les femmes ne sont pas reconnues socialement, et
pour cela il faut faire des alliances, c’est pourquoi l’AMFAR est intégrée à la ASAJA
(Association Agraire des Jeunes Agriculteurs). Les débuts furent difficiles car il n’y
avait quasi pas de femmes à l’intérieur de l’organisation et nous devions supporter
les blagues. Maintenant, nous travaillons quotidiennement avec les hommes et il y
a même des hommes associés à l’intérieur de notre organisation. Les hommes ont
peu à peu fait partie de notre fédération et ils y sont venus eux-mêmes. Ainsi, nous
avons forgé une fédération de femmes et de familles du milieu rural dans laquelle la
contribution des hommes est fondamentale et nous croyons qu’il est bon de travailler conjointement.
L’AMFAR au niveau international
Nous avons continué à lutter pour obtenir plus d’aides et de bénéfices de la nouvelle PAC (Politique Agricole Commune européenne). En Espagne, le climat est plus dur et c’est pourquoi nous
avons besoin de plus d’aide que le nord, ce que nous avons eu mais ce n’est pas suffisant. Mais c’est le cas également de la Grèce et de l’Italie, nous n’avons pas été les plus
privilégiés. Il faut néanmoins prendre en compte le fait que l’Espagne a gagné vraiment beaucoup depuis qu’elle est entrée dans l’Union européenne, dans le secteur
agraire, dans le secteur des entreprises et en matière de droits spécifiques des femmes.
Palabres/as N°13 . L’AMFAR
Au cours des 3 dernières années, nos relations se sont resserrées avec l’Amérique latine et les Caraïbes, surtout au travers de l’Institut Interaméricain pour l’Agriculture
en Amérique latine et aux Caraïbes (IICA). Par exemple, face à une demande d’exportation d’artisanat de femmes, nous essayons de chercher des canaux pour leur
commercialisation à travers des réseaux en Europe.
Au niveau des défis
L’Espagne est le pays de l‘Union européenne qui présente les taux les plus
bas d’activité des femmes, surtout dans le monde rural. En analysant la
situation, nous avons vu qu’un des problèmes était la conciliation de la vie familiale et professionnelle : nous nous marions, nous avons des enfants et nous
sommes mères. En tant que mères, tout le soin de la maison, des enfants, du mari,
des aînés nous retombe dessus. De la même manière, s’il y a une personne atteinte
d’un handicap, sa prise en charge nous incombe, et ceci rend plus difficile, surtout
en zone rurale, le fait que les femmes puissent se consacrer à réaliser leur travail, à
étudier. Nous pensons que les hommes doivent être co-responsables des charges
domestiques, de la prise en charge des enfants et des aînés. Ceci relève du rôle de
l’éducation et concerne des hommes et de beaucoup de femmes. Les gouvernements
doivent créer des infrastructures telles que des garderies pour les enfants, des services
à domiciles pour les personnes âgées ou handicapées et ils doivent investir dans des
centres pour personnes âgées. L’autre défi est le rôle des femmes dans la politique
agricole commune : les femmes sont essentielles pour le développement rural soutenable et malgré cela, nous ne l’avons pas vu prendre forme de manière concrète.
Sans demander la permission…
Une de nos grandes réussites a
été notre propre prise de
conscience en tant que mouvement de femmes. Souvent, nous
les femmes, nous ne sommes pas
conscientes du pouvoir que
nous avons et le simple fait
d’être conscientes de la discrimination est déjà une étape en soi.
La force d’une femme n’a pas de
limites, quand une femme
bouge, le monde bouge. Nous
devons revendiquer nos droits
sans demander la permission.
Quand une femme bouge, le monde bouge
17
18 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
SALANONTOURA SOU DON SE est une organisation de
femmes rurales qui lutte contre les pratiques traditionnelles
qui empêchent le droit et l’accès à la terre aux femmes
Contact
Madame Adiza Gando
Présidente du groupement du village de Gando
s/c radio communautaire de Bembèrèkè
BP 04 Bembèrèkè - Bénin
Palabres/as N°13 . Salanontoura sou don se
SALANONTOURA
SOU DON SE (Bénin)
F
Association de femmes rurales
Salanontoura Sou Don Se signifie « Il est temps de nous réveiller ! ». C'est une association de femmes rurales pour l’auto promotion et la lutte contre la pauvreté, créée
en 1998.
Notre commune est située dans le département du Borgou au Nord du pays, à
105 km au nord de Parakou, la capitale régionale. Elle s’étend sur une superficie de
3348 km2 dont plus de 75 % est occupée par des terres cultivables.
La tradition batombu (ethnie majoritaire) fait peu de place aux femmes confinées
dans des rôles traditionnels qui ne favorisent pas leur épanouissement. En outre, les
femmes sont encore victimes de mariages forcés et précoces, de mutilations génitales
(même si ceci connaît une régression grâce aux sensibilisations des structures étatiques et des ONG) et toutes autres formes de violences. De même, jusqu’à un passé
récent, ce milieu connaissait un taux élevé d’analphabétisme et de déperdition scolaire parmi les filles.
Les femmes n'ont aucun droit à la terre
B
Malgré le rôle important que jouent les femmes dans la production agricole et la sécurité alimentaire de la famille, elles n’ont aucun droit de propriété sur la terre. La femme peut en jouir dans certaines conditions, comme en cas de
veuvage ou de divorce quand elle retourne dans sa famille. Dans son foyer, le mari lui
octroie souvent des parcelles pauvres qu’elle a du mal à enrichir compte tenu de la faiblesse des moyens financiers dont elle dispose. De plus, elle n’a aucune sécurité sur la parcelle ainsi octroyée qui peut lui être retirée à tout moment.
