Faire entendre la parole de saint Bernard dans la vallée de

Transcription

Faire entendre la parole de saint Bernard dans la vallée de
Communauté des laïcs cisterciens de la Grange Saint Bernard de Clairvaux
2015 Faire entendre la parole de saint
Bernard dans la vallée de Clairvaux
chaque jour de l’année.
© PAD
Les laïcs cisterciens de la Grange saint Bernard prêtent leur voix à saint Bernard, dans la vallée même où il a écrit et prêché. Un voyage au long cours dans l’œuvre de l’abbé de Clairvaux. BERNARD
DE
CLAIRVAUX
ASSIMILER LA PAROLE POUR LA GARDER
SERMON 5 POUR L’AVENT, 2
Qu’est­ce à dire : Si quelqu’un m’aime, il gardera mes paroles ?
C’est que j’ai pu lire ailleurs, en effet : Qui craint le Seigneur fera
le bien.
Mais je perçois qu’il en est dit davantage de celui qui l’aime : et
c’est qu’il gardera ses paroles.
Où donc faut­il les garder ? – Dans le cœur, sans aucun doute,
selon ce mot du prophète : Dans mon cœur, j’ai caché tes paroles
pour ne point pécher contre toi.
Et comment les garder dans le cœur ? Suffit­il de les conserver
simplement dans sa mémoire ? Mais à celui qui se contente de
cela, l’Apôtre dira que la connaissance enfle.
D’autant qu’il est facile à l’oubli d’effacer le souvenir.
Garde donc la parole de Dieu à la manière dont tu peux le mieux
conserver la nourriture de ton corps. Car cette parole est bien le
pain vivant, la nourriture spirituelle.
Le pain de la terre, tant qu’il repose dans la huche, peut toujours
être dérobé par un voleur, rongé par un rat ou se gâter à force de
traîner. Mais une fois que tu l’as mangé, qu’as­tu encore à
redouter de tout cela ?
Voilà la manière dont il te faut garder la Parole de Dieu :
Heureux, en effet, ceux qui la gardent.
Il faut donc qu’elle soit entraînée, pour ainsi dire, dans les
entrailles de ton âme, qu’elle passa dans l’élan de ton désir et
dans ta manière de vivre. Mange le bien, il fera les délices de ton
âme par sa qualité nutritive. N’oublie pas de manger ton pain : il
ne faut pas que ton cœur se dessèche mais que, par des mets
généreux, ton âme soit rassasiée.
LA GRANGE, UNE PRESENCE CISTERCIENNE DANS LA VALLEE.
La Grange Saint Bernard de Clairvaux occupe une position particulière dans
la vallée de Clairvaux : elle est à la fois un lieu patrimonial, héritier du passé
et un espace de vie aujourd’hui. Cette ancienne ferme monastique a aussi
été le lieu d’émergence d’une branche laïque à la famille cistercienne. C’est là
qu’est né le premier groupe européen de laïcs cisterciens, en 1990. Vingt­
cinq ans plus tard, la communauté compte une vingtaine de membres, dont
trois vivent sur place. En tant que communauté cistercienne, rattaché à
l’abbaye de Cîteaux, la Grange d’Outre­Aube est un lieu de vie et de
formation à la vie laïque cistercienne. Elle est actuellement la seule présence
cistercienne communautaire sur le lieu de Clairvaux. A ce titre, dans la
chartre d’alliance qui la lie à Cîteaux, elle a reçu mission d’accueillir la
famille cistercienne dans ce lieu­source. A la jonction de ses deux grandes
missions, la Grange se veut aussi l’héritière de la pensée de Bernard de
Clairvaux, dont elle propose, sous des formes variées, une initiation, des
formations, des lectures.
© Bourguille
LIRE, ETUDIER, FAIRE DECOUVRIR SAINT BERNARD
La Grange Saint Bernard est née en 1990, l’année du 900e anniversaire de la naissance de saint Bernard, du désir de quelques‑uns d’ancrer leur vie dans la spiritualité bernardine et cistercienne. Au fil du temps, s’est établie une solide pratique de lecture et d’étude de saint Bernard, d’abord au sein de la communauté des laïcs cisterciens puis à destination du public, sous forme de journées d’études, conférences, sessions de formation ou ateliers. La revue trimestrielle de la Grange Présence de saint Bernard est un autre moyen d’accéder aux travaux de la Grange sur la pensée de l’abbé de Clairvaux. © Grange Saint Bernard EN 2015, LIRE CHAQUE JOUR BERNARD à CLAIRVAUX
© PAD
L’année 2015 sera un temps fort dont la spiritualité bernardine
ne peut être absente. Aussi, la communauté des laïcs cisterciens
de la Grange d’Outre­Aube entend faire résonner la voix de saint
Bernard, en proposant de le lire tout le long de l’année. En
assurant une sorte de pèlerinage dans l’œuvre de Bernard, la
Grange entend accueillir la famille cistercienne, la communauté
chrétienne et le grand public, à découvrir le fondateur de
Clairvaux dans et par ses plus beaux textes, lus, chaque jour à
la même heure, dans la simplicité du lieu d’Outre­Aube.
