Médicaments et hospitalisations: 50% d`erreurs
Transcription
Médicaments et hospitalisations: 50% d`erreurs
Dossier Hôpital Médicaments et hospitalisations Les médicaments sont à l’origine de 130 000 hospitalisations par an et d’au moins 10 000 décès. Des chiffres terrifiants qui montrent l’ampleur du problème de santé publique. S elon l’enquête ENEIS de 2004, 40 % des événements indésirables graves (EIG) responsables d’une hospitalisation sont dus à des médicaments et la moitié d’entre eux est évitable. Durant une hospitalisation, 20 % des EIG sont dus à des médicaments et 40 % de ces EIG médicamenteux sont évitables. Ceci signifie que 70 000 à 92 000 EIG médicamenteux surviennent chaque année durant une hospitalisation, dont 28 000 à 37 000 sont évitables. Les médicaments entraînent de leur côté 70 000 à 100 000 hospitalisations chaque année, dont la moitié est évitable. Toujours selon cette enquête officielle, 40 % des EIG évitables sont dus à des erreurs de pratique comprenant les problèmes de non-conformité des prescriptions, des administrations ou de suivi thérapeutique, ainsi que les absences de traitement (absence de prescription, omission d’administration, problème d’observance de traitement). On comprend dès lors que la loi de santé publique du 9 août 2004 ait inscrit l’iatrogénie médicamenteuse comme une priorité de santé publique, de même que la Commission européenne et l’OMS. Erreurs médicamenteuses : un guichet unique De son côté, l’AFSSAPS a créé, en 2005, le guichet « erreurs médicamenteuses », une structure de réception et de gestion des signalements d’erreurs ou de risque d’erreurs médicamenteuses. Bizarrement, ce guichet ne s’applique qu’aux erreurs liées au médicament en lui-même. Il exclut les erreurs liées à un défaut d’organisation du circuit du médicament (sujet tabou ?). Pourtant, l’accident médicamenteux est un tout, il fait partie d’une chaîne de soins qu’il serait indispensable d’analyser dans sa globalité et non partiellement. Le rapport de l’AFSSAPS de 2008 1 fait état de 634 signalements au guichet « erreurs médicamenteuses » entre mars 2005 et janvier 2008, une faible récolte comparée aux dizaines de milliers d’accidents. Les pro- 40 PHARMACEUTIQUES - AVRIL 2009 DR 50 % d’erreurs évitables 70 000 À 92 000 ÉVÉNEMENTS INDÉSIRABLES GRAVES SURVIENNENT CHAQUE ANNÉE DURANT UNE HOSPITALISATION. 28 000 À 37 000 EIG SERAIENT ÉVITABLES… fessionnels connaissent mal ce guichet unique, puisqu’ils s’adressent majoritairement (64 %) à d’autres structures qui le transmettent secondairement. Ce guichet unique est néanmoins un outil précieux qui permet d’analyser les causes d’erreurs qui mènent à une erreur médicamenteuse : 52 % sont des erreurs d’administration, 13 % des erreurs de préparation, 15 % à des erreurs de délivrance et 15 % des erreurs de prescription. Identifier les causes sous-jacentes de l’erreur Les principales causes d’erreurs sont des similitudes et des défauts de conditionnement (46 %) et une erreur pratique (18 %). Ces signalements ont déclenché différentes actions pratiques de la part de l’AFSSAPS, notamment un plan d’harmonisation des étiquetages des ampoules de solution injectable le plus souvent de petit volume et de faible marge thérapeutique, des réflexions sur le conditionnement unitaire et sur les chartes graphiques. Ces premières mesures ont été efficaces puisqu’une forte diminution du nombre de signalements a été enregistrée concernant la similitude des étiquetages et des conditionnements de solution injectable. Dans sa conclusion, l’AFSSAPS souligne l’ampleur du chantier en précisant « que le problème majeur reste l’identification des causes sous-jacentes de l’erreur. S’agitil d’un défaut de présentation du médicament, d’un défaut dans l’organisation de la prise en charge ou s’agit-il d’une combinaison de facteurs organisationnels, humains et médicamenteux ? De même, lorsque le médicament n’est pas directement mis en cause, il est important de faire une analyse exhaustive de l’erreur, car il est toujours possible qu’une mesure puisse être envisagée pour améliorer la présentation et l’information ». n Emmanuel Cuzin (1) Guichet erreurs médicamenteuses – AFSSAPS www.afssaps. fr/content/download/11338/136106/version/3/file/bilanguichet- erreurs-medicament.pdf