La principale culture de rente est le coton. Sa culture occupe plus de 90 % des producteurs, notamment les femmes qui sont surtout utilisées comme ouvrières agricoles. La commune de Bembèrèkè fait partie de la zone cotonnière du Borgou, premier département producteur de coton au Bénin. La zone est réputée pour avoir les
meilleures potentialités agricoles du pays et est considérée comme l’un des greniers
19
20 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
du Borgou. Elle enregistre des surplus de
production agricole qui approvisionnent les
centres urbains dont Parakou, les localités
moins loties comme Malanville situé à la
frontière avec le Niger et la Nigeria. A côté
du coton, le maïs, l’igname, le sorgho et le
manioc jouent un rôle de plus en plus important, non seulement comme cultures
vivrières mais également comme spéculations
de rapport. Ces diverses cultures agricoles
sont transformées et commercialisées par les
femmes rurales organisées en associations.
Historique de l’association
M
Malgré un contexte économique initialement favorable à l’ensemble de la
population, les femmes, compte tenu de la répartition sociale des rôles,
vivent dans un contexte social et économique difficile et même parfois inacceptable.
Pour améliorer leurs revenus et faire face aux charges dont elles ont la responsabilités, les femmes menaient de manière individuelle des activités de production (parfois comme ouvrières agricoles), des activités de transformation et la commercialisation des produits agricoles, très souvent à partir de petits crédits obtenus du Centre
de Promotion Sociale (CPS).
C’est ainsi qu’en 1998, sur l'initiative du responsable du centre, nous avons créé l’association qui s’est progressivement imposée dans le milieu. Notre but est de permettre aux femmes de constituer une force de production autour d’activités génératrices de revenus exécutées individuellement, même si elles ne possèdent pas de
terres.
acheté
Le groupement a réussi à acheter une
terre : nos activités ont permis d'augmenter les revenus. Avec notre épargne
et avec l'appui du centre de promotion
agricole de l'époque, nous avons pu
acheter une terre. Il a fallu négocier
avec les propriétaires du terrain ; ils ont
d'abord discuté avec le mari de la présidente et de quelques autres femmes,
avant d'accepter la vente !
Palabres/as N°13 . Salanontoura sou don se
Notre association est constituée majoritairement de femmes analphabètes ; elle s’est
progressivement élargie et s’est imposée aux hommes et à l’ensemble de la commune grâce à :
l’organisation méthodique de nos activités
la transparence dans la gestion
la solidarité qui prévaut entre les membres du groupe
le sérieux dont nous faisons preuve dans le travail.
Le témoignage positif des hommes du village constitue pour nous, membres de l’association, la reconnaissance de nos efforts mais aussi une marque de
considération et de respect de la part des hommes
généralement réticents à voir évoluer leurs femmes
dans des groupements féminins.
Compte tenu de la difficulté de gérer un groupe comptant de nombreuses personnes, l’association a jugé plus pertinent de se scinder en deux tout en continuant
de mener les mêmes activités.
Organisation interne
4
Notre association est dirigée par un bureau de six membres : la présidente, la secrétaire, la trésorière, chacune avec une adjointe. Les membres de
l’association se réunissent une fois par semaine pour faire le point des activités et la
répartition des tâches. De même, les responsables des deux groupes composant l’association se retrouvent mensuellement pour faire le point financier par groupe et
pour se donner de nouvelles consignes.
Ainsi, notre association se caractérise par :
son sens de l’organisation qui se constate dans son fonctionnement ;
la volonté de réussir qui s’observe dans le système de suivi et d’auto évaluation mis en place à travers la tenue régulière des réunions hebdomadaires et le respect des décisions prises ensemble ;
et la participation de tous les membres aux activités planifiées.
Ces trois aspects confèrent à notre association une identité propre qui lui donne une
notoriété parmi les associations de femmes rurales de la commune.
21
22 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
Nos activités
association dispose d’un
X Notre
champ collectif dans lequel nos
membres se retrouvent suivant un plan
d’activités, qui est basé sur le calendrier
agricole. Nos activités comprennent les
travaux champêtres, la transformation du
beurre de karité et le maraîchage. Le groupement produit 10 hectares d’acajou et 15
hectares d’arachides. Les revenus issus de la
récolte constituent les véritables sources
d'auto financement, étant donné que nous
n’avons pas une source de financement
permanente, mais bénéficions d’appuis
ponctuels de la part de différents projets.
f
champ collecti
Les activités de notre groupe ont des effets positifs sur les membres de l’association.
Au nombre de ces effets, on peut citer trois aspects essentiels :
1. L’amélioration des revenus de nos membres : l’appartenance à l’association
permet aux membres de disposer de revenus substantiels suite au partage
équitable des revenus, de tontines et de micro crédits octroyés aux femmes
pour faire face à des dépenses individuelles. Ceci leur assure l’indépendance
financière vis-à-vis de leurs époux.
2. L’épanouissement moral : l’appartenance à l’association a favorisé une libération morale des femmes vis-à-vis des époux. Les réunions hebdomadaires
servent aussi à se libérer des stress ou autres situations difficiles vécues dans le
ménage. Ainsi, les problèmes posés trouvent des solutions grâce aux conseils
des unes et des autres. Ces séances rapprochent les membres qui se découvrent des problèmes identiques dont les solutions peuvent être trouvées
ensemble. Cela a favorisé la solidarité au sein du groupe. Mais l’objectif principal visé ici est de pouvoir réduire toute situation individuelle pouvant affecter le travail au sein de l’association.
3. Le respect des époux : dans un milieu où les hommes ne favorisent pas l’appartenance des femmes à un groupe parce qu’ils considèrent qu’il est souvent
source d’irrespect des femmes pour leurs maris, les membres de notre association sont respectées et pour certaines femmes, ce sont les époux qui les
incitent à participer aux réunions.
Palabres/as N°13 . Salanontoura sou don se
Pour changer des pratiques comme l'excision et le mariage forcé, nous avons d'abord
commencé des sensibilisations internes envers les membres du groupement. Cela a
permis aux femmes de se rendre compte des méfaits de ces pratiques sur les femmes
et sur les enfants. Ensuite, nous avons mené des campagnes de proximité auprès des
autres femmes non-membres du groupement. Nos actions donnent des résultats
parce que le village n'est pas trop grand et que les femmes membres du groupement
sont assez nombreuses dans le village. Il y a aussi le sérieux et la crédibilité qu'on
reconnaît au groupement dans le village.