Chaque jour de l’année 2015, une voix singulière d’hommes
et de femmes d’aujourd’hui donnera chair à la parole de
Bernard, témoignant que celle­ci est audible et précieuse
pour en vivre neuf siècles plus tard.
BERNARD DE CLAIRVAUX
QU’IL ME SOIT FAIT SELON TA PAROLE
A LA LOUANGE DE LA VIERGE MERE
§11 « Voici, dit-elle, la servante du seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole. » (Luc 1, 38). « Qu’il me soit
fait » : c’est la marque d’un désir, non le symptôme d’un doute. Par cette parole : « Qu’il me soit fait
selon ta parole », il faut plutôt comprendre qu’elle exprime les souhaits de quelqu’un qui désire, et
non qu’elle s’enquiert du résultat à la manière de quelqu’un qui doute. Rien n’empêche d’ailleurs
de comprendre aussi ce « qu’il me soit fait » comme les mots d’une prière. Or nul ne prie que pour
ce qu’il croit et espère. Et Dieu veut qu’on lui demande même ce qu’il a promis.
Peut-être même, s’il commence par promettre bien des choses qu’il a décidé de donner, est-ce
pour faire naître la ferveur par la promesse ; et ainsi ce qu’il va nous donner sans nous, la prière
fervente le méritera. Par là, le Seigneur miséricordieux « qui veut que tous les hommes soient sauvés »,
nous arrache à nous-mêmes des mérites ; il nous devance en nous accordant ce qu’il
récompensera, et ainsi il agit sans nous pour ne rien nous accorder sans nous. C’est certainement
ce qu’a compris la Vierge prudente : devancée par le don d’une promesse gratuite, elle y a ajouté
le mérite de sa prière en disant « Qu’il me soit fait selon ta parole », s’agissant de la Parole, qu’il me
soit fait selon ta parole.
« La Parole qui était au commencement auprès de Dieu », « Qu’elle se fasse chair » à partir de ma chair,
selon ta parole. Je supplie que me soit faite la Parole, non pas la parole prononcée et qui passe,
mais la parole conçue qui demeure, la Parole revêtue de chair et non pas d’air.
Qu’elle me soit faite : non seulement que mes oreilles puissent l’entendre, mais aussi mes yeux la
voir, mes mains la toucher et mes bras la porter.
Ni non plus qu’elle me soit faite parole écrite et muette, mais incarnée et vivante, ni tracée en
signes sans voix, inscrits sur des peaux mortes, mais exprimée vitalement en la forme humaine
dans mes chastes entrailles, et ce, non par les pleins et les déliés d’un calame mort, mais « par
l’action de l’Esprit Saint »
Qu’elle me soit faite d’une façon dont elle n’a été faite pour personne d’autre avant moi, dont
elle ne le sera pour personne d’autre après moi.
Or « Dieu a parlé jadis aux patriarches et aux prophètes bien des fois et de bien des manières ». Et il est
mentionné que pour les uns la parole du Seigneur fut créée à leurs oreilles, pour d’autres « créée en
leur bouches », pour d’autres même « en leur main » .
Je demande que, pour moi, elle soit faite jusqu’en mon sein « selon ta parole ». Je ne veux pas que
pour moi elle soit faite dans l’éloquence de la prophétie, ou les figures de la typologie, ou les
images des songes, mais que pour moi elle soit inspirée dans le silence, incarnée en personne,
corporellement insinuée dans mes entrailles.
Oui, la Parole qui, en elle-même, ne pouvait ni n’avait besoin d’être faite, qu’elle daigne être faite
en moi « selon ta parole ». Car faite universellement pour tout le monde, que pour moi
personnellement, « elle soit faite selon ta parole ».
UN PROJET COMMUNAUTAIRE
Ce pèlerinage de lecture dans l’œuvre de saint Bernard est le projet d’une
communauté qui s’engage à le mettre en œuvre et à l’assurer quotidiennement. La
lecture aura lieu dans l’oratoire de la Grange, chaque jour en fin de matinée,
précédant l’office de sexte – au cours duquel, dans la tradition cistercienne, on dit le
psaume 118 qui est une louange de la parole de Dieu.
Le programme des lectures sera établi par la Grange Saint Bernard et publié à
l’avance.
© PAD
UN PROJET EN EGLISE
Le pèlerinage des lectures est destiné à la communauté chrétienne du
secteur de Bar­sur­Aube, du diocèse, à la famille cistercienne et à toutes les
personnes désirant s’y associer.
