LÀ MARINE RUSSE

Transcription

LÀ MARINE RUSSE
Le Progrès Illustré
LE MARÉCHAL DE MAC-MAHON, DUC DE MAGENTA
Décédi le 17 Octobre 1303.
quelques pièces d'argent au jeune homme
et rentrèrent dans cette maison inhabitée
qui servait seulement de rendez-vous pour
l'espionnage.
Le fils, du pompier promena de longs regards vers tous les horizons, compta son
argent, et souleva un sac de pommes de
terre qu'un soldat prussien avait déposé devant la porte. Après avoir placé le sac sur
ses épaules il se dirigea directement vers la
masure qui servait d'abri aux deux amis.
C'était là, sans doute, que d'ordinaire il cachait son butin.
Le sol couvert de planches brisées, de
l i e r r e s calcinées, de tuiles noircies par l'incendie rendait la marche difficile. Le jeune
homme allait donc d'un pas inégal sans regarder devant lui. Tout à coup, dans l'ombre, une lourde main tomba sur sa poitrine,
tandis qu'une voix étouffée prononçait ce
cri ; A genoux, misérable !
Le fils tomba les mains jointes, le visage
égaré, tremblant à la voix de son père.
— Jette dans la boue tout ce que tu emportes, argent et papiers.
Il fut obéi.
— Maintenant, relève-toi, et marche devant nous.
Une troupe s'avançait vers Bagncux.
C'étaient les mobiles de la Côte-d'Or et un
bataillon de l'Aube. Les trois hommes rejoignirent en silence ce dernier bataillon.
Ils en étaient à une petite distance, lorsque
le pompier dit à son fils : « Mets ton képi,
prends le fusil de Charles N . . . , ainsi que sa
giberne, et va te faire tuer. Je serai près
de toi, ainsi que mon ami ; tu nous connais,
il n'y a donc pas à reculer. »
Le fils jeta sur son père, un regard sup-
pliant, plein de larmes, et murmura le mot
pardon! pardon! Le pompier ne répondit
même pas.
Quelques instants après une compagnie
de mobiles, entourée de fumée, pénétrait
dans la rue du village ; les bal^s sifflaient et
les hommes tombaient. Le pompier faisait
parfois sentir à son fi:s la crosse le son
fusil ; On le vit même user delà baïonnette;
le jeune homme allait, le visage bouleversé, les genoux plies, mais il ne pouvait
s'arrêter. Enfin, une terrible décharge porta
l'épouvante dans les rangs. La fumée devint
tellement épaisse qu'on n'apercevait plus •
son chef de fils. Le père se baissa et vit son
fils le front inondé de sang, étendu su? le
chemin.
"Froidement, tranquillement, le pompiar
se redressa et dit à Charles N . . . : :< C'est h
justice de Dieu. » On fit quelques pas en
avant dans une atmosphère de feu. Le pompier tendit un portefsuille à son ami, en disant : « C'est pour toi, mon camarade;
maintenant, mon tour est venu; ce sera la
justice des hommes. »
La nuit suivante une voiture d'ambiuance
emportait à Paris le corps du pompier; une
balle prussienne l'avait frappé au cœur.
Le camarade de Marchis hérita de ses
économies et de son mobilier, et djnna le
tout aux pauvres.
Voilà commentdeux pauvres ouvriers ont
compris l'honneur, l'amour à leur pays.
Général A m b e r t .
LÀ MARINE RUSSE
La dissémination des frontières maritimes de
la Russie sur des mîrs différentes et éloignées
les unes des autres oblige cette puissance à entretenir quatre flottes, ayant chacune un personnel et un matériel distincts. Elles sont dénommées : flotte de la Baltique, flotte de la mer
Nobe, flotte dj la Caspienne, flotte de la
Sibérie.
Quelle est leur composition ? Quelle est leur
force ? Quelle est lsu: valeur réelle ? C'est ce
que tous les Français sa demandent h l'heure
présente, au moment où une escadre russe vient
rendre à Toulon la visite que l'amiral Gervais a
faite à Gronstadt en 1391.
Pour répond.'e à ces questions, je me contenterai d'examiner les bàtimont3 ayant une valeur
militaire quelconque, et je laisserai de côté tous
les navires très nombreux, sans protection ou
sans vitesse, que la marine russe consa.'ve —
comme les autres marines, du reste — pour les
services particuliers du temps de paix, mais qui,
dès l'ouverture des hostilités, seraient prudemment remisés au fond des ports. Je ne citerai,
enun mot, que les navires prêts à entrer en ligne,
en cas da guerre.
1° FLOTTE 3E LA 3ÀLr;0',"E
S cuirassés de haute mer. — L'un d'eux, qui
date de 1872, ne fils que 14 nœuds. Maisles cinq
autres sont de construction récente (1887 à 1892)
et leur vitesse est de 18 njeuds, au minimum.
Ces cinq cuirassés sont des navires modsrnes,
bien compartimentés grâce à de nombreuses
cloisons étanches, ayant des doubles coques et
des ponts cuirassés.
9 Croiseurs cuirassés. — L'un d'eux, qui date
do 1867, mérite à peine de figurer sous cette rubrique, car il n'a aucun des perfectionnements
apportés aux constructions nouvelles. Sur les
8 autres, 5 (mais 3 surtout) sont da médiocres
marcheurs. En sorte qu'il ne faut compter qufi
3 croiseurs cuirassés répondant aux exigences
de la guerre navale moderne.
20 Gardes-côtes cuirassés. — Tous sont de
construction ancienne : les plus âgés remontent
à 1863, les derniers venus à 1868. Leur vitesse
est très faible, ce qui, du reste, n'est pas un vice
rédhibitoire pour des gardes-côtes. Leur gros
défaut est d'avoir des cuirasses de 11 a 12" <;enmètres.
3 Çannonières cuirassées. — Elles sont absolument neuves, filent 15 nœuds, ont un 1res
sérieux armement.
2 Croiseurs protégés. — On entend sons ce
nom des croiseurs ayant pour protection de leurs
organes vitaux (machines, chaudières, soutes à
munitions) un pont cuirassé en forme de dos de
tortue, placé à hauteur de la flottaison. Los
croiseurs protégés russes datent déjà de quelques années ; l'un d'eux a la vitesse presque
insuffisante de 15 nœuds, l'autre marche 18 nœuds
et demi, résultat qui n'est que convenable 1 our
un croiseur.
3 Croiseurs-torpilleurs. — Navires modernes,
ayant une belle vitesse de 20 à 22 nœuds.
27 Torpilleurs de haute mer. — Leur vitesse
varie de 19 à 26 nœuds. La plupart sont excellents.
94 7orpilleurs gardes côtes.
2° FLOTTE DE LA MEft NOIRE
5 Cuirassés de haute mer. — Tous sont modernes, le plus ancien remontant à 1886. Leur
vitesse dépasse 17 nœuds.
2 Gardes-côtes cuirassés. — Ilsdatent de 1873
et de 1875. Ils méritent une mention spéciale.
car ils sont complètement circulaires. On les
appelle des popoffhas, du nom de leur créateur
l'amiral Popoff. En imaginanteelteforme, l'amiral Popoff se flattait d'obtenir des bâtiments
très stables et très sensibles à l'action du gouvernail, bien qu'ils eussent très peu de tirant
d'eau. 11 le'B munissait d'ailleurs de six machines