Les rapports hommes / femmes
Les rapports entre les hommes et les femmes dans notre société sont caractérisés par
trois éléments essentiels :
des pesanteurs qui placent les femmes sous la domination des hommes ;
un taux élevé d’analphabétisme parmi les femmes et une déperdition scolaire féminine importante et
la persistance de pratiques et coutumes traditionnelles qui constituent
un poids pour l’épanouissement des femmes.
Face à une telle situation très défavorable vis-à-vis les femmes, nous nous sommes
fixées comme mission de :
donner une chance égale aux garçons et aux filles pour réduire le taux
d’analphabétisme féminin en encourageant la scolarisation féminine au
sein de l’association ;
lutter contre les pratiques traditionnelles comme celles qui empêchent
les femmes d’avoir un droit de propriété sur la terre ;
nous impliquer dans les actions d’utilité publique pour montrer que les
femmes sont aussi des actrices de développement.
23
24 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
Ainsi, nous essayons d'augmenter la citoyenneté à travers trois actions stratégiques :
la lutte contre la pauvreté qui assure une certaine liberté et une valorisation des femmes devant leur mari mais aussi devant toute sa communauté ;
la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes dans le milieu
à travers la scolarisation des filles et
la disponibilité des femmes à s’impliquer dans les actions de développement au niveau local.
Parfois nos membres ne sont pas très conscients de l’enjeu politique du combat que
menons, elles sont très engagées, elles ont la force de travail et sont les garantes de
la sécurité alimentaire de la communauté.
Le RESACIFROAT accompagne nos initiatives et appuie le renforcement de nos
capacités, afin que nous-mêmes puissions impulser des changements significatifs
dans notre société.
Palabres/as N°13 . Le MMC
Le MMC
(Brésil)
Le Mouvement des femmes paysannes
Le Mouvement des femmes paysannes du Brésil existe depuis de plus de 20
ans. Il a été créé par des femmes activistes dans des syndicats, communautés religieuses et associations, suite aux vécus et aux réflexions sur les barrières de classe qui touchent en particulier les femmes, dont les spécificités ne sont pas prises en
compte. C’est pour cela que nous nous présentons comme un mouvement autonome, de classe et féministe, en réponse au besoin de créer de nouveaux espaces non discriminatoires pour les femmes. Notre réseau est organisé au niveau national, il est
composé de groupes de base, qui sont organisés en coordinations au niveau communal et national.
Nos objectifs
réfléchir sur la condition des femmes et promouvoir leur participation dans la société
lutter pour la reforme agraire
défendre l’égalité vis-à-vis la sécurité sociale
et l’éducation pour tous et toutes.
Notre lutte pour la réforme agraire est fondamentale : sans terre, il n’y a pas les
conditions pour produire les aliments et garantir la subsistance des travailleuses et
des travailleurs ruraux. Néanmoins, notre mouvement va plus loin que la garantie
de la subsistance, nous ne voulons pas seulement le droit et l'accès à la terre pour les
femmes, mais nous cherchons l’équilibre
entre : les femmes et les hommes, l’environnement et les relations sociales. Dans cette
perspective, nous croyons que les femmes
doivent récupérer l’espace gagné par les
hommes, en récupérant d’abord leur propre
éducation, pour établir des rapports équilibrés avec les hommes et l’environnement.
25
26 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
Nos actions
Le mouvement des femmes paysannes du Brésil centre ses activités sur
l’évolution des relations humaines, qui doivent être libres d’opinion et
d’action. Nos activités se concentrent sur la formalisation des titres de propriété de
la terre qui renforcent notre condition paysanne, sur l’éducation et sur les micro crédits. Au niveau de l’éducation formelle, nous agissons pour que la réalité des champs
soit incluse dans les curriculums scolaires, même si nos filles et garçon doivent se
déplacer des kilomètres pour retrouver une école.
La réussite de notre lutte passe par la conscientisation de notre pouvoir en
tant que femmes et agricultrices. C’est un long processus, mais si hommes
et femmes nous comprenons qu’il faut récupérer la biodiversité et trouver
des équilibres dans les relations humaines, le changement viendra tout seul.
Contact
Rosangela Piovesani Cordeiro
Mouvement des Femmes Paysannes
Rua dos Andradas, 2832
Bairro Boqueirão
99010-035 - Passo Fundo/RS - Brésil
Tél / Fax ++ 54 312 9683
Mail [email protected]
[email protected]
Site web www.mmcbrasil.com.br
Palabres/as N°13 . Solidarité de Kandé-Comè
x
SOLIDARITÉ DE KANDÉ-COMÈ
(Bénin)
Nos débuts
x
Créé en 1996, le groupement de femmes « SOLIDARITE DE KANDECOME » est né, comme son nom l’indique, dans un contexte d’entraide
et d’union des forces des femmes de la commune de Comè afin de faciliter la mise
en œuvre des activités. Notre groupement est composé de 16 femmes au départ et
s’occupé de :
la transformation du manioc en gari, en biscuit et en tapioca,
l’élevage des caprins et coquelets,
la préparation du pain (à petite échelle),
la production végétale axée sur le maraîchage.
L’histoire de notre groupement remonte à l’année 1995. Cette année-là, la majorité
des femmes du village, compte tenu de leurs moyens limités, sont obligées de faire
du porte-à-porte pour emprunter le matériel nécessaire afin de mener à bien leurs
activités génératrices de revenu. Nous constatons alors que le regroupement des
forces peut faciliter les activités et par conséquent soulager les femmes.
Notre groupement n’a été officiellement enregistré qu’en 2003. Ce retard est dû non
seulement à la lenteur de l’administration béninoise mais aussi à la non-disponibilité des agents d’encadrement de l’état notamment les spécialistes en Organisation
Paysanne. Notre groupement est sous la direction d’un bureau composé d’une
Présidente, d’une Secrétaire et d’une Trésorière. L’adhésion à notre groupement est
libre à toute femme de notre localité apte au travail et ayant une bonne moralité.