BERNARD
DE
CLAIRVAUX
LE VERBE M’A VISITE MOI AUSSI
SERMON SUR LE CANTIQUE 74, 5
J’avoue que le Verbe m’a visité moi aussi (…) Bien qu’il soit souvent entré en
moi, jamais je ne l’ai senti entrer. J’ai senti qu’il était là, je me souviens de sa
présence. (…) Par où est­il entré et sorti – j’avoue que maintenant encore, je
l’ignore, selon cette parole : »Tu ne sais ni d’où il vient ni où il va » (Jn 3,2)Il
n’est certes pas entré par les yeux car il n’a pas de couleur ; ni par les
oreilles, car il n’a fait aucun bruit ; ni par les narines, car il ne se mêle pas à
l’air, mais il l’a fait. Il n’est pas non plus entré par la bouche, car il ne se
laisse ni manger ni boire ; et ce n’est pas par le toucher que je l’ai perçu, car il
est impalpable. Par où est­il donc entré ? Ou peut­être n’est­il pas entré du
tout, parce qu’il ne vient pas du dehors ? En effet, il ne fait pas partie « des
réalités extérieures ». Mais il n’est pas non plus venu du dedans de moi
« puisqu’il est bon » et que « je sais qu’en moi il n’y a rien de bon ». Je suis
monté jusqu’à la cime de moi­même et voici que le Verbe la dominait de très
haut. Explorateur curieux, je suis descendu au plus bas de mon être, et j’ai
également trouvé qu’il était plus bas encore. Si j’ai regardé vers l’extérieur j’ai
découvert qu’il était au­delà de tout ce qui m’est extérieur ; si je me suis
tourné vers l’intérieur, il m’était plus intérieur que moi­même. J’ai reconnu
alors la vérité de ce que j’avais lu : « C’est en lui que nous avons la vie, le
mouvement et l’être ».
Musée de Notre­Dame des Dunes, Koksijde, B. photo PAD
PRE­PROGRAMME DES LECTURES DE SAINT BERNARD
AU LONG DE L’ANNEE 2015 PAR JOURNEES
Les lectures ordonnées selon les jours de la semaine formeront des cycles qui permettront à ceux qui le
souhaitent de suivre un parcours précis à l’intérieur de l’œuvre de saint Bernard. Cette présentation devrait
faciliter l’entrée dans la pensée de Bernard et la découverte des grands thèmes qu’il a abordés : sur
l’homme, le Christ, l’Eglise, l’amour de Dieu, la liberté et la grâce, l’humilité, le travail, la prière… En
favorisant la multiplicité des approches, elle devrait aider les auditeurs à se familiariser avec l’écriture de
Bernard, le foisonnement de son style, la rigueur de sa pensée, son humour, la richesse de ses références.
Une telle approche donnera enfin l’occasion de saisir par le dedans la démarche de saint Bernard, qui est
celle de la lectio divina : l’immersion dans les Ecritures, sa préoccupation pour comprendre, expliquer,
méditer et expérimenter la Parole de Dieu.
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
dimanche
les lettres de Bernard
Les sermons divers et variés
Les sermons pour l’année
Les traités philosophiques et théologiques : Les Degrés de l’humilité et de l’orgueil– L’Amour
de Dieu – La Grâce et le Libre Arbitre.
Les traités sur la vie monastique et sur l’Eglise : Apologie, Le précepte et la dispense, Prologue
à l’Antiphonaire (sur le chant et la psalmodie) Eloge de la Nouvelle Chevalerie - De la
Considération.
Sermons sur le Cantique des Cantiques
Sermons sur le Cantique des Cantiques
PRINCIPALES ŒUVRES DE BERNARD DE CLAIRVAUX
Les homélies de l’abbé de Clairvaux à ses moines : Sermons pour l’année (en suivant l’année liturgique)- Sermons divers
(sur des thèmes pastoraux qui souvent recoupent les préoccupations théologiques de Bernard). Les ouvrages traitant
de la vie monastique, de l’Eglise ou plus spécifiquement des valeurs cisterciennes : L’Apologie (notamment sur l’art) –
Le Précepte et la dispense (sur l’application de la Règle de saint Benoît)- Prologue à l’Antiphonaire (sur le chant et la
psalmodie) – Eloge de la Nouvelle Chevalerie - De la Considération (destiné au pape Eugène III, sur l’Eglise et sa
gouvernance).
Les commentaires selon la méthode patristique : A la louange de la Vierge Mère (commentaire du récit de
l’Annonciation dans l’Evangile de Luc) – Sermons sur le Cantique (commentaire en 86 sermons d’une partie du livre de
la bible, le Cantique des cantiques.).
Les traités théologiques : Les Degrés de l’humilité et de l’orgueil (à partir du chapitre 6 de la Règle de saint Benoît) –
L’Amour de Dieu – La Grâce et le Libre Arbitre (le traité fondamental de la pensée de Bernard).
Les Lettres (abondante correspondance avec d’autres abbés, des membres de l’Eglise, des personnalités de la société
civile et politique).