L’accès des femmes à la terre
x
Le Bénin est un pays majoritairement rural dont l’économie est basée
essentiellement sur l’agriculture. Mais avec l'accroissement démographique, la terre est intégrée à l'économie de marché dans tout le pays en général et
en particulier dans la Commune de Comè. L’'occupation foncière autrefois caracté-
27
28 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
risée par le droit de « feu et de hache »
a évolué et donné naissance à d’autres
modes d'accès à la terre. Il faut préciser
que jusqu’à nos jours, le Bénin ne dispose pas de loi sur le foncier rural, ce
qui favorise la multiplication des
conflits fonciers en milieu rural.
héritage
A Comè, le principal mode d'accès à la
terre est l'héritage c'est-à-dire le patrimoine laissé par une personne décédée
et transmis par successions à ses descendants. En général, les femmes sont
exclues de l’héritage : suivant la coutume, les femmes n'y ont pas droit.
Aujourd'hui les femmes de Comè et en
particulier nous les femmes du groupement nous devons accéder à la terre par
d‘autres moyens pour assurer notre
production agricole. Nous pouvons
À Comè... les femmes sont
louer la terre à son propriétaire contre
exclues de l’héritage
une redevance périodique. Cette redevance varie de 10 000 à 20 000 francs CFA l'hectare et par campagne agricole.
Nous pouvons aussi prendre la terre en métayage : nous versons au propriétaire de
la parcelle, généralement à la fin de chaque récolte ou chaque année une partie (en
général le tiers) de la récolte. Cette manière de faire est la plus pratiquée dans notre
village. Mais dans d'autres villages environnants de Comè, les femmes travaillent la
terre sans rien verser aux propriétaires terriens.
Pour les femmes d'entre nous qui sommes mariées, nous avons le droit d'emprunt.
Nous bénéficions souvent d'une partie de la terre de mos mari. Toutefois il y a une
condition pour son exploitation : chaque fois que notre mari programme des activités comme le semis, la récolte, nous devons nous tenir à sa disposition quel que soit
notre programme cette journée là. De plus nous n'avons pas de droit de propriété
sur cette parcelle de notre mari que nous cultivons.
Enfin, certaines femmes nanties achètent la terre pour leur propre exploitation et de
ce fait jouissent pleinement de tous les droits sur la parcelle. Il n'y a que quelques
femmes qui se retrouvent dans cette catégorie.
Palabres/as N°13 . Solidarité de Kandé-Comè
Enfin, sur toutes les terres quel qu'en soit le mode de faire valoir, sauf si nous achetons la terre directement, nous les femmes nous ne pouvons pas installer de cultures
pérennes, puisque les plantes pérennes symbolisent la durabilité et par conséquent
pourraient faire croire que la femme exploitante en est propriétaire.
Des activités génératrices de revenus
Les activités génératrices de revenus citées plus haut (la transformation du manioc, l’élevage des caprins et coquelets, la préparation du pain, le maraîchage) sont menées ensemble suivant une
clé de répartition des tâches. La commercialisation des produits
est commune et les revenus sont partagés à part égale avec une
contribution au fonctionnement du groupement.
En terme de participation, deux jours sont retenus dans
la semaine pour les travaux en commun. Chacune des
femmes mène individuellement des activités parallèles
afin de subvenir entièrement aux besoins de sa famille.
x
Certaines ONG et d'autres structures comme le CERPA (étatique), OMEGA
(ONG), AGEFIB (étatique) ont fait de temps à autre des appuis techniques à notre
Groupement à travers des formations et quelques visites d’échange (entre groupements frères). De telles visites nous permettent de vivre les réalités d’ailleurs afin
d’opérer des changements techniques et socio-économiques au sein de notre groupement. Mais ces appuis ont été limités dans le temps et n’ont pas permis un parfait
décollage de notre groupement. Des difficultés ont engendré depuis 2004 des
contraintes sociologiques et surtout matérielles qui ont aujourd’hui réduit notre
effectif à 13 femmes par des démissions volontaires. Actuellement, nos activités se
limitent seulement à la transformation du manioc en gari et en tapioca.
C’est fort de cela que l’Association pour l’Agriculture et le Développement (AAD)
a commencé par nous accompagner pour le développement de nos activités.
x
Nous apprécions les efforts fournis par les institutions du Nord
pour appuyer certaines organisations paysannes et autres groupements similaires d’Afrique et du Bénin en particulier. Nous
souhaitons une collaboration entre notre groupement et les
institutions du Nord afin de mieux relancer nos activités de
départ grâce à des appuis techniques et matériels; car un avenir meilleur pour notre groupement en dépend énormément.
29
30 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
La reconnaissance
x
Aujourd’hui nos produits, par leur qualité nutritionnelle, sont reconnus
sur le plan national et sont en cours de certification par la Direction de
l’Alimentation et de la Nutrition Appliquée (DANA).
La constitution de notre groupement dans le village a suscité la naissance de plusieurs autres groupements et on peut en compter à ce jour une dizaine autour de
nous. Notre groupement est devenu une référence pour les appuis conseils et les
échanges d’expériences et pour la diffusion des messages.
Notre groupement a encore du chemin pour atteindre seul ses objectifs de
départ. Mais le découragement n’est pas du tout à notre programme ! Nous
continuerons solidement le combat tout en espérant un beau jour un soutien plus ou moins prolongé d’une institution.
Contact
Elisabeth DESSOUASSI – Présidente
Groupement Solidarité de Kandé-Comè
BP: 188 Comè – Bénin
Palabres/as N°13 .Palabres/as N°13 . L’alliance...
s
L’ALLIANCE DES FEMMES
RURALES POUR LA VIE, LA TERRE
ET LA DIGNITÉ (Guatémala)
L’Alliance
En mai 2000, trois organisations de femmes indigènes et rurales : « Mama
Maquin », « Madre Tierra » et « Ixmucané ». se sont constituées comme Alliance.
Notre objectif fondamental est d’obtenir la copropriété pour les femmes et la propriété de la terre au nom de l’homme et de la femme.
Beaucoup de nous sommes rentrées du Mexique, où nous étions exilées en raison de
la violence de la guerre civile que nous vivions au Guatemala (les zones les plus touchées par la violence furent celles situées en zone frontalière). Nous sommes parties
en 1982 et nous sommes rentrées au Guatemala à des moments différents, nous
étions environ 45.000 femmes réfugiées provenant de départements différents.
Les besoins des paysannes
s
Actuellement, la grande menace pour les paysan-nes, ce sont les traités néolibéraux : le résultat est que nous pouvons à peine couvrir nos dépenses
familiales, qu’il y a à peine de quoi manger, que ce n’est qu’une économie de subsistance. Nous nous demandons ce que seront la santé et l’éducation de nos enfants. En
ce qui concerne l’éducation, beaucoup de jeunes filles arrivent à terminer l’enseignement de base, mais elles n’ont pas la possibilité d’étudier à l’université ou de faire des
études techniques, plus qualifiées. Face à cette situation, beaucoup de jeunes cherchent à émigrer aux Etats-Unis : ils voient qu’ici il n’y a pas d’alternative et il leur
semble qu’ils peuvent la trouver là, alors que la réalité n’est pas non plus ainsi.
A la recherche d’un équilibre
En tant qu’Alliance, nous recherchons un équilibre entre les hommes et les femmes,
mais également avec la nature. Parce que nous croyons que nous en avons besoin
tous les deux. Il est à regretter que le patriarcat et le machisme fassent partie de notre
histoire. Nous sommes plusieurs à penser clairement qu’il faut rompre avec le
machisme. Mais toutes les compagnes n’ont pas la possibilité de sortir de ces situa-
31
32 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
tions d’oppression. Ils sont quelques uns parmi les compagnons qui, à travers les
luttes des femmes, se sont rendu compte de ceci : s’il est important que les femmes
participent, il leur faut plus de liberté pour le faire.
ª
¢
...un équilibre entre les hommes et les femmes, mais également avec la nature
Nos relations avec d’autres groupes
s
Il y quelque temps que nous avons commencé à nous mettre en relation
avec d’autres groupes car nous voyons que la copropriété de la terre ne suffit pas, que la terre touche également à d’autres thèmes. Par exemple, le développement rural intégré, qui est en relation avec le social, qui englobe la santé, l’éducation, le logement.
Au niveau international, nous voudrions réveiller la solidarité entre les organisations et nous aider mutuellement. Nous nous préoccupons également de la manière
d’associer les jeunes, les jeunes femmes qui sont le présent et le futur, pour lequel elles doivent se préparer.
Nous continuerons de revendiquer nos droits en tant qu'êtres humains.
Telle est notre lutte. Elle exige beaucoup de force et de volonté et beaucoup
d’amour, parce que sinon, nous ne cheminerions pas.
Contact
Eulalia Silvestre, Raquel Vásquez et María Domingo Pérez
Alliance des Femmes Rurales pour la vie, la terre et la dignité
5a Avenida 2-75 zona 2 Ciudad de Guatemala - Guatemala
Tél / Fax + + 502 22 383836
Mail [email protected]
Palabres/as N°13 . RESACIFROAT
B RESACIFROAT
Le Réseau d’Appui à la
Citoyenneté des Femmes
Rurales Ouest-Africaines
et du Tchad
Le RESACIFROAT est né de la volonté
d'une vingtaine de personnes avec de
l’expérience reconnue sur le développement rural, vivant dans plusieurs pays
d’Afrique de l’Ouest et travaillant dans le
domaine du développement et de l’appui
aux associations de femmes rurales. Elles
mettent à disposition leur expertise et
leurs expériences, comme creuset, pour
l’accompagnement des femmes rurales de
la sous-région réunies dans l'UFROAT
(Union des femmes rurales de l'ouest
africain et du Tchad) afin de relever les
nombreux défis auxquels celles-ci doivent
faire face.
Finalité et but du RESACIFROAT
Le RESACIFROAT veut promouvoir
une société où hommes et femmes du
monde rural contribuent de façon responsable à tous les niveaux et jouissent
ensemble des produits d’un développement durable et équitable.
L‘un des objectifs fondamentaux du
Réseau est promouvoir une citoyenneté
responsable des femmes rurales ouestafricaines et du Tchad. La réalisation de
cet objectif passe entre autres par la responsabilisation des femmes rurales dans
la gestion des ressources naturelles et de
(Afrique de l’Ouest)
l’environnement de leurs cités ou de leurs
villages. Car les femmes ont vu qu'elles
sont les premières utilisatrices des terres,
de la végétation et de l'eau, mais qu'elles
n'ont pas la possibilité d'influencer la
prise de décisions sur la gestion de ces ressources naturelles.
Le Réseau se propose, par ses réflexions et
ses actions, de participer à la promotion
d’un développement durable, auto-promotionnel et équitable des communautés
ouest-africaines et du Tchad.
A travers sa structure de coordination et
ses personnes ressources disséminées sur
sa zone d’intervention (Afrique de
l’Ouest et Tchad), le réseau utilise plusieurs stratégies d’action dont les plus
courantes sont : l’organisation et l’animation de débats sociaux sur les questions
d’intérêt des femmes rurales, la formation, l’organisation et l’animation d’ateliers, de rencontres (voyages d'étude et
apprentissage mutuel) et de séminaires
sur des thèmes de société, la rechercheaction, la production et la publication de
réflexions, paroles et expériences de
femmes rurales.
Contact
Rosalie Ouoba - Directrice
RESACIFROAT
BP 3845 - Bobo Dioulasso 01
Burkina Faso
Tél + +226 20 973 803
Mail [email protected]
33
34 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
Le Réseau de Femmes Rurales de
l’Amérique latine et des Caraïbes
Le réseau LAC a commencé en Argentine
en 1990. Quelque temps après lors de
leur 1ère Rencontre, 230 femmes de 100
organisations de 21 pays, ont ratifié
l’identité et la pertinence du réseau. Nous
nous proposons d’articuler différents
groupes, organisations et mouvements de
femmes rurales du continent. Notre finalité est d’appuyer les femmes rurales, de
dénoncer les injustices dont elles sont victimes et de construire et mener des luttes
et revendications à partir de notre réalité.
Nous agissons en coordination avec des
politiciennes de nos pays pour la défense
de nos droits en tant que femmes et
citoyennes. Le réseau LAC est solidaire
avec d’autres femmes rurales du monde
dans leur lutte contre l’exploitation et
l’injustice sociale, qui aujourd’hui plus
que jamais ne respectent pas les frontières. Cette solidarité respecte l’autonomie et la diversité, ainsi que le travail réalisé par toutes les femmes rurales.
Nos objectifs
Devenir des sujets politiques, avec la
capacité de participer aux espaces de
décision publique et ceci à tout
niveau..
Contribuer à l’élaboration des propositions politiques qui visent l’éradication de la pauvreté, et de la violence
qui affectent les femmes rurales.
Développer des activités de plaidoyer
et de lobbying pour le respect des
droits des femmes rurales dans le
continent.
Orientations éthiques
Nos actions sont orientées par des principes étiques :
reconnaître et respecter la diversité
culturelle, ethnique et raciale des
femmes,
promouvoir la participation et l’empowerment des organisations de
femmes,
pratiquer la solidarité entre les femmes
du continent,
combattre tout type de violence et
tout viol des droits humains,
prendre en compte les droits sexuels et
reproductifs, comme des droits différents, mais tous les deux comme des
droits humains des femmes,
contribuer à la préservation et la
défense de la nature, en reconnaissant
que son équilibre garantira la survie de
la mère terre et de l’humanité. Ceci
contribuera à l’amélioration de la qualité de vie et à la diversité de tous les
êtres vivants de la planète.
Contact
Vanete Almeida
Coordinatrice internationnale
Réseau LAC - Rua Real da Torre, 593
50610-000 Madalena - Recife
PE - Brésil
Tél + +55 81 3226 9052
Fax + +55 81 3228 9971
Mail [email protected]
Palabres/as N°13 . Réseau des Remmes Rurales du Sénégal
J
Le Réseau des Femmes
Rurales du Sénégal
Pourquoi ce Réseau ?
Au Sénégal, nombreuses sont les organisations de femmes constituées en fédérations, associations. Malgré leurs efforts
pour la promotion des femmes, elles ne
répondent pas aux préoccupations des
femmes rurales. Ainsi, le problème des
femmes rurales est demeuré entier pendant plusieurs années. Les organisations
d'appui aux ruraux (et même l'Etat)
conscientes de cette situation, se sont
focalisées sur la promotion et l'épanouissement des femmes rurales et périurbaines. Mais leurs efforts pour le renforcement des capacités n'ont pas eu les
résultats escomptés. Il y a eu seulement,
çà et là, une timide émergence de
femmes leaders et un début d'accès de
quelques femmes aux instances de décisions (femmes conseillères rurales, présidente de conseil rural, présidentes d'associations mixtes…).
Notre approche des rapports
femmes - foncier
Les femmes rurales occupent une place
primordiale dans le développement agricole et rural: elles produisent l’essentiel
des cultures vivrières, récoltent et transforment une gamme variée de denrées
nécessaires à la subsistance de nombreuses familles. Cependant les agricultrices sont limitées du point de vue
social, culturel, juridique et institutionnel en ce qui concerne l’accès au foncier
et son contrôle. Il existe partout une culture patriarcale discriminante à l’égard
des femmes. Malgré la mise en place de
lois et diverses législations pour garantir
un accès équitable à la terre, c’est toujours l’homme, chef de famille qui gère le
capital foncier. Les rapports de domination et d’inégalité entre les sexes sont
aussi à l’origine d‘autres contraintes et
lacunes en matière de formation et
d’éducation, d’accès aux crédits, aux
intrants et aux centres de décision.
Pour un accès durable des femmes
rurales à la terre et une reconnaissance de
leur rôle décisif dans le développement et
la sécurité alimentaire, il convient de
mettre en place des stratégies et recommandations pertinentes qui devront permettre d’équilibrer les rapports entre les
sexes, de repenser les attitudes culturelles
et les systèmes juridiques. En effet audelà de l’accès à la terre, les femmes
rurales doivent être de véritables leaders
capables de jouer un rôle déterminant
dans le développement durable.
J
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36 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
Les objectifs du réseau
Le Réseau entend : renforcer le statut et
les conditions de vie des femmes rurales
et périurbaines, capitaliser les acquis et
les expériences de ces femmes et les
mettre en valeur en tant qu'actrices et
responsables
du
développement
humain. Il cherche donc à renforcer les
capacités des organisations féminines de
base par la formation et l'information ; à
valoriser les savoirs et savoir-faire locaux,
en revisitant l'histoire et la tradition, en
procédant à des visites d'échanges; à
contribuer à l'échange d'informations
entre les ONG, les institutions de
recherche, les centres d'information et
de formation, les agences de développement ; à renforcer le maillage des organisations et promouvoir les échanges, la
solidarité et le partenariat, à initier et
renforcer les projets intégrés par l'appui
aux activités génératrices de revenus.
Un atelier international
« Femmes rurales et foncier »
(Thiès, février 2003)
Cet Atelier avait comme objectif global,
la prise de parole des femmes rurales sur
la problématique de leur accès à la terre
et aux ressources naturelles. Dans cette
rencontre, organisée pour et par les
femmes rurales :
Un inventaire sur leurs expériences et
leurs initiatives a été réalisé.
Les expériences et les initiatives des
participant(es) ont été valorisées à
travers les échanges.
Les femmes rurales et leurs activités
ont été rendues visibles.
Les partenaires, les chefs religieux et
coutumiers, et les décideurs politiques ont découvert la réalité vécue
par les femmes rurales : poids de la
tradition et force de la religion, qui
rejettent la parité homme / femme,
malgré les lois sans discrimination
votées.
Réseau - Solidarité
Contact
Tiné Ndoye - Présidente
S/c Mariame Sow et Fatou Sow - Enda
Pronat
Réseau des Femmes Rurales du Sénégal
BP 3370 - Dakar - Sénégal
Mail [email protected]
Ü
Palabres/as N°13 . Pour en savoir plus...
POUR EN SAVOIR PLUS SUR
LE THÈME DE L'ACCÈS À LA TERRE
POUR LES FEMMES RURALES
Le Projet Dimitra
(voir le n°11 de Palabras)
Dimitra est un projet d'information et de
communication, qui fournit notamment
aux organisations de base un outil pour
faire entendre leurs voix au niveau international. Le but principal de Dimitra est
de renforcer les capacités des femmes
rurales et d'améliorer leurs conditions de
vie et leur statut en soulignant l'importance et la valeur de leurs contributions.
Les objectifs principaux pour les prochaines années sont :
consolider et élargir son réseau en
Afrique et au Proche Orient,
promouvoir l'échange d'informations
en renforçant les capacités en information et communication,
mettre à jour et diffuser l'information
sur le genre et le développement rural.
Les partenaires de Dimitra : ONG européennes de 15 pays de l'UE, Norvège,
Suisse, des organisations africaines et du
Proche Orient.
Info
Eliane Najros - Projet Dimitra
rue Brederode 21
B-1000 Bruxelles - Belgique
Tél ++ 32 2 549 0310
Fax ++ 32 2 549 0314
Mail [email protected]
Site web http://www.fao.org/Dimitra
« Femmes rurales et accès à la
terre et à la propriété dans
divers pays. Analyse basée sur des
rapports de la CEDAW (1997-2003) »
Document
élaboré
par
la
FAO/FIDA/International Land Coalition
(2003)
De grande actualité, cette étude rassemble et analyse les informations existantes sur la situation des femmes rurales
à partir de différents rapports de la
CEDAW (Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes) pour la période
1997-2003. La CEDAW, ratifiée par 181
pays, est le seul traité relatif aux droits
humains qui aborde spécifiquement la
question des femmes rurales.
Les pays sélectionnés pour cette étude
sont classés comme « pays à faibles revenus et à déficit vivrier » ou ont récemment mis en œuvredes réformes foncières
ou agricoles. L'étude examine si les droits
37
38 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
des femmes ont été respectés dans ces
réformes et comment leur accès à la terre,
à la propriété, aux droits d'héritage, et
aux dispositions juridiques ont été assurés. Elle propose également des statistiques désagrégées par sexe sur la population rurale, la population indigène, la
main d’œuvreagricole et rurale, la distribution foncière et la propriété ainsi
qu'une information sur les unités ou
points focaux consacrés au genre dans les
ministères techniques. Elle aborde enfin
la question de l'intégration du genre et
l'élaboration de plans nationaux d'action
pour l'émancipation des femmes rurales.
Info
www.fao.org/sd/2003/PE07033_fr.htm
(disponible uniquement en anglais)
_______________________________
« Droit à l’alimentation des
femmes rurales en Amérique latine
- Défis pour la coopération au
développement » (2005).
Actes du séminaire organisé du 6 au 8
octobre 2004, Berlin (Allemagne) par
le FIAN – International.
Le mainstreaming de genre et l’empowerment des femmes sont deux aspects
centraux pour la coopération au développement, mais quel poids ont les droits
économiques, sociaux et culturels et l’approche de genre dans le développement
rural, surtout en Amérique latine ? Et les
femmes, où en sont-elles par rapport aux
droits fonciers ? Cette publication
contient des réflexions, des études et des
témoignages d’organisations de femmes
et mixtes sur ces thèmes, en Amérique
latine.
Info
www.fian.org (disponible en espagnol)
_______________________________
« Genre, propriété et
empowerment des femmes : Etats
et marché en Amérique latine »
Diana Deere (USA) et Magdalena
Léon
(Colombie).
Presse
de
l’Université de Pittsburg (USA) (2005,
deuxième édition révisée).
Cette publication montre comment l’acquis de l’égalité formelle entre les
hommes et les femmes, par rapport aux
droits et accès à la terre n’a pas signifié
une égalité réelle. Les auteures démontrent comment l’inégalité de genre dans
la propriété est due aux traditions dans le
contexte des rapports entre l’Etat et le
marché. Cette étude, comparative et
pionnière sur 12 pays d’Amérique latine,
décrit l’avancement par rapport au statut
des veuves, des filles et garçons, et leur
héritage, et examine les rapports entre
genre, ethnie et droits de propriété individuels et collectifs.
Info
www.flacso.org.ec
(disponible en espagnol et en anglais)
Palabres/as N°13 . Nouvelles du réseau
NOUVELLES DU RÉSEAU PALABRAS
Le projet RAAC Palabras
Dans l’optique du réseau Palabras et de
son regard croisé Sud/Nord, le Monde
selon les femmes coordonne depuis le
début de l’année 2005 un projet de sensibilisation de l’opinion publique européenne aux questions de genre dans le
développement, co-financé par la
Commission européenne. D’une durée
de 3 ans, le projet RAAC est mis en
œuvreen partenariat avec ACSUR-Las
Segovias
(Espagne),
CECYM
(Argentine), CONAFED (République
Démocratique du Congo) et GRAAL
(Portugal).
Le projet se penche sur différents thèmes
tels que la violence, le développement
durable, les enjeux macroéconomiques,
la mondialisation. Les nombreuses
actions prévues s’articulent autour de
quatre axes principaux :
la consolidation du réseau avec des
partenaires de Palabras (échanges
d’informations, de documents, d’expériences en utilisant les nouvelles
technologies de l‘information et de la
communication (NTIC) et la création
d’une base de données d’associations
actives au Nord et au Sud) ;
la sensibilisation et le plaidoyer sur
« genre et développement » (campagnes, lobbying à différents niveaux
et dans les différents pays) ;
des formations (formations croisées
N/S, formations de formateurs au
Sud et au Nord) ;
la production et l’adaptation de matériel pédagogique et de sensibilisation
(revue Palabras, matériel pédagogique, visuel, documents de plaidoyer,
publication des actes des séminaires).
Chaque année, un séminaire international réunissant les partenaires du projet
ainsi que les acteurs clé concernés a été
prévu. Cette année il sera co-organisé
avec CONAFED, aura lieu en
République démocratique du Congo
dans la première quinzaine d’octobre et
aura pour sujet les nouveaux enjeux du
développement en Afrique (Elise
Muhimuzi : [email protected]).
Une autre activité commune en 2005 est
la Campagne de sensibilisation et plaidoyer «Mondialisation – les nouvelles
formes de violence de genre», dont
CECYM est responsable et qui sera promue par chacun des partenaires entre
autre à l’occasion du 25 novembre (Silvia
Chejter : [email protected]).
Un site Internet vient d’être activé
(http://www.palabras.info/): il sera
enrichi au fil des activités et des échanges
tout au long du projet. Pour plus de renseignements ou si vous souhaitez être
tenu/e au courant du projet, n’hésitez pas
à envoyer un mail à Stefania del Zotto :
[email protected]
39
40 Palabres/as N°13 . Femmes rurales et accès à la terre
ACTIVITÉS DU MONDE SELON LES FEMMES
La Marche Mondiale des Femmes
Depuis 2003, à travers le monde, des
femmes contribuent à la Charte Mondiale
des femmes pour l'humanité, lancée publiquement le 8 mars 2005. En Belgique cette
charte a été discutée par les 150 organisations qui font partie du réseau de la
Marche. Parmi les activités de cette année,
ont eu lieu différentes marches tant en
Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles :
Liège, Mons, Louvain, Anvers…
Les 28 et 29 mai, nous avons participé
avec 10.000 marcheuses d’une vingtaine de
pays, à la Marche européenne à Marseille
(France), la délégation belge a été une des
plus nombreuses.
Le 16 octobre 2005, aura lieu la Fête des
femmes « Confêttia » au Palais des BeauxArts à Bruxelles, et une marche
« nationale » dans le centre de Bruxelles.
Le 17 octobre, dans le cadre des 24 heures
de Solidarité mondiale des femmes contre
la pauvreté et la violence, il y aura une
action symbolique, de 12h à 13h, à la
Grand Place.
base, cadres de référence, historiques et
définitions, pour cerner ce qu'on entend
par l'approche genre.
• LES ESSENTIELS DU GENRE 02
Outils de l'approche genre
Cahier pratique contenant des outils
pour appliquer l'approche genre. Il présente des grilles d’analyse, indicateurs,
liste de questions pour intégrer le genre
dans les actions de développement.
• FICHES THÉMATIQUES : Genre et
macro-économie, Genre et santé et
droits sexuels et reproductifs.
Prochains numéros de la collection :
• LES ESSENTIELS DU GENRE 03
ONG, stratégies – changements.
•FICHE THÉMATIQUE : Genre,
VHI/SIDA et développement.
2) STEREOTYPIK
Outil de réflexion et d'animation sur les
stéréotypes pour les enfants de 8 à 12
ans et pour toute personne sensible à
l'égalité Hommes-Femmes, Nord-Sud.
Le dossier pédagogique est en français
mais les mots pour l’animation avec les
enfants en 5 langues.
Info www.marchemondialedesfemmes.be
www.confettia.be • [email protected]
3) Brochure « 10 ans du Monde
selon les femmes »
Nouvelles publications
1) Collection
« Les essentiels du genre »
Présentation de 10 années d’action du
Monde selon les femmes, analyses,
témoignages de partenaires du Sud du
réseau Palabras.
• LES ESSENTIELS DU GENRE 01
Concepts de base
Cahier pratique contenant des textes de
Info www.mondefemmes.org
Appel à contribution
Afin de préparer au mieux le calendrier
des prochains numéros, voici les thèmes
et les délais pour la remise de récits ou
de courtes présentations pour les prochains numéros de Palabras.
les femmes et les accords commerciaux, libre commerce et zones
franches
les femmes et le crédit
les femmes dans les syndicats
Recueil de récits
Nous diffusons des récits issus de trois
continents (Europe, Amérique latine,
Afrique) qui pourront ainsi être mis en
parallèle ou en perspective.
Voici quelques propositions d'éléments
qu'il nous semble important de
recueillir pour un récit de groupe.
• Qui compose notre groupe ? Qu'estce qui fait notre identité ? Que faisons-nous ensemble ?
• Quelle est l'histoire de notre groupe :
quand et comment s'est-il constitué ?
Dans quel contexte (politique, économique, ...) notre groupe est-il né ?
• Quelle est la participation au sein de
notre groupe ? Comment fonctionnet-il ?
• Description du combat mené : autour
de quoi notre groupe s'organise-t-il ?
Comment faisons-nous ? Quels rapports a notre groupe avec d'autres
groupes au niveau local, national voire
international ? Quelle est la vision des
relations entre le Nord et le Sud ?
• Quel changement social souhaitonsnous obtenir ? Quel est notre projet ?
Quels pouvoirs ? Quelle démocratie
participative (quelle citoyenneté) ?
• Comment notre action collective
modifie-t-elle les rapports entre
hommes et femmes vers plus d’égalité ?
• Effets et conséquences de l'organisation et de l'action du groupe : effets
pour notre groupe lui-même, effets
pour chacune des membres, effets sur
le contexte ?
• Comment voyons-nous l'avenir : pour
notre combat, pour notre groupe ?
Des idées ? Des commentaires ?
Un récit à transmettre ?
Vous pouvez l'adresser par écrit de préférence, ou sur cassette, en espagnol ou
en français, à Hélène Ryckmans ou à
Marcela de la Peña Valdivia :
[email protected]
Les textes comporteront environ cinq
pages et seront transmis, si possible, sur
support informatique avec le logo en
version électronique (si vous en avez),
les coordonnées du groupe et des photos (version papier ou numérique en
définition 300 DPI).
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La reproduction des articles est vivement
conseillée moyennant citation de la
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« Parce
qu’on nous condamne
au silence, je crie là et ici »
Luz Garcia Ocampo
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la Commission Européenne - Ligne B7- 6000 dans le cadre du projet RAAC
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Internationale (Belgique)
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Belgique - Direction de l'égalité des chances
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B - 1000 Bruxelles - Belgique
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femmes et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de
l'Union européenne.
D/2005/792602 - ISSN 1372 - 598X